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Fables de La Fontaine

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II

LE LION ET LE CHASSEUR.

Un fanfaron, amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race,
Qu’il soupçonnoit dans le corps d’un lion,
Vit un berger: Enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison,
Que de ce pas je me fasse raison.
Le berger dit: C’est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un mouton
Par chaque mois, j’erre dans la campagne
Comme il me plaît; et je suis en repos.
Dans le moment qu’ils tenoient ces propos,
Le lion sort, et vient d’un pas agile.
Le fanfaron aussitôt d’esquiver:
O Jupiter, montre-moi quelque asile,
S’écria-t-il, qui me puisse sauver!
La vraie épreuve du courage
N’est que dans le danger que l’on touche du doigt;
Tel le cherchoit, dit-il, qui, changeant de langage,
S’enfuit aussitôt qu’il le voit.

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