Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome IV
Qu'on goûte dans la plaine,
Empêche que les doux zéphirs
Ne soufflent leur haleine.
Mais malgré toute sa chaleur,
Je chercherai l'ombrage,
Et j'aurai de la fraîcheur
Au fond de ce bocage.
M. Desnué, qui prit la basse, chanta ces paroles avec le clavecin:
Pour la demeure des amants!
On goûte une joie parfaite
Dans cette agréable retraite.
Le comte de Souche voulut prendre part à la charmante symphonie, et fit ces vers impromptus:
Le doux plaisir de vous ouïr chanter!
Les dieux, s'ils étoient ici-bas,
Seroient forcés de vous aimer.
Tout le soir se passa avec assez de délices, à la réserve de nos amants, qui étoient observés du comte, et qui ne pouvoient rien se dire de tendre que par le langage de leurs yeux, qui faisoient tous leurs efforts à parler secrètement. Et comme M. de Souche avoit la vue fort courte, le bonhomme ne pouvoit pas bien remarquer les mouvements passionnés de ces interprètes muets, qui disent plus que l'éloquence la plus polie.
Le comte de Souche, qui se défioit un peu que le maître aimoit son écolière, mais cependant qui ne faisoit aucun jugement téméraire, sachant bien que sa femme étoit tout aimable, et qu'il étoit impossible de la voir sans sentir quelque chose de particulier pour elle, voulut pourtant l'éprouver. Ce mari jaloux feignit d'aller à la chasse une après-dîner qu'il faisoit un temps admirable, et, comme dans la forêt où il couroit toujours des bêtes sauvages, il y avoit au milieu un endroit ravissant pour la rêverie, à cause d'un ruisseau qui couloit agréablement sous cet ombrage, c'étoit ordinairement le lieu le plus charmant que la comtesse trouvoit et qu'elle appeloit ses délices, quand elle forma le dessein, avec M. Desnué, d'aller se délasser l'esprit des leçons qu'elle prenoit, dans ce bois solitaire, espérant que le comte étoit bien loin, et qu'elle pourroit à loisir goûter à l'écart les charmes de l'amour.
Tout cela étoit assez bien pris, si la jalousie n'avoit pas inspiré au comte des soupçons, ce qui le fit cacher derrière les buissons les plus épais, et pour entendre la conversation que Mme de Souche auroit avec le maître déguisé, qui dit à la belle tout ce qu'un amour violent est capable d'inspirer et de sentir. Notre belle, après un long entretien qu'elle eut avec son galant, qui ne roula que sur les tendres sentiments de son cœur et sur la constance de son amour, fit mille caresses passionnées au prince de Vaudemont, qui paroissoit tout charmé dans cet agréable moment, et qui dit à sa charmante maîtresse, d'un air doux et sensible, que de tous les plaisirs de la vie, celui qui le touchoit le plus étoit les aimables caresses d'une jolie femme; que même cette qualité tenoit lieu de mérite à celle qui n'en avoit pas, et que l'indifférence en aimant étoit quelque chose d'insupportable.—«Quoi, mon cher, reprit la comtesse en souriant, peut-on aimer bien et avoir de l'indifférence? Comment accommodez-vous le contraire de l'amour?—Madame, répartit M. Desnué, il y a des femmes qui sont dissimulées au dernier point, et qui aiment tendrement leur amant, et qui seroient au désespoir de le leur faire connoître, soit par un motif de honte ou par celui de la gloire, ce qui est la plus grande foiblesse du monde; car il n'y a rien de si naturel que d'aimer, et même de toutes les passions l'amour est le plus noble, étant l'âme de tout l'univers, qui seroit inanimé sans ce dieu.—Il est vrai, mon cher, continua la comtesse en l'embrassant, que les plus charmants plaisirs que la nature a inventés sont ceux que l'on goûte en aimant. Ah! que la fin d'un tendre amour laisse de vide dans la vie! et qu'un cœur vers la raison fait un triste retour, quand il ne sent plus ces brûlants transports qui l'animent!
Monsieur de Souche, qui avoit eu la patience d'écouter tout ce langage amoureux, et qui souffroit mortellement, étant toujours sur le point de percer son ennemi de mille coups, ne put s'empêcher de rompre une conversation où sa gloire étoit offensée, et qui méritoit si bien de se venger. Il courut donc, l'épée à la main, à sa femme, et lui dit, furieux comme un lion: «Ah! perfide, tu mérites la mort; l'honneur me vengera de ton infidélité et de ta trahison. Quoi, lâche! ton cœur a-t-il pu former le dessein de trahir ton mari, qui t'a aimée au-delà de ce que tu vaux!»
Le comte prononça toutes ces paroles avec une colère inconcevable, ce qui fit fuir nos amants infortunés dans la forêt d'un côté et d'autre, et le comte de Souche, qui ne pouvoit pas bien pénétrer, à cause des lieux sombres du bois et de sa vue, où étoient les ennemis, retourna chez lui donner ordre que jamais son infidèle épouse ne revînt à sa maison, fit fermer toutes les portes du château, et passa quelque temps fort tristement.
Pendant tout ce désordre, le prince de Vaudemont et la comtesse étoient désespérés de leur malheur, qui étoit sans remède; car il n'y avoit pas moyen d'appaiser le comte de Souche, irrité effroyablement, et qui ne pouvoit pas même entendre prononcer le nom de sa femme, ne la regardant plus que comme une scélérate, qui méritoit toute sa haine. Mais ce qui consoloit un peu cette désolée étoit l'espérance qu'elle avoit que le déguisement du prince en M. Desnué n'avoit pas été découvert; et que ce rusé galant avoit toujours bien joué son rôle, que même le bonhomme croira incessamment que c'est le maître de tuorbe qu'elle aime. Ces idées donnèrent un peu de repos à notre belle, qui pria le prince de Vaudemont d'aller faire sa cour auprès de son mari, ce qu'il trouva fort difficile, et dit à Mme de Souche:—«Quoi, croyez-vous, ma chère, que le comte ne m'ait pas reconnu dans le personnage que j'ai fait? Il est trop fin pour n'avoir pas connu que c'étoit moi qui étois le maître de clavecin.—Ah! mon aimable, perdez ces sentiments; mon mari n'auroit point souffert cette feinte, s'il avoit eu la moindre connoissance de la tromperie que nous lui avons faite, mais je ne puis m'en affliger davantage; puisque c'est vous qui en êtes la cause.—Ah! mon adorable enfant, dit le prince, en se jetant aux pieds de la comtesse, je suis au désespoir de vous donner de la peine; mais je prétends reconnoître toutes les bontés que vous avez eues pour moi en sacrifiant ma vie pour votre soulagement. Faites fond sur ma tendresse, qui sera pour vous éternelle.»
Des assurances si sensibles firent tomber un torrent de larmes des beaux yeux de Mme de Souche, que son amant, qui n'étoit pas moins affligé, prit la peine d'essuyer de son mouchoir, après l'avoir baisée mille fois. La belle, toute languissante, dit au prince qu'elle ne vouloit plus voir le monde, et qu'il falloit qu'elle se retirât dans un couvent, le reste de ses jours. A quoi son cher amant ne put consentir qu'avec une violence incroyable.—«Quoi, disoit ce tendre prince, perdre ce que l'on a de plus cher au monde est la plus grande infortune qu'un homme puisse recevoir. Oui, Madame, continua ce passionné galant, il n'y a que la mort qui puisse effacer un si triste souvenir.—Ce que vous dites est vrai, répondit la comtesse en soupirant, mais nous ne pouvons pas nous opposer à notre destinée, qui suit les ordres reçus du premier des êtres, sans nous demander si nous sommes contents de ce qu'elle fait.—Il faut donc consentir à ses décrets aveuglément et sans résistance, répliqua le prince de Vaudemont?—Oui, mon cher, nous y devons obéir comme forcés. C'est pourquoi, si je dois finir mes jours dans un monastère, vos efforts ne pourront l'empêcher.»
La comtesse, qui vouloit absolument se retirer dans une abbaye de Sainte-Claire, qui étoit composée de femmes qui avoient des différends dans le monde, dit adieu à son amant qu'elle laissa plus mort que vivant, et qui lui promit pourtant qu'en son absence, il alloit travailler à la bien remettre avec son époux afin de la pouvoir encore revoir et de lui pouvoir dire qu'il l'aimeroit jusques au tombeau.
Ce fut les dernières paroles que nos tendres amants se dirent, après s'être embrassés mille fois, qui furent accompagnées de tristes soupirs et de pleurs capables d'attendrir un cœur de marbre et d'amollir les rochers[271].
Le roi, depuis peu de jours, n'ayant plus rien à démêler avec le monde, et voyant que la fortune commençoit à l'abandonner, en fit des plaintes sensibles à son confesseur[272] et à la marquise de Maintenon, comme à ses deux plus fidèles amis, à qui Sa Majesté confie tous ses secrets et les fait dépositaires de ses plus chères pensées. Ce prince leur dit, en des termes fort pathétiques, que la vie lui étoit un supplice, depuis un espace de temps, et qu'il envioit le bonheur de ceux qui passent leurs jours dans des monastères; qu'ils étoient exempts de mille et mille chagrins qui travaillent les hommes, et qui leur rongent l'esprit; que de toutes les conditions, celle des monarques et des princes étoit la plus à plaindre; que l'éclat qui environnoit leur sort n'étoit qu'imaginaire, et que le moindre berger goûtoit plus de douceurs dans son petit état possible[273] que le plus grand des rois ne faisoit dans tout son triomphe.
Des réflexions de cette nature étonnèrent extrêmement le révérend Père, qui regarda la marquise de Maintenon en soupirant, et qui lui dit: «—Madame, le cœur de notre monarque est tout abattu, ce qui me surprend assez qu'un grand prince comme lui, qui a la foudre en main pour renverser l'univers quand il voudra, puisse concevoir des idées si tristes.» Le Père jésuite dit ces paroles avec chaleur, comme étant intéressé à la conversation du Roi, qui a tant de bonté pour tous les religieux, particulièrement pour les révérends Pères de la compagnie de Jésus, qui font tout leur possible pour enlever la tendresse de ce prince, en lui donnant continuellement de l'encens qui ne leur coûte rien. Le Père Bon-Ange[274], grand ami de Mme de Maintenon, a fait battre, il n'y a pas longtemps, plusieurs belles médailles où le Roi est représenté en diverses figures, comme un Jupiter qui renverse le monde avec sa foudre, ou bien comme Hercule qui triomphe de plusieurs nations et même des fleuves. Achéloüs fils de Thétis, combat en vain pour Déjanire, quoiqu'il soit métamorphosé en taureau qui est le plus furieux de tous les animaux; Hercule lui arrache une de ses cornes. L'on voit, d'un autre côté, le Roi dans les airs, comme un Apollon qui fait la guerre à ses ennemis et qui leur perce le cœur de flèches. Toutes ces charmantes devises ont été présentées à Sa Majesté dans la vue de l'encourager à soutenir ses conquêtes. C'est le dessein jésuitique que ces illustres Pères de l'Église forment tous les jours.
Pour revenir aux réflexions solides que notre Monarque fait, en ayant bien voulu entretenir son confesseur, qui trouva bon de relever les sentiments de ce prince, en lui faisant connoître par une morale toute choisie, et digne de l'esprit de ces Messieurs, qu'il falloit qu'un héros ne s'abattît jamais, quand même la fortune ne seroit plus son amie et que le bonheur le fuiroit; et que les Rois étoient au-dessus de ces chimères, et qu'une autre main régloit leur sort, que tout le reste des hommes[275]; et qu'un Prince comme lui et né heureux, ayant toujours été la terreur de toute l'Europe, il ne falloit pas écouter mille petits sentiments qui s'élevoient dans le cœur par la sollicitation de la chair, qui s'oppose incessamment à la juste raison, et qui est quelquefois irraisonnable elle-même dans son désordre. Le Roi se sentit le cœur fortifié et plus fort de courage, après de si sublimes expressions, ce qui donna une joie inexprimable à madame de Maintenon, et lui fit remercier le révérend Père en ces termes:—«Mon cher conducteur, je sais que vous êtes la lumière du monde, et que sans votre divin pouvoir nous ne pouvons rien faire, et que vous affermissez les pas les plus glissants; c'est pourquoi je vous remets l'esprit du Roi entre vos bras, qui est changeant comme le reste des humains; ce qu'il veut aujourd'hui, demain ce Prince ne le veut plus. Je ne sais ce qui fait cette inégalité chez lui.—Madame, répondit le Père, après avoir bien rêvé, j'ai découvert, ou je me trompe, le principe des chagrins de notre Monarque. Je crois qu'il est fâché de n'être plus sensible à l'amour qui a été autrefois sa passion dominante; que, voyant que vous lui présentez journellement des objets adorables, et qu'il ne trouve plus rien chez lui qui réponde à ces offres charmantes, vous l'irritez plutôt que de renouveler sa tendresse mourante. N'est-il pas vrai, Madame, continua ce rusé Père, que ce que nous pouvons avoir facilement nous rebute?—Mon père, répliqua la Marquise, vous approchez un peu de ce qui chagrine le Roi; mais je sais que sa véritable peine est le méchant état des affaires présentes. Sa Majesté ne voit point de jour à trouver de l'argent pour fournir à la guerre, qui désole, comme vous voyez, une partie du royaume de France. Les coffres du Roi sont entièrement vides[276], et de l'humeur qu'est ce Prince, il fera comme François Ier, c'est-à-dire que Sa Majesté se servira de sa dernière pièce, comme fit son allié devant Pavie.—Madame, dit le jésuite, nous avons fait tout notre possible pour l'Etat, et nous ne pouvons plus rien donner du nôtre, ou bien nous serons réduits à la mendicité, qui est une chose déplorable, que des religieux, qui se sont vus autrefois à leur aise, soient aujourd'hui sur le petit pied.—Ce que vous dites est vrai, mon cher père; mais quelquefois nous ne sommes pas nés pour être tout-à-fait inutiles dans la vie. Notre Monarque a trouvé à propos de se servir de vous, comme de lumière, dans les ténèbres et pour voir clair en toutes ses entreprises.»
La conversation sérieuse auroit encore duré, si frère Antoine[277], qui est un novice nouvellement reçu, et par malheur qui est devenu amoureux d'une des demoiselles de madame de Maintenon, qui est une jolie fille, jeune et fort engageante, ne fût entré, et n'eût rompu l'entretien, en demandant d'un air tendre et plein de feu à la marquise, comment se portoit mademoiselle Gisson[278], qui étoit depuis peu malade, et si le remède qu'il lui avoit donné avoit bien réussi.—«En vérité, mon frère, répondit madame de Maintenon, en riant, et qui ne se doutoit point de l'amour de frère Antoine, l'on m'a dit ce matin que la pauvre enfant étoit bien mal. Elle auroit peut-être besoin d'un consolateur.—Madame, je m'y en vais, dit le frère passionné; je tâcherai de la consoler le mieux qu'il me sera possible.»
Le frère étant entré dans la chambre de mademoiselle Gisson, s'approcha de son lit et lui prit la main, pour demander d'une voix tendre si elle dormoit bien.—«Non, mon frère, répondit la belle, je ne puis trouver de repos. Je sens des inquiétudes mortelles.—Ah! mon aimable sœur, répartit le frère Antoine, en lui baisant les mains tendrement, quels pourroient être les troubles de votre cœur? faites-moi la grâce que je sois votre confesseur; je vous pardonnerai bien des petits péchés qui vous embarrassent et dont la présence vous fait peur.» Mademoiselle Gisson parut toute surprise de la familiarité du frère jésuite. Cette charmante enfant, qui avoit de l'esprit infiniment, connut d'abord que c'étoit l'amour qui l'apprivoisoit, et que, si elle confessoit ses péchés à un homme qui avoit le cœur si tendre, elle auroit facilement la rémission de toutes les fautes qu'elle auroit commises, petites ou grandes, ce qui est contre les ordres que la pénitence ordonne et les mortifications de l'Eglise. Notre charmante dit au frère qu'elle ne se sentoit pas encore assez bas ni assez foible, pour avoir besoin d'un confesseur, que son mal commençoit un peu à diminuer.—«J'en suis ravi, ma chère mignonne, répliqua le frère, en riant, car ce seroit dommage qu'une jolie demoiselle comme vous ne fît plus l'ornement du monde.»—Que je vous trouve obligeant, mon frère, dit cette incomparable; vous me contez plus de douceurs que jamais l'on ne m'a fait, et vous êtes trop galant pour le monastère. Vous avez très-mal fait de renoncer au monde.—Hélas! ma belle enfant, ce n'est que la rigueur de votre aimable sexe, répartit le frère, en soupirant, qui m'a inspiré l'envie d'être religieux. Je n'ai aucune inclination au parti que j'embrasse, mais le désespoir où je me suis trouvé en aimant passionnément la plus cruelle qui ait jamais été sous le ciel, et la plus adorable qui fût au monde, m'a fait jeter aveuglément, et sans réflexion, aux Jésuites, trouvant toutes choses ennuyeuses, puisque je ne pouvois pas me faire aimer de la jolie enfant qui me tenoit sous sa loi. Ah! quel martyre, ma charmante, continua cet amoureux frère, quand on n'a point de réciproque en amour!—Je vous plains extrêmement, mon frère, répondit modestement mademoiselle Gisson, puisque ce n'est point pour un véritable motif de piété que vous avez quitté les plaisirs de la vie. Vous serez malheureux tout le reste de vos jours.»
Le frère Antoine vouloit comme embrasser la belle mignonne par un transport de passion, quand la marquise de Maintenon entra, qui trouva au frère jésuite les yeux tout remplis d'un beau feu, que sa tendresse amoureuse lui faisoit naître et qui le rendoit tout brillant. Madame de Maintenon lui en sut bon gré, croyant que cette vivacité venoit de la force de sa dévotion.—«Eh bien! mon frère, combien avez-vous dit de prières à notre malade.»—Madame, répondit le frère tout confus, j'en ai dit autant que Mademoiselle en a voulu. Je finissois les litanies de la Vierge, quand vous êtes entrée.—Je suis fâchée d'avoir interrompu une si charmante dévotion, répartit la Marquise; mais vous pouvez continuer, je serai un de vos auditeurs.»
Le frère, qui n'avoit point envie de dire des prières, et qui n'en savoit peut-être pas beaucoup, aimant bien mieux lire quelque jolie petite histoire amoureuse que ses matines, prit congé de notre abbesse, en lui disant adroitement qu'il fît encore quelque autre visite à des malades qui l'attendoient, et que comme le révérend père du Sort[279] ne pouvoit plus sortir à cause de sa vieillesse, il falloit qu'il le soulageât un peu.—«Vous avez des sentiments bien pieux et bien charitables, mon frère, répondit madame de Maintenon; c'est un bon commencement pour un jeune religieux. Je prierai Saint-Louis, notre aimable patron, qu'il fortifie les bons mouvements de votre cœur.» Le frère remercia la marquise par une inclination de tête en la quittant.
Mademoiselle Gisson, toute malade qu'elle étoit, eut peine à s'empêcher de rire dans son lit, de l'hypocrisie de frère Antoine, qui trompoit si finement madame de Maintenon, en l'amusant d'oraisons imaginaires; car le rusé jésuite aimoit bien mieux donner l'encens à Vénus ou à Bacchus, qu'aux autres saints et aux saintes, qui n'étoient, comme il le disoit à ses amis, que dans l'imagination des simples.
Le lendemain, le Roi, pour charmer son chagrin, qui étoit insupportable, fut à Saint-Cloud avec toute la Cour, où l'on donna un bal le plus charmant qui se soit jamais vu. La duchesse de Chartres[280] n'avoit point encore paru si aimable qu'elle le fut dans ce jour; aussi emporta-t-elle le prix du bal, comme celle qui dansa du plus bel air, ce qui réveilla un peu la tendresse mourante du Roi, et lui fit naître l'envie de danser avec cette belle princesse, à qui Sa Majesté dit même des douceurs paternelles, que la duchesse trouva fort bien pensées; à quoi elle répondit d'un air enjoué qu'elle devoit à Sa Majesté la lumière du jour:—«Il est vrai, mon illustre mignonne, dit le Roi en riant, mais non pas votre mérite.—Ah! Sire, répondit la duchesse, j'en sais bien faire la différence.»
Notre Monarque auroit peut-être encore raisonné avec cette charmante, si madame de Maintenon, qui ne peut souffrir que le Roi caresse personne (quoi qu'indifféremment ce Prince le fasse quelquefois pour passer de méchants moments, ou pour faire diversion à l'embarras où Sa Majesté se voit aujourd'hui), ne l'eût interrompu par une lettre qu'elle présenta à Sa Majesté, du comte de Châteaurenaud[281], qui commandoit la flotte françoise, où il marquoit toutes les merveilles qu'un des vaisseaux que l'on appeloit l'Entreprenant faisoit; ce qui donna un grand plaisir à ce Prince, et lui inspira la plus belle humeur du monde.
L'on fut à la chasse le jour suivant. Mademoiselle de Bourbon[282], qui est une des jolies cavalières qui aient jamais été, parut aussi infatigable que les meilleurs cavaliers dans la force de leur course. Elle fut toujours à la tête des chiens, en conduisant son cheval avec une adresse admirable, ce qui la fit distinguer de toutes les autres dames, et lui attira plusieurs louanges que cette charmante chasseresse reçut modestement, particulièrement du marquis de Bordage[283], qui ne l'avoit point abandonnée un moment, et qui étoit devenu passionnément amoureux d'elle dans cette rencontre. Il est vrai qu'il est bien difficile à un homme un peu délicat en mérite de conserver sa liberté en la compagnie du sexe féminin, quand la nature a donné à ces aimables conquérantes les dons de se faire aimer.
Nous lisons qu'un philosophe moderne ayant fait tous ses efforts pour ne pas sentir la foiblesse de l'amour, fit une ferme résolution de ne voir jamais de femmes, espérant par ce moyen que leurs charmes ne troubleroient point son repos; mais étant un jour dans sa solitude ordinaire, qui étoit comme un petit désert, où il n'entroit personne, deux pigeons se caressoient tendrement sur un jeune arbrisseau que la nature avoit fait naître dans ce lieu solitaire. L'amour prit plaisir dans ce moment à faire considérer avec attachement à ce philosophe rêveur toutes les petites manières innocentes et toutes charmantes dont cette aimable colombine se servoit pour faire connoître à son galant qu'elle l'aimoit. Ces tendres pensées lui inspirèrent l'envie d'aimer le chef-d'œuvre que Dieu a créé pour l'homme; c'est de la manière qu'il en parle, après son retour d'indifférence, ayant toujours regretté les précieux moments qu'il n'a pas employés à aimer les jolies femmes.
Revenons au marquis du Bordage, qui ne pouvoit perdre l'idée charmante de sa belle Diane, qui avoit pris sa liberté comme les autres conquêtes qu'elle avoit faites. Ce passionné marquis ne pouvant trouver les moyens de faire connoître à mademoiselle de Bourbon combien il languissoit pour elle, lui écrivit ce qui suit dans la tablette que cette belle mignonne avoit perdue en courant le cerf, dans le plus épais de la forêt, et que ce tendre cavalier avoit trouvée à ses pieds; voici ce qu'il y grava en la lui renvoyant:
Je découvre en elle plusieurs charmes secrets,
Et mille appas et mille attraits,
Dont la douce force est pourtant inévitable.
De la douceur, point de fierté,
Un air qui n'est point affecté,
Un port majestueux, un esprit agréable
Qui range tous les cœurs sous son divin pouvoir,
Et leur peut en l'aimant faire à tous concevoir
Un bonheur sans égal et même inexprimable.
Mademoiselle de Bourbon fut toute surprise de voir dans sa tablette des vers écrits d'une main inconnue et qui faisoient une partie de son portrait, le marquis ne l'ayant pas voulu achever, afin d'avoir encore un sujet une autre fois de la surprendre, ce qui lui étoit assez difficile, car cette adorable perfection étoit fort réservée et ne voyoit point le monde, étant très-souvent à la campagne, à un beau château qui lui appartenoit, à deux lieues de Saint-Germain.
Le marquis se sentant éperdûment amoureux, et ne pouvant être assez heureux pour jouir de la présence de son incomparable, prit les habits de la jardinière, à qui il ressembloit beaucoup, et que depuis longtemps il ménageoit pour ce dessein. Mademoiselle de Bourbon étoit accoutumée à venir tous les matins cueillir des fleurs dans le jardin et à passer quelques heures dans l'entretien rustique des paysannes qui venoient cultiver les parterres du jardin. Le marquis déguisé s'étoit mis dans un coin pour tirer de méchantes herbes qui gâtoient des jasmins et des orangers, quand notre belle, qui aimoit passionnément ces petits arbrisseaux, fut trouver celle qui les accommodoit dans une propreté sans égale, et lui dit, en riant: «Ah! ma chère, que vous êtes propre au jardinage! je n'ai point encore vu une personne si adroite que vous.»
Le marquis, qui se sentit le cœur ému de ces douceurs, lui répondit, en copiant la paysanne, qu'elle se croyoit la plus fortunée de toutes celles de son village, puisqu'elle avoit le bonheur de plaire à une si illustre personne. Mademoiselle de Bourbon aperçut au langage de cette fille de la différence au jargon ordinaire des bocagères. Elle lui demanda, en la regardant fixement, d'où elle étoit, et si elle n'avoit jamais été dans les villes. La jardinière parut si spirituelle à cette charmante demoiselle, qu'elle entra en soupçon que ce ne fût quelqu'un qui se fût déguisé pour lui parler. Ces pensées la firent retirer plus tôt qu'elle n'auroit fait. Le marquis se voyant seul, et n'ayant pas encore fait de grands progrès dans son amour, s'avisa d'écrire ces vers sur l'écorce des arbres du jardin:
En voyant vos beaux yeux, je demeure ravi.
Plusieurs me charment l'œil, mais une au cœur me tire
Des traits si forts, si doux, que doux est mon martyre.
Comme le marquis achevoit ces tendres paroles, les autres paysannes l'appelèrent pour travailler dans les allées de verdure qui composoient ce beau lieu.
NOTES.
[150] A Cologne, chez P. Marteau, 1695. In-12 de 171 pp.
Au frontispice, Louis XIV, l'air triste et soucieux, regarde un Amour étendu mort à ses pieds; à sa gauche, deux Amours; à sa droite, deux autres Amours s'empressent auprès de lui; une femme, coiffée d'une fontange, tient par la main les Amours de droite. A chaque extrémité du tombeau où gît l'Amour, un Amour tient son flambeau renversé.—Le titre est donc justifié; c'est bien le tombeau des Amours.
Sur le devant du tombeau, on lit: «Hélas! notre règne est fini!» au bas de la gravure, ces quatre vers informes:
Qui avez su me charmer si tendrement.
Ah! je ne sens plus pour vous
L'ardeur qui me touchoit si vivement.
De la main droite du Roi se déroule une bande avec ces mots: «Il est incomparable.»
[151] Ces lignes en italique ont la prétention d'être des vers de mesure inégale; ils valent ceux du frontispice. Voir page 242, note 150. Il faut lire sans doute:
Qu'un rare mérite fait naître dans nos âmes?
Je ne vois nul bonheur à respirer le jour
Si de l'univers on bannit l'amour.
Tous les plaisirs se trouvent dans sa suite
Et sans aimer la vie est un supplice.
Voyez également ci-dessous; l'auteur a risqué d'autres vers aussi dépourvus de sens, de mesure et de rime que le sont ceux-ci.
[152] Ce libelle a été publié en 1695.—C'est à peu près le temps où la pièce précédente place les amours du Roi avec Mlle du Tron.
[153] Voy. t. II, pp. 1-24.
[154] Les deux lignes qui précèdent et celles qui suivent jusqu'au dernier paragraphe de la p. 10 sont copiées sur la deuxième historiette du 2e volume de ce Recueil (pp 31-33).
[155] Voy. t. II, p. 32.
[156] Voy. t. II, pp. 10 et 21 (notes).
[157] A cette époque (1659), la reine, née en 1601, avoit 58 ans; Mazarin, né en 1602, avoit 57 ans. Cf. t. I, p. 184.
[158] Ce motif n'étoit point celui qui dirigeoit la généreuse conduite de Mazarin. Voy. t. II, p. 10 et 21 (notes).
[159] Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnaire du temps, et n'a même jamais été admis par l'Académie françoise. Cependant on le rencontre à la même époque dans divers autres ouvrages.
[160] Voy. t. II, p. 22.
[161] A cette locution, comme à plusieurs autres et à l'ignorance déjà constatée des règles de notre versification, il est facile de voir que cet opuscule n'a pas été écrit par un françois. Voy. t. II, p. 7.
[162] Le 15 septembre 1665.
[163] Voyez sur cette campagne, Mlle de Montpensier, Mémoires, collection Michaud et Poujoulat, pp. 398-402, et Mémoires de Louis XIV, édition Dreyss, t. II.
[164] Voy. t. II, passim; la campagne des Pays-Bas est de 1667; les amours de Louis XIV avec Mlle de La Valière commencèrent en 1661.
[165] Sur sa noblesse, voy. t. II, pp. 27 et 33.
[166] Voy. t. II, p. 34.
[167] Tout le passage qui suit, jusqu'à: «Mlle de La Valière en parut affligée» p. 249, est la reproduction à peu près exacte de ce qu'on lit au t. II, dans le Palais-Royal ou l'Histoire de Mlle de La Valière.
[168] A partir d'ici, le texte abrége le récit du t. II et en diffère sur des points peu importants, par exemple le billet de la p. 250.
[169] Toujours les lois de la galanterie; toujours la pratique du Cyrus et de la Clélie. Bussy lui-même s'est conformé aux usages convenus et a inventé les billets, les petits vers et les conversations amoureuses en honneur dans les romans du temps.
[170] Nous rentrons ici dans le texte du Palais-Royal, t. II, p. 41 et suiv.
[171] Sur l'amour de Madame pour le Roi, voy. t. II, p. 99.
[172] Le dictionnaire de l'Académie françoise (5e édition) admet ce mot dans le sens où il est employé ici, c'est-à-dire de complaisante. Ni Richelet, ni Furetière dans leurs diverses éditions, ne l'ont enregistré.
[173] Voy. t. II, p. 8.
[174] Voy. t. II, p. 42.
[175] Sur cette première retraite à Chaillot, voyez t. II, p. 42.
[176] Le Palais Brion (et non Biron, comme on l'a imprimé par erreur, t. II, p. 44) étoit un lieu de plaisir où tantôt le Roi, tantôt le jeune duc d'Anjou son frère, donnoient fréquemment des dîners et des bals, dans les plus mauvais jours de la Fronde. Loret dans sa Muze historique (1er vol.), décrit souvent des fêtes de ce genre, et certains incidents qu'il relève donnent une curieuse idée des mœurs du temps.
[177] Ici l'auteur, pour abréger, passe quelques circonstances qui se lisent dans le Palais-Royal. T. II, p. 44.
[178] Dans le Palais-Royal ces prétendus vers sont remplacés par une lettre, t. II, p. 45.
[179] Pour tout ce qui suit, voy. II, 47.
[180] Dans son Teatro gallico (Amst., 1691, 3 vol. in-4o, t. I, pp. 524-525), Gregorio Leti dit: «Tra le donne che odiavano il più nella corte La Valiera, vi erano la duchessa di Orleans e la contessa di Soissons»; parmi les dames de la Cour qui détestoient le plus La Valière, étoient la duchesse d'Orléans et la comtesse de Soissons.—Mais il ajoute: «Fù cosa miravigliosa che, nell'orditura di questa cabala si scontrasse che fossero senza parte alcuna la principessa Palatina, la duchessa di Soubize, e la signora di Luynes, che s'andava susurrando nella corte che ciascuna di queste havesse pretentione di poter colpire agli amori col Rè... ma potrebbe qui dirmi alcuno, e chi poteva sapere il segreto del cuore di queste Dame, e d'altre che aspirassero agli amori del Rè? Questo io non so,... ma un certo cavaliere in Parigi, che mi honorava di confidar meco molte memoriette, mi disse un giorno... che nel tempo che si erano incaloriti gli amori del Rè con La Valiera non vi era dama alcuna nella corte di qualche garbo e bellezza che non mostrasse gelosia visibile, e che lui stesso haveva inteso dire a molte «La Valiera è più fortunata di tutte noi.»—Ce fut une chose merveilleuse que, pendant que se tramoit cette cabale, la princesse Palatine, la duchesse de Soubise et madame de Luynes n'y prirent aucune part, bien qu'on murmurât dans la Cour que chacune d'elles eût des prétentions à l'amour du Roi. Mais qui pourroit me dire le secret du cœur de ces dames et des autres qui aspiroient à l'amour du Roi? Je ne sais, mais un gentilhomme de Paris qui m'honoroit de sa confiance et m'a fourni quelques petits mémoires me disoit que, au temps où les amours du Roi avec La Valière étoient dans toute leur ardeur, il n'y avoit à la Cour aucune dame de quelque élégance et de quelque beauté qui ne s'en montrât visiblement jalouse, et que lui-même avoit entendu dire à plusieurs: La Valière est plus heureuse que nous.»
[181] Voy. t. II, p. 49.
[182] Ici s'arrête l'emprunt fait au Palais-Royal, t. II, p. 49. Il reprend, après un passage visiblement interpolé, à ces mots: «Sa Majesté ayant quitté le marquis de Bellefonds, le jour suivant vit,... etc.»
[183] Le traité dont il est question ici est évidemment le Traité de Breda, signé entre l'Angleterre, d'une part, la France, le Danemarck et la Hollande de l'autre. Le traité, dit le P. d'Avrigny, fut ratifié le 24 du mois d'août. Il portoit entre autres choses que les Etats-généraux envoyeroient des commissaires à Londres pour le règlement du commerce des Indes.
Mais dès le mois de janvier 1668, l'Angleterre, la Suède et la Hollande, alarmées des conquêtes que le Roi de France faisoit en Flandre, signèrent un traité par lequel ils s'engageoient à fournir chacune 15,000 hommes pour la défense des Pays-Bas, que le Roi d'Espagne n'étoit pas en état de défendre... Les confédérés firent dire à Louis XIV qu'ils ne vouloient que la paix, mais qu'ils se déclareroient contre celui qui ne la voudroit pas avec eux. Le Roi répondit qu'il étoit près de la conclure pourvu qu'on lui cédât ses conquêtes. On s'assembla là-dessus à Aix-la-Chapelle, et, pendant qu'on négocioit, il entreprit la conquête de la Franche-Comté.
[184] En 1668. Louis XIV revendiquoit la Franche-Comté au même titre que la Flandre, en vertu des droits de la reine, fille de Philippe III.
[185] Le prince de Condé, que le marquis de Louvois vouloit, en quelque sorte, opposer à Turenne, dont la faveur lui donnoit de l'ombrage, prit Besançon en deux jours, malgré la saison (7 février 1668).—Voy. Mémoires du P. d'Avrigny.
[186] La ville envoie vers Condé deux députés. Ceux-ci «se plaignent qu'on les attaque, étant comme ils sont ville impériale, en paix avec le Roy très-chrétien, aussi bien que tout l'Empire, et ne luy en ayant jamais donné le sujet; offrent ensuite de le recevoir, s'il vient, mais en cette qualité de ville impériale; passent enfin jusques à le choisir pour protecteur, aux mêmes conditions que Louis XI l'avoit été.» Le prince de Condé refuse, et la ville est obligée de se rendre: «ainsi le prince qui n'avoit paru devant cette place que le sixième février, y entra le lendemain septième au matin.» Pellisson, Hist. de Louis XIV, liv. V.
[187] Il semble que les deux paragraphes précédents, étrangers au récit, aient été interpolés.
[188] Voy. t. II, p. 49 (texte et notes), pour tout ce qui suit. Les deux textes ont cependant quelques légères différences.
[189] Mémoires de Montpensier, 1662. «Le Roi se promenoit souvent pendant l'hiver avec la Reine: il avoit été avec elle deux ou trois fois à Saint-Germain et l'on disoit qu'il avoit regardé La Mothe-Houdancourt, une des filles de la Reine, et que La Valière en étoit jalouse. C'étoit la comtesse de Soissons qui conduisoit cette affaire, et la Reine haïssoit plus La Mothe que La Valière; elle eût eu plus de penchant à croire que le Roi en étoit amoureux qu'à voir qu'il l'étoit de l'autre.» Suit l'histoire des grilles posées aux fenêtres, et qui se retrouvent au matin dans la cour, du refus de Mlle de La Mothe qui auroit osé dire au Roi: «Je ne me soucie ni de vous ni de vos pendants d'oreilles, puisque vous ne voulez pas quitter La Valière.»—«Or, ajoute Mademoiselle, ceux qui voyoient le plus clair étoient persuadés que le Roi ne s'empressoit auprès de La Mothe que pour cacher la passion qu'il avoit pour La Valière.»
[190] Le paragraphe suivant, jusqu'au milieu du paragraphe où l'on voit le Roi chez La Valière, rêvant et lisant, ne se retrouve pas dans le Palais-Royal.
[191] Nous rentrons dans le texte du Palais-Royal, mais avec d'assez notables différences. Cf. t. II, p. 51-52.
[192] Ce qui suit n'est pas dans le texte du Palais-Royal.
[193] Voir t. II, p. 53, les notes et le texte. Ce qui suit en diffère notablement.
[194] Voy. t. II, p. 73.
[195] Le récit qui suit se retrouve t. II, pp. 87-88.
[196] Claire-Clémence de Maillé Brézé, née en 1628, fille de Urbain de Maillé, marquis de Brézé, maréchal de France, etc., et de Nicole du Plessis de Richelieu, sœur puînée du cardinal. Mariée le 11 février 1641 à Louis de Bourbon, prince de Condé, elle mourut le 16 avril 1694. Les Mémoires de Lenet parlent longuement de sa conduite politique pendant la Fronde; après cette bruyante époque, il est assez peu, mais assez mal parlé d'elle.
[197] Voy. t. II, p. 69.
[198] Voy. t. I, p. 163.
[199] Le prince Louis-Charles de Courtenay avoit dû épouser Hortense Mancini. Fils du prince Louis de Courtenay et de Lucrèce-Chrétienne de Harlay, il étoit né en 1640. Après l'expédition de Gigery, il avoit suivi le Roi en Flandre et fut blessé à Douai (1667). Il épousa, le 9 janvier 1669, Marie de Lameth, de qui il eut un fils tué au siége de Mons, en 1691; puis, en secondes noces, Hélène de Besançon. Il mourut le 28 avril 1723, âgé de 83 ans.
[200] Tout ce paragraphe encore est un hors d'œuvre.
[201] Voy. sur Mme de Créqui et le légat, t. II, p. 80.
[202] Voy. t. II, p. 80.
[203] Voy. t. II, p. 145 et suiv.: «la Princesse, ou les amours de Madame.»
[204] Encore un épisode étranger au récit principal.
[205] Le 29 juin 1670, selon le P. Buffières, le 30 juin, suivant le P. d'Avrigny.—Voy. Floquet, Études sur la vie de Bossuet, t. III, p. 410, et une longue note à la fin du 2e vol. des Mémoires de Saint-Simon, édit. en 13 vol.
[206] Voy. t. II, p. 359, l'histoire de Mme de Montespan.—De longues pages sur Mlle de La Valière; six lignes pour Mme de Montespan: on voit combien ce pamphlet laisse à dire.
[207] Voy. t. III, p. 3, le Passe-temps royal ou les amours de Mlle de Fontanges. On y retrouve tout ce qui suit; mais de nombreux passages ont été supprimés ici, pour abréger.
[208] Le Passe-temps royal dit: «avec madame D. L. M.»—Le nom de Mme de Maure, qui étoit morte à la fin d'avril 1663, est une preuve, qui s'ajoute à toutes les autres, de la négligence avec laquelle a été faite cette fade compilation.
[209] Mot forgé par l'auteur et qui ne se trouve pas dans le Passe-temps royal, d'où ce récit est tiré.
[210] Cet épisode, comme plusieurs des précédents, ne se rattache en aucune façon au récit.
[211] Il ne s'agit pas encore ici de la grande expédition commandée par les ducs de Beaufort et de Navailles à la tête de plus de 5,500 François (25 juin 1669), mais d'une sorte de coup de main tenté par quelques gentilshommes, nommés ici, et qui, d'après les Fastes de la maison de Bourbon, abordèrent à Candie le 29 avril 1668.
[212] Le comte de Saint-Paul, fils de la célèbre duchesse de Longueville, la sœur du grand Condé. Né le 29 janvier 1649, Charles-Paris d'Orléans, duc de Longueville, comte de Saint-Paul, fut tué au passage du Rhin le 12 juin 1672.
[213] Henri-Ignace de La Tour d'Auvergne, neuvième enfant de Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et de Eléonore-Fébronie de Bergh, neveu de Turenne. Il mourut le 20 février 1675.
[214] Les Fastes de la maison de Bourbon le nomment comte de La Feuillade. En effet, le comte puis duc de La Feuillade avoit bien le duché de Roannez, que sa femme, Charlotte Gouffier lui avoit apporté en dot en avril 1667; mais Charlotte Gouffier tenoit ce duché de son frère Artus, qui en conserva le nom jusqu'à sa mort en 1696.
[215] Voy. ci-dessus, p. 265, note.
[216] Dans le Passe-temps royal, le nom de la duchesse de Créqui est remplacé par celui de la duchesse d'A. ou d'Arpajon, et les vers qui suivent par un énigme digne de ceux qui figurent dans les gaillardes poésies du capitaine Lasphrise.
[217] Ici, nous rentrons dans le texte du Passe-temps royal, III, 49.
[218] Voy. t. III, p. 49.
[219] Le texte de ce billet et du suivant diffère de celui des billets écrits dans le même sens et dans les mêmes circonstances, et reproduits dans le Passe-temps royal.
[220] Voy. t. II, p. 469.
[221] Ces vers ne se trouvent pas dans le Passe-temps royal.
[222] On connoît les stances de Voiture «sur une dame dont la jupe fut retroussée en versant dans un carosse à la campagne»; mais c'étoit à une époque antérieure. Loret raconte une aventure semblable et ne tarit pas en éloges sur les beautés qui furent alors dévoilées aux curieux.—C'est à Mlle de Longueville, sage et respectée, que Loret adressoit les Lettres en vers de sa Muze historique.
[223] Le Passe-temps royal nomme cette fille d'honneur Mlle de Beauvais. Voy. t. III, p. 54.
[224] La seconde madame, Charlotte-Elisabeth de Bavière, la princesse Palatine, mère du Régent: elle avoit épousé le duc d'Orléans, veuf de madame Henriette, le 16 décembre 1671.
[225] Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, qui avoit épousé monseigneur le Dauphin, le 28 janvier 1680. Cette princesse étoit fille de Ferdinand-Marie, duc de Bavière, et de Adelaïde-Henriette de Savoie; elle mourut le 20 avril 1690.
[226] Le dialogue qui suit manque dans le Passe-temps royal.
[227] Le Passe-temps royal arrête ici le récit des amours du Roi et de Mlle de Fontanges. Ce qui suit ne se retrouve pas dans les pamphlets de ce Recueil.
[228] Encore une interpolation dans le texte. Au milieu des amours de Mlle de Fontanges (1680), l'auteur revient sur la campagne de Flandre (1667), dont nous avons déjà parlé.
[229] Voy. t. II, p. 80.
[231] Voy. t. II, pp. 467 et suiv., t. III, p. 58.
[232] «Le 28 du mois dernier, dit la Gazette de France du 5 juillet, Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges, mourut à Port-Royal, au faubourg Saint-Jacques, après une longue maladie, âgée de 22 ans. Son corps a été enterré dans l'église de ce monastère, et son cœur a été porté en l'abbaye royale de Chelles, dont sa sœur est abbesse.»
[233] Voy. t. III, pp. 65 et suiv.
[234] La jouissance de la terre de Chantilly avoit été donnée par la reine Anne d'Autriche au prince de Condé; Louis XIV la lui abandonna, en toute propriété, en 1661.
[235] Ces fêtes mythologiques, dans le goût de la fête donnée à Rambouillet à Cospeau, sont bien de ce temps où les femmes aimoient à se faire peindre en déesses, surtout en Dianes.—Voy. Cospeau, évêque d'Aire, de Nantes et de Lisieux, sa vie et ses œuvres, par Ch.-L. Livet, 1 vol. in-12.
[236] Les nouvelles fortifications de Dunkerque étoient achevées depuis le mois de mai 1671; le Roi, qui avoit visité la place le 2 décembre 1662, quelques jours après la prise de possession qui est du 27 novembre, n'y retourna point l'année qui suivit la mort de Mlle de Fontanges.
[237] Dunkerque put supporter, en 1694 et 1695, deux bombardements sans en trop souffrir. Les fortifications furent détruites en 1712, à la suite du traité d'Utrecht.
[238] On lit dans les Fastes des rois de la maison de Bourbon, sous la date du 3 juin 1672: «le Roy prend Orsay en trois jours; le vicomte de Turenne prend Buric en deux jours;» et sous la date du 4: «M. le Prince réduit Vesel en trois jours.»
[239] Rien n'est plus faux que ce sentiment odieux prêté à Mlle de La Valière, qui, depuis son entrée au couvent, fit l'admiration de toute la Cour et de tout son couvent par son détachement sincère des choses du monde.
[240] L'opinion publique alla même jusqu'à accuser Mme de Montespan d'avoir empoisonné sa rivale. Le Roi, craignant un scandale, défendit qu'on fît l'autopsie du corps de Mlle de Fontanges. Voy. sur cette affaire, sur les dépositions de la Filastre, témoin dans le procès de la Voisin, etc., Mme de Montespan, par P. Clément, 1 vol in-8o, Paris, Didier, pp. 402-405.
[241] Mlle de Montpensier. En cette année 1681, Lauzun quittoit Pignerol, où il avoit été enfermé dans le temps où Fouquet y étoit lui-même, et venoit prendre les eaux à Bourbon, où il rencontra Mme de Montespan. Il ne reparut devant le Roi qu'en 1682. Toute la conversation qui suit est imitée d'un passage analogue qu'on a pu lire au t. II, pp. 259 et suiv.
[242] Ces mots «poussez votre fortune» sont prêtés à Mme de Montespan, dans le Perroquet ou les Amours de Mademoiselle.—Le Roi les répète, après Mme de Montespan. Voy. II, 261. Mais, d'après ce dernier libelle, c'est en 1670 que cet entretien auroit eu lieu.
[243] Voy. t. III, pp. 194 et 489. Ce n'est certainement pas avec lui que le Roi peut avoir eu la conversation rappelée ici; et s'il s'agit du vicomte de Turenne, il étoit mort depuis le 27 juillet 1675.
[244] Il n'y avoit pas de duchesse de Gerzay, mais une marquise de Jarzé, de la famille de celui dont il a été parlé, t. I, p. 74. Le Jarzé dont il s'agit ici acheta en 1685 le régiment d'Hamilton au prix de 11,000 écus; en 1688 il eut le bras emporté à Philipsbourg; il conserva cependant son régiment jusqu'en 1691, et le vendit alors 40,000 francs au marquis de Montendre. En 1692, il voulut racheter le régiment de dragons de Barbezières au prix de 80,000 francs: le Roi ne lui permit pas de reprendre du service, après l'avoir quitté. Nous le retrouvons le 18 avril 1708 nommé ambassadeur en Suisse et autorisé à ne se rendre à son poste qu'au mois de septembre; mais, dans l'intervalle, étant à son château de Jarzé en Anjou, il fit une chute si malheureuse qu'il fut hors d'état de s'acquitter de son emploi et dut donner sa démission. Son avarice y trouvoit son compte. Sa femme et sa mère se félicitoient fort, après qu'il eut quitté l'armée, de pouvoir le retenir en Anjou: peut-être ne furent-elles pas étrangères au parti qu'il prit de renoncer à son ambassade. Voyez Saint-Simon, Dangeau, Sévigné, etc.
[245] Il s'agit de la deuxième femme du duc, Marguerite-Louise de Béthune, veuve du comte de Guiche, qu'il épousa le 6 février 1682. Celle-ci, qui s'étoit mariée pour la première fois le 23 janvier 1658, avoit alors 37 ans. Mais, en 1704 (3 mars), Mme de Coulanges écrivoit à Mme de Grignan: «Nous avons eu la duchesse du Lude quatre jours ici. Cela devient ridicule d'être aussi belle qu'elle l'est; les années coulent sur elle comme l'eau sur la toile cirée.»—Saint-Simon dément ce qu'on dit ici du plaisir que trouvoit le Roi dans la conversation de la duchesse. Voici d'ailleurs le portrait qu'il trace d'elle:
«La duchesse du Lude étoit sœur du duc de Sully, fille de la duchesse de Verneuil et petite-fille du chancelier Séguier. Elle avoit épousé en premières noces ce galant comte de Guiche, fils aîné du maréchal de Grammont, qui a fait en son temps tant de bruit dans le monde, et qui fit fort peu de cas d'elle et n'en eut pas d'enfants. Elle étoit encore fort belle (1696) et toujours sage, sans aucun esprit que celui que donne l'usage du grand monde et le désir de plaire à tout le monde, d'avoir des amis, des places, de la considération, et avoir été dame du palais de la Reine: elle eut de tout cela, parce que c'étoit la meilleure femme du monde, riche, et qui, dans tous les temps de sa vie, tint une bonne table et une bonne maison partout, et basse et rampante sous la moindre faveur, et faveur de toutes les sortes. Elle se remaria avec le duc du Lude par inclination réciproque... Elle demeura toujours attachée à la Cour, où sa bonne maison, sa politesse et sa bonté lui acquirent beaucoup d'amis, et où sans aucun besoin, elle faisoit par nature sa cour au ministre, et tout ce qui étoit en crédit, jusqu'aux valets. Le Roi n'avoit aucun goût pour elle, ni Mme de Maintenon; elle n'étoit presque jamais des Marlys, et ne participoit à aucune des distinctions que le Roi donnoit souvent à un petit nombre de dames.»
Est-il besoin de dire maintenant que la conversation qui suit n'est ni vraie ni vraisemblable?
[247] Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, fils aîné du comte d'Harcourt «cadet la Perle,» l'ami du poète Saint-Amant. Il étoit frère du chevalier de Lorraine et du comte de Marsan. Né en 1641 il mourut en 1718. Il avoit épousé Catherine de Neufville. La prétendue passion dont il est parlé ici n'est connue que par ce libelle.
[248] Denis Talon, fils d'Omer Talon II et de Françoise Doujat, succéda à son père dans sa charge d'avocat-général au Parlement, en 1652. On lui attribue à tort, selon Moréri, le livre de l'Autorité des Rois qui est de Rolland Le Vayer de Boutigny. Il avoit épousé Marie-Elisabeth-Angélique Favier du Boulay, dont il eut Omer Talon III, marquis du Boulay, qui quitta la robe, où sa famille s'étoit illustrée, pour l'épée. Denis Talon mourut en 1698.
[249] Charles de Lorraine, comte de Marsan, frère cadet du comte d'Armagnac (p. 294, note) et du chevalier de Lorraine, «qui n'avoit ni leur dignité ni leur maintien,» et dont ils ne faisoient aucun cas, dit Saint-Simon, étoit «un extrêmement petit homme, trapu, qui n'avoit que de la valeur, du monde, beaucoup de politesse et du jargon des femmes, aux dépens desquelles il vécut tant qu'il put... M. de Marsan étoit l'homme de la cour le plus bassement prostitué à la faveur et aux places, ministres, maîtresses, valets, et le plus lâchement avide à tirer de l'argent de toutes mains.» Il avoit épousé, le 22 décembre 1682, la marquise d'Albret, qui mourut sans enfants le 13 juin 1692, et, en secondes noces, Mme de Seignelay, sœur des Matignon (21 février 1696), qui mourut en décembre 1699, lui laissant deux fils.
[250] Les lettres-patentes pour la fondation de Saint-Cyr sont de juin 1686; c'est seulement du 30 juillet au 2 août de cette même année que les jeunes filles reçues précédemment à Noisy passèrent à Saint-Cyr, et le 3 août qu'eut lieu l'inauguration de la maison. Dans la liste, si complète, des demoiselles élevées à Saint-Louis, et donnée par M. Lavallée à la suite de son ouvrage Mme de Maintenon et la maison royale de Saint-Cyr, on ne trouve pas le nom de Mlle de Béthune.
[251] L'auteur veut dire, et il l'explique plus loin, que: «le comte de Marsan, qui sollicitoit tous les jours Mme de Maintenon pour Mlle de Béthune..., étoit journellement chez elle, c'est-à-dire chez la marquise.»
[252] L'église de Saint-Lazare étoit le seul bâtiment qui fût resté de l'ancien hôpital de Saint-Lazare, après que saint Vincent de Paul en eut pris possession.—Saint-Lazare est devenu une prison de femmes, rue du Faubourg-Saint-Denis.
[253] Le comte de Marsan n'avoit pas de tante qui se nommât Mme de La Roche, ni du côté de son père ni du côté de sa mère.
[254] Il faudroit évidemment: «et le conduisirent»; mais nous suivons fidèlement le texte.
[255] Le siége de Saint-Omer, et la prise de la ville par Monsieur, frère du Roi, après 20 jours de tranchée, est du 20 mai 1677. On voit quelle confusion dans les dates.
[256] Le duc de La Feuillade avoit été fait maréchal de France en 1675.
[257] Aucune des demoiselles de Grancey ne figure sur les listes des demoiselles élevées à Saint-Cyr.
[258] La famille de Grancey n'avoit aucune alliance qui pût faire du marquis de Joyeuse ou du marquis de Villars des cousins de mesdemoiselles de Grancey.
[259] Quand les églises paroissiales ont été unies à des chapitres séculiers ou réguliers ou à d'autres bénéfices, les titulaires de ces bénéfices prennent le titre de curés primitifs. Les vicaires qui desservent les paroisses au lieu des curés primitifs doivent être perpétuels; par déclaration du Roi du 15 janvier 1731, les vicaires perpétuels ont le droit de prendre en tous actes la qualité de curés. (Loix ecclés. de France, par Louis d'Héricourt, 1 vol. in-fol., 1771, p. 420, col. 1.)—Les titulaires des bénéfices ne donnoient à leurs vicaires (ou curés) perpétuels qu'une pension aussi peu élevée que possible, et il y avoit, en effet, nécessité d'aviser: «Si l'on entroit, dit le comte de Boulainvilliers, dans le détail de la pauvreté du quart des curés du royaume, il se trouveroit qu'il n'y en a pas un qui ne soit mercenaire sordide, et qui n'ait une subsistance incomparablement moindre que les plus vils domestiques ne l'ont à Paris.» (6e mém.)
[260] Elégant.
[261] Tout-à-fait.
[262] Lisez: le marquis de Rannes, Nicolas d'Argouges, lieutenant-général des armées du Roi, colonel-général des dragons; il avoit épousé Charlotte de Bautru. Il fut tué en Allemagne en 1678, laissant un fils qui exerça dans l'armée des emplois considérables.
[263] Le 11 août 1674, le prince d'Orange fut défait, avec trois armées, à la bataille de Senef, par le prince de Condé. Notons toujours la même confusion dans les dates.
[264] Voy. la table.—Charles-Henri de Lorraine, prince de Vaudemont, fils du duc Charles IV et de Mme de Cantecroix, sa femme de campagne, comme on l'appeloit, servoit contre nous.—C'est donc encore un nom mis au hasard.
[265] Personnage imaginaire.
[266] Le jeu de l'Hombre ne figure dans la maison des jeux académiques de Lamarinière ni en 1654 ni en 1665. Mais l'Académie universelle des jeux (1718) ne consacre pas à ce jeu moins de 65 pages, dont les huit dernières sont un glossaire des termes employés.—Hombre, dit-on, c'est le nom du jeu; il nous vient des Espagnols et tient beaucoup du flegme de la nation.—En esp., hombre signifie homme.
[267] Le teorbe ou plutôt tuorbe (en italien tiurba, du nom, dit-on, de l'inventeur), étoit une sorte de luth à deux manches.
[268] Nous avons vainement cherché sur ce Desnué, qui cependant n'est pas inconnu, des renseignements dans l'état des musiciens de la chambre du Roi et de Monsieur, dans le Livre commode des adresses (1692) parmi les professeurs de musique, dans le Parnasse français de Titon du Tillet, dans le Dictionnaire biographique des musiciens, de Fétis, dans Saint-Simon et Dangeau, etc.
[269] «Les Turcs n'ont point de lits, dit Furetière, mais seulement des matelas qu'ils étendent la nuit sur un sopha.» Vo lit.
[270] «Crespine de fil d'or, ou d'argent ou de soie, qui se termine en petites houpes façonnées et qui représentent une cloche (campana). On en met aux pentes d'un lit, aux impériales de carosses et aux autres endroits où on veut mettre de riches crespines.»—Furetière, vo campane.
[271] Le long épisode qu'on vient de lire ne se rattache en aucune façon ni à ce qui précède ni à ce qui suit.
[272] Le P. de la Chaise.
[273] Peut-être.
[274] Il y avoit, à cette époque, un capucin nommé le P. Ange qui s'occupoit beaucoup de médecine. Mme de Sévigné en parle assez souvent. Il fut appelé auprès de Mme la Dauphine en 1690. On a bien publié une Histoire du roy Louis le Grand par les médailles, emblèmes, devises, jetons, etc., etc., dont la 2e édition, augmentée de 5 pl., est de 1693. Mais l'auteur est le P. Claude-François Ménétrier. Ce qu'on trouve le plus dans son ouvrage, c'est le Roi en Jupiter, en Apollon, en Hercule et en Soleil. Nous n'avons pas trouvé de fleuve Achéloüs.
[275] C'est-à-dire: et qu'une main autre pour eux que pour le reste des hommes réglait leur sort.
[276] Voir plus haut les Amours de Louis XIV et de Mlle du Tron.
[277] Nom imaginaire, comme celui de Mlle Gisson, qui suit.
[278] Voy. la note précédente.
[279] Nom imaginaire.
[280] Le nom de Mme de Chartres nous reporte au-delà de 1692, puisque c'est le 12 février de cette année que Philippe d'Orléans, duc de Chartres, fils du duc d'Orléans et neveu de Louis XIV, épousa mademoiselle de Blois, légitimée de France, fille du Roi et de Mme de Montespan, née en juin 1677.
[281] François-Louis de Rousselet, comte de Châteaurenaud, étoit à cette époque un des quatre lieutenants-généraux des armées navales. En 1661, il étoit déjà enseigne de vaisseau; en 1672, chef d'escadre; grand'croix de l'ordre de Saint-Louis, à la création, il fut nommé maréchal de France en 1703, et mourut en 1716. Il eut un fils qui fut capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis. Le dernier fait d'armes maritime que rapporte de lui la Gazette, entre 1687 et 1703, consiste dans la part qu'il prend à la défaite des flottes anglaise et hollandaise sur les côtes d'Angleterre (Extraord. du 27 juillet 1690).
[282] Une des petites-filles du Grand Condé, née du prince Henri-Jules et d'Anne de Bavière, seconde fille d'Edouard de Bavière, prince palatin du Rhin et d'Anne de Gonzague; deux princesses portèrent ce nom: l'une étoit Marie-Thérèse, née en 1666, mais qui étoit mariée à cette époque, puisqu'elle épousa, le 29 juin 1688, le prince de Conti; l'autre étoit Anne-Louise-Benedicte de Bourbon, née le 8 novembre 1676; le 19 mars 1692 elle épousa le duc du Maine, un mois environ après le mariage de Mlle de Chartres.
[283] Un marquis du Bordage fut tué à la prise de Philisbourg, par le Dauphin, octobre 1688: il commandoit un régiment que le Roi donna au duc du Maine, le futur époux de mademoiselle de Bourbon. (Voy. la note précédente.) Le fils obtint du Roi la promesse d'un régiment, et mille écus de pension. René de Montboucher, marquis du Bordage, ayant épousé en 1669 Elisabeth Goyon, héritière du marquis de La Moussaye, son fils étoit bien jeune vers 1690 ou 1692, date approximative de ce pamphlet, pour oser porter si haut ses visées. Mais on sait combien peu de confiance mérite ce libelle.
FIN.
TABLE ALPHABÉTIQUE.
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