Dictionnaire du patois du pays de Bray
The Project Gutenberg eBook of Dictionnaire du patois du pays de Bray
Title: Dictionnaire du patois du pays de Bray
Author: J.-E. Decorde
Release date: January 23, 2016 [eBook #51005]
Most recently updated: October 22, 2024
Language: French
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DICTIONNAIRE
DU
PATOIS DU PAYS DE BRAY
PAR
L'Abbé J.-E. DECORDE,
CURÉ DE BURES,
Membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres
de Caen, de la Société des Antiquaires de Normandie,
de la Société des Antiquaires de Picardie et de
la Société d'Émulation d'Abbeville.
Bientôt les patois auront complètement disparu;
beaucoup de mots employés par les pères ne
sont déjà plus intelligibles pour les enfants,
et l'on doit se hâter de les recueillir, si l'on
porte quelque intérêt aux origines de la langue.
(M. E. De Meril, Dictionnaire du patois
normand, Introduction, page xxxiv.)
Prix: 3 fr.
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Chez | DERACHE, libraire, rue du Bouloi, 7.
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A ROUEN:
Chez A. LEBRUMENT, libraire, quai Napoléon, 45.
A NEUCHATEL:
Chez tous les Libraires de la ville.
1852.
INTRODUCTION.
M. Edélestand du Méril termine la remarquable introduction de son savant Dictionnaire du Patois Normand par ces mots: «Nous prions toutes les personnes qui portent quelque intérêt à l'histoire de notre province et aux origines de la langue française de nous fournir les moyens d'élever à la mémoire de nos ancêtres un monument qui, moins encore par son sujet que par la multiplicité des auteurs, appartiendrait à la province entière: nous ne réclamons pour nous que l'honneur de tenir la plume et le plaisir de leur adresser nos remercîments.»
Cet appel nous a été communiqué par un homme auquel nous avons voué la plus grande estime et la plus vive reconnaissance, pour les conseils et les encouragements qu'il nous a donnés en plus d'une circonstance. Pas un de ceux qui connaissent M. Auguste Le Prevost ne nous accusera de flatterie en traçant ces lignes; et, quand nous ajouterons que l'illustre membre de l'Institut de France et de tant de Sociétés savantes nous a conseillé de répondre à l'appel de M. du Méril, en ce qui concerne le pays de Bray, on comprendra notre empressement à nous mettre à l'œuvre. Au reste, enfant du pays et ayant passé la plus grande partie de notre vie au milieu de ses habitants, il nous était plus facile qu'à beaucoup d'autres de faire connaître le langage, les croyances et les habitudes de cette contrée. Si notre travail est défectueux en certains points, il aura au moins le mérite de la vérité; car nous ne rapporterons pas un seul mot que nous n'ayons entendu prononcer, pas un seul usage dont nous n'ayons été témoin.
Le mot Bray est ordinairement considéré comme emprunté à la langue celtique, et signifie de la boue. Mais, tout en reconnaissant que la nature du terrain de cette contrée se prête merveilleusement à cette étymologie, M. A. Le Prevost fait venir Brai de bracus, mot employé plusieurs fois dans la chronique de Fontenelle comme synonyme de vallée 1.
On distingue dans cette contrée, qui s'étend depuis Bures jusqu'à Frocourt et Auteuil, près de Beauvais, le Bray normand et le Bray picard: le premier fait partie de la Seine-Inférieure, le second dépend de l'Oise. Nous nous occuperons seulement de la division qui se rattache à la Normandie; et, comme il est pour ainsi dire impossible de fixer des limites exactes à cette contrée si peu explorée, nous allons tirer une grande ligne autour du champ dans lequel nous avons glané les mots dont se compose notre glossaire: ce sera à peu près l'étendue de l'arrondissement de Neufchâtel. En partant de Neuf-marché, nous longerons l'Epte jusqu'à Gournay, où nous trouverons la route no 8 qui nous conduira à Formerie: de là, nous irons à Hadancourt et nous suivrons la Bresle jusqu'au petit village de l'Epinoy, en passant par Aumale, le Vieux-Rouen, Senarpont et Blangy. Ensuite, nous redescendrons par Grandcourt, Londinières, Bures, Saint-Saens, Buchy, Bosc-Edeline 2, Bruquedalle et Morville. Puis, après avoir côtoyé la forêt de Lions, nous nous retrouverons à Neuf-marché, notre point de départ.
Le langage est aussi ancien que le monde: en créant les premiers membres de la grande famille humaine, Dieu a dû leur donner une manière de se communiquer leurs pensées, leurs désirs, leurs volontés. Ce moyen, c'est le langage. Mais quelle est la langue primitive communiquée à l'homme? Perron se montre le patron zélé de la langue celtique; Webb plaide chaudement la cause du chinois; plusieurs auteurs modernes se font les champions de Goropius-Becanus qui proclame le flamand comme la langue du paradis terrestre; à côté de ces prétentions, viennent les défenseurs des langues semitiques; enfin l'hébreu réunit en sa faveur de nombreux et puissants suffrages. Mais nous n'avons pas le moindre désir de nous arrêter à cette question qui a tant occupé les savants. Nous laissons les uns soutenir que le langage peut être une invention graduelle de l'espèce humaine, les autres prétendre que c'est le résultat nécessaire et spontané de l'organisation de l'homme. Nous passons à côté de Smith, qui assure que l'invention du langage a commencé par les substantifs, et de Herder, qui donne le pas aux interjections. Pour nous, nous voulons seulement jeter un coup-d'œil rapide sur les divers langages qui sont venus tour à tour régner dans le petit coin de terre qui nous occupe, et aboutir au patois actuel du pays de Bray; patois qui s'efface de jour en jour, et dont on ne trouverait bientôt plus la moindre trace, si l'on ne s'empressait de recueillir ce qui en reste: «Il est facile de le prévoir, dit M. du Méril, bientôt les patois auront complètement disparu; beaucoup de mots employés par les pères ne sont déjà plus intelligibles pour les enfants, et l'on doit se hâter de les recueillir si l'on porte quelque intérêt aux origines de la langue 3.»
Cependant, il ne faudrait pas croire que la différence qui existe entre le langage du savant le patois du paysan soit uniquement une différence d'origine; il faut aussi faire la part du progrès et du temps, «La langue du savant et celle du vulgaire au fond sont identiques, à cette simple différence près, que la langue parlée par le vulgaire à une époque déterminée est toujours celle que parlait le savant à une époque antérieure, et que la première n'a d'autre avantage sur la seconde que d'être constamment avec elle de quelques siècles en retard; ainsi le français de nos villages est aujourd'hui, sur beaucoup de points, le français qui se parlait il y a trois ou quatre cents ans, à la cour même de nos rois 4.» Nous aurons plus tard occasion de donner la preuve de ce que dit ici le savant et laborieux autour auquel nous empruntons ces paroles.
Les Gaulois sont les premiers habitants connus de notre contrée: mais, comme ils ne nous ont point transmis de langue écrite, il est impossible de rien conjecturer sur leur langage. Leurs doctrines religieuses, leurs lois, leurs annales passaient d'âge en âge par tradition orale, et nous ne saurions pénétrer des secrets qui reposent ensevelis avec eux sous le tertre où dort leur dépouille mortelle, depuis deux mille ans 5.
L'an 51 avant J.-C, Jules César devint maître souverain des Gaules, après une lutte qui avait duré dix ans. Il préleva de lourdes contributions sur les Gaulois, fonda des écoles et déclara le latin la seule langue officielle. Mais, comme le fait observer avec beaucoup de vérité M. l'abbé Corblet, le peuple prouva à César qu'on n'obtient pas aussi facilement l'adoption d'une langue qu'on improvise une victoire; «il introduisit dans le latin des constructions de la langue maternelle; il confondit arbitrairement tous les cas; il altéra les mots par des constructions bizarres; des terminaisons latines s'allièrent à des radicaux celtiques, des désinences celtiques s'imposèrent à des radicaux latins, et l'emploi des auxiliaires vint bouleverser l'harmonie des lois grammaticales 6.» Aussi Quintilien écrivait-il, vers la fin du premier siècle de notre ère, qu'il y avait une grande différence entre parler latin et parler grammaticalement, aliud esse latinè, aliud grammaticè loqui 7. Au rapport de saint Jérôme, la langue latine subissait encore de grandes modifications au IVe siècle, latinitas et regionibus quotidiè mutabatur et tempore 8. Et saint Augustin nous apprend qu'au Ve siècle, le latin pur perdait du terrain au profit de la langue vulgaire qu'on regardait comme plus utile dans les relations habituelles de la vie, plerumque loquendi consuetudo vulgaris utilior est significandis rebus, quàm integritas literata 9.
Bientôt, à ces difficultés vinrent s'ajouter de nouveaux éléments contraires à l'uniformité de langue: l'introduction des Francs 10 dans la Gaule, qui tantôt en guerre, tantôt en paix avec les Romains, finirent par devenir les maîtres, à la fin du Ve siècle. Alors la langue tudesque apparaît; mais elle s'efface insensiblement, et bientôt se forme la langue romane. «En reconnaissant que le latin a joué le principal rôle dans la formation de cette langue, dit M. Ph. Le Bas, il convient de distinguer la langue latine littéraire de la langue latine usuelle.... C'est du latin parlé par les masses, que s'est formé le roman 11.»
Au milieu de ce mélange de langues, on comprend aisément que la pureté du langage ne pouvait dominer: Alcuin nous apprend qu'il existait, au VIIIe siècle, une langue lettrée qu'on pouvait écrire et une langue illettrée qui ne pouvait être écrite, literata quæ scribi potest, illiterata quæ scribi non potest 12.
Aussi, à partir de 813, voyons-nous plusieurs conciles prescrire aux évêques de prêcher en langue vulgaire, afin de pouvoir se faire comprendre du peuple 13. Le plus ancien monument de cette langue vulgaire ou romane d'où s'est formé insensiblement notre français, est le serment prononcé, en 842, à Strasbourg, par Louis-le-Germanique, frère de Charles-le-Chauve, commençant par ces mots: Pro Deu amor et pro Christian poblo et nostro commun salvament, etc. «Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien, et pour notre salut commun 14.
En se décomposant, le latin a produit deux idiomes distincts, dit M. Ph. Le Bas, deux gracieux dialectes dont les ressources sont grandes: la langue d'OIL et la langue d'OC. On ramène à trois les principaux dialectes, de la langue d'OIL, qui sont le normand, le picard et le bourguignon 15. Les trouvères, poètes languedociens, s'exprimaient dans la langue d'OIL; et les troubadours, poètes provençaux, se servaient de la langue d'oc. La dénomination de ces deux langues vient de ce que l'affirmation oui se prononçait oil au nord de la Loire et oc au midi de ce fleuve 16. M. A. Maury nous apprend qu'au XIIe siècle, ces deux contrées étaient séparées par de vastes châtaigneraies qui formaient comme une frontière végétale entre les deux langues 17. Avant l'an 1000, les formes grammaticales de ces deux idiomes offraient peu de différence: «mais, à partir de cette époque, dit M. l'abbé Corblet, les nuances deviennent de plus en plus distinctes, jusqu'à ce que, vers le XIIe siècle, les deux langues firent un divorce complet, en se partageant la France 18.» Aussi Jean-Luc d'Achery nous dit-il qu'au XIIe siècle, les moines d'un monastère du Boulonnais souffraient impatiemment de leur dépendance d'une abbaye du Poitou, à cause de la différence des langues, propter linguarum dissonantiam 19.
Nos lecteurs ne seront peut-être pas fâchés de lire ici l'oraison dominicale dans le langage de cette époque reculée: nous l'empruntons à Charles Batteux, cité par l'abbé Pluche 20.
«Sire pere, qui es ès ciaus, sanctifiez soit li tuens noms, avigne li tuens regnes, soit faite ta volanté, si comme ele est faite el ciel, si soit ele faite en terre; nostre pain de chascun jor nos done hui, et pardone nos meffais, si comme nos pardonos à ços qui meffait nos ont; sire ne soffre pas que nos soions tempté par mauvesse temptation, mais sire delivre nos de mal.»
Le XVe siècle vint opérer la transformation du français du moyen-âge en français moderne; mais le langage ne s'épura qu'au siècle suivant et n'atteignit la perfection que sous le règne de Louis XIV. Le XVIe siècle semble être le moment d'enfantement du français actuel; nous en trouvons la preuve dans les satyres de Vauquelin de la Fresnaye qui écrivait dans la seconde moitié de ce siècle et qui, au milieu des incertitudes et des fluctuations du langage, éprouvait un véritable embarras sur la manière d'écrire correctement;
Car, depuis quarante ans, desja quatre ou cinq fois,
La façon a changé de parler en françois.
Cette irrésolution venait de tous les idiomes avec lesquels la nouvelle langue s'était trouvée en contact; «créée par les rapports et le mélange des patois, la langue commune participe de tous; elle prend à l'un ses habitudes de prononciation, à l'autre ses tours de phrase; elle conserve les idiotismes d'un troisième, et comble, en puisant indistinctement dans tous, les lacunes qui existaient dans les différents vocabulaires... Mais, malgré cette fusion à l'usage de la classe élevée de la société, presque jamais les patois ne disparaissent entièrement; le peuple auquel ils suffisent les conserve avec obstination, et les savants sont obligés de les consulter pour connaître les éléments constitutifs de la langue et remonter à la forme primitive des mots 21.» En effet, comme en fait la remarque M. G. Brunnet, «les patois renferment des mots qui remontent jusqu'au grec et qui furent importés par des colonies hellénistes; ils en contiennent d'antres qui restent comme des débris de la domination romaine; ils en présentent qui sont évidemment le produit de la création populaire, mais le fond du dialecte est tout latin 22.»
Ceci nous ramène à notre patois du pays de Bray, dans lequel nous retrouvons, malgré les nombreuses corruptions qui en masquent la forme primitive, un assez grand nombre de mots qui se rattachent aux langues des différentes nations qui ont parcouru ou habité cette contrée. C'est ainsi que Dieppe, ancien nom de la Béthune, est une corruption de l'islandais Diup, profond;—Itou, du latin Ità, aussi;—Raine, du celtique Ran, grenouille;—Freuler, du breton Frel, fléau;—Bisquer, du saxon Beiskiar, rager;—Super, de l'anglais To sup;—Rio, de l'espagnol Rio;—Braies ou Bragues, du grec Brakos; etc.
«Pour remonter aux radicaux primitifs et saisir les lois qui ont dominé les développements de la langue et lui ont donné de l'ensemble et de l'harmonie, dirons-nous avec M. du Méril, il faut l'étudier à la source, dans la bouche même du peuple... En effet, les patois, soumis dans chaque localité à des influences diverses qu'aucune raison générale ne neutralise, se grossissent au hasard d'importations étrangères et d'imaginations individuelles; qui ne relèvent que du caprice.... Par exemple, le moineau est appelé Pisli à Avranches, Pottin à Coutances, Friquet à Bayeux, Quilleri dans l'Orne, et Moisson dans le pays de Bray 23.»
Maintenant abordons notre travail principal, et tâchons de donner une idée générale du patois brayon, avant d'en venir au glossaire des mots que nous avons recueillis. Deux voies s'ouvrent devant nous: l'une que suivent les savants, l'autre dans laquelle marchent les simples travailleurs. Cette dernière voie sera la nôtre. Nous nous bornerons donc à constater ce qui est, sans rechercher le cûr, quomodò, quandò; c'est-à-dire que nous abandonnerons aux maîtres de la science les observations scientifiques et les découvertes étymologiques, pour nous occuper seulement à recueillir des matériaux sur lesquels ils puissent exercer leur sagacité. Nous suivrons cette recommandation pleine de vérité: «La science étymologique, dit M. Auguste Le Prevost, est une arme à deux tranchants, qui ne doit pas être abandonnée à des mains novices. On peut encore la comparer à ces flambeaux qui jettent de la fumée et de l'obscurité sur leur passage, quand ils n'éclairent pas. Elle demande non-seulement la connaissance approfondie et la comparaison continuelle d'un grand nombre de langues, de dialectes, d'idiotismes, une faculté d'observation et de rapprochement exquise, mais encore beaucoup de sobriété, de loyauté, de circonspection dans l'exercice de cette faculté; sans quoi on arrive par une pente très-rapide à faire venir affana d'equus 24; on se discrédite soi-même et l'on discrédite l'une des recherches les plus piquantes et les plus utiles à la satisfaction de la raison humaine, qui puisse occuper les loisirs d'un érudit. Nous insistons d'autant plus sur la nécessité d'une grande réserve à cet égard, que, débarrassé de cette grave responsabilité, le travail que nous désirons voir entreprendre dans chaque arrondissement n'offrira plus qu'une tâche facile à chacun de nos collaborateurs 25.»
Quoiqu'on ne puisse pas dire, selon la rigueur de l'expression, qu'il existe un code particulier au patois du pays de Bray, il n'en est pas moins vrai que ce patois est soumis à certaines règles dont il s'écarte peu. Pour plus de clarté, nous allons essayer d'indiquer ces règles touchant les lettres, l'article, le nom, l'adjectif, le pronom et le verbe.
§ Ier.—Des Lettres. Le c doux se change assez fréquemment en ch: Ex. Les capuchins étaient comme cha. Il en est de même de la double lettre ss; on dit nourichon pour nourrisson.
Le ch est souvent remplacé par le c dur, qu ou k: Ex. Un cat, un quien, un kauche-pied, etc.
L'accent circonflexe se remplace en plusieurs circonstances par l'accent aigu sur la lettre e: Ex. Téte, féte, béte, etc.
Le tr se prononce quelquefois ter, comme dans truie, qu'on prononce teruie, et teruite pour truite.
§ II.—De l'Article. Selon quelques auteurs, notre article masculin le serait tout simplement la dernière syllabe du mot latin ille, et notre article féminin la, la dernière de illa. D'autres voient plus particulièrement dans l'article une combinaison du pronom ille et des prépositions de et ad. Quoi qu'il en soit, dans les commencements de la langue française, nous trouvons presque toujours pour articles simples ou composés les mots el, del, al; ces mots forment encore la base de l'article dans le patois brayon.
Le, el, l'. La, el. Les, lés, l's.
De, d', d'l'. Du, du. De la, del, d'l'. Des, dés, d's'.
Au, au. A la, al. Aux, à, à les.
On trouvera dans le Dictionnaire les différences qui existent entre ces divers articles.
§ III.—Du Nom. Certain nombre de noms en eur et en oir changent leur terminaison en eux: Ex. Menteur, tricheur, conteur, mouchoir, battoir, couloir, etc., se prononcent menteux, tricheux, conteux, moucheux, batteux, couleux.
Quelques noms en é font leur singulier en ai: Ex. Curiosité fait curiositai, été fait étai, etc.
Les noms propres prennent le pluriel; ainsi on dit: les Duvals, les Dumonts, etc., en parlant des membres de ces familles.
On donne aussi le genre féminin aux noms de famille, en les faisant précéder de l'article: Ex. La Durande, la Guerarde, la Boquette, la Cordière, la Vasseuse, la Brianchonne, etc. Mais, quand le nom propre est précédé du prénom, il garde sa terminaison primitive: Ex. Rose Durand, Marie Guerard, etc.
Dans le patois brayon, les noms n'ont pas toujours le même genre que leurs correspondants français; en voici de nombreux exemples:
NOMS QUI CHANGENT DE GENRE DANS LE PATOIS BRAYON.
AGE, Ex.: La jeunesse est une belle âge.
AIR. Ex.: Cette chanson est sur une vilaine air.
AMADOU. Ex.: Ce marchand ne fournit que de mauvaise amadou.
ARGENT. Ex.: Je vous donne de la belle argent.
AS. Ex.: Voilà une vieille as qui m'a fait perdre.
AUGURE. Ex.: Cela n'est point d'une bonne augure.
AUTEL. Ex.: Voilà une riche autel.
BOL. Ex.: Mettez cette tisane dans une petite bol.
BORNE. Ex.: Quel gros borne!
CANTIQUE. Ex.: Je sais une belle cantique.
CENTIME. Ex.: Cette centime est toute neuve.
CIMETIÈRE. Ex.: Je ne passerais pas la nuit dans la cimetière.
CLAIRE-VOIE. Ex.: Je ferai là un beau claire-voie.
COUDRIER. Ex.: On fait des cercles avec de la coudre.
CRAVATE. Ex.: On m'a fait cadeau d'un beau cravate.
EMPLATRE. Ex.: C'est une emplâtre inutile.
ESCLANDRE. Ex.: Il y a eu grande esclandre.
ÉVANGILE. Ex.: L'Évangile de dimanche est longue.
EXEMPLE. Ex.: Il nous a donné une nouvelle exemple de douceur.
FROID. Ex.: La froid est bien gênante.
GARDE-ROBE. Ex.: Avez-vous un bon garde-robe?
HERBAGE. Ex.: Son herbage est excellente.
HIVER. Ex.: L'hiver de 1830 n'a pas été douce.
IMAGE. Ex.: Vendez-vous de beaux images?
MANQUE. Ex.: C'est une manque de réflexion.
MARNE. Ex.: Servez-vous de marne sec.
MERLE. Ex.: Entendez-vous siffler la mêle?
MEUBLES. Ex.: Voilà de belles meubles.
ORAGE. Ex.: Nous allons avoir une terrible orage.
ORGANE. Ex.: Votre frère a une belle organe.
OUVRAGE. Ex.: Son ouvrage n'est jamais faite en temps.
PARAFE. Ex.: Notre Instituteur fait de belles parafes.
PATÈRE. Ex.: Placez votre chapeau au patère.
POISON. Ex.: Vous m'apporterez de la poison pour les rats.
RÉGLISSE. Ex.: Apportez-moi du réglisse.
RHUME. Ex.: J'ai toujours la rhume.
RISQUE. Ex.: A toute risque.
SAULE. Ex.: La sau est un mauvais bois.
TEMPE. Ex.: Il a reçu un coup de bâton au tempe.
VIPÈRE, Ex.: J'ai été mordu d'un vipère.
§ IV.—De l'Adjectif. Plusieurs adjectifs ne forment pas leur féminin comme en français: Ex. Blanc, sec, vieil, fou, malin, frais, font blanque, sèque, vieuille, fôlle, malinne, fraique. Presque tous les adjectifs terminés en i ont le féminin en ite: Ex. Pourri, guéri, font pourrite, guérite.
Les adjectifs possessifs se rendent ainsi:
Mon, man, min, m'n'. Ma, m'. Mes, més, m's'.
Ton, tan, t'n', tin, t'n. Ta, t'. Tes, tés, t's'.
Son, san, s'n', sin, s'n. Sa, s'. Ses, sés, s's'.
Notre, not'. Notre, not'. Nos, nos.
Votre, vot'. Votre, vot'. Vos, vos.
Leur, leu, leut. Leur, leu, leut'. Leurs, leus.
Les adjectifs démonstratifs sont:
Ce, çu. Cet, c't'. Cette, c't', c'te. Ces, cés, chés.
§ V. Du Pronom. Voici les différentes formes des pronoms personnels:
Je, j', ej'. Moi, mai, mi. Me, m'. Nous. j'.
Tu, tu. Toi, tai. Te, té. Vous, vos, os.
Il, y, il. Elle, al', a. Ils, y, ils. Elles, al', y.
Lui, li. Leur, leu. Eux, eux. Se, s', leus. Soi, sai.
Les pronoms possessifs n'offrent d'autre différence avec le français que la suivante: l' est employé pour le, et l'on supprime l'accent circonflexe sur notre, votre, notres, votres.
Voici maintenant les pronoms démonstratifs:
Celui, le sien. Celle, la sienne, la celle. Ceux, les ceux, les siens. Celles, les celles, les siennes.
Celui-ci, c't'ichite. Celle-ci, c't'ichite. Ceux-ci, cheux-chite, ceux-chite. Celles-ci, cheux-chite, ceux-chite.
Celui-là, ç't'ila. Celle-là, ç't'éla. Ceux-là, cheux-la. Celles-là, cheux-la.
Ce, cha. Ceci, cha. Cela, cha.
Les pronoms relatifs se prononcent de la manière suivante:
Qui, qui. Que, qu', que. Lequel, l'queul. Laquelle, l'queulle, laqueulle. Lesquels, lèqueuls. Lesquelles, léqueulles.
Nous ajouterons les pronoms interrogatifs: qui, que, quoi; lesquels se rendent ordinairement par qué.
En parlant de l'interrogation, nous voulons faire une remarque qui ne trouverait peut-être point place ailleurs. Dans le pays de Bray, et généralement en Normandie, on répond à certaines questions par la négation ou l'affirmation de la proposition opposée. Ainsi, à cette question: Fait-il froid aujourd'hui? on répondra: Il ne fait pas chaud, ou il fait assez chaud, ou il fait très-chaud.
§ VI.—Du Verbe. Afin de donner une idée du système des conjugaisons, nous placerons ici quelques temps des verbes auxiliaires AVOIR et ÊTRE.
| AVER |
ETE |
INDICATIF PRÉSENT.
|
J'ai. T'as. Il a. J'avons. Os avez ou vos avez. Il ont. |
Ej'sis. T'es. Il est. J'sommes. Os ètes ou vos ètes. Y sont. |
IMPARFAIT.
|
J'avais. T'avais. Il avait. J'avions. Os aviez. Il avaient ou aviont. |
J'étais ou j'étois. T'étais ou t'étois. Il était ou il étoit. J'étions ou os étions. Os étiez ou vos étiez. Il étaient ou étoient ou étiont. |
SUBJONCTIF PRÉSENT.
|
Que j'aie ou que j'uche. Q't'aies ou que tu uches. Qu'il ait ou qu'il uche. Qu'j'avions ou qu'j'uchions. Qu'os aviez ou qu'os uchiez. Qu'il aient ou qu'il uchent. |
Que j'sais ou que j'suche. Que tu sais ou que tu suches. Qu'il sait ou qu'il suche. Que j'sayions ou que nous suchions ou qu'os soyomes. Qu'os sayez ou qu'os suchiez. Qu'y saient ou qu'ils suchent. |
Le patois du pays de Bray offre beaucoup d'irrégularité dans les conjugaisons; nous en mentionnerons seulement quelques-unes.
Généralement l'u du pronom tu s'ellipse à la seconde personne du singulier, quand le verbe commence par une voyelle: Ex. T'aimes, t'avertis, t'as, t'entends.
Le j' remplace ordinairement le pronom nous, à la première personne du pluriel, quand le verbe commence par une voyelle: Ex. J'aimons, j'avertissons, etc. Si le verbe commence par une consonne, le pronom nous est remplacé par le monosyllabe ej: Ex. Ej trouvons, ej prévenons, etc. Il paraît que les courtisans de Henri III regardaient comme de bon ton de dire: J'avions, j'étions, j'allions; c'était alors une manière de parler recherchée dans la bonne compagnie, même à la cour 26.
Parmi les verbes de la première conjugaison qui sont irréguliers dans plusieurs temps, nous mentionnerons le verbe aller qui fait au présent du subjonctif: que j'ouaiche, que tu ouaiches, qui ouaiche, que j'ouaichions, qu'os ouaichiez, qui ouaichent.
Les verbes terminés en ier et uer ont ordinairement le présent du subjonctif en che: Ex. Charrier, ruer, etc., font: que je carriche, que je ruche.
Le r terminal de l'infinitif ne se fait point sentir dans les verbes de la seconde conjugaison; ainsi on dit: mouri, parti, r'veni, etc., pour mourir, partir, revenir. Plusieurs de ces verbes forment aussi leur participe passé tout-à-fait irrégulièrement; c'est ainsi que soutenir fait soutint pour soutenu.
Les verbes de la troisième conjugaison changent leur terminaison oir en er; par exemple: Apercevoir, recevoir, émouvoir, etc., font aperchever, r'chever, émouver, et, au participe passé, aperchu, r'chu, émouvé.
Au nombre des verbes de la quatrième conjugaison qui s'éloignent du français, nous mettrons le verbe suivre qui fait sieure, je sieus, j'ai sieus, etc.
Une règle qui se rapporte à toutes les conjugaisons consiste dans l'emploi de la troisième personne au lieu de la première et de la seconde, comme dans les phrases suivantes: C'est moi qui se trompe; c'est toi qui ira; c'est nous qui a joui; c'est vous qui chantait, etc.
Nous pensons que ces courtes remarques suffisent pour indiquer à nos lecteurs les ressemblances et différences du patois du pays de Bray avec les patois des autres provinces, surtout de la Normandie et de la Picardie. Il nous resterait à citer quelque fragment de cet idiome, afin d'en faire mieux comprendre le mécanisme; mais nous ne connaissons aucun monument écrit auquel nous puissions avoir recours. Sous ce rapport, nous sommes aussi pauvres que la Picardie est riche. Là, des hommes d'esprit s'amusent souvent a recueillir les reparties, les boutades, les saillies populaires, pour en former de plaisants dialogues, de gais refrains. Ici, rien de semblable; Ch'est pat à dire que j'soyomes (simus) pus enchifrénés q'd'autes, mais j'manquons d'éditeux, disait dernièrement un de nos amis. C'est donc une bonne fortune pour nous que la rencontre de l'article suivant que nous extrayons d'une récente publication 27.
Liberté, égalité, fraternité
Jacques.—Ah! Boujou, Mousieu Esprit...
Le citoyen Esprit.—Ne m'appelle donc pas Monsieur; ce titre aristocratique est aboli et remplacé par le mot égalitaire de citoyen.
Jacques.—Ah! chest cha; j'comprends pas, mais chest tout d'même.
Le citoyen Esprit.—Tu es si bête!
Jacques.—Ah! par exemple, cha pourrait ben être vrai; car tout l'monde me l'dit. Mais en attendant, j'voudrais ben saver qué qu'veulent dire chés trois mots Libertai, Égalitai, Fraternitai, quo vait tout partout; o dirait que l'zimprimeux n'peuvent plus rien écrire sans mette chés mots-là.
Le citoyen Esprit.—Tu ne comprends pas cela?
Jacques.—Ma foi, non.
Le citoyen Esprit.—Liberté!!! mot divin qui fait battre tous les cœurs, quand on le prononce...
Jacques.—Ah! bah! l'mien des cœurs n'bat pas du tout.
Le citoyen Esprit.—C'est une manière de parler.
Jacques.—Chest-à-dire qu'cha n'signifie rien.
Le citoyen Esprit.—C'est-à-dire que tu es un imbécille.
Jacques.—Os me l'avez déjà dit, Mousieu citoyen.
Le citoyen Esprit.—Comment pourrais-tu en effet comprendre la liberté, toi qui as été toute ta vie esclave et malheureux.
Jacques.—Ma foi, pas core trop.
Le citoyen Esprit.—Écoute, Jacques, et tâche de comprendre.
Jacques.—J'vo z'écoute des yeux et des oreilles.
Le citoyen Esprit.—Par le mot liberté, on entend que chacun est libre de faire ce qui lui plaît.
Jacques.—Tout c'qui li plaît?
Le citoyen Esprit.—Tout!
Jacques.—Absolument tout?
Le citoyen Esprit.—Oui.
Jacques.—Y a ti longtemps, cha?
Le citoyen Esprit.—Depuis le 24 février, l'an 59 de la liberté.
Jacques.—Et moi qui ne l'savait point core! Faut que j'sais rudement béte!
Le citoyen Esprit.—Je ne dis pas non.
Jacques.—Mais, comment qu'man maîte n'me l'a pas dit?
Le citoyen Esprit.—Nigaud, est-ce qu'il n'est pas intéressé à te laisser dans l'ignorance?
Jacques.—Chest vrai! ben asteu, chest ben fini; quand y m'dira d'batte du blai, j'battrai d'l'aveine; quand y m'dira d'vaner de l'orge, j'ferai des guerbées; quand y m'dira de monter l'grain au grenier, j'irai m'mette à table; puis plutot j'li dirai que j'veux ête maîte chacun note semaine... Asteu, j'voudrais bien saver quoique chest qu'l'égalitai.
Le citoyen Esprit.—Cela signifie qu'il n'y a aucune différence entre les hommes, et qu'ils sont tous égaux.
Jacques.—Mais chest pas vrai, cha.
Le citoyen Esprit.—Comment, ce n'est pas vrai?
Jacques.—Non! Est-ce que j'sis l'égal de man maîte?
Le citoyen Esprit.—Sans doute.
Jacques.—Ah! cha mais!... comment s'y prendre? Man maîte qu'a six pouces plus qu'mai.
Le citoyen Esprit.—On le rognera.
Jacques.—Par queu bout?
Le citoyen Esprit.—Par la tête.
Jacques.—Diable! mais... puis, Nicolas, li qu'est trois pouces plus p'tit qu'mai; est-ce qu'on me rognera itou par la tête?
Le citoyen Esprit.—Mon pauvre Jacques, tu ne comprends donc rien; quand on dit que nous sommes égaux, on veut dire que nous avons tous les mêmes droits et les mêmes avantages.
Jacques.—Chest-à-dire que j'pourrais mette l'zhabits de man maîte, manger san dinner, monter sur san bidet?
Le citoyen Esprit.—Certes, tous les biens sont communs.
Jacques.—Mais les propriétaires?
Le citoyen Esprit.—Il n'y a plus de propriétaires: la propriété, c'est le vol.
Jacques.—Tiens! je l'aurais jamais cru.... Man maîte qui passe pour si honnête homme dans le pays! Mais y va me renvéyer, pétète, quand j'l'y demanderai l'exécution d'l'égalitai.
Le citoyen Esprit.—Ne crains rien.
Jacques.—Pourquoi?
Le citoyen Esprit.—Parce qu'il ne saurait trouver un autre domestique aussi bête que toi.
Jacques.—Chest ben possible... Puis c'té fraternitai, elle, qué qu'chest?
Le citoyen Esprit.—Cela veut dire que nous sommes tous frères.
Jacques.—Ah! cha, du coup, chest une bêtise; car, quand ma mère, qui n'vient plus d'pis qu'al est morte, venait m'ver, a m'embrachait toujou; puis a disait: Boujou, man fieu! Mais a n'embrachait pas man maîte; au contraire, a faisait une révérence, puis disait: Boujou, maîte Pierre! mais a n'y disait jamais: Boujou man fieu, ni boujou man frère! Cha fait ben ver qu'a n'était pas sa sœur et qu'il n'est pas man frère.
Le citoyen Esprit.—Il ne s'agit ici ni de père ni de mère.
Jacques.—Chest vrai, y sont morts tous deux.
Le citoyen Esprit.—Tu ne comprends pas. Il n'y a plus ni père ni mère pour personne; nous sommes tous enfants de la nature.
Jacques.—De la nature? Connais pas! J'avais toujou cru qu'j'étais l'fieu d'ma mère qu'est morte, pauve fame.
Le citoyen Esprit.—Pauvre Jacques! quel dommage qu'on ait paralysé l'action des clubs! je t'aurais fait admettre pour t'initier aux grands principes....
Jacques.—Pardon! excuse! Mousieu citoyen, maîte Pierre m'crie pour manger la soupe.
Le citoyen Esprit.—Mais j'aurais un petit service à te demander.
Jacques.—Jé pas l'temps; cha sera pour une aute fais.
Un Flaneur Brayon.
Nous terminerons cette introduction par quelques proverbes et dictons populaires, auxquels nous joindrons un court exposé des croyances et usages du pays.
PROVERBES ET DICTONS.
Amis comme chiens et chats. Ennemis.
Adroit de sa main comme un cochon de sa queue. Maladroit.
Se laisser manger la laine sur le dos. Trop bon.
La semaine des trois jeudis. Jamais.
Il vaux mieux tuer le diable que le diable vous tue.
Caillou qui roule n'amasse pas mousse.
Mais que les poules pissent. Jamais.
Engendré d'un coq et d'une oie. Sot et malin.
Ouvrir les yeux comme un chat qui c... dans du son. Ouvrir de grands yeux.
Brouillard en mars, gelée en mai.
Laid comme le diable.
Toute la pouquette sent le hareng. Toute la famille a les mêmes vices.
En attendant les souliers d'un mort, on va longtemps nu-pieds.
N'y voir que du brouillard. Ne rien comprendre à une chose.
Un coup de langue est pire qu'un coup de lance.
La première mouche qui le piquera sera un taon. La dernière faute paiera pour les autres.
Ne pas valoir les quatre fers d'un chien. N'avoir aucune valeur.
N'entendre ni à hu, ni à dia. N'avoir aucune intelligence.
Brebis qui bêle perd sa goulée. On ne peut parler et manger en même temps.
Au plus fort la pouque. En parlant de deux personnes qui se disputent un objet.
Qui demande un hiver avant Noël, en demande deux.
Faire la caloge du veau avant qu'il soit venu. Former de vains projets sur un événement éventuel.
Il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron. Pas de paroles inutiles.
Aller ou venir pour des prunes. Pour rien.
Si le soleil luit quand il pleut, on dit que le diable bat sa femme.
Quand on se sent morveux, on se mouche. En parlant d'une personne qui prend pour elle-même un blâme donné sans application particulière.
Gratter quelqu'un par où il a manjure. Lui proposer une chose qui le flatte.
Faute de poisson, on mange des moules. Quand on n'a pas ce qu'on désire, il faut se contenter de ce qu'on a.
On n'est pas louis d'or. Ou ne plaît pas à tout le monde.
Quand on quitte le maréchal, il faut payer les vieux fers. Lorsqu'on change de fournisseur, il faut payer ce qu'on lui doit.
Quitter brûler ce qui ne cuit pas pour soi. Ne s'occuper que de ce qui profite.
Quand il pleut sur l'un, il grêle sur l'autre. En parlant de deux personnes qui ont les mêmes intérêts.
Rebattre le feurre de ses glanes. Perdre le fil de son discours et faire des redites.
Il a mis une cheville à son trou. Réponse ou repartie trouvée à propos.
Malin comme Gribouille qui se jette à l'eau de peur de se mouiller.
Être de la famille de Riquiqui. Être parent de tout le monde.
S'il y a pondu, il n'y a pas couvé. Il n'a pas été longtemps parti.
Vaut mieux faire envie que pitié.
Février emplit les fossés, mars les vide.
Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez. Mieux vaut conserver un objet avec ses défauts que de le briser en cherchant à le réparer.
Ils sont comme saint Roch et son chien. Inséparables.
Ton nez branle. Tu mens. Il paraît que ce dicton n'est pas neuf et qu'on disait du temps d'Érasme: Nasus tuus arguit mihi te mentiri, votre nez me dit que vous mentez.
On ne peut guère manier de beurre, sans qu'il en reste dans les doigts. En parlant des régisseurs et autres qui ne rendent pas fidèle compte de leur administration.
Chaque grain a sa paille. Chacun a ses défauts.
Manger son pain chaud, boire son cidre doux, brûler son bois vert, c'est mettre la maison au désert.
Ne point mettre une chose dans l'oreille d'un chat. Donner un avis qui sera suivi.
Chacun son métier, les moutons seront bien gardés.
Faire de la bouillie pour les chats. Faire une chose inutile ou mal exécutée.
Les nourrices auront bon temps, les enfants se jouent. En parlant des grandes personnes qui s'amusent à des jeux d'enfant.
Heureux comme un coq en pâte. Nous pensons qu'il faudrait dire: Comme un coq empâté.
C'est comme à la maison du bon Dieu, l'on n'y boit, n'y mange. Allusion aux personnes qui n'offrent rien à ceux qui font visite; ce qui est rare dans le pays de Bray.
On a tiré à son baptême. Il n'a pas inventé la poudre.
On ne tire pas de farine d'un sac à charbon. On n'espère pas de bonnes actions de la part d'un méchant.
C'est du bois à faire des vielles. Il se ploie de toutes façons. Par allusion à ceux qui disent oui et non sur la même question, pour plaire à l'un et ne pas déplaire à l'autre.
Faire des contes à mourir debout. Impossibilités.
Rien ne dure plus longtemps qu'un pot cassé. En parlant de personnes souffrantes qui vont jusqu'à la vieillesse.
Il n'y a pas moyen de moyenner. Il faut en convenir.
On vous donne des noix à casser, quand on n'a plus de dents. Faire des douceurs, quand on ne peut plus en profiter.
C'est lui, en chair et en os, comme saint Amadou. Lui-même.
Plus malin que lui n'est pas bête.
Sourd comme une boîse. Très-sourd.
Aller son petit bonhomme de chemin. Faire ses affaires, sans s'inquiéter du qu'en dira-t-on.
Ce n'est pas par là que le pot court. Ce n'est pas là que se trouve le mal.
Courir comme un poulain délicoté.
Être du côté que le plat pend. Être bien placé.
Sec comme du bois.
Les paroles sont des femelles; les écrits sont des mâles. Les uns sont plus sûrs que les autres: Verba volant, scripta manent.
Les rouges (à cheveux roux) sont tout bons ou tout mauvais.
Entêté comme une mule.
Babiller comme une pie borgne. A tort et à travers.
Ne pas plus bouger qu'un 0 en chiffre.
Noir comme une taupe.
Partir dans le royaume des taupes. Mourir.
Aller à taupes-jouque. Mourir.
Avoir la compagnie d'un pelé et trois tondus. Société sans considération.
Ne craindre ne Dieu, ne Vierge Marie. N'avoir aucune crainte.
Bête comme un pot. Très-sot.
Un quien regarde bien un évêque. Un inférieur peut regarder son supérieur.
Père aux écus. Homme riche.
Avoir les yeux plus grands que le ventre. Gourmand qui ne peut manger tout ce qu'il a demandé.
Les conseilleux
Ne sont pas les payeux.
Faites du bien à un vilain,
Il vous c... dans la main.
A la Saint-Romain,
On prend les mouches à la main.
A la Saint-Denis,
Bécasse en tous pays.
A la Saint-Denis,
Perdreaux sont perdrix.
S'il fait beau,
Prends ton manteau;
S'il pleut,
Prends-le, si tu veux.
Pluie du matin
N'arrête pas le pélerin.
Jamais le mois d'avril
Ne s'en va sans épi,
Et le mois de mai
Sans épi de blai.
Aujourd'hui saint Thomas,
Cuis ton pain, lave tes draps,
Dans trois jours Noël t'auras.
A la Saint-Luc,
Ne sème plus, ou sème plus dru.
A saint Luquet,
Sème toujours jusqu'à ce que tu aies fait.
Brouillard en decours,
De la pluie sous trois jours.
Brouillard en croissant,
C'est du beau temps.
A la sainte Cateline, (25 nov.)
Tout bois prend racine.
Petits enfants,
Petits tourments.
Il ne faut qu'un coup
Pour tuer un loup.
Vaut mieux aller au moulin
Qu'au médecin.
Pour filer,
Faut mouiller.
Avril le doux,
Quand il s'y met, c'est le pire de tous.
Année de hennetons,
Année de grenaison.
L'hiver n'est pas bâtard,
Quand il ne vient pas d'heure, il vient tard.
A la Chandeleur (2 fév.),
L'hiver finit ou prend vigueur.
Un essaim du mois de mai
Vaut une vache du pays de Bray.
USAGES ET CROYANCES.
ABEILLES.
Sur le deuil des abeilles, voyez Mouches à miel, dans le Dictionnaire. Les abeilles offrent bien assez d'intérêt à l'observateur, sans leur prêter un instinct dont elles ne jouissent point.
On dit que les abeilles qui essaiment le jour du Saint-Sacrement forment, dans la ruche, un travail en forme d'ostensoir, c'est-à-dire que les rayons aboutissent au centre de la ruche, au lieu d'être transversaux. Nous ne nions pas ce genre de travail; mais, jusqu'à preuve contraire, nous croyons que tous les essaims qui sortent en ce jour ne travaillent pas de la même manière, et qu'on peut observer ce genre de travail dans les ruches d'essaims sortis en d'autres jours.
CARREAU.
Dans la campagne, les bonnes femmes désignent sous ce nom tout embarras gastrique, toute maladie chronique, toute affection maladive dont la guérison se fait attendre. Dans leur pensée, aucun âge n'en est exempt; nous nous rappelons avoir entendu dire d'une personne octogénaire, qu'elle était morte du carriau, parce qu'on ne l'avait pas fait toucher. Voyez, dans le Dictionnaire, le mot Carriau.
CHARDON (Jeu du).
Parfois les moissonneurs laissent un gros chardon debout; ils placent quelques petits rubans dans ses feuilles; et, au moment de faire scier la dernière poignée, ils présentent au maître de maison une faucille dont le manche est orné de lisets, en le priant de commencer le jeu, c'est-à-dire de se placer à une distance convenable et de lancer la faucille sur le chardon pour le couper. Ordinairement le cultivateur place une pièce d'argent au pied du chardon; c'est le prix de la victoire.
CHEVAUX.
Lorsqu'on conduit les chevaux à l'eau, on a l'habitude de siffler pour les engager à boire. Par un contraste assez singulier, il est aussi d'usage de siffler pour les engager à p......
CHOUETTES.
Le cri de la chouette, aux environs d'une habitation, est considéré comme un signe de mortalité.
CIERGES.
Si les cierges placés à l'autel brûlent mal, quand on fait célébrer la messe pour un malade, on est persuadé qu'il ne guérira pas.
DERNIÈRE POIGNÉE (La).
Dans les communes où l'on n'offre pas de glane au commencement de la moisson (voir plus bas), les moissonneurs font scier la dernière poignée. Voyez ce mot dans le Dictionnaire.
EAU BÉNITE.
Le Samedi saint, en certaines communes, l'instituteur se présente à chaque maison de la paroisse, il trempe une branche de buis dans un petit vase plein d'eau bénite, qu'il porte avec lui, et il asperge l'habitation. Ensuite, il offre du pain à chanter qu'il a fait bénir, et reçoit des œufs qu'il vend à son profit. (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 114.)
Quand il pleut le dimanche avant l'eau bénite, on est persuadé que c'est signe qu'il pleuvra pendant toute la semaine.
On prétend que l'enfant qui étrenne les fonts, c'est-à-dire celui qui est baptisé le premier après la bénédiction des fonts, meurt dans l'année.
FLANS (Les).
C'est ainsi qu'on désigne encore, en certaines communes, le jour de la fête patronale. Ainsi, on dit: Les Flans de Bures, pour indiquer la fête de Saint-Agnan, patron de cette paroisse. Cette habitude vient de l'ancien usage, encore en vigueur, de préparer des flans ou tartes pour ce jour.
GLANE (La).
Le premier jour de la moisson, on forme une glane d'épis choisis, artistement disposés et ornés de fleurs et de rubans de soie. Les moissonneurs se réunissent en corps pour aller offrir cette glane à la maîtresse de maison; celui ou celle qui la présente débite un petit compliment; après quoi on arrose la fête avec quelques pots de gros cidre.
NOEL (Les douze jours de).
On prétend que la température des douze jours de Noël, c'est-à-dire des jours qui se trouvent à partir du 25 décembre jusqu'au 5 janvier, indique le temps de chacun des douze mois de l'année suivante. Ainsi, le temps du 25 décembre indique le temps qu'il fera en janvier; le temps du 26, celui du mois de février, etc.
RAMEAUX.
Bien des gens sont convaincus que les blés dépériront pendant quarante jours, s'il pleut le jour des Rameaux.
ROIS.
La veille des Rois, les enfants parcourent les rues avec des lanternes de papier de diverses couleurs, attachées au bout d'un bâton, et crient de toute leur force:
Boujou les Rois,
Jusqu'à douze mois!
Boujou la Reine,
Jusqu'à six s'maines!
Boujou l'crapou,
Jusqu'au mois d'août!
Le lendemain, jour des Rois, ils recommencent la même procession et les mêmes chants, en remplaçant le mot boujou par celui d'adieu.
SAINT-JEAN (Feux de).
En certaines communes, on fait un feu de joie la veille de la fête de saint Jean-Baptiste. Chaque habitant apporte un bâton pour l'entretien du feu; des danses ont lieu pendant une partie de la nuit, et l'on n'oublie jamais d'emporter avec soi quelques charbons comme préservatifs de la foudre et de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, page 242). Il nous semble voir là clairement un souvenir des feux qui signalaient, chez les anciens Slaves, la fête du dieu Koupalo (24 juin), et autour desquels dansaient hommes, femmes, enfants et vieillards (Encyclopédie du XIXe siècle, vol. XXIV, p. 559). Koupalo était le dieu des productions de la terre. Avant la révolution de 1793, ces sortes de feux avaient lieu même à Paris: «La veille de Saint-Jean, les échevins faisaient élever, sur la place de l'Hôtel-de-Ville, un immense bûcher auquel le roi mettait solennellement le feu. En 1471, Louis XI, à l'exemple de ses prédécesseurs, communiqua lui-même la flamme à cet amas de matières combustibles dont l'incendie éclairait toute la ville. Les chroniques contemporaines nous ont conservé les détails de cette cérémonie.
«Au milieu de la place de Grève s'élevait un arbre de 90 pieds de hauteur, hérissé de traverses auxquelles on attachait 800 bourrées et 300 cotrets; 15 voies de bois et une immense quantité de bottes de paille en formaient la base. Le tout était surmonté d'un tonneau et d'une roue. Des guirlandes de fleurs décoraient ce colossal appareil, dans lequel il faut voir l'idée première de nos feux d'artifice officiels. Des bouquets volumineux étaient distribués au roi, aux personnes de sa suite, aux magistrats et aux notables. Une compagnie d'archers de la ville, composée de 200 hommes d'armes, maintenaient l'ordre conjointement avec 100 arbalétriers et 100 arquebusiers. Avant de mettre le feu, on plaçait dans le bûcher les célèbres doubles pétards dits de la Saint-Jean, les grosses fusées et tous les produits pyrotechniques connus à cette époque; on suspendait ensuite à l'arbre un grand panier renfermant deux douzaines de chats et un renard.
«Les registres de comptabilité de l'Hôtel-de-Ville contiennent, au sujet de ce dernier article, la mention suivante:
A Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années, tous les chats qu'il fallait audit feu, comme de coutume; mêmement pour avoir fourni, il y a un an, où le roi assista, un renard, pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où étaient lesdits chats.
«Lorsque le feu était apaisé, le roi montait à l'Hôtel-de-Ville, où l'attendait une somptueuse collation. La foule se précipitait sur les débris du bûcher et se disputait les tisons, dont la possession était un gage de bonheur et de réussite en toutes choses pendant une année entière.
«Louis XIV n'assista qu'une seule fois à cette cérémonie, et Louis XV refusa de s'y montrer. Le feu de la Saint-Jean ne fut plus alors considéré que comme une tradition populaire, et les vestiges en furent effacés par l'orage de la Révolution.» (Journal de Rouen, 18 février 1852.)
SAINT-BENOIT.
Quand il pleut le jour de saint Benoit (11 juillet), on est convaincu que la pluie durera quarante jours. Il faut peut-être voir l'explication de cette croyance dans la légende du saint. Un jour, étant allé visiter sa sœur, sainte Scholastique, celle-ci voulut le retenir au moment de partir; mais, comme il se refusait à rester, elle pria Dieu qui suscita une si grande tempeste de tonnerre, d'esclairs et de pluye, que saint Benoit ne put sortir de la maison (Fleurs des vies des Saints, par Ribadeneira, tome I, page 493, édit. in-4º.
SAINT-MARC.
S'il pleut le jour de saint Marc, c'est signe qu'il n'y aura point de merises. Voici ce qui a pu donner lieu à ce dicton: A cette époque, 25 avril, les merisiers sont en fleurs, et la pluie, si elle se prolongeait, pourrait les empêcher de nouer.
SAINTE-MONIQUE.
La pluie, le jour de sainte Monique, 4 mai, présage qu'il n'y aura point de pommes. C'est l'époque de la fleuraison des pommiers.
SAINT-PIERRE (Feu de).
On fait aussi des feux la veille de la fête de saint Pierre. Vers le coucher du soleil, le clergé de la paroisse se rend en procession au lieu où le bois a été disposé, le prêtre y met le feu et prononce une bénédiction; après quoi la procession retourne à l'église. Les habitants se partagent ensuite les tisons qu'ils conservent dans l'espoir d'être préservés des accidents de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 148). Nous trouvons encore, dans cet usage, une trace des feux nocturnes que les Romains allumaient pour célébrer certains anniversaires, tels que les Palilies, fête fort ancienne à laquelle Romulus rattacha la célébration annuelle de la mémoire de la fondation de Rome. Cette fête, instituée en l'honneur de la déesse Pales, se célébrait le 23 avril (Encyclopédie théologique, tome XXVIe, 3me des Religions, page 1056).
SAINT-SAUVEUR (Pélérinage de).
Les pélerinages de saint Sauveur ont lieu le jour de la Trinité et pendant l'octave, et se font à l'intention des animaux malades, surtout des chevaux. Assez souvent, on touche un morceau de pain à la statue du Sauveur, et l'on réserve ce pain pour le donner aux bestiaux pendant leurs maladies. (Voir notre Essai sur le canton de Blangy, page 164 et suiv.)
TABLIER.
Si, en sortant de chez soi, la première personne qu'on rencontre est une femme sans tablier, on est persuadé qu'on éprouvera quelque désagrément dans la journée. Au reste, les femmes du pays de Bray sortent rarement sans cette partie de leur toilette.
TARTE (La).
Quand les moissonneurs finissant à couper le blé, ils se réunissent et crient à tue-tête: A la tarte! à la tarte! à la tarte! Cet usage vient de ce que, antérieurement, on avait l'habitude de manger des tartes à pareil jour. Aujourd'hui on se contente de vider quelques bouteilles à large panse, et la tarte se mange à la parcie (Voyez ce mot dans le Dictionnaire).
TERRE-SAINTE.
Si l'on remue la terre sainte, c'est-à-dire si l'on creuse une tombe le dimanche, on prétend qu'il mourra une personne pendant la semaine.
TREIZE (Le nombre).
Le nombre 13 est généralement considéré comme néfaste. Par exemple, si treize enfants font leur première communion le même jour, on assure qu'il en mourra un dans la même année. Il est plus d'une personne qui ne voudrait pas être treizième à table. Mais, en tous cas, ce qui est le plus à redouter pour celui qui se trouve le treizième en cette circonstance, c'est, avons lu quelque part, lorsqu'il n'y a à diner que pour douze.
TRIGLYDOTE (Le).
C'est le petit oiseau qu'on appelle improprement roitelet; le peuple le nomme petite poulette au bon Dieu, et ne veut pas qu'on le tue. On prétend que chaque nichée se réunit dans le nid, la veille des Rois, avec les père et mère; aussi se garde-t-on bien de détruire ce petit nid, ordinairement placé au bas des couvertures en paille.
VACHERS (Chanson des).
Les petits vachers ont l'habitude de s'adresser de loin des espèces de dialogues, qu'ils chantent et terminent toujours par ces mots: Lariala! lariala! lariala! lalonlariala! Il nous semble reconnaître dans ces paroles une invitation adressée aux autres gardeurs de vaches: Là! ris il y a là!... Là! allons là! ris il y a là! En effet, ces paroles sont ordinairement le prélude d'une réunion dans laquelle on mange des poires et des pommes; après quoi on fait la partie de bilboquet, au milieu des ris et joyeux discours.
VENDREDI.
On considère généralement le vendredi comme un jour néfaste, et beaucoup de personnes ne voudraient pas entreprendre un travail en ce jour. Serait-ce qu'on regarde ce jour comme malheureux, en mémoire de la mort de Jésus-Christ?
VENT (Fiançailles et mariage du).
On dit que le vent se fiance le jour de saint Denis (9 octobre), et se marie le jour de la Toussaint. On ajoute que, pendant l'hiver suivant, il souffle souvent du point où il se trouvait le jour de ses fiançailles et de son mariage.
DICTIONNAIRE
DU
PATOIS DU PAYS DE BRAY.
REMARQUES.
Nos lecteurs ne trouveront point dans cette publication les mots devenus d'un usage général; et, quoique l'Académie ne leur accorde pas le droit de naturalisation dans son Dictionnaire, nous avons pensé qu'il suffisait qu'ils fussent admis par les bons lexicographes pour être autorisé à ne point les classer parmi les mots du patois brayon.
Nous avons cru devoir insérer quelques locutions vicieuses en usage non-seulement dans le pays de Bray, mais encore dans toute la Normandie.
En rédigeant notre travail, nous avons surtout consulté le Dictionnaire du patois normand, par MM. Édélstand et Alfred Duméril, Caen, 1849; le Glossaire du patois picard, par M. l'abbé Jules Corblet, Amiens, 1851, et le précieux manuscrit de M. Auguste Le Prevost, qui a recueilli les mots du patois des environs de Rouen et de Bernay. Les mots du patois brayon usités en Basse-Normandie sont indiqués par les initiales B.-N.; nous indiquons ceux qui sont employés en Picardie par un P, et ceux de la Haute-Normandie par les lettres H.-N.
Enfin, nous avons, autant que possible, écrit le patois brayon comme on le prononce; mais il existe un grand nombre d'expressions dont la prononciation ne saurait être rendue sans altérer profondément le sens des mots.
DICTIONNAIRE
DU
PATOIS DU PAYS DE BRAY.
A
A, elle, s'emploie assez généralement devant une consonne. Ex.: A m'a dit de partir. P.
A, aux. Ex.: Dites à charretiers de dételer.
ABAVENT, contrevent, qui abat le vent. B.-N.
ABITER, toucher. Ex.: N'abitez pas là. H.-N.
ABLO, somme qu'il fallait ajouter aux anciennes pièces de monnaie pour compléter leur valeur diminuée par la circulation. Aux pièces de six sous, on ajoutait un sou; aux pièces de douze sous, deux sous; aux pièces de vingt-quatre sous, quatre sous; aux écus de trois livres, cinq sous; aux écus de six livres, quatre sous; aux louis de vingt-quatre livres, treize sous, etc.
ABOIRE, aboyer.
ABOLI, abattu, triste. P.
ABOULER, pousser comme une boule, Ex.: Aboule-moi ton argent. P.
ABRE, arbre.
ABRIAS, grand paillasson dont se servent les moissonneurs, et à l'ombre duquel ils prennent leurs repas.
ABRIER, abriter. Les uns font venir ce mot du vieil allemand ad-bi-rihan, les autres du latin arbor. Nous ferons dériver tout simplement ce mot de abri, comme le verbe abriter. B.-N., H.-N., P.
ABRUVER, abreuver. P.
ABYMER, gâter, salir, déchirer un objet. H.-N., P.
ACANT, ACANTÉ, en compagnie, à côté de. Ex.: J'irai au marché acant ou acanté vous. B.-N.
ACANTER, incliner, pencher un vase.
ACCIPER, prendre, recevoir; du latin accipere.
ACCORDS, conventions qui précèdent le mariage. Ex.: On fait demain les accords de Paul et de Julie. B.-N.
ACHEVALER (s'), se mettre à califourchon sur. P.
ACHOPÉ, entêté. H.-N.
ACHOPER (s'), s'entêter à une chose. P.
ACONNAITRE (se faire). Se faire connaître à une personne. H.-N.
ACONDUIRE (se faire), se faire conduire à. H.-N.
ACCOUTUMANCHE, ACCOUTUMANCE, habitude. P.
ACTIONNER, presser. Se dit particulièrement du ministère d'un huissier qui assigne une personne à comparaître devant un juge, un tribunal. P.
ACRE. L'acre se compose de 160 perches, à l'exception de celui de Blangy qui n'en a que 147. Mais l'on distingue différentes espèces de perches; ce qui donne une grande différence dans la contenance des divers acres. Voici ceux qui sont en usage dans le pays de Bray. Saint-Saens: perche de 18 pieds 4 pouces et de 20 pieds 2 pouces, ce qui donne deux sortes d'acres dans le même canton, l'un de 56 ares 73 centiares, et l'autre de 68-66. Gournay: perche de 20 pieds 2 pouces, comme Saint-Saens en partie. Londinières: perche de 21 pieds 1 pouce, de 21 p. 6 p. 1/2 et de 22 pieds, formant trois sortes d'acres: 1o 75 ares 05 centiares; 2o 78-35; 3o 81-72. Cette dernière mesure est la plus générale; elle est en usage à Argueil, Aumale, La Feuillie, La Ferté, Gaillefontaine, Neufchâtel, etc. Bazinval et quelques communes voisines; perche de 23 pieds, donnant à l'acre une mesure de 89 ares 31 centiares. (Manuel métrique, par P. Périaux, pag. 110 et suiv.)
ACULER, égarer. H.-N.
ADIRER, égarer.
ADIRER (s'), aller à un lieu voulant aller vers un autre; du latin adire, aller à.
ADLAISI, inoccupé. Ex.: Voilà trois jours qu'il est adlaisi. C'est le at leisure des Anglais, à loisir.
ADOUCHIR, adoucir. P.
AD PATRES (envoyer), donner la mort. P.
ADRÈCHE, adresse. P.
ADRET, adroit.
ADVINER, deviner. P.
AFFIQUETS, parures de femme. P.
AFFAIRE de (avoir une bonne), avoir une grande quantité de.
AFFAIRE (être à son), connaître son commerce, le faire avantageusement. H.-N.
AFFAITEMENT, assaisonnement. H.-N.
AFFAITER, assaisonner. Ex.: Voulez-vous affaiter la salade. H.-N.
AFFLATER, flatter, caresser avec la main. P.
AFFLIGÉ, contrefait, estropié. P.
AFFRIOLER, affriander. P.
AFFOURÉE, fourrage destiné à un repas des vaches ou des moutons. Ex.: Allez donner une affourée aux vaches. B.-N.
AFFOURER, donner une affourée. Ne se dit pas en parlant des chevaux. B.-N.
AFFUBER, envelopper. Ex.: Cette liqueur m'affube le cœur.
AFFULER (s'), mettre son bonnet. P.
AFFULURE, coiffure de femme. P.
AFFUTIAUX, parures. P. Objets divers nécessaires pour former un tout ou travailler à un objet. B.-N.
AGA! tiens! vois donc. Selon M. du Méril, vient du saxon agarder. B.-N.
AGACHE, pie. P.
AGACHER, agacer, irriter. Se dit aussi du cri des oiseaux au moment qu'on enlève leur couvée.
AGALÊTRER, exciter, irriter, Ex.: Si tu agalêtres le chien, tu te feras mordre.
AGE (en), majeur. P.
AGE (homme d'), homme âgé. P.
AGERS, distribution, places. Ex.: Je connais les agers de la maison. En Picardie, on dit eziers.
AGONIR DE SOTTISES, accabler d'injures. P. B.-N. H.-N.
AGRAPPINS, espèce de grappins qu'on s'ajuste aux jambes pour monter aux arbres et les ébrancher.
AGRIPPER, prendre en secret. H.-N.
AGRIPPER (s'), s'accrocher. Ex.: En tombant, il s'est agrippé à une branche. H.-N.
AGUIGNETTES, étrennes du premier jour de l'an. On regarde assez généralement ce mot comme une corruption du cri: au gui l'an neuf! que poussent les enfants, en certaines contrées, pour annoncer le nouvel an et demander des étrennes. On croit reconnaître dans cet usage un souvenir de l'ancienne coutume des Bardes qui annonçaient la nouvelle année en distribuant le gui sacré coupé par les druïdes (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, page 107).
AHI! Expression qui sert à exciter les animaux à avancer ou à reculer. B.-N.
AHOQUER, accrocher. B.-N.
AHURI, stupéfait, abasourdi. P. H.-N.
AHURIR, frapper d'étonnement. P.
AIAUX, narcisses des prés. P.
AIN, AINE, un, une.
AIR (avoir l'), ressembler. Ex.: Cet homme a l'air de ton père. H.-N.
AIR (faux), ressemblance légère. Ex.: Il a un faux air de ton oncle. H.-N.
AJET, achat.
AJUSTER. Employé comme synonyme de joindre, rassembler. P.
AL'. Employé pour à la. Ex.: Il ira al saint Jean. P.
AL', elle, elles.
ALENCONTRE, contre. P.
ALLER (s'en), se dit d'un liquide qui s'échappe d'un vase en bouillant. B.-N.
A LES, aux.
ALLEZ! Exclamation d'indifférence. Ex.: Vous pouvez vous moquer de moi, allez! je ne me fâcherai pas.
ALLONGE, pièce de bois qui unit les deux trains d'un chariot. P.
ALLURE (cheval d'), amble. B.-N.
ALLURES, démarches suspectes.
ALOSER, donner trop d'éloges à une personne ou à une chose. Ce mot, qui était usité dès le XIe siècle, viendrait-il de laus, louange?
ALUMÈTE, ALLUMELLE, lame de couteau sans manche.
AM', à ma. Ex.: Je chante am' manière. Devant une voyelle, on mettrait:
AM'N', à ma, à mon. Ex.: Pensez am'n'affaire.
A-MAIN (en), outil dont il est aisé de se servir. Ex.: Cette faucille est bien en a-main.
AMELETTE, omelette. P. H.-N.
A MÊME (être), occupé à faire une chose. Ex.: Je suis à même de faire ma barbe. H.-N.
A MÊME (prendre), prendre une portion de quelque chose. Ex.: Prends des pois à même du plat... Bois à même de la bouteille. H.-N.
AMÈRE, espèce de pommes à cidre.
AMÈTRER, mettre les cailloux par monceaux d'un mètre cube.
A-MI, parmi, au milieu de. Ex.: Il est à-mi les champs.
AMI (bon), amant.
AMIGNARDER, caresser.
AMIGNOTER, amadouer, caresser. P.
A-MITAN, à moitié.
AMITOUFLER (s'), s'envelopper la tête et la figure pour se préserver du froid, Vient probablement du latin amictus, couvert. P.
AMITIEUX, caressant.
AMONT, au haut de: Ex.: Amont la côte.
AMONT (vent d'), vent d'en haut, qui élève ou amonte les nuages. H.-N.
AMONTER, monter, gravir une côte. H.-N.
AMOUCHELER, amonceler.
AMOUILLANTE (vache), vache dont la mamelle commence à s'emplir de lait, et qui ne tardera pas à vêler. B.-N.
AMOUROUQUES, camomille des champs. En Picardie et aux environs de Bayeux, on dit amourette; près de Bernay, c'est amourioques. H.-N.
AMUNITION (fusil, pain d'), de munition. H.-N.
AMUSER (s'). Se dit d'un homme qui a des relations coupables avec une femme. H.-N.
ANDIER, chenet orné d'une hampe et d'un crochet mobile, qui sert à placer la broche pour faire rôtir les volailles ou autres pièces.
ANE (oreilles d'), centaurée noire. On appelait aussi de ce nom un bonnet de papier, orné de longues oreilles, que les anciens maîtres d'école plaçaient sur la tête des écoliers rebelles.
ANGE, espèce. Ex.: Donnez-moi de l'ange de vos petits pois.
ANGER DE, fournir. Ex.: Angez-moi d'un bon couteau.
ANGOLAT (chat), angora.
ANICROCHES, entraves.
ANNE, aune.
ANTENOIS (moutons), âgés de moins d'un an.
ANTOMI, engourdi. Se dit aussi substantivement d'un squelette humain.
ANNELÉE. On désigne sous ce nom chaque volée qu'on sonne pour les défunts.
ANNELER, agneler.
ANUIT, aujourd'hui. Mot conservé de l'ancien usage des Celtes qui comptaient par nuits et non par jours (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, p. 106). Les Anglais se servent encore de l'expression fortnight (contraction de fourteen nights, quatorze nuits) pour signifier quinze jours; ils disent aussi sennight pour indiquer une semaine ou huit jours. P. H.-N. B.-N.
ANUITER (s'), s'attarder, se laisser surprendre en voyage par la nuit. P.
APATELLE, nourriture que les oiseaux portent à leurs petits. P.
APATELER, porter l'apâtelle. P.
APPOIYAS, longues fourches de bois qui servent à soutenir les branches des pommiers trop chargés de fruits.
APOIYER, appuyer.
A POINT (venir), arriver au moment convenable pour être utile. P.
APOS (faire), s'ennuyer, regretter. Ex.: Il me fait apôs de mon fils depuis qu'il est au collége.
APOTUME, apostème. P.
APOTUMER, abcéder.
APPAREILLER, mettre par couple. P.
APPOLON, sorte de camisole de femme. P.
APPOLER, appuyer, pousser, presser contre.
APPRINS (mal), mal élevé.
A QUAND? Locution interrogative. Ex.: A quand notre réunion?
ARABE (terre), arable. P.
ARCAIL (fil d'), fil d'archal.
ARÉ! voyez! B.-N.
ARÊQUE, arête de poisson.
ARÊQUE DU DOS, épine dorsale.
ARGOT, ergot.
ARIAS, contrariétés. Ex.: Il y a eu des arias pour son mariage.
ARIÈRE (en), en cachette. P.
ARMANA, almanach.
AROUSER, arroser. P.
ARRANGEMENT (personne d'), avec laquelle il est aisé de s'arranger.
ARRASER, passer près de. Ex.: Sa voiture a arrasé le mur.
ARSOUILLE, fille qui a des habitudes de débauche et de malpropreté. P. B.-N.
ARTER, arrêter. P.
ARUER, lancer, jeter vers quelqu'un. Ex.: Arue-moi ton couteau.
AS', à sa. Ex.: J'ai mangé as' table; mais devant une voyelle, c'est:
AS'N', à sa, à son. Ex.: Il est parti as'n' ouvrage.
AS-COURANTE, as-courant, jeu de cartes.
ASSASSIN, assassinat. B.-N.
ASSASSINEUX, assassin. P.
ASSAVOIR (faire), faire savoir. P.
ASSIÉTER (s'), s'asseoir.
ASSIR (s'), s'asseoir. P.
ASSOMILLER (s'), s'endormir.
ASSOTER (s'), s'éprendre d'amour pour une personne qui ne le mérite pas. P.
ASSOUFFI, rassasié. P.
ASTEURE, à présent, à cette heure. P.
ASTICOTER, taquiner, chicaner. P. B.-N.
ASTIQUER. On dit astiquer à une porte pour signifier la secouer longtemps, chercher à l'ouvrir sans pouvoir réussir. M. E. du Méril fait venir ce mot de staga, mot islandais qui signifie revenir trop souvent à la charge. B.-N.
AT', à ta, devant une consonne. Ex.: Il est parti at' maison; devant une voyelle, on se sert de:
AT'N', à ta, à ton. Ex.: Il a été at'n' école. P.
ATAME, entamure, premier morceau d'un pain.
ATOUT, coup, blessure. P. H.-N. B.-N.
ATTAQUE, attache. P.
ATTAQUER, attacher. P. Un Picard devait être pendu, quand on lui proposa sa grâce, à condition d'épouser une femme de mauvaise vie qu'on lui présenta. Il allait s'y décider, quand il s'aperçut qu'elle boitait: Elle cloke, dit-il au bourreau, attake! attake! (Glossaire du patois picard, par M. l'abbé Corblet, page 329).
ATTELÉE, temps pendant lequel les chevaux travaillent sans rentrer à l'écurie. P.
ATTELURE, certain nombre de chevaux de trait qui travaillent ensemble. Ex.: J'ai une belle attelure de six chevaux.
ATTENTIONNÉ, qui a des attentions pour plaire à une personne.
ATTISÉE (bonne), grande quantité de bois mise au feu. P.
ATTOUCHER, toucher. Ex.: N'attouchez pas là. H.-N.
ATTRAPER (s'), se blesser contre un objet quelconque. H.-N.
ATTRAVER, apporter. Ne se dit que des choses qu'on apporte en certaine quantité et qui exigent plusieurs courses. Ex.: Vous aurez soin d'attraver de l'eau pour les moutons et du fourrage pour les chevaux.
ATTUIRE, tutoyer. P.
AUBÉ, aubier.
AUCUNS (d'), quelques-uns.
AUMONDE, aumône. Voici la formule la plus ordinaire des mendiants: Un' p'tit' aumonde, si vo plaît, pour l'amour du bon Dieu et de la sainte Vierge.
AUTEUX, aouteron, qui travaille à recueillir la moisson.
AUTE, autre.
AUTOUR DE (être), être occupé à.
AVA, AVAL (veut d'), vent qui rapproche les nuages de la terre, les précipite ad vallem, et annonce la pluie. H.-N.
AVALLON, gorgée de boisson. P.
AVANT, profond. P.
AVANTAGER (s'), se donner des éloges.
AVANTEUR, profondeur.
AVEINDRE, atteindre, tirer une chose d'un lieu. P.
AVEINE, avoine.
AVEINERI, champ où l'on a récolté de l'avoine.
AVENANT, poli, qui a de bonnes manières.
AVENANT (à l'), en proportion.
AVENIR, convenir. Ex.: Il ne lui avient guère de faire le monsieur. H.-N.
AVENTS (les), les quatre semaines qui précèdent la fête de Noël.
AVER, avoir.
AVEU, avec. P.
AVISER, regarder. Pourquoi me regardez-vous ainsi, disait un jour un monsieur à un paysan?—Eh! repartit celui-ci, un chien avise bien un évêque. P.
AVOCAT-SOUS-L'ORME, chicaneur, homme qui aime à donner son avis dans les contestations et les procès. Cette dénomination vient de ce que les plaids seigneuriaux se tenaient autrefois sous de grands ormes. M. Léopold Delisle en cite plusieurs exemples, pour le XIIIe et le XIVe siècle, dans son intéressant ouvrage sur l'état de l'agriculture en Normandie, au moyen-âge (Etudes sur la condition de la classe agricole, p. 357 et 738).
AVOUER, user. Ex.: Elle m'a avoué deux morceaux de savon. H.-N.
AVRONE, aurone.
AYOU? où. H.-N.
B
BABET, Élisabeth.
BABINES, lèvres. Ex.: Essuie-toi les babines. H.-N.
BABOUIN. V. Babines. H.-N.
BACHIN, bassin. P.
BACHINET, bassinet, espèce de renoncule.
BACHINET (cracher au), donner de l'argent en plusieurs fols pour la réussite d'une affaire ou d'une dépense.
BACHINER, bassiner. P.
BACHINOIRE, bassinoire.
BACU, petite volée à laquelle on attache les traits de chaque cheval et qui lui bac le derrière quand il marche.
BADRÉE, espèce de bouillie qu'on place sur une pâtisserie commune. Voy. Tarte. P.
BAGAROT, petit garçon de ferme chargé de menus ouvrages, tels que tirer la boisson à chaque repas, nettoyer les étables, apporter la nourriture des bestiaux, etc.
BAGNOLE, petite charrette en mauvais état. H.-N.
BAGNER, baigner, mouiller. P.
BAGOU, affluence de paroles inutiles, bavardage. P.
BAGUENAUDER, s'amuser à des riens. P.
BAJOUES, chair qui se trouve à côté des mâchoires du porc. Se dit aussi, en mauvaise part, des personnes qui ont les joues grosses et pendantes.
BAILLER, donner. P.
BALANDER (se), se balancer.
BALER, être chargé de, pencher. Ex.: Les pommiers balent de pommes. P.
BALIER, balayer.
BALIETTE, petit balai. P.
BALIURES, balayures.
BALLOTER, ne point offrir d'une marchandise le prix qu'elle vaut réellement.
BALLOTEUX, qui ballote.
BAMBOCHEUX, ivrogne.
BANCAR, fléau servant à peser.
BANNETTE, berceau en osier pour les enfants nouveaux nés.
BANS (commander des), faire à l'église des publications de bans.
BARAGOIN, langage étranger.
BABBOT, place de peu d'étendue, où il y a de l'eau et de la boue.
BARBOTÉ (enfant), qui a la figure sale.
BARBOTER, parler entre ses dents. Se dit aussi d'un enfant qui joue dans un barbot. P.
BARBOUQUET, bouton aux lèvres. H.-N.
BARBOUQUET (faire un), remplacer la bride d'un cheval au moyen de sa longe qu'on lui passe dans la bouche, et dont on lui entoure la mâchoire inférieure.
BARE, barrière.
BARETTE, petite barrière.
BARRAGE, clôture faite au moyen de pieux et de longues pièces de bois.
BARRURE. Voy. Barrage.
BAS D'ESTAMIER, fabricant de bas. On appelait autrefois bas d'estame de gros bas de laine tricotés. H.-N.
BASENCULÉ (homme), de petite taille. H.-N.
BASSET (homme), de petite taille. P.
BASSIÈRES, cidre qui reste avec la lie au fond des tonneaux. H.-N.
BASSURE, vallée. P.
BATACLAN (emporter son), c'est-à-dire ce qu'on possède. S'entend ordinairement de celui qui a peu de meubles.
BASTANT, E, personne agile et vigoureuse. Ce mot viendrait-il de benè astare?
BATE! bah! tant pis!
BATISTÈRE, acte de baptême extrait des registres.
BATTE, seconde pièce du fléau qui sert à battre le blé. Voy. Maintient.
BATTEMARE, bergeronnette, oiseau qu'on nomme aussi hoch-queue ou hoche-cul, à cause du mouvement continuel de sa queue.
BATTEUX, battoir de lessiveuse, batteur de blé.
BATTIÈRE, aire de grange où l'on bat le grain.
BAVERESSE, bavarde. H.-N.
BAVERETTE, pièce carrée qui se trouvait au haut du tablier et s'attachait sur la poitrine avec des épingles. Elle n'est plus en usage. H.-N. B.-N.
BAVOLETS, rubans et autres enjolivements de la coiffure des femmes. B.-N.
BAYER, regarder niaisement.
BAYETTE, baguette. H.-N.
BAYOTTE (vache), rouge et blanche.
BÉBAIS, moutons (terme enfantin).
BÉBÊTE, animal, bête (terme enfantin).
BEC (donner un), baiser.
BÉCACHE, bécasse. P.
BÉCAR, pou.
BÉCOT, baiser.
BÉCOTER, donner des baisers.
BECVÉCHER, faire des gerbes en mettant des épis des deux bouts, quand les grains sont courts. En parlant de la miséricorde d'une stalle sur laquelle deux hommes sont représentés la tête de l'un aux pieds de l'autre. H. Langlois dit qu'ils sont groupés à béchevet. (Stalles de la cathédrale de Rouen, page 144).
BÉDAN (pommes de), espèce tardive de pommes à cidre. H.-N.
BEDIÈRE, mauvais lit; de l'anglais bed. B.-N.
BEDON, bédaine, ventre. H.-N.
BEDONNÉE (s'en donner une), manger avec excès.
BÉGAS, imbécile.
BÉGUER, bégayer. P.
BÉGU, BÉGUE, personne dont la mâchoire inférieure s'avance plus que la supérieure.
BÉ HASARD, probablement, peut-être.
BÈKE! expression dont on se sert pour détourner les enfants de toucher à une chose sale. P.
BEL ET BIEN, sérieusement.
BELLE HEURE (à), très-tard. P.
BELLENÉE, contenu d'un banneau.
BELLOT, BELLOTTE, gentil, gentille. P.
BELZAMINE, balsamine.
BENAIS, homme simple.
BÉNIAU, banneau.
BENELÉE, ce que contient un banneau. Ex.: Une benelée de fumier.
BER, berceau.
BERBIS, brebis. P.
BERCAILLES, moutons maigres et de mauvaise qualité.
BERDAILLER, crier fort et sans raison.
BERDELLES, bretelles. H.-N.
BERLAFE, coupure.
BERLAN, brelan.
BERLANDER, flâner, négliger son travail pour courir par les rues.
BERLINGUER, vaciller en parlant de la vue.
BERLUQUE, petit objet, atome, petit fragment. P.
BERNEUX, petit enfant qui ne connaît pas encore les règles de la propreté.
BERNIQUE! interjection négative. P. Un curé annonçait ainsi à ses paroissiens la clôture de la pâque: «Mes frères, dimanche prochain nous chanterons le Te Deum pour ceux qui ont pâqué; pour ceux qui n'ont point pâqué, ça fera bernique.
BÉROUETTE, brouette.
BERQUERIE, bergerie.
BERQUIER, berger.
BERS, ridelles d'un chariot.
BÉSER, se dit des vaches qui courent quand les mouches les importunent trop.
BÉSOT, petit oiseau qui éclot le dernier de la nichée; il est ordinairement plus petit que les autres. Se dit aussi du dernier enfant d'une famille.
BÉ SUR, certainement.
BÉTAS, sot.
BÉTE (mettre des harengs tête), placer la tête des uns sur la queue des autres.
BÉTISES, obscénités.
BÉTON, bête; jeune veau.
BÉTONNER, dire des bétises.
BÉTOT, bientôt.
BIAU, beau. P.
BIAUTÉ, beauté. P.
BIBERON, bec d'un vase. P.
BIBI, petite plate, égratignure, bouton à la peau.
BIDET, BIDETTE, cheval ou jument de selle.
BIÈVRE, harle. P.
BIGNE, petite bosse à la tête par suite d'un coup ou d'une chute. H.-N.
BILAUDES, gros et longs bâtons de bois servant à divers usages, tels que cercles, barrages, etc.
BILLARD, boiteux, qui marche la pointe des pieds en dedans.
BISC-EN-COIN (de), de biais, d'un coin à l'autre. B.-N.
BISQUE, mauvaise jument.
BISQUER, être contrarié.
BISSON, buisson.
BISSOSNIÈRE (faire l'école), se cacher dans les buissons pour se jouer et ne point aller à l'école.
BITAMBOUT (tout de), d'un bout à l'autre.
BITER, toucher.
BLAGUE, hâblerie.
BLAGUER, hâbler.
BLAGUEUX, qui blague.
BLAI, blé.
BLAI (bis), méteil.
BLAIRER, regarder.
BLAIRI, champ où l'on a récolté du blé.
BLANCS (six), deux sous et demi. Le blanc valait cinq deniers. Ce fut sous Henri II qu'on fit des pièces de six blancs nommés gros de Nesle.
BLANC-BEC, jeune homme qui n'a pas encore de barbe.
BLASER, panser une plaie avec un liquide quelconque.
BLÈQUE (pomme en poire), blette, fruit trop mur, à demi-pourri.
BLIN, mouton mâle non châtré. On appelait autrefois les agneaux des belins. B.-N.
BLINDER, action de jeter des palets pour voir lequel des joueurs sera le plus près du but et jouera le premier.
BLINGUER. Voy. Blinder.
BLO, pièce de bois qu'on place sous une autre pour l'éloigner de terre.
BLOQUER, mettre une maçonnerie sous les poutres principales d'une nouvelle construction en bois, en attendant qu'on fasse le reste.
BLOUGUE, boucle.
BLOUGER, boucler.
BLOUSER (se), se tromper ou se mettre dans l'embarras. P.
BLUQUE, Voy. Berluque.
BOBOS, sabots (terme enfantin).
BOCHE, bosse. P.
BOCHE (s'en donner une), manger avec excès.
BOCHU, bossu. P.
BOIRE (à), cidre. Ex.: Veux-tu du vin, de la bière, etc.?—Non, je veux à boire.
BOIS (couteau de), eustache.
BOISE, gros morceau de bois, poutre. H.-N. P.
BOISETTES, menues branches que les pauvres gens ramassent dans les bois et forets. On dit en parlant d'un petit feu: C'est un feu d'prête, un tison et deux boisettes.
BOISSON, cidre auquel on à ajouté de l'eau. H.-N.
BON-JOUR, communion pascale. Ex.: Il fera demain son bon-jour. P.
BONNEMENT? est-ce vrai?
BOQUET, pommier qui n'a pas été greffé. P.
BOQUILLON, bûcheron. P.
BORDILLER, être près de. Ex.: Il doit bordiller 60 ans, c'est-à-dire avoir près de 60 ans.
BOS, bois. P.
BOSCO, bossu (mot injurieux). P. B.-N.
BOSSIAU, boisseau, mesure pour les grains. On appelle boisseau rez celui qu'on emplit jusqu'au bord, et boisseau comble, celui dans lequel on verse autant de grain qu'il en peut contenir. Cette distinction était connue au moyen-âge. Voici les anciens boisseaux en usage dans le pays de Bray, en prenant pour base le pot d'Arques, qui vaut en litre 1,824; Argueil, 18 pots 1/25; Aumale, 11 ¾; Blangy et Gaillefontaine, 12; Foucarmont, 11 ¼; Gournay et Saint-Saens, 18; Grandcourt, 11; Neufchâtel, 12 ¼.
BOTTER. On dit de la boue et surtout de la neige, qu'elle botte, quand elle s'attache à la semelle des chaussures. H.-N.
BOUCAN, bruit, dispute. P.
BOUCAN (chercher, engendrer), susciter une querelle.
BOUCANE, maison de chétive apparence. Ce mot vient de boucan, bordel. C'est à cause de la mauvaise acception de ce dernier mot qu'un cordelier de Dijon, nommé Boucan, changea son nom et se fit appeler Beauchamp.
BOUCANER, quereller. Se dit aussi d'un fumeur qui aspire beaucoup de fumée à la fois.
BOUCAR, bocal, carafe à mettre du cidre ou des fruits à l'eau-de-vie, tels que cerises, cacis, etc.
BOUCHE (être sur sa), être porté à la gourmandise.
BOUCHEROT, boucher qui vend de la viande de mauvaise qualité.
BOUCHIE, bouchée.
BOUCHIE (manger une), prendre un léger repas.
BOUDINÉE, totalité de boudin provenant d'un porc.
BOUFFÉE, accès de rage ou de colère.
BOUFFER, bouder.
BOUFFI (hareng), hareng qui a séjourné peu de temps dans la saumure. P.
BOUFRE! juron. H.-N.
BOUGONNER, gronder entre ses dents.
BOUGRE! juron fréquent parmi les gens de la campagne qui ajoutent souvent le mot sacré. Cette expression vient peut-être de bulgarus, en conservant à l'u sa prononciation.
BOUGRE (bon, mauvais), comme on dit: Bon diable, bon enfant.
BOUILLON, pluie.
BOUIS (dimanche du), dimanche des Rameaux; ainsi nommé, parce qu'on porte à la main du bouis bénit.
BOUJOU! bonjour! On emploie aussi ce mot substantivement pour désigner la visière d'une casquette.
BOULE, pâte renfermant des pommes ou des poires cuites au four.
BOULE (perdre la), radoter, devenir fou.
BOULOCHE. Voy. Boule.
BOUQUER. En parlant des abeilles qui se groupent à la bouque de la ruche, avant d'essaimer.
BOUQUETS, nom générique par lequel on désigne toute espèce de fleurs cultivées dans un jardin.
BOUQUET-D'HIVER, bouquet de fausses fleurs. H.-N.
BOURBE, boue.
BOURE, femelle du canard. H.-N. B.-N.
BOURIQUE, âne. H.-N.
BOURILLER, faire des bourées.
BOUROTER (se), marcher lentement comme une boure. H.-N.
BOURSICOT, bourse. P.
BOUSA, BOUSE, BOUSÉE, Excréments de la vache.
BOUSIN, grand bruit, tapage. P.
BOUSTIFAILLE, bonne chère. P.
BOUT DE CHAMP (à tout bout de), a chaque instant. P.
BOUT D'HOMME, petit homme. P.
BOUT EN BOUT (tout de), entièrement. P.
BOUT-RABATTU, croupe, toit qui se prolonge au-delà du bâtiment, sans support partant du sol. H.-N.
BOUTER, mettre, B.-N. P.
BOYERS, boues des rues.
BRACHE, brasse. P.
BRACHIE, brassée. Comme on le voit, le mot patois se rapproche davantage de son origine, brachium.
BRADER, vendre à trop bas prix. P.
BRAIES, culottes. P. B.-N.
BRAILLER, s'habiller avec prétention, porter des vêtements au-dessus de son état de fortune.
BRANDI (tout), tout entier.
BRANDILLER, remuer de côté et d'autre.
BRANLER, remuer. H.-N.
BRANNER, branler, remuer.
BRANQUE, branche. P.
BRAQUE (personne), vive et irréfléchie. P. B.-N.
BRASSER, faire, agir. Se prend souvent en mauvaise part. P.
BRAVE, bon, probe. S'emploie aussi comme synonyme de endimanché.
BRÊLÉE, mélange d'orge et d'avoine qu'en sème au printemps. P.
BRÊLES, Voy. Braies.
BRÈQUE, ouverture. P.
BRÈQUE-DENTS, personne à laquelle il manque des dents. B.-N.
BREUILLES, intestins d'animal. H.-N.
BRICOLE, espèce de licou qu'on met aux vaches pour les empêcher de brouter les arbres.
BRICOLER, aller de côté et d'autre; entreprendre plusieurs ouvrages et n'en finir aucun.
BRIÈRES, bruyères, H.-N.
BRIMBALLER, sonner les cloches sans goût et sans mesure.
BRIMBORIONS, bagatelles, petits morceaux du rubans, soieries, etc.
BRIN, pas du tout. Ex.: Il n'a brin d'esprit.
BRINCHE, brins de bouleau dont on fait des balais.
BRINGAND, brigand.
BRINOTER, manger peu et sans faim.
BRIOCHE (manger de la), vendre à des conditions moins avantageuses que celles qu'on avait d'abord refusées. H.-N.
BRIT, bruit.
BRONGNES, tétins de truie.
BROQUE-A-Z'YEUX (ne voir), être dans une obscurité complète. H.-N.
BROSQUINS, brodequins.
BROSSE (ça fait), c'est une espérance déçue. B.-N. P.
BROSSEE, rossée.
BROSSER, donner une brossée. P.
BROU, guy. H.-N.
BROUACHINAGE, bruine, pluie fine.
BROUACHINER, bruiner.
BROUAS (enfant), qui a la figure sale.
BROUEE, écume, mousse.
BROUER, mousser.
BROUET, épidémie. Ex.: Les enfants sont malades; c'est un brouet qui court.
BROUILLARDER, bruiner.
BROUIR, aller trop vite. H.-N.
BROUSTILLES, menu bois qu'on recueille dans les forêts. Un acte de 1330 parle d'une terre où il croist des bissons et brostilles (Études sur la condition, etc., par M. L. Delisle, page 278).
BRU, nouvelle mariée.
BRUCHER, broncher. H.-N.
BRULE-FER, mauvais forgeron.
BRULE-GUEULE, pipe dont le chalumeau est très-court.
BRUMAN, nouveau marié, homme de la bru. B.-N. En anglais, man, signifie homme.
BU (homme), ivre. B.-N. P.
BUÉE, vapeur qui s'échappe d'un liquide en ébullition.
BUETTE, petite ouverture dans une muraille on une couverture.
BUHOT, corne de bœuf que les faucheurs placent à leur ceinture et dans laquelle ils mettent du grès écrasé, de l'eau et la pierre à affiler. Il n'est plus guère en usage.
BUQUER, frapper. Un jour deux enfants répondaient à une basse messe. Après le Domine, non sum dignus, au moment où les servants présentaient déjà chacun sa burette au célébrant, une personne se présente pour communier. L'un des enfants donne le voile de communion, et l'autre prend une burette de chaque main et se met à dire le Confiteor. Mais, arrivé au meâ culpâ, un embarras se présente: comment se frapper la poitrine? Alors, ouvrant les bras et avançant le ventre vers son camarade: Buque su m'panche! lui dit-il, buque su m'panche!
BUQUETTE, courte-paille. P.
BUTIN, mobilier de peu d'importance. H.-N.
BUTTE, bouchon qui sert à un jeu qu'on appelle la butte. Ou dit aussi jouer au bouchon.
BUTTÉE, argent placé sur la butte.
BUVABLE, potable.
C
CABAS, meuble grossier et de grande dimension. Ex.: Que ferez-vous de ce cabas de buffet? B.-N.
CABEUIL, crasse produite par la graisse et l'huile qu'on met entre l'essieu et la roue d'une voiture.
CABOCHARD, entêté. H.-N.
CABOCHE, tête dure. H.-N. P.
CABROUET, espèce de petite charrette sans ridelles.
CACA (faire), du latin cacare.
CACHARD (cheval), paresseux. B.-N.
CACHE, CHASSE, bout de ficelle qu'on met à l'extrémité du fouet et qui sert à le faire claquer.
CACHE (vache en), vache en chaleur.
CACHE-MONNÉE, garçon meunier qui parcourt les villages pour recueillir les monnées.
CACHE-MOUTE. V. Cache-monnée.
CACHER, CHASSER, faire marcher un animal devant soi, à coups de fouet ou de bâton.
CACHES (n'être pas au bout de ses), avoir encore beaucoup à faire ou à souffrir. P.
CACHEUX, chasseur. Cache-moute.
CACHOIRE (coup de), dernier verre de liqueur qu'on offre à ses convives au moment où ils partent.
CADESSIME, catéchisme.
CADET, homme sans gène et sans peur.
CADRER, s'entendre bien avec une personne, être en rapport comme le cadre et la gravure. Ex.: Ces deux hommes cadrent bien ensemble.
CAFIGNONS, corne qui termine les pieds des vaches, chèvres, porcs, etc.
CAFOURET, petit appartement sale, dans un grenier ou ailleurs. H.-N.
CAFUTER, éloigner, renvoyer, chasser un animal.
CAGE (mettre en), mettre en prison.
CAGNE (vache), de couleur gris-clair.
CAGNOLE, tête; espèce de carcan pour les jeunes porcs.
CAHOTS, secousses que les voitures éprouvent dans les chemins raboteux.
CAHOTTEMENT, cahotage.
CAHOUETTE, petite corneille.
CAHUTTE, mauvais logement, taudis. P.
CAILLARD, caille trop jeune pour être tuée.
CAILLE (vache). V. Cagne.
CAINE, chaîne. P.
CAIRE, chaise.
CALBOTER (faire), laisser bouillir le lait jusqu'à ce qu'il soit caillé.
CALÉ (bien), habillé richement et avec goût. B.-N.
CALÉE, portée d'une chienne, d'une chatte, etc.
CALEMANDE, ancienne étoffe qui servait à faire des jupes; la chaîne était de laine et la trame de fil. H.-N.
CALENGER, marchander. B.-N. P.
CALER. Se dit d'une chatte qui fait ses petits; on le dit aussi des lapins, des chiens, etc. D'après M. A. de Poilly, ce mot viendrait du grec kalià, un nid. P.
CALER BAS, céder, fuir. P.
CALEUSER, se livrer à la paresse.
CALEUSETÉ, paresse.
CALEUX, paresseux. Selon M. A. Le Prevost, ce mot provient de ce que les personnes indolentes étant sédentaires, finissent par avoir les fesses caleuses comme les singes. H. N.
CALIBERDAS (faire un), tomber avec grand bruit.
CALIÈVRE, genevrier.
CALIMACHON, limace.
CALIMACHON-A-HOTTE, limaçon à coquille.
CALIN, lieu où les vaches calinent.
CALINE, chaleur étouffante à l'approche de l'orage.
CALINER. Se dit des animaux qui se reposent à l'ombre dans les grandes chaleurs; vient de calor.
CALIPETTE, petit bonnet rond que les femmes mettent le matin et la nuit. P.
CALIT, mauvais lit qui se place dans les écuries et les étables pour les domestiques. Ce mot nous paraît signifier lit à cats, en ce sens que les chats vont souvent s'y coucher pendant le jour. P.
CALOGE, loge à chien.
CALOTTE, soufflet.
CALOTTES (donner une paire de), souffleter sur les deux joues.
CAMAILLER (se). Se dit des enfants qui se culbutent en jouant.
CAMPAGNE, plaine.
CAMPÉE (personne bien), d'une belle taille et qui se tient bien. H.-N.
CAMPS, champs.
CANCHELER, chanceler. P.
CANCHON, chanson, espèce de pâtisserie; pâte qui renferme des pommes hachées.
CANEÇON, caleçon. P.
CANEVIS, chenevis.
CANICHE. Voy. Caloge.
CANNE, cruche dans laquelle on tire du cidre pour le repas. En anglais, can.
CANNÉE, ce que peut contenir une canne. B.-N.
CANNER, pleurer fort. Vient peut-être de ce que l'enfant, en pleurant ainsi, imite un peu le cri du canard ou celui du chien, canis, qui hurle.
CANNETTE, petite canne.
CANT (de), de coté, incliné. Voy. Acanté. B.-N.
CANTINETTE, criocère; espèce de caléoptère qu'on trouve fréquemment sur les feuilles du lis, auquel les savants ont donné l'épithète merdigera, afin d'indiquer que ce petit chanteur, qui amuse tant les enfants, fut d'abord un vers enveloppé de ses excréments; précaution de la nature, sans laquelle la larve du pauvre insecte fût devenue la proie des oiseaux. Ce mot semble venir de cantitare, chanter souvent, ou de cantilena, chansonnette.
CANVERSER, renverser en partie. Ex.: Prends garde de faire canverser le plat. H.-N.
CANVRE, chanvre.
CAPET, chapeau. Dernièrement un bon paysan prenait place dans un des wagons du chemin de fer de Dieppe à Rouen. Au moment où la locomotive commençait à s'ébranler, notre homme mit la tête à la portière pour dire un dernier adieu à la personne qui l'avait accompagné. Hais! charretier! charretier! arrêtez donc! s'écria-t-il tout-à-coup; man capet, man capet que l'vent vient d'm'enlever.... Et b.... n'arrêtera pas, va! En effet, le charretier n'arrêta pas, et le paysan dut continuer son voyage sans capet.
CAPITAINE-J'ORDONNE. Sobriquet qu'on donne à un maître ou contre-maître qui s'enorgueillit de son autorité. Le premier qui le porta fut le vice-amiral Lhermite, de Caen, au moment où il commandait la frégate de l'amiral Villarez-Joyeuse, à la mémorable action connue dans la marine sous le nom de Grand-Combat, et livrée le 1er juin 1793. Différentes circonstances ayant rapport aux ordres qu'il fut obligé de transmettre, lui valurent le surnom assez burlesque de Capitaine-j'Ordonne (Revue de Rouen, t. IV, p. 92).
CAPOT ou CAPOTE, espèce de mante de camelot, à l'usage des femmes. On ne la porte presque plus.
CAPUCHIN, capucin. P.
CAPPE, cuiret qui retient la batte et le maintient du flais. Jean de Garlande mentionne ainsi les parties du fléau: Flagellorum partes sunt manutentum, virga et cappa (Dictionnaire, no xlvj, p. 598).
CARAS, bergers. Ainsi dénommés parce qu'ils ont longtemps conservé la réputation de sorciers, caragi. B.-N.
CARBON, charbon; du latin carbo. P.
CARBONNIER, charbonnier. P.
CARCAILLOT, appeau pour appeler les cailles.
CARCAN, appareil en bois qu'on met au cou des cochons pour les empêcher de passer à travers les haies.
CARDON, chardon. Ce mot se rapproche plus que le mot français de son origine, cardo. P.
CARÉE, charrée. P.
CARÉSI, poires à brasser.
CARRETTE, charrette.
CARIAGE, charrol.
CARNAGE, charogne. Ce mot s'emploie aussi en mauvaise part. Ex.: Va-t-en, vieux carnage!
CARON, charron.
CARONGNE. V. Carnage. P.
CARPENTER, charpenter. P.
CARPENTIER, charpentier.
CARPIE, charpie. P.
CARPLEUSE, chenille. Vient du latin carnis pilosa, chair velue; en anglais, caterpilar. B.-N.
CARRE, coin, angle saillant d'une table ou autre meuble. Ce mot devrait peut-être s'écrire quarre, pour quarne, de quaternus; c'est l'un des quatre angles d'une carré qu'on appelle en français carne.
CARRIAGE (chemin de), chemin où l'on passe en voiture.
CARRIAU, carreau de vitre; espace carre où l'on plante des légumes; maladie des enfants, dont quelques personnes prétendent guérir le malade en lui posant la main sur l'estomac. Ceux qui se livrent à cette pratique, dans le pays de Bray, se disent descendre de la famille de saint Martin. Aussi, chaque fois qu'on fait toucher un enfant, ne manque-t-on jamais de faire dire à son intention une messe en l'honneur de saint Martin, de Tours (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 7).
CARTRIE. Voy. Chartrie.
CARIER, charrier.
CARIER, grosse toile sur laquelle on place les cendres pour la lessive.
CARTI, corps d'un chariot ou d'une charrette sans ridelles. P.
CARTIER (faire), diriger les chevaux de manière à ce que les roues de la voiture ne suivent pas les ornières.
CARTRIE, lieu où l'on rentre les charrettes et autres voitures pour les mettre à l'abri de la pluie. P.
CARUE, charrue. P.
CAS, chaud, chaleur.
CAS QUE (en), au cas que, si.
CASAQUIN, camisole sans manches.
CASSE, espèce de caisse dans laquelle les domestiques placent leur linge et leurs vêtements.
CASSENOIX, nom généralement donné à la sistelle.
CASSETTE, ustensile en bois qui sert à retenir la crême dans les terrines, tandis qu'on laisse écouler le petit lait.
CASSINE, petite maison ancienne et incommode. P.
CASSIS, fossé pratiqué pour l'écoulement des eaux pluviales.
CASSISSIER, arbrisseau qui produit le cacis.
CASTEROLLE, casserole. H.-N. P.
CASTILLE, querelle, dispute. B.-N. P.
CAT, chat. Ce nom s'écrit ainsi dans plusieurs langues. P.
CATAIGNE, châtaigne. P.
CATAINIER, châtaignier.
CATAPLASSE, cataplasme. H.-N.
CATAU, fille de mauvaise vie.
CATÉCHISSE, catéchisme.
CATET (aller au), aller à Neufchâtel.
CAT-HOUANT, chat-huant.
CATOUILLER, chatouiller.
CATREUX, mauvais couteau, homme qui châtre les porcs.
CAUCHE-PIED, chausse-pied.
CAUCHER, chausser. P.
CAUCHES, chausses, bas. P.
CAUCHONS, chaussons. P.
CAUCHURES, chaussures. P.
CAUD, chaud. P.
CAUDET, un peu chaud, tiède.
CAUDIER, Voy. Lessive.
CAUDIÈRE, chaudière. P.
CAUDRON (jeu de), Collin-Maillard.
CAUDRONNÉE, ce que peut contenir une chaudière.
CAUFFER, chauffer. P.
CAUFOURNIER, chaufournier.
CAUSETTE, causerie familière. P. H.-N.
CAVÉE, chemin creux. P. H.-N.
CAYEU, moules. Ainsi nommées, parce qu'on en tire de très-bonnes du pays qui porte ce nom (Somme).
CÉLÉBRALE (fièvre), fièvre cérébrale.
CELLE FIN (à), afin que.
CELLES (les), celles.
CENSÉMENT, pour ainsi dire.
CENTAURE (voix de), voix de Stentor.
CENTINE, centime.
CERNE, cercle. Ce mot est surtout employé pour indiquer le cercle formé autour de la lune dans les temps brumeux. H.-N.
CERTAIN (un), assez grand. Ex.: C'est un homme d'un certain âge. H.-N.
CERTIFIS, salsifis. H.-N.
CÉS, ces.
CEUX (les), ceux.
CEUX-CHITE, ceux-ci, celles-ci.
CHA, ça, ce, ceci, cela.
CHABOT, sabot. P.
CHABOTER, faire du bruit en marchant comme si l'on avait des sabots. P.
CHABOTIER, sabotier.
CHABOULER, pousser rudement. H.-N.
CHACHAS, merle lytorne.
CHACUN (un), chacun.
CHA DÉPEND, peut-être.
CHAIRCUITIER, charcutier. Le mot patois se rapproche plus de la signification étymologique: marchand de chair cuite.
CHAMBE, chambre.
CHAMPART (blé), froment mêlé d'un peu de seigle.
CHAMPIGNON, pomme à cidre, tardive, très-bonne. Lui aurait-on donné ce nom parce qu'elle donne un excellent cidre, mousseux comme le vin de Champagne?
CHANGLE, sangle.
CHANGLÉ (être), perdre beaucoup au jeu.
CHANPLEURE et CHANPLURE, robinet, et non chantepleure, dans le sens attaché à ce mot.
CHANTIAU, chanteau, morceau de pain bénit qu'on offre à celui qui doit le rendre à sa paroisse le dimanche suivant. En Picardie, on nomme cantieu un morceau de gâteau qu'une nouvelle mariée envoie à celle des jeunes filles du village qu'elle croit devoir se marier la première après elle (Glossaire du patios picard, par M. l'abbé Corblet).
CHAPIAU, chapeau.
CHARLOT, Charles.
CHARTRIE, lieu où l'on place les charrettes et autres instruments aratoires.
CHATIAU, château.
CHAUFETTE, chaufferette.
CHAVATE, savate. P.
CHAVETIER, savetier. P.
CHÉ, chair.
CHEIGNEUX, tablier de femme. Du latin cingere, ceindre.
CHÉLER, celer, cacher. P.
CHÉLIER, cellier.
CHENELLES, fruits de l'épine blanche. H.-N. Les dictionnaires donnent le nom de cenelle au fruit du houx.
CHENU (du), quelque chose de très-bon ou très-beau. P.
CHERCHER SON PAIN, mendier. H.-N.
CHERFEUIL, cerfeuil. P.
CHERFOUIR, cerfouir.
CHERVIAU, cerveau.
CHÉS, ces.
CH'EST, c'est.
CH'EST SELON, peut-être, ce n'est pas certain.
CHEUX, chez, ceux. P.
CHEUX-CHITE, ceux-ci, celles-ci.
CHEUX-LÀ, ceux-là, celles-là.
CHEVILLE, mesure de 12 pouces cubes, qui sert pour les bols de charpente. V. Marque.
CHIBOT, ognon dont les tiges sont encore vertes.
CHIBOULER, marcher sans précaution et renverser ce qu'on trouve sur son passage. En parlant d'un homme ivre, on dit aussi de sa démarche qu'il se chiboule.
CHICON, gros morceau de pain. P.
CHICOTER, marchander, importuner.
CHICOTIN, blague ou petit sac de peau, en forme de valise, dans lequel les fumeurs placent leur tabac.
CHIEN DE TERRE, larve du hanneton.
CHIFFONNER L'ESPRIT, inquiéter, contrarier.
CHIGNOLE, dévidoir.
CHIGNON, cheveux naturels et souvent postiches que les femmes font bouffer entre les deux ailes de leur pierrot.
CHIMETIÈRE, cimetière.
CHINGE, singe.
CHINQ, cinq. P.
CHINQUANTE, cinquante.
CHION, petite branche dont on se sert pour faire avancer les animaux ou corriger les enfants. P.
CHIONNER, frapper avec un chion. P.
CHIPOTER, chicaner en marchandant. P.
CHIPOTEUX, qui chipote. P.
CHIPOTIER, Voyez Chipoteux. P.
CHIPPER, pousser en cépée.
CHIQUE, gros morceau de pain ou de viande.
CHIQUER, manger beaucoup.
CHIQUET. Voy. Chique. Ces deux mots ont un grand rapport avec le verbe déchiqueter, faire des chiquets.
CHIRE, cire. P.
CHIRE-POIX, poix qui sert aux cordonniers à cirer leur fil.
CHIROT, sirop.
CHIROTER (faire), faire bouillir jusqu'à consistance de sirop.
CHIROTEUX, liquide épais comme du sirop.
CHITE, ici.
CHITRON, citron. P.
CHITROUILLE, citrouille. P.
CHIVIÈRE, civière. P.
CHOCHONNER. Se dit de deux petits cultivateurs qui réunissent leurs chevaux pour cultiver leurs terres. H.-N.
CHOMER, manquer de. H.-N.
CHOPEINE, chopine, mesure qui contient un peu moins d'un litre. P. V. Pot et Velte.
CHOPER, heurter un caillou ou autre obstacle en marchant.
CHOQUER, trinquer, heurter les verres. B.-N.
CHORBER, broncher. Voy. Choper.
CHOU! CHOU! cri par lequel on chasse les poules et autres volailles.
CHOULE, fête populaire qui se tient, pendant le carême, dans les communes rurales; on y vend des noix, des gâteaux, du pain d'épice, etc. Ce nom vient d'un ancien jeu auquel on se livrait le jour du mardi-gras, et qui consistait à s'emparer d'une balle, la choule, pour l'emporter à un endroit convenu (Dictionnaire du patois normand, par M. M. du Méril, au mot Soule). Le jeu de la choule, qu'on appelle aussi chole, cheole, sole, soule, etc., est encore en usage dans quelques localités de la Somme et du Pas-de-Calais. «C'est, dit M. l'abbé Corblet, une espèce de ballon rempli de son qu'on place sur la limite de deux villages, et que les habitants des deux communes poussent à coups de pied. La victoire appartient à ceux qui parviennent à le garder sur leur territoire (Glossaire du patois picard, au mot Chole).» Ce jeu était fort en vogue au XIIIe siècle et se terminait ordinairement par un banquet. Mais, comme ce banquet était assez souvent la cause de graves accidents, il fut interdit, en 1369, par Charles V. Selon les uns, le mot choule ou soule dériverait du celtique hehaul, soleil; selon les autres, il viendrait de l'islandais sull, mêlée. Comme à Valogne, on donne à ce jeu le nom de savatte, parce qu'on joue avec le pied; nous croyons, avec M. Corblet, qu'il pourrait avoir de grands rapports avec le mot latin solea, sandales, ou solum, plante du pied.
CHOULER, remuer, faire avancer. Ex.: Je ne puis choûler ce mauvais cheval.
CHOUQUE, souche, extrémité inférieure d'un arbre. B.-N.
CHOUQUET, bloc de bois sur lequel on coupe du bois, de la viande, etc.
CHU, ce. P.
CHUCRE, sucre.
CHUINTER, suinter.
CH'VA, cheval.
CIBOT, Voy. Chibot.
CIDE, cidre.
CIERGE DORMANT, gros cierge qu'on porte aux enterrements et que l'on place, à l'église, auprès du banc du défunt, après l'inhumation.
CISIAU, ciseau.
CISIAUX, ciseaux.
CITADELLE, grosse poire qu'on mange cuite ou en confitures.
CLAIRAUD, clairet. H.-N.
CLAIRE-VOIE, espèce de grille ou de balustrade.
CLAIRONNER, reluire.
CLAIRTÉ, clarté, H.-N.
CLAMPIN, qui marche difficilement; poltron. H.-N. P.
CLAPER, branler dans le manche. On dit aussi d'un homme maigre ou malade: Il clape dans ses habits.
CLAPOT, petite lessive que les pauvres gens font chaque semaine. H.-N.
CLAPOTER, faire un clapot. Se dit aussi des enfants qui se salissent, en se jouant dans un varpot.
CLAQUE-DENTS (trembler à), grelotter de froid.
CLAQUES, espèce de chaussures de femme.
CLAQUET, digitale pourprée. On lui a sans doute donné ce nom parce que les enfants s'amusent à faire claquer les fleurs en frappant dessus, après les avoir remplies d'air. H.-N.
CLATRI, couché, caché dans l'herbe.
CLATRIR (se). En parlant d'un lièvre ou autre animal qui se couche dans l'herbe, de manière à s'effacer.
CLAVETTE, mauvaise langue. On dit en parlant d'une femme bavarde: Quelle clavette!
CLÉ (avoir perdu la), avoir la diarrhée.
CLÉ DES CHAMPS (prendre la), s'enfuir.
CLERGEAU, petit clerc, enfant de chœur.
CLICHER, frapper rudement une personne ou un animal.
CLIGNER, fermer un œil. H.-N
CLIMUCHETTE, cligne-musette. B.-N.
CLINCAILLER, quincaillier. H.-N.
CLIPSI, sauce trop claire.
CLIQUETER, agiter les cliquettes ou la cliquette.
CLIQUETTE, clenche. En congédiant une personne à laquelle on défend de revenir, on lui dit: Tu peux baiser la cliquette de la porte.
CLIQUETTES, clochettes des frères de charité. Ce nom est très-commun dans les chartes des XVIe et XVIIe siècles.
CLONGNE, quenouille à filer. D'après quelques étymologistes, ce mot serait dérivé de colonne.
CLOPINER, boiter.
CLOPIN-CLOPANT, tant bien que mal.
CLOQUE, cloche.
CLOQUETEUX, celui qui marche en tête de la procession, en agitant les cloquettes.
CLOQUETTES, clochettes. On donne aussi ce nom à la plupart des fleurs campaniformes.
CLOU, furoncle.
CLOUPPER, glousser; cri de la poule qui demande à couver ou qui appelle ses poussins.
C'MENT, comment.
CO, chat; coq. P.
COCAR, œuf (terme enfantin.)
COCASSE, plaisant et ridicule. P.
COCHON, cloporte.
COCHONNAILLE, chair de porc, charcuterie. P.
COCHONNER, mettre bas; en parlant de la truie.
COCHONNER (se), s'enivrer au point de se vautrer dans la boue comme un cochon.
COCO, chaussure; œuf; expression enfantine. Autrefois les marchands d'œufs se nommaient coconniers. B.-N.
CODAQUER. Se dit du cri de la poule quand elle vient de pondre ou quand elle est effrayée. En Picardie, on le dit du coq qui chante. P.
CO-D'INNE, coq d'Inde, dindon.
COEUR JEUN (à), à jeun. H. N.
COEUR DE JOUR (à), continuellement, du matin au soir. H.-N.
COEURU, courageux. B.-N.
COFFIN, cornet de papier. Vient peut-être du latin cophinus, corbeille. B.-N. P.
COGNER, frapper fort. P.
COLAS, Nicolas.
COLÉREUX, colérique, porté à la colère.
COLIDOR, corridor.
COLLE, mensonge. En vieil anglais, coll signifiait trompeur. B.-N. P.
COLLETER (se), se prendre au collet pour éprouver ses forces. H.-N.
COMBLE, longue corde dont on se sert pour maintenir les gerbes chargées sur une voiture.
COMME-CHI, COMME-CHA, ni bien, ni mal.
C'MENT, comme. Ex.: Il est bon c'ment son père.
COMME TOUT, beaucoup, extrêmement. P. B.-N.
COMPAS DANS L'OEIL (avoir le), avoir le coup-d'œil juste.
COMPTES (rendre ses), vomir.
CONDOS, accident de terrein entre deux pièces de terre; ce qui forme une petite élévation en forme de rideau.
CONFESSEUX, confesseur. Mot qui, soit dit en passant, semblerait mieux convenir au pénitent qu'à celui qui entend sa confession.
CONSÉQUENT, adjectif employé, même par des personnes qui ont reçu de l'instruction, comme synonyme de considérable, tandis qu'on ne devrait s'en servir que pour marquer une induction tirée d'un principe. Ainsi, au lieu de dire: Cet homme fait des affaires conséquentes, il faut dire considérables. L'adjectif conséquent ne peut être mis en usage que dans des phrases semblables à celle qui suit: Le philosophe doit être conséquent avec ses principes.
CONSOMMÉ, consumé, Ex.: Tout a été consommé dans l'incendie.
CONTEPET, rapporteur de nouvelles, babillard qui raconte les choses de la moindre importance pour faire punir ses compagnons.
CONTRAIRE (bien du), bien au contraire.
CONTRE (tout), tout près. B.-N. P.
COPIN, dindon. On a dit que l'origine de ce nom venait de ce que le père Copin, jésuite, avait importé le premier dindon d'Amérique en France, vers 1670.
COPIN (grand), terme de mépris.
COPINIER, celui qui garde les copins dans les champs.
COQ, coquelicot. H.-N.
COQ, menthe des jardins.
COQ (chanter le). Se dit d'une poule qui imite le chant du coq; alors elle ne pond plus et on la tue. H.-N.
COQUENNE, espèce de viorne qu'on cultive dans les jardins sous le nom de boule-de-neige. On se sert des rejetons pour en faire des colliers qui, dit-on, préservent les jeunes chiens de la maladie. Selon M. L. Delisle, l'érable aurait été quelquefois appelé coquêne (Etudes sur la condition de la classe agricole, page 353).
COQUERON, petit coquet.
COQUET, petite veillote; petit coq.
CORAPRENANT, crêpes. Se dit pour carême-prenant parce qu'on en fait beaucoup à l'approche du carême.
CORDE, mesure de bois à brûler formant à peu près deux stères.
CORDER, mettre en corde.
CORDES EN BRANLENT (les), pour dire qu'une chose va arriver. Ex.: Il n'est pas encore deux heures, mais les cordes en branlent. H.-N.
CORE, encore. P.
CORET, encrier de corne.
CORNAILLES, pommes à cidre, précoces, de mauvaise qualité.
CORNAILLES, nom par lequel on désigne toute espèce de corneilles et de corbeaux.
CORNICHON, espèce de pomme de terre qui a la forme des petits concombres qu'on fait confire dans le vinaigre. On emploie aussi ce mot, en mauvaise part, en parlant d'une personne. Ex.: C'est un cornichon.
CORNOITE, espèce d'échaudé formé d'une pâte tressée et très-légère.
CORPORANCE, corpulence.
CORSELET, corset. H.-N.
CORSET, jupe. H.-N.
COS, cou.
COS (n'être pas lourd à), être souffrant et chétif.
COS (tirer du), vomir.
COSSART, colza. H.-N.
COSSU, homme riche, opulent. P.
COTENT, content. H.-N.
COTRET (huile de), coups de bâton. Ex.: Donnez-lui de l'huile de cotret, s'il va mal.
COUANNE, couenne. H.-N.
COUCHETTES, langes.
COUCOU, expression employée quand on éteint une chandelle ou une lampe.
COUCOU (bran de), gomme qui découle du merisier. Les enfants s'imaginent que c'est l'excrément du coucou.
COUDRE, coudrier.
COUINCHE, homme rusé, qui manque de franchise.
COULAGE, détournements, soustractions, dissipations qui se font dans une maison, par défaut de soin et de surveillance. H.-N.
COULANT D'EAU, fossé servant à l'écoulement des eaux. H.-N.
COULAS, Nicolas.
COULEUX, filtre en crin ou en toile claire qui sert à passer le lait quand on vient de le traire.
COUP (à), en temps opportun. B.-N.
COUP (donner un), causer une surprise pénible. H.-N.
COUP-D'A-CHEVAL, verre d'eau-de-vie qu'on prend au moment de monter à cheval.
COUPLET, cime d'un arbre, faîte d'un édifice. B.-N. P.
COUR, enclos dans lequel se trouvent les bâtiments et les bestiaux d'une ferme. H.-N.
COURAIE, intestins d'un animal; ce qui comprend le cœur, le foie, les poumons, etc.
COUREUX, porc qui vit en liberté en attendant qu'on l'engraisse pour la boucherie. H.-N.
COURIACHE, coriace, fort, vigoureux. P.
COURIAS, Voy. Couriache.
COURIETTE, lanière de cuir qui sert de cordon aux souliers ou qui se trouve à la poignée d'un bâton de voyage.
COURIR. Se dit d'un vase qui laisse échapper le liquide. H.-N.
COURS DE VENTRE, diarrhée.
COURTE BOTTE, petit homme. Guillaume-le-Conquérant avait donné lui-même ce sobriquet à son fils Robert. H.-N.
COUTEAU (pommes à), pommes de dessert.
COUTE QUI COUTE, coûte que coûte.
COUTET, couteau.
COUTEUX, dispendieux; irritable, d'une humeur difficile. H.-N.
COUTIAU, couteau, P.
COUTIAUX, rayons de cire et de miel formés par les abeilles.
COUTRE, bedeau.
COUTURIER, tailleur. H.-N.
CRACHE, crasse, graisse. P.
CRACHÉ (tout), d'une parfaite ressemblance. En parlant d'un portrait bien exécuté, on dira du sujet qu'il représente: C'est lui tout craché.
CRACHINAGE, pluie fine. B.-N.
CRACHINER. Se dit d'une pluie fine qui tombe avec peu d'abondance.
CRACHOTTER, cracher fréquemment.
CRAIRE, croire.
CRAMILLIE, crémaillière.
CRAN, entaille.
CRANE, bon, beau. Ex.: Voilà de crâne bière.
CRANE, fier. B.-N.
CRANE (faire son), faire l'important.
CRANQUE, crampe.
CRAPE, salissure.
CRAPEUX, sale. P.
CRAPOUD, crapaud.
CRAPU (homme), trapu.
CRAQUER, mentir. B.-N.
CRAQUEUR, menteur.
CRASSETTE, pomme à cidre. P.
CRAVACHONNIER, prunier non greffé.
CRAVACHONS, prunes sauvages.
CRÉMILLIE, crémaillière.
CRÉMILLIE (pendre la), donner à dîner à ses amis quand on habite une nouvelle maison.
CREMILLON, petite crémillie.
CRÉPETTES, pâte très-délayée, composée de farine, d'œufs et de lait, qu'on fait cuire dans une poêle, à l'époque des Rois et du mardi-gras.
CRÈQUES, fruits de l'épine noire.
CRESSANE (poires de), poires de crassane.
CRÊTELER. Se dit d'une femme qui parle haut et crie comme une poule.
CRÉTIR, frissonner. H.-N.
CRÉTON, résidu du suif quand il est fondu et pressé; c'est une excellente nourriture pour les chiens.
CRÉVÉ, fatigué, épuisé par le travail. S'emploie encore comme synonyme de mort, en parlant des animaux. On s'en sert aussi, en mauvaise part, en parlant des personnes. Ex.: Il est crévé comme un chien.
CRÉVER, mourir.
CRÉVON, chevron. H.-N.
CRI, chercher, quérir. Ex.: Allez cri du pain.
CRIGNIACHE, chevelure mal soignée. B.-N.
CRIGNES, mauvaises herbes qui s'accrochent aux dents des herses.
CRIQUET, grillon.
CRISTÈRE, clystère.
CROCHE, crosse.
CROCHER (se), se donner le bras en promenade.
CROCHUIRE, rendre une chose crochue. H.-N.
CROCS. On désigne sous ce nom les dents des chiens, chats, loups, renards, etc.
CROTE, croûte.
CRUCHE, croissance, en parlant d'un enfant. Ex.: Il a fait sa cruche trop vite.
CRUE. Voy. Cruche.
C'T', cet, cette, devant une voyelle.
C'TE, cette, devant une consonne.
C'T'ÉLA, celle-là.
C'T'ILA, celui-là.
C'T'ICHITE, celui-ci, celle-ci.
ÇU, ce.
CUIROT, morceau de cuir qui supporte le battant des cloches.
CULAS, bâtiments où l'on engrange les gerbes de blé, d'avoine, etc. Ce mot se trouve dans un acte de 1395 (Notes sur les communes de l'Eure, par M. A. Le Prevost, p. 97).
CULEUVRE, couleuvre. H.-N.
CULOT, cul d'un enfant; ce qui reste de tabac au fond de la pipe.
CULOTTE (faire une), gagner sans interruption trois parties de domino, de cartes.
CULOTTE (avoir, se donner une), se soûler.
CULOTTES (mes), ma culotte, quand il ne s'agit que d'une seule.
CURAI, curé.
CURAI (monsieur le), nom qu'on donne à tout ecclésiastique revêtu d'une soutane.
CURIOSITAI, curiosité.
D
D', de. P.
DADA, cheval; expression enfantine.
DALE, évier, lien où on lave la vaisselle et d'où l'eau s'écoule par un trou pratiqué dans la muraille. P. B.-N.
DALOT, petit conduit pour l'écoulement des eaux. H.-N.
DAMAGE (c'est), c'est fâcheux.
DAME, femme de qualité ou qui affecte des manières hautaines. Ex.: Elle fait la dame.
DAN-DAN (aller au). Se dit aux petits enfants pour signifier: Aller aux offices de l'Eglise. C'est une onomatopée formée par allusion au son des cloches.
DANSPAROU, ou, à quel point, à quelle place. Ex.: Dansparou as-tu fauché?
DARDILLON, aiguillon d'une boucle.
DAUBÉE, volée de coups de bâton. B.-N.
DAUBER, donner une daubée.
DAUDINER (se), se dandiner.
DÉBAGOULER, vomir. H.-N.
DÉBALLER (se), se décourager.
DÉBARRAS, cessation d'embarras. Ex.: Il est parti, c'est un bon débarras pour moi. H.-N. P.
DÉBAUCHER (se), se décourager. H.-N.
DÉBATISER (se), se donner beaucoup de peine pour faire croire ou comprendre une chose.
DÉBERNÊQUER, démonter, renverser, tirer d'un mauvais pas. B.-N.
DÉBILLER, déshabiller. P.
DÉBISTRAC, en mauvais état.
DÉBINE (être dans la), être à moitié ruiné. P. B.-N.
DÉBITER DU BOIS, le scier, le préparer pour la charpente, la menuiserie, etc. H.-N.
DÉBLAI (bon). Voy. Débarras. P.
DÉBLOUGUER, déboucler.
DÉBOULER, quitter son gîte. Ex.: Il m'a déboulé un lièvre aux pieds. B.-N.
DÉBRICOLER, ôter la bricole d'une vache. H.-N.
DÉBUQUER, partir, sortir.
DÉCAINER, déchaîner. P.
DÉCALIFOTER, ôter une noix ou autre fruit de son enveloppe.
DÉCANILLER, décamper, fuir comme un chien. B.-N. P.
DÉCARCANER, ôter le carcan d'un cochon. H.-N.
DÉCARÊMER (se), prendre un bon repas après le carême. P.
DÉCARPILLER, séparer, démêler. P.
DÉCAUCHER, déchausser. Se dit aussi des chevaux qui perdent leurs dents de lait.
DÉCESSER (ne pas), ne pas cesser. Ex.: Il ne décesse de pleurer. P. H.-N.
DÉCLAQUER, tomber rudement; parler sans ménagement. P.
DÉCOCTION, maladie. H.-N.
DÉCOMMANDER, contremander.
DÉCOMPOTER, changer le temps de l'engrais des terres et le mode des semences. P.
DÉCONFORTER (se), s'affliger outre mesure. P.
DÉCRAMPIR (se), se délasser. P.
DÉCRAPÉ, nettoyé. Se dit aussi d'un enfant malheureux qui prend des habitudes de propreté.
DÉCRAPER, nettoyer. P.
DÉCROUER, tomber ou faire tomber de haut. B.-N.
DÉDRAGUER, délayer, réduire en marmelade.
DÉCULOTTER (se), se dit d'un homme qui se sépare de biens d'avec sa femme pour éviter la poursuite des créanciers. L'épouse administre alors en son nom, et les créanciers n'ont plus aucun recours. Souvent cette formalité n'est pas exempte de fraude, et c'est ordinairement l'art légal de ne point payer ses dettes.
DÉFAIRES, habits qui ne servent plus et qu'on donne aux malheureux. H.-N.
DÉFAITE (animal de), facile à vendre. H.-N.
DÉFECTIF (enfant ou animal), dissimulé, qui a des défauts. H.-N.
DÉFICELER, délier ce qui est lié par une ficelle.
DÉFILOQUÉ (vêtement), usé, éraillé, qui montre la corde ou le fil. H.-N.
DÉFOURRURES, gerbées qui ont été épluchées par les moutons.
DÉFRISÉ, contrarié. P.
DÉFULER, décoiffer. H.-N. P.
DÉFUNT, feu. Ex.: Défunt son père.
DEGAINE, tournure, manières. Se prend toujours en mauvaise part. P.
DÉGANCER, tirer de l'argent de sa bourse.
DÉGANER, se moquer de quelqu'un en imitant ses actes ou ses paroles.
DÉGELÉE, rossée. P.
DÉGUEULER, vomir.
DÉGOBILLER, vomir, rendre les gobes qu'on a prises. P.
DÉGOISER, parler vite et longtemps. P.
DÉGOMMÉ, destitué.
DÉCOTER, voler.
DÉGOULER, vomir. H.-N.
DEGOUTINS, eau qui tombe d'une couverture.
DÉGRIER, dégringoler, glisser.
DÉGROULER, crouler, tomber. B.-N. H.-N.
DÉGUISER (se), se masquer au temps du carnaval.
DEHOQUER, décrocher. P.
DÉHOUSILLER (se), sortir d'un lieu.
DÉJEUNER-DINANT, déjeuner qui se fait tard et sert de dîner.
DÉJOUQUER, déjucher. On l'emploie aussi comme synonyme de faire lever un paresseux qui est au lit.
DÉKERPILLER. Voy. Décarpiller.
DEL', de la. P.
DÉLACHER, délacer. P.
DÉLICOTÉ, débarrassé de son licou. P. H.-N.
DÉLOQUETÉ, déguenillé. P.
DÉLURÉ, vif, hardi. Ex.: C'est un enfant déluré pour son âge. B.-N. P.
DEMANDER APRÈS QUELQU'UN, demander quelqu'un.
DÉMAQUER, vomir. P.
DÉMARER, partir, sortir. B.-N. P. H.-N.
DEMAUNE, demi-aune.
DÉMENCE (tomber en), tomber en ruines. B.-N.
DEMENTER DE (se), s'occuper de. H.-N.
DÉMENTIBULER, démonter, casser. P.
DÉMETTRE UN MEMBRE (se), se luxer. H.-N.
DEMEURE, habitation sans dépendances, où il y a seulement une ou deux pièces pour demeurer.
DEMEURÉ, paralysé. H.-N.
DEMIANNE, demi-aune.
DEMIARD, quart de chopine. H.-N.
DEMI-GROS, quatre muids. Les aubergistes de Dieppe ont l'habitude d'acheter leur cidre au demi-gros; et, en dépit de toutes les lois sur les nouvelles mesures, ils ne consentent à se livrer dans le pays de Bray que dans des pièces frauduleuses qu'ils nomment tierçons.
DEMI-HEURE, douze heures et demie. H.-N.
DEMION, deux demiards. H.-N.
DEMOISELLE, petite viellote de blé ou autres céréales. B.-N.
DÉMONTER, impatienter. P.
DÉMUCHER, découvrir. P.
DÉNOQUER (se), se développer; en parlant des enfants qui grandissent. H.-N.
DÉPATICHER, défricher un pâtis pour le mettre en culture.
DÉPENDEUX D'ANDOUILLES (grand), homme mince et grand, se tenant mal. P.
DÉPENSE, lieu où l'on serre le laitage. P.
DÉPERSUADER, dissuader.
DÉPIAUCER, écorcher.
DÉPICHER, démonter, détruire, découdre. Ex.: Dépichez cette redingote pour en faire un habit-veste. H.-N.
DÉPITER, défier. B.-N.
DÉPORTER DE SA PAROLE (se), se dédire. P.
DÉPOTER, tirer le cidre que contient un tonneau. P. H.-N.
DÉPOTEUX, grosse chanpleure en cuivre qui sert à tirer le cidre dans des seaux.
DÉPOTEYER, tirer du cidre d'un tonneau pour le mettre dans un autre. Vient probablement de l'ancien usage de tirer le cidre ou le vin dans un pot pour l'emporter.
DÉRACHINER, déraciner.
DÉRAIN, dernier. P. B.-N.
DÉRAQUER, tirer d'un bourbier, d'un mauvais pas. H.-N.
DERLINDER, agiter une clochette.
DERRIÈRE (en), en cachette. P.
DERRIÈRE (faire du), dépenser en secret, tromper ses maîtres.
DÉRUNNÉ, atteint de diarrhée.
DÉS, des.
DÉSAILLÉS (habits), hardes usées. H.-N.
DÉSARGENTÉ (être), n'avoir plus d'argent. P.
DESCENTE, hernie. H.-N.
DÉSHABILLER. Voy. Dépiaucer.
DÉSIGNALEMENT, signalement. H.-N.
DÉSORCELÉ, désensorcelé.
DESSAISONNER, changer l'assolement d'une pièce de terre. H.-N.
DESSAQUER, faire sortir d'un lieu.
DESSAQUETER (se), quitter une place. P.
DESSAQUETER, tirer d'un sac.
DESSOLER. Voy. Dessaisonner.
DESSOULER, cesser d'être soûl. H.-N.
DESSOUS (personne en), dissimulée.
DESSOUS (sens dessus), renversé, en désordre.
DÉTEINDRE, éteindre. P.
DÉTENTION D'URINE, rétention d'urine. H.-N.
DÉTEURDRE, détordre.
DÉTOMBIR (faire), mettre chauffer un liquide jusqu'à ce qu'il soit tiède.
DÉTOURBER, déranger, interrompre. Du latin disturbare.
DÉTRIER, trier, choisir. P. Ce mot vient peut être du latin trahere de, tirer de.
DEUILER, souffrir, languir. H.-N. Du latin dolere.
DEUSSE, deux. P.
DEUX-SOU (un), pièce de dix centimes.
DEVALLER, descendre. P.
DEVANCHER, devancer. P.
DEVANT QUE, avant que. P.
DEVENIR (bien ou mal se), se développer. En parlant d'un enfant ou d'un animal. B.-N.
DÉVISAGER, regarder quelqu'un fixement, d'une manière importune. H.-N.
D'HEURE, de bonne heure. Ex.: Il n'est pas d'heure, c'est-à-dire: Il est tard.
DIA, mot dont les charretiers se servent pour faire aller les chevaux à gauche; c'est le contraire de huot. P. Un docteur a prétendu que Balaam s'était servi du mot dia, pour faire avancer son ânesse qui s'appelait Logos. Comme la pauvre bête se mit alors à parler à son maître, qui la maltraitait, notre docteur a été assez heureux pour trouver là l'étymologie du mot Dialogue, discours à deux.
DIABLE (bon ou mauvais), bon ou mauvais garçon.
DIABLE (bran de), assa fetida. Ainsi nommé à cause de sa mauvaise odeur.
DIANTRE! diable!
DIEU PLAIT (si), s'il plaît à Dieu.
DIGONNER, importuner, travailler lentement. P. H.-N.
DIGUER, piquer. B.-N.
DIGUET, bâton pointu, long de 50 à 60 centimètres, qui sert à ramasser le blé pour l'engerber.
DINDE (un), une dinde.
DINDE (grande), femme de haute taille; terme de mépris. P.
DINDOT, dindon.
DIO, Voy. Dia.
DIOT, idiot, simple. H.-N.
DIOTISE, bêtise, simplicité. H.-N.
DISCOMPTE, escompte. H.-N.
DISCOMPTER, escompter. H.-N.
DISCRÉDITÉ, décrédité.
DISPUTER, gronder, être en colère. B.-N.
DIZIAU, dizeau, réunion de dix gerbes.
D'L', de, de la.
DODO, lit. P. Espèce de camisole.
DODO (faire), dormir.
DOGUE, patience, plante.
DOLER, équarrir, préparer le bois avec une hache ou autre instrument tranchant.
DORÉE, tartine couverte de beurre, de fromage, de confitures, etc. B.-N.
DORER, étendre une pâte quelconque sur un objet.
DORLOTER, traiter, élever un enfant avec soin. P.
DORMEUSE, coiffure de femme. La dormeuse se distingue du pierrot, en ce qu'elle ne se prolonge point en arrière et qu'on la noue sous le menton.
DOSSES, premières planches de l'arbre où se trouve l'aubier et quelquefois une portion d'écorce.
DOUCHE, douce.
DOUCHEUR, douceur.
DOUCHINER, entourer de petits soins. H.-N.
DOUILLE, rossée. P.
DOUILLER, battre. P.
DOULIANT, douloureux, sensible.
DOUTANCE, doute. P.
DOUX-LEVÉ (pain), dont la pâte n'a pas suffisamment levé et dont la croûte forme des espèces de cloches. P.
DRAGIE, mélange de vesce et d'avoine qu'on sème au printemps.
DRAGIES, dragées.
DRAME, prise; en anglais, le mot dram signifie petite quantité.
DRAMER, priser, aspirer par le nez.
DRÉCHER, dresser. P.
DRÈS, DRÈS QUE, dès, dès que.
DRET, droit. P.
DRET (tout), justement.
DRET DE (au), vis-à-vis. H.-N.
DRET-NOEUD, double nœud. B.-N.
DRIAN, DRIEN, Adrien.
DROGUE, mauvaise marchandise.
DROGUER, attendre longtemps. P. B.-N.
DROLESSE, femme hardie. H.-N.
DROUILLE, boue, sauce trop claire.
DRUIRE; en parlant des oiseaux qui commencent à avoir des plumes.
D'S', des, devant une voyelle.
DU DEPUIS, DU DEPUIS QUE, depuis, depuis que. H.-N.
DUIRE, corriger, réformer; du latin ducere, conduire. P.
DUMET, duvet. B.-N.
DURANT QUE, pendant que.