Rapport sur une mission botanique exécutée en 1884 dans le nord, le sud et l'ouest de la Tunisie
RÉSUMÉ ET CONCLUSION.
La végétation du pays que nous avons parcouru doit son caractère particulier à deux faits intéressants : le premier, c’est l’absence des grands sables, la région des Aregs ne commençant qu’au midi des montagnes des Ghomrasen et de la chaîne du Nefzaoua, très avant dans le sud et loin de la mer ; le second est la présence dans la région de la Syrte de plantes telles que le Filago Mareotica, le Deverra tortuosa, le Silene succulenta, le Vaillantia lanata, le Lagonychium Stephanianum, le Centaurea contracta, l’Atractylis flava qui, de même que les Convolvulus Dorycnium, Iberis sempervirens, Hypericum crispum, Poterium spinosum, etc., rencontrés plus au nord en Tunisie, où ils trouvent leur limite occidentale, appartiennent à la flore de l’Orient. Ce fait, déjà signalé dès 1854 par notre excellent ami M. le docteur Cosson dans son Sertulum Tunetanum et mentionné par M. Doûmet-Adanson dans le compte rendu de sa première mission, reçoit une nouvelle confirmation de nos récentes observations. On est par suite fondé à admettre l’existence ancienne, dans la Méditerranée, de deux bassins différents en même temps que le rattachement de la Sicile au continent africain dans la région du cap Bon.
La situation politique du pays nous ayant empêchés de pénétrer jusqu’aux Aregs et aux pâturages sahariens des grands nomades, nous n’avons point recueilli les plantes arénicoles que l’on est convenu d’appeler plus particulièrement sahariennes, comme l’Ephedra alata (Alenda), le Genista Saharæ (Merkh), la grande forme du Calligonum comosum (Ezzel), le Limoniastrum Guyonianum (Zeïta) et le Zilla macroptera (Chebrom), qui, d’après les renseignements fournis par les Arabes, doivent s’y rencontrer, sans doute en compagnie du Tamarix articulata (Etel), de l’Erythrostictus punctatus, de l’Heliotropium luteum et des autres plantes de la flore du Souf.
C’est aussi à la nature du terrain que l’on doit attribuer, dans la région que nous avons explorée, la rareté d’autres espèces sahariennes qui apparaissent sporadiquement là seulement où, soit dans le lit des oueds, soit au pied de roches désagrégées, elles rencontrent le sable qui paraît être la condition nécessaire de leur existence, beaucoup plus que les influences de la latitude et de la chaleur. Ces plantes, en effet, parmi lesquelles nous citerons seulement : Cladanthus Arabicus, Ifloga spicata, Senecio coronopifolius, Nolletia chrysocomoides, Tanacetum cinereum, Arthratherum pungens et plumosum, Festuca Memphitica, se montrent beaucoup plus fréquemment dans les formations arénacées qu’à Zarzis ou à l’extrémité de l’Aradh. Ainsi le Drin (Arthratherum pungens), qui, en Algérie, est presque caractéristique de la région saharienne et dont nous n’avons vu, pendant notre exploration, que quelques touffes isolées, croît abondamment presque aux portes de Tunis, dans les dunes d’Hammam-Lif !
Passons maintenant à l’étude particulière des diverses parties du territoire parcouru.
Si nous considérons le Sud tunisien de l’est à l’ouest, l’Aradh se présente d’abord, long couloir entre la mer et la montagne par où a passé le flot de toutes les invasions orientales, plaine presque absolument unie, à peine coupée par quelques faibles ressauts calcaires ou par quelques collines dont la plus haute est le Djebel Tadjera. Sur le sol argilo-caicaire, labouré par des lits arides d’oueds torrentueux, la végétation s’étend, maigre et monotone, des portes de Gabès à l’Oued Feçi et à la Sebkha des Biban (Bahirt-el-Biban). Les Zizyphus Lotus, Retama Rætam, Calycotome intermedia, Rhus oxyacanthoides, Nitraria tridentata y forment des buissons plus ou moins rares ; les Thymelæa microphylla, Rhanterium suaveolens, Anarrhinum brevifolium, trois Deverra (D. chlorantha, D. tortuosa, D. scoparia), le Polygonum equisetiforme, l’Andropogon hirtus et le Lygeum Spartum constituent partout (sauf dans les sebkhas ou sur le littoral envahis par les Salsolacées et les Statice) le fond habituel de la flore : leur abondance et leurs proportions réciproques varient seules suivant le degré de profondeur ou de sécheresse du terrain. Il faut aussi citer, quoique moins fréquente, le Carduncellus eriocephalus, le Delphinium pubescens, l’Atractylis flava et l’Apteranthes Gussoneana qui se dissimule presque toujours dans les touffes du Lygeum Spartum.
La longue chaîne parallèle à la mer qui s’épanouit en se déprimant chez les Matmata et qui a son point culminant au Djebel Demeur, chez les Haouaïa (à 750 mètres), se termine en Tunisie par le piton pittoresque de Douiret et le massif transversal des Ouderna. Du côté de l’Aradh, elle s’élève abruptement, comme par des cassures superposées, et se couronne de couches d’un calcaire dur formant plateau, tandis que, vers l’ouest, s’étend une longue pente tectiforme que les Arabes nomment le Dahr (le dos). Les couches du calcaire crétacé ou du grès n’y retiennent pas l’eau : à peine si l’on y remarque quelques suintements qui ne coulent pas jusqu’à la plaine (Aïn Guettar, Aïn Temran) et de rares puits dans les passes qui la traversent. Aussi (abstraction faite du domaine du Halfa) la végétation spontanée y est-elle pauvre, sauf sur le bord du plateau des Haouaïa ou dans de rares crevasses des ravins garnies de quelques broussailles. Partout ailleurs, le Rosmarinus officinalis, le Calycotome intermedia, le Periploca angustifolia et l’Anthyllis Henoniana représentent, avec quelques pieds de Retama Rætam, la flore frutescente. En revanche, on y compte quelques plantes spéciales ou intéressantes : sur le plateau ou le long des consoles rocheuses croissent le Teucrium Alopecuros, l’Erodium arborescens et l’Onopordon Espinæ, qui, abondant dans les steppes aux environs de Kairouan et de la Sebkha El-Hani, devient ici, à l’extrémité de son aire, une plante de montagne. Le Stipa tenacissima, rare sur le littoral tunisien où le Lygeum Spartum usurpe son nom arabe (Halfa), vit aux flancs des collines élevées des Matmata et abonde sur leurs plateaux. Sur les deux sommets de la chaîne (Djebel Demeur et Guelâa des Matmata), nous devons signaler : Celsia laciniata, Galium petræum et Bourgæanum, Caucalis cærulescens, Centaurea Africana ?, Genista capitellata ?.
Le Djebel Aziza, qui court à l’ouest du Dahr, présente une végétation analogue.
Entre le Djebel Tebaga et le Chott El-Fedjedj, la plaine, bien que l’eau y soit rare, est couverte d’un plus grand nombre d’arbustes et de plantes ligneuses que l’Aradh. Les Atriplex Halimus et mollis, le Thymelæa hirsuta et le Peganum Harmala y sont surtout fort communs. Parmi les plantes herbacées dominent l’Helianthemum Tunetanum, l’Hedysarum carnosum, l’Astragalus Kralikianus, le Linaria laxiflora, l’Ammosperma cinereum, le Pyrethrum fuscatum.
Un peu avant Limaguès et Seftimi commence la région si curieuse du Nefzaoua que traverse une double chaîne de collines, prolongation et atténuation du Djebel Tebaga. Des deux côtés de l’arête centrale qui finit par s’effacer complètement vers la pointe ouest du pays, des sources, probablement artésiennes pour la plupart, sourdent au fond de nombreux bassins et alimentent des oasis qui s’étendent jusque dans la région des Aregs. Déjà le sable commence à se montrer assez abondamment près de Kebilli et la végétation à se rapprocher de la flore saharienne de Biskra ainsi que l’indique l’apparition de l’Euphorbia Guyoniana, du Malcolmia Africana, du Reseda Alphonsi et du Tamarix pauciovulata. En approchant du grand Chott El-Djerid, les terrains salés et les Salsolacées se multiplient, tandis que les collines rocheuses issues du Tebaga deviennent d’une aridité désolée.
Du côté occidental du chott, dans le Beled-el-Djerid, la tendance que nous venons de signaler s’accentue bien davantage : les Fagonia virens, l’Oligomeris dispersa, le Polycarpæa fragilis, le Sclerocephalus Arabicus, l’Astragalus Gyzensis, le Cyperus conglomeratus, l’Arthratherum obtusum et l’Andropogon laniger s’ajoutent aux espèces des Ziban déjà mentionnées, tandis que l’apparition inattendue du Panicum turgidum, cette curieuse Graminée égyptienne découverte par notre ami M. le Dr V. Reboud dans la vallée de l’Oued El-Arab, rattache le Djerid aux vallées sahariennes de l’Aurès.
La bordure étroite qui s’étend au nord du Chott El-Djerid, au pied du long massif du Djebel Cherb, montre une végétation identique, dans son ensemble, à celle de la rive méridionale ; mais les gorges de la montagne et les oueds qui en sortent offrent quelques plantes d’un intérêt particulier : un Sporobolus probablement nouveau, le Lotus hosackioides, déjà recueilli aux mêmes lieux par M. le Dr André et qui se retrouve au sud du Maroc, les Megastoma pusillum, Echinospermum Vahlianum, Salvia Jaminiana et Aristida Adscensionis var. pumila.
Dans tout le bassin des Chotts, comme dans l’Aradh, l’Anarrhinum brevifolium et le Rhanterium suaveolens sont également abondants et paraissent s’étendre dans l’ouest jusqu’aux limites de l’Algérie, si même ils n’y pénètrent pas.
L’influence saharienne se fait encore sentir, quoique plus faiblement, dans les plaines au nord de la chaîne du Cherb et se prolonge même le long de la vallée de l’Oued Feriana, ouverte aux effluves du midi, tandis que sur les collines, à partir de Sidi-Aïch, domine la flore des hauts plateaux. Un îlot de verdure, au milieu du lit de l’Oued Zitouna, présente un singulier mélange de plantes du sud qui y remontent et d’espèces du nord qui y sont descendues, amenées par les eaux.
A Feriana, le changement est complet : le Halfa règne en maître dans la plaine et sur les hauteurs ; les Pins d’Alep et les Genévriers s’étendent en lignes claires ou en massifs forestiers profonds, suivant la disposition du terrain et la fréquence des incendies : dans les gorges, le long des rochers, sur le bord des oueds, la végétation ressemble à celle des environs de Tebessa et des parties basses de l’Aurès. On peut y signaler toutefois quelques plantes spéciales, telles que l’Hypericum Roberti. Au Teucrium Alopecuros du sud, cantonné dans la chaîne des Matmata, des Haouaïa et dans les Djebels Aziza et Tebaga, se substitue le Teucrium compactum des pentes inférieures de l’Aurès et des Maâdid ; à l’Helianthemum Tunetanum, les Helianthemum Fontanesii et lavandulæfolium. La flore du sud a disparu sans laisser de traces ailleurs que sur quelques points où la désagrégation du grès favorise la croissance de deux ou trois espèces surtout arénicoles.
Cette région du Halfa et des forêts de Pins continue en Tunisie les Hauts-Plateaux de la province de Constantine avec leurs collines et leurs montagnes isolées ; c’est bientôt, en s’avançant à l’est, la région des Hamadas où les reliefs sont presque tous couronnés par des tables rocheuses plus ou moins inclinées, au-dessus de vallées dont le niveau s’abaisse graduellement vers Kairouan et l’Enfida.
Le Guelâat Es-Snam, qui s’élève près de la frontière et atteint 1454 mètres, est lui-même une véritable hamada, et l’un des points culminants de la Tunisie. Aussi offre-t-il une végétation particulière qui se retrouve d’ailleurs sur les montagnes de même altitude du cercle de Souk-Ahras et sera peut-être constatée sur quelques-unes de ces montagnes boisées des environs de Sbiba au pied desquelles a passé Desfontaines.
Nous venons d’indiquer à grands traits les caractères principaux de la flore tunisienne dans les régions que nous avons abordées ; le président de la Mission de l’exploration scientifique de la Tunisie a déjà fait connaître le résultat de la campagne botanique de 1883 dans le nord du pays. Il résulte de ces constatations qu’il manque à cette flore deux des plus beaux fleurons de celle de l’Algérie : les espèces des montagnes élevées et celles du grand Sahara. La nature lui a refusé les plantes des hauts sommets, il suffira sans doute d’une exploration dans le Sud pacifié pour y trouver au moins une partie des secondes.
NOTES :
[1]Le temps m’avait manqué pour achever l’étude de cette curieuse localité. J’ai pu y retourner en 1886, au printemps, et en compléter l’exploration. (Note ajoutée pendant l’impression.)
[2]Le Prodrome de la malacologie terrestre et fluviatile de la Tunisie a paru avant que l’impression de ce Rapport fût terminée.
[3]Cet arbuste, rare en Tunisie, est remplacé dans le Sud par le Rhus oxyacanthoides. Ce n’est qu’à Hammam-Sousa qu’en 1883 la Mission botanique a trouvé les deux espèces réunies.
[4]غاردِماو « la grotte couleur de sang ».
[5]كبّار « Kabbar ».
[6]Je ne puis me résigner à adopter l’orthographe suivie par l’État-major et adoptée par l’honorable président de la Mission. Le mot رصاص, qui signifie plomb, présente deux fois la même lettre (ص) qu’il est complètement illogique de transcrire en français par deux lettres différentes.
[7]التمر والحليب الڢتور متع الحبيب « La datte et le lait sont le déjeuner qu’on offre à un ami ».
[8]Le vent du sud, le sirocco ou semoum « l’empoisonné ».
[9]Le Caucalis cærulescens et le Galium Bourgæanum sont nouveaux pour la flore tunisienne.
[10]Hadedj حدج est un des noms arabes de la Coloquinte (Cucumis Colocynthis).
[11]La mission algérienne de Ghadamès a rencontré ces mêmes habitations à Zenthan où, d’après Vatonne, elles seraient creusées par des ouvriers venus du Fezzan. Quelques-unes ont deux étages, ce qui existe aussi chez les Matmata (Mission de Ghadamès, p. 80, 81, 234 et 235, fig. 5 et 6). Des demeures troglodytiques sont également signalées dans diverses chaînes de montagnes ou de collines de la Tripolitaine.
[12]جرڢ ام أَلعزير, le coteau du Romarin.
[13]Les indigènes, suivant un usage presque général en Tunisie, prononcent le qaf ڧ comme un G et disent : Gueçar-el-Metameur, pour ڧصار المتامر.
[14]Ces hangars s’appellent Khourçç, خُرصّ pluriel Khourçaç خُرصاص, ou Kib كيب, pluriel Kiab كياب.
[15]Comme presque tous les Pancratium, celui-ci a bien poussé en serre, mais n’y a pas fleuri. Il faut attendre pour être fixé sur sa détermination qu’un botaniste fasse une nouvelle excursion à Aïn Guettar à la fin de l’été ou au commencement de l’automne, époque présumée de la floraison.
[16]Djenoun, pluriel arabe de Djinn, « démon, esprit malfaisant ».
[17]Trois jours après notre passage, un djich d’insurgés surprenait les Ghomrasen au bordj même du Bir El-Ahmar et ghazziait leur troupeau après leur avoir tué ou blessé plusieurs hommes.
[18]Le Ras-el-Aïn sert souvent aux maraudeurs d’aiguade et de poste d’embuscade. Le lendemain de notre passage, une troupe de dix brigands de la frontière s’y était installée ; la cavalerie de la compagnie mixte fut prévenue trop tard et, lorsqu’elle arriva, l’ennemi avait déjà décampé.
[19]C’est le nom sous lequel ce golfe est désigné sur les cartes marines.
[20]Une grande partie de la population berbère de Djerba appartient, comme les Mozabites d’Algérie, à la secte schismatique des Ibadites.
[21]صيبُض, صيبُط. Ce nom a une étrange analogie avec celui de Cibada, Civada, Cevada, qui sert à désigner l’avoine en espagnol et dans nos patois méridionaux.
[22]Ces sources sont de deux natures : les unes surgissent au fond d’une sorte d’entonnoir à trois ou quatre mètres au-dessous du sol et arrivent de bas en haut en faisant tourbillonner le sable : ce sont de véritables puits artésiens, probablement naturels. Lorsqu’on y jette une grosse pierre, elle descend à une certaine profondeur et le mouvement du sable cesse de se produire jusqu’à ce qu’une colonne d’eau, violemment soulevée, débarrasse le canal encombré et s’étale en bouillonnant fortement au-dessus de la surface du bassin. Nous avons essayé d’attacher la pierre à une corde, mais cette corde était ou trop courte et s’échappait de nos mains, ou trop fragile et se brisait presque immédiatement. Les autres sources, qui se déversent au fond de la tranchée presque au même niveau que les premières, paraissent au contraire provenir de nappes beaucoup moins profondes, presque horizontales et qui semblent venir du nord ou du nord-ouest.
[23]Le service des forêts a été chargé d’étudier cette question vitale de l’ensablement, et un agent supérieur, connu par des travaux antérieurs dans des pays de dunes, désigné pour procéder aux études nécessaires. Les travaux de défense sont aujourd’hui en voie d’exécution.
[24]Il paraît que jadis les gens de Tozer passaient pour des voleurs incorrigibles, et le bon Moula Ahmed s’étonne que ces déprédations d’une race qui vole la nuit et escroque le jour n’aient pas attiré sur Tozer de catastrophes éclatantes ; il faut bien, dit-il, que l’indulgence et la miséricorde de Dieu soient infinies ! Il est probable que le pauvre homme y avait perdu une partie de sa garde-robe.
[25]A Djara, dans l’oasis de Gabès, les constructions et les réparations de barrages s’exécutent de même aux sons d’un orchestre endiablé. Les femmes y assistent dans leurs plus riches atours et excitent par leurs encouragements et par leurs youyous le zèle et l’adresse des jeunes hommes.
[26]Nouveau pour la flore de la Tunisie.
[27]Nouveau pour la flore de la Tunisie.
[28]Nouveau pour la Tunisie.
[29]Hypericum Roberti Coss.
[30]Nouveau pour la flore tunisienne.
[31]Nouveau pour la flore tunisienne.
[32]Ces monuments, qui font suite à ceux qui ont été observés à l’Enfida, à la Kesra, à Maktar, à Hammam-Zoukra et à Ellez, rattachent ce que nous appellerons la région dolménique de la Tunisie aux grandes agglomérations mégalithiques algériennes du Dir, de Tebessa, de l’Oued Zenati, des Zardeza, de Roknia et des environs de Constantine. Leur nombre, l’étendue de l’aire qu’elles occupent, leur mode particulier de construction annoncent une œuvre vraiment nationale et ne permettent pas de les attribuer à des garnisons gauloises ou à de simples migrations celtiques. L’architecture primitive à laquelle nous devons les dolmens, les menhirs et les tumulus et dont nous retrouvons les traces des Syrtes jusqu’au Maroc, aussi bien qu’en France ou dans les Îles Britanniques, cette architecture qui n’est pas restée étrangère à l’Asie et dont la Bible porte témoignage, ne saurait être d’après nous l’apanage et la caractéristique d’une seule race. Nous essaierons de démontrer dans un mémoire spécial que les monuments mégalithiques du Nord-Afrique doivent être logiquement et certainement attribués aux Berbères, qui sont le premier peuple que l’histoire signale de la Marmarique au détroit de Gabès ; que les Numides en ont construit pendant la durée de l’âge de la pierre et de l’âge du bronze, mais qu’ils ont continué à en édifier pendant la période romaine et jusqu’à la conquête arabe.
[33]L’Oreobliton thesioides, lorsqu’il est exposé en plein soleil, a les feuilles étroites de la forme typique ; au contraire, dans les anfractuosités où il croît à l’ombre, ses feuilles sont larges et ovales : c’est alors la forme qui a reçu le nom d’O. chenopodioides.
[34]Le fatha (ouverture) est le premier verset du Koran.
[35]Nouveau pour la Tunisie.
[36]Nouveau pour la flore tunisienne. Remplace dans la zone montagneuse des plateaux le Teucrium Alopecuros des montagnes sahariennes.
[37]Nouveau pour la Tunisie.