Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises
FIN.
NOTES
[1] Comme il était de mon intention de donner dans le cours de cet ouvrage quelques exemples de l'extension des sons radicaux et des racines imitatives dans la désignation des êtres qui, comme je l'ai dit, n'ont point de formes propres et de bruits particuliers, et de prouver qu'aucune expression n'a été formée sans motif, et que les termes qui ont caractérisé les sensations premières, ont dû devenir allusivement le signe des sensations analogues; comme le son radical sag qui est une des anciennes Onomatopées du bruit de la flèche, est d'ailleurs un des plus curieux que je connaisse dans les modes qu'il a subis, je vais suivre ses différentes dérivations dans la Langue latine seulement, pour ne pas charger cette note d'un appareil inutile d'érudition.
Racine, SAG. Sens propre, une flèche.
Les Latins en ont fait SAG–itta, et immédiatement, par le procédé comparatif, ce nom est devenu commun à une plante dont il est question dans Pline, et qui ressemble à une flèche, au bout d'un rejeton de vigne qui a la forme d'une flèche barbelée, et à une constellation composée de cinq étoiles qui représente une flèche.
Sens dérivé.
SAG–ittarius a signifié un homme qui lance des flèches, et ensuite un signe du Zodiaque. Puis par une extension commune dans les Langues, on a nommé SAG–ittarius, une monnaie de Perse qui avait un SAG–ittaire pour empreinte.
SAG–ittifer a été le nom du porc épic, parce que les pointes dont il est couvert ont quelque ressemblance avec des flèches.
Jusqu'ici l'opération de l'esprit est simple et sans complication.
Sens relatif.
L'imagination commence à saisir des rapports plus éloignés, mais elle n'a point encore perdu de vue le sens propre.
SAG–aris signifie d'abord un faisceau de flèches, un carquois; il se dit bientôt d'une hache d'armes.
SAG–ma exprime en premier lieu ce qui sert à cacher la pointe de la flèche, à la garantir en temps de paix. Ensuite, il se dit généralement d'un fourreau, et finalement de la selle d'un homme d'armes où les flèches sont fixées.
SAG–men est pris dans un sens plus hardiment figuré, quoiqu'il appartienne encore au sens primitif. On appelle ainsi la verveine par opposition ou contre vérité, parce que les Ambassadeurs proposant la paix ou la guerre, portaient dans leurs mains une verveine et une flèche.
SAG–a signifie premièrement les armes d'un soldat. Ire ad SAG–a, c'est s'emparer de ses javelots et de ses flèches. On en fait SAG–um ou SAG–ulum qui est l'habit d'un soldat en guerre.
Une fois que ce pas est fait, on va beaucoup plus loin. On appelle SAC–itza le pillage d'une ville, l'extermination de ses habitans, parce que les vainqueurs les renversent à coups de flèches, et notre Langue en emprunte les mots SAC et SAC–cager qui conservent encore toute la racine, avec une simple modification de la gutturale g, prononcée sur une touche plus éclatante.
Enfin, il suffit de nazaler cette racine SAG, pour en former SANG–uis, qui s'emploie par une extension du même genre, parce que le sang coule sous les flèches.
N. B. En vieux français, sache a signifié un fourreau, sacher, tirer du fourreau, et ensuite, poursuivre le gibier et le renverser sous les flèches, d'où il semble que chasser a été fait par métathèse.
Sens figuré ou métaphorique.
Ici l'esprit de l'homme s'élance hardiment à des objets très-éloignés, pour peu qu'il y puisse saisir quelque affinité avec le sens originaire du mot inventé.
Une erreur populaire lui persuade qu'une espèce de pierre précieuse attire le bois comme l'aimant attire le fer, et que le bois y vole avec la rapidité de la flèche. Il nomme cette pierre SAG–da.
Il a observé que la flèche, en s'enfonçant dans un corps dur, y frémit long-temps encore. Il appelle SAG–acio, id est, SAG–ittæ actio, tous les genres de palpitation et de tremblement.
Il essaye de trouver un objet de comparaison à l'action de regarder. Le regard parcourt l'espace avec la vîtesse de la flèche, et le son radical SAG devient le nom du regard dans presque toutes les Langues de l'Orient. Les Latins cependant ne se servent point de cette racine à ce dernier usage; mais ils le méconnaissent si peu, qu'ils s'enrichissent de ses dérivations au sens abstrait.
Sens abstrait.
SAG–ire, c'est avoir de la pénétration, du discernement, saisir des yeux de l'esprit.
SAG–ax, c'est un homme pénétrant, un homme dont le regard sûr discerne la vérité.
Sens hyperbolique.
Le dernier terme de cette gradation est si étranger à son type, qu'il serait impossible d'en reconnaître l'origine, si on n'y pouvait remonter, comme nous le faisons, par une succession très-naturelle de sensations et de jugemens. Le sens abstrait s'étendant à des significations nouvelles, ce n'est plus au SAG–e, à l'esprit délicat et subtil qui saisit les choses dès le premier abord, avec une extrême justesse, que doit s'arrêter cette série d'idées que nous venons d'exposer; son regard plus prompt, plus sûr, plus pénétrant encore, perce tous les obstacles. Son esprit s'élève au-dessus de toutes les conceptions ordinaires; il domine, il explique l'avenir,
C'est le devin que les Latins ont appelé SAG–us, la magicienne, l'enchanteresse dont ils ont fait SAG–a, SAG–ana.
Præ–SAG–ire, c'est voir hors du présent, c'est anticiper par la pensée sur les événemens futurs.
Præ–SAG–ium, c'est le pressentiment, le pronostic.
Præ–SAG–us, c'est le sorcier, l'augure, l'homme inspiré, termes dont on a complété le sens par la petite préposition præ, au-devant, au-delà.
Il reste à s'assurer que les autres mots de la Langue naturelle donneront une pareille filiation, et c'est ce que chacun peut reconnaître dans ses études particulières, soit qu'il se contente, ainsi qu'on l'a fait ici, de pousser ses recherches dans une Langue seulement, soit qu'il veuille les étendre à toutes, ce qui n'est pas plus difficile.
[2] Une figure nouvelle est pleine de charme, parce qu'elle donne à l'idée un point de vue nouveau. Une figure rebattue, devenue lieu commun, n'est plus que le froid équivalent du sens propre. On doit donc éviter de prodiguer les figures dans une Langue usée. Elles ne présentent plus qu'un faste insipide de paroles et de tours. Le style purement descriptif sera dès-lors préférable au style figuré, parce que le sens figuré avait fait oublier quelque temps le sens propre, et que celui-ci paraît nouveau. L'aurore aux doigts de roses, qui ouvre les barrières du matin, et dont les pleurs roulent en perles humides sur toutes les fleurs, offre sans doute une image heureuse et brillante; mais on produira beaucoup plus d'effet aujourd'hui en peignant le soleil à son lever, rougissant d'une lueur encore incertaine le sommet des hautes montagnes, les vapeurs de la plaine qui se dissipent, les contours de l'horizon qui se dessinent sur le ciel éclairci, et les fleurs qui se penchent sous le poids de la rosée.
[3] C'est l'opinion de M. de Roujoux. Dom Lepelletier écrit coric qui signifie petit nain. On pourrait penser que gawric est fait de gawr dans son sens le plus ordinaire, élevé, supérieur, et désigne très-bien alors les intelligences secondaires, les génies et les fées, Gawric, petite puissance, ou bien il est tiré de gour ou gwr qui s'est dit pour, homme, et signifie alors avec le diminutif un petit homme, un nain, comme on représentait les êtres surnaturels dont il s'agit.
[4] Il y en a beaucoup d'exemples dans le latin.
- Halosis, pillage, dilapidation.
- Hama, un croc.
- Hamare, harponner.
- Hamus, un hameçon.
- Harpa, un vautour, et puis, la harpe, l'instrument de musique dont les cordes sont saisies avec toute la main.
- Harpaga, un hérisson, un grappin, un avare.
- Harpagare, prendre de force.
- Harpastum, un ballon qu'on cherchait à s'arracher en jouant, et dont il est question dans Martial.
- Harpax, l'ambre qui attire la paille.
- Harpe, un oiseau de proie.
- Harpia, la harpie aux mains crochues.
- Haurire, avaler, engloutir.
- Haustrum, instrument à puiser de l'eau.
- Helluo, un glouton.
- Helluari, absorber, avaler, dévorer.
- Helveus, qui a la bouche ouverte et prête à saisir sa proie.
- Hera, la fortune qu'il faut saisir au passage.
- Heres, le hérisson, l'animal hérissé de pointes qui saisissent et déchirent.
- Hiare, ouvrir la bouche.
- Hiera, l'épilepsie, mal qui envahit, qui saisit, qui absorbe.
- Hippæ, les cancres, les écrevisses aux pattes armées de crochets.
- Hirudo, la sangsue. Non missura cutem nisi plena cruoris.
- Hiulcus, avide, intéressé.
- Humare, enterrer, cacher sous la terre.
- Humus, la terre dévorante, qui consume tous les corps privés de vie.
- Hyphæar, la glu, matière qui happe, qui attache, etc.
Il serait sans doute ridicule d'avancer que la construction de ces mots compliqués n'a eu d'autre base que l'initiale. Rien n'est plus facile que de remonter à leurs racines naturelles, desquelles disparaîtrait cette lettre, qu'on peut regarder comme très-moderne relativement aux temps et au langage primitifs. Mais il serait plus absurde de dire qu'elle a été attachée à ces expressions sans motif, et je pose en principe que le motif qui en a déterminé l'emploi, c'est son caractère, son esprit, l'idée d'avidité qu'elle réveille toutes les fois qu'on l'aspire. Les caprices de la prononciation et de l'écriture ont pu la transporter dans d'autres mots auxquels elle n'a point donné ce sens; mais ces mots seront en très-petite quantité, et les exceptions ne prouvent pas plus ici qu'ailleurs.
[5] Comme le son caractéristique de cette expression est un des plus communs et des plus intéressans de la nature, puisqu'il sert à exprimer le bruit des corps dans leur mode de déplacement le plus ordinaire, je le prendrai pour exemple de ces grandes générations de mots que je n'ai fait qu'indiquer à d'autres articles, et qui auraient surchargé cet ouvrage de trop de détails inutiles. C'est M. Court de Gébelin qui me fournira le tableau des termes dont celui-ci est le type.
Rouage, Rouer.
Rouet, instrument à roue.
Rouelle, tranche coupée en rond.
Rotule, en latin rotula, os cartilagineux, large et rond qui forme le mouvement du genou.
Rotateur, muscle circulaire qui sert à mouvoir l'œil.
Rote, en latin rota, tribunal de la cour de Rome, dont la salle est pavée de carreaux qui représentent des roues.
Roder, aller çà et là en faisant des tours et des détours.
Rodeur.
Rouler, 1o. se mouvoir en rond; 2o. plier en rond: au figuré, considérer, méditer.
Roulant.
Rouleau, chose faite ou tournée en rond.
Roulement, bruit d'une chose qui roule, mouvement en rond.
Roulade, roulement de la voix.
Roulage, action de rouler, facilité de rouler.
Roulier, voiturier de marchandises.
Roulette, petite roue.
Roulis, agitation d'un vaisseau que le vent fait rouler sur les flots.
Roulon, pièce de bois travaillée en rond.
Rôle, autrefois Roole, du latin barbare rotulum, 1o. registre qu'on roule en long, comme les anciens manuscrits; 2o. ce que chaque acteur doit faire ou réciter dans la représentation d'une pièce de théâtre: chaque acteur a son rouleau, son rôle à part pour l'apprendre et pour le jouer; 3o. manière dont chaque homme représente dans le monde; 4o. feuille d'écriture en termes de pratique.
Rôler, écrire des rôles.
Enrôler, en Anjou, Enrotuler, coucher sur les registres, enregistrer dans le catalogue de ceux qui forment le corps où l'on se réunit.
Enrôlement, Enrôleur.
Rotonde, bâtiment en rond.
Rotondité, qualité d'un corps rond.
Rond, en latin rotundus, tout ce qui est en cercle; au figuré, qui va rondement.
Rondeur, figure ronde.
Rondelet, un peu rond.
Rondin, bâton rond.
Rondiner, en vieux français, donner des coups de rondin, de bâton.
Rondache, Rondelle, en vieux français, boucliers ronds.
Rondeau, petit poème composé de couplets finissant par les mêmes mots qui commencent le poème.
Ronde, inspection qu'on fait en parcourant une enceinte.
A la ronde, tout autour.
Rondement, en rond; au figuré, franchement.
Arrondir, donner une forme ronde.
Arrondissement.
Route, chemin.
Routier, 1o. qui connaît les routes, expérimenté; 2o. livre de routes.
Routine, habitude, connaissance acquise par la pratique seule; chemin battu.
Routinier, qui n'a que la routine.
Dérouter, faire perdre à quelqu'un la route, etc.
Cette racine me suggère d'ailleurs une réflexion qui vient à l'appui de ma théorie de l'extension des sons naturels, dans la qualification des êtres insonores. Nous avons vu se composer d'un son radical qui est le signe du mouvement, et qui s'opère lui-même par le roulement de la langue sur le palais, deux familles de mots distincts, dont l'une appartient à une idée de mouvement, et l'autre à une idée de forme. Il n'était pas difficile de reconnaître le point de contact de ces deux familles, et nous avons compris que le signe des bruits qui résultent d'un mouvement circulaire, avait dû devenir dans le langage, l'indicateur des formes rondes. Mais si le rapport des mouvemens et des formes semble d'abord assez naturel pour expliquer la ressemblance des expressions qui les caractérisent, il est également vrai que la nature a établi de frappantes harmonies entre ces deux premières sortes de sensations et celles des couleurs. Le langage figuré nous en offre assez de preuves. Nous avons dit, entr'autres exemples, de sombres gémissemens, et des lueurs éclatantes. La première de ces tournures présente une idée de bruit, spécifiée par une circonstance tirée de l'ordre des couleurs, et la seconde, une idée de couleur déterminée par une épithète qui appartient à l'idée du bruit. Le fameux aveugle-né Saunderson, après avoir cherché long-temps à se faire un sentiment juste des couleurs, finit par comparer la couleur rouge au son de la trompette; et il y a peu d'années que l'intéressant sourd-muet Massieu, interrogé sur l'opinion qu'il se formait des bruits, et celui de la trompette en particulier, le compara sans hésiter à la couleur rouge.
S'il y a de l'harmonie entre ces effets, pourquoi ces effets n'auraient-ils pas été exprimés par des sons de la même espèce?
Le mot rouge et ses dérivés sont donc, selon moi, des Onomatopées construites par extension du son radical du roulement. En vieux français, ro s'est dit pour rouge, et roe pour roue. Toutes les Langues fourniraient de pareils rapports.
M. Bernardin de Saint-Pierre a reconnu l'harmonie du mouvement circulaire, de la forme ronde, et de la couleur rouge. Il se plaît même à étayer ce rapprochement ingénieux des observations les plus agréables; et s'il a négligé de prouver que les mots qui désignent chez la plupart des peuples ce mouvement, cette forme et cette couleur, ont une racine commune, c'est sans doute parce que cette espèce de démonstration empruntée des froides études de la Grammaire, lui a paru trop sèche pour une matière si élégante et si poétique.
[6] Le mot fixer n'est point français dans le sens de regarder fixement, d'attacher un regard fixe sur une personne ou sur une chose; mais c'est une de ces expressions que l'usage devrait avoir consacrées. Ce verbe offre une des figures les plus énergiques, une des hyperboles les plus éloquentes de la Langue; c'est non-seulement saisir l'objet sur lequel nous portons la vue, c'est encore l'arrêter, le rendre immobile, nous l'approprier, nous l'identifier par le seul effet de nos regards, habere in oculis, disaient tout aussi hardiment les Latins.
Jean-Jacques Rousseau, Duclos, Rivarol, madame de Genlis l'ont fréquemment employé. M. de Châteaubriand, tout en le condamnant dans un autre, l'avait laissé échapper deux fois dans la première édition du Génie du Christianisme; et les termes qu'il y a substitués depuis, sont bien loin de racheter le sacrifice que cet Ecrivain a cru devoir en faire à la correction. Il lui appartenait, il appartient à quelques hommes qui doivent à leurs talens le privilége de donner aux mots le droit de cité, d'accueillir celui-ci dont rien ne nous offre l'équivalent: je le recommande aux Lexicographes.
Il n'est guères possible, au reste, de parler de la formation des mots dans les Langues premières, sans être obligé de s'arrêter un moment à ce qu'on appelle la néologie ou création des mots nouveaux. Cette néologie est une des choses dont on a parlé le plus diversement, et dont on peut effectivement porter les jugemens les plus opposés. Elle est à la fois le génie protecteur et le fléau des Langues; elle les enrichit et les dénature. Par elle, tout se dégrade, tout se confond; et sans elle, l'imagination asservie se traîne impatiemment dans ses lisières.
Il est certain que tous les mots ayant été formés pour exprimer la pensée prise sous certain aspect, ou l'être pris dans certaine qualité, et que rien n'étant plus mobile que les aspects de la pensée et plus varié que les qualités de l'être, il n'y a pas un seul homme qui n'ait souvent besoin, pour rendre sa sensation avec justesse, d'improviser une expression qui la peigne. Otez cette ressource à l'esprit, et vous détruisez tout ce qui reste de poésie dans vos Langues. Vous condamnez Racine à parler le patois de Jodelle, et à quelqu'époque même que la Langue soit prise, vous donnez d'injustes entraves à la pensée, car les idées se succèdent sans cesse en variant leur ordre et leurs rapports. Si j'ai vu ce qui n'a point été aperçu jusqu'à moi, si j'ai découvert entre des choses connues un rapport frappant et cependant nouveau, ce qui est le propre d'une organisation poétique, le tour et le mot dont j'ai besoin n'ont pas pu être prévus. Il faut donc que j'imite l'homme primitif dans ses essais, et que je crée un signe pour ma perception; ou bien si vous me forcez à n'employer que des signes déjà convenus, il faut que je délaye une idée forte et ingénieuse dans une périphrase languissante.
D'un autre côté, la néologie sera d'un plus grand secours à ces Ecrivains sans talens, qui, incapables de saisir des effets nouveaux, parviennent cependant à faire croire au vulgaire qu'ils y ont réussi, en revêtant d'un tour audacieux et d'une expression inusitée des idées communes et souvent triviales et populaires. De là ces locutions barbares, ces mots bizarrement composés, ces néologismes intolérables qui frappent l'esprit sans l'instruire, et que la manie des nouveautés perpétue quelquefois dans le langage qu'ils finissent par corrompre.
Il y a donc beaucoup de choses à observer dans l'admission des mots nouveaux: qu'ils soient indispensables, que leur construction ne soit point étrangère à l'esprit de la Langue, qu'elle rappelle distinctement leur racine, que des Ecrivains estimés en aient fait usage.
Au reste, je regarderais un dictionnaire des mots à admettre dans la Langue comme une entreprise peu philosophique et mal mesurée. Les mots, interprètes de la pensée, doivent s'élancer avec elle, et c'est dans la chaleur d'une conception rapide qu'un néologisme heureux se fait pardonner. L'invention ne procède point par ordre alphabétique; mais ce serait peut-être un livre assez curieux que celui qui réunirait les expressions vives, caractéristiques et originales qui sont propres à un seul Ecrivain, qui n'ont point été mises en œuvre depuis lui, ou qui l'ont été rarement, et qui ne se sont point conservées dans les vocabulaires. On en tirerait beaucoup de ce genre des écrits de Cicéron, de Sénèque, de Rabelais, de Montaigne, de Sterne, de Milton, de Schiller, du Dante et d'Alfieri.
TABLE DES ONOMATOPÉES
A
- * AARBRER.
- ABOI, ABOIEMENT, ABOYER.
- ACHOPPEMENT.
- Chopper.
- AFFRES.
- Affreux.
- AGACEMENT, AGACER.
- AGOUTI.
- AGRAFFE, AGRAFFER.
- Raffler.
- AGRIPPER.
- Grappiller.
- Grappe.
- Grappilleur.
- Grappillon.
- Grappe, instrument de menuiserie.
- Grappin.
- Gravir.
- Gravier.
- Grimper.
- * AHALER.
- * AHAN, AHANER.
- AÏ.
- AME.
- ANCHE.
- ASTHME.
B
- BABIL, BABILLARD, BABILLER.
- Babiole.
- Babouin, Bambin.
- Bamboche.
- Bambochade.
- BÂILLEMENT, BÂILLER.
- Beer ou Bayer.
- Bah!
- Badaud.
- S'ébahir, être ébahi.
- BARBOTER.
- * BARET.
- BEFFROI.
- BÊLEMENT, BÊLER.
- Bégayement, Bégayer.
- BÉLIER.
- * Belin.
- BEUGLEMENT, BEUGLER.
- Bœuf.
- Boa.
- Meuglement, Meugler.
- BIBERON.
- BIFFER.
- BOMBE.
- BOND, BONDIR, BONDISSEMENT.
- BORBORIGME.
- BOUC.
- BOUFFÉE, BOUFFI.
- Ouf.
- Bouffon.
- BOUILLIR, BOUILLONNEMENT, BOUILLONNER.
- Bouillie, Bouillon.
- Bulle.
- Boule.
- Bouton.
- BOURDON, BOURDONNEMENT, BOURDONNER.
- Bourdon, cloche.
- BRAIRE.
- BRAMER.
- Brailler.
- BREDOUILLER.
- BROUHAHA.
- BROUTER.
- BROIEMENT, BROYER.
- BRUIRE, BRUISSEMENT, BRUIT.
- Bruyère.
C
- CAHOT, CAHOTER.
- CAILLE.
- * Cailletage.
- * Caillette.
- * Cailleter.
- CANARD.
- Cancan.
- CAQUET, CAQUETER.
- CASCADE.
- CATACOMBE.
- CATARACTE.
- CHAT-HUANT.
- CHEVÊCHE.
- CHOC, CHOQUER.
- CHOUCAS.
- CHUCHOTTER, CHUCHOTTERIE, CHUCHOTTEUR.
- CIGALE.
- * CLAPPEMENT.
- CLAQUE, CLAQUEMENT, CLAQUER.
- Claquet.
- CLIGNOTER.
- Clin-d'œil.
- CLINQUANT.
- CLIQUETIS.
- CLOSSEMENT, CLOSSER.
- Gloussement, Glousser.
- COASSEMENT, COASSER.
- COQ.
- Coque.
- Coquetterie.
- COUCOU.
- COURLIS.
- CRACHAT, CRACHEMENT, CRACHER.
- CRAN.
- Écran.
- CRAQUEMENT, CRAQUER.
- * Craqueter.
- CRESSELLE, CRECELLE, ou CRESSERELLE.
- CREX.
- CRI, CRIER.
- Criailler, Criaillerie, Criailleur.
- Criocère.
- CRIC.
- * CRINCRIN.
- * CRISSEMENT, CRISSER.
- CROASSEMENT, CROASSER.
- CROC.
- Accrocher.
- CROQUER.
- Croquet.
- CROULEMENT, CROULER.
- Écroulement, s'Écrouler.
D
- DANDIN, DANDINER.
- DÉGRINGOLER.
- DRILLE.
- * DRONOS.
- * DROUINE.
- Chaudron, Chaudronner.
E
- * ÉBROUER.
- ÉCLAT, ÉCLATER.
- Eclabousser.
- ÉCLOPPÉ.
- * Clopin, Clopant.
- ÉCRASER.
- ÉCROU.
- ÉGRISER.
- ENFLER, ENFLURE.
- Gonfler.
- ESCOPETTE, ESCOPETTERIE.
- ÉTERNUEMENT, ÉTERNUER.
F
- FANFARE.
- FIFRE.
- FLACON.
- Flacquée d'eau.
- Flasque.
- FLANQUER.
- FLÈCHE.
- FLEUR.
- Flairer.
- FLOT.
- Fleuve, Flux, Fluide.
- Affluence.
- * Floflotter.
- FLOU.
- FLÛTE.
- FRACAS, FRACASSER.
- FREDON, FREDONNER.
- FRELON.
- FRÉMIR, FRÉMISSEMENT.
- Frisson, Frissonnement.
- Frayeur, Effroi.
- Froid.
- FRÉTILLER.
- Fretin.
- FRIRE.
- FRISER.
- FROISSEMENT, FROISSER.
- FRÔLER.
- FRONDE.
- FROTTEMENT, FROTTER.
- FROUER.
G
- GALOP, GALOPER.
- GARGARISER, GARGARISME.
- * GARGOUILLE.
- GAZOUILLEMENT, GAZOUILLER.
- GEAI.
- GLAPIR, GLAPISSEMENT.
- Glas, ou Glais.
- GLISSER.
- Glace.
- * GLOUGLOTTER.
- GLOUGLOU.
- GLOUTON, GLOUTONNERIE.
- Engloutir.
- GORET.
- GOULOT.
- GOUTTE.
- GRAILLEMENT, GRAILLER.
- GRATTER.
- GRÊLE, GRÊLER.
- Grésil.
- GRELOT.
- Grelotter.
- GRENOUILLE.
- GRESILLEMENT, GRESILLER.
- GRIFFE.
- Agriffer.
- Griffer.
- Griffade.
- Griffon.
- Griffonner.
- Griffonnage.
- * Griffonnement.
- Griffe, outil de serrurier ou de tourneur.
- GRIGNOTER.
- Grignon.
- Gruger.
- GRILLON.
- GRINCEMENT, GRINCER.
- GRIVE.
- GROGNEMENT, GROGNER, GROGNEUR.
- * Grognard.
- * Grognon.
- GROMMELER.
- GRONDEMENT, GRONDER, GRONDERIE, GRONDEUR.
- GROIN.
- GRUAU.
- GRUE.
- * GRULLER.
- GUÊPE.
- * GUIORER.
H
- HACHE.
- * HAHALIS.
- HALETER.
- HAPPER.
- HARPE.
- * Harper.
- HENNIR, HENNISSEMENT.
- HEURT, HEURTER.
- HISSER.
- HOQUET.
- HORREUR.
- Horrible.
- Abhorrer.
- HUÉE, HUER.
- HULOTTE.
- * Hululer, ou ululer.
- HUMER.
- HUPPE ou PUPPU.
- HURLEMENT, HURLER.
J
K
L
M
- MIAULEMENT, MIAULER.
- MOUE.
- Muffle.
- Bouder.
- Bouderie.
- Boudeur.
- MUGIR, MUGISSEMENT.
- MURMURE, MURMURER.
- MUSC.
O
P
- PÂMER, PÂMOISON.
- PEPIER.
- Piailler, Piaillerie, Piailleur.
- Pepie.
- Pipée.
- PIC.
- Piquer.
- Pioche.
- Bêche.
- * POUPE.
- Poupée.
- Poupon.
- PUER.
R
- RACLER.
- RAIRE ou RÉER.
- Rut.
- RÂLE, RÂLEMENT, RÂLER.
- Râle, oiseau.
- RAUQUE.
- Roquet.
- REDONDANCE.
- RETENTIR, RETENTISSEMENT.
- RINCER.
- RONFLEMENT, RONFLER.
- ROSSIGNOL.
- * ROUCOULEMENT, ROUCOULER.
- ROUE.
- Route.
- Rouage, Rouer.
- Rouet.
- Rouelle.
- Rotule.
- Rotateur.
- Rote.
- Roder.
- Rodeur.
- Rouler.
- Roulant.
- Rouleau.
- Roulement.
- Roulade.
- Roulage.
- Roulier.
- Roulette.
- Roulis.
- Roulon.
- Rôle.
- Rôler.
- Enrôler, Enrotuler.
- Enrôlement, Enrôleur.
- Rotonde.
- Rotondité.
- Rond.
- Rondeur.
- Rondelet.
- Rondin.
- Rondiner.
- Rondache, Rondelle.
- Rondeau.
- Ronde.
- A la ronde.
- Rondement
- Arrondir.
- Arrondissement.
- Route.
- Routier.
- Routine.
- Routinier.
- Dérouter.
- RUGIR, RUGISSEMENT.
- RUISSEAU, RUISSELER.
- Rouir.
S
- SANGLE, SANGLER.
- Cingler.
- SAPER.
- Sape.
- SCIE, SCIER.
- SCION.
- SIFFLER.
- SILLON, SILLONNER.
- Sillage.
- SIPHON.
- SOUFFLER.
- SOURDRE.
- * STRIDENT.
- STRIE.
- SUCER.
- Suc.
- Sucre.
- * SUSURRATION, SUSURRE, SUSURREMENT, SUSURRER.
T
- TACT.
- Tic tac.
- Tic.
- Tiqueté.
- Tâter, Tâtonner, à Tâtons.
- TAFFETAS.
- TAMBOUR.
- Tarabuster.
- TAMPON.
- Tape, Taper.
- Se tapir.
- Tapon.
- Taupin.
- Étoupe.
- TAN.
- TAON.
- TARABAT.
- TARIN.
- TETER.
- Tette.
- TIMBALES.
- Timbre.
- Timpan.
- Timpanon.
- TINTEMENT, TINTER.
- Tintement ou Tintouin.
- Tintamarre.
- TOCSIN.
- TONNER, TONNERRE.
- TORRENT.
- * TOURDE.
- Étourdir.
- TOURTEREAU, TOURTERELLE.
- TOUSSER, TOUX.
- TRACAS, TRACASSER.
- TRANSIR.
- Terreur.
- Tremblement.
- Trembler.
- Tremblotter.
- Tremble, arbre.
- Trémoussement, se Trémousser.
- Tressaillement, Tressaillir.
- TRANTRAN.
- TRAQUET.
- TRICTRAC.
- * TRINQUER.
- TROMPE, TROMPETTE.
- Trombone.
- TROT, TROTTER.
- TURLUT.
- Tirelire.
V
- VAGIR, VAGISSEMENT.
- Vagues.
- VIOLON.
- VÎTE, VÎTESSE.
Z
TABLE ALPHABÉTIQUE
Des Auteurs cités dans cet Ouvrage,
ou qui ont été consultés
pour sa Composition.
A
- Albin.
- Alfieri
- Amyot.
- Aristophane.
B
- Baptiste Mantouan.
- Belon.
- M. Bernardin de S. Pierre.
- Bochart.
- Boileau.
- Boisrobert.
- M. de Bonneville.
- Borel.
- Boursault.
- Brisson.
- Buffon.
- Bullet.
C
- M. de Cambry.
- Caseneuve.
- Castelvetro.
- Catulle.
- M. de Châteaubriand.
- Chapuis (Gabriel).
- Chevalier.
- Cholieres.
- Christian de Troyes.
- Cicéron.
- Clotilde de Surville.
- Clusius.
- Coquillard.
- Costar.
- Covarruvias.
- Court de Gébelin.
- Cyrano de Bergerac.
D
- Dante.
- M. David de Saint-Georges.
- Davies.
- Debrosse.
- M. Delille.
- Mad. Deshoulières.
- Desmarets.
- Dubartas.
- Dubellay.
- Ducange.
- Duclos.
- Dufouilloux.
- Dumarsais.
- Dumonin (Edouard).
- Duverdier.
E
- Edwards.
- Ennius.
- Euripide.
F
- Fernandez.
G
- Mad. de Genlis.
- Gringore.
- Guichard.
H
- Hauteroche.
- Herbinius.
- Hesichius.
J
- Jérémie.
- Saint-Jérôme.
K
- Klein.
L
- Le père Labbe.
- La Bruyère.
- La Fontaine.
- M. Lalanne.
- La Monnoye.
- Latour d'Auvergne.
- Le Brigand.
- Le Duchat.
- Legros.
- Dom Lepelletier.
- Leroux.
- Letourneur.
- Linguet.
- Linné.
- Lorris (Guillaum. de).
- Lucrèce.
M
- Malherbe.
- Marcgrave.
- Marot.
- Martinet.
- Ménage.
- M. Mercier.
- Milton.
- Molière.
- Monnet.
- Montaigne.
N
- Nicod.
- Nicole Gilles.
O
- Ossian.
P
- Paradin.
- M. de Parny.
- Pasquier.
- Perse.
- Pison.
- Plutarque.
- Poisson.
- Polidore Virgile.
Q
- Quinault.
R
- Rabelais.
- Racine.
- Ramus.
- Regnier.
- Rivarol.
- Ronsard.
- M. de Roujoux.
- Rousseau (Jean-Bapt.)
- Rousseau (Jean-Jacq.)
S
- Saint-Amand.
- Saumaise.
- Saunderson.
- Scaliger.
- Schiller.
- Schrevelius.
- Seba.
- Servius.
- Skinner.
- Souchu de Rennefort.
- Sterne.
- Swift.
T
- Théophile.
- Trenck (le baron de).
V
- Varron.
- Villon.
- Virgile.
- Voltaire.
Y
- Young.
NOTE SUR LA TRANSCRIPTION
On a conservé à l'identique l'orthographe de l'original, y compris ses variantes (par exemple ame/âme, poète/poëte, etc.), à l'exception des coquilles manifestes (ex. qni au lieu de qui) qui ont été corrigées.