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Noël dans les pays étrangers

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Montagnes coupées de vallons,

Rochers vêtus de lierre et de mousse,

Cascades d'eau pure argentée.

Ruisseaux murmurants et lacs silencieux.

Cimes escarpées et ravins ténébreux.

Joncs stériles et genêts en fleurs.

Arbres antiques croulant de vieillesse,

Et grottes où les gouttelettes d'eau se pétrifient avant de tomber.

Accueillez, dans vos silencieux asiles,

L'ami de la paix et du repos!

(Meli, Buccolica. Sonetu I.)

La première de ces prières publiée par Valplatani, a toute la grâce d'un petit tableau flamand (ha tutta la grazia d'un quadretto fiammingo.)

Ni' 'na grutta nasciu lu Bammineddu,

A Bettilemmi, 'ntempu di friddura,

'Ncapu la paglia comu un pucireddu,

La Bedda Matri l'ha pusatu allura,

E cc'era ddà vicinu un sciccareddu,

Misu a lu cantu di la manciatura,

All' autru latu un coi pïatuseddu,

E, 'ntunnu 'ntunnu, tutti li pastura.

Gesuzzu duci, beddu e picciriddu,

Mniezzu la paglia mori di lu friddu.

Ma comu grupi la cucuzza a risu,

Luci dda grutta comu un paradisu67.

Note 67: (retour) Nous devons la traduction à l'extrême obligeance de notre savant ami, M. l'abbé M***, curé de Corscia, dont la collaboration nous a été continuelle depuis l'origine de nos recherches sur les coutumes populaires de Noël.

Dans une grotte est né le petit Enfant,

A Bethléem, au retour de la saison du froid,

Sur de la paille comme un pauvret.

Sa gracieuse mère l'a posé alors,

Tout près, d'un côté de la Crèche, il y avait un âne.

De l'autre côté un boeuf attendri,

Tout autour, tout autour, la foule des bergers,

Le cher Jésus, doux, beau, tout petit,

Se mourait de froid sur la paille,

Mais à peine le sourire a réjoui sa gracieuse bouche,

Que la grotte resplendit comme un paradis.

La Sicile a aussi ses Noëls: il ne faut pas y chercher finesse d'images, suite historique, ni vers rimés avec art.

Ce sont de petites strophes déliées qui se suivent avec la fougue capricieuse d'une bande d'enfants qui jouent sur un pré fleuri. Cependant quelle grâce rustique dans ces chansonnettes pieuses et quelle inimitable ingénuité de style et d'images. Dans celle de Noto, Jésus naît dans un jardin parsemé de plantes aromatiques: un tambour et le tintamarre des enfants qui s'amusent annoncent sa naissance.

Ddocu sutia ccè un jardinu,

Tuttu chinu d'airumi,

Cci na ciu Gesù bambinu.

Cu trummessi e tammurinu.

E lu misinu suprà l'artari.

Tutti l'ancili cci hann' a cantari

Cci hann' à caniari cu bella vuci,

Lu Bambinu si cunnuci,

Si cunnuci, vaneddi, vaneddi.

Si comtamu canzuneddi,

Canzuneddi via via,

Cci cantamu la litania

Litania palermitana.

Un peu plus bas il y a un jardin

Tout couvert d'arbres qui répandent des parfums.

C'est là qu'est né Jésus Enfant.

Avec trompettes et tambours.

Ils le placent sur l'autel,

Tous les Anges se mettent à chanter,

A chanter de leurs belles voix

Le Bambino si bienvenu.

Si bienvenu, viens, viens!

Nous chantons des cantiques,

Des cantiques et des cantiques,

Nous chantons la litanie.

La litanie de Palerme.

Plus suavement enfantines me semblent ces deux autres chansonnettes (canzonette) pieuses de Valplatani. La première a tout l'air d'une ninna nanna (berceuse):

A la notti di Natali

Ca nasciu lu Bammineddu,

E nasciu nni la gruttidda.

A la so manciaturedda

E sô matri cci arridia,

Rosi e gigli cci cuglia.

Dans la nuit de Noël,

Il est né le Bambino,

Il est né dans une grotte.

Dans sa petite Crèche.

Sa mère nous souriait.

Elle nous cueillit des roses et des lys.

Si l'on veut ajouter foi à cette autre chansonnette de Valplatani lorsque naquit notre Sauveur dans la grotte de Bethléem, il y avait non seulement un ange, mais encore un certain personnage qui jouait de la cornemuse. Au son géorgique du champêtre instrument, une brebis, aux flocons de laine frisée, dansait:

A la notti di Natali

Cc'era l'ancilla e un compari68,

Chi sunaca la ciaramedda,

Abballava la picuredda

Abballava rizza rizza!

Dans la nuit de Noël

Il y avait un ange et un autre personnage [68]

Qui jouait de la cornemuse

Une brebis, aux flocons de laine frisée

Dansait: ravissante beauté!

Note 68: (retour) Littéralement: un parrain.

C'est surtout à l'occasion des fêtes de Noël, que les bambini de Valplatani récitent, avec une certaine cadence monotone, des strophes de quatre ou tout au plus six vers; elles sont comme parfumées d'une candeur ingénue. La première semble une peinture inimitable dans sa gracieuse naïveté:

Sutta un pedi di castagna,

Cci à Gesuzzu: c'addimanna,

Addimanna tri tari,

Cu la manuzza chi fa accussi.

A l'ombre d'un châtaignier.

Il y a Jésus: il nous appelle.

Il nous appelle,

En nous faisant signe de sa petite main.

Toute l'ardeur d'une fervente invocation vibre dans cette autre strophe:

Bammineddu di la chiuviddu,

Siti beddu e piccireddu,

Quannu spunta la cirasa

Vui viniti a la me casa,

A la me casa 'un cci ati vinutu,

Viniticci ora pi darimi aiutu!

Petit enfant que je vois d'ici.

Vous êtes beau et tout petit.

A la saison des cerises,

Venez à ma maison.

Vous n'êtes pas encore venu à ma maison.

Venez y maintenant pour me secourir.

Pour Noël, les enfants s'amusent à faire des Crèches devant lesquelles ils allument, avant minuit, de petites lampes d'huile. La Crèche est une montagne de sucre avec des vallons, des précipices et des grottes qui doivent représenter, en petit, la montagne de Bethléem. Il doit y avoir nécessairement un ruisseau en verre ou en papier argenté ou même d'eau courant dans un lit de fer blanc au milieu de rochers de sucre, par suite d'ingénieuses combinaisons. La montagne est peuplée d'une trentaine de personnages de craie que nos bambini appellent bergers. Quelques uns cependant n'ont rien du costume pastoral. On y voit: un muletier qui tire par les rênes une bête récalcitrante, une lavandière qui revient du ruisseau avec un lourd fardeau sur la tête, un pêcheur qui jette sa ligne dans les eaux d'une rivière, un chasseur tirant un oiseau qui se brandille sur un arbre... Parmi les vrais bergers, l'un d'eux, en voyant la grande, l'insolite lumière qui se répandit sur la montagne de Bethléem, à la naissance de Jésus, regarde avec frayeur. Aussi est-il connu sous le nom de l'Effrayé de la Crèche (lo spaventato del presepe). On y voit un berger qui porte un fagot de bois, un autre qui remue le lait dans une chaudière bouillante; celui-ci a retiré ou va retirer une épine qui lui gonfle le pied; celui-là lance une pierre à une vache qui se fourvoie; tel gonfle les joues en soufflant dans la cornemuse ou la Zampogna; tel autre frappe sur un cerceau... Et les enfants les connaissent, un par un, comme s'ils étaient vivants. De leurs regards qui savent donner à tout l'animation et la vie, ils les suivent s'acheminant vers la grotte où l'Enfant Jésus leur sourit, les bras ouverts, au milieu de deux animaux qui le réchauffent de leur haleine.

Mais revenons aux joies familiales: revoyons les rues les plus fréquentées de notre Palerme. Nous sommes à la nuit qui précède Noël: voici les boutiques des marchands de fruits les plus renommés. Façades, architraves, colonnes, chapiteaux d'une architecture très étrange, s'offrent à nos regards. La matière dont ces espèces de maisons sont fabriquées et qui ferait les délices d'une armée de rats, est entièrement de figues sèches. Mais qui pourrait rendre avec la plume les vives gradations de couleurs que nos marchands de fruits combinent d'une manière si savante? Comment décrire cette pyramide de miel qui se détache tout près d'un monceau de poires d'hiver qui semblent faites de vieil or...?

L'usage que les bons Norvégiens ont de donner du froment et du pain aux oiseaux, le jour de Noël, se rencontre aussi dans plusieurs pays de la Sicile. A Scicli, par exemple, les femmes ont l'habitude de jeter sur les toits, les balcons et les appuis des fenêtres, des miettes de pain et des grains de blé, afin que le jour où naquit Jésus, les gracieux habitants de l'air ne manquent pas de nourriture et qu'ils puissent égayer ce jour de leurs chants les plus joyeux.

Ravissante coutume bien digne de Noël, la fête par excellence de la paix et de l'allégresse!

Dans quelques villages de la Sicile, on conserve l'usage, d'ailleurs très ancien dans l'île, d'allumer la bûche de Noël (il ceppo di Natale). On réunit de la paille et des sarments sur lesquels on place une énorme bûche, qui provient généralement de la libéralité d'un propriétaire, religieux observateur des coutumes du pays. Aussitôt que le soleil se couche derrière les montagnes et que la cloche tinte l'Ave Maria (l'Angelus), le député de la fête a soin de mettre le feu à la bûche, et de veiller à ce que, toute la nuit, il reste allumé.

D'aucuns voient dans l'embrasement de la bûche de Noël le symbole du feu qu'auraient allumé dans leurs chaumières les bergers de Bethléem dans cette nuit mémorable où l'Ange leur annonça la naissance de Jésus. D'autres expliquent cet usage par la nécessité de réchauffer à un feu public les pauvres gens qui veillent, à ciel ouvert, pendant cette froide nuit de Noël.

Rien de plus gai que la vue de cette bûche allumée, qu'entourent les artisans et les pauvres. Les uns restent debout, les autres sont assis sur des pierres, quelques-uns fument philosophiquement leurs pipes, d'autres grignotent des marrons qu'ils ont fait rôtir sous la cendre de la bûche; les enfants cassent des noisettes, les vieillards étendent leurs mains au feu pour les dégourdir.

Autour de la traditionnelle bûche de Noël, comme à un immense foyer, tous se donnent rendez-vous; on se trouve si bien dans cette chaude atmosphère et puis on s'y divertit. Devant ce gros morceau de bois qui brûle et crépite joyeusement, qui envoie dans l'air des nuages de fumée et lance des étincelles, la foule reste d'abord immobile et la flamme projette de brillants reflets sur tous les visages. Mais bientôt éclatent les rires les plus joyeux, on échange entre amis les plus innocents badinages, et toutes les voix chantent les cantiques de Noël. De temps en temps on attise le feu, de nouveaux fagots sont ajoutés aux premiers et la plus douce gaîté règne dans toutes les conversations, jusqu'à ce que les derniers tisons de la bûche de Noël s'éteignent avec les premières lueurs de l'aurore.




ESPAGNE

Chez les peuples du Nord, l'idée de Noël est associée à celle de froid, de neige et de bise glaciale. Les enfants s'y représentent «le Bonhomme Noël» avec sa longue barbe blanche et ses vêtements tout couverts de givre clair et craquant.

Là-bas, au midi de l'Espagne, sur la terre andalouse, le soleil brille radieux, l'azur du ciel resplendit sans tache et, le vingt-cinq Décembre, le thermomètre marque ordinairement douze degrés à l'ombre et vingt-cinq au soleil.—Aussi le jour de la Natividad ou de la Navidad, la joie de tous devient bruyante et tapageuse. Pendant la nuit de Noël, la Noche buena (la bonne nuit), comme l'appellent les Espagnols, les rues retentissent de clameurs et des plus assourdissants concerts.

Le temps de Noël, en Espagne, commence avec l'Avent.

A Madrid, la veille du premier dimanche de l'Avent, un fonctionnaire du tribunal ecclésiastique (Rota)69, accompagné des timbaliers et des trompettes des écuries royales, des alguazils et d'un nombreux cortège, tous en costumes des XVIIe et XVIIIe siècles, parcourt à cheval les principales rues de Madrid et lit le décret concernant la proclamation de la Bula de la Santa Cruzada (la Bulle de la Sainte Croisade). Cette bulle octroyée d'abord par Jules II et renouvelée en 1849, Par Pie IX accorde à tous les Espagnols les mêmes Privilèges que ceux des anciennes Bulles des Croisades d'Urbain II et d'Innocent III.

Note 69: (retour) Ce tribunal est formé à l'instar de celui de Rome, qui porte le même nom. On l'appelle Rota, qui veut dire roue, parce que la salle où se réunit ce tribunal est circulaire, en sorte que les juges assis forment un rond.

On nous a raconté à Miranda de Ebro qu'à l'époque de l'invasion des Maures, les paysans d'Espagne, au péril de leur vie portèrent des vivres aux troupes catholiques, obligées quelquefois de se réfugier dans des montagnes inaccessibles. On permit aux vaillants défenseurs de la foi et à leurs intrépides pourvoyeurs de faire gras les Vendredis, pour réparer leurs forces épuisées par d'incessantes fatigues. Le privilège devint un usage qui fut consacré par la Bulle de la Sainte Croisade. Celle-ci permet aux Espagnols de faire gras tous les Vendredis de l'année, moyennant une légère aumône70.

Note 70: (retour)

On définit ordinairement la Bulle de la Sainte Croisade: «un diplôme papal, contenant de nombreux privilèges, induits et grâces, accordé, au Roi d'Espagne pour l'aider dans la guerre contre les Infidèles.»

Pour obtenir cette Bulle, il faut résider dans les Royaumes, Provinces et territoires soumis au Roi d'Espagne. Les étrangers cependant peuvent validement jouir des privilèges de la Bulle, s'ils viennent en pays espagnols, même en y passant très peu de temps et quelle que soit la raison qui les y amène.

Autrefois, pour jouir des faveurs de la Bulle, il fallait aller en personne, dans l'armée espagnole, combattre les Infidèles, ou bien équiper à ses frais un soldat de cette armée, ou bien faire une aumône. Aujourd'hui, il suffit d'acheter la Bulle, moyennant une légère aumône, d'y inscrire son nom et de la conserver chez soi.

Entre autres privilèges, la Bulle accorde le droit de manger des oeufs et du laitage tous les jours de Carême, ainsi que de la viande tous les jours de jeûne et d'abstinence de l'année.

Noël est surtout la grande fête des pays basques: en Guipuscoa, on dit las Pascuas de la Natividad (les Pâques de la Nativité).

On nous écrit de la République Argentine, où se sont implantées la langue et les coutumes espagnoles, qu'il est d'usage de se faire visite à l'occasion de Noël et de se souhaiter de felices Pascuas de Navidad (d'heureuses Pâques de Noël)71.

Note 71: (retour) En Espagne on dit: les Pâques de la Nativité et les Pâques de la Résurrection.

Pendant le temps que durent les fêtes de Noël, il est de coutume dans toute l'Espagne—villes et campagnes—de chanter des airs pastoraux appelés villancicos (cantiques de Noël), mesure six-huit, qui symbolisent les chants des pasteurs célébrant la naissance de l'Enfant-Jésus. Ces chants sont le plus ordinairement accompagnés de castagnettes et de Zambombas. Cet instrument de musique (??) n'ayant pas d'équivalent en français, nous nous croyons obligé de le décrire.

La Zambomba, ainsi appelée sans doute par harmonie imitative, est une sorte de tambourin champêtre qui serait venu des Maures: on le retrouve encore en Afrique. C'est un vase de terre cuite ayant à peu près la forme d'un sablier. Une des extrémités recouverte d'une peau épaisse, desséchée et soigneusement tendue, présente une ouverture au centre. Dans cette ouverture passe une baguette d'environ cinquante centimètres, plantée perpendiculairement et liée à la peau. Pour faire mugir l'instrument, il suffit de communiquer à la baguette un énergique mouvement de va-et-vient.

Dans les faubourgs, tous ont leur Zambomba: enfants, parents, vieillards. A tous les coins de rue, les marchands en vendent; il y en a de toutes sortes; quelques-unes même sont vraiment luxueuses: la boîte sonore est ornée de peintures et la baguette est en bois rare et précieux.

Heureusement l'usage de la Zambomba est limité aux fêtes de Noël: c'est suffisant.

Quelque bruyante que soit la fête de Noël en Espagne, elle l'est encore moins que le Samedi Saint. Ce jour-là, vers onze heures du matin, quand les cloches revenues de Rome commençent à sonner le Gloria in excelsis, il se fait, pendant une demi-heure, un bruit des plus étranges. Les cuisinières frappent, à tour de bras, sur leur casserole la plus sonore, pendant que dans la rue, les enfants armés de maillets frappent sur les portes des maisons, comme s'ils voulaient les défoncer. Un tel charivari, s'il devait durer, finirait par rendre fou.

A Valladolid et à Salamanque, les jeunes filles dansent autour des statues de la Madone en chantant des villancicos qui ne contiennent souvent que des pensées inachevées, comme dans beaucoup de mélodies populaires. Nous ne citerons que ces deux couplets:

Ardia la razza,

Y la razza ardia,

Y no se quemaba;

La Virgen Maria!

Le buisson brûlait.

Et brûlait le buisson.

Et ne se brûlait pas;

La Vierge Marie!

San José era carpiniero,

Y la Virgen costurera,

El Niño labra la cruz,

Porque ha de morir en ella.

Saint Joseph était charpentier.

Et la Vierge couturière.

L'enfant travaille le bois de la croix.

Parce qu'en elle Il doit mourir.

La ville la plus intéressante au point de vue des fêtes religieuses et populaires est assurément Séville. C'est peut-être dans ce sens qu'il faut entendre ce proverbe si connu dans toute l'Espagne:

Quien no ha visto Sevilla

No ha visto maravilla.

Qui n'a vu Séville

N'a vu merveille72.

Note 72: (retour) D'après un autre proverbe espagnol: Quien no ha vista Granada, No ha visto nada, qui n'a vu Grenade, n'a rien vu.—Nous pensons, en effet, que cette ville offre le plus beau paysage de toute l'Espagne. Qu'on se figure une campagne verte et fraîche, puis, à l'entour, un cadre de collines ruisselantes d'eaux vives, exubérantes de végétation; plus haut un amphithéâtre de montagnes d'une douce lumière bleue, enfin, par dessus tout, les neiges éternelles de la Sierra Nevada, montant à 3,500 mètres dans l'azur sombre du ciel.... Voilà le riant et grandiose panorama de la ville merveilleuse de l'Alhambra!

Ce n'est point la tour de la Giralda si remarquable par la proportion harmonieuse de ses lignes, ce ne sont pas ses autres monuments, ni ses trésors d'art, ni les beaux tableaux de Murillo qui ont fait surnommer Séville «l'Enchanteresse», la Encantadora, ce sont les agréments de la vie, les fêtes, le mouvement perpétuel de gaieté qui anime sa population.

Ses grandes processions de la Semaine Sainte (pasos) sont célèbres dans le monde entier.

La fête de Noël (la Natividad) y est particulièrement populaire: elle se passe, en grande partie, en plein air; le marché est plus animé que jamais entre le pont de Tiana et la plaza de Toros.

«Voici d'abord le pavero (marchand de dindons, pavos en espagnol). C'est une industrie qui ne s'exerce guère qu'aux approches de Noël. Quelques jours avant la fête, il fait son apparition dans les rues, poussant devant lui son troupeau de volatiles. Ils vont se dandinant, ébouriffant leurs plumes-moirées, secouant leur jabot aux teintes sanguinolentes, attirant par leurs gloussements les ménagères prévoyantes... Le pavero crie sa marchandise et la vend avec toute la fierté de sa race»73.

Note 73: (retour) Louis d'Harcourt, Illustration, 1890.

A Barcelone, la ville aux larges et riantes avenues, le vingt et un Décembre, fête de Saint-Thomas, il y a grande affluence de paysans qui viennent exposer et vendre des pavos (dindons), sur la Rambla de Cataluña74, pour les fêtes de Noël.

Note 74: (retour) Le terme rambla qui, vient de l'arabe, désigne dans toute l'Espagne le lit desséché d'un fleuve: souvent, comme à Barcelone, il est remplacé par de superbes boulevards. Ce qui fait que le mot de Cervantés s'applique encore à la grande cité qu'il appelle «une ville unique par son site et sa beauté», en sitio y en bellezza unica.

La loterie de Noël, à Séville, donne aussi à cette fête un attrait et une animation extraordinaires: on peut juger de son importance par la valeur du gros lot qui dépasse ordinairement deux millions de francs. Le prix de chaque billet est de cinq cents francs, mais il peut se diviser en coupures et fractions qui vont jusqu'aux sommes les plus petites.

Après le tirage, le gain se partage au prorata de la valeur des billets, coupures et fractions.

Les Espagnols s'intéressent tous à cette grande oeuvre quasi nationale et même ceux qui vivent à l'étranger ne manquent pas d'écrire à Séville pour se procurer des billets.

Quelques jours avant Noël, on a coutume, dans bon nombre de familles où il y a des enfants, d'édifier des représentations de l'Adoration de l'Enfant Jésus par les Bergers et les Rois Mages. Des paysages en miniature se peuplent de personnages et d'animaux sans grand souci de la couleur locale, ni de la vraisemblance. On appelle ces sortes de Crèches des nacimientos (naissances).

Dans certaines familles, on s'y applique consciencieusement à l'avance pour combiner des effets pittoresques que les amis viendront voir jusqu'aux «Rois» que ces éphémères constructions ne dépassent jamais.—Cette coutume existe à peu près dans toute l'Espagne.

Dans les provinces du Midi, après avoir admiré dévotement le divin Enfant, la Vierge Marie, Saint Joseph, les Bergers, les Rois Mages, l'âne et le boeuf traditionnels, on passe une partie de la nuit à se divertir et surtout à danser le fandango. Cette danse préférée des Espagnols est sur un rythme entraînant, à trois temps, avec accompagnement de guitare et de castagnettes. Son mouvement rapide, l'agitation des bras, les trépidations des danseurs, lui donnent un caractère d'animation plein d'originalité. Dans l'intervalle des danses, on boit de l'aguardiente (eau-de-vie) et du manzanilla (petit vin blanc sec). Cette réunion toute intime de parents et d'amis se termine par une danse spéciale à laquelle tout le monde prend part.

«Tous les assistants sont assis en cercle. Une jeune fille alerte s'élance d'un bond au milieu et parcourt rapidement le rond, toujours dansant. Puis elle s'arrête devant un des spectateurs qui est tenu de la remplacer et d'exécuter un pas brillant, quels que soient son âge, sa situation, sa gravité. Celui-ci s'arrête ensuite devant une femme, jeune ou vieille, qui lui succède dans ses exercices chorégraphiques, et ainsi de suite jusqu'à épuisement des danseurs»75.

Note 75: (retour) Louis d'Harcourt, loc. cit.

Dans les provinces du Nord, aux pays basques, par exemple, on trouve beaucoup moins ces manifestations bruyantes: une lenteur mesurée, une tonalité grave règnent dans les actes et les discours. Après la Messe de minuit a lieu le réveillon qui se compose du besugo, poisson fréquent dans la contrée, de l'oie grasse et du dessert composé de nougats, d'alicante et de jijun.

Dans le Midi, la tourte de Noël 76, la morue frite, les châtaignes, la dinde truffée font les frais du repas qu'arrosent à pleins verres le Valdepeñas et le Manzanilla. Quelquefois la guitare et la Zambomba accompagnent le Tango, le Boléro et la Sevillana (danses espagnoles).

Note 76: (retour) A la Republique Argentine, le régal de Noël est le pan dulce (pain doux), sorte de gâteau aux raisins confits que les pâtissiers confectionnent en grande quantité pour cette fête.

Les gâteaux de Noël préférés par les Espagnols sont les « Turones ». Chaque année, on en vend des quantités considérables, à Barcelone, sur le paseo de la Industria (la promenade de l'Industrie).

Les Tourons ou massepains sont d'énormes gâteaux au miel, aux amandes pilées, aux patates douces, sur lesquels l'imagination et la grâce espagnoles se donnent libre cours pour les ornementations. Ils ont généralement la forme de serpents enroulés et sont couverts d'arabesques en sucre multicolores, de fondants et de fruits confits et glacés. Ils sont merveilleux à voir et délicieux à manger. Il y a, comme volume, depuis la petite couleuvre, jusqu'aux plus immenses boas. Toute la famille espagnole a son Touron pour Noël et les familles riches s'en offrent qui coûtent des prix considérables 77.

Note 77: (retour) En Espagne, comme en Italie, Noël remplace le Jour de l'An.

Le matin de Noël, avant la grand'messe, les villageois basques dansent aussi le fandango, au son des guitares et des castagnettes, mais avec un rythme bien différent des peuples du Midi. Les danseurs arrondissent leurs bras en ailes de moulins, se font vis-à-vis en des gestes câlins, sans que jamais l'un vienne à s'approcher de l'autre. Ils demeurent silencieux et compassés. Pénétrés de la dignité de leurs rôles, ils semblent accomplir quelque sacerdoce. Sur un chapiteau renversé, un hidalgo loqueteux, venu on ne sait d'où, chante la triste Malageña, mélopée plaintive, venue du temps des Maures, pendant qu'un rayon de soleil vient éclairer sa pauvre mine de misère78.

Note 78: (retour) D'après la Quinzaine, 16 Décembre 1904.

Noël est avant tout une fête religieuse chez le peuple espagnol, fidèle gardien des naïves et touchantes traditions de ses pères.

Sans doute, il y a bien parfois quelques manifestations bruyantes dans les églises, surtout dans les quartiers pauvres et ouvriers. Des castagnettes, des tambours de basque, des Zambombas accompagnent des villancicos (Noëls) à l'allure un peu trop alerte: certains instruments assez singuliers imitent le chant des oiseaux, surtout le cri éclatant du coq. A l'offertoire et à la sortie, l'orgue lui-même, oublieux de sa gravité ordinaire, joue des variations sur des thèmes empruntés aux airs les plus populaires. Au milieu de pareils concerts, les enfants de choeur sautillent bien un peu, la foule est agitée d'un balancement qui marque un peu trop la mesure, mais l'ensemble reste toujours sérieux et digne du saint lieu.

A Séville, le jour de Noël, on danse encore dans les églises, mais tout est prévu et réglé d'avance et l'assistance, témoin de ces exercices qui font partie intégrante du cérémonial de la fête, se livre à la joie, sans perdre son attitude calme et recueillie.

Jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, à Valladolid, on représentait, au milieu des églises, les Mystères de la Nativité. Les personnages qui étaient en scène, portaient des masques grotesques et des costumes d'un goût douteux. Ils étaient accompagnés par tous les instruments populaires: castagnettes, tambours de basque, guitares, violons. Dans les entr'actes, l'organiste jouait seul: il choisissait dans son répertoire les morceaux les plus entraînants. Tout à coup les femmes et les jeunes filles entraient en danse, portant à la main des cierges allumés. Toute cette festivité était entremêlée de villanelles ou chansons rustiques. Celui qui avait le mieux chanté était salué par les fidèles du beau nom de Victor.

Si nous pénétrons, le jour de Noël, dans une des églises du Midi de l'Espagne, nous y trouverons une foule qui s'y presse pour sanctifier cette solennité. La jeune andalouse en habit de soie noire, avec mantille, agenouillée sur la dalle nue79, fixe du regard la Madone vêtue de ses plus beaux atours de damas et de dentelles et couronnée d'un riche diadème aux perles étincelantes. Elle est droite, immobile, comme figée sur place, adressant une fervente prière à la Vierge qui ne peut manquer de l'exaucer, en ce jour de l'anniversaire de la naissance de son fils. Telles les orantes, sculptées dans le marbre ou la pierre, qu'on admire dans les catacombes de Rome, ou auprès des tombeaux du Campo santo de Gênes et des autres villes d'Italie.

Note 79: (retour) Les églises espagnoles ne contiennent pas habituellement de chaises.

Dans le Nord, la jeune basquaise va également se prosterner, le jour de Noël, dans l'église de Lezo, près de Saint-Sébastien80. Ce n'est plus la Vierge Marie qu'elle implore, c'est devant l'image du Christ vénéré qu'elle reste des heures entières, plongée dans une sorte d'extase. Comme elle contemple, avec émotion et avec larmes, son Dieu à l'aspect saisissant, aux membres alanguis, à la chevelure d'ébène, au regard tendre et compatissant qui semble la fixer et la comprendre. Elle lui confie tous les secrets de son âme ardente: ses peines, ses illusions, ses espérances. C'est à Lui qu'elle vient demander ce que chante la vieille complainte:

Santo Cristo de Lezo.

Tres cosas te pido:

Salud, dinero

Y buen marido.

Saint Christ de Lezo,

Je te demande trois choses:

Le salut, la fortune

Et un bon mari.

Note 80: (retour) Dans les pays basques, il est d'usage, au jour de Noël, de se rendre a trois pèlerinages locaux particulièrement célèbres: ce sont ceux de Lezo, d'Iziar et d'Aranzazu.

En parcourant ces silencieuses campagnes de la province de Guipuscoa, il nous est souvent revenu à l'esprit une belle page de Pierre Loti, sur la Messe au pays basque, et surtout ces lignes finales: «Faire les mêmes choses que depuis des âges sans nombre ont faites les ancêtres, et redire aveuglément les mêmes paroles de foi, est une suprême sagesse, une suprême force. Pour tous ces croyants qui chantaient là, il se dégageait de ce cérémonial, immuable de la Messe une sorte de paix, une confuse mais douce résignation aux anéantissements prochains. Vivants de l'heure présente, ils perdaient un peu de leur personnalité éphémère pour se rattacher mieux aux morts couchés sous les dalles et les continuer plus exactement, ne former avec eux et leur descendance à venir, qu'un de ces ensembles résistants et de durée presque indéfinie qu'on appelle une race.»

Il nous a été donné de voir des familles entières agenouillées devant le Christ miraculeux de la belle cathédrale de Burgos ou devant la Virgen del Pilar (la Vierge du Pilier) de l'immense basilique de Saragosse. Rien, dans nos souvenirs de voyages, ne nous a donné une idée plus haute de la foi qui opère des merveilles, et de l'ardente charité d'un peuple au coeur vaillant et à la religion profonde et vraie.

Il nous reste à parler de la Messe de Noël en Espagne, Messe de minuit et Messe du jour.

La Messe de minuit s'appelle Misa del Gallo (la Messe du coq ou du chant du coq): elle n'offre rien de bien particulier.

Elle se célèbre dans la plupart des églises de Madrid. A la fin, les fidèles entonnent les villancicos en s'accompagnant d'instruments de toute sorte: il se fait alors un tapage qui surprend et étonne les étrangers. Des bandes bruyantes d'hommes du peuple parcourent en chantant les rues les plus fréquentées. Depuis minuit, les cafés, surtout ceux de la Puerta del Sol81, se remplissent d'une foule animée. La visite du marché aux fruits de la plazza Mayor est intéressante, surtout le soir de Noël: il y a quantité de boutiques brillamment illuminées.

Note 81: (retour) La Puerta del Sol (la Porte du Soleil), la place la plus grande et la plus animée de Madrid: elle doit son nom à l'ancienne porte démolie en 1570, d'où l'on pouvait voir le lever du soleil.

Le jour de Noël, les monastères ouvrent leurs chapelles ordinairement fermées au public et la Messe de minuit se célèbre avec une grande solennité. Chaque fidèle y apporte, soigneusement enveloppé dans son manteau, son cierge bizarrement enroulé en forme de serpent. Dans le rayonnement des lumières, apparaît, au milieu de la nef principale et jusque dans le sanctuaire, une foule recueillie à la foi ardente et aux élans d'une piété expansive. C'est une suite de fiévreux signes de croix, de baisements des dalles, de coups frappés sur la poitrine, de regards enflammés et suppliants allant de l'autel à la Madone et de la Madone à l'autel.

Dans l'église, au dôme élevé, du célèbre couvent de Loyola, bâti sur l'emplacement de la maison où naquit Saint Ignace, fondateur de l'Ordre des Jésuites—à la Messe de minuit—l'orgue joue, après l'élévation, la Marche royale avec accompagnement de tambours de basque et de castagnettes. Les Religieux, par suite d'un usage séculaire, célèbrent à la fois la gloire du Très-Haut et celle de leur Souverain82.

Note 82: (retour) La Quinzaine, loc. cit.

M. Etienne Roze nous décrit, dans un style plein de charme et d'humour, une Messe de Noël à Madrid:

«Le jour de Noël, désirant assister à un office pittoresque, je me rendis à la Grand'Messe de l'Hôpital Général. C'était là, m'avait-on dit, le refuge des vieilles traditions.

«... Autour de l'harmonium, des Religieuses étaient groupées. Je n'ai jamais entendu une Messe chantée sur un rythme aussi gai. Le célébrant tout allègre entonna le Kyrie sur quelques notes vives et alertes et le choeur lui répondit dans une attaque parfaite.

«Une vieille religieuse, toute ridée sous sa cornette blanche, battait la mesure avec décision: c'était un excellent chef d'orchestre.

«... Les voix étaient justes et fraîches et les instruments parfaitement accordés.

«Il y avait deux Zambombas, deux tambours de basque, des castagnettes, deux trompettes, deux sifflets de tons différents, un coucou, un coq, un rossignol et deux de ces petits pots en terre qu'on remplit à demi et dans lesquels on souffle pour imiter un gazouillis d'oiseaux.

«Tout cela partait, s'arrêtait, reprenait dans une mesure excellente. Seuls, les gazouillis étaient quelquefois en retard et gazouillaient de temps à autre, au milieu d'un silence ou quand ce n'était plus leur tour. Mais ils gazouillaient si bien, avec tant de gentillesse, qu'il était impossible de leur en vouloir.

«... D'ailleurs, le chef d'orchestre faisait les gros yeux et tout rentrait dans l'ordre.

«... On eut dit une Messe chantée dans une volière.

«Le coq, le rossignol et le coucou étaient surtout merveilleux. Ils s'appelaient et se répondaient avec une impeccable mesure. Les tambours et les castagnettes formaient la basse et ne se reposaient jamais.

«... Tout l'office fut célébré ainsi et d'une façon si naïve, si simple, si touchante, avec une foi si vive et si sincère, que le sourire qui m'était venu au début sur les lèvres, disparut très vite, pour faire place à une réelle émotion»83.

Note 83: (retour) Revue Marne. Noël 1902.

Après la Messe de minuit, il est d'usage, en Espagne, de se saluer par ces mots: nacido84 el Niño! (l'Enfant est né!)

Note 84: (retour) La loi du moindre effort fait disparaître le d dans la prononciation et ordinairement on dit: nacie el Niño.

Le jour des Rois (Dia de Reyes), à Madrid, une foule animée remplit les rues et les magasins. Le soir, des enfants portent des flambeaux, des échelles, dès sonnettes et des tambours, parcourent les rues et les places les plus écartées où ils font halte pour «guetter l'arrivée des Rois». Mais bientôt un «Messager» vient annoncer que les Rois ont pris «un autre chemin» et qu'ils font leur entrée à l'autre bout de la ville. Sur quoi, toute la bande se dirige vers l'endroit indiqué, où la même scène recommence.

Le jour de l'Épiphanie, à Madrid, dans la chapelle royale, une Messe solennelle est dite par le Cardinal-Aumônier. Le Roi, la Reine et toute la famille royale y assistent, avec toute la Cour, en tenue de gala. Après la Messe, le Roi fait porter sur l'autel trois beaux calices; le Cardinal les consacre et le Roi les envoie, en souvenir des trois Rois Mages, à trois églises pauvres85.

Note 85: (retour) Ce trait édifiant et plusieurs autres nous ont été racontés par un ecclésiastique qui a passé deux années à Madrid, et qui a eu de fréquentes relations avec la famille royale d'Espagne.



FIN.




TABLE


Préface.

NOËL EN SUÈDE ET EN NORWÈGE

Le cadeau mystérieux.

Le repas national.

La Messe de minuit au village.

Le réveillon des petits oiseaux.

NOËL EN ANGLETERRE

Les mascarades.

Les préparatifs immenses.

L'agitation à Londres.

Le Baron of beef.

La décoration du home.

La bûche traditionnelle.

Les chanteurs.

Le repas familial.

Le cygne sur la table du roi.

Les secours donnés aux pauvres.

Les jeux.

La réunion du soir.

Les cartes de Noël.

Le lendemain de Noël.

Noël en Crimée.

Noël au Transvaal.

Une Messe de minuit en exil.

L'offrande royale, le jour des Rois.

NOËL EN ALLEMAGNE

L'annonce de la fête.

Origine des coutumes allemandes.

Le réveillon.

Le gâteau de Noël à la Cour de Berlin.

Le Noël des enfants.

L'arbre-de-noël.

Le chant de Noël.

La réunion familiale.

Le valet Rupert.

La visite de l'Enfant-Jésus.

Nicolas le Velu.

L'arbre de Noël en 1870.

L'arbre de Noël à la caserne.

Trait patriotique.

NOËL EN ITALIE

Rome.

Les Pifferari.

La cantate à la Vierge.

Les boutiques de la place Navone.

Les Crèches.

Le San Bambino.

La Befana.

Les rondes de la Befana.

Les Mystères de Noël à Leeca.

L'Ave Maria de la Bûche.

NOËL A NAPLES

La semaine des Bancarelle.

Le marché aux poissons.

Le port de Naples.

Les Zampognari.

Les Crèches napolitaines.

La Crèche du Musée de la Chartreuse.

La Crèche de Caserte.

Les feux d'artifice.

Le drame de la Naissance du Verbe Incarné.

La Crèche-parlante de Catanzaro.

Les cloches de Lanciano.

NOËL EN SICILE

Les musiciens de Noël.

Gracieux dialecte sicilien.

Prières de Noël.

Chansonnettes pieuses.

Les Crèches enfantines.

Les boutiques de Palerme.

Le repas des oiseaux.

La Bûche de Noël.

NOËL EN ESPAGNE

Fête bruyante.

La Bulle de la Sainte Croisade.

Les Pâques de la Nativité.

Les cillancicos.

La Zambomba.

Le Samedi Saint.

Le Noël de Valladolid.

Noël à Séville.

Le marchand de dindons.

La loterie de Séville.

Les Crèches.

Le fandango.

Les Tourons.

Les Mystères de Noël à Valladolid.

La prière de Noël à Séville.

La prière de Noël à Lezo.

La Messe de minuit.

La Messe du jour à l'Hôpital Général.

Le jour des Rois à Madrid.

L'offrande du Roi d'Espagne.

FIN DE LA TABLE




[Note du transcripteur: Suit le matériel hors propos qui se trouve dans les premières pages de l'ouvrage qui a servi pour produire ce document.]

Prix franco: UN Franc

SE TROUVE CHEZ L'AUTEUR
PITHIVIERS

IMPRIMERIE MODERNE,
I, IMPASSE DE L'ÉGLISE

1906

IMPRIMATUR.
Aurel., Die. 3 Decemb. 1905.
A. BRUANT
Vic. gen.

Nous avons publié, en 1903, sur les Réjouissances populaires de Noël dans nos anciennes provinces, et en 1904, sur Noël dans les pays du Nord, deux brochures dans lesquelles un grand nombre de journaux, de revues et de semaines religieuses ont puisé des extraits. En 1904, le grand journal de Paris Le Gaulois nous a fait les honneurs de son intéressant numéro illustré de Noël. Nous espérons que notre Noël dans les pays étrangers obtiendra, cette année, la même faveur.

Depuis notre voyage de Terre Sainte, en 1893, présidé par Son Éminence le Cardinal Langénieux, de pieuse, illustre et vénérée mémoire, nous avons recueilli des notes nombreuses sur les usages établis à l'occasion des fêtes de Noël et de l'Épiphanie. Nos amis de la Société Asiatique, répandus dans le monde entier, nous ont écrit des lettres pleines d'intérêt et d'érudition. Nos confrères de France et de l'Etranger, dont nous avons pu apprécier la science et l'aimable charité, nous ont aussi prêté le plus bienveillant, le plus utile concours.

Nous nous proposons de publier prochainement le Folk-Lore de Noël ou Essai sur les coutumes populaires de Noël dans tous les pays.

Notre ouvrage sera divisé comme il suit:

PRÉFACE.—Origine et but de ce livre.

INTRODUCTION.—Résumé des faits historiques qui se sont passés le jour de Noël. (Ephémérides de Noël.)

CHAPITRES

I.—Solennité et popularité de Noël.

II.—Veillée de Noël et légendes qu'on y raconte.

III.—Bûche de Noël.

IV.—Processions de Noël (profanes et religieuses.)

V.—Particularités de la Messe de minuit.

VI.—Cadeaux de Noël (Arbre de Noël et Sabot de

Noël.)

VII.—Réveillon et gâteaux de Noël.

VIII.—Origine, naïveté et universalité des Noëls.

IX.—Crèches de Noël.

X.—Pastorales et Mystères de Noël.

XI.—Noël dans les pays du Nord.

XII.—Noël dans les pays du Midi.

XIII.—Noël dans les pays de Missions.

XIV.—Fête des Rois.

CONCLUSION.—Ces coutumes de Noël, si universelles et si populaires, prouvent la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nous serions très reconnaissant à nos lecteurs de nous fournir de nouveaux documents puisés dans leurs lectures, leurs voyages ou auprès de leurs amis. Ces documents se trouvent surtout dans les journaux, revues et semaines religieuses qui paraissent du quinze au trente Décembre de chaque année. Ceux qui possèdent des collections de ces différentes publications peuvent consulter les livraisons des années précédentes. Dans chaque pays, la presse locale contient des articles très intéressants sur les coutumes particulières à chaque contrée. A titre de renseignements, ces articles ont pour nous une grande valeur.

Les écrivains les plus célèbres, prosateurs et poëtes de tous les pays, ont parlé avec admiration de nos usages de Noël. Frédéric Mistral a chanté la «Bûche de Noël» dans cette belle et harmonieuse langue provençale qu'il parle si bien. Qui ne connaît la «Dernière Bûche» de Théodore Botrel, d'une allure toute gauloise et d'une saveur toute bretonne? Madame de Sévigné raconte «avec finesse et joyeusetés» comment se passait «le réveillon» dans son merveilleux hôtel Carnavalet. Nous trouvons dans le gracieux Weihnachtsabend (la veillée de Noël), de Schmid, une ravissante description de «la Crèche» et Shakespeare lui-même, dans Hamlet, fait allusion à l'une de nos légendes de Noël les plus répandues.

De nouveau, nous prions nos amis de vouloir bien nous signaler leurs découvertes dans ce domaine infini de notre littérature nationale et des littératures étrangères. Ils nous aideront ainsi à compléter l'oeuvre que nous avons entreprise, pour l'édification de nos frères: la glorification populaire du divin Enfant de Bethléem.

Cette brochure se vend au profit des trois Écoles libres de Pithiviers; nous prions nos lecteurs de la faire connaître autour d'eux.

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