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L'Étourdi ou les contre-temps

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FIN DE L'ETOURDI.

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Notes [from 1890 edition]

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(1) "Gent", "gente" ne veut pas dire "gentille". Ce mot exprime à la fois la légèreté dans la taille, la propreté et l'élégance dans les vêtements. (Voyez Nicot et Le Duchat.)

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(2) "Avoir maille à partir", c'est-à-dire à se partager, du latin "partiri". La maille était une petite monnaie de si peu de valeur qu'elle ne pouvait être divisée. De là le proverbe "avoir maille à partir", se disputer sur un partage impossible, et, par extension, avoir une dispute interminable. Ménage dit que cette monnaie était ainsi appelée du vieux mot français "maille", qui signifie "figure carrée", parce que la maille avait cette forme. N'avoir ni "denier" ni "maille" signifiait autrefois n'avoir aucune sorte de monnaie, ni "ronde" ni "carrée".

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(3) "Coucher d'imposture", pour "payer de ruses, de mensonges". Cette manière de s'exprimer, dit Voltaire, n'est plus admise : elle vient du jeu. On disait : "Couché de vingt pistoles", "de trente pistoles", "couché belle".

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(4) Imitation du proverbe italien : "Salir le mosche al naso". On dit proverbialement en français, qu'"un homme est tendre aux mouches", qu'"il prend la mouche", que "la mouche le pique", pour exprimer qu'il est trop susceptible, qu'il se fâche mal à propos. (B.)

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(5) On appelle "panneau" un filet à prendre des lièvres, des lapins, etc. De là les expressions proverbiales "donner", "se jeter", et "jeter quelqu'un dans le panneau". (A.)

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(6) "Etre en paroles", pour "converser", "s"entretenir". On dit encore aujourd'hui, "ils sont en paroles de mariage", "en paroles d'affaires". Ces phrases toutes faites dérivent peut-être de la phrase dont Molière se sert ici, et qui n'est plus d'usage.

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(7) "Semondre", de "submonere", inviter, convier. Il est bon de remarquer que ce mot était hors d'usage longtemps avant Molière.

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(8) Ce demi-vers est obscur. Anselme veut dire sans doute : Plût à Dieu qu'il dormît en paix ! que rien ne troublât le repos de son âme, car il ne doute pas un seul instant que son ami ne soit mort, comme le prouve le vers suivant.

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(9) "Prou", vieux mot qui signifie "assez", "beaucoup". Il n'est plus d'usage que dans ces phrases familières : "peu ou prou", "ni peu ni prou". (B.)

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(10) Il faut suppléer "le ferait ; mais je ne le ferai pas". Cette locution elliptique, très commune dans nos anciennes comédies, est encore d'usage dans la conversation. (A.)

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(11) "Si jamais mon bien te fut considérable", c'est-à-dire, si jamais mon bien te fut cher, fut de quelque prix à tes yeux. Autrefois "considérable" s'employait avec un régime.

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(12) "Devis", propos familiers, propos qui font passer le temps.

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(13) Ce mot "baie" vient de l'italien "baia". Les Italiens disent comme nous, "dar la baia", pour "se moquer". (Ménage.)

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(14) "Male", de "malus", mauvais. Ce mot est très ancien dans notre langue. On disait dans le douxième siècle, male-femme, male-loi, pour mauvaise femme, mauvaise loi.

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(15) Ce vers fait allusion au soleil représenté sur les louis d'or du temps de Louis XIV. Charles IX est le premier de nos rois qui ait fait frapper des monnaies d'or avec l'effigie du soleil ; Louis XIV est le dernier.

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(16) Suivant une vieille légende, Olibrius, gouverneur des Gaules, ne pouvant toucher le coeur de sainte Reine, la fit mourir. Le martyre de cette sainte fut plus tard le sujet d'un grand nombre de "mystères" qui plaisaient beaucoup au peuple. Olibrius y était représenté comme un fanfaron ; un glorieux, "un occiseur d'innocents" ; de là l'expression proverbiale : "faire l'Olibrius", pour "faire le faux brave", "persécuter ceux qui sont sans défense", etc. (Voyez le "Dictionnaire des proverbes", par la M…)

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(17) Cette expression tire son origine d'un jeu fort en usage sous le règne de Louis XIV, mais beaucoup plus ancien. Au premier jour de mai, chacun devait se trouver muni d'une branche de verdure. On se visitait, on tâchait de se surprendre en faute ; ces mots : "Je vous prends sans vert", retentissaient de tous côtés, et la moindre négligence était punie d'une amende dont le produit était destiné à une fête champêtre où l'on célébrait le printemps.

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(18) Par "amis d'épée", Molière n'entend pas "compagnons d'armes", mais seulement "compagnons de duel".

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(19) Le "teston" valait dix sous tournois, le marc d'argent étant à douze livres dix sous ; il était appelé "teston" à cause de la tête de Louis XII qui y était représentée. Cette monnaie, fabriquée en 1513, subsista jusqu'à Henri III. (B.)

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(20) Le mot "robin" signifiait autrefois un "bouffon", un "sot", un "facétieux". (B.) - On avait donné le nom de "robin" au mouton, à cause de sa robe de laine. Or le mouton étant, au dire d'Aristote, cité par Rabelais, le plus sot des animaux, le nom de "robin" est devenu par extension celui des hommes sans esprit. (Le Duchat.)

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(21) "Momon", somme d'argent que des masques jouaient aux dés. (B.) - On donnait aussi ce nom aux personnes masquées qui s'introduisaient dans les maisons pour jouer ou pour danser. Suivant Ménage, ce mot vient de "Momus", dieu de la folie.

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(22) "Tarare", expression burlesque, imaginée, suivant Richelet, pour imiter le son de la trompette, et dont on se sert pour exprimer qu'on ne veut rien entendre, qu'on n'ajoute aucune foi à la chose qu'on nous dit.

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(23) On dit proverbialement, "brider l'oison", "brider la bécasse", pour "tromper quelqu'un", "le conduire à sa guise". Molière a fait passer dans son vers toute l'énergie de ce proverbe.

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(24) On disait autrefois, pour exprimer la voracité d'un homme : "C'est un avaleur de pois gris". Il est probable que le proverbe tire son origine des charlatans qui étaient dans l'usage d'avaler, avec dextérité, devant le public, une grande quantité de ces pois. On trouve un exemple de ce proverbe dans la "Prison" d'Assoucy, page 45.

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(25) On prononce "fillol" à la ville, dit Vaugelas, et "filleul" à la cour ; et il ajoute : L'usage de la cour doit prévaloir sur l'usage de la ville, sans y chercher d'autre raison. Cette décision de Vaugelas s'est accomplie malgré l'autorité de Molière.

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(26) "Tirez, tirez", est ici pour "fuyez, éloignez-vous". On dit proverbialement, "il a tiré au large", pour "il s'est enfui".

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(27) Les Espagnols disent encore : "Dar para guantes" : c'est-à-dire, "donner pour les gants", dont nous avons fait le mot "paraguante". (Ménage.) - On donne ce nom au présent qu'on fait à une personne dont on a reçu quelques bons offices.

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(28) Vieux mot qui signifiait "malheur", par corruption du mot "bissexte", parce que anciennement l'année bissextile était réputée malheureuse. (Lav.)

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(29) "Escoffions", nom ancien d'une coiffe de femme. On disait également "escoffions" ou "scoffions".

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(30) "Décharpir", expression basse et populaire, mais énergique, et qui ne se trouve pas dans le "Dictionnaire de l'Académie" : elle signifie séparer avec effort des personnes acharnées l'une contre l'autre.

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