Le Tour du Monde; Athos: Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860
Bas-relief du couvent de Vatopédi.—D'après le dessin de M. A. Proust.
Un jour que nous allions visiter un skite à peu de distance du couvent et que ces pèlerins marchaient devant nous, je remarquai combien ils se fondent harmonieusement dans le paysage. Les chauds rayons du soleil ont déteint sur leur fontanelle jaunie et adouci les couleurs trop vives de leurs vêtements. Dans les pays du nord, quand la foule s'éparpille au grand air un dimanche d'été, elle a revêtu sa chemise reblanchie, ses souliers revernis et son chapeau aux reflets luisants; alors, sur la verdure mate, le soleil s'accroche à tous ces êtres comme à des paillettes d'or, et on croit entendre comme le bizarre concert de fausses notes dans la pastorale de Beethoven. Ils font fuir les oiseaux et mettre les bœufs en fureur, et cependant ils ont raison et contre les bœufs et contre les oiseaux; car c'est un besoin sous notre ciel gris d'attirer sur nos bottes et notre chapeau un rayon de la lumière avare. Sous ce ciel d'Orient, au contraire, le soleil est ardent, la végétation vigoureuse, et il semble qu'on respire la santé dans l'air: les ermites de l'Athos ont vraiment un grand mérite à ne pas devenir épicuriens. Du reste, le skite que nous visitons ce jour-là ne ressemblait en rien à une trappe; ses habitants tissaient des chemises en chantant, au bord d'un torrent empourpré de lauriers-roses, et leur face réjouie, leurs larges épaules, leurs mains noueuses disaient assez: «Frère, il faut vivre et longtemps louer Dieu qui nous a faits si robustes sur un sol si prodigue.»
À quelques jours de là nous quittions Vatopédi avec le pappas, ses deux fils et l'higoumène d'Esphigmenou, qui rejoignait son couvent.
Ce dernier monastère est presque entièrement neuf, réédifié il y a peu d'années. On l'appelle Esphigmenou parce qu'il est placé dans une vallée étroite (σφιγγω, étrangler). Il a été dédié à Siméon par Théodose le Jeune et sa sœur Pulchérie; Théodose est le saint Louis des Byzantins. Son palais était tenu comme un monastère, dit Théodoret; il se levait de grand matin pour chanter, avec ses sœurs, à deux chœurs les louanges de Dieu; il jeûnait souvent, souffrait patiemment le chaud et le froid et ne tenait rien de la mollesse d'un prince né dans la pourpre. Si quelque criminel était condamné à mort, il lui donnait sa grâce, car, disait-il, il est bien aisé de faire mourir un homme, mais il n'y a que Dieu qui puisse le ressusciter.» Les moines honorent beaucoup Théodose parce qu'il les craignait. «Un jour, racontent-ils, un moine à qui il avait refusé une grâce l'excommunia; l'empereur, qui allait prendre son repas, dit qu'il ne mangerait point qu'il ne fût absous. Un évêque lui dit qu'il le déclarait absous; mais Théodose ne voulut rien prendre avant qu'on eût recherché le moine et qu'il l'eût rétabli dans la communion.»
C'est à Esphigmenou que s'est retiré le patriarche Anthymos[36] qui a précédé le patriarche actuel sur le trône de Constantinople. Il n'est pas sans utilité de donner ici quelques détails sur ce qu'est un patriarche de Constantinople depuis 1453. Lorsque Mahomet II cherchait à s'emparer de Constantinople, l'empereur Constantin s'adressa à Rome pour en avoir des secours. Une partie du haut clergé grec, qui craignait par l'union proposée avec l'Église romaine que son importance ne diminuât, se rangea sous la bannière d'un mécontent, le moine Georges Scholarius Genadius. Genadius s'entendit-il secrètement avec Mahomet II? Quelques historiens l'affirment, mais rien ne le prouve positivement, et il vaut mieux croire que le moine, après l'entrée des Turcs dans la ville, réclama simplement du vainqueur le poste de patriarche pour sauvegarder les intérêts des vaincus. Quoi qu'il en soit, Mahomet II revêtit Genadius, non-seulement de l'autorité spirituelle sur ses coreligionnaires, mais encore de l'autorité civile et judiciaire, et le proclama chef de la nation grecque, en sorte que le patriarche œcuménique de Constantinople est depuis cette époque juge souverain des affaires civiles et religieuses: c'est lui qui juge les procès, fait et défait les mariages, lève les impôts, vend les indulgences (diavatirion) et prélève des droits sur les objets en litige. Il est vrai qu'il a de lourdes charges envers la Porte et que son élection lui coûte cher; mais si le pallium se vend à l'encan, c'est le raïa qui paye les enchères. On peut se faire une idée de la fréquence des élections, si l'on songe qu'il suffit pour destituer un patriarche d'une simple demande du synode des archevêques, qui tous désirent la place. Il n'y a pas aujourd'hui dans les couvents grecs moins de six patriarches destitués. Ces personnages, revêtus de pouvoirs aussi étendus sur la nation grecque, pouvaient faire beaucoup pour elle: ils n'ont rien fait que la tenir étroitement liée par le malheur et l'oppression. Que la puissance patriarcale soit entre les mains de Pierre ou de Paul, cela s'appelle toujours abus et despotisme[37]. Anthymos passe pour être dévoué à la Russie; cela est possible, et on trouve de nombreux exemples de ce dévouement dans l'aristocratie des couvents de l'Athos. Les czars veulent-ils prendre Constantinople et rêvent-ils l'unité de ces deux éléments, les Slaves et les Grecs? Les Anglais disent oui; les Russes disent non. En admettant pour un instant la première de ces hypothèses, le clergé grec s'entendra-t-il avec le conquérant russe comme avec Mahomet II? Cela n'est pas probable, car ce qu'il veut, comme toutes les puissances théocratiques, c'est l'État dans l'État, et Pétersbourg ne semble pas favorable à ce principe. En outre, il est permis de douter que le bon sens du peuple grec qui voit plus clair dans les affaires de son clergé depuis quelques années, et la partie même de ce clergé qui est vraiment nationale, permettent à ces quelques dignitaires utopistes de perpétuer un système dont notre siècle a fait justice et de boyardiser une nation[38] qui a prouvé qu'elle était digne d'être libre.
Anthymos, qui avait été déjà appelé deux fois au patriarcat, était au couvent d'Esphigmenou entouré d'un grand respect par les autres caloyers.
Le 23 juin, nous pliâmes bagages et envoyâmes chercher le pappas, qui passait avec ses deux fils tout son temps à l'église. Notre pèlerin était de très-bonne composition, toujours disposé à partir ou à rester. Je lui dis que nous allions le soir coucher à Kiliandari, et il monta sur son mulet. Il eût aussi bien été à l'occident qu'à l'orient, peu lui importait, pourvu qu'il allât coucher dans un monastère.
La vallée étroite qui remonte à Kiliandari cesse d'être une gorge au bout de quelques cents mètres, s'élargit à mesure qu'on avance et arrive à une petite plaine basse, jaunie de mousse et hérissée de rochers. Cette plaine est l'isthme que fit entailler Xerxès. Je ne tenterai pas de prouver le plus ou le moins de probabilité du percement. Juvénal y croyait peu:
«Creditur olim
Velificatus Athos, et quidquid Græcia mendax
Audet in historia.»
(J., Sat., X, v. 173.)
Belon n'y croit pas.
Choiseul-Gouffier se livre à ce sujet à un calcul assez compliqué, d'où il résulte qu'il aurait fallu à Xerxès soixante-deux mille journées d'ouvriers pour arriver à terminer ce canal. Voici le passage d'Hérodote à cet égard, liv. VII, chap. XVI et suiv. (traduct. Larcher.)—«On avait fait des préparatifs environ trois ans d'avance pour percer le mont Athos, parce que dans la première expédition la flotte des Perses avait essuyé une perte considérable en doublant cette montagne. Il y avait des trirèmes à la rade d'Éléonte dans la Chersonèse. De là partaient des détachements de tous les corps de l'armée, que l'on contraignait à coups de fouet de percer le mont Athos, et qui se succédaient les uns aux autres Les habitants de cette montagne aidaient aussi à la percer. Bubarès, fils de Mégabyze, et Artachès, fils d'Artée, tous deux Perses de nation, présidaient à cet ouvrage....
«.... Voici comment on perça cette montagne: on aligna au cordeau le terrain près de la ville de Sané, et les barbares le partagèrent par nations. Lorsque le canal se trouva à une certaine profondeur, ceux qui étaient au fond continuaient à creuser, les autres remettaient la terre à ceux qui étaient sur les échelles; ceux-ci se le passaient de main en main jusqu'à ce qu'on fût venu tout au haut du canal; alors ces derniers le transportaient et le jetaient ailleurs. Les bords du canal s'éboulèrent, excepté dans la partie confiée aux Phéniciens, et donnèrent aux travailleurs une double peine....
«.... Xerxès, comme je le pense sur de forts indices, fit percer le mont Athos par orgueil, pour faire montre de sa puissance, et pour en laisser un monument. On aurait pu, sans autant de peine, transporter les vaisseaux d'une mer à l'autre, par-dessus l'isthme; mais il aima mieux faire creuser un canal de communication avec la mer, qui fût assez large pour que deux trirèmes pussent y voguer de front.»
Albanais, soldat de la garde des Épistates.—Dessin de Villevieille d'après M. A. Proust.
Le percement de cet isthme large de 1200 mètres au plus serait aujourd'hui très-facile, le sol n'étant élevé que de quelques pieds au-dessus du niveau de la mer. On ne s'explique guère pourquoi Xerxès entreprit ce travail qui ne lui épargnait qu'un trajet de 12 ou 13 lieues et le forçait quand même à aller passer à la pointe de l'Athos pour doubler les caps Felice et Palliouri qui forment avec celui-ci comme les trois dents d'une fourchette. Si l'on admet le percement, il faut admettre la raison d'orgueil qu'en donne Hérodote; la raison d'utilité était nulle.
Kiliandari est à peu de distance en dedans de cet isthme à l'extrémité de la montagne. Le porche qui sert d'entrée est sombre, mais l'intérieur de la cour avec son double rang d'arcades superposées a un air de propreté et d'animation qui réjouit. La marqueterie en briques du catholicon contribue à égayer cet ensemble. Au-dessus des murailles la montagne développe sa ligne verte et les arbres se penchent jusque sur les toits. Ce tableau heureux de lignes est sans doute fort beau, mais à la longue ces montagnes deviennent étouffantes et on voudrait pour beaucoup un de ces plats horizons de nos plaines au bout d'une route droite comme un I qui laisse voir au loin le clocher du village coiffé de son bonnet d'ardoise.
Les moines de Kiliandari, Serbes et Bulgares, ont un vêtement plus sombre que celui des caloyers grecs, mais qui toujours, à une faible nuance près, a l'apparence du feutre usé: leurs mains, leurs visages, prennent sous l'ardeur du soleil cette même teinte, et je me surprenais parfois contemplant avec admiration le pantalon de Nankin de Schrany dont le jaune d'or rompait un peu la monotonie du ton général.
Vue du couvent d'Esphigmenou.—Dessin de Karl Girardet d'après une photographie.
Les Bulgares, peuple tranquille et laborieux, forment une branche de la famille slave, répandue dans le nord de la Turquie d'Europe; les Serbes habitent la principauté de Servie, la Bosnie, l'Herzégovine et le Monténégro. Bien qu'ils aient une langue particulière, ils célèbrent les offices en langue grecque. Longtemps ils ont possédé une liturgie en esclavon: cette concession leur avait été faite par Photius pour les empêcher d'écouter les propositions d'union que leur faisaient les légats du pape en 865. Étienne Dunschan, roi de Servie, déclara en 1351 les Serbes indépendants de l'Église grecque et nomma patriarche le métropolitain de Servie, mais en 1737 le patriarche de Constantinople obtint de la Porte la suppression de son rival et depuis nomma les évêques. La langue grecque fut alors imposée dans les églises[39].
La bibliothèque de Kiliandari est riche en manuscrits slaves (M. de Sévastiannoff y a fait de précieuses découvertes), et ses jardins dédiés à saint Tryphon, patron des jardiniers, sont les mieux cultivés de la montagne. Saint Sabbas est le fondateur de ce monastère. On montre dans le catholicon ses reliques[40]. Devant le bêma, entre deux cierges toujours allumés, est une Vierge peinte sur bois qu'on appelle la παναγια τριχερουσα. Cette image est chargée d'annulaires et d'ex-voto. C'est par sa vertu, disent les moines, que Jean Damascène, qui avait eu la main droite coupée par les iconoclastes, vit renaître son bras mutilé.
Les moines de Kiliandari sortent peu, travaillent toute la journée à des travaux manuels ou restent dans leurs cellules à prier, et font vœu de pauvreté dans la plus stricte acception du mot. Notre Albanais, Ianni, tenait les couvents slaves en grand mépris, parce que le vin n'y est pas bon et que ces cénobites sérieux n'ont jamais le plus petit mot pour rire.
De Kiliandari à Zographos, le second couvent bulgare, le pays est boisé de sapins. De ces arbres résineux s'échappait une odeur aromatique qui faisait dire au pappas que de ce saint lieu s'exhalait une odeur d'encens. D'un couvent à l'autre la distance est de quatre milles au plus, mais le sentier se recourbe et revient si souvent sur lui-même, qu'on fait plus du double pour atteindre le pic aigu où se dresse Zographos à une hauteur prodigieuse.
Ce nom de Zographos a pour origine une légende poétique. Vers l'an 895, Léon le Sage fit élever un couvent au mont Athos et en confia la décoration au plus habile peintre de la montagne. Le maestro couvrit en peu de temps les murs de fresques, mais arrivé à l'endroit où il devait représenter saint Georges, son talent lui fit défaut, et jour et nuit il travaillait et grattait sans cesse ce qu'il venait de faire, ne pouvant arriver à un résultat qui le satisfit. Un matin, qu'il revenait découragé à son travail, il vit dans le fond de l'église au milieu d'un cadre étincelant d'or et de pierreries une image si parfaite du saint, qu'il tomba la face contre terre et se mit en prières. Un moine, qui entrait à ce moment, reconnut le saint Georges pour l'avoir vu au Sinaï où il était en grande vénération. Chacun s'émerveilla de ce miracle et le couvent prit le nom de Zographos (couvent du peintre). Quelque temps après, le miracle ayant été répandu dans tout l'empire, un moine du Sinaï vint à Athos et s'approchant du saint, lui reprocha son infidélité en le menaçant du poing. Saint Georges saisit la main du moine insolent et lui coupa le doigt avec les dents.
Nous restâmes deux jours à Zographos non pas tant pour les bibliothèques et les églises riches en manuscrits et en peintures, que pour la splendeur du paysage. Placé, comme je l'ai dit, sur un pic aigu, ce couvent semble avoir voulu atteindre le ciel et s'être arrêté en chemin. Les hautes forêts qui l'entourent, baignées de torrents, gardent leur fraîcheur sous le soleil brûlant; nul bruit ne trouble cette solitude que le clapotement métronomique d'un moulin qui moud en philosophe la maigre pitance des moines. La vue change à chaque instant du jour. À midi, l'œil suit les molles ondulations de la montagne, compte les cônes et plonge jusque dans l'intensité des ombres; le soir, sous la lumière décroissante, les bois se colorent diversement, mais c'est surtout le matin que le spectacle est admirable quand la vallée sort du brouillard comme une jeune fille qui lève son voile. Cette comparaison était-elle venue à l'esprit du fils aîné des pappas? Je ne sais; toujours est-il qu'il se confessait souvent; mais je crois que c'était plutôt le péché d'envie qu'il avait commis. On ne saurait en effet envier gîte mieux placé, et volontiers on renverrait cette triste population de moines pour s'y établir. Il est vrai qu'à y bien réfléchir on serait assez mal en ce nid d'aigle, depuis qu'ayant perdu l'habitude de marcher pieds nus et de se vêtir de peaux de bêtes, l'homme a lié son existence à celle d'un tailleur et d'un bottier.
Le 27 juin nous redescendions vers la mer.
Castamoniti, où nous fîmes halte pendant la chaleur, est à peine un couvent, un peu plus qu'un skite, quelque chose comme un petit hameau vermoulu, perdu au milieu d'une forêt épaisse. Les caloyers nous virent arriver chez eux d'un air surpris: les pèlerins viennent rarement jusque-là, et ils ont grand tort; car rien n'est en même temps plus sauvage et plus riant que ce petit coin. La nature y a complaisamment disposé les racines en sièges commodes tapissés de mousse; la vigne sauvage s'allonge en guirlandes et unit les arbres l'un à l'autre, l'oranger au cyprès, le chêne à l'olivier, le mélèze au platane; au-dessus, dans le feuillage, on entend une merveilleuse musique, la musique amoureuse des oiseaux; les sources jaillissent entre les rochers, et se mariant aux ruisseaux, créent de petits torrents joyeux qui bondissent dans la vallée; d'un bord à l'autre les fleurs étendent les unes vers les autres leurs larges feuilles languissantes.... Tout enfin respire la vie et l'immortalité, et semble dire à ces moines que leur règle est un non-sens; tout, jusqu'à ces insectes qui par une cruelle raillerie campent avec leur famille sur un poil argenté de leur barbe.
«Est-ce que jamais une femme n'a mis le pied sur la montagne? me demandait lady Franklin.
—Une seule fois, milady, et c'était une de vos compatriotes, elle débarqua sur le rivage devant Iveron; alors les simandres s'agitèrent, les moines prièrent, les portes grincèrent sur leurs gonds et de la plus haute tour le plus sage cria: Vade retro, Satanas, et elle disparut. Mais depuis ce jour les higoumènes surprennent de jeunes diacres beaux comme Adonis et pâles comme des statues de marbre interrogeant du regard l'horizon....»[Retour à la Table des Matières.]
Dokiarios. — La secte des Palamites. — Saint-Xénophon. — La pêche aux éponges. — Retour à Kariès. — Xiropotamos, le couvent du Fleuve-Sec. — Départ de Daphné. — Marino le chanteur.
Le soir nous arrivions au-dessus du couvent de Dokiarios sur la côte occidentale. Il y avait plus d'un mois que nous n'avions vu coucher le soleil: le jour baissait lentement et à travers la douce transparence du crépuscule, les teintes se fondaient dans une nuance uniforme qui ne laissait plus voir que le dessin largement accusé des masses d'arbres et des agglomérations de rochers. Dans le ciel refroidi les vapeurs du couchant s'amoncelaient et une troupe de nuages noirs et lourds, se pressant en vain les uns contre les autres pour cacher le soleil, prenaient les formes les plus grotesques et me rappelaient une de ces conspirations obscures qui cherchent en vain à étouffer la vérité. Quand le soleil fut éteint, le monastère brilla de mille petites lueurs pâles, mais le chemin par lequel on y descend devint fort sombre, et de plus, étroit, pavé de petites pierres roulantes, rondes comme des pois, il était peu praticable. Un mulet tomba! il n'y eut qu'un cri, nous crûmes nos clichés photographiques brisés... C'était le pappas qui avait failli se rompre le cou. Fort heureusement il était tombé sur la tête; mais son turban qui l'avait protégé, s'était enfoncé jusqu'au-dessous du nez, en sorte qu'il avait la plus singulière tournure du monde. Il criait qu'il était certainement mort, et chacun de nous riait tellement que personne n'avait la force de lui arracher son éteignoir. Quand les moines arrivèrent nous avions l'air de jouer à colin-maillard: ils durent nous prendre pour une bande de fous. On rassura le pappas, on lui promit une neuvaine et nous nous mîmes à table.
Cassien dit, en parlant des moines d'Égypte, que Serène, les traitant un dimanche, leur donna une sauce avec un peu d'huile et de sel frit, trois olives, cinq pois chiches, deux prunes et chacun une figue. Ce menu, que Cassien traite de douceurs peu ordinaires aux moines, eût été en effet menu de festin à côté du souper qu'on nous servit à Dokiarios. Nos provisions étaient épuisées; depuis douze jours nous faisions le pilaf sur un vieil os de jambon qui avait perdu tout parfum originel; jusque-là cependant l'ordinaire des couvents avait été copieux sinon succulent; ce soir-là il était insuffisant. «Ces hommes sont des saints, dit le pappas après le souper, on les a accusés de gloutonnerie, Dieu voit leur abstinence.» À ce mot de gloutonnerie nous fîmes tous un geste de surprise. Qui donc a pu porter une telle accusation?... Le moine Barlaam.
Voici ce qu'était ce moine qui nous valait si maigre chère.
En 1339 vint à Salonique un moine appelé Barlaam, Catalan d'origine. Après avoir étudié les Pères de l'Église grecque, il tint plusieurs conférences où il tenta de réunir les deux Églises. En ce même temps, il y avait au couvent de Dokiarios un caloyer appelé Grégoire Palamas qui était un homme saint entre tous et disait avoir vu de ses yeux l'essence divine.
Palamas fit de nombreux sectateurs qui comme lui prétendirent être arrivés à l'état de sublime quiétude. Barlaam les nomma Omphalopsyques (qui ont l'âme au nombril) et les accusa de renouveler l'hérésie des Massaliens condamnés à Antioche vers la fin du quatrième siècle. À ce reproche se joignit celui d'intempérance. La querelle s'étant envenimée de part et d'autre, Barlaam demanda à l'empereur Andronic la réunion d'un concile afin de convaincre les Athonites de leurs erreurs. Ce concile se tint à Sainte-Sophie le onzième jour de juin 1341. L'empereur le présidait en personne. Barlaam fut condamné. Palamas triomphant fit élever au siège patriarcal un de ses disciples appelé Calliste, homme grossier et sans instruction. Mais cette élection ayant créé un schisme dans l'Église grecque, Cantacuzène fut forcé de congédier Calliste.
Il y a un fait certain, c'est que, comme nous l'avons éprouvé, le reproche d'intempérance serait aujourd'hui très-mal fondé à l'égard des caloyers de Dokiarios.
Dès le lendemain nous prenions une barque qui nous menait à Saint-Xénophon. Nous y fûmes reçus par un vieux caloyer, originaire de Corfou, qui avait fait la campagne d'Égypte et celles de Grèce de 1821 a 1829. Son corps était troué de balles, mais il ne s'en portait que mieux, car la seule chose, avouait-il naïvement, qui le retint à la terre était le désir de prendre sa revanche. Il nous montra dans le catholicon construit nouvellement, quelques curiosités arrachées à l'ancienne église: deux beaux fragments de mosaïque représentant saint Georges, l'honneur de la Cilicie (Ciliciæ decus), et saint Démétrius, les restes d'un retable en bois sculpté et un ostensoir émaillé. Ce dernier objet, de forme rectangulaire, est décoré de têtes de saints sur un fond d'entrelacs et d'arabesques.
Intérieur de la cour principale du couvent slave de Kiliandari.—Dessin de Lancelot d'après une photographie.
Pendant notre inspection, on avait servi le dîner sur une des galeries hautes qui dominent la mer. Le père cuisinier avait reçu sans doute des instructions spéciales de notre vieux cicérone, car la table était servie avec un luxe inaccoutumé. Sur une nappe rehaussée de pailletons d'or et de franges de soie, telle qu'en brodent les femmes de Calamatta, un plat de dorades parfumées au genièvre fumait au milieu d'un rempart de figues, de pastèques et de raisins, vrais produits de Chanaan. Le repas fut gai: le caloyer commença le récit de ses campagnes et le pappas égrena son chapelet d'épithètes à la louange de la Sainte-Montagne. Le vin de Santorin est bon quand il est dépouillé, le vin de Ténédos ne lui cède en rien, mais celui de Corinthe leur est certainement bien supérieur: ce fut l'avis général. Le caloyer en était à sa cinquième campagne, et le pappas, à bout d'épithètes terrestres, en empruntait au ciel et parlait du paradis à faire croire qu'il en revenait. On allait attaquer une outre de vin de Chypre, quand nous entendîmes sous la galerie un bruit mesuré de rames. C'étaient des pêcheurs d'éponges qui exploraient la côte. Ce spectacle coupa court à la joie générale; car on ne peut se figurer quel horrible métier que celui de ces hommes. Nous en vîmes rester sous l'eau plus d'une minute, reparaître et replonger encore, répétant cet abominable exercice pendant plusieurs heures. Ces plongeurs ont l'apparence de noyés; les yeux injectés de sang, les paupières gonflées, les joues bleuies et les lèvres pâles comme celles des morts. Sur le pont, deux hommes, enveloppés de larges mantes, examinaient attentivement ce que rapportaient leurs limiers amphibies...
La récolte des noisettes au mont Athos.—Dessin de Villevieille d'après M. A. Proust.
Le soir, le bon vieux père, qui ne voulait nous laisser ignorer rien des distractions de son bienheureux séjour, nous mena à la pêche aux flambeaux. Cette pêche est la même que celle qui se fait dans la baie de Naples et sur certaines côtes de France. On allume un feu de bois résineux à la tête d'une embarcation légère et on perce d'un trident, les poissons que l'on surprend endormis. Pendant l'été, les caloyers font cette pêche et salent pour l'hiver les poissons en très-grande abondance sur cette côte.
Le lendemain, nous allâmes visiter les ruines du monastère d'Archangelos: en allant là, nous rencontrâmes un grand nombre de moines qui récoltaient les baies de lauriers dont ils fabriquent une huile très-estimée par les Turcs, et les noisettes qu'ils transportent à Constantinople.
À notre retour au couvent, nous nous séparâmes de notre compagnon le pappas. Lui continuait sa route par le couvent russe; nous, nous retournions à Kariès.
Après de nouvelles visites dans les couvents qui entourent la capitale, dans les skites, les ermitages et les cellules, nous fîmes dans les ateliers de gravures[41], une collection complète d'images qui devait nous servir à l'iconologie de la Grèce; nous achetâmes des chapelets, rosaires, cuillers en bois, kalimafki, chemises de laine (les moines ne portent que celles-là) et bouteilles clissées à la résine que fabriquent les ermites et qu'on vend chaque samedi au marché de Kariès; puis nous reprîmes notre pèlerinage, nous dirigeant vers le couvent du Fleuve-Sec (Xiropotamos), placé au-dessus du petit port de Daphné.
Nous étions au 1er juillet: les images du passé, ce commencement de spleen, commençaient à nous assaillir. Les couvents de la côte occidentale étaient peu intéressants: Agios Pablos, Agios Dyonisios, Agios Gregorios n'avaient, nous disait-on, que des églises neuves, des peintures refaites et des bibliothèques vides. Simo-Petra (la Pierre de Simon) ne nous avait rien montré que sa position hardie sur un rocher aigu. Nous prîmes le parti de rester à Xiropotamos qui nous offrait de nombreux sujets d'études. Mais, malgré la conversation savante du P. Calliste, un des épitropes les plus instruits de la montagne, malgré les plaisanteries du P. Bimataris, infortuné sans barbe, qui n'avait pas été élevé dans le Seraï, mais en avait connu les exigences, malgré nos occupations de tous les jours, malgré le plaisir de la chasse, malgré les douceurs de la pleine-eau et les charmes de la pêche, les faces mornes de ces moines nous semblaient ennuyées et ennuyeuses, et chaque nuit nous surprenait causant des différents modes de suicide.
Un matin que nous étions allés attendre des chacals au gué, nous vîmes paraître à l'horizon, à la pointe du cap Felice, la voile rayée d'une tartane; elle eut longtemps l'air d'hésiter..., enfin elle mit le cap sur Daphné....
Le 9, nous faisions voile pour Salonique.
Notre tartane était montée par trois hommes et un enfant.
Le patron, ancien corsaire, faisait par pénitence un commerce peu lucratif avec les moines, espérant, par l'intercession de ces saints personnages, se faire bien venir de la Panagia, leur protectrice. En revanche, les bons pères le tenaient en grande estime et l'honoraient d'une confiance toute particulière.
«Sous la conduite de Tsavellas, nous avait dit le P. Calliste, vous pourrez dormir tranquilles.»
Cette promesse était au figuré, car les cancrelas, espèce hideuse, promenant sur nos mains et notre visage leurs extrémités froides et velues, firent de notre première nuit un long cauchemar.
Aux premières lueurs de l'aube, nous étions sur le pont, nous croyant déjà dans le golfe Thermaïque, mais la fortune nous réservait de dures épreuves: nous étions encore en vue de l'Athos, les voiles pendaient immobiles le long des mâts, la mer était sans rides, et l'équipage dormait profondément.
«Holà? Pallikari!» cria Voulgaris.
Personne ne bougea, à l'exception d'un des marins qui, se retournant d'un autre côté, murmura en se rendormant cette complainte:
Deux à deux les petits oiseaux
Sur les branches de myrte
Chantent doucement.
Le ciel resplendit joyeux;
Mais dans mon cœur pleure
La douleur amère.
«Voilà, me dit Schrany, un écumeur de mer bien sentimental.
—Eh! Cortaki! qui t'a appris cette chanson?
—Qui m'a appris cette chanson? répéta le matelot eu se soulevant sur le coude, c'est Marino.
—Qui? Marino?
—Marino le chanteur. Si vous avez été au couvent russe, effendi, vous avez vu Marinetto. Ce doit être le plus beau de la montagne; c'était le plus beau de Zante. Personne ne dansait mieux le Romaïka, et ne tournait plus galamment un compliment à une jolie fille.
—Et pourquoi s'est-il fait moine, ce don Juan?
—Oh! cela est une triste histoire, mon maître. Marino aimait Cortaïna, la perle de la rue des Roses, et Cortaïna aimait Marino; mais un jour, Marinetto partit pour un lointain voyage, vers l'Arabie.
«Trois fois les champs refleurirent, trois fois le rossignol chanta, Marino ne revenait pas.
«La première fois, Cortaïna commença à pâlir, la seconde fois elle se mit à pleurer, la troisième fois elle se coucha.
«Un matin, ceux qui étaient sur la plage virent venir un caïque chargé d'ambre.
«—Lève-toi, lui dit sa mère, voici ton fiancé.
«—Ma mère, je ne peux plus me lever, mais quand il viendra ne l'afflige pas; sers-lui à souper et donne-lui cette alliance, afin qu'il puisse se marier ailleurs, et se faire de nouveaux parents et de nouveaux amis.»
«Lorsque Marino vint à la maison, il sentit une odeur d'encens, et il vit les voisins qui se voilaient le visage.
«—Quelqu'un est-il mort?» s'écrie-t-il.
«Aucun ne répondit.
«Il entra dans la maison et vit la mère qui s'arrachait les cheveux.
«Voilà pourquoi, effendi, Marino s'est fait moine.
—L'as-tu vu depuis?
—Non; et je ne veux pas le voir. C'est un mauvais cœur, il a oublié sa mère. La pauvre vieille file la laine pour vivre; mais les larmes troublent sa vue, et sans le patron qui, voyez-vous, est un bon homme au fond, elle serait morte de faim.
—Allons, fainéant, cria Tsavellas, debout et laisse là tes histoires. Voici la brise, et ce soir, avec l'aide de la Panagia, nous serons à Zagora.
—À Salonique, vous voulez dire.
—À Zagora, j'ai bien dit. On ne va pas toujours où l'on veut, effendi.»
Ant. Proust.[Retour à la Table des Matières.]
GRAVURES.
- Dessinateurs.
- Chapelle de Sainte-Rosalie (près Palerme). Rouargue.
- Types et costumes siciliens. Rouargue.
- Ruines à Girgenti (Agrigente). Rouargue.
- Vue de Syracuse. Rouargue.
- Taormine et l'Etna. Rouargue.
- La Marine à Messine. Rouargue.
- Rocher de Scylla. Rouargue.
- Stromboli. Rouargue.
- Pigeonnier près d'Ispahan. Jules Laurens.
- Pont d'Allah-Verdi-Khan sur le Zend-è-Roud, à Ispahan. Jules Laurens.
- Collége de la Mère du roi, à Ispahan. Jules Laurens.
- Une peinture indienne dans le palais des Quarante-Colonnes, à Ispahan. Jules Laurens.
- Entrée de Kaschan. Jules Laurens.
- Une caravane persane au repos. Jules Laurens.
- Types persans. Jules Laurens.
- Faubourg de Téhéran. Jules Laurens.
- La porte de Schah-Abdoulazim. Jules Laurens.
- Dans une cour, à Téhéran. Jules Laurens.
- Types et portraits persans. Jules Laurens.
- Groupe de Persans. Jules Laurens.
- Dans l'Enderoun (appartement intérieur — Costumes d'intérieur et de sortie). Jules Laurens.
- Choix d'armes, d'instruments et objets divers persans. Jules Laurens.
- Le Démavend. Jules Laurens.
- Vue de l'île Saint-Thomas. de Bérard.
- Saint-Pierre, à la Martinique. de Bérard.
- Cataracte de Weinachts (Guyane anglaise). de Bérard.
- Une sucrerie à la Guadeloupe. de Bérard.
- La Pointe-à-Pître, à la Guadeloupe. de Bérard.
- Le port d'Espagne, à la Trinidad. de Bérard.
- La baie de Panama. de Bérard.
- Vue des Bermudes. de Bérard.
- Costumes norvégiens d'Hitterdal. Pelcoq.
- La vallée de Bolkesjö. Doré.
- Costumes du Télémark. Pelcoq.
- La vallée de Vestfjordal. Doré.
- Intérieur d'auberge à Bolkesjö. Lancelot.
- Église d'Hitterdal. Wormser.
- Le Rjukandfoss. Doré.
- Un chalet à Bamble. Lancelot.
- Vue du lac Bandak. Doré.
- Le lac Flatdal. Doré.
- Fjord de Gudvangen. Doré.
- Église de Bakke. Doré.
- Route de Stalheim. Doré.
- Le Vöringfoss. Doré.
- Vallée de l'Heimdal. Doré.
- Femme du Sogn. Pelcoq.
- Une noce en Norvége. Pelcoq.
- Le marché aux grains (Suez). Karl Girardet.
- Port de Suez. Karl Girardet.
- Cimetière européen à Suez. Karl Girardet.
- Qosséir. Karl Girardet.
- Djeddah. Karl Girardet.
- Port de Souakin. Karl Girardet.
- Mosquée de Salonique. Karl Girardet.
- Femmes albanaises, près d'un arabas, à Vasilika. Villevieille.
- Un Juif de Salonique. Bida.
- Une Juive de Salonique. Bida.
- Sceau du monastère de Kariès.
- Vue générale de mont Athos. Villevieille.
- Le Conseil des Épistates au mont Athos. Boulanger.
- Saint Georges (fresque de Panselinos dans le Catholicon de Kariès). Pelcoq.
- Monastère d'Iveron. Karl Girardet.
- L'higoumène d'Iveron. Pelcoq.
- La Phiale ou le Baptistère du couvent de Lavra. Lancelot.
- Croix sculptée en bois dans le trésor de Kariès. Thérond.
- Coffret dans le trésor de Kariès. Thérond.
- Peinture de la trapeza de Lavra: les trois patriarches. Thérond.
- La confession. Bida.
- Bas-relief du couvent de Vatopédi. A. Proust.
- Albanais, soldat de la garde des Épistates. Villevieille.
- Vue du couvent d'Esphigmenou. Karl Girardet.
- Intérieur de la cour principale du couvent slave de Kiliandari. Lancelot.
- La récolte des noisettes au mont Athos. Villevieille.
- L'île Chatam, dans l'archipel Galapagos. E. de Bérard.
- Baie de la Poste, dans l'île Floriana (archipel Galapagos). E. de Bérard.
- L'île Charles, dans l'archipel Galapagos. E. de Bérard.
- Aiguade de l'île Charles (archipel Galapagos). E. de Bérard.
- Oiseaux et reptile (archipel Galapagos). Rouyer.
- Côtes de l'île Albermale, dans l'archipel Galapagos. E. de Bérard.
- Oeno, dans l'archipel Pomotou (îles à coraux). E. de Bérard.
- Village de Vanou, dans l'île de Vanikoro (îles à coraux). E. de Bérard.
- Baie de Manevai, dans l'île de Vanikoro (îles à coraux). E. de Bérard.
- Récifs et piton de l'île de Borabora (îles à coraux). E. de Bérard.
- Rade et pic de l'île de Borabora (îles à coraux). E. de Bérard.
- Île de Whitsunday, dans l'archipel Pomotou (îles à coraux). E. de Bérard.
- Brun-Rollet. Fath.
- Traîneau yakoute. Victor Adam.
- Une sorcière tongouse. Victor Adam.
- Port d'Okhotsk. Victor Adam.
- Bazar de Nertchinsk. Victor Adam.
- Colonie ou village yakoute. Victor Adam.
- Voyageur russe en Sibérie. Victor Adam.
- Argali (mouton sauvage). Victor Adam.
- Campement de Tongouses. Victor Adam.
- Chamans yakoutes. Victor Adam.
- Femme yakoute. Victor Adam.
- Poteaux des frontières du pays des Yakoutes et de la Chine. Victor Adam.
- Types indigènes (Australie du Sud). G. Fath.
- Sépultures australiennes dans les bois. Lancelot.
- Sépulture australienne au désert. Doré.
- Restes d'un voyageur retrouvés par ses compagnons dans les déserts du lac Torrens. Doré.
- Oasis d'Éderi (Fezzan). Rouargue.
- Mourzouk (capitale du Fezzan). Rouargue.
- Gorge d'Agueri. Lancelot.
- Vallée d'Auderaz. Rouargue.
- Vue d'Agadez. Lancelot.
- Vue de Kano (entrepôt du Soudan central). Lancelot.
- Dendal ou boulevard de Kouka (capitale du Bornou). Lancelot.
- Vue du lac Tchad. Rouargue.
- Village marghi. Rouargue.
- Halte dans une forêt du Marghi. Rouargue.
- Village mosgou. Rouargue.
- Chef mosgovien. Rouargue.
- Intérieur d'une habitation mosgovienne. Rouargue.
- Chef kanembou. Rouargue.
- Entrée du sultan de Baghirmi dans Maséna (sa capitale). Rouargue.
- Une razzia à Barea (Mosgou). Rouargue.
- Vue du marché de Sokoto. Hadamard.
- Bac sur le Niger, à Say. Rouargue.
- Vue des monts Homboris. Lancelot.
- Village sonray. Lancelot.
- Vue de Kabra (port de Tembouctou). Rouargue.
- Camp touareg. Lancelot.
- Arrivée à Tembouctou. Lancelot.
- Vue générale de Tembouctou. Lancelot.
- Portrait en pied du baron de Wogan en costume de voyage. J. Pelcoq.
- Grass-Valley. J. Pelcoq.
- Un claim ou atelier de mineur. J. Pelcoq.
- Forêt de taxodium giganteum ou pins géants. Lancelot.
- Un cañon ou passage de la Sierra-Wah. Lancelot.
- La case du jugement. J. Pelcoq.
- Le poteau de la guerre. J. Pelcoq.
- Types d'Indiennes du Rio-Colorado. J. Pelcoq.
- Grande pagode de Rangoun. Français.
- Bateau à voile sur l'Irawady. Cliché anglais.
- Canot de parade. Cliché anglais.
- Bateau de commerce. Cliché anglais.
- Birmans dans une forêt. J. Pelcoq.
- Pattshaing ou tambour-harmonica. Cliché anglais.
- Pattshaing à baguettes. Cliché anglais.
- Harpe birmane. Cliché anglais.
- Harmonica birman. Cliché anglais.
- Pagode à Pagán. Cliché anglais.
- Représentation théâtrale dans le royaume d'Ava. Hadamard.
- Dagobah ou pagode en forme de cloche. Cliché anglais.
- Intérieur d'une pagode. Cliché anglais.
- Maison de l'ambassade à Amarapoura. Cliché anglais.
- Vallée des puits de bitume. Karl Girardet.
- Types de grands seigneurs et hauts fonctionnaires birmans. Morin.
- Le palais du roi et l'éléphant blanc. Navlet.
- Sculptures comiques dans le monastère royal à Amarapoura. Lancelot.
- Vue du Maha-Toolut-Boungyo (monastère royal à Amarapoura). Lancelot.
- Détails intérieurs du Maha-comiye-peima à Amarapoura. Navlet.
- Une porte à Amarapoura. Cliché anglais.
- Canon birman. Cliché anglais.
- Danse des éléphants. Cliché anglais.
- Canal d'irrigation dans le royaume d'Ava. Cliché anglais.
- Jeunes dames birmanes. Morin.
- Le temple du Dragon. Lancelot.
- Rives de l'Irawady (près des mines de rubis). Cliché anglais.
- Petite pagode à Mengoun. Cliché anglais.
- Grand temple de Mengoun (depuis le tremblement de terre de 1839). Karl Girardet.
- Vallée de l'Irawady au confluent du Myit-Nge. Paul Huet.
- Temple ruiné à Pagán. Lancelot.
- Salces ou volcans de boue à Membo. Cliché anglais.
- Cônes volcaniques dans la plaine de Membo. Cliché anglais.
- Paysans birmans en voyage. Cliché anglais.
- Statue gigantesque de Bouddha à Amarapoura. Lancelot.
- Zanzibar vue de la mer. E. de Bérard.
- Portrait de feu l'iman de Zanzibar. E. de Bérard.
- Pont de la ville de Zanzibar. E. de Bérard.
- Un village de la Mrima. Lavieille.
- Jihoué la Mkoa ou la roche ronde. Cliché anglais.
- La fontaine qui bout (source thermale dans le Khoutou). Cliché anglais.
- Sycomore africain. Cliché anglais.
- L'Ougogo. Cliché anglais.
- Burton et ses compagnons en marche. Lavieille.
- Chaîne côtière de l'Afrique occidentale. Lavieille.
- Passe dans l'Ousagara. Lavieille.
- Paysage dans l'Ounyamouézi. Lavieille.
- Noirs de l'Ousumboua. G. Boulanger.
- Huttes à Mséné. Lavieille.
- Nègres porteurs. G. Boulanger.
- Noir de l'Ouganda. G. Boulanger.
- Habitation de Snay ben Amir à Kazeh. Lavieille.
- Jeunes dames à Kazeh. G. Boulanger.
- Coiffures des indigènes de l'Ounyanyembé. Cliché anglais.
- Coiffures des indigènes de l'Oujiji. Cliché anglais.
- Maison des étrangers à Kaouélé. Lavieille.
- Navigation sur le lac Tanganyika. Lavieille.
- Le capitaine Burton sur le lac Tanganyika. Lavieille.
- Habitation au bord du lac Tanganyika. Lavieille.
- Le bassin du Maroro. Lavieille.
- Instruments et ustensiles des Ouajiji. Cliché anglais.
- Riverains du Tanganyika (côté ouest). Cliché anglais.
- Riverains du Tanganyika (côté sud). Cliché anglais.
- Le bassin du Kisanga. Lavieille.
- Végétation de l'Ougogi. Lavieille.
- Passe de l'Ouzagara. Cliché anglais.
- Rocher de l'Éléphant près du cap Gardafui. Cliché anglais.
- Dernier établissement égyptien dans le Fazogl. Lancelot.
- Contrée des Shelouks sur le Saubat. Lancelot.
- Bélénia (village bari sur le fleuve Blanc). Lancelot.
- Habitants de la Havane. Potin.
- Coolies chinois à Cuba. Pelcoq.
- Vue générale de la Havane (capitale de Cuba). Lancelot.
- Avenue de palmiers devant une habitation de Cuba. E. de Bérard.
- Cathédrale de la Havane. Navlet.
- La volante (voiture de la Havane). Victor Adam.
- Vue de Matanzas. Lancelot.
- Paysage dans l'île de Cuba: Loma (coteau) de Candela. Paul Huet.
- Paysage dans l'île de Cuba (Loma de la Givora). Paul Huet.
- Grenoble et les Alpes dauphinoises. Karl Girardet.
- Les Grands Goulets. Karl Girardet.
- Pont-en-Royans. Doré.
- Sainte-Croix et les ruines du château de Quint. Karl Girardet.
- Die et la vallée de Roumeyer (vue prise des hauteurs de Saint-Justin). Français.
- Le Mont-Aiguille (vu de Clelles). Daubigny.
- Pontaix. Karl Girardet.
- Roumeyer et le mont Glandaz. Français.
- Entrée de la vallée de Roumeyer. Karl Girardet.
- La vallée de Léoncel. Karl Girardet.
- La vallée de la Véoure et de la plaine du Rhône (vue prise des hauteurs de la Vacherie). Karl Girardet.
- Beaufort. Français.
- La forêt de Saou. Sabatier.
- Poët-Cellard. Karl Girardet.
- Bourdeaux. Karl Girardet.
- Le Velan et Plan-de-Baix (vue des sources du Ruïdoux). Karl Girardet.
- Cascade de la Druïse. Karl Girardet.
- La gorge de Trente-Pas. Karl Girardet.
- Le mont Viso. Sabatier.
- Le pont du Diable. Sabatier.
- Le lac de l'Échauda. Sabatier.
- Le Pelvoux. Sabatier.
- Le mont Aurouze. Français.
- Les montagnes du Devoluy. Karl Girardet.
- Ruines de la Chartreuse de Durbon. Karl Girardet.
CARTES ET PLANS.
- Carte de la Sicile, par M. A. Vuillemin.
- Carte de la Perse, par M. A. Vuillemin.
- Carte des grandes et petites Antilles, par M. A. Vuillemin.
- Carte du haut Télémark (Norvége méridionale), d'après M. Paul Riant.
- Carte de la presqu'île de Bergen, d'après M. Paul Riant.
- Carte de la Chalcidique, par M. A. Vuillemin.
- Partie du gouvernement d'Yakoutsk, par Piadischeff.
- Carte de l'Australie, par M. A. Vuillemin.
- Carte des voyages du docteur Henri Barth en Afrique (partie orientale) d'après M. de Lanoye.
- Voyage du docteur Barth (Itinéraire de Sokoto à Tembouctou), par M. A. Vuillemin.
- Carte du cours inférieur de l'Irawady comprenant les possessions britanniques et la partie sud du royaume d'Ava, d'après le capitaine H. Yule.
- Plan d'Amarapoura et de sa banlieue, d'après les relevés du major Grant Allan.
- Carte du cours supérieur de l'Irawady et partie nord du royaume d'Ava, d'après le cap. Yule.
- Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique orientale (Itinéraire de Zanzibar à Kazeh).
- Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique orientale (2e partie).
- Carte de l'île de Cuba, par M. A. Vuillemin.
- Carte du Dauphiné (partie occidentale: Isère et Drôme), par M. A. Vuillemin.
- Carte du Dauphiné (partie orientale: Isère et Hautes-Alpes), par M. A. Vuillemin.
ERRATA.
I. Sous le titre Voyage d'un naturaliste, pages 139 et 146, on a imprimé: (1858.—INÉDIT).—Cette date et cette qualification ne peuvent s'appliquer qu'à la traduction.
La note qui commence la page 139 donne la date du voyage (1838) et avertit les lecteurs que le texte a été publié en anglais.
II. Dans un certain nombre d'exemplaires, le voyage du capitaine Burton aux grands lacs de l'Afrique orientale, 1re partie, 46e livraison, le mot ORIENTALE se trouve remplacé par celui d'OCCIDENTALE.
III. On a omis, sous les titres de Juif et Juive de Salonique, dessins de Bida, pages 108 et 109, la mention suivante: d'après M. A. Proust.
IV. On a également omis de donner, à la page 146, la description des oiseaux et du reptile de l'archipel des Galapagos représentés sur la page 145. Nous réparons cette omission:
1º Tanagra Darwinii, variété du genre des Tanagras très-nombreux en Amérique. Ces oiseaux ne diffèrent de nos moineaux, dont ils ont à peu près les habitudes, que par la brillante diversité des couleurs et par les échancrures de la mandibule supérieure de leur bec.
2º Cactornis assimilis: Darwin le nomme Tisseim des Galapagos, où l'on peut le voir souvent grimper autour des fleurs du grand cactus. Il appartient particulièrement à l'île Saint-Charles. Des treize espèces du genre pinson, que le naturaliste trouva dans cet archipel, chacune semble affectée à une île en particulier.
3º Pyrocephalus nanus, très-joli petit oiseau du sous-genre muscicapa, gobe-mouches, tyrans ou moucherolles. Le mâle de cette variété a une tête de feu. Il hante à la fois les bois humides des plus hautes parties des îles Galapagos et les districts arides et rocailleux.
4º Sylvicola aureola. Ce charmant oiseau, d'un jaune d'or, appartient aux îles Galapagos.
5º Le Leiocephalus grayii est l'une des nombreuses nouveautés rapportées par les navigateurs du Beagle. Dans le pays on le nomme holotropis, et moins curieux peut-être que l'amblyrhinchus, il est cependant remarquable en ce que c'est un des plus beaux sauriens, sinon le plus beau saurien qui existe.
Le saurien amblyrhinchus cristatus, que nous reproduisons ici, est décrit dans le texte, page 147.
Amblyrhinchus cristatus, iguane des îles Galapagos.
IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE
Rue de Fleurus, 9, à Paris
Note 1: Salonique, ancienne Thermès ou Thessalonique. Philippe avait donné le nom de Thessalonique à sa fille en mémoire d'une victoire remportée sur les Thessaliens (θεσσαλος, Thessaliens; νικη, victoire), et Cassandre, gendre de Philippe, fit donner le nom de sa femme à la ville de Thermès.[Retour au texte principal.]
Note 2: Hadji-Kalfa, savant Turc de Constantinople, grand trésorier d'Amurat IV, a publié de nombreux ouvrages, entre autres une Géographie et une Histoire de Constantinople.[Retour au texte principal.]
Note 3: La forme circulaire n'est pas une preuve d'origine païenne. Sainte Hélène fonda sur le mont des Oliviers, à Jérusalem, l'église de l'Ascension. Ce monument est circulaire. (Voy. Lenoir, Archéologie monumentale de l'histoire de France.)[Retour au texte principal.]
Note 4: On appelle en Turquie raya tout sujet non musulman, tout individu qui fait partie de la race vaincue: Grec, Juif, Bulgare, etc., etc.[Retour au texte principal.]
Note 5: Les anciens dont l'orologie était loin d'être parfaite prétendaient que de la cime de l'Athos on voyait le soleil trois heures avant son lever. Ce qui a pu accréditer cette erreur, c'est que cette montagne qui, d'après les calculs récents du capitaine Gautier, n'a en réalité que deux mille six cents mètres d'élévation, semble, par sa position isolée au-dessus de la mer, plus élevée qu'aucune montagne de l'Orient. Sophocle, Pline et Plutarque disent que son ombre atteignait la place publique de Mirina à Lemnos. (Voir à cet égard les calculs de Choiseul-Gouffier et les travaux de M. Delambre.—Choiseul-Gouffier, Voyage dans l'Empire Ottoman, vol. II, p. 246; Éd. Aillaud, 1852.)[Retour au texte principal.]
Note 6: Skites a la même signification que cellules et vient de Skete, partie de l'Égypte habitée par des moines.[Retour au texte principal.]
Les principales dissidences sont, du reste, au nombre de trois: 1º la suprématie du pape; 2º la procession du Saint-Esprit, c'est-à-dire l'addition filioque; 3º le purgatoire.
La question des azymes peut être classée dans les différences d'usage qui sont: 1º les azymes; 2º le baptême par triple immersion; 3º la prêtrise chez les hommes mariés; 4º la communion chez les enfants; 5º la génuflexion; 6º l'abstinence du mercredi.[Retour au texte principal.]
Note 8: La main qui bénit est ainsi disposée: le pouce croisé avec le quatrième doigt, de manière que l'index reste droit, et le troisième recourbé; on forme ainsi le nom de Christ, I X C.[Retour au texte principal.]
Note 9: Il y a une opinion généralement accréditée qui veut que l'Église russe soit séparée de l'Église de Constantinople, et que le tzar en soit le chef. Cela n'est pas tout à fait exact. Dans les annotations du Pedalium, recueil des canons, l'Église d'Orient dit: «Il y a eu autrefois un patriarche de Russie, mais ce patriarche n'existe plus.» En effet, Ivan III avait pris le titre de patriarche de Russie, mais Pierre le Grand ne le conserva pas, nomma un conseil d'évêques qu'il appela saint Synode dirigeant, et prit le titre de Protecteur de l'Église. Il demanda la confirmation de ces mesures au patriarche de Constantinople, lui écrivit qu'il avait toujours reconnu sa primauté synodale sur l'Église orthodoxe, et le pria de l'aider de ses conseils.[Retour au texte principal.]
Note 10: Ce sceau est en argent coupé en quatre parties égales. Une cinquième volonté est nécessaire pour valider les actes: c'est celle du président qui possède la clef à vis qui réunit les quatre portions. Autour de ce sceau, représentant la Vierge, est l'inscription suivante en grec et en turc: Sceau des Épistates de la communauté de la Sainte-Montagne.[Retour au texte principal.]
Les seconds, qui peuvent se marier, sont les pappas, nommés aussi journaliers.
Il y a quatre patriarches, qui occupent les trônes de Constantinople, Alexandrie, Jérusalem et Damas. Celui de Constantinople a la primauté synodale.
Les caloyers du mont Athos relèvent de ce dernier.[Retour au texte principal.]
Note 12: Κοινοβιον signifie proprement communauté.[Retour au texte principal.]
Note 13: On appelle catholicon l'église de la Vierge. Le mont Athos est tout entier sous l'invocation de la Vierge, et dans chaque monastère l'église principale lui est dédiée.[Retour au texte principal.]
Pendant que j'étais au mont Athos, M. de Sévastiannoff préparait de nombreux travaux. Son séjour devait être encore fort long sur la montagne, et l'infatigable voyageur avait le projet de compléter ce travail gigantesque par une excursion au Sinaï.[Retour au texte principal.]
Note 15: Suite.—Voy. page 103.[Retour au texte principal.]
Note 16: La simandre est un morceau de bois ou de fer suspendu à un chevalet, qui rend un son prolongé lorsqu'on le frappe à l'aide d'un marteau. Les cloches furent en usage de bonne heure en Occident, et les premières sont, je crois, attribuées à saint Paulin, évêque de Nole, au cinquième siècle; mais les caloyers de l'Orient, très-attachés aux premiers usages du christianisme, se servent toujours de la simandre. Cet instrument est très-ancien; on en a trouvé plusieurs dans les ruines de Pompéi.[Retour au texte principal.]
Note 17: On doit cependant à l'archimandrite Porphiry, du couvent russe, une connaissance assez exacte d'un certain nombre de manuscrits et de chrysobulles renfermés dans quelques couvents de l'Athos. Il en a fait un catalogue en langue russe publié à Pétersbourg en 1847. Ce catalogue a été traduit en allemand par Miklowich dans sa bible slave (Vienne, 1851; in-8o). Le gouvernement français a envoyé deux personnes au mont Athos: M. Minas Minoidès, qui a rapporté quelques manuscrits, et M. Lebarbier, de l'école d'Athènes, dont les recherches ont été incomplètes.[Retour au texte principal.]
Note 18: M. Didron a donné une traduction de ce livre en 1839.[Retour au texte principal.]
Note 19: Cette qualification de Panselinos semble avoir sur le mont Athos la même signification que celle de maëstro en Italie. Les moines vous désignant des peintures faites à deux ou trois siècles de distance, disent: «Cela est de Panselinos;» ce que l'on ne peut comprendre raisonnablement que de cette façon: «Cela est d'un maître.»[Retour au texte principal.]
Note 20: On en voit cependant un autre exemple à Saint-Jean-Théotocos de Constantinople.[Retour au texte principal.]
Note 21: Saint Nicolas est en grande vénération chez les Grecs. Quand les empereurs byzantins se mettaient en campagne, ils se faisaient précéder d'un étendard en haut duquel était enchâssé un doigt de saint Nicolas.[Retour au texte principal.]
Note 22: Thévenot, parlant des moines du couvent de Niamounia à Chios, dit que quand ils meurent on les porte tout habillés dans une église dédiée à saint Luc, laquelle est hors du couvent, et on les met sur une grille de fer; si quelques-uns de ces cadavres ne se corrompent point, les autres moines disent que c'est signe qu'ils sont excommuniés. (Thévenot, Voyage dans le Levant, p. 180.)[Retour au texte principal.]
Note 23: Belon, naturaliste du seizième siècle, dans son livre des Singularités, a consacré quelques pages rapides à la description du mont Athos et des choses mémorables qu'on y trouve. (Voy. Belon, Singularités, imprimé à Paris, par Benoist Prevost, 1555.)[Retour au texte principal.]
Note 24: M. de Villoison est le premier qui en ait tenté. Cet académicien, dit Choiseul-Gouffier, fit, en 1785, un assez long séjour au mont Athos. Il s'y rendit, muni de toutes les recommandations qui devaient le faire accueillir dans les monastères, et lui ouvrir les portes de leurs bibliothèques. Mais il ne suffisait pas d'y porter la passion du travail, il fallait encore joindre l'art de ne pas effaroucher la confiance. Comment a-t-il pu paraître pénible à un si savant helléniste de montrer quelque bienveillance pour les enfants de ceux dont les écrits faisaient ses délices et sa gloire? (Choiseul-Gouffier, Voyages.)[Retour au texte principal.]
Note 25: L'hétairie a de nombreux affiliés dans les monastères. (Voyez pour cette association, l'introduction historique d'Alphonse Rabbe, aux Mémoires sur la guerre de l'indépendance, de M. Raybaud.) Cette vaste société secrète a été fondée par le poète Rigas pour la régénération de la nation grecque.[Retour au texte principal.]
Note 26: Dans les monastères de l'Occident, réglés sur ceux de l'Orient, il en fut longtemps ainsi, et les moines ne cessèrent de construire eux-mêmes leurs habitations qu'au treizième siècle, époque à laquelle les confréries maçonniques prirent naissance.[Retour au texte principal.]
Note 27: Michel Paléologue avait fait aveugler les princes Manuel et Isaac, qui tenaient contre l'union, et cette exécution avait eu lieu devant Veccus, à qui les deux princes reprochaient qu'ils souffraient ce supplice pour la créance qu'il avait professée.[Retour au texte principal.]
On pourra se faire une idée des griefs que lui reprochent ses adversaires en lisant l'Église orientale, par Jacques Pitzyipios, Rome, impr. de la Propagande, 1855. La vraie dissidence, la seule, est la suprématie du pape; c'est elle qui a séparé, qui sépare et qui probablement séparera toujours les deux Églises.[Retour au texte principal.]
Note 29: Voy. page 128 une de ces fresques de la Trapeza, représentant les patriarches portant leur postérité.[Retour au texte principal.]
Ce dernier plan n'a pas subi de modifications bien sensibles, et les moines architectes le copient fidèlement aujourd'hui.[Retour au texte principal.]
Note 31: Cette fontaine est appelée par Eusèbe basilicæ lavacrum. C'est là que les premiers chrétiens faisaient les ablutions exigées avant d'entrer dans le temple, usage conservé par Mahomet dans le Koran. Cette fontaine servait aussi de baptistère et était séparée de l'église, comme cela se voit encore dans certaines villes de l'Italie. La veille de l'Épiphanie on y fait la bénédiction solennelle de l'eau en mémoire du baptême de Jésus-Christ.[Retour au texte principal.]
Note 32: C'est dans cette partie élevée de l'Athos où se trouve la chapelle Sainte-Anne, que le sculpteur Demophile voulait tailler une statue gigantesque d'Alexandre tenant d'une main une ville et de l'autre la source d'un torrent.[Retour au texte principal.]
Note 33: Cette même querelle s'est produite depuis chez les Albigeois, les Hussites, les réformés et les Vaudois.[Retour au texte principal.]
Note 34: Suite et fin.—Voy. pages 103 et 113.[Retour au texte principal.]
Note 35: Il est intéressant, dit M. Didron, dans son Iconographie, de constater que la mosaïque est byzantine et chrétienne. D'après la chronique arabe du patriarche Eutichius, les musulmans trouvèrent l'église de Bethléem, église élevée par sainte Hélène, ornée de fsefya. Edrisi, dans sa description de la mosquée de Cordoue, affirme que l'enduit qui recouvre encore les murs de la Kibla fut envoyé de Constantinople vers le milieu du dixième siècle à Abdérame III par l'empereur romain. Les Grecs appellent encore aujourd'hui la mosaïque ψηφοις (psephises).[Retour au texte principal.]
Note 36: Les patriarches déposés se retirent dans les couvents, comme autrefois les empereurs détrônés. Jean Cantacuzène se retira ainsi au couvent de Vatopédi et y vécut de longues années sous le nom de P. Joasaph.[Retour au texte principal.]
En 1821, le patriarche Grégoire était contraint d'excommunier la cause pour laquelle il versait son sang quelques mois plus tard.[Retour au texte principal.]
Note 38: Par peuple grec, j'entends désigner, non-seulement le royaume de Grèce, mais encore la population intelligente de la Turquie d'Europe et du littoral de l'Asie. Le Grec de la Grèce, que l'Europe a jugée très-sévèrement, parce qu'après quatre siècles de servitude elle n'est pas arrivée à un degré de civilisation immédiate et qu'elle n'a pas encore produit de nouveau des Homère, des Phydias, des Sophocle ou des Aristide, n'est qu'une très-petite partie de la grande nation[Retour au texte principal.]
Note 39: Les Bulgares sont en effet peu satisfaits des évêques grecs. À ce propos un catholique a dit: «Si les Grecs refusent l'union, nous ferons à Constantinople un empire latin en séparant les Bulgares du patriarche œcuménique. Quelques Bulgares, oui; tous les Bulgares, non. Ils sont Slaves et l'action russe est puissante sur eux. Les convertirait-on qu'on ne pourra établir un empire latin à Constantinople pas plus qu'on n'y établira un empire russe. Le Bulgare est le bœuf de la Turquie: c'est le Grec qui mène la charrue.»[Retour au texte principal.]
Note 40: Je n'ai pas parlé dans le cours de ce récit des reliques nombreuses que conservent les couvents de l'Athos (morceaux de la vraie croix, fragments des vêtements de Jésus-Christ, etc.); nomenclature qui eût été trop longue.[Retour au texte principal.]
Note 41: Ces gravures anciennes sont sur cuivre. La lithographie a été introduite depuis peu de temps par les Russes.[Retour au texte principal.]