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Delphine Gay, Mme de Girardin, dans ses rapports avec Lamartine, Victor Hugo, Balzac, Rachel, Jules Sandeau, Dumas, Eugène Sue et George Sand (documents inédits)

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NOTES:

[1] Th. Gautier: notice sur Mme de Girardin en tête des Lettres parisiennes du Vicomte de Launay.

[2] C'est même pour cela que je ne lui ai fait aucune place dans ce livre. Je réserve le peu de documents que j'ai recueillis sur cet amour d'un jour pour la prochaine réimpression de mon ouvrage sur Alfred de Vigny.

[3] Lettre inédite publiée intégralement, p. 179.

[4] C'est Lamartine qui l'appelait ainsi.

[5] Le lecteur fera bien tout de même de se reporter à notre Cénacle de la Muse française, où tout un chapitre est consacré à la «Muse de la Patrie».

[6] Elisa, qui était l'aînée, avait épousé, en 1817, le comte O'Donnell. Restaient à marier: Delphine,—née à Aix-la-Chapelle, le 26 janvier 1804,—qui épousa, le 1er juin 1831, Emile de Girardin, et Isaure, qui épousa, le 6 juin 1837, Théodore Garre, fils de Sophie Gail.

[7] Madame de Vitrolles s'y trouvait aussi, «pour faire valoir ses prétentions sur la principauté de Salm».

[8] C'est ainsi qu'elle avait, une des premières, admiré la poésie de Byron. Elle écrivait, le 12 mars 1820, à Alexandre Guiraud:

D'admirer lord Byron, chacun me fait un crime,

On médit de mon goût, on l'appelle un travers;

Mais mon amour pour lui paraîtra légitime,

Si jamais on apprend que je lui dois vos vers.

(Inédit.)

[9] On sait que Benjamin Constant s'était cassé la jambe, en se promenant un jour, en 1818, chez Mme Davillier, sur le coteau de Meudon, et qu'il resta boiteux jusqu'à la fin de sa vie.

[10] La Minerve Française, fondée par Benjamin Constant avec le concours d'Aignan, Etienne, Jay, E. de Jouy, Lacretelle aîné et Tissot, parut au mois de février 1818.

[11] Les réunions devaient avoir lieu à l'Hôtel de Ville, mais elles eurent lieu sans apparat, en tenue de ville, chez l'un ou l'autre des plénipotentiaires, tantôt chez lord Castlereagh, qui s'était installé Klein Borcette Strasse, no 218,—tantôt chez Metternich, Camphausbadstrasse, no 777,—tantôt chez le prince Hardenberg, logé sur le Markt, no 910.—Dans les intervalles des séances, la vie mondaine était brillante et animée. Les diplomates se retrouvaient au Kurhaus, sur la Camphausbadstrasse, autour des tables de jeu et le long des promenades à la mode. Entre temps, il y avait les ascensions en ballon de deux femmes aéronautes, les concerts de Mme Catalani, des frères Bohrer et du violoncelliste Lafon. N'oublions pas non plus les séances de pose dans l'atelier de Lawrence, que le prince régent avait envoyé à Aix pour peindre les hommes d'Etat du Congrès. Pour l'y loger, on avait construit, en Angleterre, une maison de bois portative avec un grand atelier; elle devait être élevée dans le jardin de l'ambassadeur anglais, lord Castlereagh, mais elle arriva trop tard, et Lawrence s'installa dans la grande galerie de l'Hôtel de Ville. (Sur le Congrès d'Aix-la-Chapelle, cf. les Lettres du Prince de Metternich à la comtesse de Lieven (1818-1819), 1 vol. in-8, chez Plon, 1909, et Une vie d'ambassadrice au siècle dernier, la princesse de Lieven, 1 vol. in-8, chez Plon, 1903.)

[12] Marin (Joseph-Charles), né et mort à Paris (1773-1834), sculpteur, était pensionnaire à la villa Médicis quand Chateaubriand le chargea d'exécuter le mausolée de Pauline de Beaumont, dans l'église de Saint-Louis-des-Français, à Rome.

[13] Lettre inédite, communiquée par Mme Léonce Détroyat.

[14] Née à Melun, en 1776, elle mourut, à Paris, le 24 juillet 1819.

[15] Mémoires d'Auger (Hippolyte), auteur dramatique né à Auxerre le 25 mai 1795, mort à Menton le 5 janvier 1881, publiés par Paul Cottin dans la Revue rétrospective en 1891.

[16] Il s'agit ici d'Hortense Allart, futur auteur des Enchantements de Prudence et cousine-germaine de Delphine.

[17] Fils de Sophie Gail, qui se fit, lui aussi, une grande réputation comme helléniste.—Né le 22 octobre 1795, il mourut le 22 avril 1845.

[18] La baronne Silvestre, née Garre.

[19] Le roi de Prusse arriva, le premier, le 27 septembre; l'empereur d'Autriche, le 28; l'empereur de Russie le 28 aussi. L'empereur de Russie habitait l'ancien palais des préfets français, dans la rue qui fut depuis baptisée, en souvenir de ce fait, la rue Alexandre.

[20] Lettre inédite.

[21] Ce rapport disait:

«Si l'auteur du no 103, en ne traitant qu'une partie du sujet (le Dévouement des médecins français et des sœurs de Sainte-Camille dans la peste de Barcelone) n'avait donné pour excuse et son sexe, et son jeune âge, l'Académie, à la perfection et au charme de plusieurs passages, aurait pu croire que la pièce était l'ouvrage d'un talent exercé dans les secrets du style et de la poésie; mais la simplicité touchante de divers tableaux, la délicatesse, je dirai même la retenue des pensées et des expressions, auraient permis d'attribuer l'ouvrage à une personne de ce sexe qui sait si bien exprimer tout ce qui tient à la grâce et au sentiment. En se restreignant à l'éloge des sœurs de Sainte-Camille, l'auteur se plaçait, en quelque sorte, hors du concours, et dès lors l'Académie, qui a jugé l'ouvrage digne d'une mention honorable, a cru juste de lui assigner un rang distinct et séparé de celui des autres mentions.»

Le 1er prix avait été décerné à M. Alletz; le 1er accessit, à M. Chauvet, poète et critique distingué, à qui Manzoni adressa sa lettre fameuse sur l'Unité de temps et de lieu dans la tragédie; le 2e accessit, à M. Michel Pichat, qui remporta, en 1825, un si grand succès avec sa tragédie de Léonidas.

Chose curieuse et digne d'être notée, c'est à peu près dans les mêmes conditions que Victor Hugo, âgé de quinze ans, avait été couronné, la première fois, à l'Académie, et je ne saurais oublier qu'au mois d'avril 1822 il envoya à l'Académie des Jeux Floraux, dont il était «maître» depuis le 28 avril 1820, une ode sur le Dévouement dans la peste, que Jules de Rességuier, son correspondant à Toulouse, baptisa le Dévouement, tout court, et qui fut publiée sous ce titre définitif dans les Odes et Ballades, livre IV, ode IV.

[22] Lettre inédite.

[23] Lettres à Lamartine.—Lettre de Delphine, en date du 6 janvier 1830.

[24] Corresp. à Lamartine.—Réponse à Delphine, en date du 25 janvier.

[25] Le Val-de-Loup ou la Vallée-aux-Loups, qu'habitait alors Chateaubriand.

[26] Lettre inédite.

[27] En 1815, il fut battu par Baour-Lormian, et en 1830 par Viennet. Royer-Collard disait à ce propos: «Pour éviter M. de Constant, j'aurais pris au-dessous de Viennet.»

[28] Lettre inédite.

[29] Lettre inédite.

[30] Lettre inédite à Alexandre Guiraud.

[31] Elle était morte le 14 juillet 1817.

[32] M. Gay, mari de Sophie.

[33] Lettre inédite.—Et il fit Corinne au cap Misène.

[34] Ambassadeur de Russie à Aix-la-Chapelle.

[35] Ce ne pouvait être, m'écrivait M. Charles de Loménie, qu'une promesse d'écrire ou de rester fidèle à l'amitié.

[36] Cette lettre, inédite, était adressée à «madame Récamier, rue Basse-du-Rempart, près le passage Sandrié», où elle habitait depuis 1808.

[37] Lettre inédite, communiquée par M. Charles de Loménie.

[38] Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, t. II, p. 56.

[39] Daniel Stern, Mes Souvenirs.

[40] Victor Hugo raconté.

[41] Elle disait, par exemple, de Mme de Genlis, qu'elle mettait les vices en action et les vertus en précepte;—d'un poète à qui une épître avait valu une pension et avec qui elle s'était brouillée: «Je ne le vois plus depuis qu'il a des rapports avec le ministre de l'Intérieur»;—d'un académicien qu'elle avait beaucoup aimé, mais qui lui avait préféré une femme très riche: «Il est aimable, mais il est cher!»

[42] Quand parut la Divine Epopée (1841), elle écrivait dans son courrier de la Presse: «A côté du Compagnon du Tour de France, sur notre table se trouve un autre livre, un poème, un poème épique, signé d'un nom qui nous est cher, écrit par notre maître en poésie, par celui à qui nous devons nos faibles succès; celui qui, aux beaux jours de notre enfance, a corrigé notre premier vers: l'auteur de Clytemnestre, de Saül, de Jeanne d'Arc, Alexandre Soumet.»

[43] Ce poème remontait à l'année 1814.

[44] Delphine avait reproduit dans son poème une pensée du Génie du Christianisme.

[45] Lettre inédite.

[46] Cours de littérature, 2e entretien.

[47] Ce surnom lui vint des vers suivants qui terminent la Vision, son «chant du sacre»:

Le héros, me cherchant au jour de sa victoire,

Si je ne l'ai chanté, doutera de sa gloire;

Les autels retiendront mes cantiques sacrés,

Et fiers, après ma mort, de mes chants inspirés,

Les Français, me pleurant comme une sœur chérie,

M'appelleront un jour Muse de la patrie!

Lire dans le Cénacle de la Muse française le chapitre que nous avons consacré à Delphine.

[48] Alexandre Guiraud lui écrivait à ce sujet:

«Vous donnez à mes vers la vogue des vôtres, Mademoiselle, et je vous en remercie. Voici encore vingt exemplaires. (Elle avait vendu les premiers.) Vous voyez que j'use largement de votre charité. Soyez la patronne de mes petits Savoyards dans les salons, et vous serez bénie à tous les coins de Paris.» (Lettre inédite.)

[49] La duchesse de Duras lui écrivait:

«C'est à vous qu'on voudrait ressembler, aimable Delphine, mais cela n'est pas facile; il faut vous aimer pour se consoler de vos perfections. Venez donc dîner vendredi, si ce jour convient à madame votre mère; je suis impatiente d'entendre encore cette Quête éloquente, qui va amollir tous les cœurs et ouvrir toutes les bourses. Voulez-vous amener M. Valery! Mille tendres amitiés.» (Lettre inédite.)

[50] On lit dans les Réminiscences de Coulmann, t. I, p. 337:

«Delphine disait de Soumet, un jour qu'elle le défendait contre Casimir Delavigne: «Il ne faut pas savoir ce que c'est que la poésie pour ne pas apprécier Soumet. Ses vers sont frappés au coin de Racine; ils me touchent, ils me parlent au cœur et ne sont pas un vain clinquant. C'est là de la grâce, de la sensibilité vraie; je m'y connais, moi.»

[51] Sur cette Vision de Delphine et sa présentation au roi, nous avons une lettre de Sophie Gay, à Tastu, l'imprimeur:

«Vous êtes, Monsieur, le plus aimable et le plus obligeant du monde, voilà ce que ma fille veut que je vous dise avant tout; mais nous traitons si rarement avec les souverains que nous voudrions être bien sûres de ne pas leur manquer de parole. C'est pourquoi, s'il vous était possible de nous faire remettre l'exemplaire du roi (tout cartonné) dimanche soir, fût-ce à minuit, nous serions plus tranquilles, car il nous faut être à dix heures au château. Pour le public, il sera servi à loisir.

«L'épigraphe portée hier suffit. La citation de M. de Barante donnerait un air pédant à la Vision, et je crois que les propres paroles de Jeanne valent mieux que toutes celles de ses historiens.

«SOPHIE GAY.»

[52] Lettre inédite.

[53] Sophie Gay écrivait à Guiraud, le 24 août 1822:

«Monsieur Raynouard vient d'adresser à la Muse des billets de choix pour la séance de ce matin. Elle propose à son aimable flatteur de lui donner la main dans cette solennité pour supporter dignement l'attaque du classique étranger. Si le poète est déjà retenu et que le guerrier soit libre, nous lui offrons notre billet conducteur. Mille amitiés.—Un peu avant deux heures chez moi.

«SOPHIE GAY.»

(Lettre inédite.)

«Le guerrier», c'était Alfred de Vigny.

[54] Sur le projet du mariage de Delphine avec Alfred de Vigny, cf. notre livre sur le poète d'Eloa.

[55] Document inédit.

[56] On lisait, à ce propos, dans le Globe du 7 mai 1825:

«On a tort d'accuser les Jésuites de n'aimer ni les arts, ni les beaux vers, ni les femmes: tout Paris ignore donc qu'à Sainte-Geneviève, au-dessus du maître-autel, entre le ciel et la terre, il y a quinze jours, s'est tenue une véritable séance d'académie romaine! C'était une fête à la Léon X. Deux fauteuils d'honneur, un pour le peintre, un pour Corinne. Quarante amis, les uns, fixés sur les tableaux et sur la muse, d'autres en prières et en recueillement pieux; et la voix tombant des cieux comme celle de la sainte bergère, et allant faire tressaillir, dans un coin obscur des catacombes, les cendres oubliées d'un poète et d'un philosophe: n'est-ce donc pas un tableau merveilleux, digne presque des jours de la Grèce? Apelle, prends ton pinceau, et rends-nous cette scène magique: nous la placerons dans l'église souterraine: tu seras l'Alpha et l'Omega de notre vieux Panthéon.»

[57] Lettre inédite.

[58] Le duc de Doudeauville.

[59] Lettre inédite.

[60] Lettre inédite.

[61] Lettres à Lamartine, p. 50.

[62] Car Lamartine s'y prit à deux ou trois fois, comme il faisait souvent.—La fin de cette élégie n'arriva à Delphine qu'au commencement de janvier 1827, comme en témoigne une lettre de Sophie Gay au poète, datée du 4:

«En vérité, le ciel ne fait ni mieux ni plus vite. Cette seconde partie est encore plus admirable que l'autre. Delphine s'est empressée de les lire toutes deux au petit nombre de gens dignes que nous voyons ici (à Rome). Français, Italiens, Russes, tous ont admiré les grandes pensées, l'harmonie de ces beaux vers; enfin, ils obtiennent presque le succès qu'ils méritent...» (Lettres à Lamartine, p. 52.)

Un an plus tard, Lamartine récitait sa pièce dans le salon de Sophie Gay à Paris, et Villemain, qui assistait à cette audition, la lisait le lendemain, à son cours, au Collège de France.

[63] Correspondance de Lamartine, t. III, p. 8.

[64] Lettre inédite communiquée par M. Charles de Loménie.

[64-a] Réponse de Delphine à David d'Angers.

[65] Delphine, mariée à Emile de Girardin, avait-elle demandé à la reine Hortense un article de son fils, le prince Louis-Napoléon, pour le Musée des Familles ou l'Almanach de France? C'est probable.

[66] Nommé capitaine d'artillerie à Berne en 1834, le prince devait publier en 1836 son Manuel d'artillerie (1 vol. in-8).

[67] Lettre inédite.

[68] Lettre inédite.

[69] Et David d'Angers «l'envoyait tout droit à la postérité[A]» en faisant son médaillon. Il lui écrivait, le 2 septembre 1828:

«Mademoiselle, j'ai l'honneur de vous offrir le croquis en bronze que j'ai fait d'après vous. C'est un bien faible à peu près de vos traits, mais j'espère que celui que je ferai pour le bas-relief de Sainte-Geneviève réussira mieux.» (Lettre inédite.)

[70] Le plus joli, c'est que, deux ans après, en pleine Vendée, la duchesse de Berry disait au maréchal de Bourmont qui, après lui avoir monté la tête, lui conseillait de renoncer à la lutte: «Oh! vous, cela ne m'étonne pas, vous n'avez jamais fait que trahir.» (Cf. les Mémoires de Mme de Boigne, t. IV.)

[71] Elle habitait alors à Chivres, près Soissons. On montre encore dans le jardin de la maison un hêtre au feuillage pourpré sur l'écorce duquel Lamartine grava un jour au couteau l'initiale de son nom. (Note du maire de Chivres.)

[72] «Cours de littérature, 2e Entretien» (1856).

[73] Lettre inédite.

[74] Lettre inédite.—Mais tout le monde ne pensait pas comme Lamartine. Par exemple, le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville disait: «Détestant l'ennui comme la peste, Delphine vous saura gré de la faire rire: et de même qu'elle sait féconder les sujets les plus élevés par les côtés inaperçus qu'elle y découvre, elle sait poétiser la plaisanterie en y jetant toutes les fleurs de son esprit.» (Esquisses et Portraits.)

[75] Corresp. de Lamartine, lettre du 8 octobre 1826, t. II, p. 350.

[76] Corresp., t. II, p. 129.

[77] S'il faut en croire cette mauvaise langue d'Eugène de Mirecourt, ce seraient les allures à la Madame Sans-Gêne de sa mère qui auraient fait manquer le mariage de Delphine. Et le fait est qu'elle était un peu trop tambour-major. Lamartine, qui l'aimait beaucoup et s'en serait voulu d'en dire du mal, ne lui trouvait qu'un défaut, c'était «un excès de nature qui lui faisait négliger quelquefois cette hypocrisie de délicatesse qu'on appelle bienséance. Elle avait, disait-il, conservé la franchise tragique d'idées, d'attitude et d'accent de cet interrègne de la société appelé la Terreur en France. Elle semblait défier la bienséance comme elle avait défié l'échafaud...»

[78] Corresp., lettre du 2 juillet 1829, t. II, p. 149.

[79] Delphine habitait alors avec sa mère au no 11 de la rue de Choiseul, et l'hôtel Rastadt était situé dans la rue Neuve-Saint-Augustin, à deux pas de l'hôtel du maréchal Richelieu.

[80] Lettres à Lamartine, p. 73.

[81] Corresp., t. IV, p. 352.

[82] Corresp., lettre du 25 avril 1837, t. III, p. 420.

[83] Lettre inédite.

[84] Corresp. Lettre du 15 septembre 1829, t. II, p. 159.

[85] Lettres à Lamartine, p. 182.

[86] Le duc de Montmorency-Laval écrivait à Lamartine, le 24 octobre 1829, de Londres: «Veuillez faire parvenir à Mlle Delphine, qui a des traits de ressemblance avec vous, mes meilleures amitiés romaines.» (Lettres à Lamartine, p. 80.)

[87] Ce mariage eut lieu le 1er juin 1831.

[88] Corresp., t. II, p. 252.—Julia, c'était la fille de Lamartine.

[89] Elle est intitulée la Fête de Noël. En voici quelques strophes:

C'est le jour où Marie

Enfanta le Sauveur;

C'est le jour où je prie

Avec plus de ferveur;

D'un lourd chagrin mon âme

Ce jour-là se défend,

O Vierge, je suis femme,

Et je n'ai point d'enfant!

Bénis ces larmes pures

Et je t'apporte en vœux

Tout l'or de mes parures,

Tout l'or de mes cheveux;

Mes plus belles couronnes,

Vierge seront pour toi,

Si jamais tu me donnes

Un fils, un ange à moi.

Alors dans ma demeure

Le plaisir renaîtrait,

Et la femme qui pleure

Pour l'enfant chanterait.

De ma gaîté ravie

Célébrant le retour,

Je vivrais... et ma vie

Serait toute d'amour.

[90] Lettres à Lamartine, p. 141.

[91] Allusion à la pièce de vers Contre la peine de mort, que le procès des ministres de Charles X avait inspirée à Lamartine.

[92] Lettres à Lamartine, p. 143.

[93] Il avait été élu député par le collège de Bergues, pendant son voyage.

[94] Lettres à Lamartine, p. 150.

[95] Je tiens ce détail de M. Emile Ollivier.

[96] Janvier 1836.

[97] Lettre inédite.

[98] Lettre inédite de Delphine à Lamartine.

[99] Voici quels étaient ces vers:

Cachez-vous quelquefois dans les pages d'un livre

Une fleur du matin, cueillie aux rameaux verts,

Quand vous rouvrez la page après de longs hivers,

Aussi pur qu'au jardin son parfum vous enivre.

Après ces jours bornés qu'ici mon nom doit vivre,

Q'une odeur d'amitié sorte encor de ces vers!

(Poésies inédites.)

Avril 1841.

[100] Cela me rappelle un joli mot de Jules Simon: «Le vrai musicien, disait-il, est celui qui chante.»

[101] Il s'agissait des vers des Recueillements.

[102] Lettre inédite.

[103] Ces lettres de Lamartine n'ont pas été recueillies dans sa Correspondance.

[104] Et d'autant plus cruellement, il faut bien le dire, que quelques jours avant cet incident, la Presse, répondant au Courrier français, qui avait appelé Lamartine «son candidat» au ministère de l'Instruction publique, publiait la note suivante:

«Certes, il n'est aucun homme politique avec lequel nous soyons dans des rapports d'idées plus étroites qu'avec M. de Lamartine, mais plus nous avons de confiance en son avenir, et moins nous devons désirer qu'il fasse partie d'une combinaison qui, avant même d'être formée, a déjà trahi le secret de sa faiblesse et de sa fragilité. M. de Lamartine, par l'élévation des idées, par l'élévation des sentiments, par l'élévation du langage, est aujourd'hui sans contredit et sans comparaison avec un autre, même avec M. Berryer, le premier orateur des deux Chambres. M. de Lamartine ne peut donc, ne doit donc entrer que dans un cabinet fortement constitué et où il occuperait l'un des deux grands départements politiques. Ce moment ne nous paraît pas venu pour lui.» (La Presse du 29 octobre 1840.)

[105] Lettre inédite.

[106] Lettre inédite.

[107] Lettres à Lamartine, p. 182.

[108] Corresp., t. IV, p. 102.

[109] Allusion aux Corbeaux avides de la ballade de Becker.

[110] Lettre inédite.

[111] Lettre inédite.

[112] Lettre inédite.

[113] Lettre inédite.

[114] «J'ai reçu les 1.000 francs en un billet de banque, lui écrivait-il alors. Je vous remercie de cette négociation plus que satisfaisante pour de mauvais vers. Je suis prêt à les renvoyer à ces messieurs s'ils jugeaient la chose onéreuse.

«J'ai écrit ce matin à votre pauvre mère. Je vous remercie de me dire: Je suis mieux, et moi aussi de santé, mais pas d'affaires. Je pars à l'instant pour Lyon et bientôt pour Genève encore, puis pour Paris, j'espère.

«Soignez-vous au milieu de ces chagrins et croyez que votre capital d'amitié se grossit de mille intérêts dans mon cœur.»

(Lettre inédite.)

[115] J'ai sous les yeux le manuscrit original du Ressouvenir du lac Léman. Il est daté du 12 août 1841 et contient les corrections suivantes de la main même de Lamartine:

Vers 66, version primitive:
De frapper sous l'esquif la vague recueillie.
Version définitive:
. . . . sur le bord . . . . . . . . .
Vers 182, 1re version:
Sa voix est dans tes bruits...
2e version:
Sa voix est dans tes cris...
Vers 191, 1re version:
Pendant que sous ses pieds l'univers avili
2e version:
Pendant que sous sa gloire un empire avili.
3e version:
Pendant que sous des fers l'univers avili
Du front césarien étudiait le pli.
Vers 202, 1re version:
On retrouva leurs feux éternels dans ton âme.
3e version:
. . . . . . . . . . . immortels . . . . . .
Vers 204, 1re version:
Suivent la servitude au fond de leur cercueil.
2e version:
Suivent leur servitude au fond d'un grand cercueil.
Vers 205, 1re version:
Qu'imitant des tyrans l'abjecte idolâtrie
2e version:
Qu'imitant des Césars...»
Vers 215, 1re version:
Si le grossier encens qui brûle dans leurs mains
2e version:
Si le banal. . . . . . . . . . . . . . . . .
Vers 229, 1re version:
Dans le tronc fédéral concentrez plus sa sève
2e version:
. . . . . . . . . . . . . . . mieux . . .

[116] Extrait d'une lettre inédite.

[117] Sur la mission du comte Circourt, cf. l'ouvrage en 2 volumes, publié récemment pour la Société d'histoire contemporaine par M. Georges Bourgin, sous le titre: Souvenirs d'une mission à Berlin en 1848.

[118] Renseignements fournis par Mme Huber, belle-fille de l'ancien colonel.

[119] Journal fondé en 1836 par Huber-Saladin, avec Rossi, pour assurer à son pays un organe politique à la fois conservateur et libéral.

[120] Lettre inédite communiquée par Mme Huber.

[121] Voy., dans le Correspondant du 25 septembre 1908, notre article sur «le Mariage de Lamartine».

[122] Corresp., t. IV, p. 29.

[123] Corresp., t. III, p. 463.

[124] Corresp., t. II, p. 4.

[125] C'est en effet Mme de Girardin qui l'avait surnommé ainsi, dans son Courrier du 6 mars 1841.

[126] Corresp., t. IV, p. 107.

[127] Lettre inédite communiquée par Mme Huber.

[128] La petite Julia.

[129] Lettre inédite communiquée par Mme Huber.

[130] Corresp. de Lamartine, t. IV.

[131] Le brouillon de ces notes m'a été communiqué par Mme Léonce Détroyat.

[132] Quatre ans plus tard, quand la question de l'armement des fortifications revint devant la Chambre. Lamartine écrivait encore à sa nièce, la comtesse de Pierreclos: «Les fortifications de Paris sont selon moi le plus monstrueux anachronisme qu'une politique à contre-sens du siècle ait jamais rêvé à défaut d'idées. C'est un contre-sens à la guerre, car le principe de la guerre moderne, c'est la mobilité des forces, c'est la locomotion des armées, c'est la stratégie qui combat en marchant. M. de Rémusat voudrait voir son nom inscrit sur les fortifications de Paris, et moi je désire voir mon nom inscrit sur les débris des fortifications de Paris.» Lettre publiée par Pierre de Lacretelle dans la Grande Revue du 25 septembre 1909.

[133] Lettres à Lamartine, p. 192.

[134] Lettre inédite.

[135] Se rappeler à ce propos la lettre que Lamartine écrivait à Boulay-Paty, le 24 mars 1849, en réponse à celle que lui avait adressée Mme Lamber, de Nantes, après la lecture des Girondins: «L'amour, disait Lamartine, fait partie de l'histoire. L'en bannir, comme on l'a fait jusqu'ici, c'est mutiler la nature humaine.

«Elle dit (Mme Lamber) que si les femmes faisaient la gloire, l'histoire des Girondins en aurait. Cela me fait espérer, car elle doit savoir que le pressentiment de la postérité est dans l'âme des femmes, et que tous les livres qui ont dû vivre ont commencé par être couvés dans leur cœur.» Corresp. de Lamartine, t. IV.

[136] Communiqué par Mme Léonce Détroyat.

[137] Mélanges et lettres de Doudan, t. II, p. 42.

[138] Lettre publiée par Mme Emile Ollivier dans son beau livre sur Valentine de Lamartine.

[139] La Presse, du 3 septembre 1848.

[140] Bien que ménagé personnellement par la Presse, Lamartine souffrait beaucoup des attaques d'Emile de Girardin contre ses collègues: «Nous sommes dans une si forte crise d'affaire ce soir et toute la nuit, écrivait-il un jour à Delphine, que nous ne pourrons pas nous voir ce soir. Les mots «la Révolution du ridicule» et «vous faites regretter M. Guizot» sont iniques et font beaucoup de mal. Tout va «divinement», hors un seul point, mais rien ne dépassera notre patriotisme.» (Lettre inédite.)

[141] M. de Ligonnès, père de l'évêque actuel de Rodez, qui habitait à Mende.

[142] Lettre inédite.

[143] Corresp. de Lamartine, t. IV, p. 356. Lettre au marquis de la Grange.

[144] Corresp. de Lamartine, t. IV, p. 357. Lettre à M. Valette.

[145] Lamartine lui écrivait à cette occasion: «Je passe à votre porte pour laisser une larme bien sincère et très chaude de mes yeux sur votre seuil. J'ai passé deux heures, ce matin, dans ce canapé où elle était hier. Elle est plus heureuse que nous aujourd'hui. Je ne demande pas à franchir cette porte que les consolations d'en haut doivent seules aborder en ce moment. Mais il y a aussi du ciel dans un cœur ami.» (Lettre inédite.)

[146] Lettre inédite.

[147] Lettre inédite de notre collection particulière. Nous la reproduisons en fac-simile en tête de ce livre.

[148] Corresp. de Lamartine, t. IV, p. 230.

[149] Cours de littérature. 2e Entretien.

[150] Lettre inédite communiquée par M. Charles de Loménie.

[151] Victor Hugo raconté, t. II, p. 306.

[152] Th. Gautier: Introduction aux Lettres parisiennes du vicomte de Launay.

[153] C'est là que Delphine habita aussitôt après son mariage. Plus tard elle alla demeurer rue Laffitte et, en 1842, elle transporta ses pénates rue de Chaillot, dans le pavillon Marbœuf, qui avait été bâti par M. de Choiseul sur le modèle de l'Erectheum.

[154] Lettre inédite.

[155] M. Foucher habitait, comme on le sait, rue du Cherche-Midi dans cet hôtel de Toulouse affecté aux Conseils de guerre, que vient d'éventrer le percement du boulevard Raspail.

[156] Lettre inédite.

[157] Lettre inédite.

[158] Lettre inédite.

[159] Lettre inédite.

[160] Lettre inédite.

[161] Lettre inédite.

[162] Lettre inédite.

[163] Lettre inédite.

[164] Lettre inédite.

[165] Lettre inédite.

[166] Lettre inédite.

[167] Il faut pourtant que je cite encore ce billet:

«7 décembre 1844.

«Est-ce que vous vous souvenez encore de moi, Madame? Moi, je pense toujours à vous. Si je n'avais pas grand'peur d'être horriblement pédant, je vous citerais un vers que Virgile a fait sur vous ou sur moi, il y a deux mille ans. Je voulais vous aller voir aujourd'hui, et voici que, sans respect pour ce qui est trois fois saint, on me prend mon dimanche, ce dimanche sacré qu'on ne devrait pas plus prendre à un ouvrier qu'au bon Dieu. Je me résigne à vous écrire ces inutilités. Oh! si vous saviez quels vœux je fais pour que le régisseur qui a transporté les Vosges près du Taurus ait un beau matin l'idée de transporter le pavillon Marbeuf près de la place Royale!

«Je mets à vos pieds mes plus tendres admirations et mes plus tendres respects.

«V. H.»

(Lettre inédite.)

[168] Lettre inédite.

[169] Et j'ai lu tout récemment, dans un très curieux dossier appartenant à M. Louis Barthou, une lettre écrite par Victor Hugo à Lacroix, son éditeur, à l'occasion de la publication de son William Shakespeare, qui m'a confirmé dans ce sentiment que Victor Hugo avait pour Lamartine une amitié exempte de jalousie.

[170] Le mot est de Lamartine, je le trouve dans une lettre de lui à elle en date du 17 mai 1841.

[171] C'était le jour anniversaire de la mort tragique de sa fille Léopoldine (4 septembre 1843).

[172] La mort de Sophie Gay, sa mère.

[173] Marguerite ou les Deux Amours.

[174] Lettre inédite.

[175] Corresp. de Victor Hugo pendant l'exil.

[176] Mme de Girardin, disait Emile de Girardin à Victor Hugo, est aussi rouge que vous. Elle est indignée et elle dit comme vous ce bandit.

Et Victor Hugo écrivait à sa femme, le 19 mars 1852: «Si tu vois Mme de Girardin, félicite-la de ma part de son courage et de sa grandeur d'âme.» (Corresp. de Victor Hugo pendant l'exil.)—Delphine se montrait d'autant plus résolue qu'elle s'était laissé surprendre par les événements. Le 19 août 1850, elle mandait à Lamartine: «On s'attend ici à un coup d'Etat, moi je n'y crois pas. Je n'ai qu'une seule raison d'y croire: c'est qu'il y a un espion dans mon quartier qui vient à chaque instant demander si M. de Girardin se porte bien et quand il doit revenir. Je lui réponds que je n'en sais rien. Du reste, je n'ai pas d'autres indices, celui-là n'est pas bien significatif; j'ai foi dans la république, la royauté ne me paraît plus une chose sérieuse.» (Lettres à Lamartine, t. IV, p. 260.)

[177] Le fils voyait plus clair que le père. Victor Hugo partageait à cet égard les nobles illusions de Michelet, qui disait de son air prophétique: «La loi morale s'oppose à ce que l'Empire dure!»—C'est pour cela qu'il a duré vingt ans!

[178] Lettre inédite.

[179] Les Châtiments, Jersey, septembre 1853.

[180] Lettre inédite.

[181] Lady Tartuffe, un des grands succès au théâtre de Mme de Girardin, fut représentée la première fois sur la scène de la rue Richelieu, le 10 février 1853.

[182] Lettre inédite.

[183] Il était né à Paris le 19 avril 1801.

[184] Marguerite ou les Deux Amours.

[185] Lettre inédite.

[186] Victor Hugo connaissait Pierre Leroux de longue date. En 1830, pendant qu'il travaillait à Notre-Dame, il lui lut le chapitre intitulé les Cloches, mais Leroux trouva ce genre de littérature bien inutile.

[187] Sous les espèces des Lettres parisiennes, que Mme de Girardin avait réunies en un volume publié en 1843. Elles forment aujourd'hui 4 volumes.

[188] Les tables tournantes, dont raffolait Mme de Girardin.

[189] Lettre inédite. Comme Gœthe, Victor Hugo fut pendant plusieurs années hanté par ce qu'on est convenu d'appeler l'au-delà. Il interrogea les tables et crut fermement correspondre avec la plupart des grands morts du passé. Les procès-verbaux de ces séances mémorables existent, il y en a tout un cahier de la main de Charles Hugo, le fils du grand poète.

[190] Cet article figure dans les Causeries du Lundi (t. III, p. 297) sous la date du 17 février 1851. Mais le lendemain de sa réception à l'Académie, Sainte-Beuve écrivait à M. Désiré Laverdant, rédacteur de la Démocratie pacifique: «...Il m'est très égal que Mme de Girardin vienne me dire que je fais de la réaction pure et simple, et je ne me donne pas même la peine d'y songer; mais si vous me le dites, je me permets de vous dire non, et que vous vous méprenez complètement, ce qui tient peut-être à ce que vous n'attachez pas la même importance que moi aux points purement littéraires sur lesquels je suis resté à peu près le même.» (Cf. Jules Troubat: la Vie de Sainte-Beuve, p. XXIX.)

[191] La Joie fait peur fut représentée la première fois au Théâtre-Français le 25 février 1854.

[192] Solution de la question d'Orient, par Emile de Girardin, 1 vol. in-8. Librairie nouvelle (1853).

[193] M. Jules Bois écrivait dans le Matin du 14 septembre 1909: «Mme de Girardin, férue de spiritisme, arriva à Jersey le mardi 6 septembre 1853. Les premiers essais furent infructueux. La table, carrée, «contrariait le fluide». On acheta dans un magasin de jouets d'enfants une tablette qui ne bougea pas davantage.

«Hugo, croyant, mais incrédule, répugnait aux premières séances qui lui semblaient une parodie presque sacrilège.

«Mme de Girardin s'entêta: «Les esprits dit-elle, ne sont pas des chevaux de fiacre qui attendent le bon plaisir du client; ils sont libres et ne viennent qu'à leur heure.»

«Enfin, le petit meuble s'anima. «Devine le mot que je pense», lui demanda Vacquerie. La réponse fut juste. «Traduis maintenant le mot qui est dans ma tête.» Le guéridon répliqua: «Tu veux dire souffrance.» L'interrogateur pensait: amour. On s'intéressait de plus en plus. «Qui es-tu?» demanda-t-on à l'esprit. Il épela: «Léopoldine.»

«Au nom de la fille que Victor Hugo venait (?) de perdre, il y eut une émotion inexprimable. Mme Hugo pleurait. Charles questionna sa sœur. La nuit fut vite passée en un dialogue où la curiosité alternait avec la joie, l'espérance et l'angoisse. A Léopoldine succédèrent d'autres personnages historiques ou fabuleux. On consulta le guéridon même pendant le jour. Les esprits donnaient des rendez-vous à heures fixes. Tant que brillait la lumière du jour, la table était envahie par les «Idées». La nuit, fidèles à la tradition qui nous montre l'essaim frileux des ombres préférer les ténèbres, du fond des siècles accouraient vers la table hospitalière de Hugo philosophes, poètes, criminels, pitres, héros, prophètes, rois et tribuns.

«Les poètes s'exprimaient en vers, les autres en prose. Chacun exigeait d'être questionné à sa manière. Hugo, qui ne doutait pas de l'identité de ces visiteurs, prenait la peine d'improviser pour eux des strophes et des paragraphes...

—«Mais, dira-t-on, il y a eu là un simple phénomène d'illusion. Hugo se jouait à lui-même, sans s'en douter, une comédie lyrique et dramatique. Nous savons comme les tables sont dociles aux mouvements inconscients. Hugo faisait à la fois des questions et des réponses.»

«Je vous arrête. L'objection ne tient pas debout, car Hugo n'est jamais à la table: même il n'est pas toujours dans la chambre. Quand il assiste aux séances, il se contente de reproduire passivement et à leur suite les lettres qu'indique par coups frappés le meuble. Sauf pour les demandes, il n'est qu'un secrétaire machinal. Bien mieux, les réponses du trépied moderne sont si indépendantes de lui qu'il les désapprouve parfois, ne les comprend pas, discute avec elles. Il leur arrive de lui donner de rudes leçons, mais Hugo les traite toujours avec le plus grand respect.

«Quel était donc le médium?

«Car pour toute expérience de spiritisme il faut un médium, c'est-à-dire quelqu'un qui serve de transmetteur aux messages de l'invisible, comme l'employé du télégraphe enregistre les lettres et les mots qui lui sont adressés aussi par quelqu'un qu'on ne voit pas.

«Le médium fut quelquefois Mme Hugo, surtout Charles, son fils. On peut même dire que celui-ci (en consultant le programme des séances, on s'en rend compte) est presque indispensable aux manifestations.

«Vous allez me dire: «Pourquoi ne pas supposer que Charles s'est amusé à faire parler la table? Il avait de l'esprit et même du talent; les cahiers de Jersey sont ses œuvres.»

«Avec Auguste Vacquerie et Paul Meurice, nous avons examiné cette objection et nous avons conclu que la tricherie était improbable et impossible.

«Improbable, car il faudrait admettre que ce fils très admirant se fût moqué non seulement d'un père très vénéré, mais aussi de la douleur de sa mère. Songez que c'est sa sœur Léopoldine, morte récemment, qui a parlé la première à la table et amené avec elle le cortège des autres ombres.

«Impossible, car il eût fallu préparer dans l'intervalle des séances les très belles réponses en vers ou en prose que la table improvisait. Et l'on se serait vite aperçu de la supercherie. D'autre part, Charles était l'indolence même. Combien de fois il se plaint de lassitude au milieu des séances. Minuit a sonné, il a fait des armes toute la journée, il demande grâce. Mais dans la table l'esprit s'acharne, les assistants supplient; Charles se résigne.

«Une anecdote entre mille démontrera que Charles était bien l'inconscient médium de ces messages, et non pas leur auteur conscient:

«Un jeune Anglais qui fréquentait la maison appela, un soir, lord Byron. Celui-ci se refusa à parler français. Charles, ne sachant pas un mot d'anglais, fit l'observation qu'il lui serait difficile de suivre les lettres. Alors Walter Scott se présenta et, comme pour jouer un tour au médium, répondit ce qui suit:

Vex nat the bard, his lyre is broken
His last song sung, his last word spoken.

—«Je n'y comprends rien, dit Charles après avoir épelé.

«Le jeune Anglais expliqua:

Ne tourmentez pas le barde, sa lyre est brisée,
Son dernier poème chanté, sa dernière parole dite.

«La table avait parlé dans une langue inconnue du médium. La preuve était faite: la table avait parlé.»

[194] Après la Joie fait peur, donnée à la Comédie-Française, elle avait fait représenter au Gymnasse le Chapeau d'un horloger, qui n'est qu'un long éclat de rire.

[195] Cf. le livre de Victor Hugo intitulé Actes et Paroles pendant l'exil.

[196] Voir: la Correspondance de Victor Hugo.

[197] Mais M. Gustave Simon a publié depuis la note que Victor Hugo avait écrite sur le manuscrit de la Légende des siècles. La voici:

«Continuation d'un phénomène étrange, auquel j'ai assisté plusieurs fois: c'est le phénomène du trépied antique. Une table à trois pieds dicte des vers par des frappements, et des strophes sortent de l'ombre. Il va sans dire que je n'ai jamais mêlé à mes vers un seul de ces vers venus du mystère; je les ai toujours religieusement laissés à l'Inconnu qui en est l'unique auteur. Je n'en ai même pas admis le reflet, j'en ai écarté jusqu'à l'influence. Le travail du cerveau humain doit rester à part et ne rien emprunter aux phénomènes.

«Les manifestations extérieures de l'Invisible sont un fait et les créations intérieures de la pensée en sont un autre. La muraille qui sépare les deux faits doit être maintenue dans l'intérêt de l'observation et de la science. On ne doit lui faire aucune brèche. A côté de la science qui le défend, on sent aussi la religion, la grande, la vraie..., qui l'interdit. C'est donc, je le répète, autant par conscience religieuse que par conscience littéraire, par respect pour le phénomène même, que je m'en suis isolé, ayant pour loi de n'admettre aucun mélange dans mon inspiration, et voulant maintenir mon œuvre telle qu'elle vit, absolument mienne et personnelle.»

[198] Lettre inédite.

[199] Werdet, Portrait intime de Balzac, in-12, 1859.

[200] Léon Gozlan lui écrivit un jour: à «Mme Durand, née Balzac», histoire de l'ennuyer.

[201] Le 1er juin 1841, Balzac priait Victor Hugo de lui envoyer les 2 billets qu'il lui avait demandés (probablement pour l'Académie) au no 47 de la rue des Martyrs. Et quelques jours après, Victor Hugo, qui avait sans doute égaré sa lettre, lui répondait: «Si j'avais su où vous écrire, je vous aurais épargné hier un dérangement.»

[202] Nous avons la lettre par laquelle Mme de Girardin invitait Balzac à ce dîner: «M. de Lamartine, lui écrivait-elle, doit dîner chez moi dimanche, il veut absolument dîner avec vous. Rien ne lui ferait plus de plaisir. Venez donc et soyez aimable. Il a mal à la jambe, vous avez mal au pied, nous vous soignerons tous deux, nous vous donnerons des coussins, des tabourets. Venez, venez! Mille affectueux souvenirs.»

[203] C'est même Sophie Gay qui avait obtenu pour la Mode le patronage de la duchesse du Berry.

[204] Il était né à Paris le 22 juin 1806 et avait été inscrit à l'état civil sous le nom d'Emile Delamotte et comme étant né de parents inconnus. Il était, comme on sait, fils adultérin du comte Alexandre de Girardin, dont il prit le nom en 1828, et de Mme Dupuy, femme d'un conseiller à la Cour impériale de Paris.

[205] André-Olivier-Ernest Sain de Bois-le-Comte, né à Tours le 20 juin 1799, mourut en 1862; d'abord garde du corps, il donna sa démission en 1830, reprit du service quelque temps après et démissionna de nouveau pour collaborer à l'Histoire parlementaire de la Révolution par Buchez et Roux. Lamartine le prit comme chef de cabinet en 1848 et l'envoya comme ministre de France à Naples. Nommé quelque temps après à Washington, il fut destitué au mois de mars 1851.

[206] Cela prouve, une fois de plus, quoi qu'en disent certains biographes, que Latouche se faisait, dès ce temps-là (1828), appeler Henri, bien que son vrai nom fût Hyacinthe.

[207] Pâques était le 30 mars en 1834.

[208] Lettre inédite.

[209] Bois-le-Comte.

[210] Corresp. de Balzac.

[211] Lettre inédite.

[212] Lettre inédite.

[213] Sur les murs de l'Hôtel des Haricots quelqu'un avait écrit: «M. de Balzac, prisonnier d'Etat, du 7 au 15 mars.»

[214] Cette lettre, datée du 7 octobre 1850, a été publiée par Jules Claretie dans le Temps du 11 juin 1908. Elle était adressée au docteur Nacquart, qui fut le médecin dévoué de Balzac.

«Permettez-moi, lui disait Mme Hanska, de vous offrir un objet qui a appartenu à votre illustre ami... Cette canne, que je prends la liberté de vous offrir, et dont on a beaucoup parlé dans le temps, cette fameuse canne dont tout le mystère consiste en une petite chaîne de jeune fille qui a servi à faire sa pomme, vous rappellera non seulement cet ami si cher, mais aussi cette jeune fille, devenue, avec les années la triste et malheureuse femme dont vous avez essayé de soutenir le courage et de calmer la douleur...»—La canne de Balzac appartient aujourd'hui à Mme la baronne de Fontenay, fille du docteur Nacquart.

[215] Roman de Mme de Girardin paru en 1835, chez Dumont, 2 vol. in-8o.

[216] L'autographe de cette lettre appartient au comte Primoli.

[217] Les lettres de Théophile Gautier sont extrêmement rares. D'abord il en a écrit très peu, sous prétexte que c'était de la copie qui n'était pas payée et puis le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul leur a fait pendant vingt ans une chasse effrénée. En dehors de ce petit billet inédit vraiment amusant, je n'en ai trouvé qu'un autre de Théo dans les papiers de Delphine. Le voici: «Madame, je suis aux regrets de m'être engagé aujourd'hui, mais j'irai le soir et j'assisterai au bouquet de feu d'artifice qui se tirera après le dessert; comme les gamins dans les fêtes publiques je reviendrai avec cinq ou six fusées. A vos pieds.»

[218] Lettre inédite.

[219] Le 18 juillet de la même année, Balzac écrivait encore à son amie: «Je suis revenu à 1 heure du matin de chez Mme de Girardin. Le dîner était donné pour Mme de Hahn, fameuse actrice d'Allemagne, qu'un monsieur doué de cinquante mille francs de rente a retirée de la scène et qu'il a épousée en dépit de tous les hobereaux de sa famille et de sa caste. Mme de Girardin avait ses deux grands hommes, Hugo et Lamartine... Le dîner a fini à dix heures. A la suite d'une tartine politique de Hugo, je me suis laissé aller à une improvisation où je l'ai combattu et battu, avec quelque succès, je vous assure. Lamartine en a paru charmé; il m'en a remercié avec effusion... J'ai conquis Lamartine par mon appréciation de son dernier discours (sur les affaires de Syrie) et j'ai été sincère, comme toujours, car véritablement ce discours est magnifique d'un bout à l'autre. Lamartine a été bien grand, bien éclatant pendant cette session.» (Corresp. de Balzac.)

[220] Théophile Gautier, souvenirs intimes, par Ernest Feydeau, p. 120.

[221] Cf. la Genèse d'un roman de Balzac, par le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.

[222] Première partie de la Rabouilleuse, qui parut dans la Presse au mois de février 1841.

[223] Lettre publiée par le vicomte de Lovenjoul dans la Genèse d'un roman de Balzac.

[224] La Genèse d'un roman de Balzac, par le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul.

[225] L'article de Musset sur Rachel parut dans la Revue des Deux-Mondes du 1er novembre 1838.—Voir à ce sujet notre livre sur Alfred de Musset, t. II.

[226] Lettre inédite.

[227] Où elle avait une villa.

[228] Lettre inédite.

[229] Sur la réception de Rachel au château de Windsor, cf. les Autographes de la collection Ad. Crémieux, Hetzel, 1885, p. 177.

[230] Lettre inédite.

[231] Lettre inédite.

[232] Dans ses Mémoires d'un Bourgeois de Paris, le Dr Véron dit que, du 12 juin 1838 au 28 juin 1839, Rachel fit encaisser à la Comédie-Française la somme de 452.595 fr. 15.

[233] Lettre inédite.

[234] Lettre inédite.

[235] Lettres de Mme Hamelin, publiées par M. André Gayot dans la Nouvelle Revue, août 1908.

[236] Lettre inédite.

[237] Tragédie de Latour Saint-Ybars.

[238] Lettre inédite.

[239] Lettre inédite.

[240] L'Histoire des Girondins, qui venait de paraître.

[241] Correspondance de Lamartine, t. IV, p. 241, éd. in-18.—Le grand poète n'avait pas attendu cette circonstance pour témoigner son admiration à Rachel. Dès 1839, il avait entrepris pour elle sa tragédie de Toussaint-Louverture. Il écrivait, le 20 septembre de cette année, à Mme de Girardin: «Je vais me remettre aussi à ma tragédie interrompue au 3e acte, et j'espère la terminer avant Paris. Mais voilà Mlle Rachel condamnée au silence quand je veux la faire parler.» Corresp. de Lamartine, t. IV, p. 28.

[242] Lettre inédite.

[243] Corresp. de Lamartine; extrait d'une lettre du 18 novembre 1847.—On sait pourtant que Sainte-Beuve ne goûtait pas beaucoup Cléopâtre. Un an avant la représentation de cette pièce, Mme d'Arbouville, devançant le jugement sévère du critique et se fiant aux on-dit, lui écrivait:

«... Je viens de relire sur mon banc solitaire la Cléopâtre de Shakespeare pour me convaincre que ce n'est pas là que Mme de Girardin a puisé la fatale idée de faire de Cléopâtre une Messaline. On y indique à peine qu'elle a aimé César, et encore rien n'en transpire. Entre César et elle, qui ne se voient qu'après la mort d'Antoine, tout est d'une convenance et d'une réserve parfaites. C'est seulement dans un paroxysme d'amour que Cléopâtre, «étant seule», s'écrie: «Oh! je n'ai jamais aimé César ainsi!» J'aimerais mieux que le mot n'y fût pas. Mais il y est. Du reste l'amour le plus passionné remplit seul le rôle de Cléopâtre, ce qui intéresse bien mieux que toutes les réminiscences de la Tour de Nesle à la façon de Mme de Girardin.»

(Muses romantiques: Madame d'Arbouville, d'après ses lettres à Sainte-Beuve (1846-1850), par Léon Séché, p. 141) (Mercure de France, 1909).

[244] Lettre inédite.

[245] Lettre inédite.

[246] Lockroy.

[247] Senart.

[248] A Lockroy succéda Sevestre,—sous le titre de «régisseur général agent de la Société du Théâtre-Français».

[249] Ferdinand Barrot.

[250] C'est la première fois que nous entendons parler de ce petit théâtre. Il est à croire que les événements empêchèrent Delphine de donner suite à son projet.

[251] Pendant longtemps ce fut effectivement Crémieux, «mon cher papa Crémieux», comme elle l'appelait, qui servit de secrétaire à Rachel et qui lui rédigeait ses lettres. Quand elle était en voyage, elle lui envoyait les noms et qualités de ceux qui lui faisaient des politesses et à qui elle était obligée de répondre, ne fût-ce que pour décliner leurs invitations, et Crémieux lui adressait de petits billets, voire de longues lettres, qu'elle n'avait qu'à copier et à mettre à la poste. Elle ne faisait d'exceptions que pour ses amis intimes à qui elle écrivait sans brouillon, dans le style émaillé de fautes d'orthographe qui était le sien. «S. M. la reine, mandait-elle de Londres à Crémieux, au mois de mai 1841, a exprimé à lady Normanby le désir d'avoir ma signature dans son petit album: j'en ai fait part à quelques personnes des mieux posées; elles m'ont conseillée d'écrire une petite lettre à Sa Majesté le lendemain de la soirée de Windsor. Mon cher monsieur Crémieux, vous voyez que, malgré les grands progrès que je fais dans le style, il me faudra cette fois encore avoir recours à vos complaisances éternelles.»—«A qui ai-je à écrire? lui mandait-elle encore. Cherchons. Vous me parlez de Cavé: j'y ai pensé, et, comme il connaît mon style, je lui ai envoyé sans crainte; il m'a répondu une petite lettre charmante. Un petit billet à ce brave Milbert, qui m'a écrit deux fois et à qui je n'ai pas répondu... Dites un mot aimable à ce brave vieillard comte de Cherval... M. Defresne m'a écrit aussi deux ou trois fois; faut-il lui écrire? Voyez: c'est vous que cela regarde puisque c'est vous qui écrivez, mon aimable et bon secrétaire.» (Voir à ce sujet les Autographes de la collection Crémieux, pp. 178 et 184.)—Mais il vint un jour—c'était en 1841—où le «cher papa Crémieux», ferma sa porte à Rachel. J'ai raconté dans quelles circonstances au t. II de mon livre sur Alfred de Musset, et tout récemment Mlle Thomson, confirmant mes renseignements, a publié la lettre par laquelle Mme Crémieux signifia son congé à la tragédienne. (Cf. la Vie sentimentale de Rachel, p. 77.) Ce n'est qu'en 1848 que Rachel parvint à franchir le seuil du grand avocat, encore Mme Crémieux lui tint-elle rigueur jusqu'en 1854.

[252] Lettre inédite.

[253] S'il faut en croire M. Frédéric Loliée (la Comédie-Française, p. 254), c'est elle-même qui aurait désigné Arsène Houssaye à l'Elysée et qui l'aurait emporté sur Mazères, dont la candidature était appuyée par M. de Rémusat.

[254] Lettre inédite.

[255] Lettre inédite.

[256] Voir le chap. III de ce livre, p. 1810. Après le coup d'Etat, Victor Hugo habitait à Bruxelles, place de l'Hôtel-de-Ville.

[257] Voir la lettre de Rachel à Ponsard publiée par M. Jules Claretie dans le Temps du 30 avril 1909.

[258] Voir le Temps du 30 avril 1909.

[259] La salle à manger de l'hôtel de la rue de Chaillot donnait sur une petite pelouse au centre de laquelle s'élevait une fontaine, formée du groupe des Grâces de Germain Pilon.

[260] Extrait d'une lettre inédite.

[261] Il ne faut pas oublier que les Mystères de Paris avaient paru en feuilleton dans le Journal des Débats.

[262] Corresp., t. IV.

[263] La Presse du 2 mars 1848.

[264] La mort de Sophie Gay (5 mars 1852).

[265] Mme O'Donnell, morte le 10 août 1841.

[266] Eugène Sue était un fervent admirateur de Lamartine. Il était entré en relations avec lui, dès 1830, à la suite d'un article qu'il avait consacré dans la Mode de Girardin aux Harmonies poétiques et religieuses et qui finissait ainsi: «Maintenant qu'il est bien avéré que M. de Lamartine n'est pas un jésuite, il ne nous reste qu'un fait à constater, c'est l'immense succès des Harmonies poétiques et religieuses.» Quand Lamartine partit pour l'Orient, Eugène Sue eut l'idée de l'accompagner, mais il se récusa au dernier moment. Quelques années après, durant un séjour qu'il fit à Saint-Point, Lamartine lui lut des fragments de Jocelyn. (Cf. la Correspondance de Lamartine.)

[267] Dain (Charles), né à la Guadeloupe le 29 août 1812, mort à Bordeaux le 22 février 1871. Avocat à Paris, il entra dans le petit groupe des Phalanstériens et publia, dans la Démocratie pacifique, des articles sur l'esclavage qui eurent un grand retentissement dans son pays. Elu député de la Guadeloupe à l'Assemblée nationale de 1848, il ne fut cependant pas réélu à la Législative, mais, le 10 mai 1850, le département de Saône-et-Loire, qui l'année précédente avait renié Lamartine, le choisit pour son représentant. Il siégea alors à l'extrême-gauche. Cela ne l'empêcha pas de se rallier à l'Empereur, qui le nomma conseiller à la Cour de la Guadeloupe.

[268] Lettre inédite.

[269] Marguerite ou deux amours, roman paru en 1853.

[270] Genève, Laffer et Cie, 1853.

[271] Cadot, éditeur, 4 vol., 1853.

[272] Cette lettre finissait ainsi:

«Ma sœur m'a appris, et j'en suis ravi, que vous allez publier en volumes vos anciens feuilletons—ne m'oubliez pas, lors de l'apparition du livre—j'y compte pour mes longues soirées d'hiver—je retrouverai là tant et tant de souvenirs!... Je reverrai ainsi le monde que vous peigniez avec tant de grâce, de finesse et de profondeur, et où nous nous rencontrions si souvent—de grâce encore, ne m'oubliez pas, les soirées passées avec vous dans ma solitude me seront si précieuses!... Adieu, adieu, je suis horriblement triste, ma sœur part dans deux heures, et ma pauvre petite maison va me paraître bien grande et bien vide... Mille choses de ma part à Emile. Si vous avez un moment à perdre, un mot, et vous me rendrez bien heureux. Encore adieu à tous et bien à vous.» (Lettre inédite).

[273] A cette époque, en effet, Ponsard était dans le plein de sa passion pour Mme de Solms.

[274] Leur correspondance, qui a été un certain nombre d'années en la possession de M. Bégis, chez qui je l'ai lue, se trouve aujourd'hui entre les mains de M. Chéramy.

[275] Corresp. inédite de Sainte-Beuve avec M. et Mme Juste Olivier.

[276] Gérant de la Presse.

[277] Lettre inédite.

[278] Lettre inédite.

[279] Cette lettre fut publiée dans le feuilleton de la Presse du 1? mars 1828.

[280] Lettres à Lamartine, p. 259.

[281] Lettre inédite.

[282] Lettre inédite.

[283] Lettre inédite.

[284] Jeanne-Gabrielle, fille de Solange, née à Guillery le 20 mai 1849.

[285] Lettre inédite.

[286] Lettre inédite.

[287] Le Chapeau d'un horloger, représente au Gymnase le 16 décembre 1854.

[288] Lettre inédite.

[289] Allusion aux journées de Juin.—Bethmont faisait partie, comme ministre de la Justice, du premier cabinet formé le 28 juin 1848 par le général Cavaignac.

[290] Le petit corps, ramené à Nohant, fut déposé sous le grand if, auprès des restes d'Aurore de Saxe, grand'mère de George Sand.

[291] M. Bethmont, qui défendait Clésinger, avait fait appel du jugement qui confiait à George Sand la garde de sa petite-fille.

[292] Lettre inédite.

[293] Elle l'avait vue pour la dernière fois le 21 mai, et, comme si elle avait eu le pressentiment de sa fin prochaine, Delphine avait abordé devant elle la question de l'au-delà: «Je ne crois pas, lui disait-elle, à aucun mystère et à aucun miracle transmis ou expliqués par les hommes. Tout est mystère et tout est miracle dans le seul fait de la vie et de la mort. Je ne crois pas à une table tournante autant qu'on se l'imagine: ce n'est qu'un instrument qui écrit ce que ma pensée évoque. Je me sens très bien avec Dieu; je ne crois ni au diable ni à l'enfer. Si je n'ai pas la foi, j'ai l'équivalent: j'ai la confiance.»

Mme de Girardin devait penser souvent à la mort, car on a trouvé dans son album, sous ces dates: mars 1841-juillet 1851, les réflexions que voici:

«La mort n'égalise rien: à sa dernière heure, l'homme qui a lâchement vécu n'est pas l'égal de celui qui a vécu noblement. A son dernier soupir, l'homme dont l'existence est douce et belle n'est pas non plus l'égal de celui qui a souffert toujours. Les vertus sont des titres, les souffrances sont des droits. On ne s'améliore pas en vain; on ne souffre pas inutilement. Dieu est un maître équitable qui récompense chacun selon ses œuvres, et surtout selon ses peines. Heureuse l'âme qui a l'intelligence de ses douleurs; pour elle, les larmes ont un langage qu'elle comprend, le désespoir a des promesses qu'elle écoute.

«Oh! qui de nous ne l'a senti, qu'en nous frappant Dieu s'engage et qu'il est de certains chagrins, tourments inouïs, insupportables, horribles, qui le compromettent avec nous pour l'éternité.

«Non, ceux qui auront toujours ignoré ces affreuses peines ne seront pas, au jour du jugement dernier, les égaux de ceux qui les auront connues et dévorées.

«D. GAY DE GIRARDIN.»

(Communiqué par Mme Léonce Détroyat.)

[294] L'Esprit de Madame de Girardin, p. 316.

ACHEVÉ D'IMPRIMER
le seize mai mil neuf cent dix
par
BLAIS & ROY
A POITIERS
pour le
MERCVRE
DE
FRANCE

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