Conséquences du système de cour établi sous François 1er: Première livraison contenant l'histoire politique des grands offices de la maison et couronne de France, des dignités de la cour, et particulièrement des marquis, et d
LE 7 JANVIER 1597.
Urbin de Laval, seigneur de Bois-Dauphin, maréchal de France, marquis de Sablé. On ne voit pas dans Moréri d'où lui vient Sablé.
Jacques Chabot, comte de Charni, etc., marquis de Mirabeau. L'aïeule de Jacques Chabot, Françoise de Longin, se qualifie simplement dame de Mirabeau, en 1526. François Chabot, son fils, prit le premier le titre de marquis.
Louis de l'Hospital, marquis de Vitri, fils de François l'Hospital, seigneur de Vitri, en 1540.
Pons de Lauzières, Thémines, Cardaillac, marquis de Thémines, fils de Jean, seigneur de Thémines, en 1576.
Antoine d'Aumont de Châteauroux, marquis de Nolai, fils de Jean IV, seigneur de Nolai, en 1562.
LE 3 JANVIER 1599.
René de Rieux, seigneur de Sourdéac, marquis d'Oixant, fils de René, possesseur de l'Île d'Ouessant, érigée en marquisat en 1599.
Brandelis de Champagne, marquis de Vilaine. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Jacques de l'Hospital, marquis de Choisi, fils de Jean de l'Hospital, qui prenait le titre de comte de Choisi, en 1547.
François-Juvénal des Ursins, marquis de Trainel. (Voyez l'article Christophe, ci-dessus page 97.)
EN 1618.
René du Bec, marquis de Vardes, fils de Pierre du Bec, seigneur de Vardes.
Henri, vicomte de Bourdeilles, marquis d'Archiac. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Jean-Baptiste d'Ornano, marquis de Montlor, tenait cette terre de sa femme, Marie de Raymond, née comtesse de Montlor, morte en 1626.
Henri de Beaufremont, marquis de Sennecey, fils de Claude de Beaufremont, baron de Sennecey, mort en 1596.
Charles d'Augennes, marquis de Rambouillet. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Louis de Crevant, vicomte de Brigueil, marquis d'Humières. Sa femme était fille de Jacques, sire d'Humières. Il tenait d'elle ce marquisat.
Léonor de la Magdeleine, marquis de Ragni. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Melchior, Mitte de Miolans, marquis de Saint-Chaumont, fils de Jacques Mitte, seigneur de Saint-Chaumont.
Nicolas de Brichanteau, marquis de Nangis. Son aïeul Nicolas, seigneur de Nangis, mourut en 1562.
Nicolas de l'Hospital, marquis, puis duc de Vitri, petit-fils de François de l'Hospital, seigneur de Vitri, qui vivait sous le règne de François Ier.
Jean de Souvré, marquis de Courtenveaux. (Voyez l'article Gilles, à la page précédente.)
Louis de la Marck, marquis de Mauni. On voit Mauni qualifié de baronnie en 1538.
Charles, marquis, puis duc de la Vieuville. Ce fut en faveur de son père Robert que la terre de Sy fut érigée en marquisat sous le nom de La Vieuville, vers 1580 ou 1600.
Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort, est le premier de sa famille qui ait pris le titre de marquis de Rochefort; avant lui ce n'étaient que les seigneurs.
Alexandre de Rohan, marquis de Marigni. On ne trouve pas ce titre de Marigni dans ceux de ses prédécesseurs.
Antoine-Hercule de Budos, marquis de Portes. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
EN 1625.
Antoine Coiffier, dit Ruzé, marquis d'Effiat, petit-fils de Gilbert Coiffier, seigneur d'Effiat, etc., trésorier en 1538.
LE 14 MAI 1633.
François-Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvres, petit-fils de Jean d'Estrées, seigneur de Cœuvres, etc. Mort en 1567.
Henri de Saint-Nectaire, marquis de La Ferté-Nabert. Son père François était seigneur et comte de La Ferté-Nabert. Mort en 1588.
René aux Épaules, dit de Laval, maréchal de camp, marquis de Nesle. C'est le troisième fils de René II qui, ayant épousé la fille de Bertrand-André de Mouchi, marquis de Montcarvel, et de Marguerite aux Épaules, dite de Laval, marquise de Nesle, prit le nom de marquis de Nesle en 1648.
Guillaume Simiane, marquis de Gordes. Un Charles-Jean-Baptiste de Simiane, mort en 1677, était petit-fils de Bertrand de Simiane, seigneur de Gordes.
François de Nagu, marquis de Varennes. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Urbain de Maillé, marquis de Brézé, fils de Charles de Maillé, seigneur de Brézé, marié en 1597.
Charles de Livron, marquis de Bourbonne. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Louis, vicomte, puis duc d'Arpajon, marquis de Sévérac, fils de Jean IV, baron de Sévérac.
François de Wignerot, marquis de Pont-Courlai, fils de René Wignerot, seigneur du Pont de Courlai.
Charles de La Porte, marquis, puis duc de La Meilleraye, fils de Charles de La Porte, qui acquit la terre de La Meilleraye.
Gabriel de Rochechouart, marquis de Mortemart, petit-fils de René de Rochechouart, baron de Mortemart, mort en 1587.
Hector de Gelas et de Voisins, marquis de Laberon et d'Ambres. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Henri de Beaudeau, comte de Peralen, marquis de Lamothe-Sainte-Éraye. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
Jean de Mouchi, marquis de Montcarvel, né seigneur de Montcarvel, etc.
Roger Duplessis, seigneur de Liancourt, marquis de Guercheville. Dans l'article qui le concerne, le nom de Guercheville ne s'est pas trouvé.
Charles de Saint-Simon, seigneur Duplessis, depuis marquis de Saint-Simon, fils puîné de Titus, seigneur de Saint-Simon, mort en 1609.
EN 1642.
Antoine de Villeneuve, marquis de Trans. La baronnie de Trans fut érigée en marquisat l'an 1505. C'est la première terre en France décorée de ce titre avec enregistrement au parlement. (Moréri, t. X, p. 314 et 632.)
EN 1661.
Jacques d'Estampes, maréchal de France, marquis de La Ferté-Imbault. Son père, Claude d'Estampes, ne prenait point ce titre de La Ferté-Imbault.
François-René du Bec, marquis de Vardes. Son bisaïeul, Pierre du Bec, était seigneur de Vardes, vers 1580.
Charles-Maximilien de Belle-Forière, marquis de Soyecourt, descendait sans doute de Maximilien de Belle-Forière, seigneur de Soyecourt.
François-Paul de Clermont, marquis de Monglat. Son père, Hardouin de Clermont, avait épousé, en 1598, une fille de Robert, baron de Montglat.
François de Simiane, marquis de Gordes. (Voyez l'article Guillaume, ci-dessus, en 1633.)
Jacques-François, marquis de Hautefort. (Ne s'est pas trouvé dans Moréri.)
François d'Espinay, marquis de Saint-Luc. Son père, Timoléon d'Espinay, ne prend pas ce titre de Saint-Luc.
Antoine de Brouilli, marquis de Piennes. (Ne s'est point trouvé dans Moréri.)
Jean, marquis de Pompadour, fils de Léonard-Philibert, vicomte de Pompadour, chevalier des ordres en 1633.
Henri de Baylens, marquis de Poyanne. (Ne s'est point trouvé dans Moréri.)
Jacques Esthuer, comte de La Vauguyon, marquis de Saint-Mégrin, fils de Louis de Esthuer de Caussade, comte de Saint-Mégrin.
Jean du Bouchet, marquis de Sourches. La baronnie de Sourches fut érigée en sa faveur en marquisat l'an 1652.
Nicolas-Joachim Ronault, marquis de Gamaches, fils de Nicolas Ronault, en faveur de qui la terre de Gamaches fut érigée en marquisat en 1620.
René-Gaspard de La Croix, marquis de Castries, fils de Jean de La Croix, comte de Castries, mort en 1632.
DEUXIÈME NOTE,
qui se rapporte à la page 101.
Tous les commentateurs, dit M. Aimé Martin, se sont étonnés de la hardiesse de Molière. Sa remarque s'applique à cette phrase de l'auteur, dans la scène 1re de l'Impromptu de Versailles: «Comme dans les comédies anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même dans toutes nos pièces de maintenant il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie.» «Aucun, continue M. Aimé Martin, n'a deviné le but de ces attaques. En effet Louis XIV, laissant tourner la noblesse en ridicule, offre un spectacle singulier, et qui semble en contradiction avec la fierté de son caractère; mais la contradiction n'est qu'apparente, et nous retrouvons ici la grande idée politique qui inspira toutes les actions de son règne. Témoin des troubles de la Fronde, victime des excès des grands, il sentit de bonne heure la nécessité de les soumettre, et il le fit. Cependant l'ancien souvenir de leur puissance vivait encore parmi le peuple; et peut-être, comme sous la régence de Médicis, ils auraient trouvé des secours dans les provinces contre le roi lui-même. Louis XIV voulut leur ôter cette dernière ressource, et Molière servit ses projets en égayant le peuple aux dépens de ceux mêmes que jusqu'alors il avait craints et honorés. On sait que plusieurs fois Louis désigna à Molière les caractères qui pouvaient le plus frapper la multitude. C'est ainsi que les grands perdirent peu à peu leur influence, c'est-à-dire qu'ils partagèrent les plaisirs de la cour, et cessèrent de la menacer. Sans doute cette politique fut poussée trop loin; car le roi diminuait sa puissance en affaiblissant trop celle de la noblesse. Mais ce n'est point ici le lieu d'examiner cette grave question; il me suffit d'avoir essayé d'expliquer les raisons qui portèrent Louis à protéger les attaques que Molière renouvela, toujours avec succès, dans le Misanthrope, le Bourgeois gentilhomme, Georges Dandin, etc.»
Je crains bien que M. Aimé Martin n'ait voulu expliquer par un système tout entier d'imagination, une assertion tout-à-fait imaginaire elle-même. Je suis obligé d'attaquer et le système et la supposition sur laquelle il se fonde, parcequ'il en résulterait que Louis XIV, au lieu de faire servir à son despotisme l'organisation de sa maison et de sa cour, comme je le crois, aurait interrompu le système établi par François Ier, qui voulut faire servir l'organisation de la cour au gouvernement de la nation.
C'est d'abord une supposition dénuée de tout fondement, et de plus démentie par la scène même à laquelle s'applique la note du commentateur, que Molière ait tourné la noblesse en ridicule, et par conséquent que le roi l'ait laissé faire, et qu'il ait protégé les attaques sans cesse renouvelées contre elle par le poète. Il n'a attaqué que les marquis; les marquis seuls ont été pour lui des objets de dérision et de mépris habituels, et les marquis n'étaient pas toute la noblesse, et tous n'étaient pas même nobles. Molière n'a pas écrit une ligne qui tournât en dérision ni la noblesse en général, ni les gens de qualité, ni les ducs, ni les comtes, ni les barons, ni les gentilshommes. S'il a attaqué quelques vices particuliers des gens de cour, ç'a été comme ceux des autres classes de la société, au lieu qu'il a vilipendé les marquis en général, comme marquis, comme affublés de ridicules inhérents à la qualité de marquis. À ses yeux, la vanité et l'impertinence sont des exceptions dans les autres classes; ce sont les attributs inséparables de tous les marquis; c'est leur caractère propre et distinctif, et le poète n'y fait pas d'exception. Comment donc M. Aimé Martin a-t-il pu considérer comme une attaque contre la noblesse en général une phrase où l'auteur parle uniquement des marquis? Comment n'a-t-il pas remarqué que Molière lui-même, dans la même scène, quelques lignes plus bas, fait sentir qu'il ne faut pas les confondre avec les gens de qualité, dont ils diffèrent essentiellement? Il dit à Brécourt, qui joue le rôle d'un homme de qualité (voyez les personnages): «Pour vous, vous faites un homme de cour, comme dans la Critique de l'École des femmes (il y jouait Dorante), c'est-à-dire que vous devez prendre un air posé, un ton de voix naturel, et gesticuler le moins qu'il vous sera possible.» Et quand Brécourt se représente (sc. III), il lui reproche de prendre le ton d'un marquis: «Ne vous ai-je pas dit, observe-t-il, que vous faites un rôle où l'on doit parler naturellement?» Notez que le rôle de Dorante, que jouait Brécourt dans la Critique de l'École des femmes, est un rôle de bon ton, de bon goût, de bon sens. Ce n'était donc pas des hommes de qualité ou de la noblesse en général que parlait Molière quand il disait: «Le marquis aujourd'hui est le plaisant de la comédie, comme le valet bouffon dans les comédies anciennes.»
Le Bourgeois gentilhomme est la seule des pièces de Molière où l'on voie un comte jouant un rôle méprisable et s'abaissant à une espèce d'escroquerie; mais le poète ne l'a mis sur la scène que pour faire ressortir la sottise du bourgeois qui veut fréquenter les gens, de qualité, et en second lieu l'action de ce comte est dans le genre de celles qui, à la honte des mœurs du temps, n'étaient pas déshonorantes, et appartenait à ce qu'on a depuis appelé des roueries: M. Aimé Martin observe lui-même que c'était là la vie du comte de Grammont, qui était fort recherché à la cour de Louis XIV et fort aimé de ce prince. Malgré l'exemple du comte de Grammont, il n'y avait pas à la cour un chef de grande et illustre famille qui eût voulu que ses enfants lui ressemblassent, et pas un individu, quelque corrompu qu'il fut, qui eût osé se plaindre du poète qui montrait des habitudes aussi condamnables sous un aspect odieux. Molière n'affrontait donc point la cour ni la noblesse par ce rôle, il en servait la partie saine et la plus nombreuse.
M. Aimé Martin cite le Misanthrope comme une des pièces où la noblesse est montrée sous un jour odieux; en effet Molière y a mis en scène deux personnages faisant métier de séduction, de corruption, de subornation. Mais d'abord, dans les mœurs du temps de Louis XIV, ces habitudes n'étaient rien moins que déshonorantes; en second lieu, ces deux personnages sont qualifiés de marquis. M. Aimé Martin pense que l'un d'eux représentait le comte de Guiche: cela est probable; mais quand cela serait évident, qu'en conclure, si ce n'est que Molière a attaqué un vice répandu à la cour, mais qui n'y était pourtant pas général, parcequ'il n'est ni de tous les âges, ni de tous les caractères, ni de toutes les positions; un vice dont le grand nombre des gens de cour eux-mêmes auraient été bien aises de la voir purger? En l'attaquant dans un individu, il n'a donc pas voulu offenser toutes les personnes du même rang; et il serait toujours remarquable qu'il eût épargné au comte sa censure, pour la faire peser sur un marquis. Au reste, le but de la pièce est manifestement de donner une leçon à la vanité des bourgeois qui ont la prétention de vivre habituellement avec des grands.
Quand Molière prend ses modèles dans le tiers-état, personne ne l'accuse d'avoir eu l'intention d'avilir le tiers-état: pourquoi aurait-il eu davantage celle d'avilir la noblesse quand il a peint quelque vice de gens de cour auxquels aucun chef des plus grandes familles n'aurait été bien aise que ses enfants ressemblassent, et dont ils étaient les premiers à se féliciter que le théâtre fît justice? Enfin s'il était vrai que Molière eût fait le rôle de son marquis Clitandre pour représenter le comte de Guiche, parcequ'il était l'amant de sa femme, que Célimène fût sa femme même, et enfin que dans le rôle d'Alceste il eût voulu exhaler ses propres chagrins, comment chercher dans la politique de Louis XIV, et dans des vues politiques quelconques, le principe de cette belle composition? Et toujours il faudrait remarquer l'attention de charger de ses griefs un marquis, au lieu d'un homme autrement qualifié, et de renvoyer, comme à leur source, tous les vices à tous les marquis.
M. Aimé Martin cite mal à propos Georges Dandin comme une des pièces où la noblesse est maltraitée. Cette pièce ne livre au ridicule que l'excessive et extravagante vanité d'un gentilhomme de campagne, dont l'aïeul, Bertrand de Sottenville, fut si considéré dans son temps que d'avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d'outre-mer, et la sottise du bourgeois qui épouse sa fille.
Dans Pourceaugnac, l'auteur a voulu faire ressortir la vanité du noble de petite ville, privé de toute éducation, qui rougit d'être pris pour un légiste, ne veut pas s'être abaissé jusqu'à faire son droit, et assure que quelques mots de chicane, qui lui sont échappés très à propos, sont des mots qui lui viennent sans qu'il les sache, et présume qu'il les a retenus en lisant des romans.
Dans l'Avare, Molière attaque la vanité de ces larrons de noblesse, de ces imposteurs qui tirent avantage de leur obscurité, et s'habillent insolemment du premier nom illustre qu'ils s'avisent de prendre.
Dans l'École des femmes, il livre au ridicule un bourgeois qui se débaptise, quitte le nom d'Arnolphe pour celui de monsieur de La Souche, et d'un vieux tronc pourri de sa métairie veut faire dans le monde un nom de seigneurie; ou un certain gros Pierre,
Qui n'ayant pour tout bien qu'un seul quartier de terre,
Y fit tout à l'entour faire un fossé bourbeux,
Et de monsieur de l'Isle en prit le nom pompeux.
Dans M. Jourdain, il berne le bourgeois qui veut être gentilhomme, marier sa fille à un marquis, et si on le fâche, à un duc.
Dans les Précieuses, il fait servir le marquis de Mascarille et le vicomte de Jodelet à punir la vanité des bourgeoises qui ne veulent faire société qu'avec des gens de qualité. Il n'y a dans tout cela que des leçons pour la roture vaniteuse et rien contre la noblesse.
Si Molière n'a point attaqué la noblesse, il ne faut pas chercher à expliquer d'où il a tiré l'audace de l'attaquer; on n'a aucune raison de supposer l'autorisation, ni les ordres de Louis XIV, ni de chercher les motifs de cette autorisation chimérique. Et quand il serait certain que ce prince a autorisé l'attaque de la noblesse, ce ne pourrait être par les raisons que M. Aimé Martin a malheureusement rencontrées. Jamais Louis XIV n'a été victime des excès des grands; jamais il n'a eu la plus faible raison de les craindre; il les a toujours vus très soumis. Le cardinal de Richelieu ne lui avait rien laissé à faire pour les dompter; les usages et les traditions de la cour de François Ier lui avaient apporté tout ce qui était nécessaire pour les corrompre. La Fronde ne lui a montré que les ennemis du cardinal Mazarin. Du moment qu'il a pris en main le pouvoir, il l'a exercé sans opposition; il a été le plus absolu de nos rois dès qu'il a voulu régner. Il a eu la cour la plus splendide, la plus respectueuse; il a été prodigue pour les grands et pour ses maîtresses; il a été le maître le mieux obéi, le potentat le plus flatté, le plus courtisé. La grande pensée de Louis XIV n'a jamais été de dégrader sa noblesse dans l'opinion, mais de l'employer utilement pour sa gloire au dehors, et de la faire servir au dedans à l'éclat de sa cour et à l'ascendant de sa puissance. En un mot, lui seul a recueilli les fruits de ce système d'opprimer l'État par la cour, et lui a donné tout son développement. Quant aux marquis, il suffit de demander si Louis XIV et Molière étaient moins clairvoyants que madame de Sévigné dans l'opinion publique? l'un avait-il besoin d'une si grande pensée politique, et l'autre d'une si haute et si puissante protection pour mépriser ce que conspuait toute la France?
Je termine cette note par deux observations: la première c'est que Scarron, en 1653, avant les grands éclats de Molière contre les marquis, les a drapés dans une comédie dédiée à Louis XIV. Il fait dire à Don Japhet:
La multiplicité des marquis m'importune;
Depuis que dans l'État on s'est remarquisé,
On trouve à chaque pas un marquis supposé.
Ma seconde observation c'est que, sous le règne de Louis XIV, Regnard a été le continuateur de Molière relativement aux marquis. Le marquis du Joueur, ce malotru qui se donne pour homme de qualité, et qui est fils d'un huissier du Maine et cousin d'une revendeuse à la toilette, et d'après qui l'expression de saute marquis est devenue proverbiale, prouve que trente ans après Molière les marquis étaient, comme de son temps, consacrés à l'amusement public, dévoués à la risée des honnêtes gens.
EXTENSION DU NOUVEAU SYSTÈME DE MAISON
ET DE COUR
ÉTABLI SOUS FRANÇOIS Ier;
LES NOBLES MULTIPLIÉS, ET AFFILIÉS À LA COUR COMME DOMESTICITÉ ET COMME SERVICE DE CHEVALERIE.
La gradation des offices de la maison, leur distribution suivant la noblesse des extractions, et la gradation des titres à la cour, produisirent des effets importants: le premier fut de créer des patronages graduels en faveur de toutes les classes de nobles et de leur donner pour clientelle les classes respectivement inférieures, ce qui commença le système d'influences et d'ascendants dont nous aurons à parler à la suite; le second fut d'exciter les ambitions et les vanités dans la noblesse de tous les degrés. Comme il y avait dans la maison des places à différentes élévations, chaque noble en vit quelqu'une à sa portée, et tous crurent pouvoir aspirer à devenir partie du service d'honneur ou du service noble. Mais l'ambition des charges d'honneur à la cour ne put pas être une maladie générale, ce qui le fut réellement ce fut celle du service anoblissant ou de lettres de noblesse qui commencèrent alors à porter l'empreinte de brevets pour un service de cour.
Le changement qu'éprouva la charge de valet de chambre, qui d'office noble devint service roturier, mais anoblissant, l'anoblissement d'un grand nombre d'autres offices dans le service de la chambre, dans celui de la garde-robe, dans celui de la table, firent gagner jusque dans le tiers-état l'ambition d'entrer dans la maison du roi. Les riches bourgeois portèrent leurs regards sur la porte qui leur était ouverte à l'entrée de cette maison du roi, où tant de splendeur était jointe à tant de volupté, où l'imagination et les sens s'enivraient de tant de délices. Quel ravissement de voir dans cette maison, qui rassemblait la plus haute noblesse de France, une source d'anoblissement! quel charme de sentir qu'on pouvait, en se dégageant de la classe des petits, se trouver au milieu de ce qui existait de plus grand! L'anoblissement dans cette maison du roi semblait être une émanation directe de la cour la plus magnifique, et le gage d'une sorte d'affiliation. Quel appât pour la vanité du tiers-état! Mais je ne parle point encore ici de l'effet moral et politique de cette innovation; je veux seulement remarquer l'extension qu'elle reçut aussitôt qu'elle eut lieu, mais plus encore sous les règnes suivants.
Nous avons dit que le roi en anoblissant son valet de chambre lui avait donné le titre d'écuyer: cette formule d'anoblissement n'avait jamais été usitée; c'était un principe que le titre d'écuyer, comme celui de chevalier, s'acquéraient par la seule voie de l'investiture. Les lettres d'anoblissement jusqu'à François Ier avaient dit: Nous vous anoblissons et vous rendons habile à recevoir le titre d'écuyer. Mais la noblesse ayant rebuté le titre de valet, parcequ'il avait été donné à des officiers bourgeois, et que par là il avait cessé d'être synonyme de celui d'écuyer, le roi ne voulut pas que la déchéance de son valet de chambre fût une dégradation; ce fut par cette raison qu'en lui donnant le titre de valet de chambre il lui donna celui d'écuyer, et régla qu'il ferait son service l'épée au côté. Il voulut établir que si les deux titres avaient cessé d'être identiques, ils étaient néanmoins restés très compatibles.
On voit qu'alors François Ier se considérait comme centre et principe de cet ordre primitivement religieux, indépendant par essence, qui se conservait et se reproduisait par lui-même, auquel le roi n'avait le droit d'ajouter un chevalier qu'en sa qualité de chevalier lui-même quand il l'était, et sous les conditions établies pour l'admission dans l'ordre des chevaliers. Il imagina de faire de l'ensemble des nobles existant en France une congrégation de chevalerie, des anoblissements, une affiliation à cette congrégation, et de sa domesticité subalterne ou service du corps, un principe d'anoblissement, un service, non pas précisément de chevalerie, mais du grade d'écuyer dont il fallait être investi pour parvenir à la chevalerie.
Quand le roi eut dit pour anoblir ses valets de chambre, ses huissiers de la chambre, ses valets de garde-robe et autres: Nous vous faisons écuyers; cette formule passa dans toutes les lettres d'anoblissement: on l'employa dans les lettres données aux vétérans dans les charges anoblissantes. Alors les lettres de noblesse eurent un attrait nouveau. Modelées sur celles d'officiers de la maison du roi, elles semblaient mettre sur la voie de la cour, donner à l'anobli un air d'officier de cour, l'affilier au service de la cour. Le titre étant emprunté du système dont le roi était le centre, ces lettres liaient à la fois non seulement comme engagement de service, mais comme soumission religieuse à l'ordre de la chevalerie. Dans le fond de son âme un bourgeois devenu écuyer se sentait rapproché d'un homme de la cour par la double apparence de domesticité et d'affiliation religieuse; il voyait les portes de la cour entr'ouvertes, au moins à sa curiosité; il croyait s'y entendre appeler, d'un peu loin à la vérité, mais assez distinctement pour être remarqué des gens qui l'environnaient, et l'obliger à se séparer du commun état. Aussi composait-il son ton, son langage, sa contenance, de manière que tout répondît à sa glorieuse vocation; il se croyait même obligé d'être en tout temps et en tout lieu le champion du pouvoir, de prendre en toute occasion fait et cause pour le gouvernement; il avait le pressentiment du privilége exclusif des emplois publics d'une certaine importance. Il semblait déjà voir le moment où tous les écuyers se réuniraient sous une commune bannière, avec la plus ancienne noblesse, contre le commun état, et auraient le bonheur de s'entendre dire que sous cette bannière il n'y a ni premier ni dernier[65].
L'affluence des gens du commun état, pour obtenir des lettres de noblesse, était donc devenue très considérable. Jusqu'au règne de François Ier il n'avait été fait que très peu d'anoblissements par lettres du prince, elles avaient été données pour de bonnes raisons ou du moins sous des prétextes honorables: depuis l'anoblissement de tout le service du troisième ordre de la maison du roi, on voit commencer la multiplicité des lettres de noblesse dont la France a été affligée pendant deux siècles; abus poussé jusqu'au dernier scandale pendant les règnes des fils et petits-fils de François Ier, où ces lettres devinrent hautement l'objet d'un trafic. Depuis son règne on rencontre à chaque pas dans nos recueils de législation des édits portant création de lettres d'anoblissement, moyennant une finance taxée par la loi. Charles IX, en 1566 et en 1568, Henri III, en 1576 et 1577, firent des créations de ce genre. La dernière fut malheureuse: les appâts offerts à la vanité furent rebutés par la vanité même; la cour semblait se jouer d'elle; sa prodigalité paraissait dérisoire; elle humiliait des gens curieux de s'anoblir, par sa manière d'anoblir; elle désanoblissait la noblesse même. La création de mille lettres de noblesse à vendre, ne trouva pas de curieux pour les acheter. Ce qu'on voulait acquérir, en acquérant la noblesse, c'était une distinction; et l'état en mettant les lettres d'anoblissement en vente n'offrait plus qu'une marchandise dont l'achat ne pouvait distinguer personne que par le ridicule. Dans l'impuissance de rien tirer de la noblesse mise en vente, on la mit en impôt. On frappa des lettres de noblesse au balancier monétaire, et on les distribua comme une monnaie de poids et de bon aloi. Des gens de finance avaient avancé au gouvernement le montant de mille lettres; ne pouvant les vendre, il fallut rembourser l'avance; pour la rembourser il fallut imposer les lettres sur des particuliers qu'on jugea en état de les payer. On en fit un rôle; on y comprit un marchand de bœufs du pays d'Auge, nommé Grain d'Orge, un rustre qui aimait son métier, qui n'en avait jamais fait et n'en voulait pas faire d'autre, également incapable du désœuvrement et des occupations d'un gentilhomme. Il refuse les lettres qu'on lui apporte. On insiste; il résiste obstinément. On lui fait des sommations dont il se moque; mais enfin on décerne contrainte, on saisit ses meubles: alors il fallut bien se résoudre, et Grain d'Orge fit souche de gentilhomme. La Roque, qui rapporte ce fait dans son Traité de la Noblesse, dit avoir vu les contraintes dans les mains de son petit-fils, sieur du Rocher.
Cet échec fit sentir la nécessité de s'arrêter pour quelque temps; cependant on a revu bientôt et à plusieurs reprises mettre sur la place, comme effets de commerce, des lettres de noblesse tout expédiées, auxquelles il ne manquait que le nom de l'acheteur pour lequel un blanc était réservé entre l'éloge tout imprimé de ses services et le jugement que l'équité royale en avait porté. Ces lettres avaient lieu à l'occasion d'un avènement à la couronne, d'une joyeuse entrée, d'un sacre, d'un baptême, d'un mariage, d'une victoire ou de quelque autre évènement heureux.
Pendant qu'on créait ainsi des lettres d'anoblissement pour les vendre, on multipliait d'un autre côté les charges anoblissantes et on les vendait aussi.
Sur quinze mille familles nobles que l'on comptait en France en 1789, treize mille proviennent de ces anoblissements par lettres arbitrairement données ou achetées, ou par charges inutiles ou onéreuses à l'état; entre les deux mille autres familles, treize ou quatorze cents descendent d'hommes qui ont vieilli honorablement au service militaire, dans les hautes magistratures, ou que leur notabilité personnelle, acquise par d'utiles occupations, ont fait élire à des fonctions municipales: les six ou sept cents autres sont de noblesse de date antérieure et plus ou moins ancienne. Ainsi ce qu'on appelait la noblesse française à l'époque de l'émigration, le grand nombre de ces nobles qui se sont crus obligés à former sans en être requis une armée contre la nation, et se sont fait un honneur d'attirer sur les princes et sur le roi des défiances contre lesquelles ils espéraient se rendre nécessaires, c'étaient presque en totalité ces familles d'écuyers, nées à la suite de l'institution des écuyers valets de chambre et des écuyers valets de garde-robe de François Ier.
Cette observation est confirmée par une autorité qui semble incontestable c'est celle de Chérin. Voici comment il s'exprimait en 1788: «Une vérité que je puis avancer sans craindre de me tromper, c'est que de cette multitude innombrable de personnes qui composent l'ordre des privilégiés, à peine un vingtième[66] peut-il prétendre véritablement à la noblesse immémoriale et d'ancienne race[67].»
Il faut se rappeler ici que François Ier, ne pouvant rétablir la chevalerie guerrière qu'il rendait ridicule par le romanesque qu'il y mêlait, appela à la chevalerie les légistes, les théologiens, les pédants versés dans l'hébreu et le grec. Nous avons vu qu'en passant par Toulouse il accorda aux docteurs régents de l'université le privilége de promouvoir à l'ordre de chevalerie ceux qui auraient accompli un temps d'études requis. Ce qu'il fit à Toulouse il le fit sans doute à Paris, à Montpellier; on a vu que Sainte-Palaye compte cet abus entre ceux qui firent tomber la chevalerie dans un tel mépris qu'aucun homme de guerre ne voulait la recevoir. Il ne résulta pas moins de cette profusion d'accolades qui déshonora et fit tomber la chevalerie, qu'elle donna à la France une multitude infinie de nobles, et qu'une partie assez nombreuse d'une noblesse, qui aujourd'hui est réputée ancienne, tire de là son importance.
C'étaient ces nobles, c'étaient aussi ceux qui se faisaient chevaliers eux-mêmes en portant les armes pour ou contre leur prince et leur patrie, tels que les ligueurs armés contre Henri IV[68], qui faisaient dire au comte d'Entragues, en 1789, que la noblesse héréditaire était le fléau le plus funeste dont le ciel eût affligé les sociétés humaines.
AUTRE EXTENSION DU NOUVEAU SYSTÈME DE
MAISON ET DE COUR
ÉTABLI SOUS FRANÇOIS Ier.
La noblesse en France n'a jamais formé un corps et n'a jamais été qu'un ordre de personnes isolées qui n'avaient rien d'un corps organisé; ni registres d'inscription, ni assemblées communes, ni délibérations, ni chefs, ni secrétaires, ni syndics, ni agens, ni archives; c'était un mélange informe d'homme d'origine fort disparate. Il y avait plus de distance entre l'origine d'un grand nombre d'anoblis des dernières classes et les nobles de race, qu'entre ces nobles et les hautes classes de la bourgeoisie, dont les familles depuis des siècles vivaient noblement[69]. Et combien d'autres disparates! Henri IV se plaignait dans l'édit des tailles de la multitude de gens qui s'étaient introduits dans l'ordre de la noblesse en portant les armes contre lui; cent autres moyens ont constitué des familles nobles. Mais ici bornons-nous à observer que la noblesse n'était qu'un mélange d'hommes distincts des non-nobles, par des priviléges en matière d'impôts, de service militaire et de prestations personnelles ou corvées.
Le règne de François Ier a amené une importante modification dans l'existence de la noblesse.
Depuis le règne de François Ier cet assemblage de parties disparates, sans devenir un corps régulièrement organisé, devint un tout plus compact par la multiplicité des anoblissemens, et prit, si on peut le dire, une existence plus homogène par l'analogie que le titre d'écuyer donna aux anoblis avec la domesticité royale, par l'affiliation que ce titre établit entre eux et la cour, centre et foyer de chevalerie; enfin, par la séparation mieux prononcée des nobles d'avec les gens du commun état, au moyen de priviléges plus considérables attribués aux premiers. François Ier ayant fait de tous les emplois de sa cour le patrimoine de la noblesse ou un titre pour l'acquérir, ses successeurs se trouvèrent sur la voie d'étendre ce patrimoine à tous les emplois honorables de l'État, de l'armée et à toutes les dignités de l'église. Sans devenir un corps, la noblesse eut seule la prérogative de composer tous les grands corps de l'État. Elle n'eut aucune fonction, mais elle acquit un droit exclusif à l'exercice de toutes celles qui avaient de l'importance et de la dignité. On vit d'abord des nobles arriver aux places éminentes, dans l'église, dans la robe, dans l'armée, sans autre mérite que leur nom, et obtenir des préférences sur le mérite et les services les plus signalés. Plus tard la haute magistrature, la haute administration, le conseil, les parlemens, les cours des aides, furent peuplés en grande partie de nobles. Enfin, vers la fin du siècle passé, une ordonnance royale, sans égard pour la mémoire des Chevert, des Catinat, des Fabert, des Vauban, prescrivit que, pour entrer dans l'armée au grade de sous-lieutenant, l'aspirant ferait preuve désormais de quatre générations de noblesse. Ce fut là le signal d'une exclusion générale des places honorables prononcée contre le tiers-état. Plusieurs cours de justice exigèrent des acquéreurs d'offices qui se présenteraient pour entrer dans leur sein, quatre degrés de noblesse, croyant ne pas pouvoir admettre dans la magistrature d'une cour souveraine des personnes réputées au-dessous d'une sous-lieutenance d'infanterie. De misérables fainéans, endormis dans les stalles d'une cathédrale ou d'une collégiale de province, se réveillant au bruit des acclamations nobiliaires, firent aussi ériger leurs communautés en chapitres nobles de quatre degrés. Le vertige était général.
Alors la noblesse, sans être un corps, se trouva composer tous les corps; elle était un ensemble d'hommes puissans; elle n'avait pas ses assemblées propres, mais elle était en assemblée permanente dans celles des corps qu'elle composait. C'était une nation privilégiée, dans la nation dépouillée.
En 1789 le pouvoir royal, étonné de l'irritation et de la force de l'esprit national à l'occasion des impôts et des actes arbitraires auxquels les refus parlementaires exposaient les magistrats énergiques, espéra qu'il pourrait lui opposer avec succès cette gent nobiliaire, qui depuis deux siècles s'était si considérablement grossie, et en former un corps compact de quarante mille individus solidaires envers la royauté: on convoqua des états-généraux; on convoqua dans les assemblées baillagères tous les nobles, propriétaires ou non; les lettres de convocation qualifièrent de gentilhomme tout individu qui serait né noble; on mit alors en principe que la noblesse ne reconnaissait ni premier ni dernier.
On n'a pas oublié comment, en 1789, la France prit et l'outrage de l'exclusif pour les emplois publics, et la convocation qui appelait le noble, indépendamment de toute propriété, à former une chambre des états. Ce fut contre ces privilégiés qu'éclata la révolution et que furent prononcées les premières abolitions; ce fut contre eux que l'emportement et la fureur populaires se signalèrent et que commença cette irruption de vengeance qui, dans son aveuglement, confondit avec la foule des nobles, des grands dignes de leur nom, dont le civisme s'était déclaré pour une réforme désirée par la nation[70].
Quand l'insurrection eut déployé la force nationale sur l'ordre de la noblesse, les membres émigrèrent. Chez l'étranger, ils contractèrent réellement un esprit de corps dans le malheur commun, par la soif d'une vengeance commune. C'est avec cet esprit qu'ils sont rentrés en France, où il ne s'est plus trouvé de privilége, et d'élévation des hommes du commun état leur a imposé. Les conséquences ultérieures ne sont pas de mon sujet.
FIN DE LA PREMIÈRE LIVRAISON.
Note 1: Le duc de Wellington a dans sa possession une cassette qui renferme en original l'opinion de tous les grands et illustres guerriers de l'Europe entière, consultés par Charles-Quint sur celle de François Ier dans cette affaire. Je tiens d'un officier général attaché au duc de Wellington, et qui a lu tous ces écrits, que le sentiment unanime des personnages consultés s'accorde avec l'opinion que j'ai exprimée à ce sujet dans mon Mémoire.[Retour au Texte Principal]
Note 2: Dans mon mémoire sur François Ier, où j'ai écrit le nom de ce malheureux d'après les historiens, je l'ai nommé Montecucullo, son véritable nom est Montecuccoli.[Retour au Texte Principal]
Note 3: La Cassinel, maîtresse du dauphin, fils de Charles II, Agnès Sorel, maîtresse de Charles VII, n'avaient point de rang à la cour: leur désordre était connu, mais n'était pas honoré, et par cette raison n'avait point d'influence sur les mœurs générales. Isabelle de Bavière, femme de Charles VI, était une dévergondée; mais elle était traitée comme telle; le peuple l'appelait la grande gaure: preuve du mépris attaché de son temps à l'incontinence. Remarquez d'ailleurs que ces femmes sont de plus d'un siècle antérieures à François Ier, et que durant les règnes qui précédèrent immédiatement le sien, je parle des règnes de Louis XI, de Charles VIII et Louis XII, on ne vit point de maîtresses disputer, même dans la vie domestique, le cœur des princes aux épouses légitimes.[Retour au Texte Principal]
Note 4: «Il y a déjà long-temps, écrivait en 1778 un Anglais à milord C***, qu'il n'était plus permis à Paris qu'aux bourgeois d'aimer leurs femmes. Les règles du bel air sont devenues plus sévères: elles ne permettent pas même aujourd'hui d'aimer sa maîtresse.» Lettr. de Le Blanc, t. I, p. 375.[Retour au Texte Principal]
Note 5: «La galanterie avait commencé à la cour sous le règne de François Ier; elle fut bientôt suivie de la débauche sous Henri II (ajoutez la crapule sous Henri III). Une foule de vices avaient suivi en France Catherine de Médicis, et quoique la cour de Henri IV fût moins corrompue que celle des rois précédents, elle était encore remplie de beaucoup de désordres.» (Duclos, Histoire de madame de Luz, anecdote du règne de Henri IV.)[Retour au Texte Principal]
Note 6: Si romanus homo conviva regis occisus fuerit, solidis CCC componatur (art. 6, tit. X, l. IV). Cette amende était le double de celle qui punissait le meurtre d'un simple particulier romain.[Retour au Texte Principal]
Note 7: Du Tillet.[Retour au Texte Principal]
Note 8: Esprit des Lois, liv. XXXI.[Retour au Texte Principal]
Note 9: Les états, dit Favin, ne se pouvaient tenir sans eux. (Des officiers de la couronne de France, pag. 7.)[Retour au Texte Principal]
Note 10: Il est très présumable que tous les officiers de la couronne étaient électifs, ex virtute, sous la première race. On voit dans Du Tillet qu'ils l'étaient sous la troisième jusqu'à François Ier.[Retour au Texte Principal]
Note 11: Esprit des Lois, liv. III, chap. vi et vii.[Retour au Texte Principal]
Note 12: Voyez la note qui suit ce chapitre.[Retour au Texte Principal]
Note 13: Esprit des Lois, liv. XXXI, chap. 1.[Retour au Texte Principal]
Note 14: Esprit des Lois, liv. XXXI, chap. i.[Retour au Texte Principal]
Note 15: Ibidem.[Retour au Texte Principal]
Note 16: Ibidem.[Retour au Texte Principal]
Note 17: Esprit des Lois, liv. III, chap. vi et vii.[Retour au Texte Principal]
Note 18: Que ces écrivains sont peu éclairés qui travaillent de toutes leurs facultés pour montrer, dans l'élévation de Pépin au trône de France, le résultat criminel des manœuvres d'un ambitieux et d'un usurpateur! Le sort de la religion chrétienne, le sort de la France, celui de l'Italie, celui de l'Europe entière, et non l'ambition d'un homme, furent les grands intérêts qui déterminèrent les peuples de l'Austrasie, de la Neustrie, de la capitale de l'Italie et du monde chrétien, à déclarer de leur propre autorité roi de France, le prince qui, sous le titre de duc, tenait de ses pères la souveraineté de la partie la plus étendue, la plus peuplée et la plus guerrière des Gaules.[Retour au Texte Principal]
Note 19: Capitulaires, de Baluze.[Retour au Texte Principal]
Note 20: Favin: Des officiers de la couronne de France, liv. II, chap. iv, pag. 103 et 104.[Retour au Texte Principal]
Note 21: Paillettes.[Retour au Texte Principal]
Note 22: Favin, page 130.[Retour au Texte Principal]
Note 23: Ce titre ne se trouve pas dans l'état de la France de 1739, et on le revoit dans l'Almanach de Versailles de 1784. En 1739 l'échansonnerie était le premier des sept offices dépendant du grand maître de France, c'est-à-dire de la maison du roi, laquelle, pour la cour, est la France.[Retour au Texte Principal]
Voici comment il s'exprime: «Les rois de France anciennement avoient baillé ou enduré auctorités, droicts et prééminences à leurs officiers domestiques sur les mestiers dont ils se servoient ou qui en approchoient: aux eschansons, sur les taverniers et marchands de vin; aux panetiers, sur les boulangers; aux mareschaux de l'escurie, sur les autres mareschaux; aux barbiers, sur les barbiers; au grand chambrier, sur les merciers, frippiers, cordonniers, pelletiers, fourreurs, boursiers et autres semblables, parce qu'il avoit la charge des habillements du roi, partie desquels se prenoit chez les dicts métiers.» (Page 412.) Sa juridiction, en 1474, est sur dix-sept métiers de Paris qui n'étoient qu'en le temps passé. Il vend le métier de savetier et basanier (page 413); selliers, lormiers, bourselliers, gantiers. (Page 414.)
Cette justice attribuée aux offices fut le signe de l'inféodation de ces offices. «Tous officiers, dit Du Tillet, doivent foi et serment. L'hommage en aucuns a été ajouté pour la juridiction qu'ils ont annexée à l'office, laquelle ils tiennent comme fief à vie... Les officiers qui exercent la juridiction au nom du roi doivent seulement serment à lui ou autre auquel il est adressé pour l'institution; ceux qui l'ont à eux propre, à cause de leurs offices, la doivent reconnoistre par l'hommage outre le serment de l'exercice de l'office.» (ibid., page 394.)
Il est donc positif que le connétable, les maréchaux, à raison de leur juridiction sur les gens de guerre, le grand maître de France, le grand queux de France, le grand bouteiller ou grand échanson, le grand panetier[24A], le grand chambrier, à raison de leur juridiction sur leurs subordonnés et sur différents métiers, tenaient leur office en fief, et en rendaient foi et hommage au roi. Le connétable recevait en fief l'épée du roi. «Les lettres d'Artus de Bretagne (le duc de Richemont) expriment (dit Du Tillet, page 390) la grandeur du dict office, narrant qu'il est chef principal après le roi, pour toutes ses guerres, et que, selon l'usage ancien, par manière de possession lui est commise la garde de l'espée du roi dont il lui doit hommage lige.»[Retour au Texte Principal]
Note 24A: Du Tillet cite un fait qui annoncerait que le grand panetier fuit exception. Il prêta serment au parlement, mais Du Tillet croit que ce fut par erreur.[Retour à la note 24]
Observation. Ce n'était pas comme comte, mais comme duc des ducs ou duc de France, que Hugues Capet avait le commandement des armées: comme comte de Paris il n'aurait eu que le commandement de la seule armée de Paris. Sur quoi il faut remarquer que, comme comte de Paris, il n'avait de supérieur que lui-même; qu'il relevait immédiatement de la couronne. Il n'y avait point de duché de Paris, parceque, le comté de Paris appartenant au duc des ducs, l'inféodation du comté de Paris à un duc aurait constitué le chef de tous les ducs de France inférieur au duc de Paris. C'est donc comme maire ou mayer de France que Hugues Capet a été promu à la royauté, soit que cette qualité et le pouvoir qui y était attaché aient conduit tout naturellement à la royauté, soit qu'on ait regardé la dignité de maire comme la suprême propriété du fief de Paris.[Retour au Texte Principal]
Note 26: Recueil des rois de France, chapitre des maires du palais, ducs, comtes, officiers, page 388.[Retour au Texte Principal]
Note 27: Favin ne les appelle qu'officiers de la couronne.[Retour au Texte Principal]
Note 28: Page 270, Traité des premiers offices de la couronne de France.[Retour au Texte Principal]
Note 29: Concernant les rois de France, leur couronne et maison, page 389.[Retour au Texte Principal]
Note 30: Les lettres données par Louis VIII, en 1224, pour l'abolition de diverses coutumes dans la ville de Bourges, portent: «Astantibus in palatio nostro, quorum nomina supposita sunt et signa. Dapifero nullo. Signum Roberti, buticularii. Signum Bartholomæi, camerarii. Signum constabularii. Data per manum Garini, Silvanectensis episcopi,» (c'était le chancelier).[Retour au Texte Principal]
Note 31: Favin, page 270.[Retour au Texte Principal]
Note 32: Ce fait et beaucoup d'autres prouvent que La Roque est dans l'erreur lorsqu'il assure dans son Traité de la Noblesse, chap. xix, que les rois rendirent héréditaires les grands officiers de la couronne en les attachant à des fiefs territoriaux transmissibles aux héritiers. Ils en firent des fiefs, et ne les attachèrent point à des fiefs territoriaux. Il y a mieux: on voit dans Du Tillet qu'ils attachèrent des terres à quelques uns de ces fiefs incorporels, et que ces terres en étaient les dépendances.[Retour au Texte Principal]
Note 33: La Roque, dans son Traité de la Noblesse, cite le sire de Joinville comme sénéchal du roi de France et comme faisant partie de la cour de France. C'est une erreur. On voit dans les mémoires de Joinville, qu'il refusa de prêter serment à Louis IX, parcequ'il était sénéchal du comte de Champagne, et par là son vassal lige.[Retour au Texte Principal]
Note 34: Voyez les Ordonnances du Louvre, tom. XV, pag. 317; note sur les lettres de Louis XI, signées par les grands officiers en faveur des descendants d'Eudes Lemaire, dit Challo Saint-Mas, pour un pèlerinage en terre sainte.[Retour au Texte Principal]
Note 35: Du Tillet pag. 412, 413, 414.[Retour au Texte Principal]
Note 36: Legendre, Mœurs des Français.[Retour au Texte Principal]
Note 37: Voyez chapitre V du Mémoire pour servir à une nouvelle histoire de François Ier, et les notes d'après Cangé.[Retour au Texte Principal]
Note 38: Le grand-écuyer en 1399 grand-maître de l'écurie, sous Charles VIII, grand-écuyer (Tanneguy Du Châtel fut ainsi qualifié), grand-écuyer de France sous Louis XI (Alain Guyon ainsi qualifié en 1440).[Retour au Texte Principal]
Note 39: Du Tillet, page 240.[Retour au Texte Principal]
Note 40: Du Tillet, page 240.[Retour au Texte Principal]
Note 41: Brantôme sur Henri II.[Retour au Texte Principal]
Note 42: Règne de Henri II, 1547.[Retour au Texte Principal]
Note 43: Manuscrits de la Bibliothèque du roi.[Retour au Texte Principal]
Note 44: Septembre 1522. Déclaration de François Ier, que les officiers domestiques de madame sa mère jouissent de semblables priviléges que les siens.—Mêmes priviléges octroyés à ceux de la reine de Navarre, sa sœur, 1525 et 5 décembre 1541.—Mars 1542. Déclaration que les officiers domestiques et commensaux soient exempts de toutes contributions, emprunts, impositions.—1543. Même déclaration en faveur des officiers de la reine.[Retour au Texte Principal]
Dumont est inexact sur ce dernier point. Geoffroy de Pompadour a été qualifié, en 1486, de grand-aumônier du roi, et non simplement d'aumônier du roi. Ainsi le changement opéré par François Ier a consisté à qualifier de grand-aumônier de France le même ecclésiastique qui n'avait que le titre de grand-aumônier de la maison. Voici ce que dit sur ce sujet Anselme, dans l'Histoire générale de la maison de France (tome VIII, page 223): «Geoffroy de Pompadour est le premier qui a été qualifié grand aumônier du roi, en 1486, sous le règne de Charles VIII. Ses successeurs en cette charge ont continué à prendre la même qualité, jusqu'à Antoine Sanguin, dit le cardinal de Meudon, qui en fut pourvu par le roi François Ier, en 1543, sous le titre de grand aumônier de France: ce qui a été suivi par tous ceux qui en ont été revêtus après lui.»
Il est certain, au reste, que, sous le titre de grand-aumônier de France, on n'a jamais vu ni pu voir un grand officier de la couronne. La scandaleuse affaire du cardinal de Rohan, grand-aumônier de France, au sujet d'un collier de la reine Marie-Antoinette, donna lieu à examiner (en 1787) si, en qualité de grand-aumônier, le cardinal de Rohan avait le droit d'être jugé, comme les grands officiers de la couronne, au parlement, chambres et pairs assemblés. Il fut jugé comme grand officier de la maison seulement, dans les chambres assemblées. (Voyez l'État de la France. 1736, tome I, page 63.)[Retour au Texte Principal]
Note 46: Du Tillet.[Retour au Texte Principal]
Note 47: Recueil des rois de France, page 418.[Retour au Texte Principal]
Madame Campan aurait pu se récrier ici, et demander comment concevoir que le service d'un sujet honore le roi; qu'un sujet, quel qu'il soit, se croie en droit de dire qu'il fait au roi l'honneur de le servir? Sans doute on ne peut pas dire qu'un sujet fait au roi l'honneur de le servir, mais on peut dire qu'il lui porte honneur en le servant.
Corneille a dit:
Je sais ce que l'on doit de respect et d'honneur
Aux vertus, au courage, et surtout au malheur.
On peut dire dans le même sens: Je sais ce que l'on doit de respect et d'honneur à la majesté royale.
Du Tillet s'exprime ainsi au sujet du service des grands officiers de la maison du roi: «Encore que les rois eussent les grands officiers de leur maison pour leur service ordinaire, quelquefois, pour honorer la solennité de leur sacre et couronnement, ils faisoient servir lesdits offices, lesdits jours, par autres de plus haute étoffe et éminence.» Et Du Tillet cite les princes du sang. Voilà bien le service du roi, honorant le roi, lui rendant honneur, lui portant honneur, ajoutant aux honneurs de la solennité qui en réunit le plus de tout son règne. D'un autre côté on conçoit très bien comment un service qui honore le roi, qui ajoute aux honneurs dus au roi, est en même temps un service honorable pour celui qui le rend; et pourquoi l'on dit à la cour, qu'un grand cède à un plus grand les honneurs du service: c'est qu'il est honorable de faire ce qu'il n'appartient pas à tout le monde de faire. Il n'appartient pas à tout le monde d'ajouter par son service à la grandeur et à la majesté royale. C'est donc une expression très juste d'appeler honneur du service l'exercice de quelque partie du service d'honneur. De sorte que le mot de service d'honneur exprime un service qui honore celui qui le reçoit et celui qui le rend, au lieu que les honneurs du service ne désignent que les honneurs dont jouit celui qui le fait: dans cette locution, le service d'honneur, l'honneur est pour le roi; dans cette autre, les honneurs du service, l'honneur est pour l'officier qui le fait.[Retour au Texte Principal]
Note 49: La Bruyère.[Retour au Texte Principal]
Note 50: Histoire de François Ier, par Gaillard, t. VII, p. 229.[Retour au Texte Principal]
Note 51: Recherches de la France, livre VII, pages 283 et 284.[Retour au Texte Principal]
Note 52: Brantôme.[Retour au Texte Principal]
Note 53: Idem.[Retour au Texte Principal]
Note 54: Idem.[Retour au Texte Principal]
Note 55: Il m'a été impossible de me procurer les ordonnances de François Ier sur ce sujet; mais j'en présume la date, 1o parceque les écrivains versés dans la science héraldique, notamment Robinet (Bibliothèque de l'homme d'État), trouvent vers la fin du seizième siècle les premières généalogies connues; or François Ier est mort au milieu du seizième siècle; 2o parceque dans les règnes subséquents, particulièrement sous celui de Charles IX, on voit des instructions de Catherine de Médicis sur les honneurs de cour établis de son temps; il régna peu d'années après François Ier, son père. 3o On trouve ces règles rappelées dans une ordonnance de Louis XV, du 17 avril 1760, fondée sur l'exemple de ses prédécesseurs.[Retour au Texte Principal]
Note 56: Mélanges d'histoire et de littérature de Vigneul Marville, tom. III, page 334 et suiv.[Retour au Texte Principal]
Note 57: La Roque, des Dignités féodales et politiques, chap. 83, page 297.[Retour au Texte Principal]
Note 58: La Roque, des Dignités féodales et politiques, chap, 83, page 297. Cet ordre a été interrompu sous Henri IV, par l'érection du comté d'Épinai en principauté.[Retour au Texte Principal]
Note 59: Voir le Cérémonial manuscrit de Théodose et Denis Godefroy, tome III, page 191. Ce manuscrit est à la Bibliothèque de l'Institut.[Retour au Texte Principal]
Note 60: Brantôme.[Retour au Texte Principal]
Note 61: Ces arrêts sont cités par La Roque, Traité de la noblesse.[Retour au Texte Principal]
Note 62: Chapitre 83, page 297.[Retour au Texte Principal]
Note 63: Tome X, pages 314 et 632.[Retour au Texte Principal]
Note 64: Voyez ci-après une note en réponse à une opinion de M. Aimé Martin concernant les motifs de Molière et de Louis XIV à l'égard des marquis. C'est des marquis que date en France la vermine des petits-maîtres. «On n'a rien vu de semblable en France, dit Vigneul-Marville, t. I, p. 314, que depuis François Ier. Henri III donna beaucoup de crédit aux petits-maîtres, et ce sont eux que l'on appelait les mignons de cette cour, qui était très corrompue.»[Retour au Texte Principal]
Note 65: C'est ce qui est arrivé à Coblentz durant l'émigration. Quand un Français déserteur de la France se présentait à M. le comte d'Artois, il lui demandait: Êtes-vous gentilhomme? Les hobereaux répondaient modestement: Monseigneur, je suis noble. Le prince répondait obligeamment: Monsieur, dans la noblesse il n'y a ni premier ni dernier. L'arrivant qui n'avait pas le bonheur d'être écuyer, à la question du prince, Êtes-vous gentilhomme? répondait: Non, monseigneur. Le prince disait alors: Vous êtes digne de l'être.[Retour au Texte Principal]
Note 66: La proportion serait bien plus faible aujourd'hui et depuis la restauration; il suffit d'avoir été et de s'être dit attaché à la cause royale pour se dire noble et pour prendre des titres.[Retour au Texte Principal]
Note 67: Chérin, généalogiste des ordres du roi. Discours sur la noblesse, en tête de l'abrégé chronologique des lois concernant le fait de noblesse. Cet ouvrage a été publié en 1788.[Retour au Texte Principal]
Note 68: Préambule de l'édit de 1600 concernant les tailles.[Retour au Texte Principal]
Note 69: Depuis long-temps les Français n'étaient plus distingués dans les solennités législatives ni dans les lois en nobles et roturiers. Le mot de roturiers désignait les cultivateurs qui rompaient la terre, de rumpere; roture de ruptura. Les lois et ordonnances disaient les nobles et les non-nobles. Sous le règne de François Ier, il existait une distinction bien reconnue entre différentes classes du tiers-état. Guillaume Budée, secrétaire du roi[69A], protégé de François Ier, Tiraqueau, conseiller au parlement de Paris, dans son Traité de Nobilitate[69B] en 1553; Chassenaux ou Chassanée, premier président au parlement d'Aix, in Consuetudines Burgundiæ[69C], en 1540, ont marqué précisément les différences alors établies dans le tiers-état. «Les uns étaient honorables, les autres vulgaires, et les derniers réputés vils et abjects.
«Les honorables étaient ceux dont les vacations s'élevaient au-dessus du commun. L. legitimas, ff. de legit tutor. Et ceux-là parvenaient aux premières charges des villes et possédaient souvent des dignités personnelles ou réelles.
«Les vulgaires exerçaient une profession moins relevée, mais sans bassesse; et ceux-là se pourraient rapporter, dit Budée, aux six corps principaux des métiers de Paris.
«Les vils et les abjects étaient les artisans occupés à des ouvrages grossiers ou répugnans.[69D].»[Retour au Texte Principal]
Note 69A: In leg siunorum. §. 1. ff. ad. legem Juliam de adulteriis.[Retour à la note 69]
Note 69B: Ch. 2.[Retour à la note 69]
Note 69C: Rub. 4. §. 3. num. 55.[Retour à la note 69]
Note 69D: Voyez La Roque, Traité de la Noblesse, p. 232.[Retour à la note 69]
Note 70: À leur tête la reconnaissance nationale doit placer le duc de La Rochefoucauld.[Retour au Texte Principal]