French Lyrics
FÉLIX FRANK
C'ÉTAIT UN VIEUX LOGIS
C'était un vieux logis dans une étroite rue,
Tout petit et perché bien haut sur l'escalier;
Mais un flot de soleil y réchauffait la vue
En frappant, le matin, au carreau familier.
C'était un vieux logis où circulait une âme,
Où les meubles anciens, aux détails ingénus,
Dans les angles amis jetaient comme une flamme
Et riaient doucement sous les regards connus.
C'était un vieux logis où la famille entière
Avait groupé longtemps ses arides travaux,
Ses efforts qu'animait une volonté fière,
Et ces rêves du coeur, toujours chers et nouveaux!
Jours passés, jours sacrés jusqu'en vos amertumes,
Dans ce pauvre logis vous étiez enfermés;
Ah! qu'il est triste et doux, l'endroit où nous vécûmes
Souffrant, aimant, heureux de nous sentir aimés!
Entre les quatre murs d'une chambre modeste,
Qui dira ce que l'homme entasse de trésors?
Trésors faits de sa vie, et dont il ne lui reste
Qu'un pâle souvenir et qu'un songe au dehors!….
Quand il fallut partir de la vieille demeure;
Quand il fallut partir,—l'ayant bien décidé,—
Là, tel qu'un faible enfant, j'ai perdu plus d'une heure
A penser, à pleurer, seul, dans l'ombre accoudé.
—"C'était un vieux logis!" murmurait la Sagesse,
"Un logis plein d'amour!" disait le coeur tremblant;
"C'était un vieux logis plein d'intime richesse:
Prendras-tu ta jeunesse aux murs, en t'en allant?
"C'est là qu'elle vibrait! Là qu'elle s'est levée,
Radieuse et chantant les clairs matins d'avril!
C'est là que d'espérance elle fut abreuvée,—
Comme on vole au bonheur, s'élançant au péril!
"C'est là qu'elle versa ses premiers pleurs d'ivresse,
Qu'elle eut ses premiers cris et ses premiers sanglots!
Tout ici lui gardait une chaude caresse;
Qu'elle s'achève ailleurs, loin de ces vieux échos!
"Jadis il existait des foyers toujours stables:
Qui les avait quittés, y pouvait revenir;
C'est de là que sortaient ces âmes indomptables
Dont le passé puissant ombrageait l'avenir.
"Aujourd'hui la maison est une hôtellerie:
On arrive, on se couche, on s'éveille, et l'on part;
Et d'aucuns aujourd'hui veulent que la Patrie
Soit une auberge aussi, dédiée au hasard!
"Et pourtant le Progrès et la libre Justice
N'exigent pas que l'homme erre jusqu'à la mort;
Et pourtant il est bon que chacun se bâtisse
Un nid, pour y garder tout ce qu'il tient du sort!
"Mais c'est la loi de l'or,—c'est le gain,— c'est la fièvre
De ce siècle agité d'un étrange tourment,
Qui partout nous poursuit, et nous chasse, et nous sèvre
De ce bonheur si pur, si calme et si charmant!
"Donc rien n'est ferme et fort désormais, rien ne dure:
Et comme un vil bagage, à l'aventure, on va
Cahotant son passé dans la lourde voiture
Qu'au premier coin de rue —hier au soir— on trouva.
"En route! Voici l'heure et le logis est vide:
Rêves, propos émus, passé vivant … adieu!—
C'était un vieux logis où vint plus d'une ride;
Mais l'âge, dans les coeurs, y retardait un peu.
"C'était un vieux logis dans une étroite rue,
Tout petit et perché bien haut sur l'escalier;
Mais un flot de soleil y réchauffait la vue
En frappant, le matin, au carreau familier."
ARMAND SILVESTRE
LE PÈLERINAGE
Après vingt ans d'exil, de cet exil impie
Où l'oubli de nos coeurs enchaîne seul nos pas,
Où la fragilité de nos regrets s'expie,
Après vingt ans d'exil que je ne comptais pas,
J'ai revu la maison lointaine et bien-aimée
Où je rêvais, enfant, de soleils sans déclin,
Où je sentais mon âme à tous les maux fermée,
Et dont, un jour de deuil, je sortis orphelin.
J'ai revu la maison et le doux coin de terre
Où mon souvenir seul fait passer, sous mes yeux,
Mon père souriant avec un front austère
Et ma mère pensive avec un front joyeux.
Rien n'y semblait changé des choses bien connues
Dont le charme autrefois bornait mon horizon:
Les arbres familiers, le long des avenues,
Semaient leurs feuilles d'or sur le même gazon;
Le berceau de bois mort qu'un chèvrefeuille enlace,
Le banc de pierre aux coins par la mousse mordus,
Ainsi qu'aux anciens jours tout était à sa place
Et les hôtes anciens y semblaient attendus.
Ma mère allait venir, entre ses mains lassées
Balançant une fleur sur l'or pâle du soir;
Au pied du vieux tilleul, gardien de ses pensées,
Son Horace à la main, mon père allait s'asseoir.
Tous deux me chercheraient des yeux dans les allées
Où de mes premiers jeux la gaîté s'envola;
Tous deux m'appelleraient avec des voix troublées
Et seraient malheureux ne me voyant pas là.
J'allais franchir le seuil:—C'est moi, c'est moi, mon père!….
Mais ces rires, ces voix, je ne les connais pas.
Pour tout ce qu'enfermait ce pauvre enclos de pierre,
J'étais un étranger!… Je détournai mes pas….
Mais, par-dessus le mur, une aubépine blanche
Tendait jusqu'à mes mains son feuillage odorant.
Je compris sa pitié! J'en cueillis une branche,
Et j'emportai la fleur solitaire en pleurant!
ALBERT GLATIGNY
BALLADE DES ENFANTS SANS SOUCI
Ils vont pieds nus le plus souvent. L'hiver
Met à leurs doigts des mitaines d'onglée.
Le soir, hélas! ils soupent du grand air,
Et sur leur front la bise échevelée
Gronde, pareille au bruit d'une mêlée,
A peine un peu leur sort est adouci
Quand avril fuit la terre consolée.
Ayez pitié des Enfants sans souci.
Ils n'ont sur eux que le manteau du ver,
Quand les frissons de la voûte étoilée
Font tressaillir et briller leur oeil clair.
Par la montagne abrupte et la vallée,
Ils vont, ils vont! A leur troupe affolée
Chacun répond: "Vous n'êtes pas d'ici,
Prenez ailleurs, oiseaux, votre volée."
Ayez pitié des Enfants sans souci.
Un froid de mort fait dans leur pauvre chair
Glacer le sang, et leur veine est gelée.
Les coeurs pour eux se cuirassent de fer.
Le trépas vient. Ils vont sans mausolée
Pourrir au coin d'un champs ou d'une allée,
Et les corbeaux mangent leur corps transi
Que lavera la froide giboulée.
Ayez pitié des Enfants sans souci.
ENVOI
Pour cette vie effroyable, filée
De mal, de peine, ils te disent: Merci!
Muse, comme eux, avec eux, exilée.
Ayez pitié des Enfants sans souci!
SULLY PRUDHOMME
LES CHAÎNES
J'ai voulu tout aimer et je suis malheureux,
Car j'ai de mes tourments multiplié les causes;
D'innombrables liens frêles et douloureux
Dans l'univers entier vont de mon âme aux choses.
Tout m'attire à la fois et d'un attrait pareil:
Le vrai par ses lueurs, l'inconnu par ses voiles;
Un trait d'or frémissant joint mon coeur au soleil
Et de longs fils soyeux l'unissent aux étoiles.
La cadence m'enchaîne à l'air mélodieux,
La douceur du velours aux roses que je touche;
D'un sourire j'ai fait la chaîne de mes yeux,
Et j'ai fait d'un baiser la chaîne de ma bouche.
Ma vie est suspendue à ces fragiles noeuds,
Et je suis le captif des mille êtres que j'aime:
Au moindre ébranlement qu'un souffle cause en eux
Je sens un peu de moi s'arracher de moi-même.
LE VASE BRISÉ
Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé;
Le coup dut effleurer à peine.
Aucun bruit ne l'a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le coeur, le meurtrit;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde,
Il est brisé, n'y touchez pas.
A L'HIRONDELLE
Toi qui peux monter solitaire
Au ciel, sans gravir les sommets,
Et dans les vallons de la terre
Descendre sans tomber jamais;
Toi qui, sans te pencher au fleuve
Où nous ne puisons qu'à genoux,
Peux aller boire avant qu'il pleuve
Au nuage trop haut pour nous;
Toi qui pars au déclin des roses
Et reviens au nid printanier,
Fidèle aux deux meilleures choses,
L'indépendance et le foyer;
Comme toi mon âme s'élève
Et tout à coup rase le sol,
Et suit avec l'aile du rêve
Les beaux méandres de ton vol;
S'il lui faut aussi des voyages,
Il lui faut son nid chaque jour;
Elle a tes deux besoins sauvages:
Libre vie, immuable amour.
ICI-BAS
Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont courts
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours….
Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours;
Je rêve aux baisers qui demeurent
Toujours….
Ici-bas tous les hommes pleurent
Leurs amitiés ou leurs amours;
Je rêve aux couples qui demeurent
Toujours….
INTUS
Deux voix s'élèvent tour à tour
Des profondeurs troubles de l'âme;
La raison blasphème, et l'amour
Rêve un Dieu juste et le proclame.
Panthéiste, athée, ou chrétien,
Tu connais leurs luttes obscures;
C'est mon martyre, et c'est le tien,
De vivre avec ces deux murmures.
L'intelligence dit au coeur:
—"Le monde n'a pas un bon père,
Vois, le mal est partout vainqueur."
Le coeur dit: "Je crois et j'espère;
Espère, ô ma soeur, crois un peu,
C'est à force d'aimer qu'on trouve;
Je suis immortel, je sens Dieu."
—L'intelligence lui di: "Prouve."
LES YEUX
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible!
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible;
Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent:
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
L'IDÉAL
La lune est grande, le ciel clair
Et plein d'astres, la terre est blême,
Et l'âme du monde est dans l'air.
Je rêve à l'étoile suprême,
A celle qu'on n'aperçoit pas,
Mais dont la lumière voyage
Et doit venir jusqu'ici-bas
Enchanter les yeux d'un autre âge.
Quand luira cette étoile, un jour,
La plus belle et la plus lointaine,
Dites-lui qu'elle eut mon amour,
O derniers de la race humaine!
SÉPARATION
Je ne devais pas vous le dire;
Mes pleurs, plus forts que la vertu,
Mouillant mon douloureux sourire,
Sont allés sur vos mains écrire
L'aveu brûlant que j'avais tu.
Danser, babiller, rire ensemble,
Ces jeux ne nous sont plus permis:
Vous rougissez, et moi je tremble,
Je ne sais ce qui nous rassemble,
Mais nous ne sommes plus amis.
Disposez de nous, voici l'heure
Où je ne puis vous parler bas
Sans que l'amitié change ou meure:
Oh! dites-moi qu'elle demeure,
Je sens qu'elle ne suffit pas.
Si le langage involontaire
De mes larmes vous a déplu,
Eh bien, suivons chacun sur terre
Notre sentier; moi, solitaire,
Vous, heureuse, au bras de l'élu.
Je voyais nos deux coeurs éclore
Comme un couple d'oiseaux chantants;
Eveillés par la même aurore,
Ils n'ont pas pris leur vol encore,
Séparons-les, il en est temps;
Séparons-les à leur naissance,
De crainte qu'un jour à venir,
Malheureux d'une longue absence,
Ils n'aillent dans le vide immense
Se chercher sans pouvoir s'unir.
QUI PEUT DIRE
Qui peut dire: mes yeux ont oublié l'aurore?
Qui peut dire: c'est fait de mon premier amour?
Quel vieillard le dira si son coeur bat encore,
S'il entend, s'il respire et voit encor le jour?
Est-ce qu'au fond des yeux ne reste pas l'empreinte
Des premiers traits chéris qui les ont fait pleurer?
Est ce qu'au fond du coeur n'ont pas dû demeurer
La marque et la chaleur de la première étreinte?
Quand aux feux du soleil a succédé la nuit,
Toujours au même endroit du vaste et sombre voile
Une invisible main fixe la même étoile
Qui se lève sur nous silencieuse et luit….
Telles, je sens au coeur, quand tous les bruits du monde
Me laissent triste et seul après m'avoir lassé,
La présence éternelle et la douceur profonde
De mon premier amour que j'avais cru passé.
LE LEVER DU SOLEIL
Le grand soleil, plongé dans un royal ennui,
Brûle au désert des cieux. Sous les traits qu'en silence
Il disperse et rappelle incessamment à lui,
Le choeur grave et lointain des sphères se balance.
Suspendu dans l'abîme il n'est ni haut ni bas;
Il ne prend d'aucun feu le feu qu'il communique;
Son regard ne s'élève et ne s'abaisse pas;
Mais l'univers se dore à sa jeunesse antique.
Flamboyant, invisible à force de splendeur,
Il est père des blés, qui sont pères des races,
Mais il ne peuple pas son immense rondeur
D'un troupeau de mortels turbulents et voraces.
Parmi les globes noirs qu'il empourpre et conduit
Aux blêmes profondeurs que l'air léger fait bleues,
La terre lui soumet la courbe qu'elle suit,
Et cherche sa caresse à d'innombrables lieues.
Sur son axe qui vibre et tourne, elle offre au jour
Son épaisseur énorme et sa face vivante,
Et les champs et les mers y viennent tour à tour
Se teindre d'une aurore éternelle et mouvante.
Mais les hommes épars n'ont que des pas bornés,
Avec le sol natal ils émergent ou plongent:
Quand les uns du sommeil sortent illuminés,
Les autres dans la nuit s'enfoncent et s'allongent.
Ah! les fils de l'Hellade, avec des yeux nouveaux
Admirant cette gloire à l'Orient éclose,
Criaient: Salut au dieu dont les quatre chevaux
Frappent d'un pied d'argent le ciel solide et rose!
Nous autres nous crions: Salut à l'Infini!
Au grand Tout, à la fois idole, temple et prêtre,
Qui tient fatalement l'homme à la terre uni,
Et la terre au soleil, et chaque être à chaque être;
Il est tombé pour nous le rideau merveilleux
Où du vrai monde erraient les fausses apparences,
La science a vaincu l'imposture des yeux,
L'homme a répudié les vaines espérances;
Le ciel a fait l'aveu de son mensonge ancien,
Et depuis qu'on a mis ses piliers à l'épreuve,
Il apparaît plus stable affranchi de soutien,
Et l'univers entier vêt une beauté neuve.
A UN DÉSESPÈRE
Tu veux toi-même ouvrir ta tombe:
Tu dis que sous ta lourde croix
Ton énergie enfin succombe;
Tu souffres beaucoup, je te crois.
Le souci des choses divines
Que jamais tes yeux ne verront,
Tresse d'invisibles épines
Et les enfonce dans ton front.
Tu répands ton enthousiasme
Et tu partages ton manteau,
A ta vaillance le sarcasme
Attache un risible écriteau.
Tu demandes à l'âpre étude
Le secret du bonheur humain,
Et les clous de l'ingratitude
Te sont plantés dans chaque main.
Tu veux voler où vont tes rêves,
Et forcer l'infini jaloux,
Et tu te sens, quand tu t'enlèves,
Aux deux pieds d'invisibles clous.
Ta bouche abhorre le mensonge,
La poésie y fait son miel,
Tu sens d'une invisible éponge
Monter le vinaigre et le fiel.
Ton coeur timide aime en silence,
Il cherche un coeur sous la beauté,
Tu sens d'une invisible lance
Le fer froid percer ton côté.
Tu souffres d'un mal qui t'honore,
Mais vois tes mains, tes pieds, ton flanc:
Tu n'es pas un vrai Christ encore,
On n'a pas fait couler ton sang;
Tu n'as pas arrosé la terre
De la plus chaude des sueurs,
Tu n'es pas martyr volontaire,
Et c'est pour toi seul que tu meurs.
LES DANAÏDES
Toutes, portant l'amphore, une main sur la hanche,
Théano, Callidie, Amymone, Agavé,
Esclaves d'un labeur sans cesse inachevé,
Courent du puits à l'urne où l'eau vaine s'épanche.
Hélas! le grès rugueux meurtrit l'épaule blanche,
Et le bras faible est las du fardeau soulevé:
"Monstre, que nous avons nuit et jour abreuvé,
O gouffre, que nous veut ta soif que rien n'étanche?"
Elles tombent, le vide épouvante leurs coeurs;
Mais la plus jeune alors, moins triste que ses soeurs,
Chante, et leur rend la force et la persévérance.
Tels sont l'oeuvre et le sort de nos illusions:
Elles tombent toujours, et la jeune Espérance
Leur dit toujours: "Mes soeurs, si nous recommencions!"
UN SONGE
Le laboureur m'a dit en songe: "Fais ton pain,
Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème."
Le tisserand m'a dit: "Fais tes habits toi-même."
Et le maçon m'a dit: "Prends ta truelle en main."
Et seul, abandonné de tout le genre humain
Dont je traînais partout l'implacable anathème,
Quand j'implorais du ciel une pitié suprême,
Je trouvais des lions debout dans mon chemin.
J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle:
De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle,
Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.
Je connus mon bonheur et qu'au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes;
Et depuis ce jour-là je les ai tous aimés.
LE RENDEZ-VOUS
Il est tard; l'astronome aux veilles obstinées,
Sur sa tour, dans le ciel où meurt le dernier bruit,
Cherche des îles d'or, et, le front dans la nuit,
Regarde à l'infini blanchir des matinées;
Les mondes fuient pareils à des graines vannées;
L'épais fourmillement des nébuleuses luit;
Mais, attentif à l'astre échevelé qu'il suit,
Il le somme, et lui dit: "Reviens dans mille années."
Et l'astre reviendra. D'un pas ni d'un instant
Il ne saurait frauder la science éternelle;
Des hommes passeront, l'humanité l'attend;
D'un oeil changeant, mais sûr, elle fait sentinelle;
Et, fût-elle abolie au temps de son retour,
Seule, la Vérité veillerait sur la tour.
LA VOIE LACTÉE
Aux étoiles j'ai dit un soir:
"Vous ne paraissez pas heureuses;
Vos lueurs, dans l'infini noir,
Ont des tendresses douloureuses;
"Et je crois voir au firmament
Un deuil blanc mené par des vierges
Qui portent d'innombrables cierges
Et se suivent languissamment.
"Êtes-vous toujours en prière?
Êtes-vous des astres blessés?
Car ce sont des pleurs de lumière,
Non des rayons, que vous versez.
"Vous, les étoiles, les aïeules
Des créatures et des dieux,
Vous avez des pleurs dans les yeux…."
Elles m'ont dit: "Nous sommes seules….
"Chacune de nous est très loin
Des soeurs dont tu la crois voisine;
Sa clarté caressante et fine
Dans sa patrie est sans témoin;
"Et l'intime ardeur de ses flammes
Expire aux cieux indifférents."
Je leur ai dit: "Je vous comprends!
Car vous ressemblez à des âmes:
"Ainsi que vous, chacune luit
Loin des soeurs qui semblent près d'elle,
Et la solitaire immortelle
Brûle en silence dans la nuit."
REPENTIR
J'aimais froidement ma patrie,
Au temps de la sécurité;
De son grand renom mérité
J'étais fier sans idolâtrie.
Je m'écriais avec Schiller:
"Je suis un citoyen du monde;
En tous lieux où la vie abonde,
Le sol m'est doux et l'homme cher!
"Des plages où le jour se lève
Aux pays du soleil couchant,
Mon ennemi, c'est le méchant,
Mon drapeau, l'azur de mon rêve!
"Où régne en paix le droit vainqueur,
Où l'art me sourit et m'appelle,
Où la race est polie et belle,
Je naturalise mon coeur;
"Mon compatriote, c'est l'homme!"
Naguère ainsi je dispersais
Sur l'univers ce coeur français:
J'en suis maintenant économe.
J'oubliais que j'ai tout reçu,
Mon foyer et tout ce qui m'aime,
Mon pain, et mon idéal même,
Du peuple dont je suis issu,
Et que j'ai goûté dès l'enfance,
Dans les yeux qui m'ont caressé,
Dans ceux mêmes qui m'ont blessé,
L'enchantement du ciel de France!
Je ne l'avais pas bien senti;
Mais depuis nos sombres journées,
De mes tendresses détournées
Je me suis enfin repenti;
Ces tendresses, je les ramène
Etroitement sur mon pays,
Sur les hommes que j'ai trahis
Par amour de l'espèce humaine,
Sur tous ceux dont le sang coula
Pour mes droits et pour mes chimères:
Si tous les hommes sont mes frères,
Que me sont désormais ceux-là?
Sur le pavé des grandes routes,
Dans les ravins, sur les talus,
De ce sang, qu'on ne lavait plus,
Je baiserai les moindres gouttes;
Je ramasserai dans les tours
Et les fossés des citadelles
Les miettes noires, mais fidèles,
Du pain sans blé des derniers jours;
Dans nos champs défoncés encore,
Pèlerin, je recueillerai,
Ainsi qu'un monument sacré,
Le moindre lambeau tricolore;
Car je t'aime dans tes malheurs,
O France, depuis cette guerre,
En enfant, comme le vulgaire
Qui sait mourir pour tes couleurs!
J'aime avec lui tes vieilles vignes,
Ton soleil, ton sol admiré
D'où nos ancêtres ont tiré
Leur force et leur génie insignes.
Quand j'ai de tes clochers tremblants
Vu les aigles noires voisines,
J'ai senti frémir les racines
De ma vie entière en tes flancs,
Pris d'une pitié jalouse
Et navré d'un tardif remords,
J'assume ma part de tes torts;
Et ta misère, je l'épouse.
CE QUI DURE
Le présent se fait vide et triste,
O mon amie, autour de nous;
Combien peu du passé subsiste!
Et ceux qui restent changent tous.
Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vu grandir!
Que de jeunesse emporte l'heure,
Qui n'en rapporte jamais rien!
Pourtant quelque chose demeure:
Je t'aime avec mon coeur ancien,
Mon vrai coeur, celui qui s'attache
Et souffre depuis qu'il est né,
Mon coeur d'enfant, le coeur sans tache
Que ma mère m'avait donné;
Ce coeur où plus rien ne pénètre,
D'où plus rien désormais ne sort;
Je t'aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort;
Et, s'il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l'homme est tel
Que rien n'en périsse, je t'aime
Avec ce que j'ai d'immortel.
LES INFIDÈLES
Je t'aime, en attendant mon éternelle épouse,
Celle qui doit venir à ma rencontre un jour,
Dans l'immuable Éden, loin de l'ingrat séjour
Où les prés n'ont de fleurs qu'à peine un mois sur douze.
Je verrai devant moi, sur l'immense pelouse
Où se cherchent les morts pour l'hymen sans retour,
Tes soeurs de tous les temps défiler tour à tour,
Et je te trahirai sans te rendre jalouse;
Car toi-même, élisant ton époux éternel,
Tu m'abandonneras dès son premier appel,
Quand passera son ombre avec la foule humaine;
Et nous nous oublîrons, comme les passagers
Que le même navire à leurs foyers ramène,
Ne s'y souviennent plus de leurs liens légers.
LES AMOURS TERRESTRES
Nos yeux se sont croisés et nous nous sommes plu.
Née au siècle où je vis et passant où je passe,
Dans le double infini du temps et de l'espace
Tu ne me cherchais point, tu ne m'as point élu;
Moi, pour te joindre ici le jour qu'il a fallu,
Dans le monde éternel je n'avais point ta trace,
J'ignorais ta naissance et le lieu de ta race:
Le sort a donc tout fait, nous n'avons rien voulu.
Les terrestres amours ne sont qu'une aventure:
Ton époux à venir et ma femme future
Soupirent vainement, et nous pleurons loin d'eux;
C'est lui que tu pressens en moi, qui lui ressemble,
Ce qui m'attire en toi, c'est elle, et tous les deux
Nous croyons nous aimer en les cherchant ensemble.
L'ALPHABET
Il gît au fond de quelque armoire
Ce vieil alphabet tout jauni,
Ma première leçon d'histoire,
Mon premier pas vers l'infini.
Toute la Genèse y figure;
Le lion, l'ours et l'éléphant;
Du monde la grandeur obscure
Y troublait mon âme d'enfant.
Sur chaque bête un mot énorme
Et d'un sens toujours inconnu,
Posait l'énigme de sa forme
A mon désespoir ingénu.
Ah! dans ce lent apprentissage
La cause de mes pleurs, c'était
La lettre noire, et non l'image
Où la Nature me tentait.
Maintenant j'ai vu la Nature
Et ses splendeurs, j'en ai regret:
Je ressens toujours la torture
De la merveille et du secret,
Car il est un mot que j'ignore
Au beau front de ce sphinx écrit,
J'en épelle la lettre encore
Et n'en saurai jamais l'esprit.
NOUS PROSPERONS
Nous prospérons! Qu'importé aux anciens malheureux,
Aux hommes nés trop tôt, à qui le sort fut traître,
Qui n'ont fait qu'aspirer, souffrir et disparaître,
Dont même les tombeaux aujourd'hui sonnent creux!
Hélas! leurs descendants ne peuvent rien pour eux,
Car nous n'inventons rien qui les fasse renaître.
Quand je songe à ces morts, le moderne bien-être
Par leur injuste exil m'est rendu douloureux.
La tâche humaine est longue et sa fin décevante:
Des générations la dernière vivante
Seule aura sans tourment tous ses greniers comblés,
Et les premiers auteurs de la glèbe féconde
N'auront pas vu courir sur la face du monde
Le sourire paisible et rassurant des blés.
LE COMPLICE
J'ai bon coeur, je ne veux à nul être aucun mal,
Mais je retiens ma part des boeufs qu'un autre assomme
Et, malgré ma douceur, je suis bien aise en somme
Que le fouet d'un cocher hâte un peu mon cheval.
Je suis juste, et je sens qu'un pauvre est mon égal,
Mais, pendant que je jette une obole à cet homme,
Je m'installe au banquet dont un père économe
S'est donné les longs soins pour mon futur régal.
Je suis probe, mon bien ne doit rien à personne,
Mais j'usurpe le pain qui dans mes blés frissonne,
Héritier, sans labour, des champs fumés de morts.
Ainsi dans le massacre incessant qui m'engraisse,
Par la Nature élu, je fleuris et m'endors,
Comme l'enfant candide et sanglant d'une ogresse.
ALPHONSE DAUDET
AUX PETITS ENFANTS
Enfants d'un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses;
Enfants d'un jour, ô nouveau-nés,
Pour le bonheur que vous donnez
A vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids,
Soyez bénis,
Chers anges!
Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez,
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu'en vous,
Etres si doux,
On aime;
Pour tout ce que vous gazouillez,
Soyez bénis, baisés, choyés,
Gais rossignols, blanches fauvettes!
Que d'amoureux
Et que d'heureux
Vous faites!
Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous, tout bas, ô merveille!
Une voix dit:
"Dors, beau petit;
Je veille."
C'est la voix de l'ange gardien;
Dormez, dormez, ne craignez rien;
Rêvez, sous ses ailes de neige:
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.
Enfants d'un jour, ô nouveau-nés,
Au paradis, d'où vous venez,
Un léger fil d'or vous rattache.
A ce fil d'or
Tient l'âme encor
Sans tache.
Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu'au ciel est l'étoile blanche,
Ce qu'un peu d'eau
Est au roseau
Qui penche.
Mais vous avez de plus encor
Ce que n'a pas l'étoile d'or
Ce qui manque aux fleurs les plus belles.
Malheur à nous!
Vous avez tous
Des ailes.
L'OISEAU BLEU
J'ai dans mon coeur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N'a pas l'épaisseur d'un cheveu.
Il lui faut du sang pour pâture.
Bien longtemps, je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture:
Les petits oiseaux mangent peu.
Mais, sans en rien laisser paraître,
Dans mon coeur il a fait, le traître,
Un trou large comme la main.
Et son bec fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M'est entré jusqu'au fond de l'âme!….
HENRI CAZALIS
LA BÊTE
Qui donc t'a pu créer, Sphinx étrange, ô Nature!
Et d'où t'ont pu venir tes sanglants appétits?
C'est pour les dévorer que tu fais tes petits,
Et c'est nous, tes enfants, qui sommes ta pâture:
Que t'importent nos cris, nos larmes et nos fièvres?
Impassible, tranquille, et ton beau front bruni
Par l'âge, tu t'étends à travers l'infini,
Toujours du sang aux pieds et le sourire aux lèvres!
RÉMINISCENCES A DARWIN.
Je sens un monde en moi de confuses pensées,
Je sens obscurément que j'ai vécu toujours,
Que j'ai longtemps erré dans les forêts passées,
Et que la bête encor garde en moi ses amours.
Je sens confusément, l'hiver, quand le soir tombe,
Que jadis, animal ou plante, j'ai souffert,
Lorsque Adonis saignant dormait pâle en sa tombe;
Et mon coeur reverdit, quand tout redevient vert.
Certains jours, en errant dans les forêts natales,
Je ressens dans ma chair les frissons d'autrefois,
Quand, la nuit grandissant les formes végétales,
Sauvage, halluciné, je rampais sous les bois.
Dans le sol primitif nos racines sont prises;
Notre âme, comme un arbre, a grandi lentement;
Ma pensée est un temple aux antiques assises,
Où l'ombre des Dieux morts vient errer par moment.
Quand mon esprit aspire à la pleine lumière,
Je sens tout un passé qui me tient enchaîné;
Je sens rouler en moi l'obscurité première:
La terre était si sombre aux temps où je suis né!
Mon âme a trop dormi dans la nuit maternelle:
Pour monter vers le jour, qu'il m'a fallu d'efforts!
Je voudrais être pur; la honte originelle,
Le vieux sang de la bête est resté dans mon corps.
Et je voudrais pourtant t'affranchir, ô mon âme,
Des liens d'un passé qui ne veut pas mourir;
Je voudrais oublier mon origine infâme,
Et les siècles sans fin que j'ai mis à grandir.
Mais c'est en vain: toujours en moi vivra ce monde
De rêves, de pensers, de souvenirs confus,
Me rappelant ainsi ma naissance profonde,
Et l'ombre d'où je sors, et le peu que je fus;
Et que j'ai transmigré dans des formes sans nombre,
Et que mon âme était, sous tous ces corps divers,
La conscience, et l'âme aussi, splendide ou sombre,
Qui rêve et se tourmente au fond de l'univers!
CHARLES FRÉMINE
RETOUR
Je viens de faire un grand voyage
Qui sur l'atlas n'est point tracé:
Pays perdu! dont le mirage
Derrière moi s'est effacé.
Le cap noir de la quarantaine
Met son ombre sur mon bateau
Couvert d'écume et qui fait eau,
Mais dont je suis le capitaine.
Ai-je bien ou mal gouverné?
Encor n'ai-je point fait naufrage:
Sur maint bas-fond si j'ai donné,
J'ai vu de haut gronder l'orage.
Enfin, me voilà de retour
Du beau pays de l'Espérance,
Si vaste, au moins en apparence,
Et dont si vite on fait le tour.
C'est fini ! Ma riche bannière
Et ma voilure sont à bas!
Plus de fleurs à ma boutonnière,
Et plus de femmes à mon bras;
Vieillir! C'est la grande défaite,
C'est la laideur et c'est l'affront,
C'est plus de rides à mon front
Et moins de cheveux à ma tête.
Oui, c'est la chose, et c'est mon tour.
O temps où bouillonnaient les sèves,
Où mes seuls dieux, l'Art et l'Amour,
Traversaient l'orgueil de mes rêves!
D'avoir suivi leur vol vainqueur,
Je n'ai rapporté, pour ma peine,
Qu'un tout petit brin de verveine
Avec un grand trou noir au coeur;
Et seul, au coin de la fenêtre
Où j'accoude mes longs ennuis,
Sachant ce que je pourrais être,
Je pleure sur ce que je suis.
FRANÇOIS COPPËE
JUIN
Dans cette vie où nous ne sommes
Que pour un temps sitôt fini,
L'instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid;
Et d'un peu de paille et d'argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l'amour.
Par les yeux d'une fille d'Eve
Mon coeur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D'un bonheur étroit et caché.
Rempli de joie et de courage,
A fonder mon nid je songeais;
Mais un furieux vent d'orage
Vient d'emporter tous mes projets;
Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les oeufs d'un nid tombé.
L'HOROSCOPE
Les deux soeurs étaient là, les bras entrelacés,
Debout devant la vieille aux regards fatidiques,
Qui tournait lentement de ses vieux doigts lassés
Sur un coin de haillon les cartes prophétiques.
Brune et blonde, et de plus fraîches comme un matin,
L'une sombre pavot, l'autre blanche anémone,
Celle-ci fleur de mai, celle-là fleur d'automne,
Ensemble elles voulaient connaître le destin.
"La vie, hélas! sera pour toi bien douloureuse,"
Dit la vieille à la brune au sombre et fier profil.
Celle-ci demanda: "Du moins m'aimera-t-il?
—Oui.—Vous me trompiez donc. Je serai trop heureuse."
"Tu n'auras même pas l'amour d'un autre coeur,"
Dit la vieille à l'enfant blanche comme la neige.
Celle-ci demanda: "Moi, du moins, l'aimerai-je?
—Oui.—Que me disiez-vous? J'aurai trop de bonheur."
L'ATTENTE
Au bout du vieux canal plein de mâts, juste en face
De l'Océan et dans la dernière maison,
Assise à sa fenêtre, et quelque temps qu'il fasse,
Elle se tient, les yeux fixés sur l'horizon.
Bien qu'elle ait la pâleur des éternels veuvages,
Sa robe est claire; et, bien que les soucis pesants
Aient sur ses traits flétris exercé leurs ravages,
Ses vêtements sont ceux des filles de seize ans.
Car depuis bien des jours, patiente vigie,
Dés l'instant où la mer bleuit dans le matin
Jusqu'à ce qu'elle soit par le couchant rougie,
Elle est assise là, regardant au lointain.
Chaque aurore elle voit une tardive étoile
S'éteindre, et chaque soir le soleil s'enfoncer
A cette place où doit reparaître la voile
Qu'elle vit là, jadis, pâlir et s'effacer.
Son coeur de fiancée, immuable et fidèle,
Attend toujours, certain de l'espoir partagé,
Loyal; et rien en elle, aussi bien qu'autour d'elle,
Depuis dix ans qu'il est parti, rien n'a changé.
Les quelques doux vieillards qui lui rendent visite,
En la voyant avec ses bandeaux réguliers,
Son ruban mince où pend sa médaille bénite,
Son corsage à la vierge et ses petits souliers,
La croiraient une enfant ingénue et qui boude,
Si parfois ses doigts purs, ivoirins et tremblante,
Alors que sur sa main fiévreuse elle s'accoude
Ne livraient le secret des premiers cheveux blancs.
Partout le souvenir de l'absent se rencontre
En mille objets fanés et déjà presque anciens:
Cette lunette en cuivre est à lui, cette montre
Est la sienne, et ces vieux instruments sont les siens.
Il a laissé, de peur d'encombrer sa cabine,
Ces gros livres poudreux dans leur oubli profond,
Et c'est lui qui tua d'un coup de carabine
Le monstrueux lézard qui s'étale au plafond.
Ces mille riens, décor naïf de la muraille,
Naguère il les a tous apportés de très loin.
Seule, comme un témoin inclément et qui raille,
Une carte navale est pendue en un coin;
Sur le tableau jaunâtre, entre ses noires tringles,
Les vents et les courants se croisent à l'envi;
Et la succession des petites épingles
N'a pas marqué longtemps le voyage suivi.
Elle conduit jusqu'à la ligne tropicale
Le navire vainqueur du flux et du reflux,
Puis cesse brusquement à la dernière escale,
Celle d'où le marin, hélas! n'écrivit plus.
Et ce point justement ou sa trace s'arrête
Est celui qu'un burin savant fit le plus noir:
C'est l'obscur rendez-vous des flots, où la tempête
Creuse un inexorable et profond entonnoir.
Mais elle ne voit pas le tableau redoutable
Et feuillette, l'esprit ailleurs, du bout des doigts,
Les planches d'un herbier éparses sur la table,
Fleurs pâles qu'il cueillit aux Indes autrefois.
Jusqu'au soir sa pensée extatique et sereine
Songe au chemin qu'il fait en mer pour revenir,
Ou parfois, évoquant des jours meilleurs, égrène
Le chapelet mystique et doux du souvenir;
Et, quand sur l'Océan la nuit met son mystère,
Calme et fermant les yeux, elle rêve du chant
Des matelots joyeux d'apercevoir la terre,
Et d'un navire d'or dans le soleil couchant.
CHANSON D'EXIL
Triste exilé, qu'il te souvienne
Combien l'avenir était beau,
Quand sa main tremblait dans la tienne
Comme un oiseau,
Et combien ton âme était pleine
D'une bonne et douce chaleur,
Quand tu respirais son haleine
Comme une fleur!
Mais elle est loin, la chère idole,
Et tout s'assombrit de nouveau;
Tu sais qu'un souvenir s'envole
Comme un oiseau;
Déjà l'aile du doute plane
Sur ton âme où naît la douleur;
Et tu sais qu'un amour se fane
Comme une fleur.
ROMANCE
Quand vous me montrez une rose
Qui s'épanouit sous l'azur,
Pourquoi suis-je alors plus morose?
Quand vous me montrez une rose,
C'est que je pense à son front pur.
Quand vous me montrez une étoile,
Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
Sur mes yeux jettent-ils leur voile?
Quand vous me montrez une étoile,
C'est que je pense à son regard.
Quand vous me montrez l'hirondelle
Qui part jusqu'au prochain avril,
Pourquoi mon âme se meurt-elle?
Quand vous me montrez l'hirondelle,
C'est que je pense à mon exil.
LIED
Rougissante et tête baissée,
Je la vois me sourire encor.
—Pour le doigt de ma fiancée
Qu'on me fasse un bel anneau d'or!
Elle part, mais bonne et fidèle;
Je vais l'attendre en m'affligeant.
—Pour garder ce qui me vient d'elle,
Qu'on me fasse un coffret d'argent!
J'ai sur le coeur un poids énorme;
L'exil est trop dur et trop long.
—Pour que je me repose et dorme,
Qu'on me fasse un cercueil de plomb!
ÉTOILES FILANTES
Dans les nuits d'automne, errant par la ville,
Je regarde au ciel avec mon désir,
Car si, dans le temps qu'une étoile file,
On forme un souhait, il doit s'accomplir.
Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes:
Quand un astre tombe, alors, plein d'émoi,
Je fais de grands voeux afin que tu m'aimes
Et qu'en ton exil tu penses à moi.
A cette chimère, hélas! je veux croire,
N'ayant que cela pour me consoler.
Mais voici l'hiver, la nuit devient noire,
Et je ne vois plus d'étoiles filer.
A UN ÉLÉGIAQUE
Jeune homme, qui me viens lire tes plaintes vaines,
Garde-toi bien d'un mal dont je me suis guéri.
Jadis j'ai, comme toi, du plus pur de mes veines
Tiré des pleurs de sang, et le monde en a ri.
Du courage! La plainte est ridicule et lâche.
Comme l'enfant de Sparte ayant sous ses habits
Un renard furieux qui le mord sans relâche,
Ne laisse plus rien voir de tes tourments subis.
On fut cruel pour toi. Sois indulgent et juste.
Rends le bien pour le mal, c'est le vrai talion,
Mais, t'étant bien bardé le coeur d'orgueil robuste,
Va! calme comme un sage et seul comme un lion.
Quand même, dans ton sein, les chagrins, noirs reptiles,
Se tordraient, cache bien au public désoeuvré
Que tu gardes en toi des trésors inutiles
Comme des lingots d'or sur un vaisseau sombré.
Sois impassible ainsi qu'un soldat sous les armes;
Et lorsque la douleur dressera tes cheveux
Et qu'aux yeux, malgré toi, te monteront des larmes,
N'en conviens pas, enfant, et dis que c'est nerveux!
JOSÉ-MARIA DE HEREDIA
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE
I.—LE CYDNUS.
Sous l'azur triomphal, au soleil qui flamboie,
La trirème d'argent blanchit le fleuve noir,
Et son sillage y laisse un parfum d'encensoir
Avec des chants de flûte et des frissons de soie.
A la proue éclatante où l'épervier s'éploie,
Hors de son dais royal se penchant pour mieux voir,
Cléopâtre, debout dans la splendeur du soir,
Semble un grand oiseau d'or qui guette au loin sa proie.
Voici Tarse où l'attend le guerrier désarmé;
Et la brune Lagide ouvre dans l'air charmé
Ses bras d'ambre où la pourpre a mis des reflets rosés;
Et ses yeux n'ont pas vu, présages de son sort,
Auprès d'elle, effeuillant sur l'eau sombre des roses,
Les deux Enfants divins, le Désir et la Mort.
II—SOIR DE BATAILLE.
Le choc avait été très rude. Les tribuns
Et les centurions, ralliant les cohortes,
Humaient encor, dans l'air où vibraient leurs voix fortes,
La chaleur du carnage et ses âcres parfums.
D'un oeil morne, comptant leurs compagnons défunts,
Les soldats regardaient, comme des feuilles mortes,
Tourbillonner au loin les archers de Phraortes;
Et la sueur coulait de leurs visages bruns.
C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches,
Rouge du flux vermeil de ses blessures fraîches,
Sous la pourpre flottante et l'airain rutilant,
Au fracas des buccins qui sonnaient leur fanfare,
Superbe, maîtrisant son cheval qui s'effare,
Sur le ciel enflammé, l'Imperator sanglant!
III.—ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.
Tous deux, ils regardaient, de la haute terrasse,
L'Égypte s'endormir sous un ciel étouffant
Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend,
Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse.
Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,
Soldat captif berçant le sommeil d'un enfant,
Ployer et défaillir sur son coeur triomphant
Le corps voluptueux que son étreinte embrasse.
Tournant sa tête pâle entre ses cheveux bruns,
Vers celui qu'enivraient d'invincibles parfums,
Elle tendit sa bouche et ses prunelles claires.
Et, sur elle courbé, l'ardent Imperator
Vit dans ses larges yeux étoiles de points d'or
Toute une mer immense où fuyaient des galères.
LES CONQUÉRANTS
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré;
Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.
PAUL VERLAINE
COLLOQUE SENTIMENTAL
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
—Te souvient-il de notre extase ancienne?
—Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
—Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve?—Non.
—Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches!—C'est possible.
—Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
—L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
LA BONNE CHANSON
Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,
C'en est fait à présent des funestes pensées,
C'en est fait des mauvais rêves, ah! c'en est fait
Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
Et des mots où l'esprit sans l'âme triomphait.
Arrière aussi les poings crispés et la colère
A propos des méchants et des sots rencontrés;
Arrière la rancune abominable! arrière
L'oubli qu'on cherche en des breuvages exécrés!
Car je veux, maintenant qu'un Être de lumière
A dans ma nuit profonde émis cette clarté
D'une amour à la fois immortelle et première,
De par la grâce, le sourire et la bonté,
Je veux, guidé par vous, beaux yeux aux flammes douces,
Par toi conduit, ô main où tremblera ma main,
Marcher droit, que ce soit par des sentiers de mousses
Ou que rocs et cailloux encombrent le chemin;
Oui, je veux marcher droit et calme dans la Vie,
Vers le but où le sort dirigera mes pas,
Sans violence, sans remords et sans envie:
Ce sera le devoir heureux aux gais combats.
Et comme, pour bercer les lenteurs de la route,
Je chanterai des airs ingénus, je me dis
Qu'elle m'écoutera sans déplaisir sans doute;
Et vraiment je ne veux pas d'autre Paradis.
La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée….
O bien-aimée.
L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure….
Rêvons, c'est l'heure.
Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l'astre irise….
C'est l'heure exquise.
ROMANCES SANS PAROLES
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits!
Pour un coeur qui s'ennuie
O le chant de la pluie!
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi! nulle trahison?
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine.
Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses.
De cette façon nous serons bien heureuses,
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n'est-ce pas? deux pleureuses.
O que nous mêlions, âmes soeurs que nous sommes,
A nos voeux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile.
Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout étonnées,
Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu'elles sont pardonnées.
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre,
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre,
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
SAGESSE
Écoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire.
Elle est discrète, elle est légère:
Un frisson d'eau sur de la mousse!
La voix vous fut connue (et chère?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d'automne
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste!
Elle est "en peine" et "de passage,"
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire!
Ecoutez la chanson bien sage.
Un grand sommeil noir
Tombe sur ma vie:
Dormez, tout espoir,
Dormez, toute envie!
Je ne vois plus rien,
Je perds la mémoire
Du mal et du bien….
O la triste histoire!
Je suis un berceau
Qu'une main balance
Au creux d'un caveau:
Silence, silence!
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
—Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse?
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi?
Mouette à l'essor mélancolique,
Elle suit la vague, ma pensée,
A tous les vents du ciel balancée
Et biaisant quand la marée oblique,
Mouette à l'essor mélancolique,
Ivre de soleil
Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité.
La brise d'été
Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.
Parfois si tristement elle crie
Qu'elle alarme au lointain le pilote,
Puis au gré du vent se livre et flotte
Et plonge, et l'aile toute meurtrie
Revole, et puis si tristement crie!
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi,
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi?
Vous voilà, vous voilà, pauvres bonnes pensées!
L'espoir qu'il faut, regret des grâces dépensées,
Douceur de coeur avec sévérité d'esprit,
Et cette vigilance, et le calme prescrit,
Et toutes!—Mais encor lentes, bien éveillées,
Bien d'aplomb, mais encor timides, débrouillées
A peine du lourd rêve et de la tiède nuit.
C'est à qui de vous va plus gauche, l'une suit
L'autre, et toutes ont peur du vaste clair de lune.
"Telles, quand des brebis sortent d'un clos. C'est une,
Puis deux, puis trois. Le reste est là, les yeux baissés,
La tête à terre, et l'air des plus embarrassés,
Faisant ce que fait leur chef de file: il s'arrête,
Elles s'arrêtent tour à tour, posant leur tête
Sur son dos simplement et sans savoir pourquoi."
Votre pasteur, ô mes brebis, ce n'est pas moi,
C'est un meilleur, un bien meilleur, qui sait les causes,
Lui qui vous tint longtemps et si longtemps là closes
Mais qui vous délivra de sa main au temps vrai.
Suivez-le. Sa houlette est bonne.
Et je serai,
Sous sa voix toujours douce à votre ennui qui bêle,
Je serai, moi, par vos chemins, son chien fidèle.
ART POÉTIQUE
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise:
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.
C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles!
Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance!
Oh! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor!
Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine!
Prends l'éloquence et tords-lui son cou!
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie,
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où?
Oh! qui dira les torts de la Rime?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime?
De la musique encore et toujours!
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym….
Et tout le reste est littérature.
UN VEUF PARLE
Je vois un groupe sur la mer.
Quelle mer? Celle de mes larmes.
Mes yeux mouillés du vent amer
Dans cette nuit d'ombre et d'alarmes
Sont deux étoiles sur la mer.
C'est une toute jeune femme
Et son enfant déjà tout grand
Dans une barque où nul ne rame,
Sans mât ni voile, en plein courant,
Un jeune garçon, une femme!
En plein courant dans l'ouragan!
L'enfant se cramponne à sa mère
Qui ne sait plus où, non plus qu'en….
Ni plus rien, et qui, folle, espère
En le courant, en l'ouragan.
Espérez en Dieu, pauvre folle,
Crois en notre Père, petit.
La tempête qui vous désole,
Mon coeur de là-haut vous prédit
Qu'elle va cesser, petit, folle!
Et paix au groupe sur la mer,
Sur cette mer de bonnes larmes!
Mes yeux joyeux dans le ciel clair,
Par cette nuit sans plus d'alarmes,
Sont deux bons anges sur la mer.
PARABOLES
Soyez béni, Seigneur, qui m'avez fait chrétien
Dans ces temps de féroce ignorance et de haine;
Mais donnez-moi la force et l'audace sereine
De vous être à toujours fidèle comme un chien.
De vous être l'agneau destiné qui suit bien
Sa mère et ne sait faire au pâtre aucune peine,
Sentant qu'il doit sa vie encore, après sa laine,
Au maître, quand il veut utiliser ce bien,
Le poisson, pour servir au Fils de monogramme,
L'ânon obscur qu'un jour en triomphe il monta,
Et, dans ma chair, les porcs qu'à l'abîme il jeta.
Car l'animal, meilleur que l'homme et que la femme,
En ces temps de révolte et de duplicité,
Fait son humble devoir avec simplicité.
ÉMILE BERGERAT
PAROLES DORÉES
J'ai reposé mon coeur avec tranquillité
Dans l'asile très sûr d'un amour très honnête.
La lutte que je livre au sort est simple et nette,
Et tout peut m'y trahir, non la virilité.
Je ne crois pas à ceux qui pleurent, l'âme éprise
De la sonorité de leurs propres sanglots;
Leur idéal est né de l'écume des mots,
Et comme je les tiens pour nuls, je les méprise.
Cerveaux que la fumée enivre et qu'elle enduit,
Ils auraient inventé la douleur pour se plaindre;
Leur stérile génie est pareil au cylindre
Qui tourne à vide, grince et s'use dans la nuit.
Ils souffrent? Croient-ils donc porter dans leur besace
Le déluge final de tous les maux prédits?
Sous notre ciel chargé d'orages, je le dis,
Il n'est plus de douleur que la douleur d'Alsace.
J'aime les forts, les sains et les gais. Je prétends
Que la vie est docile et souffre qu'on la mène:
J'observe dans la mort un calme phénomène
Accessible à mes sens libres et consentants,
Et qui ne trouble pas ma paix intérieure.
Car la forme renaît plus jeune du tombeau,
Et l'ombre passagère où s'engloutit le Beau
Couve une éternité dans l'éclipse d'une heure.
Car la couleur charmante et mère des parfums
Rayonne inextinguible au fond des nuits funèbres,
Et sa splendeur de feu qu'exaltent les ténèbres
Emparadise encor les univers défunts.
Femme, recorde-moi ceci. Ma force vierge
Est éclose aux ardeurs brunes de tes beaux yeux:
Quand mon coeur sera mûr pour le sol des aïeux,
Notre amour sera clos. N'allume pas de cierge.
Le ciel restera sourd comme il reste béant.
O femme, écoute-moi, pas de terreur vulgaire!
Si l'âme est immortelle, il ne m'importe guère,
Et je ne me vends pas aux chances du néant.
Aucun joug n'a ployé ma nuque inasservie,
Et dans la liberté que lui fait sa vertu,
Voici l'homme qui s'est lui-même revêtu
Du pouvoir de juger et d'attester sa vie.
Hors de moi, je ne prends ni rêve ni conseil;
N'arrachant du labeur que l'oeuvre et non la tâche,
Je ne me promets point de récompense lâche
Pour le plaisir que j'ai de combattre au soleil.
Le limon, que son oeuvre auguste divinise
Par son épouvantable enfantement, répond
Aux désirs surhumains de mon être fécond,
Et ma chair douloureuse avec lui fraternise.
Telle est ma loi. Sans peur et sans espoir, je vais,
Après m'être creusé ma route comme Alcide.
Que la combinaison de mon astre décide
Si je suis l'homme bon ou bien l'homme mauvais.
Mais, quel que soit le mot qu'ajoute ma planète
Aux constellations de la fatalité,
J'ai reposé mon coeur avec tranquillité
Dans l'asile très sûr d'un amour très honnête.
FRANÇOIS FABIÉ.
LES GENÊTS
Les genêts, doucement balancés par la brise,
Sur les vastes plateaux font une houle d'or;
Et, tandis que le pâtre à leur ombre s'endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise;
Cette fleur qui le fait bêler d'amour, le soir,
Quand il roule des hauts des monts vers les étables,
Et qu'il croise en chemin les grands boeufs vénérables
Dont les doux beuglements appellent l'abreuvoir;
Cette fleur toute d'or, de lumière et de soie,
En papillons posée au bout des brins menus,
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie….
Certes, j'aime les prés où chantent les grillons,
Et la vigne pendue aux flancs de la colline,
Et les champs de bleuets sur qui le blé s'incline,
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds.
Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines,
Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets, de genêts recouverts,
Qui font au vent d'été de si fauves haleines.
Vous en souvenez-vous, genêts de mon pays,
Des petits écoliers aux cheveux en broussailles
Qui s'enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles,
Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis?
Comme l'herbe était fraîche à l'abri de vos tiges!
Comme on s'y trouvait bien, sur le dos allongé,
Dans le thym qui faisait, aux sauges mélangé,
Un parfum enivrant à donner des vertiges!
Et quelle émotion lorsqu'un léger frou-frou
Annonçait la fauvette apportant la pâture,
Et qu'en bien l'épiant on trouvait d'aventure
Son nid plein d'oiseaux nus et qui tendaient le cou!
Quel bonheur, quand le givre avait garni de perles
Vos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent,
—Précoces braconniers,—de revenir souvent,
Tendre en vos corridors des lacets pour les merles!
Mais il fallait quitter les genêts et les monts,
S'en aller au collège étudier des livres,
Et sentir, loin de l'air natal qui vous rend ivres,
S'engourdir ses jarrets et siffler ses poumons;
Passer de longs hivers, dans des salles bien closes,
A regarder la neige à travers les carreaux,
Éternuant dans des auteurs petits et gros,
Et soupirant après les oiseaux et les roses;
Et, l'été, se haussant sur son banc d'écolier,
Comme un forçat qui, tout en ramant, tend sa chaîne,
Pour sentir si le vent de la lande prochaine
Ne vous apporte pas le parfum familier….
Enfin, la grille s'ouvre! On retourne au village;
Ainsi que les genêts, notre âme est tout en fleurs,
Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs
On sent un air plus pur qui vous souffle au visage.
On retrouve l'enfant blonde avec qui cent fois
On a jadis couru la forêt et la lande;
Elle n'a point changé,—sinon, qu'elle est plus grande,
Que ses yeux sont plus doux et plus douce sa voix.
—"Revenons aux genêts!—Je le veux bien!" dit-elle.
Et l'on va, côte à côte, en causant, tout troublés
Par le souffle inconnu qui passe sur les blés,
Par le chant d'une source, ou par le bruit d'une aile.
Les genêts ont grandi, mais pourtant moins que nous:
Il faut nous bien baisser pour passer sous leurs branches,
Encore accroche-t-elle un peu ses coiffes blanches;
Quant à moi, je me mets simplement à genoux.
Et nous parlons des temps lointains, des courses folles,
Des nids ravis ensemble, et de ces riens charmants
Qui paraissent toujours sublimes aux amants,
Parce que leurs regards soulignent leurs paroles.
Puis, le silence; puis, la rougeur des aveux,
Et le sein qui palpite, et la main qui tressaille,
Et le bras amoureux qui fait ployer la taille…
Comme le serpolet sent bon dans les cheveux!
Et les fleurs des genêts nous font un diadème;
Et, par l'écartement des branches,—haut dans l'air,—
Paraît comme un point noir l'alouette au chant clair
Qui, de l'azur, bénit le coin d'ombre où l'on aime!
Ah! de ces jours lointains,—si lointains et si doux!—
De ces jours dont un seul vaut une vie entière,
—Et de la blonde enfant qui dort au cimetière,
Genêts de mon pays, vous en souvenez-vous?
PAUL DÉROULÈDE
LE BON GÎTE
Bonne vieille, que fais-tu là?
Il fait assez chaud sans cela;
Tu peux laisser tomber la flamme.
Ménage ton bois, pauvre femme,
Je suis séché, je n'ai plus froid.
Mais elle, qui ne veut m'entendre,
Jette un fagot, range la cendre:
"Chauffe-toi, soldat, chauffe-toi!"
Bonne vieille, je n'ai pas faim.
Garde ton jambon et ton vin;
J'ai mangé la soupe à l'étape.
Veux-tu bien m'ôter cette nappe!
C'est trop bon et trop beau pour moi.
Mais elle, qui n'en veut rien faire,
Taille mon pain, remplit mon verre:
"Refais-toi, soldat, refais-toi!"
Bonne vieille, pour qui ces draps?
Par ma foi, tu n'y penses pas!
Et ton étable? Et cette paille
Où l'on fait son lit à sa taille?
Je dormirai là comme un roi.
Mais elle qui n'en veut démordre,
Place les draps, met tout en ordre:
"Couche-toi, soldat, couche-toi!"
—Le jour vient, le départ aussi.—
Allons! adieu… Mais qu'est ceci?
Mon sac est plus lourd que la veille….
Ah! bonne hôtesse, ah! chère vieille,
Pourquoi tant me gâter, pourquoi?
Et la bonne vieille de dire,
Moitié larme, moitié sourire:
"J'ai mon gars soldat comme toi!"
GEORGES BOUTELLEAU
LE COLIBRI
J'ai vu passer aux pays froids
L'oiseau des îles merveilleuses,
Il allait frôlant les yeuses
Et les sapins mornes des bois.
Je lui dis: "Tes plages sont belles,
Ne pleures-tu pas leur soleil?"
Il répondit: "Tout m'est vermeil:
Je porte mon ciel sur mes ailes!"
LES DEUX OMBRES
Deux ombres cheminaient dans une étroite allée,
Sous le pâle couchant d'un jour mourant d'été:
L'une avait sur la lèvre un sourire enchanté;
L'autre était languissante et de crêpes voilée.
Elles allaient sans but, distraites du chemin,
Cherchant la solitude et son divin mystère;
Fiancés éternels aussi vieux que la terre:
La Douleur et l'Amour qui se donnaient la main.
LOUIS TIERCELIN
LE PETIT ENFANT
Il jouait, le petit enfant
Aux blanches mains, aux lèvres roses;
Ignorant nos soucis moroses,
Il jouait, le petit enfant.
Joyeux, candide et triomphant,
Sur le tapis couvert de roses,
Il jouait, le petit enfant
Aux blanches mains, aux lèvres roses.
Il dormait, le petit enfant,
Dans son berceau de mousseline.
Fleur fatiguée et qui s'incline,
Il dormait, le petit enfant.
Et la mère, en le réchauffant,
Le berçait d'une voix câline,
Il dormait, le petit enfant,
Dans son berceau de mousseline.
Il vivait, le petit enfant,
Heureux et rose à faire envie,
Front radieux, âme ravie,
Il vivait, le petit enfant.
Le père faisait pour sa vie
De beaux rêves que Dieu défend.
Il vivait, le petit enfant,
Heureux et rose à faire envie.
Il est mort, le petit enfant;
Il s'est envolé vers les Anges.
Avec des sourires étranges,
Il est mort, le petit enfant.
Il est mort, et le coeur se fend
Devant ce linceul fait de langes.
Il est mort, le petit enfant;
Il s'est envolé vers les Anges.
GUY DE MAUPASSANT
DÉCOUVERTE
J'étais enfant. J'aimais les grands combats,
Les chevaliers et leur pesante armure,
Et tous les preux qui tombèrent là-bas
Pour racheter la Sainte Sépulture.
L'Anglais Richard faisait battre mon coeur;
Et je l'aimais, quand après ses conquêtes
Il revenait, et que son bras vainqueur
Avait coupé tout un collier de têtes.
D'une Beauté je prenais les couleurs.
Une baguette était mon cimeterre;
Puis je partais à la guerre des fleurs
Et des bourgeons dont je jonchais la terre.
Je possédais au vent libre des cieux
Un banc de mousse où s'élevait mon trône.
Je méprisais les rois ambitieux,
De rameaux verts j'avais fait ma couronne.
J'étais heureux et ravi. Mais un jour
Je vis venir une jeune compagne.
J'offris mon coeur, mon royaume et ma cour,
Et les châteaux que j'avais en Espagne.
Elle s'assit sous les marronniers verts;
Or, je crus voir, tant je la trouvais belle,
Dans ses yeux bleus comme un autre univers,
Et je restai tout songeur auprès d'elle.
Pourquoi laisser mon rêve et ma gaîté
En regardant cette fillette blonde?
Pourquoi Colomb fut-il si tourmenté
Quand, dans la brume, il entrevit un monde?
L'OISELEUR
L'Oiseleur Amour se promène
Lorsque les coteaux sont fleuris,
Fouillant les buissons et la plaine,
Et, chaque soir, sa cage est pleine
Des petits oiseaux qu'il a pris.
Aussitôt que la nuit s'efface
Il vient, tend avec soin son fil,
Jette la glu de place en place,
Puis sème, pour cacher la trace,
Quelques grains d'avoine ou de mil.
Il s'embusque au coin d'une haie,
Se couche aux berges des ruisseaux,
Glisse en rampant sous la futaie,
De crainte que son pied n'effraie
Les rapides petits oiseaux.
Sous le muguet et la pervenche
L'enfant rusé cache ses rets,
Ou bien sous l'aubépine blanche
Où tombent, comme une avalanche,
Linots, pinsons, chardonnerets.
Parfois d'une souple baguette
D'osier vert ou de romarin
Il fait un piège, et puis il guette
Les petits oiseaux en goguette
Qui viennent becqueter son grain.
Étourdi, joyeux et rapide,
Bientôt approche un oiselet:
Il regarde d'un air candide,
S'enhardit, goûte au grain perfide,
Et se prend la patte au filet.
Et l'oiseleur Amour l'emmène
Loin des coteaux frais et fleuris,
Loin des buissons et de la plaine,
Et, chaque soir, sa cage est pleine
Des petits oiseaux qu'il a pris.
PAUL BOURGET
PRAETERITA
Novembre approche,—et c'est le mois charmant
Où, devinant ton âme à ton sourire,
Je me suis pris à t'aimer vaguement,
Sans rien dire.
Novembre approche,—ah! nous étions enfants,
Mais notre amour fut beau comme un poème.
—Comme l'on fait des rêves triomphants
Lorsqu'on aime!—
Novembre approche,—assis au coin du feu,
Malade et seul, j'ai songé tout à l'heure
A cet hiver où je croyais en Dieu,
Et je pleure.
Novembre approche,—et c'est le mois béni
Où tous les morts ont des fleurs sur leur pierre,
Et moi je porte à mon rêve fini
Sa prière.
ROMANCE
Pourquoi cet amour insensé
N'est-il pas mort avec les plantes
Qui l'enivraient, l'été passé,
D'odeurs puissantes et troublantes?
Pourquoi la bise, en emportant
La feuille jaunie et fanée,
N'en a-t-elle pas fait autant
De mon amour de l'autre année?
Les roses des rosiers en fleur,
L'hiver les cueille et les dessèche;
Mais la blanche rose du coeur,
Toujours froissée, est toujours fraîche.
Il n'en finit pas de courir,
Le ruisseau de pleurs qui l'arrose,
Et la mélancolique rose
N'en finit pas de refleurir.
DÉPART
Accoudé sur le bastingage
Et regardant la grande mer,
Je respire ce que dégage
De liberté ce gouffre amer.
Le large pli des houles bleues,
Que les vents poussent au hasard
D'au delà d'un millier de lieues,
Soulève le bateau qui part.
Sensation farouche et gaie,
Je vais donc vivre sans lien!
Ah! que mon âme est fatiguée
D'avoir tant travaillé pour rien!
Vains devoirs d'un monde frivole,
Plaisirs factices de deux jours,
Coupable abus de la parole,
Efforts mesquins, tristes amours,
Tout de ce qui fut moi s'efface
A l'horizon mystérieux,
Et le libre, l'immense espace,
S'ouvre à mon coeur comme à mes yeux.
NUIT D'ETE
O nuit, ô douce nuit d'été, qui viens à nous
Parmi les foins coupés et sous la lune rose,
Tu dis aux amoureux de se mettre à genoux,
Et sur leur front brûlant un souffle frais se pose!
O nuit, ô douce nuit d'été, qui fais fleurir
Les fleurs dans les gazons et les fleurs sur les branches,
Tu dis aux tendres coeurs des femmes de s'ouvrir,
Et sous les blonds tilleuls errent des formes blanches!
O nuit, ô douce nuit d'été, qui sur les mers
Alanguis le sanglot des houles convulsées,
Tu dis aux isolés de n'être pas amers,
Et la paix de ton ciel descend dans leurs pensées.
O nuit, ô douce nuit d'été, qui parles bas,
Tes pieds se font légers et ta voix endormante,
Pour que les pauvres morts ne se réveillent pas,
Eux qui ne peuvent plus aimer, ô nuit aimante!
ÉPILOGUE
Le Fantôme est venu de la trentième année.
Ses doigts vont s'entr'ouvrir pour me prendre la main,
La fleur de ma jeunesse est à demi fanée,
Et l'ombre du tombeau grandit sur mon chemin.
Le Fantôme me dit avec ses lèvres blanches:
"Qu'as-tu fait de tes jours passés, homme mortel?
Ils ne reviendront plus t'offrir leurs vertes branches.
Qu'as-tu cueilli sur eux dans la fraîcheur du ciel?"
—"Fantôme, j'ai vécu comme vivent les hommes:
J'ai fait un peu de bien, j'ai fait beaucoup de mal.
Il est dur aux songeurs, le siècle dont nous sommes,
Pourtant j'ai préservé mon intime Idéal!…."
Le Fantôme me dit: "Où donc est ton ouvrage?"
Et je lui montre alors mon rêve intérieur,
Trésor que j'ai sauvé de plus d'un noir naufrage,
—Et ces vers de jeune homme où j'ai mis tout mon coeur.
Oui! tout entier: espoirs heureux, légers caprices,
Coupables passions, spleenétique rancoeur,
J'ai tout dit à ces vers, tendres et sûrs complices.
Qu'ils témoignent pour moi, Fantôme, et pour ce coeur!
Que leur sincérité, Juge d'en haut, te touche,
Et, comme aux temps lointains des rêves nimbés d'or,
Pardonne, en écoutant s'échapper de leur bouche,
Ce cri d'un coeur resté chrétien: Confiteor!
ABEL HERMANT
L'ÉTOILE
Je suis le Chaldéen par l'Étoile conduit
Vers un but inconnu que moi-même j'ignore.
Quelle main alluma cet astre dans ma nuit?
Quel spectacle à mes yeux révélera l'Aurore?
N'importe.—Dans la nuit je vais. La nudité
Du jour blessait mes yeux. L'ombre chaste est un voile.
Ce flambeau, qu'il m'égare ou me guide, est clarté:
L'Astre, même trompeur, est toujours une étoile.
Trouverai-je en sa crèche, ainsi que dans un nid,
Un enfant? Me mettrai-je à genoux? Que m'importe!
J'ai recueilli la myrrhe et le baume bénit:
Je respire en marchant les parfums que je porte.
NOTES.
The full-face figures refer to the pages; the ordinary figures to the lines.
N.B. For the poets before MALHERBE the spelling has not been modernized. Some uniformity however has been sought, and accents are used when they affect final vowels.
CHARLES D'ORLÉANS.
1391-1465.
Father of Louis XII, was taken prisoner in the battle of Agincourt (1415) and passed the next twenty-five years of his life in captivity in England. In this long leisure he developed his talent for poetry, and on his return to France he made his residence at Blois a gathering-point for men of letters. His poetical work marks the utmost attainment in outward grace of expression in the treatment of conventional subjects in the traditional fixed forms. Now and then there is a more personal strain which suggests the more distinctly modern lyric of Villon; but he is not to be compared with Villon in originality of view, sincerity of feeling, or directness and intensity of utterance.
His works were not published till the eighteenth century. The best edition is that of Ch. d'Héricault, 2 vols., 1874 (Nouvelle collection Jannet-Picard). Charles d'Orléans also wrote some of his poems in English; these were published by G. W. Taylor in 1827 for the Roxburghe Club.
For reference : Constant Beaufils, Étude sur la vie et les poésies de
Charles d'Orléans, 1861; Robert Louis Stevenson, Familiar Studies of
Men and Books, London, 1882.
1. BALLADE. For the form of the ballade see the remarks on versification, p. xxi. 2. ESTOYE, étais; for initial e from _es_cf. esveillera, l. 14, Esté, 3, 8. 3. AVOIENT, avaient; in the imperfect and conditional oi, from an earlier ei, continued to be written till late in the eighteenth century, long after in pronunciation it had come to have the value of ai. 4. HAYENT, haïssent, y is found frequently in the older spelling for i, especially when final. 5. DESCONFORT= découragement. 8. SI FAIS = ainsi je fais; the omission of the pronoun is common at this time; cf. 8, 24, direz. 10. NE … NE = ni … ni. GREVANCE = dommage, malheur. 14. ACCORT,accord. 16. SOYENT, soient; here of two syllables, in modern verse of one. 17. VEOIR, voir; here of two syllables. 22. SORT, evil spell. 24. LOING, loin.
2. I. VUEIL, veux, HOIR = héritier. 5. NUL NE PORTE= que nul ne porte. 6. VENT, vend. MARCHIÉ, marché. 7. TIENGNE = tienne. POUR TOUT VOIR = vraiment; let every one consider it a certain fact. RONDEL. For the form of the rondel see the remarks on versification, p. xxi. II. AVECQUES, avec. 12. COMBIEN QUE = bien que. 17. RAPAISE = s'apaise. 19. TANTOST = bientôt; s before l, m, n, and t has regularly disappeared; cf. vestu, 24, beste, 26, bruslerent, 4, 26, mesme, 5, 22, maistre, 6,1. RONDEL. "Le Temps a laissié son manteau." 22. LAISSIÉ, laissé. 24. BROUDERYE, broderie. 25. LUYANT, luisant, CLER, clair.
3. 4. LIVRÉE could be used now in the body of the line only before a word beginning with a vowel. 6. ABILLE, habille. RONDEL. "Les Fourriers d'Esté sont venus." 13. VERT, feminine ; in adjectives of two endings of the Latin third declension, like grandis, fortis, viridis, the feminine ending _e_is due to the influence of adjectives of three endings, and does not appear in Old French. 16. PIEÇA = naguère._ 18. PRENEZ PAÏS, take to the country, i.e. depart. 19. YVER, hiver.
4. RONDEL. "Dieu! qu'il la fait bon regarder." 2. SÇAY, sais; c was introduced into the forms of savoir under the mistaken notion that it was connected with scire. 4. UNG, un.
FRANÇOIS VILLON.
1431-146-?.
Poet and vagabond, he led a most irregular life, twice narrowly escaped hanging, and composed many of his poems in prison. He was a poet of great originality, for he broke away from the conventional subjects and the allegorizing habit of the Middle Ages and gave to the lyric a personal note and a depth and poignancy of feeling that made it almost a new creation, though he still adhered mainly to the traditional forms and showed a special preference for the ballade. Most of his ballades are introduced into his main works, the Petit Testament and the Grand Testament, which are entirely personal in contents.
His works were first published in 1489; Marot prepared an edition in the following century, Paris, 1533; they were not reprinted in the seventeenth century; convenient recent editions are those of P. L. Jacob (Paul Lacroix), 1854; P. Jannet (Nouvelle collection Jannet-Picard) and A. Longnon, 1892.
For reference: A. Longnon, Étude biographique sur François Villon, 1877; Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xiv; Th. Gautier, les Grotesques; J. Lemaître, Impressions de théâtre, troisième série, 1889 ; Robert Louis Stevenson, Familiar Studies of Men and Books, London, 1882.
4. BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS. Dante Gabriel Rossetti has translated this ballade, which is perhaps the most famous one in the language. 6. DICTES, dites, n'en = ni en ; in Old French ne could be used for the simple alternative 'or.' 7. FLORA; a late tradition made of the Roman goddess of flowers and spring a wealthy and beautiful woman. 8. ARCHIPIDIA, perhaps Hipparchia is meant; THAIS, an Athenian beauty of the fourth century B.C. 10. ECHO, the nymph of classical mythology. MAINE, mène. 11. ESTAN, étang. 13. ANTAN, last year (from Latin ante annum); Rossetti translates "yesteryear". 14. HELOÏS, Heloise, or Eloise. 16. ESBAILLART, Abelard (1079-1142), a French scholar and philosopher, whose love for the beautiful and accomplished Heloise, one of his pupils, has passed into legend, which has quite transformed the fact. SAINCT-DENYS, Saint-Denis, only four and one half miles from Paris, celebrated for the cathedral of Saint-Denis in which are the tombs of the kings of France. Abelard resided for a time in the abbey of Saint-Denis. 17. ESSOYNE = peine. 18. ROYNE, reine; Marguerite de Bourgogne, wife of Louis le Hutin, is meant, the heroine of the legend of the Tour de Nesle, according to which she had her numerous lovers killed and thrown into the Seine. Buridan was more fortunate and escaped; he was afterwards a learned professor of the University of Paris. She herself was strangled in prison in 1314. 21. LA ROYNE BLANCHE, Blanche de Castille, mother of Saint Louis. 22. SEREINE, sirène. 23. BERTHE AU GRAND PIED, celebrated in the chansons de geste, was the mother of Charlemagne. BIETRIS, Beatrix de Provence, married in 1245 to Charles, son of Louis VIII. ALLYS, Alix de Champagne, married in 1160 to Louis le Jeune. 24. HAREMBOURGES, Eremburge, daughter of Elie de la Flèche, count of Maine, who died in 1110. 25. JEHANNE, Joan of Arc, who was burned at the stake at Rouen in 1431.
5. 1. N'ENQUEREZ, do not seek to know. SEPMAINE,semaine. 3. QUE … NE, lest. REMAINE = reste. LAY ou PLUSTOST RONDEAU. 8. SE, si. 12. DEVIE = meure. 13. VOIRE = vraiment. JE CONNAIS TOUT FORS QUE MOI-MEME. 15. LAICT. lait. 21. BESONGNE = travaille. CHOMME, chôme. 24. GONNE, gown, a monk's garment.
6. 3. PIPEUR, one who whistles in imitation of birds ; je congnois pipeur qui jargonne, I know the tricks of the bird-catcher. 4. FOLZ NOURRIZ DE CRESME, refers perhaps to the pampered court jesters. 7. MULLET, mulet. 10. GECT, a counter for counting and adding (qui nombre et somme). 12. BOESMES, Bohemians; la faults des Boesmes is the heresy of the followers of John Huss (1369- 1415) and Jerome of Prague (1375-1416). 16. COULEREZ ET BLESMES = teints colorés et blêmes»
CLEMENT MAROT.
1497-1544.
He abandoned the law to live at court and write verses. After his first successes, he became page in the household of Marguerite of Navarre, and continued to enjoy her protection and that of her brother, Francis I., though this could not save him, when accused of heresy because of the welcome that he gave to the ideas of the Reformation, from the necessity of twice fleeing to Italy for safety. In spite of some deeper notes and in spite of his translation of the first fifty Psalms, which is used in French Protestant churches, he was by no means a religious reformer. He was essentially a court poet, putting into graceful verse, ballades, rondeaux, epistles, epigrams, etc., the trifles, jests, sallies, and elegant badinage that delighted courtly society.
Works: l'Adolescence Clémentine, 1532; Oeuvres de Clément Marot, Lyon, 1538; Trente Psaumes de David, 1541; Cinquante Psaumes de David, 1543 ; les Oeuvres de Clément Marot, Lyon, 1544; Oeuvres complètes de Clément Marot, par M. Guiffrey, 1876-81 (only part has appeared); Oeuvres complètes, par P. Jannet, 4 vols., 1868-72; Oeuvres choisies, par E. Voizard, 1890.
For reference: E. Scherer, Études littéraires sur la littérature contemporaine, vol. viii; Emile Faguet, le Seizième siècle, 1893; H. Morley, C. Marot and other studies, London, 1871.
RONDEAU. For the form see the remarks on versification.
20. SE DEMENOIT, expressed itself. 21. C'ESTOIT DONNÉ TOUTE LA TERRE RONDE, i.e. it was as if one had given. 23. "They loved each other for the heart alone."
24. SI A JOUIR ON VENOIT, if one's love was returned. 25. s'entretenoit, kept faith.
7 2. FEINCTS, feints. OYT, from ouïr. 3. Qui = si quelqu'un. ME FONDE, rely.
PIERRE DE RONSARD.
1524-1585.
The greatest French poet of the Renaissance, he entered the household of the Duke of Orleans at the age of ten, spent three years as page of James V. of Scotland, and traveled much about Europe on various embassies. At eighteen, attacked by deafness, he withdrew to the college of Coqueret and was won to poetry by study of the ancients. It was then that a common love for the classical literatures and a common zeal for imitating their beauties in French bound him to the other young men who with him called themselves the Pleiad and set themselves to the task of renewing French literature in the image of the literatures of antiquity. In 1550, the year after the appearance of the manifesto of the young school, the Défense et Illustration de la langue française of du Bellay, he published a volume of odes. His fame was instant and immense; he returned in glory to court, and for forty years the authority of his example was hardly questioned. His talent was exercised in almost all kinds of verse, chansons, sonnets, elegies, eclogues, hymns, epistles, and even in the epic, where, however, his experiment, la Franciade, was a complete failure, abandoned when but four of the proposed twelve cantos were finished. But his genius was essentially lyric. The ode was his special contribution to French verse; in it he followed the classical form with its divisions into strophe, antistrophe, and epode, sometimes in direct imitation of Pindar, Anacreon, Theocritus, or Horace. His best work is that in which he freed himself most fully from the influence of a model. His deepest and truest note's are those that celebrate the pleasures of this life, the delights of nature, and the inevitable "cold obstruction" of death.
Works: Odes and Bocage, 1550; Amours, Odes, book v, 1552, 1553; Hymnes, 1555, book ii, 1556; Meslanges, 1555, book ii, 1559; Oeuvres (Amours, Odes, Poèmes, Hymnes), 4 vols., 1560; Oeuvres, i vol., 1584; recent editions are Oeuvres complètes, par P. Blanchemain, 8 vols., 1857-67 (Bibliothèque elzévirienne); par Marty-Laveaux, 6 vols., 1887 ff.; Oeuvres choisies, avec notice de Sainte-Beuve, I vol.
For reference: Excellent biographical study by Marty-Laveaux in his edition of the works; Émile Faguet, le Seizième siècle, 1893 ; Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xii.
7. A CASSANDRE. 8. DESCLOSE, opened. 10. A POINT PERDU; ne was not, and still is not always, required in the question; cf. 164, 22. VESPREE = soir; cf. vêpre. 13. LAS, hélas. 20. FLEURONNE= fleurit.
8. CHANSON. 27. AMOUR, Cupid. 1. CHENEVIERE = chanvre. 3. MY-NUD, half naked. 19. FOL LE PELICAN; cf. for another use of this popular notion about the pelican the famous picture in the Nuit de mai of Alfred de Musset, 150, 12 ff. A HÉLÈNE. 26. OYANT, from ouïr. 27. DESJA, déjà. 29. BENISSANT VOSTRE NOM, etc., i.e. congratulating you on being immortalized by the poet's praise.
9. 2. OMBRES MYRTEUX, shadows of the myrtles. ÉLÉGIE. 8. VENDEMOIS, one of the old divisions of France, on the Loire. It was the birth-place of Ronsard. 10. REMORS; has here rather the sense of regret. 13. AGEZ, agés the spelling -ez for -és was usual. 22. CHEF = tête. 23. DE RECHEF = de nouveau. 24. PERRUQUE = chevelure. 26. VERDS, strong, supple.
10. DIEU VOUS GARD. 7. GARD, the form of the present subjunctive regularly descended from the Latin subjunctive in verbs of the first conjugation. The ending e, added later, is due to analogy. 8. VISTES ARONDELLES, vites (rapides) hirondelles. 10. TOURTRES = tourterelles. 12. VERDELETS, verts; such diminutives were quite in favor in the language of the time; cf. rossignolet, nouvelet, fleurettes. 15. BOUTONS JADIS COGNUS, etc., i.e. the hyacinth and the narcissus. 29. AU PRIX DE, in comparison with.
11. A UN AUBESPIN. 6. LAMBRUNCHE, a wild vine. 10. PERTUIS, holes. 12. AVETTES = abeilles. 30. RUER = jeter.
12. ÉLÉGIE CONTRE LES BÛCHERONS DE LA FORÊT DE GASTINE. Cf. the poem by Laprade, p. 192. Gastine is in Haut-Poitou, in the present department of Deux-Sèvres. 14. PERSÉ, percé. 15. MASTIN, mâtin. 21. PANS, used by Ronsard in the plural as if he thought them a kind of being, like Satyrs. 22. FANS, now written faons, but still pronounced as if spelled fans. 24. PREMIER, used adverbially. 26. ESTONNER in the older language expressed a physical shock; to stun. 28. NEUVAINE, composed of nine. TROPE, troupe; the nine muses. Calliope was the muse of epic poetry, and Euterpe the muse of music and lyric poetry.
13. 3. ALTEREZ, BRUSLEZ, ETHEREZ, see note on agez, 9, 13. 8. DORDONEENS, referring to the forest of Dordona, in Epirus, where oracles were rendered from oak trees. According to Greek traditions the first men lived on acorns and raw flesh. 16. ET QU'EN CHANGEANT DE FORME, etc., and that it will change its form and put on a new one.
JOACHIM DU BELLAY.
1525-1560.
After Ronsard the foremost poet of the Pleiad. He was of an illustrious family, but, cut off from a brilliant public career by ill health and deafness, he sought consolation in letters. He even preceded Ronsard in inaugurating the literary reform, issuing the manifesto of the new movement, his Défense et Illustration de la langue française, his collection of sonnets called Olive, and a Recueil de poésies, all in 1549. Shortly afterwards he accompanied his cousin, Cardinal du Bellay, to Rome; the admiration which the historic associations of the city excited in him and his disgust at the intrigues of the court and the corruptions of Italian life, mingled with homesickness for the pleasant sights and quiet air of his native Anjou, inspired the two collections of sonnets which are his best, the Antiquités romaines, translated by Spenser in 1591, and the Regrets.
Works: Olive, Recueil de poésies, 1549; Premier livre des antiquités de Rome, 1558; Jeux rustiques, 1558; les Regrets, 1559 ; Oeuvres, 1569. Recent editions are : Oeuvres complètes, par Marty-Laveaux, 2 vols., 1866-67; Oeuvres choisies, par Becq de Fouquières, 1876.
For reference: Léon Séché, Joachim du Bellay, 1880; E. Faguet, le
Seizième siècle, 1893 ; Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, vol. xiii;
Walter Pater, The Renaissance, London, 1873.
13. L'IDÉAL. This is from the first collection of sonnets, Olive. The influence of Petrarch is evident. Compare also the lines of the sestet with the final stanzas of Lamartine's Isolement, p. 65. 22. En 1'eternel = dans l'éternité.
14. L'AMOUR DU CLOCHER. From the Regrets. 8. cestuy, old form of demonstrative, celui. The reference is of course to Jason. 9. USAGE, experience. 11. QUAND REVERRAY-JE, etc., cf. Homer's Odyssey, I, 58. 18. LOYRE, the name of the river is now feminine. 19. LIRÉ, a little village in Anjou, was the birth-place of du Bellay. D'UN VANNEUR DE BLÉ AUX VENTS. From the collection entitled Jeux rustiques.
15. 8. CESTE, cette. 10. J'AHANNE = je me fatigue.
AGRIPPA D'AUBIGNÉ.
1550-1630.
Soldier as well as poet, he was a leader of the Huguenots in the wars that ended with the accession of Henry IV. After the assassination of Henry IV., his safety became more and more threatened in France, and he withdrew finally to Geneva. His main work is a long descriptive and narrative poem, but in many parts essentially lyrical, les Tragiques, a fierce picture of France in the civil wars. In his lyrics, which comprise stances, odes, and élégies, he is a follower of the tradition of Ronsard.
Works: Les Tragiques, 1616; a recent edition is by L. Lalanne, 1857; also in the Oeuvres complètes, par MM. Reaume et de Caussade, 4 vols., 1873-77.
For reference: Pergameni, la Satire au seizième siècle et les Tragiques d'Agrippa d'Aubignê, 1881; E. Faguet, le Seizième siècle, 1893.
15. L'HYVER. 14. IRONDELLES, hirondelles. 19. N'ESLOIGNE, ne s'éloigne de.
16. 2. COMME IL FIT, i.e. comme il alluma des flammes. 10. SEREINES, sirènes. 14. USAGE, fruition.
JEAN BERTAUT.
1552-1611.
A man by no means of the poetic stature of Ronsard, du Bellay, and D'Aubigné; he found great favor in his day, but his lyric note was not powerful enough to endure long. He is most successful in the graceful expression of a natural melancholy, as in the example here given. He was a follower, in moderation, of the Pleiad.
Works : Recueil des oeuvres poétiques de J. Bertaut, l601; appeared again enlarged in 1605 ; Recueil de quelques vers amoureux, 1602 : both collections are included in Oeuvres poétiques, 1620; a recent edition is edited by A. Chenevière, 1891 (Bibliothèque elzévirienne). CHANSON. 27. DEMEURE, delay.
17. 4. FAY, fais.
23. VOY, vois.
25. VY, vis.
MATHURIN REGNIER.
1573-1613.
Though bred to the church and early settled in a good living, he led a life that was hardly edifying. He possessed brilliant talents, but failed to make the most of them. He was indolent and fond of good living, and was restive under discipline, as is evident in his work and in his irritation at Malherbe. He had a gift of keen observation, and his satires excelled in interest what he composed in the more lyrical forms of ode and elegy.
Works : Oeuvres, 1608, 1612 ; recent editions are those of Viollet le Duc, 1853 (Bibliothèque elzévirienne), and E. Courbet, 1875.
For reference : J. Vianey, Mathurin Régnier, 1896.
FRANÇOIS DE MALHERBE.
1555-1628.
He marks an epoch in the history of French letters. Boileau's famous phrase, "enfin Malherbe vint," dates from him the beginning of worthy French poetry. What did begin with him was that tradition of refinement, elegance, polish and perfect propriety of phrase that continued to rule French literature for two centuries. He lent the influence of a very positive voice to the growing demand for a standard of authority in grammar and versification and for recognized canons of criticism. The lyrical impulse in him was small, but some of his lines live in virtue of the finished propriety and harmony of expression.
Works: Oeuvres, 1628; the best edition is that of L. Lalanne, 5 vols., 1862-69 {Collection des Grands Écrivains).
For reference: G. Allais, Malherbe, 1891; F. Brunot, la Doctrine de Malherbe, 1891; F. Brunetière, l'Évolution des genres, vol. i, 1890; Études critiques sur l'histoire de la littérature française, vol. v, 1893.
21. CONSOLATION À M. DU PÉRIER. 5. TITHON, Tithonus, who obtained from the gods immortality but not eternal youth. After age had completely wasted and shriveled him he was changed into a grasshopper. 6. PLUTON, Pluto, god of the nether world, the abode of the dead. 8. ARCHÉMORE, Archemorus or Opheltes, son of Lycurgus, king of Nemea, died in infancy from the bite of a serpent.
22. I. FRANÇOIS, Francis I.; his oldest son, Francis, born in 1517, died suddenly in 1526, and Charles V. was suspected of having had him poisoned, and dire vengeance was wreaked upon the person of Sebastian de Montecuculli, cupbearer of Charles V. The suspicions proved to be wholly groundless. 5. ALCIDE, Alcides, by which name Hercules was known till he consulted the oracle of Delphi. 9. LA DURANCE, a river in southwestern France, flowing into the Rhone below Avignon. After beginning an agressive campaign in this part of France in the summer of 1536, the Spaniards were in September forced to a disastrous retreat. 13. DE MOI, for my own part; Malherbe had lost his first two children, Henry in 1587 and Jourdaine in 1599. 27. LOUVRE; the palace of the Louvre, begun in 1541 by Francis
I. on the site of a royal château built by Philip Augustus, and added to by his successors, was a royal residence until the Revolution.
23. CHANSON. 20. en sa liberté, i.e. free from her pursuit. PARAPHRASE DU PSAUME CXLV. This is Psalm CXLVI in our English Bible.
JEAN RACINE.
1639-1699.
A dramatic genius of the highest order. But besides being a great dramatist he was a consummate master of language. The choruses in Esther and Athalie are excellent examples of the kind of lyric that the tendencies represented by Malherbe permitted. The extract here given is from Esther, Act III. The approach to the language of the Psalms is evident throughout.
JEAN-BAPTISTE ROUSSEAU.
1670-1741.
The chief representative of the serious lyric in the eighteenth century. This ode is a favorable example of the form which lyric utterance assumed in this philosophizing century and under the tradition of poetic dignity and propriety.
27. ODE À LA FORTUNE. 16. SYLLA (138-78 B.C.), the enemy of Marius and author of the bloody proscription against the adherents of his rival. 17. ALEXANDRE, Alexander the Great. 18. ATTILA, king of the Huns from 434 to 453, who ravaged southern and western Europe from 450 to 452 and was known as "the scourge of God."
28. 16. LE RETOUR, i.e. the adverse turn.
ÉVARISTE-DÉSIRÉ DESFORGES DE PARNY.
1753-1814.
He wrote mostly in a lighter and erotic vein. He had many admirers in his day who styled him the French Tibullus. His influence is perceptible in the style of Lamartine.
Works: Poésies érotiques, 1778; Opuscules poétiques, 1779, enlarged in succeeding editions; les Rosicroix, 1807; Oeuvres, 5 vols., 1808; Oeuvres choisies, 1827.
For reference : Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xv; Portraits contemporains, vol. iv; George Saintsbury, Miscellaneous Essays, London, 1892.
NICOLAS GILBERT.
1751-1780.
He has often been compared with Chatterton and has owed much of his fame to the unfounded legend that he was a child of genius brought to an untimely death by poverty and lack of recognition. His satires on the vices of his time enjoyed a temporary reputation, but his real legacy to posterity is the well-known lines here given.
Works: Oeuvres complètes, 1788, and frequently thereafter.
ROUGET DE L'ISLE.
1760-1836.
Though he wrote much in both prose and verse, nothing of his lives except the Marseillaise, which has become the national song of France. He composed both words and music in the night of April 25, 1792, while he was an officer of engineers at Strassburg. The last stanza vas added later by another hand. The name, la Marseillaise, comes from the fact that it was introduced to Paris by the troops from Marseilles.
Works: Essais en vers et en prose, 1796.
For reference: J. Tiersot, Rouget de l'Isle, son oeuvre, sa vie, 1892.
32. LA MARSEILLAISE. 6. Beuillé, François-Claude Amour, marquis de (1739-1800), a devoted royalist, who planned the flight of Louis XVI. When the king was captured at Varennes he fled to England, where he died.
MARIE-ANDRÉ CHÉNIER.
1762-1794.
The most genuine poet of the eighteenth century. Born at Constantinople of a Greek mother, he knew Greek early and fed himself on the Greek poets, imbibing something of their spirit. His elegies, idyls, and odes are not mere repetitions of the conventional commonplaces, but new, original, and vigorous in idea and expression. He anticipated the Romanticists in breaking over the received rules of versification and in giving greater flexibility and variety to the Alexandrine line.
Works : Poésies, first published by H. de Latouche, 1819; later editions are by Becq de Fouquières, 1862 and 1872; G. de Chénier, with new material, 3 vols., 1874; by Louis Moland, 2 vols., 1878-79.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits littéraires, vol. i; Portraits contemporains, vols, ii and v; Causeries du lundi, vol. iv; Nouveaux lundis, vol. iii; E. Faguet, le Dix- huitième siècle, 1890; E. Caro, la Fin du dix-huitième siècle, vol. ii, 1882; J. Haraszti, la Poésie d'André Chénier, 1892.
32. LA JEUNE CAPTIVE. This, as well as the Iambes following, was written in the Saint-Lazare prison shortly before Chénier was sent to the guillotine. The young captive was Mlle. Aimée de Coigny; she escaped the guillotine and afterwards married M. de Montrond; she died in 1820.
33. 18. PHILOMÈLE; Philomela was daughter of Pandion, king of Athens. Pursued by Tereus, king of Thrace, she was changed into a nightingale. The name is frequently employed in poetry for the nightingale.
34. 16. PALÈS, a Roman divinity of flocks and shepherds.
35. IAMBES. 23. BAVUS, a conventional name; it is not clear who was in the poet's mind.
MARIE-JOSEPH CHENIER.
1764-1811.
A younger brother of André Chénier, enjoyed a great reputation as a dramatic poet and critic. Aside from the Chant du départ, which had a reputation approaching that of the Marseillaise, he is hardly to be considered as a lyric poet.
Works: Oeuvres complètes, 8 vols., 1823-1826; Poésies, 1844.
37. LE CHANT du DÉPART. 9. De BARRA, DE VIALA; Agricole Viala and François-Joseph Barra (properly Bara) were both young boys, thirteen and fourteen years of age, who fell fighting with the revolutionary armies, the former in the Vendée, the latter near Avignon. To both the Convention voted the honors of burial in the Pantheon. Their names are often coupled, as here.
ANTOINE-VINCENT ARNAULT.
1766-1834.
He wrote a number of tragedies and a collection of fables that were admired in their day, but his name is best preserved for the larger public by this brief elegy, which is found in most anthologies. The circumstances attending its composition, on the eve of his departure from France after his banishment in January, 1816, are related by Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. vii, in the course of his notice of Arnault, which should be consulted.
FRANÇOIS-RENÉ, VICOMTE DE CHAUTEAUBRIAND.
1768-1848.
An enormous literary force at the beginning of this century; M. E. Faguet calls him the "greatest date in French letters since the Pleiad." But the instrument of his power was prose. His attempts in verse were poor. Yet he exercised a direct influence towards the renewal of lyric poetry, as has been indicated in the introduction.
For reference: E. Faguet, Études littéraires sur le dix-neuvième siècle, 1887 ; F. Brunetière, l'Évolution de la poésie lyrique au dix-neuvième siècle, vol. i, 1894.
39. LE MONTAGNARD EXILÉ. Introduced into the prose tale, le Dernier des Abencérages (1807). "J'en avais composé les paroles pour un air des montagnes d'Auvergne remarquable par sa douceur et sa simplicité." (Author's note.) 24. la Dore, a rapid stream in the department Puy- de-Dôme, flowing into the Allier. 27. l'airain, i.e. the bell.
MARIE-ANTOINE DÉSAUGIERS.
1772-1827.
He represents a domain of the lyric that has always been industriously tilled in France, that of the chanson. The tradition of the song is distinctly bacchanalian, and rarely has it claimed serious consideration as literature. But Désaugiers now and then foreshadows the larger and more serious treatment the chanson was to receive at the hands of Béranger and Dupont.
Works: Chansons et Poésies diverses, 3 vols., 1808-1816; a Choix de chansons appeared in 1858; another in 1859, and others since.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. v; George
Saintsbury, Miscellaneous Essays, London, 1892.
CHARLES NODIER.
1780-1844.
Promoted the romantic movement by his personal contact with the group of young writers that he drew around him more than by what he himself wrote. He was one of those who felt and transmitted the influence of Germany. He is better known by his stories than by his verse.
Works : Essais d'un jeune barde, 1804 ; Poésies diverses, 1827.
For reference : Mme. Mennessier-Nodier, Charles Nodier, épisodes et souvenirs de sa vie, 1867 ; Sainte-Beuve, Portraits littéraires, vol. i.
PIERRE-JEAN DE BÉRANGER.
1780-1857.
The first in rank of the chansonniers. The chanson in his hands took on a breadth, a meaning, and a seriousness that it had never before possessed, and that make him secure of a place in the literature of his country. He used the song largely as a vehicle for his political opinions, even as a political weapon. The object of his attack was the monarchy of the restoration and the pre-revolutionary ideas which it tried to revive, and his weapon was formidable because it was so well fitted to be caught up and wielded by the masses of the people. Béranger was popular in the more original sense of the word. He appealed to the masses by his ideas, which were those of the average man, and by the form which he gave them and the efficient aid of the current airs to which he wedded them, so that his words not only reached the ears of an audience far wider than that of the readers of books, but found a lodgment in their memories. Works: The successive collections of Chansons appeared in 1815, 1821, 1825, 1828, 1833; Oevres posthumes, and Oeuvres complètes, 2 vols., 1857.
For reference: Saint-Beuve, Portraits contemporains, vol. i; Causeries du lundi, vols, ii, xv; Nouveaux lundis, vol. i; E. Caro, Poètes et romanciers, 1888; C. Coquelin in The Century, vol. xxiv, with portraits.
43. LE ROI D'YVETOT (May, 1813) is perhaps the most famous of his songs. Yvetot is a small town in Normandy, near Havre. The lords of Yvetot were given the title of king in the fifteenth century. The reference of the song to Napoleon is clear.
44. 11. BAN; lever le ban means to call out one's vassals or subjects. 13. TIRER AU BLANC, to shoot at a target.
45. LE VILAIN. 30.LE LÉOPARD; the French heralds describe the device of the English coat of arms as a lion léopardé; so the French often use the leopard as a symbol for the English.
46. 3. LA LIGUE, the Catholic League, a union of Catholics between 1576 and 1596, principally to secure the supremacy of their religion; it became the partisan of the Duc de Guise against Henry I. and Henry IV., fomented civil strife, allied itself with Spain, and became guilty of cruel excesses. MON HABIT 20. Socrate: the poverty of Socrates is notorious. 27. FÊTE: a person's fête is the day of the saint whose name he bears.
47. 17. DES RUBANS; little bits of ribbon are worn in the buttonhole by members of the Legion of Honor, established by Napoleon in 1802. Membership in it is a purely honorary distinction, conferred by the government for conspicuous services of any kind, civil as well as military, and usually much coveted. Béranger refused all such favors from the government. 26. METTRE POUR JAMAIS HABIT BAS, i.e. mourir.
48. LES ÉTOILES QUI FILENT, "shooting stars" (Jan., 1820). This poem is based upon the popular superstition that connects human destinies with the stars, and interprets a shooting star as the passing of a human life.
49. 2. C'ÉTAIT À QUI LE NOURRIRAIT, each strove to outdo the other in feeding him.
50. LES SOUVENIRS DU PEUPLE. This is one of the poems that contributed to increase the prestige of the name of Napoleon. 9. BIEN … QUE; the parts of the conjunction are sometimes thus separated.
51. 10. CHAMPAGNE, previous to the Revolution a political division of France, having Lorraine on the east and Burgundy on the south. Like most other provinces it belonged formerly to independent princes. It came to the kings of France by the marriage of Philip IV. in the last half of the thirteenth century. Since the Revolution all these historical divisions have been supplanted by the départements, new administrative districts intended to obliterate the old boundaries. But the old names are still familiarly used. Champagne was invaded in 1814 by an army of the powers allied against Napoléon. 18. S'ASSOIT, instead of the usual s'assied of cultivated speech, is in keeping with the unlettered condition and familar tone of the speaker.
52. LES FOUS. Perhaps the word "cranks" comes nearest to giving the force of the title. 22. SAUF À, reserving the privilege of.
53. 5. SAINT-SIMON; Claude-Henri, comte de Saint-Simon (1760-1825), was the founder of French socialism. He demanded the application of the principle of association to the production and distribution of wealth. 13. Francois- Marie-Charles FOURIER (1772-1837), the founder of Fourierism, advocated a social reform in the direction of communism, and proposed to reorganize society in large groups, or phalanxes, living together in a perfect community in one building, called a phalanstery. Such communities as Brook Farm were attempts at a practical application of Fourier's ideas. See O. B. Frothingham's Life of George Ripley. 21. Barthélemy-Prosper ENFANTIN (1796-1864) was a follower of Saint-Simon and developed his doctrines. His means for securing the emancipation and equality of woman was the abolition of marriage.
CHARLES-HUBERT MILLEVOYE.
1782-1816.
Author of several poetical tales of chivalry and a considerable number of elegies, is remembered for hardly anything but these celebrated lines:
Works: Oeuvres, 5 vols., 1814-16; a collection of his Poésies is published in one volume, with a notice by Sainte- Beuve.
54. LA CHUTE DES FEUILLES. 19. ÉPIDAURE; Epidaurus, a town in Argolis on the Saronic gulf, the chief seat of the worship of Aesculapius, the god of the healing art.
MADAME MARCELINE DESBORDES-VALMORE.
1786-1859.
Is still ranked well among the lyric poets of the first part of the century, though the celebrity that she enjoyed for a time has passed. Though her language still has a flavor of the eighteenth century, the note of emotion is direct and sincere. The theme that best inspired her was love—love betrayed and disappointed.
Works: Poésies, 1818; les Pleurs, 1833; Pauvres Fleurs, 1839; Contes en vers pour les enfants, Lyon, 1840; Bouquets et prières, 1843; there is a selection, with notice by Sainte-Beuve, with the title: Poésies de Madame Desbordes-Valmore.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. ii; Causeries du lundi, vol. xiv; Nouveaux lundis, xii; these notices are collected in a volume: Madame Desbordes-Valmore, sa vie et sa correspondance; Montesquiou-Fezensac, Félicité, étude sur la poésie de Marceline Desbordes-Valmore, 1894.
57. LES ROSES DE SAADI. Saadi (1195-1296) was a Persian poet; one of his works is the Gulistan, or Garden of Roses.
ALPHONSE-MARIE-LOUIS DE LAMARTINE. 1790-1869
The first great poet of the century and still one of the greatest. He passed a quiet youth in the shelter of home influences on his father's estate near Mâcon, receiving his most lasting impressions from his mother's instruction, from the fields and woods, and from certain favorite books, among which were the Bible and Ossian. This education was supplemented by a visit to Italy in 1811-12, memorable for the episode of Graziella, and a short service in the royal guards. His first volume, the Méditations poétiques (1820), was something entirely new in French letters and made him famous at once. These poems were saturated with the poet's personality and informed with his emotions; and to communicate his pervading melancholy he found the secret of lines which, while they did not yet have the color, brilliancy, and variety that the Romanticists presently gave to verse, charmed the ear with a harmony and a music unattained before. His long poems, with more or less of philosophical intention, especially Jocelyn (1836), are important works, but it was as a lyric poet that he made his chief impression.
Works: Méditations poétiques, 1820; Nouvelles Méditations, 1823; Harmonies poétiques et religieuses, 1830; Recueillements poétiques, 1839; Poésies inédites, 1839; Poésies inédites, 1873; republished under the same names in various collected editions of his Oeuvres since 1860.
For reference: Faguet, Études littéraires sur le dix-neuvième siècle, 1887; Sainte-Beuve, Premiers lundis, vol. i; Portraits contemporains, vol. i; F. Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. i; Histoire et littérature, vol. iii, 1892; F. Reyssié, la Jeunesse de Lamartine, 1891; E. Deschanel, Lamartine, 2 vols., 1893; J. Lemaître, les Contemporains, vol. vi, 1896; E. Zyromski, Lamartine poète lyrique, 1898.
58. LE LAC. Written September 17-23, 1817; from les Méditations poétiques. The lake here celebrated is Lake Bourget in Savoy. Here the poet met in 1816 Mme. Charles, wife of the well known physicist, with whom he fell very much in love and who is immortalized by him under the names Julie and Elvire. She died Dec. 18, 1817. Cf. Anatole France, l'Elvire de Lamartine, 1893. When this poem was written Lamartine already knew that she was hopelessly ill. This experience of his colors many poems of his first two volumes. Le Lac has often been set to music; most successfully by the Swiss composer Niedermeyer (1802-1861). For interesting variants in the text see Reyssié, la Jeunesse de Lamartine, p. 201.
L'AUTOMNE. November, 1819; from les Méditations poétiques.
61. 9. PEUT ÊTRE L'AVENIR, etc.; "allusion à l'attachement sérieux que le poète avait conçu pour une jeune Anglaise qui fut depuis la compagne de sa vie." (Commentaire de l'auteur.) LE SOIR. Spring of 1819; from les Méditations poétiques.
63. LE VALLON. Summer of 1819; from les Méditations poétiques. "Ce vallon est situé dans les montagnes du Dauphiné." (Commentaire de l'auteur.)
65 9. PYTHAGORE; Pythagoras, a Greek philosopher of the sixth century B.C., who is said to have taught the doctrine that the "organization of the universe is an harmonious system of numerical ratios." L'ISOLEMENT. September, 1818; from
les Méditations poétiques. Reyssié in the work above cited gives interesting variants for this poem.
67 LE CRUCIFIX. 1818? From les Nouvelles Méditations. "Mon ami M. de V(irieu), qui assistait aux derniers moments de Julie, me rapporta, de sa part, le crucifix qui avait reposé sur ses lèvres dans son agonie … J'écrivis, après une année de silence et de deuil, cette élégie." (Commentaire de l'auteur.) Compare with this note the eleventh stanza of the poem, which points back to the time of the Graziella affair. See below.
70. ADIEU A GRAZIELLA. From les Nouvelles Méditations. Graziella, whose heart Lamartine won during his visit to Naples in the winter of 1811-12 and whom he abandoned, was the daughter of a Neapolitan fisherman. She died soon afterward. Later the poet idealized her and his relation to her and immortalized her memory in his works. Cf. le Premier regret below.
71. LES PRÉLUDES. 1822; from les Nouvelles Méditations. This poem, addressed to Victor Hugo, consists of several divisions, in different meters, only the last of which is here given. It inspired the symphonic poem of Liszt by the same name.
73. HYMNE DE L'ENFANT À SON RÉVEIL. From les Harmonies poétiques et religieuses.
76. LE PREMIER REGRET. From les Harmonies poétiques et religieuses. It was inspired by the memory of Graziella. 7. MER DE SORRENTO, bay of Naples; Sorrento is a small town on the bay, south-east of Naples.
77. 27. NÉMI; the lake is in the hollow of an extinct volcano, in the Alban mountains, a few miles southeast of Rome.
81. STANCES. From les Nouvelles Méditations. 18. MEMNON, son of Tithonus and Eos, king of the Ethiopians, slain by Achilles. The Greeks connected with Memnon various ancient monuments and buildings, especially the great temple at Thebes and one of the colossi of Amenophis III., currently called the statue of Memnon; legend reported of it that when touched by the first rays of the dawn it gave forth a musical sound.
83. LES RÉVOLUTIONS. From les Harmonies poétiques et religieuses. Only the last of the three divisions of the poem is given here.
84. 20. SIBYLLES ANTIQUES; concerning the sibyls, sibylline books, and sibylline leaves consult a classical dictionary. 23. VERBE; used currently for the second person of the Trinity; here it goes back to a passage in the first division of the poem, where speaking of God's process of creation; he says:
"Son Verbe court sur le néant!
Il court, et la Nature à ce Verbe qui vole
Le suit en chancelant de parole en parole,
Jamais, jamais demain ce qu'elle est aujourd'hui!
Et la création, toujours, toujours nouvelle,
Monte éternellement la symbolique échelle
Que Jacob rêva devant lui! "
85. 8. LES NOEUDS, knots of nautical reckoning.
ALFRED DE VIGNY.
1797-1863.
One of the great poets of the century. He surpassed most, if not all, of his fellow Romanticists in the intellectual quality of his verse. His lyrics are not merely the product of a moment of passion or of a passing emotion; the strings of his lyre were not set vibrating by every breeze that blew. The personal emotion from which the lyric springs was with him subjected to the action of an intellectual solvent, was generalized and made almost impersonal before it was given form and expression. For this reason partly the bulk of his poetry is small, not exceeding the limits of one small volume. But there are few poems that one would be content to lose. One should read, besides the two given here, Moïse, la Maison du Berger and la Mort du loup. De Vigny's influence on the poetry of the latter half of the century has been considerable.
Works: Poèmes, 1822; Poèmes antiques et modernes, 1826; les Destinées, 1864; in the Oeuvres complètes_, of which several editions have appeared, the Poésies make one volume.
For reference : Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. II; E. Caro, Poètes et romanciers, 1888 ; E. Faguet, Études littéraires sur le dix-neuvième siècle, 1887 ; F.Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. ii ; Dorison, Alfred de Vigny, poète philosophe, 1891 ; M. Paléologue, Alfred de Vigny, 1891.
86. LE COR. 1828. The story of the surprise of the rearguard of Charlemagne by the Moors and of the death of Roland (Orlando in the Italian poems) is told in the Chanson de Roland (end of the eleventh century), the finest of the old French heroic poems. 19. FRAZONA ; this name is not found on ordinary maps or in descriptions of this region. MARBORÉ, a mountain of the Pyrenees. 21. GAVES, name given in the Pyrenees to streams that descend from the mountains.
87. 11. RONCEVAUX, a Spanish village at the entrance to one of the passes of the Pyrenees. 14. OLIVIER, Oli- ver, like Roland and Turpin mentioned later, one of the twelve peers of Charlemagne, standard figures in the old French poems that deal with Charlemagne.
88. 4. LUZ, ARGELÈS, villages in the department of Hautes- Pyrénées. 6. ADOUR, a river of France rising in the Pyrenees and flowing into the Bay of Biscay. 15. SAINT Denis is the patron saint of France. 24. Obéron, king of the fairies in mediaeval folk-lore; cf. A Midsummernight's Dream.
89. LA BOUTEILLE À LA MER, 1853. Bears the sub-title: Conseil à un jeune homme inconnu. 19. Chatterton (1752-1770), the precocious English poet who, failing to get recognition for his talents, was reduced to destitution and ended his life by poison. Wordsworth wrote of him in
The Leech-Gatherer:
"I thought of Chatterton, the marvellous Boy,
The sleepless Soul that perished in his pride."
For de Vigny he stood almost as the type of the poet; he used his career as literary material in the narrative Stello (1832) and in the drama Chatterton (1835). Gilbert, see p. 320. He is also brought into Stello. MALFILÂTRE (1732-1767), a French poet who was tempted by the praise given to his ode, le Soleil fixe au milieu des planètes, to try a literary career at Paris and died in great poverty. He has passed wrongly for an unappreciated genius.
9O. 27. TERRE-DE-FEU, Terra del Fuego.
91. 6. CES PICS NOIRS, les pics San-Diego, San-Ildefonso. (Author's note.) 13. Reims, a city in Champagne, the center of the champagne trade. 25. Aï, a town in Champagne, near Reims, noted for its wine; the name is also applied to the wine.
8. DES FLORIDES; in speaking of both coasts of Florida the French formerly used the plural.
VICTOR HUGO.
1802-1885.
The foremost literary figure of the century in France. His commanding influence as the chief of the Romantic school and the champion of a revolution in literary doctrine and practice has led to his being generally considered in connection with the movement to which he gave such a powerful impulse. But he was not merely a great party chief and a great influence. He was also a great poet, and a great lyric poet. He was that by reason of the breadth and variety of his lyric performance, the surprising mastery of form that he showed, the new capacities for picturesque expression that he discovered in the language or created for it, the new possibilities of rhythm and melody that he opened to it, and the range, power, and sincerity of many of the thoughts and feelings to which he gave so sonorous and musical a body. No doubt in a large part of his early work, as les Orientales, the body was more to him than the spirit that it lodged. Poetry to him was an art that had its technical side, like any other. The development of its technical resources had a charm of its own, and he had the artist's delight in skillful and exquisite workmanship. The
mastery that he attained was so perfect, he seemed so fully to exhibit the utmost capacities of the language for the most various effects of rhythm and harmony, that Théodore de Banville said of la Légende des siècles that it must be the Bible and the Gospel of every writer of French verse. But he did not stop with the dexterity and virtuosity of the craftsman. More and more he used the mastery that he had achieved not for the mere pleasure of practicing or exhibiting it, but to give fitting and adequate expression to feelings and to thoughts. The domestic affections, the love of country, and the mystery of death had the deepest hold upon him, and whenever he approaches these themes he is almost sure to be genuine and sincere. His pity for the poor and unfortunate was very tender, and was the real spring of a great deal of his democracy, and he had a fine gift of wrathful indignation, which was called into exercise especially by Napoleon III. No part of his lyrical production is more spontaneous and genuine than many poems of Les Châtiments. There was from the first a bent towards philosophical reflection observable in him, and in the latter part of his life, beginning with les Contemplations and la Légende des siècles, it preponderated more and more over the lyrical impulse, though the latter was never reduced to silence for long.
Works: Odes et Poésies diverses, 1822; Nouvelles Odes, 1824; Odes et Ballades, 1826, 1828; les Orientales, 1829; les Feuilles d'Automne, 1831; les Chants du crépuscule, 1835; les Voix intérieures, 1837; les Rayons et les ombres, 1840; les Châtiments, 1853; les Contemplations, 1856; la Légende des siècles, 1859, 1876, 1883; les Chansons des rues et des bois, 1865; l'Année terrible, 1872; l'Art d'être grandpère, 1876; les Quatre Vents de l'esprit, 1881; Toute la lyre, 1889, 1893. The most convenient form in which they are now to be found is the ne varietur edition of Hetzel-Quantin in 16mo, at two francs a volume; the volumes correspond to those given above, except that the first three are all included in the one Odes et Ballades.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. i; E. Caro, Poètes et romanciers, 1888; A. Barbou, Victor Hugo, 1882; E. Dupuy, Victor Hugo, l'homme et le poète, 1887; L. Mabilleau, Victor Hugo, 1893 ; E. Biré, Victor Hugo avant 1830, 1883; Victor Hugo après 1830, 2 vols., 1891; Victor Hugo après 1852, 1894; A. C. Swinburne, Victor Hugo, London, 1886; C. Renouvier, Victor Hugo, le poète, 1893; E. Dowden, Studies in Literature, London, 1878; E. Faguet, le Dix-neuvième siècle, 1887; F. Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, 2 vols., 1894.
95. LES DJINNS. August, 1828; from les Orientales. The poem is especially noteworthy from a technical point of view. The quiet before the descent of the spirits, their approach, their fury, their receding, and the quiet that follows, are suggested by the movement of the lines. The motto is from Dante's Inferno, Canto v, 46-49; he is describing the tormented spirits of the carnal malefactors "Who reason subjugate to appetite." Djinns are spirits of Mohammedan popular belief, created of fire, and both good and evil. The vowel is not nasal.
97. 25. PROPHÈTE, Mohammed.
99. ATTENTE. 1828; from les Orientales. The motto is Spanish, "I was waiting in despair."
100. EXTASE. November, 1828; from les Orientales. The motto is from the Bible, Rev. i, 10. LORSQUE L'ENFANT PARAÎT. May 18, 1830; from les Feuilles d'Automne. Les Feuilles d'Automne were largely the reflection of the domestic affections of the poet. He had been married in 1822, and had at this time three children, Léopoldine, Charles, and Victor.
102. 17. ENNEMIS; the reference is doubtless to the literary opponents of Hugo; the struggle between the champion of tradition and the Romanticists brought many personal bitternesses. DANS L'ALCÔVE SOMBRE. Nov. 10, 1831; from les Feuilles d'Automne. The motto is from a poem, la Veillée, addressed by Sainte-Beuve to Hugo on the birth of his son François-Victor, Oct. 21, 1828.
103. 19. lys, lis; this spelling is usual with Victor Hugo and frequent in this century, especially with later writers.
1O4. 27. CHIMÈRE has here more the force of cauchemar. NOUVELLE CHANSON SUR UN VIEIL AIR. Feb. 18, 1834; from les Chants du crépuscule.
106. "PUISQU'ICI-BAS." May 19, 1836; from les Voix intérieures.
108. OCEANO NOX. July, 1836; from les Rayons et les ombres. The title is from Vergil, Aen. ii, 250: Vertitur interea caelum et ruit Oceano nox.
110. NUITS DE JUIN. 1837; from les Rayons et les ombres. "LA TOMBE DIT À LA ROSE." June 3, 1837; from les Voix intérieures. TRISTESSE D'OLYMPIO. October, 1837; from les Rayons et les ombres. See the discussion of this poem in Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, i, 200 ff. His view is indicated in the following extract: "Ces grands thèmes, les plus riches de tous,—la Nature, l'Amour et la Mort,—dans le développement desquels nous sommes convenus de chercher et de vérifier la mesure du pouvoir lyrique, Hugo les mêle ou les fond ensemble, il les enchevêtre, il les complique, il les multiplie les uns par les autres, et de cette complication, admirez les effets qu'il tire…. C'est en effet ici qu'éclate, à mon avis, la supériorité de la Tristesse d'Olympio sur le Lac de Lamartine ou sur le Souvenir de Musset, qu'on lui a si souvent, et à tort, préférés. Non pas du tout, vous le pensez bien, que je veuille nier le charme pur et pénétrant du Lac, ou la douloureuse et poignante éloquence du Souvenir! Incomparable élégie, le Lac de Lamartine a pour lui la discrétion même, l'élégance, l'idéale mélancolie, la caresse ou la volupté de sa plainte; et, dans le Souvenir de Musset, nous le verrons bientôt, c'est la passion même qui parle toute pure. Mais, dans la Tristesse d'Olympio, de même que les voix des instruments se marient dans l'orchestre, la note aiguë, déchirante et prolongée du violon à la lamentation plus profonde et plus grave de l'alto, le tumulte éclatant des cuivres aux sons plus perçants de la flûte, tandis qu'au-dessus d'eux la voix humaine continue son chant d'amour ou de colère, de haine ou d'adoration, c'est ainsi que la mélodie très simple et comme élémentaire du souvenir s'enrichit, s'augmente, se renforce, et se soutient chez Hugo d'un accompagnement d'une prodigieuse richesse, ou tout concourt ensemble, toute la nature et tout l'homme, toute la poésie de l'amour, toute celle des bois et des plaines, toute la poésie de la mort."
116. "A QUOI BON ENTENDRE." July, 1838; from the drama Ruy Blas, act ii, scene I.
117. CHANSON. "SI VOUS N'AVEZ RIEN À ME DIRE." May, 18—; from les Contemplations.
118. "QUAND NOUS HABITIONS TOUS ENSEMBLE." Sept. 4, 1844; from les Contemplations. The poet's daughter Léopoldine had married Charles Vacquerie in the summer of 1843. On the fourth of September of the same year she was drowned, together with her husband, in the Seine near Villequier. Her death was a great shock to Hugo, and the few verses that we have from these years are full of the bitterness of loss sweetened by remembrance of happy earlier days. Her memory is everywhere present in the Contemplations; compare the following poems.
119. 5. SI JEUNE ENCORE; jeune refers of course to the subject; Hugo was twenty-two when Léopoldine was born. "O SOUVENIRS! PRINTEMPS! AURORE!" Villequier, Sept. 4, 1846; from les Contemplations. Notice the date.
120. 2. MONTLIGNON, Saint-Leu, small places just out of Paris to the north.
121. ARIOSTE, Ariosto (1474-1533), a famous Italian poet, author of Orlando Furioso. "DEMAIN, DÈS L'AUBE." Sept. 3, 1847; from les Contemplations. Notice the date. 21. DEMAIN, i.e. the anniversary of his daughter's death.
122. 2. HARFLEUR, a small town on the Channel coast, a few miles from Havre, near the mouth of the Seine. VENI, VIDI, VIXI. April, 1848; from les Contemplations.
123. LE CHANT DE CEUX QUI S'EN VONT SUR MER. Dated: En mer, 1er août, 1852. This and the next following poems, from les Châtiments, are the expression of the poet's hatred for Napoleon III. This volume was the direct fruit of his exile in consequence of his determined opposition to the imperial ambitions of Napoleon. He had been active in trying to organize resistance after the coup d'état, and with difficulty had evaded arrest and escaped to Brussels. After the publication of his denunciatory volume, Napoléon le Petit, the Belgian government expelled him. and he took refuge first in England, whence he passed immediately to the island of Jersey, where he arrived on the fifth of August, 1852. In 1855 residence in Jersey was forbidden him and he removed to Guernsey, where he continued to reside till the downfall of Napoleon I.
124. LUNA. July, 1853. 23. L'AN QUATRE-VINGT-ONZE, 1791, the beginning of the French Revolution.
126. LE CHASSEUR NOIR. September, 1853. 27. SAINT ANTOINE; Saint Anthony (250-356) was a native of Upper Egypt, withdrew to the desert, and gave his life up to ascetic devotion in solitude and voluntary poverty. Legend represents him as beset by tempting demons.
128. LUX. December, 1853. 9. Capets; the kings of France from the accession of Hugh Capet in 987 to that of the house of Valois with Philip VI. in 1328 were Capets.
129. ULTIMA VERBA. December, 1853. 4. Mandrin, a notorious bandit, executed in 1755.
130. 3. Louvre, see note p. 318. 22. Sylla, see note p. 319. CHANSON. "Proscrit, regarde les roses." May, 1854; from les Quatre Vents de l'esprit, livre lyrique. Concerning the inexact rhyme semai: mai, rare with Hugo, see Revue politique et littéraire, July 16, 1881.
132. EXIL. Between 1868 and 1881; from les Quatre Vents de l'esprit, livre lyrique. 5. COLOMBE, his daughter Léopoldine. 6. ET TOI, MÈRE; Mme Victor Hugo died in 1868. SAISON DES SEMAILLES. LE SOIR. From les_ Chansons des rues et des bois_. The poem is not dated; the volume appeared in 1865.
133. 2. LABOURS, plowed fields. This seems almost to have been written for the well-known painting of "The Sower" by Millet, exhibited in 1850. However, Millet's sower is a young man. UN HYMNE HARMONIEUX. From les Quatre Vents de l'esprit, the poem bears no date.
134. PROMENADE DANS LES ROCHERS. From les Quatre Vents de l'esprit; not dated.
AUGUSTE BRIZEUX.
1803-1858.
He is remembered for his simple and touching poems, full of the landscape and of the rural life of his native Brittany. He also translated Dante's Divine Comedy.
Works: Marie, 1835; les Ternaires, 1841 (the title of this collection was later changed to la Fleur d'or); les Bretons, 1845; Histoires poétiques, 1855; Oeuvres complètes, 1861, 2 vols.; Oeuvres, 4 vols., 1879-84.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vols, ii and iii; Lecigne, Brizeux, sa vie et ses oeuvres, Lille, 1898.
AUGUSTE BARBIER.
1805-1880.
He secured immediate fame by the vigorous satire of his first work, Iambes, and he is probably still best remembered for this, though later volumes, especially Il Pianto, contain work of more perfect finish.
Works: Iambes, 1831; La Popularité, 1831; Lazare, 1833; Il Pianto, 1833 (these are now included in one volume, Iambes et poèmes); Nouvelles Satires, 1837; Chants civils et religieux, 1841; Rimes héroïques, 1843; Sylves, 1865.
For reference: Sainte-Beuve, Portraits contemporains, vol. ii.
138. L'IDOLE. May, 1831. The whole poem consists of five parts.
2. MESSIDOR, one of the months of the revolutionary calender, beginning with the nineteenth of June. It was the first of the summer months.
MADAME D'AGOULT.
1806-1876.
Marie-Sophie Catherine de Flavigny, comtesse d'Agoult, wrote under the pseudonym Daniel Stern. Her work is mainly in prose, in history, criticism and fiction, but she wrote a few lyrics marked by deep and true sentiment. A biographical notice by L. de Ronchand will be found in the second edition of her Esquisses morales, 1880.
FÉLIX ARVERS.
1806-1851.
He wrote mainly for the stage, and left but one volume of poems, Mes Heures perdues, which are all forgotten save this famous sonnet. The lady who inspired it is said to have been the daughter of Charles Nodier, afterwards Mme. Mennessier-Nodier. Mes Heures perdues was reprinted in 1878, with a notice of Arvers by Th. de Banville.
GÉRARD DE NERVAL.
1808-1855.
Gérard Labrunie, known in letters as Gérard de Nerval, was one of the group of young Romanticists who gathered around Hugo. Symptoms of insanity developed early, and at different times he was an inmate of an asylum. He finally committed suicide. He felt profoundly the influence of German literature, and his lyrics show something of this in the spiritual quality of their sentiment.
Works: Élégies nationales et satires politiques, 1827; translation of Goethe's Faust, 1828; la Bohême galante, 1856; Oeuvres completes, 5 vols., 1868.
For reference: Th. Gautier, Histoire du romantisme; Portraits et souvenirs littéraires; Arvède Barine, Névrosés, 1898.
140. FANTAISIE. Gioacchino Antonio ROSSINI (1792-1868), one of the foremost Italian composers of the century, author of William Tell (1829), and other well-known operas. Wolfgang Amadeus MOZART was a native of Austria, and one of the greatest musical geniuses that ever lived. Among his works are the operas Le Nozze di Figaro (1786), Don Giovanni (1787), Die Zauberflöte (1791); the famous Requiem; the symphony in G minor, etc. Karl Maria von WEBER (1786-1826), one of the founders of German as opposed to Italian opera. Der Freischütz is his most famous work.
HÉGÉSIPPE MOREAU.
1810-1838.
In his short and unhappy struggle with poverty and illness he produced a few graceful short stories and a thin volume of verse, le Myosotis (1838), that reveals a genuine, though not remarkable, lyric gift. See Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. iv. The poems of le Myosotis, and some others, now make vol. ii. of his Oeuvres complètes, 2 vols., 1890-91.
141. LA FERMIÈRE. This poem was sent as a New Year's gift to Madame Guérard, who had taken the poet in and entertained him when ill.
142. 31. FILS DE LA VIERGE, "débris de toiles d'araignée que le vent emporte"; air-thread, gossamer.
ALFRED DE MUSSET.
1810-1857.
A lyric poet of a comparatively narrow range, but within it surpassingly genuine and spontaneous. Almost his only theme was the passion of love, in some form or degree. But what he lacked in breadth he made up in the directness and intensity of his accent, and these eminently lyric qualities give his lyrics a distinction among those of his country. He began as a Romanticist, but soon grew away from the school of Hugo as it developed. With his negligence of form and his surrender to the passion of the moment, he is the opposite of Gautier; and the poets of the later school which derives from Gautier have neglected and depreciated him.
Works: Contes d'Espagne et d'Italie, 1830; le Spectacle dans un fauteuil, 1833; after this most of his poems appeared in the Revue des Deux Mondes; they are now collected in Premières poésies, 1 vol., containing the poems of the first two volumes and a few others, and Poésies nouvelles, 1 vol., containing the Nuits, and the later poems.
For reference: P. de Musset, Biographie d'Alfred de Musset 1877 (naturally partial); A. Barine, Alfred de Musset, 1893; Spoelberch de Lovenjoul, la Véritable histoire de "Elle et Lui" 1897; Sainte-Beuve, _Portraits contemporains, vol. ii; Causeries du lundi, vols, i and xiii; E. Montégut, Nos Morts contemporains, 1883; E. Faguet, le Dix-neuvième siècle, 1887; F. Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. i, 1894; M. Clouard, Bibliographie des oeuvres d'Alfred de Musset, 1883; O. L. Kuhns, Sélections from de Musset, Boston, 1895, for the sympathetic and interesting introduction.
143. Au LECTEUR. This sonnet was prefixed in 1840 to a new edition of his poems.
145. STANCES. 1828; from Contes d'Espagne et d'Italie. 3. VESPRÉES; see note on 7, 10. LA NUIT DE MAI. May 1835. The poet's liaison with the novelist George Sand, begun in 1833, and culminating in the Italian journey of 1834, with its successions of passion, violent ruptures, and penitent reconciliations, was the profoundest experience of his life, and the inspiration of many of his poems, including the famous Nuits of May, August, October and December.
146. 21. PARESSEUX ENFANT; the charge of indolence had often already been brought against Musset; cf. ton oisiveté, 150. 3.
147. 29. ARGOS, the capital of Argolis, in the Peloponnesus. PTÉLEON, Pteleum, an ancient town of Thessaly (Iliad ii, 697.) 30. MESSA, city and harbor of Laconia (Iliad ii, 582); Homer's epithet is "abounding in doves." 31. PÉLION, a mountain in Thessaly ; Homer (Iliad ii, 757) calls it "quivering with leaves."
148. 1. TITARÈSE, a river in Thessaly. Homer's epithet (Iliad ii, 751) is "lovely". 3. OLOOSSONE, a city in Thessaly, called "white" also by Homer (Iliad ii, 739). Camyre, no doubt Homer's Kameiros (Iliad ii, 656), which he calls "shining." It was situated on the island of Rhodes; Musset neglects the geographical fact in bringing it into connection with Oloossone.
149. 6. SON TERTRE VERT, St. Helena.
150. 13. LORSQUE LE PÉLICAN; this passage is one of the most famous of French poetry. Compare Ronsard's reference to the pelican, p. 8, 1. 19. With this view of the poet's lot and mission compare that expressed in les Montreurs of Leconte de Lisle, p. 199, and in l'Art of Gautier, p. 190. The fable of the pelican giving his blood to his young is current in the literature of the middle ages.
152. LA NUIT DE DÉCEMBRE. November, 1835. 18. ÉGLANTINE; a wild rose was one of the prizes given the victors in the poetical contests called the Jeux Floraux held at Toulouse; it symbolizes distinction in poetry.
153. 11. UN HAILLON DE OURPRE EN LAMBEAU symbolizes the power of youth wasted in debauchery. 12. MYRTE; the myrtle was sacred to Venus.
154. 10. PISE, Pisa. 14. BRIGUES, a small town in the Rhone valley in Switzerland, at the foot of the Simplon pass. 16. GÊNES, Genoa. 17. VEVAY, a town on Lake Geneva. 19. LIDO, an island between Venice and the sea, a favorite resort of the inhabitants of the city. Musset calls it affreux, because with it he associated his quarrel with George Sand.
159. STANCES À LA MALIBRAN. October, 1836. 11. MARIA FELICITÀ, daughter and pupil of Manuel Garcia, afterwards Madame Malibran, by which name she is remembered, was a remarkable singer (1808-1836).
24. PARTHÉNON: the Parthenon, completed in 438 B.C., was built under the direction of Phidias, who was also the sculptor of the colossal statue of Athena within the temple. The most famous work of Praxiteles Was the statue of Aphrodite of Cnidus, not extant, but represented in the Venus of the Capitol and the Venus de Medicis.
160. 26. CORILLA, a character in one of Rossini's operas. 27. ROSINA, heroine of Rossini's Il Barbiere di Seviglia (1816). 29. LE SAULE, the song of "The Willow" in Rossini's Otello (1816); cf. Shakspere's Othello, iv, 3.
161. 9. LONDRE, usually spelled Londres; the s is omitted here for the metre. 21. GÊRICAULT, an important French painter (1790-1824); his most famous picture is Le Radeau de la Méduse, now in the Louvre. CUVIER, a great
French naturalist (1769-1852).
162. 3. ROBERT, Léopold (1794-1835), a French painter of merit. BELLINI, Vincenzo (1802-1835), an Italian composer of operas; among his works are La Somnambula (1831), Norma (1831), and I Puritani (1835). 5. CARREL, Armand (1800-1836), a French publicist, fatally wounded in a duel with Émile de Girardin.
163. 18. LA PASTA; Giuditta Pasta (1798-1865) was one of the famous sopranos of her day; for her Bellini wrote La Somnambula and Norma.
164. CHANSON DE BARBERINE. From the comedy Barberine (1836).
165. CHANSON DE FORTUNIO. From le Chandelier ( 1836), where it is sung by a character named Fortunio. 25. MA MIE, instead of m'amie; this is a remnant of what was the regular practice in the earliest period of French, the use of the feminine forms, ma, ta, sa, with elision of the vowel, before nouns beginning with a vowel; the substitution of the masculine forms in such cases begins in the twelfth century.
166. 167. TRISTESSE. June 14, 1840. "RAPPELLE-TOI." 1842. SOUVENIR. February, 1841. This poem is of the same order of thought as le Lac of Lamartine and the Tristesse d'Olympia of Victor Hugo; see note on the latter poem.
169. 17. DANTE, POURQUOI DIS-TU; the passage referred to is in the Inferno, canto v, 1. 121 ; Francesca da Rimini (in French Françoise) begins the short and immortal story of her love for Paolo with these words :
"There is no greater sorrow
Than to be mindful of the happy time
In misery."
170. 24. PIÉ, an old spelling of pied, used here to satisfy the rules of rhyme. Cf. following page, 1. 26.
172.17. MA SEULE AMIE. George Sand. The latest revelations from the correspondence of George Sand and Musset give us a more favorable view of her part in their unhappy affair and fail to justify the terms in which he refers to her here. See the volume of Vicomte de Spoelberch de Lovenjoul cited among the works for reference.
174. SUR UNE MORTE. October, 1842; the lady referred to was the Princess Belgiojoso (1808-1871), who after the unsuccessful movement for Italian liberty in 1831 left Italy and resided in Paris, where Musset came often to her salon, i. LA NUIT, one of the famous allegorical statues made by Michaelangelo for the tombs of Giuliano and Lorenzo de Medici.
175 A M. VICTOR HUGO. April. 26, 1843. CHANSON. "ADIEU, SUZON." 1844.
THÉOPHILE GAUTIER.
1811-1872.
One of the most important poets of the century, though he can not be called in any large sense one of the greatest. His importance is due to the emphasis that he placed on the element of form both by his precept and by his practice. The directness and sincerity of the emotional cry are lost sight of in the pursuit of exquisite and perfect workmanship in the representation of outward beauty. L'Art, p. 190, sums up his poetic art. Later poetry has been profoundly influenced by this doctrine. His natural gifts adapted him perfectly to the rôle that he played, for, while he was without great intellectual depth or emotional intensity, he had a rare power of seeing the forms and colors of things.
Works: Poésies, 1830; Albertus, 1833; la Comédie de la mort, 1838; the preceding were republished in one volume with additions in 1845; Émaux et Camées, 1852; Poésies nouvelles, 1863; in the edition of his Oeuvres complètes the Poésies complètes make two volumes, Emaux et Camées, one.
For reference : E. Bergerat, Théophile Gautier, 1879; M. Du Camp, Théophile Gautier, 1890; Vicomte Spoelberch de Lovenjoul, Histoire des oeuvres de Th. Gautier, 2 vols., 1887; Sainte-Beuve, Premiers lundis, ii; Portraits contemporains, ii, v; Nouveaux lundis, vi; E, Faguet, XIXe siècle, 1887; Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. ii.
177. VOYAGE. From the Poésies of 1830. The line of the motto from La Fontaine is from the one-act comedy Clymene, line 35. Catullus 87-47 B.c.) was a Latin poet whose lyrics show intensity of feeling and rare grace of expression. The lines here quoted are from the Carmina, xlvi. The idea of the poem is quite characteristic of Gautier, who delighted especially in the picturesque aspects of travel, as his famous descriptions of foreign lands show (Voyage en Espagne, Voyage en Russie, Voyage en Italie, etc.).
178. 17. ENRAYE, puts on the brakes. Of the other poems of Gautier here given all but CHOC DE CAVALIERS, LES COLOMBES, LAMENTO, TRISTESSE, and LA CARAVANE are from Émaux et Camées; these five will be found in vol. i of the Poésies completes under the title Poésies diverses.
186. PREMIER SOURIRE DU PRINTEMPS. 15. HOUPPE DE CYGNE, powder puff.
188. L'AVEUGLE, i. LES PUITS DE VENISE; the dungeons of Venice are famous.
189. LE MERLE. 18. The Arve joins the Rhone just after the latter issues from Lake Geneva. The water of the Rhone is very clear and blue, while that of the Arve, especially when swollen by rain and melted snow, is muddy and grayish-yellow.
19O. 4. mettre en démeure, to summon by legal process.
191. L'ART, i. CARRARE, PAROS, marbles especially fine and white and adapted for statuary, the former from Carrara, Italy, the latter from Paros, an island in the Aegean Sea. 21. NIMBE TRILOBE; the Virgin was often represented in early paintings with a halo of three rounded lobes, in the shape of a trefoil, symbolizing the Trinity.
VICTOR DE LAPRADE.
1812-1883.
A poet of elevation and purity, whose worth is rather greater than his reputation, which has been somewhat eclipsed by that of his greater contemporaries.
Works: Psyché, 1840; Odes et Poèmes, 1844; Pointes évangéliques, 1852; Symphonies, 1855; Idylles héroïques, 1858; Pernette, 1868; Poèmes civiques, 1873; le Livre d'un père, 1878; collected edition, Oeuvres poétiques, 4 vols., 1886-89.
For reference: E. Biré, Victor de Laprade, sa vie et ses oeuvres, 1886; Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, vol. i; E. Caro, Poètes et romanciers, 1888.
193. A UN GRAND ARBRE. 1840; from Odes et Poèmes. 5. CYBÈLE, or Rhea, goddess of the earth. LE DROIT D'AÎNESSE. 1875; from le Livre d'un père. 15. ÉCHERRA, from échoir.
MME. ACKERMANN.
1813-1890.
Louise-Victorine Choquet, who became Mme. Paul Ackermann by her marriage in 1844 and was left a widow
in 1846, lived a life of great retirement and seclusion. Her work, the fruit of long solitude, bears the impress of a strong, reflective mind. It is deeply linged with pessimism.
Works: Contes et poésies, 1863; Poésies philosophiques, 1874; collected in one volume, Poésies, 1877.
For reference: Comte d'Haussonville, Mme. Ackermann, d'après des lettres et des papiers inédits, 1891.
CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE.
1818-1894.
Born on the island of Bourbon, the tropical landscape that was familiar to his boyhood recurs constantly in his poems. Coming to France to complete his studies and to reside, he became the master spirit among the poets of the middle of the century and the recognized leader of the Parnassiens. From the beginning he protested vigorously against the Romanticists of 1830, not only as making an immodest and on the whole vulgar display of self (cf. les Montreurs, p. 199), but also as inevitably falling short of artistic perfection because, being possessed, or at least moved, by the emotion they were expressing, they could not be wholly masters of the instrument of expression. To be thus wholly master of the resources of poetic art one must be quite untroubled by one's own personal joys and sorrows, have the brain clear and free. This call to the poet to rid himself of the personal element was emphasized by the reflection that individual emotions are of little importance or interest, being dwarfed by the collective life of humanity in general, which in turn is overshadowed by the vast phenomenon of life as a whole, while this again is but a transient vapor on the face of the immense universe. So the poetic creed of an impersonal and impassive art was more or less blended with a materialism pervaded with a buddhistic pessimism that is vexed and wearied with the vain motions of this human world, and longs for the rest of Nirvana; and this vexation and weariness frequently rise to a poignant intensity. However far he may then be thought to be from the impassive impersonality of his doctrine, there is but one opinion as to his rare command of form and the exquisite perfection of his art, which have won for him the epithet impeccable.
Works: Poèmes antiques, 1853; Poèmes et poésies, 1855; Poésies complètes, 1858 (contains the two previous collections); Poèmes barbares, 1862; Poèmes tragiques, 1884; Derniers poèmes, 1894. He was also an industrious translator of the Greek poets and of Horace.
For reference: P. Bourget, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, 1885; J. Lemaître, les Contemporains, vol. ii, 1887; F. Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. ii, 1894; also in Contemporary Review, vol. lxvi.
199. LES MONTREURS. From Poèmes barbares. MIDI and NOX are from the Poèmes antiques. The poems from L'ECCLÉSIASTE to REQUIES inclusive, and also LE MANCHY, are from the Poèmes barbares. The rest, except the last, are from the Poèmes tragiques.
203. LA VERANDAH, I. HÛKA, oriental pipe.
215. SI L'AURORE. 10. PITONS, mountain peaks; the word is used in the French colonies. 21. VARANGUE, a kind of porch, cf. verandah.
LE MANCHY. A manchy is a kind of sedan-chair, or litter.
217. LE FRAIS MATIN DORAIT. 28. LETCHIS, a tropical plant.
218. TRE FILA D'ORO. The words of the title, which is Italian, are found in the final line of each stanza, trois fils d'or.
CHARLES BAUDELAIRE.
1821-1867.
His was a perverse nature, endowed with rare gifts which he persistently abused. Pure physical sensation supplied a large part of the material for his poetry, and among the senses it was especially the one that has the remotest association with ideas that he drew upon most constantly—the sense of smell. In his desperate search for new and strange sensations he went the round of violent and exhausting dissipations, and as his senses flagged he spurred them with all sorts of stimulants. Meanwhile he observed himself curiously ; the result in his poems is an impression of peculiarly wilful depravity. They reflect his physical and mental experience, are always without sobriety, often lacking in sanity. The title, les Fleurs du mal, is both appropriate and suggestive; they invite no epithets so much as "unhealthy" and "unwholesome."
He was extremely fond of Edgar A. Poe, and translated his works.
Works: les Fleurs du mal, 1857, new edition, 1861; Oeuvres posthumes, 1887.
For reference : Gautier, Portraits et souvenirs littéraires; E. Crépet, Oeuvres posthumes et correspondance inédite de Ch. Baudelaire, précédées d'une étude biographique, 1887; Bourget, Essais de psychologie contemporaine, 1883, F. Brunetière in Revue des Deux Mondes, Sept. 1st, 1892; Henry James, French Poets and Novelists, London, 1884; George Saintsbury, Miscellaneous Essays, London, 1892.
The poems given here are all from les Fleurs du mal.
221. 19. BOUCHER; François Boucher (1703-1770) was a painter of pastoral and genre subjects.
PIERRE DUPONT.
1821-1870.
He enjoyed a moment of great popularity about 1848, paid for since by being too much forgotten. His chansons are simple, sincere, and sweet, breathing a delight in rural life and sympathy with the lot of the poor. Works: Chansons, 1860; Chansons et poésies is the title of the current edition of his poems.
For reference: Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. iv.
ANDRÉ LEMOYNE.
1822.
Has achieved especial success by his poetic descriptions of nature, which proceed from a close and loving observation and a quick responsiveness to her moods. Works: Stella Maris.—Ecce Homo, etc., 1860; les Roses d'Antan, 1865; les Charmeuses, 1867; Légendes des Bois et Chansons marines, 1871; Fleurs des ruines, 1888; Fleurs du soir, 1893.
232. 12. CHANSON MARINE. CAP FRÈHEL, on the north coast of Brittany, just south of the Channel Islands. 24. GRANVILLE and AVRANCHES are small towns on the Channel coast, between St. Malo and Cherbourg. 26. The ORNE and VIRE are small streams flowing northward into the Channel in the same region.
THEODORE DE BANVILLE.
1823-1891.
A precocious and voluminous writer, who delighted in playing with the technical difficulties of lyric forms. His devotion to form was his chief excellence and gave him a considerable influence on the group of Parnassiens. He was especially responsible for the revival of the fixed forms of the older French poetry. He took up and developed the dictum of Saint-Beuve that rhyme is "l'unique harmonie du vers" and his Odes funambulesques sought even to make it a main means of comic effect. His work is deficient in substance.
Works : Les Cariatides, 1842; les Stalactites, 1846; Odelettes, 1856; Odes funambulesques, 1857; les Exilés, 1860; Idylles prussiennes, 1871; les Princesses, 1874; Sonnailles et Clochettes, 1890; Dans la fournaise. Dernières poésies, 1892.
For reference: Sainte-Beuve, Causeries du lundi, vol. xiv; J.
Lemaître, les Contemporains, vol. i, 1886; A. Lang, Essays in
Little, London, 1891.
234. LA CHANSON DE MA MIE. MA MIE, see note on 165, 25.
235. BALLADE DES PENDUS. From the comedy Gringoire (1866). 20. FLORE, the Roman goddess of fruits and flowers. 26. du roi Louis ; Louis XI. (1461-1487), whose measures to break down feudalism and establish the power of the monarchy are notorious.
HENRI DE BORNIER.
1825.
Primarily a dramatic poet, he obtained one of the striking successes of the latter half of the century by his drama la Fille de Roland (1875) which, evoking memories of recent disaster and the dearest hopes of France, deeply touched the patriotic sentiment of his country. His lyric poems make but one volume.
Works: Les Premières Feuilles, 1845; the volume Poésiescomplètes, 1881, contains, besides the poems of the first volume, a number that appeared at intervals, several of which received prizes from the Academy, as l'Isthme de Suez, 1861, and la France dans l'extrême Orient, 1863; Poésies complètes, new edition, 1894.
ANDRE THEURIET.
1833.
Though now best known as a novelist, he began as a poet, and it is not certain that he will not finally be best remembered for his verse. His eyes and his sympathies are for the woods and fields and for the simple toilers whose lives lie close to them. He has instilled into his poems something of the odors of the forest and of the soil.
Works: Le Chemin des bois, 1867 ; les Paysans de l'Argonne, 1792. 1871; le Bleu et le Noir, 1873; le Livre de la Payse, 1882.
For reference: E. Besson, André Theuriet, sa vie et ses oeuvres, 1890.
237. BRUNETTE. From le Bleu et le Noir.
238. LES PAYSANS. From le Livre de la Payse.
GEORGES LAFENESTRE.
1837.
Though he is perhaps more widely known as a critic of art than as a poet, his poems have a certain distinction by reason of their deep and serious thought and their clear and noble expression.
Works: Les Espérances, 1864; Idylles et Chansons, 1874. The poems here given are from Idylles et Chansons.
240. 21. MICHEL-ANGE, Michaelangelo.
FÉLIX FRANK.
1837.
He is chiefly known to the world of scholars by his studies in literary history and his editions of writers of the Renaissance.
Works : Chants de colère, 1871; le Poème de la Jeunesse, 1876; la
Chanson d'amour, 1885.
243. C'ÉTAIT UN VIEUX LOGIS. From le Poème de la Jeunesse.
ARMAND SILVESTRE.
1838.
A prolific writer of both prose and verse. He has a rich gift of style, but he appeals to his reader more often by the sensuous charm of his lines than by their originality or depth.
Works: Rimes neuves et vieilles, 1866; Renaissances, 1870; la Gloire du souvenir, 1872; these three volumes are collected in Premières poésies, 1875; la Chanson des heures,1878; les Ailes d'or, 1880; le Pays des roses, 1882; le Chemin des étoiles, 1885: Roses d'octobre, 1889; l'Or des couchants, 1892; les Aurores lointaines, 1895.
For reference: J. Lemaître, les Contemporains, vol. ii, 1887.
245. LE PÈLERINAGE. From les Ailes d'or.
ALBERT GLATIGNY.
1839-1873.
Led a wandering and adventurous life. He was at different times actor in a travelling company, prompter, and writer. In his poems he shows a native gift of expression that made him a favorite of the Parnassiens.
Works: Les Vignes folles, 1857; les flèches d'or, 1864; Gilles et
Pasquins, 1872.
For reference: J. Lazare, A. Glatigny, sa vie, son oeuvre; Catulle
Mendès, Légende du Parnasse contemporain, 1884.
SULLY PRUDHOMME.
1839.
René-François-Armand Prudhomme, known as Sully Prudhomme, combines the artistic punctiliousness of a Parnassien with sincere emotion and a deeply philosophic mind. The intellectual quality of his work is conspicuous, but hardly less so the grace and finish of its form. It bears deep traces of the influence of the scientific movement of our time and of the transformation it has wrought in our ideas of man and nature and their relations. The personal emotion from which his lyrics spring appears always intellectually illumined, with its background of scientific corollaries and logical consequences. It is not abandoned to itself, to wreak itself on expression, but is checked by the challenge of doubt or scientific curiosity or moral scruple. His verse thus unites in rare degree the qualities of lyrical impulse and philosophical reflection.
Works: Stances et Poèmes, 1865; les Épreuves, 1866; les Solitudes, 1869; les Destins, 1872; les Vaines Tendresses, 1875; la Justice, 1878; le Prisme, 1886; le Bonheur, 1888; these have appeared in a new edition as Oeuvres, 5 vols., 1883-1888.
For reference: J. Lemaître, les Contemporains, vol. i, 1886; E. Caro, Poètes et romanciers, 1888; G. Paris, Penseurs et poètes, 1896; F. Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. ii, 1894.
The first eleven poems are from Stances et Poèmes. LES DANAÏDES, UN SONGE and LE RENDEZ VOUS are from les Épreuves; LA VOIE LACTÉE is from les Solitudes; REPENTIR, from Impressions de la Guerre (1872;) CE QUI DURE, LES INFIDÈLES, LES AMOURS TERRESTRES and L'ALPHABET, from les Vaines Tendresses; and the last two sonnets, from la Justice.
255. LE LEVER DU SOLEIL. 5. Hellade, Hellas, country inhabited by the Hellenes, or Greeks, a name at first given to a district of Thessaly, later to all Greece.
257. LES DANAÏDES. The Danaïdes were the fifty daughters of Danaus, twin-brother of Aegyptus, whose fifty sons they married and then murdered. As a punishment they were condemned to pour water forever into a sieve. 2. Théano, Callidie, Amymone, Agavé are names of four of the daughters.
ALPHONSE DAUDET.
1840-1897.
Though of world-wide fame as a brilliant novelist, he introduced himself to the public by a volume of verse, les Amoureuses, which contains many poems delicate in sentiment and exquisite in style.
HENRI CAZALIS (JEAN LAHOR).
1840.
The poems of Henri Cazalis, who has preferred to give his later works to the public under the nom de plume Jean Lahor, have the grave pessimism of Leconte de Lisle, but with more of buddhistic resignation. They are often sustained by a high moral fortitude, and though they are clothed in a less rich and brilliant garment than the poems of Leconte de Lisle, they have a charm of their own, "inquiétant et pénétrant," says Paul Bourget, "comme celui des tableaux de Burne Jones et de la musique tzigane, des romans de Tolstoi et des lieder de Heine."
Works: Vita tristis, 1865 (under the pseudonym Jean Caselli;) Mélancholia, 1866; le Livre du néant, 1872; l'Illusion, 1875; the preceding were collected in one volume and published under the name Jean Lahor and with the title l'Illusion, 1888; under the same name, le Cantique des cantiques, a translation of the Song of Solomon, 1885; les Quatrains d'Al-Ghazali, 1896.
For reference; J. Lemaître, les Contemporains, vol. iv.
CHARLES FRÉMINE.
1841.
He holds an honorable place among the poetae minores by poems distinguished for the sincerity and simple truth of their record of nature and humble experience.
Works: Floréal, 1870; Vieux Airs et Jeunes Chansons. 1884; Bouquet d'automne, 1890.
FRANÇOIS COPPÉE.
1842.
He is especially the poet of the vie des humbles. His talent is not pre-eminently lyric, and he has tended to escape
from the lyric domain in different directions, into the narrative poem, the drama, and the novel, in each of which he has achieved success. He is probably the most popular living French poet.
Works: Le Reliquaire, 1866; Intimités, 1868; Poèmes modernes, 1869; les Humbles, 1872; Promenades et intérieurs, 1872; le Cahier rouge, 1874; Olivier, 1875; l'Exilée, 1876; les Mois, 1877; Contes en vers et poésies diverses, 1881 and 1887;
Poèmes et récits, 1886; Arrière-saison, 1887; les Paroles sincères, 1890; Oeuvres, 5 vols., 1885-91.
For reference: M. de Lescure, François Coppée; L'Homme, la Vie, et l'Oeuvre (1842-1889), 1889; J. Lemaître, les Contemporains, vol. i, 1886; F. Brunetière. Évolution de la poésie lyrique, vol. ii, 1894; Alcée Fortier, Sept Grands Auteurs du XIXe Siècle, Boston, 1889.
271. JUIN. From les Mois.
272. L'HOROSCOPE. From le Reliquaire.
273. L'ATTENTE. From Poèmes modernes.
275. CHANSON D'EXIL, "QUAND VOUS ME MONTREZ UNE ROSE," LIED and ÉTOILES FILANTES are from l'Exilée.
277. A UN ÉLÉGIAQUE. From Contes en vers et poésies diverses. The story of the Spartan boy and the fox may be found in Plutarch's Lycurgus, 18. The idea should be compared with the artistic doctrine of the impassibles.
JOSÉ-MARIA DE HEREDIA.
l842.
He was born in Cuba, but was educated and has resided in France. He attracted notice among the Parnassiens by the degree of perfection with which he rendered in words the element of plastic beauty and the rare finish and precision of his style. He has used almost exclusively the form of the sonnet, to which he has given a new power and amplitude.
Works: Les Trophies, 1893 (many of the sonnets composing this volume had appeared in the Revue des Deux Mondes and elsewhwere and had long been admired).
For reference: J. Lemaitre, les Contemorains, vol. ii, 1887; F.
Brunetière, Évolution de la poésie lyrique, vol. ii, 1894; M. de
Vogüé, Devant le siècle, 1896; Edmund Gosse, Critical Kit-Kats,
New York, 1896.
278. ANTOINE ET CLÉOPÂTRE. LE CYDNUS. This is the name of the river on which Tarsus is situated. 18. LAGIDE; the line of the Ptolemies, to which Cleopatra belonged, was descended from Lagus; the first Ptolemy was commonly called the son of Lagus.
279. 18. BUBASTE ET SAÏS; Bubastis and Saïs were ancient cities of importance in the Delta of the Nile.
280. 6. LES CONQUÉRANTS. PALOS, the famous Spanish port from which Columbus sailed. MOGUER, a small town a little above Palos. 9. CIPANGO, the name given by Marco Polo in the account of his travels to an island or islands east of Asia, supposed to be Japan.
PAUL VERLAINE.
1844-1896.
The most striking and original figure among the poets of the latter half of the century. In the irregularity of his life he might count as a modern Rutebeuf or Villon. He certainly possessed a rich poetic endowment, which only occasionally produced what it seemed capable of. He began under the influence of the Parnassiens, but his most characteristic work is as far removed as possible from the plastic objectivity of that school. He pursues the expression of the most elusive sensations, and is so little concerned about clear ideas and precise forms and outlines that even grammatical coherence often fails, and the mind gropes in a mist of unintelligibility—in which direction, however, his disciples have gone very far beyond him. But in the rendering of pure feeling and sensation, in direct emotional appeal of tone and accent, he discovered powerful secrets for his verse that others have not known. He seems now to have been one of the original poetic forces of the century.
Works: Poèmes saturniens, 1866; Fêtes galantes, 1869; la Bonne Chanson, 1870; Romances sans paroles, 1874; Sagesse, 1881; Jadis et naguère, 1885; Amour, 1888; Parallèlement, 1889; Bonheur, 1891; Chansons pour elle, 1891; Dans les limbes, 1894; Chair, 1896; Invectives, 1896; selections from the volumes to and including Bonheur are given in Choix de poésies, 1891.
For reference: Ch. Morice, Paul Verlaine, l'homme et l'oeuvre; J. Lemaître, in Revue Bleue, Jan. 7, 1888; F. Brunetière, Évolution de la poésie Iyrique, vol. ii, 1894; A. Cohn, in The Bookman, vol. i, with portraits.
28O. COLLOQUE SENTIMENTAL. From Fêtes galantes.
288. 1. The quotation is from Dante's Purgatorio, canto iii, 79-84. ART POÉTIQUE. From Jadis et naguère.
289. UN VEUF PARLE and PARABOLES are from Amour.
291. PARABOLES. 1. LE POISSON; the use of the fish in Christian art as a symbol of Christ is well known. Its origin is commonly said to be in the initials of the Greek [Greek: Iaesus Christos Theou Tios Sotaer] which make the word Ichthus (fish). 2. L'ÂNON; cf. St. Mark xi. 3. LES PORCS, etc.; cf. St. Mark v, 13.
ÉMILE BERGERAT.
1845.
Widely known under the name of Caliban as the alert and witty chroniqueur of the Figaro and as the facile rhymester of its lyre comique, has written a few serious poems of direct and vigorous expression, especially under the inspiration of the memory of the war of 1870-71.
Works: Poèmes de la guerre, 1871; la Lyre comique, 1889.
291. PAROLES DORÉES. 17. CYLINDRE, the cylinder or toothed roller of the hand-organ.
FRANÇOIS FABIÉ.
1846.
The son of poor peasants, he has perpetuated the scenes and the simple life of his boyhood and the poverty and rude toil of his country home in verse of deep, pure, and tender feeling.
Works: La Poésie des Bêtes, 1886; le Clocher, 1887; la Bonne terre, 1889; Voix rustiques, 1892; these are collected in the edition of Poésies, 2 vols., 1891-94. 293. LES GENÊTS. From le Clocher.
PAUL DÉROULÈDE.
1846.
Politician, as well as man of letters, he is known especially for his war lyrics, which have achieved a wide popularity. They are recommended more by the vigor of their patriotic sentiment than by their technical qualities.
Works: Chants du Soldat, 1872; Nouveaux Chants du Soldat, 1875;
Marches et Sonneries, 1881; Refrains militaires, 1888; Chants du
Paysan, 1894.
For reference: G. Larroumet, Études de littérature et d'art vol. iii.
296. LE BON GÎTE. From Nouveaux Chants du Soldat.
GEORGES BOUTELLEAU.
1846.
He has won the attention of the smaller public of men of letters by the finish and delicacy of the short poems, which justify the titles of the volumes in which they have been collected by suggesting the art of the miniature painter and the worker in stained glass.
Works: Poèmes en miniature, 1881; le Vitrail, 1887; _les
Cimes_, 1893.
297. LE COLIBRI. From Poèmes en miniature.
298. LES DEUX OMBRES. From le Vitrail.
LOUIS TIERCELIN.
1849.
His work is distinguished by sentiment that is usually pure and sweet, sometimes deep and tender.
Works: Les Asphodèles, 1873; l'Oasis, 1880; les Anniversaires, 1887; les Cloches, 1891; Sur la Harpe, 1897.
298. LE PETIT ENFANT. From l'Oasis. For the form of the triolet see the remarks on versification.
GUY DE MAUPASSANT.
1850-1893.
This famous master of the short story began his literary career, like Daudet, Theuriet, and Bourget, with a volume of verse. Des Vers, 1880.
PAUL BOURGET.
1852.
Like Maupassant, he early forsook poetry for the novel, and for literary criticism. His verse, like his prose, is the work of a psychologist, who observes and analyzes his own experiences. He is never so far possessed by his emotion as to cease to inspect it curiously. In the restlessness of his spirit, the unsettled currents of his moral atmosphere, his doubts and longings, he represents a large fraction of his generation.
Works: La Vie inquiète, 1874; Edel, 1878; les Aveux, 1882; collected in two volumes with the title Poésies, 1885-87.
For reference: J. Lemaître, les Contemporains, vol. ii, 1887; A. N. van Daell, Extraits choisis des oeuvres de Paul Bourget, Boston, 1894 (introduction and lettre autobiographique).
302. PRAETERITA is from la Vie inquiète; the other poems here given are from les Aveux. 13, 14; the second of November, jour des Trépasses, is in the church calendar the day of the special commemoration of the dead.
ABEL HERMANT.
1862.
Another who seems to have been won from poetry to the novel, in which field he has achieved some striking successes. His one volume of verse is les Mépris, 1883. See G. Pellissier, Nouveaux essais de littérature contemporaine, 1895.
305. L'ÉTOILE. 17. LE CHALDÉEN; see St. Matthew ii, i-ii.