Dictionnaire grammatical du mauvais langage: ou, Recueil des expressions et des phrases vicieuses usitées en France, et notamment à Lyon
Il faudroit même avec un s, parce qu'il est adjectif de prisonniers. Mais Voltaire est tombé dans la faute qu'il condamne, lorsqu'il a dit:
Mais lorsque même est adverbe, il ne prend jamais d's. Racine a cependant commis cette erreur.
Cachoient mes cheveux blancs sous trente diadêmes.
Il faut même sans s, parce qu'il est adverbe; c'est comme s'il y avoit, et la victoire aussi.
Menue. Petites herbes de la salade; dites, fournitures, s. f. Menue est un adjectif.
Messelier. Celui qui garde les récoltes; dites, messier, s. m.
Messi. Expression de remercîment; dites, merci: merci, Monsieur.
Midi. Il est midi précise. Cette expression renferme un solécisme. Le mot midi est masculin; dites, il est midi précis.
Mieux. Il a mieux de cent mille livres de rentes. Jamais l'adverbe mieux ne s'emploie pour plus; dites donc, il a plus de cent mille livres de rentes. Mieux exprime la manière, et plus la quantité; ne dites pas: il aime mieux sa fille que son fils; mais dites: il aime plus.
Mignotise. Espece de petit œillet; dites, mignardise, s. f.
Mite. Gants de femme qui n'ont que le pouce; dites, mitaines, s. f.: il m'a donné de jolies mitaines.
Mœurs. Ne prononcez pas l's, à moins que ce mot qui n'a point de singulier, ne soit suivi d'un autre qui commence par une voyelle.
Moi. Ce pronom de la premiere personne, et les autres, occasionnent des erreurs dans la place qu'on leur fait occuper: donnez-moi-le, donnez-lui-le, sont des fautes communes; il faut savoir, pour les éviter, que le régime direct exprimé par le, la, les, etc., se place toujours avant le régime indirect; dites, donnez-le-moi; donnez-le-lui. On tombe encore dans une faute à l'égard du pronom personnel; on dit, menez-m'y, pour dire, menez-y-moi, ou mieux, il faut m'y mener, et jamais, menez-moi-zy. Venez-moi voir est encore une expression très-usitée, et qui n'est pas correcte. Quand ce pronom régime est avant le verbe, il faut employer me au lieu de moi; dites, venez me voir; venez me parler, et non pas venez-moi parler.
Moine. Jouet d'enfant, qu'on fait tourner à coups de fouet; dites, sabot, s. m.: faire aller son sabot.
Monter. Il a monté; dites, il est monté; ces deux expressions sont exactes, mais ne se disent pas indifféremment. Le verbe avoir marque l'action, et le verbe être l'existence ou le repos; si donc vous voulez n'avoir égard qu'à l'état, sans considérer l'action du sujet qui l'a faite, dites, il est monté. Dans ces deux questions: la procession est-elle passée? la procession a-t-elle passé? la seconde differe de l'autre, en ce que, dans la premiere, je ne fais attention qu'à l'action, qui a pu être faite ou non: a-t-elle passé aujourd'hui? et non, est-elle passée aujourd'hui?
Monticule. Ce mot est masculin, ainsi que mont, dont il est le diminutif; dites, un monticule, s. m.
Mordure. Dites, morsure, s. f.
Mornains. Sorte de raisins qui ont les graines rondes, et ordinairement claires; dites, chasselas, s. m.: j'aime le chasselas.
Morte. Endroit d'une riviere où l'eau tourne; dites, tournant d'eau. On dit morte, pour cessation de travail; le mot morte n'est pas françois dans ce sens.
Moucher. Je mouche beaucoup; dites, je me mouche beaucoup, en redoublant le pronom de la premiere personne. Ce verbe exprimant une action, il faut faire connoître sur qui elle se fait: je mouche la chandelle.
Mouchon. Le bout de la mèche d'une chandelle allumée; dites, moucheron, s. m.; et mouchure, pour désigner ce qu'on a retranché d'une chandelle qu'on a mouchée.
Moudre. Je moulus, je moulois, j'ai moulu, je moudrai, que je moule, que je moulusse.
Moule. Jeter au moule; cette expression n'est pas correcte; dites, jeter en moule.
Mourve, mourveux. Dites, morve, morveux.
Moutardelle. Gros saucisson qui vient d'Italie; dites, mortadelle, s. f.
Moyennant que, n'est pas françois: j'y irai moyennant que vous y soyez; dites, pourvu que.
N.
Nerte. Sorte d'arbrisseau toujours verd, dont les feuilles sont menues; dites, myrte, s. m. Le myrte étoit consacré à Vénus. Nerte signifioit autrefois, noirceur, noirâtre.
Neuf. Nom de nombre. Suivi d'un mot qui commence par une voyelle, l'f finale se change en v dans la prononciation: neuf enfants; prononcez, neuv enfants.
Niguedouille. Sot, niais: vous êtes un niguedouille; dites, nigaud, d'où l'on a formé le verbe nigauder, action de faire des nigauderies.
Nioche. Cette fille est nioche; dites, lâche ou nonchalante.
Nogat. Espece de gâteau où l'on met des amandes; dites, nougat, s. m.
Nonante, nonanter. Faire quatre-vingt-dix au piquet; dites, faire repic; et au lieu de soixanter, dites, faire pic.
Nourriceux. Mari d'une nourrice; dites, nourricier, s. m.
Nourrissage d'un enfant; dites, allaitement.
Nouveau. Savez-vous quelque nouveau? dites, nouvelle, qui est substantif dans ce sens, au lieu que l'autre est toujours pris adjectivement.
O.
Observer. J'observe à la cour. Ce mot signifie remarquer; on ne remarque pas à quelqu'un, on lui fait remarquer; dites donc, je fais observer à la cour; je vous ferai observer, et non pas, je vous observerai; à moins qu'on ne veuille dire, je vous épierai, je vous soignerai. Cette faute est d'autant plus à remarquer, que nos meilleurs auteurs ne s'en sont pas garantis.
Occasion. Avez-vous occasion de cette marchandise? Cette locution est vicieuse: on peut bien acheter telle marchandise par occasion, mais on n'a pas occasion d'une chose, on en a besoin.
Oignon. Ne prononcez pas l'i, le g est mouillé. Ne dites pas, une liasse d'oignons, mais un chapelet d'oignons, ou plutôt, une glane d'oignons.
On. Le pronom indéfini on ne se met pas toujours indifféremment pour l'on. Il faut se servir de on quand il n'y a point de voyelles qui se heurtent rudement, et autrement mettez l'on: on se souvient des services qu'on a rendus, et l'on oublie souvent ceux que l'on a reçus. Mais la poésie, en vertu de ses licences, emploie l'un et l'autre indifféremment.
Ongle. Partie dure et ferme qui couvre le dessus du bout des doigts: de grandes ongles. Ce substantif est toujours masculin; dites donc, de grands ongles, des ongles longs.
Onglet. Ce qui garantit le doigt; dites, doigtier, s. m.
Oragan. Grand orage, tempête violente; dites, ouragan, s. m.: un grand ouragan.
Oratoires. Il y avoit à Lyon une communauté de prêtres qu'on nommoit Oratoriens, et la place où étoit située leur église, s'appelloit et s'appelle encore, place de l'Oratoire, ou place des Oratoriens, et non place des Oratoires.
Orge. Ce mot est féminin, excepté dans cette phrase: de l'orge mondé.
Orgues. Instrument. Ce mot est masculin au singulier, et féminin au pluriel; vous direz donc, un bel orgue, et de belles orgues.
Oubli. Pâte légere en forme spirale: marchand d'oublis, dites, oublies, s. f.: de bonnes oublies.
Ouiller. Ce mot manque à notre langue. On dit, remplir les tonneaux, vin de remplage; c'est-à-dire, le vin qui sert à remplir le vide des tonneaux.
Oursin. Petit ours; dites, ourson, s. m.
Ouvrier. Jour ouvrier; l'ouvrier est celui qui travaille, qui fait son métier, son œuvre; dites, jour ouvrable, en parlant du jour consacré au travail.
P.
Pache. Faire une pache, pour dire, un marché, une convention.
Paillasse. Ouvrage d'osier dans lequel on met le pain pour le porter au four; dites, panier à pain. On ne doit pas se servir du mot paillasse, pour exprimer la toile du lit, dans laquelle on met la paille; cela s'appelle, garde-paille, s. m.
Pain enchanté. Dites, pain à cacheter. On nomme pain à chanter, le pain que le prêtre consacre à l'autel. De là est venu ce mot, qu'on a corrompu.
Paire. Une chose unique, composée de deux pieces. Ne dites pas, un paire; ce mot est féminin; dites, une paire.
Paniere. Ouvrage de maçonnerie sur lequel repose l'âtre; dites, ceintre de la cheminée.
Panneau. Piece de bois qui se met en travers au-dessus d'une porte ou d'une fenêtre; dites, linteau, s. m.: le linteau de la porte est cassé.
Pantomine. Sorte de ballet ou d'acteurs qui s'expriment par des gestes; dites, pantomime, s. m. en parlant de l'acteur, et féminin en parlant de la danse. Ce nom est formé de deux mots grecs, pantos, tout, et mimos, imitateur. C'est un adjectif pris ordinairement en qualité de substantif: un acteur pantomime, une danse pantomime.
Pâque. Ce mot est féminin quand il signifie la fête des Juifs (la Pâque), et masculin quand il exprime celle des chrétiens; alors, il prend ordinairement un s, et n'admet point d'article: Pâques est venu; et au pluriel, il est toujours féminin: Pâques fleuries.
Par terre. Mettre par terre; dites, mettre à terre. Ne confondez pas tomber par terre, et tomber à terre: ce qui tombe par terre, tient à la terre, et ce qui tombe à terre, n'y tient pas.
Parapel. Muraille à hauteur d'appui le long d'un quai; dites, parapet.
Parasine. Dites, poix résine.
Pardonnable. Cette personne n'est pas pardonnable; dites, excusable. Le premier ne se dit que des choses.
Pardonner. Pardonner quelqu'un. Le mot pardonner signifie donner le pardon; on donne le pardon à quelqu'un; dites donc, je pardonne à mon ennemi, et non pas, je pardonne mon ennemi.
Paresol. Dites, parasol; ne dites pas non plus, parepluie, parevent; mais parapluie, paravent.
Pariure, gageure. Dites, pari: faire un pari, ou une promesse réciproque de payer.
Participe. Le participe passé est un écueil pour beaucoup de personnes, et même pour quelques écrivains. Dans cet exemple,
De tes maris le triste sort?
L'un en mourant cause ta fuite,
L'autre en fuyant cause ta mort.
Faut-il dire, t'a réduit ou réduite? Voici la regle: si le participe est précédé d'un pronom régi à l'accusatif, ce participe prend le genre et le nombre du pronom. Ainsi, dans le cas dont il s'agit, je vois que le pronom la est régime de l'auxiliaire placé devant le participe; il faut donc accorder ce dernier mot avec le pronom féminin, et dire réduite. De même, lorsqu'on dit, elle s'est tuée, le est régime direct ou accusatif de l'auxiliaire; c'est comme si l'on disoit, elle a tué elle. Si au contraire le participe n'a point devant lui de pronom à l'accusatif, ou qui soit régime direct, vous ne les ferez point accorder; ainsi, vous direz: je vous ai ouvert les portes; je vous ai écrit des lettres; au lieu que vous diriez, s'il y avoit un pronom régime direct: les portes que j'ai ouvertes, les lettres que j'ai écrites. Si le pronom est regi par le verbe qui suit le participe, il n'y a point d'accord: la maison que j'ai fait faire. Le pronom que est régi par le verbe faire, et non pas par le participe. Mais quelle est la raison qui détermine l'accord lorsque l'objet est avant, et le rejette lorsque l'objet est après le participe? La voici: quand l'objet est énoncé avant, on connoît le genre et le nombre du nom représenté par le pronom objet, et on assujettit le participe à prendre les accidents de cet objet; mais si le participe précede cet objet, il ne s'accorde pas avec un mot dont il ne connoît ni le genre ni le nombre.
Participer à; participer de. Deux expressions différentes, et que l'on confond souvent. La premiere signifie, prendre sa part dans une chose: un associé dans une affaire, participe aux profits et aux pertes. Participer de, signifie tenir de la nature de; ainsi, on dit, qu'un minéral participe du vitriol; que le mulet participe de l'âne et du cheval. En conséquence, ne dites pas, comme certain auteur critique: «Le style de ce discours devoit naturellement participer au vice du sujet»; dites, devoit participer du vice.
Passer. Passer du linge; dites, repasser.
Patat. Ancienne monnoie; dites, patard, s. m.
Pâté. Mélange de pain et de viande pour les animaux. Ce substantif est du genre féminin; dites, donner la pâtée. Pâté est un mêts que fait le pâtissier. Ce dernier est masculin.
Patis. Le patis d'une poule; dites, le jabot.
Patte. Patte à briquet, patte mouillée. Ce mot ne se prend plus dans ce sens; il signifie le pied d'un animal: patte de devant; animal à quatre pattes. Chiffon, s. m., mauvais linge, sont les seuls mots qui peuvent exprimer la premiere idée. On trouve cependant dans des auteurs du quinzieme et du seixieme siecles, et notamment dans Françoise Labbé, patte mouillée; ce qui prouve que ce terme a été long-temps en usage, même parmi les écrivains. Patte mouillée est devenue une expression proverbiale; mais à Lyon, la premiere dénomination a prévalu.
Pége. Matiere gluante et noire; dites, poix.
Pêcherie. Lieu où l'on vend le poisson; dites, poissonnerie. La pêcherie est l'endroit où se fait la pêche.
Pelosse. Fruit d'un arbre qui croît dans les buissons; dites, prunelle, s. f., et appelez l'arbre, prunelier.
Pendule. Signifiant poids d'une pendule, est masculin; et signifiant horloge, il est du genre féminin: on a ôté le pendule de cette pendule.
Penser. Représenter quelques images à son esprit. Le peuple fait souvent de ce verbe, un verbe passif, en disant, je me suis pensé, pour j'ai pensé. Je me suis pansé, écrit avec un a, signifie qu'on a levé l'appareil d'une plaie, ou qu'on y a appliqué les choses nécessaires. C'est dans ce dernier sens qu'un Roi de France fit une excellente réplique à un de ses sujets qui faisoit de fréquens voyages en Angleterre: Qu'allez-vous faire si souvent dans ce pays, lui demanda le Monarque? Apprendre à penser, répondit le sujet: les chevaux? répliqua Louis XV.
Percerette. Outil de fer propre à percer; dites, vrille, s. f.: cette vrille est trop petite.
Perdrigone. Sorte de prune; dites, perdrigon, s. m.: perdrigon blanc.
Pereroux. Artisan qui fait et vend des chaudrons et autres ustensiles de cuisine; dites, chaudronnier, s. m.: il est bon chaudronnier. Ce mot vient de pérole, usité encore en Languedoc, pour exprimer un chaudron; on disoit autrefois, perrolier, marchand de chaudrons. Il y a à Lyon une rue qu'on appelle de la Pérollerie, sans doute, parce qu'on y vend des ustensiles de cuisine, qu'on nommait autrefois pérolleries.
Pesanter. Soutenir un poids pour juger ce qu'il pese; dites, soupeser: soupesez cela.
Pétriere. Grand coffre de bois dont on se sert pour pétrir le pain; dites, pétrin, s. m.: il y a assez de farine dans le pétrin.
Picarlat. Petit faisceau de morceaux de bois liés par les deux bouts; dites, cotrets, s. m.: achetez une charge de cotrets.
Picou de cerise; dites, tige ou queue.
Pichon. Petit chien; dites, bichon, et au féminin, bichonne.
Pidance ou pitance. Le premier de ces mots n'est pas françois; et le dernier est pris dans une fausse acception; c'est-à-dire, qu'on en restreint la signification aux mêts, tandis qu'il exprime la portion de pain, de vin et de viande, qu'on donne à chaque repas dans une communauté: double pitance, s. f. Quelques étymologistes prétendent que ce mot vient de pitacium, tablette enduite de poix ou de cire. Dans l'Hôtel-dieu, personne ne recevoit sa portion de pain ou de viande, sans être inscrit sur le catalogue de la maison.
Pigeon patou. Oiseau domestique; dites, pigeon pattu: une paire de pigeons pattus. Je crois que ce mot pattus vient de patulus, épais; parce qu'en effet ces sortes de pigeons ont les pattes plus larges et plus épaisses que les autres.
Pigrieche. Pie criarde, et au figuré, une femme d'une humeur aigre et querelleuse; dites, pie-grieche, s. f.
Pilliet. Piece de toile qu'on met aux enfants, en guise de serviette; dites, bavette, s. f.: cet enfant est à la bavette.
Pillocher. Manger négligemment; dites, pignocher, v.
Pince. Instrument de fer pour arranger le feu; dites, pincettes, s. f. pl. La pince est un pli fait au linge. C'est encore une espèce de tenaille.
Pincer. Pincer de la harpe: pincer la harpe me sembleroit plus exact; c'est, peut-être, par ellipse qu'on dit, pincer de la harpe, comme on dit toucher du clavecin, au lieu de, pincer les cordes de la harpe, toucher les touches du clavecin.
Pine-vinette. Arbrisseau garni de piquants; dites, épine-vinette, s. f.
Pipi. Petite peau blanche, qui vient quelquefois au bout de la langue des oiseaux, et qui les empêche de boire; dites, pepie, s. f. On dit familierement qu'un homme a la pepie, pour dire qu'il a soif.
Pitrogner. Écraser et broyer; dites, patrouiller, v.
Platte. Bateau où l'on lave; dites, bateau de lessive: la lavandiere est déjà revenue du bateau de lessive. C'est une dénomination locale qui signifie un bateau plat, où l'on se tient pour laver; cette usine ayant une destination particuliere, il faut un terme particulier aussi; mais ce mot n'est consacré dans aucun dictionnaire.
Plie. Dites, une levée, une main de cartes. On dit souvent au piquet: j'ai six plies; dites, six levées, s. f.
Plotte. Petit coussinet pour ficher des épingles; dites, pelote, s. f. un peloton, s. m.: rendez-moi ma pelotte, ou mon peloton.
Plus; plus pire. Cet adjectif n'admet jamais le comparatif plus. Pire est lui-même le comparatif de mauvais: il n'est pire eau que l'eau qui dort. On ne dit pas non plus: Il est plus bon qu'un autre.
Pluvigner. Il pluvigne, il tombe une pluie fine. Ce mot n'est pas françois; dites, il pleut, ou servez-vous d'une périphrase, comme dans l'explication.
Poche. Mettez votre mouchoir à votre poche; dites, dans votre poche.
Pochon. Dites, tache d'encre ou pâté. On a fait pochon du verbe pocher. Pocher un œil. Pocher, en terme d'écriture, signifie barbouiller.
Pois gourmands. Dites, pois goulus.
Pontonier. Celui qui conduit une barque et qui traverse les personnes; dites, passeur, s. m. Le pontonier est celui qui perçoit les droits de pontonage; mais, pour l'ordinaire, le passeur est aussi le pontonier.
Portable. Cet habit n'est plus portable; dites, cet habit n'est plus mettable.
Portant. Ne dites pas, il est bien portant; dites, il se porte bien. Voltaire trouvoit ridicule notre expression, il se porte bien, pour dire, il jouit d'une parfaite santé; mais on ajoute au ridicule, en disant, il est bien portant. Ce verbe étant actif, il veut un régime; sans quoi, on pourroit demander: portant quoi? il faut donc le conjuguer avec deux pronoms personnels. Cette expression cependant est reçue généralement.
Portion. Breuvage. Portion cordiale; dites, potion, s. f.: potion calmante.
Postume. Enflure avec putréfaction; dites, apostême.
Potet. Petit vaisseau où l'on met la mangeaille des oiseaux; dites, auget, s. m., diminutif de auge.
Poture. Mettre un cheval en poture, pour dire, mettre un cheval saisi, dans une écurie, aux dépens du propriétaire; dites, mettre un cheval en fourriere.
Poturon. Espece de citrouille; dites, potiron, s. m.
Poule grasse. Herbe bonne à la salade; dites, mâche, s. f.: de la mâche ou salade de chanoine.
Poumonie. Maladie des poumons; dites, pulmonie, s. f. On appelle pulmonique celui dont les poumons sont attaqués, et non poumonique.
Pourpe; pourpeux. Ce fruit n'a point de pourpe, c'est-à-dire, de parties charnues; dites, poulpe, s. f., poulpeux: poisson poulpeux, qui a de la poulpe.
Pourreau. Plante potagere, d'un goût fort, et qui est d'un grand usage pour la soupe; dites, poireau ou porreau, s. m.; achetez des porreaux.
Poutre. Grosse piece de bois, qui sert à former les planchers, ou plutôt à les soutenir. Ce substantif est féminin; dites, une grosse poutre.
Près, prêt. Elle est prête à accoucher. Cette expression n'est pas correcte et rend mal la pensée. Il faut distinguer l'adjectif prêt, de la préposition près. Le premier de ces mots signifie préparé, disposé, et demande après lui la préposition à: il est prêt à partir. Le second marque l'approche: elle est près d'accoucher. Celui qui est près de mourir, n'est pas toujours prêt à mourir. Cette faute se trouve souvent dans les vers de Racine, et quelquefois dans les œuvres de J. J. Rousseau.
Presson. Barre de fer; dites, pince ou lévier.
Preuve. Rejeton d'un cep de vigne, mis en terre pour prendre racine; dites, provin, d'où l'on a formé le verbe provigner.
Prévalue. J'ai été contraint de payer cent louis, pour la prévalue de mes fonds; dites, pour la plus-value.
Prévenir. Cela prévient de telle cause; dites, cela provient. Le mot prévenir signifie, aller au devant; et le mot provenir, veut dire qui vient de, qui dérive de: la bonté provient quelquefois du bonheur.
Prie-Dieu. Se mettre à genoux sur un prie-Dieu: dites, prié-Dieu, s. m.
Profiter une chose. Je profiterai bien cette étoffe: on profite d'une chose, on en tire bon parti, mais on ne profite pas une chose.
Promener. Je promene beaucoup. Il faut conjuguer ce verbe, avec deux pronoms personnels, à moins que le sujet ne soit différent de l'objet, ou le nominatif de son régime: je me promene, tu te promenes, il se promene, etc.
Prorata. Être taxé à prorata de sa fortune; dites, au prorata, c'est-à-dire, à proportion, à raison, etc.
Puer. Se conjugue ainsi à l'indicatif présent, je pus, tu pus, il put, et non, je pue.
Purésie. Douleur de côté, piquante et très-violente, causée par l'inflammation de la plevre; dites, pleurésie, s. f.: il a une pleurésie.
Q.
Quadrupler, v. Qui vaut quatre. Il faut prononcer ce mot ainsi: quoadrupler; quadrupler ses rentes. Il faut prononcer de même, quadruple, quadrupede, quadrature, etc.
Quand. Il est arrivé quand vous; dites, il est arrivé en même temps que vous. Le mot quand, pris en qualité d'adverbe, signifie, en quel temps; mais il ne veut jamais dire, en même temps.
Quelqu'un. Un quelqu'un m'a dit que la paix alloit se conclure. Le mot quelqu'un ne doit pas prendre le pronom indéfini un devant lui; dites simplement, quelqu'un m'a dit.
Quérelle. Contestation. L'e de la premiere syllabe est muet; dites, querelle, s. f.: une querelle. Quereller.
Quina. Dites, quinquina, s. m. Le quinquina est un tonique.
Quincher. Crier d'un ton aigre. Nous n'avons point de verbe qui exprime cette maniere de crier.
R.
Rabilleur. Celui qui fait profession de remettre les os rompus ou disloqués; dites, bailleul ou renoueur, s. m.: le bailleul lui a remis le bras. Ce mot vient de r'habiller, remettre les habits, les raccommoder.
Rablet; rablé. Homme rablet, c'est-à-dire, homme fort et robuste, qui a le rable épais; dites, rablu, adj.: un homme rablu.
Rache-pied. J'ai travaillé six heures de rache-pied, c'est-à-dire, sans relâche; dites, d'arrache-pied, expression adverbiale.
Racle-fourneau. Celui qui fait le métier de ramoner les cheminées; dites, ramoneur, s. m.: Faites venir le ramoneur.
Radée. Grosse pluie survenue tout-à-coup; dites, averse, s. f. Nous étions au chemin au fort de l'averse.
Radice. Sorte de gâteau que font les pâtissiers; dites, brioche, s. f.; voilà une bonne brioche.
Raffouler et raffoler. Gronder, se fâcher. Le premier de ces mots n'est pas françois; le second n'exprime point l'idée qu'on y attache. Raffoler, signifie se prendre de passion pour quelqu'un ou pour quelque chose: il s'est pris de passion pour cet ouvrage, il en raffole continuellement.
Rafroidir. Le dîné se rafroidit; dites, refroidit, en faisant l'e muet.
Raillé. Il se dit des étoffes, dont le tissu est relâché, ou effilé; dites, éraillé, adj.: mon jupon est tout éraillé.
Ramoulade. Espece de sauce piquante; dites, rémolade, s. f.: cette rémolade est bien faite.
Ranche. Sur la même ranche; dites, sur la même ligne ou rangée.
Rancuneur. Qui garde de la rancune; dites, rancunier, adj: cet homme est bien rancunier.
Ranger. Il y a une différence à faire entre ranger et arranger. On range pour mettre de l'ordre, et on arrange, pour donner de l'agrément. Ne dites pas, cette femme a ses cheveux et son bonnet bien rangés, mais bien arrangés: ses robes sont bien rangées, c'est-à-dire, serrées dans une armoire. On arrange un appartement, pour s'y loger commodément; on le range pour qu'il n'y ait point de confusion dans les meubles. On arrange une bibliothèque, pour la mettre en état de recevoir les livres qu'on doit y placer; et on y range les livres, dans l'ordre qu'ils doivent avoir, pour qu'on les trouve facilement. Il ne faut pas s'étonner qu'on ait confondu le mot ranger, qui signifie ordre, avec le mot arranger, qui porte l'idée d'agrément et de commodité; il n'y a point d'agrément ni de commodité, sans ordre.
Rappeler. Je ne m'en rappelle pas. Il y a un solécisme dans cette phrase: on se rappelle quelqu'un, quelque chose, et non pas, de quelqu'un, de quelque chose. Ce verbe est actif, comme appeler dont il est le duplicatif; dites donc, je me le rappelle, ou je m'en souviens.
Rapport. Ne dites pas, par rapport que, mais par rapport à ce que.
Rase. Il a mis le pied dans la rase; dites, ruisseau, s. m.: il a mis le pied dans le ruisseau.
Rassie. Une miche rassie; une femme rassie; une humeur rassie. Le mot rassis, est le participe passé du verbe rasseoir, et ce participe fait rassise au féminin, comme assis fait assise: une miche rassise, une femme assise. Un poète a dit:
Fasse un Sonnet, une Ode, une Élégie,
Je le crois bien;
Mais que l'on ait la tête bien rassise,
Quand on en fait métier et marchandise,
Je n'en crois rien.
Rate-volage. Espece d'oiseau nocturne, qui a des ailes membraneuses, et qui ressemble à une souris; dites, chauve-souris, s. f.
Rave. Petite rave, espece de racine; dites, raifort, s. m.
Rayon. Planche qu'on met dans un buffet ou une armoire, contre un mur, pour y entreposer quelque chose; dites, tablette: les tablettes d'une armoire, d'une bibliothèque, et non pas les rayons. Les Suisses appellent ces tablettes, des tablards. Remarquez que le mot rayon doit se prononcer comme si l'a étoit un e, parce que l'y tient la place de deux i.
Rebiffade. Brusquerie; maniere de rebuter; dites, rebuffade, s. f.: j'ai essuyé plusieurs rebuffades de sa part.
Rebiffer. Il se rebiffe contre son maître; dites, il se rebeque, v.
Rebrouer. Repousser avec rudesse et mépris; dites, rabrouer, v.: je l'ai rabroué de la belle maniere.
Recolte. Dites, récolte, en mettant et prononçant l'e fermé.
Recouvrir. Il a recouvert son bien et sa santé; dites, recouvrer, recouvré. Recouvrir, c'est couvrir une seconde fois; recouvrer, c'est récupérer, retrouver, ravoir.
Redonder. Un son qui redonde, un son redondant. Redonder, signifie, être superflu, être surabondant; un son résonne; un lieu, une grotte, une voûte, retentit du son qui la frappe.
Redouble. Avoir la fiévre avec des redoubles; dites, redoublemens, s. m.
Refoin. L'herbe qui repousse après que les prés ont été fauchés; dites, regain, s. m.
Règle. On prononce le premier e de ce mot fort ouvert, en le marquant d'un accent grave. Cette prononciation est vicieuse; cet e est moyen, et rejete, par conséquent, tout signe orthographique: j'en dis autant des mots, il achève, il soulève; il faut leur donner le son du premier e de pere, mere. Regle, souleve, acheve, changent la prononciation qu'ils ont à l'infinitif, à cause de l'e muet final.
Regnicole. On prononçoit autrefois fortement le gn, comme dans ignée, stagnation, inexpugnable, gnome; on prononce aujourd'hui, comme dans regne.
Regret. Faire regret; cela fait regret; c'est une phrase insignifiante. On a du regret, on cause du regret; mais on ne fait pas regret. Par cette derniere expression, on veut faire entendre que cela répugne, que cela fait mal au cœur.
Reguelisse. Faire de la tisanne avec du reguelisse; dites et écrivez, de la réglisse. Ce mot est féminin et n'a que trois syllabes.
Reguingotte. Espece de casaque plus large et plus longue qu'un habit, pour se garantir de la pluie; dites, redingotte, s. f.: Prêtez-moi une redingotte.
Reins. Des reins fortes, dites, des reins forts. Ce nom est masculin et toujours pluriel.
Releveuse; releverie. Dites, sage-femme.
Remarquer. Je vous remarquerai; dites, je vous ferai remarquer. Voyez, observer.
Remise. Sorte de voiture; dites, un remise, s. m.: un remise vaut mieux qu'un fiacre: la remise est l'endroit où l'on met le remise.
Remonder. Dites, émonder.
Remorier. Se ressouvenir; dites, remémorer ou se remémorer, v. Je voudrois bien me remémorer ce qu'il m'a dit. Ce mot vieillit.
Rempailler. Mettre de la paille à des chaises; dites, empailler une chaise.
Remué. Remué de germain; dites, issu de germain.
Remuer. Se remuer, changer d'appartement; dites, déménager, v.
Rencontre. J'ai eu un bon rencontre. Ce mot étoit autrefois masculin. Il y a, à Lyon, une rue, qu'on nomme rue du Bon-rencontre. Ce mot à présent est féminin, excepté dans l'appellation de la rue dont il s'agit.
Renette. Pomme renette; dites, de reinette. Les pommes de reinette sont un peu tardives.
Renvenir. Ce mot n'est pas françois; dites, s'en retourner, s'en revenir. Il s'est en allé, est aussi une expression vicieuse; dites, il s'en est allé.
Repartir; partager, distribuer, prend un accent aigu sur l'e: répartir, v. Répartie, réponse saillante; le premier e est muet; dites, repartie, sans accent, s. f.
Répentir. Le premier e est muet; dites, sans accent, repentir.
Repetasser. Raccommoder grossiérement; dites, rapetasser, v.
Repondre; reponse. Il faut toujours mettre et prononcer un accent aigu sur le premier e de ces mots: répondre à quelqu'un.
Reposer. Prenez la peine de vous reposer; expression qu'une fausse politesse a introduite: il n'y a point de peine à se reposer. Les termes sont en contradiction avec eux-mêmes, ainsi que dans cette autre locution: prenez la peine de vous asseoir; dites, veuillez vous reposer; veuillez vous asseoir. Ce dernier verbe se conjugue ainsi, je m'assieds, tu t'assieds, il s'assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s'asseyent; je m'asseyois; je m'assis; je m'assiérai ou je m'asseyerai; je m'assierois, ou je m'asseyerois; assieds-toi, que je m'asseye, que je m'assisse.
Reprin. Ce qui sort du son, lorsqu'on le repasse; dites, recoupe, s. f.
Reprocher. Les oignons me reprochent; dites, me donnent des retours, des renvois.
Requinquiller. Cette femme se requinquille, pour dire qu'elle se pare plus qu'il ne convient à son âge; dites, se requinque.
Résimoler. Cueillir dans une vigne, ce qui reste après la vendange; dites, grapiller, v.: j'ai envoyé ces enfants grapiller dans la vigne.
Retaper les cheveux. Des cheveux retapés; dites, taper des cheveux; des cheveux tapés.
Revange. Action par laquelle on se venge du mal qu'on a reçu; dites, revanche, s. f.: prendre sa revanche. Revanger n'est pas françois; dites, revancher, v.
Ric-rac. Expression proverbiale, qui signifie à la rigueur; dites, ric-à-ric, adverbe: traiter avec quelqu'un ric-à-ric.
Rien. Je n'ai rien dîné. Le mot rien vient du mot latin rem, quelque chose; précédé d'une négation, il signifie nulle chose. Cette phrase, je n'ai rien dîné ou rien soupé, voudroit dire, je n'ai soupé nulle chose, je n'ai dîné nulle chose; expression absurde; dites seulement, je n'ai pas soupé, je n'ai pas dîné. Ces verbes ne prennent pas de régime direct. On dit: souper de quelque chose, et non quelque chose. Ce mot n'admet point la négation pas. Ainsi Racine a eu tort de dire, dans les plaideurs:
Les femmes savantes de Moliere vouloient chasser leur servante, pour avoir fait cette faute:
C'est, comme on te l'a dit, trop d'une négative.
Rien. Cela ne fait en rien, cela ne fait de rien. Barbarismes de phrases; dites, cela ne fait rien, sans employer aucune préposition devant le mot rien, qui signifie chose, et aucune chose, quand il est précédé d'une négation.
Ripopé. Ce vin n'est que de la ripopé. Ce mot est masculin; dites, du ripopé.
Risoler. Faire rôtir. Risoler des marrons; dites, rissoler, v.: vous n'avez pas assez rissolé les châtaignes.
Robinet. Dites, fouet, s. m.
Role. L'o dans ce mot est long et marqué d'un accent circonflexe. On écrivoit autrefois, roole pour allonger la premiere syllabe. J'en dis autant du verbe enrôler, qui est formé du premier.
Ruelle de veau. Dites, rouelle.
Ruette. Petite rue; dites, ruelle, s. f.
S.
Sable. De la sable noire. Ce mot est masculin; dites, du sable noir. L'a est long, ainsi que dans sablon.
Sablier. Boîte dans laquelle on met du sable ou du poussier, pour sécher l'écriture; dites, poudrier, s. m. Le sablier est une horloge de verre qui mesure le temps par le moyen du sable.
Sacristaine. Celle qui, dans un monastere de filles, a soin de la sacristie; dites, sacristine, s. f.: j'ai remis la chasuble à la sacristine.
Sade. Qui a de la saveur: cette sauce est sade. Ce mot autrefois signifioit, gentil, élégant, dont l'opposé est maussade; aujourd'hui l'on dit d'un fruit, qu'il est savoureux, d'une sauce, qu'elle est piquante.
Sang. Ne prononcez pas le g, à moins que ce mot, ainsi que long et rang, ne soit suivi d'une voyelle, et alors le g se prononce comme un c. Suer sang et eau: un rang élevé, un long ouvrage.
Sans dessus dessous, sans devant derriere. Écrivez, sens dessus dessous, sens devant derriere; c'est-à-dire, que le sens de dessus se trouve dessous, et que le sens de devant se trouve derriere.
Sardagne. Royaume; dites et écrivez, Sardaigne: le Roi de Sardaigne.
Sarron. Mettre du sarron sur l'écriture; dites, poussiere, ou sciûre de bois.
Saulée. Allée plantée de saules; dites, saussaie, s. f. Le premier seroit plus conforme à l'analogie; mais il est moins conforme au bon usage, et l'usage est la loi suprême des langues.
Sauter en l'air. Pléonasme. On dit fort bien sauter aux nues, pour s'impatienter fort; mais il n'est pas permis de dire, sauter en l'air. Le premier mot suffit, parce que, dès qu'on saute, on est en l'air. Je conviens que sauter en l'air marque particulierement qu'on saute en s'élevant; c'est le contraire de sauter en bas. Je ne crois pas néanmoins que ce pléonasme soit autorisé par le bon usage.
Savoir à dire. Je vous le saurai à dire; dites, je vous en informerai.
Savourée. Herbe dont on assaisonne les sauces; dites, de la sariette, s. f.
Scarole. Sorte de chicorée; dites, scariole, s. f.: manger des scarioles.
Secousse. Prendre sa secousse, pour mieux sauter; dites, son escousse, s. f.
Seille. Vaisseau de bois, pour laver ou pour d'autres usages, qui a les bords fort bas; dites, baquet, s. m. ou petit cuvier. La premiere de ces dénominations est générale; mais elle n'en est pas moins vicieuse.
Sembler. Il semble à son pere. Sembler, signifie paroître, et non pas être semblable; dites donc, il ressemble à son pere.
Sens. De sens froid; écrivez, de sang froid.
Sentinelle. Celui qui fait le guet: un bon sentinelle. Ce mot est du genre féminin; dites, une bonne sentinelle. Ce mot se prend aussi pour la fonction de la sentinelle: il fait sentinelle.
Sentir mauvais. On dit souvent: cette personne sent mauvaise; cette fleur sent bonne. Dans ces exemples, l'adjectif devient adverbe, et ne prend ni genre, ni nombre. On abuse encore de ce mot, quand on dit: je ne peux pas sentir cette personne, pour faire entendre qu'on la déteste, qu'on ne peut pas la voir, ni vivre avec elle.
Sequelette. Une sequelette. Ce mot est masculin et n'a que trois syllabes; dites et prononcez, un squelette.
Serbatane. Long tuyau par lequel on peut jeter quelque chose en souflant; dites, sarbacane, s. f.
Sercler. Ôter les mauvaises herbes dites, sarcler, du latin, sarrire, sarculum.
Serge d'amende. Étoffe de laine, qui se fabrique à Mende; dites, serge de Mende.
Serment. Bois que pousse le cep; dites, sarment, s. m.: un fagot de sarmens.
Sie. Cela sie bien; écrivez, sied, et prononcez, sioit.
Simouille. Pâte faite avec la farine la plus fine; dites, semoule, s. f.: une soupe de semoule.
Simple. En parlant d'une herbe; plante médicinale: la centaurée est une simple; dites, est un simple, s. m.
Soi. Racine a dit:
Ce vers renferme une faute contre la syntaxe de notre langue. Le pronom soi est indéfini, et par cela seul, ne convient pas dans une phrase où le sujet est déterminé. Il falloit mettre: traînant tous les cœurs après lui. Boileau est aussi tombé dans cette erreur. On dit: chacun vit pour soi, et l'égoïste ne vit que pour lui. En parlant des choses inanimées, on dit bien: la science a par soi-même beaucoup d'attraits: mais quand il est question d'une personne désignée, il faut employer lui et non pas soi. Corneille a commis cette faute,
Et Voltaire en disant:
Pour l'élever à soi descendroit jusqu'à lui.
Soigner quelqu'un. Le regarder passer, agir: mon fils m'a dit qu'il alloit au college; je le soigne, pour savoir s'il me trompe; dites, je l'épie, je le guette.
Soin. Avoir du soin; dites, avoir soin, sans employer le mot du.
Soiter. Faire des souhaits. Ce verbe est composé de trois syllabes qu'il faut prononcer; écrivez et prononcez, souhaiter, v.
Solemnel. On prononce mal la seconde syllabe de ce mot. Il faut prononcer l'e et l'm comme dans la seconde syllabe du verbe condamner. Dans solemnité, solemniser l'e et l'm ont le son de l'a bref, comme dans femme, patiemment, négligemment, indifféremment, et autres semblables.
Sôme. Dites, ânesse, s. f.
Son, sa, ses. Ces pronoms ne peuvent pas être employés en toute occasion, en parlant des choses. On ne dira pas, cette maison est bien située, et ses promenades sont belles; mais on dira, les promenades en sont belles. Ne dites pas non plus, cette ville est belle, j'admire ses bâtimens; dites, j'en admire les bâtimens. Il faudroit, pour pouvoir se servir des pronoms son, sa, ses, qu'ils fussent dans un même membre de phrase.
Sonnet. Terme de jeu de tric-trac; dites, sonnez, et prononcez l'e fermé, comme l'exige toujours le z final.
Sorcilege. Maléfice dont se servent les prétendus sorciers; dites, sortilege. C'est le mot sorcier, qui induit en erreur ceux qui disent sorcilege; mais il n'y a gueres que ceux qui croient à la chose, qui prononcent ainsi le mot.
Sortir. J'ai sorti ce matin. Le verbe sortir ne se conjugue avec l'auxiliaire avoir, que lorsqu'il a un régime simple, ou, en terme de grammaire, lorsqu'il est transitif.
Soucard. Piece de toile qu'on met à une chemise; dites, gousset.
Soucis. Des soucis noirs; poils au-dessus des yeux; dites, sourcils, sans prononcer l'l.
Souillarde. Endroit où l'on lave la vaisselle; dites, lavoir, s. m.: une chambre, une cuisine, un lavoir, à louer.
Soupoudrer. Poudrer avec du sel ou de la farine; dites, saupoudrer. Saupoudrer un poisson.
Souste; souster. Pour dire qu'une carte est gardée ou défendue par une autre; j'ai le roi gardé, défendu ou soutenu.
Soustraire. Je soustrais, je soustrayois, et non pas, je soustraisois. J'en dis autant de distraire; je distrayois, et non pas, je distraisois.
Soute. Se mettre à la soute; dites, se mettre à l'abri. Il pleut, mettez-vous à l'abri.
Suel. Place où l'on bat le bled; dites, aire, s. m.: un bel aire.
Suif de cheminée. Matiere noire qui s'attache au tuyau de la cheminée; dites, suie, s. f.: noir comme la suie de cheminée.
Suite. Faites cela de suite, pour dire sans délai. Mettre de suite, signifie mettre les choses à la suite les unes des autres; dites, tout de suite, qui veut dire sans retard.
Surément. Ne mettez point d'accent sur le premier e. Ce mot est formé de sûr. On met l'accent à assurément, parce qu'il vient d'assuré.
Suspente. Retranchement d'ais, soutenu en l'air, pratiqué dans une cuisine ou ailleurs, pour loger un domestique; dites, soupente, s. f. Le peuple, qui suit les regles de l'analogie, a fait suspente du mot suspendre.
T.
Quand cette lettre est finale, on ne la prononce pas, ordinairement; à moins qu'elle ne se lie avec la voyelle suivante. Il ne faut pas la faire sonner dans respect, aspect, circonspect; le c, même, dans ces trois mots, est nul, ainsi que dans exact. Le t ne se fait pas entendre dans prompt, exempt, instinct, succint, mais bien dans fat et sot.
L'honnête homme trompé s'éloigne et ne dit mot.
Le t se prononce aussi dans tact, contact, zénith, et dans le corps des mots arithmétique, athlete, mais non dans asthme, asthmatique.
Tabac. Plante originaire de l'Amérique; ne prononcez pas le c.
Tac. Les femmes ont le tac plus fin que les hommes; écrivez et prononcez, tact, s. m. en faisant sentir le c et le t.
Tâcher. Tâcher que, est une élocution vicieuse. Ce verbe demande la préposition de, signifiant s'efforcer: tâcher d'arriver à son but. Quand il est pris pour viser, ou pour aspirer, il est suivi de la préposition à.
Talent. Profession; dites, métier, s. m. Le mot talent signifie les dons de l'esprit ou une monnoie ancienne.
Tambour. Battre du tambour; dites, battre le tambour ou la caisse.
Tamper. Tamper une maison; dites, étayer, v.
Tandis que. Ne prononcez pas l's.
Tapée. Quantité, grand nombre; c'est un vrai barbarisme; dites, multitude, ou servez-vous d'un terme équivalent.
Tarabate. Un enfant tarabate, dites, turbulent, remuant.
Taupure. Petit morceau de terre qu'une taupe éleve en creusant; dites, taupiniere, s. f. La taupure est un instrument propre à prendre les taupes.
Tel, telle; tel que, telle que.
Telles que soient leurs mœurs, tels que soient leurs états.
Il faut: quelles que soient leurs mœurs, et quels que soient leurs états. Cette faute est fréquente dans nos écrivains modernes.
Tergette. Petite plaque de fer en forme ovale, avec un petit verrou, qu'on met aux portes et aux fenêtres, pour les fermer; dites, targette, s. f.: tirez la targette.
Termoyer. Prolonger le temps d'un payement; dites, atermoyer, v.: le désordre de sa fortune l'a forcé d'atermoyer.
Testicoter. Chicaner: ils sont toujours à se testicoter, pour dire, ils se querellent sans cesse.
Thériacle. Du thériacle. Ce mot est du genre féminin; dites, de la thériaque.
Thétiere. C'est ainsi qu'on nommoit autrefois le vase dont on se sert pour faire le thé; dites, théïere, s. f.
Tic. Prendre quelqu'un en tic, c'est-à-dire se prendre défavorablement contre quelqu'un. On dit, se prendre de grippe contre quelqu'un.
Tignasse. Mauvaise perruque; dites, teignasse, s. f.
Tisonnasse. Charbon mal cuit et qui jete de la fumée; dites, fumeron, s. m.
Tomber. Ce verbe ne se conjugue point avec l'auxiliaire avoir. Voltaire a eu tort de dire:
Eût tombé dans le piége à mes pas présenté.
On ne diroit pas, si la pluie avoit tombé, mais si la pluie étoit tombée. Il faut le conjuguer avec le verbe être.
Tonne. Berceau couvert de verdure; dites, tonnelle, s. f.
Toucher du clavecin, de l'orgue, du forté-piano, de l'épinette, etc. On touche l'orgue, le clavecin, et non de l'orgue, du clavecin; c'est-à-dire, on touche des doigts ces instrumens. Cependant l'usage l'emporte sur la logique.
Tour de main. C'est-à-dire, en aussi peu de temps, qu'il en faut pour tourner la main; dites; tournemain. Le tour de main, est un tour de subtilité et d'adresse.
Tourner. Tourner tout le corps; dites, bouleverser tout le corps.
Tourterelle. Oiseau qui hante les bois. Quand on parle de cet oiseau, comme bon à manger, on le nomme tourtre: servir des tourtres.
Tra. Ce mot est dérivé de trabs; dites, solive, s. f.
Tranchet. On dit communément d'une chose qui a été choisie avec soin, qu'elle a été triée sur le tranchet; dites, sur le volet. Le volet est un petit ais rond sur lequel on trie les choses menues, telles que le riz, l'orge, etc. Le tranchet est un outil tranchant dont les cordonniers se servent pour couper le cuir.
Transiger. Observez que la lettre s, dans ce mot, quoique placée entre une voyelle et une consonne, a cependant le son du z, ainsi que dans transaction, transition, transitoire, Alsace, Alsacien, balsamine, balsamique.
Traque. Cette fille est bien traque; dites, vive, enjouée ou étourdie.
Traquerie. Ce mot n'est pas françois; dites, étourderie, s. f.
Travers. Il y a une faute dans ce vers de Boileau:
À travers veut toujours après lui le régime direct; et au travers doit être suivi de la préposition de. Il faudroit à travers le visage, ou au travers du visage.
Traverse. On appelle traverse, le vent qui vient du couchant et traverse le méridien; dites, vent d'ouest.
Traverser le pont, la rue, pour dire, les parcourir dans leur longueur. Cette façon de parler ne rend pas l'idée qu'on a: traverser signifie parcourir l'étendue d'un lieu considéré dans sa largeur; ainsi, traverser la rue, c'est passer d'un côté à l'autre, dans le sens de la largeur. On peut parcourir une rue dans sa longueur sans la traverser: on passe le pont; on traverse la riviere sur le pont.
Trémontade. Cet homme a perdu la trémontade; pour dire, qu'il ne sait plus où il en est; dites, tramontane, s. f.
Trempe. Il est si mouillé qu'il est trempe; dites, trempé, participe passé du verbe tremper.
Trépiter. Battre des pieds contre terre; dites, trépigner, v.: il a trépigné de colere.
Tricot. Une culotte de tricot; c'est-à-dire, tricotée; dites, tricotage, soit pour marquer l'ouvrage, soit pour exprimer l'action. Un tricot est un bâton gros et court.
Tringue. Verge de fer; dites, tringle, s. f.
Tromper. Me trompe-je. Il est une regle en françois qui veut que l'on mette et prononce en pareil cas un accent aigu sur le premier e; dites donc et écrivez, me trompé-je. Il n'y a pas deux e muets de suite à la fin d'un mot.
Trompeter. Pour sonner de la trompette: trompeter, signifie annoncer, publier à son de trompe, ou au son de la trompette. On trompete les accusés décrétés de prise de corps, qui ne sont pas constitués prisonniers; et lorsqu'on veut exprimer l'action de faire rendre des sons à la trompette, on dit, sonner de la trompette.
Trop. Ne prononcer pas le p, à moins qu'il ne soit suivi d'une voyelle; j'en dis autant de beaucoup. L'o est bref, puisqu'il est suivi d'une consonne qui n'est ni l's, ni l'x, ni le z; cependant la plupart des comédiens prononcent trô; ce qui est contre les principes et le bon usage.
Troupe. Mon fils est dans la troupe; dites, dans les troupes. On dit que tel Officier conduit bien sa troupe; mais il n'est pas permis de dire au singulier, j'ai été dans la troupe, pour dire au service ou dans les troupes.
Trousseau. Le linge, les langes, et tout ce qui est destiné pour un enfant nouveau né; c'est encore ici un abus de terme; dites, layette, s. f.: ce pere a fait à ses enfans une telle layette. Le mot trousseau signifie un amas de clefs. On dit, un trousseau de clefs. Il se dit aussi des habits, des hardes, du linge, et de tout ce qu'on donne à une fille en la mariant, elle a reçu un beau trousseau; mais on n'appelle pas trousseau les hardes d'un nourrisson.
Truffe. Plante farineuse; dites, pomme de terre, s. f.: des pommes de terre cuites au jus. La truffe est une autre plante qui ne pousse ni tige, ni racines. Truffes noires, truffes blanches.
Tuilliere. Lieu où l'on fabrique la tuile; dites, tuilerie, s. f. Le palais des Tuileries, à Paris, tire son nom d'une fabrique de tuile, qui étoit établie sur le terrain où se trouve situé ce palais.
Turlubrelu. Cet homme est turlubrelu; c'est-à-dire, qu'il ne prend pas garde à ce qu'il fait; dites, hurluberlu, ou hurlubrelu.
U.
Ulcere. Il a une ulcere maligne; c'est-à-dire une ouverture dans les chairs, causée par la corruption des humeurs. Ce mot est masculin, dites, un ulcere malin.
Urinoire. Vase où les malades peuvent uriner commodément; dites, urinal, s. m.
V.
On dit, à Lyon, je vais en Vaise, je vais en Serin, au lieu de dire: je vais au faubourg de Vaise, de Serin. Les noms de petits lieux ne prennent jamais la préposition en, mais la préposition à; dites donc, je vais à Vaise, à Serin, à Bellecour.
Vergette. Brosse pour les habits. Ce mot doit toujours être employé au pluriel: voilà d'excellentes vergettes.
Vernoge. Cet endroit est vernoge; c'est-à-dire, qu'il est humide, et que le soleil n'y donne pas. Nous n'avons point de mot en françois, qui rende ces deux idées à la fois. Il faut se servir des mots de l'explication, ou autres semblables.
Vessicatoire. Médicament qu'on met sur la peau, pour faire venir des vessies; dites, vésicatoire, en ne mettant et ne prononçant qu'une s qui a le son du z étant placée entre deux voyelles. Elle a cependant le son fort dans parasol, entresol, havre-sac, vraisemblance, préséance, resaluer, présupposition, resaisir, etc. La raison en est, que chacun de ces mots étant composé, le primitif a gardé le son fort.
Vêtir. On conjugue mal ce verbe. On ne doit pas dire, je vêtis, tu vêtis, il vêtit, nous vêtissons, vous vêtissez, ils vêtissent; dites, je vêts, tu vêts, il vêt, nous vêtons, vous vêtez, ils vêtent; je vêtois; que je vête; que je vêtisse. Le premier e est ouvert et marqué d'un accent circonflexe, ainsi que dans revêtir qui est son composé.
Vicoter. Dites, vivoter, v.; fournir à peine à ses besoins.
Vieille. Instrument; dites, vielle, s. f. en retranchant le second i: jouer de la vielle.
Vieuilliers. Fleurs dont le bouton est gros et applati, dont les unes sont blanches, marbrées, violettes et jaunes; dites, giroflées, s. f.: de belles giroflées. On appelle violiers les fleurs qui croissent sur les murs, et giroflées celles que l'on cultive dans les jardins.
Vigoureuse. Sorte de poire d'hiver; dites, virgouleuse, s. f.
Vilité. La vilité d'un prix, de la matiere, d'un cœur; dites, vileté, s. f., formé de l'adjectif féminin, vile.
Virebroquin. Outil d'artisan, qui sert à percer; dites, vilebrequin, s. f.
Vis. Le vis d'un pressoir; dites, la vis, s. f. L'on fait sonner l's.
Vis-à-vis. Vis-à-vis de cette personne. Cette faute a été condamnée par Voltaire. Vis-à-vis ne doit jamais se prendre dans le sens d'envers, ni d'à l'égard: il est bienfaisant vis-à-vis de lui; dites, à l'égard de lui. On s'en sert dans les rapport physiques: il est logé vis-à-vis de votre maison.
Voilà. On confond souvent les mots voici et voilà. Ce dernier marque une chose plus éloignée, voici, une chose plus près: voilà ce que j'avais à vous dire; voici ce que j'ai à vous dire. Il en est de même des mots ceci, cela. Ceci signifie cette chose-ci; cela, cette chose-là.
Voir. Voyons voir. Ce pléonasme est absurde; le premier de ces deux mots suffit.
Vois-tu-z-en. Dites, vois-en.
Voui. Ce mot s'écrit et se prononce sans v; dites, oui.
Voyage de bois, de charbon. Dites, une voie de charbon, de bois.
Vuide. On écrit et prononce maintenant vide, vider, etc.
Vuit. Nombre; écrivez et prononcez huit. L'h est aspirée.
X.
Cette lettre se prononce diversement. Elle a le son du cs, dans Alexandre; du gz, dans examen; de l's, dans Auxonne; du z, dans sixieme, deuxieme, etc. On ne doit pas la prononcer dans les mots eux, ceux, à moins qu'elle ne se lie avec une voyelle. Elle sonne comme un s à la fin de six, dix, si ces mots finissent le sens. Elle se fait entendre comme cs, dans phénix, préfix, Astianax.
Y.
Yeux. Cette expression donna lieu à un pari entre deux négocians. L'un deux soutint à l'autre qu'il n'étoit pas permis de dire, entre quatre zieux. Celui-ci prétendit que le dictionnaire de l'Académie autorisoit cette liaison pour la douceur du son. Il ouvrit le Vocabulaire, qui lui donna gain de cause. Le vaincu voulut prendre sa revanche aux dépens de quelqu'autre, et il alloit toujours répétant cette locution, en faisant une liaison défectueuse; enfin, elle fut relevée, et il renouvela son pari; mais le contestant s'y prit mieux que lui; il s'adressa à Urbain Domergue, qui décida que quatre n'étant jamais terminé par une s, on ne pouvait pas dire, entre quatre zieux; il ajouta qu'on ne prononçoit pas toujours toutes les lettres; mais qu'on ne faisoit jamais entendre celles qui n'étoient pas écrites. Il donna le désaveu de l'auteur du Dictionnaire, prétendu de l'Académie: et le négociant fut condamné pour avoir dit oui comme pour avoir dit non.
PRÉCIS
DES REGLES
DE LA PROSODIE.
Puisque la Prosodie est l'art de donner à chaque syllabe le son et la durée qui lui sont propres, la lecture et la prononciation en supposent la connaissance. La langue françoise a ses notes, comme le chant; avec cette différence; que les ports de voix et la durée des sons notés pour le musicien, ne le sont presque jamais pour le lecteur, et lors même que nos syllabes seroient notées, qu'elles auroient leurs diezes et leurs bémols, il seroit impossible d'exprimer par des signes la durée précise du son, la douceur et la légéreté que peut donner seul un exercice habituel. La durée d'une syllabe dépend quelquefois de sa position; l'abbé d'Olivet dit que par le mot Prosodie, on entend la maniere de prononcer chaque syllabe régulierement; c'est-à-dire, de lui donner un son grave ou aigu, bref ou long.
A, pris pour la premiere lettre de l'alphabet, est long et grave; dans tout autre cas, aigu. Cette voyelle, marquée d'un accent circonflexe, est toujours grave et longue, comme dans âge, râle, mânes, tâche, lâche, fâcher, lâcher, âpre; elle est souvent longue sans accent, comme dans sable, fable, rable, délabré, cadre, cable, accablement, sabre, flamme, condamner, damner; l's, l'x et le z, terminant un mot, rendent toujours longue cette voyelle, ainsi que les autres. D'après cette regle, la seconde personne des futurs et du passé défini, au singulier, sera longue, et la troisieme breve, tu chanteras, il chantera; tu aimas, il aima. Au commencement des mots l'a est ordinairement bref; il faut en excepter ceux que nous venons de citer. On le prononcera d'une maniere aigue et rapide dans apôtre, et toujours s'il est suivi d'une consonne redoublée, comme dans apprendre.
Quand une voyelle finit la syllabe, et qu'elle est suivie d'une autre voyelle, qui n'est pas l'e muet, la syllabe est breve, créé, haïr, féal, tué, doué; toute syllabe qui finit par une voyelle suivie de l'e muet, devient longue, comme pluīe, vraīe, haīe, vīe, joīe.
Quand un mot se termine par une l mouillée, la syllabe est breve, bétaĭl, détaĭl, avrĭl, vermeĭl, fauteuĭl.
La terminaison aille est ordinairement longue: paīlle, bataīlle, rimaīlle; excepté, il détaĭlle, il travaĭlle, il émaĭlle, médaĭlle.
La terminaison aillon est breve dans médaĭllon, détaĭllons, travaĭllons, et longue dans haīllon, baīllon, penaīllon, nous taīllons.
Quand les voyelles nasales sont suivies d'une consonne qui n'est pas la leur, c'est-à-dire, qui n'est ni m, ni n, et qui commence une autre syllabe, elles rendent longues la syllabe où elles se trouvent, jāmbe, craīnte, joīndre, hūmble.
La terminaison aine est longue dans haīne, chaīne, guaīne, traīne, hors de là breve, capitaĭne, fontaĭne.
Les mots qui finissent en aire sont longs: une aīre, une paīre, chaīre, on éclaīre. Ce qui rend longues ces pénultiemes, c'est l'e muet final, qui étant toujours bref, demande un point d'appui pour la voix, et l'on se repose sur l'avant-derniere syllabe; cependant on prononce breves les pénultiemes suivantes, parfaĭte, retraĭte.
Ale, alle, toujours bref: cigăle, scandăle, intervălle; excepté les mots dont l'a prend l'accent circonflexe, comme māle, pāle.
Ame, toujours bref: dăme, răme; il en faut excepter, āme, infāme, blāme, et les passés définis dans ces deux personnes, nous aimāmes, vous aimātes.
Toute syllabe qui finit par une r, et qui est suivie d'une syllabe commençant par une consonne, devient breve; bărbe, bĕrceau, ŏrdre.
Are, long et grave: barbāre, je prépāre; mais il devient bref et aigu, si la derniere syllabe n'est pas muette: prépăré.
Quelle que soit la voyelle qui précede deux r, quand les deux ensemble ne forment qu'un son indivisible, la syllabe est toujours longue: ārrêt, bārre, tonnērre.
L's entre deux voyelles, dont la derniere est muette, allonge la pénultieme: bāse, diocēse, franchīse, rūse.
Asse, ordinairement bref, excepté dans bāsse, clāsse, chāsse, pour les morts, māsse, terme de jeu, grāsse, amāsse.
At, long dans bāt de mulet, māt, appāt, et à la troisieme personne du subjonctif qu'il aimāt; bref ailleurs, il băt, chocolăt, plăt.
Attre, atre, bref dans quătre, băttre; hors de là, long, idolātre, théātre.
Au, long, suivi d'une syllabe muette: aūge, aūne, long, aussi, quand il y a une consonne après: chaūd, chaūx; excepté, paŭl.
E.
La voyelle e, non seulement est tantôt longue et tantôt breve, mais elle a plusieurs sons, l'e est muet et féminin, quand il n'a qu'un son sourd, comme dans gloire; cette espece d'e ne commence jamais un mot; il ne se trouve pas dans plusieurs syllabes de suite, à moins que ce ne soit des mots composés; ainsi que revenir, redevenir; il faut en excepter, chevelure, ensevelir; et jamais, sur-tout, à la fin du mot. C'est pour cela que les verbes dont la pénultieme est muette à l'infinitif, comme appeler, concevoir, prennent dans les temps qui finissent par l'e muet, ou un e masculin ou la diphthongue oi: j'appelle, ils conçoivent. Par cette même raison, quoiqu'on dise j'aime, on dira, aimé-je?
L'e moyen, comme dans pere, ne prend point d'accent, parce que cet accent seroit inutile, l'e ne pouvant pas se prononcer autrement; il seroit même vicieux, parce qu'il donneroit un son trop grave, comme dans procès.
On prononce trop ouvert le premier e du mot acheve; il est moyen à cause du voisinage de l'e muet. L'e ouvert se marque d'un accent grave, ainsi que dans abcès. L'e plus ouvert prend l'accent circonflexe qui indique suppression de lettre et allongement de syllabe, ainsi que dans tête. L'e fermé prend un accent aigu, comme dans vérité; si cet e est suivi de l'x, il rejette l'accent, comme dans examen. Dans les verbes en er, l'e se prononce fermé, et l'on ne le fait pas sentir, à moins qu'il ne soit suivi d'un mot commençant par une voyelle. Dans item, amen, hymen, examen, on fait sonner la consonne finale.
Ene, enne, longs dans chēne, cēne, scēne, gēne, rēne, frēne, arēne, pēne, Athēnes, Diogēne, Mécēne; bref et moyen dans phénomĕne, ébĕne, étrĕnne, apprĕnne, et par-tout où la consonne est redoublée.
Er, bref dans Jupitĕr, Ethĕr; Clĕrc; et plus ouvert dans enfēr, fēr, mēr, amēr, hivēr.
Esse, long dans abēsse, profēsse, confēsse, prēsse, comprēsse, exprēsse, cēsse, on s'emprēsse; hors de là, bref: tendrĕsse, parĕsse, carĕsse.
L'accent circonflexe rend longs et ouverts tous les e, comme dans intérēt, arrēt; la double consonne rend la syllabe breve, ainsi que dans houlĕtte, tablĕtte.
Euf, bref: veŭf, neŭf, un œŭf, un bœŭf. Dans tous ces mots on prononce l'f; mais non au pluriel dans les deux derniers; quand neuf, nom de nombre, est suivi d'un mot commençant par une voyelle, l'f sonne comme un v: neuf ans.
Eune, long dans jeûne, bref dans jeune homme. Observez que telle syllabe qui est breve, suivie d'un autre mot qui sert de point d'appui à la voix, devient longue si elle finit le sens.
Le nombre des breves et des douteuses, étant plus grand que celui des longues, nous ne parlerons que des dernieres.
I.
Ie, long d'après la regle générale: vīe, saisīe.
Ile, long dans īle, huīle, tuīle.
Ire; long dans les passés définis, ils punīrent.
Les terminaisons île, îmes, îtes, ître sont toujours longues, quand l'i prend un accent circonflexe, comme dans nous dīmes, vous dītes, épītre, etc.
O.
Quand cette voyelle commence le mot elle est breve, excepté dans ōs, ōser, ōsier et ōter, où il est ouvert et long, ainsi que dans hōte.
Ode, ordinairement bref.
L'o et l'a étant graves dans les mots simples, demeurent tels dans les dérivés: grōs, grōssir, grōssier; grās, grāsseyer; rōse, rōsier.
La syllabe oi a deux sons, celui de la diphthongue oa, comme dans bourgeois, danois; et celui de l'e ouvert, comme j'étois, je chanterois, un François, les Anglois.
Ole, toujours bref, excepté dans ces mots, drōle, pōle, mōle, contrōle, il enjōle, il enrōle.
Ome, one, long: atōme, fantōme, prōne. Pour les mots où la consonne est redoublée, ils suivent la regle générale.
Ore, orre, longs, s'ils ne sont pas terminés par un son masculin; encōre, aurōre. Quand cette voyelle est marquée d'un accent circonflexe, elle est toujours longue, comme dans apōtre.
U.
L'u suivi d'une autre voyelle finale, est toujours long, comme dans vūe, cohūe.
Ure, finissant un mot, toujours long: murmūre, augūre, dūre.
Usse, est long dans les verbes, comme je pūsse, et dans ût, à la troisieme personne de ce temps.
L'aspiration peut être regardée comme une partie de la Prosodie; mais elle ne regarde que l'h. Cette lettre est aspirée, lorsqu'elle a les propriétés de la consonne; c'est-à-dire, lorsqu'elle ne souffre ni suppression de voyelle, ni liaison de consonne. On dit sans élision, une haquenée, et sans liaison, des haquenées. Comme il n'y a point de regles à donner à cet égard, on peut consulter la liste suivante, dont tous les mots commencent par des h aspirées.
Ha! habler, hableur, haha, hagard, haie, haie! haillon, haîne, haïr, haire, halage, halbran, halbrener, hâle, hâler, halener, haleter, halte, hameau, hampe, hanap, hanche, hangard, hanneton, hanter, happelourde, happer, haquenée, haquet, harangue, haras, harasser, harceler, hardes, hardi, hargneux, hareng, haricot, haridelle, harnois, haro, harpailler, harpe, harper, harpie, harpon, hart, hasard, hâter, have, havresac, hausser, haut, hé! hennir, hérault, here, hérisser, hérisson, hernie, héron, héros, herse, hêtre, heurter, hibou, hic, hideux, hoc, hiérarchie, ho! hola! hobereau, hoche, hochepot, hochet, houpe, honnir, honte, holle, houblon, houille, houlette, houppe, houppelande, housard, hussard, houssaie, houspiller, houspillon, housse, housser, houssine, houssiner, hoyau, huche, hucher, huer, hulotte, humer, hume, huppe, hure, hutte.
Tous les mots dérivés des précédens conservent leur aspiration, excepté ceux de héros, qui sont: héroïne, héroïsme, héroïde, héroïquement. Dans enhardir l'h est aspirée, mais non pas dans exhausser. On aspire l'h du mot Henri, dans un discours oratoire; mais hors de là, c'est une affectation. Hollande, Hollandois, commencent par une h aspirée, excepté dans ces façons de parler: toile d'hollande, fromage d'hollande, qui ont passé du peuple dans le langage ordinaire. Hongrie s'aspire, excepté dans ces phrases: eau de la reine d'Hongrie, points d'Hongrie, etc. Quoique onze et onzieme commencent par une voyelle, on écrit sans élision l'article ou la préposition qui la précede, et l'on ne lie pas la consonne: de onze enfants il ne leur en reste qu'un; tous les onze du mois.
Pour l'intelligence des signes de quantité prosodique dont on va faire usage, on croit devoir avertir qu'on ne s'est point assujetti à la méthode de l'abbé d'Olivet. Quoique par son traité de Prosodie, il ait rendu un grand service à la langue, il s'en faut bien que son ouvrage ait été aussi utile qu'il eût pu l'être, s'il eût distingué l'accent prosodique de la quantité prosodique. En confondant ces deux parties, il a embrouillé la matiere. Il est bien, difficile, pour ne pas dire impossible, de comprendre, ce qu'il entend par syllabes longues, breves et douteuses.
Nous avons des voyelles graves par leur nature, et par conséquent très-longues. Leur longueur et leur gravité ne changent jamais du primitif au dérivé, quelque place qu'elles occupent dans un mot. On fait entendre également, l'a, l'e et l'o graves, dans mât, mâter, il mâte; dans prêt, prêter, il prête; dans dépôt, déposer, il dépose, etc. Ces voyelles sont très-longues dans tous ces mots.
Au contraire, les voyelles aiguës et les muettes deviennent moyennes, si la syllabe qui vient après commence par une consonne suivie d'une muette. La syllabe gé, par exemple, qui est aiguë et très-breve dans affligé, est muette et breve dans affligera. Elle est moyenne, tant pour la quantité que pour l'accent prosodique, dans ils affligerent: elle tient le milieu entre la longue et la breve, et entre l'aiguë et la grave.
L'abbé d'Olivet nomme quelquefois douteuses les voyelles qui sont moyennes quant à la qualité de la voix, et quelquefois il les nomme breves relativement aux graves, qui sont toujours très-longues. On pourroit les qualifier de longues, en les comparant aux breves, puisqu'elles tiennent le milieu, tant pour la quantité que pour la qualité, entre la grave et l'aiguë, entre la longue et la breve. Mais on peut les qualifier de moyennes, sous les deux rapports de la quantité et de l'accent: cette qualification préviendra toute équivoque.
Cela étant convenu, on avertit que les syllabes breves seront annoncées par le signe suivant (˘); les longues, par celui-ci (¯); et les moyennes, par (ˇ).
Et comme, dans notre langue, nous avons beaucoup plus de breves que de longues, pour ne pas surcharger l'écriture de signes inutiles, les voyelles qui ne porteront aucun signe, seront réputées breves.
On prévient les lecteurs qu'on n'a pas pu indiquer les différentes qualités de son, parce qu'on auroit hérissé les syllabes de signes embarassans. On doit se tenir pour averti que l'article les, et les pronoms, mes, tes, ses, doivent se prononcer, comme si l'e étoit marqué d'un accent grave, et que la conjonction et se prononce comme un e moyen, au lieu que le verbe est a le son très-ouvert.
LA ROSE ET LE BUISSON.
Aīnsĭ qu'ūne beǎuté, jěune, vīve ĕt toŭchānte,
S'ēlĕvoĭt ă l'ăbrĭ d'ŭn bŭissŏn prŏtĕcteŭr,
Et dŭ sŏlĕil jămaīs n'ĕprŏuvŏit lă rĭgueŭr.
Ignoré, māis heŭreūx, ce bouton solitāire
Ouvroĭt son sein pourpré soūs l'ōmbre tŭtélaīre,
Impǎtient déjà d'étaler sa beǎuté:
Pourquoi me retiēns-tu dāns la captivité,
Dit l'arbǔste orguĕilleūx à l'enceīnte épineūse?
Jĕ doīs, rēine dēs fleūrs, ētre la plūs heŭreūse.
La fille du printēmps, condāmnēe aūx soupīrs,
Pāsseroĭt soūs ton joug la sāison dēs plaǐsirs!
Le buĭsson lui repart, d'un ton doūx, māis sévěre:
J'attendoīs de mēs soīns un plūs jǔste sălaīre.
Si le sŏleĭl brūlănt rĕspěcte tă frǎicheŭr,
Et si dēs aquilōns tu brǎves la fŭreŭr,
De mon zěle assidu, n'ēst-ce pās là l'ouvrǎge?
Et mēs bienfaīts pour toi sont payēs par l'outrǎge?
Rĕprĭme ton murmūre, arbǔste ingrat, crōis-moi;
Lēs heǔres du plǎisir n'ont pās sonné pour toi.
Souvent pour son mălheur, la jĕuněsse indocǐle
S'obstǐne à repŏussĕr l'ăppŭi le plūs ŭtǐle.
Le bel āge où tu vīs ēst celui du printēmps;
Māis s'il a sēs zēphīrs, il a sēs ouragāns.
L'orgueilleūx arbrisseǎu s'ăigrĭt de la censūre;
S'il se tăit par dépit, en secret il murmūre.
Lōrsque le villageois, qu'appěllent sēs travāux,
Vient dēs ǎrbres touffūs émonder lēs rameāux;
Il menǎce déjà le gardien fidělle;
ĕt la rōse sourĭt quand le buisson chancělle.
Il tǒmbe soūs lēs coūps de l'instrument fatal.
Le bouton au soleil oūvre un sein virginal.
Dāns leūrs chānts lēs oiseāux exprǐment leur hommǎge.
Lēs zéphīrs du mătin agǐtent son feuillǎge;
Le rōsier, dāns lēs aīrs, balancé mǒllĕmĕnt,
Répond au rossignol par son frémǐssement;
L'aŭrōre l'emběllit de sēs pěrles liquǐdes.
Māis, Dieu! cǒmme l'éclair lēs plǎisīrs sont rapǐdes;
La chenǐlle, de loin, voit la rēine dēs fleūrs,
Accourt, rǒnge sa tǐge, ĕt fǎne sēs couleūrs;
ĕt de l'ǎstre du jour la chaleur dévorānte
A déjà fait tomber sa tēte languissānte:
ělle réclǎme en vain, à son dernier moment;
De son fidělle ami le secoūrs bienfaisant.
Coǔles tes premiers āns soūs un joug salutaīre,
Défēnds, jeǔne beǎuté, le murmūre à ton cœur,
Et du bouton nāissant évǐte le mălheur.
NOTES
[1] On appelle régime un mot gouverné par un autre.
[2] On appelle verbe un mot qui lie le sujet à l'attribut, en affirmant que telle qualité convient ou ne convient pas au sujet. La terre est ronde. Les deux premiers mots forment le sujet; le mot est lie la qualité exprimée par le mot ronde. Tous les autres verbes renferment le verbe être.
[3] On appelle substantif un mot qui désigne le nom d'une substance réelle ou imaginaire.
[4] On nomme adjectif un mot ajouté au substantif pour en exprimer la qualité.
[5] Une préposition est un mot qui annonce le rapport d'une chose avec une autre.
[6] La conjonction est un mot qui sert à lier les mots ou les phrases.
[7] On appelle participe passé un tems du verbe qui participe de la nature de l'adjectif, en ce qu'il prend quelquefois le genre et le nombre du substantif auquel il se rapporte.
[8] C'est-à-dire de plusieurs mots ou d'une expression détaillée. Si, au lieu de nommer l'amour, je dis: le Dieu qu'on adore à Cythère, je me sers d'une périphrase.
[9] Un pronom est un mot qui tient la place d'un nom.
[10] Un adverbe est un mot qui se joint ordinairement au verbe, pour le modifier; c'est-à-dire, pour ajouter une nouvelle idée au mot auquel il se rapporte, comme on le peut voir dans les exemples suivans: les uns pensent beaucoup et parlent peu; les autres parlent beaucoup et pensent peu.
[11] On appelle nom partitif, un mot qui représente plusieurs personnes ou plusieurs choses, comme faisant partie d'un tout. Tels sont les mots, plusieurs, la plupart, une demi-douzaine.
Notes sur la transcription
On a corrigé certaines coquilles manifestes (par ex: épiugle > épingle). Les variantes d'orthographe (avait/avoit, meche/mèche/mêche, ...) sont conformes à l'original.
À l'article «Chauderon», on propose la reconstitution «prononcer l'e», le bas de page étant tronqué dans l'original.