← Retour

Constantinople de Byzance à  Stamboul.

16px
100%

CHAPITRE II
LES ÉDIFICES OTTOMANS

I.—LES MOSQUÉES

MOSQUÉE DE BAYAZID

Elle a été construite de 906 à 911 par Bajazet II, le successeur et le fils du Conquérant, sur l’ancien forum Tauri. Son architecte Haïreddin fixa d’une façon précise la forme des chapiteaux et ouvrit ainsi une nouvelle voie à l’architecture ottomane.

La mosquée est précédée d’un parvis ou cour à colonnades, que recouvrent des coupoles supportées par des arcades en ogive où alternent le marbre rose et le marbre blanc. Chaque colonne est surmontée de chapiteaux ornés de stalactites. Au centre de la cour une fontaine sert aux ablutions (chadrivan). On entre dans la cour par trois portes, l’une s’ouvrant sur la façade et les deux autres sur les deux côtés; les quelques cyprès qu’on y a laissés lui donnent un aspect très pittoresque; lors de la fondation, des pigeons y élurent domicile et, depuis cette époque, les magnifiques galeries sont traversées par le vol des pigeons gris, bleus et argentés.

La légende rapporte «qu’un couple de pigeons avait été acheté par le Sultan fondateur à une pauvre veuve et que depuis, ils se seraient multipliés.» Mais la présence des oiseaux n’a réellement pas besoin d’être expliquée; dans la cour de chaque mosquée, on les trouve en grand nombre; les fidèles les nourrissent de grains achetés chez un vendeur ad hoc et qu’ils jettent eux-mêmes aux pigeons, poussés par un sentiment de piété ou dans l’espoir d’obtenir soit la guérison d’un malade, soit la réussite d’une affaire.

Pl. 38.


Mosquée du sultan Ahmed Ier et Hippodrome.

L’intérieur de la mosquée est splendide. Il présente un ensemble harmonieux et simple dont l’architecture, bien qu’elle en soit encore différente, rappelle, plus que toute autre mosquée de Constantinople, celle des mosquées de Brousse. La coupole, d’une forme gracieuse, repose sur quatre grands piliers. Le côté dirigé vers la Mecque renferme le Mihrab merveilleusement travaillé, au-dessus duquel s’ouvrent des fenêtres dont la disposition est semblable à celle qui caractérise les fenêtres de Yéchil-Djami à Brousse. Cinq portes permettent l’accès dans la mosquée. La porte principale de la mosquée, qui seule communique avec la cour, (Harim ou Avlou) se trouve située en face du Mihrab. Deux autres s’ouvrant en dehors de la cour, à une égale distance de la porte principale, communiquent avec les deux autres attenant à l’édifice. Les deux autres enfin, placées sur les côtés de la nef centrale, se font face, à proximité des piliers inférieurs. Chacune des deux arcades latérales qui supportent la coupole est divisée en deux arcades plus petites soutenues par deux immenses colonnes en porphyre rouge d’un mètre de diamètre, ornées d’un gigantesque chapiteau en marbre, artistement sculpté de stalactites. Peut-être ces colonnes sont-elles les mêmes que celles qui existaient au forum Tauri, où la mosquée fut bâtie. Au-dessus des deux arcades qui reposent sur la colonne et relient les deux piliers, des fenêtres ogivales et rondes s’ouvrent sur deux rangées. La disposition du plan est très intéressante. En entrant par la porte principale, deux ailes s’ouvrent à droite et à gauche, débordant les parties latérales de la nef et possédant chacune une entrée spéciale. Ces ailes n’ont aucun rapport avec la nef centrale. Elle forment une sorte de narthex, recouvert d’arcades en ogive. Si l’on se place à une extrémité quelconque de ces ailes, on a le spectacle grandiose d’une sorte de longue galerie à voûte, rappelant les réfectoires du moyen âge. Cette disposition a permis à l’architecte de créer dans la perspective intérieure du monument une variété de points de vue qui rompt la monotonie résultant ordinairement d’un plan carré; on ne la rencontre que dans cette mosquée.

Plan de la mosquée de Bayazid.

La tribune impériale, en marbre ciselé, se trouve à l’angle droit du mihrab, sur des colonnes. La tribune des muezzins, également en marbre et supportée par des colonnes, est adossée au pilier droit à l’entrée de la porte principale, qui est surmontée d’une galerie assise sur une rangée de consoles de marbre. Sur la porte principale, du côté de la cour, une plaque indique en lettres dorées, calligraphiées par le célèbre Hamdoullah, la date de la construction de cette mosquée.

و قد و قع الابتداء بالبناء فى لواخر ذى الحجة لسنة ست و تسعمائه ٩٠٦ واتفق الاتمام فى سنه احدى عشر و تسعمائه ٩١١

«La construction a été commencée vers les derniers jours du mois de Zilhidjé de l’an 906 et terminée en l’an 911 de l’Hégire.»

Hadikatul Djevami cite les noms d’Emin bey et de Hassan halifé comme étant deux des intendants de la mosquée désignés par le Sultan. Cette fonction était alors particulièrement recherchée. L’excédent des matériaux, ajoute le même livre, servit à Mehmed saïd effendi, moutemet (intendant) de la construction, pour élever une petite mosquée à Dizdarié.

La coupole de la mosquée est couverte en plomb et est ornée à son sommet d’un alem d’or en forme de croissant.

L’alem qui orne généralement le faîte de chaque coupole a plutôt la forme d’une corne double que d’un croissant. Son origine doit remonter aux Égyptiens, chez qui la corne était le symbole de la force. Les Turcs la fixaient aussi à l’extrémité de la hampe de leurs étendards.

De même que les autres grandes mosquées, celle-ci compte plusieurs dépendances, telles que l’imaret et la bibliothèque. La bibliothèque, restaurée dernièrement, est la plus grande de la ville. Plusieurs manuscrits de grande valeur y sont conservés. Elle fut fondée par Veliuddin effendi, Cheih-ul-islam. Tous les livres parus en turc jusqu’à nos jours y sont à la disposition du public.

L’aspect intérieur n’est plus le même qu’au temps passé. On y voyait jadis des pupitres très bas disposés sur le plancher couvert de nattes. Le public se mettait à genoux devant ces pupitres à la mode ancienne. Les costumes qu’on porte aujourd’hui exigèrent une installation moderne et ces pupitres (rahlés) furent remplacés par des tables, des fauteuils et des chaises. Dans le jardin, derrière la mosquée, se trouve la sépulture (turbé) de Bajazet II, mort en 1512. Ce tombeau fut construit sous Sélim.

MOSQUÉE DE SÉLIM Ier

Une des plus grandes mosquées bâties à Constantinople, après celles de Bayazid, est la mosquée de Sélim Ier, construite par l’architecte Sinan en 929, sur la cinquième colline qui domine la Corne d’Or; elle fut élevée en mémoire de Sélim Ier, père du sultan Suleïman, qui régnait alors. Elle se trouve tout près de la citerne ouverte de Bonus et peut être vue de tous les points de la ville. Elle a deux minarets. Un Avlou, dallé de marbre, pareil à celui de la mosquée de Bayazid, et entouré d’une galerie à colonnades surmontée de petites coupoles, mène à l’entrée du monument. On pénètre dans la cour par trois portes, une principale et deux autres latérales, toutes les trois en forme de niches ornées de stalactites. A côté des portes latérales, il en existe une petite, de forme ogivale, qui conduit aux escaliers des minarets. Dix-huit colonnes, rangées sur une estrade de marbre surélevée de 0m,50 au-dessus du sol, entourent la cour et supportent des arcades en ogive surbaissée. Sur le mur, de deux en deux colonnes, sont disposées des fenêtres également en ogive et dont les tympans sont ornés de faïences magnifiques.

Un chadrivan destiné aux ablutions est placé au milieu de la cour: c’est un bassin à bords relevés, rempli d’eau et entouré d’un grillage en fil de fer pour empêcher les oiseaux d’y pénétrer. Au bord du bassin s’ouvrent sur une même ligne de nombreux robinets. Le chadrivan est abrité par un toit en bois, reposant sur des colonnes de marbre, à chapiteaux taillés en losange. Des cyprès et des arbres plantés tout autour donnent à cette cour un aspect caractéristique.

La porte principale, remarquable par la beauté et l’harmonie des lignes, suffirait à témoigner de la valeur de son architecte. Elle offre une grande ressemblance avec celle de Bayazid construite par Haïreddin, maître de Sinan. Cette analogie peut être constatée jusque dans la décoration des petites colonnes en marbre engagées dans les angles du mur. Le portail, orné de très belles stalactites, porte en lettres dorées et sculptées l’inscription suivante:

‏‏يأمى النشاء هذ الجامع الشريف سلطان الاكرم سلاطين العرب و العجم مالك البرين و البحرين خادم الحرمين الشريفين السلطان ابن السلطان السلطان سلطان سليم خان ابن السلطان سلطان بايزيد خان ابن السلطان ابو الفتح سلطان محمد خان خلداللّه ملكه و سلطانه و بذلك المباركة عنى فى شهر محرم الحرام لسبنة تسع و عشرين و تسعمائه

En voici la traduction:

«Cette mosquée vénérable fut érigée par ordre du magnanime Sultan des sultans arabes et adjems[78], maître des terres et des mers, serviteur des Haremeïn-u-Cherifeïn (la Mecque et Médine), Sultan, fils de sultans, sultan Sélim Khan, fils du sultan Méhmed le Conquérant. Que Dieu protège son pays et son trône ainsi que ce saint édifice érigé au mois de Mouharrem 929 de l’Hégire.»

[78] Ce mot que les Turcs emploient pour désigner les Persans indiquait, chez les Arabes, tous les peuples non-Arabes.

Pl. 39.


Mosquée d’Ahmed Ier.—Intérieur.

Sous la porte principale de la mosquée, conduisant à l’intérieur, le dallage est fait d’un bloc de porphyre, moins sujet que le marbre à l’usure.

L’intérieur de la mosquée est des plus simples: il ne possède ni arcades ni colonnes. Le plan est carré. La coupole, de proportions assez imposantes, repose sur quatre arcs formés par les murs latéraux. Il est facile de voir que cette œuvre est une des premières du maître Sinan. Sur chaque côté s’ouvrent des fenêtres avec tympan en ogive, décoré de jolies faïences. La tribune impériale et la tribune des Muezzins, supportées par des colonnes, sont quadrangulaires.

Le Mihrab, le Mimber, ainsi que les portes, sont travaillés avec une magnificence incomparable. Les deux grands candélabres en bronze du Mihrab, entre autres, sont de pures merveilles. Outre la porte principale, deux autres portes latérales conduisent à l’intérieur. Ces portes sont précédées d’un long vestibule, recouvert d’un dôme et entouré de plusieurs pièces réservées aux personnages de la mosquée et de la cour. Cette curieuse disposition est unique et peut, pour l’originalité, être comparée aux deux ailes de la mosquée de Bayazid. Les dômes des deux vestibules, avec leurs petits tambours à fenêtres et leurs décorations en losange, rappellent la coupole de Yéchil Djami à Brousse.

Hors de la mosquée, du côté du Mihrab, on remarque plusieurs turbés (tombes) dont l’une renferme le corps du sultan Sélim, le conquérant de l’Égypte. Tous ces turbés sont d’une forme octogonale et garnis d’un dôme dont la couverture est faite de plaques de plomb en forme d’écailles aux coins arrondis, comme celle du turbé de Chahzadé. Une colonnade surmontée d’un toit précède la porte de chaque turbé. Celle qui mène au turbé de Sélim est recouverte d’un vitrage qui en fait comme un vestibule, pouvant en même temps servir de chambre pour la garde du tombeau. Les deux côtés de la porte sont ornés de deux panneaux de faïence d’une décoration pleine de goût: le travail des portes est également merveilleux.

Le cercueil est protégé par une balustrade en noyer incrusté de nacre. Le turbé renferme aussi de très beaux exemplaires du Coran, ouverts sur de somptueux pupitres et des coffres où l’on conserve les reliques.

Un autre turbé, voisin de celui de Sélim Ier, renferme un tombeau portant une inscription sculptée sur la pierre, et orné de panneaux en faïence qui constituent de réels chefs-d’œuvre.

MOSQUÉE DE CHAHZADÉ

Cette mosquée fut bâtie par le fameux architecte Sinan, sur l’ordre du sultan Suleïman, en mémoire de ses deux fils, les princes Mehmed et Moustafa Djihanguir, morts à la suite des intrigues de leur belle-mère Roxelane[79], Haceki Khourrêm Sultane. Le sultan Suleïman, ayant plus tard reconnu son injustice, voulut la réparer en quelque sorte en faisant construire cette mosquée qui fut nommée Chahzadé sultan Mehmed Djamissi. La date de l’achèvement de la mosquée est indiquée par un vers placé sur le frontispice du turbé.

[79] Roxelane, née en Galicie, fut d’abord une esclave. Devenue ensuite l’épouse préférée de Suleïman, elle acquit sur lui une très grande influence.

Désireuse d’assurer l’avenir de son fils, Sélim II, elle gagna à sa cause Rustem pacha, le mari de sa fille, princesse Mihrimah sultane, qui accusa le prince Moustafa, né, ainsi que son frère Djihan, de la sultane Masseki, d’avoir des intentions de révolte contre son père. Suleïman, convaincu de la trahison de son fils Moustafa, partit avec l’armée à Erégli, où il invita Moustafa à venir dans sa tente, où il le fit étrangler. Le prince Djihanguir lié par une profonde amitié à son frère Moustafa en conçut une douleur telle qu’il mourut peu après. Son père pour apaiser ses remords construisit, sur les hauteurs de Foundoukli, une mosquée qu’il appela mosquée de Djihanguir. Ce prince, surnommé Chahzadé, fut enterré avec les restes de son frère dans un turbé situé près de cette mosquée.

Cette mosquée, d’un style très gracieux, marque le commencement de l’âge d’or de l’architecture ottomane. C’est un édifice carré surmonté d’une grande coupole. On y entre par trois portes. Quatre demi-coupoles s’appuient sur les bas côtés. Ces demi-coupoles sont supportées à l’intérieur par quatre grands arcs posant sur des piliers octogonaux dont la partie cylindrique supérieure est cannelée. Les petites colonnettes qui sont adossées aux coins du portail ne sont pas aussi richement décorées que celles de la mosquée de Sélim. L’aspect de l’intérieur est splendide. Les vitraux sont d’une décoration très artistique; malheureusement l’ensemble est gâté par d’horribles peintures à la chaux qui ne permettent guère de reconnaître le caractère de l’art ottoman.

Aux quatre points de jonction des demi-coupoles, sont posées de petites tourelles cylindriques massives qui servent de contreforts.

Le parvis est formé d’une galerie à arcades, ornée de marbre blanc alternant avec du marbre rouge. Ces arcades sont soutenues par des colonnes de granit et de marbre. De chaque côté du parvis se dressent deux élégants minarets de forme polygonale, ornés de nervures et d’ornements en relief, différant un peu de ceux qu’on voit d’ordinaire. Chacun d’eux est surmonté d’un balcon (cherifé) avec encorbellements sculptés.

La construction de cette mosquée dura cinq ans et coûta 151 Yuks d’Akhtché, soit à peu près 13 millions de francs.

Le turbé qui contient les restes des princes, fils de Suleïman, est situé à l’est de la mosquée; il a une forme octogonale. Les huit façades extérieures sont en marbre sculpté et se terminent par une galerie ornée de larges trèfles, découpés à jour. Deux rangées de fenêtres entourent le monument. Celles du bas sont quadrangulaires, celles du haut sont ogivales.

A partir du sol jusqu’au-dessus de la deuxième rangée de fenêtres, les angles de l’octogone sont limités par des cordons d’ordre cristallisé. Au-dessus des galeries de trèfles, le turbé se transforme et devient circulaire, près du tambour qui sert de base à la coupole. La toiture en plomb est faite d’écailles aux côtes arrondies qui vont en se rapetissant jusqu’au point le plus élevé de la coupole où est fixé l’alem.

On accède au turbé par un péristyle, formé de quatre colonnes dont deux sont en marbre rouge et deux autres en marbre vert antique. Sur la porte on lit une inscription en lettres dorées.

Ce péristyle est couvert d’une petite coupole ronde. De chaque côté de la porte d’entrée se trouvent des panneaux en faïence, représentant des rinceaux d’un beau dessin. La porte et les boiseries de ce péristyle sont dignes d’attirer tout spécialement l’attention des artistes décorateurs. Les battants de la porte de chêne sont ornés d’ivoire et d’ébène.

L’intérieur du turbé présente un aspect des plus pittoresques. La lumière y pénètre par deux rangées de fenêtres, au nombre de trente-deux (quatre sur chaque face de l’octogone) et garnies de vitraux aux couleurs variées.

Depuis le sol jusqu’à la frise ornant la base de la coupole, les murs sont revêtus de panneaux peints sur émail, décorés comme ceux du péristyle. Au-dessus de chaque fenêtre, sur un panneau également en faïence, des fleurs entrelacées et brodées d’or encadrent des versets inscrits en lettres blanches sur un fond bleu foncé. La coupole est ornée de fleurs et de feuillages verts formant médaillons sur fond blanc. Le sol en marbre est couvert de tapis. La dépouille du prince se trouve au milieu de l’édifice entre le tombeau de son frère et celui de sa femme. Au-dessus se dresse une sorte de dais impérial, haut de quatre mètres, en bois de noyer orné de rosaces géométriques découpées à jour avec inscrustations de nacre.

Pl. 40.


Mosquée d’Ahmed Ier.—Mimber.
MOSQUÉE SULEÏMANIÉ

Parmi les grands édifices et les mosquées que le sultan Suleïman le législateur a fait construire, la mosquée qui porte son nom est la plus imposante.

Cette mosquée, construite également par l’architecte Sinan de 1556 à 1566, est le véritable chef-d’œuvre de l’art ottoman. Elle s’élève majestueusement sur le sommet d’une colline qui domine la Corne d’Or. Son emplacement est merveilleusement choisi et son immense enceinte plantée de cyprès et de platanes lui fait un cadre d’un charme extraordinaire.

La pureté de son style et l’harmonie de ses contours se dessinent sur un site féérique. Sinan disait, dans un ouvrage écrit de sa main, que la mosquée de Chahzadé était son œuvre d’apprenti, la mosquée de Suleïmanié, son œuvre de bon ouvrier et celle de Sélim à Andrinople, son œuvre de maître.

A chaque coin du parvis se trouve un minaret à trois et deux galeries ornées de magnifiques stalactites. Les deux minarets qui sont le plus rapprochés de la coupole sont plus grands que les deux autres. Chaque cherifé a son escalier exclusivement réservé; trois personnes peuvent monter à la galerie ou en descendre en même temps sans se rencontrer. Tout l’édifice est conçu selon la forme d’un immense triangle et l’inégalité de grandeur qui existe entre les minarets produit un effet de perspective des plus heureux.

Plan de la mosquée Suléïmanié.

Par le nombre de ces galeries, l’architecte a voulu symboliser l’ordre qui caractérisa le règne de son fondateur, en même temps qu’imposer par ce chiffre 4 le souvenir de ce fondateur, IVme Sultan depuis la prise de Constantinople. Ses chérifés, au nombre de dix, indiquaient qu’il était également le dixième empereur depuis la fondation de l’Empire ottoman.

Trois belles portes font communiquer la porte extérieure avec le parvis; l’une se trouve sur la façade principale et les deux autres sur les côtés.

Sur la grande porte de la façade on lit en grosses lettres la formule de l’islam:

لا اله الا اللّه محمد رسول اللّه

«Il n’y a qu’un seul Dieu, Mouhammed est son prophète», au-dessus d’une autre formule concernant la prière:

ان الصلوة على المؤمنين كتاباً موقوناً

Le parvis est entouré d’un cloître de vingt-quatre arcades soutenues par un même nombre de colonnes, dont douze sont en granit rose, dix en marbre blanc et les deux autres qui se trouvent près de la porte principale, en porphyre. Toutes ces colonnes sont surmontées de chapiteaux de marbre sculptés en forme de stalactites et dont les arêtes étaient dorées. Chacune de ces arcades est surmontée d’une petite coupole. La coupole qui se trouve devant la porte d’entrée de la nef est la plus grande; elle est ornée de pendentifs en stalactites.

Le dallage du parvis est en marbre blanc. Au centre se trouve un chadrivan (fontaine) de forme carrée, couvert d’un toit en plomb. Les quatre façades de cette fontaine sont munies d’un grillage en bronze percé à jour d’intéressants motifs de décoration. Au-dessus de ce grillage courent des frises en marbre blanc.

Des colonnes à chapiteaux de différents ordres supportent sur les façades extérieures des côtés latéraux de la mosquée des galeries à deux étages. Ces galeries ne semblent guère avoir été mises là que pour concourir à la beauté de l’ensemble. La galerie du premier étage est à arcades ogivales alternant avec d’autres arcades plus petites. Celles d’en haut sont plus étroites et plus petites. Sous les galeries, au niveau du sol, des robinets sont disposés tout le long du mur pour les ablutions. Du côté du parvis, on entre dans la mosquée par une grande porte en marbre, ayant la forme d’une mitre en stalactite aux arêtes dorées.

Mosquée Suléïmanié; coupe.

Chaque fenêtre est surmontée d’un tympan en ogive orné de faïences sur laquelle se dessinent les belles écritures saintes en langue arabe. L’intérieur de la mosquée mesure 69 mètres de long sur 63 de large. Quatre gigantesques piliers massifs carrés supportent la coupole de la nef centrale.

Entre ces piliers se dressent, de chaque côté, des galeries latérales réservées aux grands personnages pendant la cérémonie du Sélamlik. Ces tribunes sont supportées par deux colonnes de marbre; quatre énormes colonnes de porphyre soutiennent les arcades latérales qui supportent la coupole.

D’après le livre de Sa-ï sur l’œuvre de Sinan, une de ces colonnes est celle qui portait jadis la colonne de la virginité aux environs des Saints-Apôtres. Son «Tezkeretulbunyan» raconte même les difficultés qu’on eut pour la transporter. Elle était plus haute que les autres et on dut la raccourcir. Une autre de ces colonnes, probablement celle qui portait la statue de l’Empereur, a été amenée du palais. Les deux autres colonnes viennent d’Iskenderoun (Alexandrette).

Mosquée Suléïmanié; coupe.

Deux escaliers pratiqués près de la porte d’entrée conduisent à la première galerie. Les deux galeries supérieures ne sont accessibles qu’au moyen d’échelles en bois appliquées aux fenêtres s’ouvrant sur la toiture.

Au centre s’élève la grande coupole de 71 mètres de hauteur (de 6 mètres plus haute que la coupole de Sainte-Sophie). Des candélabres en fer ciselé qui portent des luminaires à l’huile y sont suspendus par de longues chaînes. On les allume pendant les prières de nuit et surtout pendant le Ramazan.

Une des galeries supérieures, formant la rotonde autour du tambour et où l’on ne peut monter que par des échelles appliquées sur la toiture, présente un très intéressant phénomène d’acoustique.

Le Mihrab est en marbre sculpté de magnifiques stalactites rehaussées d’or. Le Mimber, qui est placé à la droite du Mihrab, est composé de grandes pièces de marbre merveilleusement sculpté. La tribune impériale, également en marbre blanc, est supportée par des colonnes en porphyre ornées de chapiteaux en marbre d’ordre cristallisé.

La porte de cette tribune, ainsi que plusieurs autres portes de la mosquée, est en noyer orné de rosaces géométriques.

Le Kursi (chaire) qui se trouve placé près de la tribune impériale, est un des chefs-d’œuvre de la sculpture en bois; le noyer en est très artistiquement découpé et travaillé.

Près du pied droit de la coupole s’appuie la tribune des muezzines construite en marbre orné de sculptures en stalactites.

La décoration est des plus soignées, jusque dans les moindres coins et dans les moindres détails.

De grandes rosaces de faïence portant des écritures en blanc sur fond bleu décorent les deux côtés du Mihrab. Elles sont d’une très grande valeur artistique.

Les écritures du célèbre calligraphe Hassan Karahissai ornent l’intérieur. Les fenêtres sont garnies de beaux vitraux en couleur à encadrement de plâtre, fabriqués, d’après de Hammer, par Serhoch Ibrahim (Ibrahim l’ivrogne). Sous le porche, à l’intérieur du Djami, devant la porte principale est placée une dalle ronde en porphyre d’une seule pièce et d’un diamètre d’environ deux mètres. Une légende raconte qu’un des ouvriers grecs, qui travaillaient à la construction, poussé par le sentiment religieux, aurait gravé secrètement une petite croix sur cette pierre qui était destinée à orner la place près du Mihrab. Cet ouvrier fut exécuté en présence du Sultan, qui était entré dans une violente colère. Quant au porphyre, qui était ainsi devenu impropre à servir dans la mosquée, il aurait été mis devant l’entrée principale de la nef, le côté portant la croix tourné contre terre. Mais, si on observe les dallages des autres mosquées, à l’endroit des portes où le public passe très souvent, on remarque qu’ils sont tous de forme ronde et en porphyre, afin d’offrir plus de résistance. Cette pierre ne pouvait donc être destinée qu’à la place qu’elle occupe actuellement. Quant à la croix, il est étrange qu’un ouvrier grec ait pu avoir l’audace de la graver devant un millier d’ouvriers musulmans qui travaillaient avec lui: et si l’on va même jusqu’à admettre que la croix ait été réellement gravée, il eût été facile de la faire disparaître et de rendre à la pierre sa destination primitive.

Cette légende n’a jamais été qu’une calomnie.

La cour extérieure de la mosquée est entourée de nombreuses dépendances, parmi lesquelles des imarets (sortes de cantines) pour les étudiants et les pauvres; quatre médressés (écoles supérieures) et une école primaire; une école de médecine, un hôpital pour les pauvres et un hospice.

D’après un architecte, la mosquée aurait coûté 597 Yuk et 60.180 aktché, soit 59 millions aktché; 60 aktché équivalaient à un sikké; le sikké ou gourouche du temps du sultan Suleïman, est évalué par M. Belin, en monnaie medjadié, à 50 piastres et 27 paras. Cette somme représentait alors à peu près 54 millions de piastres, soit 10 millions de francs.

LE TURBÉ DU SULTAN SULEÏMAN LE LÉGISLATEUR

Le turbé de Suleïman est situé à l’est de la mosquée, dans un cimetière qui contient les restes des hauts personnages. C’est un monument de forme octogonale surmonté d’une coupole. Une galerie l’entoure extérieurement, recouverte d’un toit supporté par 29 colonnes, dont 27 ont des chapiteaux en losanges, et les deux autres sur la façade sont ornées de stalactites. Quatre colonnes vert antique à chapiteaux cristallisés forment une sorte de péristyle qui sert de vestibule à l’entrée.

A chaque angle extérieur du monument est appliqué un cordon en porphyre.

Deux riches panneaux en faïence revêtent les murs des deux côtés de la porte d’entrée.

Au-dessus de la porte, une plaque verte porte en lettres dorées la date de la mort du Sultan, 674 de l’Hégire (1566).

A l’intérieur, la coupole est ornée de morceaux de cristal de roche, taillés en rose et dont des émeraudes forment le cœur. De magnifiques lustres descendent de la coupole. Huit arcades ogivales, reposant sur huit colonnes de marbre et de porphyre, soutiennent cette coupole. Ces colonnes se trouvent à 1m,50 des parois de l’édifice, qui sont ornées de faïences, et, au-dessus, d’une large frise en faïence bleue portant des versets du Coran en lettres blanches. Cette galerie est éclairée par des niches en arcade munies chacune de six fenêtres accouplées deux à deux et dont les vitraux sont maintenus par des bandes de plâtre ajouré.

Pl. 41.


Mosquée de Yeni Djami.

Une balustrade en noyer sculpté et incrusté de nacre entoure les cercueils du sultan et de ses enfants, Suleïman II et Ahmed II. Des châles, des étoffes brodées d’une grande valeur, recouvrent les cercueils. Sur le côté correspondant à la tête sont déposées les coiffures des défunts, turbans blancs avec aigrette impériale formée de plumes.

Deux grands candélabres se dressent de chaque côté du cercueil. Un magnifique pupitre sculpté porte des Corans manuscrits. Une carte en relief de La Mecque orne le mur.

Près de ce monument se trouve le turbé de Roxelane, épouse de Suleïman. Cette construction a également une forme octogonale et est ornée de faïences peintes et de magnifiques sculptures.

MOSQUÉE D’AHMED Ier

Sur l’emplacement de l’ancien palais byzantin, à l’est de l’hippodrome, le sultan Ahmed Ier a fait bâtir, en 1610, une mosquée qui fut nommée Ahmedié. Elle remplaça un ancien tekké de l’ordre des Kadiriyah. L’édifice est précédé, comme les autres mosquées, d’une cour très spacieuse à galeries couvertes par quarante petites coupoles que supportent des colonnes en granit. Au centre de la cour se trouve un chadrivan, entouré de six colonnes à arcades ogivales. Une rampe, partant de la cour extérieure à gauche, conduit à la tribune impériale, d’où le Sultan peut se rendre à cheval jusqu’à ses appartements privés, à l’intérieur de la mosquée.

La grande coupole de la mosquée est posée sur un tambour sur lequel s’appuient quatre demi-coupoles hémisphériques. Aux quatre angles formés par l’intersection des demi-coupoles, s’élèvent de petites tourelles octogonales couvertes chacune par une coupole surbaissée, formée d’écailles aux côtés arrondis qui s’abaissent du faîte à la base et s’unissent au sommet de la coupole. La mosquée possède six minarets dont deux à deux galeries et les quatre autres à trois galeries. Sur les deux côtés latéraux du parvis s’aligne une rangée de fontaines, surmontées d’une galerie à arcades qui se composent alternativement d’une grande et d’une petite ogive et qui semblent être copiées sur les arcades latérales de la mosquée. Derrière les galeries, des fenêtres s’ouvrent sur le parvis.

L’intérieur de la mosquée a un aspect très imposant; il se dégage de cet intérieur une impression de grandeur et de gaieté qu’on ne trouve dans aucune autre mosquée. Son architecte Mehmed aga, voulant se distinguer de ses maîtres, réussit, grâce à une puissante originalité, à créer une perspective remarquable.

L’édifice couvre un rectangle de 72 mètres sur 64. Le dôme qui mesure 33m,60 de diamètre est soutenu par quatre piliers circulaires en marbre de 5 mètres de diamètre.

Du côté de la porte, deux fontaines sont adossées aux deux piliers. Ces piliers sont ornés en partie de cannelures que surmontent des inscriptions en frise; d’autres colonnes en marbre, surmontées d’arcs en ogive, supportent les galeries qui entourent les murs latéraux. Tous les murs, depuis le sol jusqu’aux fenêtres supérieures, sont revêtus de faïences coloriées et fleuries bleues, vertes et blanches. De grandes inscriptions en arabe, dues au célèbre calligraphe Cassim Goubari et indiquant les noms des sahabés, sont suspendues aux murs. Le Mihrab, qui est en marbre sculpté, est un chef-d’œuvre. Parmi les faïences du Mihrab, on distingue un morceau de la pierre noire sacrée de La Mecque; de chaque côté du Mihrab on voit d’énormes candélabres en bronze portant des cierges gigantesques. Tout à côté sont posés sur des pupitres en noyer incrustés de nacre des Corans manuscrits. Le Mimber est des plus remarquables au point de vue décoratif.

Malheureusement, les lignes étroites et sans proportion des châssis des fenêtres nuisent beaucoup à l’effet. En outre, la mosquée a perdu ses anciens vitraux que l’ouvrage de D’Ohsson nous présente tels qu’ils étaient en 1787; les vitres ordinaires qui les ont remplacés laissent pénétrer à l’intérieur une lumière trop crue, qui empêche de bien goûter le coloris si richement nuancé des faïences tapissant les murs.

Pour ces raisons, au lieu de présenter l’atmosphère mystique et discrète qui caractérise l’intérieur de la Suléïmanié, la mosquée d’Ahmed, où la lumière pénètre à flots, évoque plutôt la magnificence d’un palais. C’est dans cette mosquée que fut proclamé en 1826 le décret de Mahmoud II abolissant le corps des janissaires.

L’enceinte très vaste de la mosquée est entourée de grands murs à fenêtres. Dans la cour plusieurs grands arbres, s’harmonisant avec les lignes de l’édifice, ajoutent une note pittoresque à l’aspect de l’ensemble.

Près de la mosquée s’élève le turbé d’Ahmed Ier. Ce turbé est précédé d’un parvis et d’une seconde pièce. A l’intérieur, huit colonnes supportent une coupole recouverte de faïences. Au milieu de cette coupole se trouve le cercueil du fondateur de la mosquée, entouré de ceux de ses enfants et de son épouse Mahpeïker.

MOSQUÉE DE YENI DJAMI

Yeni Djami (nouvelle mosquée) est située en face du pont qui relie Galata à Stamboul. Elle a été construite par l’architecte Kodja Kassim en mémoire de la Validé Sultane, au centre très animé de Stamboul. Sa construction fut commencée en 1614 sous les auspices de la sultane Keusem-Mahpeïker, épouse d’Ahmed Ier et grand-mère du sultan Mehmed IV. Cette sultane mère, devenue trop puissante dans l’Empire, fut étranglée par des eunuques à la porte du Kouchané, sous le règne de son petit-fils Murad IV.

Par suite de troubles politiques, la construction de la mosquée était restée inachevée. Tarhan Hadidjé, sultane mère du sultan Mehmed IV, et qui était la rivale de Keusem sultane, ordonna de reprendre les travaux qui furent terminés en l’an 1074 de l’Hégire.

La mosquée est précédée comme les autres d’un parvis à trois portes monumentales, surmontées chacune d’un fronton, sous lequel on lit une inscription arabe sacrée concernant la prière.

L’ensemble de la porte forme un cadre rectangulaire renfermant une arcade en ogive. La porte en plein cintre surbaissé et formée par des linteaux en marbre blanc et rouge se trouve enclavée sous cette ogive.

Les murs élevés du parvis sont ajourés de fenêtres rectangulaires munies de lourdes grilles à dessins carrés. Au-dessus de chaque fenêtre se trouve une rangée de niches en ogive.

Au milieu de la cour on voit le chadrivan. D’autres galeries à deux étages se trouvent appliquées aux côtés latéraux de la mosquée. Sous ces galeries, le long des murs, il y a des fontaines pour les ablutions.

Pl. 42.


Mosquée de Yeni Djami.—Faïences de l’entrée des appartements du Sultan.

Du côté de la mer, près d’une sorte de tunnel passant sous les appartements privés des Sultans, on peut admirer la magnifique porte réservée aux souverains et qui sert seulement à conduire à la tribune impériale. Cette porte, une des plus belles œuvres de l’art ottoman, est en marbre sculpté et ajouré d’ornementations géométriques. Les portes du perron et de la galerie portent la lettre «vave» deux fois répétée et entrelacée. Cette lettre est le symbole du mot de هو un des noms mystiques de Dieu. A l’extérieur, quatre énormes contreforts ingénieusement dissimulés supportent l’immense coupole.

La grande coupole de Yeni Djami.

Sur chacun de ces contreforts s’élèvent trois petites tourelles élégantes qui, s’étageant l’une sur l’autre, allègent l’aspect de cette masse.

Les contreforts sont masqués par quatre lanternes de grandes dimensions.

La grande coupole et les quatre demi-coupoles portent à leur base des rangées de fenêtres en ogives surbaissées pareilles à celles qui s’ouvrent sur les quatre faces de la mosquée.

L’aspect général de l’intérieur est des plus imposants. Les murs sont par endroits ornés de faïences.

La couleur bleue domine dans l’ensemble des tonalités. La tribune impériale, en face de laquelle se trouve la tribune des muezzines, est supportée par des colonnes en porphyre. La décoration des appartements privés, situés derrière cette tribune, constitue un véritable musée de l’art décoratif ottoman. Les faïences des cheminées et des murs sont ornées de dessins magnifiques, les vitraux des fenêtres sont superbes et les portes sont des merveilles de sculpture sur bois.

La niche qui forme le Mihrab est ornée de magnifiques stalactites recouvertes d’or. Le Mimber est fait de morceaux de marbre, artistement sculptés, où s’entrelacent ingénieusement des rosaces géométriques. Le monument a coûté environ huit millions de francs.

La mosquée possède comme dépendances une école primaire, une bibliothèque fondée par Ahmed III, un sébil (fontaine où l’on distribue l’eau aux passants), un grand turbé où sont enterrés le sultan Mehmed IV, fils de la seconde fondatrice, le sultan Moustafa II (1703) et son fils Ahmed III (1739), Mahmoud Ier (1754), Osman III (1757) et un grand nombre de princes et princesses, parmi lesquels les dix-huit enfants fils du sultan Ahmed III. L’aspect extérieur du turbé est très original. A l’intérieur, parmi d’autres petits cercueils, on remarque celui de la sultane Validé.

MOSQUÉE DU SULTAN MEHMED LE CONQUÉRANT (FATIH)

Cette mosquée fut élevée d’abord en 1471 par ordre du sultan Mehmed le Conquérant. Elle est située un peu plus loin vers le nord que l’emplacement où s’élevait jadis la fameuse église des Saints-Apôtres. La construction de la mosquée fut commencée en l’an 867 de l’Hégire et terminée en 875, c’est-à-dire huit ans après, ainsi que l’indique une inscription sur la porte. Un tremblement de terre survenu en l’an 1179, le troisième jour du Kourban Baïram (fêtes des sacrifices), une heure après le lever du soleil, l’avait horriblement endommagée. La coupole, totalement démolie, a été reconstruite à nouveau en 1181-1185.

Nous manquons malheureusement de détails sur la forme première de cette construction, qui a marqué le début d’une nouvelle période architecturale. Dans la description que nous en donne Hadi katul Djevami, nous ne rencontrons que le passage suivant: «les deux grands pieds d’éléphants et les deux colonnes en porphyre, ayant été démolis et renversés, la coupole fut élevée sur quatre piliers: ces colonnes furent enterrées[80]

[80] Probablement par respect pour le matériel qui avait servi à la construction d’une mosquée.

La mosquée est actuellement précédée d’un parvis avec des galeries, des arcades en ogive qui supportent de petites coupoles couvertes par des plaques de plomb. A l’extérieur, sur la façade principale du parvis, aux deux côtés de la porte, s’ouvrent des fenêtres rectangulaires surmontées d’un tympan en ogive orné d’inscriptions en mosaïque, qui proviennent probablement de la première construction de la mosquée.

Au milieu du parvis (avlou) se dresse une fontaine de forme octogonale destinée aux ablutions.

Les cyprès donnent à ce parvis un aspect très pittoresque. La grande coupole de la mosquée est soutenue par quatre demi-coupoles posées sur de grands piliers aux coins arrondis. Au dehors, quatre petites tourelles se dressent sur chaque contrefort pour en augmenter le poids et rehausser l’aspect de l’ensemble.

Des deux côtés de la mosquée se trouvent deux minarets, entourés de deux galeries (cherefé) réservés aux muezzines qui y montent pour chanter l’Ezan (l’appel aux prières).

A l’intérieur et à la droite du portail, on voit une petite plaque en marbre qui porte en lettres d’or sur un fond vert foncé les paroles du prophète relatives à la conquête de Constantinople.

لتفتحن القسطنطينية فلنعم الامير لتفتحن و فلنعم الجيش ذلك الجيش

Voici la traduction:

«On va conquérir Constantinople: quel honneur pour l’armée qui fera cette conquête et quelle gloire pour son chef.»

Des deux côtés de la porte principale, sur des fenêtres, deux balcons permettent aux muezzines d’entendre la prière et de la répéter aux fidèles qui prient dehors.

Le tombeau du sultan Mehmed le Conquérant se trouve devant la mosquée, qui possède comme autre dépendance des médressés, des imarets et un hôpital. La porte qui conduit au Mousalla date d’Ahmed III.

Les grands personnages de l’État ont leur sépulture tout à côté de ce grand turbé.

Pl. 43.


Mosquée de Yeni Djami.—Appartement du Sultan.
MOSQUÉE DE LALÉLI

Cette mosquée, construite à la même époque que celle de Fatih, présente extérieurement de très grandes ressemblances avec elle. Elle est bâtie sur de profonds souterrains formant citerne. Elle est, comme les autres mosquées, précédée d’une cour à portiques, où l’on accède par un escalier en marbre. Les colonnes qui supportent les arcades sont d’une forme bizarre et inesthétique. On ne voit plus sur les chapiteaux les stalactites, si fréquemment employées dans l’art ottoman. Tout y est pauvre. Les chapiteaux sont formés d’un simple abaque en marbre orné d’une petite feuille aux quatre coins. Des deux côtés de la porte principale qui conduit à l’intérieur et à une certaine hauteur, on voit deux balcons, d’où l’on répétait la prière aux fidèles.

L’intérieur est disposé d’une façon nouvelle.

La base octogonale de la coupole est supportée par des colonnes engagées dans l’épaisseur du mur. La partie qui renferme le Mihrab est située hors de l’octogone formé par les colonnes. Les tribunes sont au-dessus de la porte.

II.—LES FONTAINES

و من الماء كل شى حى

Ainsi que l’indique un verset du Coran qu’on rencontre à peu près sur toutes les fontaines, les musulmans considèrent l’eau comme la source de la vie. Ils sont en cela d’accord avec le chimiste qui attribuait l’origine des molécules à l’hydrogène.

Tout personnage musulman, désireux de faire une œuvre, construisait pour le repos de son âme et celle de ses parents morts une fontaine où coulait une eau pure ou potable. A chaque pas, dans la ville, on rencontre des tchechmés (fontaines) ou des sébils. Les tchechmés sont de simples fontaines destinées à fournir l’eau potable que les porteurs d’eau, appelés Sakha, portent dans les maisons des quartiers avoisinants. Le tchechmé consiste généralement en une construction de marbre appliquée au mur et terminée à son extrémité inférieure par un petit bassin.

Souvent ces tchechmés possèdent à leur partie supérieure un grand satchak (toit avancé) pour abriter du soleil et de la pluie les gens qui prennent de l’eau.

Les eaux amenées par des aqueducs alimentent de grands réservoirs en pierre qui se trouvent derrière chaque fontaine. Sur chacun de ces tchechmés se trouve enclavée dans le mur une plaque de marbre sculptée et dorée, qui porte le nom des fondateurs de la fontaine et la date de sa fondation (chronogramme).

Sur tous les monuments élevés par les musulmans la date est indiquée, en général, par la somme des valeurs correspondant aux lettres du dernier vers. Chaque lettre, selon la classification des Arabes, correspond à un numéro d’ordre. Le total des chiffres qui composent ainsi le dernier vers de l’inscription indique la date. Les poètes s’efforçaient de réunir dans le dernier hémistiche leur nom, celui du fondateur et la date de la fondation.

Les vers sculptés sur la pierre en caractères dorés contribuent beaucoup à l’ornementation, grâce à la forme décorative des lettres orientales.

Quant aux sébils, ils sont d’ordinaire situés dans les endroits publics près des mosquées, et un homme est chargé de remplir les gobelets en bronze vidés par les buveurs et qui restent attachés par des chaînes aux grillages des sébils. Ces grillages, qui sont souvent en bronze ajouré et ciselé de magnifiques ornementations, produisent généralement un grand effet décoratif.

Les gobelets mis à la disposition des passants portent souvent, à l’intérieur, des versets du Coran qui rendent sacrée l’eau qu’on boit.

Les sébils se composent de plusieurs pièces surveillées par le gardien.

La fontaine du sultan Ahmed III, près du vieux sérail, possède ces deux genres de tchechmés et de sébils. Elle est située à côté de Sainte-Sophie, près de la porte du vieux sérail dite Bab-i-Humayoun, probablement sur l’emplacement de l’ancienne fontaine byzantine qui s’appelait Géranion. On dit que le croquis de cette fontaine a été établi par le sultan Ahmed III lui-même.

Des vers de sa composition, sculptés en lettres d’or sur les plaques de marbre, décorent richement la fontaine. Quelques-uns de ces vers sont empruntés aux plus fameux poètes de l’époque et célèbrent les louanges de Dieu et du souverain.

Comme nous venons de le dire, cette fontaine réunit les deux principaux genres en usage à Constantinople: sébil et tchechmé, qu’on rencontre ailleurs séparément. La fontaine est comprise dans un carré ayant à chaque angle des parties semi-circulaires où sont installés quatre sébils.

Quatre fontaines sont placées dans les espaces libres entre les sébils; à la droite et à la gauche de chaque fontaine sont creusées deux niches ornées de stalactites.

Des fleurs ornementales finement sculptées sur des plaques de marbre précieux, encadrent des inscriptions rehaussées d’or, au milieu des frises en faïence qui décorent les quatre façades.

Les sébils sont garnis de grilles en bronze magnifiquement ciselées. La fontaine est couverte d’une toiture très exhaussée, surmontée d’un grand clocheton central et de quatre autres clochetons plus petits placés au-dessus de chaque sébil, et qui portent à leur sommet des alems dorés, auxquels l’édifice emprunte son caractère religieux. La toiture et les clochetons sont recouverts de plaques de plomb. Cette fontaine fut achevée en 1141 H. (1728 J.-C.) Le sultan Ahmed avait fait construire un grand nombre d’autres tchechmés, richement travaillés, tels que la fontaine de Tophané, reconstruite par Mahmoud Ier en 1145, et qui se trouve actuellement à l’angle du grillage de l’arsenal, sur le coin de la rue qui va aux quais.

Les ornementations de cette fontaine sont d’un style bâtard. Une large bande de fines inscriptions en vers décore la partie supérieure du monument. Aujourd’hui, on ne voit plus rien de son ancienne toiture, qui a été détruite et remplacée par une balustrade, ce qui lui enleva toute son originalité. Le plafond du toit de cette fontaine était richement orné de fleurs et de fruits sculptés sur bois. Ce toit formait sur chaque façade une saillie de 15 pieds, 6 pouces, qui était surmontée d’une grande coupole couverte de plomb, au sommet de laquelle s’élevait une flèche (alem) dorée, pareille à celle de la fontaine de l’Aya Sophia; seize autres petites coupoles entouraient la base de la grande. La fontaine de Scutari, qui, reconstruite plusieurs fois, vient de s’écrouler, a elle aussi beaucoup perdu de sa forme primitive et par suite de son originalité.

Une autre fontaine fut construite par le sultan Ahmed au quartier des Arabes[81] à Galata, presque en même temps que celle de Bab-i-Humayoun. Comme Galata formait alors une petite ville entourée d’une enceinte, et que les terrains étaient occupés par des maisons de commerce, on n’avait pu trouver à cette fontaine un emplacement assez vaste et dont les abords fussent suffisamment dégagés: on fut donc obligé de lui donner la forme d’un biseau à angles et, pour obtenir plus de développement de façade, on adopta une sorte de tourelle à six pans.

[81] Nom donné d’abord à l’infanterie légère et plus tard aux pontonniers et aux rameurs.

Elle est à la fois tchéchmé et sébil, comme celle du sérail à qui elle ressemble, bien qu’elle soit d’une disposition un peu différente. La fontaine d’Arab Kapou n’a en effet qu’un seul sébil qui est formé par une petite rotonde hexagonale; une colonnette se dresse à chaque angle, supportant un chapiteau d’ordre cristallisé, sur lequel sont appliqués des grillages en bronze ciselé et doré et de gracieuses rosaces.

Sur les façades qui se trouvent à droite et à gauche du sébil sont installés deux tchéchmés, ornés de magnifiques sculptures et inscriptions dorées en relief.

III.—LES CIMETIÈRES

Les musulmans souhaitent, pour la félicité de leur âme, reposer après leur mort près d’un édifice religieux.

Les Sultans, les grands dignitaires de l’État, les grands personnages, les riches, les gens aisés se font enterrer près d’une mosquée où la prière est continue.

Les Sultans et les pachas ont toujours leurs tombeaux près de la mosquée qu’ils ont fondée.

En général, à chaque mosquée est attenant un petit jardin qui sert de cimetière; on y trouve le tombeau du fondateur, entouré des tombeaux de ses parents et des grands personnages.

Les sépultures couvertes qu’on appelle turbés sont réservées aux saints, aux Sultans et aux personnages considérables.

On ne peut faire un plus grand honneur à un défunt que de lui élever un turbé.

Les turbés sont généralement construits en forme octogonale ou carrée, surmontés d’une coupole et précédés d’un vestibule.

Dans les turbés des très grands personnages, des gardes (turbedars) veillent sans cesse en lisant le Coran. Les turbés des Sultans diffèrent de ceux des saints, en ce qu’ils sont plus richement décorés; ceux des saints ont un aspect plus mystique et plus religieux.

On y voit un cercueil (sandouka), en forme de caisse à base rectangulaire, recouvert d’un couvercle prismatique. Ce cercueil est couvert de draps noirs ou verts et d’étoffes de valeur portant des versets du Coran brodés en or et en argent. Du côté de la tête est placé un turban rappelant la coiffure que portait le défunt. De chaque côté du cercueil près de la tête sont posés deux grands candélabres garnis de cierges; les candélabres sont en bronze ou en argent, selon l’importance du défunt.

Des Corans manuscrits, ouverts sur des pupitres en forme d’X, sont à la disposition des visiteurs qui voudraient prier pour le repos de l’âme du défunt. On voit souvent, attachés aux grillages des fenêtres des turbés ou à la balustrade qui entoure le cercueil, de petits chiffons que les malades viennent fixer là avec l’espoir que cette pratique religieuse les guérira. Le turbedar fait passer les malades entre de grands chapelets qui y sont gardés et leur fait boire de l’eau du puits avoisinant le turbé. Suivant les prescriptions, cette eau doit être puisée à l’aide de tasses portant des inscriptions sacrées.

Les turbés des Sultans sont plus richement décorés; le cercueil, plus haut et plus grand, est excessivement luxueux. Il est recouvert de châles précieux en velours brodé d’argent. Les pupitres en noyer ou en ébène sont incrustés de nacre et de rosaces magnifiques. Un haut grillage en bronze ou en argent entoure le cercueil.

Les cimetières publics sont situés à proximité de la ville. Outre les petits cimetières qu’on rencontre dans chaque quartier, près des mosquées, la ville possède trois cimetières principaux[82], qui peuvent vraiment être considérés comme des villes des morts. Ils ont à peu près le même aspect; on y voit d’immenses cyprès très vieux, des pierres tombales souvent brisées disséminées un peu partout sans ordre, et qui font ressembler ces cimetières, généralement entourés de murs en ruines, à de véritables forêts de pierres.

[82] Celui d’Eyoub, ceux qui bordent les murs, et le cimetière de Karadja Ahmed à Scutari.

Le corps du défunt est enseveli dans la terre, le côté droit tourné vers La Mecque. Tous les morts sont placés dans la même position. Une grande plaque de marbre couvre horizontalement le tombeau. Deux pierres posées verticalement indiquent l’une le côté de la tête, l’autre le côté des pieds. Dans la plaque de pierre horizontale sont creusés deux trous assez larges qui communiquent avec la terre; on y plante des fleurs ou des rosiers. Au milieu de la pierre, une cavité ronde remplie d’eau de pluie sert aux petits oiseaux et aux colombes. Du côté de la tête s’élève une pierre commémorative, rappelant par une sculpture la coiffure du défunt, avec son nom et la date de sa mort souvent écrits en vers et sculptés en reliefs rehaussés d’or. La grandeur et l’ornementation de cette pierre varient selon l’importance du défunt. Les pierres sépulcrales des femmes ont une forme différente de celle des hommes. Elles ne portent qu’une ornementation ou une fleur.

Du côté des pieds, la pierre a une ornementation, mais sans écriture. Toutes les pierres tombales des personnes riches ou pauvres ont des vers commémoratifs qui commencent par la formule:

هو الباقى

(Dieu seul est éternel.)

ou

كل نفس ذائقة الموت

(Chaque âme doit goûter la mort.)

Les souffrances du défunt, son emploi, son âge sont rappelés en quelques lignes. Toutes ces inscriptions se terminent en demandant aux visiteurs la prière de Fatiha, premier chapitre du Coran, pour la tranquillité de l’âme du défunt.

IV.—LES BAINS TURCS (HAMAM)

Le bain étant aussi indispensable au musulman que la mosquée, la ville possède plus de trois cents bains publics, sans compter les bains particuliers.

Les bains turcs ne diffèrent en général que fort peu de ceux des Byzantins. Les Turcs, qui utilisèrent après la conquête les bains abandonnés par les Byzantins, construisirent les leurs à peu près dans le même genre et souvent sur le même emplacement. D’ailleurs la disposition des bains byzantins était celle déjà adoptée par les Turcs pour les bains de Brousse, de Salonique et de Damas.

L’eau et le feu, auxquels les bains étaient exposés continuellement, n’ont laissé subsister jusqu’à nos jours aucun bain datant de l’époque byzantine, et qui n’ait subi soit des réparations, soit des transformations.

Pl. 44.


Mosquée du sultan Mehmed II le Conquérant.

Gyllius, qui visita Constantinople soixante-douze ans après l’entrée des Turcs dans cette ville, nous donne la description d’un bain turc. Cette description permet de se faire une idée de ce qu’étaient les bains à cette époque où ils rappelaient encore de très près les thermes byzantins, s’ils ne leur étaient tout à fait semblables. Elle montre qu’ils avaient les mêmes dispositions que les bains turcs actuels.

«Ces thermes sont doubles ou jumeaux, dit-il, composés de deux parties exactement semblables, adossées l’une contre l’autre et réservées l’une aux hommes, l’autre aux femmes[83]. On entre d’abord dans l’apodyterium d’où l’on passe par une porte au tepidarium et par une autre du tepidarium au caldarium. Ces trois compartiments réunis par des portes de communication constituent les thermes. Chacune de ces parties de l’édifice a sa toiture et ses murailles.»

[83] Les bains qui n’ont qu’une seule division sont ouverts jusqu’à midi aux hommes, qui l’abandonnent ensuite pour laisser la place aux femmes.

«L’apodyterium est un édifice carré sur lequel s’appuie la rotonde en briques de la voûte. Son intérieur a 240 pieds 8 pouces de pourtour. Une estrade en pierre, ayant plus de six pieds de largeur et haute de trois pieds, règne tout autour. La muraille de l’apodyterium, depuis sa base jusqu’au sommet sur lequel la coupole prend naissance, a trente-sept pieds de hauteur; le pavé est formé de dalles en marbre. En son centre se trouve une vasque également en marbre.»

«Deux portes d’entrée conduisent de l’apodyterium au tepidarium dont l’intérieur a cent pieds de circonférence. La voûte hémisphérique est soutenue par quatre arcades, qui forment huit alcôves; une de ces alcôves qui est plus petite de moitié que les autres est réservée aux latrines. Six d’entre elles possèdent chacune une vasque munie d’une fontaine à robinet, mais elles sont construites de manière qu’entre chaque seconde arcade il en est une qui forme une chambre d’où l’on passe à droite et à gauche dans une autre. Au centre du tepidarium est une fontaine d’où jaillit un filet d’eau qui tombe dans un bassin de marbre. Une seule porte sert de passage du tepidarium au caldarium. Cette partie du bain présente huit arcades qui servent de soutien à une coupole. Chacune des huit arcades ouvre sur une chambre. Au milieu du pavé, qui est formé pareillement de dalles en marbre, s’élève une estrade octogonale haute de deux pieds quatre pouces et ayant cinquante-sept pieds un quart de circonférence. Elle est entourée par une ruelle qui la sépare du pavé dont le niveau est le même que celui de l’octogone.»

Dans ce passage de Gyllius, nous voyons que la disposition des premiers bains turcs de Constantinople, provenant probablement des Byzantins, ne différait presque pas des bains construits par les Turcs de l’époque postérieure. Les bains turcs sont généralement construits sur un plan rectangulaire. Chaque partie du bain est couverte d’un dôme, criblé de petites ouvertures rondes garnies de clochetons en verre qui laissent pénétrer la lumière à l’intérieur. Les murs latéraux sont dépourvus de fenêtres. L’apodyterium est dallé de marbre, et possède au centre un bassin sur lequel s’étagent de grandes cuvettes en marbre, à bordure cannelée, de dimensions variables, se rapetissant de l’une à l’autre. L’eau jaillissant de la cuvette placée au sommet le plus élevé fait cascade sur les autres. Les mêmes eaux servent parfois à arroser des fruits. Des canaris chantent continuellement dans des cages ornées de perles bleues[84] (bondjouk).

[84] Les perles bleues sont considérées comme un fétiche contre le mauvais œil.

Une colonnade en bois entoure la salle. De larges bancs en forme de sofas y sont placés. C’est là que les gens de la classe pauvre se déshabillent. Des morceaux de bois ronds, fixés entre les colonnes, servent de portemanteaux. Au-dessus de cette première galerie, on en voit une deuxième et souvent une troisième. Là aussi sont disposés de larges sofas. Les galeries inférieures et supérieures sont séparées aux angles par une cloison en bois. Ces pièces sont réservées aux riches et aux grands personnages.

Sur une petite estrade près de la porte se tient le propriétaire, assis sur un coussin (minder), devant une cassette en bois (tchekmédjé) tout incrustée de nacre. Un miroir à main, d’une forme ogivale, reste suspendu au mur près de cette cassette destinée à recevoir l’argent que les baigneurs posent en quittant le bain.

A hauteur des galeries supérieures sont rangées des tiges en bois où l’on étend les pechtemal (essuie-corps) de couleurs éclatantes.

Une petite cheminée adossée au mur près de la porte intérieure sert à préparer le café. Près de cette cheminée se trouvent des armoires contenant des narguillés, des tasses à café, des savons parfumés de musc, des vases en bronze doré, des fleurs artificielles.

Une porte étroite passe de l’apodyterium dans la pièce appelée soouklouk (tepidarium ou alipterium) dont la température est plus élevée que dans la grande pièce, mais moins que dans la deuxième appelée caldarium. Elle est surmontée d’une coupole percée de petites ouvertures que recouvrent des cloches en verre. Une faible lumière éclaire l’intérieur. Là, sur des bancs en bois, sont préparés des lits à la disposition des baigneurs.

De petites portes ouvertes dans cette salle conduisent par des galeries voûtées et obscures aux lieux d’aisance et à un cabinet particulier, réservé aux toilettes intimes auxquelles chaque musulman est religieusement astreint. Le baigneur pénètre dans cette dernière pièce où un robinet d’eau chaude et un kourna (récipient en marbre) sont à sa disposition. Il couvre l’ouverture formée par la porte d’un pechtemal et procède à ses ablutions. Une porte conduit du tepidarium au caldarium où règne une très forte chaleur. Cette salle est pareillement dallée de marbre et surmontée d’une coupole à petites fenêtres rondes. A chaque coin de la salle, il y a de petites cabines séparées par un mur bas, qui sont réservées à la classe riche. Toutes ces cabines possèdent un ou deux kournas avec deux robinets en bronze dont l’un est à eau chaude et l’autre à eau froide.

La salle est également munie de kournas, au-dessus desquels sont enfoncés dans le mur de grands et longs clous noirs qui servent à suspendre les pechtemals.

Au milieu de la salle commune du caldarium, existe une estrade en forme ronde ou octogonale et qui s’appelle Gueubek-tachi (pierre-nombril) où le baigneur s’allonge pour être massé.

Les bains turcs n’ont pas, comme on l’a dit à tort, un grand bassin où le public va se baigner, car l’eau déjà touchée par un autre corps et par le corps du baigneur même est considérée par les musulmans comme rituellement impure. Toutefois le cas peut être exceptionnel dans les bains thermaux où l’eau se renouvelle en coulant de source, comme à Brousse par exemple. A Constantinople, il n’y a que les israélites qui, fidèles aux prescriptions de la loi de Moïse, aient gardé la coutume de se replonger dans une piscine d’eau froide après s’être lavé le corps.

Chaque bain possède un kulhan (hypocauste). On y brûle continuellement du bois. La chaleur et la fumée circulent sous le dallage en marbre du bain, traversent les nombreuses conduites maçonnées dans l’intérieur des murs, chauffent l’eau et l’air du bain et ressortent par de petites cheminées en forme de tubes circulaires, appliqués tout autour de la bâtisse au haut des coupoles couvertes de plomb. Faut-il ajouter que ces bains sont constamment chauffés? Les musulmans sont en effet astreints par leur religion à se laver le corps en certaines circonstances.

Pl. 45.


Tombeau de Mehmed II le Conquérant.

Dans le Turbé devant sa mosquée.

Le bain des dames diffère un peu de celui des hommes. D’abord les accessoires comme essuie-corps, savon, sont apportés par les femmes elles-mêmes dans de grands bohdja (sortes de sacs en drap brodé). Elles prennent même avec elles des vivres, car c’est pour elles un grand plaisir que de passer toute la journée dans le bain en mangeant sur le gueubek-tachi, en chantant et en s’amusant.

Au cours d’un ouvrage écrit sur les études de van Millingen, le Dr Mavroyeni donne des détails très circonstanciés sur la façon compliquée et pittoresque dont on prend le bain chez les Orientaux. Nous nous permettrons de résumer cet intéressant travail.

«Dès l’entrée, on aperçoit les étuvistes, drapés à la romaine dans des linges bleus rayés de rouge. Dans l’apodyterium, des baigneurs se déshabillent, tandis que d’autres sortent du bain et viennent s’étendre sur les lits de repos pour y goûter le kieff, mot intraduisible, béatitude absolue que donnent à l’esprit et au corps des Orientaux le tabac et le café unis au 11013 dolce farniente.

«Après s’être déshabillé, le baigneur s’enveloppe d’une sorte de pagne, et, coiffé d’un large turban, les pieds dans des sandales de bois qui rendent sa marche incertaine, il entre dans le tepidarium. La température y est de 25° et c’est sur des couchettes garnies de coussins que la pipe et le café sont présentés au baigneur. Dès qu’une moiteur apparaît sur son corps, l’étuviste le fait passer au caldarium où, sur une estrade située au centre, commence l’opération du massage à laquelle une grande importance est attachée et qui est pratiquée par des malaxeurs et des strigillaires modernes en qui se sont conservées les traditions du passé.

«Après un massage complet de toutes les articulations, le masseur mène son client près d’une des vasques qui entourent la rotonde et, armé d’un gantelet en poils de chèvre, s’attaque au système cutané. Les rinçages s’opèrent à l’eau tiède. Mais le baigneur est à bout de forces: un verre d’eau froide lui redonne l’énergie nécessaire; quelques écuellées d’eau froide versées sur la tête le remettent complètement et le masseur en prend de nouveau possession, transformé cette fois en alipte. Cataracte d’eau brûlante et vif savonnage, puis rinçage de tout le corps: cette opération est répétée trois fois. Le masseur fouette son savon à l’aide de longues fibres de palmier dans un bassin de cuivre et ne l’applique que lorsqu’il est réduit à l’état de mousse nuageuse et impalpable.

«C’est après une douche que le baigneur est aussitôt emmailloté de serviettes chaudes, ses cheveux sont essuyés, et il vient goûter le kieff sur un lit de repos dans l’apodyterium.

«Nous avons vu le baigneur passer par trois salles: l’apodyterium, le tepidarium et le caldarium; il n’y a en effet qu’un seul bain public à Constantinople qui possède un frigidarium. C’est le bain de Djerrah pacha, situé près d’Ak-Sérail.»

V.—LE GRAND BAZAR

Comme aux temps des Byzantins, la ville possède des bazars couverts. Le plus grand de ces bazars est celui de Stamboul, dont une partie date des Byzantins, véritable ville avec des rues couvertes d’arcades et de coupoles. Des magasins étroits et souvent voûtés bordent ces rues. Ses ruelles étroites, ses carrefours, ses bancs et dépendances, ses passages sombres, font de ce bazar une sorte de labyrinthe compliqué à tel point que les habitants de la ville eux-mêmes s’y perdent souvent et sont obligés de demander leur chemin aux marchands.

Une lumière faible et blafarde, arrivant par de petites fenêtres cintrées ouvertes au plafond des magasins, éclaire l’intérieur et les marchandises sous un jour favorable aux boutiquiers. Le bazar est divisé en quartiers dont chacun, réservé à un commerce spécial, porte le nom du commerce qui y est pratiqué. C’est ainsi que Kouyoumdji Tcharchissi signifie bazar des bijoutiers. Il en est de même pour les orfèvres, les fourreurs, les marchands d’étoffe, etc. La plupart des magasins ne sont que de petites échoppes étroites. Devant chaque magasin, un banc peu élevé sert de comptoir; le vendeur y est assis, les jambes croisées. C’est là qu’il étale ses articles devant l’acheteur qui prend souvent place à côté de lui.

Malheureusement, le bazar commence à perdre son caractère d’originalité, les articles orientaux cédant peu à peu la place à ceux provenant des manufactures européennes.

Le quartier du grand bazar qui a conservé son ancienne originalité est le Bedestén (le marché de ventes aux enchères). C’est une grande bâtisse carrée, couverte de plusieurs coupoles, soutenues par d’immenses piliers d’une très grande hauteur. Le Bedestén est situé au centre du bazar. Quatre portes de fer, ouvrant sur les côtés communiquent avec l’intérieur du bazar. Quelques petites fenêtres à volets de fer, percées à la hauteur des coupoles, éclairent faiblement l’intérieur. Une lumière pâle tombe sur les objets anciens, suspendus aux murs et noircis par la poussière des siècles.

Une balustrade en bois irrégulièrement construite et située à la hauteur des fenêtres permet au gardien de nuit de circuler autour du bâtiment et de fermer les volets de fer.

Le Bedestén n’est pas ouvert à toute heure du jour. On l’ouvre plus tard et on le ferme plus tôt que le reste du bazar. Il ne reste ainsi accessible au public que pendant quelques heures. Les magasins ne sont formés que d’estrades et de bancs en bois. Chaque marchand a son dolab (armoire) et une ou plusieurs vitrines plates où il expose ses marchandises et devant lesquelles il est assis à la turque, les jambes croisées, en attendant les clients.

Des dellals ou courtiers privilégiés du Bedestén font voir aux marchands et aux amateurs les objets rares, et font la mise à prix. C’est de ce célèbre bazar que sont sortis des objets antiques de la plus haute valeur pour passer en Europe. Le Bazar égyptien, qui est aussi un des plus grands de la ville, est formé d’une grande ruelle voûtée en forme de berceau ayant au bas des voûtes des fenêtres latérales qui éclairent faiblement l’intérieur. Les marchandises sont exposées dans des sacs ouverts. Chaque magasin porte une arme ou un objet particulier qui lui sert d’enseigne. On y vend des épices et toutes sortes de drogues.

Pl. 46.


Fontaine d’Ahmed III ou d’Aya Sophia.

VI.—LES PALAIS IMPÉRIAUX OTTOMANS

PALAIS DE TOP KAPOU

Le premier palais ottoman a été bâti par Mahomet II le Conquérant sur la place de l’ancien forum Tauri (place de Bayazid). Ce palais, habité d’abord par le Sultan, reçut plus tard, après la construction du palais de Top Kapou serail, le nom d’Eski-serail (vieux palais). Il était gardé par 500 baltadji. Sur cet emplacement s’élève aujourd’hui le ministère de la Guerre appelé aussi Eski-serail.

Le sultan Mahomet II fit construire plus tard un autre palais sur l’acropole de l’ancienne Byzance, où s’élevait autrefois le palais de l’impératrice Placidie. Ce palais, dit de Top Kapou, fut habité par les successeurs du Conquérant jusqu’au sultan Mahmoud II, le grand réformateur, qui l’abandonna. Depuis, et jusqu’à nos jours, il a été affecté à la résidence des Sérailis (femmes du palais et de la cour impériale).

Le palais se compose de plusieurs bâtiments et de kiosques qui communiquent entre eux par des mabeïns, sortes de couloirs.

L’enceinte du palais est entourée d’une muraille flanquée de deux tours; c’est à peu près la même enceinte qui entourait l’ancienne acropole[85] de Byzance. La partie principale du palais est magnifiquement située sur la pointe la plus élevée de la colline, d’où l’on jouit d’une vue admirable sur le Bosphore, les Iles des Princes, la Corne d’Or, la Propontide et sur les montagnes de la Bithynie et de l’Olympe. On ne rencontre nulle part ailleurs un panorama aussi grandiose et aussi majestueux. L’ensemble de ces monuments offre un aspect très pittoresque. Une multitude de bâtiments, de coupoles surgissent par endroits du milieu d’immenses cyprès.

[85] Il ne faut pas confondre l’emplacement du Top Kapou serail avec celui du grand palais byzantin qui se trouvait à l’est de l’hippodrome.

Outre l’enceinte principale, le palais en possède plusieurs autres à l’extérieur. L’une des portes de l’enceinte principale se trouve près de la mosquée Sainte-Sophie; elle s’appelle Bab-i-Humayoun ou porte impériale; on trouve ensuite la porte de Soouk-Tchechmé, une autre près de l’École de médecine et une autre près de Yali-Kiosque.

La porte située près de Sainte-Sophie, en face de la fameuse fontaine construite par le sultan Ahmed III, conduit à une grande esplanade plantée de cyprès et de platanes. Cette cour rappelle la Chalké antique des palais byzantins. En laissant à gauche l’église de Sainte-Irène (actuellement le musée d’armes) et en suivant la grande allée, on arrive devant la porte de l’enceinte intérieure du palais. La porte est flanquée de deux tours aux toits coniques. Elle conduit à une cour plantée de cyprès. A droite, sont les cuisines impériales, à gauche le mur du harem et l’ancienne salle du Divan où se tenait autrefois le Conseil des ministres. Une tour carrée surmonte la salle. Mais cette tour ne présente plus l’ancienne forme que nous lui voyons dans l’ouvrage de Melling. De grandes fenêtres grillées éclairaient la salle du Divan. En face, une galerie soutenue par une colonnade donne accès et aboutit à une autre porte monumentale qui conduit à une troisième cour réservée au Sultan et aux gens du palais.

Après avoir franchi cette porte, on se trouve en présence d’un pavillon qui contient le Divan ou salle du Trône, dans laquelle les Sultans recevaient les ambassadeurs et les vizirs. Ce pavillon, d’un style très original, est orné intérieurement de magnifiques faïences et de vitraux. La cheminée est tout à fait remarquable.

Dans la même cour, tout près de la salle du Trône, se trouve la bibliothèque du Sultan, qui contient de très beaux et très rares manuscrits turcs et byzantins jusqu’ici inédits. Cette cour est entourée d’une galerie à colonnades; à droite, une porte protégée par un grillage donne accès au trésor impérial.

C’est un bâtiment formé de plusieurs pièces surmontées d’un grand toit couvert de plaques en plomb. De petites fenêtres pratiquées aux murs à une très grande hauteur du sol éclairent faiblement l’intérieur. Ce trésor contient des objets extrêmement précieux ayant appartenu aux Sultans; il forme le musée privé du palais. On y voit de nos jours tous les costumes portés par les Sultans, leurs sabres, leurs coiffures, etc. Dans des vitrines sont exposés des vases remplis de pierres précieuses et de vieilles monnaies en or et en argent. Parmi les objets de grande valeur, on peut citer le trône du chah Ismaël de Perse, enlevé par Sélim en 1514. C’est un trône en or massif sculpté, garni d’émeraudes et de brillants. Puis, le trône de Selim III, en ébène sculpté et incrusté de nacre, d’argent et d’or, garni de rubis et de pierres précieuses. Au centre du dais qui surmonte le trône et qui est supporté par quatre colonnes est suspendue par une chaîne en or une des plus grosses émeraudes du monde: elle a la grosseur du poignet.

Bibliothèque du Sultan au vieux Sérail.

A gauche de la cour s’élève le pavillon sacré où toutes les reliques du Prophète sont soigneusement conservées. L’intérieur de l’édifice est des plus imposants. C’est un véritable chef-d’œuvre de l’art national. Quelques fenêtres percées aux bases des coupoles laissent l’intérieur dans un clair-obscur mystique. Les murs sont complètement recouverts des plus belles faïences. Des versets du Coran écrits sur des tuiles émaillées forment frise autour des salles. Les plus rares inscriptions, en grandes lettres écrites de la main même des Sultans, sont suspendues aux murs.

On rencontre au milieu de la première salle une petite fontaine en marbre sculpté garnie de gobelets en or.

L’entrée de cette partie est absolument interdite au public, même aux gens du palais. Une fois par an seulement, les hauts personnages de l’Empire y sont reçus par le Sultan pour baiser, à travers une couverture, la cassette qui renferme le manteau sacré du Prophète. Des gardiens y veillent constamment en lisant des versets du Coran.

Par une porte ouvrant au nord-ouest de cette cour on descend à un jardin en terrasses où sont construits des kiosques et des pavillons. On y jouit d’une vue splendide.

Un ancien kiosque en bois, bâti par Mahomet II s’élevait sur une terrasse à droite; sur cet emplacement, le sultan Medjid avait fait construire Mermer kiosque.

A gauche, sur la colline, c’est le fameux Bagdad kiosque, si célèbre par la magnificence de son architecture, par la beauté de ses faïences, de ses cheminées, le dessin original de ses meubles, de ses divans et de ses armoires incrustées de nacre.

Tout près de ce kiosque, on voit une autre terrasse dallée de marbre avec, au milieu, un joli bassin. C’est un des coins les plus pittoresques du palais. Dans l’enceinte du palais se trouvaient encore d’autres kiosques actuellement disparus, tels que Indjili kiosque, Yali kiosque, Harem kiosque, etc... Voici ce que nous lisons dans l’ouvrage de Melling sur le kiosque appelé Indjili (aux perles); on voit encore de nos jours les arcades de ses fondations. «Le Sultan s’y rendait chaque année pour jouir du spectacle de l’ayasma (fontaine sacrée), dont la source est dans l’enceinte du Seraï et qui jaillit, ce jour-là seulement, sous l’arcade du pavillon où des tuyaux la conduisent. Les Grecs attribuent à ses eaux une vertu miraculeuse... Le grand seigneur prend plaisir à contempler leur empressement, leur extase, et leurs ablutions; il leur jette quelques pièces de monnaie pour payer l’amusement qu’ils lui donnent et jouit des combats qu’ils se livrent dans leur activité à s’en saisir.»

Sur une des terrasses de l’enceinte moyenne du palais de Top-Kapou, du côté de la ville se trouve Tchinili kiosque (kiosque aux faïences), ainsi nommé à cause des faïences qui décoraient jadis ses murs anciens et dont une grande partie n’existe plus aujourd’hui.

Il fut d’abord bâti par l’architecte Kémaluddin sur l’ordre du sultan Mehmed II le Conquérant (870 H.). Il fut reconstruit plus tard en 999 H., par Murad III, mais il a perdu sa forme primitive. Actuellement, il fait partie du musée d’antiquités. Deux escaliers en marbre conduisent sur une galerie à longues colonnades ornée de magnifiques mosaïques en faïence. Un petit vestibule mène dans une grande salle cruciforme voûtée à laquelle sont attenantes d’autres pièces plus petites; le plan de la construction est conçu dans un carré avec des ailes latérales.

PALAIS DE TCHÉRAGAN

Le palais de Tchéragan, situé sur les bords du Bosphore, entre Bechiktache et Ortakeuy, fut construit par le sultan Abd ul Aziz dans le style renaissance ottoman. Il a servi, pendant vingt-sept années, de prison au sultan Mourad V. Son emplacement était jadis occupé par un palais en bois nommé Tchéragan et habité autrefois par le sultan Mahmoud, après qu’il eut enlevé sa cour du palais de Top-Kapou.

On peut considérer l’architecture de ce palais comme un essai de renaissance de l’art ottoman. La façade a été bâtie sans respect des proportions de l’art, et les ornementations surchargées n’offrent pas l’originalité intéressante de l’ancien art ottoman. A l’intérieur, la décoration est plus artistiquement comprise. Ce palais communique avec le parc de Yildiz par un pont sous lequel passe le tramway.

Il possède comme dépendances d’autres bâtiments, telles que des cuisines, des écuries, des casernes, des corps de garde, etc...

PALAIS DE DOLMA BAGTCHÉ

Le palais de Dolma Bagtché, construit par le sultan Abdul Medjid vers 1854, est composé de quatre grands bâtiments unis l’un à l’autre par des galeries couvertes, sortes de passerelles. Au point de vue architectural, ce palais n’a aucune valeur, car ses constructeurs ont surchargé les façades de colonnes et d’ornementations sans style et sans goût.

L’ensemble du portail ne représente qu’une agglomération de fragments de fleurs ornementales. L’intérieur, malgré la grande richesse des matériaux employés, n’offre rien d’artistique. On y rencontre des balustrades en cristal, des colonnes en porphyre et de grands lustres suspendus aux plafonds. Une salle de bains, construite en albâtre, attire particulièrement l’attention.

Ce palais possède une immense salle du Trône. Du côté de la terre, le palais est entouré de murs d’une grande hauteur; on y pénètre par le portail. Son emplacement était occupé autrefois par un autre palais, appelé Bechiktache Saraï, séjour favori du sultan Selim III. Nous voyons, dans l’ouvrage de Melling, l’ensemble de ce palais ainsi que le kiosque persan qui était bâti en pierre et revêtu extérieurement de faïences dans toutes les parties se trouvant au-dessus du rez-de-chaussée. Au milieu de ce pavillon existait un bassin avec jets d’eau. Les plafonds et les panneaux étaient ornés d’arabesques admirables. Une partie de l’ancien palais de Bechiktache fut construit par Melling pour le sultan Selim III. L’architecture de ce kiosque différait énormément de celle des autres par ses galeries et ses colonnes d’ordre corinthien.

PALAIS DE YILDIZ

Il se compose de nombreux pavillons et de kiosques disséminés dans un immense parc renfermant des forêts, des jardins et un grand lac. Ce site ravissant ne le cède en rien pour la beauté à celui de l’acropole de Byzance.

LES ANCIENS PALAIS

Parmi les palais les plus anciens, le seul qui soit encore debout est celui de Top Kapou. La plupart des anciens palais ayant été construits en bois tombèrent vite en ruines. Il ne reste plus rien des magnifiques édifices construits par le sultan Ahmed III sur les rives de la Corne d’Or et du Bosphore, du palais de Sultanié, construit par Suleïman à Beïkos, du Kavak seraï appelé aussi Cheref Abad[86].

[86] Les dessins de M. Laurens, qui représentent plusieurs vues du palais de Tirebolou, peuvent nous donner une idée de l’architecture de ces palais en bois.

Ce dernier se trouvait à côté de la grande caserne de cavalerie située entre Haïdar pacha et Scutari, et qui s’appelle Selimié. L’emplacement de ce palais disparu fut occupé, dit Melling, par un kiosque où le sultan Selim III assistait aux manœuvres de cavalerie exécutées sur le terrain qui le séparait de la caserne. Aïnali kavak Seraï (palais des Miroirs de Kavak) ainsi appelé parce qu’il était intérieurement orné de glaces, envoyées comme cadeau par les Vénitiens au sultan Ahmet III lors de la conclusion de la paix de 1718, était situé près de Hasskeui, sur les bords de la Corne d’Or. Le sultan Selim III, après l’avoir habité seulement un printemps, l’avait abandonné, peut-être à cause des quartiers voisins de Hasskeui qui, pendant les épidémies, offraient un véritable danger. Le Sultan, depuis lors, préféra habiter pendant l’été le palais de Béchiktache.

On peut encore citer: le palais de Nichad Abad, situé entre Ortakeuy et Kouroutchechmé, reconstruit sous Selim III. Le palais de Fener Bagtché (qui subsista jusqu’à Mahmoud I). Le palais de Tersané, habité par Selim III. Le palais de Cara agatch (sur la rive de la Corne d’Or). Le palais de Kiathané. Le palais de Humayou Abad (à Bebek). Le palais de Beyler beï, construit sous Abdul Hamid Ier, appelé aussi palais d’Istavros.

Le palais de Cheref Abad, construit par Murad IV à Scutari près de la caserne Selimié a été démoli en 1794. Le palais de Nichad Abad subsistait encore jusqu’à une époque très rapprochée; à sa place deux nouveaux palais ont été construits.

Pl. 47.


Intérieur du grand bazar.

Le palais de Cara agatch fut habité jusqu’à Selim III par les Sultans qui y transféraient leur cour pendant l’été. Le sultan Mahmoud II l’a fait démolir. Sur une des portes de ce palais on lisait le vers suivant inscrit par Ahmed III.

قد دلبر كبى دل اكلنجه سى. غمكسارم قره آغاچ باغچه سى

«Ce jardin, où je me console, offre autant d’attraits que la taille élancée d’une belle.» Les débris de ce palais ont servi à la reconstruction des palais de Kiathané.

Mehmed effendi, à son retour de Paris où il était ambassadeur à l’époque d’Ahmed III, apporta en Turquie, en même temps que plusieurs inventions, comme l’imprimerie, le dessin des palais de Versailles et de Fontainebleau. Sur les encouragements de Damad Ibrahim pacha, gendre du souverain, le Sultan, mettant à profit les nouveautés introduites par Mehmed effendi, fit construire à Kiathané des kiosques et des fontaines qu’il entoura de lacs et de cascades, tâchant d’imiter les magnificences entrevues dans les dessins français. Ce palais portait alors le nom de Saad-Abad. Il y avait, aux alentours, de nombreux kiosques destinés aux fonctionnaires. La révolte de 1143 ayant détruit ces kiosques, Selim les fit reconstruire en 1206 et plus tard en 1224. Sultan Mahmoud reconstruisit de nouveau le palais en y ajoutant une mosquée et plusieurs chalets. Le kiosque de Bebek (disparu) fut construit sous Abdul Hamid Ier par Hassan pacha, ministre de la Marine et offert par lui au Sultan. Ce joli kiosque, que nous pouvons admirer dans l’ouvrage de Melling, servait de lieu de rendez-vous au Reïss Efindi (ministre des Affaires étrangères) et aux ambassadeurs des cours étrangères. «Il est formé de trois pavillons contigus, dit Melling, celui du milieu s’avançait en saillie sur les deux autres: leur front était soutenu par des colonnes de marbre; on remarquait les contrevents des fenêtres composés de deux parties mobiles, l’une supérieure et l’autre inférieure; l’une de ces parties se levait tandis que l’autre tombait à peu près comme le sabord d’un navire. Quelques-unes de ces fenêtres se prolongeaient jusqu’à l’entablement, le dessus des croisées était décoré de guirlandes artistiquement peintes. Les toits couverts de tuiles sont d’une forme très aplatie. Une balustrade occupait le principal corps de logis et on y entrait par de petites barrières qui s’ouvraient sur le quai. Deux escaliers conduisaient extérieurement aux salons de conférence.»

VII.—L’HABITATION

Dans l’architecture ottomane, on distingue deux genres différents, le genre religieux et le genre civil. Si les édifices appartenant au premier nous permettent d’en suivre la chronologie et les étapes, il n’en est malheureusement pas ainsi des constructions civiles, qui ont subi les atteintes du temps. Cependant, quelques vieilles maisons de Brousse et des villes d’Asie Mineure, dans lesquelles subsistent encore les vestiges des antiques constructions, peuvent donner une idée, bien faible d’ailleurs, des premières habitations ottomanes. Sous l’influence de l’architecture locale, ces constructions différaient entre elles, suivant les pays où elles étaient élevées. Les premières habitations ottomanes à Constantinople furent certainement celles qu’avaient abandonnées les Byzantins. Mais, comme les coutumes et les mœurs musulmanes exigeaient un changement radical, des maisons neuves s’élevèrent bientôt partout, dans la nouvelle capitale de l’Empire ottoman.

Après les légères modifications apportées dès le début aux anciens logis, les grands personnages construisirent des konaks plus appropriés à leurs coutumes. Les gens du peuple bâtirent de petites maisonnettes appelées éves[87]. Les habitations musulmanes et les konaks sont composés de deux bâtiments séparés, appelés selamlik et harem; quelquefois, ces deux parties, bien que toujours séparées, sont réunies sous le même toit.

[87] Ce mot doit dériver de iv ou yiv, lequel a une analogie avec le mot youva qui signifie nid.

Le selamlik est réservé aux hommes, et le harem aux femmes. Dans les konaks à deux bâtisses séparées, la communication du selamlik et du harem est établie par un corridor suspendu entre le premier et le deuxième étage de ces deux bâtiments. Les mœurs musulmanes défendent aux hommes de vivre avec d’autres femmes que leurs parentes et leurs épouses. Le maître de la maison reste souvent au selamlik où il reçoit les visites des hommes.

Dans ces konaks, l’étage supérieur est le plus important, tandis que le rez-de-chaussée ne contient que les chambres des domestiques et des gens de service.

Les femmes, et en général les Turcs, qui aiment à rester à la maison, préfèrent les maisons de bois percées de beaucoup de fenêtres. Ces maisons n’ont que très rarement trois étages.

L’aspect extérieur est tout oriental. Au-dessus du rez-de-chaussée, des balcons à larges saillies sont supportés par de grandes consoles en bois et rappellent les balcons à encorbellement des Byzantins.

Chaque étage fait saillie sur l’étage inférieur. Le toit, très saillant, donne un caractère tout spécial à ce genre de construction et paraît avoir son origine dans le toit chinois, recourbé aux extrémités. Ce dernier serait un souvenir de la tente nomade. La maison est souvent couleur de terre-cuite.

Les cheminées, qui ont une forme particulière, portent des nids construits par les cigognes. On entre dans le konak par deux portes, dont l’une est réservée au harem et l’autre au selamlik.

La porte du selamlik donne accès à une grande cour pavée de moellons. Les voitures peuvent aisément franchir cette porte et arriver jusqu’à la cour située sous la grande salle du premier étage. Les escaliers partent d’une sorte de petite estrade en marbre qui porte le nom de Binek-Tachi et d’où le maître de la maison peut facilement sauter à cheval.

Autour de cette cour, se trouvent les chambres destinées aux Ouchaks (domestiques), aux Aïvazes (porteurs de mets), aux Achtchi (cuisiniers), etc. Une chambre est réservée à l’intendant et une autre aux eunuques. La cuisine est généralement dans le jardin; les écuries, le bain, le réservoir d’eau forment autant de dépendances autour du konak. Le bain est adossé aux murs du harem. De larges escaliers en bois conduisent au premier étage. Là est la chambre où se tient le maître de la maison.

Toutes les chambres sont pareilles et meublées de la même façon. Il n’y a nulle différence entre les chambres à coucher et les salles à manger. Un long sofa est installé le long des fenêtres près du mur et quelquefois sur les deux côtés de la chambre. On y voit aussi une niche destinée au miroir et, à côté, d’autres petites niches qui sont réservées aux cruches d’eau et aux vases en porcelaine. Des porte-pipes, appliqués aux murs, sont garnis de longues pipes en bois de jasmin, en bois de rose et autres bois précieux; toutes sont munies de bouts d’ambre. Des calligraphies en lettres harmonieusement dessinées sont suspendues aux murs dans des cadres. Des étagères pour le Kavouk (coiffure), une pendule, des tapis, un brasier, voilà ce qui constitue le mobilier d’une chambre. Chaque chambre possède plusieurs grandes armoires fixes où l’on serre pendant la journée les lits, les matelas et les couvertures.

Pl. 48.


Marchands de chaussures.

Quand on veut se coucher, on sort ces matelas et on les étale sur le plancher. De même, pour les repas, on apporte de petits tabourets sur lesquels on installe de grands plateaux ronds en cuivre étamé ou en bronze, et l’on dispose des coussins tout autour, formant ainsi une sorte de table improvisée.

Les pièces sont chauffées pendant l’hiver à l’aide de cheminées où on brûle du bois, ou à l’aide de mangals (brasiers en bronze). Dans les konaks, les chambres donnent accès à une très grande salle dont les dimensions dépassent l’étendue totale des chambres. Le harem diffère peu du selamlik. Il est souvent plus grand. Les fenêtres y sont soigneusement fermées par des cafesses (jalousies) pour empêcher les regards indiscrets des passants d’y pénétrer.

Ces cafesses sont formées de petites baguettes en bois, clouées perpendiculairement ou quelquefois diagonalement dans les rainures d’un cadre ayant la moitié de la hauteur de la fenêtre. Les femmes, qui restent derrière ces cafesses, peuvent très bien voir les passants à travers les trous sans être aperçues du dehors.

Une autre rangée de fenêtres est située au-dessus des fenêtres portant les cafesses pour éclairer davantage l’intérieur des chambres. Ces fenêtres sont souvent garnies de vitraux qui ajoutent à la décoration de l’intérieur un luxe de couleurs et d’images du plus joli effet.

L’abondance des fenêtres est une chose très recherchée dans les habitations. Les Turcs ont toujours reconnu l’action bienfaisante du soleil et de l’air sur la santé et ils ont doté leurs habitations d’autant de fenêtres que l’étendue de la façade le leur permettait. Le grand nombre des fenêtres vient aussi de la nécessité où se trouvaient les femmes d’occuper leurs loisirs pendant les longues heures où elles étaient retenues à la maison. Nous voyons que le côté hygiénique de cette disposition la fait appliquer aujourd’hui dans toutes les maisons modernes en Europe. Les façades des maisons anglaises modernes présentent, par l’abondance de leurs fenêtres, une certaine ressemblance avec les maisons turques. Si cette disposition paraît présenter l’inconvénient d’exposer l’intérieur aux changements brusques de l’atmosphère et aux ardents rayons du soleil, les doubles châssis et les volets viennent remédier au froid, de même que les toits avancés et les saillies des étages préservent de la chaleur.

Les portes du harem restent toujours fermées et c’est le Harem Kiahyassi (intendant du harem) qui en garde les clefs. Une armoire ronde et pivotant sur son axe facilite le service, tout en empêchant que les serviteurs et les servantes puissent se voir. Les objets une fois placés du côté des servantes, on fait tourner l’armoire sur son axe pour les mettre à la disposition des serviteurs. Le service de Dolap était permis seulement aux aïvazes: ceux-ci étant des Arméniens, le maître de la maison leur laissait ce service, à cause de la différence de religion peu favorable à l’éclosion de sentiments trop intimes.

La plupart des konaks possèdent dans leurs jardins un grand havouse (bassin). Les bains particuliers ne diffèrent presque pas des bains publics; ils ont leur apodyterium, leur tepidarium et leur caldarium, mais sur une échelle plus réduite.

Les cuisines ne ressemblent pas du tout aux cuisines occidentales. Une grande cheminée cintrée est divisée à l’intérieur en compartiments de différentes grandeurs, destinés aux marmites grandes et petites. On n’y brûle que du bois et du charbon de bois.

Les petites maisons (éve) ont à peu près la même distribution intérieure que les konaks. Au lieu d’être séparées en deux parties différentes comme les konaks, ces maisons n’ont qu’une ou deux chambres, destinées l’une au selamlik et l’autre au harem. Deux escaliers séparés conduisent à chacune de ces parties.

Les salles sont également vastes. Les cuisines sont en dehors et, au lieu de bains, il y a un goussoulhané ou lieu d’ablutions. En guise de réservoir, de nombreuses jarres enfoncées dans la terre du vestibule conservent l’eau nécessaire au ménage. Le porteur d’eau, sans ouvrir la porte, verse le contenu de son kirba (sac en cuir) dans le creux d’une pierre taillée en forme de cassette carrée, fermée par un cadenas dont le porteur d’eau possède la clef; l’eau s’écoule ensuite dans les jarres au moyen de tuyaux.

Malheureusement, toutes ces anciennes maisons ont disparu aujourd’hui, cédant la place à des constructions laides et difformes, peintes de couleurs criardes et d’un goût banal. Dans tout Constantinople, on ne trouve plus qu’une vingtaine de ces vieilles maisons, dont la plus ancienne ne remonte qu’à l’époque du sultan Mahmoud II; des réparations successives lui ont d’ailleurs fait perdre beaucoup de son aspect primitif.

Pl. 49.


Vieux Sérail (Palais de Top Kapou).—Salle du Trône.

C’est dans les quartiers de Yuksek Kaldirim, Ak-Seraï et d’Eyoub qu’on a le plus de chance de découvrir quelques-unes de ces anciennes maisons. Parmi les faubourgs qui semblent conserver davantage de leurs anciennes habitations, on peut citer les villages d’Anatoli-Hissar, Arnaout-Keuy, Yeni-Keuy, Tchenguelkeuy, Kousgoundjouk et surtout Scutari, qui possèdent encore quelques types d’anciennes maisons condamnées malheureusement à disparaître d’ici une dizaine d’années. Comme habitations anciennes, nous pouvons citer l’Ambassade de France à Therapia qui appartenait autrefois au prince Ypsilanty, et qui fut confisquée par le Sultan pour être donnée au général Sébastiani, alors ambassadeur de France à Constantinople. Les Français, qui savent si bien apprécier les choses d’art et les restes de l’antiquité, conservent son caractère à cet intéressant édifice.

Maison turque; XVIIIe siècle.

Pour se familiariser avec le type de l’ancienne maison turque, il faut prendre en considération les traits caractéristiques suivants de cette architecture.

1o La bâtisse, souvent en bois, ne dépasse pas trois étages;

2o Chaque étage fait saillie sur l’étage immédiatement inférieur; la partie surplombante est supportée par de grosses consoles en bois recourbé;

3o Les toits sont avancés et couverts d’un genre de tuiles recourbées dites Kerémid, pareil à celui en usage chez les Byzantins;

4o La partie avancée du toit (auvent) qui s’appelle Satchak est ornée en dessous d’ornements géométriques formés par de minces baguettes en bois;

Maison turque; XVIIIe siècle.

5o Sous ces auvents sont suspendus des cadres portant des inscriptions sacrées qui préservent la maison du mauvais œil; sur ces inscriptions on lit:

Ce que Dieu veut, est, fut. ماشا اللّه كان
O propriétaire de la propriété. يا مالك الملك
O protecteur, etc. يا خافظ

Derrière ces cadres inclinés, les hirondelles font souvent leurs nids;

6o Les tuyaux des cheminées, assez hauts, ont une forme prismatique quadrangulaire et sont munis à leur sommet de fentes verticales; ils sont couverts de tuiles et les cigognes (surtout dans les quartiers reculés de la Corne d’Or) ne manquent pas d’y venir faire leur nid.

Les cheminées elles-mêmes font souvent saillie sur les murs de la bâtisse et forment alors des encorbellements d’un aspect original;

7o Les portes en bois sont ornées de moulures et de cordons formant des décorations géométriques. Chacun des deux battants est muni d’un gros anneau en métal appliqué sur des plaques en bronze ciselé et servant de marteau ou heurtoir;

8o Au-dessus de chaque porte s’ouvre une fenêtre garnie de barres de fer en carreau et souvent ornée extérieurement d’un grillage en bois reproduisant la forme décorative d’un soleil;

9o Les fenêtres sont munies de cafesses (espèces de grillages en petits carreaux formés par de minces baguettes de bois qui empêchent d’être vu de l’extérieur); plusieurs de ces fenêtres possèdent des cafesses en forme de corbeilles proéminentes dans lesquelles les femmes peuvent se pencher pour apercevoir les deux extrémités de la rue sans être aperçues de dehors;

10o Des plantes grimpent parfois sur les balcons et les terrasses munies de cafesses;

11o Souvent, sous les toits saillants des maisons ainsi que sur les façades des édifices publics en pierre, sont disposées de minuscules maisonnettes avec des colonnes, des portes et des fenêtres. Ces habitations qui servent de nids en miniature sont, par un joli sentiment, destinées aux petits oiseaux qui y viennent faire leurs nids avec le plus grand plaisir.

Magasin du XVIIIe siècle.

BIOGRAPHIE DE KODJA SINAN


Sinan n’était pas Autrichien, comme le prétendent plusieurs auteurs européens. Dans un manuscrit écrit par Sa-ï, un poète du temps, qui porte le nom de «Tezqueret-ul-bunyani-Mimar-Sinan» et qui renferme la liste des édifices construits par l’architecte Sinan, on apprend qu’il est né à Césarée, ancienne ville de la Cappadoce, fils d’un Grec nommé Christo, en l’année 895 de l’Hégire.

Sous le règne de Sélim, on prenait des enfants grecs pour le service de l’armée, sous le nom de devchirmé. Ceux-ci, après avoir reçu une éducation primaire, entraient dans le fameux corps des janissaires. Sinan était entré dans ce corps à vingt-trois ans comme adjemi-oglani (apprenti).

Comme les adjemis devaient étudier un métier, Sinan avait choisi l’architecture. Après quelques années, il devint janissaire. Excellent soldat, il montra beaucoup de bravoure pendant les guerres de Rhodes et de Belgrade. Pour récompenser ses services, le Sultan le promut au rang de Zenberekdji Bachi. Sinan, sans qu’il devinât que l’architecture lui devait assurer un avenir si brillant, attendait sa gloire du militarisme. Mais pendant la campagne de Van, les troupes ayant besoin de bateaux pour traverser le lac, Sinan construisit plusieurs galères qui furent d’une grande utilité.

Le grand vizir, enchanté des services de Sinan, le nomma chef des troupes qui étaient à bord de ses bateaux. Sinan, après avoir armé son équipage, passa pendant la nuit à la rive de l’ennemi et fit plusieurs prisonniers. Ce service fut la cause de sa promotion au grade de Sou bachi.

Pendant la campagne de Bogdan, le sultan Sélim lui avait confié la construction d’un pont que les ingénieurs ne pouvaient pas faire à cause du terrain marécageux. Sinan parvint à faire ce pont que franchirent les armées. Depuis lors, Sinan fut nommé le premier architecte. Il débuta par la grande mosquée de Sélim. Sous les règnes des quatre autres Sultans, il construisit 81 mosquées, 51 mesdjid (chapelles), 26 darulkoura (bibliothèques), 17 imarets, 2 salpêtrières, 7 aqueducs, 8 grands ponts, 18 karavansérails, 6 citernes, 33 palais, 35 bains, 17 sépultures, des fontaines et d’autres constructions civiles et religieuses.

Il a vécu plus de cent dix ans. Sous les règnes de Sélim Ier, de Suléiman le Législateur, de Sélim II et de Mourad III, il fut appelé Kodja Sinan pour être distingué d’un autre Sinan, un de ses élèves. Pendant toute sa vie, il a reçu à titre de pension la solde de Hasseki du corps des janissaires. On peut voir aujourd’hui le turban de Hasseki sur le cippe en marbre blanc de son tombeau, lequel est surmonté d’une coupole composée de quatre grands blocs de pierre reposant sur quatre colonnes. Il repose près de son chef-d’œuvre, la mosquée Suléïmanié, en face du Cheihuslamat, au coin de deux rues. Sur sa pierre tombale on lit ces lignes:

«O celui qui séjourne quelques jours dans ce palais d’ici-bas. Pour l’homme, ce domaine terrestre n’est pas un lieu de paix. Cet homme d’élite que fut l’architecte de Suléiman Khan et qui a construit une mosquée à l’image du paradis, par ordre du Sultan travailla pour les conduits d’eau. Il fut Hizir[88] et fit couler sur le monde l’Abi-Hayat. L’arc qu’il a construit au pont de Tchek-médjé fut l’image de la voie lactée.

[88] Nom donné au prophète Ilias, qui ayant bu de la source Abi-Hayat (Nectar de l’immortalité) est devenu immortel.

«Il bâtit plus de quatre cents mesdjid toutes de splendides constructions. Cet habile architecte érigea sur quatre-vingts places des mosquées et mourut après avoir vécu plus de cent ans.

«Que Dieu Tout-Puissant transforme sa demeure éternelle en un jardin élyséen. Son prieur (Sa-ï) a dit la date de sa mort. Il partit du monde, le vieil architecte Sinan. Que jeunes et vieux prient pour son âme.

«La Fatiha (premier chapitre du Coran).»

TABLE DES MONUMENTS
CONSTRUITS PAR KODJA SINAN[89]

[89] Extrait de l’ouvrage de Sa-ï sur l’œuvre de Sinan.


  1. Mosquée du Sultan Suléïman.
  2. Mosquée du Chahzadé (prince) Mehmed.
  3. Mosquée de la sultane Haseki, à Avrat Bazar.
  4. Mosquée de la sultane Mihrumah, à la porte d’Andrinople.
  5. Mosquée de la mère d’Osman Chah, près d’Ak-Séraï.
  6. Mosquée de la princesse, fille du sultan Bayazid, près de Yéni-Baghtché.
  7. Mosquée d’Ahmed Pacha, à Top-Kapou.
  8. Mosquée de Rustem Pacha, à Taht-Ulkala.
  9. Mosquée de Mehmed Pacha, à Cadirga Liman.
  10. Mosquée d’Ibrahim Pacha, à Silivri Capoussou.
  11. Mosquée de Bali Pacha, à Houssrev Pacha.
  12. Mosquée d’Abdurahman Tchélébi, à Molla Gurani.
  13. Mosquée de Mahmoud Agha, à Akhour Capou.
  14. Mosquée d’Oda Bachi, à Yéni Capou.
  15. Mosquée de Hodja Khosrev, à Kodja Moustafa Pacha.
  16. Mosquée de Hamami Hatoun, à Soulou Monastir.
  17. Mosquée de Suleiman Tchélébi, à Uskublu Tchechmé.
  18. Mosquée de Férah Kahia, à Balata.
  19. Mosquée de Diragman Younous bey, à Balata.
  20. Mosquée de Hourem Tchaouche, à Yéni Baghtché.
  21. Mosquée de Sinan Agha, à Kadi Tchechméssi.
  22. Mosquée d’Akhi Tchélébi, à Ismir Iskelessi.
  23. Mosquée de Suléiman sou bachi, à Oun Kapan.
  24. Mosquée de Zal Pacha, à Eyoub.
  25. Mosquée de Chah Sultan, à Eyoub.
  26. Mosquée de Nichandji Pacha, à Eyoub.
  27. Mosquée d’Emir Bouhari, à Edirné Capou.
  28. Mosquée de Merkez Effendi, à Yéni Capou.
  29. Mosquée de Tchaouch Bachi, à Sutludjé.
  30. Mosquée de Husséin Tchélébi, à Kirémidlik.
  31. Mosquée de Kassim Pacha, à Tersané.
  32. Mosquée de Mehmed Pacha, à Azablar.
  33. Mosquée de Kilidj Ali Pacha, à Tophané.
  34. Mosquée de Mouhiddine Tchélébi, à Tophané.
  35. Mosquée de Mollah Tchélébi, à Tophané.
  36. Mosquée d’Ebulfadl, à Tophané.
  37. Mosquée de Chahzadé Djihanghir, à Tophané.
  38. Mosquée de Sinan Pacha, à Bechiktache.
  39. Mosquée de Sultan Djamissi, à Scutari.
  40. Mosquée de Chemsi Pacha, à Scutari.
  41. Mosquée de Skender Pacha, à Kanlidja.
  42. Mosquée de Moustapha Pacha, à Guebzé.
  43. Mosquée de Pertev Pacha, à Ismidt.
  44. Mosquée de Rustem Pacha, à Sapandja.
  45. Mosquée de Rustem Pacha, à Samanli.
  46. Mosquée de Moustapha Pacha, à Bolou.
  47. Mosquée de Ferhad Pacha, à Bolou.
  48. Mosquée de Mehmed bey, à Ismidt.
  49. Mosquée d’Osman Pacha, à Caïsseri.
  50. Mosquée de Hadji Pacha, à Caïsseri.
  51. Mosquée de Djenabi Ahmed Pacha, à Angora.
  52. Mosquée de Moustapha Pacha, à Erzéroum.
  53. Mosquée du Sultan Alla-ud-dine, à Tchoroum.
  54. Mosquée d’Abdusselam, à Ismidt.
  55. Mosquée du Sultan Suleiman, à Isnik (ancienne église byzantine brûlée).
  56. Mosquée de Khosrev Pacha, à Alep.
  57. Les coupoles de Harem chérif, à La Mecque.
  58. Mosquée du Sultan Murad, à Magnésie.
  59. Mosquée d’Orkhan Gazi, à Kutahia.
  60. Mosquée Rustem Pacha, à Bolvadine.
  61. Mosquée Husséin Pacha, à Kutahia.
  62. Mosquée Sélim, à Karapinar.
  63. Mosquée Sultan Suléiman, à Damas.
  64. Mosquée Sultan Selim, à Andrinople.
  65. Mosquée Mahmoud Pacha, à Tachlik (Andrinople).
  66. Mosquée Defterdar Moustapha Pacha, à Andrinople.
  67. Mosquée Ali Pacha, à Baba Eski.
  68. Mosquée Mehmed Pacha, à Hofasa.
  69. Mosquée Mehmed Pacha, à Bourgas.
  70. Mosquée d’Ali Pacha, à Erégli (Héraclé).
  71. Mosquée Bosnali Mehmed Pacha, à Sophia.
  72. Mosquée Sofi Mehmed Pacha, à Hersek.
  73. Mosquée Ferhad Pacha, à Tchataldja.
  74. Mosquée Maktoul (tué) Moustapha Pacha Djamii, à Boudine.
  75. Mosquée Firdevs Bey, à Astaria.
  76. Mosquée Mémi Kiahya Oulachlou.
  77. Mosquée Tatar Han, à Geuzleuvé.
  78. Mosquée Rustem Pacha, à Roustchouk.
  79. Mosquée Vézir Osman Pacha, à Trikala.
  80. Mosquée Haseki Sultane, à Andrinople.
  81. Mosquée Sultane Validé, à Scutari.

Pl. 50.


Vieux Sérail.—Cheminée, porte, fontaine d’ablutions et faïences.
MESDJIDS (Chapelles).
  1. Mesdjid de Rustem Pacha, à Yéni Baghtché.
  2. Mesdjid d’Ibrahim Pacha, à la porte d’Isa.
  3. Mesdjid du Tchivizadé, à Top Capou.
  4. Mesdjid d’Emir Ali, à Gumrukhané.
  5. Mesdjid construit à son nom, à Yéni Baghtché.
  6. Mesdjid d’Avdji Bachi, à Gumrukhané.
  7. Mesdjid de Chérif Zadé Effendi.
  8. Mesdjid de Defterdar Mehmed Tchélébi.
  9. Mesdjid de Hafiz Moustapha, à Yéni Baghtché.
  10. Mesdjid de Simkech Bachi, à Bazar de Lutfi Pacha.
  11. Mesdjid de Hodjegui Zadé.
  12. Mesdjid de Tchaouch, à la porte de Silivri.
  13. Mesdjid de la fille du Tchivi Zadé, à Davoud Pacha.
  14. Mesdjid de Takiédji Ahmed, à Silivri Capou.
  15. Mesdjid de Sari Hadji Nassouh.
  16. Mesdjid d’Elhadj Awz.
  17. Mesdjid d’Elhadj Hamza.
  18. Mesdjid de Tok Hadji Hassan.
  19. Mesdjid d’Ibrahim Pacha, à Koum Capou.
  20. Mesdjid de Baïram Tchélébi, à Vlanga.
  21. Mesdjid de Cheïk Ferhad.
  22. Mesdjid de Kurkdji Bachi, hors du Koum Capou.
  23. Mesdjid de Kemhadjilar.
  24. Mesdjid de Kouyoumdjilar.
  25. Mesdjid de Hersek bodroumou (près d’Aya Sofia).
  26. Mesdjid de Yaya Bachi, Fener Capou.
  27. Mesdjid d’Abdi Soubachi, à Sultan Sélim.
  28. Mesdjid de Hadji Iliasse, à Ali Pacha Hamam.
  29. Mesdjid de Husséin Tchélébi, à Sultan Sélim.
  30. Mesdjid de Douhani Zadé, à Kodja Moustapha Pacha.
  31. Mesdjid de Kadi Zadé, à Tchoukour Hamam.
  32. Mesdjid de Mufti Hamid Effendi, à Azablar.
  33. Mesdjid de Tufek Hané, à Hissar.
  34. Mesdjid de Saraï Aghassi, à Edirné Capou.
  35. Mesdjid de Deukmedji Bachi, à Eyoub.
  36. Mesdjid d’Arpadji Bachi, à Eyoub.
  37. Mesdjid de Hekim Kaïssouni Zadé, à Sutlidjé.
  38. Mesdjid de Kardji Suleïman, à Eyoub.
  39. Mesdjid de Kardji Suleïman, à Stamboul.
  40. Mesdjid d’Ahmed Tchélébi, à Kiremitlik.
  41. Mesdjid de Yaya Raya, à Kassim Pacha.
  42. Mesdjid de Chéhr-Emini Hassan Tchélébi, à Kassim Pacha.
  43. Mesdjid de Séhil Bey, à Tophané.
  44. Mesdjid de Iliasse Zadé, à Top Kapou.
  45. Mesdjid de Pazar Bachi Mémi Kahya, à Rassim Pacha.
  46. Mesdjid de Mehmed Pacha, à Buyuk Tchekmédjé.
  47. Mesdjid de Hadji Pacha, à Scutari.
  48. Mesdjid de Saradj Hané, à Hasskeuy.
  49. Mesdjid de Sarraf, hors de Top Kapou.
  50. Mesdjid de Rouznamédji Abdi Tchélébi, à Soulou Monastir.
MEDRÉSSÉS (Écoles).
  1. Sultan Suléiman, à La Mecque.
  2. Sultan Suléiman, à Stamboul.
  3. Sultan Sélim Ier, à Halidjilar.
  4. Sultan Sélim II, à Andrinople.
  5. Sultan Sélim Han, à Tchorlou.
  6. Chehzadé Sultan Mehmed, à Stamboul.
  7. Hasséki Sultan Mehmed, à Avret-Bazar.
  8. Hasséki Sultan Kaarié, à Sultan Sélim.
  9. Validé Sultan, à Scutari.
  10. Mihr i Mah Sultane, à Scutari.
  11. Mihr i Mah Sultane, à Edirné Kapou.
  12. Mehmed Pacha, à Kadirga Liman.
  13. Mehmed Pacha, à Eyoub.
  14. Osman Chah Validéssi, à Ak-Séraï.
  15. Rustem Pacha, à Stamboul.
  16. Ali Pacha, à Stamboul.
  17. Maktoul Mehmed Pacha, à Top Kapou.
  18. Sofou Mehmed Pacha, à Stamboul.
  19. Ibrahim Pacha, à Stamboul.
  20. Sinan Pacha, à Stamboul.
  21. Iskender Pacha, à Stamboul.
  22. Ali Pacha, à Baba Eski.
  23. Missirli Moustapha Pacha, à Guebzé.
  24. Ahmed Pacha, à Ismidt.
  25. Kassim Pacha.
  26. Ibrahim Pacha, à Stamboul près d’Issa Capou.
  27. Chemssi Pacha, à Scutari.
  28. Djafer Agha, à Stamboul.
  29. Capou aghassi Mahmoud agha, à Stamboul.
  30. Maaloul Emir Effendi, à Stamboul.
  31. Umm-ul-Veled, à Stamboul.
  32. Avdji Bachi, à Stamboul.
  33. Mufti Hamid Effendi, à Stamboul.
  34. Firouz agha, à Stamboul.
  35. Hadjéki Zadé, à Sultan Mehmed.
  36. Agha Zadé, à Sultan Mehmed.
  37. Yahya Effendi, à Sultan Mehmed.
  38. Abdusselam, à Sultan Mehmed.
  39. Toudi Kadi, à Sultan Mehmed.
  40. Hekim Mehmed Tchélébi, à Sultan Mehmed.
  41. Husséin Tchélébi, à Sultan Mehmed.
  42. Emin Sinan Effendi, à Sultan Mehmed.
  43. Chah Koulou, à Sultan Mehmed.
  44. Younouss Bey, à Diragman.
  45. Kardji Suléiman Bey, à Stamboul.
  46. Hadji khatoun, à Stamboul.
  47. Cherif Zadé, à Stamboul.
  48. Kadi Hekim Tchélébi, à Karaman.
  49. Baba Tchélébi, à Stamboul.
  50. Kermassi.
  51. Sekban Ali bey, à Kumruk Hané.
  52. Nichandji Mehmed Bey, à Alti Mermer.
  53. Bedestan Kahyassi Husséin Tchélébi, à Stamboul.
  54. Gulfem Hatoum, à Scutari.
  55. Houssrev Kahya, à Angora.
DARULKOURA (Bibliothèques).
  1. Sultan Suléïman, à Stamboul.
  2. Validé Sultan, à Scutari.
  3. Houssrev Kahya, à Stamboul.
  4. Mehmed Pacha, à Eyoub.
  5. Mufti Saïd Tchélébi, à Kutchuk Karaman.
  6. Bossnali Mehmed Pacha, à Stamboul.
  7. Kadi Zadé, à Stamboul.
TURBÉ (Tombeaux).
  1. Sultan Suléïman Han.
  2. Sultan Sélim Han.
  3. Chehzadé Mehmed Han.
  4. Chehzadéler, à Sultan Sélim.
  5. Rustem Pacha, à Chehzadé Bachi.
  6. Houssrev Pacha.
  7. Ahmed Pacha, à Top Capou.
  8. Mehmed Pacha, à Eyoub.
  9. Des fils de Siavèche Pacha, à Eyoub.
  10. Zal Pacha.
  11. Haïreddin Barbarosse, à Bechiktache.
  12. Yahya Effendi, à Bechiktache.
  13. Arab Ahmed Bey, à Bechiktache.
  14. Kilidj Ali Pacha, à Tophané.
  15. Pertev Pacha, à Eyoub.
  16. Chah Houban Kadine, à Yéni Baghtché.
  17. Ahmed Pacha, à Edirné Kapou.
  18. Hadji Pacha, à Scutari.
  19. Chemsi Pacha, à Scutari.
IMARETS (Cantines).
  1. Sultan Suléïman, à Stamboul.
  2. Hasséki, à La Mecque.
  3. Chéhzadé Sultan Suléiman, à Stamboul.
  4. Sultan Sélim, à Karapinar.
  5. Sultan Suléiman, à Tchorlou.
  6. Mihr i Mah Sultane, à Scutari.
  7. Validé Sultane, à Scutari.
  8. Sultan Mourad, à Manissa.
  9. Rustem Pacha, à Roustchouk.
  10. Rustem Pacha, à Sabandja.
  11. Mehmed Pacha, à Bourgas.
  12. Mehmed Pacha, à Hafssa.
  13. Moustapha Pacha, à Ghebzé.
  14. Mehmed Pacha, à Bossna.

Pl. 51.


Vieux Sérail.—Tchinili Kiosque.

Vieux Sérail.—Terrasse et pavillon aux faïences.
HOPITAUX
  1. Sultan Suléiman.
  2. Hasséki Sultane.
  3. Validé Sultane, à Scutari.
AQUEDUCS
  1. Dérbend Kéméri.
  2. Ouzoun Kemer.
  3. Mouallak Kemer.
  4. Keurundjé Kemeri.
  5. Muderiss Keuy Kemeri.
PONTS
  1. Le pont de Buyuk Tchekmédjé.
  2. Le pont de Silivri.
  3. Le pont de Moustapha Pacha sur Méritch.
  4. Le pont de Mehmed Pacha, à Marmara.
  5. Le pont de Oda Bachi, à Halkali.
  6. Le pont de Kapou aghassi, à Harami déré.
  7. Le pont de Mehmed Pacha, à Sinanli.
  8. Le pont de Grand Vizir Mehmed Pacha, à Vichgrad (Bosnie).
KARVAN-SÉRAÏ (Hôtelleries).
  1. Karvan Séraï de Sultan Suléïman.
  2. Karvan Séraï de Sultan, à Tchékmédjé.
  3. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Tekvourdaghi.
  4. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Bat Pazari.
  5. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Galata.
  6. Karvan Séraï de Ali Pacha, à Bat Pazari.
  7. Karvan Séraï de Pertev Pacha, à Vefa.
  8. Karvan Séraï de Moustapha Pacha, à Alghin.
  9. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Ak Biik.
  10. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Samanli.
  11. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Sabandja
  12. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Karaman.
  13. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Karichdiran.
  14. Karvan Séraï de Houssrev Kahia, à Ipssalé.
  15. Karvan Séraï de Mehmed Pacha, à Bourgas.
  16. Karvan Séraï de Rustem Pacha, à Andrinople.
  17. Karvan Séraï de Ali Pacha, à Andrinople.

PALAIS
  1. Palais de Vieux Sérail.
  2. Palais de Nouveau Sérail.
  3. Palais de Usskudar.
  4. Palais de Galata.
  5. Palais de At Méïdani.
  6. Palais de Yéni Capou.
  7. Palais de Kandilli.
  8. Palais de Fener Baghtché.
  9. Palais de Iskender Tchélébi Bahdjéssi.
  10. Palais de Halkali.
  11. Palais de Rustem Pacha, à Kadirga.
  12. Palais de Mehmed Pacha, à Sainte-Sophie.
  13. Palais de Mehmed Pacha, à Scutari.
  14. Palais de Rustem Pacha, à Scutari.
  15. Palais de Siavèche Pacha, à Scutari.
  16. Palais de Siavèche Pacha, à Scutari.
  17. Palais de Siavèche Pacha, à Stamboul.
  18. Palais de Ali Pacha, à Stamboul.
  19. Palais de Ahmed Pacha, à At Méidani.
  20. Palais de Ferhad Pacha, à Sultan Bayazid.
  21. Palais de Pertev Pacha, à Véfa.
  22. Palais de Sinan Pacha, à At Méidani.
  23. Palais de Sofou Mehmed Pacha, à Hodja Pacha.
  24. Palais de Mahmoud Agha, à Yéni Baghtché.
  25. Palais de Mehmed Pacha, à Halkali.
  26. Palais du Chah Houban Kadine, à Kassim Pacha.
  27. Palais du Pertev Pacha, à Tachra.
  28. Palais de Ahmed Pacha, à Tachra.
  29. Palais de Ali Pacha, à Eyoub.
  30. Palais de Ali Pacha, à Eyoub.
  31. Palais de Mehmed Pacha, à Rustem Pacha tchiflik.
  32. Palais de Mehmed Pacha, à Bosnie.
  33. Palais de Rustem Pacha, à Isskender tchiflick.
DÉPOTS
  1. Dépôts à Galata.
  2. Dépôts à Terssané-i-Amiré (arsenal).
  3. Dépôts à Saraï.
  4. Dépôts à Hass Baghtché.
  5. Dépôts à Saraï.
  6. Dépôts à Oun Kapani.
BAINS
  •  1, 2, 3. Bains du Palais Impérial par ordre du Sultan Suléiman.
  •  4. Bains de Sultan Suléiman, à Stamboul.
  •  5. Bains de Sultan Suléiman, à Kéfé.
  •  6. Bains du Palais d’Usskudar.
  •  7. Bains de Hasseki Sultane, à Sainte-Sophie.
  •  8. Bains de Hasseki Sultane, à Yahoudiler.
  •  9. Bains de Validé Sultan, à Usskudar.
  • 10. Bains de Sultan, à Karapinar.
  • 11. Bains de Validé Sultane, à Djibali.
  • 12. Bains de Mihr-i-Mah Sultanne, à Edirné-Capou.
  • 13. Bains de Loutfi Pacha, à Edirné-Capou.
  • 14. Bains de Mehmed Pacha, à Galata.
  • 15. Bains de Mehmed Pacha, à Andrinople.
  • 16. Bains de Kodja Moustapha Pacha, à Yéni Baghtché.
  • 17. Bains de Ibrahim Pacha, à Silivri Capou.
  • 18. Bains de Capou aghassi, à Soulou Monastir.
  • 19. Bains de Sinan Pacha, à Bechiktache.
  • 20. Bains de Molla Tchélébi, à Findikli.
  • 21. Bains de Kapoudan Ali Pacha, à Tophané.
  • 22. Bains de Kapoudan Ali Pacha, à Fener Capou.
  • 23. Bains de Mufti Ali Pacha, à Madjoundji Tcharchissi.
  • 24. Bains de Mehmed Pacha, à Hafssa.
  • 25. Bains de Merkez Effendi, à Yéni Capou.
  • 26. Bains de Nichandji Pacha, à Eyoub.
  • 27. Bains de Houssrev Kahia, à Ortakeuy.
  • 28. Bains de Ismidt, à Ortakeuy.
  • 29. Bains de Tchataldja, à Ortakeuy.
  • 30. Bains de Rustem Pacha, à Sabandja.
  • 31. Bains de Husséin Bey, à Kaïsseri.
  • 32. Bains de Sari Kuzel, à Stamboul.
  • 33. Bains de Haïreddin Pacha, à Zéirek.
  • 34. Bains de Haïreddin Pacha, à Kumruk Hané.
  • 35. Bains de Yacoub Agha, à Tophané.

Pl. 52.


Vieux Sérail.—(Au fond la porte de la salle du Trône.)

Vieux Sérail.—Cour du Harem.

BIOGRAPHIE DE MEHMED AGA


Mehmed agha, fils d’Abdul Mouïn et architecte du sultan Ahmed Ier, qui a construit quantités de mosquées et d’autres monuments, des chapelles, des ponts, des turbés, et plus de cent fontaines, jouissait d’une grande réputation. Un de ses amis, Djaffer effendi, lui a consacré, ainsi qu’il était d’usage alors, une biographie intéressante comprenant aussi un aperçu de ses œuvres (Ménakibnamé). Nous empruntons à ce travail, dont nous avons eu le manuscrit sous les yeux, les détails suivants.

Mehmed agha, originaire de Roumélie (Turquie d’Europe), arriva à Constantinople en l’an 970, vers la fin du règne de Suléïman et fut enrôlé dans le corps des janissaires comme adjemi-oglan (apprenti). Cinq ans plus tard, il était nommé gardien dans le jardin du tombeau de Suléïman. Sa destinée le portait plutôt, semblait-il, vers la musique que vers l’architecture où il devait s’illustrer. Mais un rêve qu’il fit un soir le détourna de sa vocation. Il en avait demandé l’explication à un vieux et vénérable chéikh, qui lui recommanda d’abandonner la musique comme un péché. C’est alors qu’il brisa tous ses instruments, résigné à chercher ailleurs l’application de ses facultés intellectuelles et de ses goûts artistiques. Il se tourna vers l’architecture, après avoir consulté le même vieillard qu’autrefois, lequel, cette fois, lui représenta cette carrière comme vraiment digne de lui, puisqu’il s’agissait de contribuer à une œuvre publique et saine, telle que l’édification de forts, fontaines et mosquées. Mehmed agha entra alors dans les ateliers du palais où il s’adonna à l’étude de l’architecture et du travail sur nacre (977).

A cette époque, Kodja Sinan vivait encore. Il visitait fréquemment ces ateliers et eut l’occasion d’admirer le talent de Mehmed agha. Il l’encouragea et l’engagea à préparer une œuvre pour être présentée au sultan Murad III. Mehmed agha se mit au travail et fit un pupitre finement ouvragé, que Ahmed pacha, porte-armes de Sa Majesté, se chargea de présenter au Souverain. Celui-ci en récompense lui décerna le titre de Bévab (portier du Palais) (998).

De retour à Constantinople, après un voyage qu’il fit en Égypte et en Roumélie pour inspecter les frontières, il fabriqua un carquois qu’il présenta à Sa Majesté. Ce nouveau travail lui valut une nouvelle distinction. Le Sultan le nomma Mouhsir-bachi (chef-procureur) près du juge de Stamboul; lorsque Hussrev pacha fut nommé beylerbey de Diarbékir, Mehmed agha fut envoyé en qualité de Mussellim (transmetteur de pouvoirs). A son retour, il occupa les fonctions de Capou-Kéhia de ce pacha, jusqu’à l’époque où Hussrev pacha fut nommé au gouvernement de Damas; Mehmed agha l’y accompagna et fut chargé de l’administration du Hauran. Des bandes de brigands infestaient alors le pays et attaquaient la caravane sacrée. Mehmed agha réussit à les anéantir. Ce succès indisposa à son égard Hussrev pacha, dont la jalousie croissante obligea Mehmed agha à retourner à Constantinople. Il y rentra et fut en 1006 nommé administrateur des eaux, poste qu’il conserva pendant huit ans.

A la mort de Mimar Sinan, Davoud agha devint architecte du sultan; Ahmed agha surnommé Dalguitch, camarade de Mehmed agha, succéda à celui-ci. Et à la mort d’Ahmed agha, ce fut Mehmed agha qui fut élevé au poste d’architecte en chef du Sultan, en l’an 1015 de l’Hégire, mercredi VIIIe jour de Djemazi-el-akir.

Outre les nombreux édifices et mosquées qui attestent sa puissance de travail, Mehmed agha a eu l’honneur d’être envoyé à La Mecque afin d’y réparer la Kaaba.

Cet artiste fut un homme pieux, fidèle à tous les préceptes de la religion, et charitable à ce point qu’il destinait aux pauvres tous les bénéfices qu’il retirait de ses travaux.

D’après Hadikatul-Djevami, sa maison se trouvait en face de la mosquée construite par lui-même sur l’emplacement du Mesdjid de Zeïni effendi, Mesdjid qui fut brûlé pendant l’incendie de Djibali.

Pl. 53.

Vieux Sérail.—Balcons à encorbellement. Vieux Sérail.—Intérieur de Bagdad Kiosque.

MONUMENTS DE L’ÉPOQUE BYZANTINE[90]

[90] Les astérisques renvoient au tableau suivant, où sont indiqués les monuments musulmans contemporains de la même époque.


DATES ET NOMS CHRONOLOGIE DES MONUMENTS
658 av. J.-C. Byzas. Les murs de l’ancienne petite ville de Byzance. Statue de Byzas. Acropole. L’arène. Le milium (portes triomphales).
490 av. J.-C. Darius.  
479 av. J.-C. Pausanias.  
330 ap. J.-C. Constantin le Grand (306-337 J.-C.). L’Augustéon. Colonne de Constantin. Homona (monastère de Pantéleïmon). Les premiers murs de la ville, la basilique de Sainte-Sophie, l’église de Sainte-Irène (qui fut ensuite brûlée pendant la révolution de Nika), le Sénat, l’hippodrome.
361-63. Julien l’Apostat.  
363-64. Jovien.  
364-78. Valentinien Ier et Valens. Aqueduc de Valens.
394-95. Théodose le Grand. L’Obélisque de Théodose. Destruction des temples païens. Forum Tauri. Pentapyrgion (5 tours). Église de Saint-Théodore Tyron.
Maison de Thrace (395-518):  
395-408. Arcadius. Thermes d’Arcadius. Forum d’Arcadius. Colonne d’Arcadius surmontée de sa statue.
408-50. Théodose II. Agrandissement de la ville. Les murs théodosiens ou d’Anthémius (appelés ainsi du nom du ministre qui les a construits) (413). On a rebâti les murs détruits par un tremblement de terre (447).
450-57. Marcien. Colonne Marcienne. Église de la Sainte-Vierge des Blaquernes, bâtie par Pulchérie, épouse de l’Empereur.
457-74. Léon Ier. Le patricien Stoudios fit construire l’église du couvent Saint-Jean de Stoudios. Citerne de Mocius ou d’Aspar, construite par Aspar, chef de la milice gothique, pour alimenter les Goths cantonnés hors les murs. Saint-Pierre et Saint-Marc.
474. Léon II le Jeune.  
474-91. Zénon. La tour du Christ (tour de Galata).
491-518. Anastase Ier. Palais des Blaquernes.
Maison Justinienne (518-610):  
518-27. Justin Ier.  
527-65. Justinien Ier. Sainte-Sophie (532-537). Saints-Serge et Bacchus (Kutschuk aya Sofia). L’église des Douze-Apôtres. La «Chora» (Kahrié Djami). L’église de Sainte-Thecla. Sainte-Irène. Cisterna Basilica (Yerebatan serai). Cisterna Philoxeni (Bin. bir. direk).
565-78. Justin II. Construction du Chrysotriclinium dans le grand palais.
578-82. Tibère Constantin.  
582-602. Maurice. Église de la Diaconissa. (Kalender-Djami.)
*602-10. Phocas.  
610-41. Héraclius. Murs d’Héraclius qui relièrent le château des Blaquernes avec les murs théodosiens.
641. Héraclius II ou Constantin III.  
641. Héracleonas Constantin IV.  
*641-68. Constant II.  
*668-85. Constantin III (ou V[91]) (Pogonat ou Barbu). Construction de la première mosquée par les Arabes (Arab Djamissi) à Galata.

[91] Le cinquième de ce nom si l’on compte Héraclius et Heracleonas parmi les Constantin, compté par d’autres comme le troisième de ce nom.

685-94. Justinien II. Construction de l’église de l’Archange Michel, près du port Julien.
*694-705. Tibère III.  
705-11. Justinien II.  
711-13. Philippicus.  
713-15. Anastase II.  
715-17. Théodose III. L’église actuelle des dominicains, à Galata.
Dynastie Isaurienne (717-867):  
717-41. Léon III l’Isaurien. Pentapyrgion Aïvan Séraï (740). Un tremblement de terre renversa la statue d’Arcadius, qui se trouvait sur la colonne portant le même nom.
*741-75. Constantin IV ou VI Copronyme.  
775-80. Léon IV le Khazar.  
*780-97. Constantin V ou VII.  
780-802. Irène.  
802-11. Nicéphore Ier (dit le Logothète).  
811-13. Michel Ier Rangabé dit Curopalate.  
813-20. Léon V l’Arménien.  
820-29. Michel II le Bègue.  
829-42. Théophile. Réparation des murailles de Constantinople. Constructions au palais.
842-67. Michel III l’Ivrogne. Fondation de l’Académie dans la Magnaura.
Dynastie Macédonienne (867-1057):  
867-86. Basile Ier. La Nouvelle église. Le Cenourgion.
*868-78. Constantin VI ou VIII.  
886-912. Léon VI le Sage ou le Philosophe. L’église de la Théotokos.
912-59. Constantin VII Porphyrogénète. Palais de Constantin ou Tekfour séraï. Colonne murée.
920-944. Romain Ier Lécapène.  
920-45. Constantin VIII ou X.  
959-63. Romain II.  
963-69. Nicéphore II Phocas. Port et palais du Boucoléon.
*969-75. Jean Zimiscès.  
975-1025. Basile II Bulgaroctone.  
*975-1028. Constantin IX ou XI.  
1028-34. Romain III dit Argyre. Rénovation de l’église de Sainte-Marie des Blaquernes et de Sainte-Sophie. Église de la Peribleptos.
1034-41. Michel IX.  
1041-42. Michel V Calafate.  
1042-54. Constantin X ou XII. Le couvent Saint-Georges de Manganes.
1054-56. Théodora.  
1056-57. Michel Stratiotique.  
1057-59. Isaac Comnène.  
1059-67. Constantin XI ou XIII Ducas.  
1067-68
1071-78
Michel VII le Parapinace. Église Pammakaristos.
1068-71. Romain IV.  
1078-81. Nicéphore III Botoniate.  
Dynastie des Comnènes:  
1081-1118. Alexis Ier. La foudre ayant renversé la statue qui se trouvait sur la colonne de Constantin, avec les tambours supérieurs, l’Empereur la répara et fit mettre un nouveau chapiteau corinthien avec des inscriptions et une croix en or. Reconstruction de l’église de Chora, par Marie Ducas, la belle-mère de l’Empereur.
*1118-43. Jean II Comnène. L’église du Pantokrator (1125), bâtie par Irène, épouse de l’Empereur.
*1143-80. Manuel. Agrandissement du palais des Blaquernes qui fut adopté comme résidence impériale.
1180-83. Alexis II Comnène.  
1183-85. Andronic Comnène.  
*1185-95
 1203-04
Isaac L’Ange.  
*1195-203. Alexis III.  
1203-04. Alexis le Jeune.  
1204. Alexis Ducas.  
L’Empire latin de Constantinople (1204-1261):  
1204-06. Baudouin Ier.  
*1206-16. Henri de Hainaut.  
*1216-18. Pierre de Courtenay.  
*1218-28. Robert.  
*1228-31, 1231-37. Jean de Brienne.  
*1237-61. Baudouin II.  
Empereurs grecs à Nicée:  
1204-222. Théodore Lascaris.  
1222-254. Jean III Vatazès.  
1254-259. Théodore II Lascaris.  
Dynastie des Paléologues et des Cantacuzènes (1261-1453):  
*1261-82. Michel Paléologue. Les nouveaux murs des Blaquernes. Église de Kyra Martha bâtie par l’impératrice Maria Ducas, sœur de l’Empereur.
*1282-1328. Andronic II Paléologue. Restauration de l’église de Chora et renouvellement de ses mosaïques, par Théodore Métochite, ministre d’Andronic II. Restauration de Christo-Camera.
*1328-41. Andronic III Paléologue.  
*1341-91. Jean V[92]. Église des Blaquernes détruite par le feu.

[92] Jean III et Jean IV avaient régné à Nicée.

*1341-55. Jean VI Cantacuzène.  
*1355-56. Mathieu Cantacuzène.  
*1376-79. Andronic IV P.  
*1391-1425. Manuel II P.  
1399-1402. Jean VII Paléologue.  
*1425-48. Jean VIII Paléologue.  
*1448-53. Constantin XII ou XIV Dracosès.  

Pl. 54.


Vieux Sérail.—Intérieur.

Intérieur d’une maison turque du XVIIe siècle

(D’après un dessin de l’auteur.)

Chargement de la publicité...