Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
Création et emploi du capital 7,500,000 francs
Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans.
Émission de 15,000 actions de 500 fr., payables en cinq annuités de 100 fr. (coupons d'action).
Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs.
| 1e année — 15,000 | coupons de 100 fr., produisant | 1,500,000 fr. | pour | 3 | colonies. |
| 2e année — 15,000 | 1,500,000 fr. | 3 | colonies. | ||
| 3e année — 15,000 | 1,500,000 fr. | 3 | colonies. | ||
| 4e année — 15,000 | 1,500,000 fr. | 3 | colonies. | ||
| 5e année — 15,000 | 1,500,000 fr. | 3 | colonies. | ||
| Total | 7,500,000 fr. | 15 | colonies. |
Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable après la cinquième année, peut s'appliquer à une nouvelle série quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant dix,—quinze,—vingt ans. On pourra donc, avec le même capital 7,500,000 francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération continuer tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le jugeront utile.
Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans.
| 1o Pour une colonie de 40 familles |
500,000 | fr. |
| Savoir: A.—Pour 1 famille: 9,500 fr. |
||
| – Outillage agricole | 2,500 | fr. |
| – Animaux à cheptel | 5,500 | |
| – Passage | 1,500 | |
| 9,500 | fr. | |
| B.—Pour 40 familles, 9,500 × 40 = | 380,000 | fr. |
| Frais d'administration et réserve. | 120,000 | |
| 500,000 | fr. | |
| 2o Pour 3 colonies (120 familles) |
1,500,000 | fr. |
| Savoir: Frais d'établissement et outillage |
1,140,000 | fr. |
| Frais d'administration | 110,000 | |
| Id. magasins commerciaux | 150,000 | |
| 1,500,000 | fr. | |
Nota.—Les frais d'administration étant compris dans la distribution du capital, nous avons dû ne pas les faire entrer en ligne de compte dans la répartition des bénéfices.
TABLEAU RÉSUMÉ
De l'œuvre de colonisation à production élevée à appliquer
dans les territoires nationaux de la République
Argentine.
A.—Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation des territoires nationaux dans la République argentine.
- Situation malheureuse du petit cultivateur européen.
- Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation.
- La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole.
- Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands.
- Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République Argentine.
- Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876.
- Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853, passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et avances remboursables.—Colonie San-Martin.
B.—Système de colonisation perfectionnée.
- Axiome économique: terre + travail + capitalm = productionm.
- Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long des voies ferrées.
- Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7 % par le gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa, San-Juan.
C.—****** de l'œuvre de colonisation à production élevée.
- Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.—Sans
autres dépenses
- Création de centres de population, foyers de production, d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels.
- Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux, source de revenus incalculables pour le trésor public.
- Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail.
Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir:
Concession de 50 hectares de terrain.
Avances remboursables:
– Passage d'Europe à Amérique.1,500 fr. – Maison d'habitation; subsistance pour l'année; outillage agricole. 2,500 Animaux à cheptel.
– 500 brebis;
– 20 vaches;
– 5 juments.Capital remboursable. 5,500 Total (à 10 % 20 % prime.) 9,500 fr. Bénéfices.
- Produit total de l'industrie agricole;
- Moitié du produit cheptel.
- Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans.
- 10 % sur le capital durant cinq ans;
- 20 % prime sur le capital, après cinq ans;
- Moitié du produit cheptel;
- Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie.
D.—Administration.
- Centrale.
- Conseil d'administration;
- Directeur général;
- Un trésorier;
- Un comptable.
- Coloniale résidant aux colonies.
- Un directeur général;
- Un inspecteur;
- Un comptable;
- Un agent du magasin commercial dans chaque colonie.
APPENDICE
Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine.
On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la race bovine (celle de la race ovine produit bien davantage) par le calcul suivant fait par un estancier, Mr de Brayer:
«Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois mille têtes de bétail19 placées sur un établissement déjà monté, produit net au bout de six années, tous frais payés, la somme de cent trente-sept mille cent quatre-vingt-treize francs; c'est-à-dire que ce troupeau de trois mille vaches s'accroît chaque année dans une proportion croissante de trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux tués pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve avoir, au bout de six années de travail et de soins, un troupeau de dix mille quatre cent quatorze têtes de bétail.
«Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature du terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement une lieue carrée pour deux mille vaches.»
Émigration et colonisation, par Arsène Isabelle, ex-chancelier du consulat français à Montevideo, page 43.
Dans les 13me et 14me volumes des Annales du club rural de Buenos Ayres, publication mensuelle des plus remarquables et des plus intéressantes, on trouvera les rapports de diverses commissions qui donneront une idée de la grandeur et de l'importance qu'a prise l'industrie du bétail dans la République Argentine. Nous allons donner, d'après ces rapports, un état sommaire de quelques-uns de ces établissements.
1879.—Estancia de Rosario de las Flores.—Propriétaire, M Chas.
Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à trente-cinq lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé par le chemin de fer du Sud. Près de la station, M. Chas a fait construire des magasins et des hangars pour le dépôt de ses laines.
Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six sont clôturées en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison de 1,400 à 2,000 francs la lieue. Dans les six lieues clôturées, une lieue est affermée pour 3,400 francs20. Les cinq restantes sont exploitées par M. Chas.
Exploitation de cinq lieues.—La valeur de la terre de M. Chas est estimée 28,000 fr. la lieue.
Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000 vaches, 500 juments et 10,000 brebis dans une lieue.
Maison d'habitation.—Non loin de la station du chemin de fer est située la maison d'habitation solidement construite et à terrasse, sur une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq. En face se trouvent la cuisine et les magasins de dépôt. Un peu plus loin sont les hangars pour la tonte des brebis et le dépôt des laines. Autour de ces hangars et à une courte distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de piquets pour y renfermer les animaux la nuit.
Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin religieux la chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père, an commencement de son exploitation en 1857.
Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte 80,000 peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux mètres d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un champ de 21 hectares est semé en luzerne. Chaque année M. Chas sème 16 hectares de maïs; son rendement est de 39 hectolitres par hectare.
Animaux.—Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et après une vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en 1879, 3,000 vaches et 3,000 juments.
Brebis.—L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis de race, sur lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500 communes croisées avec des béliers Negrette.
Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de 200 à 1,700 francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr. La toison d'une des brebis Negrette qui obtint une prime à l'exposition de Philadelphie et une médaille d'or à celle de Paris, pesait 31 livres 3/4.
Estancia du Tatay de Samuel Hale.
Cette belle estancia est située dans le district de Carmen d'Areco, à deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de celle de Buenos-Ayres.
La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de tous côtés par sept fils de fer.
Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares), pour pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une lieue carrée, 32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000 francs.
D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait de 80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux et juments.
Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de 1,600 hectares, il nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600 brebis, s'entretenant sur ce terrain, produit annuellement en laine 240 arrobes, de vingt cinq livres chaque (2,400 kil.), vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes, soit deux francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400 animaux femelles d'augmentation pour le troupeau.
Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître avec des cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de dépôt de l'autre, plus loin d'autres bâtiments pour fumer les jambons, pour extraire la graisse des animaux, des hangars pour la tonte et dépôt de laine, des volières, un magnifique jardin et enfin les diverses enceintes entourées de piquets pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des constructions existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias, peupliers....
Vaches.—L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles 1,000 sont de race croisée Devon et Durham. La race Devon a ses quartiers de devant plus parfaits et s'entretient à moins de frais et engraisse facilement; seulement, elle n'acquiert pas le volume des Durham et des Herfords. 150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service de la reproduction croisée.
Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs.
Brebis.—Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines, en majeure partie de race Negrette et Rambouillet. Divers béliers de ces races ont produit 35 et 36 livres de laine. En général, ils donnent des toisons de 18 à 20 livres et les brebis 8 livres. La race Lincoln a été également introduite dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit 33,315 francs.
Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme moyen, 5 livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis 185,600 kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr.
Chevaux.—L'établissement ne contient que 350 juments et 50 étalons.
Cochons.—Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs, longs de corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent 80 à 100 kilogrammes, et à un an 120 à 140.
Administration.—L'administration se compose d'un majordome et d'un aide-majordome, d'un comptable, un teneur de livres chargé des magasins à denrées et des dépôts. Il y a un chef domestique et des pasteurs-chefs pour chaque espèce d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les serviteurs et pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un jardinier, un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement.
Produit.—Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019 piastres papiers, soit 593,400 francs.
Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs.
La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs.
Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une rare bonté, âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir Samuel Hale.
Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra.
L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra, est située dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues et un tiers. Le chemin de fer de las Ensenades traverse le domaine, lequel se termine au sud-est du fleuve de Rio de la Plata.
De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494 hectares) sont affermées à des cultivateurs en onze fermes de 70 cuadres (116 hectares), deux de 83 hectares chacune et une de 44 hectares. Toutes ces fermes sont séparées les unes des autres par des haies vives et des chemins larges de dix-sept mètres. Les haies ont une extension de 34,400 mètres.
Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare 66 ares).
Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont destinées à l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en deux parties par une clôture en fil de fer. La partie basse près du fleuve, le Rio de la Plata, d'environ une lieue trois quarts, est destinée au pacage des vaches et juments, au nombre de 7,000 têtes de la première race, croisées Herford et Durham et de 800 de la seconde, croisement avec étalons Claveland. Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la race ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers Rambouillet et Southdown.
Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de lieue a été divisé en cinq compartiments destinés aux poulains de la race la plus fine de chaque espèce.
151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare situé autour du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées en luzerne.
Habitation.—En face la station Pereyra du chemin de fer se trouve la maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais. On y arrive par une large allée bordée de grands arbres, traversant le parc; c'est la résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers sont occupés aux travaux et à l'entretien du parc et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est destiné au majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables pour les animaux de fine race complètent l'ensemble des constructions.
Race chevaline.—La race chevaline est représentée, dans cet établissement, par mille juments de divers degrés de croisement.
35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland.
35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon Trakenem, de race allemande, introduite en 1876.
Les poulains de ces races se vendent 600 francs.
Deux autres groupes de juments sont destinés à produire les chevaux galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite d'aller à un pas de galop sans trop fatiguer le cheval et le cavalier.
Race bovine.—3,600 vaches, de divers croisements, sont servies par des taureaux Herford à face blanche.
3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham. La première de ces races a été choisie parce qu'elle est plus robuste et moins difficile à élever.
La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle produit une plus grande masse de viande.
Race ovine.—Deux races de brebis sont élevées dans le domaine de San-Juan, la race Southdown à face et pattes noires, sans cornes, et la race Rambouillet.
Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles sont servies par des béliers de pure race.
Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis.
Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit mois, pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans.
Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé après leur mort 9 arrobes (90 kil.).
La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet, parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs de plus par arrobe.
Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis.
300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons pesant de 18 à 32 livres de laine. Ces brebis sont menées au pâturage pendant le jour, et la nuit, on leur donne, dans des hangars, du fourrage sec à manger.
L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine, ce qui, pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une comportant l'autre.
À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines, tout aussi importants et aussi bien tenus, tels que ceux de M. Émile Duportal, à San-Vicente, de MM. Casares, Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard Olivera21. Celles dont je viens de faire la sommaire description suffiront pour démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que l'industrie du bétail est appelée à produire dans la République Argentine.
Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement argentin depuis trente ans à l'œuvre de la colonisation de son vaste territoire et de sa décision à en poursuivre l'exécution, nous reproduisons ici la lettre de félicitation et de remerciements pour notre initiative de colonisation, que nous faisait adresser, en septembre 1854, le gouvernement argentin, sous le général Urquiza, par l'éminent ministre de l'intérieur, M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la République Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je crois nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires nationaux en accordant de larges concessions et en protégeant les colons.»
Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga:
Parana, 11 septembre 1858.
Monsieur le docteur Brougnes,
«Son Excellence M. le président de la République Argentine a reçu un exemplaire de votre ouvrage intitulé: Extinction du paupérisme agricole par la colonisation dans les provinces de la Plata. La lecture de votre livre a complètement satisfait Son Excellence; elle m'a chargé de vous remercier en son nom, non-seulement de l'envoi d'un exemplaire dudit ouvrage, mais surtout du service important que vous rendez à la confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts les plus vitaux, celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs honnêtes et laborieux.
«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante de vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent en Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop nombreuse population, pendant que nos immenses et fertiles plaines manquent presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux travailleurs agricoles, du travail et la subsistance aux indigents, telle est la question à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique, question dont vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous honore. Le gouvernement argentin ne négligera rien, pour son compte, et s'imposera tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose entreprise.
«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret du 9 septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la République fait de vos travaux et de votre activité pour l'accomplissement de l'œuvre dont la direction vous a été confiée, celle d'introduire dans notre pays des émigrants utiles et laborieux.
«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis, à mon tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important travail, et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération,
Le ministre de l'intérieur,
Benjamin GOVOSTIAGA.
DÉCRET
Panama, 9 septembre 1852.
En vue de répandre, dans la République Argentine, les idées bien conçues sur l'émigration européenne et de prouver le grand intérêt que prend le gouvernement pour les travaux des hommes d'intelligence sur cette question, et sur les avantages que l'agriculture, l'industrie, le commerce peuvent retirer de l'exploitation de notre sol,
Le Président de la République Argentine décrète:
Article 1er.—Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé: Extinction du paupérisme agricole par la colonisation dans les provinces de la Plata, sera traduit en espagnol, imprimé et publié aux frais du Trésor National.
Art. 2.—L'exemplaire adressé au gouvernement argentin par M. Brougnes, sera déposé aux archives. Des remerciements seront adressés à l'auteur.
Art. 3.—Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent décret.
Art. 4.—Il sera publié et communiqué à qui de droit.
Le Président de la République Argentine,
URQUIZA.
Le secrétaire général,
V. Quesada.
Le ministre de l'intérieur,
B. Gorostiaga.
L'œuvre de colonisation à production élevée, dont nous venons d'exposer la combinaison et l'organisation, est destinée aux familles de cultivateurs pauvres dont la situation nous a paru irrémédiable par tout autre moyen. En les transformant en grands propriétaires, éleveurs de nombreux troupeaux d'animaux, avec l'outillage nécessaire à l'exploitation du sol, nous faisons de ces familles des agents de grande production, dont partie doit appartenir, en toute justice, à l'entreprise qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats heureux de l'œuvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des bénéfices sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui que nous avons rationnellement calculé. Mais ces bénéfices, si réduits qu'ils soient, nul ne peut les nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour cent par an et la prime de vingt pour cent alloués par la loi argentine au capital employé à la colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et immobilier du colon et sur une grande concession de terre qui devient propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la colonie, c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à l'opération. Il y a donc toute sécurité pour le capital et de grands bénéfices à réaliser, tout en rendant au cultivateur pauvre le plus grand des services, celui de l'arracher au goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de le placer sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons une bonne œuvre et une bonne action.
Dr BROUGNES.
Carte Géographique
de la République Argentine
avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.
NOTES
Note 1: (retour) En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en Europe, situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés à cette époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée, j'entrepris un voyage dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la question du paupérisme agricole européen.2 Dès mon arrivée dans cette contrée, je ne tardai pas à reconnaître que la solution du problème que je cherchais à résoudre était trouvée. L'inspiration de mon entreprise m'était venue en lisant le journal la Semaine, du 22 novembre 1850, où je trouvais la pensée de Cohen écrite en tête de cette introduction.
À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous la zone des climats tempérés, entre les 30e et 40e degrés de latitude sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où le sol est d'une fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage couvertes de bétail, sol facile à défricher, facile à exploiter, que les gouvernements et même le particulier vendaient à vil prix, ou concédaient même gratis; à la vue, dis-je, de ces immenses plaines sans limites et incultivées, je me décidai à faire profiter le cultivateur pauvre européen des conditions si favorables pour lui. C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo, en 1852, une brochure ayant pour titre: Moyen de s'enrichir par la culture du sol en Uruguay.
Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je proposais. Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si salubre, si fertile, si pittoresque, qui m'était offert par le gouvernement de Corrientes, fixa mon choix, et un contrat fut passé le 29 janvier 1853, lequel fut garanti par le gouvernement national le 12 octobre 1854. Un caprice du gouverneur de Corrientes lui ayant fait établir la colonie à Ste-Anne, à trois lieues de la capitale, au lieu de l'établir dans le territoire des missions, m'amena à demander la résiliation du contrat; ma proposition, acceptée par le gouvernement National, se termina par une transaction avec indemnité en 1863. La colonie transférée dans le territoire des missions en 1862, porte le nom de St-Martin; elle est située sur le bord du fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu, ancienne capitale des jésuites.
Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro, inspecteur des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce rapport la partie relative à la colonie St-Martin.
«D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent dans un état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le sieur Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept cents vaches. Il en possède plus d'un millier.»
Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille lieues carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du gouvernement national, qui va y établir des colonies.
Note 2: (retour) Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans les provinces de la Plata, par le docteur BROUGNES.
(Bagnères, 1854.)
Note 3: (retour) Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à 2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent, soit 687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et fenêtres...
Territoires Nationaux.
| À l'Ouest | Les Pampas | 10,000 | lieues carrées. |
| Les Andes | 3,000 | — | |
| Le Rio Negro | 4,000 | — | |
| Le Limay | 1,000 | — | |
| Au Sud | Le Chubut | 5,000 | — |
| La Patagonie | 10,000 | — | |
| Au Nord | Les Missions jésuitiques | 2,000 | — |
| Le Chaco | 8,000 | — | |
| Total | 43,000 | — | |
Territoire des Provinces Argentines.
| Superficies. | Population. | |||
| Buenos-Ayres, capitale. | 5 | lieues carrées | 300,000 | âmes. |
| Buenos-Ayres, province | 7,000 | — | 195,121 | |
| Entrerios | 5,000 | — | 135,000 | |
| Santa-Fé | 2,000 | — | 88,981 | |
| Corrientes | 6,000 | — | 125,000 | |
| San-Luis | 2,000 | — | 53,268 | |
| Cordova | 6,000 | — | 216,241 | |
| Santiago de l'Estero | 3,500 | — | 133,243 | |
| Xucuman | 1,570 | — | 109,106 | |
| Salta | 5,000 | — | 110,000 | |
| Jujui | 3,000 | — | 40,265 | |
| Mendosa | 6,500 | — | 65,456 | |
| San Juan | 3,200 | — | 60,328 | |
| La Rioja | 3,500 | — | 48,959 | |
| Catamarca | 3,500 | — | 80,052 | |
| Indiens divers. | 91,090 | |||
| Total | 57,775 | lieues carrées. | 1,755,040 | âmes. |
Note 5: (retour) On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France, que l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait. Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire. L'Angleterre, plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à l'émigration. De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et d'Irlande 2,307,470 émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en 1878, il sortit de ce même pays 147,663 émigrants pour les destinations suivantes: 81,557 pour les États-Unis de l'Amérique du Nord;—37,224 pour l'Australie;—13,836 pour les possessions anglaises;—13,036 pour autres pays divers. Est-ce que, pour avoir perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre est moins riche aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non, c'est le contraire. On a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants diminuait la masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact. En général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même qui, après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans les caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport. Il faut, d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la connaissance de tout le monde: c'est le chiffre considérable d'argent que nos émigrants, établis à l'étranger, envoient à leur patrie. On a constaté que les émigrants anglais établis dans les États-Unis de l'Amérique du Nord envoient chaque année à leurs parents et aux banques de dépôt un million de livres sterling (25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis dans la République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de cinq à six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je signalerai une autre considération d'une haute moralité: C'est la séparation des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes d'Europe. On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur, vivant dans les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à quitter la maison paternelle pour aller dans les villes gagner un salaire qui leur permette de s'entretenir et de se procurer certaines jouissances de la vie qui n'existent pas dans le village. Il arrive alors que, libres de la direction et de la surveillance des parents, ils se livrent avec l'inexpérience de leur âge à l'entraînement des passions et des jouissances de la vie, souvent au détriment de leur santé et des sentiments moraux que leur avaient inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les grandes villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand, pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité pratique.
Note 6: (retour) Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin, lequel d'après certains colons, donne plus de rendement que le blé, et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le commerce extérieur.
Note 7: (retour) Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté pour les affaires commerciales dans la République Argentine.
| Territoires | Nom des Colonies. | Familles | Individus |
| Entrerios | Villa Libertad | 197 | 982 |
| Général Alvear | 173 | 923 | |
| Chaco | Resistencia | 308 | 1,421 |
| Presidente Avellanda | 106 | 774 | |
| Formosa | 13 | 74 | |
| Sta-Fé | Reconquista | 260 | 1,980 |
| San Xavier | 44 | 217 | |
| Iriondo | 74 | 216 | |
| Cordova | Caroya | 190 | 874 |
| Sampacho | 170 | 814 | |
| Chubut | Chubut | 187 | 750 |
| Patagonie | Santa Cruz | » | 62 |
| Buenos-Ayres | Olavarria | 85 | 433 |
| Total | 1,807 | 9,520 | |
Note 9: (retour) Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M. Picasso, a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la République Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud. Il emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de transport. Nous ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement.
Note 10: (retour) Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à cet effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un chemin de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet dernier (1882), il est venu demander au congrès, avec l'assentiment du gouvernement national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour le capital nécessaire à la construction de cette voie ferrée. Ce chiffre de garantie est généralement adopté par le gouvernement argentin pour les constructions des chemins de fer.
Note 11: (retour) La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud, s'étend à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le Nord-Ouest, entre le 39e et le 41e degrés de latitude sud, jusqu'à la confluence des deux fleuves Limay et Neuquen, à environ 170 lieues de la mer. Cette vallée qui tantôt se rétrécit et tantôt s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6 lieues de largeur, est couverte d'une végétation splendide: la vigne, le blé et toutes les céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux couvrent ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les crues des eaux du grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux grandes rivières le Limay et le Neuquen.
L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un rapport adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi:
«La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux parallèles; lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un détroit, tantôt s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la vallée alors se présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le sol formé de matériaux d'alluvion est d'une grande fertilité.»
—Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les colonels Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette assertion. 2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée, s'étendant à trente lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port St-Antoine, situé à 11 lieues au Sud de ce point.
Note 12: (retour) Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans la construction du chemin de fer que le gouvernement national fait construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de dépenses pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les conditions les plus faciles pour la construction des voies ferrées et peu de difficultés, sauf les deux Ponts à construire sur le Rio Cotorado et le Rio Negro, dont on pourrait réserver la construction pour le compte de l'État.
Note 13: (retour) Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore été faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le chiffre des distances que nous donnons a été calculé sur les rapports fournis par les chefs de détachement de l'armée expéditionnaire de l'année 1879. Ces rapports, insérés dans le grand ouvrage (itinéraire de la Pampa et du Rio Negro) du colonel Oloscoaga, chef du bureau topographique de l'expédition, donnent, outre les distances parcourues, un aperçu géographique de cette magnifique contrée, parsemée de lacs et de bouquets de grands arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de Buenos-Ayres. Condition heureuse pour une entreprise de chemins de fer qui trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements sont faciles à exécuter.
Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur Astrié.
Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a parcouru comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne qui s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et Mendosa au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son noble caractère, ses connaissances scientifiques, son généreux dévouement pour ses compatriotes, honore le nom français dans ces contrées. Je lui devais ici une manifestation de ma profonde et sympathique estime. Le docteur Astrié réside à Mercedes. Il est aujourd'hui médecin en chef du corps d'armée de l'Ouest.
Note 15: (retour) «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer, village situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce terrain n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la fondation du village, il y a vingt ans. (National de Buenos-Ayres, du 22 décembre 1881.)
Note 16: (retour) L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux saladeros, établissements où l'on tue des centaines d'animaux, chaque jour, pour les dépouiller du cuir et extraire le suif, les os, etc.
Note 17: (retour) Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons pris la moyenne des valeurs. Mais ces valeurs étant variables, il pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des avances à faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui sera réellement employé. Dans ce cas, on puisera dans la réserve assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance, et, dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci rentrera dans la réserve.
Note 18: (retour) La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir depuis longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui font des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient, dans une institution de cette classe, une puissante ressource pour leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser; surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie de sa prospérité.
Note 19: (retour) À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante francs. Cette différence de prix ne change pas la valeur du rendement, car si la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a haussé dans les mêmes proportions; mille vaches achetées pour cinquante mille francs produiraient aujourd'hui deux cent mille francs en six ans.
Note 20: (retour) La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres.
La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres.
Note 21: (retour) M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au progrès immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine. Ancien élève distingué de l'école de Grignon, agronome instruit, auteur d'un ouvrage très intéressant, en deux volumes, ayant pour titre: Voyages agricoles en Europe, organisateur de la grande société, le Club Rural Argentin, fondateur des annales de cette société, dans lesquelles il a publié plusieurs articles remarquables, M. Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important dans le mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez heureux d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français de son livre, serait une œuvre précieuse pour les agronomes et cultivateurs de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre nos mains, nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se chargera de la traduction. Sa publication sera une œuvre utile, et, je crois aussi, une bonne spéculation.
NOTES DU TRANSCRIPTEUR
Un mot illisible page 63 a été remplacé par des astérisques.
On a corrigé quelques coquilles, y compris dans les tableaux de chiffres. On a dû également changer la disposition de certains tableaux pour des questions de taille.