← Retour

Vie de Beethoven

16px
100%

L’œuvre musical de Friedrich Wilhelm Rust (1739-1796), de Dessau, récemment retrouvé, grâce aux publications qu’un de ses petits-fils a faites de quelques-unes de ses sonates, est utile à connaître, pour qui veut étudier la formation du génie musical de Beethoven. Le plus jeune fils de Rust, Wilhelm-Carl, vécut à Vienne, de 1807 à 1827, et fut en relations avec Beethoven. Rust, Charles-Philippe-Emmanuel Bach, et les symphonistes de Mannheim ont été les vrais précurseurs de Beethoven.—Voir Hugo Riemann: Beethoven und die Mannheimer (Die Musik, 1907-8).

Il y a aussi intérêt à connaître les lieder de Neefe (1748-1799), déjà tout beethovéniens, et nos musiciens de la Révolution, notamment Cherubini, dont le style, en certaines de ses compositions religieuses et dramatiques, a parfois servi de modèle à Beethoven.

IV.—PORTRAITS DE BEETHOVEN

1789.—Silhouette de Beethoven à dix-huit ans. [Maison de Beethoven, à Bonn; reproduit dans la biographie de Frimmel, page 16.]

1791-2.—Miniature de Beethoven, par Gerhard von Kugelgen. [Appartient à Georg Henschel, Londres; reproduit dans le Musical Times du 15 décembre 92, page 8.]

1801.—Dessin de G. Stainhauser, gravé par Johann Neidl. [Reproduit dans Félix Clément: Les Musiciens célèbres, 1878, page 267;—Frimmel, page 28.]

1802.—Gravure de Scheffner, d’après Stainhauser. [Maison de Beethoven, à Bonn; reproduit dans die Musik du 15 mars 1902, page 1145.]

1802.—Miniature de Beethoven, par Christian Hornemann. [Appartient à Mme de Breuning, à Vienne; reproduit dans Frimmel, page 31.]

1805.—Portrait de Beethoven, par W.-J. Maehler. [Appartient à Robert Heimler, Vienne; reproduit dans le Musical Times, page 7; Frimmel, page 34.]

1808.—Dessin de L.-F. Schnorr de Carolsfeld, lithographié par J. Bauer. [Maison de Beethoven, à Bonn.]

1812.—Masque de Beethoven, moulé par Franz Klein.

1812.—Buste de Beethoven, par Franz Klein, d’après le masque. [Appartient au fabricant de pianos E. Streicher, à Vienne; reproduit dans Frimmel, page 46;—Musical Times, page 19.]

1814.—Dessin de L. Letronne, gravé par Blasius Hoefel. [Le plus beau portrait de Beethoven; la maison de Beethoven, à Bonn, possède l’exemplaire qu’il offrit à Wegeler; reproduit dans Frimmel, page 51;—Musical Times, page 21.]

1815.—Dessin de L. Letronne, gravé par Riedel. [Reproduit dans die Musik, page 1147.]

1815.—Deuxième portrait de Beethoven, par Maehler. [Appartient à Ign. von Gleichenstein, Fribourg-en-Brisgau. Reproduction à la maison de Beethoven, à Bonn.]

1815.—Portrait de Beethoven, par Christian Heckel. [Appartient à J.-F. Heckel, Mannheim; reproduction à la maison de Beethoven, à Bonn.]

1818.—Gravure d’après le dessin de Beethoven, par Aug. von Kloeber. [Reproduit dans le Musical Times, page 25.]—Le dessin original de Klœber est dans la collection du Dʳ Erich Prieger, à Bonn.

1819.—Portrait de Beethoven, par Ferdinand Schimon. [Maison de Beethoven, à Bonn; reproduit dans die Musik, page 1149;—Frimmel, page 63;—Musical Times, page 29.]

1819.—Portrait de Beethoven, par K.-Joseph Stieler. [Appartient à Alex. Meyer Cohn, Berlin; reproduit dans Frimmel, page 71.]

1821.—Buste de Beethoven, par Anton Dietrich. [Appartient à Léopold Schrœtter de Kristelli;] reproduction dans la maison de Beethoven, à Bonn.

1824-6.—Dessins-caricatures de Beethoven se promenant, par J.-P. Lyser. [Originaux à la Gesellschaft der Musikfreunde, Vienne; reproduits dans Frimmel, page 67;—Musical Times, page 15.]

1823.—Dessins-caricatures de Beethoven se promenant, par Jos. van Boehm. [Reproduits dans Frimmel, page 70.]

1823.—Portrait de Beethoven, par Waldmueller. [Appartient à Breitkopf et Hærtel, Leipzig; reproduit dans Frimmel, page 72.]

1825-6.—Dessin de Beethoven, par Stefan Decker. [Appartient à Georg Decker, Vienne; reproductions à la maison de Beethoven, à Bonn.]

1826.—Dessin de B. par A. Dietrich, lithographié par Jos. Kriehuber. [Reproduit dans Frimmel, page 73.]

1826.—Buste de Beethoven à l’antique, par Schaller. [Appartient à la Société philharmonique de Londres; copie à la maison de Beethoven, à Bonn; reproduit dans Frimmel, page 74, et dans le Musical Times.]

1827.—Esquisse de Beethoven sur son lit de mort, par Jos. Danhauser. [Appartient à A. Artaria, Vienne; reproduit dans l’Allgemeine Musik-Zeitung, du 19 avril 1901.]

1827.—Trois esquisses de Beethoven sur son lit de mort, par Teltscher. [Appartiennent au Dʳ Aug. Heymann; publiées par Frimmel; reproduites dans le Courrier musical, du 15 novembre 1909.]

1827.—Masque de Beethoven mort, moulé par Danhauser. [Maison de Beethoven, à Bonn.]

De nombreux portraits de Beethoven ont été faits depuis sa mort. L’œuvre la plus remarquable qui lui ait été consacrée est le monument de Max Klinger (Vienne, 1902).

TABLE DES MATIÈRES

Préfacev
Beethoven3
LETTRES
Beethoven.Testament d’Heiligenstadt pour mes frères Carl et (Johann) Beethoven, Heiligenstadt, le 6 octobre 180285
Au pasteur Amenda, en Courlande, probablement écrit en 180197
Au docteur Franz Gerhard Wegeler, Vienne, 29 juin (1801)102
A Wegeler, Vienne, 16 novembre 1801110
Lettre de Wegeler et d’Éléonore von Breuning à Beethoven:
Lettre de Wegeler, Coblentz, 28 décembre 1825115
Lettre d’Éléonore Wegeler, Coblentz, 29 décembre 1825119
Beethoven à Wegeler, Vienne, 7 octobre 1826123
A Wegeler, Vienne, 17 février 1827127
A Moscheles, Vienne, 14 mars 1827129
PENSÉES
Sur la musique133
Sur la critique141
BIBLIOGRAPHIE
Pour les lettres de Beethoven145
Pour la vie de Beethoven147
Pour l’œuvre de Beethoven150
Portraits de Beethoven154

811-14.—Coulommiers. Imp. Paul BRODARD.—P7-14.

FOOTNOTES:

[1] J. Russel (1822).—Charles Czerny, enfant, qui le vit en 1801, avec une barbe de plusieurs jours et une crinière sauvage, vêtu d’un veston et d’un pantalon en poil de chèvre, crut rencontrer Robinson Crusoé.

[2] Note du peintre Kloeber, qui fit son portrait vers 1818.

[3] «Ses beaux yeux parlants, dit le docteur W.-C. Müller, tantôt gracieux et tendres, tantôt égarés, menaçants et terribles» (1820).

[4] Kloeber dit: «d’Ossian». Tous ces détails sont empruntés aux notes d’amis de Beethoven, ou de voyageurs qui le virent,—tels que Czerny, Moscheles, Kloeber, Daniel Amadeus Atterbohm, W.-C. Müller, J. Russel, Julius Benedict, Rochlitz, etc.

[5] Le grand-père Ludwig, l’homme le plus remarquable de la famille, celui à qui Beethoven ressemblait le plus, était né à Anvers, et ne s’établit que vers sa vingtième année à Bonn, où il devint maître de chapelle du prince-électeur.—Il ne faut pas oublier ce fait, si l’on veut comprendre l’indépendance fougueuse de la nature de Beethoven, et tant de traits de son caractère qui ne sont pas proprement allemands.

[6] Lettre au docteur Schade, à Augsbourg, 15 septembre 1787 (Nohl, Lettres de Beethoven, II).

[7] Il disait plus tard (en 1816): «C’est un pauvre homme, celui qui ne sait pas mourir! Quand je n’avais que quinze ans, je le savais déjà.»

[8] Nous citons aux textes quelques-unes de ces lettres.

Beethoven trouva aussi un ami et un guide en l’excellent Christian-Gottlob Neefe, son maître, dont la noblesse morale n’eut pas moins d’influence sur lui que la largeur de son intelligence artistique.

[9] A Wegeler, 29 juin 1801 (Nohl, XIV).

[10] Il y avait déjà fait un court voyage, au printemps de 1787. Il vit alors Mozart, qui semble avoir fait peu attention à lui.

Haydn, dont il avait fait la connaissance à Bonn, en décembre 1790, lui donna quelques leçons. Beethoven prit aussi pour maîtres Albrechtsberger et Salieri. Le premier lui enseigna le contrepoint et la fugue; le second lui apprit à écrire pour la voix.

[11] Il débutait à peine. Son premier concert à Vienne comme pianiste, eut lieu le 30 mars 1795.

[12] A Wegeler, 29 juin 1801 (Nohl, XIV).

«Aucun de mes amis ne doit manquer de rien, tant que j’ai quelque chose»,—écrit-il à Ries, vers 1801 (Nohl, XXIV).

[13] Dans le Testament de 1802, Beethoven dit qu’il y a six ans que le mal a commencé,—soit, par conséquent, en 1796.—Remarquons en passant que, dans le catalogue de ses œuvres, l’op. 1 seul (trois trios) est antérieur à 1796. L’op. 2, les trois premières sonates pour piano, paraissent en mars 1796. On peut donc dire que l’œuvre entier de Beethoven est de Beethoven sourd.

Voir sur la surdité de Beethoven un article du Dʳ Klotz-Forest, dans la Chronique médicale du 15 mai 1905.—L’auteur de l’article croit que le mal eut sa source dans une affection générale héréditaire (peut-être dans la phtisie de la mère). Il diagnostique un catarrhe des trompes d’Eustache, en 1796, qui se transforma, vers 1799, en une otite moyenne aiguë. Mal soignée, elle passa à l’état d’otite catarrhale chronique, avec toutes ses conséquences. La surdité augmenta, sans jamais devenir complète. Beethoven percevait les bruits profonds, mieux que les sons élevés. Dans ses dernières années, il se servait, dit-on, d’une baguette de bois, dont une extrémité était placée dans la boîte de son piano, et l’autre entre ses dents. Il usait de ce moyen pour entendre, quand il composait.

(Voir sur la même question: C. G. Kunn: Wiener medizinische Wochenschrift, février-mars 1892;—Wilibald Nagel: Die Musik, mars 1902;—Theodor von Frimmel: Der Merker, juillet 1912.)

On a conservé au musée Beethoven de Bonn les instruments acoustiques que fabriqua pour Beethoven, vers 1814, le mécanicien Maelzel.

[14] Nohl, Lettres de Beethoven, XIII.

[15] Nohl, Lettres de Beethoven, XIV. (Voir les textes.)

[16] A Wegeler, 16 novembre 1801 (Nohl, XVIII).

[17] Elle ne craignit pas, dans la suite, d’exploiter l’ancien amour de Beethoven, en faveur de son mari. Beethoven secourut Gallenberg. «Il était mon ennemi: c’était justement la raison pour que je lui fisse tout le bien possible», dit-il à Schindler, dans un de ses cahiers de conversation de 1821. Mais il l’en méprisa davantage. «Arrivée à Vienne, écrit-il en français, elle cherchait moi, pleurant, mais je la méprisais.»

[18] 6 octobre 1802 (Nohl, XXVI). Voir aux textes.

[19] «Recommandez à vos enfants la vertu; elle seule peut rendre heureux, non l’argent. Je parle par expérience. C’est elle qui m’a soutenu dans ma misère; c’est à elle que je dois, ainsi qu’à mon art, de n’avoir pas terminé ma vie par le suicide.» Et dans une autre lettre, du 2 mai 1810, à Wegeler: «Si je n’avais pas lu quelque part que l’homme ne doit pas se séparer volontairement de la vie, aussi longtemps qu’il peut encore accomplir une bonne action, depuis longtemps je ne serais plus—et sans doute par mon propre fait.»

[20] A Wegeler (Nohl, XVIII).

[21] La miniature de Hornemann, qui est de 1802, montre Beethoven mis à la mode de l’époque, avec des favoris, les cheveux à la Titus, l’air fatal d’un héros byronien, mais cette tension de volonté napoléonienne, qui ne désarme jamais.

[22] On sait que la Symphonie héroïque fut écrite pour et sur Bonaparte, et que le premier manuscrit porte encore le titre: Buonaparte. Sur ces entrefaites, Beethoven apprit le couronnement de Napoléon. Il entra en fureur: «Ce n’est donc qu’un homme ordinaire!» cria-t-il; et dans son indignation, il déchira la dédicace, et écrivit ce titre vengeur et touchant à la fois: «Symphonie héroïque... pour célébrer le souvenir d’un grand Homme.» (Sinfonia eroica... composta per festeggiare il sovvenire di un grand Uomo.) Schindler raconte que dans la suite, il se départit un peu de son mépris pour Napoléon; il ne vit plus en lui qu’un malheureux digne de compassion, un Icare précipité du ciel. Quand il apprit la catastrophe de Sainte-Hélène, en 1821, il dit: «Il y a dix-sept ans que j’ai écrit la musique qui convient à ce triste événement.» Il se plaisait à reconnaître dans la Marche funèbre de sa symphonie un pressentiment de la fin tragique du conquérant.—Il est donc bien probable que la Symphonie héroïque, et surtout son premier morceau, était, dans la pensée de Beethoven, une sorte de portrait de Bonaparte, très différent du modèle, sans doute, mais tel qu’il l’imaginait, et tel qu’il l’eût voulu: le génie de la Révolution. Beethoven reprend d’ailleurs dans le finale de l’Héroïque une des phrases principales de la partition qu’il avait déjà écrite pour le héros révolutionnaire par excellence, le dieu de la Liberté: Prométhée (1801).

[23] Robert de Keudell, ancien ambassadeur d’Allemagne à Rome: Bismarck et sa famille, 1901, traduction française de E.-B. Lang.

Robert de Keudell joua cette sonate à Bismarck, sur un mauvais piano, le 30 octobre 1870, à Versailles. Bismarck disait de la dernière phrase de l’œuvre: «Ce sont les luttes et les sanglots de toute une vie.» Il préférait Beethoven à tout autre musicien, et, plus d’une fois, affirma: «Beethoven convient le mieux à mes nerfs.»

[24] La maison de Beethoven était sise près des fortifications de Vienne, que Napoléon fit sauter après la prise de la ville. «Quelle vie sauvage, que de ruines autour de moi!—écrit Beethoven aux éditeurs Breitkopf et Haertel, le 26 juin 1809;—rien que tambours, trompettes, misères de toute sorte!»

Un portrait de Beethoven, à cette époque, nous a été laissé par un Français qui le vit à Vienne, en 1809: le baron de Trémont, auditeur au Conseil d’État. Il fait une description pittoresque du désordre qui régnait dans l’appartement de Beethoven. Ils causèrent ensemble de philosophie, de religion, de politique, «et surtout de Shakespeare, son idole». Beethoven était assez disposé à suivre Trémont à Paris, où il savait que le Conservatoire exécutait déjà ses symphonies, et où il avait des admirateurs enthousiastes.—(Voir, dans le Mercure musical du 1ᵉʳ mai 1906, Une visite à Beethoven, par le baron de Trémont; publié par J. Chantavoine.)

[25] Ou plus exactement, Thérèse Brunsvik. Beethoven avait fait la connaissance des Brunsvik à Vienne, entre 1796 et 1799. Giulietta Guicciardi était la cousine de Thérèse. Beethoven semble s’être épris aussi, pendant un temps, d’une sœur de Thérèse, Joséphine, qui épousa le comte Deym, puis en secondes noces le baron Stackelberg.—On trouvera les détails les plus vivants sur la famille Brunsvik dans un article de M. André de Hevesy: Beethoven et l’Immortelle Bien-aimée (Revue de Paris, 1ᵉʳ et 15 mars 1910). M. de Hevesy a utilisé, pour cette étude, les Mémoires manuscrits et les papiers de Thérèse, conservés à Mártonvásár, en Hongrie. Tout en montrant l’intimité affectueuse de Beethoven avec les Brunsvik, il remet en question son amour pour Thérèse. Mais ses arguments ne semblent pas convaincants; et je me réserve de les discuter, quelque jour.

[26] Mariam Tenger: Beethoven’s unsterbliche Geliebte, Bonn, 1890.

[27] C’est l’air admirable qui figure dans l’Album de la femme de J.-S. Bach, Anna Magdalena (1725), sous le titre: Aria di Giovannini. On a discuté son attribution à J.-S. Bach.

[28] Nohl, Vie de Beethoven.

[29] Beethoven était myope, en effet. Ignaz von Seyfried dit que sa faiblesse de vue avait été causée par la petite vérole, et qu’elle l’obligeait, tout jeune, à porter des lunettes. La myopie devait contribuer au caractère égaré de ses yeux. Ses lettres de 1823-1824 contiennent des plaintes fréquentes au sujet de ses yeux, qui le font souffrir.—Voir les articles de Christian Kalischer: Beethovens Augens und Augenleiden (Die Musik, 15 mars-1ᵉʳ avril 1902).

[30] La musique de scène pour l’Egmont de Gœthe fut commencée en 1809.—Beethoven eût voulu écrire aussi la musique de Guillaume Tell; mais on lui préféra Gyrowetz.

[31] Conversation avec Schindler.

[32] Mais écrite, à ce qu’il semble, à Korompa, chez les Brunsvik.

[33] Nohl, Lettres de Beethoven, XV.

[34] Ce portrait se trouve encore aujourd’hui dans la maison de Beethoven, à Bonn. Il est reproduit dans la Vie de Beethoven par Frimmel, p. 29, et dans le Musical Times du 15 décembre 1892.

[35] A Gleichenstein (Nohl, Neue Briefe Beethovens, XXXI).

[36] «Le cœur est le levier de tout ce qu’il y a de grand.» (A Giannatasio del Rio.—Nohl, CLXXX.)

[37] «Les poésies de Gœthe me rendent heureux», écrit-il à Bettina Brentano, le 19 février 1811.

Et ailleurs:

«Gœthe et Schiller sont mes poètes préférés, avec Ossian et Homère, que je ne puis malheureusement lire que dans des traductions.» (A Breitkopf et Haertel, 8 août 1809.—Nohl, Neue Briefe, LIII.)

Il est à remarquer combien, malgré son éducation négligée, le goût littéraire de Beethoven était sûr. En dehors de Gœthe, dont il a dit qu’il lui semblait «grand, majestueux, toujours en ré majeur», et au-dessus de Gœthe, il aimait trois hommes: Homère, Plutarque et Shakespeare. D’Homère, il préférait l’Odyssée. Il lisait continuellement Shakespeare dans la traduction allemande, et l’on sait avec quelle grandeur tragique il a traduit en musique Coriolan et la Tempête. Quant à Plutarque, il s’en nourrissait, comme les hommes de la Révolution. Brutus était son héros, ainsi qu’il fut celui de Michel Ange; il avait sa statuette dans sa chambre. Il aimait Platon, et rêvait d’établir sa République dans le monde entier. «Socrate et Jésus ont été mes modèles», a-t-il dit quelque part. (Conversations de 1819-20.)

[38] A Bettina von Arnim (Nohl, XCI).—L’authenticité des lettres de Beethoven à Bettina, mise en doute par Schindler, Marx et Deiters, a été défendue par Moritz Carriere, Nohl et Kalischer. Bettina a dû les «embellir» un peu; mais le fond paraît exact.

[39] «Beethoven, disait Gœthe à Zelter, est malheureusement une personnalité tout à fait indomptée; il n’a sans doute pas tort de trouver le monde détestable; mais ce n’est pas le moyen de le rendre agréable pour lui et pour les autres. Il faut l’excuser et le plaindre, car il est sourd.»—Il ne fit rien dans la suite contre Beethoven, mais il ne fit rien pour lui: silence complet sur son œuvre, et jusque sur son nom.—Au fond, il admirait, mais redoutait sa musique: elle le troublait; il craignait qu’elle ne lui fît perdre le calme de l’âme, qu’il avait conquis au prix de tant de peines.—Une lettre du jeune Félix Mendelssohn, qui passa par Weimar en 1830, fait pénétrer innocemment dans les profondeurs de cette âme trouble et passionnée (leidenschaftlicher Sturm und Verworrenheit, comme Gœthe disait lui-même), qu’une intelligence puissante maîtrisait.

«... D’abord, écrit Mendelssohn, il ne voulait pas entendre parler de Beethoven; mais il lui fallut en passer par là, et écouter le premier morceau de la Symphonie en ut mineur, qui le remua étrangement. Il n’en voulut rien laisser paraître, et se contenta de me dire: «Cela ne touche point, cela ne fait qu’étonner». Au bout d’un certain temps, il reprit: «C’est grandiose, insensé; on dirait que la maison va s’écrouler». Survint le dîner, pendant lequel il demeura tout pensif, jusqu’au moment où, retombant de nouveau sur Beethoven, il se mit à m’interroger, à m’examiner. Je vis bien que l’effet était produit....»

(Sur les rapports de Gœthe et de Beethoven, voir divers articles de Frimmel.)

[40] Lettre de Gœthe à Zelter, 2 septembre 1812.—Zelter à Gœthe, 14 septembre 1812: «Auch ich bewundere ihn mit Schrecken.» «Moi aussi, je l’admire avec effroi».—Zelter écrit en 1819 à Gœthe: «On dit qu’il est fou».

[41] C’est, en tout cas, un sujet auquel Beethoven a pensé: car nous le trouvons dans ses notes, et, particulièrement, dans ses projets d’une Dixième Symphonie.

[42] Contemporaine, et peut-être inspiratrice, parfois, de ces œuvres est son intimité très tendre avec la jeune cantatrice berlinoise Amalie Sebald, qu’il connut à Tœplitz, en 1811 et 1812.

[43] Bien différent de lui en ceci, Schubert avait écrit en 1807 une œuvre de circonstance, «en l’honneur de Napoléon le Grand», et en dirigea lui-même l’exécution devant l’Empereur.

[44] «Je ne vous dis rien de nos monarques et de leurs monarchies», écrit-il à Kauka pendant le Congrès de Vienne. «Pour moi, l’empire de l’esprit est le plus cher de tous: c’est le premier de tous les royaumes temporels et spirituels.» (Mir ist das geistige Reich das Liebste, und der Oberste aller geistlichen und weltlichen Monarchien.)

[45] «Vienne, n’est-ce point tout dire?—Toute trace du protestantisme allemand effacée; même l’accent national, perdu, italianisé. L’esprit allemand, les manières et les mœurs allemandes, expliquées par des manuels de provenance italienne et espagnole.... Le pays d’une histoire falsifiée, d’une science falsifiée, d’une religion falsifiée.... Un scepticisme frivole, qui devait ruiner et ensevelir l’amour de la vérité, et de l’honneur, et de l’indépendance!...» (Wagner, Beethoven, 1870.)

Grillparzer a écrit que c’était un malheur d’être né Autrichien. Les grands compositeurs allemands de la fin du XIXᵉ siècle, qui ont vécu à Vienne, ont cruellement souffert de l’esprit de cette ville livrée au culte pharisien de Brahms. La vie de Bruckner y fut un long martyre. Hugo Wolf, qui se débattit furieusement, avant de succomber, a exprimé sur Vienne des jugements implacables.

[46] Le roi Jérôme avait offert à Beethoven un traitement de six cents ducats d’or, sa vie durant, et une indemnité de voyage de cent cinquante ducats d’argent, contre l’unique engagement de jouer quelquefois devant lui, et de diriger ses concerts de musique de chambre, qui ne devaient être ni longs, ni fréquents. (Nohl, XLIX.) Beethoven fut tout près de partir.

[47] Le Tancrède de Rossini suffit à ébranler tout l’édifice de la musique allemande. Bauernfeld, cité par Ehrhard, note dans son Journal ce jugement qui circulait dans les salons de Vienne, en 1816: «Mozart et Beethoven sont de vieux pédants; la bêtise de l’époque précédente les goûtait; c’est seulement depuis Rossini qu’on sait ce que c’est que la mélodie. Fidelio est une ordure; on ne comprend pas qu’on se donne la peine d’aller s’y ennuyer.»

Beethoven donna son dernier concert, comme pianiste, en 1814.

[48] La même année, Beethoven perdit son frère Carl: «Il tenait beaucoup à la vie, autant que je perdrais volontiers la mienne», écrivait-il à Antonia Brentano.

[49] A part sa touchante amitié avec la comtesse Maria von Erdödy, toujours souffrante comme lui, atteinte d’un mal incurable, et qui perdit subitement en 1816 son fils unique. Beethoven lui dédia, en 1809, ses deux trios, op. 70, et en 1815-1817, ses deux grandes sonates pour violoncelle, op. 102.

[50] En dehors de la surdité, sa santé empirait de jour en jour. Depuis octobre 1816, il était très malade d’un catarrhe inflammatoire. Pendant l’été de 1817, son médecin lui dit que c’était une maladie de poitrine. Dans l’hiver 1817-1818, il se tourmenta de cette soi-disant phtisie. Puis ce furent des rhumatismes aigus en 1820-1821, une jaunisse en 1821, une conjonctivite en 1823.

[51] Remarquer que de cette année date, dans sa musique, un changement de style, inauguré par la sonate op. 101.

Les cahiers de conversation de Beethoven, formant plus de 11 000 pages manuscrites, se trouvent réunis aujourd’hui à la Bibliothèque royale de Berlin.

[52] Schindler, qui devint l’intime de Beethoven, depuis 1819, était entré en relations avec lui dès 1814; mais Beethoven avait eu la plus grande peine à lui accorder son amitié; il le traitait d’abord avec une hauteur méprisante.

[53] Voir les admirables pages de Wagner sur la surdité de Beethoven. (Beethoven, 1870.)

[54] Il aimait les bêtes et avait pitié d’elles. La mère de l’historien von Frimmel racontait qu’elle avait conservé longtemps une haine involontaire pour Beethoven, parce que, quand elle était petite fille, il chassait avec son mouchoir tous les papillons qu’elle voulait prendre.

[55] Il se trouvait toujours mal logé. En trente-cinq ans, il changea trente fois d’appartement, à Vienne.

[56] Beethoven s’était adressé personnellement à Cherubini, qui était «de ses contemporains celui qu’il estimait le plus». (Nohl, Lettres de Beethoven, CCL.) Cherubini ne répondit pas.

[57] «Je ne me venge jamais, écrit-il ailleurs à Mme Streicher. Quand je suis obligé d’agir contre d’autres hommes, je ne fais que le strict nécessaire pour me défendre, ou pour les empêcher de faire le mal.»

[58] Nohl, CCCXLIII.

[59] Nohl, CCCXIV.

[60] Nohl, CCCLXX.

[61] Nohl, CCCLXII-LXVII. Une lettre, que vient de retrouver à Berlin M. Kalischer, montre avec quelle passion Beethoven voulait faire de son neveu «un citoyen utile à l’État» (1ᵉʳ février 1819).

[62] Schindler, qui le vit alors, dit qu’il devint, subitement, comme un vieillard de soixante-dix ans, brisé, sans force, sans volonté. Il serait mort, si Charles était mort.—Il mourut peu de mois après.

[63] Le dilettantisme de notre temps n’a pas manqué de chercher à réhabiliter ce drôle. Cela ne peut surprendre.

[64] Lettre de Fischenich à Charlotte Schiller (janvier 1793). L’ode de Schiller avait été écrite en 1785.—Le thème actuel apparaît en 1808, dans la Fantaisie pour piano, orchestre et chœur, op. 80, et en 1810, dans le Lied, sur des paroles de Gœthe: Kleine Blumen, kleine Blætter.—J’ai vu dans un cahier de notes de 1812, appartenant au Dʳ Erich Prieger, à Bonn, entre les esquisses de la Septième Symphonie et un projet d’ouverture de Macbeth, un essai d’adaptation des paroles de Schiller au thème qu’il utilisa plus tard dans l’ouverture op. 115 (Namensfeier).—Quelques-uns des motifs instrumentaux de la Neuvième Symphonie se montrent avant 1815. Enfin, le thème définitif de la Joie est noté en 1822, ainsi que tous les autres airs de la Symphonie, sauf le trio, qui vient peu après, puis l’andante moderato, et enfin l’adagio, qui paraît le dernier.

Sur le poème de Schiller, et sur la fausse interprétation qu’on en a voulu donner, de notre temps, en substituant au mot Freude (Joie) le mot Freiheit (Liberté), voir un article de Charles Andler dans Pages Libres (8 juillet 1905).

[65] Bibliothèque de Berlin.

[66] Also ganz so als ständen Worte darunter. («Tout à fait comme s’il y avait des paroles dessous.»)

[67] La Messe en ré, op. 123.

[68] Beethoven, harassé par les tracas domestiques, la misère, les soucis de tout genre, n’écrivit en cinq ans, de 1816 à 1821, que trois œuvres pour piano (op. 101, 102, 106). Ses ennemis le disaient épuisé. Il se remit au travail en 1821.

[69] Février 1824. Signèrent: prince C. Lichnowski, comte Maurice Lichnowski, comte Maurice de Fries, comte M. de Dietrichstein, comte F. de Palfy, comte Czernin, Ignace Edler de Mosel, Charles Czerny, abbé Stadler, A. Diabelli, Artaria et C., Steiner et C., A. Streicher, Zmeskall, Kiesewetter, etc.

[70] «Mon caractère moral est reconnu publiquement»,—dit fièrement Beethoven à la municipalité de Vienne, le 1ᵉʳ février 1819, pour revendiquer son droit de tutelle sur son neveu. «Même des écrivains distingués, comme Weissenbach, ont jugé qu’il valait la peine de lui consacrer des écrits.»

[71] En août 1824, il était hanté de la crainte de mourir brusquement d’une attaque, «comme mon cher grand-père, avec qui j’ai tant de ressemblance», écrit-il, le 16 août 1824, au docteur Bach.

Il souffrait beaucoup de l’estomac. Il fut très mal pendant l’hiver de 1824-1825. En mai 1825, il eut des crachements de sang, et des saignements de nez. Le 9 juin 1825, il écrit à son neveu: «Ma faiblesse touche souvent à l’extrême.... L’homme à la faux ne tardera pas à venir.»

[72] La Neuvième Symphonie fut exécutée pour la première fois, en Allemagne, à Francfort, le 1ᵉʳ avril 1825; à Londres, dès le 25 mars 1825; à Paris, au Conservatoire, le 27 mars 1831. Mendelssohn, âgé de dix-sept ans, en donna une audition sur le piano, à la Jaegerhalle de Berlin, le 14 novembre 1826. Wagner, étudiant à Leipzig, la recopia tout entière de sa main; et, dans une lettre du 6 octobre 1830 à l’éditeur Schott, il lui offre une réduction de la symphonie, pour piano à deux mains. On peut dire que la Neuvième Symphonie décida de la vie de Wagner.

[73] «Apollon et les Muses ne voudront pas me livrer déjà à la mort; car je leur dois tant encore! Il faut qu’avant mon départ pour les Champs-Élysées, je laisse après moi ce que l’Esprit m’inspire et me dit d’achever. Il me semble que j’ai à peine écrit quelques notes.» (Aux frères Schott, 17 septembre 1824.—Nohl, Neue Briefe, CCLXXII.)

[74] Beethoven écrit à Moscheles, le 18 mars 1827: «Une Symphonie entièrement esquissée est dans mon pupitre, avec une nouvelle ouverture.» Cette esquisse n’a jamais été retrouvée.—On lit seulement dans ses notes:

«Adagio cantique.—Chant religieux pour une symphonie dans les anciens modes (Herr Gott dich loben wir.—Alleluja), soit d’une façon indépendante, soit comme introduction à une fugue. Cette symphonie pourrait être caractérisée par l’entrée des voix, soit dans le finale, soit dès l’adagio. Les violons de l’orchestre, etc., décuplés pour les derniers mouvements. Faire entrer les voix une à une; ou répéter en quelque sorte l’adagio, dans les derniers mouvements. Pour texte de l’adagio, un mythe grec, [ou] un cantique ecclésiastique, dans l’allegro, fête à Bacchus.» (1818)

Comme on voit, la conclusion chorale était alors réservée pour la Dixième et non pour la Neuvième Symphonie.

Plus tard, il dit qu’il veut accomplir dans sa Dixième Symphonie «la réconciliation du monde moderne avec le monde antique, ce que Gœthe avait tenté dans son Second Faust».

[75] Le sujet est la légende d’un chevalier, qui est amoureux et captif d’une fée, et qui souffre de la nostalgie de la liberté. Il y a des analogies entre le poème et celui de Tannhaeuser. Beethoven y travailla de 1823 à 1826. (Voir A. Ehrhard, Franz Grillparzer, 1900.)

[76] Beethoven avait, depuis 1808, le dessein d’écrire la musique de Faust. (La première partie du Faust venait de paraître, sous le titre de Tragédie, en automne 1807.) C’était là son projet le plus cher. («Was mir und der Kunst das Hœchste ist.»)

[77] «Le Sud de la France! c’est là! c’est là!» (Südliches Frankreich, dahin! dahin!) (carnet de la bibliothèque de Berlin).—«... Partir d’ici. A cette seule condition, tu pourras de nouveau t’élever dans les hautes régions de ton art.... Une symphonie, puis partir, partir, partir.... L’été, travailler pour le voyage.... Parcourir l’Italie, la Sicile avec quelque autre artiste.» (Id.)

[78] En 1819, il faillit être poursuivi par la police, pour avoir dit trop haut «qu’après tout, le Christ n’était qu’un Juif crucifié». Il écrivait alors la Messe en ré. C’est assez dire la liberté de ses inspirations religieuses. (Voir, pour les opinions religieuses de Beethoven, Théodor von Frimmel: Beethoven, 3ᵉ éd. Verlag Harmonie; et Beethoveniana, éd. Georg Müller, vol. II, chap. Blöchinger.)—Non moins libre en politique, Beethoven attaquait hardiment les vices de son gouvernement. Il lui reprochait, entre autres choses: l’organisation de la justice, arbitraire et servile, entravée par une longue procédure;—les vexations policières;—la bureaucratie baroque et inerte, qui tuait toute initiative individuelle et paralysait l’action;—les privilèges d’une aristocratie dégénérée, tenace à s’arroger les plus hautes charges de l’État.—Ses sympathies politiques semblaient être alors pour l’Angleterre.

[79] Le suicide de son neveu.

[80] Voir sur la Dernière maladie et la mort de Beethoven un article du Dʳ Klotz-Forest, dans la Chronique médicale du 1ᵉʳ et du 15 avril 1906.—On a des renseignements assez précis par les Cahiers de conversation, où sont inscrites les questions du docteur, et par le récit du docteur lui-même (Dʳ Wawruch), paru, sous le titre de: Aerztlicher Rückblick auf L. V. B. letzte Lebenstage dans la Wiener Zeitschrift en 1842 (daté du 20 mai 1827).

Il y eut deux phases dans la maladie: 1º des accidents pulmonaires, qui semblèrent arrêtés après six jours. «Le septième jour, il se sentit assez bien pour se lever, marcher, lire et écrire»;—2º des troubles digestifs, compliqués de troubles de circulation. «Le huitième jour, je le trouvai défait, le corps tout jaune. Un violent accès de diarrhée, compliquée de vomissements, avait failli le tuer dans la nuit.» A partir de ce moment, l’hydropisie se développa.

Cette rechute eut des causes morales, qui sont mal connues. «Une violente colère, une souffrance profonde, causée par l’ingratitude dont il avait souffert, et une injure imméritée, avaient occasionné cette explosion, dit le Dʳ Wawruch. Tremblant et frissonnant, il était courbé par la douleur qui déchirait ses entrailles.»

Résumant ces diverses observations, le Dʳ Klotz-Forest diagnostique, après une attaque de congestion pulmonaire, la cirrhose atrophique de Laënnec (maladie de foie), avec ascite, et œdème des membres inférieurs. Il croit que l’usage immodéré des boissons spiritueuses y contribua. C’était déjà l’avis du Dʳ Malfatti: «Sedebat et bibebat».

[81] Les Souvenirs du chanteur Ludwig Cramolini, qui viennent d’être publiés, racontent une émouvante visite à Beethoven, pendant sa dernière maladie, où Beethoven se montra d’une sérénité et d’une bonté touchantes. (Voir la Frankfurter Zeitung du 29 septembre 1907.)

[82] Les opérations eurent lieu le 20 décembre, le 8 janvier, le 2 février, et le 27 février.—Le pauvre homme, sur son lit de mort, était rongé par les punaises. (Lettre de Gerhard von Breuning.)

[83] Le jeune musicien Anselm Hüttenbrenner.

«Dieu soit loué!» écrit Breuning. «Remercions-le d’avoir mis fin à ce long et douloureux martyre.»

Tous les manuscrits, livres et meubles de Beethoven furent vendus aux enchères pour 1 575 florins. Le catalogue comprenait 252 numéros de manuscrits et de livres musicaux, qui ne dépassèrent pas la somme de 982 florins 37 kreutzer. Les Cahiers de conversation et les Tagebücher furent vendus 1 florin 20 kreutzer.—Parmi ses livres, Beethoven possédait: Kant, Naturgeschichte und Theorie des Himmels;—Bode, Anleitung zur Kenntnis des gestirnten Himmels;—Thomas von Kempis, Nachfolge Christi.—La censure mit la main sur: Seume, Spaziergang nach Syrakus;—Kotzebue, Ueber den Adel;—Fessler, Ansichten von Religion und Kirchentum.

[84] «Je suis heureux toutes les fois que je surmonte quelque chose.» (Lettre à l’Immortelle Aimée.)—«Je voudrais vivre mille fois la vie.... Je ne suis pas fait pour une vie tranquille.» (A Wegeler, 16 novembre 1801.)

[85] «Beethoven m’enseigna la science de la nature, et me dirigea dans cette étude comme dans celle de la musique. Ce n’étaient pas les lois de la nature, mais sa puissance élémentaire qui l’enchantait.» (Schindler.)

[86] «Oh! si belle est la vie; mais la mienne est pour toujours empoisonnée» (vergiftet). (Lettre du 2 mai 1810, à Wegeler.)

[87] Heiligenstadt est un faubourg de Vienne. Beethoven y était en séjour.

[88] Le nom a été oublié sur le manuscrit.

N. B.—Les mots en italiques sont soulignés dans le texte.

[89] Je voudrais, à propos de cette douloureuse plainte, exprimer une remarque, qui, je crois, n’a jamais été faite.—On sait qu’à la fin du second morceau de la Symphonie pastorale, l’orchestre fait entendre le chant du rossignol, du coucou, et de la caille; et on peut dire d’ailleurs que la Symphonie presque tout entière est tissée de chants et de murmures de la Nature. Les esthéticiens ont beaucoup disserté sur la question de savoir si l’on devait ou non approuver ces essais de musique imitative. Aucun n’a remarqué que Beethoven n’imitait rien, puisqu’il n’entendait rien: il recréait dans son esprit un monde qui était mort pour lui. C’est ce qui rend si touchante cette évocation des oiseaux. Le seul moyen qui lui restât de les entendre, était de les faire chanter en lui.

[90] Probablement écrit en 1801.

[91] Stephan von Breuning.

[92] Zmeskall (?). Il était secrétaire aulique à Vienne, et resta dévoué à Beethoven.

[93] Op. 18, numéro 1.

[94] Nohl, dans son édition des Lettres de Beethoven, a supprimé les mots: und den Schöpfer (et le Créateur).

[95] Éléonore.

[96] Il m’a semblé qu’il n’était pas sans intérêt de donner les deux lettres suivantes, qui font connaître ces excellentes gens, les plus fidèles amis de Beethoven. Aux amis, on juge l’homme.

[97] On remarquera que les amis de ce temps, même quand ils s’aimaient le mieux, étaient d’une affection moins impatiente que la nôtre. Beethoven répond à Wegeler dix mois après sa lettre.

[98] Beethoven ne se doutait pas qu’il écrivait alors sa dernière œuvre: le second finale de son quatuor op. 130. Il était chez son frère, à Gneixendorf, près de Krems, sur le Danube.

[99] Duc de la Châtre.

[100] Beethoven, près de manquer d’argent, s’était adressé à la Société philharmonique de Londres, et à Moscheles, alors en Angleterre, pour tâcher d’organiser un concert à son bénéfice. La Société eut la générosité de lui envoyer aussitôt cent livres sterling comme acompte. Il en fut ému jusqu’au fond du cœur. «C’était un spectacle déchirant, dit un ami, de le voir, au reçu de cette lettre, joignant les mains, et sanglotant de joie et de reconnaissance.» Dans l’émotion, la blessure de sa plaie se rouvrit. Il voulut encore dicter une lettre de remerciements aux «nobles Anglais, qui avaient pris part à son triste sort»; il leur promettait une œuvre: sa Dixième Symphonie, une Ouverture, tout ce qu’ils voudraient. «Jamais encore, disait-il, je n’ai entrepris une œuvre avec autant d’amour, que je le ferai pour celle-ci.» Cette lettre est du 18 mars. Le 26 il était mort.

[101] En français dans le texte, sauf le dernier mot.

[102] «Le jeu de Beethoven, comme pianiste n’était pas correct, et sa manière de doigter était souvent fautive; la qualité du son était négligée. Mais qui pouvait songer à l’instrumentiste? On était absorbé par ses pensées, comme ses mains devaient les exprimer, de quelque manière que ce fût.» (Baron de Trémont, 1809.)

[103] Les mots soulignés, avec leur orthographe défectueuse, sont en français dans le texte.

Nous avons dit plus haut qu’à cette lettre Cherubini ne répondit jamais.


Chargement de la publicité...