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De l'imprimé à Internet

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La bibliothèque électronique de Lisieux (Normandie) comprend la version intégrale d'une oeuvre littéraire du domaine public - avec une nouvelle oeuvre chaque mois - les archives des mois précédents, une sélection d'oeuvres courtes du 19e siècle, une sélection du fonds documentaire de la bibliothèque (opuscules, brochures, tirés à part), une sélection de son fonds normand (brochures et bibliographies), ainsi qu'un choix de sites normands et de sites littéraires francophones.

La sélection mensuelle de janvier 1998 était Les Déliquescences, poèmes
décadents d'Adoré Floupette (1885), une oeuvre de Henri Beauclair et Gabriel
Vicaire. Les mois précédents avaient vu passer des oeuvres de Théophile Gautier,
Vivant Denon, Jean Lorrain, Charles Nodier, Ernest Lavisse, Jean Revel, Charles
Rabou, Claire de Duras, Xavier Forneret, Ernest Renan, Joris-Karl Huysmans,
Philarète Chasles, Emile Gaboriau, Georges Eekhoud, Prosper Mérimée, Stendhal,
Denis Diderot, Gaston Leroux, Marc de Montifaud, etc.

Le rayon littéraire présente une collection de pages consacrées principalement aux auteurs du 19e siècle: des nouvelles de Jean Lorrain, Guy de Maupassant, Alphonse Allais, Octave Mirbeau, Remy de Gourmont, Jules Barbey d'Aurevilly, Isabelle Eberhardt, Charles Asselineau, Marcel Schwob, Jean Richepin, Eugène Mouton, Jean de La Ville de Mirmont, Léon Bloy, des lettres de Gustave Flaubert, ainsi que des bibliographies et des travaux du lycée Marcel Gambier de Lisieux. Dans le quotidien Libération du 17 avril 1998, Olivier Bogros, directeur de la bibliothèque, racontait:

"En me baladant sur un BBS [bulletin board service], j'ai vu qu'on s'échangeait des textes. Je me suis dit qu'on pouvait rassembler en local tout ce qui traînait comme textes électroniques et les mettre à disposition des lecteurs. […] Les francophones qui ne trouvent pas un texte ou une référence à la bibliothèque de la Réunion, des Italiens qui font des études de français et cherchent tel poème de Mallarmé, un Japonais en quête d'un nom latinisé, un éditeur anglais qui cherche des documents sur les maisons en bois… On a reçu des mails du monde entier."

Quel est l'historique de ce site qui suscite beaucoup d'intérêt dans le monde francophone parce qu'il montre ce qui est faisable avec beaucoup de détermination et des moyens limités? Dans son courrier électronique du 18 juin 1998, Olivier Bogros expliquait:

"Le site La bibliothèque électronique de Lisieux a été ouvert en juin 1996. Hébergé sur les pages personnelles, limitées à 5 Mo, de mon compte CompuServe, il est depuis quelques jours [début juin 1998] installé sur un nouveau serveur où il dispose d'un espace disque plus important (15 Mo) et surtout d'un nom de domaine. Les frais inhérents à l'entretien du site sont à ma charge, la ville finance de manière indirecte le site en acceptant que tous les textes soient choisis, saisis et relus par du personnel municipal sur le temps de travail (ma secrétaire pour la saisie et une collègue pour la relecture). Ce statut étrange et original fait de La bibliothèque électronique de Lisieux le site presque officiel de la Bibliothèque municipale, tout en restant sous mon entière responsabilité, sans contrôle ni contrainte.

J'ai déjà rapporté dans un article paru dans le Bulletin des Bibliothèques de France [1997, n° 3, article en ligne] ainsi que dans le Bulletin de l'ABF [Association des bibliothécaires français] [1997, n° 174, sommaire en ligne], comment l'envie de créer une bibliothèque virtuelle avait rapidement fait son chemin depuis ma découverte de l'informatique en 1994 : création d'un bulletin électronique d'informations bibliographiques locales (Les Affiches de Lisieux) en 1994 dont la diffusion locale ne rencontre qu'un très faible écho, puis en 1995 début de la numérisation de nos collections de cartes postales en vue de constituer une photothèque numérique, saisie de nouvelles d'auteurs d'origine normande courant 1995 en imitation (modeste) du projet de l'ABU [Association des bibliophiles universels] avec diffusion sur un BBS [bulletin board service] spécialisé. L'idée du site Internet vient d'Hervé Le Crosnier, enseignant à l'université de Caen et modérateur de la liste de diffusion Biblio-fr, qui monta sur le serveur de l'université la maquette d'un site possible pour la Bibliothèque municipale de Lisieux, afin que je puisse en faire la démonstration à mes élus. La suite logique en a été le vote au budget primitif de 1996 d'un crédit pour l'ouverture d'une petite salle multimédia avec accès public au réseau pour les Lexoviens [habitants de Lisieux]. Depuis cette date un crédit d'entretien pour la mise à niveau des matériels informatiques est alloué au budget de la bibliothèque qui permettra cette année la montée en puissance des machines, l'achat d'un graveur de cédéroms et la mise à disposition d'une machine bureautique pour les lecteurs de l'établissement…. ainsi que la création en ce début d'année d'un emploi jeune pour le développement des nouvelles technologies."

Une autre initiative intéressante est celle de Bibelec (Bibliothèque électronique des étudiants), réalisée par les étudiants de Sciences-Po (Institut d'études politiques, Paris). Lors de sa création, elle se définissait comme la première cyberbibliothèque française en sciences sociales exclusivement réalisée par des étudiants.

Professeur de français, de littérature française et d'applications informatiques à Tokyo (Japon), Patrick Rebollar utilise l'ordinateur pour la recherche et l'enseignement depuis plus de dix ans. En 1994, il a vu apparaître Internet "dans le champ culturel et linguistique francophone" et il a débuté son site web en 1996. Son site comprend notamment une excellente Chronologie littéraire 1848-1914, qui est organisée année après année. Pour chaque année, outre des liens avec le texte intégral des oeuvres publiées cette année-là, on trouve des notes historiques, politiques et sociales, des informations scientifiques, médicales et technologiques, et des informations sur le monde littéraire.

Dans son courrier électronique du 17 juillet 1998, Patrick Rebollar expliquait:

"Pour la Chronologie littéraire, cela a commencé dans les premières semaines de 1997, en préparant un cours sur le roman fin de siècle (19e). Je rassemblai alors de la documentation et m'aperçus d'une part que les diverses chronologies trouvées apportaient des informations complémentaires les unes des autres, et d'autre part que les quelques documents littéraires alors présents dans le Web n'étaient pas présentés de façon chronologique, mais toujours alphabétique. Je fis donc un document unique qui contenait toutes les années de 1848 à 1914, et l'augmentais progressivement. Jusqu'à une taille gênante pour le chargement, et je décidai alors, fin 1997, de le scinder en faisant un document pour chaque année. Dès le début, je l'ai utilisé avec mes étudiants, sur papier ou sur écran. Je sais qu'ils continuent de s'en servir, bien qu'ils ne suivent plus mon cours. J'ai reçu pas mal de courrier pour saluer mon entreprise, plus de courrier que pour les autres activités Web que j'ai développées."

Une des autres activités de Patrick Rebollar sont ses Bookmarks, répertoire très complet des sites francophones, y compris littéraires.

Situé à l'autre bout du monde, à l'Université de Swarthmore (Pennsylvanie, USA), ClicNet est un site culturel et littéraire francophone qui propose 800 liens à des oeuvres de littérature par ordre alphabétique et par sujet, et 2.500 liens à des ressources francophones.

Des bibliothèques numérisent aussi leurs collections anciennes d'images, ce qui permet à celles-ci d'être consultées par tous et non plus seulement par un petit nombre d'élus du fait de la valeur et de la fragilité des originaux. La Bibliothèque municipale de Lyon par exemple met ses enluminures à la disposition du public. Constituée aujourd'hui de 3.000 images, sa collection d'enluminures présentera à terme plus de 10.000 images correspondant à 200 manuscrits et incunables, sur une période allant du 5e siècle à la Renaissance. Le système utilisé est le SGBI (Système de gestion de banques d'images) créé par la Maison de l'Orient à Lyon, sous l'égide du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l'Université Lyon 2.

"Chaque document, signalé par son auteur, son titre et son siècle de réalisation, représente une entité. Par un double clic sur l'entité choisie, on accède à un écran qui permet de feuilleter les images du document. Chaque écran peut comporter 9 imagettes, correspondant à des objets-images. Lorsque le document comporte davantage d'objets-images, des flèches permettent d'accéder aux objets-images suivants. Chaque objet-image peut comprendre plusieurs images, leur nombre étant indiqué sous chaque objet-image. Un double-clic sur une imagette permet de voir l'image agrandie. Dans une seconde étape, une interrogation multicritères sera possible."

Des bases de données textuelles sont accessibles par abonnement payant, par exemple FRANTEXT et l'ARTFL Project.

FRANTEXT, présent sur le Web depuis début 1995, est préparé par l'Institut national de la langue française (INaLF), une branche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique). La base comprend, en mode interactif, 180 millions de mots-occurrences résultant du traitement informatique d'une collection représentative de 3.500 unités textuelles en arts, sciences et techniques couvrant cinq siècles (16e-20e siècles). Début 1998, 82 centres de recherche et bibliothèques universitaires d'Europe, d'Australie, du Japon et du Canada étaient abonnés, ce qui représentait 1.250 postes de travail ayant accès à FRANTEXT. Le nombre de sessions d'interrogations de la base était d'une cinquantaine par jour.

Christiane Jadelot, ingénieur d'études à l'INaLF-Nancy, expliquait dans son courrier électronique du 8 juin 1998:

"Les premières pages sur l'INaLF ont été mises sur l'Internet au milieu de l'année 1996, à la demande de Robert Martin, directeur de l'INaLF. Je peux en parler, car j'ai participé à la mise sous Internet de ces pages, avec des outils qui ne sont pas comparables à ceux que l'on utilise aujourd'hui. J'ai en effet travaillé avec des outils sous UNIX, qui n'étaient pas très faciles d'utilisation. Nous avions peu d'expérience de la chose, à l'époque, et les pages étaient très verbeuses. Mais la direction a senti la nécessité urgente de nous faire connaître par l'Internet, que beaucoup d'autres entreprises utilisaient déjà pour promouvoir leurs produits. Nous sommes en effet Unité de recherche et de service et nous avons donc à trouver des clients pour nos produits informatisés, le plus connu d'entre eux [étant] la base textuelle FRANTEXT. Il me semble que la base FRANTEXT était déja sur Internet [depuis début 1995], ainsi qu'une maquette du tome 14 du TLF [Trésor de la langue française]. Il était donc nécessaire de faire connaître l'ensemble de l'INaLF par ce moyen. Cela correspondait à une demande générale."

Comme l'indique Christiane Jadelot, l'INaLF prépare également la version en ligne du Trésor de la langue française (TLF) (Jean Nicot, 1606), dont une maquette est disponible sur le Web pour les lettres Q à S. L'oeuvre complète du TLF est disponible sur le site de l'ARTFL Project, avec recherche textuelle possible par mot ou portion de texte.

Dans son courrier électronique du 11 juin 1998, Arlette Attali indiquait les changements qu'Internet a apporté dans sa vie professionnelle:

"Etant moi-même plus spécialement affectée au développement des bases textuelles à l'INaLF, j'ai été amenée à explorer les sites du Web qui proposaient des textes électroniques et à les "tester". Je me suis donc transformée en 'touriste textuelle' avec les bons et mauvais côtés de la chose. La tendance au zapping et au survol étant un danger permanent, il faut bien cibler ce que l'on cherche si l'on ne veut pas perdre son temps. La pratique du Web a totalement changé ma façon de travailler: mes recherches ne sont plus seulement livresques et donc d'accès limité, mais elles s'enrichissent de l'apport des textes électroniques accessibles sur Internet.

[A l'avenir je pense] contribuer à développer des outils linguistiques associés à la base FRANTEXT et à les faire connaître auprès des enseignants, des chercheurs, des étudiants et aussi des lycéens."

En janvier 1998, elle a mené une enquête auprès des utilisateurs de FRANTEXT en Europe, en Australie, au Japon et au Canada pour mieux connaître ses utilisateurs. Les résultats de cette enquête sont disponibles en ligne.

L'ARTFL Project (ARTFL: American and French Research on the Treasury of the French Language) est un projet commun du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, France) et de l'Université de Chicago (Illinois, USA), qui vise à constituer une base de données de 2.000 textes du 13e au 20e siècle concernant la littérature, la philosophie, les arts ou les sciences.

L'ARTFL travaille aussi à la version en ligne exhaustive de la première édition (1751-1772) de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des métiers et des arts de Diderot et d'Alembert. 72.000 articles écrits par plus de 140 collaborateurs (dont Voltaire, Rousseau, d'Alembert, Marmontel, d'Holbach, Turgot, etc.) ont fait de cette encyclopédie un monumental ouvrage de référence. Destinée à rassembler puis divulguer les connaissances de l'époque, elle porte la marque des courants intellectuels et sociaux du 18e siècle, et c'est grâce à elle qu'ont été propagées les idées du Siècle des Lumières.

Les chiffres sont éloquents quant à l'ampleur du travail: l'Encyclopédie comprend 17 volumes de texte et 11 volumes de planches, 18.000 pages de texte et 20.736.912 mots. La base de données correspondant au premier volume est accessible en ligne à titre expérimental. La recherche peut être effectuée par mot, portion de texte, auteur ou catégorie, ou par la combinaison de ces critères entre eux. On dispose de renvois d'un article à l'autre, et des liens permettent d'aller d'une planche au texte, ou du texte au fac-similé des pages originales. L'automatisation complète des procédures de saisie a entraîné quelques erreurs typographiques et des erreurs d'identification qui seront corrigées plus tard. La recherche d'images par mot, portion de texte ou catégorie sera également possible à l'avenir.

L'ARTFL travaille aussi à un projet de base de données pour le Dictionnaire de l'Académie française, dont les différentes éditions se sont échelonnées entre 1694 et 1935. Ce projet inclut la saisie, l'édition et le développement d'un moteur de recherche spécifique. Les différentes éditions pourront être combinées dans une seule base de données qui permettra de consulter aussi bien une édition particulière que l'ensemble de celles-ci pour juger de l'évolution d'un terme. Pour le moment, seules deux éditions, la première (1694) et la cinquième (1798) sont disponibles pour une recherche par mot. Une fonction de recherche en texte intégral est prévue par la suite.

Une rubrique présente une liste des autres projets de l'ARTFL, notamment la version image de l'édition de 1740 du Dictionnaire historique et critique de Philippe Bayle, le Roget's Thesaurus de 1911, le Webster's Revised Unabridged Dictionary de 1913, le Thresor de la langue française de Jean Nicot (1606), un projet multilingue sur La Bible comprenant La Bible française de Louis Segond (1910), etc.

7.3. Cyberbibliothèques non francophones

De par la quantité d'oeuvres dactylographiées à cette intention, le Project Gutenberg est la plus ancienne et la plus grande cyberbibliothèque qui existe. Créée en 1971 par Michael Hart aux Etats-Unis, elle a pour but de mettre gratuitement le plus grand nombre possible de textes à la disposition du plus grand nombre possible de lecteurs, à raison d'environ 45 titres par mois. Ses objectifs pour 2001 sont un stock de 10.000 textes littéraires et une transmission de 1.000 milliards de textes électroniques, soit 10.000 livres numériques vers 100 millions de lecteurs.

Le projet débuta en 1971 quand on donna à Michael Hart un compte de 100 millions de dollars de "temps machine" au Materials Research Lab de l'Université d'Illinois (USA). Immédiatement après avoir reçu ce crédit, il décida de le consacrer à la recherche et au stockage des oeuvres conservées dans les bibliothèques. Il décida aussi de stocker des textes électroniques de la manière la plus simple possible, en format ASCII, avec des lettres capitales pour les termes en italique, gras ou soulignés, afin que ces textes puissent être lus quels que soient la machine et le logiciel utilisés.

Cinquante heures environ sont nécessaires pour sélectionner, dactylographier, corriger et mettre en page un texte électronique. La dactylographie des textes est l'oeuvre de volontaires. Un ouvrage de taille moyenne - par exemple un roman de Stendhal ou de Jules Verne - est composé de deux fichiers ASCII.

Le Project Gutenberg inclut trois grands secteurs: la littérature de divertissement (Light Literature), comme Alice au pays des merveilles, Peter Pan ou les Fables d'Esope, la littérature "sérieuse" (Heavy Literature) comme La Bible, les oeuvres de Shakespeare ou Moby Dick, et la littérature de référence (Reference Literature), composée d'encyclopédies et de dictionnaires, par exemple le Thesaurus de Roget.

Sur le site web, Michael Hart explique que la collection de littérature de divertissement est destinée à amener devant l'écran aussi bien un enfant d'âge pré-scolaire qu'une personne du troisième âge. Des enfants ou des grand-parents vont rechercher le texte électronique de Peter Pan après avoir vu Hook au cinéma, ou bien ils lisent Alice au pays des merveilles après l'avoir regardé à la télévision. Pratiquement tous les épisodes de Star Trek ont mentionné des livres qui ont leur correspondant électronique dans le Project Gutenberg (Moby Dick, Peter Pan…). L'objectif est que les gens puissent retrouver des citations qu'ils ont entendues dans des conversations, des films, des musiques, d'autres livres, et ce à l'aide d'une bibliothèque contenant tous ces éléments dans un format facile pour la recherche.

En juillet 1997, le Project Gutenberg fêtait son vingt-sixième anniversaire avec la mise en ligne des Merry Adventures of Robin Hood de Howard Pyle. En septembre 1997, il fêtait son millième texte électronique avec la version anglaise de la Divine comédie de Dante. Dans sa lettre d'information d'octobre 1997, Michael Hart annonçait son intention de compléter la collection d'Oscar Wilde, de "séparer" les oeuvres complètes de Shakespeare en fichiers individuels pour chaque oeuvre, et de mettre en ligne des ouvrages non anglophones.

Outre l'anglais, on trouve quelques oeuvres en allemand, espagnol, français, italien et latin, mais elles ne sont pas encore légion. En janvier 1998, si on lançait une recherche sur les ouvrages disponibles en langue française, on trouvait neuf titres, dont six romans de Stendhal (L'Abbesse de Castro, La Chartreuse de Parme, La Duchesse de Palliano, Le Rouge et le Noir, Les Cenci, Vittoria Accorambani), deux romans de Jules Verne (De la terre à la lune et Le tour du monde en 80 jours) et French Cave Paintings, un ouvrage sur les peintures préhistoriques. A part l'ouvrage sur les cavernes, disponible depuis 1995, tous ces ouvrages n'ont été intégrés à la bibliothèque que début 1997. Si aucun titre de Stendhal n'était disponible en anglais, il existait trois oeuvres de Jules Verne en langue anglaise : 20,000 Leagues Under the Sea (disponible depuis septembre 1994), Around the World in 80 Days (disponible depuis janvier 1994) et From the Earth to the Moon (disponible depuis septembre 1993).

Début septembre 1998, le nombre de titres d'ouvrages en langue française était monté à onze, avec Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand, disponible depuis mars 1998, et La Révolution française, de Thomas Carlyle, disponible depuis mai 1998.

Une autre importante bibliothèque électronique anglophone est The On-Line Books Page. Créée par John Mark Ockerbloom, ancien étudiant de l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), elle est un répertoire de livres en accès libre sur Internet, avec un index de 7.000 livres en ligne et des liens vers d'autres répertoires et archives de textes en ligne.

Créées en été 1992 par Paul Southworth et hébergées par l'Information Technology Division de l'Université du Michigan (USA), les ETEXT Archives rassemblent des textes électroniques de toutes sortes, sans juger de leur contenu. L'équipe est entièrement composée de volontaires.

Les ETEXT Archives virent le jour pour combler le manque d'organisation observé dans les archives de documents politiques, périodiques et forums de discussion politiques et sociaux éparpillés dans Usenet, puis elles furent développées pour combler le même manque d'organisation dans l'archivage des magazines électroniques (e-zines) lorsque ceux-ci ont commencé à proliférer sur Internet.

Elles hébergent aussi gratuitement des périodiques, oeuvres de fiction, oeuvres politiques, poétiques, religieuses, etc., à la demande d'auteurs ou d'organismes souhaitant les faire connaître, après avoir sensibilisé les auteurs au respect d'une certaine éthique (pas d'ouvrages pornographiques), aux règles concernant le droit d'auteur et à l'utilisation d'un format lisible par tous (ASCII, HTML, PDF et PostScript). Par contre, le site ne propose pas de liens hypertextes avec d'autres oeuvres ou d'autres sites. Il s'en tient au but fixé, à savoir l'archivage de textes.

Proposée par Logos, une société internationale de traduction dont la maison-mère est à Modène (Italie), la Wordtheque est une bibliothèque multilingue permettant une recherche par mot dans une base de données de plus de 328 millions de termes provenant de romans, documents techniques et traductions dans de nombreuses langues. Les recherches sont possibles par langue, mot, auteur et titre. Le logiciel de recherche documentaire permet aussi l'accès au texte intégral d'oeuvres littéraires du domaine public. Si on souhaite acquérir une de ces oeuvres, un lien permet de la commander en ligne à la cyberlibrairie Amazon.com.

Entre autres outils de travail, Logos propose aussi une base de données de 553 glossaires dans Linguistic Resources, un dictionnaire multilingue de 7,5 millions d'entrées dans Multilingual Dictionary et la conjugaison des verbes en 17 langues dans Conjugation of Verbs.

Logos a été créé par Rodrigo Vergara, un réfugié politique chilien qui a émigré en Italie quand il était étudiant en agronomie pour échapper au régime du général Pinochet. Aujourd'hui, à 45 ans, il dirige une entreprise de traduction offrant des services dans plus de 35 langues, avec un réseau de 300 traducteurs dans le monde et un chiffre d'affaires de 60 millions de FF.

En décembre 1997, Rodrigo Vergara expliquait à Annie Khan, journaliste au Monde:

"Nous voulions que nos traducteurs aient tous accès aux mêmes outils de traduction. Nous les avons donc mis à leur disposition sur Internet, et tant qu'à faire nous avons ouvert le site au public. Cela nous a rendus très populaires, nous a fait beaucoup de publicité. L'opération a drainé vers nous de nombreux clients, mais aussi nous a permis d'étoffer notre réseau de traducteurs grâce aux contacts établis à la suite de cette initiative."

Dans Links to Electronic Book and Text Sites, OmniMedia Digital Publishing propose un répertoire de serveurs de livres et de textes électroniques. Première bibliothèque publique d'Internet et pour Internet, l'Internet Public Library (IPL) dispose de 20.166 documents en ligne soigneusement sélectionnés, catalogués et décrits par son personnel. La Online Book Initiative (OBI) est un projet consistant à rassembler une importante collection de textes du domaine public en format ASCII.

Créée par l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), l'Universal Library a pour objectif de mettre le plus grand nombre d'ouvrages possibles à la disposition des usagers d'Internet. Elle comprend un index de plus de 5.000 oeuvres en anglais. La moitié de ces oeuvres est reliée au catalogue expérimental de la Library of Congress, si bien que - rêve enfin devenu réalité - les usagers peuvent avoir un accès direct au texte intégral de l'oeuvre à partir de la notice du catalogue.

Une très bonne série de liens vers la littérature anglophone est Literary Resources on the Net. Oeuvre de John Lynch, docteur en littérature anglaise à l'Université de Pennsylvanie (USA), le site propose des ressources littéraires en fonction des catégories suivantes : période classique et biblique, période médiévale, Renaissance, 18e siècle, période romantique, période victorienne anglaise, 20e siècle anglais et irlandais, théâtre et drame, théorie, littérature féminine et féminisme, ethnies et nationalités, autres littératures nationales, bibliographie et histoire du livre, hypertextes et divers.

La Bibliotheca universalis est un des onze projets retenus lors du Sommet du G7 des 13-17 mai 1996. Ce projet de bibliothèque électronique à l'échelon mondial "illustre la nécessité de donner à la société de l'information une ambition culturelle internationale, respectant les diversités culturelles et la pluralité linguistique". Il a "pour ambition de donner accès aux oeuvres principales du patrimoine culturel et scientifique mondial - textes, images, sons - par le biais des technologies multimédias. Il doit ainsi favoriser le dialogue culturel par-delà les frontières et améliorer les services rendus aux utilisateurs." Le projet souhaite proposer une collection universelle à partir des programmes de numérisation existants, avec environnement en réseau, système d'information distribué, fonctions de recherches avancées, et normes communes pour la numérisation des textes, des images et des sons ainsi que pour les protocoles de communication.

Ouvert en 1992, l'Electronic Text Center de l'Université de Virginie (USA) propose la combinaison d'un archivage en ligne au format SGML (standard generalized markup language) de 40.000 textes électroniques en douze langues et des 19.000 illustrations correspondant à ces textes, dont certains sont du domaine public, avec un centre comprenant le matériel informatique et les logiciels permettant la création et l'analyse de texte. French Texts and Language Resources procure des textes français en ligne et sur CD-ROM, et une série de liens menant à d'autres textes électroniques en français.

De nombreuses cyberbibliothèques sont également accessibles au moyen d'un abonnement payant, comme l'Electric Library, un centre de recherche en ligne permettant l'accès au texte intégral de 150 journaux et de centaines de magazines, 2.000 ouvrages de littérature classique, 28.000 photos, images et cartes, les transcriptions d'émissions de télévision et de radio, des résumés de livres, films et logiciels, des encyclopédies, etc., ou encore l'ACM Digital Library, créée en octobre 1997 par l'Association for Computing Machinery (ACM), organisme scientifique et de recherche international. Cette bibliothèque comprend des informations bibliographiques et des textes d'articles, ainsi qu'une section consacrée aux cyberbibliothèques et à la recherche d'information.

Ce ne sont pas seulement les textes mais aussi les images qui sont numérisés, comme on l'a vu plus haut dans Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, qui a inauguré son site en 1997 par des images et textes du 19e siècle francophone.

D'autres cyberbibliothèques sont consacrées uniquement aux images, comme Corbis, société créée en 1989 par Bill Gates, patron de Microsoft. Cet ensemble d'images numériques a été constitué pour fournir des ressources d'information visuelle à l'échelon international. Parallèlement au développement de ses collections et au marketing de celles-ci, Corbis est aussi une plate-forme de recherche pour étudier les décisions à prendre en matière de normes industrielles de reproduction et de protection de la propriété intellectuelle à l'ère numérique.

Avec 25 millions d'images dont 1,4 million en ligne en décembre 1998, le fonds de Corbis est constamment enrichi par l'acquisition de droits ou la conclusion de partenariats avec de grands musées. Chaque image est accompagnée d'une légende, d'un commentaire et de mots-clés permettant une recherche thématique au moyen d'un thésaurus de 25.000 mots. La base de données est commercialisée auprès des professionnels sous forme de licences. Le grand public y a accès par Internet et par une série de CD-ROM thématiques.

Le problème majeur des bibliothèques d'images sur le Web est le temps nécessaire au téléchargement, temps proportionnel à la taille de l'image. Après avoir d'abord proposé des images "pleine page" agréables à l'oeil mais très longues à apparaître sur l'écran, de nombreux sites optent maintenant pour des images de format réduit, avec possibilité de cliquer sur ces images pour obtenir un format plus grand si nécessaire. Ce problème devrait être résolu à l'avenir avec l'augmentation de la vitesse de transmission des données.

Bien que les cyberbibliothèques anglophones soient encore très largement majoritaires, l'univers des cyberbibliothèques devient rapidement multilingue. Le Projekt Gutenberg-DE comprend plus de 200 titres de littérature allemande et de littérature étrangère en allemand. Débuté en 1992 par LYSATOR, un club informatique d'étudiants, en collaboration avec la Linköping University Library (Suède), le Projekt Runeberg regroupe 200 oeuvres de littérature nordique. Liber Liber, qui s'annonce comme la première et la plus grande bibliothèque télématique italienne, débute sa page de présentation par une maxime éloquente: "Nullus amicus magis liber quam liber." Parallèlement, les grandes cyberbibliothèques introduisent peu à peu dans leurs collections des textes en d'autres langues que leur langue dominante.

7.4. Un exemple: la toile littéraire francophone

Prise au sens large, la notion de cyberbibliothèque dépasse très largement l'ensemble des cyberbibliothèques définies comme telles. Un site littéraire est pratiquement toujours doublé d'une cyberbibliothèque. Il propose souvent le texte intégral d'oeuvres litéraires ainsi que des liens vers d'autres sites traitant de la même époque, du même auteur ou du même genre littéraire, et ainsi de suite.

On ne compte pas le nombre de sites consacrés à la littérature en général, et à la littérature francophone en particulier. On ne peut pas plus justement parler de Toile - traduction littérale du terme Web souvent adoptée par les francophones - que pour la littérature, qui sert de support à l'élaboration d'une gigantesque toile littéraire. Un passionné de littérature peut passer des journées entières à aller d'une oeuvre à l'autre et d'un site à l'autre. A l'heure actuelle, c'est la littérature du 19e et du début du 20e siècle qui est la plus fortement représentée, puisqu'une grande partie des oeuvres est du domaine public et n'est donc pas soumise au droit d'auteur et au casse-tête que la gestion de celui-ci représente encore sur le Web.

Voici quelques exemples.

CyLibris, maison d'édition sur Internet, propose une sélection de sites sur l'Internet littéraire francophone, les jeux de rôles et les journaux.

Patrick Rebollar, professeur de littérature française et d'applications informatiques à Tokyo (Japon), mène plusieurs réalisations sur le Web, par exemple la Chronologie littéraire 1848-1914. Il tient à jour une liste de signets très complète, notamment dans les domaines suivants : littérature et recherche (normes et règles, bibliothèques et éditeurs, bibliographies), revues littéraires, linguistique, dictionnaires, lexiques, recherche littéraire, documents littéraires par thèmes et par auteurs (Malraux, Sarraute, Camus, Gracq, Robbe-Grillet, etc.), oeuvres littéraires, poésie, bandes dessinées, etc.

Dans son courrier électronique du 17 juillet 1998, il expliquait:

"Animant des formations d'enseignants à l'Institut franco-japonais de Tokyo, je voyais d'un mauvais oeil d'imprimer régulièrement des adresses pour demander aux gens de les recopier. J'ai donc commencé par des petits documents rassemblant les quelques adresses web à utiliser dans chaque cours (avec Word), puis me suis dit que cela simplifierait tout si je mettais en ligne mes propres signets, vers la fin 1996. Quelques mois plus tard, je décidai de créer les sections finales de nouveaux signets afin de visualiser des adresses qui sinon étaient fondues dans les catégories. Cahin-caha, je renouvelle chaque mois. Mais les quantités de travail entraînées par le Salon du livre de Tokyo (et les interviews d'écrivains), en janvier 98, et le Festival de Yokohama (juin 1998), font qu'il y a bien longtemps que je n'ai pas fait sérieusement mon travail de veille techno-culturelle…"

Projet commun du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, France) et de l'Université de Chicago (Illinois, USA), l'ARTFL Project (ARTFL: American and French Research on the Treasury of the French Language) est une base de données payante de 2.000 textes du 13e au 20e siècle concernant la littérature, la philosophie, les arts ou les sciences. Le site propose aussi en accès libre une intéressante liste de liens avec les serveurs de littérature française lui paraissant dignes d'intérêt.

Voici aussi quelques exemples pris dans les sites consacrés à la poésie.

Le Club des poètes est un site de poésie francophone qui souhaite la "bienvenue en territoire de poésie de la France au Chili, de Villon jusqu'à de jeunes poètes contemporains, en passant par toutes les grandes voix de la poésie de tous les temps et de tous les pays". Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Blaise Rosnay retraçait l'évolution de son site:

"Le site du Club des Poètes a été créé en 1996, il s'est enrichi de nombreuses rubriques au cours des années et il est mis à jour deux fois par semaine. L'Internet nous permet de communiquer rapidement avec les poètes du monde entier, de nous transmettre des articles et poèmes pour notre revue, ainsi que de garder un contact constant avec les adhérents de notre association. Par ailleurs, nous avons organisé des travaux en commun en particulier dans le domaine de la traduction. [Nos projets pour notre site sont d']y mettre encore et toujours plus de poésie. Ajouter encore des enregistrements sonores de poésie dite ainsi que des vidéos de spectacles."

Poésie française propose un choix de poèmes français de la Renaissance au début du 20e siècle. Dans son courrier du 8 juin 1998, Claire Le Parco, de la société Webnet, indiquait:

"Nous avons créé ce site lors de la création de notre société, spécialisée dans la réalisation de sites Internet et Intranet. Nous sommes des informaticiens qui aimons la poésie, et nous avions envie de montrer que poésie et Internet pouvaient faire bon ménage!"

Dans Poésie d'hier et d'aujourd'hui, Silvaine Arabo propose de nombreux poèmes, y compris les siens. Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, elle expliquait:

"Je suis poète, peintre et professeur de lettres (13 recueils de poèmes publiés, ainsi que deux recueils d'aphorismes et un essai sur le thème: poésie et transcendance; quant à la peinture, j'ai exposé mes toiles à Paris - deux fois - et en province ). […] Pour ce qui est d'Internet, je suis 'autodidacte' ( je n'ai reçu aucune formation informatique quelle qu'elle soit ) ; j'ai eu l'an passé l'idée de construire un site littéraire centré sur la poésie: Internet me semble un moyen privilégié pour faire circuler des idées, pour communiquer ses passions aussi. Je me suis donc mise au travail, très empiriquement, et ai finalement abouti à ce site […] sur lequel j'essaye de mettre en valeur des poètes contemporains de talent, sans oublier la nécessaire prise de recul (Réflexions sur la poésie) sur l'objet considéré.

Ma vie professionnelle [en tant que professeur de lettres] n'en a pas été bouleversée puisqu'elle est indépendante de cette création sur Internet. Disons que très récemment, dans le cadre de mon activité professionnelle, j'ai fait avec mes élèves quelques ateliers de poésie et que, devant la pertinence de leurs productions, j'ai décidé de leur consacrer une page sur mon site ( rubrique Le jardin des jeunes poètes ). Je fais également un 'appel du pied' aux professeurs de lettres francophones pour qu'ils m'adressent des poèmes - qu'ils estiment réussis - de leurs élèves. Disons que ce site pourrait servir, entre autres, de motivation - donc de moteur - à la créativité des jeunes enfants ou des adolescents."

Voici encore quelques exemples pris dans des genres littéraires différents.

Théâtrales est une collection de textes et d'hypertextes en français sur le théâtre. Le site a été créé en mai 1995 par André G. Bourassa, professeur à l'Université de Québec à Montréal, et par Barry Russell, Visiting Fellow de l'Université Brookes d'Oxford.

Polar Web se présente comme le premier site francophone entièrement consacré au roman policier, avec des informations sur les manifestations autour du polar, une rubrique annonçant les nouveaux titres chez différents éditeurs, et la liste de tous les documents disponibles en texte intégral: livres, pages, articles, nouvelles et entretiens.

BD Paradisio est consacré à la bande dessinée en ligne avec dossiers, entretiens, biographies, dessins inédits et forums de discussion à thèmes.

Une Autre Terre est un site consacré à la science-fiction. Dans son courrier électronique du 9 juin 1998, Fabrice Lhomme, son créateur, expliquait:

"Le serveur a vu le jour fin novembre 1996. J'ai commencé en présentant quelques bibliographies très incomplètes à l'époque et quelques critiques. Rapidement, j'ai mis en place les forums à l'aide d'un logiciel "maison" qui sert également sur d'autres actuellement. […] Depuis [la page réalisée pour le] premier anniversaire [du serveur], le phénomène le plus marquant que je puisse noter c'est la participation de plusieurs personnes au développement du serveur alors que jusque là j'avais tout fait par moi-même. Le graphisme a été refait par un généreux contributeur et je reçois régulièrement des critiques réalisées par d'autres personnes. Pour ce qui est des nouvelles, la rubrique a eu du mal à démarrer mais une fois qu'il y en a eu un certain nombre, j'ai commencé à en recevoir régulièrement (effet d'entraînement). Actuellement, j'ai toutes les raisons d'être satisfait car mon site reçoit plus de 2.000 visiteurs différents chaque mois et toutes les rubriques ont une bonne audience. Le forum des visiteurs est très actif, ce qui me ravit. Concernant les perspectives d'avenir, j'envisage pour très bientôt d'ouvrir une nouvelle rubrique proposant des livres d'occasion à vendre avec l'ambition de proposer un gros catalogue. Eventuellement, j'ouvrirai aussi une rubrique présentant des biographies car je reçois pas mal de demandes des visiteurs en ce sens. […] Si l'activité de vente de livres d'occasion se montre prometteuse, il est possible que j'en fasse une activité professionnelle sous la forme d'une micro-entreprise."

L'actualité littéraire est présentée avec punch et humour dans ZazieWeb, revue en ligne conçue et réalisée par Isabelle Aveline, avec un graphisme d'Oliver Cornu. ZazieWeb comprend un édito, une rubrique Au fil du Net, un agenda, une revue de presse, un annuaire des sites et un self-service multimédia. Sur le site, Isabelle Aveline explique:

"ZazieWeb est un site World Wide Web professionnel et grand public indépendant, spécifiquement dédié aux libraires, éditeurs… et grand public de culture 'livre'. Conçu comme une librairie virtuelle, un espace de documentation, d'orientation et de ressources pour un public de culture 'papier' s'intéressant à Internet, il se situe aux frontières de l'écrit et de l'édition électronique. L'originalité du traitement des rubriques par rapport à un média papier étant évidemment de 'mailler' l'information avec un site sur Internet. C'est donc un site 'passerelle' vers Internet pour un public curieux et désorienté, avide de connaître ce qui se passe 'de l'autre côté de l'écran'."

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, elle ajoutait:

"ZazieWeb est né il y a deux ans environ: juin 96. C'était à l'époque un projet personnel qui entrait dans le cadre d'un master multimédia et que j'ai essayé de 'vendre' aux éditeurs. […] Découvrir Internet a ouvert d'autres possibilités et surtout maintenant je ne conçois pas de ne pas travailler 'on the web'!"

On assiste aussi à l'apparition de "la littérature interactive lancée par le grand écrivain américain John Updike, qui, l'an dernier, balança sur le Web le premier chapitre d'un roman que les internautes étaient censés poursuivre", expliquait Emmanuèle Peyret dans le quotidien Libération du 27 février 1998. Cette première expérience de littérature interactive a été réalisée à l'initiative de la grande cyberlibrairie Amazon.com.

Lors de la fête d'Internet des 20-21 mars 1998, ATOS et France Loisirs ont à leur tour lancé le premier roman interactif francophone, dont le premier et le huitième et dernier chapitres ont été écrits par le romancier Yann Queffélec. Le thème du roman était le suivant: "Une femme, condamnée à mort aux Etats-Unis, bénéficie d'un sursis de 30 jours accordé par le gouverneur, avant son exécution. Que va-t-elle faire de ce répit? A quoi pense-t-elle et quel message va-t-elle laisser aux partisans et aux opposants de la peine de mort?" Le premier chapitre était disponible sur le site de France Loisirs très exactement le 20 mars 1998, premier jour de la fête d'Internet. Les cybernautes disposaient de deux semaines pour proposer un deuxième chapitre. Le jury du club devait ensuite sélectionner le meilleur chapitre qui devenait la suite officielle du roman, et ainsi de suite jusqu'au 27 juillet. France Loisirs devait publier le roman en septembre 1998.

L'hégémonie de l'anglais sur le Web? Elle était inévitable à l'époque balbutiante du Web, puisque le réseau était en premier lieu américain et ensuite essentiellement anglophone, mais ce n'est plus vrai maintenant. Tous les amoureux de la langue française n'ont plus de souci à se faire, sinon à continuer le travail entrepris, et peut-être aussi oeuvrer aussi bien pour un Web francophone que pour un Web multilingue, comme le Club des poètes, qui offre une présentation de son site en anglais, en espagnol et en portugais.

7.5. L'avenir des cyberbibliothèques

"Qu'il me suffise, pour le moment, de redire la sentence classique: 'La bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque, et dont la circonférence est inaccessible'."

Cette citation de Jorge Luis Borges pourrait parfaitement convenir aux cyberbibliothèques.

A court ou à long terme, leur développement rapide va certainement amener à définir la place de la cyberbibliothèque, toute récente, par rapport à la bibliothèque multicentenaire, tout comme la bibliothèque traditionnelle doit maintenant redéfinir ses fonctions du fait de l'existence des cyberbibliothèques.

La British Library par exemple n'envisage pas une bibliothèque qui devienne uniquement "cyber", et elle souhaite garder son importance à la communication physique des imprimés, manuscrits, partitions musicales, bandes sonores, etc., tout en ayant conscience de la nécessité du développement parallèle des documents numériques. Tout comme la British Library, nombreux sont ceux qui pensent que la bibliothèque réelle ne va pas disparaître parce que la cyberbibliothèque existe, de même que le livre physique ne va pas disparaître parce que son équivalent numérique existe.

"On ne peut pas, on ne pourra pas tout numériser. A terme, une bibliothèque virtuelle ne sera jamais qu'un élément de l'ensemble bibliothèque", soulignait Jean-Pierre Angremy, président de la Bibliothèque nationale de France, dans un article du Figaro du 3 juin 1998. Dès 1992, la BnF avait lancé un très important programme de numérisation, et une partie des collections numérisées est maintenant disponible sur le serveur Gallica.

Pierre Perroud, fondateur de la cyberbibliothèque Athena, expliquait dans Informatique-Informations de février 1997 que "les textes électroniques représentent un encouragement à la lecture et une participation conviviale à la diffusion de la culture", notamment pour la recherche textuelle et l'étude des textes. Il pense que ces textes "sont un bon complément au livre imprimé - celui-ci restant irremplaçable lorsqu'il s'agit de lire". S'il est persuadé de la nécessité de suivre de près l'évolution technologique et d'y adapter le monde du livre et celui de l'enseignement, il n'empêche que le livre reste "un compagnon mystérieusement sacré vers lequel convergent de profonds symboles: on le serre dans la main, on le porte contre soi, on le regarde avec admiration; sa petitesse nous rassure autant que son contenu nous impressionne; sa fragilité renferme une densité qui nous fascine; comme l'homme il craint l'eau et le feu, mais il a le pouvoir de mettre la pensée de celui-là à l'abri du Temps."

Il est vrai que, outre l'accès direct à de très nombreuses oeuvres du domaine public, l'existence des cyberbibliothèques facilite grandement la recherche textuelle sur une ou plusieurs oeuvres à la fois. Par exemple, les bases de données constituées par l'ARTFL Project permettent une recherche textuelle sur l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert ou le Dictionnaire de l'Académie française. Menés par plusieurs organismes, de nombreux autres projets sont en cours pour l'étude de La Bible, La Divine Comédie de Dante, l'ensemble des oeuvres de Shakespeare, etc., et ces projets permettront de disposer de bases de données incluant à la fois les textes et leurs commentaires sur plusieurs siècles.

La consultation sur écran de livres anciens offre également d'immenses perspectives. Elle permettra aux chercheurs de les visualiser et de mieux sélectionner ceux qui les intéressent avant de demander la consultation de certains originaux. Les perspectives sont grandes aussi pour les bibliothèques d'images, dans lesquelles enluminures, gravures, affiches, cartes postales, photos et films sont ou seront disponibles sur écran. Pour le moment, le temps de déchargement d'une image est encore assez long, mais cet inconvénient devrait bientôt disparaître avec l'augmentation de la vitesse de transmission des données.

Le problème majeur auquel se heurte la cyberbibliothèque à l'heure actuelle est celui du droit d'auteur. Ce problème - qui ne concerne pas seulement le livre, la revue ou l'image, mais aussi la musique, les arts graphiques, les logiciels, etc. - est fébrilement étudié par les auteurs, éditeurs, journalistes, etc.

Comment élargir la cyberbibliothèque à toutes les oeuvres et ne plus la limiter aux oeuvres du domaine public comme c'est le cas maintenant? Comment mettre en ligne les oeuvres soumises au droit d'auteur tout en respectant la législation concernant la propriété intellectuelle? Ce problème, qui concerne les cyberbibliothèques, les librairies, les éditeurs ou la presse en ligne, sous-tend le développement d'Internet dans le domaine culturel et, toujours dans le domaine culturel, son utilisation maximale comme outil de connaissance et de communication.

Un problème plus pratique est celui de l'harmonisation des formats informatiques, afin de rendre possible la lecture de tout document électronique quels que soient l'ordinateur ou le logiciel utilisés. Comme nombre de cyberbibliothèques numérisant en mode texte, le Project Gutenberg conseille l'utilisation du format ASCII (American standard code for information interchange).

Cyberbibliothèque francophone gérée par l'Association des bibliophiles universels, l'ABU donne les neuf conseils suivants aux volontaires souhaitant dactylographier des textes: 1) pas de mise en page, seulement du texte avec des lignes d'environ 70 caractères et des sauts de ligne, 2) des sauts de ligne avant chaque paragraphe, y compris pour les dialogues, 3) la transcription du tiret long accompagnant les dialogues par deux petits tirets, 4) des majuscules pour les titres, noms de chapitres et sections, avec un soulignement fait de petits tirets, 5) la transcription des mots en italique par des blancs soulignés, 6) pas de tabulation, mais des blancs, 7) la mise des notes de l'auteur entre crochets et dans le corps du texte, 8) facultativement, la pagination de l'édition originale entre crochets, 9) l'encodage final en ISO-Latin-1.

Dans L'édition savante à l'ère de la bibliothèque virtuelle: publication d'un livre en SGML sur le World Wide Web, mémoire de maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l'information (MBSI) de l'Université de Montréal (Québec) daté de novembre 1996, Guy Teasdale répertorie tous les formats utilisés pour la communication d'un texte électronique. Le plus utilisé est le texte en format ASCII (American standard code for information interchange), pour que celui-ci puissent être lu par tous les systèmes et sur toutes les machines. On a aussi des textes formatés à partir d'un traitement de texte tel que WordPerfect ou Word, des textes en format RTF (rich text format), format créé par Microsoft, des textes de type PostScript ou PDF (portable document format) créés par Adobe, des hypertextes formatés en HTML (hypertext markup language), pour lequel Microsoft ou Netscape proposent des ajouts correspondant à leurs propres logiciels de navigation. On a enfin des textes en format SGML (standard generalized markup language), qui correspond à la norme ISO-8879:1986, format dont l'auteur démontre les avantages par rapport aux autres pour l'édition électronique de monographies spécialisées.

Guy Teasdale montre également le danger que représente l'édification d'"une tour de Babel numérisée". L'utilisation de tous ces formats est en effet assez inquiétante alors qu'un des objectifs du Web est justement de permettre la circulation de l'information à travers des réseaux hétérogènes, d'où la nécessité d'adopter un langage qui ne soit pas affecté par les nombreux changements informatiques à venir.

Etant donné le développement rapide des cyberbibliothèques sur Internet, de nombreux organismes publics et privés s'y intéressent de très près et mènent des recherches approfondies souvent disponibles en ligne. Ces organismes sont notamment la British Library et la Library of Congress, deux bibliothèques nationales pilotes dans ce domaine, ou encore la Bibliothèque de l'UC Berkeley (UC: University of California) avec son site SunSITE (financé en partie par Sun Microsystems), sur lequel elle monte ses collections et services tout en procurant informations et conseils.

Le projet Digital Library Technology (DLT) soutient le développement de nouvelles technologies permettant de faciliter l'accès public aux informations de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) par les réseaux informatiques, particulièrement les technologies développant outils, applications, matériel informatique et logiciels permettant de répondre à l'évolution des besoins des usagers et à l'augmentation énorme des demandes d'accès.

Le Stanford Digital Libraries Project fait partie de la Digital Library
Initiative, lancée en 1994 pour quatre ans et soutenue par la NSF (National
Science Foundation), la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) et la
NASA (National Aeronautics and Space Administration).

Le serveur Library 2000 présente l'histoire du projet du MIT Laboratory for Computer Science (MIT: Massachussets Institute of Technology) entre octobre 1995 et octobre 1997. L'objectif de Library 2000, projet de recherche sur les systèmes informatiques, était d'étudier le stockage en ligne à grande échelle en utilisant comme exemple la future bibliothèque électronique. Il s'agissait d'un projet pragmatique, qui a permis de développer un prototype utilisant la technologie et les configurations de systèmes économiquement viables en l'an 2000.

Financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), D-Lib Magazine est un magazine de recherche sur les cyberbibliothèques, qui comprend l'actualité mensuelle, des commentaires, des discussions et des ressources pour la recherche.

Organisme international indépendant à destination des bibliothécaires du monde entier, l'International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA) consacre une passionnante section aux collections et services électroniques.

8. LES CATALOGUES EN LIGNE

[Dans ce chapitre:]

[8.1. Catalogues de bibliothèques francophones / 8.2. Catalogues de bibliothèques non francophones / 8.3. Catalogues collectifs mondiaux / 8.4. L'avenir des catalogues en ligne]

Pourquoi un chapitre entier sur les catalogues? Parce que, dans le domaine de l'imprimé, le catalogue correspond au cerveau chez l'être humain. Il permet de répertorier et présenter les documents de manière systématique. Que l'on soit professionnel du livre, étudiant, chercheur ou cybernaute voulant se documenter sur un sujet donné, l'utilisation du catalogue est une étape indispensable pour trouver les documents souhaités.

Par le passé, on a pu reprocher aux catalogues d'être austères, peu conviviaux, et surtout de donner les références du document mais en aucun cas l'accès à son contenu. Depuis qu'ils sont disponibles sur Internet, les catalogues sont moins austères et plus conviviaux. Et surtout - rêve de tous qui commence à devenir réalité - ils vont progressivement permettre l'accès aux documents eux-mêmes. Ceci est déjà vrai dans certains cas, comme par exemple 2.500 oeuvres de l'Universal Library accessibles par le biais de l'Experimental Search System (ESS) de la Library of Congress.

Le souci de mettre en place des catalogues collectifs ne date pas d'hier. Pendant des décennies, les bibliothécaires et documentalistes ont catalogué le même ouvrage au même moment dans leur propre bibliothèque, d'abord dans des registres reliés, ensuite dans des catalogues sur fiches. Quand ils en avaient les moyens, leur catalogue était imprimé pour être diffusé à l'échelon régional, national ou international. L'ère des catalogues sur fiches fut longue et elle n'a pas encore disparu. Les salles entières de catalogues sur fiches rangés dans de multiples tiroirs en bois - la salle des catalogues de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève par exemple - ont fait et font toujours l'admiration de tous. Par contre l'informatique a rapidement rendu obsolètes les machines qui dupliquaient les fiches cartonnées ou encore les sociétés prestataires de services vendant des fiches cartonnées à partir d'une liste de ISBN (international standard book number).

Depuis bientôt vingt ans, suite à l'informatisation progressive de tous les services, de nombreuses tentatives plus ou moins réussies ont permis aux bibliothécaires d'unir leurs forces au lieu d'effectuer le même travail en de multiples exemplaires.

En France par exemple, le Catalogage national centralisé (CANAC) a été suivi de Libra, un logiciel en temps réel proposé par la Direction du livre et de la lecture, qui a lui-même été suivi par le Catalogue collectif national des publications en série (CCN-PS), un réseau coopératif de catalogage sur SIBIL (Système intégré pour les bibliothèques universitaires de Lausanne) et par le Pancatalogue, dérivé du OCLC Online Union Catalog, explique Thierry Samain dans L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet.

Nombreuses sont aussi les bibliothèques qui ont utilisé le catalogue sur CD-ROM de la Bibliothèque nationale de France pour "récupérer" les notices de la BnF et les intégrer à leur propre catalogue. Avec Internet, on aborde enfin une nouvelle étape qui, si elle n'est pas sans difficultés, résoud le problème majeur de la communication au plus grand nombre.

Dans ce chapitre, on présentera d'abord quelques catalogues et répertoires de catalogues francophones. On présentera ensuite les catalogues de très grandes bibliothèques comme ceux de la Library of Congress ou de la British Library, ainsi que deux catalogues collectifs mondiaux qui constituent des "réservoirs" de notices pour les professionnels du livre. On abordera enfin l'avenir des catalogues sur Internet, un futur qui semble assez prometteur puisqu'il rendra plus accessible et donc plus familier un univers jusque là réputé pour son aridité.

8.1. Catalogues de bibliothèques francophones

Le site web de la Bibliothèque nationale de France ne propose pas encore ses catalogues Bn-Opale (livres et périodiques) et Bn-Opaline (collections spécialisées) en libre accès sur le Web. Ces catalogues sont disponibles moyennant un abonnement à Telnet, un système permettant d'utiliser son micro-ordinateur comme un simple terminal afin de pouvoir consulter le catalogue à distance de la même manière que si on se trouvait sur place.

On peut par contre consulter directement sur le Web le Catalogue des imprimés en libre accès, qui donne le signalement de 430.000 documents de référence imprimés et audio-visuels accessibles au public dans les nouveaux locaux de Tolbiac, inaugurés en 1996.

Bn-Opale contient plus de deux millions de références correspondant aux collections suivantes: les livres entrés par dépôt légal, achat, don ou échange depuis 1970, les périodiques entrés par dépôt légal, abonnement, don ou échange depuis 1960, les ouvrages anonymes des 16e-18e siècles (catalogue en cours de constitution), les microformes de sauvegarde commercialisées par le Service de la reproduction, et les documents informatiques depuis 1994. Bn-Opale inclut aussi le catalogue partagé avec des bibliothèques universitaires ou spécialisées, le catalogue partagé du dépôt légal en relation avec les bibliothèques régionales habilitées au dépôt légal pour l'édition régionale, la production de la Bibliographie nationale française (livres, publications officielles et publications en série, soit au total 48.000 références par an).

Bn-Opale n'inclut pas les notices d'ouvrages antérieurs à 1970 et de périodiques antérieurs à 1960. Celles-ci ne sont pour le moment disponibles que sur le CD-ROM du Catalogue général des Imprimés de la Bibliothèque nationale de France.

La base Bn-Opaline comprend des documents spécialisés (cartes, plans, estampes, etc.) entrés par dépôt légal, achat, don et échange, des microformes établies par le Centre de Sablé et des documents entrés dans les bibliothèques partenaires de la Bibliothèque nationale de France. La répartition des notices bibliographiques est la suivante: 82.377 cartes et plans depuis 1987, 54.928 estampes et photographies depuis 1988, 281.068 documents audiovisuels depuis 1989, 35.076 partitions musicales depuis 1991, 4.944 monnaies et médailles depuis 1994, et 1.655 documents concernant les arts du spectacle depuis 1995.

Depuis plusieurs années, un certain nombre de catalogues de bibliothèques publiques sont disponibles sur le Minitel, ce qui permet leur consultation dans nombre de foyers et de lieux publics. La consultation est possible soit directement sur un Minitel, soit sur un micro-ordinateur utilisé en émulation Minitel. Les notices ne peuvent cependant pas être affichées de manière détaillée, et le mode "feuilletage" ne peut pas être utilisé sur un grand nombre d'écrans successifs, ce qui explique l'attrait que représente le transfert progressif de ces catalogues sur Internet où ces fonctions sont possibles.

Comme les bases Bn-Opale et Bn-Opaline de la Bibliothèque nationale de France, un grand nombre de catalogues - y compris ceux des bibliothèques universitaires - sont maintenant disponibles par le biais de Telnet. Un code d'accès et un mot de passe permettent de se connecter à l'OPAC (online public access catalogue) de la bibliothèque. Telnet, malgré les services considérables qu'il a rendu et qu'il rend encore, présente des inconvénients du fait du fonctionnement différent de chaque OPAC, des configurations différentes de claviers, etc. La formule de l'accès libre sur le Web adoptée par la British Library ou la Library of Congress par exemple est évidemment beaucoup plus pratique.

Un autre système est l'accès des catalogues par WAIS (wide area information server). Ce système est utilisé pour les bibliothèques de laboratoires et d'unités de recherche dans le domaine scientifique et technique. Ses principaux avantages sont "un accès réparti à différents catalogues, un mode d'interrogation simple, un coût nul, le logiciel étant facilement disponible dans le domaine public, une technique ne nécessitant pas de gros investissements", explique Thierry Samain dans L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet.

Du fait de l'essor d'Internet, un nombre croissant de bibliothèques est en train d'établir un accès direct et gratuit à leur catalogue à partir de leur site web, moyennant une interface spécifique. L'accès direct par le Web offre de nombreux avantages, à commencer par celui de l'utilisation de la souris. L'usager a le choix entre au moins deux types de recherche, simple et avancée, et il peut sélectionner plusieurs critères complémentaires tels que le nombre d'enregistrements souhaités ou bien le mode de classement. Il peut dérouler plusieurs pages de notices abrégées ou complètes. Les notices sélectionnées peuvent être copiées, imprimées, sauvegardées ou bien envoyées par messagerie électronique. Des liens hypertextes permettent de passer facilement d'une recherche à une autre. On peut également intégrer au catalogue des images, extraits sonores ou bandes vidéo.

La meilleure formule serait l'utilisation à grande échelle de la norme Z39.50, norme nationale américaine utilisée par exemple pour la consultation du catalogue de la Library of Congress. La norme Z39.50 définit un protocole pour la recherche documentaire d'un ordinateur à un autre. L'utilisateur d'un système peut ainsi rechercher des informations chez les utilisateurs d'autres systèmes utilisant la même norme, sans devoir connaître la syntaxe de recherche utilisée par ces systèmes. L'Union européenne a entrepris des recherches pour favoriser l'utilisation de cette norme en Europe.

Parallèlement à ces améliorations techniques, on voit se développer des catalogues collectifs visant à faire connaître les ressources disponibles à l'échelon régional, national et international.

Situé sur le site de la Bibliothèque nationale de France, le Catalogue collectif de France (CCFR) permet de "trouver des informations détaillées sur les bibliothèques françaises, leurs collections et leurs fonds (anciens, locaux ou spécifiques), connaître précisément les services qu'elles rendent et interroger leur catalogue en ligne". A compter du premier trimestre 1999, il permettra aussi de "localiser des ouvrages (documents imprimés, audio, vidéo, multimédia) dans les principales bibliothèques et demander le prêt ou la reproduction des documents" qui seront remis à l'usager dans la bibliothèque de son choix.

Plusieurs réseaux régionaux ont également vu le jour. Voici trois exemples.

Né en 1988, le réseau BRISE (Bibliothèques en réseau informatisé de Saint-Etienne) dispose d'un catalogue collectif pour les bibliothèques municipales et celles des établissements d'enseignement supérieur.

Le Pôle européen universitaire et scientifique de Grenoble a mis en place REDOC (Réseau documentaire du site de Grenoble), disponible sur le Web avec des liens hypertextes entre le serveur commun et les services répartis, le but étant de donner accès aux catalogues et aux collections électroniques des bibliothèques et centres de documentation de l'agglomération grenobloise.

D'autres réseaux se sont développés avec consultation des catalogues et autres services, par exemple le Réseau des bibliothèques des universités de Toulouse, le Réseau IRIS pour la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur ou encore RéVOdoc, le réseau documentaire du Val-d'Oise.

Plusieurs répertoires ont été créés pour accéder aux sites et aux catalogues des bibliothèques françaises et francophones. Proposé par l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB) et réalisé par Thierry Samain, le répertoire des catalogues de bibliothèques francophones est classé en plusieurs rubriques: bibliothèques générales, arts, droit et économie, lettres et sciences humaines, médecine, sciences de l'information et bibliothèques, sciences et techniques. Plusieurs autres répertoires de catalogues sont recensés dans Sitebib, qui est le résultat de la coopération entre sites web en bibliothéconomie et sciences de l'information.

8.2. Catalogues de bibliothèques non francophones

Deux catalogues, celui de la British Library et celui de la Library of Congress, constituent d'excellents outils bibliographiques pour les cybernautes du monde entier.

En mai 1997, la British Library a lancé OPAC 97, un catalogue en ligne permettant l'accès libre et gratuit aux catalogues de ses principales collections à Londres et à Boston Spa. Rassemblées depuis 250 ans, ces collections représentent 150 millions de documents appartenant à toutes les civilisations, dans toutes les langues et dans tous les domaines.

Les catalogues présents dans OPAC 97 concernent notamment les livres et périodiques du Royaume-Uni et de l'étranger, la collection des humanités et des sciences sociales depuis 1975, notamment un fonds oriental, un fonds hispanique et une des plus grandes collections européennes sur l'Europe de l'Est et la Russie, la collection des sciences et technologies et du monde des affaires depuis 1975, la collection de musique depuis 1980, la collection de périodiques britanniques et étrangers depuis 1700 (500.000 titres) et la collection de compte-rendus de conférences depuis 1800 (la plus grande collection mondiale).

A l'heure actuelle, ces différentes collections ont chacune leur propre catalogue, correspondant souvent à un domaine spécifique. Le Corporate Bibliographic Programme (CBP) étudie la création d'une seule base de données, à la fois pour un meilleur développement des collections et pour une meilleure utilisation du catalogue par les usagers. Le même programme étudie aussi le remplacement des systèmes informatiques actuels - qui ont maintenant vingt ans - par un système plus performant à la fois pour les besoins de la bibliothèque et pour la coopération avec ses nombreux partenaires.

Le catalogue de la Library of Congress est le plus grand catalogue en ligne du monde, et sa consultation est gratuite, avec menus de consultation en anglais et en espagnol. On y trouve les références de documents dans de très nombreuses langues, y compris en français.

La recherche s'effectue au moyen de la norme Z39.50 et suivant quatre procédés: recherche par mots, recherche par liste, recherche par commandes par le biais de Telnet pour la connexion à LOCIS (Library of Congress Information System), et recherche par l'Experimental Search System (ESS).

La recherche par mots peut s'effectuer à deux niveaux: recherche simple et recherche avancée.

La recherche simple est effectuée par titre (tout ou partie du titre, du sous-titre ou de la mention de responsabilité) ou par auteur personnel (un seul auteur). Elle permet l'accès aux principaux catalogues de la Library of Congress: le catalogue des livres, les catalogues des documents informatiques (notices bibliographiques des logiciels et documents en langage informatique), les catalogues des documents en cours de traitement, les catalogues JACKPHY (notices bibliographiques des publications en caractères autres que les caractères romains: japonais, arabe, chinois, coréen, persan, hébreu et yiddish), le catalogue des manuscrits, le catalogue des cartes, le catalogue de la musique, le catalogue des périodiques et le catalogue des documents visuels, soit environ 6,3 millions de notices.

La recherche avancée permet la combinaison de critères multiples à l'aide d'opérateurs boléens (and, or, and not, correspondant aux opérateurs boléens français: et, ou, sauf).

Le moyen le plus rapide de trouver un document est l'utilisation du LCCN (Library of Congress control number), de l'ISBN (international standard book number) ou de l'ISSN (international standard serial number). Si on ne dispose pas d'un de ces nombres, on peut combiner les éléments suivants: titre, auteur personnel, auteur collectif, collection, sujet ou note, en utilisant un mot, une liste de mots ou une expression. Un mot est défini comme un groupe de caractères sans espace. Une liste de mots est définie comme deux ou plusieurs mots séparés par un espace, sans exigence concernant l'ordre des mots. Une expression est définie comme un ou plusieurs groupes de caractères séparés par des espaces et dans lesquels l'ordre des mots doit être respecté.

La recherche avancée donne accès au catalogue des autorités pour les noms et les sujets (environ 4 millions de notices en 1997), le National Union Catalog (publications cataloguées par d'autres bibliothèques et non encore intégrées aux collections de la Library of Congress) et le catalogue PreMARC (notices cataloguées antérieurement aux dates officielles auxquelles les différents catalogues ont débuté).

La recherche par liste permet une première sélection au moyen d'un index alphabétique des termes utilisés dans les catalogues de la Library of Congress: livres, périodiques (magazines, journaux et autres publications paraissant de manière régulière et continue), documents cartographiques (cartes, atlas, etc.) et microformes. Les renvois utilisés dans la recherche par sujet sont également indiqués dans l'index alphabétique. On peut effectuer la recherche par sujet, auteur (personnel ou collectif), nom de conférence, titre, nom de périodique, classification de la Library of Congress (qui correspond à une partie de la cote) ou numéro de la classification décimale de Dewey. On peut également rechercher le "numéro d'identité" exact du document, par exemple l'ISBN (international standard book number), l'ISSN (international standard serial number) ou le LCCN (Library of Congress control number).

La Library of Congress a également lancé l'Experimental Search System (ESS), qui est un système permettant de consulter tout un ensemble de catalogues grâce une seule interface composée de plusieurs pages de recherche (simple, avancée, par nombre ou par liste) et plusieurs pages de résultats (avec une liste de notices abrégées ou bien des notices complètes), en liaison avec des fichiers d'aide en ligne. Son but est de favoriser une recherche plus intuitive que celle du traditionnel OPAC (online public access catalogue), grâce à la synergie entre le lien de l'hypertexte et l'engin de recherche spécifique InQuery créé par la société Sovereign Hill Software.

La consultation de l'OPAC par le biais du traditionnel catalogue en ligne est cependant encore indispensable puisque plusieurs catalogues de livres et la plupart des catalogues de "non-livres" (microformes, articles, manuscrits, etc.) ne sont pas encore présents dans l'ESS. Le menu de recherche avancée précise les bases de données et les collections disponibles par rubrique, et la quantité de documents pour chaque rubrique.

Le 20 décembre 1998, l'ESS comprend les notices de 9,5 millions de livres, incluant les notices JACKPHY (notices en japonais, arabe, chinois, coréen, persan, hébreu et yiddish), 825.664 périodiques, 278.771 documents visuels tels que films, films fixes ou vidéos, 68.135 images et photos, 209.142 enregistrements sonores et partitions musicales, 171.756 cartes, 10.698 manuscrits et 6.318 logiciels. Les notices de 140.000 photos et manuscrits de la National Digital Library Program's American Memory sont reliées à plus de 70.000 photos et images numériques disponibles en ligne. Grâce à l'indexation des oeuvres sélectionnées et classées par l'Universal Library de l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), l'ESS procure aussi les liens au texte intégral de 2.500 oeuvres en ligne disponibles sur différents sites.

L'intérêt d'un tel catalogue est expliqué sur le site web: c'est sa capacité à montrer les relations existant entre les termes en texte libre, le vocabulaire contrôlé (par exemple les principaux sujets de la Library of Congress) et les schémas de classification. Comme, de plus en plus, les textes de documents gouvernementaux ou du domaine public seront disponibles en ligne, ils seront reliés aux notices bibliographiques afin d'être accessibles par un seul point d'entrée. Cette nouvelle infrastructure préfigure une bibliothèque électronique nationale. Comme on l'a vu plus haut, l'ESS ne remplace pas les catalogues traditionnels, mais le fait qu'il permette l'accès immédiat aux textes et documents numériques permettra d'encourager la migration des catalogues traditionnels dans cette direction.

L'ESS préfigure ce que sera le catalogue à l'avenir: non plus seulement un ensemble de notices qui sont le prélude à un parcours du combattant pour trouver les documents, le plus souvent par prêt interbibliothèques, mais un ensemble de notices qui permettront l'accès immédiat au texte intégral du document.

Gérées par des sociétés privées, les bases commerciales telles que Dialog, LEXIS-NEXIS ou UnCover préfigurent aussi ce que sera la recherche numérique de demain, en attendant que les organismes publics prennent le relais. Depuis plusieurs années, ces bases associent catalogues et documents en ligne (ou envoyés par télécopieur dans le cas de UnCover). Leur seul défaut, et de taille, est que leurs coûts sont vite prohibitifs pour un particulier (et ce malgré un compteur permettant de consulter en continu la somme facturée afin d'éviter les mauvaises surprises!).

Gérée par Knight-Ridder Information, la Dialog Corporation comprend un certain nombre de bases documentaires dont la plus connue, Dialog, regroupe 450 bases de données sur le monde des affaires, l'industrie, l'actualité, les droits et brevets, la chimie, l'environnement, les sciences et techniques et les outils de référence. Une recherche par mots-clés permet d'opérer une sélection dans les dizaines de milliers de documents disponibles. Le serveur donne ensuite une liste bibliographique de tous les documents correspondant à la recherche lancée.

Les avantages de cette recherche automatisée sont énormes si on pense aux centaines de tables des matières ou d'index qu'il faudrait parcourir pour arriver au même résultat. A partir de cette bibliographie, on peut ensuite sélectionner quelques documents et demander leur envoi par voie informatique. Là aussi, le service est très coûteux. C'est la raison pour laquelle les services documentaires contrôlent de près les requêtes de leurs usagers sur Dialog.

LEXIS-NEXIS est un fournisseur international de services d'information et d'outils de gestion (en ligne, sur Internet, sur CD-ROM et sur support papier) à l'intention des professionnels du droit, de l'actualité et des affaires. Avec des clients dans plus de 60 pays, la société fait partie de Reed Elsevier (Londres), grande société d'édition et d'information.

Proposé par la CARL Corporation, UnCover permet de se procurer des articles provenant de 17.000 périodiques couvrant tous les domaines depuis 1988. Si l'envoi d'articles est payant, la recherche dans la base de données, les tables des matières des périodiques et l'index par mots-clés est gratuite.

Coût excepté, ces trois bases commerciales sont un exemple de ce que peuvent être les catalogues de demain, qui trouveront tout leur sens quand ils donneront accès aux documents numérisés.

8.3. Catalogues collectifs mondiaux

Internet, réseau mondial, rend possible la gestion de catalogues à l'échelle internationale. C'est ce que font deux associations basées aux Etats-Unis, le OCLC Online Computer Library Center et le Research Library Information Network (RLIN), qui gèrent des "réservoirs" de notices alimentés par les bibliothèques adhérentes, ce qui permet aux bibliothécaires d'unir leurs forces par-delà les frontières.

Le OCLC Online Computer Library Center est une association à but non lucratif proposant à ses membres - le plus souvent des bibliothèques et centres de documentation - toute une gamme de services avec deux objectifs: favoriser l'accès à l'information à l'échelon international et réduire les coûts correspondants.

Mais, dans l'esprit de nombreux bibliothécaires et documentalistes, le sigle OCLC est d'abord synonyme de catalogue. Depuis 1971, OCLC gère le OCLC Online Union Catalog, qui est devenu le plus grand catalogue collectif mondial avec ses 38 millions de notices en 370 langues (avec translitération pour les caractères non-romains) et ses 25.000 bibliothèques adhérentes. L'accroissement annuel est de 2 millions de notices. Les huit formats bibliographiques utilisés correspondent aux types de documents suivants: livres, périodiques, documents visuels, cartes et plans, documents mixtes, enregistrements sonores, partitions et documents informatiques.

Le but du OCLC Online Union Catalog part d'une idée simple propre à tous les catalogues collectifs: gagner du temps en évitant à de multiples catalogueurs de cataloguer la même publication au même moment. L'idée géniale était d'utiliser Internet et d'étendre le catalogue collectif au monde entier. Si le catalogueur trouve la notice, il la copie pour sa propre base. S'il ne trouve pas la notice, il la crée, et cette notice est aussitôt disponible pour les catalogueurs suivants. La même règle vaut pour les catalogueurs de Paris (France), Tokyo (Japon) ou Canberra (Australie).

Contrairement à RLIN qui, lui, propose plusieurs notices pour le même document dans la mesure où celui-ci a été catalogué par différentes bibliothèques, OCLC enregistre seulement la première notice et demande instamment à ses adhérents de ne pas créer de double. Ceux-ci sont tenus d'utiliser la notice existante quand un document a déjà été catalogué, et ils ne créent une notice sur le réseau qu'après avoir vérifié l'absence d'une notice pour le document en question. Les notices sont créées en format USMARC (US machine readable catalog) selon les normes de catalogage AACR2 (Anglo-American cataloguing rules, version 2). Les notices de base disponibles sur le réseau ne peuvent être modifiées que par les bibliothèques habilitées à le faire parce qu'elles disposent d'une équipe de catalogueurs très expérimentés.

OCLC vit le jour en 1967. En 1967, les présidents des collèges et universités de l'Ohio fondèrent le Ohio College Library Center (OCLC) afin de développer un système informatisé permettant aux bibliothèques des institutions universitaires du même Etat de partager leurs ressources et de réduire ainsi leurs coûts de fonctionnement. Les premiers bureaux d'OCLC furent installés dans la bibliothèque centrale de la Ohio State University (OSU), et le OSU Research Center hébergea la première salle informatique d'OCLC. C'est à partir de cette implantation dans le monde universitaire que Frederick G. Kilgour, le premier président d'OCLC, fit passer OCLC d'un système informatique régional à destination de 54 établissements universitaires appartenant au même Etat à un réseau informatique couvrant le monde entier. En 1981, tout en gardant le même sigle, le Ohio College Library Center devint le OCLC Online Computer Library Center.

Une forte proportion des 25.000 bibliothèques participantes est située en Amérique du Nord. Ces bibliothèques appartiennent à des réseaux régionaux regroupant chacun plusieurs états pour les Etats-Unis ou plusieurs provinces pour le Canada. OCLC vise maintenant à développer le nombre de ses adhérents dans d'autres pays et continents. Les bibliothèques adhérentes recoivent les services d'OCLC grâce à OCLC Asie et Pacifique, OCLC Europe, OCLC Amérique Latine et Caraïbes, ou bien par le biais de distributeurs internationaux.

Outre la gestion du OCLC Online Union Catalog, OCLC propose des services tels que le catalogage, la gestion des acquisitions, le contrôle d'autorités, l'envoi de documents suite à une demande de prêt interbibliothèques, la référence en ligne, la recherche spécialisée dans les nouvelles technologies, le microfilmage et la scannérisation des documents. OCLC dispose aussi d'une maison d'édition, Forest Press, et d'une filière commerciale, Information Dimensions. Forest Press publie notamment la Dewey Decimal Classification, classification utilisée dans les bibliothèques publiques pour le classement des documents. Information Dimensions fournit des logiciels de gestion documentaire et éditoriale et des logiciels d'archivage électronique.

OCLC dispose également d'un service appelé NetFirst, qui répertorie, classe, catalogue et indexe les ressources disponibles sur Internet (articles complets, journaux électroniques, lettres d'information, sites gopher et catalogues de bibliothèques) et donne un résumé pour chacune d'elles. Les URL (uniform resource locators) des sites, les adresses électroniques et les forums de discussions sont formatés en liens hypertextes.

A la fois complémentaire et différent du catalogue d'OCLC, le gigantesque catalogue du Research Libraries Information Network (RLIN) comprend 82 millions de notices. Il est géré par le Research Libraries Group (RLG), une association à but non lucratif qui rassemble les organismes souhaitant améliorer l'accès à l'information dans les domaines de l'enseignement et de la recherche.

Des centaines de bibliothèques de recherche, dépôts d'archives, musées, bibliothèques universitaires, bibliothèques publiques, bibliothèques de droit, bibliothèques techniques et bibliothèques d'entreprise utilisent RLIN pour le catalogage, le prêt interbibliothèques et le contrôle des archives et des manuscrits. Catalogue collectif en ligne regroupant les notices de tous les organismes adhérents, RLIN est à la fois un système de recherche documentaire et une base de données internationale d'information bibliographique. 365 langues y sont représentées, et les notices sont également disponibles dans les alphabets des langues JACKPHY (japonais, arabe, chinois, coréen, persan, hébreu et yiddish) et du cyrillique.

RLIN inclut aussi l'English Short Title Catalogue (ESTC) et des fichiers d'autorités.

L'English Short Title Catalogue (ESTC) donne les descriptifs des publications anglaises ou de langue anglaise publiées entre 1473 et 1800. Ce catalogue "contient les notices de tous types de documents publiés en Grande-Bretagne ou dans ses colonies ou publiés en langue anglaise n'importe où dans le monde, et qui vont des oeuvres de Shakespeare et de La Bible du roi Jacques aux ballades et écrits anonymes". Précédemment appelée Eighteenth-Century Short Title Catalogue, la base, qui s'est fortement accrue en 1994 avec l'ajout de 75.000 notices de documents publiés avant 1701, a été rebaptisée English Short Title Catalogue. Ce catalogue d'environ 500.000 notices s'enrichit tous les jours de nouvelles notices provenant principalement de l'ESTC/Amérique du Nord et de la British Library.

Les fichiers d'autorités de RLIN comprennent le thésaurus d'art et d'architecture, le fichier d'autorités des auteurs personnels et collectifs de la Library of Congress et le fichier d'autorités des sujets, constitué des mots-clés et des renvois établis par la Library of Congress.

RLIN est notamment très prisé dans le domaine de l'histoire de l'art. Il rassemble les 65 bibliothèques américaines spécialisées dans les mêmes domaines, y compris des bibliothèques de musées. Le réseau compte 100.000 notices de catalogues d'expositions et 168.500 enregistrements de documents tels que photographies, diapositives, dessins, estampes ou affiches. Il inclut aussi les 110.000 notices de la base bibliographique Scipio, consacrée aux catalogues de ventes. Relié à d'autres bases de données, il permet par exemple de consulter la liste des thèses américaines.

8.4. L'avenir des catalogues en ligne

L'avenir des catalogues en réseau tient à l'harmonisation du format MARC (machine readable catalogue), qui est la norme utilisée pour le stockage et l'échange de notices bibliographiques. Le terme "catalogue" prête ici à confusion puisque le format MARC n'est ni un type de catalogue, ni une méthode de catalogage, mais seulement un ensemble de codes correspondant à chaque partie de la notice bibliographique pour permettre son traitement informatique.

Une vingtaine de versions MARC a vu le jour depuis le début des années soixante-dix: INTERMARC en France, UKMARC au Royaume-Uni, USMARC aux Etats-Unis, CAN/MARC au Canada, etc., correspondant chacune aux pratiques nationales de catalogage. Toutes ces versions posent de nombreux problèmes pour les échanges de données, si bien qu'on a créé UNIMARC pour disposer d'un format intermédiaire international. Les notices dans le format MARC d'origine sont d'abord converties en UNIMARC avant d'être converties à nouveau dans le format MARC de destination.

Dans le monde anglophone, la British Library (qui utilise UKMARC), la Library of Congress (qui utilise USMARC) et la Bibliothèque nationale du Canada (qui utilise CAN/MARC) sont en train d'harmoniser leurs formats MARC nationaux. Un programme de trois ans a été instauré en décembre 1995 pour mettre au point un format MARC commun aux trois bibliothèques.

Parallèlement, dans le contexte du Programme des bibliothèques lancé par l'Union européenne, l'accent a été mis en 1996 sur l'utilisation du format UNIMARC comme format commun d'échange entre tous les formats MARC utilisés par les bibliothèques européennes. Le groupe de travail constitué a étudié aussi les problèmes posés par les différentes polices de caractères, ainsi que la relation entre le format bibliographique et le format du document quand celui-ci sera disponible en ligne.

Certains préconisent l'utilisation de SGML (standard generalized markup language) comme format commun aux notices bibliographiques et aux documents hypertextuels et multimédias correspondants.

Comme la plupart des éditeurs stockent déjà des documents en format SGML, on songe à faire converger MARC et SGML. La Library of Congress a réalisé la DTD (definition of type of document, qui en définit la structure logique) pour le format USMARC, parce qu'elle sera sans doute de plus en plus amenée à vendre des données à la fois en SGML et en USMARC. Une DTD pour le format UNIMARC est également développée dans le cadre d'un projet de l'Union européenne. Dans son mémoire L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet, Thierry Samain mentionne l'adoption du format SGML par certaines bibliothèques pour encoder leurs données bibliographiques. Dans le catalogue collectif belge par exemple, l'utilisation de SGML permet d'ajouter des éléments descriptifs issus du format MARC et d'autres types de formats. Elle permet aussi de faciliter la production du CD-ROM annuel.

Dans Digital Literacy (New York, Wiley, 1997), Paul Gilster se demande si les moteurs de recherche d'Internet seront les catalogues de demain, ce qui n'est guère possible à l'heure actuelle: contrairement au système commun d'indexation propre aux bibliothèques américaines, chaque engin de recherche a sa propre méthode d'indexation, et l'usager doit se familiariser avec elle afin d'en tirer le meilleur parti.

Ceci dit, les remarques que fait Paul Gilster sur les engins de recherche d'Internet sont applicables aussi aux catalogues des bibliothèques vus à l'échelon mondial. Pour indexer leurs documents, un certain nombre de bibliothèques tentent d'harmoniser leurs mots-matière en utilisant par exemple ceux de la Library of Congress dans le monde anglophone ou ceux de RAMEAU (répertoire d'autorités matières encyclopédique et alphabétique unifié) ou de la Bibliothèque nationale du Canada dans le monde francophone. Malgré ces tentatives d'harmonisation, on ne compte pas le nombre de thésaurus utilisés de par le monde. Le meilleur test est une recherche par sujets dans le OCLC Union Library Catalog pour être persuadé du fait que l'absence d'un thésaurus universel est vraiment problématique.

Les bibliothèques auraient un gigantesque effort à fournir pour harmoniser leurs thésaurus ou leurs listes de mots-matière. En Europe, un thésaurus multilingue serait également indispensable, puisque chacun indexe en général ses publications dans sa propre langue. Le travail est titanesque. Puisque les bibliothèques et Internet sont destinés à collaborer étroitement, pourquoi ne pas envisager une liste multilingue commune à partir des meilleurs outils existant dans les deux domaines?

Un autre problème est celui de l'harmonisation des logiciels. En Europe, l'Union européenne a lancé le projet OPAC Network in Europe (ONE), pour un meilleur accès des OPAC (online public access catalogues) et des catalogues nationaux des bibliothèques européennes.

Réalisé entre janvier et décembre 1997, ONE a rassemblé 15 organismes dans 8 pays européens. Son objectif était de produire un logiciel permettant l'interaction entre les logiciels existants, de façon à n'avoir qu'un seul point d'accès par lequel les usagers d'un pays donné puissent se connecter aux catalogues des bibliothèques d'autres pays. Le but était à la fois d'encourager l'interconnexion entre les bibliothèques européennes pour une plus grande coopération et de résoudre les problèmes liés aux divers formats de notices et aux différentes polices de caractères. Le projet était également basé sur l'utilisation de protocoles internationaux comme la norme Z39.50.

Comme c'est eux qui, à terme, permettront l'accès au documents, les catalogues informatiques doivent être aussi parfaits que possible. On peut même rêver à des catalogues communs aux bibliothèques, aux librairies et aux éditeurs. Du fait de la rigueur et du professionnalisme qu'il implique, le catalogage est devenu un métier à part entière. La notice minimale: auteur, titre, éditeur fait maintenant place à une notice plus complexe régie par des normes internationales permettant un meilleur échange de données. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la réputation d'une bibliothèque s'appuie en partie sur la qualité de son catalogue. Il est sa colonne vertébrale, et le sera de plus en plus avec le développement des cyberbibliothèques.

9. PERSPECTIVES

[Dans ce chapitre:]

[9.1. Propriété intellectuelle / 9.2. Droit du cyberespace / 9.3. Document imprimé et/ou électronique / 9.4. Numérisation et convergence multimédia / 9.5. La société de l'information]

Plutôt qu'une conclusion, difficile à envisager pour un sujet aussi neuf, on parlera plutôt de perspectives puisque, comme on l'a vu dans les chapitres précédents, Internet ouvre de nombreuses perspectives - avec son lot de problèmes à résoudre - dans tous les secteurs de l'imprimé.

Tout auteur a désormais la possibilité de faire connaître ses oeuvres en créant un site web, sans attendre de trouver un éditeur pour être publié, et il peut facilement échanger avec ses lecteurs grâce au courrier électronique.

Les cyberlibraires ont non seulement la possibilité de vendre les livres publiés dans leur propre pays, mais aussi celle de vendre des livres étrangers ou bien de vendre à l'étranger des livres publiés dans leur propre pays. Il leur faut encore convaincre les associations d'éditeurs ou de libraires dits "traditionnels" pour faire disparaître les frontières dans la vente de livres. Les lecteurs ont à leur disposition des extraits ou parfois même le texte intégral des nouveautés, qu'ils peuvent "feuilleter" tout à loisir à domicile. Plusieurs cyberlibrairies offrent aussi un véritable magazine littéraire avec un contenu éditorial chaque jour différent.

Les gestionnaires de catalogues peuvent enfin voir se concrétiser la possibilité de donner accès au texte du document à partir de sa notice bibliographique. Ceci est déjà vrai pour quelques milliers d'oeuvres appartenant au domaine public et, les cyberbibliothèques continuant de se développer rapidement, le mouvement ira en s'amplifiant. On étudie aussi la possibilité d'accéder au texte intégral de documents dits commerciaux moyennant une taxe correspondant au droit d'auteur, sans avoir recours à des prestataires aux tarifs souvent prohibitifs.

Les bibliothèques ont un nouvel outil de travail pour faire connaître leurs collections et développer des projets permettant de tisser davantage de liens avec leurs usagers réels et potentiels. Grâce à Internet, elles disposent aussi de la plus grande encyclopédie qui soit pour leur personnel et leurs lecteurs.

De nombreux journaux et magazines sont maintenant en ligne, avec des extraits ou l'intégrale de leur dernier numéro, ainsi que des dossiers sur les sujets d'actualité et les archives des numéros précédents. On assiste aux balbutiements d'une presse en ligne qui se voudrait différente de la presse papier. Quant aux périodiques spécialisés, rejoints par les éditeurs d'ouvrages universitaires et de recherche, ils songent à Internet comme une solution possible pour sortir de la crise éditoriale.

En plus de l'encyclopédie bouillonnante et multilingue que constitue Internet, tous les professionnels du livre ont désormais la possibilité d'un échange accru avec autant de correspondants qu'ils le souhaitent grâce au courrier électronique et aux forums de discussion.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Christiane Jadelot, ingénieur d'études à l'INaLF-Nancy (INaLF: Institut national de la langue française), racontait ses premiers pas sur Internet:

"J'ai commencé à utiliser vraiment l'Internet en 1994, je crois, avec un logiciel qui s'appelait Mosaic. J'ai alors découvert un outil précieux pour progresser dans ses connaissances en informatique et linguistique, littérature… Tous les domaines sont couverts. Il y a le pire et le meilleur, mais en consommateur averti, il faut faire le tri de ce que l'on trouve. J'ai surtout apprécié les logiciels de courrier, de transfert de fichiers, de connexion à distance. J'avais à cette époque des problèmes avec un logiciel qui s'appelait Paradox et des polices de caractères inadaptées à ce que je voulais faire. J'ai tenté ma chance et posé la question dans un groupe de News approprié. J'ai reçu des réponses du monde entier, comme si chacun était soucieux de trouver une solution à mon problème! Je n'étais pas habituée à ce type de solidarité! Les habitudes en France sont plutôt de travailler avec des cloisons étanches!"

Pour une fois, un nouvel outil (relativement) économique abolit à la fois les frontières et les distances puisque, que le cybernaute soit connecté à Paris, à Cuba ou à Hong-Kong, le tarif de connexion est celui d'une communication téléphonique locale. Nombreux sont les professionnels qui assistent ou participent à la création d'une toile artistique, scientifique ou littéraire francophone et multilingue abolissant les barrières de la distance et du temps.

Le bouleversement du monde de l'imprimé par Internet entraîne des perspectives nouvelles pour la propriété intellectuelle, le droit du cyberespace et l'édition électronique. La convergence multimédia entraîne elle aussi des changements majeurs dans les métiers du livre. Que nous réserve la société de l'information dont nous vivons les premières années?

9.1. Propriété intellectuelle

Qu'est-ce qu'un texte du domaine public? L'Association des bibliophiles universels (ABU), qui propose une cyberbibliothèque d'oeuvres du domaine public francophone, répond à cette question sur son site web: en France, un texte tombe dans le domaine public cinquante ans après la mort de son auteur. Les années de guerre (1914-1919 et 1938-1948) comptent double. Quand un texte appartient au domaine public, il peut être diffusé et reproduit, mais non mutilé ou déformé puisque le droit moral de l'auteur (paternité et respect de l'oeuvre) est intemporel. Même si une oeuvre est du domaine public, une édition donnée de cette oeuvre n'est pas pour autant libre de reproduction si elle est récente. La traduction, l'appareil critique (notes, préface, etc.) et l'appareil éditorial (tables, index, pagination) sont soumis au droit d'auteur.

Les sites web sont également soumis au droit d'auteur. Sur le site consacré à sa bibliothèque électronique Gallica, inaugurée en 1997, la Bibliothèque nationale de France donne les précisions suivantes:

"En application de la loi française 92-597 du 1er juillet 1992, portant code de la propriété intellectuelle, la Bibliothèque nationale de France est titulaire des droits d'auteur sur le site dénommé 'Gallica' et la base de données ainsi constituée. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de la Bibliothèque nationale de France est illicite, et constitue une contrefaçon sanctionnée pénalement."

Le texte de la loi 92-597 du 1er juillet 1992, qui régit le droit d'auteur français, précise notamment que "l'auteur jouit sa vie durant du droit exclusif d'exploiter son oeuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit, pendant l'année civile en cours et les cinquante années qui suivent."

Michael Hart, fondateur du Projet Gutenberg, grande cyberbibliothèque anglophone, explique aux volontaires fournissant des textes quelles sont les règles à suivre pour déterminer si un document appartient au domaine public et s'il peut donc faire partie des collections de la bibliothèque.

Aux Etats-Unis, une oeuvre publiée avant 1978 est sujette au droit d'auteur pendant soixante-quinze ans après la date de publication. Après 1978, elle est sujette au droit d'auteur cinquante ans après la date du décès de l'auteur s'il s'agit d'un auteur personnel et soixante-quinze ans après la date de publication s'il s'agit d'un auteur collectif. Au Royaume-Uni, l'oeuvre est sujette au droit d'auteur pendant cinquante ans après le décès de l'auteur.

L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) est une organisation intergouvernementale qui fait partie des seize institutions spécialisées du système des Nations Unies. Elle est chargée de promouvoir la protection de la propriété intellectuelle à travers le monde grâce à la coopération des États et d'assurer l'administration de divers traités multilatéraux touchant aux aspects juridiques et administratifs de la propriété intellectuelle.

L'OMPI définit la protection du droit d'auteur de la façon suivante:

"La protection du droit d'auteur signifie en général que certaines utilisations de l'oeuvre ne sont licites que si elles sont autorisées par le titulaire du droit d'auteur. Les plus typiques sont: le droit de copier ou de reproduire n'importe quel genre d'oeuvre; le droit de diffuser des exemplaires dans le public; le droit de louer des exemplaires, du moins pour certaines catégories d'oeuvres (telles que les programmes d'ordinateur et les oeuvres audiovisuelles); le droit de faire des enregistrements sonores de représentations ou d'exécutions d'oeuvres littéraires ou musicales; le droit de représenter ou d'exécuter en public, spécialement des oeuvres musicales, dramatiques ou audiovisuelles; le droit de communiquer au public, par câble ou autrement, les représentations ou exécutions de ces oeuvres et, en particulier, de transmettre par radio, télévision ou par d'autres moyens sans fil toutes sortes d'oeuvres; le droit de traduire des oeuvres littéraires; le droit de louer, notamment, des oeuvres audiovisuelles, des oeuvres matérialisées dans des phonogrammes et des programmes d'ordinateur; le droit d'adapter toutes sortes d'oeuvres et en particulier le droit d'en faire des oeuvres audiovisuelles."

En résumé, la règle générale est un délai de protection qui commence à la création de l'oeuvre et qui expire cinquante ans (parfois soixante-dix ou soixante-quinze ans en fonction des pays) après la mort de l'auteur. Dans certains pays, on observe des exceptions, soit pour certaines catégories d'oeuvres (par exemple les photographies et les oeuvres audiovisuelles), soit pour certains usages (par exemple la traduction).

Le site de l'International Trade Law (ITL) permet l'accès à l'ensemble des textes et documents du Web ayant trait à la propriété intellectuelle, ainsi que ceux concernant particulièrement l'Union européenne.

L'arrivée en force des textes électroniques a rendu le problème du droit d'auteur encore plus complexe qu'il n'était. De par le monde, nombre d'auteurs, d'éditeurs, de journalistes, etc., étudient fébrilement comment venir à bout de la complexité du problème. Très attendue, la résolution de ce problème permettra une interaction encore plus grande entre le monde de l'imprimé et celui d'Internet en permettant la communication à grande échelle de livres et revues dans leur version électronique intégrale, et en réduisant parallèlement le nombre de documents sur support papier.

La communication de textes intégraux a déjà été amorcée dans nombre de cyberbibliothèques, sites d'éditeurs, sites de presse, sites de littérature, etc. Pour le moment, les cyberbibliothèques et les sites littéraires offrent le plus souvent les textes intégraux d'oeuvres tombées dans le domaine public, puisqu'ils se heurtent à la barrière infranchissable du paiement du droit d'auteur. Certains éditeurs comme la National Academy Press (NAP) offrent le texte intégral de certaines publications avec l'accord de leurs auteurs. Par contre, les journalistes voient souvent leurs articles réutilisés sans en en avoir donné l'autorisation.

Il est évident que le piratage de l'information est beaucoup plus facile sur Internet que par les moyens traditionnels. Dans le cas d'un article par exemple, les moyens traditionnels exigeaient qu'on photocopie l'article puis qu'on le télécopie ou qu'on l'envoie par courrier au destinataire. Il fallait donc absolument disposer d'une photocopieuse et d'un télécopieur ou bien, dans le cas d'un particulier, aller faire des photocopies à la poste ou au supermarché du quartier, trouver une enveloppe et un timbre, puis faire le trajet jusqu'à la boîte aux lettres (solution moins onéreuse en ce qui concerne l'équipement en machines, mais on n'imagine pas le nombre de documents dont l'envoi promis a été remis jour après jour pour être finalement oublié). Désormais, ceux qui sont connectés à Internet n'ont besoin que de quelques clics de souris pour localiser, reproduire et envoyer un document quel qu'il soit.

Par ailleurs, la preuve tangible de la propriété intellectuelle n'est plus du tout aussi évidente. Jusqu'à une époque récente, la page dactylographiée ou imprimée constituait la preuve physique de l'information protégée par le droit d'auteur. Depuis quelques années, cette sécurité légale s'est effondrée, ce qui ajoute encore à la complexité du débat de fond sur le contrôle des droits électroniques. Le débat est rendu plus difficile encore par le fait que chaque document peut être accompagné de liens hypertextes le reliant par exemple à d'autres documents du même auteur ou à des documents rédigés par d'autres auteurs sur le même thème. Pire encore, chaque site dispose de liens hypertextes avec des dizaines ou des centaines d'autres sites qui eux aussi autorisent l'accès aux dits documents au moyen de quelques clics de souris. Une chaîne sans fin qui, si elle est une manne d'informations pour le cybernaute, représente un vrai casse-tête pour les auteurs, les éditeurs et les instances chargées de faire respecter le droit d'auteur.

Le droit d'auteur est à la fois un problème crucial et une des clés de l'édition électronique. En décembre 1996, à Genève, une conférence mondiale a réuni des experts de 160 pays sous l'égide de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Les débats ont abouti au vote de plusieurs textes, notamment l'adaptation de la Convention de Berne de 1889 sur les droits littéraires et artistiques, convention dont le dernier amendement datait de 1971. La convention prévoit maintenant la protection des "transmissions et distributions numérisées". Le stockage d'une oeuvre sous forme numérique constitue une reproduction. En cas de diffusion sur Internet, l'émetteur est tenu au respect du droit d'auteur.

Par contre, les délégués n'ont pu se mettre d'accord sur l'extention du droit d'auteur aux copies électroniques temporaires stockées dans la mémoire vive de l'ordinateur quand l'utilisateur consulte une page web. Alors que l'OMPI aurait souhaité que ces reproductions relèvent aussi du droit d'auteur, les fournisseurs d'accès - qui transmettent plus de 500 millions de messages par jour - ont menacé de paralyser le réseau si une telle mesure était adoptée. Ils considéraient qu'ils ne pouvaient être tenus pour responsables de la protection d'un contenu original qu'ils n'avaient aucun moyen de vérifier.

Au niveau européen, les auteurs de Cyberplanète: notre vie en temps virtuel (Paris, Editions Autrement, 1998) mentionnaient la publication en 1996 par la Commission européenne d'un Livre Vert sur le droit d'auteur et les droits voisins dans la société de l'information. Ces droits recouvrent les oeuvres imprimées, les films, les oeuvres d'art graphiques et plastiques, les produits électroniques comme les programmes d'ordinateur, les émissions transmises par câble ou satellite, les disques, les représentations théâtrales et musicales, les expositions et ventes aux enchères de revues d'art, les oeuvres électroniques, les services à la demande et les prestations électroniques à distance, toutes ces activités représentant 5 à 7% du produit national brut des quinze pays membres. "Constatant d'importantes disparités' de protection entre les législations nationales, les auteurs du Livre Vert sont favorables à une harmonisation à l'échelon européen, même si la mise en oeuvre des dispositions relève des Etats. Pour en arriver là, il faudra adapter le cadre juridique de certains d'entre eux." La Commission précise aussi que "ces mesures ne doivent pas entraîner de modifications radicales du cadre réglementaire existant. C'est l'environnement dans lequel les oeuvres seront créées ou protégées qui doit changer."

Lors du Colloque sur la convergence multimédia organisé en janvier 1997 à Genève, Bernie Lunzer, secrétaire trésorier de la Newspaper Guild (Etats-Unis), insistait sur les batailles juridiques faisant rage pour défendre la propriété intellectuelle, notamment à l'encontre des directeurs de publications qui font tout pour avoir le contrôle et la propriété de celles-ci. Les contrats des écrivains indépendants sont particulièrement choquants puisqu'ils doivent céder tous leurs droits au directeur de la publication moyennant une contrepartie financière ridicule. Heinz-Uwe Rübenach, du Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger (Association allemande de directeurs de journaux), insistait lui aussi sur la nécessité pour les entreprises de presse de gérer et contrôler financièrement l'utilisation des articles de leurs journalistes, afin d'avoir les fonds nécessaires pour continuer d'investir dans ce type de technologie.

En France, le Syndicat national des journalistes (SNJ) lutte pour que les journalistes aient leur juste part des profits apportés par les nouveaux médias électroniques. En mars 1998, le SNJ entamait sa troisième poursuite contre un employeur de la presse écrite pour l'obliger à rétribuer les journalistes dont les articles sont repris sur le Web. Après avoir poursuivi les Dernières nouvelles d'Alsace puis le Groupe Havas, le SNJ s'attaquait au Figaro pour "contrefaçon et exploitation ligitieuse" des articles de la rédaction mis en ligne sur Internet. Le cyberquotidien Multimédium expliquait:

La poursuite s'appuie sur l'article 9 de la convention collective qui stipule que "si un journaliste est appelé par son employeur à collaborer à un autre titre que celui ou ceux auxquels il est attaché, ou à exécuter son contrat de travail selon un mode d'expression différent, cette modification doit faire l'objet d'un accord dans les conditions prévues à l'article 20, c'est à dire qu' 'un échange de lettres sera nécessaire chaque fois qu'interviendra une modification du contrat de travail'. L'employeur ayant décidé de mettre en ligne les articles sans l'accord des journalistes, et ceux-ci estimant que la publication en ligne n'est pas la même que l'imprimée à laquelle ils sont liés, le syndicat estime que la convention collective n'est pas respectée."

Dans Digital Literacy (New York, Wiley, 1997), Paul Gilster précisait que, suite à l'extension du droit d'auteur à des supports autres que textuels, ceux-ci sont maintenant apréhendés au niveau international par l' Universal Copyright Convention (UCC). Adoptée par 70 pays, cette convention protège le droit d'auteur aussi bien pour les oeuvres d'un pays concerné que pour les oeuvres étrangères à ce pays. Parallèlement, des organismes travaillent à des projets de protection du droit d'auteur pour les documents électroniques. Cette protection exige un logiciel établissant une connexion entre les tenants de la propriété intellectuelle et les usagers, afin de permettre de localiser et de conserver la trace de tout affichage ou copie d'un texte donné, en exploitant par exemple le pouvoir des engins de recherche pour localiser l'information dans un contexte universel. Le logiciel déterminerait une taxe qui sera divisée entre l'auteur, l'éditeur et le service de protection. Paul Gilster donne l'exemple du système de Digimarc Corporation: un code transparent est attribué à une image numérique, un document audio ou un document vidéo, et l'utilisation du document entraîne l'activation de ce code transparent pour le calcul et le paiement du droit d'auteur.

La solution proposée par Paul Gilster serait une taxe par page ou par unité d'information. Le paiement basé sur le principe de l'abonnement tel que le pratiquent par exemple les grands fournisseurs de documents tels que Dialog, LEXIS-NEXIS ou UnCover serait remplacé par ce que Paul Gilster appelle le système de la microtransaction. Situés dans de multiples bibliothèques ou librairies numériques, les documents, qu'ils soient commerciaux ou diffusés gratuitement par les gouvernements, les organismes ou les individus, seront tous accessibles sans abonnement. Dans le cas de documents commerciaux, soumis donc au droit d'auteur, le fait de cliquer sur l'un d'eux générera un système de paiement qui taxera l'usager uniquement pour les pages qu'il lira, et ainsi de suite pour tout document du même type. La carte de crédit de l'usager sera automatiquement débitée de la somme correspondante. Cette somme devant le plus souvent être distribuée entre différents partenaires, à commencer par l'auteur et l'éditeur, elle sera donc divisée en microtransactions permettant de favoriser cette distribution.

Dans le même ordre d'idées, une équipe travaille à la mise en place du DOI System (DOI: digital object identifier). L'origine du DOI System est la suivante: Internet représentant un nouvel environnement pour l'industrie du livre, il est nécessaire de développer des technologies adaptées protégeant à la fois le consommateur et l'éditeur. Des systèmes devront authentifier le contenu afin de certifier que l'information fournie au consommateur est bien l'information demandée. Parallèlement, ils assureront le calcul et le paiement du droit d'auteur.

En étudiant l'utilité de tels systèmes, les éditeurs d'ouvrages et de périodiques diffusés à l'échelon international ont réalisé qu'un premier pas dans ce domaine serait le développement d'un nouveau système d'identification qui serait utilisé pour tout contenu numérique. Le DOI System procurerait non seulement une identification unique pour ce contenu, mais aussi un lien entre les utilisateurs et les tenants des droits du dit contenu, ceci afin de faciliter le commerce numérique informatisé.

Développé et testé en 1996, le DOI System a d'abord été utilisé par une dizaine d'éditeurs américains et européens (Academic Press, Authors' Licensing and Collecting Society, Copyright Clearance Center, Elsevier, Houghton Mifflin Company, International Publishers Association (IPA), John Wiley & Sons, Shepard's, Springer-Verlag) dans le cadre d'un programme pilote mis en place entre juillet et octobre 1997. Lors la Foire du livre de Francfort (Allemagne) d'octobre 1997, la participation à la deuxième phase du programme a été étendue à tous les éditeurs qui souhaitaient y participer.

Une fois que le DOI System aura dépassé le stade expérimental, sa gestion sera assurée par un organisme international à but non lucratif baptisé DOI Foundation et basé aux Etats-Unis et en Suisse. La fondation accordera les licences aux gestionnaires du système et à ses fournisseurs en technologie, elle déterminera la politique à adopter pour le développement du système, et elle encouragera le développement des technologies nécessaires à la création d'une infrastructure pour l'édition électronique, comme par exemple le développement des systèmes de gestion du droit d'auteur.

Dans un article de l'AJR NewsLink (AJR: American Journalism Review) consacré à la propriété intellectuelle sur le Web, Penny Pagano, journaliste indépendante, tentait aussi de cerner les problèmes légaux auxquels se heurtent à la fois les journalistes, les écrivains et les éditeurs sur les droits affectant les documents électroniques qu'ils produisent ou distribuent.

Elle relatait la création par la National Writers Union (Etats-Unis) d'une nouvelle agence dénommée la Publications Rights Clearinghouse (PRC). Inspirée du fonctionnement de l'ASCAP (American Society of Composers, Authors, and Publishers), qui gère les droits de l'industrie musicale, la PRC recense les transactions individuelles et paie des royalties aux auteurs dont les articles sont réutilisés. Ces royalties correspondent au droit d'auteur "secondaire". Pour 20 dollars (120 FF environ), les auteurs indépendants qui le souhaitent peuvent s'inscrire à la PRC, et leurs articles sont alors inclus dans leur fichier. Plusieurs sociétés se sont également inscrites, notamment UnCover, le grand fournisseur mondial d'articles de journaux et magazines.

9.2. Droit du cyberespace

Créées pendant l'été 1992 par Paul Southworth et hébergées par l'Information Technology Division de l'Université du Michigan, les ETEXT Archives rassemblent des textes électroniques de toutes sortes: textes politiques, textes personnels, textes sacrés, textes profanes, etc. Elles hébergent en outre gratuitement des périodiques, oeuvres de fiction, oeuvres politiques, poétiques, religieuses, etc., à la demande d'auteurs ou d'organismes souhaitant les faire connaître. Les volontaires qui composent l'équipe s'engagent à ne pas juger le contenu de ces textes, mais refusent les oeuvres à caractère pornographique.

"Vous êtes responsable des informations diffusées sur vos pages. En cas de non respect des lois en vigueur, ces informations sont susceptibles d'engager votre responsabilité civile et/ou pénale. Notamment, vos pages ne doivent pas être à caractère pornographique, raciste, diffamatoire, informait aussi Mygale (qui a depuis fusionné avec The (virtual) Baguette pour devenir MultiMania) dans sa charte à destination des particuliers ou des associations à but non lucratif qui souhaitaient disposer gratuitement d'un compte sur son serveur.

Comme pour la nétiquette, terme utilisé pour l'étiquette du Net et qui recouvre l'ensemble de règles de savoir-vivre régissant le réseau, notamment pour le courrier électronique et les forums de discussion, ce sont d'abord les cybernautes qui régulent le Web. La prolifération de sites pornographiques, pédophiles ou pro-nazis a amené la création de logiciels (par exemple Cyber Patrol, CYBERSitter, Net Nanny, SafeSurf et SurfWatch) pouvant être paramétrés par les parents et les éducateurs en fonction de l'âge des enfants et du degré de contrôle souhaité.

Une réglementation est également mise en place pour lutter contre les messages électroniques non sollicités, appelés spams. En avril 1998, l'Etat de Washington a proposé une loi prévoyant de "condamner toute personne morale ou physique qui envoie des messages intempestifs en masse en cachant son identité et en trompant les destinataires par des titres de messages fallacieux", écrivait Le Micro Bulletin Actu du 2 avril 1998. La mise en application de cette loi est intervenue début août, avec un dédommagement de 500 dollars pour les destinataires de tels messages et une indemnité de plus de 1.000 dollars pour les fournisseurs d'accès à Internet. Cette loi est le "premier pas vers un cadre législatif qui pourrait faire école".

Autre problème, un certain nombre d'organismes et de sociétés hésitent encore à mettre Internet en accès libre parce qu'ils craignent que leurs salariés ne se ruent sur des sites n'ayant rien à voir avec leur activité professionnelle. On trouve heureusement plus souvent la tendance inverse. Il est vrai que le fait d'être connecté pour la première fois provoque souvent une curiosité euphorique qui a au moins deux mérites: se familiariser très vite avec le Web et avoir une première approche de ses multiples possibilités. Ce n'est pas parce que le cybernaute débutant s'initie à Internet en cliquant sur tous les liens hypertextes qui passent à portée de sa souris qu'il faut lui interdire Internet à des fins professionnelles. Ce n'est pas non plus parce qu'on jette un coup d'oeil curieux à Paris-Match en attendant son rendez-vous de dentiste qu'on ne lit pas aussi Le Nouvel Observateur ou Time Magazine.

Autorité administrative indépendante, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) est un organisme public français chargé de veiller à l'application de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, communément appelée loi "informatique et libertés" (loi n° 78-17 du 6 janvier 1978), dont l'article premier rappelle que "l'informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s'opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles et publiques." La CNIL veille notamment à ce que la gestion des fichiers informatiques tienne compte du respect de la vie privée du citoyen.

Parallèlement, la CNIL est en train d'adapter sa mission à Internet, sur lequel tout cybernaute est facilement repérable. L'annuaire Dejanews, par exemple, donne la possibilité à un employeur de connaître les forums de discussion auxquels participe un salarié. Utilisés à l'origine pour des raisons commerciales pour repérer les sites consultés par un cybernaute et connaître ainsi ses centres d'intérêt, les outils de filature (adresse IP, applet Java, cookie ou script CGI) peuvent très bien être servir aussi à d'autres fins mettant en péril la liberté individuelle et la vie privée. "Sur Internet, il n'y a pas d'anonymat, prévient aujourd'hui la CNIL. Ce qui impose à chacun d'être vigilant." Le site donne nombre d'indications pratiques et explique par exemple comment neutraliser ces outils de filature.

Consacrée aux annuaires des abonnés au téléphone, la délibération du CNIL du 8 juillet 1997 concerne entre autres les projets de basculement de ces annuaires sur Internet et l'absence de dispositifs de sécurité propres à éviter le télédéchargement. Des informations personnelles pourraient ainsi être massivement télédéchargées depuis un pays non soumis à des règles de protection de données, afin d'être cédées, vendues, stockées, traitées et exploitées sans garantie ni contrôle. Pour contrer tout télédéchargement, la directive de l'Union européenne du 24 octobre 1995 devait être transposée dans la législation de chacun des états membres d'ici la fin 1998. Les transferts internationaux de données devaient être autorisés seulement si le pays destinataire pouvait assurer une protection adéquate conforme aux normes européennes.

En ce qui concerne l'inscription à l'annuaire des abonnés au téléphone sur Internet, la CNIL recommande que la décision soit prise par les utilisateurs eux-mêmes, comme c'est déjà le cas pour l'inscription sur la liste rouge ou la liste orange. S'inscrit sur la liste rouge toute personne ne souhaitant pas figurer sur l'annuaire. 5,6 millions d'abonnés - soit le quart du nombre des abonnés de France Télécom - y sont inscrits. L'inscription à cette liste est payante malgré les recommandations de la CNIL qui prône sa gratuité, comme c'est le cas dans d'autres pays européens. La liste orange, elle, regroupe l'ensemble des personnes qui, si elles souhaitent être dans l'annuaire, s'opposent à l'utilisation commerciale de leurs coordonnées. Contrairement à la liste rouge, l'inscription à la liste orange est gratuite. En ce qui concerne la parution des coordonnées de l'abonné sur Internet, la CNIL préconise que, après avoir pris connaissance des caractéristiques du réseau, chaque abonné au téléphone juge lui-même s'il souhaite voir ses coordonnées apparaître ou non.

Lié à la fois au droit informatique et aux législations balbutiantes d'Internet tentées par certains gouvernements, le droit du cyberespace est en train d'émerger d'un monde en ébullition. On tente de redéfinir des domaines traditionnels tels que la propriété intellectuelle ou la censure. On tente aussi de définir de nouveaux domaines, comme la responsabilité ou non des fournisseurs de services Internet vis-à-vis de l'information circulant par leur intermédiaire.

Depuis ses débuts en septembre 1995, le UCLA Online Institute for Cyberspace Law and Policy (ICLP) (UCLA: University of California, USA) a les objectifs suivants: procurer des ressources aux universitaires, praticiens, étudiants et usagers d'Internet intéressés par le droit du cyberespace, aider à trouver des solutions aux problèmes propres au cyberespace, identifier les problèmes légaux et politiques, favoriser le développement du droit du cyberespace en tant que discipline propre, procurer un moyen de dissémination des idées nouvelles et favoriser de nouvelles communautés électroniques dans ce domaine.

Proposée par l'ICLP, Cyberspace Law Bibliography, bibliographie très complète sur le droit du cyberespace, renvoie à des documents ayant trait à de nombreux domaines: cryptographie, problèmes de juridiction dans le cyberespace, commerce électronique, communautés électroniques et droit, équité, accès au cyberespace, liberté d'expression, obscénités et pornographie en ligne, propriété intellectuelle et droit, droit du copyright, droit intellectuel, respect de la vie privée et sécurité.

Disponible en allemand, anglais, espagnol, français, occitan et portugais, le Manifeste du Web indépendant insiste sur la nécessité d'un Web respectueux de la liberté individuelle et de la diversité culturelle face à la main-mise croissante des "dynosaures" politiques et commerciaux.

"Le Web indépendant, ce sont ces milliers de sites offrant quelques millions de pages faites de passion, d'opinion, d'information, mises en place par des utilisateurs conscients de leur rôle de citoyens. Le Web indépendant, c'est un lien nouveau entre les individus, une bourse du savoir gratuite, offerte, ouverte; sans prétention. Face aux sites commerciaux aux messages publicitaires agressifs, destinés à ficher et cibler les utilisateurs, le Web indépendant propose une vision respectueuse des individus et de leurs libertés, il invite à la réflexion et au dialogue. Quand les sites d'entreprises se transforment en magazines d'information et de divertissement, quand les mastodontes de l'info-spectacle, des télécommunications, de l'informatique et de l'armement investissent le réseau, le Web indépendant propose une vision libre du monde, permet de contourner la censure économique de l'information, sa confusion avec. […] Nous invitons donc les utilisateurs à prendre conscience de leur rôle primordial sur l'Internet: lorsqu'ils montent leur propre site, lorsqu'ils envoient des commentaires, critiques et encouragements aux webmestres, lorsqu'ils s'entraident dans les forums et par courrier électronique, ils offrent une information libre et gratuite que d'autres voudraient vendre et contrôler. La pédagogie, l'information, la culture et le débat d'opinion sont le seul fait des utilisateurs, des webmestres indépendants et des initiatives universitaires et associatives."

Dans un article de Libération daté du 9 janvier 1998, Esther Dyson, présidente d'EDventure Holdings et personnalité du monde informatique, précisait que, du point de vue commercial également, Internet devrait être réglementé moins par un gouvernement central qui en définirait les règles que par plusieurs organismes mis en concurrence dans l'intérêt du consommateur.

Disponible sur le Web depuis mars 1998, le Manifeste pour un technoréalisme fait le point sur les relations entre cyberespace et société:

"Plus le cyberespace devient populaire, plus il ressemble à la société réelle dans toute sa complexité. Chacun des côtés positifs ou habilitants de la vie en ligne est accompagné de dimensions malicieuses, perverses […]. Contrairement à ce que certains prétendent, le cyberespace n'est pas un lieu distinct qui serait régi par des règles distinctes de celles de la société civile. Les gouvernements doivent respecter les règles et coutumes nées avec le cyberespace, mais cela ne veut pas dire pour autant que le public n'a aucun droit sur un citoyen qui déraille ou une entreprise qui commet une fraude. En tant que représentant du peuple et gardien des valeurs démocratiques, l'État a le droit et la responsabilité d'aider à intégrer le cyberespace à la société civile."

9.3. Document imprimé et/ou électronique

L'interaction entre document imprimé et document électronique est maintenant omniprésente, et elle s'accentuera encore dans les prochaines années, à tel point qu'il deviendra probablement ridicule d'établir une distinction entre document électronique et document imprimé. Déjà, à l'heure actuelle, pratiquement tous les documents imprimés récents sont issus d'une version électronique sur traitement de texte, tableur ou base de données. De plus en plus de documents n'existent désormais qu'en version électronique, et de plus en plus de documents imprimés sont numérisés.

Le Château, par exemple, propose "la mémoire vive des grands auteurs", à savoir une centaine d'hyperlivres qui sont les versions électroniques des chefs-d'oeuvre de la littérature classique. Ces hyperlivres sont vendus sur disquettes avec logiciel de recherche comprenant des outils de lecture tels que recherche de mots, recherches d'analogies, recherche de citations et lecture hypertextuelle.

Document électronique? Document numérique? Livre numérique? Livre électronique? Un vocabulaire adapté reste à définir. Comme l'explique le GIS Sciences de la cognition (GIS: groupement d'intérêt scientifique) dans Le livre électronique: réflexion de prospective, rapport de synthèse rédigé par Jean-Gabriel Ganascia, le terme "livre électronique", souvent utilisé en français, est "à la fois restrictif et inopportun". Le terme est restrictif parce que le livre désigne "un support particulier de l'écrit qui est advenu à un moment donné dans l'histoire" alors que le document électronique comporte à la fois de l'écrit, de l'image et du son. Le terme est également inopportun parce qu'on ne peut guère juxtaposer au terme "livre" le terme "électronique", "un nouvel objet immatériel défini par un ensemble de procédures d'accès et une structuration logique". De plus, qu'il s'agisse de sa forme exacte ou de sa fonction exacte, le statut même de ce qu'on appelle "livre électronique" reste encore à déterminer.

Outre sa facilité d'accès et son faible coût, le grand mérite du document électronique est que, dans le cas où ce document est régulièrement actualisé, le cybernaute/lecteur dispose toujours en ligne de la version la plus récente du document. Point n'est besoin d'attendre une nouvelle édition imprimée soumise aux contraintes commerciales et aux exigences de l'éditeur. On pense notamment à la diffusion en ligne d'ouvrages et de périodiques éducatifs et scientifiques, dans lesquels l'information la plus récente est primordiale.

Autre exemple, les universités américaines diffusent des manuels "sur mesure" composés d'un choix de chapitres sélectionnés dans une très importante base de données, choix complété par des articles et des commentaires de professeurs. Pour un séminaire, un très petit tirage peut être effectué à la demande à partir de textes scientifiques transmis à un imprimeur par voie électronique. L'édition électronique apparaît donc comme une solution à étudier de près pour les presses universitaires et les éditeurs axés sur la publication d'ouvrages de recherche.

Lors d'une très intéressante conférence donnée en septembre 1996 dans le cadre de l'International Federation of Information Processing (IFIP), Dale Spender tentait de cerner les changements fondamentaux apportés par Internet dans l'acquisition du savoir et les méthodes d'enseignement. Voici son argumentation résumée en quelques lignes.

Dans les cinq cents dernières années, l'enseignement était principalement basé sur l'information donnée par les livres. Or les habitudes liées à l'imprimé ne peuvent être transférées au monde numérique. L'enseignement en ligne offre des possibilités tellement nouvelles qu'il n'est guère possible d'effectuer les distinctions traditionnelles entre enseignant et enseigné. Le passage de la culture imprimée à la culture numérique exige d'entièrement repenser le processus d'enseignement, puisque nous avons maintenant l'opportunité sans précédent de pouvoir influer sur le genre d'enseignement que nous souhaitons.

Dans la culture imprimée, l'information contenue dans les livres restait la même un certain temps, ce qui nous a encouragé à penser que l'information était stable. La nature même de l'imprimé est liée à la notion de vérité, stable elle aussi. Cette stabilité et l'ordre qu'elle engendre ont été un des fondements de l'âge industriel et de la révolution scientifique. Les notions de vérité, de lois, d'objectivité et de preuve ont été les éléments de référence de nos croyances et de nos cultures. Mais la révolution numérique change tout ceci. Soudain l'information en ligne supplante l'information imprimée pour devenir la plus fiable et la plus utile, et l'usager est prêt à la payer en conséquence. C'est cette transformation radicale dans la nature de l'information qui doit être au coeur du débat concernant les méthodes d'enseignement.

Dans son courrier électronique du 7 juillet 1998, Patrick Rebollar, professeur de lettres et d'informatique à Tokyo (Japon) et auteur notamment de la Chronologie littéraire 1848-1914, analysait l'impact d'Internet sur sa vie professionnelle:

"Mon travail de recherche est différent, mon travail d'enseignant est différent, mon image en tant qu'enseignant-chercheur de langue et de littérature est totalement liée à l'ordinateur, ce qui a ses bons et ses mauvais côtés (surtout vers le haut de la hiérarchie universitaire, plutôt constituée de gens âgés et technologiquement récalcitrants). J'ai cessé de m'intéresser à certains collègues proches géographiquement mais qui n'ont rien de commun avec mes idées, pour entrer en contact avec des personnes inconnues et réparties dans différents pays (et que je rencontre parfois, à Paris ou à Tokyo, selon les vacances ou les colloques des uns ou des autres). La différence est d'abord un gain de temps, pour tout, puis un changement de méthode de documentation, puis de méthode d'enseignement privilégiant l'acquisition des méthodes de recherche par mes étudiants, au détriment des contenus (mais cela dépend des cours). Progressivement, le paradigme réticulaire l'emporte sur le paradigme hiérarchique - et je sais que certains enseignants m'en veulent à mort d'enseigner ça, et de le dire d'une façon aussi crue. Cependant ils sont obligés de s'y mettre…"

Comment Patrick Rebollar voit-il l'avenir du réseau, et son avenir professionnel avec Internet?

"Trouble. Entre ceux qui cherchent à gagner de l'argent à tout prix, et ceux qui en font une banque d'images pornographiques, ceux qui cherchent des amis pour pallier un manque et ceux qui cherchent du travail. Ceux qui… et ceux qui… le réseau devient progressivement une projection du monde lui-même, plus précise et exacte chaque jour. Mon avenir professionnel, qui sera de toute façon en liaison directe avec l'Internet, n'est pas plus clair que mon avenir lui-même. J'attends les opportunités professionnelles car l'enseignement universitaire n'est pas assez dynamique dans ce domaine, et je ne suis pas sûr d'y rester - pourtant j'aime enseigner et j'aime les étudiants."

Autre problème de taille à résoudre, ces adresses de sites, dénommées URL (uniform resource locators), qui changent et qui rendent le document indisponible si le responsable du site et/ou l'auteur du document n'ont pas pensé à établir un lien de l'ancienne adresse à la nouvelle. Dans son mémoire L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet, Thierry Samain expliquait:

"Concernant la mobilité des URLs affectées à un document sur le Web, il a été adopté afin de remédier à ce problème, le terme d'URN (uniform resource name) qui identifie une ressource ou une unité d'information indépendamment de sa location, jouant en quelque sorte le même rôle que l'ISBN [international standard book number] pour les monographies traditionnelles. Les URNs sont, de manière universelle, uniques, persistantes et accessibles sur le réseau. Une URC (uniform resource characteristic) a également été proposée pour servir de connexion entre les URNs et les URLs. Si une URL change, les usagers autorisés peuvent la modifier à l'intérieur du service URC. Celui-ci inclurait des capacités de recherche bibliographique et dans le futur, il pourrait être possible de se connecter à une variété de serveurs URC en mesure d'assister les bibliothécaires dans le catalogage et l'archivage d'informations de qualité."

Par ailleurs, les livres électroniques sont pour bientôt. Un petit ordinateur ayant le format d'un livre permettra de lire plusieurs dizaines de documents dont les éditions électroniques pourront être achetées directement auprès des éditeurs ou des distributeurs. Quatre types de livres électroniques au moins seront disponibles dans quelques mois: le Rocket eBook (créé par NuvoMedia en partenariat avec Barnes & Noble et Bertelsmann), le SoftBook (créé par SoftBook Press en partenariat avec Random House et Simon & Schuster), l'Everybook (EB) (créé par Everybook) et le Millennium EBook (créé par Librius.com).

9.4. Numérisation et convergence multimédia

Toutes les informations, qu'elles soient du texte, du son ou des images, peuvent être converties en bits et en octets pour traitement informatique. C'est ce qu'on appelle la numérisation. La numérisation permet de créer, d'enregistrer, de combiner, de stocker, de rechercher et de transmettre des informations et des produits fondés sur l'information par des moyens simples et rapides. Des procédés similaires permettent le traitement de l'écriture, de la musique et du cinéma alors que, par le passé, ce traitement était assuré par des procédés différents sur des supports différents (papier pour l'écriture, bande magnétique pour la musique, et celluloïd pour le cinéma). De plus, des secteurs autrefois distincts comme l'édition (qui produisait des livres) et l'enregistrement sonore (qui produisait des disques) s'unissent maintenant pour produire des CD-ROM.

La numérisation a également considérablement accéléré le processus matériel de production. Dans la presse par exemple, le processus de mise en page automatique a été suivi de la modification des phases de réimpression, devenues un processus de production intégré et continu basé sur la numérisation. Alors qu'auparavant le personnel de production devait dactylographier les textes du personnel de rédaction, les journalistes et les rédacteurs envoient maintenant directement leurs textes pour mise en page. La numérisation a accéléré le processus de publication des livres. Le rédacteur, le concepteur artistique et le personnel chargé de la mise en page peuvent travailler simultanément sur le même ouvrage.

Les progrès des techniques de l'informatique et de la communication en général, et de la numérisation en particulier, entraînent progressivement l'unification de tous les secteurs liés à l'information: imprimerie, publication, conception graphique, presse, enregistrement sonore, réalisation de films, radiodiffusion, télécommunications, etc. C'est ce qu'on appelle la convergence multimédia. Reste à savoir si les technologies de l'information et de la communication créent des emplois nouveaux, comme l'assurent les employeurs, ou bien si elles sont source de chômage, comme l'affirment les syndicats.

Le Colloque sur la convergence multimédia organisé en janvier 1997 à Genève par l'Organisation internationale du Travail (OIT) comprenait des contributions particulièrement intéressantes à cet égard, et qui sont toujours d'actualité.

Suite à une enquête menée en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe par le biais de l'Association européenne des directeurs de journaux, Heinz-Uwe Rübenach, du Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger (Association allemande de directeurs de journaux), assurait que les services en ligne créent de nouveaux emplois et qu'ils recrutent des journalistes ne provenant pas de services de presse classiques. Selon cette enquête, aucun poste n'a été supprimé dans des entreprises de presse suite au développement des services en ligne. Phil O'Reilly, directeur général de la Newspaper Publishers Association of NZ (New Zealand), précisait que, en Nouvelle-Zélande aussi, le développement des sites sur Internet a entraîné quelques créations d'emplois.

Cependant, sauf quelques cas particuliers comme ceux-ci, il est déjà démontré que la convergence multimédia entraîne des suppressions massives d'emplois, comme tous les changements récents liés à l'introduction de nouvelles technologies.

Selon Michel Muller, secrétaire général de la Fédération des industries du livre, du papier et de la communication (France), les industries graphiques françaises ont perdu 20.000 emplois au cours des dix dernières années (1987-1996). Les effectifs ont été ramenés de 110.000 personnes à 90.000. Les entreprises ont dû mettre sur pied des plans sociaux très coûteux pour favoriser le reclassement des personnes licenciées en créant des emplois souvent artificiels, alors qu'il aurait été très préférable de financer des études fiables sur les créations et suppressions d'emplois quand il en était encore temps.

Partout dans le monde, de nombreux postes à faible qualification technique sont remplacés par des postes exigeant des qualifications techniques élevées. Les personnes peu qualifiées sont licenciées. D'autres suivent une formation professionnelle complémentaire, parfois auto-financée et prise sur le temps de loisir, et cette formation professionnelle ne garantit pas pour autant le réemploi.

Lors du même colloque, Walter Durling, directeur des AT&T Global Information Solutions (USA), insistait sur le fait que l'humanité ne devait pas avoir peur de la technique. Ses arguments étaient les suivants: la technique ne changera pas fondamentalement les relations humaines, et les relations entre salariés et employeurs resteront les mêmes. L'invention du film n'a pas tué le théâtre, et celle de la télévision n'a pas fait disparaître le cinéma. La créativité ne doit pas être étouffée par les réglementations. Elle doit aussi s'appliquer aux entreprises qui devraient créer des emplois liés aux nouvelles technologies et les proposer à ceux qui sont obligés de quitter d'autres postes devenus obsolètes. Des arguments bien théoriques alors que le problème est plutôt celui du pourcentage. Combien de création de postes pour combien de licenciements?

De leur côté, les syndicats luttent pour la création d'emplois par l'investissement, l'innovation, la formation professionnelle aux nouvelles technologies, la reconversion des travailleurs dont les emplois sont supprimés, des conditions équitables pour l'établissement des contrats et des conventions collectives, la défense du droit d'auteur, une meilleure protection des travailleurs dans le domaine artistique, et la défense des télétravailleurs en tant que travailleurs à part entière. D'après les prévisions de la Commission européenne, l'Europe devrait compter 10 millions de télétravailleurs en l'an 2000, soit 20% du total mondial.

Malgré tous les efforts des syndicats, la situation deviendra-elle aussi dramatique que celle décrite dans un document de l'Organisation internationale du Travail demandant si "les individus seront forcés de lutter pour survivre dans une jungle électronique avec les mécanismes de survie qui ont été mis au point au cours des précédentes décennies?"

Dans Cyberplanète : notre vie en temps virtuel (Paris, Editions Autrement, 1998), Philip Wade et Didier Falkand indiquaient que les Etats-Unis, le Canada et le Japon, pays qui investissent le plus dans les nouvelles technologies, sont aussi ceux qui créent le plus d'emplois. D'après une étude réalisée en février 1997 par le Cabinet Booz.Allen & Hamilton pour les ministres européens de l'Industrie, le retard de l'Europe lui aurait coûté un million d'emplois en 1995 et 1996, du fait d'une croissance technologique de 2,4% (9,3% aux Etats-Unis). Selon une autre étude menée par Bipe Conseil en janvier 1997 pour le compte de la Commission européenne, 1,3 million d'emplois pourraient être maintenus ou créés dans l'Union européenne d'ici l'an 2005. Les 300.000 suppressions d'emplois d'opérateurs traditionnels seraient compensés par 93.000 postes créés par leur concurrents et 1,2 million d'emplois créés dans les secteurs suivants: télécommunications, construction électrique et électronique, équipement et distribution de produits de communication.

Pour en revenir au monde de l'imprimé, la distinction traditionnelle entre bibliothèque, maison d'édition, éditeur de presse ou librairie existera-t-elle encore dans quelques années? Tous les sites peuvent déjà constituer une cyberbibliothèque. De plus en plus de bibliothèques, librairies et maisons d'édition n'ont ni murs, ni rayonnages, ni vitrines. Leurs locaux sont un site Internet, et toutes leurs transactions s'effectuent sur le Web. Concernant la distribution, on peut toujours acheter les grands titres de presse chez son marchand de journaux ou les recevoir dans sa boîte aux lettres, mais on peut aussi les lire sur le Web, et de plus en plus de journaux et magazines sont uniquement électroniques.

Il y a quelques années, le monde de l'imprimerie a dû être profondément remanié suite à l'apparition de la PAO (publication assistée par ordinateur). Les catégories professionnelles forgées au fil des siècles: bibliothécaires, éditeurs, journalistes, libraires, etc., résisteront-elles à la convergence multimédia tout en s'adaptant au cyberespace, comme c'est le cas maintenant avec les cyberthécaires, les cyberéditeurs, les cyberjournalistes, les cyberlibraires, etc., ou bien toutes ces activités seront-elles progressivement restructurées dans de nouveaux métiers?

Le développement récent de l'édition électronique amène déjà des changements substantiels dans les relations entre auteur, éditeur et lecteur. Internet offre aussi de réels avantages à tous les professionnels, notamment la possibilité de chercher du travail en ligne et de recruter par le même biais. Changer d'emploi est plus facile et le télétravail ouvre de nouveaux horizons à ceux qui préfèrent travailler chez eux.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Isabelle Aveline, rédactrice de la cyber-revue ZazieWeb, déclarait:

"Grâce à Internet les choses sont plus souples, on peux très facilement passer d'une société à une autre (la concurrence!), le télétravail pointe le bout de son nez (en France c'est encore un peu tabou…), il n'y a plus forcément de grande séparation entre espace pro et personnel."

Reçu le même jour, le courrier électronique de Claire Le Parco, de la société
Webnet (société qui a créé le site Poésie française), précisait:

"En matière de recrutement, Internet a changé radicalement notre façon de travailler, puisque nous passons maintenant toutes nos offres d'emploi (gratuitement) dans le newsgroup 'emploi'. [Nous utilisons] un Intranet pour échanger nombre d'informations internes à l'entreprise: formulaires de gestion courante, archivage des documents émis, suivi des déplacements, etc. La demande des entreprises est très forte, et je crois que nous avons de beaux jours devant nous!"

Fabrice Lhomme, qui est notamment le webmestre du site Une Autre Terre, consacré à la science-fiction, expliquait dans son courrier électronique du 9 juin 1998:

"Il faut d'abord préciser que Une Autre Terre est un serveur personnel hébergé gratuitement par la société dans laquelle je travaille. Je l'ai créé uniquement par passion pour la SF et non dans un but professionnel même si son audience peut laisser envisager des débouchés dans ce sens. Par contre Internet a bel et bien changé ma vie professionnelle. Après une expérience de responsable de service informatique, j'ai connu le chômage et j'ai eu plusieurs expériences dans le commercial. Le poste le plus proche de mon domaine d'activité que j'ai pu trouver était vendeur en micro-informatique en grande surface (je dois préciser quand même que je suis attaché à ma région et que je refusais de m' 'expatrier'). Jusqu'au jour donc où j'ai trouvé le poste que j'occupe depuis deux ans. S'il n'y avait pas eu Internet, je travaillerais peut-être encore en grande surface. Actuellement, le principal de mon activité tourne autour d'Internet (réalisation de serveurs web, Intranet/Extranet,…) mais ne se limite pas à cela. Je suis technicien informatique au sens large du terme puisque je m'occupe aussi de maintenance, d'installation de matériel, de réseaux, d'audits, de formations, de programmation, … […]

J'ai trouvé dans Internet un domaine de travail très attrayant et j'espère fortement continuer dans ce segment de marché. La société dans laquelle je travaille est une petite société en cours de développement. Pour l'instant je suis seul à la technique (ce qui explique mes nombreuses casquettes) mais nous devrions à moyen terme embaucher d'autres personnes qui seront sous ma responsabilité."

Avec l'explosion d'Internet, plusieurs professionnels de l'imprimé ont également décidé de se reconvertir et de rejoindre des sociétés informatiques. Malgré cela, les perspectives restent assez inquiétantes. Les professionnels du livre et de la presse pourront-ils tous se recycler grâce à des formations professionnelles complémentaires liées aux nouvelles technologies, ou bien seront-ils frappés de plein fouet par le chômage?

9.5. La société de l'information

Dans son courrier électronique du 21 juin 1998, Jean-Paul, internaute amateur de musique et d'écriture, écrivait:

"Une navigation sur la toile se fait en rayon (j'ai un centre d'intérêt et je clique méthodiquement sur tous les liens que contient sa base, sa page d'accueil) ou en louvoiements (de clic en clic, à mesure qu'ils apparaissent). Bien sûr, c'est possible avec l'imprimé. Mais la différence saute aux yeux. L'Internet n'a donc pas changé ma vie, mais mon écriture. On n'écrit pas de la même manière pour un site que pour un scénario, une pièce de théâtre, etc…"

Il rappelle aussi que toutes les fonctionnalités d'Internet étaient déjà en gestation dans le premier Macintosh, créé par Apple et qui a révolutionné le rapport entre l'utilisateur et l'information:

"Ce n'est pas Internet qui a modifié ma manière d'écrire, c'est le premier Mac, que j'ai découvert à travers l'auto-apprentissage d'Hypercard. Je me souviens encore de la stupeur dans laquelle j'ai été plongé, durant le mois qu'a duré mon apprentissage des notions de boutons, liens, navigation par analogies, par objets, par images. L'idée qu'un simple clic sur une zone de l'écran permettait d'ouvrir un éventail de piles de cartes dont chacune pouvait offrir de nouveaux boutons dont chacun ouvrait un nouvel éventail dont… bref l'apprentissage de tout ce qui aujourd'hui sur la toile est d'une banalité de base, cela m'a fait l'effet d'un coup de foudre (il paraît que Steve Jobs et son équipe eurent le même choc lorsqu'ils découvrirent l'ancêtre du Mac dans les laboratoires de Rank Xerox).

Depuis, j'écris directement à l'écran: l'imprimé ne me sert plus que pour fixer de temps en temps l'état d'un texte, pour en donner, à quelqu'un d'allergique à l'écran, une sorte de photo, d'instantané, une approximation. Une simple approximation parce que l'imprimé nous oblige à une relation linéaire: le texte s'y déroule page à page (la plupart du temps). Alors que la technique des liens permet une autre relation au temps et à l'espace de l'imaginaire. Et, pour moi, c'est surtout l'occasion de pratiquer l'écriture/lecture 'en sphère', dont l'action de feuilleter un livre ne donne qu'une idée, vague parce que le livre n'est pas concu pour ça."

En plus de ce changement dans la relation information-utilisateur, nous assistons aussi à une transformation radicale de la nature même de l'information. L'information contenue dans les livres restait la même, au moins pendant une période donnée, ce qui nous a encouragé à penser que l'information était stable. Mais la révolution numérique change tout ceci. Soudain ce n'est plus l'information statique qui est la plus fiable, mais l'information la plus récente qui, elle, est en constante mutation.

Internet ne supprimera sans doute pas plus l'imprimé que la télévision n'a supprimé le livre, ou que le livre de poche n'a supprimé le beau livre. "Toute ma vie, j'ai eu une histoire d'amour avec les livres et la lecture. Elle continue sans être affectée par l'automatisation, les ordinateurs, et tous les gadgets du XXe siècle", écrivait Robert Downs dans Books in My Life. Une façon de rappeler que, bien qu'excellents outils de connaissance et de communication, l'informatique et Internet ne sont pas une fin en soi.

Par contre, il est vrai que le monde de l'imprimé amorce un virage sans précédent parce qu'il doit maintenant compter avec Internet, et "digérer" ce nouveau moyen de communication qui évolue très vite. Jusqu'à une époque récente, certains professionnels restaient méfiants devant ce nouvel outil, alors que d'autres, précurseurs enthousiastes, ont absolument tenu à sa lancer dans l'aventure en se connectant à Internet puis en créant leur site.

La facilité et la rapidité de communication par le Web n'ont pas d'équivalent. La messagerie électronique permet de communiquer avec ses interlocuteurs en quelques secondes dans le monde entier. Les forums de discussion autorisent des échanges fréquents sur de nombreux sujets. On peut lire la presse à l'écran, feuilleter les nouveautés à l'écran, acheter les livres en ligne. On peut rechercher des informations, avoir à sa disposition des oeuvres en texte intégral ou pratiquer la recherche textuelle sur l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, les différentes versions de la Bible, les oeuvres de Dante ou de Shakespeare, etc.

A la question de Pierre Ruetschi: "Sept ans plus tard, êtes-vous satisfait de la façon dont le Web a évolué?", Tim Berners-Lee, créateur du Web en 1989-90, répondait dans la Tribune de Genève du 20 décembre 1997 qu'il était heureux de la richesse et de la variété de l'information disponible, mais que le Web actuel n'avait pas encore la puissance prévue dans sa conception d'origine. Son idée première était "que le Web soit plus interactif, que les gens puissent créer de l'information ensemble". Il doit être un véritable "média de collaboration, un monde de connaissance que nous partageons et que beaucoup de gens doivent pouvoir manier ensemble". Il doit avoir des possibilités plus performantes que la simple utilisation de signets, et devenir un véritable réseau de données permettant à l'utilisateur de poser des questions intelligentes aux machines.

Il nous faut cependant garder la tête froide. Il n'est pas utile d'adorer ou de haïr la technique, il est seulement utile de la comprendre. Pour contrer à la fois ceux qui mettent la technologie sur un piédestal et ceux qui y sont systématiquement hostiles, un mouvement appelé Technorealism a été lancé en mars 1998 aux Etats-Unis. Les idées émises dans Technorealism Overview ont ensuite été reprises au Québec dans le Manifeste pour un technoréalisme qui, comme l'explique la cyber-revue Mémento, veut faire le point entre "ces prophètes nouveau genre qui nous promettent un monde meilleur grâce à la technologie, et les nostalgiques qui veulent faire marche arrière et revenir au poêle à bois, au crayon de plomb et aux chevaux de trait".

Ce Manifeste s'appuie sur les huit principes suivants: 1) la technologie n'est pas neutre, 2) Internet est un média révolutionnaire, mais ce n'est pas une utopie, 3) le gouvernement a un rôle important à jouer dans le cyberespace, 4) l'information n'est pas un gage de connaissance, 5) brancher les écoles n'assurera pas une éducation de meilleure qualité, 6) l'information veut être protégée, 7) les ondes sont du domaine public et c'est le public qui devrait en tirer les bénéfices, 8) une bonne compréhension de la technologie devrait constituer un des fondements de la citoyenneté.

Plutôt que de placer en concurrence le monde de l'imprimé et celui d'Internet, ou bien de craindre une concurrence réciproque de l'un ou de l'autre, on a tout à gagner à les rendre complémentaires, comme le montrent les expériences de Logos, société internationale de traduction dont le siège est à Modène (Italie), de la National Academy Press, éditeur universitaire basé à Washington, D.C. (USA), ou de la Bibliothèque des Nations Unies à Genève (Suisse).

Logos a décidé de mettre ses outils de traduction en accès libre sur le Web.

Dans un entretien accordé en décembre 1997 à Annie Kahn, journaliste au Monde, Rodrigo Vergara, directeur de Logos, expliquait que, comme les outils de traduction de sa société étaient déjà disponibles sur le Web à l'intention de tous ses traducteurs de par le monde, sa société avait décidé d'ouvrir également le site au public, décision qui a rendu Logos très populaire. De nouveaux clients ont pris contact, ainsi que de nouveaux traducteurs. L'enrichissement des bases de données est également significatif, le public faisant des propositions qui sont ensuite validées par les traducteurs de la société.

Une politique dynamique porte aussi ses fruits dans le domaine de la vente des livres, comme le montre l'expérience de la National Academy Press. Cet éditeur universitaire américain a mis en accès libre sur le Web le texte intégral de 1.700 titres de son catalogue, et ses ventes ont augmenté de 17% l'année suivante. "Qui a dit que personne n'achèterait la vache si on pouvait avoir le lait gratuitement?", commente Beth Berselli, journaliste au Washington Post.

Internet "relance" aussi les bibliothèques. En juillet 1997, la Bibliothèque des Nations Unies à Genève a ouvert un Cyberespace de vingt-quatre postes informatiques en libre accès avec plusieurs dizaines de CD-ROM en réseau et connexion Internet. Or "la consultation électronique induit une plus grande consultation imprimée et un renforcement de toutes les formes de recherche". Dépassant les prévisions les plus optimistes du personnel de la bibliothèque, ce Cyberespace est désormais un catalyseur qui amène un nouveau public, jeune, varié et enthousiaste, à consulter les collections imprimées et à utiliser aussi les autres services de la bibliothèque. Un deuxième Cyberespace de six postes informatiques a été ouvert en avril 1998, avec une vue imprenable sur le lac Léman et la chaîne des Alpes.

Le futur sera-t-il le cyberespace décrit dans les dernières pages de Chaos et cyberculture de Timothy Leary (Paris, Editions du Lézard, 1997)? Totalement différent de notre univers actuel, ce "monde d'information pure" serait un immense espace situé au milieu de banques de données stockées dans de hautes tours scintillantes.

"Toute l'information du monde est à l'intérieur. Et grâce au cyberespace, tout le monde peut y avoir accès. Tous les signaux humains contenus jusque-là dans les livres ont été numérisés. Ils sont enregistrés et disponibles dans ces banques de données, sans compter tous les tableaux, tous les films, toutes les émissions de télé, tout, absolument tout."

Voilà sans doute, à mon sens, l'apport majeur d'Internet au monde de l'imprimé: on ne court plus désespérément après l'information dont on a besoin, parce que l'information dont on a besoin est enfin à notre portée. Le tout est de se connecter, ce qui n'était pas facile par le passé, mais est en train de le devenir (avec le iMac par exemple), et d'avoir aussi des délais de réponse rapides, y compris pour les sites comportant des images, une amélioration qu'on nous promet pour bientôt.

Mais, une fois de plus, Internet n'est jamais qu'un moyen, comme le rappelle cette phrase du Manifeste pour un technoréalisme:

"Peu importe la puissance de nos ordinateurs, nous ne devrions jamais nous en servir pour pallier la lucidité, le raisonnement et le jugement."

10. GLOSSAIRE

3D: 3 dimensions. Utilisé pour définir l'environnement virtuel.

AACR2: Anglo-American cataloguing rules 2. Règles de catalogage anglo-américaines, version 2.

Adresse électronique: adresse utilisée sur le réseau Internet pour envoyer et recevoir du courrier électronique. Cette adresse est donnée lors de l'inscription à un fournisseur d'accès à Internet ou à une messagerie électronique.

Adresse Internet: adresse identifiant une machine sur le réseau Internet. Elle est composée de quatre octets (soit 32 bits) généralement écrits sous forme décimale. Ex.: 123.456.78.90.

ADSL: asymmetric digital subscriber line. Procédé permettant d'augmenter considérablement (cent fois plus vite que les modems actuels) la vitesse de transmission des données sur les lignes téléphoniques standard tout en préservant la circulation de la voix et de la télécopie.

Agent intelligent: logiciel programmable permettant d'effectuer une recherche d'informations à partir d'une demande spécifique exprimée en langage courant.

Analogique: définit un signal de valeur continue, par opposition au signal numérique qui ne peut prendre que quelques valeurs définies (par ex. 0 ou 1 en langage binaire).

Annuaire: également appelé répertoire. Recense et classe les sites web par sujets de manière à favoriser les recherches des cybernautes. Le plus connu est Yahoo!

Applet Java: écrite en langage Java, mini-application envoyée par un site sur un ordinateur afin que celui-ci renvoie à son tour des données vers le site de départ. Utilisé pour cerner les centres d'intérêt des cybernautes.

Archie: service de recherche de fichiers dans les archives d'Internet.

ASCII: American standard code for information interchange. Standard minimal de 128 caractères alphanumériques utilisé pour les échanges d'information texte, le code ASCII est un système de codage binaire composé de sept caractères (ex. : A=1000001, B=1000010, etc.). Les alphabets européens sont représentés par des versions étendues de l'ASCII codées sur huit caractères, qui prennent en compte les caractères accentués. L'extension pour le français est la norme ISO-Latin-1.

Asynchrone: définit un mode de communication permettant la non-simultanéité de l'émission et de la réception des informations (par exemple le courrier électronique), contrairement à une communication synchrone qui exige la simultanéité de l'émission et de la réception (par exemple le téléphone).

ATM: asynchronous transfer mode. Protocole pouvant transmettre tout type d'information, y compris la voix et la vidéo. Ce protocole permet l'acheminement indépendant de l'information fragmentée en de multiples paquets et reconstituée l'arrivée pour recomposer l'information initiale, le tout dans un délai donné.

Autoroute de l'information: ensemble des réseaux de communication par câble ou satellite permettant la transmission rapide d'informations de toute nature. Inclut la télématique, la télévision numérique et les câblages informatiques.

Bande passante: désigne le débit supporté par une ligne de communication.

BBS: bulletin board services. Appelé aussi babillard, selon le terme québécois maintenant utilisé par toute la communauté francophone. Système informatisé reliant les utilisateurs d'un même groupe d'intérêt (association, entreprise, organisme public, etc.) pour des annonces, discussions, messages, programmes, et pour le transfert de fichiers, le courrier électronique, la visioconférence, etc.

Binaire: langage de base composé de deux éléments (0 et 1), utilisé par les ordinateurs pour afficher des données.

Bit: binary digit. Chiffre binaire (0 ou 1) qui est à la base du système numérique.

CD: compact disc. Disque optique permettant l'enregistrement des sons
(CD-audio), des données (CD-Rom) ou des vidéos (CD-vidéo).

CD-I: compact disc interactive. Disque permettant de stocker un ensemble de textes, images, documents sonores et vidéos. Consultable sur un téléviseur au moyen d'un lecteur connecté au poste.

CD-Rom: compact disc-read only memory. Apparu en 1984, c'est un disque compact stockant des textes, images et sons sous forme numérisée. Sa grande capacité de stockage (650 mégabytes, soit l'équivalent de 600 disquettes informatiques, 200.000 pages de texte ou 1.000 photos de définition moyenne) convient particulièrement pour les encyclopédies, les catalogues, les manuels techniques et les jeux. 8X est le minimum recommandé pour un accès rapide aux données, et 24X est la spécification idéale. Le CD-Rom fut le premier outil multimédia permettant l'application grand public des techniques numériques à l'image. Son successeur est le DVD (digital video disc). CD-Rom est souvent orthographié: cédérom par les francophones.

Client: dans l'architecture client/ serveur, désigne la machine permettant d'utiliser les données ou les programmes disponibles sur un serveur.

Commerce électronique: ensemble des transactions à distance faites sur le réseau, avec paiement électronique sécurisé.

Cookie: chaîne de caractères formée d'un numéro d'identification attribué par le site à un cybernaute. Permet de noter les visites du cybernaute à un site et de définir ainsi ses centres d'intérêt: sports, voyages, musique, livres, etc. L'existence de cookies est signalée par les versions récentes des navigateurs, et le cybernaute peut donc les désactiver s'il le souhaite.

Courrier électronique: ensemble des messages envoyés électroniquement d'un ordinateur à l'autre à travers le réseau Internet, dont il représente 60% du trafic. Correspond au terme anglais de e-mail ou electronic mail. Appelé aussi courriel par les Québécois.

Cybernaute: utilisateur d'Internet. Appelé également internaute.

Disque dur: support de stockage des données dans un ordinateur. La capacité de stockage se mesure en giga-octets (Go). Le minimum recommandé est 1,6 Go, et 4 Go est la spécification idéale.

Disquette: support magnétique permettant de transférer ou de conserver des données informatiques.

DOS: disk operating system. Système permettant à l'ordinateur de stocker des informations sur le disque dur et de communiquer avec ses périphériques: écran, clavier, souris, imprimante, etc.

DTD: definition of type of document - définition du type de document. Description de la structure logique d'un document, correspondant le plus souvent à un format MARC (machine-readable cataloguing).

DVD: digital video disc. Apparu en 1996, fait suite au CD-Rom pour stocker textes, sons et images sur un support optique. Possède actuellement une capacité de stockage de 4,7 gigaoctets, soit huit fois plus qu'un CD-Rom. Cette capacité devrait être multipliée par quatre dans un proche avenir. Un film de deux heures peut être stocké sur une face de DVD. Ses différentes versions: DVD-vidéo, DVD-ROM, DVD-RAM (réenregistrable une fois) et DVD-E (réenregistrable plusieurs fois) vont progressivement remplacer les cassettes audio et vidéo et les disques optiques existants.

E-zine: magazine électronique.

EDI: échange de données informatisées. Utilisé dans le commerce électronique inter-entreprises.

En ligne: définit les services et réseaux accessibles par un ordinateur muni d'un modem ou par une liaison télématique. On utilise souvent aussi le terme anglais: on line.

Ethernet: type de réseau local permettant par exemple de relier entre eux les différents services d'une même université ou d'une même entreprise.

Extranet: réseau propre à une communauté fonctionnant selon le même principe qu'Internet. Permet par exemple de relier tous les clients d'une entreprise.

FAQ: frequently asked questions. Traduit en français par: foire aux questions. Souvent présente sur un site, la liste des questions les plus fréquentes posées par les usagers du site et les réponses-types, afin de "dépanner" les nouveaux arrivants.

Favori: appelé également signet. Généralement intégré à un navigateur, le bouton: Favoris permet de constituer un répertoire d'URL (uniform resource locators) géré par un utilisateur ou par un groupe d'utilisateurs. Au lieu de taper l'URL, souvent longue et compliquée, il suffit de sélectionner le favori correspondant au site recherché.

Fibre optique: support autorisant le transfert de données numériques à très haut débit et sur de longues distances. Les câbles à fibres optiques vont vraissemblablement remplacer les traditionnels câbles en métal pour la transmission de données, en attendant d'autres solutions.

Firewall: dispositif de protection d'un site à accès autorisé, avec mot de passe obligatoire pour avoir accès à ce site.

Forum de discussion: lieu d'échange et de discussion sur Internet par le biais du courrier électronique. En général thématique, un forum est lisible par tous et chacun peut y participer.

Fournisseur d'accès à Internet: entreprise louant des connexions Internet. Les
entreprises les plus connues en France sont Wanadoo (France Télécom), Club
Internet (Groupe Hachette), AOL (filiale de America Online), CompuServe, etc.
Appelé aussi fournisseur de services Internet, qui correspond au terme anglais:
Internet service provider.

Freeware: logiciel gratuit. Selon les cas, il appartient au domaine public ou bien son auteur en conserve le copyright. Ne pas confondre avec shareware.

FTP: file transfer protocol. Protocole définissant les règles de transfert de fichiers entre deux ordinateurs.

Gopher: système d'information à base de menus textuels à plusieurs niveaux. Dans le cas de cyberbibliothèques, c'est un ensemble d'index permettant l'accès au texte intégral des documents.

Hors ligne: définit les applications disponibles en utilisation locale, comme les CD-Rom. On utilise souvent aussi le terme anglais: off line.

HTML: hypertext markup language. Langage de marquage utilisé pour créer ou mettre en forme des documents destinés au Web. Permet l'inclusion d'images, de sons et de liens hypertextes ou hypermédias vers d'autres documents.

HTTP: hypertext transfer protocol. Protocole de transfert des pages hypertextes sur le Web.

Hyperlien: un hyperlien peut être un lien hypertexte ou un lien hypermédia.

Hypermédia: système utilisant des liens - appelés liens hypermédias - permettant l'accès à des graphiques, des documents sonores, des images animées et des vidéos, de la même façon que les liens hypertextes relient entre eux des textes ou des images.

Hypertexte: principe de base du Web. Système permettant de relier entre eux des documents textuels et visuels au moyen de liens hypertextes qui, d'un simple clic de souris, permettent l'accès à un autre document. Les liens hypertextes sont en général soulignés et d'une couleur différente de celle du texte.

Infographie: procédé de création d'images assistée par ordinateur.

Inforoute: synonyme d'autoroute de l'information.

Interactivité: mode de communication basé sur un dialogue individualisé permettant à l'utilisateur de décider lui-même du déroulement des opérations.

Interface: partie du programme permettant la communication entre l'utilisateur et son ordinateur, par exemple les textes (interface texte) et les images (interface graphique). Définit aussi l'élément permettant la communication entre deux appareils, par exemple un ordinateur et un modem.

Internet: réseau des réseaux qui, outre le World Wide Web, inclut de nombreux services : courrier électronique, forums de discussion, IRC (Internet relay chat), TCP (transmission control protocol), gopher, Telnet, visioconférence, etc.

Intranet: réseau interne propre à un organisme utilisant la technologie d'Internet (protocoles et applications TCP/IP).

IP: Internet protocol. Protocole de communication permettant d'acheminer les données en mode paquet non connecté.

IRC: Internet relay chat. Système de discussion sur le réseau en mode texte et en temps réel entre deux ou plusieurs utilisateurs.

ISBD: international standard bibliographical description. Normalisation de la partie descriptive de la notice bibliographique, conçue par l'IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) en 1977 pour l'échange de données bibliographiques à l'échelon international.

ISBN: international standard book number. Code numérique formé de dix chiffres se présentant avec tirets ou espaces (ex.: 2-13-048352-6 pour l'ouvrage d'Arnaud Dufour: Le cybermarketing. Paris: PUF, 1997. Coll. Que sais-je? 3186). Ce code regroupe lui-même quatre codes: code du pays de publication (2 pour la France), code de l'diteur (13 pour les PUF), code propre au livre (048352 pour ce titre chez cet éditeur, dans cette collection et pour cette édition), chiffre de contrôle (6 pour ce livre). L'ISBN est propre à chaque livre et permet donc de l'identifier dans le monde entier pour commande ou classement.

ISO: sigle de l'Organisation internationale de normalisation, qui définit les normes permettant de faciliter l'échange international de biens et de services et de développer la coopération internationale dans les domaines économique, intellectuel, scientifique et technologique. Par exemple, la norme ISO-Latin-1 définit l'extension des caractères ASCII pour le français.

ISSN: international standard serial number. Code numérique de 8 chiffres permettant d'identifier toute publication en série (périodique, série, collection, etc.). Il se présente sous forme de deux groupes de quatre chiffres séparés par un tiret. Le huitième caractère est un caractère de contrôle.

JACKPHY: sigle représentant l'ensemble des langues suivantes: japonais, arabe, chinois, coréen (Korean), persan, hébreu et yiddish. Terme utilisé dans la description de catalogues pour indiquer que ceux-ci comprennent les notices translittérées de documents dans ces langues.

Java: langage de programmation HTML créé par Sun en 1995 pour permettre des images animées sur le Web, ce qui a rendu les pages web beaucoup plus vivantes grâce à leur interactivité.

Kiosque: tout ordinateur utilisé comme centre d'information dans un lieu public, par exemple une borne interactive dans un musée ou un écran d'accès au catalogue dans une bibliothèque. En France, ce terme est utilisé pour l'ensemble des services proposés par Télétel, mis en place par France Télécom pour permettre la connexion à Internet.

LAN: local area network. Réseau local permettant l'interconnexion d'équipements informatiques dans un rayon inférieur au kilomètre.

Laser: acronyme de: light amplification by stimulated emission of radiations.

Linux: contraction de Linus (Linus Torvalds, son créateur) et d'Unix, système d'exploitation dont Linux est dérivé. Ce système d'exploitation pour ordinateurs personnels (PC) est un logiciel libre diffusé gratuitement sur Internet, ce qui permet à tout programmeur de participer à son élaboration. D'abord utilisé par les développeurs de logiciels, les universités et les fournisseurs d'accès à Internet, il gagne maintenant les entreprises et le grand public.

Liste de diffusion: basée sur le courrier électronique, la liste de diffusion permet la copie et la transmission d'un message à tous les adhérents de cette liste. On utilise aussi le terme anglais: mailing list.

MARC: machine-readable cataloguing. Format international permettant le stockage et l'échange informatique de notices bibliographiques.

Mémoire: Voir RAM (random-access memory) et ROM (read-only memory).

Messagerie électronique: service permettant d'obtenir une adresse électronique pour pouvoir envoyer et recevoir du courrier électronique. De nombreuses messageries sont gratuites, par exemple E-Mail Planet ou Hotmail.

Microprocesseur: puce électronique contenant un circuit électronique miniature.

Minitel: développé par France Télécom, terminal d'accès au réseau vidéotex français (Télétel). Très largement utilisé, il préfigure les avantages d'Internet. De nombreux serveurs Minitel ont maintenant leur correspondant sur le Web, avec les avantages qu'offrent la consultation au prix d'une communication téléphonique locale, la facilité de navigation et les avantages du multimédia.

Modem: acronyme de: modulateur-démodulateur. Appareil permettant de relier l'ordinateur au réseau Internet par le biais de la ligne téléphonique. La transmission des données informatiques est possible grâce à la conversion des signaux numériques en signaux analogiques, et inversement. La vitesse d'un modem s'exprime en kilobits par seconde (K). Le minimum recommandé est 28,8K, et 56K est la spécification idéale.

Moniteur: synonyme d'écran.

Moteur de recherche: recense tous les sites web et les classe par thèmes afin d'aider les utilisateurs à trouver l'information sur le Web. Le plus utilisé est AltaVista.

MS-DOS: Microsoft disc operating system. Système d'exploitation produit par Microsoft et largement utilisé sur les micro-ordinateurs équipés de microprocesseurs Intel x 86 et Pentium.

Multimédia: outil de communication informatique (ordinateur, logiciel, disque compact, serveur, etc.) combinant des composantes audio et vidéo utilisant texte, son et graphiques au moyen de séquences fixes et animées. De plus en plus nombreuses, les applications multimédias accroissent l'interactivité entre l'ordinateur et l'utilisateur.

Navigateur: logiciel permettant de rechercher et de visualiser l'information (sites ou pages de sites) sur le Web, à partir du nom du site ou d'un sujet donné. Les deux principaux navigateurs sont Netscape Navigator et Microsoft Explorer. Appelé aussi logiciel de navigation ou browser, ou encore butineur ou fureteur par les Québécois.

Net: abréviation de: Internet.

Nétiquette: étiquette d'Internet, rassemblant les règles d'éthique et de savoir-vivre appliquées sur le réseau, notamment pour le courrier électronique et les forums de discussion.

Network Computer: ordinateur simple et de coût réduit formé d'un microprocesseur, d'une puce RAM (random-access memory) et d'un moniteur, et qui utilise les logiciels disponibles sur Internet, sans disque dur ou système d'exploitation comme les PC.

Newsletter: terme souvent utilisé pour lettre d'information.

Nom de domaine: partie centrale d'une URL, qui permet d'identifier et de situer le serveur. Par exemple, le nom de domaine du quotidien Libération est www.liberation.fr.

Numérique: définit un signal à valeur définie (par exemple 0 ou 1 en langage binaire).

Numérisation: codification d'informations (textes, images et sons) en langage généralement binaire (0 ou 1) pour recevoir et transmettre l'information par voie informatique. La numérisation permet de créer, enregistrer, combiner, stocker, rechercher et transmettre des informations par des moyens simples et rapides. Des procédés similaires permettent le traitement de l'écriture, de la musique et du cinéma alors que, par le passé, ce traitement était assuré par des procédés différents sur des supports différents (papier pour l'écriture, bande magnétique pour la musique et celluloïd pour le cinéma).

OCR: optical character recognition: reconnaissance optique de caractères.
Technologie permettant de reconstituer un texte d'après son image numérisée.

OPAC: online public access catalogue: catalogue en ligne d'accès public.

PAO: publication assistée par ordinateur.

Paquet: ensemble de données.

PC: personal computer: ordinateur personnel.

PDF: portable document format. Format de fichier créé par Adobe pour conserver le contenu formaté d'un document électronique, avec mise en page, graphiques et styles.

PGP: pretty good privacy. Cryptage avec une clé de 128 bits offrant un niveau maximal de sécurité.

Pixel: picture element. Représenté sous forme numérique, le point constitutif d'une image sur l'écran d'un ordinateur ou d'un téléviseur. Le nombre de pixels définit la qualité de résolution de l'écran.

Portail: point d'entrée sur le Web proposant informations du jour, météo, couverture d'événements en direct, guides de tourisme multimédias, moteur de recherche, etc.

Processeur: cerveau interne de l'ordinateur. La vitesse du processeur est mesurée en mégahertz (MHz). Le minimum recommandé est 133 MHz, et 233-300 MHz est la spécification idéale.

Protocole: définition de normes communes pour les échanges de données entre ordinateurs (TCP/IP, FTP, etc) par les systèmes de télécommunications. Les normes ISO (Organisation internationale de normalisation) et UIT (Union internationale des télécommunications) permettent une normalisation des protocoles à l'échelon international.

Pull: démarche du cybernaute qui va chercher lui-même ses informations sur Internet, par opposition à push, technologie qui lui permet d'avoir à sa disposition des informations automatiquement sélectionnées.

Push: apparue en 1996, technologie permettant d'envoyer vers le cybernaute des informations automatiquement sélectionnées en fonction de ses centres d'intérêt.

RAM: random-access memory. Mémoire vive de l'ordinateur, qui fonctionne seulement lorsque celui-ci est allumé, contrairement à la ROM (read-only memory) qui permet le stockage des informations que l'ordinateur soit allumé ou éteint. La RAM se mesure en méga-octets (Mo). Le minimum recommandé est 16 Mo. L'utilisation de logiciels complexes exige l'utilisation d'une mémoire RAM de 32 ou 64 Mo.

RAMEAU: acronyme de: répertoire d'autorités matières encyclopédique et alphabétique unifié. Utilisé à la Bibliothèque nationale de France et dans nombre de bibliothèques françaises, cet ensemble hiérarchisé de mots-clés permet d'indexer les documents d'une bibliothèque afin de pouvoir ensuite les retrouver par sujets.

Réalité virtuelle: juxtaposition de deux mots antinomiques qui peut paraître surprenante, mais qui définit une technologie permettant d'offrir à l'utilisateur un environnement virtuel en trois dimensions (3D).

Réseau: système permettant la communication de données entre des ordinateurs reliés entre eux, soit localement au moyen de câbles spéciaux, soit en longue distance par le réseau téléphonique ou les câbles à fibres optiques.

RNIS: réseau numérique à intégration de services. Fonctionne par câble téléphonique avec services de téléphonie, télécopie et transfert de données (transmission de 64.000 ou 128.000 octets par seconde). Le réseau RNIS français est Numéris.

ROM: read-only memory. Mémoire morte de l'ordinateur, qui permet de stocker les informations et qui, contrairement à la RAM (random-access memory), n'est pas perdue lorsque l'ordinateur est éteint.

RTF: rich text format. Un format de fichier destiné à faciliter l'échange de documents entre différents programmes de traitement de texte, tout en conservant le formatage du texte (polices de caractère, paragraphes, etc.) lors du transfert d'un programme à un autre.

Script CGI: CGI: common gateway interface. Série d'instructions permettant d'identifier la visite d'un site par un cybernaute.

Serveur: dans l'architecture client/serveur, ordinateur servant de distributeur d'informations consultables à distance au moyen d'autres ordinateurs appelés clients.

Serveur proxy: serveur hébergeant un double du site pour diminuer le temps d'accès à ce site dans une zone géographique donnée.

Serveur web: serveur stockant les informations affichées par le site web.

SGML: standard generalized markup language. Norme ISO identifiant la structure d'un texte, avec ses caractéristiques telles qu'en-têtes, colonnes, marges ou tableaux, pour que cette structure puisse être utilisée lors d'applications telles que la PAO (publication assistée par ordinateur) ou l'édition électronique. Le SGML comprend les langages HTML (hypertext markup language) et VRML (virtual reality markup language).

Shareware: logiciel téléchargeable qui doit être acheté à l'auteur (le plus souvent à prix modique) après une période d'essai gratuite. Ce logiciel est soumis au copyright. Ne pas confondre avec freeware.

Site web: défini par une URL, un site web est un ensemble de textes, images et sons reliés entre eux par des liens permettant d'aller d'un document à l'autre.

Smiley: marque typographique permettant au cybernaute d'exprimer son humeur. Par exemple un sourire se définit ainsi ":-)" (en penchant la tête vers la gauche, on voit deux yeux, un nez, et une bouche qui sourit).

Spam: message électronique non sollicité.

Spamming: envoi de spams. Le spamming est interdit par la nétiquette. L'Etat de
Washington a été le premier à proposer une loi anti-spamming en avril 1998.

SSII: société de service en ingénierie informatique.

Système d'exploitation: programme de base permettant à l'ordinateur de contrôler ses périphériques (écran, clavier, souris, imprimante, etc.), d'organiser le système de classement de son disque dur et de faire fonctionner d'autres programmes. Linux ou Windows 98 par exemple sont les systèmes d'exploitation des ordinateurs personnels (PC).

TCP: transmission control protocol. Protocole de transport utilisé dans la plupart des applications Internet.

TCP/IP: transmission control protocol / Internet protocol. Ensemble de protocoles permettant le transport de données sur Internet.

Téléchargement: transfert d'un fichier à distance à partir d'un site ou par FTP (file transfer protocol).

Télétravail: travail exercé à distance à temps plein ou partiel en utilisant les modes de communication électroniques, informatiques et télématiques (réseau informatique, téléphone, télécopieur, etc.).

Telnet: terminal network protocol. Protocole d'application définissant l'émulation d'un terminal sur Internet, à savoir la possibilité d'ouvrir une connexion avec un serveur à distance comme si on le consultait sur place. La consultation à distance d'un catalogue de bibliothèque se fait souvent par Telnet, qui a rendu et rend encore d'énormes services en attendant une consultation directe sur le Web, beaucoup plus conviviale.

Terminal: poste avec écran, clavier et circuit simple permettant de se connecter à un ordinateur ou à un serveur extérieur.

Toile: terme souvent utilisé par les francophones pour désigner le Web.

Transpac: réseau de France Télécom pour la transmission numérique de données.

TTA: technique de transfert asynchrone. Voir: ATM (asynchronous tranfer mode).
Le terme français est peu utilisé.

TVA: taxe à la valeur ajoutée. Taxe payée par les entreprises à chaque stade du circuit économique.

Unix: système d'exploitation multi-tâche et multi-utilisateur très répandu dans le domaine scientifique.

URL: uniform resource locator. Adresse d'un site web ou d'une page web. Prenons par exemple l'URL du Cahier Multimédia d e Libération, qui est : http://www.liberation.fr/multi/index.html. Elle se compose d'un protocole: http://, suivi du nom du serveur du journal Libération: www.liberation.fr/, puis du dossier de la rubrique Multimédia: multi/, et enfin du fichier de la page d'accueil: index.html. Le début de l'adresse: http:// est maintenant ajouté automatiquement par les navigateurs.

URN: uniform resource name. L'URN pourrait peut-être remplacer l'URL (uniform resource locator), l'avantage étant que l'adresse serait liée au document et non plus au site qui héberge ce document. Elle serait donc plus fiable que l'URL et éviterait au cybernaute le découragement devant tous ces documents devenus indisponibles parce que l'URL a changé.

Usenet: acronyme de: users' network. Le plus grand BBS (bulletin board services) du monde, composé de listes de messages électroniques et de sujets abordés dans des forums de discussion. Son but est de constituer une plate-forme pour l'échange d'informations et d'idées entre cybernautes. Non censuré, Usenet est gouverné par les règles de la nétiquette.

Virtuel: par opposition à: réel, concerne tout ce qui est créé de manière artificielle grâce aux techniques informatiques, par exemple l'univers virtuel. Dans le cas d'entités qui sont bien réelles quoique numériques, on a préféré utiliser dans cette étude le terme: cyber, par exemple cyberbibliothèque au lieu de bibliothèque virtuelle, ou cyberlibrairie au lieu de librairie virtuelle.

Visioconférence: conférence à distance au moyen d'un réseau d'ordinateurs équipés de caméras.

VRML: virtual reality modeling language. Langage permettant de créer sur une page web des images en 3 dimensions (3D), espaces virtuels dans lesquels le cybernaute peut se déplacer.

W3: abréviation de World Wide Web.

WAIS: wide area information service. Système permettant de classer, chercher et récupérer des documents dans des bases de données interrogeables au moyen de mots-clés. Appartient maintenant à America Online.

Web: abréviation courante de World Wide Web.

Webmestre: responsable du site et administrateur de système d'un serveur web.
Correspond au webmaster anglais.

Windows 98: créé par Microsoft, système d'exploitation pour les PC qui a remplacé Windows 95. Son correspondant professionnel pour serveurs et stations de travail est Windows NT.

World Wide Web: développé en 1989-90 par Tim Berners-Lee au CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules), un système multimédia qui regroupe au niveau mondial des serveurs multimédias reliés entre eux par des hyperliens. Appelé aussi Web, WWW, W3, ou encore Toile par les francophones, le World Wide Web est un sous-ensemble d'Internet.

WWW: abréviation de World Wide Web.

Z39.50: norme définissant un protocole pour la recherche documentaire d'un ordinateur à un autre. Elle permet à l'utilisateur d'un système de rechercher des informations chez les utilisateurs d'autres systèmes utilisant la même norme sans devoir connaître la syntaxe de recherche de ces systèmes.

11. SELECTION DE DOCUMENTS IMPRIMES

[Bibliothèques / Cyberbibliothèques / Cyberlibrairies / Droit du cyberespace /
Edition électronique / Internet / Internet en France / Langues / Presse /
Propriété intellectuelle / Terminologie]

#Bibliothèques

= Bibliothèque des Nations Unies à Genève. "Un cyberespace à la Bibliothèque de l'ONUG." Nouvelles de la bibliothèque, vol. 7, nos 1-2, 1997, p. 1-4.

En juillet 1997, la Bibliothèque des Nations Unies à Genève a ouvert un cyberespace regroupant 24 micro-ordinateurs avec CD-ROM en réseau, accès à différents serveurs et connexion Internet. L'article est bilingue français-anglais.

= Lassalle, Hélène. "Un réseau mondial qui ignore Paris." [2e partie du dossier:
La crise de l'histoire de l'art en France] Le Figaro, 8 Novembre 1997, p. 32.

Sur la carte des instituts spécialisés dans l'histoire de l'art, la France, malgré ses traditions et ses trésors, est absente.

= Peyret, Emmanuelle. "Le bibliothécaire et le virus du Web." Libération, Cahier
Multimédia, 17 avril 1998.

Olivier Bogros, directeur de la Bibliothèque municipale de Lisieux
(Normandie), a monté et mis en ligne une bibliothèque électronique.

= Roumieux, Olivier. L'impact de l'Internet sur la profession de bibliothécaire.
Décembre 1996.

Un très intéressant mémoire présenté dans le cadre du DESS (diplôme d'études supérieures spécialisées) "Médias électroniques interactifs" à l'Université de Paris 8.

= Samain, Thierry. L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet. 1996.

Mémoire d'étude pour l'obtention du Diplôme de conservateur de bibliothèque à l'ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques). Ce mémoire étudie les procédures nécessaires à l'accès direct en ligne d'un catalogue de bibliothèque. L'usage d'outils tels que le Web et la norme Z39.50 est évalué en fonction de leurs implications sur la conception des OPAC (online public access catalogues), le catalogage, l'accès aux documents et l'avenir des catalogues collectifs.

#Cyberbibliothèques

= Kahn, Annie. "Les mots pour le dire." Le Monde, 8 décembre 1997.

Sur son site web, Logos, société internationale de traduction basée à Modène (Italie), met gratuitement son dictionnaire et sa bibliothèque numérique multilingue à la disposition de tous.

= Lambert, Bertrand. "Sciences-Po en ligne." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier 1998.

Les étudiants de Sciences-Po (Institut d'études politiques, Paris) ont créé Bibelec, bibliothèque électronique dans laquelle leurs travaux sont disponibles en ligne.

#Cyberlibrairies

= Alley, Brian. "Update: a Blackwell Milestone." Technicalities (USA), vol. 15, no. 2, February 1995.

Lors de son vingtième anniversaire en 1995, l'histoire de Blackwell North America, fournisseur international de livres, périodiques, bases de données et services de contrôle d'autorités.

= Berselli, Beth. "De l'art d'utiliser Internet pour vendre des livres."
Courrier international, n° 366, 6-12 novembre 1997, p. 41.

Par une journaliste du Washington Post. L'éditeur universitaire américain National Academy Press publie sur Internet 1.700 titres de son catalogue, permettant à tous de lire gratuitement ses livres. Loin de diminuer, ses ventes augmentent de 17%.

= Briançon, Pierre. "Le Net intimide les libraires." Libération, Cahier
Multimédia, 14 Novembre 1997.

En France, la vente de livres en ligne tarde à se développer.

= Computer Consultant. "Pages to Share." Computer Consultant (UK), 4/4/1997.

Internet Bookshop est le premier libraire en ligne à proposer une participation aux bénéfices par le biais exclusif du Web, ce qui pose de nouveaux problèmes légaux.

= The Evening Standard. "Amazon in £186m Float." The Evening Standard (UK), 25/3/1997.

Depuis le printemps 1997, sur les traces d'Internet Bookshop, librairie en ligne anglaise, le géant américain Amazon.com offre une participation aux bénéfices à ses partenaires en ligne.

= The Financial Times. "Bookshop Superhighway: Dillons & Hammicks Launch on
Internet." The Financial Times (UK), 4/10/1997.

Dillons & Hammicks sont prêts à lancer une librairie Internet commune. Pendant ce temps, Internet Bookshop attend la réaction des éditeurs anglais à sa décision de vendre des livres provenant des Etats-Unis.

= The Financial Times. "Online Bookshop Risks Price War." The Financial Times
(UK), 2/10/1997.

Par Alice Rawsthorn. Internet Bookshop, la plus importante librairie en ligne du Royaume-Uni, a débuté la vente de livres anglais en proposant des remises allant jusqu'à 45%, avec le risque d'une guerre des prix et d'une bataille juridique avec les éditeurs anglais.

= The Financial Times. "Publishers May Act on Internet Imports." The Financial
Times (UK), 16/10/1997.

Par Alice Rawsthorn. La Publishers Association, organisme qui représente les éditeurs du Royaume-Uni, étudie les propositions d'interdiction de vente de livres américains à des clients britanniques par des librairies Internet basées aux Etats-Unis.

= The Financial Times. "Waterstone's May Sell Online From US." The Financial
Times
(UK), 9/10/1997.

Plusieurs cyberlibraires du Royaume-Uni, y compris Internet Bookshop, ont débuté la vente de livres publiés aux Etats-Unis en septembre 1997. Waterstone's annonce son intention d'introduire début 1998 des titres américains sur son site Internet.

# Droit du cyberespace

= Association française de la télématique multimédia (AFTEL). Le droit du multimédia: de la télématique à Internet. Paris: Editions du Téléphone, 1996. 290 p. ISBN 2-909879-18-6.

Rapport réalisé sous la direction de Pierre Huet, avec le concours de Herbert Maisl, Jérôme Huet et André Lucas. Pose les problèmes soulevés par la télématique de la première génération, le vidéotex et l'audiotex: la conciliation de la propriété intellectuelle avec le droit à l'information, l'application du droit d'auteur à des services traitant des données numérisées de toute nature, la protection de la confidentialité des réseaux et des systèmes, l'adaptation du droit commercial et du droit social à la communication électronique.

= Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Les libertés et l'informatique: vingt délibérations commentées. Paris: La Documentation française, 1998. 206 p. ISBN 2-11-003931-0.

Illustre les différentes formes d'action de la Commission en montrant les domaines d'intervention de l'autorité chargée de la protection des données personnelles. En annexe, le texte de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

= Dyson, Esther. "Sans Etat ni Loi." Libération, Cahier Multimédia, 9 janvier 1998.

Par l'auteur de Release 2.0: A Design for Living in the Digital Age. La réglementation d'Internet devrait être faite moins par un gouvernement central qui en définirait les règles que par plusieurs organismes mis en concurrence dans l'intérêt du consommateur.

= Kahn, Annie. "La nécessaire mutation de la CNIL" et "Cyberfilature: la preuve par l'exemple." Le Monde, Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier 1998.

Vingt ans après sa création en France, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) doit adapter sa mission à Internet.

= Kurz, Raymond A. Internet and the Law: Legal Fundamentals for the Internet User. Rockville, Maryland: Government Institutes, 1996. XV, 248 p. ISBN 0-86587-506-5.

Donne une explication des principes de base concernant le droit d'auteur, les marques, le secret de fabrication, les brevets, la diffamation, etc., ainsi que les principes de base de la licence.

= Piette-Coudol, Thierry et Bertrand, André. Internet et la loi. Paris: Dalloz, 1997. VIII, 206 p. ISBN 2-247-02589-7.

Associe étroitement la technique et le droit français, le droit comparé et le droit international pour répondre concrètement aux questions que se posent les internautes et les fournisseurs de services.

= Reporters sans frontières. "La censure contre Internet." Cahiers de Reporters sans frontières, n° 1, 1997.

Sélectionné et édité par Yves Eudes, un recueil d'articles parus dans le journal Le Monde entre janvier 1996 et juillet 1997.

= Stern, Jacques. "L'urgence de la sécurité sur Internet." Le Figaro, 9 janvier 1998.

"Sur le Web, la confidentialité du message et l'origine de la signature de celui qui l'adresse peuvent et doivent être garanties par des outils mathématiques performants."

= Tortello, Nicole et Lointier, Pascal. Internet pour les juristes. Paris:
Dalloz, 1996. 331 p. ISBN 2-247-02547-1.

Guide de connexion et ouvrage de réflexion sur le droit d'Internet, qui répond aux questions pratiques et théoriques que se posent les professionnels du droit: avocats, magistrats, notaires, huissiers, greffiers, universitaires et juristes d'entreprise.

#Edition électronique

= Teasdale, Guy. L'édition savante à l'ère de la bibliothèque virtuelle: publication d'un livre en SGML sur le World Wide Web. Novembre 1996.

Mémoire de maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l'information (MBSI) à l'Université de Montréal. Présente les implications de l'édition électronique sur le Web tout en examinant les rôles et les intérêts respectifs du bibliothécaire et de l'éditeur dans l'édification de la bibliothèque numérique. Montre que l'édition électronique sur Internet pourrait être un remède à la crise affectant la publication de monographies spécialisées.

= Vollnhals, Otto. Multilingual Dictionary of Electronic Publishing. München:
K.G.&Saur, 1996. 384 p. ISBN 3-598-11295-5.

3.500 entrées en anglais, allemand, français, espagnol et italien, couvrant à la fois des sujets modernes comme l'édition en ligne, l'édition de CD-ROM, l'édition de bases de données ou la pré-presse électronique, et des sujets traditionnels comme l'impression et la typographie.

#Internet

= Barbier, Frédéric et Bertho Lavenir, Catherine. Histoire des médias: de
Diderot à Internet. Paris: Armand Colin, 1996. 351 p. ISBN 2-200-01382-5.

L'histoire des médias depuis 1751, date de la publication de l'Encyclopédie, jusqu'aux développements les plus récents d'Internet et des autoroutes de l'information. Voir particulièrement la troisième partie: Un monde en réseau (1950-1995).

= Berners-Lee, Tim et Ruetschi, Pierre. "Tim Berners-Lee, inventeur du World Wide Web poursuit sa révolution pour le XXIe siècle." Tribune de Genève, 20-21 décembre 1997, p. 3.

Entretien du journaliste Pierre Ruetschi avec Tim Berners-Lee. Créateur du World Wide Web au CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules) en 1989-90, Tim Berners-Lee est actuellement à la tête du World Wide Web Consortium (WC3), consortium professionnel international ayant pour tâche de définir les normes de développement du Web.

= Buchanan, William. Mastering Global Information Systems. London: Macmillan, 1997. xii, 264 p. ISBN 0-333-68951-8.

Un guide des systèmes d'information modernes et des communications de données, avec cinq parties sur les sources d'information numériques et le multimédia, Internet, le Web et Java, les réseaux locaux, les réseaux à grande échelle et la vidéoconférence.

= Cotton, Bob and Oliver, Richard. The Cyberspace Lexicon: An Illustrated Dictionary of Terms From Multimedia to Virtual Reality. London: Phaidon Press, 1994. 224 p. ISBN 0-71-48-3267-7.

Un guide à travers le dédale des technologies existantes ou émergentes. Un peu ancien puisqu'il date de 1994, il conserve un certain intérêt du fait de ses très belles illustrations.

= Dahl, Andrew and Lesnick, Leslie. Internet Commerce. Indianapolis, Indiana:
New Riders Publishing, 1996. xii, 382 p. ISBN 1-56205-496-1.

Comment mettre en place et gérer l'échange de monnaie électronique, que ce soit la construction et le marketing de vitrines numériques ou la confidentialité et la sécurité des transactions de la clientèle.

= Dufour, Arnaud. Le cybermarketing: intégrer Internet dans la stratégie d'entreprise. Paris : PUF, 1997. Coll. Que sais-je ?, n° 3186. 127 p. ISBN 2-13-048352-6.

Par l'auteur du Que sais-je? sur Internet, un deuxième titre qui expose les bases du cybermarketing, les étapes-clés des analyses stratégiques et des tactiques menant à la réalisation d'un serveur web commercial, ainsi que les perspectives d'avenir sur l'évolution du cybermarketing.

= Dufour, Arnaud. Internet. 5e éd. Paris : PUF, 1997. Coll. Que sais-je?, n° 3073. 127 p. ISBN 2-13-047469-1.

Les concepts de base, l'histoire et l'évolution d'Internet, les services qu'il offre et les enjeux économiques et sociaux qu'il sous-tend.

= Dyson, Esther. Release 2.0: A Design for Living in the Digital Age. London:
Viking, 1997. Viii, 307 p. ISBN 0-670-87600-3.

Par la présidente de EDventure Holdings, société spécialisée dans les nouvelles technologies de l'information, un livre organisé selon les chapitres suivants: communautés, travail, enseignement, administration, propriété intellectuelle, contrôle du contenu, vie privée, anonymat et sécurité. Explore l'impact et les implications du cyberespace: son effet sur la vie quotidienne, les responsabilités liées aux nouveaux pouvoirs qu'il nous donne, et les problèmes de fond posés par Internet. Expose les conflits fondamentaux liés au développement de la communication numérique, à savoir les conflits entre vie privée et ouverture sociale, sécurité et liberté, commerce et communauté.

= Filloux, Frédéric. "Le Net dans les étoiles." Libération, Supplément
Multimédia, 27 février 1998.

Pour accélérer les échanges de données sur le réseau, plusieurs centaines de satellites en orbite basse seront lancés par les Américains et les Européens d'ici l'an 2002.

= Gates, Bill. La route du futur. 2e éd. Paris: Presses Pocket, cop. 1995. 332 p. ISBN 2-266-07515-2.

Une description des autoroutes de l'information du point de vue d'un des géants de l'informatique. Explique les changements majeurs qu'elles amèneront dans tous les domaines: éducation, travail, loisirs, vie quotidienne… Avec la collaboration de Nathan Myhrvold et Peter Rinearson. Titre original: The Road Ahead. Traduction française parue à l'origine chez Laffont.

= Gilster, Paul. Digital Literacy. New York: Wiley, 1997. xii, 276 p. ISBN 0-471-16520-4.

Une passionnante évaluation critique d'Internet qui procure les éléments pour évoluer dans un environnement interactif fondamentalement différent des médias "passifs" tels que la télévision ou l'imprimé. Voir particulièrement le chapitre 6 consacré aux bibliothèques numériques (Searching the Virtual Library, p. 155-193).

= Gilster, Paul. The New Internet Navigator. New ed. New York: John Wiley &
Sons, Inc., 1995. xxvii, 735 p. ISBN 0471126942.

Voir en particulier le chapitre 10 (p. 313-344) consacré aux magazines électroniques, aux journaux et au Project Gutenberg.

= Guide du routard. Le guide du routard Internet. Paris: Hachette, 1998. Coll.
Guide du routard. 213 p. ISBN 2-01-242669-7.

Un titre de la fameuse collection des Guides du routard, qui propose la découverte de cette nouvelle planète qu'est Internet et donne une foule d'informations pratiques.

= Huitema, Christian. Et Dieu créa l'Internet. Paris: Eyrolles, 1996. IV, 201 p.
ISBN 2-212-07508-1.

L'histoire d'Internet par le chercheur qui a participé à la première connexion
Internet en France et qui présida ensuite l'Internet Architectural Board (IAB).

= Isaacson, Walter and Cooper Ramo, Joshua. "Man of the Year: Andrew Grove."
Time Magazine, 29 Dec. 1997 - 5 Janv. 1998, p. 28-58.

Elu homme de l'année 1997 par Time Magazine, Andrew Grove dirige Intel, société dont les puces électroniques équipent 90% des ordinateurs dans le monde, sans compter nombre d'autres machines telles que voitures, appareils électro-ménagers, etc.

= Kahn, Annie. "1998, l'année de la télévision interactive." Le Monde,
Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 9 février 1998.

Les chaînes numériques exploitent de mieux en mieux l'informatique, tandis que les créateurs de sites web intègrent des écrans de télévision à celui de leur PC.

= Latrive, Florent. "Hauts débits pour vieilles lignes téléphoniques."
Libération, Supplément Multimédia, 27 février 1998.

La technologie ADSL (asymmetric digital subscriber line) permet d'utiliser les fils de cuivre du téléphone pour un accès rapide à Internet.

= Leary, Timothy. Chaos et cyberculture. Paris: Editions du Lézard, 1996. 274 p.
ISBN 2-910718-07-7.

D'après le célèbre philosophe, le 21e siècle verra l'émergence d'un nouvel humanisme, dont les idées-force seront la contestation de l'autorité, la liberté de pensée et la créativité personnelle, le tout soutenu et encouragé par la vulgarisation de l'ordinateur et des nouvelles technologies de communication. Titre original: Chaos & Cyber Culture (Berkeley: Ronin Publishing Inc., 1994).

= Lévy, Pierre. "XXIe, siècle des Lumières." Libération, Supplément Multimédia, 16 janvier 1998.

Entretien d'Annick Rivoire avec le philosophe Pierre Lévy sur la cyberculture et les impacts culturels de la révolution numérique, suite à la sortie de son livre Cyberculture: rapport au Conseil de l'Europe (Paris: Editions Odile Jacob, 1998).

= Lévy, Pierre. Cyberculture: rapport au Conseil de l'Europe. Paris: Editions
Odile Jacob, 1998. 313 p. ISBN 2-7381-0512-2.

De la numérisation à la navigation en passant par la mémoire, la programmation, les logiciels, la réalité virtuelle, le multimédia, l'interactivité, le courrier électronique, etc. Une présentation des nouvelles technologies, de leur usage et de leurs enjeux.

= Lévy, Pierre. L'intelligence collective: pour une anthropologie du cyberspace.
Paris: La Découverte, 1997. 245 p. Coll. La Découverte/Poche, Essais, n° 26.
ISBN 2-7071-2693-4.

Le projet de l'intelligence collective dans une perspective anthropologique de longue durée. Le réseau Internet et le multimédia actif ont entraîné une mutation dans les modes de communication et l'accès au savoir, mutation qui a elle-même engendré le cyberespace, nouveau milieu de communication, de pensée et de travail pour les sociétés humaines. Publié initialement en 1995 chez le même éditeur dans la collection Sciences et société.

= Mauriac, Laurent. "Et Vinton Cerf créa l'Internet." Libération, Cahier
Multimédia, 16 janvier 1998.

Portrait de Vinton Cerf, appelé le père d'Internet parce qu'il est le co-inventeur du protocole TCP/IP (qui est à la base de tout échange de données) avec Bob Kahn en 1974. En 1992, il crée l'Internet Society (ISOC), un organisme professionnel international non gouvernemental regroupant différents groupes d'intérêt pour élaborer des solutions permettant de promouvoir le développement d'Internet.

= Negroponte, Nicolas. L'homme numérique. Paris: Presses Pocket, cop. 1995. 290 p. ISBN 2-07-032946-1.

En sous-titre: "Comment le multimédia et les autoroutes de l'information vont changer notre vie." Par le directeur du Media Lab du MIT (Massachussets Institute of Technology), une explication du numérique et de ses champs d'application que sont le CD-ROM, Internet et les images virtuelles, ainsi qu'une réflexion sur l'influence des nouvelles technologies sur notre avenir. Titre original: Being Digital. Traduction française parue à l'origine chez Laffont.

= Nora, Dominique. Les conquérants du cybermonde. Nouv. éd. revue. Paris:
Gallimard, 1997. Coll. Folio Actuel, n° 52. 530 p. ISBN 2-07-032946-1.

Par un grand reporter du Nouvel Observateur, une enquête de terrain sur la convergence à l'échelle planétaire entre télécommunications, informatique et électronique, et une étude des dernières technologies en télécommunications: Internet, télévision numérique, mondes virtuels et inforoutes. Paru à l'origine chez Calmann-Lévy.

= Organisation internationale du Travail (OIT). Colloque sur la convergence multimédia, Genève, 27-29 janvier 1997: rapport final. Genève: Bureau international du Travail (BIT), 1997. V, 163 p. (SMC/1997/6).

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