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La négresse blonde: Cinquième hypostase, avec soixante-quinze Tatouages de Lucien Métivet

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A LA VÉNUS DE MILO

Aux quinze-vingts le vieil Homère et
toi, cascade, Hortense, ma fille.
J. Vallès.
Idéal manchot des constipés architectes
sortis «premiers» de l’École-des-vilains-Arts,
Paros mal retrouvé par les benêts hasards
réduction colas pour mâcheurs de Pandectes;
plâtre durci sur la tronche pleine d’insectes
des petits Italos; rossignol des bazars;
nulle en bizarre et bon nanan des vieux busards
chez Balandard, sur la pendule où tu t’objectes;
Paganisme des quincailliers! Bronze en toc! zinc!
sache que les adorateurs de Lao-Tzeng,
ceux qu’un magot, poussah falot, séduit et botte,
o mijaurée, ont renversé ton piédestal
et qu’ils ont mis dans un Panthéon de cristal
ta sœur négresse aux longs tétons, la Hottentote!!!

 

 

 

 

EN PASSANT SUR LE QUAI...

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EN PASSANT SUR LE QUAI...

C’est encore là ce que nous avons
eu de meilleur.

Gustave Flaubert.

(L’Éducation sentimentale).

Le long des parapets tout argentés de brumes,
Vraiment je ne sais plus pourquoi je remarquai
Ce banal in-dix-huit parmi tant de volumes
Endormis comme lui dans les boîtes du quai;
Lamentable bouquin! voyez: le dos se casse,
Le soleil tord les plats que l’averse a mouillés;
On a, sans aucun soin, gratté la dédicace
Et le vent de la scène emporte des feuillets.
C’est un livre de vers: jadis par les allées
Du Luxembourg vernal où chantaient les lilas
Comme il vous pourchassait gaiement, strophes ailées,
Ce poète chanteur alerte et jamais las!
Fou d’épithète rare, et de rythme et de rime,
D’allitération, de consonnes d’appui,
Il n’apercevait point (irrémissible crime!)
Putanettes en fleurs, vos yeux fixés sur lui!
Et comme il se dressait en dompteur de chimère
Et comme il agitait son crâne chevelu,
Ce jour, cet heureux jour où l’éditeur Lemerre
Lui dit: «Monsieur Ledrain, jeune homme, vous a lu;
«Vos vers le satisfont. Casquez, et je publie!»
Oh! mots harmonieux! le murmure embaumé
Des forêts où l’aveu d’une lèvre jolie
Peut-être, en ce moment, ne l’eût point tant charmé!
Oh! tu n’espérais point, je le sais, bon jeune homme,
Non! tu n’espérais point le foudroyant succès
Qui du soir au matin fait l’auteur qu’on renomme
De l’inconnu d’hier, mais au moins tu pensais
(D’ailleurs peu soucieux de vulgaires tapages)
Qu’une femme, un poète, un couple d’amoureux,
Peut-être... un chroniqueur feuilletteraient ces pages
Et scanderaient ces vers que tu rimais pour eux.
Hélas! Monsieur Ledrain fut ton lecteur unique;
Ton bouquin resta vierge au passage Choiseul...
Nulle main n’entr’ouvrit cette jaune tunique
Dont la brocheuse a fait son lange et son linceul!
Est-il mort, aujourd’hui, l’auteur de ces poèmes?
Aigri, désespéré, faiseur de mots méchants,
A-t-il grossi le flot des sordides bohêmes?
Non! laissez-moi penser qu’il regagna ses champs,
Sa maison de province où toute chose est douce,
L’enclos où le glaïeul fleurit auprès du chou;
Il végète comme eux sans heurt et sans secousse,
Adipeux et béat, tel un poussah mandchou!
Critique au Moniteur de la Sous-Préfecture,
Il préside là-bas de vagues JEUX FLORAUX,
Déplore les excès de la littérature
Et flétrit les auteurs de romans immoraux;
Le ruban violet orne sa boutonnière
Et lui qui se posait naguère en Charles Moor,
Il couche maintenant avec sa cuisinière
S’avouant satisfait d’un ancillaire amour.
Chaque nuit, dans les draps, couple en rut mais que hante
Incoerciblement la terreur du fœtus,
Avec précaution, le maître et la servante
Échangent des baisers contrôlés par Malthus.
Il grisonne, pourtant ses ruses de satyre
Avivent les langueurs de sa nymphe à l’oignon
Mais, toujours galant homme, à temps, il se retire:
Le jour, il est: «Monsieur» et la nuit: «Gros Mignon!»
Si tout est bien ainsi que je l’ai voulu croire,
Ami, tombe à genoux et bénis le Seigneur,
Ta pauvre ambition ne rêvait que la gloire;
Plus clément, le Bon Dieu t’a donné le bonheur!

BALLADE pour faire connaître mes occupations ordinaires  Au docteur Georges Boileau.

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BALLADE

pour faire connaître mes occupations ordinaires

Pauvres gens que les gens!
P. V.
Considerate lilia agri...
J. C.
On voit des gens être épiciers,
Avocats ou marchands de laine
Et l’on en voit qui sont huissiers
Ou bedeaux à la Magdelaine,
Aucuns font de la porcelaine,
Du cirage ou des feuilletons,
D’autres vont pêcher la baleine:
Moi, j’attrape les hannetons!
Quelques-uns, des écrivassiers,
—Doux toqués! (la morgue en est pleine!)—
Cherchent, la nuit dans leurs puciers,
Les rimes d’une cantilène:
«Pauvres gens!» comme dit Verlaine
C’est bien votre air que nous chantons!
va te brûler, belle phalène!
Moi, j’attrape les hannetons!
En vain des philistins grossiers
Me rabâchent à perdre haleine!
«Il faut bien que vous embrassiez
Une carrière!» Lon, lon, laine!
Messieurs, soyez préfet de l’Aisne,
Mettez aux pois les canetons
Ou comprimez l’acétylène!
Moi, j’attrape les hannetons!

ENVOI

Prince, la gente et la vilaine,
Toutes sont mêmes Jannetons:
Que Pâris garde son Hélène!
Moi, j’attrape les hannetons!

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BALLADE

en l’honneur des poètes falots

Falot! falot.
Jules Laforgue.
Zut pour Homais! Pour l’abdomen
De Prud’homme, l’affreux macaque,
Pour le bedeau qui dit: «Amen!»
Pour le Chinois, pour le Valacque!
Plus que l’«Ethique à Nicomaque»
J’aime la chanson des grelots:
Doux Cassandre, Pierrot te claque!
Vivent les Poètes falots!—
Corbière, au pays du dolmen
Et du hareng qu’on met en caque,
Sut cueillir plus d’un cyclamen;
Cros est un alexipharmaque
Propre à dissiper les comas que
Portent les veules symbolos,
Maldoror fut un brucolaque!
Vivent les Poètes falots!
Lunologue (bizarre hymen!)
Laforgue voulut pour momacque
La lune (dulce solamen!)
La nuit sur un divan de laque
Il dénouait, élégiaque,
Ta ceinture de fins halos
Baalet, pâle Syriaque!
Vivent les Poètes falots!

ENVOI

Maîtres, le courtier qui micmaque,
Offrant titre ou valeur à lots
Brait, parlant de vous, «C’est un braque!»
Vivent les Poètes falots!

A la totalité de mes amis. ÉPITRE pour régler l’ordre et la marche de mes funérailles  Allons donner notre ordre à des pompes funèbres A l’égal de son nom, illustres et célèbres.  P. Corneille.  (Sertorius, acte V, scène VIII)

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ÉPITRE FALOTE ET TESTAMENTAIRE

POUR RÉGLER L’ORDRE ET LA MARCHE DE MES FUNÉRAILLES

Allons donner notre ordre à des Pompes funèbres
A l’égal de son nom, illustres et célèbres.
P. Corneille (Sertorius, acte V, scène VIII).
Il ne me convient point, barons de Catalogne,
lorsque je porterai mon âme à Lucifer,
qu’on traite ma dépouille ainsi que la charogne
d’un employé de banque ou de chemin de fer.
Que mon enterrement soit superbe et farouche,
que les bourgeois glaireux bâillent d’étonnement
et que Sadi Carnot, ouvrant sa large bouche,
se dise: «Nom de Dieu! le bel enterrement!»

I

Le linceul sera simple et cossu: dans la bile
d’un pédéraste occis par Capeluche vers
l’an treize cent soixante, un ouvrier habile
a tanné douze peaux de caprimulges verts:
pour ôter au cadavre un aspect trop morose
premier que me vêtir du suaire, teignez
mes sourcils en bleu ciel et mes cheveux en rose
de flammant et dorez mes ongles bien rognés.
Ce coffre d’orichalque ocellé de sardoines
et doublé de samit qu’autrefois Gengis-Khan
offrit à mon aïeul semble des plus idoines
à recevoir mon corps aimé de Dinican!
Étendez-moi rigide au fond de cette bière,
placez entre mes mains nos livres décadents:
Laforgue, Maldoror, Rimbaud, Tristan Corbière,
mais pas de René Ghil: ça me fout mal aux dents!

I

Pour corbillard, je veux un très doré carrosse
conduit par un berger Watteau des plus coquets,
et que traînent, au lieu d’une poussive rosse,
dix cochons peints en vert comme des perroquets;
Celle que j’aimai seul, ma négresse ingénue
qui mange des poulets et des lapins vivants,
derrière le cercueil, marchera toute nue
et ses cheveux huilés parfumeront les vents;
les croque-morts seront vêtus de laticlaves
jaunes serin, coiffés d’un immense kolbach
et trois mille zeibecks pris entre mes esclaves
suivront le char jouant des polkas d’Offenbach;
vous, sur des hircocerfs, des zèbres, des girafes
juchés et clamitant des vers facétieux,
vous cavalcaderez munis de deux carafes
d’onyx pour recueillir le pipi de vos yeux,
tandis que méprisant ta faune, ô Lacépède,
drapé dans une peau de caméléopard
mon vieux compaing Deibler, sur un vélocipède,
braillera la Revue et le Chant du Départ!

I

Dans un temple phallique atramenté de moire,
MONSIEUR DOCRE, chanoine et prêtre habituel
des Sabbats, voudra bien chanter la MESSE NOIRE
évoquant Belphégor d’après son rituel.

I

Ce gâteau de Savoie ayant Hugo pour fève,
le Panthéon classique est un morne tombeau;
pour moi j’aimerais mieux (que le Dyable m’enlève!)
le gésier d’un vautour ou celui d’un corbeau!
Puisque j’ai convomi la société fausse
où les fiers et les forts ne sont que réprouvés,
Monsieur le fossoyeur, vous creuserez ma fosse
parmi les assassins, dans le Champ-des-Navets!
Ni croix, ni monument: sous la Lune hagarde
je sortirai parfois, la nuit, pareil aux loups-
garous et les bourgeois diront: «Que Dieu nous garde!»
quand surgira mon spectre, à l’heure des filous!...
L’épitaphe? Barons, laissez la rhétorique
funèbre aux bonnetiers! Sur ma pierre, par la
barbe Mahom! gravez en lettres rouge brique
ces quatre alexandrins où tout mon cœur parla:
«Ci-gît Georges Fourest; il portait la royale
«tel autrefois Armand Duplessis-Richelieu,
«sa moustache était fine et son âme loyale!
«Oncques il ne craignit la vérole ni Dieu!...»
Et pour épastrouiller la tourbe scélérate,
s’il vous faut exalter en moi quelque vertu,
narrez que j’exécrais le pleutre démocrate
et que le bout de mes souliers était pointu!
Et tout sera parfait! Et moi, dans la géhenne,
grinçant et debout sur les brasiers tisonnés,
je hurlerai tel cri de blasphème et de haine
que je terrifierai le DYABLE et ses damnés!!!
Or, j’ai scellé ce pli des sept sceaux d’Aquitaine,
MOI, neveu d’Astaroth, maudit par Jésus-Christ!
Et pour être compris même de Monsieur Taine,
je m’exprime en vulgaire et non point en sanscrit!


LA CONNAISSANCE

9, Galerie de la Madeleine, 9, PARIS (8ᵉ)


Les Chefs-d’Œuvre:
Anatole France.—Le lys rouge55 »
Octave Mirbeau.—Le Calvaire27 50
—   — Contes de la Chaumière27 50 et 22 »
Pierre Loti.—La mort de Philæ27 50 et 22 »
Gérard de Nerval.—La bohème galante30 » et 27 50
Théodore de Banville.—La lanterne magique27 50 et 22 »
Rémy de Gourmont.—Les chevaux de Diomède27 50 et 22 »
Stendhal.—Chroniques Italiennes (2 volumes)30 » et 25 »
Collection d’Art:
J. Barbey d’Aurevilly.—Le cachet d’Onyx-Léa18 »
Villiers de l’Isle-Adam.—Trois contes, avec 4 eaux-fortes de Henry de Groux250 » 100 » 70 » et 40 »
Charles Cousin.—Le vœu de l’Etre, poème36 » et 16 »
An.-Catherine Emmerich.—La douloureuse passion, 7 bois de Malo Renault25 » et 20 »
René-Louis Doyon.—Proses mystiques (La résurrection de la chair. L’homme qui a sauvé Dieu. La dernière.)50 » 40 » et 24 »
Juan de Yepes.—(Saint-Jean de la Croix).—Canciones, traduits en prose rythmique par René-Louis Doyon. 12 bois de Malo Renault250 » 100 » 80 » et 50 »
J. Peladan.—Le livre secret (1 portrait et 2 allégories par Henry de Groux)80 » et 30 »
Petite Bibliothèque:
Hroswitha.—Abraham, trad. J. Cuzin6 »
P. Mérimée.—H B par un des Quarante6 »
X.—L’horizon débridé6 »
Al. Bertrand.—Gaspard de la nuit (édition complète)4 50
Ch. Baudelaire.—Les fleurs du mal3 50
Petits poèmes en prose3 »
J. Barbey d’Aurevilly.—Le cachet d’onyx-Léa, Fragment (étude de Sade à Barbey, par R.-L. Doyon)4 »
Les Textes:
1. Stendhal.Lettres à Pauline, (3 portraits)18 »
2. J. Laforgue.Exil, Poésie Spleen (nombreux documents, 1 portrait
de Skarbina)33 » et 22 »
3. Ernest Renan.Essai psychologique sur Jésus-Christ, (publié
pour la 1ʳᵉ fois)10 »

(Envoi franco contre mandat)


LA CONNAISSANCE, revue de lettres et d’idées
PARAIT LE 15 DE CHAQUE MOIS
Abonnement Annuel: France, 30 francs; Extérieur, 35 francs
(Envoi d’un spécimen contre demande)

NOTES:

[A] Si le roi et l’arène se trouvent ici l’un près de l’autre, c’est tout à fait par hasard.

[B] Il faut bien avouer que le nom du respectable et feu M. Floquet vient ici comme des cheveux sur la soupe. Mais, bah!

(Note de l’auteur).

[C] On tient à affirmer hautement qu’il n’est fait ici nulle allusion déplacée à l’éminent maëstro Ch. M. Widor.

(Note de l’auteur).

[D] Rime audacieuse, j’aime à le croire!

(Note de l’auteur).

[E] Makoko, souverain anthropophage (mais constitutionnel) de l’Afrique Centrale.

(Note de l’auteur).

[F] Un kanguroo femelle, bien entendu.

(Note de l’auteur).

[G] On dirait qu’on joue à pigeon vole, trouvez-vous pas?

(Note de l’auteur).

[H] Si j’ose m’exprimer ainsi!

(Note de l’auteur).

[I] Etc., etc.

(Note de l’auteur).

[J] Tout ce qu’il faut pour prier.

(Note de l’auteur).

[K] Il est bon de faire observer que les chrysanthèmes sentent plutôt mauvais.

(Note de l’auteur).

[L] Y a-t-il de l’osier en Laponie? Mystère et botanique.

(Note de l’auteur).


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