← Retour

Roman d'Eustache le moine, pirate fameux du XIIIe siècle: publié pour la première fois d'après un manuscrit de la bibliothèque royale

16px
100%

NOTES

ET

ÉCLAIRCISSEMENTS.

Page 1, vers 3.

Saint-Saumer, ou mieux Samer (Sanctus Vulmarus), abbaye de l'ordre de saint Benoît, située à quatre lieues de la ville de Boulogne-sur-Mer. Elle est ainsi appelée parce que, après être né dans le lieu qu'elle occupa depuis. Vulmar, aidé des secours de son frère, de son père, et de Ceadwalla roi des Saxons occidentaux, qui lui donna soixante sous, la fonda l'an 688. Nous ne savons pourquoi l'abbé Expilly la dit «fondée en 608 par Wilme, comte de Boulogne.» Voyez, sur Samer, le Gallia Christiana, tome X, col. 1593.

Page 1, vers 7.

Tolède avoit dans le moyen âge la réputation d'être le siége d'une fameuse école de magie.

Virgile et Maugis d'Aigremont28 y vinrent faire leur apprentissage.

On lit dans un conte dévot qu'après la mort de sainte Léocade, les Tolédans voulurent avoir son corps. Sur ce, le vieux rimeur s'écrie:

Jà por tote lor nigremance,
Ne la r'aront, bien le lor mant ce.

(De seinte Léocade, par Gautier de Coinsi, v. 2031. Fabliaux et Contes, édit. de 1808, t. I, p. 336.)

Renard

.... A Toulete en est venus
Où il refu moult bien conus,
Car autrefois i eut esté
Tout un ivier et un esté.
Apris avoit del nigremance.
Onques ne fu clerc qui en France
Séust tant des enchantemens,
D'apresté et d'esperimens.

(Renart le nouvel, tome IV du Roman du Renart publié par Méon, p. 107, v. 2949.)

On lit dans une pièce sans nom d'auteur, qui se trouve à la suite d'un manuscrit du Roman de la Rose, lequel est en ma possession:

Et il est cornart et deceu
Qui de tail créance est meu.
Jà n'ert par lez ars de Tolete
Fine amour quise ne parfete, etc.

On trouve dans un ancien livre espagnol une histoire intitulée: De lo que contescio a un Dean Sanctiago con don Illan el magico que morava en Toledo29, et dans le Second Livre des serées de Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt (à Rouen, chez Louys Loudet...M.DC.XXXIV, in-8o, dixneufiesme serée, p. 193) on lit: «Il falloit...que le miroüer fust fasciné, et garny de magie diabolique de Tolette

Enfin, voyez Morgante maggiore, canto XXV, ottava 42, 81 et 259, et Pantagruel, liv. III, chap. 23, et consultez, sur les écoles de magie d'Espagne, Walter Scott, the Lay of the last Minstrel. London: printed for Longman... 1805, in-4o, p. 235-38. Dans une note de H. Weber (Metrical Romances, vol. III, p. 329), on lit l'histoire d'un magicien qui, après avoir étudié en Espagne, étoit parvenu à enfermer le diable dans une bouteille, mais par malheur la bouteille se brisa.—On sait que l'étude de l'astrologie, de la magie et des sciences naturelles étoit l'occupation favorite des Arabes d'Espagne, et qu'un nombre prodigieux de leurs livres étoient déjà traduits en latin dans le XIIe siècle, et répandus ainsi par toute la chrétienté. «Irrepsit hac tempestate (XIIIo sæcul.) etiam turba astrologorum et magorum, ejus farinæ libris una cum aliis de arabico in latinum conversis.—Hermanni Conringii de Scriptoribus XVI post Christum natum seculorum commentarius, etc. Wratislaviæ, apud Michaelem Hubertum, M DCC XXVII, in-4o, p. 125. Voyez enfin Warton's History of english Poetry, édit. de 1825, t. II, p. 235 et suiv.

Nigremanche, magie noire, ars nigra, black art, et non pas divination par les morts, νεχρομαντεἱα, comme on l'a dit souvent. Je sais bien que cette étymologie est contraire aux principes de la science; mais nos pères n'y regardoient pas de si près.

Page 1, vers 10.

Le mot caudes signifie évidemment ici queues, soit que l'auteur se soit servi d'une expression qui s'est conservée de nos jours parmi le peuple, soit qu'il ait fait allusion à une pratique magique qui nous est inconnue.

Page 1, vers 14.

Malfé, mauvais, le diable. Nos ancêtres craignoient de nommer le diable par son nom; pour cela il le désignoient par l'épithète de mauvais ou d'ennemi30. Les exemples tirés de nos anciens auteurs étant trop nombreux, il est inutile de les citer, nous nous bornerons à renvoyer à Pantagruel, liv. III, chap. XI, et à rappeler qu'il existe un livre intitulé les Temptacions de l'Ennemi31, et que dans la pièce de Shakspeare, Measure for measure, acte II, scène 2, Angelo s'écrie:

O cunning enemy, that, to catch a saint,
With saints dost bait thy hook!

Voyez Illustrations of Shakspeare and of ancient manners, etc., by Francis Douce. London: printed for Longman, etc. MDCCCVII, deux volumes in-8o, t. I, p. 128, et surtout p. 99-101.

Il paroît que parler au diable lui-même étoit une grande distinction pour un magicien. Dans le Miracle de Théophile, par Rutebeuf on lit: Ici vient Théophiles à Salatin, qui parloit au deable quant il voloit.—Ms. 7218, fol. 298, vo.

Page 2, vers 18.

Espiremens est, sans aucun doute, pour esperimens, experimenta.

Page 2, vers 20.

Probablement lire le pseautier à rebours, pratique magique très-usitée dans les conjurations du moyen âge.

Page 2, vers 23.

L'opération magique indiquée dans ce vers s'appelle lecanomanie, de λεχἁνη, bassin, et μαντἱα divination. Elle se pratiquoit généralement par le moyen d'un bassin plein d'eau du fond duquel on entendoit des réponses, après y avoir jeté quelques lames d'or et d'argent ou des pierres précieuses sur lesquelles étoient gravés des caractères. Voyez Pline, liv. XXX; Apulée, dans son Apologie, édit. de Casaubon, Heidelb. 1594, in-4o, p. 52; Martino Del Rio, Disquisitionum magicarum libri VII, etc. Venetiis, apud Vincentium Florinum, M DC XVI, in-4o, liv. IV, sect. 4, p. 541, B; le dictionnaire de Bayle, art. Pythagore; celui de Trévoux; et Noël, Dictionnaire Mythologique.

Voici l'indication d'un autre procédé dans un passage d'un livre du moyen âge:

«Et en disant ce (Nectanebus), entra en sa chambre et empli ung grant bacin d'eaue de pluye et l'emply tout plain de nasselles de cire et les mist dedens l'eaue32

«Et print une verge de pommier, et en regardant l'eaue l'enchanta, etc.»—Le Livre et la vraie Histoire du bon roy Alixandre. Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque du Roi, no 15. E. VI, fol. j. col. 2 et vo, col. 1.

Le roman anglois publié dans le tome I de la collection de Henry Weber, porte à ce même endroit le passage suivant:

Anon he dude caste his charme:
His ymage he made anon,
And of his barouns everychon,
And afterward of his fone:
He dude heom togedre to gon,
In a basyn, al by charme;
He segh on him fel theo harme; etc.

(King Alisaunder, p. 9, v. 104.)

Page 2, vers 29.

L'espère, la sphère.

Page 4, vers 90.

Ici nous avons cru devoir corriger le manuscrit, qui porte que ch'orent.

Page 8, vers 202.

Voyez, sur l'expression hari, le glossaire du Roman de la Rose, édition de Méon, à ce mot, et les Fabliaux et Contes, édition de 1808, t. II. p. 269, v. I on lit dans ce dernier ouvrage,

L'un dit ho, l'autre hari.

(Le Dit des rues de Paris, par Guillot de Paris, v. 450.)

Dans la Bourgogne et dans le Beaujolois, on dit encore hari aux bœufs et aux vaches pour les faire guenchir.

Page 8, vers 202.

On juroit dans le moyen âge par toutes les parties du corps de Jésus-Christ dont on supprimoit le nom pour éviter les peines établies par Dieu et par les hommes contre les blasphémateurs. «Par la vertus, dist frère Jan, du sang, de la chair, du ventre, de la teste, etc.»—Pantagruel, liv. IV, chap. 19. Voyez, sur cette habitude, les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, t. I, p. 461, col. 1, au mot Coiffe. C'est ainsi que maintenant encore beaucoup de gens disent sacrebleu ou bigre, en place d'autres mots presque identiques qu'ils se feroient un scrupule de prononcer.

Page 9, vers 234.

Sire, cœ dit Horn, à mun ostel irrai
E cest mien pélerin oue moi amenrai,
Seigner e reposer e baigner le frai.

(Lai de Horn, Ms. Harléien, no 517, fol. 71, vo, col. 2.)

Voyez, sur l'habitude de se faire saigner au moyen âge, les Poésies de Marie de France, t. I, p. 127, note (1).

Page 10, vers 246.

Malheur à mon cou si, etc. On trouve à tout instant dehait dans les ouvrages de nos trouverres, et dathet him ay se lit dans le Sir Tristem de Walter Scott.

Page 10, vers 248.

Ce proverbe, qui se trouve plus loin, p. 76, v. 2097, est aussi dans le Roman de la Violette. L'auteur parle:

Mais je sais bien que manechiés
Vit plus que mors ne fait d'asés

(Page 214, v. 4533.)

Page 10, vers 266.

Esraelie, Israélite, sorcière.

Page 15, vers 285 et suiv.

Bazin et Maugis sont les deux héros d'un roman de chevalerie qui se trouve, en vers, à la Bibliothèque Royale, et qui, dans le XVe siècle, a été traduit en prose, et imprimé plusieurs fois dans le XVIe, entre autres à Paris par Allain Lotrian, in-4o, goth., sans date, dans la même ville, par Jean Trepperel, en 1527, même format, et à Lyon, par Olivier Arnoullet, 1551, in-4o, goth.

Page 11, vers 290 et 291.

Joyeuse étoit l'épée de Charlemagne; Courtain, celle d'Ogier-le-Danois; Hauteclère, celle d'Olivier, et Durendal, celle de Roland. Voyez, sur elles quatre, Velant le Forgeron, etc. Paris, F. Didot, M DCCC XXXIII, in-8o, p. 39, 40, 44, 45, et les notes correspondantes.

Page 11, vers 298.

Allusion au fabliau de Barat et de Haimet, ou des trois larrons, par Jean de Boves, imprimé dans les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome IV, p. 233.

Page 12, vers 305.

Il s'agit probablement ici de Courset, village du Boulonnois, actuellement dans le département du Pas-de-Calais, à cinq lieues et dans l'arrondissement de Boulogne.

Page 12, vers 306.

Le manuscrit porte Bulkes. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons rien pu trouver au sujet de ce nom de Busquet qui se lit dans la liste des poètes qui ont contribué à un recueil fort rare intitulé: Palinodz, chants royaux, ballades, rondeaux et épigrammes à l'honneur de l'Immaculée Conception de la toute belle Mère de Dieu (patronne des Normans), presentez au puy à Rouen, composez par scientifiques personnaiges, etc. A Paris, à l'enseigne de l'Éléphant (chez Fr. Regnault), petit in-8o, sans date, mais vers 1525.

Page 12, vers 310.

Basinguehans. Bazinghem, commune du département du Pas-de-Calais, dans l'arrondissement et à cinq lieues et un quart de Boulogne.

Page 12, vers 311.

Heresinguehans désigne ou Rassenghiem, seigneurie de la Flandre, ou Hardinghem, commune du département du Pas-de-Calais, à cinq lieues et dans l'arrondissement de Boulogne, ou Herneclinghem, une des douze anciennes baronnies de l'ancien comté de Guines; ou enfin Hervelinghem, village du Boulonnois.

Page 12, vers 316.

Buffe, soufflet. On dit encore en anglois buffet, dans ce sens.

Page 13, vers 350.

Il est ici question de Marquise, bourg du département du Pas-de-Calais, à trois lieues et dans l'arrondissement de Boulogne; il est situé dans le bas de la prairie du vallon de la Slacq, ruisseau qui baigne le côté oriental du bourg, et côtoie la partie méridionale.

Page 14, vers 362.

Le manuscrit porte Estagles. Étaples est une ville située dans le département du Pas-de-Calais, à l'embouchure de la Canche dans la Manche. Elle est à cinq lieues sud-est de Boulogne et dans l'arrondissement de Montreuil.

Page 14, vers 371.

Cette circonstance est à remarquer parce qu'elle est d'une des meilleures preuves de la vérité des faits rapportés dans cet ouvrage. La persuasion de l'infaillibilité du jugement de Dieu étoit tellement enracinée chez nos pères, qu'un romancier se fût bien gardé de faire succomber le champion d'un innocent.

Page 15, vers 388.

Hardelo, changé ailleurs en Vardello et en Cardello, désigne la forêt d'Hardelot ou d'Ardelot qui est située dans le Boulonnois, et qui appartient à la couronne. Philippe de France, comte de Boulogne, par suite de son mariage avec Mahaut fille de Renaud, fit construire à Hardelot un château pour empêcher les courses des peuples du Nord dont on craignoit encore les descentes, dans le commencement du XIIIe siècle.

Page 16, vers 430.

Clairmarais (Clarus mariscus), abbaye régulière de l'ordre de Cîteaux, filiation de Clairvaux, dans l'Artois, au diocèse (autrefois de Terouenne) et à deux lieues au nord-est de Saint-Omer, fondée, l'an 1140, par Thierri Ier, comte de Flandre. Voyez le Gallia Christiana, tome III, col. 525.

Page 18; vers 479.

Ce proverbe se trouve exprimé de la même manière dans le Roman du Renart, tome I, p. 154, v. 4100; et dans le Fabel d'Aloul, Ms. de la Bibliothèque Royale, no 7218, et Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome III, p. 355, v. 943.

Page 20, vers 537.

Hues de Belin est nommé dans la chronique de Geoffroi de Ville-Hardouin. Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVIII, p. 483, C.

Page 20, vers 538.

Lens est une petite ville du département du Pas-de-Calais, dans l'arrondissement et à cinq lieues de Béthune. Quant à Hénin-Liétard, c'est une commune du même département et du même arrondissement, à sept lieues et demie du chef-lieu.

Page 20, vers 539.

Aufrans de Caieu, appelé, p. 61, v. 1685, Ansiaus (Anselmus) fit une figure assez belle en son temps. Voyez sur lui le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, passim; il était fils d'Arnoul de Caieu et d'Adelis de Bavelinghem. Voyez André du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy, etc., à Paris, chez Sébastien Cramoisy, M. DC. XXXI, in-fol., liv. I, p. 31.

Page 20, vers 541.

Wales de la Capiele étoit en effet vassal de Renaud, comte de Boulogne. Il est nommé Wallo de Cupella dans une charte de ce dernier qui se trouve à la Tour de Londres, parmi les Rot. cart. 14 Johann., et qui a été imprimée dans le Recueil de Rymer, 2e édit., tome I, p. 50; dernière édit., vol. I, part. 1, p. 104; et dans le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVII, p. 87, B.

Page 22, vers 584.

Le manuscrit porte sachoit.

Page 28, vers 760.

Après meilleure information, je pense qu'à la place de Wistasces, trop long d'une syllabe, on doit lire Waces, qui, quoi qu'en dise M. l'abbé de la Rue (Archæologia, t. XII, p. 63), n'est qu'une abréviation du précédent. La même rectification doit avoir lieu dans tous les cas où elle est nécessaire.

Page 29, vers 777.

Esclavine, étoffe grossière et habit qui en étoit fait. Voyez une note curieuse sur ce mot dans les Metrical Romances de Ritson, t. III, p. 278.

Tristran à cest conseil se tient;
Un peschur vait ki vers lui vient.
Une gunele aveit vestue
De un esclavine ben velue.
La gunele fu senz gerun,
Mais desus out un caperun.

(Fragment d'un Roman de Tristan, fol. 13, vo, col. 2.)

Page 30, vers 806.

Andeli, les Andelys, ville de Normandie dans le département de l'Eure, chef-lieu d'arrondissement.

Page 37-39.

On trouve une aventure presque semblable dans un roman inédit:

Ffouke e ces compaignouns siglèrent vers Engleterre. Quant vyndrent à Dovre, entrèrent la terre e lessèrent Mador on la nef en un certeyn leu là où il ly porreyent trover quant vodreyent. Ffouke e ces compaignons aveient enquis des paissantz qe le roy Johan fust à Wyndesoure, e se mistrent privément en la voie vers Wyndesoure. Les jours dormyrent e se reposèrent les nuytz, errèrent tan qu'il vyndrent à la foreste, e là se herbigèrent en un certeyn lyw où yl soleynt avant estre en la forest de Wyndesoure, quar Ffouke savoit yleqe tous les estres. Donqe oyèrent veneours e berners corner, e par ce saveyent qe le rey irroit chacer. Ffouke e ces compaignons s'armèrent molt richement. Ffouke jura grant serement qe pur pour de moryr ne lerreit qu'il ne se vengeroit de le roy, q'à force e à tort ly ad deshéryté, e qu'il ne chalengereit hautement ces dreytures e son hérytage. Ffouke fist ces compaignons demorer yleqe, e il meymes, ce dit, irreit espier aventures. Ffouke s'en ala, e encontra un viel charboner portant une trible en sa meyn; si fust vestu tot neir come afert à charboner. Ffouke li pria par amour qu'il ly volsist doner ces vestures et sa trible pur du seon. «Sire, fet-il, volenters.» Ffouke ly dona .x. besantz, e ly pria por s'amour qu'il ne le contast à nully. Le charboner s'en va; Ffouke remeynt, e se vesty meyntenant de le atyr qe le charboner ly avoit donéé, e vet à ces charbons, si comence de adresser le feu. Ffoukes vist une grosse fourche de fer, si la prent en sa meyn saundreyt et landreyt ces coupons. Atant vynt le roy ou treis chevaliers tot à péé à Ffouke là où yl fust adresaunt son feu. Quant Ffouke vit le roy assez bien le conust, e gitta la ffourche de sa meyn, e salua son seignour e se mist à genoyls devant ly molt humblement. Le roy e ces trois chevaliers aveyent grant ryseye e jeu de la norçurté e de la porreté le charboner; esturent ileqe bien longement: «Daun vyleyni, fet le roy, avez vou nul cerf ou bisse passer par ycy?» «Oyl, mon seignour, pieçà.» «Quele beste vectez-vus?» «Sire mon seignour, une cornuée, si avoit longe corns.» «Où est-ele?» «Sire mon seignour, je vous say molt bien mener là où je la vy.» «Ore avant, daun vyleyn, e nous vous siworoms.» «Sire, fet le charboner, prendroy-je ma forche en mayn? quar si ele fust prise, je en averoy grant perte.» «Oyl, vyleyn, si vus volez.» Ffoukes prist la grosse fourche de fer en sa meyn, si amoyne le roy pur archer; quar il avoit un molt bel ark. «Sire mon seignur, fet Ffouke, vus plest-il attendre? e je irroy en l'espesse, e fray la beste venir cest chemyn par ycy.» «Oïl,» ce dit le roy. Hastivement sayly en le espesse de la forest, e comanda sa meyné hastivement prendre le roy Johan, «quar je l'ay amenéé sà folement ou treis chevaliers; e tote sa meysné est de l'autre part la foreste.» Ffouke e sa meyné saylyrent hors de la espesse, e escrièrent le roy e le pristrent meintenant, etc. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Musée Britannique, fonds du Roi, no 12 .c. xii, fol. 116, vo, ligne 17 et suiv.)

On nous pardonnera de citer ici un autre passage de ce roman qui contient une histoire plus vieille qu'on ne le croit généralement.

....Ffouke vist un maryner qe sembla hardy e feer, e le apela à ly e dit: «Bel sire, est ceste nef là vostre?» «Sire, fet-il, oyl.» «Q'est vostre noun?» «Sire, fet-il. Mador del Mont de Russie, où je nasqui.» «Mador, fet Ffouke, savez-vous ben cest mester, e amener gentz par mer en diverses régions?» «Certes, syre, il n'y ad terre renommée par la cristieneté qe je ne saveroy bien e salvement mener nef.» «Certes, fet Ffouke, molt avez perilous mester. Dy-moi, Mador, bel douz frère, de quel mort morust ton père?» Mador ly respond qe neyetz fust en la mer. «Coment ton ael?» «Ensement.» «Coment ton besael?» «En meisme la manère, e tous mes parente qe je sache tanqe le quart degréé.» «Certes, dit Ffouke, molt estes fol hardys qe vous osez entrer la mer.» «Sire, fet-il, pur quoy? chescune créature avera la mort qe ly est destinée. Sire, fet Mador, si vous plest, responez à ma demande. Où morust ton père?» «Certes en son lyt.» «Où son ael?» «Ensement.» «Où votre besael?» «Certes, trestous qe je sai de mon lignage morurent en lur lytz.» «Certes, sire, fet Mador, depus qe tot vostre lignage morust en litz, j'ai grant merveille que vous estes oséé d'entrer nul lyt.» E donqe entendy Ffouke qe ly mariner ly out vérité dit qe chescun home avera mort tiele come destinée ly est, e ne siet lequel en terre ou en ewe. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Musée Britannique, Bibliothèque du Roi, no 12 .C.XII, fol. 113, vo, ligne 28.)

Page 37, vers 1015.

Le manuscrit porte cachiés.

Page 42, vers 1147.

Voyez le Roman du Renart, tome I, p. 63, v. 1660. L'interjection xi xi que profère encore le peuple pour exciter deux chiens à se battre, n'est autre chose que le mot occi, ou ochi, tue.

Page 43, vers 1185.

Neuf-Castel, village du département du Pas-de-Calais, dans le canton de Samer et l'arrondissement de Boulogne, ville dont il est éloigné de trois lieues.

Page 45, vers 1240.

Voyez le Roman du Renart, tome I, p. 192, v. 5150. Ce proverbe se retrouve aussi parmi les Proverbes rurauz et vulgauz, Ms. de la Bibliothèque Royale, fonds de Notre-Dame, no 274 bis, fol. II, recto, col. 1.

Dans le monument de Louis de Brezé, mort en juillet 1531, et mari de la fameuse Diane de Poitiers, qui le lui fit élever dans la cathédrale de Rouen, «sur la frise du premier ordre, au-dessous de quelques figures portant des festons, on lit cette devise: Tant grate chevre que mal giste.»—Rouen, Précis de son histoire, etc., par Théod. Licquet. Rouen, Édouard Frère, 1830, in-12o, p. 49.

Page 48, vers 1321.

Sangatte est un village du département du Pas-de-Calais, à une lieue ouest-sud de Calais, et à sept de Boulogne. Voyez une notice sur cet endroit dans les Annales de Calais et du Pays reconquis (par Pierre Bernard). A Saint-Omer, de l'Imprimerie de Louis-Bernard Carlier, 1715, in-4o, p. 545-547.

Page 50, vers 1366 et suivants.

Cette coutume étoit orientale. Voyez la Bibliothèque orientale de d'Herbelot aux mots Harmosan et Omar; l'Histoire des Croisades de M. Michaud, dernière édition, tome II, p. 332; les Extraits des Historiens arabes relatifs aux Croisades, par M. Reinaud, p. 197; et l'Histoire de Saladin, par Marin, tome II, p. 22; voyez aussi le Roman de Rou, tome II, p. 188, v. 12554 et suiv., et 12564. On lit dans le Roman de Godefroi de Bouillon:

Cuvers, ço dit Rainals, fait as grant traïson:
Doné m'as à mangier, or m'ocis à laron.
Jà ne te garira Tervagant33 ne Mahon
Que crestiien ne prendent de toi la vengison.

(Ms. de la Bibliothèque Royale, supplément françois, no 5408, fol. 82, vo, col. 1, v. 23. )

Page 51, vers 1399 et suivants.

Voyez sur les lépreux une note dans les Metrical Romances, publiés par Weber, t. III, p. 365, et Tristan le voyageur, ou la France au XIVe siècle, par M. de Marchangy. A Paris, chez F. M. Maurice, M DCCC XXV, in-8o, tome I, p. 94 et suiv.; mais les renseignements les plus satisfaisants qu'on peut désirer sur cette matière se trouvent dans les statuts d'un hôpital de Saint-Julien ou de lépreux, datés de 1329, et qu'on lit dans l'Auctarium addimentorum, annexé à l'Historia major de Mathieu Paris, édit. de Londres, 1640, p. 247-260. Quant à la cliquette que portoient les lépreux, c'étoit un instrument composé de deux petites planchettes réunies à leur extrémité par une charnière, et qui servoit à avertir les passants de la présence de ces malheureux. Dans une gravure sur bois qui se trouve dans le Miroir de la Rédemption humaine, Paris, pour Antoine Verard, sans date, in-folio, gothique, feuillet signé & iii, on voit le povre ladre couché, ayant derrière lui une besace et une cliquette à la main. On lit dans Pantagruel, liv. II, chap. XIX, «Et...faisoyt son, tel que font les ladres en Bretaigne avec leurs cliquettes.» Enfin, dans un fragment d'un Roman de Tristan, appartenant à feu M. Francis Douce, on lit les vers suivants:

Mult fud Tristan surpris d'amur,
Ore s'atorne de povre atur,
De povre atur, de vil abit,
Que nuls ne que nule quit
Ne aperceive que Tristan seit;
Par un herbe tut les deceit.
Sun vis em fait tut eslever,
Cum se malade fust, emfler;
Pur sei seurement covrir,
Ses pez e se mains fait vertir;
Tut s'aapareille cum fuz lazre,
E puis prent un hanap de mazre
Ke la réine li duna
Le primer an qu'il l'amat;
Mès i de buis un gros nuel,
Si s'apareille un flavel;
A la curt le rei puis s'en vad,
E près des entrées se trait,
E desir mult à saver
L'estre de la curt e veer;
Sovent prie, sovent flavele;
Ne puet oïr nul novele
Dunt en sun quer amé seit.
Li reis un jur feste teneit,
Si'n alat à la halte glise
Pur oïr i le grant servise;
Eissuz en est hors del palès,
E la réine vent après.
Tristran la veit, del sun li prie;
Mais Ysolt n'el reconnuit mie,
E il vait après, si flavele;
A halte vuiz vers li apele,
Del sun requert pur Deu amur
Pitusement, par grant tendrur.
Grant eschar en unt li serjant
Cum la reine vait si avant.
Li uns l'empeinst, l'altre le bute,
E si'l metent hors de la rute;
L'un manace, l'altre le fert.
Il vait après, si lur requert
Que pur Deu alcun ben li face;
Ne s'en returne pur manache.
Tuit le tenent pur ennuius,
Ne sevent cum est besuignus.
Suit le tresquanz en la capele,
Crie e del hanap flavele.
Ysolt estuit ennuié,
Regarde le cum femme irée;
Si se merveille que il ait
Ki pruef de li itant se trait,
Veit la hanap qu'ele cunuit,
E Tristran ert ben s'aperçut
Par un gent [cors], par sa faiture,
Par la furme de s'estature.
En sun cuer en est effrée
E el vis teinte e colurée,
Kar ele ad grant poür del rei;
Un anel d'or trait de sun dei,
Ne set cum li puisse duner,
En sun hanap le volt geter.
Si cum le teneit en sa main,
Aperceue en est Brenguen;
Regarde Tristran, si'l cunut,
De sa cuintise s'aperçut;
Dit lui qu'il est fols e bricuns
Ki si embat sur les baruns,
Les serjanz apele vilains
Qui les suffrent entre les seins,
E dit à Ysolt qu'ele est feinte:
«Dès quant avez esté si seinte,
Que dunisez si largement
A malade u à povre gent?
Vostre anel doner li vulez?
Par ma fei! dame, nun ferez.
Ne donez pas à si grant fès
Que vus repentez en après,
E si vus ore li dunisez
Uncore hui vus repentirez.»
A serjanz dit, qu'illuques veit,
Que hors de l'église mist seit;
E cil le metent hors, al l'us,
E il n'ose prier plus.

(Fol. 4, ro, col. 1.)

Page 51, vers 1400.

Le mot flavel et non flanel, comme nous l'avons écrit, signifie sonnette selon Lacombe, et flageolet, suivant Roquefort. Voyez ci-dessus la citation du Roman de Tristan.

Page 52, vers 1422.

Estachier (et non escachier), homme qui marche à l'aide d'une jambe de bois. Le mot estache, d'où vient estacade, signifie poteau, pieu, chose à laquelle on attache. Voyez le Glossaire de M. de Roquefort, au mot estac.

S'or n'en pense cil Sire qui reçut la colée
A la saintisme estache en le pierre quarée,
Richart e sa compaigne ert tote à mort livrée.

(Roman de Godefroi de Bouillon, Ms. supplém. franç., no 5408, fol. 136, vo, col. 1, v. 37.)

Les croisés parcourant Jérusalem disent:

E véés là l'estace là ù on le loia
Et ù on le bati et on le coloia.

(Id. ibid., fol. 142, vo, col. 1, v. 31.)

Page 54, vers 1499.

Nous avons commis ici une erreur; le W surmonté d'une abréviation qu'on lit dans le Ms. signifie Williaumes, nom que nous avons plus haut suivi d'un autre presque semblable à Mont-Chavrel. Voyez p. 20, v. 532.

Page 55, vers 1506.

On trouve un fait semblable dans un roman que nous avons déjà cité:

«Le roy fist grant damage mout sovent à sire Ffouke, e sire Ffoukes tot fust-il fort e hardy, yl fust sages e engynous; quar le roy e sa gent pursiwyrent molt sovent sire Ffouke par le esclotz des chyvals, e Ffouke molt sovent fist ferrer ces chyvals e mettre les fers à revers, issint qe le roy de sa sywte fust desçu e engynéé. (Roman de Foulques Fitz-Warin, Ms. du Roi, Musée Britannique, no 12.c. XII, fol. 109, vo, ligne 13.)

On lit dans une chronique que le fameux Robert Bruce usa de ce stratagème pour échapper à Jean Comyn, qui l'avoit trahi:

«Contigit quòd in crepusculo nix immanis descenderat, et totam terræ superficiem coöperuerat. Unde (Robertus Bruce) vocavit quendam fabrum, et in stabulo, nemine sciente præter fabrum, stabularium et secretarium, fecit amovere omnia ferramenta trium suorum optimorum equorum, et retrogradè affigi ungulis caballorum.»—Joannis de Fordun Scotichronicon, etc., ed. curâ Walteri Goodall. Edinburgi: typis et impensis Roberti Flaminii. M.DCC.LIX, 2 vol. in-fol., vol. 2, liv. 12, p. 226.

Page 58, vers 1601.

Le Ms. porte enmenra.

Page 59, vers 1633.

Gargate, gosier. Ce mot se trouve dans Chaucer:

And dan Russel the fox stert up atones,
And by the gargat hente chaunteclere.

(Canterbury Tales. The Nonnes Preestes Tale, v. 15341.)

Page 61, vers 1698.

Buens, volontés. Ce mot s'est conservé dans l'anglois, boon.

Page 62, vers 1707.

Baudouin d'Aire est nommé dans une charte comme ôtage de Race de Gaure. Cette charte se trouve dans Baluze, Miscellanea, tome VII, p. 250, et dans le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, vol. XVII, p. 105.

Page 63, vers 1732.

Il est ici question de Montreuil-sur-mer, chef-lieu d'arrondissement dans le département du Pas-de-Calais.

Page 63, vers 1736.

Beaurains est un village du département du Pas-de-Calais, à une lieue et dans l'arrondissement d'Arras.

Page 63, vers 1737.

Guillaume de Fiennes, l'une des baronnies du comté de Guines, appelée anciennement dans les chartes Filnes. Fielnes et Fienles, étoit fils d'Enguerrand qui, ayant accompagné Philippe, comte de Flandres, en Terre sainte, y fut tué par les Sarrasins. La mère de Guillaume étoit Sybille de Tingry, sœur et héritière de Guillaume Faramus, sire de Tingry. Guillaume de Fiennes épousa en premières noces Agnès de Dammartin, sœur de Renaut, comte de Dammartin et de Boulogne, et deux fils qu'il en eut furent, suivant une charte que nous avons déja citée à propos de Wales de la Capelle, donnés en ôtage au roi Jean d'Angleterre par leur oncle. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 579; André du Chesne, ouvrage déja cité, liv. III, p. 85 et 86; et les Pères Anselme et Simplicien, Histoire généalogique de la maison royale de France, etc., 3e édit., tome VI, p. 168, B.

Page 63, vers 1741.

Cance, rivière qui sépare l'Artois de la Picardie.

Page 63, vers 1745.

Le mot Jumiaus désigne peut-être Jumièges, ancienne abbaye de bénédictins en Normandie, au pays de Caux et sur la Seine.

Page 63-64.

Pareille aventure arriva à Robin Hood.

What is in your cofers? sayd Robyn,
Trewe than tell thou me.
Syr, he sayd, twenty marke,
Al so mote I the.
Yf there be no more, sayd Robyn,
I will not one peny;
Yf thou hast myster of ony more,
Syr, more I shall lende to the;
And yf I fynde more, sayd Robyn,
I wys thou shalte it forgone;
For of thy spendynge sylver, monk,
Therof wyll I ryght none.
Go nowe forthe, Lyttell Johan,
And the trouth telle thou me;
If there be no more but twenty marke,
No peny that I se.
Lytell Johan spred his mantell downe,
As he had done before,
And he tolde out of the monkes male
Eyght hundreth pounde and more.

(A lyttel geste of Robyn Hode. The fourth fytte, v. 153. Robin Hood, etc., by Joseph Ritson. London: William Pickering, etc., 1832, petit in-8o, tome I, p. 44.)

Page 64, vers 1756 et 1757.

Ces vers sont imparfaits de quelques mots qui ont été grattés dans le Ms.

Page 64, vers 1768.

Escouce, secoue, fouille.

Page 69, vers 1894.

Le mot maisnie ou mesnie, qui signifie maison, se retrouve dans l'adjectif anglois menial, qui veut dire domestique.

Page 69, vers 1914.

Le mot Genesies désigne les îles de Jersey et Guernesey.

Page 70, vers 1931.

Godehiere n'est autre chose qu'une altération des mots anglo-saxons gode here qui signifient bon seigneur.

Page 70, vers 1932.

Vincenesel semble composé des mots anglois Vincence (Vincent), et help (aide). Vincenti, adjuva. Nous demandons à rapporter pour exemple de cette exclamation un fabliau inédit qui se trouve dans le Musée Britannique. Ms. Cottonien, Cleopatra, A. XII, fol. 64, ro.

Del Harpur a Roucestre.

Seignurs, si vus plest escuster,
Un ver mirakel vus volye cunter,
De la mère Deu Marie,
Nostre confort, nostre aye,
Après Deu nostre confort,
Nostre solaz, nostre desport,
Le voyle aukes dyre.
Entre Lundres e Caunterbyre,
A Roucestre, ce oy cunter,
Avait un punt mu périliié
Dunt maint home fu déchus.
En cele pase out un harpur
Qui ne fesait autre labur
For sulement de harper,
Car ile ne sont autre mister;
Cil Nostre Dame must ama,
Sovent en harpaunt la loa;
Checun jor sun lay fesait,
En harpaunt la saluait;
Sa uswyf l'apella
La dame que tut le munde sauva,
Que jà ne ubli celi qui ele ayme,
Ne qui ad amie la reclayme.
Un jur cum devayt passer le punt,
Al retraunt del flote parfunt,
Si ventayt si durement
A payne n'i osa passer la gent.
Le harpur quida ben passer
E surment saunz desturber;
Jà en my lu de le punt fu,
Taunt ly traversout le vent de su,
Ki en mi lu li ad jeté,
Que Meduay est apellé;
Cil, qui mut se deconforta,
A haut voiz cria:
«Help wsvyf, help uswyf,
Oiyer nu I forga mi lyf.»
En sun englais issi cria,
Ke il nule ure fyna.
Plusures genz que ce virent,
Escutèrent e entendirent,
A haute voir unt crié:
Sainte Marie, la mère Dé!
Nostre Dame ad ben oy
De le harpur la pitus cry,
Mu curtaisment le salva;
Car cile sure undes flota,
Qe mut estayent parfundes.
Cum il flota sur les undes,
Tut en apert se apersçut
Que nostre Sire li sucurut.
E là fut-ele Sainte Marie,
Qe nul tens le soues ublye.
La mer en haut le caria,
E le harpur se sura;
De le forel ad sa harpe saké
E son plectrun ad enpoyné,
Se cordes a ben atemprez,
Si ke ben se sunt acordez.
A cient pas wus muntreray;
Le harpur ad comencé la lay
De icele sainte pucele
Que Deu aleta de sa mamele.
Issi flota tut en harpaunt,
E sa harpe en son dewaunt,
Si tost cum cil est à secce tere,
Gens hi vindrent mirakes vere;
Sur le waches issi flota
Gekes ataunt ke il ariwa
A poy une lue de la cité
Que avaunt vus ai nomé;
Si ariwa desuth une eglise
Ke sure memle lu est asise,
A nostre Seinor en dous lu,
Par sa mère fest grant vertu.
Là est le harpur arrivé
Qui Deu e sa mère unt sauvé,
Sur chalege surment.
«Benet, fait, Deus omnipotent
E sa mère saint Marie,
Ke tut tens nus sait en aye.»
Quant le harpur arivé fu,
A Nostre Dame se est rendu,
En même le lu ù il ariva,
Par qui cel lu mue amenda;
Issi vost Nostre Dame server,
A tuz iceus ke li volunt prier
Cele dame ke Deu porta
E en sone ventre herbeja,
E le nuri de sa mamele,
E l'enfaunta mère e pucele,
Nus doyne sa grace issi server,
Ke ele no prières voyle oyer;
Vers son fyth tust puissaunz
Sainte Marie nus seez aydaunt.
Tres tria donaverunt
Natum de Virgine querunt,
Melchior et Jaspar, Baptizar fata tulerunt.

Si l'on admet notre explication de Vincenesel, l'on remarquera le choix du saint, qui étoit Espagnol.

Page 71, vers 1954.

Le mot Hareflue désigne Harfleur, ville du département de la Seine-Inférieure, à deux lieues et demie et dans l'arrondissement du Havre-de-Grâce.

Page 71, vers 1961.

Il est ici question de Pont-Audemer, ville qui est chef-lieu d'arrondissement dans le département de l'Eure.

Page 71, vers 1964.

On trouve à cette époque un Cadoc chef de routiers. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules, etc., tome XVII, passim, et tome XVIII, p. 767, B.

Page 71, vers 1977.

Saint Winape, invoqué ici, est probablement le même que saint Winoch, ou Winoc, Winnocus, abbé de Wormhout, en Flandres, l'an 695, mort vers l'an 717, et honoré le 6 novembre.

Page 76, vers 2112.

Barfleur, département de la Manche, dans l'arrondissement et à six lieues de Valognes. Cette ville est appelée Barbefluet dans le Lai de Milun34; Barbeflue dans le Roman du Brut35; Barbeflo, par Benoît de Sainte-More36; Barbefleot, par Raoul de Coggeshale37, et Barbeflet, par Roger Hoveden38.

Page 78, vers 2168.

Voyez, sur la viele au moyen âge, le Roman de Mahomet, p. 32, note 2.

A ce propos nous cédons au désir que nous éprouvons de publier une charmante chanson de Colin Muset, qui se trouve dans le Ms. de la Bibliothèque de l'Arsenal, B. L. F., in-fol., no 63, fol. 237, ro, col. 2.

Sire cuens, j'ai vielé
Devant vous en vostre ostel,
Si ne m'avez rien doné,
Ne mes gages aquité:
C'est vilanie.
Foi que doi sainte Marie,
Ensi ne vous sieurre mie;
M'aumosnière est mal garnie
Et ma boursse mal farsie.
Sire cuens, car conmandez
De moi vostre volonté.
Sire, s'il vous vient à grez,
Un biau don car me donez
Par courtoisie;
Car talent ai, n'en doutez mie,
De r'aler à ma mesnie;
Quant g'i vois, boursse desgarnie,
Ma fame ne me rit mie.
Ainz me dit: «Sire engelez,
En quel terre avez esté,
Qui n'avez rien conquesté
Aval la ville?
Vez com vostre male plie:
Ele est bien de vent farsie.
Honiz soit qui a envie
D'estre en vostre compaignie!»
Quant je vieng à mon ostel,
Et ma fame a regardé
Derrier moi le sac enflé
Et je, qui sui bien paré
De robe grise,
Sachiez qu'ele a tost jus mise
La conoille, sanz faintise.
Ele me rit par franchise,
Ses deux braz au col me plie.
Ma fame va destrousser
Ma male sanz demorer;
Mon garson va abruver
Mon cheval et conréer;
Ma pucele va tuer
Deus chapons pour déporter
A la ransse alie;
Ma fille m'aporte un piègne
En sa main par cortoisie:
Lors sui de mon ostel sire,
A mult grant joie et sanz ire.

Page 79, 2185.

Voyez, pour le mot estrelins, Annals of the Coinage of Britain and its dependencies, by the Rev. Rogers Ruding. London: printed for Lackington, etc., 1819, 5 vol. in-8o et atlas in-4o, tome I, p. 19-25.

Page 79, vers 2191.

Nohubellande, le Northumberland, comté d'Angleterre.

Page 79, vers 2193.

Gaudale, good ale. C'est de ce mot que vient l'expression godailler.

Berte

Une rivière treuve qui d'un pendant avale;
Volentiers en béust, mais trouble ert com godale.

(Roman de Berte aux grands pieds, p. 43, v. 6.)

On trouve couillon de guodalle dans Pantagruel, liv. III, chap. XXVIII.

Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en rapportant une chanson à boire du XIIIe siècle, inspirée par la cervoise ou bière:

LETABUNDUS.

Or hi pirra,
La cerveyse nos chauntera:
Alleluia!
Qui que aukes en beyt,
Si tel seyt com estre doit
Res miranda.
Bevez quant l'avez en poin;
Ben est droit, car nuit est loing
Sol de stella.
Bevez bien e bevez bel,
Il vos vendra del tonel
Semper clara.
Bevez bel e bevez bien,
Vos le vostre et jo le mien,
Pari forma.
De ço soit bien porvéu;
Qui que auques le tient al fu,
Fit corrupta.
Riches genz funt lur brut:
Fesom nus nostre déduit,
Valla nostra.
Beneyt soit li bon veisin
Qui nos dune payn e vin,
Carne sumpta;
E la dame de la maison
Ki nus fait chère réal!
Jà ne pusse ele par mal
Esse ceca!
Mut nus done volenters
Bons beiveres e bons mangers:
Meuz waut que autres muliers
Hec predicta.
Or bewom al dereyn
Par meitez e par pleyn,
Que nus ne séum demayn
Gens misera.
Ne nostre tonel nus ne fut,
Kar plein ert de bon frut,
E si ert tut anuit
Puerpera.
AMEN.

(Ms. du Roi, Musée Britannique, 16. E. VIII, fol. 102, ro.)

Voyez sur la fabrication de la cervoise au commencement du XIVe siècle, le treytyz ke mounsire Gauter de Bibelsworth fist à madame Dyonisie de Mounchensy, pur aprise de langwage. Ms. du Musée Britannique, fonds d'Arundel, no 220, fol. 300, ro, col. 1, v. 5 et suivants.

Page 79, vers 2195 et 2196.

Le vin d'Argenteuil est cité dans la Bataille des vins par Henri d'Andeli. Voyez les Fabliaux et Contes, édition de 1808, tome I, p. 153, v. 28, et p. 154, v. 77 et suiv.

...... Prouvins
Où l'on boit souvent de bons vins.

(Chroniques de S. Magloire, dans les Fabliaux et Contes, édit. de 1808, tome II, p. 222).

Page 79, vers 2200.

Ia, ia, dist-il, godistouet.

(Le Roman du Renart, tome II, p. 96, v. 12154.)

Goditouet, ci a bon vin.

(La Bataille des vins, p. 158.)

Ce mot paroît n'être autre chose que la corruption de God it wot, Dieu le sait, expression qu'on retrouve à tout moment dans les anciens auteurs anglois, et surtout dans Chaucer, the Clerkes Tale, v. 8031; et the Persones Prologue, v. 17355.

Page 80, vers 2204 et suiv.

Le Roman d'Agoulant, ou li Siéges d'Aspremont, se retrouve en vers dans les Mss. de la Bibliothèque Royale, nos 8203 et 7618; celui d'Aimon ou des IV fils Aymon, dans le Ms. 7182; la Somme de Blanchandin, dans le Ms. 6987; et le Dit de Flourenche de Romme39, dans le Ms. no 198, fonds de Notre-Dame. Une partie du Roman d'Agoulant a été publiée par Bekker, en tête de son édition du roman provençal de Fierabras, et le Roman de Flourenche de Romme, traduit en vers anglois, a été donné par Ritson parmi ses Ancient engleish metrical romanceës, tome III, p. 1.

Page 80, vers 2225 et suivants.

Ici se trouve encore un rapprochement, quoique moins frappant que celui que nous avons déja noté, entre Eustache et Robin Hood. La tradition veut que la maîtresse du célèbre outlaw de la forêt de Sherwod ait été empoisonnée par le roi Jean. Voyez the Death of Robert, earle of Huntington, otherwise called Robin Hood of merrie Sherwodde: with the lamentable tragedie of chaste Matilda, his faire maid Marian, poysoned at Dunmowe, by King John. Acted, etc. Imprinted at London, for William Leake, 1601, in-4o, gothique. C'est la seconde partie d'un drame sur Robin Hood. Elle est d'Anthony Mundy et de Henry Chettle.

Page 82, vers 2267.

Il y a un Radulphus de Tornella, nommé comme plège de Robert de Courtenai, dans une charte que nous avons déja citée. Voyez le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, tome XVII, p. 107.

28 .... Virgille s'en estoit allé à Tolette pour apprendre, car il apprennoit trop voluntiers, et moult fut sage des ars de nigromence... Et estoit bel homme et sage, mais plus sçavoit de nigromence que nul homme vivant.—Les Faicts merveilleux de Virgille. Paris, par Guillaume Nyverd, sans date, in-16o, goth., p. 6 et 7.—Quant Maugist fust en aage qu'il eut advis en luy il fut enseigné et endoctriné. Si avoit ycelle fée (Oriande) ung frère lequel avoit nom Baudris, lequel sçavoit tous les ars de magie et de nigromance et lequel avoit longtemps estudié à Tollete et estoit de l'aage de cent ans. Si mist celluy Baudris toute son entente à apprendre et enseigner Maugist, et paresseux ne fust pas d'apprendre, etc.—Les deux très-plaisantes Hystoires de Guerin de Montglave et de Maugist d'Aigremont, etc. Paris, par Michel le Noir, le XV juillet 1518, in-fol., goth., feuillet lxi, ro, col. 1.

29 El conde Lucanor, compuesto por excelentissimo principe don Juan Manuel, etc., impresso in Sevilla, en casa de Hernando Diaz, año de 1575, in-4o, fol. 33, vo; et édition de Madrid, por Diego Diaz de la Carrera, año M. DC. XLII, in-4o, fol. 70, ro, capitu. XIII.

Ce conte a été traduit en françois par l'abbé Blanchet, et publié parmi les Apologues et Contes orientaux, etc., à Paris, chez Debure, fils aîné M. DCC. LXXXIV, in-8o, p. 121.

30 Voyez plus haut, p. 23, v. 614.

31 Paris, pour Antoine Verard (vers 1503), petit in-4o, gothique.

32 Ici est une miniature représentant la conjuration par le bassin, miniature répétée avec des différences au haut de la page.

33 Voyez, sur ce nom, un mémoire de Percy dans ses Reliques of ancient english Poetry, édit. de 1775, tome I, p. 70-78; et un autre de Ritson dans ses ancient engleish metrical Romanceës, tome III, p. 257 et suivantes.

34 Vers 320. Poésies de Marie de France, t. I, p. 350.

35 Vers 1 et 2 d'un fragment cité à la fin de l'Histoire pittoresque du Mont-Saint-Michel et de Tombelène, par Maximilien Raoul (Charles Le Tellier), à la librairie d'Abel Ledoux, Paris, MDCCCXXXIII, in-8o, p. 251.

36 L'Estoire a la généalogie des dux qui uni esté par ordre en Normandie. Ms. Harléien, no 1717, fol. 102, vo, col. 2.

37 Recueil du Historiens des Gaules, etc., tome XVIII, p. 99, A.

38 Collection d'Henry Savile, édit. de Francfort, p. 517, dernière ligne; p. 538, avant-dernière ligne, et p. 540, ligne 6.

39 Dans les deux Bordéors Ribaus, fabliau publié par M. de Roquefort à la suite de son Traité sur l'ancienne poésie française, un Jongleur se vante de connoître ce roman, en disant comme Eustache:
Si sai de Florance de Rome.—P. 305, v. 1.

Addition à la note de la page 12, vers 306:
Dans l'ouvrage du P. Jacques Malbrancq, on lit, sous la date de 1199, la charte suivante: Ego Lambertus Morinorum episcopus notum facio quod Willelmus vavasor de Billech, comitatum cum redditibus, quos habet in parochia de Kelmes, pignore obligavit abbati S. Bertini pro 35 marcis parisiensis monetæ, et omnes proventus inde percipiendos eidem ecclesiæ pro anima patris sui et suorum.—De Morinis et Morinorum infulis, etc. Tornaci Nerviorum, ex officina Adriani Quinqué et viduæ ejus, M. DC. XXXIX.LIV, 3 vol. in-4o, tome III, p. 434.

1e Ce nom de Billech, que l'éditeur change en Bilque dans un sommaire en marge, ne seroit-il pas le même que Bulkes ou Busques?

2e Dans l'original n'y auroit-il pas, au lieu de Willelmus, un W tout seul, qu'il faudroit traduire par Wistacius?

Note sur la transcription

  • Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.
  • L'orthographe a été standardisée en utilisant l'orthographe la plus utilisée dans le livre dans les cas suivants:
Pg. x Barthelemy Barthelemy "... l'apotre saint Barthelemy...."
Pg. xxvij Thoma Thomas "... Thomas Duffus Hardy."
Pg. xx repetent repetent "... vue qu'ils repetent...."
Pg. xxxvi Sandwis Sandwiz "... en la havene de Sandwiz ..."
Pg. xl Cinque-Ports Cinq-Ports "With notices of the other Cinq-Ports...."
Pg. xlvii Turbelvile Turbeville "Thomas Turbeville ot a non."
Pg. liij Guillame Guillaume "... Guillaume Le Petit...."
Pg. lviij Euschii Eustachii "... fratrem Eustachii Monachi."
Pg. xxxij Heros Hero "... compte de notre hero." Also p. xlj
"Notre hero y est appele...."
Pg. 18, l. 486 Warie Marie "... Sainte Marie!"
Pg. 22, l. 597 aleure aleure "Wistasce grant aleure."
Pg. 25, l. 679 kil' k'il "... garde k'il ne s'aperchoive,...."
Pg. 28, l. 750 Cler-Mares Cler-Mares "Andoi de Cler-Mares estoient.
Pg. 33, l. 901 pelerin pelerin "Wistasces comme pelerin...."
Pg. 39, l. 1080 Li potiers Lipotiers "Lipotiers devint carbonniers :...."
Pg. 48, l. 1320 M ais Mais "Mais onques...."
Pg. 54, l. 1481 Espaigne Espagne "... riche cheval d'Espagne."
Pg. 86 in-16 in-16o "... sans date, in-16o,...."
  • Variantes inchangées :
    —Hardelo et Hardello: Hardello inchangé parce qu'il apparait sous cette forme dans Holden, A.J. and Monfrin, J., Le Roman d'Eustache le Moine: nouvelle edition, traduction, presentation et notes. Louvain, Dudley, MA: Peters, 2005. 171 p.
    —Shakespeare et Shakspeare: Les deux orthographes apparaissent dans des citations classées sur internet.
    —Roman d'Agoullant et Roman d'Agoulant: Les deux orthographes ont été vérifiées dans des textes classés sur internet.
    —Engleterre, Engletiere, Engleter, but changed Angletere à Angleterre (p. xxxvi "...sur Angleterre vint....")
    —Eustache, Uistace, Uistasce, Uistasces et Uistasses.
  • Les variantes suivantes, n'ayant pas d'orthographe prédominante, ont été gardées:
    —déjà et déja
    —particulière et particuliere
    —detenus et détenus
    —doné, donné, donée et donnée
    —Chauton et Chautoñ
    —ferir et férir
    —meisme et méisme
    —reine et réine
  • Dates et notes
    Les dates dans les notes apparaissent sous quatre formes. Par exemple, l'année 1727 sera trouvée comme:
    —MDCCXXVII
    —M DCC XXVII
    —M.DCC.XXVII
    —M . DCC . XXVII
    Comme il n'y avait pas de forme prédominante, toutes les variations ont été conservées.
  • Certaines notes avaient elles-mêmes des notes, certaines s'étendant sur plusieurs pages et avec des numérotages inconsistants. Elles ont été mises à la fin des sections dans lesquelles elles appartenaient avec un numérotage continu. Une note contenue dans une note a été placée après cette note avec le même numéro suivi d'une lettre. Par exemple, la note 18 est suivie par les notes 18a et 18b.
  • godehere image
    Translitération anglo-saxonne de «gode here» (p. 108).
    —"g": Translitération du latin g insulaire.
    —"d": Translitération du latin d insulaire bas.
    —"r": Translitération du latin r bas.
Chargement de la publicité...