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La lyre héroïque et dolente
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Abandonné depuis des siècles fabuleux,
Un grand temple dressait sur le mont solitaire
Ses portiques de marbre et ses escaliers bleus.
Pourpre traînant en ombre errante sur la terre,
Jardins ensanglantés de glorieuses fleurs,
Vasques d'or où l'ibis sacré se désaltère,
Et près des bois, gemmés par la rosée en pleurs
Du collier merveilleux que l'aube sainte égrène,
Des oiseaux ignorant les rets des oiseleurs:
Tout un monde de rêve espérait une reine
Ou le retour tardif des héros et des dieux
Disparus dans la nuit formidable et sereine.
Fils de la neige pure et du ciel radieux,
Des cygnes indolents glissaient dans la vallée
Sur un fleuve que les lotus étoilaient d'yeux;
Leurs corps majestueux fendait l'eau refoulée
Et parfois leur plumage illustre secouait
Autour d'eux des flocons de lumière envolée,
Tandis qu'en un appel de deuil ou de souhait
Le cri des beaux nageurs aux ailes éployées
Montait éperdument vers le temple muet.
Mais nul dieu revenu n'écartait les feuillées
Et nulle reine avec des rires enfantins,
Ne réveillait l'écho des verdures mouillées.
Le vieux temple érigeait ses portiques hautains
Ainsi qu'un fier écueil d'indestructible roche
Qui défiait les flots des soirs et des matins.
Or, flux tumultueux qui roule et qui s'accroche
En écume de flamme aux marbres effrités,
La sombre mer des jours suprêmes était proche
Ruine des moissons et terreur des cités.
Fauves ivres du sang versé dans les cratères,
Des hordes s'en venaient vers les bois enchantés.
Les têtes des vaincus sur la peau des panthères
Pendaient horriblement comme des raisins mûrs
Et les carquois sonnaient aux dos des sagittaires.
Les frondeurs brandissaient leurs bras noueux et durs
Et des cavaliers nus au galop des cavales
Entrèrent en hurlant par les brèches des murs.
Des torches consumaient de leurs pourpres rivales
Les voiles rouges et les blocs de marbre roux.
Et des gerbes de feu fusaient par intervalles.
L'absence de vivants attisait le courroux
Des barbares frustrés de la chair des prêtresses,
Et les images d'or se brisaient sous leurs coups.
Tel le Temple, parmi les clameurs vengeresses,
S'abîmait dans les flots de bronze incandescent
Qui couronnaient les monts de monstrueuses tresses.
Seuls, les cygnes épars dans le val frémissant
Regardaient la lueur rouge de l'incendie
Comme un morne soleil qui meurt et qui descend;
Et, vers l'astre nouveau d'où la flamme irradie,
Désespérant des dieux qui les ont oubliés,
Ils tournaient tristement leur prunelle agrandie,
Mais les barbares las, jetant leurs boucliers,
Firent pleuvoir, avec les pierres de leurs frondes,
Les flèches qui sifflaient entre les peupliers.
Pointes de fer, silex aigus et balles rondes
Trouaient l'eau frissonnante avec un bruit strident
Et le sang des oiseaux tachait les claires ondes.
Alors un chant funèbre emplit le ciel ardent:
Un concert douloureux d'ineffable harmonie
Montait vers les tueurs surgis de l'occident.
La voix des chanteurs blancs pleurant leur agonie
Poursuivait les guerriers jusque-là sans remords
Dont la chair palpitait d'une angoisse infinie;
Et tandis qu'autour d'eux l'âme des cygnes morts
Semait un hymne amer de vengeance éternelle,
Les barbares, au vol de leurs chevaux sans mors,
S'enfonçaient, affolés, dans l'ombre solennelle.
MAYA
A BERNARD LAZARE
THAÏS
A Henri de Manneville.
I
Alexandros, l'épique enfant de Zeus Ammon,
Mange et boit et s'enivre après la ville prise
Dans le palais taillé dans le marbre et le mont;
Et les hommes-lions, sculptés de pierre grise,
Inutiles gardiens des murs et du trésor,
Regardent le héros boire aux coupes qu'il brise,
Cependant que la fauve avalanche de l'or
Splendidement s'abat sur la massive table
Comme un grand oiseau roux au fulgurant essor,
La rauque orgie et la clameur épouvantable
Hurlent et le troupeau des Hellènes vainqueurs
Mugit: tels les taureaux dans la nocturne étable;
Et parmi les péans discordants et les chœurs,
Et les parfums de la Sabée et le cinname,
Et la vapeur des vins et des chaudes liqueurs,
La torche en main, Thaïs, la bacchante qui clame,
La courtisane blanche et droite comme un lys
Revêt de pourpre ardente et couronne de flamme
La ville antique aux toits d'argent, Persépolis.
II
O ville, amas ancien de rêve et de superbe,
Dressée en moi sur tes inébranlables fûts,
Qui te rabaissera jusqu'au niveau de l'herbe?
Monceau de souvenirs étranges et confus,
Peuple mystérieux de muettes images,
Qui donc rendra la plaine au chant des bois touffus?
Qui chassera de moi les rites et les mages
Et sur les noirs débris du temple renversé
Fera monter des cris d'oiseaux et de ramages?
Quelle torche, ô mon cœur, sur ton marbre glacé
Etendra des lueurs sanglantes et sur l'âme
Lâchement assoupie et sur l'esprit lassé
Dardera la splendeur de ses langues de flamme?
JUDEX
A Marcel Collière.
Par le prétorial silence de la nuit
Où sonnent seulement des horloges funèbres
J'attends venir vers moi le Juge des ténèbres
Qui scrute les péchés des hommes et s'enfuit.
Sans toge, sans licteurs ni haches enlacées,
Sans chants impérieux et tristes de buccins,
N'écoutant que la voix des remords en nos seins
Le Juge intérieur passe dans nos pensées.
Les spectres dont le jour avait tué les cris,
Les spectres dont le jour avait clos les prunelles,
Surgissent maintenant des tombes éternelles
Et redressent leurs fronts livides et flétris.
O baisers reniés, mémoire des caresses,
Rêves que j'avais crus emmurés pour jamais,
O cadavres divins que j'aime et que je hais,
Regards accusateurs et bouches vengeresses,
Que voulez-vous de moi? spectres, ayez pitié;
N'appelez pas ainsi l'incorruptible juge;
Vous savez qu'il n'est point d'église de refuge
Pour le coupable en pleurs et le crucifié.
Mais l'âpre justicier se lève dans mon âme
Chaque soir: il prononce irrévocablement
La sentence de deuil, de honte et de tourment
Et fait couler en moi des rivières de flamme.
Puis il remonte au ciel lointain dont il descend
Et d'où j'espère en vain le Rédempteur à naître,
Tandis que dans l'obscur abîme de mon être
Un enfer de douleur hurle en le maudissant.
CHAMBRE D'AMOUR
La nuit tiède est clémente à la ville qui dort;
Des lys impérieux triomphent dans la chambre
Et cependant nos cœurs sont froids comme Décembre
Et nos baisers d'amours amers comme la mort.
Ta douce bouche s'ouvre à des chansons mièvres
Et tes seins bienveillants accueillent mon front las;
Mais, ô ma douloureuse enfant, je ne sais pas
Pourquoi les dieux mauvais empoisonnent nos lèvres.
Qu'importe? viens vers moi, triste sœur; aimons-nous,
Sans craindre la saveur glorieuse des larmes,
Tels des héros blessés avec leurs propres armes
Et dont le glaive d'or a rompu les genoux.
Viens! nous aurons l'orgueil des âmes taciturnes
En cette chambre morne et veuve de flambeaux,
Où, semblable à l'odeur des antiques tombeaux,
Un parfum sépulcral monte des lys nocturnes.
PRINTEMPS D'AUTOMNE
La pourpre automnale ensanglante
Les feuilles sèches des halliers
Et transforme en floraison lente
Les rayons d'Avrils oubliés.
D'insensibles métamorphoses
Changent les clartés d'autrefois
En d'artificielles roses
Qui parent les jours gris et froids,
Et sous le ciel tendu de brume
Et les nuages palpitants
Leur odeur mourante parfume
Un mélancolique printemps.
Très Chère, c'est aussi l'Automne
Ténébreux pour nos cœurs lassés;
Mais en notre chair qui s'étonne
Refleurissent les jours passés,
Et la ressouvenance lente
Nous revêt, comme les halliers,
D'un manteau de pourpre sanglante
Faite des baisers oubliés.
LIEDER
Ich, ein tolles Kind, ich singeJetzo in der Dunkelheit;Klingt das Lied auch nicht ergötzlich,Hat es mich doch vor Angst befreit.(Heinrich Heine, Die Heimkehr.)
I
Des mots doux comme des hautbois
Et des harpes surnaturelles,
Des sons légers de chanterelles
Et dans les bois, des voix, des voix.
Des couples blancs de tourterelles,
Des oiseaux bleus couleur du temps;
Des ailes d'or sur les étangs,
Dans le ciel des ailes, des ailes.
Je ne sais où: je vois, j'entends.
Voici venir la très aimée
Et sa cheville parfumée
Foule des tapis éclatants;
Sa robe candide est lamée
De l'or du paradis natal;
Des feux de myrrhe et de çantal
L'entourent de blonde fumée.
Plus rien, plus rien! le deuil brutal,
Le silence et l'ombre. Serait-ce
Que la perfide enchanteresse
A forgé ce mur de métal
Et clos dans la nuit vengeresse,
Sans ailes d'or et sans hautbois,
Les mots doux comme une caresse,
Et les colombes, sœurs des voix?
II
Ni tes fiertés, ni tes paresses
Ni l'espoir menteur des caresses,
Ni ta chair de vierge, j'aimais
La splendeur de ma propre idée,
O maîtresse non possédée
Qui ne me trahiras jamais
Je garde en mon âme hautaine
Le rêve frais de la fontaine
Et des nénufars ingénus;
Je laisse aux lèvres sans extase
L'eau noire et, grouillant dans la vase,
Tous les reptiles inconnus,
Loin de l'hivernale vallée
L'aile des fleurs s'est envolée
Et le murmure des nids verts
Cherche, avec le vol des pétales,
Dans les aubes orientales
L'éternel printemps de mes vers.
C'est l'heure que j'ensevelisse
La blancheur du dernier calice
Avec les souvenirs défunts:
O nuptiale Galatée,
Rends-moi la corolle empruntée,
Rends-moi le songe des parfums,
Pour que je tisse avec mes strophes
Un linceul de riches étoffes
Embaumé de myrrhe et de nard
Et que je jette sur mon rêve
De jeunesse et de gloire brève
La pourpre antique de Schinnar.
III
Pour moi seul tes cheveux de saule
Se déroulent sur ton épaule
Comme les feuilles dans le vent,
Et, tel que sur la neige vierge
Frémit un frisson d'or mouvant,
De l'aube de ta chair émerge
Une fleur de soleil levant.
Car seul je connais les paroles,
Sœurs des feuilles et des corolles,
Qui puissent dire ta beauté;
Je sais les phrases rituelles
Par qui, dans le bois enchanté,
L'ombre des amantes cruelles
Revive pour l'éternité.
Rires et larmes infinies!
Si je chantais tes litanies
Et le miel de tes seins rosés
Je ferais voler dans les brises,
Au delà des jours épuisés,
L'abeille des lèvres éprises
Vers la ruche de tes baisers.
Mais je tais avec jalousie
Les chers mots dont je m'extasie:
Les hommes passent et s'en vont;
Le bruit des foules abhorrées
Roule et le miel divin se fond
En perles de gouttes dorées
Dans l'urne de mon cœur profond.
IV
Ta voix, ta même voix de colombe blessée
Sonne plaintivement dans ta gorge lassée.
J'entends encor l'écho des paroles d'antan
Lorsque les mots ailés s'envolent en chantant.
Mais je ne comprends plus les syllabes; j'oublie
Ce qui fait leur langueur et leur mélancolie.
Je crois t'ouïr parler un langage inconnu
Sur des airs dont mon cœur s'est en vain souvenu,
Et je perçois parmi la musique rhythmée
La voix d'une étrangère ou d'une morte aimée.
V
Reine du magique palais,
En ce jeu cruel que tu joues,
Comme tes sœurs, tu te complais
Aux larmes roulant sur nos joues.
Quand tu presses le vin des cœurs
L'étoile de tes yeux rutile,
L'étoile de tes yeux vainqueurs
Rit de la lâcheté virile.
Tandis que, dans la paix du soir,
Les désirs—tels de mauvais anges—
Portent aux meules du pressoir
Les grappes des rouges vendanges.
Soit! en tes rêves assassins
Grise-toi des pourpres foulées
Et noue au-dessous de tes seins
Des peaux fauves et tavelées.
Sois la bacchante que les dieux
Lâchent sur la terre; promène
L'orgueil de tes flancs radieux
Au milieu de la vigne humaine.
Va! que les héros asservis
Et les poètes que tu crées
Se courbent hurlants et ravis
Devant tes colères sacrées:
Tes triomphes sont imparfaits,
Ta gloire sanglante est un leurre;
Tu n'as pas su que je t'aimais
Et tu ne sais pas que je pleure.
VI
Les moires vertes des feuillées
Attendent le Prince Charmant
Et sous les gemmes de rosée
L'aubépine est une épousée
D'où s'exhale amoureusement
L'âcre parfum des fleurs mouillées.
Des lèvres que nul ne connaît
Ont bu les gemmes disparues:
Pourquoi le Prince viendrait-il,
O forêt? le parfum subtil
Meurt dans les poussières accrues
Sur l'aubépine et le genêt.
La plainte lente des ramures
Geint sinistrement et déjà
Les nains méchants des avenues
Font saigner sur les branches nues
Que leur caprice ravagea
La chair automnale des mûres.
VII
Plus quam femina virgo(P. Ovidius Naso)
(Métamorphoses, Livre XIII.)
Plus claires dans le sombre azur des nuits sans lune
Les étoiles doraient les ajoncs et la dune,
Mais je n'ai pas souci de leur ruissellement
Et dans mes yeux fleuris de visions plus belles,
Baignant les cieux futurs de leurs splendeurs nouvelles,
Les astres à venir montent éperdument.
Tu glissais à pas lents dans les ajoncs stellaires
Et sourde à la rumeur humaine des colères
Tu regardais surgir les astres apaisés;
Mais dans mon cœur fleuri de voluptés plus calmes,
J'évoque au chant lointain des sources et des palmes
Les vierges à venir et les futurs baisers.
VIII
La fleur énorme de la mer
Éclose avec l'aurore sainte
Renaissait dans le gouffre amer
De tes prunelles d'hyacinthe.
Dans tes cheveux d'or j'adorais,
Sous l'or caduc de leur couronne,
Les impériales forêts
Et leur laticlave d'automne.
Les peupliers glauques et blancs
Et la mollesse des prairies
Revivaient dans les gestes lents
De tes mains douces et fleuries.
Mais aujourd'hui que tu n'es plus
La prêtresse et l'évocatrice,
Il faut les bois et les reflux
Pour que ta grâce refleurisse
Et les colchiques du matin
Ressuscitent dans ma pensée
Ta pâleur morne de satin,
O mensongère Fiancée.
IX
Tout à l'heure, un essaim de mauves s'envolait,
Majestueux, au ras des vagues aurorales:
Les oiseaux fendaient l'air de leurs ailes égales
Et nageaient dans l'azur vers l'horizon de lait.
Ils allaient: le soleil semait sur les prairies
Marines des fleurs d'or et de chrysobéril
Et l'on eût cru là-bas des papillons d'avril
Sur un champ constellé de rares pierreries.
Ils allaient: maintenant que dans le clair matin
La blancheur de leur vol splendide s'est fondue,
Je cherche obstinément au fond de l'étendue
Le souvenir neigeux de leur essor lointain.
Nul des flocons perdus dans les brumes d'opale
N'argente plus la plaine immobile des flots
Et la seule clameur des antiques sanglots
Monte plus tristement vers le lac du ciel pâle.
O Chère, ô pâle ciel d'amour qui te mirais
Dans la mer somptueuse et calme de mes rêves
Quels abîmes d'azur et d'Océans sans grèves
Ont englouti le vol de mes désirs secrets?
Je ne sais: le regard a lassé ma prunelle,
La solitude morne emplit mon cœur, j'entends
Dans le double infini de l'espace et du temps
Monter le râle amer de l'angoisse éternelle.
X
Je ne veux pas courber la tête sous tes pas
Ni baisser devant toi mes yeux; je ne suis pas
Un mendiant d'amour et d'aumônes charnelles
Et la honte des pleurs souillerait mes prunelles.
Mais dans la nuit semblable à mon cœur sombre et fier
J'irai dire mon mal aux vagues de la mer:
Elle me bercera la mer consolatrice
Avec des rhythmes lents et des chants de nourrice.
J'écouterai sa voix et je m'endormirai:
Comme un enfant, tandis qu'en un jardin sacré
Surgira, bleu de rêve et parfumé de menthe,
Le magique palais où tu seras clémente.
POUR UNE ABSENTE
Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir,
Immobile, oublieux des rafales d'automne
Qui font les frondaisons se rouiller et jaunir
Et de la mer roulant sa plainte monotone;
Je veux m'enfermer seul avec mon souvenir.
Le demi-jour filtrant des étoffes tendues
Sera doux et propice à mon cœur nonchalant,
Quand je l'évoquerai du fond des étendues,
Et sa voix emplira d'un hymne grave et lent
Le demi-jour filtrant des étoffes tendues.
J'aurai la vision chère devant les yeux:
Le souffle parfumé de l'ineffable Absente
Flottera pour moi seul dans l'air silencieux,
Subtil comme une odeur de fraise dans la sente;
J'aurai la vision chère devant les yeux.
Et je dirai tout bas ma tendresse latente;
O cœur lâche, tremblant et révolté, je veux
Que ton intime amour se révèle et la tente:
Tu te résigneras à l'effroi des aveux
Et je dirai tout bas ma tendresse latente.
JOUVENCE
Tu parles tristement des campagnes lointaines
D'une voix si dolente et lourde de regrets
Que je deviens jaloux des fleurs et des forêts
Et des saules d'argent penchés vers les fontaines.
Souvenirs! jours anciens! comme vous enserrez
Notre âme prisonnière en d'invincibles chaînes:
Tu veux, comme autrefois, baigner les sombres chênes
Au clair de lune blond de tes cheveux cendrés.
Soit! l'été revenu parmi les hautes herbes,
Nous marcherons, frôlés par les ailes de l'air,
Au murmure divin des choses et ta chair
Mêlera des parfums de Chypre aux foins en gerbes,
Et peut-être qu'un soir entre de rudes draps
Embaumés de lavande et dans un lit d'auberge
Tu me rendras ta chair et tes lèvres de vierge,
Pour quelque amour d'enfant dont tu te souviendras.
LA MORT INUTILE
A Grégoire Le Roy.
Curæ non ipsa in morte relinquunt.(Publius Vergilius Maro.)
Triste comme la mer et la chanson des syrtes,
Le vent lourd de sanglots pleure dans la forêt;
Un troupeau d'ombres va, paraît, et disparaît
Par les bois souterrains et les bosquets de myrtes.
Défaillant dans l'horreur d'un ciel ensanglanté,
Le soleil infernal baigne le pâle espace;
Un troupeau d'ombres vient, revient, passe et repasse
En sa mélancolique et tremblante clarté;
Et ce sont à travers les routes d'asphodèle
Les fantômes hagards, pleins de larmes et lents
Dont les glaives d'amour ont déchiré les flancs:
La mort n'a point fermé leur blessure immortelle,
Le sommeil sépulcral a leurré leurs yeux las
Et l'âpre souvenir survivant à la tombe
Tel qu'un vin corrosif, goutte par goutte, tombe
Dans leur cœur ulcéré qui ne guérira pas.
L'AME SEULE
A A.-Ferdinand Herold.
La bienfaisante nuit couvre la ville immense
D'où montaient vers le ciel des sanglots et des chants
Et la grande cité semble un lac de silence
Frôlé par la rumeur pacifique des champs.
Mer des vivants, mer furieuse qui te rues
Emportant dans tes plis les deuils et les baisers,
Tu roules tout le jour sur le pavé des rues,
Mais le soir calme endort tes râles apaisés;
Et les rêveurs amis des nécropoles saintes,
Délivrés de la joie, affranchis du remords,
Errent par les soirs clairs et fleuris d'hyacinthes
Comme des immortels dans la maison des morts.
Hommes, laissez passer dans la nuit solitaire
Ceux qui foulent toujours des chemins non frayés:
Les exilés divins ont repeuplé la terre
Et je me sens plus seul quand vous vous réveillez.
Quels démons ont pétri de leur mains ironiques
Vos faces de mensonge et de stupidité,
Je ne sais, mais le mal suinte de vos tuniques
Et votre rire impur attente à la beauté.
Le matin revenu, soyez tels que vous êtes.
Moi cuirassé d'orgueil et de mépris serein
Entre mon cœur farouche et vos clameurs de bêtes
Je laisserai tomber une herse d'airain.
Je m'en irai là-bas vers la forêt clémente:
Les arbres fraternels m'appellent doucement;
L'herbe bruit, l'eau des fontaines se lamente
Et rit comme une nymphe avec son jeune amant.
La forêt a gardé pour mon oreille seule
Les chants anciens et les fleurs nobles d'autrefois
Parfument à jamais sa mémoire d'aïeule
Et tous les rhythmes morts revivent dans sa voix.
Les chênes musculeux portent de verts portiques,
Où pareils à des rois mes rêves passeront
Et près des dieux nouveaux, fils des taillis antiques,
Je plierai les genoux et courberai le front.
Mais retrouveras-tu la jeunesse première,
O parleur orgueilleux, ivre d'un vin mauvais?
Et si dans la splendeur de la pure lumière
Ton rêve était moins beau que tu ne le rêvais?
Ainsi qu'un porteur las délivre ses épaules
Tu voudrais rejeter les souvenirs humains
Et suivre le ruisseau qui court entre les saules
Et marcher tout le jour au hasard des chemins.
Va! tu n'entendrais plus les voix surnaturelles
Qui t'invitent la nuit, vers les magiques bois;
Dans les halliers saignant de mûres et d'airelles
Tu serais poursuivi par les mauvaises voix.
Reste jusqu'à la mort baigné de crépuscule
Avec l'âpre regret des astres radieux:
Tu n'es pas assez grand pour le manteau d'Hercule
Et pour te revêtir de la pourpre des dieux.
PETITS PAYSAGES
A Urbain Derbanne.
I
Une écume de fleurs, blanche et rose, s'étale
Sur la mer onduleuse et mouvante des prés
Où ruisselle le flot des trèfles empourprés,
Tandis que montent vers le nue orientale
Le meuglement des bœufs et la rumeur des blés.
II
Le souffle langoureux des brises musicales
Chante dans les sainfoins en fleurs un hymne lent
Et grave et sous les rais du soleil aveuglant
Une fuite éperdue et grise de cigales
S'enlève et vibre, au ras de l'herbe, en sautelant.
III
L'équipe de pêcheurs tire la grande senne
A basse mer, avant les vagues et le flux;
Et nul des rudes gars n'est manchot ni perclus,
Mais l'effort fait saillir et gonfler leur chair saine
Et les veines des bras musculeux et velus.
IV
Le soleil tombe et des grappes de lilas sombre
Fleurissent la forêt marine où Téthys dort
Sous un voile de pourpre aux filigranes d'or
Que trempe dans le sang de la clarté qui sombre
L'invisible ouvrier du fabuleux décor.
V
Le ciel est gris comme une aile de tourterelle
Que teinterait un peu de rose veiné d'or;
Là-bas, le cap lointain dont la mâchoire mord
L'horizon sombre est las de sa longue querelle
Et la brume a brisé les dents du monstre mort.
EN MORVAN
A Jacques Derbanne.
L'ombre s'enroule aux flancs des collines farouches
Et pèse sur les bois et les versants herbeux
Où dorment lourdement les immobiles bœufs;
Elle fait grimacer les arbres et les souches
Des saules noirs pareils à des jeteurs de sorts,
Tandis que par les vaux mystérieux et morts
Le monotone appel des hulottes réplique
Au sifflement du vent dans le houx métallique
Qui vibre hostilement comme une armure et luit
Et l'eau sauvage hurle entre les roches grises,
Ainsi que défaillant de hautes entreprises
Une guerrière blanche en fuite dans la nuit.
L'EAU MORTE
A Charles Bourgault Ducoudray.
L'étang mystérieux dort parmi les bois sombres,
Eau de solitude, eau de silence, eau de songe,
Que le flot rose et blanc des bruyères prolonge;
Parfois des oiseaux noirs glissent comme des ombres
Entre les joncs tendus hors des sinistres ondes
Tels que des glaives d'or aux mains de reines blondes;
Et sous l'âpre soleil épars en rayons mornes
Les nymphéas chassés des limpides fontaines
Où boivent, à la nuit, les cerfs aux belles cornes,
Attendent tristement les étoiles lointaines.
RÊVE D'ÉTALONS
A Edmond Haraucourt.
Une lourde vapeur rôde sur les prairies;
La plaine calme dort au chant prochain des eaux
Et le vol pacifique et lent des grands oiseaux
Traîne des filets d'ombre aux flots d'herbes fleuries.
L'or brusque du soleil déborde dans l'azur
Et jaillit de la neige ardente des nuées;
Puis le ciel morne enclôt les splendeurs refluées
Dans ses digues de fer éblouissant et dur.
Des cris surnaturels et des glaives d'archanges
Bruissent dans l'éther magiquement: des voix
Rauques sonnent l'appel d'invisibles tournois
Où se heurtent des dieux et des guerriers étranges.
Les étalons vautrés dans le tiède gazon
Comme au ressouvenir épique des mêlées,
Eperdument, de leurs prunelles affolées
Parcourent l'étendue immense et l'horizon,
Et par delà le sable héroïque des grèves
Regardent, les naseaux gonflés d'un souffle amer,
Sur la montagne bleue et verte de la mer
Blanchir en galop fou les cavales des rêves.
Convulsifs et dressés sur leurs jarrets tremblants,
Le col tendu vers les chimériques crinières
Ils sentent comme aux jours des fièvres printanières
Les désirs infinis aiguillonner leurs flancs.
Mais leur chair glorieuse en proie aux frissons vagues
Dédaigne désormais les vieilles voluptés
Et le vain désespoir de leurs cœurs indomptés
Hennit lugubrement vers le troupeau des vagues.
MARBRE
A Ernest Christophe.
Les bois religieux se taisent; les oiseaux
Ont quitté la forêt où meurt le bruit des eaux.
Seule en sa nudité de vierge et de guerrière
La déesse de marbre habite la clairière
Et son corps impollu fait de rêve et d'amour
Monte, lys immortel, parmi les fleurs d'un jour.
Ni flûtes de bergers ni chansons de cigales:
Sauf le frissonnement des herbes amicales
Dont le flot souple ondule autour d'elle, nul bruit.
Parfois dans les fourrés un chevreuil brusque fuit
Farouche d'avoir vu briller la chair sans voiles
Et l'arc impérieux tendu vers les étoiles.
CRISTAL
A Emile Gallé.
Noire sur le cristal pâle et gris comme un ciel
D'hiver, la libellule énigmatique éploie
Les ailes dans l'air lourd et pestilentiel.
Ses immobiles yeux sans tristesse et sans joie
Cherchent sinistrement une invisible proie
Et planant sur l'eau verte et morte des marais,
Vers vos calices d'or, de pourpre et de ténèbres,
Elle vole vers vos calices à jamais,
Glauques fleurs qui nagez sur des étangs funèbres
Où se mire le deuil des pins et des cyprès.
CRÉPON
A Judith Gautier.
Des oiseaux merveilleux onglés de griffes d'or
Tracent dans le ciel calme un candide sillage
Et la migration d'un éternel voyage
Tend vers des pics lointains leur immuable essor.
Le caprice du peintre ouvrant les ailes vaines
Fige ironiquement loin des vierges sommets
Leur vol: blancs exilés, vous n'atteindrez jamais
Les cimes que le soir vêt de pâles verveines.
Mais le rêve des monts vous donne leur fierté,
L'eau des lacs inconnus frémit dans vos prunelles
Et l'héroïque amour des neiges fraternelles
Illumine vos yeux de gloire et de clarté:
Telle malgré l'horreur des ténèbres accrues
Mon âme vole vers la pourpre des printemps
Et loin des monts neigeux et des lacs où je tends
Rêve au parfum royal des roses disparues.
L'IMPÉRATRICE
A Mlle Gabrielle Herold.
Les dieux d'un riche crépuscule
Parent d'or fauve et de joyaux
Les cactus, les lys sans macule
Et les chrysanthèmes royaux;
La pourpre du jour tombe et glisse
Sur les terrasses du jardin;
Le soleil meurt, l'Impératrice
Frôle les fleurs avec dédain
Et songe, loin des soirs illustres,
Au lac blanc sous l'aube d'avril
Où les frêles herbes palustres
Semblaient des reines en exil.
L'ASCÈTE
A Benjamin Constant.
Après le jour de flamme et le labeur amer,
L'ascète hiératique accroupi sur la grève
Entendait résonner une harpe de rêve
Et son maigre lion dormait près de la mer.
Ni voix ni glissement des barques ou des ailes
Ne troublaient le silence effrayant et la paix
Du morne crépuscule épars dans l'air épais,
Et la bête songeait aux viandes des gazelles.
Mais l'homme dédaignant la tristesse du soir,
Consumé d'une soif que rien ne désaltère
Et que n'apaisent pas les coupes de la terre,
Regardait le soleil rougir l'horizon noir.
Et voyait, en un ciel de pourpre et d'hyacinthe,
Les pieds cloués, la chair tachant l'horrible croix,
Le Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, Roi des rois,
Sinistrement saigner sur la montagne sainte.
MESSE DES MORTS
A Bernard Lazare.
LES ORGUES
Requiem æternam dona eis, Domine.
Seigneur, ces pèlerins des routes de la vie
Ont peiné tout le jour vers le terme divin:
Au lieu des puits d'eau vive et des outres de vin,
Ils se désaltéraient aux calices d'envie.
Desséchés par le hâle et brûlé par le ciel
Torride, haletant de la soif infinie,
Ils ont bu, comme Christ en sa lente agonie,
La mauvaise liqueur de vinaigre et de fiel.
Sous les savantes mains d'atroces sagittaires,
Des flèches s'envolaient vers eux d'arcs inconnus
Et d'invisibles fouets mordaient leurs torses nus
Et du métal ardent coulait dans leurs artères.
Ils marchaient pesamment sous le faix de leurs croix
Avec le seul espoir de ta bonté future;
Mais les loups de l'enfer guettent la créature
Et happent en chemin l'âme que tu mécrois;
L'inextinguible feu hurle dans la géhenne
Et les damnés jetés aux abîmes grondants
N'apaisent point la faim terrible de ses dents
Et son gosier féroce est avivé de haines;
N'écarte pas de toi les fidèles troupeaux;
Le soir descend; après les heures sans prairies,
Voici l'instant rêvé des calmes bergeries:
Ouvre, ô Pasteur des morts, le bercail de repos.
LES VIOLONS
Et lux perpetua luceat eis.
Seigneur, ces exilés de la seule patrie
Criaient vers toi du fond des gouffres ténébreux;
Pitié, fais ruisseler des nuages sur eux
La source de splendeur promise en Samarie.
Que la mort leur devienne un baptême: revêts
Leurs flancs martyrisés de robes de lumière
Et donne leur essor dans la gloire première
Aux cygnes échappés aux pièges du Mauvais.
Magnifiques et purs, après la lutte rude,
Ils voleront vers les parterres triomphaux
Où des lys, méprisant la morsure des faux,
Fleurissent dans la joie et la béatitude,
Tandis que le soleil d'un ineffable été
Inonde d'or brûlant les roses et dilate
Les parfums épandus des coupes d'écarlate
Et que l'éther subtil chante l'éternité.
Rappelle au nid fermé les frissonnantes âmes
Et les ailes d'amour monteront vers l'Amant
A travers l'harmonie et l'éblouissement
Des musiques, des voix, des splendeurs et des flammes,
Et les siècles futurs et ceux qui ne sont plus
Tressailleront en toi d'une même allégresse
En oyant tel qu'un chant et tel qu'une caresse
Frémir au ciel nouveau le vol blanc des élus.
LES VIVANTS
Agnus Dei qui tollis peccata mundidona eis requiem.
Seigneur, Seigneur, Seigneur, impitoyable maître,
Nous sommes las des jours et des soleils maudits:
Epargne aux délivrés l'horreur du paradis,
Laisse les morts dormir en paix et ne plus être.
Tant de clous ont percé leurs membres ici-bas
Que nul flot baptismal rédempteur de leurs peines
Ne laverait les maux et les douleurs humaines
Et que ton repentir ne leur suffirait pas.
Ils entendraient, au lieu des sublimes cantiques
Flottant parmi l'encens des lys épanouis,
Monter de l'Océan tumultueux des nuits
Le râle inexpié des souffrances antiques;
Rumeur d'airain, sanglot cruel d'un tympanon
Dont une main haineuse a secoué les cordes,
Le souvenir rirait de tes miséricordes,
La voix de tes élus blasphémerait ton nom.
Roi du ciel, reste seul dans ta gloire exécrée
Formidable, sereine et libre de remords;
O bourreau des vivants, ne touche pas aux morts,
Et quand viendra pour nous la suprême vesprée,
Quand les vers rongeront les os de nos genoux,
Accorde à notre chair en tardive clémence
Non les vaines clartés, mais l'ombre, le silence,
Le sommeil et l'oubli de toi-même et de nous.
LA VANITÉ DU VERBE
LA VANITÉ DU VERBE
I
Le Runoïa, le prince altier du Verbe d'or,
Est las de la nature et des formes antiques
Où l'ébauche du monde est imparfaite encor;
Les bois noirs et leur chant de harpes prophétiques
Et les monts violets endormis sous le ciel,
Et les brumes d'argent sur les vagues baltiques,
Et les brises de fleurs et les parfums de miel,
Et tous les souvenirs alourdis de mystère
Gonflent son cœur amer de mépris et de fiel.
En son être, écrasé par l'ennui solitaire
Croît, avec le dégoût de sa virginité,
Le désir d'évoquer une nouvelle terre,
Un monde jeune, un paradis illimité,
Revêtu d'aubépine immortelle et d'yeuses
Sous les glaces d'hiver et les soleils d'été,
Où des créations de femmes radieuses
Se mêleraient d'amour à de mâles héros
En des lits de gazon semés de scabieuses.
Le Maître déploya l'art magique des Mots:
Un subit univers naissait de ses paroles
Comme la perle naît du bruit rhythmé des flots.
Une profusion sanglante de corolles
S'éveillait et germait du rêve des Avrils
Et l'azur flamboyait de fauves auréoles,
Tandis que les forêts et les guerriers virils,
Les femmes pâles et les belles chevelures
Jaillissaient de l'abîme au gré des chants subtils.
Alors, imaginant les caresses futures,
Le sublime ouvrier du Verbe éperdument
Songeait un songe blanc pétri de neiges pures.
Il disait son extase et son ravissement,
Et s'enivrait de la liqueur de la Pensée
Et sa voix enfantait l'ineffable Tourment;
Elle faisait surgir au jour la fiancée
Surhumaine, et la Femme idéale venait
Divinement resplendissante et cadencée.
Elle marchait sur la bruyère et le genêt
Et des astres vivaient au fond de sa prunelle;
Un silence d'hymen et de baisers planait.
Le Runoïa, joyeux de l'œuvre faite, en elle
Se plongeait comme dans un océan de lys
Et tombait ébloui de la Forme éternelle
Dans le gouffre effrayant des rêves accomplis.
II
La contemplation dura cent mille années;
Quand le Maître sortit des songes éclatants,
Des générations hideuses étaient nées.
Les Rhythmes étaient morts; les rires insultants
Grimaçaient; le soleil blême sur les prairies
Sans fleurs pleurait les jours anciens et les printemps;
L'épouse maquillée, âpre de pierreries,
Se raillait du Poète et du Rêve divin
Et se prostituait aux races amoindries.
Lorsque le Démiurge eut vu ce qui devint,
Un désespoir immense emplit son âme sombre;
Il comprit que le Verbe était stupide et vain
Et cria dans la nuit: «Puisque tout croule et sombre,
«Après l'œuvre magique et sublime du Chant,
«O paroles, rentrez dans le gouffre de l'ombre.
«Va, monde! abîme-toi, triste soleil couchant!
«Disparais d'un seul coup dans le néant avide!
«Fonds-toi dans ma fureur comme un lingot d'argent!»
Plus rien ne fut; la nuit par le ciel morne et vide
Roula son voile noir sur la fausse splendeur
Et le Maître, absorbé dans le chaos livide
Tut—pour l'éternité—le Verbe créateur.
TABLE
| DÉDICACE | |
| A LA MÉMOIRE D'ÉPHRAÏM MIKHAËL | 7 |
| DE SABLE ET D'OR | |
| LES FLEURS NOIRES | |
| LES FLEURS NOIRES | 13 |
| LE DIEU MORT | 15 |
| RUINES | 17 |
| PAR LA NUIT D'AUTOMNE | 19 |
| SOLITUDE | 21 |
| PAROLES SUR LA TERRASSE | 23 |
| L'AUTOMNE A DÉNUDÉ LES GLÈBES | 25 |
| LES VAINES IMAGES | |
| PSYCHÉ | 29 |
| ÉLIANE | 31 |
| HYMNIS | 37 |
| CHRYSARION | 40 |
| L'ERRANTE | |
| L'ERRANTE | 45 |
| VERS L'AURORE | |
| LES AUMÔNIÈRES | 59 |
| MARE TENEBRARUM | 61 |
| LE PÈLERINAGE HORS DE L'OMBRE | 63 |
| NATIVITÉ | 67 |
| LE CHÈVRE-PIEDS | 69 |
| FLAMMES | 71 |
| LE JARDIN DE CASSIOPÉE | |
| LE JARDIN DE CASSIOPÉE | 75 |
| VOIX DERRIÈRE LA HAIE | 78 |
| LA DOULEUR A CRIÉ | 82 |
| LA GLOIRE DU VERBE | |
| LA GLOIRE DU VERBE | |
| LA GLOIRE DU VERBE | 89 |
| LES MYTHES | |
| L'AVENTURIER | 97 |
| LE BOIS SACRÉ | 102 |
| LES CAPTIFS | 109 |
| LES YEUX D'HÉLÈNE | 115 |
| SCHAOUL | 117 |
| RESSOUVENIR | 120 |
| GOETTERDAEMMERUNG | 122 |
| LA FILLE AUX MAINS COUPÉES | 124 |
| LA PEUR D'AIMER | 136 |
| LE PRINCE D'AVALON | 138 |
| CELLE QU'ON FOULE | 141 |
| LA VOIX IMPÉRISSABLE | 149 |
| MAYA | |
| THAÏS | 157 |
| JUDEX | 160 |
| CHAMBRE D'AMOUR | 162 |
| PRINTEMPS D'AUTOMNE | 164 |
| LIEDER | 166 |
| POUR UNE ABSENTE | 179 |
| JOUVENCE | 181 |
| LA MORT INUTILE | 183 |
| L'AME SEULE | 185 |
| PETITS PAYSAGES | 189 |
| EN MORVAN | 191 |
| L'EAU MORTE | 192 |
| RÊVE D'ÉTALONS | 193 |
| MARBRE | 195 |
| CRISTAL | 196 |
| CRÉPON | 197 |
| L'IMPÉRATRICE | 199 |
| L'ASCÈTE | 200 |
| MESSE DES MORTS | 202 |
| LA VANITÉ DU VERBE | |
| LA VANITÉ DU VERBE | 209 |
ACHEVÉ D'IMPRIMER
le trente octobre mil huit cent quatre-vingt-dix-sept
PAR
L'IMPRIMERIE Vve ALBOUY
POUR LE
MERCVRE
DE
FRANCE
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