L'ebook a 40 ans (1971-2011)
En mars 2002, son recueil de nouvelles «Everything's Eventual» est lui
aussi publié simultanément en deux versions: en version imprimée par
Scribner, subdivision de Simon & Schuster, et en version numérique par
Palm Digital Media, qui en propose un extrait en téléchargement libre.
Et ainsi de suite, preuve que les éditeurs sont toujours utiles.
2000 > DES AUTEURS DE BEST-SELLERS
[Résumé] À la suite de Stephen King, Frederick Forsyth, le maître britannique du thriller, décide lui aussi de tenter l'aventure numérique, avec l'appui d'Online Originals, un éditeur électronique londonien. En novembre 2000, Online Originals publie «The Veteran», histoire d'un crime violent commis à Londres et premier volet de «Quintet», une série de cinq nouvelles électroniques. Arturo Pérez-Reverte, romancier espagnol, tente une expérience un peu différente. Sa série best-seller relate les aventures du Capitan Alatriste au 17e siècle. Le nouveau titre à paraître fin 2000 s'intitule «El Oro del Rey» (L'Or du Roi). En novembre 2000, en collaboration avec Alfaguara, son éditeur habituel, l'auteur décide de diffuser ce nouveau titre en version numérique sur une page spécifique du portail Inicia, en exclusivité pendant un mois, avant la sortie du livre imprimé en librairie. Paulo Coelho, romancier brésilien, décide pour sa part de diffuser gratuitement plusieurs romans au format PDF en mars 2003, avec l'accord de ses éditeurs.
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En novembre 2000, deux auteurs de best-sellers, Frederick Forsyth et Arturo Pérez-Reverte, décident de tenter l'aventure numérique, suivis ensuite par de nombreux auteurs, par exemple Paulo Coelho en mars 2003.
Mais, forts de l'expérience d'auto-publication de Stephen King peut- être, ils n'ont pas l'intention de se passer d'éditeur. Pour mémoire, Stephen King lance l'auto-publication numérique de son roman épistolaire inédit «The Plant» en juillet 2000. Il met fin à cette expérience quelques mois plus tard, le nombre de paiements étant très inférieur au nombre de téléchargements.
# Frederick Forsyth
Frederick Forsyth, maître britannique du thriller, aborde la publication numérique avec l'appui de l'éditeur électronique londonien Online Originals. En novembre 2000, Online Originals publie «The Veteran» en tant que premier volet de «Quintet», une série de cinq nouvelles électroniques annoncées dans l'ordre suivant: «The Veteran», «The Miracle», «The Citizen», «The Art of the Matter» et «Draco».
Disponible dans trois formats (PDF, Microsoft Reader et Glassbook
Reader), la nouvelle est vendue au prix de 3,99 pounds (6,60 euros) sur
le site de l'éditeur et dans plusieurs librairies en ligne au Royaume-
Uni (Alphabetstreet, BOL.com, WHSmith) et aux États-Unis (Barnes &
Noble, Contentville, Glassbook).
Frederick Forsyth déclare à la même date sur le site d'Online Originals: «La publication en ligne sera essentielle à l'avenir. Elle crée un lien simple et surtout rapide et direct entre le producteur original (l'auteur) et le consommateur final (le lecteur), avec très peu d'intermédiaires. Il est passionnant de participer à cette expérience. Je ne suis absolument pas un spécialiste des nouvelles technologies. Je n'ai jamais vu de livre électronique. Mais je n'ai jamais vu non plus de moteur de Formule 1, ce qui ne m'empêche pas de constater combien ces voitures de course sont rapides.» Toutefois cette première expérience ne dure pas, les ventes étant très inférieures aux prévisions.
# Arturo Pérez-Reverte
La première expérience numérique d'Arturo Pérez-Reverte est un peu différente. La série best-seller du romancier espagnol relate les aventures du Capitan Alatriste au 17e siècle. Le nouveau titre à paraître fin 2000 s'intitule «El Oro del Rey» (L'Or du Roi).
En novembre 2000, en collaboration avec son éditeur Alfaguara, l'auteur décide de diffuser «El Oro del Rey» en version numérique sur un page spécifique du portail Inicia, en exclusivité pendant un mois, avant sa sortie en librairie. Le roman est disponible au format PDF pour 2,90 euros, un prix très inférieur aux 15,10 euros annoncés pour le livre imprimé.
Résultat de l'expérience, le nombre de téléchargements est très satisfaisant, mais pas celui des paiements. Un mois après la mise en ligne du roman, on compte 332.000 téléchargements, avec paiement par 12.000 lecteurs seulement.
À la même date, Marilo Ruiz de Elvira, directrice de contenus du portail Inicia, explique dans un communiqué: «Pour tout acheteur du livre numérique, il y avait une clé pour le télécharger en 48 heures sur le site internet et, surtout au début, beaucoup d'internautes se sont échangés ce code d'accès dans les forums de chats et ont téléchargé leur exemplaire sans payer. On a voulu tester et cela faisait partie du jeu. Arturo Pérez-Reverte voulait surtout qu'on le lise.»
En 2006, on compte 4 millions d'exemplaires vendus pour les cinq premiers tomes de cette saga littéraire, devenue un succès planétaire, surtout sous forme imprimée. La saga donne également naissance au film Alatriste, une superproduction espagnole de 20 millions d'euros.
# Paulo Coelho
Paulo Coelho, romancier brésilien, devient mondialement célèbre avec «L'Alchimiste». Début 2003, ses livres, traduits en 56 langues, ont été vendus en 53 millions d'exemplaires dans 155 pays, dont 6,5 millions d'exemplaires dans les pays francophones.
En mars 2003, Paulo Coelho décide de distribuer plusieurs de ses romans gratuitement en version PDF, en diverses langues, avec l'accord de ses éditeurs respectifs, dont Anne Carrière, son éditrice en France. Trois romans sont disponibles en français: «Manuel du guerrier de la lumière», «La cinquième montagne» et «Veronika décide de mourir».
Pourquoi une telle décision? L'auteur déclare à la même date par le biais de son éditrice: «Comme le français est présent, à plus ou moins grande échelle, dans le monde entier, je recevais sans cesse des courriers électroniques d'universités et de personnes habitant loin de la France, qui ne trouvaient pas mes oeuvres.»
À la question classique relative au préjudice éventuel sur les ventes futures, l'auteur répond: «Seule une minorité de gens a accès à l'internet, et le livre au format ebook ne remplacera jamais le livre papier.» Une remarque très juste en 2003, mais qui n'est peut-être plus de mise en 2011. Paulo Coehlo réitère toutefois l'expérience au printemps 2011, pour la plus grande joie de ses lecteurs.
2000 > COTRES.NET, SITE DE LITTÉRATURE NUMÉRIQUE
[Résumé] «Entoileur» du site cotres.net depuis octobre 1998, Jean-Paul s'interroge en juin 2000 sur l'apport de l'internet dans son écriture. «La navigation par hyperliens se fait en rayon (j'ai un centre d'intérêt et je clique méthodiquement sur tous les liens qui s'y rapportent) ou en louvoiements (de clic en clic, à mesure qu'ils apparaissent, au risque de perdre de vue mon sujet). Bien sûr, les deux sont possibles avec l'imprimé. Mais la différence saute aux yeux: feuilleter n'est pas cliquer. L'internet n'a donc pas changé ma vie, mais mon rapport à l'écriture. On n'écrit pas de la même manière pour un site que pour un scénario, une pièce de théâtre, etc. (…) Depuis, j'écris (compose, mets en page, en scène) directement à l'écran. L'état "imprimé" de mon travail n'est pas le stade final, le but; mais une forme parmi d'autres, qui privilégie la linéarité et l'image, et qui exclut le son et les images animées. (…) C'est finalement dans la publication en ligne (l'entoilage?) que j'ai trouvé la mobilité, la fluidité que je cherchais.»
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Jean-Paul, «entoileur» du site cotres.net, propose depuis octobre 1998 de beaux parcours littéraires utilisant l'hyperlien.
# Une navigation en rayon
En juin 2000, il s'interroge sur l'apport de l'internet dans son écriture. «La navigation par hyperliens se fait en rayon (j'ai un centre d'intérêt et je clique méthodiquement sur tous les liens qui s'y rapportent) ou en louvoiements (de clic en clic, à mesure qu'ils apparaissent, au risque de perdre de vue mon sujet). Bien sûr, les deux sont possibles avec l'imprimé. Mais la différence saute aux yeux: feuilleter n'est pas cliquer. L'internet a donc changé mon rapport à l'écriture. On n'écrit pas de la même manière pour un site que pour un scénario, une pièce de théâtre, etc. (…)
Depuis, j'écris (compose, mets en page, en scène) directement à l'écran. L'état "imprimé" de mon travail n'est pas le stade final, le but; mais une forme parmi d'autres, qui privilégie la linéarité et l'image, et qui exclut le son et les images animées. (…)
C'est finalement dans la publication en ligne (l'entoilage?) que j'ai trouvé la mobilité, la fluidité que je cherchais. Le maître mot y est "chantier en cours", sans palissades. Accouchement permanent, à vue, comme le monde sous nos yeux. Provisoire, comme la vie qui tâtonne, se cherche, se déprend, se reprend. Avec évidemment le risque souligné par les gutenbergs, les orphelins de la civilisation du livre: plus rien n'est sûr. Il n'y a plus de source fiable, elles sont trop nombreuses, et il devient difficile de distinguer un clerc d'un gourou. Mais c'est un problème qui concerne le contrôle de l'information. Pas la transmission des émotions.»
«Canon laser», l'une de ses premières oeuvres, est d'abord une oeuvre imprimée, en série limitée, aujourd'hui épuisée. Pour ce faire, Jean- Paul utilise un logiciel de PAO, le premier permettant de jouer facilement avec la forme des lettres. La version hypermédia apparaît sur le site des cotres en 2002. Quel en est le thème? «C'est l'histoire d'un cobaye humain payé pour jouer à l'audimat: ses yeux balaient l'écran et l'écran les filme, pour alimenter la base de données que louent les militaires, les publicitaires, tous ceux qui font leur soupe de nos visions.»
# Cyber-littérature et technologie
Selon Jean-Paul, l'avenir de la cyber-littérature est tracé par sa technologie même. «Il est maintenant impossible à un(e) auteur(e) seul(e) de manier à la fois les mots, leur apparence mouvante et leur sonorité. Maîtriser aussi bien Director, Photoshop et Cubase, pour ne citer que les plus connus, c'était possible il y a dix ans, avec les versions 1. Ça ne l'est plus. Dès demain (matin), il faudra savoir déléguer les compétences, trouver des partenaires financiers aux reins autrement plus solides que Gallimard, voir du côté d'Hachette-Matra, Warner, Hollywood. Au mieux, le statut de… l'écrivaste? du multimédiaste? sera celui du vidéaste, du metteur en scène, du directeur de produit: c'est lui qui écope des palmes d'or à Cannes, mais il n'aurait jamais pu les décrocher seul. Soeur jumelle (et non pas clone) du cinématographe, la cyber-littérature (= la vidéo + le lien) sera une industrie, avec quelques artisans isolés dans la périphérie off-off (aux droits d'auteur négatifs, donc).»
Sept ans plus tard, en janvier 2007, Jean-Paul fait à nouveau le point sur son activité d'entoileur. «J'ai gagné du temps. J'utilise moins de logiciels, dont j'intègre le résultat dans Flash. Ce dernier m'assure de contrôler à 90% le résultat à l'affichage sur les écrans de réception (au contraire de ceux qui préfèrent présenter des oeuvres ouvertes, où l'intervention tantôt du hasard tantôt de l'internaute est recherchée). Je peux maintenant me concentrer sur le coeur de la chose: l'architecture et le développement du récit.»
Selon lui, «les deux points forts des trois ou quatre ans à venir [en 2007] sont: (a) la généralisation du très haut débit (c'est-à-dire en fait du débit normal), qui va m'affranchir des limitations purement techniques, notamment des soucis de poids et d'affichage des fichiers (mort définitive, enfin, des histogrammes de chargement); (b) le développement de la 3 D. C'est le récit en hypermédia (= le multimédia + le clic) qui m'intéresse. Les pièges que pose un récit en 2 D sont déjà passionnants. Avec la 3 D, il va falloir chevaucher le tigre pour éviter la simple prouesse technique et laisser la priorité au récit.»
# Les cotres au présent
En juin 2011, la page d'accueil de cotres.net donne accès à trois oeuvres hypermédias qui sont tout autant de parcours, puisant leur inspiration dans la région parisienne et sur toute la planète.
«Solstice» (2008) est une «carte de voeux à vocation universelle: on l'envoie à tout moment, adressée à tous les peuples de l'univers, sans oublier les autres. Elle est ronde, pour lutter contre les angles blessants de tous ces rectangles autour de nous, la dictature universelle du rectangle.»
«Agression93» (2009) est «un roman dépliable, sous l'apparence d'une nouvelle. Un fait-divers infime, le récit d'une agression minuscule. Mais on sent bien qu'il y a autre chose. Il va falloir choisir, et vite: la vengeance ou la justice.»
Ce parcours peut durer entre quatre minutes pour le lecteur pressé (en suivant uniquement les V et les > situés en bas et à droite de l'écran) et quinze minutes pour le lecteur averti (en explorant tous les liens, c'est-à-dire en passant la souris sur ceux-ci puis en cliquant sur certains).
«Aux jardins de Picpus» (2010) est «une visite guidée muette du petit jardin de Picpus [dans Paris] et de ses fantômes, ceux pour qui le jardin n'est pas fait et dont les traces sont partout. Un jardin, c'est d'abord des murs, ou des grilles, ou une ligne dans la tête, ou le paradis d'après certains.»
2000 > UN FORMAT STANDARD POUR LE LIVRE NUMÉRIQUE
[Résumé] Les années 1998-2001 sont marquées par la prolifération des formats, chacun lançant son propre format de livre numérique dans le cadre d'un marché naissant promis à une expansion rapide, d'où l'intérêt d'un format standard. Disponible en septembre 1999 dans sa version 1.0, l'OeB (Open eBook) est un format de livre numérique basé sur le langage XML (eXtensible Markup Language) et destiné à normaliser le contenu, la structure et la présentation des livres numériques. Le format OeB est défini par l'OeBPS (Open eBook Publication Structure). Fondé en janvier 2000, l'Open eBook Forum (OeBF) est un consortium industriel international regroupant constructeurs, concepteurs de logiciels, éditeurs, libraires et spécialistes du numérique (avec 85 participants en 2002). Le format OeB sert de base à de nombreux formats, par exemple le format LIT pour le Microsoft Reader et le format PRC pour le Mobipocket Reader. Le format EPUB succède au format OeB en avril 2005.
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Les années 1998-2001 sont marquées par la prolifération des formats, chacun lançant son propre format de livre numérique dans le cadre d'un marché naissant promis à une expansion rapide, d'où la nécessité d'un format standard.
Aux formats classiques - formats TXT (texte), DOC (Microsoft Word), HTML (HyperText Markup Language), XML (eXtensible Markup Language) et PDF (Portable Document Format) - s'ajoutent des formats propriétaires créés par plusieurs sociétés pour lecture sur leurs propres logiciels, qui sont entre autres le Glassbook Reader, le Peanut Reader, le Rocket eBook Reader (pour le Rocket eBook), le Franklin Reader (pour l'eBookMan), le logiciel de lecture Cytale (pour le Cybook), le Gemstar eBook Reader (pour le Gemstar eBook) et le Palm Reader (pour le Palm Pilot). Ces logiciels correspondent souvent à un appareil donné - tablette de lecture ou PDA - et ne peuvent donc pas être utilisés sur d'autres appareils, tous comme les formats qui vont avec.
# Le format OeB (Open eBook)
À l'instigation du NIST (National Institute of Standards & Technology) aux États-Unis, l'Open eBook Initiative voit le jour en juin 1998 et constitue un groupe de travail de 25 personnes sous le nom d'Open eBook Authoring Group. Ce groupe élabore l'OeB (Open eBook), un format de livre numérique basé sur le langage XML et destiné à normaliser le contenu, la structure et la présentation des livres numériques.
Le format OeB est défini par l'OeBPS (Open eBook Publication Structure), dont la version 1.0 est disponible en septembre 1999. Téléchargeable gratuitement, l'OeBPS dispose d'une version ouverte et gratuite appartenant au domaine public. La version originale est destinée aux professionnels de la publication puisqu'elle doit souvent être associée à une technologie normalisée de gestion des droits numériques, et donc à un système de DRM (Digital Rights Management) permettant de contrôler l'accès des livres numériques sous droits.
Fondé en janvier 2000 pour prendre la suite de l'Open eBook Initiative, l'Open eBook Forum (OeBF) est un consortium industriel international regroupant constructeurs, concepteurs de logiciels, éditeurs, libraires et spécialistes du numérique (avec 85 participants en 2002) dans l'optique de développer le format OeB et l'OeBPS. Le format OeB devient un standard qui sert lui-même de base à de nombreux formats, par exemple le format LIT pour le Microsoft Reader ou le format PRC pour le Mobipocket Reader.
# Le format LIT de Microsoft
Microsoft lance en avril 2000 son propre PDA, le Pocket PC, tout comme le Microsoft Reader, un logiciel permettant la lecture de livres numériques au format LIT (abrégé du terme anglais «literature»), lui- même basé sur le format OeB.
Les caractéristiques du Microsoft Reader sont un affichage utilisant la technologie ClearType, le choix de la taille des caractères, la mémorisation des mots-clés pour des recherches ultérieures et l'accès d'un clic au Merriam-Webster Dictionary.
Quatre mois plus tard, en août 2000, le Microsoft Reader est disponible pour toute plateforme Windows, et donc aussi bien pour ordinateur que pour PDA, sans oublier la Tablet PC un peu plus tard, lors de son lancement en novembre 2002.
Ce logiciel étant téléchargeable gratuitement, Microsoft facture les éditeurs et distributeurs pour l'utilisation de sa technologie DRM de gestion des droits numériques par le biais du Microsoft Digital Asset Server (DAS), et touche une commission sur la vente de chaque titre.
Microsoft passe aussi des partenariats avec les grandes librairies en ligne Barnes & Noble.com en janvier 2000 et Amazon.com en août 2000 pour que celles-ci vendent des livres numériques lisibles sur le Microsoft Reader.
Le Windows CE, système d'exploitation du Pocket PC, est remplacé en octobre 2001 par le Pocket PC 2002 pour permettre la lecture des livres numériques sous droits.
En 2002, la gamme Pocket PC permet la lecture sur trois logiciels: le Microsoft Reader bien sûr, le Mobipocket Reader et le Palm Reader, qui est le logiciel de lecture du Palm Pilot, lancé dès mars 1996 en tant que premier PDA du marché.
# Le format PRC de Mobipocket
Fondé à Paris en mars 2000 par Thierry Brethes et Nathalie Ting,
Mobipocket se spécialise d'emblée dans la distribution sécurisée de
livres numériques pour PDA. La société est en partie financée par
Viventures, branche de la multinationale française Vivendi.
Mobipocket lance le Mobipocket Reader, un logiciel permettant la lecture de fichiers au format PRC, lui-même basé sur le format OeB. Gratuit et disponible dans cinq langues (français, anglais, allemand, espagnol, italien), ce logiciel est «universel», c'est-à-dire utilisable sur tout PDA (Palm Pilot, Pocket PC, eBookMan, Psion, etc.).
En octobre 2001, le Mobipocket Reader reçoit l'eBook Technology Award de la Foire internationale du livre à Francfort (Allemagne). À la même date, Franklin passe un partenariat avec Mobipocket pour proposer le Mobipocket Reader par défaut sur l'eBookMan, le PDA multimédia de Franklin, en plus du Franklin Reader, au lieu du partenariat prévu à l'origine entre Franklin et Microsoft pour proposer le Microsoft Reader.
Si le Mobipocket Reader est gratuit, d'autres logiciels Mobipocket sont payants. Le Mobipocket Web Companion est un logiciel d'extraction automatique de contenu pour les sites de presse partenaires de la société. Le Mobipocket Publisher permet aux particuliers (version privée gratuite ou version standard payante) et aux éditeurs (version professionnelle payante) de créer des livres numériques sécurisés utilisant la technologie Mobipocket DRM pour contrôler l'accès aux livres numériques sous droits. Dans un souci d'ouverture aux autres formats, le Mobipocket Publisher permet aussi de créer des livres numériques au format LIT pour lecture sur le Microsoft Reader.
Déjà utilisable sur n'importe quel PDA, le Mobipocket Reader est également disponible sur ordinateur en avril 2002 puis sur les premiers smartphones de Nokia et Sony Ericsson au printemps 2003.
À la même date, le nombre de livres lisibles sur le Mobipocket Reader se chiffre à 6.000 titres disponibles dans quatre langues (français, anglais, allemand, espagnol), distribués soit sur le site de Mobipocket soit dans des librairies partenaires. Mobipocket est racheté par Amazon en avril 2005.
# Le format EPUB
En avril 2005, l'Open eBook Forum devient l'International Digital Publishing Forum (IDPF), et le format OeB laisse la place au format EPUB, acronyme de «electronic publication». Ce format est largement utilisé par les éditeurs parce qu'il facilite la mise en page des livres sur tout appareil de lecture (ordinateur, téléphone mobile, smartphone, tablette de lecture) en fonction de la taille de l'écran. Les fichiers PDF (autre standard du livre numérique) créés avec des versions récentes du logiciel Adobe Acrobat sont compatibles avec le format EPUB.
2000 > NUMILOG, LIBRAIRIE NUMÉRIQUE
[Résumé] Numilog ouvre ses portes «virtuelles» en octobre 2000 pour vendre exclusivement des livres numériques, par téléchargement et dans plusieurs formats. Fondée par Denis Zwirn en avril 2000, six mois avant l'ouverture de la librairie numérique, la société a en fait une triple activité: librairie en ligne, studio de fabrication et diffuseur. En 2003, le catalogue comprend 3.500 titres (livres et périodiques) en français et en anglais. En décembre 2006, Numilog propose 35.000 livres numériques grâce à un partenariat avec soixante éditeurs. Au fil des ans, Numilog devient la principale librairie francophone de livres numériques. En janvier 2009, Numilog, devenu filiale du groupe Hachette Livre (en mai 2008), est un distributeur-diffuseur numérique représentant une centaine d'éditeurs francophones et anglophones, avec un catalogue de 50.000 livres numériques et des services spécifiques pour les bibliothèques et les librairies.
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Numilog ouvre ses portes «virtuelles» en octobre 2000 pour vendre exclusivement des livres numériques, par téléchargement et dans plusieurs formats.
# Une triple activité
Fondée par Denis Zwirn en avril 2000, six mois avant l'ouverture de la librairie numérique, la société a en fait une triple activité: librairie en ligne, studio de fabrication et diffuseur.
Denis relate en février 2001: «Dès 1995, j'avais imaginé et dessiné des modèles de lecteurs électroniques permettant d'emporter sa bibliothèque avec soi et pesant comme un livre de poche. Début 1999, j'ai repris ce projet avec un ami spécialiste de la création de sites internet, en réalisant la formidable synergie possible entre des appareils de lecture électronique mobiles et le développement d'internet, qui permet d'acheminer les livres dématérialisés en quelques minutes dans tous les coins du monde. (…)
Numilog est d'abord une librairie en ligne de livres numériques. Notre site internet est dédié à la vente en ligne de ces livres, qui sont envoyés par courrier électronique ou téléchargés après paiement par carte bancaire. Il permet aussi de vendre des livres par chapitres.
Numilog est également un studio de fabrication de livres numériques: aujourd'hui [début 2001], les livres numériques n'existent pas chez les éditeurs, il faut donc d'abord les fabriquer avant de pouvoir les vendre, dans le cadre de contrats négociés avec les éditeurs détenteurs des droits. Ce qui signifie les convertir à des formats convenant aux différents "readers" du marché. (…)
Enfin Numilog devient aussi progressivement un diffuseur. Car, sur internet, il est important d'être présent en de très nombreux points du réseau pour faire connaître son offre. Pour les livres en particulier, il faut les proposer aux différents sites thématiques ou de communautés, dont les centres d'intérêt correspondent à leur sujet (sites de fans d'histoire, de management, de science-fiction…). Numilog facilitera ainsi la mise en oeuvre de multiples "boutiques de livres numériques" thématiques.»
Les livres sont disponibles en plusieurs formats: le format PDF pour lecture sur l'Acrobat Reader (devenu l'Adobe Reader en mai 2003), le format LIT pour lecture sur le Microsoft Reader et le format PRC pour lecture sur le Mobipocket Reader.
En septembre 2003, le catalogue comprend 3.500 titres (livres et périodiques) en français et en anglais, grâce à un partenariat avec une quarantaine d'éditeurs, le but à long terme étant de «permettre à un public d'internautes de plus en plus large d'avoir progressivement accès à des bases de livres numériques aussi importantes que celles des livres papier, mais avec plus de modularité, de richesse d'utilisation et à moindre prix».
# L'expansion
Au fil des ans, Numilog devient la principale librairie francophone de livres numériques, suite à des accords avec de nombreux éditeurs: Gallimard, Albin Michel, Eyrolles, Hermès Science, Pearson Education France, etc. Numilog propose aussi des livres audionumériques lisibles sur synthèse vocale. Une librairie anglophone est lancée suite à des accords de diffusion conclus avec plusieurs éditeurs anglo-saxons: Springer-Kluwer, Oxford University Press, Taylor & Francis, Kogan Page, etc. Les différents formats proposés permettent la lecture des livres sur tout appareil électronique: ordinateur, PDA, téléphone mobile, smartphone et tablette de lecture.
Si les livres numériques ont une longue vie devant eux, les appareils de lecture risquent de muer régulièrement. Selon Denis Zwirn, interviewé à nouveau en février 2003, «l'équipement des individus et des entreprises en matériel pouvant être utilisé pour la lecture numérique dans une situation de mobilité va continuer de progresser très fortement dans les dix prochaines années sous la forme de machines de plus en plus performantes (en terme d'affichage, de mémoire, de fonctionnalités, de légèreté…) et de moins en moins chères. Cela prend dès aujourd'hui la forme de PDA (Pocket PC et Palm Pilot), de tablettes PC et de smartphones, ou de smart displays (écrans tactiles sans fil). Trois tendances devraient être observées: la convergence des usages (téléphone/PDA), la diversification des types et tailles d'appareils (de la montre-PDA-téléphone à la tablette PC waterproof), la démocratisation de l'accès aux machines mobiles (des PDA pour enfants à 15 euros). Si les éditeurs et les libraires numériques savent en saisir l'opportunité, cette évolution représente un environnement technologique et culturel au sein duquel les livres numériques, sous des formes variées, peuvent devenir un mode naturel d'accès à la lecture pour toute une génération.»
En 2004, Numilog met sur pied un système de bibliothèque en ligne pour le prêt de livres numériques, avant de proposer aux librairies un service de vente de livres numériques sur leur propre site. En décembre 2006, le catalogue de Numilog comprend 35.000 livres grâce à un partenariat avec soixante éditeurs francophones et anglophones.
En mai 2008, Numilog devient une filiale du groupe Hachette Livre. En janvier 2009, Numilog est désormais un distributeur-diffuseur numérique représentant une centaine d'éditeurs francophones et anglophones, avec un catalogue de 50.000 livres numériques distribués auprès des particuliers et des bibliothèques, tout en offrant aussi des services spécifiques à destination des libraires.
2000 > LA BIBLE DE GUTENBERG EN LIGNE
[Résumé] En 2000, le livre numérique a bientôt trente ans puisqu'il voit le jour en juillet 1971 en tant que premier titre (eText #1) du Projet Gutenberg. Signe des temps peut-être, la British Library met en ligne en novembre 2000 une version numérisée de la Bible de Gutenberg, qui fut le premier livre imprimé. Datant de 1454, cette Bible aurait été imprimée par Gutenberg en 180 exemplaires dans son atelier de Mayence, en Allemagne. En 2000, 48 exemplaires, dont certains incomplets, existeraient toujours. La British Library en possède deux versions complètes. En mars 2000, dix chercheurs et experts techniques de l'Université Keio de Tokyo et de NTT (Nippon Telegraph and Telephone Communications) viennent passer deux semaines sur place pour numériser les deux versions, légèrement différentes. Ces versions numérisées sont mises en ligne quelques mois plus tard, en novembre 2000.
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Bientôt trente ans pour le livre numérique. Signe des temps peut-être, la British Library met en ligne en novembre 2000 une version numérisée de la Bible originale de Gutenberg, qui fut le premier livre imprimé.
# Le premier livre imprimé en ligne
En 2000, le livre numérique a bientôt trente ans, puisqu'il voit le jour en juillet 1971 en tant que premier titre (eText #1) du Projet Gutenberg.
Le livre imprimé a cinq siècles et demi. Datant de 1454, la première Bible imprimée aurait été imprimée par Gutenberg en 180 exemplaires dans son atelier de Mayence, en Allemagne. 48 exemplaires, dont certains incomplets, existeraient toujours. La British Library en possède deux versions complètes.
En mars 2000, dix chercheurs et experts techniques de l'Université Keio de Tokyo et de NTT (Nippon Telegraph and Telephone Communications) viennent passer deux semaines sur place pour numériser les deux versions complètes, légèrement différentes. Ces versions numérisées sont mises en ligne quelques mois plus tard, en novembre 2000.
D'autres trésors de la British Library sont déjà en ligne, par exemple Beowulf, premier joyau de la littérature anglaise datant du 11e siècle, Magna Carta, premier texte constitutionnel anglais signé en 1215, les Lindisfarne Gospels, une oeuvre datant de 698, le Diamond Sutra, autre joyau datant de 868, les Sforza Hours, trésor de la Renaissance datant de 1490-1520, le Codex Arundel, composé de notes de Léonard de Vinci de 1478 à 1518, ou encore le Tyndale New Testament, qui fut le premier Nouveau Testament en langue anglaise, imprimé en 1526 sur les presses de Peter Schoeffer à Worms (Allemagne).
# État des lieux à la fin 2000
Fin 2000, outre ces trésors inestimables mis à la disposition de tous, des milliers d'oeuvres du domaine public sont en accès libre sur le web dans des bibliothèques numériques.
Les libraires et les éditeurs ont pour la plupart un site web. Certains naissent directement sur le web, avec la totalité de leurs transactions faites via l'internet.
Outre le prêt de documents en tous genres et la gestion d'ouvrages de référence, les bibliothécaires guident les usagers sur l'internet, sélectionnent et organisent des informations à leur intention pour leur éviter de se noyer sur la toile, et créent un site web incluant un catalogue en ligne et une bibliothèque numérique.
De plus en plus de livres et de revues ne sont disponibles qu'en version numérique, pour éviter les coûts d'une publication imprimée. De «statique» dans les livres imprimés, l'information devient «fluide» sur l'internet, avec possibilité d'actualisation constante.
Nombre d'auteurs s'accordent à reconnaître les bienfaits de l'internet, que ce soit pour la recherche d'information, la diffusion de leurs oeuvres, les échanges avec les lecteurs ou la collaboration avec d'autres créateurs, sans parler d'un prolongement de leurs livres sur un site web, tout comme la possibilité de s'auto-publier avec succès.
Les éditeurs scientifiques et techniques commencent à repenser leur travail et à s'orienter vers une diffusion en ligne, les tirages imprimés restant toujours possibles à titre ponctuel. Certaines universités diffusent désormais des manuels «sur mesure» composés d'un choix de chapitres et d'articles sélectionnés dans une base de données, auxquels s'ajoutent les commentaires des professeurs.
Des auteurs explorent les possibilités offertes par l'hyperlien pour créer de nouveaux genres tels que roman multimédia et hypermédia, narration hypertextuelle, oeuvre d'hyperfiction, site web d'écriture hypermédia, mail-roman, etc. La littérature numérique - appelée aussi littérature électronique, cyber-littérature ou littérature HTX (HyperTeXt) - bouscule désormais la littérature traditionnelle en lui apportant un souffle nouveau, tout en intégrant d'autres formes artistiques puisque le support numérique favorise la fusion de l'écrit avec l'image et le son.
L'internet devient indispensable pour se documenter, communiquer, avoir accès aux documents et élargir ses connaissances. Il n'est plus utile de courir après l'information dont nous avons besoin. Cette information est à notre portée, en quantité, y compris pour ceux qui suivent leurs études par correspondance, qui vivent en rase campagne, qui travaillent à domicile ou qui sont cloués sur un lit.
Le web devient une gigantesque encyclopédie, une énorme bibliothèque, une immense librairie et un médium des plus complets.
Certains lisent même un livre sur leur ordinateur, leur PDA ou leur tablette de lecture (encore hors de prix).
2001 > LE WEB AU SERVICE DES AUTEURS
[Résumé] Nombre d'auteurs s'accordent à reconnaître les bienfaits de l'internet, que ce soit pour la diffusion de leurs oeuvres, les échanges avec les lecteurs ou la collaboration avec d'autres créateurs. Voici quatre expériences parmi tant d'autres. Silvaine Arabo, poète et peintre, propose une revue imprimée «Saraswati: revue de poésie, d'art et de réflexion» en mars 2001 après avoir lancé sa cyber-revue «Poésie d'hier et d'aujourd'hui» en mai 1997. Raymond Godefroy, écrivain-paysan normand, publie ses fables sur le site web des éditions du Choucas en décembre 1999, avec un beau design de Nicolas Pewny, avant d'en auto- publier une version imprimée en juin 2001. Anne-Bénédicte Joly, romancière et essayiste, crée un site web en avril 2000 en tant que vitrine pour diffuser ses romans auto-édités. Michel Benoît, auteur de nouvelles, utilise l'internet pour élargir ses horizons et pour «abolir le temps et la distance».
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Nombre d'auteurs s'accordent à reconnaître les bienfaits de l'internet, que ce soit pour la diffusion de leurs oeuvres, les échanges avec les lecteurs ou la collaboration avec d'autres créateurs. Voici quatre expériences parmi tant d'autres.
# Des poèmes sur deux supports
Poète et plasticienne, Silvaine Arabo vit en France, dans la région Poitou-Charentes. En mai 1997, elle crée «Poésie d'hier et d'aujourd'hui», l'un des premiers sites francophones consacrés à la poésie.
En juin 1998, elle raconte: «Pour ce qui est d'internet, je suis autodidacte (je n'ai reçu aucune formation informatique quelle qu'elle soit). J'ai eu l'idée de construire un site littéraire centré sur la poésie: internet me semble un moyen privilégié pour faire circuler des idées, pour communiquer ses passions aussi. Je me suis donc mise au travail, très empiriquement, et ai finalement abouti à ce site sur lequel j'essaye de mettre en valeur des poètes contemporains de talent, sans oublier la nécessaire prise de recul (rubrique "Réflexions sur la poésie") sur l'objet considéré. (…)
Par ailleurs, internet m'a mis en contact avec d'autres poètes, dont certains fort intéressants. Cela rompt le cercle de la solitude et permet d'échanger des idées. On se lance des défis aussi. Internet peut donc pousser à la créativité et relancer les motivations des poètes puisqu'ils savent qu'ils seront lus et pourront même, dans le meilleur des cas, correspondre avec leurs lecteurs et avoir les points de vue de ceux-ci sur leurs textes. Je ne vois personnellement que des aspects positifs à la promotion de la poésie par internet, tant pour le lecteur que pour le créateur.»
Très vite, «Poésie d'hier et d'aujourd'hui» prend la forme d'une cyber- revue. Quatre ans plus tard, en mars 2001, Silvaine Arabo crée une deuxième revue, «Saraswati: revue de poésie, d'art et de réflexion», cette fois sous forme imprimée. Les deux revues «se complètent et sont vraiment à placer en regard l'une de l'autre».
# Des fables publiées en ligne
Le Choucas est une maison d'édition haut-savoyarde gérée par Nicolas et Suzanne Pewny. Bien qu'étant d'abord un éditeur à vocation commerciale, le Choucas tient aussi à avoir des activités non commerciales afin de faire connaître des auteurs peu diffusés, par exemple Raymond Godefroy, écrivain-paysan normand, qui désespérait de trouver un éditeur pour son recueil de fables, intitulé «Fables pour l'an 2000». Quelques jours avant l'année 2000, Nicolas Pewny publie ce recueil en ligne, avec un beau design.
Enthousiaste à la vue de ses fables en version numérique, Raymond Godefroy écrit à la même date: «Internet représente pour moi un formidable outil de communication qui nous affranchit des intermédiaires, des barrages doctrinaires et des intérêts des médias en place. Soumis aux mêmes lois cosmiques, les hommes, pouvant mieux se connaître, acquerront peu à peu cette conscience du collectif, d'appartenir à un même monde fragile pour y vivre en harmonie sans le détruire. Internet est absolument comme la langue d'Ésope, la meilleure et la pire des choses, selon l'usage qu'on en fait, et j'espère qu'il me permettra de m'affranchir en partie de l'édition et de la distribution traditionnelle qui, refermée sur elle-même, souffre d'une crise d'intolérance pour entrer à reculons dans le prochain millénaire.»
Très certainement autobiographique, la fable «Le poète et l'éditeur» (sixième fable de la troisième partie) relate on ne peut mieux les affres du poète à la recherche d'un éditeur. Raymond Godefroy restant très attaché au papier, il décide toutefois d'auto-publier la version imprimée de ses fables en juin 2001, avec un titre légèrement différent, «Fables pour les années 2000», puisque le cap du 21e siècle est désormais franchi.
# Le site web d'une romancière
Autre expérience, celle d'Anne-Bénédicte Joly, romancière et essayiste, qui habite en région parisienne. En avril 2000, elle crée un site web en tant que vitrine pour diffuser ses livres auto-édités.
Elle relate trois mois plus tard: «Mon site a plusieurs objectifs. Présenter mes livres (essais, nouvelles et romans auto-édités) à travers des fiches signalétiques (dont le format est identique à celui que l'on trouve dans la base de données Électre) et des extraits choisis, présenter mon parcours (de professeur de lettres et d'écrivain), permettre de commander mes ouvrages, offrir la possibilité de laisser des impressions sur un livre d'or, guider le lecteur à travers des liens vers des sites littéraires. (…)
Créer un site internet me permet d'élargir le cercle de mes lecteurs en incitant les internautes à découvrir mes écrits. Internet est également un moyen pour élargir la diffusion de mes ouvrages. (…) Internet devra me permettre d'aller à la rencontre de lecteurs (d'internautes) que je n'aurai pas l'occasion en temps ordinaire de côtoyer. Je pense à des pays francophones tels que le Canada qui semble réserver une place importante à la littérature francaise.»
Pourquoi ce choix d'auto-éditer ses oeuvres? «Après avoir rencontré de nombreuses fins de non-recevoir auprès des maisons d'édition et ne souhaitant pas opter pour des éditions à compte d'auteur, j'ai choisi, parce que l'on écrit avant tout pour être lu (!), d'avoir recours à l'auto-édition. Je suis donc un écrivain-éditeur et j'assume l'intégralité des étapes de la chaîne littéraire, depuis l'écriture jusqu'à la commercialisation, en passant par la saisie, la mise en page, l'impression, le dépôt légal et la diffusion de mes livres. Mes livres sont en règle générale édités à 250 exemplaires et je parviens systématiquement à couvrir mes frais fixes.»
# Une «ouverture sur le monde»
Auteur de nouvelles (polars, récits noirs, histoires fantastiques), Michel Benoît utilise l'internet pour élargir ses horizons et pour «abolir le temps et la distance» entre Montréal, où il habite, et de nombreux lieux de la planète.
Michel relate en juin 2000: «L'internet s'est imposé à moi comme outil de recherche et de communication, essentiellement. Non, pas essentiellement. Ouverture sur le monde aussi. Si l'on pense "recherche", on pense "information". Voyez-vous, si l'on pense "écriture", "réflexion", on pense "connaissance", "recherche". Donc on va sur la toile pour tout, pour une idée, une image, une explication. Un discours prononcé il y a vingt ans, une peinture exposée dans un musée à l'autre bout du monde. On peut donner une idée à quelqu'un qu'on n'a jamais vu, et en recevoir de même. La toile, c'est le monde au clic de la souris. On pourrait penser que c'est un beau cliché. Peut-être bien, à moins de prendre conscience de toutes les implications de la chose. L'instantanéité, l'information tout de suite, maintenant. Plus besoin de fouiller, de se taper des heures de recherche. On est en train de faire, de produire. On a besoin d'une information. On va la chercher, immédiatement. De plus, on a accès aux plus grandes bibliothèques, aux plus importants journaux, aux musées les plus prestigieux. (…)
Mon avenir professionnel en inter-relation avec le net, je le vois exploser. Plus rapide, plus complet, plus productif. Je me vois faire en une semaine ce qui m'aurait pris des mois. Plus beau, plus esthétique. Je me vois réussir des travaux plus raffinés, d'une facture plus professionnelle, même et surtout dans des domaines connexes à mon travail, comme la typographie, où je n'ai aucune compétence. La présentation, le transport de textes, par exemple. Le travail simultané de plusieurs personnes qui seront sur des continents différents. Arriver à un consensus en quelques heures sur un projet, alors qu'avant le net, il aurait fallu plusieurs semaines, parlons de mois entre les francophones. Plus le net ira se complexifiant, plus l'utilisation du net deviendra profitable, nécessaire, essentielle.»
2001 > DE NOUVEAUX GENRES LITTÉRAIRES
[Résumé] Des auteurs tentent de nouvelles expériences littéraires. Voici deux expériences parmi tant d'autres, d'une part un cyber-polar et d'autre part un mail-roman. Après avoir écrit un roman policier sous forme de feuilleton sur le web en 1998 et 1999, Anne-Cécile Brandenbourger le publie en version numérique chez 00h00 en février 2000 puis en version imprimée en août 2000. Jean-Pierre Balpe diffuse quotidiennement par courriel pendant cent jours (du 11 avril au 19 juillet 2001) un chapitre de son mail-roman «Rien n'est sans dire» auprès de cinq cents personnes - sa famille, ses amis, ses collègues, etc. - en y intégrant les réponses et les réactions de ses lecteurs. Cette idée d'un mail- roman est issue de deux sources différentes: «d'une part en se demandant ce qu'internet peut apporter sur le plan de la forme à la littérature, d'autre part en lisant la littérature épistolaire du 18e siècle, ces fameux romans par lettres». Selon l'auteur, «les technologies numériques sont une chance extraordinaire du renouvellement du littéraire».
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Des auteurs tentent de nouvelles expériences littéraires. Voici deux
expériences parmi tant d'autres, d'une part un cyber-polar d'Anne-
Cécile Brandenbourger et d'autre part un mail-roman de Jean-Pierre
Balpe.
# Un cyber-polar
Né en Belgique sous la plume d'Anne-Cécile Brandenbourger, «Apparitions inquiétantes» est «une longue histoire à lire dans tous les sens, un labyrinthe de crimes, de mauvaises pensées et de plaisirs ambigus», qui se développe d'abord sous la forme d'un feuilleton en ligne sur le site d'Anacoluthe, pendant deux ans, en collaboration avec Olivier Lefèvre.
En février 2000, le roman est publié par 00h00 en version numérique (au format PDF) en tant que premier titre de la Collection 2003, consacrée aux écritures numériques, avec version imprimée à la demande.
Sur son site, 00h00 présente l'ouvrage comme «un cyber-polar fait de récits hypertextuels imbriqués en gigogne. Entre personnages de feuilleton américain et intrigue policière, le lecteur est - hypertextuellement - mené par le bout du nez dans cette saga aux allures borgésiennes. (…) C'est une histoire de meurtre et une enquête policière; des textes écrits court et montés serrés; une balade dans l'imaginaire des séries télé; une déstructuration (organisée) du récit dans une transposition littéraire du zapping; et par conséquent, des sensations de lecture radicalement neuves.»
Anne-Cécile relate en juin 2000: «Les possibilités offertes par l'hypertexte m'ont permis de développer et de donner libre cours à des tendances que j'avais déjà auparavant. J'ai toujours adoré écrire et lire des textes éclatés et inclassables (comme par exemple "La vie mode d'emploi" de Perec ou "Si par une nuit d'hiver un voyageur" de Calvino) et l'hypermédia m'a donné l'occasion de me plonger dans ces formes narratives en toute liberté. Car, pour créer des histoires non linéaires et des réseaux de textes qui s'imbriquent les uns dans les autres, l'hypertexte est évidemment plus approprié que le papier. Je crois qu'au fil des jours, mon travail hypertextuel a rendu mon écriture de plus en plus intuitive. Plus "intérieure" aussi peut-être, plus proche des associations d'idées et des mouvements désordonnés qui caractérisent la pensée lorsqu'elle se laisse aller à la rêverie. Cela s'explique par la nature de la navigation hypertextuelle, le fait que presque chaque mot qu'on écrit peut être un lien, une porte qui s'ouvre sur une histoire.»
Suite au succès du livre, les éditions Florent Massot publient en août 2000 une deuxième version imprimée (la première étant celle de 00h00, imprimée uniquement à la demande), sous le nouveau titre «La malédiction du parasol», avec une couverture en 3D et une maquette d'Olivier Lefèvre restituant le rythme de la version originale.
# Un mail-roman
Le premier mail-roman francophone est lancé en 2001 par Jean-Pierre Balpe, chercheur, écrivain et directeur du département hypermédia de l'Université Paris 8. Pendant très exactement cent jours, entre le 11 avril et le 19 juillet 2001, il diffuse quotidiennement par courriel un chapitre de «Rien n'est sans dire» auprès de cinq cents personnes - sa famille, ses amis, ses collègues, etc. - en y intégrant les réponses et les réactions de ses lecteurs.
Racontée par un narrateur, l'histoire est celle de Stanislas et Zita, qui vivent une passion tragique déchirée par une sombre histoire politique. L'auteur relate en février 2002: «Cette idée d'un mail-roman m'est venue tout naturellement. D'une part en me demandant depuis quelque temps déjà ce qu'internet peut apporter sur le plan de la forme à la littérature (…) et d'autre part en lisant de la littérature "épistolaire" du 18e siècle, ces fameux "romans par lettres". Il suffit alors de transposer: que peut être le "roman par lettres" aujourd'hui?»
Le déroulement de ce mail-roman a-t-il correspondu à ses attentes? «Oui ET non: au départ je n'avais pas d'attente, donc oui… De plus, si je n'avais pas d'attentes (…) je savais jusqu'où j'étais prêt à aller. Par exemple, je proposais aux lecteurs de participer au roman mais je n'ai jamais proposé qu'ils me remplacent: je voulais rester le maître (ah mais…). Ce qui m'amusait, c'était d'intégrer, dans une trame et une visée que je m'étais à peu près données, les propositions, y compris les plus farfelues, sans qu'elles paraissent comme telles et sans que je "vende mon âme au diable".
NON car j'ai quand même été un peu surpris du "classicisme" des propositions de lecteurs: on y retrouvait assez massivement les lieux communs les plus éculés (pardon pour le jeu de mot…) des feuilletons télévisés. Si je me laissais faire, nous n'étions pas loin du Loft. D'ailleurs, significativement, parce que c'était la période de diffusion de cette émission, plusieurs lecteurs y font référence dans leurs envois et essaient de m'entraîner sur ce terrain. Autrement dit, le plus surprenant peut-être est que des lecteurs qui s'inscrivaient volontairement à une expérience "littéraire" n'avaient de cesse de regarder du côté de la non-littérature, de la banalité et du lieu commun…»
Jean-Pierre Balpe tire plusieurs conclusions de cette expérience: «D'abord c'est un "genre": depuis, plusieurs personnes m'ont dit lancer aussi un mail-roman. Ensuite j'ai aperçu quantité de possibilités que je n'ai pas exploitées et que je me réserve pour un éventuel travail ultérieur. La contrainte du temps est ainsi très intéressante à exploiter: le temps de l'écriture bien sûr, mais aussi celui de la lecture: ce n'est pas rien de mettre quelqu'un devant la nécessité de lire, chaque jour, une page de roman. Ce "pacte" a quelque chose de diabolique. Et enfin le renforcement de ma conviction que les technologies numériques sont une chance extraordinaire du renouvellement du littéraire.»
2001 > WIKIPÉDIA, ENCYCLOPÉDIE COLLABORATIVE
[Résumé] Fondée en janvier 2001 à l'initiative de Jimmy Wales et Larry Sanger (Larry quitte plus tard l'équipe), Wikipédia est une encyclopédie gratuite en ligne écrite collectivement et dont le contenu est librement réutilisable. Sans publicité et financée par des dons, elle est rédigée par des milliers de volontaires, avec possibilité pour tout un chacun d'écrire, corriger ou compléter les articles, aussi bien les siens que ceux d'autres contributeurs. Les articles restent la propriété de leurs auteurs et leur libre utilisation est régie par la licence GFDL (GNU Free Documentation License) ou la licence Creative Commons. En décembre 2006, Wikipédia est l'un des dix sites les plus visités du web, avec 6 millions d'articles dans 250 langues. En 2009, Wikipédia est l'un des cinq sites les plus visités du web, le français étant la troisième langue de l'encyclopédie, après l'anglais et l'allemand. En janvier 2011, Wikipédia fête ses dix ans d'existence avec 17 millions d'articles dans 270 langues et 400 millions de visiteurs par mois pour l'ensemble de ses sites.
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Lancée en janvier 2001, Wikipédia est une encyclopédie gratuite en ligne écrite collectivement et dont le contenu est librement réutilisable.
Qu'est-ce qu'un wiki? Un wiki (terme hawaïen signifiant «vite») est un site web permettant à plusieurs utilisateurs de collaborer simultanément en ligne, en rédigeant le contenu du wiki, en le modifiant et en l'enrichissant en permanence. Le wiki est utilisé par exemple pour créer et gérer des sites d'information, des dictionnaires et des encyclopédies. Le programme présent derrière l'interface d'un wiki est plus ou moins élaboré. Un programme simple gère des textes et des hyperliens. Un programme élaboré permet d'inclure des images, des graphiques, des tableaux, etc.
Fondée en janvier 2001 à l'initiative de Jimmy Wales et Larry Sanger (Larry Sanger quitte plus tard l'équipe), Wikipédia est immédiatement très populaire. Sans publicité et financée par des dons, elle est rédigée par des milliers de volontaires - qui s'inscrivent sous un pseudonyme - avec possibilité pour tout un chacun d'écrire, corriger et compléter les articles, aussi bien les siens que ceux d'autres contributeurs. Les articles restent la propriété de leurs auteurs et leur libre utilisation est régie par la licence Creative Commons ou la licence GFDL (GNU Free Documentation License).
Créée en juin 2003, la Wikimedia Foundation gère non seulement Wikipédia mais aussi Wiktionary, un dictionnaire et thésaurus multilingue lancé en décembre 2002, Wikibooks (livres et manuels en cours de rédaction) lancé en juin 2003, auxquels s'ajoutent ensuite Wikiquote (répertoire de citations), Wikisource (textes appartenant au domaine public), Wikimedia Commons (sources multimédia), Wikispecies (répertoire d'espèces animales et végétales), Wikinews (site d'actualités) et enfin Wikiversity (matériel d'enseignement), lancé en août 2006.
En décembre 2004, Wikipédia compte 1,3 million d'articles rédigés par 13.000 contributeurs dans une centaine de langues. En décembre 2006, Wikipédia compte 6 millions d'articles dans 250 langues et devient l'un de dix sites les plus visités du web. En mai 2007, 7 millions d'articles sont disponibles dans 192 langues, dont 1,8 million d'articles en anglais, 589.000 articles en allemand, 500.000 articles en français, 260.000 articles en portugais et 236.000 articles en espagnol. En 2009, l'encyclopédie est l'un des cinq sites les plus visités du web. En septembre 2010, Wikipédia compte 14 millions d'articles dans 272 langues, dont 3,4 millions d'articles en anglais, 1,1 million d'articles en allemand et 1 million d'articles en français, qui est toujours la troisième langue de l'encyclopédie.
Wikipédia fête ses dix ans en janvier 2011 avec 17 millions d'articles dans 270 langues et 400 millions de visiteurs par mois pour l'ensemble de ses sites.
De plus, Wikipédia inspire bien d'autres projets au fil des ans, par exemple Citizendium, lancé en mars 2007 par Larry Sanger en tant qu'encyclopédie collaborative expérimentale au contenu vérifié par des experts, ou encore l'Encyclopedia of Life, un projet global qui voit le jour en mai 2007 pour recenser toutes les espèces animales et végétales connues.
2001 > D'AUTRES TABLETTES DE LECTURE
[Résumé] Après le Rocket eBook et le SoftBook Reader, apparus en 1998, les expériences se poursuivent avec le lancement d'autres tablettes de lecture au début des années 2000, les plus connues étant le Gemstar eBook aux États-Unis et le Cybook en Europe. Grande société américaine spécialisée dans les produits et services numériques pour les médias, Gemstar lance le Gemstar eBook en novembre 2000 après avoir racheté les deux sociétés californiennes auteures des deux premières tablettes de lecture du marché, à savoir Nuvomedia (auteur du Rocket eBook) et SoftBook Press (auteur du SoftBook Reader). Première tablette de lecture européenne, le Cybook est lancé en janvier 2001 par la société française Cytale. Sa mémoire - 32 Mo de mémoire SDRAM (Synchronous Dynamic Random Access Memory) et 16 Mo de mémoire flash - permet de stocker 15.000 pages de texte, soit 30 livres de 500 pages, dans un appareil de 21 x 16 cm pesant un kilo.
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Après le Rocket eBook et le SoftBook Reader, apparus en 1998, d'autres tablettes de lecture voient le jour au début des années 2000, les plus connues étant le Gemstar eBook aux États-Unis et le Cybook en Europe.
# Le Gemstar eBook
Grande société américaine spécialisée dans les produits et services numériques pour les médias, Gemstar lance le Gemstar eBook en novembre 2000 aux États-Unis après avoir racheté les deux sociétés californiennes auteures des premières tablettes de lecture du marché, à savoir Nuvomedia (auteur du Rocket eBook) et SoftBook Press (auteur du SoftBook Reader).
Le Gemstar eBook se décline en deux modèles - le REB 1100 (écran noir et blanc, successeur du Rocket eBook) et le REB 1200 (écran couleur, successeur du SoftBook Reader) - construits et vendus sous le label RCA, appartenant à Thomson Multimedia. Le système d'exploitation, le navigateur et le logiciel de lecture sont spécifiques à l'appareil, tout comme le format de lecture, basé sur le format OeB (Open eBook). Les deux modèles sont vendus respectivement 300 et 699 dollars US par la chaîne de magasins SkyMall.
Les ventes sont très inférieures aux pronostics. En avril 2002, un article du New York Times annonce l'arrêt de la fabrication de ces tablettes par RCA. Lancés à l'automne 2002, les modèles suivants - le GEB 1150 et le GEB 2150 - sont produits cette fois sous le label Gemstar et vendus par SkyMall à un prix beaucoup plus compétitif, avec ou sans abonnement annuel ou bisannuel à la librairie numérique du Gemstar eBook. Le GEB 1150 coûte 199 dollars sans abonnement, et 99 dollars avec abonnement annuel (facturé 20 dollars par mois). Le GEB 2150 coûte 349 dollars sans abonnement, et 199 dollars avec abonnement bisannuel (facturé lui aussi 20 dollars par mois).
Mais les ventes restent peu concluantes - faute d'un marché mûr pour ce genre d'appareil - et Gemstar décide de mettre fin à ses activités eBook. La société cesse la vente de ses tablettes de lecture en juin 2003 et la vente de ses livres numériques le mois suivant.
# Le Cybook
Première tablette de lecture européenne, le Cybook est lancé en janvier 2001 par la société française Cytale.
Sa mémoire - 32 Mo de mémoire SDRAM (Synchronous Dynamic Random Access Memory) et 16 Mo de mémoire flash - permet de stocker 15.000 pages de texte, soit 30 livres de 500 pages, dans un appareil de 21 x 16 cm pesant un kilo.
Olivier Pujol, PDG de Cytale, écrit en décembre 2000: «J'ai croisé il y a deux ans le chemin balbutiant d'un projet extraordinaire, le livre électronique. Depuis ce jour, je suis devenu le promoteur impénitent de ce nouveau mode d'accès à l'écrit, à la lecture, et au bonheur de lire. La lecture numérique se développe enfin, grâce à cet objet merveilleux: bibliothèque, librairie nomade, livre "adaptable", et aussi moyen d'accès à tous les sites littéraires (ou non), et à toutes les nouvelles formes de la littérature, car c'est également une fenêtre sur le web.»
Quelle est exactement l'activité de Cytale? «Conception et commercialisation d'un livre électronique, conception, développement et gestion d'un site internet de diffusion de livres numériques, préparation et formatage de livres numériques.»
Quelles sont les perspectives? «L'utilisation d'internet pour le transport de contenu est un secteur de développement majeur. La société a pour vocation de développer une base de contenu en provenance d'éditeurs, et de les diffuser vers des supports de lecture sécurisés.»
Plus généralement, «le livre électronique, permettant la lecture numérique, ne concurrence pas le papier. C'est un complément de lecture, qui ouvre de nouvelles perspectives pour la diffusion de l'écrit et des oeuvres mêlant le mot et d'autres médias (image, son, image animée…). Les projections montrent une stabilité de l'usage du papier pour la lecture, mais une croissance de l'industrie de l'édition, tirée par la lecture numérique, et le livre électronique. De la même façon que la musique numérique a permis aux mélomanes d'accéder plus facilement à la musique, la lecture numérique supprime, pour les jeunes générations commme pour les autres, beaucoup de freins à l'accès à l'écrit.»
Les ventes du Cybook sont très inférieures aux pronostics et forcent la société à cesser ses activités en juillet 2002. La commercialisation du Cybook est reprise par la société Bookeen, créée en 2003 à l'initiative de Michael Dahan et Laurent Picard, deux ingénieurs de Cytale. Le Cybook 2e génération est lancé en avril 2004. Bookeen dévoile en juillet 2007 une nouvelle version de sa tablette, baptisée Cybook Gen3 (3e génération), avec un écran utilisant la technologie E Ink.
2001 > UNE MEILLEURE BANDE PASSANTE
[Résumé] Henk Slettenhaar est spécialiste des systèmes de communication, avec une longue carrière à Genève et en Californie. En 1992, il crée la Silicon Valley Association (SVA), une association suisse qui organise des voyages d'étude dans des pôles de haute technologie, à commencer par la Silicon Valley et San Francisco. Henk mentionne en juillet 2001 «le changement considérable apporté par le fait que j'ai maintenant une connexion à débit rapide chez moi. Le fait d'être constamment connecté est totalement différent du fait de se connecter de temps à autre par la ligne téléphonique. Je reçois maintenant mes messages dès leur arrivée dans ma messagerie. Je peux écouter mes stations radio préférées où qu'elles soient. Je peux écouter les actualités quand je veux. Et aussi écouter la musique que j'aime à longueur de journée. (…) La seule chose qui manque est une vidéo de bonne qualité en temps réel. La largeur de bande est encore insuffisante pour cela.» Dix ans plus tard, Henk peut visionner des vidéos en temps réel et lire des livres numériques sur le Kindle et l'iPad.
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Henk Slettenhaar est spécialiste des systèmes de communication, avec une longue carrière à Genève et en Californie.
En 1958, Henk rejoint le CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules) à Genève pour travailler sur le premier ordinateur numérique et participer au développement des premiers réseaux numériques.
Son expérience californienne débute en 1966 lorsqu'il rejoint pendant dix-huit mois une équipe du SLAC (Stanford Linear Accelerator Center) pour créer un numérisateur de film. De retour au SLAC en 1983, il conçoit un système numérique de contrôle qui sera utilisé pendant dix ans.
Henk est ensuite professeur en technologies de communication à la Webster University de Genève pendant 25 ans. Il est l'ancien directeur du Telecom Management Program créé à l'automne 2000. Il travaille également en tant que consultant auprès de nombreuses organisations internationales.
# En 1992
En 1992, fort de son expérience en Suisse et en Californie, Henk crée la Silicon Valley Association (SVA), une association suisse qui organise des voyages d'étude dans des pôles de haute technologie, à commencer par la Silicon Valley et San Francisco. Outre des visites de sociétés, de start-up, d'universités et de centres de recherche, ces voyages comprennent des conférences, des présentations et des discussions sur les technologies de l'information (internet, multimédia, télécommunications, etc.), les derniers développements de la recherche et de ses applications, et les méthodes les plus récentes en matière de stratégie commerciale et de création d'entreprise.
# En 1998
Henk raconte en décembre 1998: «Je ne peux pas imaginer ma vie professionnelle sans l'internet. Cela fait vingt ans que j'utilise le courrier électronique. Les premières années, c'était le plus souvent pour communiquer avec mes collègues dans un secteur géographique très limité. Depuis l'explosion de l'internet et l'avènement du web, je communique principalement par courriel, mes conférences sont en grande partie sur le web et mes cours ont tous un prolongement sur le web. En ce qui concerne les visites que j'organise dans la Silicon Valley, toutes les informations sont disponibles sur le web, et je ne pourrais pas organiser ces visites sans utiliser l'internet. De plus, l'internet est pour moi une fantastique base de données disponible en quelques clics de souris.»
# En 2000
Quoi de neuf en août 2000? «L'explosion de la technologie du mobile. Le téléphone mobile est devenu pour beaucoup de gens, moi y compris, le moyen de communication personnel vous permettant d'être joignable à tout moment où que vous soyiez. Toutefois l'internet mobile est encore du domaine du rêve. Les nouveaux services offerts par les téléphones GSM sont extrêmement primitifs et très chers, si bien que le WAP a reçu le sobriquet de "Wait And Pay".»
# En 2001
Quoi de neuf un an après, en juillet 2001? «Ce qui me vient à l'esprit est le changement considérable apporté par le fait que j'ai maintenant une connexion à débit rapide chez moi. Le fait d'être constamment connecté est totalement différent du fait de se connecter de temps à autre par la ligne téléphonique. Je reçois maintenant mes messages dès leur arrivée dans ma messagerie. Je peux écouter mes stations radio préférées où qu'elles soient. Je peux écouter les actualités quand je veux. Et aussi écouter la musique que j'aime à longueur de journée. (…) La seule chose qui manque est une vidéo de bonne qualité en temps réel. La largeur de bande est encore insuffisante pour cela.
Mon domicile est maintenant équipé d'un réseau local avec et sans fil. Je peux utiliser mon ordinateur portable partout à l'intérieur et à l'extérieur de la maison, et même chez les voisins, tout en restant connecté. La même technologie me permet maintenant d'utiliser la carte de réseau local sans fil de mon ordinateur lorsque je voyage. Par exemple, lors de mon dernier voyage à Stockholm, je pouvais être connecté à l'hôtel, au centre de conférences, à l'aéroport et même au pub irlandais!»
# En 2011
Dix ans plus tard, en juin 2011, Henk raconte: «J'ai toujours suivi le développement des ebooks avec beaucoup d'intérêt, étant professeur de systèmes de communication et organisateur de voyages dans la Silicon Valley. Mon utilisation était très limitée pendant près de quarante ans, à cause du manque de progrès des appareils de lecture. Je n'ai jamais aimé lire un livre sur un ordinateur ou sur un PDA. Maintenant, avec l'arrivée de tablettes comme le Kindle et l'iPad, je suis finalement devenu un lecteur de livres numériques. Je vois un expansion énorme avec l'arrivée de tablettes faciles a utiliser et avec un choix considérable de livres grâce au commerce électronique et à des sociétés comme Amazon.»
Sur quoi travaille-t-il ces temps-ci? «Je suis un "serial entrepreneur" actuellement en train de créer une start-up dans le domaine de la mobilité. J'utilise l'internet tout le temps pour trouver des partenaires et des idées. Nous utilisons également des livres en ligne pour apprendre l'art de l'innovation!»
2001 > CREATIVE COMMONS, LE COPYRIGHT REVISITÉ
[Résumé] Créée en 2001 à l'initiative de Lawrence «Larry» Lessig, professeur de droit à la Stanford Law School, en Californie, la licence Creative Commons a pour but de favoriser la diffusion d'oeuvres numériques tout en protégeant le droit d'auteur. Des contrats flexibles de droit d'auteur compatibles avec une diffusion sur l'internet sont proposés pour tout type de création: texte, film, photo, musique, site web, etc. L'auteur peut par exemple choisir d'autoriser ou non la reproduction et la rediffusion de ses oeuvres. Finalisée en février 2007, la version 3.0 de la Creative Commons instaure une licence internationale et la compatibilité avec d'autres licences similaires, dont le copyleft et la GPL (General Public License). La Creative Commons est utilisée pour un million d'oeuvres en 2003, 4,7 millions d'oeuvres en 2004, 20 millions d'oeuvres en 2005, 50 millions d'oeuvres en 2006, 90 millions d'oeuvres en 2007, 130 millions d'oeuvres en 2008 et 350 millions d'oeuvres en avril 2010.
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Créée en 2001, la licence Creative Commons a pour but de favoriser la diffusion d'oeuvres numériques tout en protégeant le droit d'auteur.
Des créateurs souhaitent en effet respecter la vocation première de l'internet, réseau de diffusion à l'échelon mondial. De ce fait, les adeptes de contrats flexibles sont de plus en plus nombreux, à commencer par le copyleft, qui apparaît bien avant la licence Creative Commons.
# Le copyleft et la GPL
L'idée du copyleft est lancée dès 1984 par Richard Stallman, ingénieur en informatique et défenseur du mouvement Open Source au sein de la Free Software Foundation (FSF). Conçu à l'origine pour les logiciels, le copyleft est formalisé par la GPL (General Public License) et étendu par la suite à toute oeuvre de création. Il contient la déclaration normale du copyright affirmant le droit d'auteur, mais son originalité est de donner au lecteur le droit de librement redistribuer le document et de le modifier. Le lecteur s'engage toutefois à ne revendiquer ni le travail original, ni les changements faits par d'autres personnes. De plus, tous les travaux dérivés de l'oeuvre originale sont eux-mêmes soumis au copyleft.
# La Creative Commons
Lancée en 2001 à l'initiative de Lawrence «Larry» Lessig, professeur de droit à la Stanford Law School, en Californie, la licence Creative Commons a elle aussi pour but de favoriser la diffusion d'oeuvres numériques tout en protégeant le droit d'auteur. L'organisme du même nom propose des licences-type, qui sont des contrats flexibles de droit d'auteur compatibles avec une diffusion sur l'internet. Simplement rédigées, ces autorisations non exclusives permettent aux titulaires des droits d'autoriser le public à utiliser leurs créations tout en ayant la possibilité de restreindre les exploitations commerciales et les oeuvres dérivées et d'autoriser ou non la reproduction et la rediffusion de leurs oeuvres, par exemple. Ces contrats peuvent être utilisés pour tout type de création: texte, film, photo, musique, site web, etc. Finalisée en février 2007, la version 3.0 de la Creative Commons instaure une licence internationale et la compatibilité avec d'autres licences similaires, dont le copyleft et la GPL.
# Qui utilise la licence Creative Commons?
O'Reilly Media par exemple. Fondé par Tim O'Reilly en 1978, O'Reilly Media est un éditeur réputé de manuels informatiques et de livres sur les technologies de pointe. L'éditeur offre d'abord une formule de «copyright ouvert» pour les auteurs qui le souhaitent ou pour des projets collectifs. En 2003, il privilégie le Creative Commons Founders' Copyright permettant d'offrir des contrats flexibles de droit d'auteur à ceux qui veulent également diffuser leurs oeuvres sur le web.
La Public Library of Science (PLoS) utilise la licence Creative Commons pour les articles de ses périodiques scientifiques et médicaux en ligne gratuits, lancés à partir de 2003. Les articles peuvent être librement diffusés et réutilisés ailleurs, y compris pour des traductions, la seule contrainte étant la mention des auteurs et de la source.
Wikipédia utilise une licence Creative Commons pour les articles de cette grande encyclopédie collaborative en ligne lancée en 2001 et rédigée par des milliers de contributeurs.
Une licence Creative Commons est utilisée pour un million d'oeuvres en 2003, 4,7 millions d'oeuvres en 2004, 20 millions d'oeuvres en 2005, 50 millions d'oeuvres en 2006, 90 millions d'oeuvres en 2007, 130 millions d'oeuvres en 2008 et 350 millions d'oeuvres en avril 2010.
2003 > LA PUBLIC LIBRARY OF SCIENCE
[Résumé] Fondée en octobre 2000, la Public Library of Science (PLoS) devient en janvier 2003 un éditeur de périodiques scientifiques et médicaux en ligne gratuits de haut niveau. Une équipe éditoriale est constituée pour lancer les deux premiers titres - PLoS Biology en octobre 2003 puis PLoS Medicine en 2004 - selon un nouveau modèle d'édition en ligne basé sur la diffusion libre du savoir. Trois nouveaux titres voient le jour en 2005: PLoS Genetics, PLoS Computational Biology et PLoS Pathogens. PLoS Clinical Trials est lancé en mai 2006. PLoS Neglected Tropical Diseases voit le jour à l'automne 2007 en tant que première publication scientifique consacrée aux maladies tropicales négligées. Tous les articles peuvent être diffusés et réutilisés ailleurs, y compris pour des traductions, selon les termes de la licence Creative Commons, la seule contrainte étant la mention des auteurs et de la source.
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Fondée en octobre 2000, la Public Library of Science (PLoS) devient en janvier 2003 un éditeur de périodiques scientifiques et médicaux en ligne gratuits de haut niveau.
Quel est le constat de départ? À l'heure de l'internet, il paraît assez scandaleux que le résultat de travaux de recherche - travaux originaux et demandant de longues années d'efforts - soit «détourné» par des éditeurs spécialisés s'appropriant ce travail et le monnayant au prix fort. L'activité des chercheurs est souvent financée par les deniers publics, et de manière substantielle en Amérique du Nord. Il semblerait donc normal que la communauté scientifique et le grand public puissent bénéficier librement du résultat de ces recherches. Dans le domaine scientifique et médical par exemple, 1.000 nouveaux articles sont publiés quotidiennement, en ne comptant que les articles révisés par les pairs.
# PLoS en tant qu'«agitateur»
Se basant sur ce constat, la Public Library of Science (PLoS) est fondée en octobre 2000 à San Francisco (Californie) à l'initiative de Harold Varmus, Patrick Brown et Michael Eisen, chercheurs dans les Universités de Stanford et de Berkeley. Le but est de contrer les pratiques de l'édition spécialisée en regroupant tous les articles scientifiques et médicaux au sein d'archives en ligne en accès libre. Au lieu d'une information disséminée dans des milliers de périodiques en ligne ayant chacun des conditions d'accès différentes, un point d'accès unique permettrait de lire le contenu intégral de ces articles, avec moteur de recherche multicritères et système d'hyperliens entre les articles.
Pour ce faire, PLoS fait circuler une lettre ouverte demandant que les articles publiés par les éditeurs spécialisés soient distribués librement dans un service d'archives en ligne, et incitant les signataires de cette lettre à promouvoir les éditeurs prêts à soutenir ce projet. La réponse de la communauté scientifique internationale est remarquable. Au cours des deux années suivantes, la lettre ouverte est signée par 30.000 chercheurs dans 180 pays. Bien que la réponse des éditeurs soit nettement moins enthousiaste, plusieurs éditeurs donnent leur accord pour une distribution immédiate des articles publiés par leurs soins, ou alors une distribution dans un délai de six mois. Mais, dans la pratique, même les éditeurs ayant donné leur accord formulent nombre d'objections au nouveau modèle proposé, si bien que le projet d'archives en ligne ne voit finalement pas le jour.
# PLoS en tant qu'éditeur
Un autre objectif de la Public Library of Science est de devenir elle- même éditeur. PLoS fonde donc une maison d'édition scientifique non commerciale qui reçoit en décembre 2002 une subvention de 9 millions de dollars US de la part de la Moore Foundation. Une équipe éditoriale de haut niveau est constituée en janvier 2003 pour lancer des périodiques de qualité selon un nouveau modèle d'édition en ligne basé sur la diffusion libre du savoir.
Le premier numéro de PLoS Biology est disponible en octobre 2003, avec une version en ligne gratuite et une version imprimée au prix coûtant (couvrant uniquement les frais de fabrication et de distribution). PLoS Medicine est lancé en octobre 2004. Trois nouveaux titres voient le jour en 2005: PLoS Genetics, PLoS Computational Biology et PLoS Pathogens. PLoS Clinical Trials est lancé en 2006. PLoS Neglected Tropical Diseases voit le jour à l'automne 2007 en tant que première publication scientifique consacrée aux maladies tropicales négligées.
Tous les articles de ces périodiques sont librement accessibles en ligne, sur le site de PLoS et dans PubMed Central, le service d'archives en ligne public et gratuit de la National Library of Medicine (États-Unis), avec moteur de recherche multicritères. Les versions imprimées sont abandonnées en 2006 pour laisser place à un service d'impression à la demande géré par la société Odyssey Press. Les articles peuvent être librement diffusés et réutilisés ailleurs, y compris pour des traductions, selon les termes de la licence Creative Commons, la seule contrainte étant la mention des auteurs et de la source. PLoS lance aussi PLoS ONE, un forum en ligne permettant la publication d'articles sur tout sujet scientifique et médical.
Le succès est total. Trois ans après les débuts de la Public Library of Science en tant qu'éditeur, PLoS Biology et PLos Medicine ont la même réputation d'excellence que les grandes revues Nature, Science ou The New England Journal of Medicine. PLoS reçoit le soutien financier de plusieurs fondations tout en mettant sur pied un modèle économique viable, avec des revenus émanant des frais de publication payés par les auteurs, et émanant aussi de la publicité, des sponsors et des activités destinées aux membres de PLoS. PLoS souhaite en outre que ce modèle économique d'un genre nouveau inspire d'autres éditeurs pour créer des revues du même type ou pour mettre des revues existantes en accès libre.
2003 > HANDICAPZÉRO, L'INTERNET POUR TOUS
[Résumé] Un enjeu important est l'information accessible à tous. Mis en ligne en septembre 2000, le site Handicapzéro devient en février 2003 un portail généraliste offrant un accès adapté à l'information pour les francophones ayant un problème visuel, à savoir plus de 10% de la population. Les aveugles peuvent accéder au site au moyen d'une plage braille ou d'une synthèse vocale. Les malvoyants peuvent paramétrer sur la page d'accueil la taille et la police des caractères ainsi que la couleur du fond d'écran pour une navigation confortable. Les voyants peuvent correspondre en braille avec des aveugles par le biais du site. Plus de 2 millions de visiteurs utilisent les services du portail au cours de l'année 2006. Handicapzéro entend ainsi démontrer «que, sous réserve du respect de certaines règles élémentaires, l'internet peut devenir enfin un espace de liberté pour tous.»
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Un enjeu important est l'information accessible à tous. Le site Handicapzéro devient en février 2003 un portail généraliste offrant un accès adapté à l'information pour les francophones ayant un problème visuel.
Depuis sa création en 1987, l'association Handicapzéro a pour but d'améliorer l'autonomie de ces personnes, à savoir plus de 10% de la population francophone. En France par exemple, une personne sur mille est aveugle, une personne sur cent est malvoyante et une personne sur deux a des problèmes de vue.
Mis en ligne en septembre 2000, le premier site web de l'association devient rapidement le site adapté le plus visité de France, avec 10.000 requêtes mensuelles.
En février 2003, l'association lance un portail offrant en accès libre l'information nationale et internationale en temps réel (en partenariat avec l'Agence France-Presse), l'actualité sportive (avec L'Équipe), les programmes de télévision (avec Télérama), la météo (avec Météo France) et un moteur de recherche (avec Google), ainsi que toute une gamme de services dans les domaines de la santé, de l'emploi, de la consommation, des loisirs, des sports et de la téléphonie.
Les aveugles peuvent accéder au site au moyen d'une plage braille ou d'une synthèse vocale. Les malvoyants peuvent paramétrer sur la page d'accueil la taille et la police des caractères ainsi que la couleur du fond d'écran pour une navigation confortable, en créant puis modifiant leur profil selon leur potentiel visuel. Ce profil est utilisable aussi pour la lecture de n'importe quel texte situé sur le web, en faisant un copier-coller dans la fenêtre prévue à cet effet. Les voyants peuvent correspondre en braille avec des aveugles par le biais du site, Handicapzéro assurant gratuitement la transcription et l'impression braille des courriers ainsi que leur expédition par voie postale en Europe.
Plus de 2 millions de visiteurs utilisent les services du portail au cours de l'année 2006. Handicapzéro entend ainsi démontrer «que, sous réserve du respect de certaines règles élémentaires, l'internet peut devenir enfin un espace de liberté pour tous.»
Qu'en est-il pour l'accès aux livres? Patrice Cailleaud, directeur de la communication de Handicapzéro, explique en janvier 2001 que, si le livre numérique est «une nouvelle solution complémentaire aux problèmes des personnes aveugles et malvoyantes, (…) les droits et autorisations d'auteurs demeurent des freins pour l'adaptation en braille ou caractères agrandis d'ouvrage. Les démarches sont saupoudrées, longues et n'aboutissent que trop rarement.»
D'où la nécessité impérieuse de lois nationales suite à une loi internationale du droit d'auteur pour les personnes atteintes de déficience visuelle. Dans l'Union européenne, la directive 2001/29/CE de mai 2001 sur «l'harmonisation de certains aspects du droit d'auteur et des droits voisins dans la société de l'information» insiste dans son article 43 sur la nécessité pour les États membres d'adopter «toutes les mesures qui conviennent pour favoriser l'accès aux oeuvres pour les personnes souffrant d'un handicap qui les empêche d'utiliser les oeuvres elles-mêmes, en tenant plus particulièrement compte des formats accessibles». Il reste à appliquer cet article à large échelle.
2003 > LE MATÉRIEL D'ENSEIGNEMENT DU MIT
[Résumé] En septembre 2003, le MIT (Massachusetts Institute of Technology) lance officiellement le MIT OpenCourseWare pour mettre le matériel d'enseignement de ses cours à la disposition de tous, avec accès libre et gratuit. Ce matériel comprend des textes de conférences, des travaux pratiques, des exercices et corrigés, des bibliographies, des documents audio et vidéo, etc. Le site donne accès au matériel d'une centaine de cours en septembre 2003, 500 cours en mars 2004, 1.400 cours en mai 2006 et 1.800 cours en novembre 2007, à savoir la totalité des cours dispensés par le MIT. Le matériel de ces cours est ensuite régulièrement actualisé. Certains cours sont traduits en espagnol, en portugais et en chinois avec l'aide d'autres organismes. En décembre 2005 est lancé en parallèle l'OpenCourseWare Consortium (OCW Consortium) pour proposer le matériel d'enseignement d'autres universités, avec cent universités participantes un an plus tard.
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Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) décide de mettre le matériel d'enseignement de ses cours à la disposition de tous dans un OpenCourseWare, avec accès libre et gratuit.
Qu'est-ce qu'un OpenCourseWare? Un OpenCourseWare peut être défini comme la publication électronique en accès libre du matériel d'enseignement d'un ensemble de cours.
Professeur à l'Université d'Ottawa (Canada), Christian Vandendorpe salue dès mai 2001 «la décision du MIT de placer tout le contenu de ses cours sur le web d'ici dix ans, en le mettant gratuitement à la disposition de tous. Entre les tendances à la privatisation du savoir et celles du partage et de l'ouverture à tous, je crois en fin de compte que c'est cette dernière qui va l'emporter.»
Mise en ligne en septembre 2002, la version pilote du MIT OpenCourseWare (MIT OCW) offre en accès libre le matériel d'enseignement de 32 cours représentatifs des cinq facultés du MIT. Ce matériel d'enseignement comprend des textes de conférences, des travaux pratiques, des exercices et corrigés, des bibliographies, des documents audio et vidéo, etc. Cette initiative est menée avec le soutien financier de la Hewlett Foundation et de la Mellon Foundation.
Le lancement officiel du site a lieu un an plus tard, en septembre 2003, avec accès au matériel d'une centaine de cours. 500 cours sont disponibles en mars 2004 et 1.400 cours en mai 2006. Le matériel de la totalité des 1.800 cours dispensés par le MIT est en ligne en novembre 2007. Il est ensuite régulièrement actualisé. Certains cours sont traduits en espagnol, en portugais et en chinois avec l'aide d'autres organismes.
Le MIT espère que cette expérience de publication électronique - la première du genre - va permettre de définir un standard et une méthode de publication, et va inciter d'autres universités à créer un OpenCourseWare pour la mise à disposition gratuite du matériel de leurs propres cours. A cet effet, le MIT lance l'OpenCourseWare Consortium (OCW Consortium) en décembre 2005, avec accès libre et gratuit au matériel d'enseignement de cent universités dans le monde un an plus tard.
2004 > LE WEB 2.0, COMMUNAUTÉ ET PARTAGE
[Résumé] Le terme «web 2.0» émane d'un éditeur de livres informatiques, Tim O'Reilly, qui l'utilise pour la première fois en 2004 en tant que titre d'une série de conférences qu'il est en train d'organiser. Le web 2.0 est caractérisé par les notions de communauté et de partage, avec une flopée de sites dont le contenu est alimenté par les utilisateurs, par exemple les blogs, les wikis, les sites sociaux et les encyclopédies collaboratives. Wikipédia, Facebook et Twitter bien sûr, mais aussi des dizaines de milliers d'autres. Le web 2.0 tente de répondre au rêve formulé par Tim Berners-Lee, inventeur du web en 1990, qui écrit dans un essai daté d'avril 1998: «Le rêve derrière le web est un espace d'information commun dans lequel nous communiquons en partageant l'information. Son universalité est essentielle, à savoir le fait qu'un lien hypertexte puisse pointer sur quoi que ce soit, quelque chose de personnel, de local ou de global, aussi bien une ébauche qu'une réalisation très sophistiquée.»
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Le terme «web 2.0» émane d'un éditeur de livres informatiques, Tim O'Reilly, qui l'utilise pour la première fois en 2004 en tant que titre d'une série de conférences qu'il est en train d'organiser.
Le web 2.0 est caractérisé par les notions de communauté et de partage, avec une flopée de sites dont le contenu est alimenté par les utilisateurs, par exemple les blogs, les wikis, les sites sociaux et les encyclopédies collaboratives. Wikipédia, Facebook et Twitter bien sûr, mais aussi des dizaines de milliers d'autres.
# Les blogs envahissent la toile
Un blog (ou blogue) est un journal en ligne tenu par une personne ou un groupe. Ce journal est le plus souvent présenté par ordre chronologique inversé (du plus récent au plus ancien) et il est actualisé d'heure en heure ou bien une fois par mois. Le premier blog apparaît en 1997. En 2004, Le Monde.fr, site du quotidien Le Monde, lance ses propres blogs, «un formidable format d'expression journalistique qui permet un dialogue quasi-instantané avec son lecteur», selon Yann Chapellon, directeur du Monde interactif. En juillet 2005, il y aurait 14 millions de blogs dans le monde, avec 80.000 nouveaux blogs par jour. En décembre 2006, Technorati, moteur de recherche pour blogs puis site spécialisé, recense 65 millions de blogs, avec 175.000 nouveaux blogs par jour. Certains blogs sont consacrés aux photos (photoblogs), à la musique (audioblogs ou podcasts) et aux vidéos (vidéoblogs ou vlogs).
# Les wikis, sites collaboratifs
Un wiki (terme hawaïen signifiant «vite») est un site web permettant à plusieurs utilisateurs de collaborer en ligne sur un même projet. Le concept du wiki devient très populaire en 2000, avec possibilité pour les participants de contribuer à la rédaction du contenu, de modifier ce contenu et de l'enrichir en permanence. Le wiki est utilisé par exemple pour créer et gérer des sites d'information, des dictionnaires et des encyclopédies. Le programme présent derrière l'interface d'un wiki est plus ou moins élaboré. Un programme simple gère des textes et des hyperliens. Un programme élaboré permet d'inclure des images, des graphiques, des tableaux, etc. L'encyclopédie wiki la plus connue est Wikipédia.
# Facebook, réseau social
Facebook est un réseau social fondé en février 2004 par Mark Zuckerberg et ses collègues étudiants. Destiné à l'origine aux étudiants de l'Université de Harvard, puis aux étudiants de toutes les universités américaines, le réseau social s'ouvre au monde en septembre 2006 afin de connecter entre eux des personnes proches (famille, amis, collègues) ou des personnes partageant les mêmes centres d'intérêt. En juin 2010, Facebook devient le deuxième site mondial en nombre de visites, après Google, et fête ses 500 millions d'usagers tout en suscitant des débats sur le respect de la vie privée.
# Twitter, l'information en 140 caractères
Lancé en 2006 par Jack Dorsey et Biz Stone, Twitter est un outil de réseau social et de micro-blogging permettant à l'utilisateur d'envoyer gratuitement des tweets (messages brefs au format texte) de 140 caractères maximum, par messagerie instantanée, par SMS ou via l'internet. Parfois décrit comme le SMS de l'internet, Twitter gagne rapidement une popularité mondiale, avec 106 millions d'usagers en avril 2010 et 300.000 nouveaux usagers par jour. Quant aux tweets, on compte 5.000 tweets quotidiens en 2007, 300.000 en 2008, 2,5 millions en 2009, 50 millions en janvier 2010 et 55 millions en avril 2010, avec un archivage systématique des tweets à usage public par la Bibliothèque du Congrès en tant que reflet des tendances de notre époque.
# Le rêve de Tim Berners-Lee
Comme on le voit, le web 2.0 tente de répondre au rêve formulé par Tim Berners-Lee, inventeur du web en 1990, qui écrit dans un essai daté d'avril 1998: «Le rêve derrière le web est un espace d'information commun dans lequel nous communiquons en partageant l'information. Son universalité est essentielle, à savoir le fait qu'un lien hypertexte puisse pointer sur quoi que ce soit, quelque chose de personnel, de local ou de global, aussi bien une ébauche qu'une réalisation très sophistiquée. Deuxième partie de ce rêve, le web deviendrait d'une utilisation tellement courante qu'il serait un miroir réaliste (sinon la principale incarnation) de la manière dont nous travaillons, jouons et nouons des relations sociales. Une fois que ces interactions seraient en ligne, nous pourrions utiliser nos ordinateurs pour nous aider à les analyser, donner un sens à ce que nous faisons, et voir comment chacun trouve sa place et comment nous pouvons mieux travailler ensemble.» (extrait de «The World Wide Web: A very short personal history»)
2005 > DU PDA AU SMARTPHONE
[Résumé] En avril 2001, on compte 17 millions de PDA dans le monde pour seulement 100.000 tablettes de lecture, d'après un Seybold Report disponible en ligne. 13,2 millions de PDA sont vendus en 2001. Le premier PDA du marché est le Palm Pilot, lancé en mars 1996, avec 23 millions de Palm Pilot vendus entre 1996 et 2002. Suit le Pocket PC de Microsoft en mars 2000 avec son logiciel de lecture Microsoft Reader, disponible ensuite pour toute plateforme Windows. En 2002, la gamme Palm Pilot est toujours le leader du marché (36,8% des PDA vendus), suivi de la gamme Pocket PC de Microsoft et des modèles de Hewlett- Packard, Sony, Handspring, Toshiba et Casio. Les systèmes d'exploitation utilisés sont essentiellement le Palm OS (pour 55% des PDA) et le Pocket PC (pour 25,7% des PDA). Le PDA laisse ensuite progressivement la place au smartphone, du modèle précurseur Nokia 9210 lancé en 2001 à l'iPhone d'Apple lancé en juin 2007.
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En avril 2001, on compte 17 millions de PDA dans le monde pour seulement 100.000 tablettes de lecture, d'après un Seybold Report disponible en ligne. En 2005, le PDA laisse progressivement la place au smartphone.
# Le Palm Pilot
Basée en Californie, la société Palm lance en mars 1996 le Palm Pilot, premier PDA du marché, et vend 23 millions de Palm Pilot entre 1996 et 2002. Son système d'exploitation est le Palm OS et son logiciel de lecture le Palm Reader. En mars 2001, les usagers peuvent également lire des livres sur le Mobipocket Reader. À la même date, Palm rachète Peanutpress.com, éditeur et distributeur de livres numériques pour PDA, ainsi que son logiciel de lecture Peanut Reader et sa collection de 2.000 titres numériques, transférée dans Palm Digital Media, la librairie numérique de Palm. En juillet 2002, le Palm Reader, jusque-là utilisable sur Palm Pilot et sur Pocket PC, est également utilisable sur ordinateur. À la même date, Palm Digital Media (renommée plus tard Palm eBook Store) distribue 5.500 titres dans plusieurs langues. En 2003, le catalogue approche les 10.000 titres.
Un changement considérable donc pour les adeptes du livre numérique qui, avant l'avènement du Palm Pilot, ne pouvaient lire les livres que sur l'écran de leur ordinateur, portable ou non. Si certains professionnels du livre s'inquiètent de la petitesse de l'écran, les adeptes de la lecture sur PDA sont enthousiastes à l'idée de lire sur un appareil mobile multitâches et ne se plaignent guère de la taille de l'écran.
# L'eBookMan
Lancé par la société Franklin en 2000, l'eBookMan est un PDA multimédia permettant de lire des livres numériques sur le Franklin Reader. Il reçoit l'eBook Technology Award de la Foire internationale de Francfort (Allemagne) en octobre 2000. Trois modèles (EBM-900, EBM-901 et EBM- 911) sont disponibles début 2001, avec une mémoire vive de 8 ou 16 Mo et un écran LCD rétro-éclairé ou non. L'écran est nettement plus grand que celui des autres PDA du marché, mais n'existe qu'en noir et blanc, contrairement à la gamme Pocket PC de Microsoft ou à certains modèles du Palm Pilot avec écran couleur.
L'eBookMan permet l'écoute de livres audionumériques et de fichiers musicaux au format MP3. Le Mobipocket Reader est ajouté au Franklin Reader en octobre 2001. Le Franklin Reader est également proposé par défaut sur les gammes de PDA Psion, Palm et Pocket PC et sur le premier smartphone, lancé la même année par Nokia. Franklin développe aussi une librairie numérique sur son site et passe des partenariats avec plusieurs sociétés, notamment avec Audible.com pour avoir accès à sa collection de 4.500 livres audionumériques.
# D'autres modèles
En avril 2001, on compte 17 millions de PDA dans le monde pour seulement 100.000 tablettes de lecture, d'après un Seybold Report disponible en ligne. 13,2 millions de PDA sont vendus en 2001.
En 2002, la gamme Palm Pilot est toujours le leader du marché (36,8% des PDA vendus), suivi de la gamme Pocket PC de Microsoft lancée en mars 2000 et des modèles de Hewlett-Packard, Sony, Handspring, Toshiba et Casio. Les systèmes d'exploitation utilisés sont essentiellement le Palm OS (pour 55% des PDA) et le Pocket PC (pour 25,7% des PDA).
Pour mémoire, les grands logiciels de lecture sont le Mobipocket Reader (disponible depuis mars 2000), le Microsoft Reader (disponible depuis avril 2000), le Palm Reader (disponible depuis mars 2001), l'Acrobat Reader (disponible depuis mai 2001 pour le Palm Pilot et décembre 2001 pour le Pocket PC) et l'Adobe Reader (lancé en mai 2003 pour remplacer l'Acrobat Reader).
En 2003, des centaines de nouveautés sont vendues en version numérique sur Amazon.com, Barnes & Noble.com, Yahoo! eBook Store ou sur des sites d'éditeurs comme Random House ou PerfectBound. Le catalogue de Palm Digital Media approche les 10.000 titres lisibles sur PDA, avec 15 à 20 nouveaux titres par jour et 1.000 nouveaux clients par semaine. Mobipocket distribue 6.000 titres numériques dans plusieurs langues, soit sur son site soit dans des librairies partenaires. Numilog distribue 3.500 titres numériques (livres et périodiques) en français et en anglais.
En 2004, les trois principaux fabricants de PDA sont Palm, Sony et Hewlett-Packard. Suivent Handspring, Toshiba, Casio et d'autres. Mais le PDA est de plus en plus concurrencé par le smartphone, qui est un téléphone portable doublé d'un PDA, et les ventes commencent à baisser. En février 2005, Sony décide de se retirer du marché des PDA.
# Les smartphones
Le premier smartphone est le Nokia 9210, modèle précurseur lancé en 2001 par la société finlandaise Nokia, grand fabricant mondial de téléphones portables, avec une plateforme Symbian OS. Apparaissent ensuite le Nokia Series 60, le Sony Ericsson P800, puis les modèles de Motorola et de Siemens. Ces différents modèles permettent de lire des livres numériques sur le Mobipocket Reader.
Appelé aussi téléphone multimédia, téléphone multifonctions ou encore téléphone intelligent, le smartphone dispose d'un écran couleur, du son polyphonique et de la fonction appareil photo, qui viennent s'ajouter aux fonctions habituelles du PDA (agenda, dictaphone, lecteur de livres numériques, lecteur de musique, etc.)
Les smartphones représentent 3,7% des ventes de téléphones mobiles en 2004 et 9% des ventes en 2006, à savoir 90 millions de smartphones pour un milliard de téléphones portables comptabilisés sur la planète.
# L'iPhone
Présenté en janvier 2007 par Steve Jobs, l'iPhone, le smartphone d'Apple, est un téléphone mobile multifonctions qui intègre le baladeur de musique iPod (lancé lui-même en octobre 2001), un appareil photo et un navigateur web, avec les caractéristiques suivantes: grand écran tactile (3,5 pouces), synchronisation automatique avec la plateforme iTunes pour télécharger musique et vidéos, appareil photo de 2 mégapixels, navigateur Safari d'Apple, système d'exploitation Mac OS X, téléphonie par les réseaux GSM (Global System for Mobile Telecommunications) et EDGE (Enhanced Data for GSM Evolution), connexion internet via la WiFi (Wireless Fidelity) et enfin connexion Bluetooth.
L'iPhone est lancé en juin 2007 aux États-Unis au prix de 499 dollars US pour le modèle de 4 Go (giga-octets) et 599 dollars pour le modèle de 8 Go. Son lancement à l'international a lieu fin 2007 en Europe et en 2008 en Asie. Le dernier modèle en date est l'iPhone 4, disponible en juin 2010. On attend l'iPhone 5 pour «bientôt» (en juin 2011).
En février 2009, Google Books lance un portail spécifique pour téléphone mobile et smartphone, par exemple sur l'iPhone 3G d'Apple ou sur le G1 de T-Mobile. Le catalogue comprend 1,5 million de livres du domaine public, auxquels s'ajoutent 500.000 autres titres téléchargeables hors des États-Unis, du fait d'une législation du copyright moins restrictive dans certains pays.
2005 > DE GOOGLE PRINT À GOOGLE BOOKS
[Résumé] Google lance Google Print en mai 2005, en partenariat avec des éditeurs et des bibliothèques. Trois mois plus tard, Google Print est suspendu pour une durée indéterminée suite au conflit opposant Google aux associations américaines d'auteurs et d'éditeurs, qui lui reprochent de numériser les livres sans l'accord préalable des ayants droit. Le programme reprend en août 2006 sous le nom de Google Books (Google Livres). La numérisation des fonds de grandes bibliothèques se poursuit, tout comme les partenariats avec les éditeurs qui le souhaitent. Le conflit avec les associations d'auteurs et d'éditeurs se poursuit lui aussi, puisque Google continue de numériser des livres sous droits sans l'autorisation préalable des ayants droit, en invoquant le droit de citation pour présenter des extraits sur le web. Un accord entre les deux parties est proposé par Google en octobre 2008 pour tenter de mettre fin aux actions légales menées à son encontre.
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Google décide de mettre son expertise au service du livre et lance Google Print en mai 2005 avant de le rebaptiser Google Books en août 2006.
# Google Print
Le lancement de Google Print en mai 2005 est précédé de deux étapes.
En octobre 2004, Google met sur pied la première partie de son programme Google Print, établi en partenariat avec les éditeurs pour pouvoir consulter à l'écran des extraits de livres, puis commander les livres auprès d'une librairie en ligne.
En décembre 2004, Google met sur pied la deuxième partie de son programme Google Print, cette fois à destination des bibliothèques. Il s'agit d'un projet de bibliothèque consistant à numériser les livres appartenant à plusieurs grandes bibliothèques partenaires, à commencer par la bibliothèque de l'Université du Michigan (dans sa totalité, à savoir 7 millions d'ouvrages), les bibliothèques des Universités de Harvard, de Stanford et d'Oxford, et celle de la ville de New York. Le coût estimé au départ se situe entre 150 et 200 millions de dollars US, avec la numérisation de 10 millions de livres sur six ans et un chantier d'une durée totale de dix ans.
En août 2005, soit trois mois après son lancement, Google Print est suspendu pour une durée indéterminée suite à un conflit grandissant avec les associations américaines d'auteurs et d'éditeurs, celles-ci reprochant à Google de numériser des livres sans l'accord préalable des ayants droit.
# Google Books
Le programme reprend en août 2006 sous le nom de Google Books (Google Livres), qui permet de rechercher les livres par date, titre ou éditeur. La numérisation des fonds de grandes bibliothèques se poursuit, tout comme des partenariats avec les éditeurs qui le souhaitent.
Les livres libres de droit sont consultables à l'écran en texte intégral. Leur contenu est copiable et l'impression est possible page à page. Ces livres sont téléchargeables sous la forme de fichiers PDF imprimables dans leur entier. Les liens publicitaires associés aux pages de livres sont situés en haut et à droite de l'écran, comme partout dans Google.
Le conflit avec les associations d'auteurs et d'éditeurs se poursuit, puisque Google continue de numériser des livres sous droits sans l'autorisation préalable des ayants droit, en invoquant le droit de citation pour présenter des extraits sur le web. L'Authors Guild et l'Association of American Publishers (AAP) invoquent pour leur part le non respect de la législation relative au copyright pour attaquer Google en justice.
Fin 2006, d'après le buzz médiatique, Google scannerait 3.000 livres par jour, ce qui représenterait un million de livres par an. Le coût estimé serait de 30 dollars par livre. Google Books comprendrait déjà 3 millions de livres. Tous chiffres à prendre avec précaution, la société ne communiquant pas de statistiques à ce sujet.
À l'exception de la New York Public Library, les premières bibliothèques numérisées sont toutes des bibliothèques universitaires (Harvard, Stanford, Michigan, Oxford, Californie, Virginie, Wisconsin- Madison, Complutense de Madrid), auxquelles s'ajoutent début 2007 les bibliothèques des Universités de Princeton et du Texas à Austin, la Biblioteca de Catalunya (Catalogne, Espagne) et la Bayerische Staatbibliothek (Bavière, Allemagne). En mai 2007, Google annonce la participation de la première bibliothèque francophone, la Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) de Lausanne (Suisse), pour la numérisation de 100.000 titres en français, en allemand et en italien publiés entre le 17e et le 19e siècle. Suit un partenariat avec la Bibliothèque municipale de Lyon (France) signé en juillet 2008 pour numériser 500.000 livres.
# Le conflit avec les associations d'auteurs et d'éditeurs
En octobre 2008, après trois ans de conflit, Google tente de mettre fin aux poursuites émanant des associations d'auteurs et d'éditeurs en proposant un accord pouvant être effectif les années suivantes. L'accord serait basé sur un partage des revenus générés par Google Books ainsi qu'un large accès aux ouvrages épuisés, tout comme le paiement de 125 millions de dollars US à l'Authors Guild et à l'Association of American Publishers (AAP) pour clôturer définitivement ce conflit.
Suite à cet accord, Google pourrait proposer de plus larges extraits de livres, jusqu'à 20% d'un même ouvrage, avec un lien commercial pour acheter une copie - numérique ou non - de l'oeuvre. Les ayants droit auraient la possibilité de participer ou non à Google Books, et donc de retirer leurs livres des collections. Par ailleurs, les bibliothèques universitaires et publiques des États-Unis pourraient accéder à un portail gratuit géré par Google et donnant accès aux textes de millions de livres épuisés. Un abonnement permettrait aux universités et aux écoles de consulter les collections des bibliothèques les plus renommées. À ce jour (juin 2011), suite au rejet de l'accord proposé par Google, la société planche sur d'autres propositions.
En novembre 2008, Google Books comprend 7 millions d'ouvrages numérisés, en partenariat avec 24 bibliothèques et 2.000 éditeurs. Les 24 bibliothèques partenaires se situent principalement aux États-Unis (16), mais aussi en Allemagne (1), en Belgique (1), en Espagne (2), en France (1), au Japon (1), au Royaume-Uni (1) et en Suisse (1).
2005 > L'OPEN CONTENT ALLIANCE, BIBLIOTHÈQUE PLANÉTAIRE
[Résumé] L'Internet Archive s'associe d'abord à Yahoo! en janvier 2005 pour mettre sur pied l'Open Content Alliance (OCA), un projet mondial visant à créer un répertoire libre et multilingue de livres numérisés et de documents multimédia consultable sur tout moteur de recherche. Lancée officiellement en octobre 2005, l'Open Content Alliance souhaite éviter les travers de Google Books, à savoir la numérisation des livres sous droits sans l'accord préalable des éditeurs, tout comme la consultation et le téléchargement impossibles sur un autre moteur de recherche. Le projet regroupe de nombreux partenaires: des bibliothèques et des universités bien sûr, mais aussi des organisations gouvernementales, des associations à but non lucratif, des organismes culturels et des sociétés informatiques (Adobe, Hewlett Packard, Microsoft, Yahoo!, Xerox, etc.). Un million de livres sont consultables en décembre 2008 dans l'Internet Archive et deux millions de livres en mars 2010.
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En 2005, l'Internet Archive met sur pied l'Open Content Alliance (OCA) pour créer une bibliothèque planétaire publique de livres numérisés et de documents multimédia.
Fondée en avril 1996 par Brewster Kahle pour archiver l'internet, l'Internet Archive pense qu'une bibliothèque numérique à vocation mondiale ne doit pas être liée à des enjeux commerciaux, contrairement au projet Google Books. L'Internet Archive s'associe donc à Yahoo! en janvier 2005 pour mettre sur pied l'Open Content Alliance (OCA), une initiative visant à créer un répertoire libre et multilingue de livres numérisés et de documents multimédia à l'échelon mondial.
L'OCA est officiellement lancée en octobre 2005. Son objectif est de fédérer un grand nombre de partenaires (bibliothèques, universités, organismes gouvernementaux, associations, organismes culturels, sociétés informatiques) pour créer une bibliothèque numérique respectueuse du copyright et sur un modèle ouvert, consultable sur tout moteur de recherche, en évitant les travers de Google Books, à savoir la numérisation des livres sous droits sans l'accord préalable des éditeurs ou des auteurs, et l'utilisation de ces collections uniquement à partir du moteur de recherche de Google.
Les premiers organismes participants sont les bibliothèques des Universités de Californie et de Toronto, les Archives européennes, les Archives nationales du Royaume-Uni, O'Reilly Media et les Prelinger Archives. Seuls les livres appartenant au domaine public sont numérisés, pour éviter les problèmes de copyright auxquels se heurte Google. L'OCA ne numérise les livres sous droits que si les éditeurs ou les auteurs de ces livres ont donné leur accord. Les collections numérisées sont progressivement intégrées à la section Text Archive de l'Internet Archive, avec 100.000 livres numérisés disponibles en décembre 2006 et 200.000 livres disponibles en mai 2007.
En décembre 2006, l'Internet Archive reçoit une subvention d'un million de dollars US de la part de la Sloan Foundation pour numériser les collections du Metropolitan Museum of Art (la totalité des livres et plusieurs milliers d'images) ainsi que certaines collections de la Boston Public Library (les 3.800 livres de la bibliothèque personnelle de John Adams, deuxième président des États-Unis), du Getty Research Institute (une collection de livres d'art), de la John Hopkins University (une collection de documents sur le mouvement anti- esclavagiste) et de l'Université de Californie à Berkeley (une collection de documents sur la ruée vers l'or).
En décembre 2006, tout en participant à l'OCA, Microsoft met en ligne aux États-Unis la version bêta de Live Search Books, sa propre bibliothèque numérique, qui permet une recherche par mots-clés dans sa collection de livres du domaine public. Ces livres sont numérisés par Microsoft suite à des accords passés avec de grandes bibliothèques, les premières étant la British Library et les bibliothèques des Universités de Californie et de Toronto, suivies en janvier 2007 par la New York Public Library et la bibliothèque de la Cornell University. Microsoft compte aussi ajouter des livres sous droits, mais uniquement avec l'accord préalable des éditeurs. En mai 2007, la société annonce des accords avec plusieurs grands éditeurs, dont Cambridge University Press et McGraw Hill. Microsoft met finalement un terme à ce projet en mai 2008. Les 750.000 livres déjà numérisés sont versés dans les collections de l'OCA disponibles dans l'Internet Archive.
Les collections de l'OCA comptent un million de livres numérisés en décembre 2008 et deux millions de livres numérisés en mars 2010.
2006 > LE CATALOGUE COLLECTIF WORLDCAT EN LIGNE
[Résumé] En août 2006, le catalogue collectif mondial WorldCat lance sa version web bêta en accès libre. Géré depuis nombre d'années par l'association OCLC (Online Computer Library Center), WorldCat était jusque-là disponible sur abonnement. Les 73 millions de notices des 10.000 bibliothèques participantes dans 112 pays permettent de localiser un milliard de documents. La migration de WorldCat sur le web est progressive puisque la consultation des notices est d'abord possible via plusieurs moteurs de recherche (Yahoo!, Google et d'autres). Suit la version web gratuite worldcat.org, qui propose non seulement les notices des documents mais aussi un accès direct (gratuit ou payant) aux documents électroniques des bibliothèques membres: livres du domaine public, articles, photos, vidéos, musique et livres audio. WorldCat permet de localiser 1,5 milliard de documents en avril 2010. L'autre grand catalogue mondial, géré par le RLG (Research Libraries Group), fusionne avec OCLC en décembre 2006.
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En août 2006, l'association OCLC (Online Computer Library Center) lance la version web de son catalogue collectif mondial WorldCat en accès libre.
Qu'est-ce exactement qu'un catalogue collectif? Le but premier d'un catalogue collectif est d'éviter de cataloguer à nouveau un document déjà traité par une bibliothèque partenaire. Si le catalogueur trouve la notice du livre qu'il est censé cataloguer, il la copie pour l'inclure dans le catalogue de sa propre bibliothèque. S'il ne trouve pas la notice, il la crée, et cette notice est aussitôt disponible pour les catalogueurs officiant dans d'autres bibliothèques. De nombreux catalogues collectifs sont gérés à l'échelon local, régional, national ou mondial.
Les deux grands catalogues collectifs mondiaux sont lancés dès les années 1980, respectivement par OCLC (Online Computer Library Center) et par RLG (Research Libraries Group). Vingt ans plus tard, ces deux associations gèrent de gigantesques bases bibliographiques alimentées par leurs adhérents, permettant ainsi aux bibliothèques d'unir leurs forces par-delà les frontières.
# Le catalogue d'OCLC
Fondée en 1967 dans l'Ohio (États-Unis), l'association OCLC gère d'abord l'OCLC Online Union Catalog à partir de 1971 pour desservir les bibliothèques universitaires de l'Ohio avant de s'étendre progressivement à tout le pays puis au monde entier.
Rebaptisé WorldCat et disponible sur abonnement payant, ce catalogue comprend 38 millions de notices en 370 langues en 1998, avec translittération des notices dans les langues JACKPHY, à savoir le japonais, l'arabe, le chinois, le coréen (Korean en anglais), le persan, l'hébreu et le yiddish. Deux millions de notices sont ajoutées au catalogue chaque année. WorldCat utilise huit formats bibliographiques correspondant aux catégories suivantes: livres, périodiques, documents visuels, cartes et plans, documents mixtes (plusieurs supports à la fois), enregistrements sonores, partitions et enfin documents informatiques.
En 2005, 61 millions de notices bibliographiques produites par 9.000 bibliothèques participantes sont disponibles dans 400 langues. En 2006, 73 millions de notices provenant de 10.000 bibliothèques dans 112 pays permettent de localiser un milliard de documents. Une notice type contient la description du document ainsi que des informations sur son contenu (table des matières, résumé, couverture, illustrations, courte biographie de l'auteur).
Devenue la plus grande base mondiale de données bibliographiques, WorldCat migre progressivement sur le web, d'abord en rendant la consultation des notices possible par le biais de plusieurs moteurs de recherche (Yahoo!, Google et d'autres), puis en lançant en août 2006 une version web (bêta) de WorldCat en accès libre, qui propose non seulement les notices des documents mais aussi l'accès direct (gratuit ou payant) aux documents électroniques des bibliothèques membres: livres du domaine public, articles, photos, livres audio, musique et vidéos.
# Le catalogue du RLG
Le deuxième grand catalogue collectif mondial est géré par l'association RLG (Research Library Group, qui devient plus tard le Research Libraries Group). Fondé en 1980 en Californie, avec une antenne à New York, le RLG se donne pour but d'améliorer l'accès à l'information dans le domaine de l'enseignement et de la recherche et lance un catalogue collectif dénommé RLIN (Research Libraries Information Network).
Contrairement à WorldCat qui n'accepte qu'une notice par document, RLIN accepte plusieurs notices pour le même document. En 1998, RLIN comprend 82 millions de notices dans 365 langues, avec des notices translittérées pour les documents publiés dans les langues JACKPHY et en cyrillique. Des centaines de dépôts d'archives, bibliothèques de musées, bibliothèques universitaires, bibliothèques publiques, bibliothèques de droit, bibliothèques techniques, bibliothèques d'entreprise et bibliothèques d'art utilisent RLIN pour le catalogage, le prêt interbibliothèques et le descriptif de leurs archives et manuscrits.
Une des spécialités de RLIN est l'histoire de l'art. Alimentée par 65 bibliothèques spécialisées, une section spécifique comprend 100.000 notices de catalogues d'expositions et 168.500 notices de documents iconographiques (photographies, diapositives, dessins, estampes et affiches). Cette section inclut aussi les 110.000 notices de la base bibliographique Scipio, dédiée au catalogues de ventes d'objets d'art.
En 2003, RLIN devient le RLG Union Catalog, qui comprend désormais 126 millions de notices bibliographiques correspondant à 42 millions de documents (livres, cartes, manuscrits, films, bandes sonores, etc.).
Au printemps 2004, une version web du catalogue est disponible en accès libre sous le nom de RedLightGreen, suite à une phase pilote lancée à l'automne 2003. C'est la première fois qu'un catalogue collectif mondial est en accès libre, trois ans avant WorldCat. Destiné en priorité aux étudiants du premier cycle universitaire, RedLightGreen propose 130 millions de notices, avec des informations spécifiques aux bibliothèques d'un campus donné (cote du document, lien vers sa version en ligne si celle-ci existe, etc.).
Après trois ans d'activité, le site RedLightGreen ferme en novembre 2006, et le RLG fusionne avec OCLC. Les usagers sont invités à utiliser WorldCat, qui dispose d'une version web en accès libre depuis août 2006. En avril 2010, WorldCat permet de localiser 1,5 milliard de documents et d'avoir directement accès à nombre d'entre eux.
2007 > QUEL AVENIR POUR L'EBOOK?
[Résumé] Suite à une enquête lancée fin 2006 sur l'avenir de l'ebook, voici les réponses de deux professionnels du livre: Pierre Schweitzer, concepteur du projet @folio, un lecteur portable de textes, et Denis Zwirn, fondateur de la bibliothèque numérique Numilog. Selon Pierre, «la chance qu'on a tous est de vivre là, ici et maintenant cette transformation fantastique. Quand je suis né en 1963, les ordinateurs avaient comme mémoire quelques pages de caractères à peine. Aujourd'hui, mon baladeur de musique pourrait contenir des milliards de pages, une vraie bibliothèque de quartier. Demain, par l'effet conjugué de la loi de Moore et de l'omniprésence des réseaux, l'accès instantané aux oeuvres et aux savoirs sera de mise. Le support de stockage lui- même n'aura plus beaucoup d'intérêt. Seules importeront les commodités fonctionnelles d'usage et la poétique de ces objets.»
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Suite à une enquête lancée fin 2006 sur l'avenir de l'ebook, voici les réponses de deux professionnels du livre: Pierre Schweitzer, concepteur du projet @folio, un lecteur portable de textes, et Denis Zwirn, fondateur de la bibliothèque numérique Numilog.
# «La poétique des objets»
Concepteur du projet @folio, un lecteur portable de textes, Pierre Schweitzer explique en décembre 2006: «La lecture numérique dépasse de loin, de très loin même, la seule question du "livre" ou de la presse. Le livre et le journal restent et resteront encore, pour longtemps, des supports de lecture techniquement indépassables pour les contenus de valeur ou pour ceux dépassant un seuil critique de diffusion. Bien que leur modèle économique puisse encore évoluer (comme pour les "gratuits" la presse grand public), je ne vois pas de bouleversement radical à l'échelle d'une seule génération. Au-delà de cette génération, l'avenir nous le dira. On verra bien. Pour autant, d'autres types de contenus se développent sur les réseaux. Internet défie l'imprimé sur ce terrain- là: celui de la diffusion en réseau (dématérialisée = coût marginal nul) des oeuvres et des savoirs. Là où l'imprimé ne parvient pas à équilibrer ses coûts. Là où de nouveaux acteurs peuvent venir prendre leur place.
Or, dans ce domaine nouveau, les équilibres économiques et les logiques d'adoption sont radicalement différents de ceux que l'on connaît dans l'empire du papier - voir par exemple l'évolution des systèmes de validation pour les archives ouvertes dans la publication scientifique ou les modèles économiques émergents de la presse en ligne. Il est donc vain, dangereux même, de vouloir transformer au forceps l'écologie du papier - on la ruinerait à vouloir le faire! À la marge, certains contenus très spécifiques, certaines niches éditoriales, pourraient être transformées - l'encyclopédie ou la publication scientifique le sont déjà. De la même façon, les guides pratiques, les livres d'actualité quasi-jetables et quelques autres segments qui envahissent les tables des librairies pourraient l'être, pour le plus grand bonheur des libraires. Mais il n'y a là rien de massif ou brutal selon moi. Nos habitudes de lecture ne seront pas bouleversées du jour au lendemain, elles font partie de nos habitudes culturelles, elles évoluent lentement, au fur et à mesure de leur adoption (= acceptation) par les générations nouvelles.»
Selon Pierre, «la chance qu'on a tous est de vivre là, ici et maintenant cette transformation fantastique. Quand je suis né en 1963, les ordinateurs avaient comme mémoire quelques pages de caractères à peine. Aujourd'hui, mon baladeur de musique pourrait contenir des milliards de pages, une vraie bibliothèque de quartier. Demain, par l'effet conjugué de la loi de Moore et de l'omniprésence des réseaux, l'accès instantané aux oeuvres et aux savoirs sera de mise. Le support de stockage lui-même n'aura plus beaucoup d'intérêt. Seules importeront les commodités fonctionnelles d'usage et la poétique de ces objets.»
# «Un produit commercial»
Selon Denis Zwirn, fondateur de la librairie numérique Numilog, interviewé en août 2007, on peu noter «un premier point d'inflexion dans la courbe de croissance du marché des livres numériques. Plusieurs facteurs sont réunis pour cela:
(1) le développement de vastes catalogues en ligne utilisant pleinement les fonctionnalités de la recherche plein texte dans les livres numérisés, comme les catalogues de la future Bibliothèque numérique européenne, de VollTextSuche Online, de Google et d'Amazon. Une fois le contenu trouvé dans un des ouvrages ainsi "sondé" par ce type de recherche révolutionnaire pour le grand public, il est naturel de vouloir accéder à la totalité de l'ouvrage… dans sa version numérique.
(2) Des progrès techniques cruciaux tels que la proposition commerciale d'appareils de lecture à base d'encre électronique améliorant radicalement l'expérience de lecture finale pour l'usager en la rapprochant de celle du papier. Par exemple l'iLiad d'Irex ou le Sony Reader, mais bien d'autres appareils s'annoncent. Le progrès concerne toutefois tout autant le développement des nouveaux smartphones multifonctions comme les BlackBerry ou l'iPhone, ou la proposition de logiciels de lecture à l'interface fortement améliorée et pensée pour les ebooks sur PC, comme Adobe Digital Editions.
(3) Enfin, le changement important d'attitude de la part des professionnels du secteur, éditeurs, et probablement bientôt aussi libraires. Les éditeurs anglo-saxons universitaires ont massivement tracé une route que tous les autres sont en train de suivre, en tout cas aux États-Unis, en Europe du Nord et en France: proposer une version numérique de tous les ouvrages. Même pour les plus réticents encore il y a quelques années, ce n'est plus une question de "pourquoi?", c'est simplement devenu une question de "comment?". Les libraires ne vont pas tarder à considérer que vendre un livre numérique fait partie de leur métier normal.»
Selon Denis, «le livre numérique n'est plus une question de colloque, de définition conceptuelle ou de divination par certains "experts": c'est un produit commercial et un outil au service de la lecture. Il n'est pas besoin d'attendre je ne sais quel nouveau mode de lecture hypermoderne et hypertextuel enrichi de multimédia orchestrant savamment sa spécificité par rapport au papier, il suffit de proposer des textes lisibles facilement sur les supports de lecture électronique variés qu'utilisent les gens, l'encre électronique pouvant progressivement envahir tous ces supports. Et de les proposer de manière industrielle. Ce n'est pas et ne sera jamais un produit de niche (les dictionnaires, les guides de voyage, les livres pour les non voyants…): c'est en train de devenir un produit de masse, riche de formes multiples comme l'est le livre traditionnel.»
2007 > CITIZENDIUM, ENCYCLOPÉDIE EXPÉRIMENTALE
[Résumé] Citizendium - acronyme de «The Citizens' Compendium» - est une encyclopédie collaborative expérimentale lancée en mars 2007 (en version bêta) par Larry Sanger, auparavant co-fondateur de Wikipédia avec Jimmy Wales. Citizendium est une encyclopédie coopérative gratuite, tout comme Wikipédia, mais, d'après Larry, sans ses travers, à savoir le vandalisme, le manque de rigueur et l'utilisation d'un pseudonyme pour y contribuer. Les auteurs signent leurs articles de leur vrai nom et ces articles sont relus et corrigés par des «editors», âgés d'au moins 25 ans et titulaires d'une licence universitaire. De plus, des «constables» sont chargés de la bonne marche du projet et du respect du règlement. Le jour de son lancement le 25 mars 2007, Citizendium comptabilise 1.100 articles, 820 auteurs et 180 experts. L'encyclopédie comprend 11.800 articles en juillet 2009 et 15.000 articles en septembre 2010.
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Citizendium est une encyclopédie collaborative expérimentale lancée en mars 2007 par Larry Sanger, co-fondateur de Wikipédia.
Acronyme de «The Citizens' Compendium», Citizendium est une encyclopédie coopérative et gratuite, tout comme Wikipédia, mais, d'après Larry, sans ses travers, à savoir le vandalisme, le manque de rigueur et l'utilisation d'un pseudonyme pour y participer. Les auteurs signent leurs articles de leur vrai nom et ces articles sont relus et corrigés par des «editors» âgés d'au moins 25 ans et titulaires d'une licence universitaire. De plus, des «constables» sont chargés de la bonne marche du projet et du respect du règlement. Le jour de son lancement le 25 mars 2007, suite à une gestation débutée en novembre 2006, Citizendium comptabilise 1.100 articles, 820 auteurs et 180 experts. L'encyclopédie comprend 9.800 articles en janvier 2009 et 15.000 articles en septembre 2010.
Dans «Why make room for experts in web 2.0?» (Pourquoi accorder une place aux experts dans le web 2.0?), un article en ligne daté d'octobre 2006 et actualisé en mars 2007, Larry Sanger voit dans Citizendium l'émergence d'un nouveau modèle de collaboration massive de dizaines de milliers d'intellectuels et scientifiques, non seulement pour les encyclopédies, mais aussi pour les manuels d'enseignement, les ouvrages de référence, le multimédia et les applications en 3D. Cette collaboration serait basée sur le partage des connaissances, dans la lignée du web 2.0, un concept lancé en 2004 pour caractériser les notions de communauté et de partage et qui se manifeste d'abord par une floraison de wikis, de blogs et de sites sociaux. D'après Larry, on pourrait également créer des structures de type web 2.0 pour des collaborations scientifiques, et Citizendium pourrait servir de prototype dans ce domaine.
2007 > L'ENCYCLOPEDIA OF LIFE, PROJET GLOBAL
[Résumé] L'Encyclopedia of Life (EOL) débute en mai 2007 en tant que projet global visant à regrouper les connaissances existantes sur les espèces animales et végétales. Les espèces connues seraient au nombre de 1,8 million, y compris les espèces en voie d'extinction, avec l'ajout de nouvelles espèces au fur et à mesure de leur identification, ce qui représenterait entre 8 et 10 millions d'espèces en tout. Outil d'apprentissage et d'enseignement pour une meilleure connaissance de notre planète, cette encyclopédie collaborative multimédia sera à destination de tous: scientifiques, enseignants, étudiants, scolaires, médias, décideurs et grand public, qui pourront y contribuer directement, le contenu étant ensuite validé ou non par des experts. L'encyclopédie devrait être pleinement opérationnelle en 2012 et complète - c'est-à-dire à jour - en 2017. Des versions en plusieurs langues seront gérées par des organismes partenaires.
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L'Encyclopedia of Life (EOL) débute en mai 2007 en tant que projet global visant à regrouper les connaissances existantes sur les espèces animales et végétales.
Les espèces connues seraient au nombre de 1,8 million, y compris les espèces en voie d'extinction, avec l'ajout de nouvelles espèces au fur et à mesure de leur identification, ce qui représenterait entre 8 et 10 millions d'espèces en tout.
Ce projet collaboratif est mené par plusieurs grandes institutions:
Field Museum of Natural History, Harvard University, Marine Biological
Laboratory, Missouri Botanical Garden, Smithsonian Institution et
Biodiversity Heritage Library.
Le financement initial de l'Encyclopedia of Life est assuré par la MacArthur Foundation avec 10 millions de dollars US et la Sloan Foundation avec 2,5 millions de dollars. Un financement total de 100 millions de dollars serait nécessaire sur dix ans, avant que l'encyclopédie ne puisse s'autofinancer.
Le directeur honoraire du projet est Edward Wilson, professeur émérite à l'Université de Harvard, qui, dans un essai daté de 2002, fut le premier à émettre le voeu d'une telle encyclopédie. Cinq ans plus tard, en 2007, c'est désormais chose possible grâce aux avancées technologiques récentes: outils logiciels permettant l'agrégation de contenu, mash-up (à savoir le fait de rassembler un contenu donné à partir de nombreuses sources différentes), wikis de grande taille et gestion de contenus à vaste échelle.
Cette encyclopédie collaborative multimédia permettra de rassembler textes, photos, cartes, bandes sonores et vidéos, avec une page web par espèce, en offrant un portail commun à des millions de documents épars, en ligne et hors ligne. Outil d'apprentissage et d'enseignement pour une meilleure connaissance de notre planète, l'encyclopédie sera à destination de tous: scientifiques, enseignants, étudiants, scolaires, médias, décideurs et grand public, qui pourront y contribuer directement, le contenu étant ensuite validé ou non par des experts.
En qualité de consortium des dix plus grandes bibliothèques des sciences de la vie, qui s'ouvrira ensuite à d'autres bibliothèques, la Biodiversity Heritage Library entreprend la numérisation de 2 millions de documents dont les dates de publication s'étalent sur deux cents ans, pour intégration progressive dans l'Encyclopedia of Life. En mai 2007, à la date du lancement officiel du projet, on compte déjà 1,25 million de pages traitées dans les centres de numérisation de Londres, Boston et Washington, D.C. Les documents numérisés sont disponibles au fur et à mesure dans l'Internet Archive.
Si la réalisation des pages web débute courant 2007, l'encyclopédie fait ses réels débuts sur la toile à la mi-2008. Elle devrait être pleinement opérationnelle en 2012 et complète - c'est-à-dire à jour - en 2017.
L'encyclopédie sera un «macroscope» permettant de déceler les grandes tendances à partir d'un stock d'informations considérable, à la différence du microscope permettant l'étude de détail. La version initiale sera d'abord en anglais avant d'être traduite en plusieurs langues par de futurs organismes partenaires.
2009 > INDISCRIPTS, LABORATOIRE DE SCRIPTS INDESIGN
[Résumé] Marc Autret, infographiste, a derrière lui dix ans de journalisme multi-tâches et de formation en ligne dans les domaines de l'édition, du multimédia et du droit d'auteur. Il explique en décembre 2006: «Je suis un "artisan" de l'information et je travaille essentiellement avec des éditeurs. Ils sont tellement en retard, tellement étrangers à la révolution numérique, que j'ai du pain sur la planche pour pas mal d'années. Aujourd'hui je me concentre sur le conseil, l'infographie, la typographie, le pré-presse et le webdesign, mais je sens que la part du logiciel va grandir. Des secteurs comme l'animation 3D, l'automatisation des tâches de production, l'intégration multi- supports, la base de données et toutes les technologies issues de XML [eXtensible Markup Language] vont s'ouvrir naturellement. Les éditeurs ont besoin de ces outils, soit pour mieux produire, soit pour mieux communiquer. C'est là que je vois l'évolution, ou plutôt l'intensification, de mon travail.» En mai 2009, Marc crée le site Indiscripts, laboratoire de scripts InDesign.
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Marc Autret, infographiste, a derrière lui dix ans de journalisme multi-tâches et de formation en ligne dans les domaines de l'édition, du multimédia et du droit d'auteur. Il explique en décembre 2006: «C'est un "socle" irremplaçable pour mes activités d'aujourd'hui, qui en sont le prolongement technique. Je suis un "artisan" de l'information et je travaille essentiellement avec des éditeurs. Ils sont tellement en retard, tellement étrangers à la révolution numérique, que j'ai du pain sur la planche pour pas mal d'années. Aujourd'hui je me concentre sur le conseil, l'infographie, la typographie, le pré-presse et le webdesign, mais je sens que la part du logiciel va grandir. Des secteurs comme l'animation 3D, l'automatisation des tâches de production, l'intégration multi- supports, la base de données et toutes les technologies issues de XML [eXtensible Markup Language] vont s'ouvrir naturellement. Les éditeurs ont besoin de ces outils, soit pour mieux produire, soit pour mieux communiquer. C'est là que je vois l'évolution, ou plutôt l'intensification, de mon travail.»
Comment Marc voit-il l'avenir de l'ebook? «Sans vouloir faire dans la divination, je suis convaincu que l'e-book (ou "ebook": impossible de trancher!) a un grand avenir dans tous les secteurs de la non-fiction. Je parle ici de livre numérique en termes de "logiciel", pas en terme de support physique dédié (les conjectures étant plus incertaines sur ce dernier point). Les éditeurs de guides, d'encyclopédies et d'ouvrages informatifs en général considèrent encore l'e-book comme une déclinaison très secondaire du livre imprimé, sans doute parce que le modèle commercial et la sécurité de cette exploitation ne leur semblent pas tout à fait stabilisés aujourd'hui. Mais c'est une question de temps. Les e-books non commerciaux émergent déjà un peu partout et opèrent d'une certaine façon un défrichage des possibles. Il y a au moins deux axes qui émergent: (a) une interface de lecture/consultation de plus en plus attractive et fonctionnelle (navigation, recherche, restructuration à la volée, annotations de l'utilisateur, quizz interactif, etc.); (b) une intégration multimédia (vidéo, son, infographie animée, base de données, etc.) désormais fortement couplée au web. Aucun livre physique n'offre de telles fonctionnalités. J'imagine donc l'e-book de demain comme une sorte de wiki cristallisé, empaqueté dans un format. Quelle sera alors sa valeur propre? Celle d'un livre: l'unité et la qualité du travail éditorial!»
Marc lance en mai 2009 son site Indiscripts, qui est «un laboratoire de scripts InDesign. On y explore l'automatisation de mise en page, les techniques de scripting et le développement de plugins dans le contexte d'Adobe InDesign. Plus largement, notre ambition est d'illustrer les possibilités offertes par le langage JavaScript au sein des applications Adobe et d'informer utilement les créateurs de scripts.»
Marc réalise de beaux livres interactifs au format PDF. Quel est son sentiment sur la «concurrence» entre les formats PDF et EPUB? Il répond en juin 2011: «Je déplore que l'émergence de l'EPUB ait provoqué l'anéantissement pur et simple du PDF comme format de livre numérique. Le fait que les éléments d'interactivité disponibles au sein du PDF ne soient pas supportés par les plateformes nomades actuelles a aboli toute possibilité d'expérimentation dans cette voie, qui m'apparaissait extrêmement prometteuse. Alors que l'édition imprimée fait la place à des objets de nature très différentes, entre le livre d'art de très haute facture et le livre "tout terrain", le marché de l'ebook s'est développé d'emblée sur un mode totalitaire et ségrégationniste, comparable en cela à une guerre de systèmes d'exploitation plutôt qu'à une émulation technique et culturelle. De fait, il existe fort peu de livres numériques PDF tirant parti des possibilités de ce format.
Dans l'inconscient collectif, le PDF reste une sorte de duplicata statique de l'ouvrage imprimé et personne ne veut lui voir d'autre destin. L'EPUB, qui n'est rien d'autre qu'une combinaison XHTML/CSS (certes avec des perspectives JavaScript), consiste à mettre le livre numérique "au pas" du Web. C'est une technologie très favorable aux contenus structurés, mais très défavorable à l'artisanat typographique. Elle introduit une vision étroite de l'oeuvre numérique, réduite à un flux d'information. On ne le mesure pas encore, mais la pire catastrophe culturelle de ces dernières décennies est l'avènement du XML, ce langage qui précalibre et contamine notre façon de penser les hiérarchies. Le XML et ses avatars achèvent de nous enfermer dans les invariants culturels occidentaux.»
2010 > DU LIBRIÉ A L'IPAD
[Résumé] L'iPad est lancé par Apple en avril 2010 aux États-Unis en tant que tablette numérique multifonctions, six ans après le Librié lancé par Sony en avril 2004 au Japon. Comme on s'en souvient, les premières tablettes électroniques dédiées à la lecture sont le Rocket eBook (1998), le SoftBook Reader (1998) et le Gemstar eBook (novembre 2000), qui ne durent pas. Après une période morose qui voit la montée de la lecture sur PDA puis sur smartphone, des tablettes plus légères gagnent en puissance et en qualité d'écran grâce à la technologie E Ink. Ces nouvelles tablettes sont par exemple le Librié de Sony (avril 2004), le Cybook 2e génération (juin 2004), le Sony Reader (septembre 2006), le Kindle d'Amazon (novembre 2007), le Nook de Barnes & Noble (novembre 2009) et l'iPad d'Apple (avril 2010). La compétition est rude sur un marché prometteur, en attendant les possibilités de lecture multimédia / hypermédia et de lecture en 3D sur des supports flexibles.
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L'iPad est lancé par Apple en avril 2010 aux États-Unis en tant que tablette numérique multifonctions, six ans après le Librié lancé par Sony en avril 2004 au Japon.
Comme on s'en souvient, les premières tablettes électroniques dédiées à la lecture sont le Rocket eBook (1998), le SoftBook Reader (1998) et le Gemstar eBook (novembre 2000), qui ne durent pas. Après une période morose qui voit la montée de la lecture sur PDA puis sur smartphone, des tablettes plus légères gagnent en puissance et en qualité d'écran, avec l'introduction de la technologie E Ink. Ces nouvelles tablettes sont par exemple le Librié de Sony (avril 2004), le Cybook 2e génération (juin 2004), le Sony Reader (septembre 2006), le Kindle d'Amazon (novembre 2007), le Nook de Barnes & Noble (novembre 2009) et l'iPad d'Apple (avril 2010).
# Le Librié (Sony)
En avril 2004, Sony lance au Japon sa première tablette de lecture, le Librié 1000-EP, produit en partenariat avec les sociétés Philips et E Ink. Le Librié est la première tablette du marché à utiliser la technologie d'affichage développée par la société E Ink. L'appareil pèse 300 grammes (avec piles et protection d'écran) pour une taille de 12,6 x 19 x 1,3 centimètres et fonctionne avec quatre piles alcalines. Sa mémoire est de 10 Mo - avec possibilité d'extension - et sa capacité de stockage de 500 livres. Son écran de 6 pouces a une définition de 170 DPI et une résolution de 800 x 600 pixels. Un port USB permet le téléchargement des livres à partir d'un ordinateur. L'appareil comprend aussi un clavier, une fonction d'enregistrement et une synthèse vocale.
# Le Cybook (Bookeen)
Suite au lancement du Cybook dès janvier 2001 par la société Cytale en tant que première tablette de lecture européenne, avec cessation des activités de Cytale en juillet 2002, la commercialisation du Cybook est reprise en 2003 par la société Bookeen, créée à l'initiative de Michael Dahan et Laurent Picard, deux ingénieurs de Cytale. Le Cybook 2e génération est lancé en juin 2004 et se décline en plusieurs modèles. En juillet 2007, Bookeen dévoile une nouvelle version de sa tablette, baptisée Cybook Gen3 (3e génération), avec un écran utilisant pour la première fois la technologie E Ink.
# Le Sony Reader
Après le Librié lancé en avril 2004 au Japon, Sony lance le Sony Reader en octobre 2006 aux États-Unis. L'écran de cette tablette, qui utilise une technologie E Ink plus avancée, est «un écran qui donne une excellente expérience de lecture, très proche de celle du vrai papier, et qui ne fatigue pas les yeux» (Mike Cook, auteur du site epubBooks.com). Un autre avantage de cette tablette sur ses concurrentes est la durée de vie de la batterie, avec plus de 7.000 pages consultables, ou deux semaines sans nécessité de la recharger. Cette tablette est aussi la première à utiliser Adobe Digital Editions, un logiciel qui adapte le texte du livre à la taille de l'écran. Le Sony Reader est progressivement disponible au Canada, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France.
# Le Kindle (Amazon)
Amazon lance en novembre 2007 sa propre tablette de lecture, le Kindle, avec un format livresque (19 x 13 x 1,8 cm), un poids de 289 grammes, un écran noir et blanc de 6 pouces avec une résolution de 800 x 600 pixels, un clavier, une mémoire de 256 Mo (extensible par carte SD), un port USB et la possibilité de se connecter à l'internet via la WiFi. Le Kindle peut contenir jusqu'à 200 livres sur les 80.000 livres numériques que propose le catalogue d'Amazon. Amazon lance en février 2009 le Kindle 2 pour un prix plus modique, qui continue de baisser sensiblement dans les mois qui suivent, puis le Kindle DX en mai 2009 avec un écran de 9,7 pouces permettant la lecture de journaux et magazines. Le catalogue d'Amazon comptabiliserait 450.000 titres numériques en mars 2010, y compris des livres et revues audionumériques suite au rachat du catalogue d'Audible.com en janvier 2009.
# Le Nook (Barnes & Noble)
En novembre 2009, la grande chaîne de librairies américaine Barnes & Noble lance sa propre tablette de lecture, le Nook. La tablette dispose d'une plateforme Android et d'un écran E Ink de 6 pouces, avec une connexion WiFi et 3G. En juin 2010, le prix du premier modèle baisse. Un nouveau modèle plus économique disposant de la seule connexion WiFi est également lancé à la même date. Par ailleurs, le Nook Color apparaît en octobre 2010 avec un écran LCD de 7 pouces pour la lecture de magazines et livres d'images. Un nouveau Nook plus léger est lancé en mai 2011 sous plateforme Android, avec un écran de 6 pouces utilisant la technologie E Ink Pearl tactile. Le catalogue de Barnes & Noble proposerait 2 millions de livres numériques à la fin 2010.
# L'iPad (Apple)
L'iPad est lancé par Apple le 3 avril 2010 aux États-Unis en tant que tablette numérique multifonctions, avec un iBookstore de 60.000 livres numériques qui s'étoffe rapidement. Un lancement mondial suit en juin 2010. Après l'iPod (lancé en octobre 2001) puis l'iPhone (lancé en juin 2007), deux objets cultes auprès de toute une génération, Apple devient lui aussi un acteur de poids pour le livre numérique. Apple lance l'iPad 2 en mars 2011 aux États-Unis, avec un lancement deux semaines plus tard dans d'autres pays.
Cette courte liste de tablettes est loin d'exhaustive, bien entendu. La compétition est rude sur un marché prometteur, en attendant les possibilités de lecture multimédia / hypermédia et de lecture en 3D sur des supports flexibles.
2011 > L'EBOOK EN DIX POINTS
[Résumé] Dans cette conclusion sous forme de citations, les dates indiquées sont les dates auxquelles ces textes - extraits d'entretiens par courriel - ont été écrits et publiés. Les auteurs de ces textes sont Michael Hart (août 1998), John Mark Ockerbloom (septembre 1998), Robert Beard (octobre 1998), Jean-Paul (juin 2000), Nicolas Pewny (février 2003), Marc Autret (décembre 2006), Pierre Schweitzer (janvier 2007), Denis Zwirn (août 2007), Catherine Domain (avril 2010) et Henk Slettenhaar (juin 2011).
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Voici une conclusion sous forme de citations. Les dates indiquées sont les dates auxquelles ces textes - extraits d'entretiens par courriel - ont été écrits et publiés.
# Août 1998
«Nous considérons le texte électronique comme un nouveau médium, sans véritable relation avec le papier. Le seul point commun est que nous diffusons les mêmes oeuvres, mais je ne vois pas comment le papier peut concurrencer le texte électronique une fois que les gens y sont habitués, particulièrement dans les établissements d'enseignement.» (Michael Hart, fondateur du Projet Gutenberg en 1971)
# Septembre 1998
«Je me suis passionné pour l'énorme potentiel qu'a l'internet de rendre la littérature accessible au plus grand nombre. (…) Je suis très intéressé par le développement de l'internet en tant que médium de communication de masse ces prochaines années. J'aimerais aussi rester impliqué dans la mise à disposition gratuite de livres sur l'internet, que ceci fasse partie intégrante de mon activité professionnelle, ou que ceci soit une activité bénévole menée sur mon temps libre.» (John Mark Ockerbloom, créateur de l'Online Books Page en 1993)
# Octobre 1998
«Le web sera une encyclopédie du monde faite par le monde pour le monde. Il n'y aura plus d'informations ni de connaissances utiles qui ne soient pas disponibles, si bien que l'obstacle principal à la compréhension internationale et interpersonnelle et au développement personnel et institutionnel sera levé. Il faudrait une imagination plus débordante que la mienne pour prédire l'effet de ce développement sur l'humanité.» (Robert Beard, cofondateur du portail yourDictionary.com en 2000)
# Juin 2000
«La navigation par hyperliens se fait en rayon (j'ai un centre d'intérêt et je clique méthodiquement sur tous les liens qui s'y rapportent) ou en louvoiements (de clic en clic, à mesure qu'ils apparaissent, au risque de perdre de vue mon sujet). Bien sûr, les deux sont possibles avec l'imprimé. Mais la différence saute aux yeux: feuilleter n'est pas cliquer. L'internet a donc changé mon rapport à l'écriture. (…) C'est finalement dans la publication en ligne (l'entoilage?) que j'ai trouvé la mobilité, la fluidité que je cherchais.» (Jean-Paul, créateur du site hypermédia cotres.net en 1998)
# Février 2003
«Je vois le livre numérique du futur comme un "ouvrage total" réunissant textes, sons, images, vidéo, interactivité: une nouvelle manière de concevoir et d'écrire et de lire, peut-être sur un livre unique, sans cesse renouvelable, qui contiendrait tout ce que l'on a lu, unique et multiple compagnon. Utopique? Invraisemblable? Peut-être pas tant que cela!» (Nicolas Pewny, fondateur des éditions du Choucas en 1992)
# Décembre 2006
«Il y a au moins deux axes qui émergent [pour le livre numérique]: (a) une interface de lecture/consultation de plus en plus attractive et fonctionnelle (navigation, recherche, restructuration à la volée, annotations de l'utilisateur, quizz interactif…); (b) une intégration multimédia (vidéo, son, infographie animée, base de données, etc.) désormais fortement couplée au web. Aucun livre physique n'offre de telles fonctionnalités. J'imagine donc l'e-book de demain comme une sorte de wiki cristallisé, empaqueté dans un format. Quelle sera alors sa valeur propre ? Celle d'un livre: l'unité et la qualité du travail éditorial!» (Marc Autret, infographiste et créateur du site Indiscripts en 2009)
# Janvier 2007
«La chance qu'on a tous est de vivre là, ici et maintenant cette transformation fantastique. Quand je suis né en 1963, les ordinateurs avaient comme mémoire quelques pages de caractères à peine. Aujourd'hui, mon baladeur de musique pourrait contenir des milliards de pages, une vraie bibliothèque de quartier. Demain, par l'effet conjugué de la loi de Moore et de l'omniprésence des réseaux, l'accès instantané aux oeuvres et aux savoirs sera de mise. Le support de stockage lui- même n'aura plus beaucoup d'intérêt. Seules importeront les commodités fonctionnelles d'usage et la poétique de ces objets.» (Pierre Schweitzer, concepteur du projet @folio en 1996)
# Août 2007
«Le livre numérique n'est plus une question de colloque, de définition conceptuelle ou de divination par certains "experts": c'est un produit commercial et un outil au service de la lecture. (…) Il suffit de proposer des textes lisibles facilement sur les supports de lecture électronique variés qu'utilisent les gens, l'encre électronique pouvant progressivement envahir tous ces supports. Et de les proposer de manière industrielle. Ce n'est pas et ne sera jamais un produit de niche (les dictionnaires, les guides de voyage, les livres pour non voyants…): c'est en train de devenir un produit de masse, riche de formes multiples comme l'est le livre traditionnel.» (Denis Zwirn, fondateur de la librairie numérique Numilog en 2000)
# Avril 2010
«Internet a pris de plus en plus de place dans ma vie! Il me permet depuis le 1er avril d'être éditeur grâce à de laborieuses formations Photoshop, InDesign et autres. (…) Décidément il y aura toujours des rebondissements inattendus aux inventions, entre autres. Quand j'ai commencé à utiliser l'internet [en 1999], je ne m'attendais vraiment pas à devenir éditeur. » (Catherine Domain, fondatrice de la librairie Ulysse en 1971)
# Juin 2011
«Je n'ai jamais aimé lire un livre sur un ordinateur ou sur un PDA. Maintenant, avec l'arrivée de tablettes comme le Kindle et l'iPad, je suis finalement devenu un lecteur de livres numériques. Je vois un expansion énorme avec l'arrivée de tablettes faciles à utiliser et avec un choix considérable de livres grâce au commerce électronique et à des sociétés comme Amazon. (…) J'utilise également des livres en ligne pour apprendre l'art de l'innovation!» (Henk Slettenhaar, fondateur de la Silicon Valley Association suisse en 1992)
Copyright © 2011 Marie Lebert
End of Project Gutenberg's L'ebook a 40 ans (1971-2011), by Marie Lebert