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Histoire de France 1440-1465 (Volume 7/19)

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1: Simon, le roi: «Déclare dès à présent la terre et seigneurie commise et confisquée envers le Roy et à jamais sans restitution.» Ordonnances, XIII.

2: «Les chevaux, harnois et autres biens qui seront prins sur lesdits capitaines et autres gens faisans contre cette présente loy et ordonnance... (appartiendront)... à ceux qui les auront conquis.» Ibidem.

3: Sur les craintes où ces brigands tinrent la Suisse pendant plusieurs années, V. particulièrement les lettres des magistrats de Berne: Der Schweitzerische Geschichtforscher, V. 321-488 (1437-1450).

4: «Auquel assaut, le Roy, nostre seigneur, s'est exposé en personne et vaillamment s'est mis dans les fossés en l'eaue jusques au-dessus de la ceinture, et monté par une échelle durant l'assaut, l'épée au poing, et entré dedans que encore y avoit très-peu de ses gens.» Registres du Parlement, 11 oct. 1437.

5: D'autre part, ils sentaient parfaitement combien le roi avait besoin d'eux. À la mort de Charles VII, le nouveau roi, mortel ennemi de Pierre de Brézé, avait mis sa tête à prix; mais cela était inutile, il alla la porter lui-même, et Louis XI, qui avait beaucoup d'esprit, le reçut à merveille. Voir le beau récit de Chastellain.

6: Le père des frères Bureau était un petit cadet de Champagne, venu à Paris. En cherchant bien, ils trouvèrent qu'ils descendaient d'un serf, affranchi et anobli en 1171. (Godefroy.)

7: C'est la devise qu'on lit encore sur la maison de Jacques Cœur à Bourges. À la place du mot cœurs, il y a deux cœurs.

8: «J'y trouvai (à Damas) plusieurs marchands génois, vénitiens, catalans, florentins et français. Ces derniers étaient venus y acheter différentes choses, spécialement des épices, et ils comptaient aller à Barut s'embarquer sur la galère de Narbonne, qu'on y attendait. Parmi eux, il y avait un nommé Jacques Cœur, qui depuis a joué un grand rôle en France, et a été argentier du roi.» Extrait du Voyage de Bertrandon de la Brocquière en Terre-Sainte et en Syrie, accompli par ordre du duc de Bourgogne, en 1432-1433; Mémoires de l'Académie des sciences morales et politiques, V. 490.

Archives, Trésor des chartes, Reg. 191, nos 233, 242.

9: Brantôme.

10:

Gentille Agnès, plus de los en mérite
(La cause estant de France recouvrer),
Que ce que peut, dedans un cloistre, ouvrer
Close nonnain ou bien dévôt ermite.

11: Olivier de la Marche.

12: Conseiller du comte de Clermont.

13: Mot d'Henri IV: «Je sais, d'une escriptoire, faire un capitaine.»

14: «Un des beaux parleurs en France qui fust de la langue de France... Voulant persuader aux Anglais de rendre Vernon-sur-Seine, il leur récita en beau style aussi prudemment qu'eust quasi sceu faire un docteur en théologie le faict et l'estat de la guerre entre le roy et celui d'Angleterre.» Jean Chartier.

15: Mss. Legrand, Histoire de Louis XI.

16: Chastellain.

17: Cette mobilité de caractère ressort partout de son procès. Procès ms. du duc d'Alençon, 1456.

18: Le chroniqueur bourguignon met encore dans la bouche du roi un mot fort douteux, mais qui devait plaire à l'ambition de la maison de Bourgogne: «Au plaisir de Dieu, nous trouverons aucuns de notre sang, qui nous aideront mieux à maintenir et entretenir notre honneur et seigneurie, qu'encore n'avez fait jusques à ci.» Monstrelet.

19: Mss. Legrand.

20: Malgré l'opposition du duc de Glocester. La raison qu'il donne pour retenir le duc d'Orléans est assez curieuse. Elle prouve que les Anglais croyaient alors le roi et le dauphin (Louis XI) tout à fait incapables. (Rymer, 2 juin.)

21: Monstrelet.

22: «Tellement s'y conforta qu'il en est digne de recommandation perpétuelle.» Jean Chartier.

23: Réponse singulièrement habile et qui fait beaucoup d'honneur à la sagesse des conseillers de Charles VII. Elle mérite d'être lue en entier dans Monstrelet.

24: D. Vaissette.

25: Voir l'intéressant récit de M. Vitet, Histoire de Dieppe, et Legrand, Histoire de Louis XI, p. 41-33, Bibliothèque royale, mss., p. 41-43.

26: Jean Chartier.

27: L'une des principales ressources du comte pour la guerre était la monnaie, bonne ou mauvaise, qu'il fabriquait dans tous ses châteaux. Archives, Trésor des Chartes, Registre 177, no 222.

28: V. la rémission accordée à Armagnac en 1445. J'y trouve entre autres choses, qu'il avait jeté la bannière du roi dans le Tarn. Archives, Trésor des chartes, Registre 177, no 127.

29: «Dedans laquelle ville de Metz estoient plusieurs compagnons de guerre souldoyez, ainsi que de longtemps ils ont accoustumé d'avoir.» Mathieu de Coucy, p. 538.

30: Fugger, Spiegel des Erzhauses Œsterreich, p. 539.

Cet excellent chroniqueur, né en 1503, par conséquent postérieur aux événements dont il s'agit ici, ne devait pas être suivi avec une docilité servile. Il est important, comme témoin de la tradition, mais on aurait dû lui préférer les chroniqueurs contemporains. V. Egidius Tschudi's leben und schriften, von Ildephons Fuchs, St. Gallen, 1805.

Son histoire sera continuée, pour les deux derniers siècles, avec une critique supérieure, par MM. Monnard et Vuillemin. M. Monnard a donné de plus une intéressante biographie de Jean de Müller. Lauzanne, 1839.

31: Tandis que généralement on tenait la lance par le bout. (Tillier.)

32: V. les Mémoires du Loyal serviteur du chevalier sans paour et sans reprouche.

33: Il en périt tout un bateau en 1476, dans l'expédition de Strasbourg.

34: Tillier.

35: Sur l'importance de ce pèlerinage, la grandeur féodale de l'abbaye dont les plus grands barons de la Suisse étaient dignitaires, etc. V. la curieuse Chronique du Moine. En 1440, la foule des pèlerins qui y venaient des Pays-Bas fut si grande, qu'on crut que c'était une armée ennemie, et l'on sonna la cloche d'alarme. Chronique d'Einsidlen, par le Religieux, p. 178-184.

36: De très-bonne heure, la Suisse ouvrit asile aux étrangers de conditions diverses. V., entre autres preuves, Kindlinger, Hœrigkeit, 296; et l'important ouvrage de Bluntschli, Histoire politique et judiciaire de Zurich, II, 414, note 161.

37: Par exemple, les gens de Gaster et de Sargans regrettaient fort la domination autrichienne. (Müller, 1436.)

38: Berne resta étrangère à cette guerre contre Zurich. V. les lettres du magistrat: Der Schweitzerische Geschichtforscher, VI, 321-480.]

39: Fugger.]

40: Bibliothèque royale, mss. Legrand, Histoire de Louis XI, fol. 76. Son récit est excellent, et généralement fondé sur les actes.]

41: Les historiens ne s'accordent pas sur le nombre; ils disent quatre mille, trois mille, seize cents, huit cents. Ces nombres peuvent se concilier; je suppose volontiers que les Suisses envoyèrent trois ou quatre mille hommes, que seize cents passèrent la rivière, que huit cents ou mille parvinrent jusqu'au cimetière et y firent résistance. Les savants traducteurs et continuateurs de Müller, MM. Monnard et Vuillemin, sont néanmoins portés à croire que le nombre total n'excédait pas deux mille hommes, et que cette petite armée donna tout entière.

Selon un chroniqueur contemporain encore inédit, ce fut une simple affaire d'avant-garde: «Ledit comte de Dampmartin qui estoit de l'avant-garde, logé à deux lyeues de monseigneur le Dauphin, estoit allé vers luy pour sçavoir quel estoit son bon plaisir qu'il voulloit que on fist contre ceulx de Balle; et à son retour, trouva que les Suisses les allèrent assaillir... Et quand ledit comte vit lesdits Suysses qui commencèrent à escarmoucher, il fist saillir sur eulx vint et ung hommes d'armes... Ledit comte... avoit à ladite journée soubz son enseigne six ou sept vingt hommes d'armes, sans d'autres qu'il envoya quérir par vingt hommes de ses archiers...» Bibl. royale, cabinet des titres, ms. communiqué par M. Jules Quicherat.

42: Tschudi.

43: Mathieu de Coucy.

44: «Le dauphin ne se trouva point en personne à cette besogne, ny aucuns des plus grands et principaux de son conseil.» Mathieu de Coucy.—C'est l'historien contemporain; il a parlé aux combattants même; historien peu suspect d'ailleurs, puisqu'il loue le courage des Suisses. Et c'est justement le seul que le savant Müller s'obstine à ignorer; il ne le cite pas une fois. Il va chercher partout ailleurs, dans les on dit d'Æneas Sylvius, qui n'était plus à Bâle, dans la chronique de Tschudi, écrite cent ans après, etc.

45: Tschudi.

46: «Ceux de Zurich disaient aux assiégeants: «Allez à Bâle faire saler des viandes; la chair ne vous manquera pas.» Les autres, ne sachant pas encore pourquoi les assiégés se réjouissaient, leur crièrent: «Le vin a donc baissé de prix chez vous, combien la mesure?—Aussi bon marché qu'à Bâle la mesure de sang.» Tschudi.

Les Autrichiens ne se réjouirent pas moins que ceux de Zurich. Ils firent sur la bataille une méchante complainte, dit le chroniqueur ennemi: «Les Suisses ont marché vers Bâle à grands cris, à grand bruit, mais ils ont trouvé le dauphin, etc.» Tschudi.

47: L'empereur répliquait qu'il avait demandé un secours de six mille hommes, et non de trente mille. On pouvait lui répondre que six mille hommes n'auraient servi à rien, que les Suisses n'auraient pas été intimidés, ni Zurich délivrée. V. la discussion dans Legrand, Histoire de Louis XI (ms. de la Bibl. royale), d'après les actes originaux.

Bibl. royale, ms. Legrand, folio 71.

Ceci ne se trouve, si je ne me trompe, que dans les historiens suisses, Müller, Geschichte, B. IV, c. II.

Je ne puis retrouver la source où j'ai puisé ce fait, qui n'est pas invraisemblable, mais que je n'ose garantir.

48: Archives, Trésor des chartes, Reg. 177, nos 54, 55.

49: D. Calmet.

50: Mathieu de Coucy.

51: On n'a pu retrouver l'ordonnance relative à cette organisation militaire.—Quant à la taille, elle fut consentie par les États d'après l'ordonnance de 1439, sans qu'il fut spécifié qu'elle était permanente et perpétuelle. Cette grave innovation fut introduite par un sous-entendu. Ordonnances, XIII.

52: Mathieu de Coucy.

53: Les officiers de finances exercent un contrôle les uns sur les autres. Les receveurs rendront compte au receveur général tous les deux ans, celui-ci tous les ans à la chambre des comptes; les grands officiers (l'argentier, l'écuyer, le trésorier des guerres et le maître de l'artillerie) compteront tous les mois avec le roi même. Ordonnances, XIII, 377. Pour mesurer le chemin parcouru, il est curieux de rapprocher de cette vieille ordonnance l'important ouvrage de M. de Montcloux: De la Comptabilité publique, 1840.

Cette remarque judicieuse est de notre grand historien économiste M. de Sismondi, Histoire des Français, XIII, 447.

54: Dès 1438, le roi avait nommé le prévôt de Paris «espécial et général réformateur...»

55: Mathieu de Coucy.

56: «Et n'auront plus doresnavant les juges et chastellains des Seigneurs particuliers (ne autres juges ordinaires) la cognoissance des tailles et aides... Plusieurs juges desdictes chatellenies champêtres ne sont pas expers ne cognoissans en telles matières, ainçois sont les aucuns simples gens méchaniques qui tiennent à ferme desdicts Sieurs particuliers, les receptes, judicatures et prevostez de leurs seigneuries, et lesquels, soubz ombre de l'autorité qui par ce moyen leur seroit donné, se voudroient par aventure affranchir, avec les métoyers et autres familiers serviteurs, du payement des tailles et aydes, qui tourneroit à grande folle et charge des manans et habitans des chastellenies... parce qu'il y auroit moins de personnes contribuables... aussi pour ce que lesdits juges et chastellains ne tiennent leur judicature que de quinzaine en quinzaine... et ne vouldroient laisser leurs affaires pour vacquer à l'expédition desdictes causes, se ils n'avoient gaiges ou salaires pour ce faire.» Ordonnances, XIII, 241-7.

57: «Au cas que les commissaires et esleuz trouveront en aucune bonne paroisse ung bon compaignon usité de la guerre, et qu'il n'eust de quoy se mettre sus de habillemens... et fust propice pour estre archer, lesdicts commissaires et esleuz sçauront aux habitans s'ils luy voudront aidier à soi mettre sus...—Se trois ou quatre parroissiens povoient faire un archer, ce demeure à la discrétion des commissaires et esleuz. Les parroissiens de chascune parroisse seront tenuz d'eulx donner garde de l'archer... qu'il n'ose soy absenter, vendre ou engaiger son habillement.—Le seigneur chastellain, ou son capitaine pour luy, sera tenu de visiter tous les moys les archers de sa chastellenie, et se faulte y trouve, sera tenu de le faire savoir aux commissaires ou esleuz du Roy.» Ordonnances, XIV, 2, 5.—Selon un auteur qui paraît avoir vécu dans la familiarité de Charles VII, il y aurait eu un archer par cinquante feux, Amelgardus, dans les Notices des mss., I. 423.

V. la diatribe de l'historien connu sous le nom d'Amelgard, contre les compagnies d'ordonnances et les francs-archers. Notices des mss., I, 423.

58: C'est une des meilleures satires qu'on attribue à Villon: «Apperçoit le franc-archer un espoventail... faict en façon d'un gendarme,» et il lui demande grâce:

«En l'honneur de la Passion
De Dieu, que j'aie confession!
Car, je me sens jà fort malade....»

59: Disons mieux, par le nom de Shakespeare. En mettant son nom à plusieurs tragédies médiocres qu'il arrangeait un peu, le grand poète a immortalisé toutes les erreurs et les non-sens des chroniqueurs et dramaturges du XVIe siècle, qui parlent au hasard du XVe.

60: Sur cette bergerie du vieux roi et de sa jeune femme, V. Villeneuve-Bargemont.

61: M. de Sismondi, justement sévère pour tous les rois, fait une exception en faveur de celui-ci: Histoire des républiques italiennes, IX, 54.

62: On ne peut voir sans intérêt, près de la mer, dans la petite église des jésuites de la petite ville d'Eu, la triste et rêveuse effigie de Henri de Guise. Dans les plis infinis de ce front, il n'y a pas seulement la tragédie personnelle, il y a le long et pénible imbroglio des destinées de la famille, les couronnes de France, d'Écosse, de Naples, de Jérusalem, d'Aragon, revendiquées, touchées, manquées toujours... Cependant, à la fin, ces Lorrains ont pu se consoler, ils ont fait fortune, en laissant la Lorraine pour épouser l'héritière d'Autriche; mais cela n'est arrivé que lorsqu'ils ont perdu l'esprit de la famille et rassuré l'Europe par une sage et honnête médiocrité.

63: V. Simonetæ lib. IV; et Giornali Napolitani, ap. Muratori, XXI, 270, 1108.

64: «Like to a wethercock, mutable and turning.» Hall and Grafton.

65: «On admiroit son fils et sa fille (Marguerite), comme s'ils eussent esté deux anges de divers sexes, descendus du palais céleste.» Chronique de Provence.

66: Chastellain. L'ensemble du passage prouve que c'est bien du corps, de la personne physique qu'il s'agit.

67: «Entended to destroy the King... By examination convict.» Hall and Grafton.

68: «Notabilissimus clericus unus illorum in toto mundo.» Wyrcester.

69: C'étaient probablement les figures du roi, du cardinal et des deux princes qui avaient chance d'arriver au trône, York et Somerset.

70: Pourquoi l'historien du XVe siècle n'emploierait-il pas un mot qui revient si souvent dans nos chroniques de ce temps?

71: «Tribus diebus... pertransiens cum uno cero in manu... et feria sexta cum cero... et die sabbati... simili modo.» Wyrcester.

72: «Toke all things paciently and sayde little.» Hall and Grafton.

73: Récemment encore, à la rupture de 1436, il s'était fait faire par Henri VI, comme roi de France, le don impolitique, insensé, du comté de Flandre. (Rymer, 1436, 30 juil.)

74: Turner, d'après un document ms.

75: Rymer, 1433, 21 mai.

76: Le Maine devait être remis à René, et non au roi de France: Henri VI demande expressément à Charles VII qu'il en soit ainsi par sa lettre originale du 28 juillet 1447. Mss. Du Puy.

77: Le Parlement anglais dégage le roi de la promesse qu'il avait faite, à l'exemple du roi de France, de ne point faire de paix «sans l'aveu des trois états de la nation,» 1445.—Le 24 avril 1446, le Parlement déclare que le traité a été fait du propre mouvement du roi, sans qu'il ait été conseillé. Mss. Bréquigny.

78: «Moyennant récompensation de la valeur desdites terres pour dix ans.» Rymer, 1448, 11 mars.

79: «In tam arcta custodia, quod præ tristitia decideret in lectum ægritudinis, et infra paucos dies posterius secederet in fata.» Whethamstede, apud Hearne, Script. Angl. II, 365.

80: Dans ce curieux ouvrage que le médecin adresse au duc, il lui décrit avec les plus grands détails l'état où se trouvent les divers organes de Sa Grâce. Il n'en compte pas moins de sept qui sont fort altérés: le cerveau, la poitrine, le foie, la rate, les nerfs, les reins et genitalia. Il observe, entre autres choses, que le noble malade est épuisé par l'usage immodéré des plaisirs de l'amour, qu'il a le flux de ventre une fois par mois, etc. Quand même on supposerait que le médecin a voulu effrayer, pour obtenir un peu plus de sobriété et de modération, cet inventaire d'infirmités, de maladies naissantes, même réduit de moitié, serait encore peu rassurant. (Hearne.)

81: «Vespere sospes et incolumis, mane (proh dolor!) mortuus elatus est et ostensus.» Hist. Croyland. continuatio, apud Gale, I, 521. Cette version plus dramatique est reproduite servilement par tous les autres: Hall and Grafton, I, 629; Holinshed, p. 1257 (éd. 1577); Shakespeare, etc.

82: L'évêque de Chichester ne peut plus venir au Parlement pour cause de vieillesse, mauvaise vue, etc. L'évêque d'Hereford donne sa démission, etc. (Rymer, 1449, 9 et 19 décembre.)

83: «Episcopatus et beneficia regia pro pecuniis conferendo.» Hist. Croyland. Continuatio, apud Gale, I, 521.

«À prendre sur les deniers qu'il (le roi de France) a coustume lever pour le remboursement des appatis sur les subgetz dudit très-hault et puissant nepveu du paiis de Normandie, afin que sur lesdicts deniers, lesdits subgetz d'iceluy, laissans lesdites terres (du Maine), soit par lui contemptez.» Rymer, V. 189, 1448, 11 mars.—Je n'ai pu trouver le traité original de la cession de l'Anjou et du Maine. On ne le connaît que par cet arrangement ultérieur qui tire les dédommagements d'une source odieuse, douteuse, et en laisse la répartition à l'arbitraire du roi d'Angleterre, c'est-à-dire de Suffolk.—Les appatis ou pactiz étaient ordinairement des contributions que les gens d'un pays payaient aux garnisons voisines pour labourer paisiblement. Ducange, I, 577.

84: Somerset assurait que le roi avait ordonné que chaque trentaine d'hommes en armerait un. (Rolls Parl.)

85: «De l'ordre de la Jartière... et signalé capitaine.» Jean Chartier.

86: Sur la rupture de la trêve, V. la ballade patriotique du bedeau de l'université d'Angers, publiée par M. Mazure, Revue Anglo-Française, avril 1835 (Poitiers).

87: Le roi de France se plaignait aussi des courses que les Anglais faisaient contre les vaisseaux de son allié le roi de Castille, et de leurs brigandages sur les grandes routes de France: «Et se nommoient les faux visages, à cause qu'ils se déguisoient d'habits dissolus.» Jean Chartier.

88: Mathieu de Coucy, p. 444, et Jacques Du Clercq (qui copie Mathieu), I, 344, éd. Reiffenberg.—V. les détails de la capitulation, de l'entrée, etc., dans M. Chéruel, p. 125-134, d'après les documents authentiques. Le roi rétablissait la juridiction ecclésiastique dans les prérogatives qu'elle avait perdues sous les Anglais; il maintenait l'Échiquier, la Charte aux Normands, la Coutume de Normandie, etc. Il ne tarda pas à déclarer les gens de Rouen «francs, quictes et exempts de la compaignie française et de tout ce que ceux de Paris peuvent demander à cette cause.» Cette guerre commerciale entre Rouen et Paris, qui durait depuis si longtemps, ne finit effectivement qu'à l'avénement de Louis XI, qui renouvela l'ordonnance de son père (communiqué par M. Chéruel, d'après les Archives de Rouen, II, § 2, 7 juillet 1450, 5 janvier 1461).—V. aussi sur l'entrée une pièce publiée par M. Mazure dans la Revue Anglo-Française, avril 1835 (Poitiers).

89: À l'entrée de Charles VII dans Rouen: «Estoient aux fenestres la femme du comte de Dunois et celle du duc de Somerset pour voir le mystère et cette grande cérémonie, avec lesquelles estoient le sire de Talbot et les autres Anglois détenus en ostage, qui estoient fort pensifs, et marris.» Jean Chartier.

90: «S'abandonna et hasarda fort le roi, allant en personne ès fossez et aux mines... D'icelles artillerie et mines estoit gouverneur maître Jean Bureau, trésorier de France, lequel estoit fort subtil et ingénieux en telles matières et en plusieurs autres choses.» Ibidem.

91: «As lovingly, as heartily, and as tenderly...» Turner.

92: Il avait fait épouser à son fils la fille de l'aîné des Somerset, laquelle avait le premier droit au trône, après Henri VI, dans la ligne de Lancastre. Mariée à tout autre qu'au fils du ministre, confident de la reine, cette héritière eût été infiniment dangereuse. Nul doute que ce mariage ne se soit fait par la volonté de Marguerite.

93: Ceci fait penser à l'honorable exil de lord Collingwood, qui, pendant toute la guerre continentale, n'obtint pas la permission de mettre une fois le pied à terre ni de revoir ses filles.

94: Proceedings and ordinances of the Privy Council, vol. VI, p. 69, 75, 85 (1837).

95: Cette exécrable parodie dépasse 93; vous diriez les litanies chantées par Marat. Ritson's ancient Songs. Je regrette fort que la publication des Political Songs du savant M. Wright ne s'étende pas encore jusqu'à cette époque (1841).

96: Trois mille sept cent soixante-quatorze, au dire des hérauts. D'après leur rapport, l'armée anglaise eût été forte de six à sept mille hommes, et les Français n'auraient eu que trois mille combattants. Jean Chartier, 197. Mathieu de Coucy, 45. Jacques Du Clercq, I, 266, éd. Reiffenberg. Il est vrai que, ces historiens se copiant, les trois témoignages ne peuvent guère compter que pour un seul.

97: «Estant sur la mer, fut rencontré des gens du duc de Somerset.» Mathieu de Coucy.

98: Henri VI reprocha ouvertement au duc d'York d'avoir fait tuer par ses gens l'évêque de Chichester, chancelier d'Angleterre. Lingard, d'après les documents conservés par Stow, 393-395. L'auteur, connu sous le nom d'Amelgard prétend, avec moins de vraisemblance, que l'évêque se fit tuer par économie, en disputant sur le prix du passage avec les matelots qui le ramenaient de France. Notice des mss., I, 417.

99: Nous les avons vus (en 1839!) suivre sans difficulté ce brave Courtney, qui leur donnait parole de ressusciter toutes les fois qu'on le tuerait.

100: Shakespeare lui fait dire à tort qu'il est du comté de Kent. V. Proceedings and Ordinances of the Privy Council, vol. VI (1837), preface of sir Harris Nicolas, p. XXVII.

101: «A certaine yong man of a goodly stature, and pregnant wit.» Hall and Grafton.

102: «Sober in communication, wise in disputyng.» Ibidem.

103: «Without bydding farewell to their capitaine.» Ibidem.

104: «Kneeling on his knees, to have mercy and compassion of his smalle infantes.» Holinshed.

105: De plus, Somerset abandonna son artillerie. (Mathieu de Coucy.)

106: L'artillerie française, toujours dirigée par Jean Bureau, fit preuve à Cherbourg d'une habileté toute nouvelle. Il établit ses batteries dans la mer même, au grand étonnement des Anglais: «Elle venoit là deux fois le jour; néanmoins, par le moyen de certaines peaux et graisses dont les bombardes estoient revestues, onques la mer ne porta dommage à la poudre; mais aussitost que la mer estoit retirée, les canonniers levoient les manteaux, et tiroient et jettoient, comme auparavant, contre ladite place, dequoy les Anglois estoient fort esbahis.» Jean Chartier.

107: Voir, aux précieuses Archives municipales de Bordeaux, le livre des priviléges (depuis la Philippine, 1295), et le livre dit des Bouillons (actes et traités, depuis 1259). Celui-ci était autrefois enchaîné à une table, et il en porte encore la chaîne. J'en ai parlé déjà dans mon Rapport au ministre de l'instruction publique sur les bibliothèques et archives du sud-ouest de la France, 1836.

108: De plus, la Guienne et la Gascogne perdaient un commerce de transit; les draps anglais traversaient ces provinces pour entrer en Espagne. Amelgard.

109: Il en partit un si grand nombre que Bordeaux en fut, dit-on, presque dépeuplé pour quelques années. (Chronique Bourdeloise).

110: Le roi avait ordonné aux soldats de payer tout ce qu'ils prendraient; s'ils prenaient sans payer, ils devaient rendre et perdre leur solde pour quinze jours. Cette pénalité, fort douce, dut être plus efficace que les plus rigoureuses, parce qu'elle put être sérieusement appliquée. V. Jean Chartier et Mathieu de Coucy, p. 216, 251, 406, 432, 457, 610. Voir particulièrement Bibl. royale, mss. Doat, 217, fol. 328. Ordre de punir les gens de guerre qui, en Rouergue, ont pris des vivres sans payer, 29 septembre 1446.

111: Le pseudonyme Amelgard, tout Bourguignon de cœur et peu favorable à Charles VII, avoue toutefois que c'était là l'unique objet des plaintes de la Guienne. À ces plaintes, les gens du roi répondaient que l'argent payé pour les troupes était dépensé par elles dans les villes mêmes qui payaient. Notice des mss., I, 432.

112: V. le chroniqueur connu sous le nom d'Amelgard. Notice des mss., I, 431.

113: «Jamais je n'oiray la messe, ou aujourdhuy jauray rué jus la compagnie des François, estant en ce parc icy devant moy.» Mathieu de Coucy.

114: Non pas toutefois tellement paladin, qu'il n'ait soigné, en véritable Anglais, ses intérêts d'argent et de fortune. Nous avons plusieurs actes relatifs aux grands biens qu'il se laissa donner: comté de Shrewsbury, comté de Clermont-en-Beauvaisis, capitainerie de Falaise, etc. V. aussi, sur les dons faits à Talbot, M. Berriat-Saint-Prix, Histoire de Jeanne d'Arc, p. 159, d'après les Registres du Trésor des chartes, 173-175.—Ce qui n'est pas moins caractéristique, c'est qu'en arrivant à Bordeaux, Talbot commence par faire donner à Thomas Talbot (quelque petit parent, ou bâtard?) l'office lucratif de clerc du marchié. Rymer, V. 1455, 17 janvier.

115: Il fut défiguré, ce qui donna lieu à une scène touchante que l'historien français raconte dans tous ses détails avec une noble compassion: «Auquel herault de Tallebot il fut demandé: s'il voyoit son maistre, s'il le reconnoistroit bien. À quoi il respondit joyeusement, croyant qu'il fust encore vivant... Et sur ce, il fut mené au lieu... et on luy dist: Regardez si c'est là vostre maistre. Lors il changea tout à coup de couleur, sans de prime face donner encore son jugement... Neantmoins il se mit à genoux, et dit qu'incontinent on en sçauroit la vérité; et lors il lui fourra l'un des doigts de sa main dextre dans sa bouche, en disant ces mots: «Monseigneur mon maistre, Monseigneur mon maistre, ce estes-vous! je prie à Dieu qu'il vous pardonne vos meffaits! J'ay esté vostre officier d'armes quarante ans, ou plus; il est temps que je vous le rende!...» en faisant piteux crys et lamentations, et en rendant eau par les yeux très-piteusement. Et lors, il devestit sa cotte d'armes et la mit sur son dict maistre.» Mathieu de Coucy.

116: Arcère, Histoire de La Rochelle, I, 275.

117: Mathieu de Coucy dit à tort que ces vaisseaux appartenaient au duc de Bourgogne; le duc avait en ce moment, ainsi qu'on le verra, des intérêts tout opposés à ceux du roi, il était fort mécontent de lui. Il est probable que les Hollandais, sujets fort indépendants de Philippe, envoyèrent ces vaisseaux malgré lui.

118: Id.

119: Quant à son commerce, Bordeaux ne le perdit pas pour longtemps. L'esprit mercantile, plus fort chez les Anglais que l'orgueil même, ne leur permit pas de renoncer au commerce de vins de Guienne. Ils subirent toutes les humiliations qu'on voulut. Il faut voir les conditions auxquelles les anciens maîtres du pays obtenaient de venir commercer dans leur capitale de Guienne. Ils devaient porter tous ostensiblement la croix rouge; ils ne pouvaient aller dans la banlieue sans avoir la permission écrite du maire. S'ils voulaient traverser la province, aller à Bayonne, les gouverneurs les y faisaient conduire à leurs dépens, sous la garde d'un archer. Archives, Supplément au Trésor des chartes, J. 925.

120: Turner; Parl. Rolls.

121: «À l'heure du disner, quand ils penserent seoir à table, il n'y avoit rien comme de prest, dautant que les officiers qui avoient accoustumé de les servir et faire leurs provisions ne sçavoient où avoir et recouvrer argent; car on ne vouloit plus rien leur bailler et délivrer sans argent comptant.» Mathieu de Coucy.

122: «Obtusis sotularibus et ocreis... ad instar coloni. Togam etiam longam cum capucio rotulato, ad modum burgensis.» Blakman, De Virtutibus et Miraculis Henri VI, ap. Hearne, p. 298.

123: «Aut in regni negotiis cum consilio suo tractandis, aut in Scripturarum lectionibus vel in scriptis aut chronicis legendis.» Ibidem, p. 299.

124: Lorsqu'il était enfermé à la Tour, il crut voir une femme qui voulait noyer son enfant; il avertit; on trouva la femme, et l'enfant fut sauvé.

125: Cet esprit de paix se montre à merveille dans le fait suivant: «Edmond Gallet dit qu'il fut envoyé au roy d'Angleterre pour l'inviter à faire une descente en Normandie pendant que le roy de France étoit occupé contre son fils en Dauphiné. Sur quoy le roy d'Angleterre demanda quelle personne estoit son oncle de France, et l'envoyé répondit qu'il ne l'avoit vu qu'une fois à cheval et luy sembla gentil prince, et une autre fois en une abbaye de Caen, où il lisoit une chronique, et lui sembla estre le mieux lisant qu'il vist oncques. Après quoy le roy d'Angleterre dit qu'il s'étonnoit comment les princes de France avoient si grande volonté de luy faire desplaisir;» puis il ajouta: «Au fort, autant m'en font ceux de mon pays.» Déposition rapportée par Dupuy dans la notice qu'il a donnée du procès de Jean d'Alençon, à la suite de celui des Templiers, in-12, p. 419.

126: «Mon père a régné paisiblement jusqu'au bout de sa vie. Son père, mon aïeul, fut aussi roi. Et moi, dès le berceau, j'ai été couronné, reconnu par tout le royaume; j'ai porté quarante ans la couronne, et tous m'ont fait hommage...»—Au reste, quel que fût son droit, il n'eût pas consenti, pour le défendre, à la mort d'un seul homme. Entrant un jour à Londres, il vit les membres d'un traître que l'on avait exposés: «Ôtez, ôtez, dit-il; à Dieu ne plaise qu'un chrétien soit traité si cruellement pour moi!» Blakman, ap. Hearne.

127: Je regrette de n'avoir pu consulter sur Marguerite le curieux ouvrage de miss Agnès Strickland: Lifes of the Queens of England.

128: Tenait-il uniquement cette disposition de la folie de son grand-père, Charles VI? Son père, Henri V, qui fit preuve d'un jugement si ferme, était toutefois fort excentrique dans sa jeunesse; on se rappelle qu'il se présenta un jour à son père dans le costume d'un fol. Son portrait a quelque chose de bizarre et de béat, si j'en juge du moins par la belle gravure que M. Endell Tyler a donnée, d'après l'original de Kensington, en tête de ses Memoirs of Henry the fifth.

129: Sir Edward Coke admet à grand'peine que le roi, immortel in genere, meure pourtant in individuo. Howell' state trials, II, 624.—Blakstone, I, 247. Allen, Prerogative, passim.

130: C'est comme une sorte de vertu magique, attribuée par les jurisconsultes au grand sceau royal: sa possession rendait légal tout gouvernement... Richard II, âgé de dix ans et demi, fut supposé en état de régner sans l'assistance d'une régence. (Hallam.)

131: Il nous reste un compte terrible de tous les médicaments que le Parlement employa pour essayer de remettre le roi en état d'exprimer une volonté: «Clisteria, suppositoria, caputpurgia, gargarismata, balnea, emplastra, emoroidarum provocationes, etc.» Rymer, 6 april, 1454.

132: Parl. rolls.

133: Quelques églises, surtout en Guienne, ont un assez grand nombre de tours et de bastilles. Les villes et bastilles anglaises sont très-reconnaissables; elles ont été fondées, non sur les montagnes, mais près des eaux, en plaine; elles se composent ordinairement de huit rues qui se coupent à angle droit; il y a au centre une place avec des portiques grillés qu'on pouvait fermer dans un danger. Telle est encore Sainte-Foix-la-Longue, et quelques petites villes du Périgord et de l'Agénois. Il semble que sous Louis XI on ait imité cette disposition. (Observation de M. Dessalles.)

Voilà pour les constructions. Quant aux institutions, je n'en vois point ici qui aient le caractère anglais. Nos francs archers ne furent pas précisément imités des archers anglais; une institution si naturelle sortait d'elle-même du besoin de la défense.—De toutes les provinces conquises par les Anglais, la Normandie est, je crois, la seule où ils aient montré quelque esprit d'administration.

134: Peu de temps avant 1830, une demoiselle anglaise vint trouver M. l'abbé Haffreingnes, directeur d'un collége à Boulogne: «Monsieur l'abbé, lui dit-elle, je sais que vous songez à rebâtir la cathédrale de Boulogne; les Anglais, mes ancêtres, en ont commencé la ruine; comme Anglaise, je voudrais expier ce qu'ils ont fait, autant qu'il est en moi; voilà ma souscription, c'est bien peu de chose, vingt-cinq francs!—Mademoiselle, répondit le prêtre, votre foi me décide. Dès demain, on commencera les travaux; vos vingt-cinq francs achèteront la première pierre.» Aussitôt il commanda soixante mille francs de travaux, et depuis il y a mis cinq cent mille francs de sa fortune. V. la brochure de M. Francis Nettement: À la ville de Boulogne.

135: «Ma malédiction sera... le pardon.» Byron.

136: Homère.

137: De Maistre.

138: «M. de Croy lui avoit dit que M. de Bourgogne savoit certainement que se n'eusse esté l'empeschement de Bourdeaux, l'armée du Roy tournoit sur luy. Et aussi, quant les nouvelles allèrent en Flandre... que Bourdeaux estoit anglois, plusieurs chevaliers et escuyers dudit pays... dirent ces mots, au moins l'ung d'eulx, qu'on dit estre des plus prouchains de mondit seigneur de Bourgogne: Pleust à Dieu que les Anglois fussent aussi bien à Rouen et par toute Normandie comme à Bourdeaux; car, se n'eust esté la prinse de Bourdeaux, nous eussions eu à besogner.» Bibl. royale, fonds Baluze, ms. A, fol. 45.

139: Le vieux chroniqueur de la maison de Bourgogne, qui en avait bien la tradition, dit au père de Charles-Quint: «Quant à la lignée de Portugal, dont le roy vostre père et vous estes issus, n'estes pas ou serez (vous ou les vostres) sans querelle du royaume d'Angleterre, et principalement de la duché de Lancastre.» Et plus loin: «Quand je pense à ce quartier d'Angleterre où par droit vous vous devez appuyer et soustenir en vos affaires...» Olivier de la Marche. Introd., ch. IV.

140: Il est bien entendu qu'il n'y eut pas conspiration expresse, ni plan, ni dessein fixe, mais seulement action constante d'une même passion, haine et jalousie persévérante.

141: «Item, ils appellent les subjez du Roy qui vont es païs de mondit seigneur de Bourgogne: Traîtres, vilains, serfs, allez, allez payer vos tailles, et plusieurs autres villenies et injures.» Archives du royaume, Trésor des chartes, J. 258, no 25.

142: «Tunc vere monachi sunt, si labore manuum suarum vivunt.» S. Benedicti regula.

143: «Lollhardus, lullhardus, lollert, lullert.» Mosheim, De Beghardis et Beguinabus, append. p. 583.

144: En anglais, to lull, bercer; en suédois, lulla, endormir; en vieil allemand, lullen, lollen, lallen, chanter à voix basse; en allemand moderne, lallen, balbutier.

145: Tout cela est peut-être plus frappant encore en Hollande qu'en Flandre. Combien la famille m'y semblait touchante, quand je voyais dans les basses prairies, au-dessous des canaux, ces doux paysages de Paul Potter, dans un pâle soleil d'après-midi ces bonnes gens si paisibles, ces bestiaux, ces vaches laitières parmi les enfants... J'aurais voulu exhausser leurs digues; je craignais que ces eaux ne se trompassent un jour, comme fit l'Océan quand il couvrit d'une nappe soixante villages, et mit à la place la mer d'Harlem...—Chose curieuse, là même où la terre manque, la famille continue. Le gros bateau hollandais (dont l'étranger inintelligent se moque) ne doit pas être jugé comme un bateau, mais bien comme une maison, une arche, où la femme, les enfants, les animaux domestiques vivent commodément ensemble. La Hollandaise y est chez elle et parfaitement établie, soignant les enfants, étendant le linge, souvent, au défaut du mari, dirigeant le gouvernail. L'être aquatique, vivant là dans une lente et perpétuelle migration, s'y est fait un monde à lui; pourvu qu'il ne compromette pas ce petit monde, peu lui importe d'aller vite; jamais il ne changera la forme (lourde, mais sûre) de cette embarcation de famille, jamais il ne se hâtera. À voir sa lenteur, vous diriez plutôt qu'il craint d'arriver. V. dans le tome XVI le chapitre sur la Hollande (Louis XIV, 1860).

146: Douceurs infinies du travail en famille! celui-là seul les sent bien, dont le foyer s'est brisé... Cette larme sera pardonnée (à l'homme? non), à l'historien au moment où ce travail va finir, où la famille elle-même est compromise dans plus d'un pays, lorsque la machine à lin va supprimer nos fileuses, celles de la Flandre (1841).

«Il y aura un rayon de soleil pour toi dans les yeux de ta grand'mère...» Je trouve ceci dans une admirable petite histoire (La Fée hirondelle), qui serait devenue un livre du peuple, si l'auteur ne l'eût cachée parmi ses traductions. Éducation familière, traduction de l'anglais, par mesdames Belloc et Montgolfier, t. IV.

147: V. Ducange, verb. Amicitia. Ordonn. XII, 563, etc.

148: V. l'étrange formule du sang versé sous la terre, dans mes Origines du droit, p. 195, d'après une note de P. E. Muller sur le Laxdaela-Saga (1826, in-4o, p. 59): «...Ils vinrent au promontoire Eyrarhval, et là coupèrent une bande de gazon, assez longue pour que les deux extrémités étant attachées à la terre, le milieu pût être soutenu par un javelot ciselé dont ils touchaient le clou de leurs mains. Tout quatre, se plaçant sous le gazon, firent couler leur sang, qui se répandit sur la terre d'où le gazon avait été coupé; et lorsque leur sang se fut mêlé, ils fléchirent le genou, et, unissant leurs mains droites, jurèrent par tous les dieux de venger la mort l'un de l'autre comme celle d'un frère...»—V. aussi les dissertations de Kofod Ancher (1780), de Wilda (1831), et de C. J. Fortuyn (1834).

149: Je traduis ici avec propriété et selon le sens primitif. Le sens ordinaire est association, le sens primitif est don, contribution (præstatio). Que donne-t-on dans la forme originaire de la ghilde? soi-même, son sang.

150: De 1200 à 1304.—Selon M. Lambin, archiviste d'Ypres, dans son précieux Mémoire sur l'origine de la halle aux draps (couronné par la Société des antiquaires de la Morinie), Ypres, 1836. Nous venons de perdre ce savant homme, qui sera difficilement remplacé (1841).

151: Voir dans la cathédrale, la pierre de Jansénius, au milieu même du chœur, mais si ingénieusement dissimulée.

152: C'est ce qui existait effectivement pour une partie des fabricants d'Ypres; ils travaillaient dans la halle même: «L'étage principal contenait les métiers des tisserands de draps et de serge... Les différents locaux du rez-de-chaussée contenaient les peigneurs, cardeurs, fileurs, tondeurs, foulons, teinturiers...» Lambin.

153: Droits de cloche, de ban, de justice, sont synonymes au moyen âge. Le carillon n'aurait-il pas été originairement la simple centralisation des cloches, c'est-à-dire des justices? Les dissonances trop choquantes auront forcé à y mettre une harmonie quelconque, qui peu à peu se sera adoucie. Le premier carillon de couvent paraît être de 1404. Buschius, Chronicon Windesemense, p. 535, anno 1404.

154: Passage charmant de Sainte-Beuve: «Nous avons tous un petit jardin, et l'on y tient souvent plus qu'au grand.» Port-Royal, I. Voir dans les discours de M. Vinet, celui qui a pour titre: Des idoles favorites. L'idée première est le verset: «Et le jeune homme s'en alla triste, car il avait un petit bien.» Dans les béguinages flamands, l'esprit d'individualité est très-marqué. «En France et en Allemagne, le béguinage était un seul couvent divisé en cellules; dans les Pays-Bas, c'était comme un village qui comptait autant de maisons isolées qu'il y avait de béguines.» Mosheim. Aujourd'hui, il y en a ordinairement plusieurs dans chaque maison, mais chaque béguine a sa petite cuisine; dans une maison où il y avait vingt filles, je remarquai (chose minutieuse à dire, mais très-caractéristique) vingt petits fourneaux, vingt petits moulins à café, etc. Je demande pardon aux saintes filles d'une révélation peut-être indiscrète.

155: V. au Musée du Louvre l'Annonciation de Lucas de Leyde.

156: C'étaient des hymnes en langue vulgaire. (Mosheim.)

157: Un caractère particulier de la poésie et de la musique des confréries allemandes (et, je crois, des confréries en général), c'est la servilité de la tradition. V. les règles Falsche melodie, Falsche blumen, qui proscrivent tout changement, tout embellissement: Wagenseil, De Civitate Noribergensi; accedit de Der Meister Singer Institutis liber, 1697, p. 531. Mon illustre ami, J. Grimm, n'a pas insisté sur ce point de vue, peu important pour l'objet particulier qu'il avait en vue. Ueber den altdeutschen Meistergesang, von Jacob Grimm, Gœttingen 1811.

158: «Quos dumicos vocant.» Meyer. Je traduis dumicos par un mot consacré dans l'histoire du protestantisme: Écoles buissonnières.—Les ouvriers buissonniers pourraient bien être des lollards. Le pape Grégoire XI nous représente ceux-ci comme vivant originairement en ermites. (Mosheim.) Saint Bernard nous dit que des prêtres quittaient leurs églises et leurs troupeaux pour aller vivre «Inter textores et textrices.» Serm. in Canticum cantic.

159: Reiffenberg. Notes de son édit. de Barante, d'après Olivier de Dixmude, IV. 165.

160: V. mes Mémoires de Luther. Toutefois l'originalité de Jean de Leyde fut de porter dans le mysticisme l'esprit anti-mystique de l'Ancien Testament.

161: Nous trouvons les ouvriers de confrérie et de commune en guerre avec les buissonniers de la banlieue et avec les lollards (deux mots peut-être identiques): ils se plaignent au magistrat de la concurrence qu'ils ne peuvent soutenir. Le magistrat, leur élu, se prête à gêner, paralyser l'industrie des lollards. L'empereur Charles IV, en dépouillant les lollards, attribue un tiers de leurs dépouilles aux corporations locales (universitatibus ipsorum locorum). Cf. Mosheim. Les persécutions ecclésiastiques obligèrent aussi souvent les lollards à se dire Mendiants et à se réfugier sous l'abri du tiers-ordre de saint François. Ceux d'Anvers ne se décidèrent à vivre en commun qu'en 1445. En 1468, ils prirent l'habit de moines et laissèrent le métier de tisserands; c'est ce qu'on lisait sur un tableau suspendu dans leur église d'Anvers.

162: Les preuves surabondent ici. Je remarquerai seulement que la domination des grandes villes était souvent encore appesantie par le despotisme tracassier des métiers: ainsi les tisserands de Damme étaient réglementés, surveillés par ceux de Bruges; les chandeliers de Bruges exerçaient la même tyrannie sur ceux de l'Écluse, etc. (Delpierre.)

163: Reiffenberg. Statistique ancienne de la Belgique, dans les Mémoires de l'Académie de Bruxelles, VII, 34, 44.

164: C'est du moins ce qu'affirme Guichardin dans sa Description de la Flandre.

165: «Inclinat animus ut Flandra, nescio qua lingua fuisse putem Æstuaria, ea forma qua poldras vocamus.»—Je n'adopte pas l'étymologie; mais l'opinion de M. Meyer sur le fond même est considérable.

166: Beaucoup finissent en dyck, en dam, etc.

167: Cela se trouva fait au XIVe siècle. Jacques Artevelde n'eut qu'à écrire cette révolution dans les lois. L'ouvrier, l'ongle bleu (c'est le nom que lui donnaient dans le Nord les bourgeois et les marchands), se trouva à cette époque avoir tellement multiplié, que la commune primitive fut presque absorbée dans les confréries de métiers. Le gouvernement des arts, comme on disait à Florence, prévalut presque partout. Je parlerai ailleurs, et tout à mon aise, de la vitalité diverse des communes. Jusqu'ici on a disserté beaucoup sur ce sujet, mais en insistant plutôt sur les formes qu'on prenait pour le fond. Sans doute, il est intéressant pour l'antiquaire de fouiller le mur primitif de la commune, le cadre de pierre qui l'entoure, plus intéressant pour l'historien d'en retrouver le cadre politique, la constitution. Mais la constitution n'est pas la vie encore. Telle commune a grandi par sa constitution, telle autre en dépit de la sienne.

168: J'ai vu encore aux archives d'Ypres le sceau réprobateur de la ville, où on lit ces mots français: «Condamné par Ypres.»—À Gand, la toile, condamnée comme défectueuse et blâmée par les experts, est attachée à un anneau de fer, à la tour du Marché du vendredi, puis distribuée aux hospices.

169: V. particulièrement la curieuse brochure de M. Altmeyer: Notices historiques sur la ville de Poperinghen, Gand, 1840; et, sur les rapports généraux des villes, la grande et importante chronique flamande (dont le savant M. Schayès a bien voulu m'éclaircir les passages les plus difficiles): Olivier van Dixmude, uitgegeven door Lambin (1377-1443), Ypres, 1835, in-4o.

170: La plus terrible de ces histoires n'est pas, il est vrai, flamande, mais du pays wallon: c'est la guerre de Dinan et de Bovines sur la Meuse. V. le tome suivant.

171: Le comte reconnut, après enquête, qu'Ypres avait bon droit, et n'en décida pas moins qu'on planterait des pieux dans l'Yperlé, de sorte qu'il n'y pût passer qu'une petite barque. (Olivier van Dixmude, ann. 1431.)

172: C'est là le vrai sens qui n'avait pas été saisi. Le coq est un des principaux symboles de la maison, il est témoin de la vie domestique, etc. V. mes Origines du droit.

173: «Nihil accepturos; non vestem, sed restem, potius meruisse.» Meyer, fol. 286.

174: «Puerorum quinque millia.» Meyer, fol. 286. Le mot puer ne peut pas être interprété autrement. Ces enlèvements d'enfants semblent au reste avoir été ordinaires dans les guerres anglaises. V. notre t. VI et Monstrelet, t. IV, p. 115.

175: Les milices hollandaises furent appelées en vain à la défense des côtes; et M. de Lannoy ayant demandé aux États s'ils avaient un traité secret avec l'Angleterre, ils répondirent qu'ils n'avaient pas pouvoir pour s'expliquer. (Dujardin et Sellius. Histoire des Provinces unies.)

176: Sur les rapports des Flamands et de la Hanse, V. l'ouvrage très-instructif de M. Altmeyer: Histoire des relations commerciales et diplomatiques des Pays-Bas avec le Nord de l'Europe, Bruxelles, 1840. L'auteur a tiré des Archives une foule de faits curieux.

177: «Jecoris esores.» Meyer. Cette qualification haineuse désigne évidemment les gros fabricants, les entrepreneurs, les exploiteurs d'hommes.

178: Nombre de passages que je pourrais citer prouvent que, dès ce temps, les Gantais étaient fort dévots. Dans la terrible guerre de 1453, ils ne brûlèrent pas une église, quoique les églises fussent souvent des forts dont pouvait profiter l'ennemi.—À Gand, les mœurs étaient très-pures. Nous lisons dans les registres criminels qu'un tribunal bannit un citoyen distingué, pour avoir offensé de propos indécents les oreilles d'une petite fille.—La Keurc des savetiers de 1304 porte que celui qui vit dans une union illégitime ne peut ni concourir aux élections ni assister aux délibérations. (Lenz.)

179: Sanderi Gandavensium Rerum libri sex, p. 14.

180: Wielant, dans le recueil des Chroniques belges, t. I, p. XLVII.

181: Ces mots étaient souvent synonymes dans les pays allemands et wallons. Michelet. Origines du droit, p. 191-193.

182: «Gris grimmender lœwe.» Jacob Grimm, Deutsche Rechts alterthümer, p. 763.

183: Generaele waerheden, stille waerheden;—coies vérités, franches vérités, communes vérités, ou simplement vérités. (Warnkœnig, trad. de Gheldoff.)

184: Dans le droit allemand, dont le droit flamand est une émanation (au moins dans sa partie la plus originale), le juriste et le poète ont le même nom: Finder, trouveur ou trouvère. Grimm, et mes Origines du droit.

185: Cet idéal germanique s'est conservé dans la formule du franc-juge westphalien. Grimm, 860. Michelet, Origines, 335: «Si le franc-juge westphalien est accusé, il prendra une épée, la placera devant lui, mettra dessus deux doigts de la main droite, et parlera ainsi: Seigneurs francs-comtes, pour le point principal, pour tout ce dont vous m'avez parlé et dont l'accusateur me charge, j'en suis innocent; ainsi me soient en aide Dieu et tous ses saints! Puis il prendra un pfenning marqué d'une croix (Kreutz-pfenning), et le jettera en preuve au franc-comte; ensuite il tournera le dos et ira son chemin.»

186: Que les Français avaient traduit au hasard par un mot qui sonnait à peu près de même: Forestier, le forestier de Flandre.

187: En Flandre, comme dans les autres provinces des Pays-Bas, les sentences capitales étaient sans appel ni révision, jusqu'à la fin du dernier siècle. Cf. l'importante discussion de MM. Jules de Saint-Genois et Gachard, sur le jugement d'Hugonet et Humbercourt (particulièrement Gachard, p. 43), Bruxelles, 1839.

À Gand, le condamné ne pouvait être gracié que du consentement des échevins (communiqué par M. de Lenz, de Gand).

Les affaires étaient relatées sommairement dans les Registres criminels des échevins, comme on le voit aux Archives de Gand (observation communiquée par M. de Saint-Genois).

188: Le comte ne pouvait grâcier les condamnés par l'échevinage, qu'autant qu'ils prouvaient que la partie adverse y consentait.

189: En Hollande, la tradition s'est faite par le fétu jusqu'en 1764. En Flandre, le maître du fonds donné ou vendu y coupait une motte de gazon de forme circulaire et large de quatre doigts; il y fichait un brin d'herbe, si c'était un pré; si c'était un champ, une petite branche de quatre doigts de haut, de manière à représenter ainsi le fonds cédé, et il mettait le tout dans la main du nouveau possesseur. «Jusqu'aujourd'hui, dit Ducange, on a conservé dans beaucoup d'églises des signes de ce genre; on en voit à Nivelle et ailleurs, de forme carrée ou semblables à des briques.» Ducange, Gloss. III, 1522. Voir aussi Michelet, Origines du droit, p. 40, 42, 191, 194, 228, 236, 245, 255, 289, 326, 441, etc., etc.

190: Celui qui demandait justice se rendait à la Porte rouge du palais de l'évêque, et, soulevant un anneau qui s'y trouvait fixé, il le faisait fortement retentir à trois reprises différentes; l'évêque devait venir et l'écouter sur-le-champ (communiqué par M. Polain de Liége).

191: Chaque année, le premier mercredi d'août, on jetait un chat par les fenêtres d'Ypres, et le peuple le brûlait; pendant ce temps, la cloche du beffroi tintait, et tant qu'on pouvait l'entendre, les gens bannis de la ville trouvaient les portes ouvertes et pouvaient rentrer (comme si la victime expiatoire se fût chargée de leur faute). On a continué de jeter le chat jusqu'en 1837 (communiqué par Mme Millet van Popelen).

192: «Ah! la noble chose que la liberté!» Voir ces beaux vers de Barbour dans M. de Chateaubriand, Essai sur la littérature anglaise.—Comparez les vers de Pétrarque, qui ont été retranchés de plusieurs éditions:

Liberta, dolce e desiato bene, etc.

193: Wielant, dans le recueil des chroniques belges, I, LIII.

194: «Disoient qu'ilz estoient nuement sous le Parlement.» Ibid., LIV.

195: «En la chambre à l'uys-clos ilz parlassent langaige franchois.» Ibid., LV.

196: Olivier van Dixmude, 103, 123 (ann. 1423-1427).

197: Wielant insiste sur la distinction de l'hommage et du ressort. Il semble pourtant que, sans le ressort, l'hommage a peu d'importance; le vassal reste à peu près indépendant.

198: «Ils ont donné XVI ou XVIII compaignons en habiz de marchans et autres en habiz dissimulez... lesquelz ont ordonnance de tuer touz officiers du Roy qu'ilz trouveront sur les limites dudit pais de Bourgogne.» Archives du royaume, Trésor des chartes, J. 258, no 25, ann. 1445.

199: Et en se brouillant ainsi avec les maisons d'Autriche et de Saxe.

200: Sur les querelles infiniment diverses et compliquées des Morues et des Hameçons de Hollande, des Marchands de graisse et des pêcheurs d'anguilles de Frise (Wetkoopers, Schieringers), V, Dujardin et Sellius, IV, 28-31, Ubbo Emmius, lib. XVII-I, etc.

201: «Elle remit grande somme au roi de Sicile.» Mathieu de Coucy.

202: Archives du royaume, Trésor des chartes, J. 257, no 38, 4 juillet 1445.

203: Jusqu'à doubler ou tripler, dans les années 1436, 1440, 1443, 1445, 1452, 1457. Je dois ce renseignement et ceux qu'on trouvera plus loin, à l'extrême obligeance de M. Edward Le Glay (fils du savant archiviste), qui a bien voulu extraire pour moi les documents financiers que possèdent les Archives de Lille, Chambre des comptes, Recette générale.

204: Ainsi, en 1406, au premier siége de Calais, la Flandre paye 47,000 écus et 8,000 fr., tandis que le duché de Bourgogne paye 12,000 livres, le comté de Bourgogne 3,000 livres!—Au second siége de Calais, en 1436, la Flandre, qui alla au siége en corps de peuple, et qui dut fournir énormément en nature, paya de plus 120,000 livres, tandis que les deux Bourgognes ne payèrent que 58,000 livres et 600 saluts. Archives de Lille (notes communiquées par M. Edward Le Glay).

205: Cette fête fut un triomphe pour le duc de Bourgogne sur Bruges elle-même et sur la Flandre occidentale, un triomphe en espérance sur la France, qu'il croyait désormais dominer par son union avec le duc d'Orléans. Mais ce ne fut pas moins un triomphe pour les marchands hanséatiques qui avaient profité du mouvement de la Flandre pour forcer le duc de leur sacrifier l'intérêt des Hollandais, alors leurs ennemis et leurs concurrents. Le duc avait condamné la Hollande à indemniser la hanse. Ces tout-puissants marchands du Nord parurent à la fête dans la majesté sombre de leurs vêtements rouges et noirs. (Meyer, Altmeyer, Dujardin.)

206: Date rectifiée par M. Gachard (éd. Barante, II, 85, note 8), d'après le Registre ms. de la collace de Gand.

207: Pierre de Brézé, à qui appartient la grande réforme militaire et tant d'autres actes de ce règne, me paraît être l'homme le plus complet de l'époque, politique, homme de guerre, littérateur (De la Rue). Il gouverna son maître sans lui plaire (Legrand, Hist. ms. de Louis XI). Il ne fut point favori de Charles VII, mais l'homme du roi. Le roi mort, il alla trouver le roi, qui avait voulu l'assassiner, qui le cherchait pour lui faire couper la tête, et qui changea au point de lui donner sa confiance (V. le beau récit de Chastellain). La vie de M. de Brézé, fort difficile à écrire, recevra sans nul doute un jour nouveau des travaux de M. Jules Quicherat. M. Chéruel a extrait aussi beaucoup de documents inédits, relatifs à M. de Brézé, comme capitaine de Rouen et grand sénéchal de Normandie: Archives de la ville de Rouen, Registre des délibérations du conseil municipal, vol. VI et VII, passim, ann. 1449-1465.

208: V. le détail dans Legrand, Histoire de Louis XI, livre I, fol. 97-105, ms. de la Bibl. royale.

209: Dans cette demande adressée au roi, les Génois font du dauphin un éloge dont son père dut être effrayé; ils s'attendent à lui voir faire des choses qu'on n'a encore vues, ni entendues, etc. Legrand.

210: Le dénonciateur tomba malade, et le dauphin tenait tant à éclaircir la chose qu'il lui envoya son médecin et son apothicaire. Le malade eut si peur du médecin de Louis XI qu'il échappa au traitement. Il se sauva à Lyon, fut amené à Paris, ne put prouver son accusation et eut la tête tranchée. Ibidem.

211: Bazin, évêque de Lisieux, remit la lettre du dauphin au roi.

212: «La veille des noces, arriva le héraut de Normandie de la part du Roy, etc.» On fit la célébration avant d'ouvrir ses lettres. Legrand.

213: La lettre est très-humble: «J'escrips par devers Vous et Vous en advertis en toute humilité... Que je ne soye oy préalablement en mes raisons.» Bibl. royale, mss. Baluze, B. 9675, fol. 19; 1451, 29 juillet.

214: «Præter salis tributum, in quo mordicus persistebat, exegit vectigal tritici.» Meyer, fol. 302. De ce que ces mesures ne sont point relatées dans le registre de la collace de Gand, on ne peut conclure d'une manière absolue qu'elles n'ont pas été prises; elles frappaient plus directement les campagnes.

215: Qui pouvait s'étonner que ceux qui faisaient la force de la ville, sa grandeur, qui contribuaient le plus en argent et en hommes, eussent la part principale au pouvoir? Les deux chefs doyens des métiers influèrent peu à peu sur l'élection des échevins, et en vinrent jusqu'à juger avec eux. Sans une part à la puissance judiciaire, il n'y avait nulle puissance dans une telle ville, peut-être même nulle sûreté pour un corps et pour un parti. Voir Diericx, Mémoires sur Gand.

216: «Quod externos (dumicos vocant) quosdam cives pecunia corrupti in numerum admisissent textorum; quas quidem connivente Philippo quidam factas fuisse putabant.» Meyer, f. 302 verso. Un peu plus loin, il semble indiquer le contraire; selon toute apparence, le second passage est altéré.

217: Ceci doit être une vieille formule de condamnation.

218: Le roi fut persuadé: «Qu'il avoit intelligence avec luy, et que sous main il l'aydoit de conseil et l'assistoit d'argent.» Godefroy.

219: «Depuis... ont envoyé en cette ville quatre malvaix garçons... qu'ils avoient eu propost de y faire de nuit ung cry par eulz advisé pour tuer leurs adversaires... eurent lettres patentes... contenant sauve-garde de leurs personnes... Les deux des quatre furent prins... et par l'absence des baillis et officiers... recognoissans leurs mauvaisetés, décapités.» Lettre des Gantais au roi, ap. Blommaert, Causes de la guerre, p. 12 (Gand. 1839).

220: Olivier de la Marche, qui n'a aucune intelligence du monde allemand et flamand, défigure tout cela et le tourne en ridicule.

221: Gachard, notes sur Barante, passim, d'après le Registre ms. du conseil de la ville de Mons.

222: Avec le même empressement que montrèrent les Hollandais, Frisons et autres populations du Nord, en 1832.

223: Le duc remercia les Brugeois. Beaucourt, Tableau fidèle des troubles (d'après les documents mss.), p. 124-125.

224: Dans Blomaert, Causes de la guerre, p. 14.

225: C'est une vieille vanterie germanique, celle même des Suèves dans leur guerre contre César.

226: «Se mondit sire de Bourgogne est content que lesdicts commissaires s'employent à la pacification desdictes questions... se transporteront à Gand... et leur exposeront que le Roy vouldroit faire et administrer à tous ses bons sujets toute raison et justice et les préserver et garder des oppressions, nouvelletez et inconvéniens... Se mondit sire de Bourgogne ne fust content... néanmoins lesdits ambassadeurs pourront par bons moyens faire savoir auxdits de Gand que l'entremise du Roy est de leur faire bonne justice, s'ils la luy requèrent. Et si mondit sire de Bourgogne mectoit du tout en rompture ou difficulté le faict de restitucion desdictes terres de Picardie, lesdicts ambassadeurs pourront aller par devers lesdicts de Gand... et leur signifier que le Roy a toujours esté est prest de leur faire... bonne raison et justice.» (Si les deux parties refusaient de prendre le roi pour arbitre, les ambassadeurs leur défendront de passer outre): «le plus doulcement qu'ils pourront.» Instruction du 5 juillet 1452, Bibliothèque royale, mss. Baluze, A. 9675, fol. 77-81.

227: Le duc leur paya leur sentence. Il leur alloua la somme, énorme alors, de 24,000 livres, «pour cause de leurs vacations, frais et dépens.» Gachard, notes sur Barante, p. 106, d'après le Compte de la recette générale des finances de 1452.

228: Un peu plus tard, les ambassadeurs informent le roi que le duc va faire venir six ou huit mille Anglais en Flandre. Mss. Dupuy, 28 mars 1453.

229: «Et en parlant de plusieurs choses, le sire de Charny me dist que le peuple de France estoit mal content du Roy pour les tailles et aides qui couroient et la mangerie qui se y faisoit, et qu'il y avoit grant dengier. À quoy je lui respondy, au regart des aydes, que laide du vin ès pays de Mondit Seigneur de Bourgogne montent plus en une seule ville que toutes les aydes du Roy en deux villes; et au regart des tailles, que le Roy ne faisoit tailles que pour ses gens d'armes, qui ne montoit que à XIIII ou XVI sols par feu, qui nestoit pas grant chose; et au regart des mangeries que la provision y est bien aisée à mectre et que le Roy y avoit bonne voulounté...» Bibliothèque royale, mss. Baluze (décembre, 1452), A. fol. 45.

230: En même temps, un Français, Pierre Moreau, vint se mettre à la solde des Gantais, leur inspira de la confiance et les mena plusieurs fois au combat.

231: V. t. IV.

232: «Le bastard de Bourgongne eut moyen de parlementer secrètement à un qui estoit chef desdits Anglois et se nommoit Jehan Fallot... Celuy Jehan Fallot remonstra à ses compaignons qu'ils ne pouvoient avoir honneur de servir celle commune contre leur seigneur, et aussi qu'ils estoient en danger de ce puissant peuple, et que communément le guerdon du peuple est de tuer et assommer ceux qui mieux le servent.» Olivier de la Marche.

233: M. Lenz pense que les Flamands ont devancé toutes les autres nations au XIVe siècle pour l'organisation de l'infanterie. Ce qui est sûr, c'est que leur obstination à ne rien changer à cette organisation fut pour eux une cause de défaites, à Roosebeke, peut-être à Gavre, etc.

234: Olivier de la Marche.

235: «Tant d'armes, tant de vaillance et d'outrage, que si telle adventure estoit advenue à un homme de bien, et que je le sceusse nommer, je m'aquiteroye de porter honneur à son hardement.» Olivier de la Marche.

236: Et cet orgueil alla jusqu'à la folie, si l'on en juge par le fait suivant: «Le duc, ayant été obligé, par une maladie, de se faire raser la tête, fit «Un edict, que tous les nobles hommes se feroyent faire leurs testes comme lui; et se trouvèrent plus de cinq cents nobles hommes, qui, pour l'amour du duc, firent comme luy; et aussi fut ordonné messire Pierre Vacquembac et autres, qui prestement qu'ils veoyent un noble homme, lui ostoient ses cheveux.» Olivier de la Marche.

237: V. au musée de Bruges, l'Offrande de la perruche à l'enfant Jésus, un des tableaux les plus originaux de Van Eyck. Plusieurs intermèdes du Banquet du faisan (1454) indiquent aussi que les imaginations étaient fort préoccupées des contrées nouvellement découvertes.

238: Au quatrième siècle, les Braquemont de Sedan se marièrent aux Béthencourt de Normandie, qui prétendaient descendre d'un compagnon du Conquérant; ainsi, au douzième siècle, les Bouillon s'étaient mariés aux Boulogne, les Ardennes à la côte, d'où vint Godefroi de Bouillon. La course de terre et de mer dans les Marches ou le long des rivages ne suffisait pas à l'ambition de ces aventuriers. Les Braquemont, ayant transmis par mariage aux fameux sangliers (aux La Marck), leur tanière ardenaise, allèrent avec les Béthencourt chercher leur aventure, comme on disait, sous ce bon capitaine breton Duguesclin, qui aimait les gens de guerre, les laissait piller, s'enrichir, et parfois en faisait de grands seigneurs. Un Béthencourt fut tué en se battant pour Duguesclin, à Cocherel. Un Robin de Braquemont le suivit à cette belle et profitable guerre d'Espagne, où ils furent tous comblés par le bâtard de Castille qu'ils avaient fait roi. Robin devint un grand d'Espagne, épousa une Mendoza, se fit faire amiral de Castille et, comme tel, se donna le plaisir de détruire des flottes anglaises avec les vaisseaux castillans. Mais tout grand qu'il était en Espagne, devenu vieux, il voulut revoir la France, et il fit un marché avec son neveu Béthencourt qui s'ennuyait à Paris d'être chambellan d'un roi fol; Béthencourt engageait au vieux Robin ses bonnes terres de Normandie, et prenait en échange de prétendus droits de l'amiral de Castille sur les îles Fortunées; étrange marché où le jeune Normand semblait dupe, mais ce fut lui qui y gagna.

Le marché surprend moins, quand on songe que l'imagination, la puissance de foi et de croyance, fort calmée alors du côté mystique, s'étaient tournées avec une singulière vivacité vers les voyages lointains. L'homme aux millions, Marco Polo avait troublé les âmes par ses récits prodigieux de l'Asie. Nos Dieppois racontaient mille choses merveilleuses de l'Afrique, de la côte d'Or. Sur cette route, les îles Fortunées, les fameuses Hespérides, avaient un immense prestige; autour du pic de Ténériffe, ce géant des montagnes, on aimait à placer une population de géants.—Dans cette poétique conquête, Béthencourt montra une prudence hardie, mais froide, un admirable sens normand. Il ne s'adressa d'abord ni au roi de France ni au roi d'Espagne; tous deux auraient peut-être prétendu quelque chose du chef de Louis La Cerda, infant de Castille et petit-fils de saint Louis, qui jadis s'était fait nommer l'infant de la Fortune et couronner roi des Canaries par le pape. Béthencourt embarqua quelques Normands; mais, pour que l'affaire ne devînt pas toute normande, il prit aussi des gens du Languedoc, un Gadifer, entre autres, chevalier de l'ancienne roche, qui servit utilement de sa chevalerie l'habile spéculateur. Celui-ci eut à peine pris pied que, sans s'inquiéter de l'associé, il passa en Espagne et se fit reconnaître roi des Canaries sous la suzeraineté espagnole. Mais en même temps, il resta indépendant de l'Espagne sous le rapport ecclésiastique, et obtint du pape qu'il aurait un évêque à lui. Cela fait, il procéda tout doucement à l'expulsion de l'ami Gadifer, le paya de paroles, traînant en longueur les choses promises, jusqu'à ce qu'il perdit patience et retourna en Gascogne aussi léger qu'il était venu.—Béthencourt paraît avoir eu le vrai génie de la colonisation. Quand il revint chercher des hommes en Normandie, tout le monde voulait le suivre, les grands seigneurs s'offraient; il ne voulut que des laboureurs. Ce qui prouve au reste que son gouvernement était doux et juste, c'est qu'il ne craignit pas d'armer les gens du pays. Voir l'Histoire de la première découverte et conquête des Canaries, faite dès l'an 1402 par messire Jean de Béthencourt, escrite par Bontier, religieux, et le Verrier, prestre, domestiques dudit sieur. In-12, 1630. M. Ferdinand Denis possède un ms. important de ce livre.—V. Godefroy, Charles VI, p. 685, sur les rapports de Louis d'Orléans avec Robert ou Robinet de Braquemont; et sur Béthencourt et Gadefer de la Salle. Archives, Trésor des Chartes, J. 645.

239: Vitet.

240: Grand-maître de l'ordre d'Avis. Il avait pris pour devise ces paroles françaises que les Portugais gravèrent dans tous leurs établissements: Talent de bien faire.

241: Je parle surtout du corps qui fit la force réelle des armées turques, des janissaires; ils étaient, comme on sait, affiliés aux Derviches, ils en portaient à peu près le costume. De plus, comme commensaux du sultan, ils avaient sur la tête des cuillers au lieu de plumets; le palladium de chaque corps était sa marmite, les chefs s'appelaient cuisiniers, faiseurs de soupes, etc.

242: «Nous nous reverrons à la Pomme rouge.» C'est ainsi que les Ottomans nomment la ville de Rome. (Hammer.)

243: C'est le nom dérisoire qu'ils donnaient quelquefois à nos rois.

244: Ms. anonyme, intitulé: De la Vie, Complexion et Condition dudit Roy Charles VII, ap. Godefroy, p. 1.

245: Tout ceci est d'Olivier de la Marche, qui fut un des principaux acteurs de la fête, qui fit les vers, etc.

246: Tout le monde connaît le Mannekenpiss, chéri des gens de Bruxelles, comme le plus vieux bourgeois de la ville.—Nulle part, l'inconvenance n'est plus frappante que dans la première miniature du magnifique Quinte-Curce, ms. de la Bibliothèque royale. Le traducteur portugais fait la dédicace du livre à Charles le Téméraire; on voit au loin la mère du duc, portugaise aussi et protectrice du traducteur; mais la présence de cette princesse n'a pas empêché l'artiste de représenter au premier plan une fontaine dont le Mannekenpiss est un singe d'or; au-dessous un fol lappe et boit. Bibliothèque royale, ms. no 6727.

247: Il est curieux de voir combien il y a peu de blessures et combien légères dans les interminables histoires de tournois que fait Olivier de la Marche.—Tout cela commençait à paraître assez puéril. Le pauvre Jacques de Lalaing, dernier héros de cette gymnastique, avait peine à trouver des gens qui voulussent le délivrer de son emprise. Son fameux pas d'armes de la Dame de pleurs auprès de Dijon, à la rencontre des routes de France, d'Italie, etc., et dans l'année du jubilé, lui fournit peu d'adversaires: «Personne n'a pitié de la Dame de pleurs, et n'y veut toucher.» Le Bâtard de Saint-Pol a beau suspendre près de Saint-Omer l'écu de Tristan et de Lancelot du Lac, son pas de la Belle pèlerine est peu fréquenté.—Le dernier fol en ce genre, comme il est juste, est un lord anglais, qui va se poster au pont de l'Arno, pour forcer les pacifiques Toscans de se battre avec lui; cet Anglais est à peu près contemporain de Cervantès.

248: Ces déchirantes voluptés de la peur ont été observées de tout le monde en Espagne dans les combats de taureaux. Mais elles ne sont nulle part exprimées de façon plus naïve et plus charmante que dans le roman de Perceforêt, qui est ici une histoire: «À la fin du tournoi, les dames se trouvoient quasi nues de leurs atours; elles s'en alloient leurs cheveux d'or flottant sur leurs épaules, de plus, les cottes sans manches; elles avoient jeté aux chevaliers guimpes et chaperons, mantel et camise... Quand elles se virent en ce point, elles en furent toutes honteuses; puis, chacune s'apercevant que la voisine étoit de même, elles se mirent à rire de leur aventure; elles n'avoient plus songé qu'elles alloient se trouver nues, tant elles donnoient de bon cœur!»

249: Son vrai nom est Jean le Wallon, Joannes Gallicus. Facius, De Viris illustribus, p. 46 (écrit en 1466). Le dessin du musée de Bruges est signé de ces mots: Johes de Eyck me fecit 1437. Il a écrit de et non van. C'est donc à tort qu'on l'appelle Van Eyck, ou Jean de Bruges. Dans son œuvre capitale de l'Agneau, il a placé au loin les tours de sa ville natale, pour constater qu'il était un enfant de la Meuse, et pour protester peut-être indirectement contre la Flandre, qui volait sa gloire. Né à Maas-Eyck, sur la limite même des langues, Allemand par la patience, ce violent et hardi novateur est encore bien plus Wallon.

Albert Durer alla le voir; il en parle avec enthousiasme dans ses notes de voyages.—Ce chef-d'œuvre fut demandé en vain par Philippe II au clergé de Saint-Jean. Il le fut par les commissaires de la Convention, qui en enlevèrent quatre volets; les huit autres furent cachés par des gens de cœur, au péril de leur vie. En 1815, les volets, transportés à Paris, revinrent à Gand, mais plusieurs ont été vendus et sont à Berlin.

250: Peu importe que Van Eyck ait trouvé la peinture à l'huile. La gloire appartient à celui qui s'est emparé, par le génie, d'une chose jusque-là inutile et obscure.

251: Voir au musée de Bruges un admirable dessin à la plume, qui représente une Vierge pensive au pied de la tour de Cologne (?) inachevée. Gœthe a dit, non sans apparence, que ce tableau était «le pivot de l'histoire de l'art.» Voir le Journal de l'art sur le Rhin, et Keversberg, Ursula, 181-182; Waagon, 182; Rumohr, vol. II, § 13, etc. etc.

252: Ce sont trois figures immobiles avec leurs auréoles d'or; mais dans cette immobilité rayonne déjà la vie moderne. Elle éclate dans la partie inférieure du tableau, la vie, la nature, la variété; c'est un vaste paysage et trois cents figures habilement groupées. Ainsi l'harmonie commence dans la peinture, presque en même temps que dans la musique; le moyen âge n'avait connu que l'unisson monotone ou la mélodie individuelle. V. t. IX, la note sur la musique au moyen âge. (Réforme, 1835.)

253: Ceci est favorisé par le costume du temps, dont les modes du nôtre se sont un moment rapprochées.

254: C'est la pensée même de la Renaissance. Dans la femme, dans la Vierge-mère, le moyen âge a surtout honoré la virginité, le XVe siècle la maternité; la Vierge alors est Notre-Dame. V. Introduction à Renaissance (tome VIII, 1855).

255: Tout le monde connaît l'histoire, ou le conte, d'Antonello de Messine qui, ayant vu un tableau de Van Eyck, court à Bruges, sous le costume d'un noble amateur, et tire de lui le secret de la peinture à l'huile. De retour en Italie, ce furieux Sicilien, jaloux comme on l'est en Sicile, poignarda celui qui eût partagé avec lui sa maîtresse chérie, la peinture.

256: C'est à un pape que nous devons le souvenir de ce pur et poétique amour. Pie II raconte que la dernière passion d'Alfonse fut une noble jeune fille, Lucrezia d'Alagna. En sa présence, il semblait hors de lui-même; ses yeux étaient toujours fixés sur elle, il ne voyait, n'entendait qu'elle; et néanmoins cette ardente passion ne coûta rien à sa vertu.

257: «Capillis naturam vincentibus. Keversberg.

258: Il semble que Philippe le Bon ait montré Van Eyck aux nations étrangères, comme Philippe IV leur montrait Rubens dans les ambassades: Parmi les personnes attachées à l'ambassade qui alla chercher l'infante de Portugal, se trouvait Jehan Van Eyck, «varlet de chambre de mondit seigneur de Bourgoingne, et excellent maistre en art de peinture,» qui peignit «bien au vif la figure de l'infante Isabelle.» V. Gachard. Documents inédits, t. II, p. 63-91, Reiffenberg, Notes sur Barante, IV, 289.

259: C'est sans doute par ces nombreux élèves que Van Eyck fit exécuter la plupart des miniatures d'un beau ms. que M. de Paulmy croit avoir été orné entièrement de sa main. La première miniature doit être du maître. Elle représente le duc de Bourgogne, avec le collier de la Toison, recevant le ms. des mains de l'artiste agenouillé. Le peintre est sérieux, déjà âgé, mais fort. Le duc, en robe noire fourrée, plus âgé, pâle, vieux, reçoit sans regarder autre chose que sa pensée; regard politique, fin, méticuleux. Derrière, à la gauche du prince, un des officiers semble faire signe au lecteur qu'il fasse attention au grand prince devant lequel il est. À la droite, un jeune homme en robe de velours fourré doit être Charles le Téméraire, ou le grand bâtard de Bourgogne. Les autres miniatures sont bien inférieures; elles ne le sont pas moins à celles du beau Quinte Curce de la Bibliothèque royale. Elles sont évidemment de fabrique. On sent que les gravures remplaceront bientôt les miniatures. Bibliothèque de l'Arsenal, ms. de Renaud de Montauban, par Huon de Villeneuve, mis en prose sous Philippe de Valois, orné de miniatures postérieures, l'année 1430.

260: Après la mort d'Agnès, il eut d'autres amours, moins excusables. État de 1454-5: À mademoiselle de Villequier pour lui aider à entretenir son estat, II M livres. Beaucoup de dons à des femmes, veuves, etc.—1454-5. À Marguerite de Salignac, damoiselle, pour don à elle fait par le roi pour lui aider à une chambre pour sa gésine.—1454-5. À madame de Montsoreau pour don III C livres. Bibliothèque royale, mss. Béthune, vol. V. no 8442.

261: Alain Chartier est un Jérémie pour cette triste époque. Voir, dans son Quadrilogue invectif, ce qu'il dit au nom du peuple sur la lâcheté des nobles, sur leur indiscipline, etc., p. 417, 447. Je trouve dans ses poésies peu de choses qui aient pu lui mériter d'être baisé d'une reine; peut-être le fut-il pour ces vers mélancoliques et gracieux:

Oblier?... Las! il n'entr'oublie
Par ainsi son mal, qui se deult (dolet).
Chacun dit bien: Oblie! oblie!
Mais il ne le fait pas qui veult!

Alain Chartier, p. 494, in-4o, 1617.

262: Je crois pouvoir appeler ainsi l'homme qui paraît tenir un hoyau, et celui qui est en manteau.

263: Planait serait plus exact.

264: Né à Bourges, mais, je crois, originaire de Paris.—Un Jean Cuer, monnoier à la Monnoie de Paris, obtient rémission en 1374, pour avoir pris part à une batterie de gens de la maison du roi contre les bouchers. Archives, Registre J. 106, nos 77, 207.

265: V. la Description de l'église patriarcale, primatiale et métropolitaine de Bourges, par Romelot, p. 182-190.

266: «29 juin 1462 (?) obiit generosi animi Jacobus Cordis, miles, Ecclesiæ capitaneus generalis contra infideles, qui sacristiam nostram extruxit et ornamentis decoravit, aliaque plurima ecclesiæ procuravit bona.» Ibidem, 177.

267: Il ne faut pas oublier dans quelle misère s'était trouvé Charles VII. La chronique raconte qu'un cordonnier étant venu lui apporter des souliers, et lui en ayant déjà chaussé un, s'enquit du payement, et comprenant qu'il était fort incertain, déchaussa bravement le roi et emporta la marchandise; on en fit une chanson, dont voici les quatre premiers vers:

Quant le Roy s'en vint en France,
Il feit oindre ses houssiaulx,
Et la Royne lui demande:
Où veut aller cest damoiseaulx?

La savante éditrice de Fenin et de Commines, à qui je dois cette note, l'a tirée du Ms. 122 du fonds Cangé, Bibl. royale.

Il n'était pas le seul qui eût fait cette faute. Un bourgeois de Bourges, Pierre de Valenciennes, fournit à lui seul trois cents milliers de traits d'arbalète, etc. Le roi lui donna la haute, moyenne et basse justice à Saint-Oulechart, près Bourges. Archives, Registre 182, J. CLXXIX, 10 bis, ann. 1447.

268: Le premier peut-être qui ait senti le besoin de connaître les ressources du royaume, et qui ait fait l'essai, il est vrai, inexécutable alors, d'une statistique.—Quant aux changements qu'il fit dans les monnaies, V. Leblanc.

269: Cité par Delécluse, Histoire de Florence, II, 362.

270: On ne peut estimer à moins de seize millions de ce temps-là (?).

271: En 1459, le roi accorde rémission à maître Pierre Mignon, qui, après avoir étudié ès-arts et décret à Toulouse et à Barcelone, a gravé de faux sceaux et s'est occupé de magie. Il a fait à Octo Castellan, depuis argentier du roi, deux images de cire: «L'un pour mectre feu Jacques Cuer, nostre argentier lors, en nostre male grâce, et lui faire perdre son office d'argentier; l'autre, pour faire que ledit Octo Castellan, Guillaume Gouffier et ses compagnons, fussent en nostre bonne grâce et amour.» Archives, Registre J. CXC, 14, ann. 1459.

Un Jaco de Médicis, de Florence, âgé de vingt-cinq ans (parent d'Octo Catesllain, trésorier de Toulouse), sortant de l'hôtel de la Trésorerie où il exerce fait de marchandise, rencontre Bertrand Bétune, ruffian, qui le frappe, sans avoir eu auparavant nulle parole avec lui; de là un combat et une rémission accordée à Médicis. Je dois la découverte de cette pièce à M. Eugène de Stadler. Archives, Registre J. 179, no 134. déc. 1448; V. aussi ann. 1467.

272: Une telle accusation devait faire une grande impression, au moment de la prise de Constantinople. La condamnation de Jacques Cœur est justement datée du jour de la prise de cette ville, 29 mai 1453.—Jacques Cœur aurait probablement péri s'il n'eût été sauvé par les patrons de ses galères, auxquels il avait donné ses nièces ou parentes en mariage. V. les rémissions accordées à Jean de Village et à la veuve de Guillaume de Gimart, tous deux natifs de Bourges. Archives, Registre J. 191, nos 233, 242.

273: «Ayans en mémoire les bons et louables services à Nous faits par ledit feu Jacques Cœur.» Lettres de Louis XI pour restitution des biens, etc. Godefroy, Charles VII, p. 862.

274: Il semble même qu'il ait eu contre le roi une haine personnelle: «Icellui seigneur se complaignit à lui qui parle, en lui disant qu'il savoit bien que le Roy ne l'aimeroit jamais et qu'il estoit mal content de lui... Si je pouvais avoir une pouldre que je sçais bien et la mettre en la buée où les draps-linges du roy seroient mis, je le ferois dormir tout sec...»—Le duc avait envoyé à Bruges pour faire acheter chez un pharmacien de cette ville une herbe appelée martagon qui avait, disait-il, de nombreuses et merveilleuses propriétés, mais on n'était point parvenu à se procurer cette herbe. Procès du duc d'Alençon, dépositions de son valet de chambre anglais et du premier témoin entendu.

275: Les dépositions des témoins au Procès sont pleines de détails naïfs qui ne peuvent guère être inventés.

276: Robert Holgiles, natif de Londres et héraut d'armes du duc d'Excestre, dépose que le duc d'Alençon lui dit qu'il pouvoit dès ce moment mettre à la disposition du roi d'Angleterre «plus de neuf cents bombardes, canons et serpentines; mais qu'il feroit ses efforts pour en avoir mille; qu'il faisoit construire, entre autres pièces d'artillerie, deux bombardes, les plus belles du roiaulme de France, dont l'une estoit de mestail, lesquelles il donneroit au duc d'York avec deux coursiers... que monseigneur le dauphin lui devait envoier...» Ibidem.

277: Il venait de lui envoyer des arbalètes en présent; le duc de Bourgogne, à qui probablement le roi en écrivit, crut devoir s'excuser. Ce détail et presque tous ceux qui suivent sont tirés du savant ouvrage inédit où j'ai puisé si souvent: Bibliothèque royale, mss. Legrand, Histoire de Louis XI, livre II, folio 89.

Rien ne caractérise mieux l'ardente ambition de ces Savoyards que l'aveu qu'ils en firent au duc de Milan: «Nous deistes: Par le saint Dyex! ne reurra un an que je ayra plus de païs que not mais nul de mes encesseurs, et qu'il sera plus parlé de moy que ne fut mais de nul de notre lignage, ou que je mourrai en la poine!» Lettre de Galéas Visconti à Amédée VI, 1373. Cibrario e Promis, Documenti, monete et sigilli, 289.

278: Les Anglais disaient que de tous les hommes de France, le dauphin était celui qu'ils redoutaient le plus. Procès du duc d'Alençon, déposition de son émissaire, le prêtre Thomas Gillet.

279: V. le Registre Delphinal de Mathieu Thomassin, fait par commandement du dauphin Louis, 1456, Bibliothèque royale, mss. Colbert, 3657 (sous le titre de Chronique du Dauphiné).

280: Le peuple ne pouvait croire à la mort de la Pucelle; elle ressuscita plusieurs fois.—En attendant la publication intégrale que prépare M. Jules Quicherat, voir les extraits d'Averdy (Notices des mss., t. III). Note de 1841.

En 1436, une fausse Pucelle se fit reconnaître par les deux frères de Jeanne à Metz. Elle s'attacha à la comtesse de Luxembourg, puis suivit à Cologne le comte de Wirnembourg. Là elle se conduisit si mal que l'inquisiteur la fit arrêter; mais le comte intercéda; elle revint en Lorraine, où elle se maria à un seigneur des Harmoises. Elle alla à Orléans, où la ville lui fit des présents. Symphorien Guyon, Histoire d'Orléans (1650). IIe partie, p. 265.—«En celluy temps (1440) en amenèrent les gens d'armes une, laquelle fut à Orléans très-honorablement receue, et quand elle fut près de Paris, la grant erreur recommença de croire fermement que c'estoit la Pucelle, et pour cette cause on la fit venir à Paris et fut monstrée au peuple au palays sur la pierre de marbre et là fut preschée, et dit qu'elle n'estoit pas pucelle et qu'elle avoit été mariée à ung chevalier, dont elle avoit eu deux filx, et avec ce disoit qu'elle avoit fait aucune chose dont il convint qu'elle allast au Saint-Père, comme de main mise sur son père ou mère, prestre ou clerc violentement. Elle y alla vestue comme un homme, et fut comme souldoyer en la guerre du Saint-Père Eugène, et fist homicide en ladite guerre par deux foys, et quand elle fut à Paris encore retourna en la guerre, et fust en garnison et puis s'en alla.» Journal du Bourgeois de Paris, 185-6, ann. 1440.—La troisième Pucelle, amenée à Charles VII en 1441, le reconnut à une botte faulve qu'il portait alors pour un mal de pied. Le roi lui dit: «Pucelle, ma mie, vous soyez la très-bien revenue, au nom de Dieu qui scet le secret qui est entre vous et moi.» Elle se jeta à genoux en lui avouant son imposture. Exemple de hardiesse, mss. Bibliothèque royale, no 180, cité par Lenglet, II, 155.

281: Lorsqu'il sollicitait Dammartin d'enlever Charles VII, quelques années auparavant, il ajoutait: «Et y veux estre en personne, car chacun craint la personne du roi quand on le voit; et quand je n'y seroye en personne, je doute que le cœur ne faillit à mes gens, quand ils le verraient, et en ma présence chacun fera ce que je voudrai.» Déposition de Dammartin. (Duclos.)

282: Ces détails et tous ceux qui concernent même indirectement Chabannes, se trouvent, avec les lettres originales (fol. CCXCVII-CCCII), dans: La Chronique Martinienne de tous les papes qui furent jamais et finist jusques au pape Alexandre derrenier décédé en 1503, et avecques ce les additions de plusieurs chroniqueurs. (Et à la fin:) Imprimée à Paris pour Antoyne Vérard, marchant libraire.

283: Roman du Renart, publié par Méon, 1826, 4 vol. Supplément, par Chabailles, 1835. Reinardus Vulpes, carmen epicum seculis IX et XII conscriptum, ed. Mone, 1832. Reinard Fuchs, von Jacob Grimm, 1834.

284: Il retint prisonnier et voulait faire mourir un gentilhomme, dont le neveu avait rendu une de ses places au roi. Ms. Legrand.

285: Reiffenberg, Mémoire sur le séjour du dauphin Louis XI aux Pays-Bas, dans les Mémoires de l'académie de Bruxelles, t. V, p. 10-15.

286: Il se contenta d'intercéder quelquefois assez aigrement. Il dit au roi, dans une lettre, que le dauphin a fait demandes bonnes et raisonnables... «et a escript que lui aviez faict bien estrange response.» Mss. Baluze.

287: Sous l'influence pacifique des Croy, de 1458 à 1464, les taxes diminuent sensiblement. Comptes annuels (communiqués par M. Edward Le Glay). Archives de Lille, Chambre des comptes. Recette générale.

288: Le roi ne lâcha pas prise; il acheta du duc de Saxe les droits sur le Luxembourg qu'il tenait de l'héritière de Ladislas. V. les détails dans Legrand, fol. 31-24, mss. de la Bibliothèque royale.

Voir les instructions données à Thierri de Lenoncourt. Bibliothèque royale, mss. Du Puy, 760; 6 avril 1458.

289: C'est elle, le plus souvent, qui avait en quelque sorte fait la terre; elle y avait bâti des murs, un asile contre les païens du Nord, où l'agriculteur pouvait se retirer, ramener ses troupeaux. Les champs avaient été défrichés, cultivés aussi loin qu'on pouvait voir la tour. La terre était fille de la seigneurie, et le seigneur était fils de la terre; il en savait la langue et les usages, il en connaissait les habitants, il était des leurs. Son fils, grandissant parmi eux, était l'enfant de la contrée.—Le blason d'une telle famille devait être compris du moindre paysan. Il n'était ordinairement autre chose que l'histoire même du pays. Ce champ héraldique était visiblement le champ, la terre, le fief; ces tours étaient celles que le premier ancêtre avait bâties contre les Normands; ces besans, ces têtes de Mores, étaient un souvenir de la fameuse croisade où le seigneur avait mené ses hommes et qui faisait l'entretien du pays.

Mêmes blasons au XVe siècle, tout autres familles. Il serait facile de prendre tous les fiefs de France et de montrer que la plupart sont alors entre les mains de familles étrangères, que tous les noms, tous les blasons sont faux. Anjou n'est pas Anjou; ce ne sont plus les Foulques, les infatigables batailleurs de la lande bretonne; ce ne sont plus les Plante genêts, plantés dans la Loire, transplantés glorieusement en Normandie, en Aquitaine, en Angleterre. Bretagne n'est pas Bretagne; la race indigène du vieux clan, Noménoé, s'est mariée en Capet, et les Capets bretons en Montfort; vrai vaisseau de Thésée, où toute pièce change et le nom subsiste. Foix n'est plus Foix; la dynastie des Phébus, gracieuse, spirituelle, à la béarnaise; ce sont les rudes Graillis de Buch, farouches capitaines, mêlés de l'âpreté des landes et d'orgueil anglais.

290: Le blason de la maison de Bourgogne n'a nul rapport à ses destinées, ni à son caractère. La croix de Saint-André rappelait des souvenirs austères, l'époque de ferveur où un duc, se faisant moine de Cluny, malgré le pape, trente de ses vassaux prirent l'habit, l'époque où Cîteaux, prêchant la croisade par toute la terre, les princes bourguignons allèrent combattre avec le Cid et fonder des royaumes sur la terre des Maures.—Le lion noir sur or de la Flandre rappelait aux Flamands leurs vieux comtes, qui fortifièrent les villes, tracèrent le fossé entre France et Empire, fondèrent la paix publique, ou bien encore leur aimable dynastie de Hainaut, qui sut dire aussi bien que faire, qui fit et conta la croisade, s'y dévoua deux fois et couronna la tour de Bruges du dragon de Sainte-Sophie.

291: Je parle surtout du Conseil supérieur.

292: Ils essayèrent pourtant de simplifier par des moyens violents, par exemple en dépouillant la maison de Nevers. V. surtout Bibliothèque royale, mss. S. Victor, 1080. fol. 53 96.—Sur la politique de cette absorbante maison de Bourgogne, il est curieux de lire aussi le procès d'un bâtard de Neufchâtel, qui, dans l'intérêt de cette maison, fabriquait des actes contre Fribourg. Der Schweitzerische Geschichtforscher, I. 403.

La ruine de Liége, en 1468, me donnera occasion d'en parler au long. Quant aux rapports de nos rois avec les La Marck, voir, entre autres choses, l'autorisation que Charles VII leur donne de fortifier Sedan, novembre 1455. Bibliothèque royale, mss. Du Puy, 435, 570.

293: Le caractère rationaliste et anti-symbolique de nos légistes n'est marqué nulle part plus fortement que dans l'acte suivant, adressé à la ville de Lille: «Clarissima virtutum justitia, qua redditur unicuique quod suum est, si judiciali quandoque indigeat auctoritate fulciri, non frivolis aut inanibus tractari, mediis ratione carentibus, et quibus a recto possit diverti tramite, sed in viâ veritatis suæ fidelis ministræ, debet fideliter exhiberi. Si vero contrarium quodvis antiquitas aut consuetudo tenuerit, regalis potentia corrigere seu reformare tenetur. Ea propter notum facimus... quod, cum ex parte... scabinorum, burgensium, communitatis, et habitatorum villæ nostræ Insulensis, nobis fuerit declaratum quod in dicta villa ab antiquo viguit observantia seu consuetudo talis: Quod si quis clamorem exposuerit, seu legem petierit dictæ villæ contra personam quamcunque super debito vel alias de mobili quæ denegetur eidem, dicti scabini (ad excitationem baillivi vel præpositi nostri...) per judicium juxta prædictam legem antiquam pronunciant quod actor et reus procedant ad Sancta, proferendo verba...: «Nescimus aliquid propter quod non procedant ad Sancta, si sint ausi.» Et ordinatio, seu modus procedenti ad dicta Sancta, quod est dictu facile, juramentum fieri solet ab utraque partium, sub certis formulis ac in idiomate extraneis, et insuetis, ac difficillimis observari. Super quibus... si quoquo modo defecerit in idiomate, vel in forma, sive fragilitate linguæ, juranti sermo labatur, sive manum solito plus elevet, aut in palma pollicem firmiter non teneat, et alia plura frivola et inania... non observet, causam suam penitus amittit. Nos considerantes quod talis observantia seu consuetudo, nulla potest ratificari temporem successione longæva, sed quanto diutius justitiæ paravit insidias, tanto debet attentius radicitus exstirpari, Constituimus... aboleri... ordinantes quod ad faciendum ad sancta Dei Evangelia juramentum solemne modo et forma quibus in Parlamente nostro, Parisiis et aliis regni nostri curiis, est fieri consuetum... per dictos scabinos admittantur. Anno 1350, mense martii.» Ord. II 399-400.

294: Le faible mérite de ces romans, chroniques, etc., ne doit diminuer en rien notre reconnaissance pour Philippe le Bon et pour son fils, qui ont été les véritables fondateurs de la précieuse Bibliothèque de Bourgogne. Un contemporain écrit en 1443: «Nonobstant que ce soit le prince sur tout autres, garni de la plus riche et noble librairie du monde, si est il enclin et désirant de chascun jour l'accroistre comme il fait; pourquoi il a journellement et en diverses contrées, grands clercs, orateurs, translateurs et escripvains à ses propres gages occupez, etc.» Chronique de David Aubert, Bibliothèque royale, mss. 6766, cité par Laserna-Santander, Mémoire sur la Bibliothèque de Bourgogne (1809), p. 11. V. aussi sur le même sujet la Notice de M. Florian-Frocheur, 1839; et l'Histoire des Bibliothèques de la Belgique, par M. Namur. 1840.

295: C'est le défaut du plus grand écrivain de l'époque, de l'éloquent Chastellain. Commines, tout autrement fin et subtil, ne put tenir à la cour de Bourgogne; il alla prendre sa place naturelle, près de Louis XI.

296: Cette étiquette, toute différente du cérémonial symbolique des temps anciens, n'en a pas moins servi de modèle à toutes les cours modernes. On en trouve le détail dans les Honneurs de la cour, écrits par une grande dame, et imprimés par Sainte-Palaye, à la suite de ses Mémoires sur l'ancienne chevalerie, II, 171-267. Le fait suivant montre combien l'étiquette était inflexible. Au mariage du duc de Bourgogne: «Je vis que madame d'Eu souffrit que monsieur d'Antony, son père (Jean de Melun, sire d'Antoing), à nue tête lui tînt la serviette, quand elle lava devant souper, et s'agenouillât presque jusqu'à terre devant elle; dont j'ouis dire aux sages que c'étoit folie à monsieur d'Antony de le faire et encore plus grande à sa fille de le souffrir.» Cérémonial de la cour de Bourgogne, édit. de Dunod, p. 747.

297: Les Rederiker, comme Grimm l'a parfaitement établi, ne sont pas des Meistersaenger. Leurs Chambres n'offrent qu'un travestissement des mœurs françaises; leurs noms de fleurs semblent empruntés à nos Jeux floraux. Dans le Meistergesang, point de prix proposé; point de hiérarchie; au contraire, les Chambres de rhétorique avaient des empereurs, des princes, des doyens, etc. Elles proposaient des prix à ceux qui amèneraient le plus de monde à leurs fêtes, aux poëtes qui improviseraient à genoux sans se relever, etc. Laserna-Santander, Bibliothèque de Bourgogne, 152-200. Jacob-Grimm, Ueber den altdeutschen Meistergesang, 156.

298: Rien ne caractérise mieux le triste esprit de cette époque que les devises en rébus. La ville de Dôle met un soleil d'or dans ses armes, supposant que Dôle rappelle Délos, l'île du soleil. La maison de Bourbon ajoute à ses armes le chardon (cher don). Batissier, Bourbonnais, II, 264. Un Vergy qui possède les terres de Valu, Vaux et Vaudray, prend pour devise: J'ai valu, vaux et vaudray. Reiffenberg. Histoire de la Toison d'or, p. 2-4. Voir aussi mes Origines du droit trouvées dans les formules et symboles, p. 214-222.

299: Au milieu du siècle, lorsqu'on se remit, après les guerres, à songer, à chercher, à lire, des livres commencèrent à circuler qu'on croyait encore manuscrits, mais d'une régularité d'écriture extraordinaire, de plus, à bon marché, en grand nombre: plus on en achetait, plus il en venait. Ils se trouvaient (chose merveilleuse) identiques, c'est-à-dire que les acheteurs en comparant leurs bibles, leurs psautiers, y trouvaient mêmes formes, mêmes ornements, mêmes initiales sanglantes, comme la griffe du diable. Mais, tout au contraire, c'était la moderne révélation de l'esprit de Dieu. Le Verbe attaché d'abord aux murailles, fixé aux fresques byzantines, s'était de bonne heure détaché en tableaux, en images de Christ, décalqué de véroniques en véroniques. L'esprit était muet encore; captif dans la peinture, il faisait signe, et ne parlait pas. De là d'incroyables efforts, de gauches essais pour faire dire aux images ce qu'elles ne peuvent dire; la rêveuse Allemagne surtout subit la torture d'un symbolisme impuissant. Van Eyck finit par s'en lasser; il laissa les Allemands suer à peindre l'esprit, se mit à peindre naïvement des corps, et s'enfonça dans la nature. La peinture étant convaincue en ceci d'impuissance, un art nouveau devenait nécessaire pour exprimer l'esprit, pour le suivre dans ses transformations, ses analyses, ses poursuites variées. Je reprendrai ailleurs cette grande histoire.

300: C'est la tradition hollandaise que je ne crois devoir ni adopter ni rejeter.

V. Lambinet, Daunou, Schwaab, et d'autre part Meerman, Léon Delaborde, etc. Au reste, des deux découvertes (la mobilité des caractères et la fonte), la première était une chose naturelle, nécessaire, amenée par un progrès invincible, ainsi que je le montrerai. La grande invention, c'est la fonte; là fut le génie, la révolution féconde.

301: On connaît la ballade anglaise du martyre de Grain d'orge, moulu, noyé, rôti, etc.

302: Ms. Legrand.

303: Taillandier, Résumé historique de l'introduction de l'imprimerie à Paris, Mémoires des antiquaires de France, t. XIII. Académie des inscriptions, t. XIV, p. 237.

304: Sforza et le dauphin, son admirateur, s'entendaient à merveille. Sforza ne dédaigna point de faire un traité avec ce fugitif (6 octobre 1460). Ms. Legrand.

305: Lire dans la Chronique de Martinienne, si curieuse pour ce règne, une lettre que le dauphin écrivait, pour qu'elle tombât entre les mains de son père: «J'ai eu des lectres du comte de Dampmartin que je faingtz de hayr. Dictes luy qu'il me serve toujours bien.»

306: Quelques-uns disent que Charles VII songeait à placer la couronne sur la tête de son second fils. Le comte de Foix assura néanmoins qu'il n'a pas même voulu lui donner la Guienne en apanage. Il écrivit à Louis XI à son avénement: «L'année passée, estant le Roy vostre père à Mehun, les ambassadeurs du Roy d'Espagne y estoient qui traictoient le mariage de mondit sieur vostre frère avec la sœur du roy d'Espagne; il fut ouvert que les Espagnols requéroient que le Roy vostre père donnast et transportast le duché de Guyenne à monsieur vostre beau-frère; à quoy le Roy vostre dit père respondist qu'il ne luy sembloit pas bien raisonnable et que vous estiez absent, que estiez frère aisné et que estiez celuy à qui la chose touchoit le plus près après lui.» Lenglet.

307: Charles VII fut singulièrement regretté des gens de sa maison: «Et disoit on lors que lung desditz paiges avoit esté par quatre jours entiers sans boire et sans manger.» Chronique Martiniane.

308: V. entre autres pièces curieuses, l'assignation au comte d'Armagnac qui aurait tenu ses enfants en prison jusqu'à leur mort pour s'emparer de leur bien, Bibliothèque royale, mss. Doat, 218, fol. 128.

309: La plus curieuse remontrance est celle que fit l'Ordre à Charles le Téméraire et qu'il écouta avec beaucoup de patience: «Que Monseigneur, saulf sa bénigne correction et révérence, parle parfois un peu aigrement à ses serviteurs, et se trouble aulcune fois, en parlant des princes. Qu'il prend trop grande peine, dont fait à doubter qu'il en puist pis valoir en ses anciens jours. Que, quand il faict ses armées, lui pleust tellement drechier son faict que ses subjects ne fuissent plus ainsi travaillez ne foulez, comme ils ont été par ci-devant. Qu'il veuille estre bénigne et attrempé et tenir ses pays en bonne justice. Que les choses qu'il accorde lui plaise entretenir, et estre véritable en ses paroles. Que le plus tard qu'il pourra il veuille mettre son peuple en guerre et qu'il ne le veuille faire sans bon et meur conseil.» Reiffenberg.

310: Les chevaliers avaient entrée au conseil. En 1491, ils se plaignent de ce que le duc ne les appelle pas à délibérer sur ses affaires. (Raynouard.)

311: «Iceluy huissier, gardant son exploit jusque au jour Saint-Andrieu, le jour principal de la feste de son ordre...» George Chastellain.

312: Quelque effronté que l'huissier puisse sembler au chroniqueur, je ne puis à cette occasion m'empêcher d'admirer l'intrépidité des hommes qui se chargeaient de tels messages, qui sans armes, en jaquette noire, n'ayant pas, comme le héraut, la protection de la cotte armoriée et du blason de leur maître, s'en allaient remettre au plus fier prince du monde, au baron le plus féroce, à un Armagnac, à un Retz, dans son funèbre donjon, le tout petit parchemin qui brisait les tours... Remarquez que l'huissier ne réussissait guère à faire un bon ajournement, régulier, légal, en personne, qu'en cachant sa qualité et risquant d'autant plus sa vie. Il fallait qu'il pénétrât comme marchand, comme valet; il fallait que sa figure ne le fît point deviner, qu'il eût mine plate et bonasse, dos de fer et cœur de lion... Ces gens étaient, je le sais, puissamment encouragés par cette ferme croyance que chaque coup leur reviendrait en argent; mais cette foi au tarif ne suffit pas pour expliquer en tant d'occasions ces dévouements audacieux, cet abandon de la vie. Il y a là aussi, si je ne me trompe, le fanatisme de la loi.

Sur l'histoire héroïque des huissiers, voir entre autres choses: Information sur un excès fait à Courtray en la personne d'un sergent du Roy. Archives du royaume, J. 573, ann. 1457.

313: Chastellain.

314: «Se dire il se soeffre...» Castellain, p. 135, 142. On sent que, sous cette fausse réserve, le cœur bourguignon tressaille d'aise.

315: C'était le duc de Somerset qui débarquait avec toute une charge de lettres pour les grands du royaume. Il fut pris à table par l'habile Jean de Reilhac, qui avait rencontré, dépassé le messager du comte de Charolais; quand ce messager arriva, tout ce qu'il obtint de Reilhac, ce fut de saluer Somerset. Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, carton 2, 3 août 1461. Je dois reconnaître ici, je reconnaîtrai souvent, mais jamais assez, tout ce que je dois à la patience de Legrand, dont la volumineuse collection nous permet de voir ce grand règne en pleine lumière. Malheureusement les pièces qu'il a recueillies sont des copies souvent très-fautives, dont il faut chercher les originaux, soit dans la précieuse collection Gaignières de la Bibliothèque royale, soit au Trésor des chartes, etc. Pour l'histoire que Legrand a tirée de ces pièces, elle est plus savante qu'intelligente: elle eût pu néanmoins mieux guider Lenglet et Duclos. J'aurais voulu attendre les publications, tout autrement sérieuses, de Mlle Dupont et de M. Jules Quicherat.

316: Tannegui Duchâtel (neveu de l'autre), ne trouvant pas la cérémonie digne de son maitre, y mit du sien trente mille écus. Thuani Hist. liv. XXVI ann. 1560. Louis XI les lui fit rembourser en 1470; les mandats subsistent.

317: De Bordeaux jusqu'en Savoie, il était chez lui. Duc de Bourbon et d'Auvergne, comte de Forez, seigneur de Dombes, de Beaujolais, etc., il était de plus gouverneur de Guienne. Un de ses frères était archevêque de Lyon, un autre évêque de Liége.

318: Dès le 29 juillet fut apportée à Rouen une lettre du roi, qui confiait la garde de la ville, châteaux et palais, à douze notables; les lieutenants de Brézé leur remirent les clefs qu'ils gardèrent jusqu'au 10 octobre, époque des révoltes de Reims, d'Angers, etc. (Communiqué par M. Chéruel.) Archives de Rouen, registres du conseil municipal, vol. VII, fol. 189.

319: «Faites assembler tous les habitants, nobles, gens d'église et autres... De ce que fait aura esté, nous faictes faire réponse par deux des plus notables bourgeois des principales villes de Guyenne.» Maubeuge, 27 juillet (Lenglet). La lettre adressée aux gens de Rouen doit être aussi du 26 ou 27, puisqu'elle arriva à Rouen le 29. Charles VII était mort le 22. L'arrestation de Somerset est du 3 août.

320: Ordonnances, XV, XVIII.

321: Voir plus bas les révoltes des villes.—«Ses povres subjects cuidoient avoir trouvé Dieu par les pieds...» Chastellain.

322: Voir le beau et naïf récit dans les preuves de Comines, de Lenglet-Dufresnoy.—Rien de plus curieux. Les sots croient le pauvre homme décidément à terre, et ils se mettent à piaffer dessus; le très-fin Reilhac, qui connaît mieux le maître, sait bien que la rancune cédera à l'intérêt, qu'un homme si utile sera relevé tôt ou tard; il accueille le messager du proscrit, secrètement, bien entendu, et sans se compromettre.

323: Particulièrement son agent Doucereau, qui fut pris à la bataille de Northampton. Mss. Legrand.

324: Surtout (selon toute apparence) les évêques de Bayeux et de Lisieux.—Un de ceux qui poursuivaient Brézé écrit au roi: «Je trouve par information... que ledit sénéchal a esté en la terre du patriarche (évêque de Bayeux), et que là il y a esté recélé, et que depuis il s'en est retourné enmy les bois de Mauny, et que là est venu devers luy ledit patriarche en habit dissimulé... Maistre Guy parle du mariage du filx de M. de Calabre et de la fille de M. de Charolais, et aussi parle du mariage du filx dudit sénéchal et de la fille de M. de Croy... (Le sénéchal) s'est adressé au maistre d'escole dudit lieu, et lui a dit, comme en confession, qu'il estoit le comte de Maulevrier, et qu'il se estoit eschappé du chasteau de Vernon, mais qu'il ne se vouloit point monstrer, tant qu'il eust assemblé ses gens...» Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. 2; 19 nov. 1461, 9 janvier 1462.

325: Voir les Preuves de Duclos, IV, 281. On peut tirer la même induction du rapport d'un agent du roi: «Ledit sénéchal... sçavoit par eulx toutes nouvelles de vostre maison.» Ibidem. Eulx veut dire ici le comte du Maine, M. de Chaumont, etc.; mais eux-mêmes ne pouvaient guère savoir ces nouvelles que par les gens de la maison du dauphin.

326: L'honnête Chastellain avoue lui-même l'insupportable exigence des Bourguignons: «Moult en y avoit des pays du duc qui estoient gens importuns, gens sots et hardis, demandant sans discrétion... pour aulcune privauté que avoient, chaçant ou vollant aveucques lui...» Chastellain, p. 156.

327: «Écrivain, dit fort bien Legrand (Hist. ms. IV, 9) très-envenimé contre Louis XI, et qui, pour ses désobéissances continuelles, fut obligé de se démettre de son évêché.» Sa chronique est celle qu'on connaît sous le nom d'Amelgard; c'est ce que doit prouver M. Jules Quicherat, dans une dissertation encore inédite. Bibl. royale, mss. Amelgardi, nos 5962, 5963.

328: Ces détails et tous ceux qui suivent sont tirés de Chastellain. Il s'excuse à chaque instant avec une modestie amusante (p. 148, 154) de parler de ces belles choses: il baisse les yeux hypocritement. Mais on voit bien que le grand chroniqueur est ébloui, comme le peuple.

329: «... Vous en promets obéissance et service, et non-seulement d'icelles, mais de la duchié de Brabant, de Luxembourg, de Lauthrich, Limbourg, de la comté de Bourgoingne, de Haynault, de Zélande, de Namur et de toutes les terres, lesquelles ne sont point du royaulme de France, et que je ne tiens point de vous.» Jacques Du Clercq, liv. IV, c. XXXII.

330: Chastellain.

331: On aurait pu l'appeler, comme on appelait cet Auguste de Thou, à qui Richelieu coupa la tête: Votre inquiétude.—C'est le vrai nom de l'esprit moderne.

332: Le roi alla jusqu'à lui laisser exercer le droit de grâce. En passant à Troyes, le comte de Charolais donne des lettres de rémission à Pierre Servant qui, le jour précédent, a tué son beau-frère. Archives du royaume, J. registre 198, no 81.

333: L'hôtel de Nesle. (Archives, Mémoriaux de la chambre des comptes, III, 18 septembre 1461).

334: Le 19 décembre 1461, notable compagnie va à sa rencontre, de par la ville, ainsi que le roi l'avait avertie. On lui porte trois penchons de vin, l'un de Bourgogne, l'autre de Paris et le troisième de vin blanc de Beaune; de plus, trois draps, l'un écarlate, l'autre pers, le troisième gris, tous trois faits à Rouen... Communiqué par M. Chéruel, d'après les Délibérations du conseil de ville. Archives de Rouen, vol. VII, fol. 197. Le vin ne s'offrait qu'au seigneur. V., dans Chastellain, l'indignation qu'excitèrent les Croy en se faisant donner le vin à Valenciennes.

335: Hall; Turner.

336: Il semble que le parti d'Henri VI ait essayé de rejeter sur celui d'York l'odieux de cet appel aux hommes du Nord. Le conseil privé écrit au nom d'Henri, que le roi a connaissance, «que les gens du Nord, outrageux et sans frein, accourent pour votre destruction et le bouleversement de votre pays.» Rot. Parl., vol. V., p. 307-310, 28 jan. 1461.

337: L'expédition avait été résolue le 13 février. Le 20 mars, Warwick se fait donner les pouvoirs les plus étendus; par exemple, il peut traiter avec toute place de la côte de France, pour en tirer rançon ou tribut: «Auctoritatem quæcumque loca appatisandi.» Il peut prendre un fort et le perdre, sans avoir à craindre d'être inquiété, ni poursuivi. Rymer, t. V (3 édit.), p. 110, 20 mart. 1362.

«Faites que vous ayez achevé devant que le comte de Warwick soit sur la mer, qui sera le premier jour de may.» Lettre de Louis XI, écrite au comte de Foix, avant l'expédition de Roussillon. Bibliothèque royale, mss. Legrand, preuves, c. II.

338: Et quel fils! Un des hommes les plus aimables de l'Espagne, qui respecta toujours son père, même en luttant contre lui, et qui, si son parti l'eût permis, aurait laissé là la Navarre, comme il refusa le trône de Naples, oubliant le monde avec son Homère et son Platon, dans un monastère au pied de l'Etna.—Il était poète, ami des poètes du temps; il a traduit l'Éthique d'Aristote, et fait une chronique de Navarre. (Prescott.)

339: Le roi lui-même semble l'avouer; il écrit aux Catalans: «Avant (même) la réception de vos lettres, nous avons envoyé par devers vous nostre amé et féal conseiller et maistre de nostre hôtel... qui est l'un de nos serviteurs à qui nous avons plus grande confidence, comme les aucuns de vous savent assez.» Octobre 1461. Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. II. Il est probable qu'averti par Juan II, en septembre, de la mort de son fils, il avait espéré s'emparer de tous les états catalans, mais qu'il se rabattit sagement sur le Roussillon.

340: Voir le détail fort naïf dans les lettres de rémission: Ordonnances, XV, 297-301, déc. 1461.

341: «Un tailleur attacha un écrit à la porte du receveur, disant que si la justice de Reims ne cessoit, on brûleroit toutes les maisons que les bourgeois ont à la campagne.» Il semble d'après les autres dispositions que les enfants aient tout fait, brûlé le siége et les papiers des élus, dévasté l'hôtel du receveur. (Bibl. royale, mss. Legrand, c. I, 1461, septembre).—Ceci me rappelait les bizarres et sinistres figures de gamins qui soufflètent Jésus dans les tapisseries du sacre que l'on garde à Reims.

342: V. les mss. de Rogier, et les preuves de la savante histoire de M. Varin.

343: Le roi espérait aussi que Pie II l'aiderait à reprendre Gênes. Tout ce qu'il tira du spirituel pontife, ce fut une épée bénite et quatre vers à sa louange.

344: Le cardinal évêque d'Arras, pour décider le roi à abolir la Pragmatique, «lui avoit promis que le pape envoieroit un légat en France qui donneroit les bénéfices.» Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. I.—Pie II lui écrivait: «Si les prélats et universités désirent quelque chose de nous, c'est à vous qu'ils doivent s'adresser.» Pii secundi epist. 2 oct. 1461.

345: «Tuas litteras... admiratur et osculatur... Intra thesauros suos in aurea arcula recludi jussit, exemplariaque per Galliam totam disseminari.» Lettre du cardinal d'Arras au pape, nov. 1461, Legrand, Ibidem.

346: «Et sy dict-on qu'il pleura moult tendrement.» Jacques Du Clercq, liv. IV, c. XXXII.—«In quo non modo defuncti cineres infamavit, quatenus in se erat, ac sepulchrum, sed et universam pene Gallicanam Ecclesiam hac ignominia percellebat.» Amelgardus, cité dans les Libertez de l'Église Gallicane, Preuves, I, 148. Cf. Bibl. roy., Amelgardi mss., nos 5962, 5963.

347: Les compagnons de l'exil semblent s'être entendus avec Bureau et autres pour éconduire les Bourguignons: «En la ville de Paris, deux jours avant le partement du Roi, M. de Montauban et le Bastard d'Armignac, estoient de plain jour en une allée derrière l'eschançonnerie... Ledit de Montauban dit: Ces Bourguignons cuident... le Roi, ainsi qu'ils l'ont gouverné par de là, mais non feront. Et en outre dirent que le duc de Bourgogne n'avoit que M. de Ch(arolais) et que pourroit avenir telle chose qu'ils ne seroient pas si grands maistres... Et incontinent appelèrent Me Jehan Bureau auquel ils dirent: Venez ça; nous autres, bons..., nous avons conclu... Et il leur répondit: Vraiment oui, je serai...» Rapport de Jean le Denois dit Trasignies, soi-disant écuyer, etc. Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. I, 1461 (septembre?)—Le roi donna-t-il au duc de Bourgogne les enclaves du Maçonnais et de l'Auxerrois, lui paya-t-il effectivement les anciennes dettes, comme quelques-uns le disent? J'en croirais plus volontiers Chastellain, selon lequel il ne donna que des paroles.

348: Qu'on juge s'ils avaient sujet de l'être. «Nostre évesque fut mandé par le duc Philippe à la Haye... où il alla en bon estat et fust reçeu par le duc à la manière de la cour, et après l'avoir esté quelque espace de temps, faisant bonne chère sans autre chose, demanda congé de revenir à Liége, ce qui lui fut refusé et il fut contraint, avant de partir, de lui promettre et jurer de résigner l'évesché au profit de Louis de Bourbon. Chronique ms. de Jean de Stavelot, ann. 1455, no 183 de la Bibliothèque de Liége.—Je lis dans un autre manuscrit de la même bibliothèque qu'Heinsberg résigna: au proffit de noble sieur Louys de Bourbon, quy estoit jeune et bel homme; quelques jours après qu'il eust ce fait, il pensa à ce qu'il avoit fait en pleurant amèrement, puis retourna à Liége; mais quand la commune sceut sa résignation, ils furent moult désolés et en menèrent grand deuil, et à lui fut demandé pour quelle raison il avoit ce fait et s'il avoit esté contraint. Mais il leur répondit qu'il l'avoit fait de son bon gré.» Bibl. de Liége, mss. 180, fol. 152.

349: Du moins en le donnant à un prince de Savoie, dont il voulait se servir. Legrand s'obstine à en douter, pour l'honneur de Louis X, malgré Lobineau, XVIII, 678, malgré D. Morice, XII, 78.

350: «Que nul, sus peine de mort, ne s'avanchast de le sieuvir.» Chastellain, p. 189.—«Pour considération de la grant dévocion que de tout temps nous avons eue à monsieur Saint-Sauveur, lequels nous avons tous jours par cy devant prié et réclamé en tous nos faiz et affaires.» Archives du royaume, J. registre 198, 91, 14 octobre 1461.

351: Cette artillerie était formidable, à en juger par l'inventaire qu'on en fit l'année suivante: «Inventaire de l'artillerie du Roy et déclaration des lieux où elle est de présent fait en aoust 1463: Et premièrement à Paris, bombardes: La grosse bombarde de fer, nommée Paris, la volée de La plus du monde; de la Daulphine, de la Réalle, de Londres, de Mortreau, la volée Médée, la volée Jason. Canons: Barbazan, La Hyre (de fer d'une pièce), Flavy, Boniface (de fer de deux pièces), etc., etc.» Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. I, août 1463.

352: Cette facilité remplit dans le recueil des Ordonnances de cent à deux cents pages in-folio, et tout n'est pas imprimé à beaucoup près. Ordonnances, XV, p. 137, 212, 332, 360-458, 649, etc., etc.

353: Un capitaine de Louis XI lui fait à peu près une triste peinture de l'Aragonais, même après le secours qu'il reçut: «Je vous certiffie par ma foy que c'est grand'pitié de les veoir, tant sont deffaiz et à pié la plupart. Vous êtes bien en voye d'avoir Roy, Reyne et filz sur les bras, se vous n'y donnez bon remède.» Lettre de Garguesalle au Roy de France. Bibl. royale, mss. Legrand, c. II, 15 nov. 1462.—Voir sur tout ceci Zurita. Anales de la Corona d'Aragon, XVII, 30 et seq.

354: Il ajoute: Je voudrois qu'il m'eust cousté dix mille escus, et que j'eusse la possession des deux chasteaux et le roy d'Arragon eust fait son appointement et tous fussiez par deça sains et sauves.» Bibl. royale, mss. Legrand, c. I (14 août 1462.)

355: Pas un mot dans Lingard, ni dans Turner.

356: Il écrit à l'amiral: «... Que, incontinent mes lettres reçues, vous en veniez à Amboise, là où vous me trouverez. Car je m'en vais délibéré de faire bonne chère et de me récompenser de la payne que j'ay eu tout cest yver en ce pays... La Royne d'Angleterre est arrivée... Je vous prie que vous faciez diligence, pour adviser ce que j'aye à faire... Je m'en vais mardi, et picqueré bien. Se vous avez rien de beau à mectre en foire, se le déployez; car je vous asseure que je m'en voys bien bagué... Je me semble que je n'ay pas perdu mon estoc.» Bibl. royale, mss. Legrand, c. II, 1462.

357: «J'ay appris de vous, monsieur, qu'il faut manger les viandes lorsqu'elles sont mortifiées, et profiter sur les hommes, quand ils sont attendris par leurs misères.» D'Aubigné, Confession de Sancy.

358: Cet Anglo-Gascon était Jean de Foix, comte de Candale, que Louis XI venait d'acheter. Nos Archives du royaume possèdent l'acte: «Nos Margareta, regina... fatemur nos recepisse... vigenti milia libras... ad quorum solutionem... obligamus villam et castrum Calesie... Quam cito rex Angliæ recuperaverit antedictam villam... constituet ibi prædilectum fratrem nostrum comitem Pembrochie, vel dilectum consanguineum nostrum, Johannem de Foix, comitem de Kendale in capitaneum, qui jurabit et promittet tradere antedictam villam in manus... cognati nostri Francie infra annum.» Jun. 23, 1462. Archives du royaume, Trésor des Chartes, J. 648, 2.

359: Chastellain y est pris; il croit que le roi «l'envoyait ainsi que Peleus Jason en Colcos, pour en estre quitte.»

360: Édouard IV semble marquer sa défiance à l'égard de Warwick en créant, à son retour, un grand amiral d'Angleterre. (Rymer, 30 juillet 1462.)

361: Ce bon évêque voulant travailler, disait-il, à la canonisation de saint Osmond, avait obtenu un passeport pour venir en Normandie chercher des renseignements sur la naissance et la vie du bienheureux.

Il rencontra à point un nommé Doucereau, le secrétaire intime de M. de Brézé, et son agent en Angleterre, qui avait été pris à la bataille de Northampton, était resté quelque temps prisonnier, et revenait par Calais. L'évêque, lui ayant fait jurer le secret sur l'Évangile, lui dit que les Anglais ne se fiaient pas au duc de Bourgogne, qu'ils aimeraient mieux l'alliance du roi, etc. (Rapport de Doucereau, cité par Legrand).

362: Rien de plus héroïque que cette campagne, à en croire la lettre qu'écrit l'ami d'Édouard, lords Hastings, à M. de Lannoy (l'un des Croy); cette lettre est pleine de légèreté et de vanterie; c'est bien le Hastings de Shakespeare. Marguerite, dit-il, est venue avec toute l'Écosse, et il a suffi du comte de Warwick «avec les marchiers seulement... Le roi d'Écosse s'en est enfui, et laditte Marguerite, sans targier, outre la mer, avec son capitaine, sire Piers de Brézé... N'est pas effrayé mon souverain seigneur, ce pendant estant en ses départs et esbatements en la chasse, sans aucuns doubte ou effrayement...» Depuis, Montaigu, le frère de Warwick, est entré en Écosse, «et a fait la plus grande journée sur eulx que ne fut oye estre faite de plusieurs ans passés, ainsi que je me doubte qu'ilz ne s'en repentent, et jusqu'au jour du Jugement.» Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, c. II, 7 août 1463.

363: Sur l'opposition des deux grands chefs de clans, Douglas tout-puissant dans le midi, le Lord des îles dans le nord, le premier lié avec Lancastre, l'autre avec York. V. Pinkerton, vol. I, p. 246; lire aussi les Instructions à messire Guillaume de Menypeny de ce qu'il a à dire à très-haut, très-puissant chrétien prince, le Roy de France, de par l'évesque de Saint-Andrieu en Écosse. L'évêque dit lui-même qu'il fit les fiançailles du fils d'Henri VI et de la fille du roi d'Écosse: «Quasi contre la volonté de tous les grands seigneurs du royaume, lesquels disoient que pour complaire au Roy de France, j'estois taillé de mettre le royaume d'Écosse en perdition... Le roy Henry désiroit, pour la seureté de sa personne, venir en ma place de Saint-Andry, là où il fust bien recueilli, selon ma petite puissance..., et tout ce luy feis pour l'honneur dudit très-chrestien Roy de France... lequel m'avoit sur ce très-gracieusement écrit et requis, et si, savoye bien que ledit roy Henry n'avoit de quoy me récompenser... Et après toutes ces choses, nous avons entendu comme ledit très-chrestien Roy de France avoit prins abstinence de guerre avec ledit roy Édouard, sans que ledit royaume y fust compris. Bibliothèque royale, mss. Baluze, no 475.

364: Le roi se fit envoyer les habitants suspects d'avoir commencé la révolte. Il écrit: «Vous pourrez adviser ceux de qui vous avez suspection, et incontinent me les envoyer sous ombre de se venir excuser... et aussi bien de chiefs de peuple que seroient gens de mestier; n'ayez point de honte d'envoyer devers moy soit paillars ou autres, sous couleur de se venir excuser.» Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, c. II, 1463.

365: «... Leur dira qu'ils essayent que le roi d'Aragon soit content qu'ils se viennent loger en Navarre... Si ce n'estoit trop le dommage du roy d'Aragon, tâcheront de s'y venir loger.» Mémoire pour MM. les comtes de Foix, de Comminges, sénéchal de Poitou, de Monglat et autres chefs de guerre, estant en Aragon de par le roy. Bibl. royale, ibidem, c. I, 1463 (janvier?).

366: Il avait proposé une sorte de partage du royaume de Naples entre la maison d'Anjou, le neveu du pape et le fils naturel d'Alphonse. Cette combinaison effraya le duc de Milan, qui s'unit au pape, et tous deux, en vrais Italiens, appuyèrent le candidat qui semblait le moins dangereux, le fils naturel. Ce fait curieux n'est, je crois, que dans Legrand; mais ordinairement il parle d'après les actes. Ibidem, Histoire, livre IV, p. 52.

Rien ne fait mieux comprendre la situation de l'Italie à cette époque que les Commentaires de Pie II. Voir surtout le passage où le pape explique si bien à Côme de Médicis pourquoi Florence aurait tort d'aider les Français contre Ferdinand le Bâtard, bien moins dangereux pour l'indépendance italienne. Côme, vieux, goutteux, égoïste, se résigne volontiers à l'inaction, et finit par demander le chapeau de cardinal pour son neveu. Gobellini Commentarii, lib. IV, p. 96.

367: Le roi engage Carcassonne au comte de Foix, jusqu'à ce qu'il l'ait mis en possession du Roussillon. Archives, registre, 199, 23 mai 1463.

368: D. Vaissette.

369: «Voulez-vous justice ou grâce? dit le roi à son ennemi.—Justice.—Eh bien! je vous bannis, et vous donne 1,500 écus d'or pour aller en Allemagne.» Dammartin venait d'être condamné à mort par le Parlement; ce qu'il avait acquis ou volé fut en partie rendu aux héritiers de sa victime, Jacques Cœur, en partie volé par son juge et commissaire, Charles de Melun. (Bonamy.) L'ancien écorcheur, qui était un homme ferme, ne se tint pas pour battu, il ne laissa pas le champ libre à ses ennemis. Au lieu de se rendre en Allemagne, il vint se remettre en prison, et il attendit.

370: Un agent de Sforza s'était avancé jusqu'à Vienne en Dauphiné et attendait les nouvelles d'Espagne. Il lui écrit le 10 mai que le roi de Castille a quitté assez brusquement le roi de France, que tout n'est pourtant pas rompu; que Louis XI, malgré les affaires de Naples, n'est pas éloigné de traiter avec le duc de Milan, et même de lui céder Savone; que le duc doit au plus vite désavouer toute relation avec Philippe de Savoie, et se faire appuyer du maréchal de Bourgogne auprès du roi. 1463, 10 mai. Le 28, Sforza suit ce conseil. Le 21 novembre, il prie le duc de Bourgogne et Croy de l'aider auprès du roi pour l'affaire d'Asti; le 21 et le 23, il écrit au roi même que, lui ayant tant d'obligations pour Gênes et Savone, il donnera au duc d'Orléans deux cent mille ducats pour Asti; mais il lui faut du temps pour payer. Le 22 décembre, l'ambassadeur de Sforza lui fait savoir qu'il a reçu hier du roi l'investiture de Gênes et de Savone. Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, c. II.

371: C'est le rapport et la créance de messire Guillaume de Menypeny: «Les ambassadeurs d'Écosse ont rapporté que le duc de Bretagne requiéroit (les Anglois), qu'ils lui voulsissent aider de six mille archiers, en cas que le Roy lui feroit guerre, et aussi offroit le duc de Bretagne au roi Édouard, que quand il voudroit venir en France et y amener armée, il lui donneroit passaige et entrée par toutes ses terres pour ce faire... Et à la parfin, les Anglois ont accordé audit duc de Bretagne trois mille archiers... dont le sieur de Montaigu devoit avoir la charge de mille archiers, James Douglas de mille... Le sieur de Montaigu a refusé... pour ce que le comte de Warwick, son frère, ne veut pas qu'il se désempare du royaume d'Angleterre, s'il ne voit les choses... (lacune).» Il ajoute ce bruit absurde, que Louis XI, mécontent des Écossais, disait qu'il aiderait les Anglais à les soumettre. Bibl. royale, mss. Baluze, no 475.

372: Elle fut admirée de Sforza. Son remercîment, tout emphatique qu'il est et quelque intéressée qu'y soit la flatterie, ne laisse pas d'avoir un côté sérieux. Le froid et ferme esprit, italien pourtant, et, comme tel, artiste en politique, dut prendre plaisir à voir une politique si nouvelle: «Animi magnitudine, sapientia, justitia, felicitate et mente prope cœlesti...» Archives, Trésor des chartes, J. 496.

373: Le duc tomba malade au plus tard en janvier (1462). Le 11 mars, le conseil de ville de Mons nomme une députation pour aller le complimenter sur son rétablissement. Note de Gachard sur Barante, t. II, p. 195 de l'édition belge, d'après les Archives de Mons, deuxième registre aux résolutions du conseil de ville.—Cependant, selon Du Clercq: «Il fut plus de demi an ains qu'il feut guéry; et se tint tousdis la duchesse avec luy; et la laissa ledict duc gouverner avecque sondit fils; et par ainsy ladicte duchesse laissa son hermitage.» Jacques Du Clercq, liv, IV, c. XL.

374: Il lui fit une sorte de petite guerre sur toutes ses frontières. Du côté de la comté, il défendit qu'on achetât du sel à ses salines. En Bourgogne, il poussa âprement contre lui la vieille chicane des juridictions, lui volant ses sujets, comme bourgeois royaux. Au Nord, il fit crier des ordonnances royales dans les pays cédés au duc. Le président de Bourgogne vint se plaindre au Parlement, on lui rit au nez; il insista, on le jeta en prison; le pauvre homme y serait resté, si les Bourguignons n'eussent enlevé un lieutenant du bailli de Sens; il sortit de prison, mais malade, et il en mourut. Voir sur ces brutalités de Louis XI les lamentations des Bourguignons, Chastellain, Du Clercq, etc.

375: «Et sy disoit-on que le roy Loys de prime face dict au seigneur de Chimay...: «Quel homme est-ce le duc de Bourgoingne? est-il aultre ou d'aultre nature et métail que les autres princes et seigneurs du royaulme d'environ?» À quoi ledict seigneur de Chimay lui répondit... que oui, et que le duc estoit d'aultre métail..., car il l'avoit gardé, porté et soustenu contre la vollonté du roy Charles, son père, et touts ceux du royaulme... Prestement que le Roy ouyt ces paroles, sy se partit sans mot dire et rentra dans sa chambre.» Du Clercq.

376: Fille de Jean le Bâtard, roi de Portugal, et de Philippe de Lancastre. Voyez notre sixième volume, livre XII, ch. I, et celui-ci, plus bas.

377: C'était un valet, serf d'origine, grossier, et qui, sans doute par sa grossièreté même, délassait le duc de la fadeur des cours. Le comte de Charolais vint se jeter aux pieds de son père, le pria de sauver son fils unique que ce valet voulait empoisonner. Il lui arracha ainsi son consentement à la mort du pauvre diable, et fit exécuter en même temps (chose étrange) celui qui l'avait dénoncé. Voir le récit de Chastellain, récit violent, âcre, horriblement passionné contre le parvenu.

378: La rivalité normande et bretonne indisposait de longue date les Hollandais et Flamands de la côte contre la France, et par suite contre le gouvernement des favoris français. Voir dans les mss. Legrand, la Response faicte aux ambaxeurs de M. de Bourgoingne, juillet 1450.

379: Philippe le Bon témoigna son mécontentement en transférant à Bruxelles la chambre des comptes de la Haye. Archives générales de Belgique; Brabant, no 3, folio 155, lettres du 24 mai et 22 juin 1463.

380: Est-il nécessaire de rappeler la tendresse des Flamands pour leurs poupées municipales, leurs géants d'osier, leurs mannekenpiss, etc.?

381: «Voix couroit par toutes terres que le duc, en ordonnant de son voyage que faire debvoit en Turquie, devoit lessier les pays et seignories de dechà la mer en la main du Roy et en la gouvernance du seigneur de Cymay dessoubs ly, et les pays de Hollande et Zellande en la main du roy Éduard d'Angleterre.» Chastellain, c. LXXIX, p. 295.

382: En 1461, il leur donne Guisnes; en 1462, il leur livre ce qu'il a dans le Luxembourg; en 1463, il ajoute à Guisnes, Ardre, Angle, et ce que le comte de Guisnes avait sur Saint-Omer, etc. Dans la même année (mai 1463), il leur donne encore Bar-sur-Aube.» Archives du royaume, J. Registres 193-199, et Mémoriaux de la Chambre des comptes, III, 91.

383: «Il requéroit au pays d'Artois, dix ans durant, chacun an deux tailles, avec l'aide ordinaire qu'on prendroit pour la gabelle du sel... Laquelle requestre ne luy feut point accordée, mais on luy accorda lever seulement deux aydes pour ledict an, desquels le comte de Charollois auroy demy ayde pour luy et à son prouffit.» Du Clercq, liv. IV, c. XLIV.

384: «Ledit de Reliac m'a dit qu'on lui a dit que M. de Bourgogne a remis les impositions et quatrième es païs qu'il tient en gaige qui sont de vostre couronne.» Lettre de Vauveau au Roi, 31 octobre, Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. I.

385: Les chroniqueurs n'en font pas mention, mais la chose est constatée par celui même qui avait le plus d'intérêt à la savoir, et qui probablement l'avait préparée, je veux dire par Louis XI. D'après ses instructions, le comte de Saint-Pol et autres commissaires chargés du rachat des places de la Somme: «Se transporteront à Gand... et leur exposeront comment le Roy a été adverty des questions et débats d'entre M. de Bourgoingne et lesdits de Gand, et comment ils se sont mis en armes les uns contre les autres, et que jà y a eu de grandes invasions et voyes de fait... Et si M. de B. mettoit du tout en rompture et difficulté le fait de restitution des terres de Picardie, ou si M. de B. ne vouloit entendre à la pacification de luy et desdits de Gand, pourront aller par devers lesdits de Gand et leur présenter des lettres closes du Roy, et leur signifier que le Roy a toujours esté et est prest de leur faire et administrer bonne raison et justice.» Instruction du Roy, Bibl. royale, mss. Du Puy, 762.

386: Étienne Chevalier, chargé du paiement, écrit au trésorier: «Il a despêché M. l'admiral et moy tant légièrement et à si petite délibération que à grand'peine avons-nous eu loisir de prendre nos housseaulx, et m'a dit que puisqu'il y a bon fonds, il scet bien que ne lui faudriez point et que vous luy presteriez ce que vous aurez, et aussy que nous trouverons des gens à Paris qui nous presteront. Et, pour abréger, c'est tout ce que j'en ai pu tirer de lui, et lui semble que lesdits 35,000 francs d'une part, et 10,000 d'autre, se doivent trouver en ung pas d'âne.» (Communiqué par M. J. Quicherat.) Lettre de Me Estienne Chevalier à M. Bourré, maître des comptes, 19 mai 1463; Bibl. royale, mss. Gaignières, fol. 92.

«Magnam auri quantitatem pro viduis, pupillis, litigatoribus, aliisque variis causis apud ædem sacram Parisiensem publice ex ordinatione justitiæ Curiarum supremarum regni depositam.» Bibl. royale, mss. Amelgardi, lib. XXI, 121-122.

387: Louis XI s'en excuse fort habilement dans sa Commission du 2 novembre (Preuves de Commines, éd. Lenglet Dufresnoy). Il explique qu'il s'est épuisé pour acquérir le Roussillon, qu'il n'a pu trouver le premier paiement du rachat des places de la Somme qu'en retenant un trimestre de la solde des gens de guerre, que, s'ils ne sont payés, ils vont piller le pays, etc. À vrai dire, il s'agissait de la rançon de la France.

388: Rymer, 2 nov. 1462.

389: «Sicut heremita in deserto,» dit admirablement le Cartulaire de Redon.

390: C'était l'un des principaux griefs du roi. (Mss. Legrand.)

391: Louis XI, si l'on en croit les Parlementaires, leur demanda lui-même des remontrances sur les inconvénients de l'abolition: «En obéissant... au bon plaisir du Roi, notre Sire, qui... a mandé puis naguères à sa Cour de Parlement, l'advertir des plaintes et doléances que raisonnablement on pourroit faire...» Remonstrances faites au roi Louis XI en 1465 (et non en 1461). Libertez de l'église Gallicane, t. I, p. 1.

392: Ordonnances, XVI, 45; 20 juillet 1463. Selon Amelgard, il voulait un cadastre exact des biens du clergé, où auraient figuré jusqu'aux plus petits morceaux de terre: Minimas vel minutissimas partes, avec les titres de propriété, les preuves d'acquisitions, les rentes qu'on en tirait, etc. Bibl. royale, mss. Amelgardi, lib. I, c. XXII, fol. 123.

393: Ms. Legrand.

394: Ce neveu de la duchesse de Bourgogne se plaignait assez ridiculement à Louis XI de ce qu'il ne laissait pas entrer en Roussillon les Bourguignons et Picards que sa tante et son cousin lui envoyaient. Bibl. royale, ms. Legrand, Histoire, liv. VII, fol. 5, 17 février 1464. Les Catalans, dit-il, voulant se mettre en république, il vaudrait mieux leur donner un roi, etc. Ibidem, Preuves, 28 février.

395: Peut-être cet esprit inquiet, qui remuait tout, songeait-il à réformer le clergé, du moins les moines. Dans une occasion, il reproche grossièrement aux prêtres: «leurs grosses grasses ribauldes.» Chastellain, c. LXI, p. 190. De 1462, il autorise son cousin et conseiller, Jean de Bourbon, abbé de Cluny, à réformer l'ordre de Cluny. Archives, registre 199, no 436, déc. 1462.

396: C'était Jehan de Foix, comte de Candale.—«D'autre part, Sire, M. le cardinal, mon oncle, est en grant aage et tousjours maladif, mesmement a esté puis naguères en tel point qu'il a cuidé morir, et est à présumer qu'il ne vivra guère; je fusse voulentiers allé par devers luy pour le voir, et m'eust valu plus que je n'ay gaigné pieça... Je ne scay, Sire, si vous avez jamais pensé d'avoir Avignon en vostre main, lequel, à mon avis, vous seroit bien séant. Et qui pourroit mettre au service de mondit sieur le cardinal, ou par la main de M. de Foix, ou autrement, quelque homme, de façon qu'il fist résidence avec luy, ne fauldroit point avoir le palais, incontinent que ledit M. le cardinal seroit trespassé. Vous y adviserez, Sire, ainsi que vostre plaisir sera; nonobstant que je parle un peu contre conscience, attendu que c'est fait qui touche l'Église; mais la grant affection que j'ay de vous, Sire, me le fait dire.» 31 aoust 1464. Lettre de Jehan de Foix au Roy. Bibl. royale, mss. Legrand, preuves, c. I.

397: La mère d'Élisabeth Rivers était fille du comte de Saint-Pol; elle avait épousé à dix-sept ans le duc de Bedford qui en avait plus de cinquante. À sa mort, elle s'en dédommagea en épousant, malgré tous ses parents et amis, un simple chevalier, le beau Rivers, qui était son domestique. V. Du Clercq, liv. V, c. XVIII. Le comte de Charolais envoya aux noces l'oncle de la reine, frère du comte de Saint-Pol et de la duchesse de Bretagne, Jacques de Luxembourg. Cet oncle, qui avait été élevé en Bretagne et qui était capitaine de Rennes (Chastellain, p. 308), doit avoir été le principal intermédiaire entre le comte de Charolais, le duc de Bretagne et l'Angleterre. Les historiens anglais n'ont rien vu de tout ceci.

398: Tournai se montre singulièrement français, en haine des Flamands et Bourguignons. Trois cents notables en robes blanches reçoivent le roi, lesquelles robes «chascun fit faire à ses dépens, sur lesquelles furent faites deux grandes fleurs de lys de soye et de brodure, l'une sur le lez de devant au costé dextre, et l'autre par derrière...» Archives de Tournay, extrait du registre intitulé: Registre aux Entrées.

399: Chastellain embellit probablement la scène. Il suppose que Louis XI amusait le vieillard maladif du grand voyage d'outre-mer, des souvenirs du vœu du faisan. Il lui fait dire: «Bel oncle, vous avez entrepris une haute, glorieuse et sainte chose; Dieu vous la laisse bien mettre à fin! je suis joyeux, à cause de vous, que l'honneur en revienne à votre maison. Si j'avois entrepris la même chose, je ne la ferois que sous confiance de vous, je vous constituerais régent, vous gouverneriez mon royaume; et que n'en ai-je dix pour vous les confier! J'espère bien aussi que vous en ferez autant si vous partez; laissez-moi gouverner vos pays, je vous les garderai comme miens, et vous en rendrai bon compte.»—À quoi le duc aurait répondu assez froidement: «Il n'est besoin, monseigneur. Quand il faudra que je m'en aille, je les recommanderai à Dieu et à la bonne provision que j'y aurai mise.»

400: Quelquefois le revenu, mais non la possession.

401: Le duc, bien instruit, répondit que le bâtard avait été pris en pays non sujet au roi, qu'il ne savait pas certainement, mais par ouï-dire, quels bruits Olivier avait pu répandre; quant au moine, il n'en pouvait connaître, n'étant que prince séculier, il respectait l'Église. Puis, il ajouta en badinant: «Je suis parti d'Hesdin par un beau soleil, et le premier jour n'ai été qu'à Saint-Pol, ce n'est pas signe de hâte... Le Roi, je le sais bien, est mon souverain seigneur; je ne lui ai point fait faute, ni à homme qui vive, mais peut-être parfois aux dames. Si mon fils est soupçonneux, cela ne lui vient pas de moi; il tient plutôt de sa mère; c'est la plus méfiante que j'aie jamais connue.» Jacques Du Clerq, livre V, ch. XV.

402: Commines, livre I, ch. I. On y trouve cette circonstance essentielle, omise dans le procès-verbal des ambassadeurs, éd. Lenglet-Dufresnoy, II, 417-40.

403: L'un des agents principaux de Louis XI lui écrit ces paroles significatives: «Plust à Dieu que le pape eust translaté l'évesque de Paris en l'évesché de Jérusalem.» Preuves de Commines, éd. Lenglet-Dufresnoy, II, 334.

404: Le Parlement décida, évidemment sous l'influence du roi, que les évêques «n'entreraient point au conseil sans le congé des chambres, ou si mandez n'y estoient, excepté les pairs de France et ceux qui par privilége ancien doivent et ont accoustumé y entrer.» Archives du royaume, Registre du Parlement, Conseil, janvier 1461.

405: Louis XI, à son avénement, avait ôté les sceaux à l'archevêque de Reims, et avait supprimé deux places de conseillers-clercs. Ibidem, 1461.

406: La plupart des actes ecclésiastiques qu'on a taxés de faux et qui sont d'une écriture postérieure à leur date me paraissent être, non précisément faux, mais refaits ainsi. Des actes refaits sans contrôle, peut-être de mémoire, devaient être aisément altérés, amplifiés, etc.—V. Marini, I, Papiri, p. 2; Scriptores rerum Fr., VI, 461, 489, 523, 602, etc. VIII, 422, 423, 428, 429, 443, etc. Voir aussi la Diplomatique des Bénédictins, et les Éléments de M. Natalis de Wailly, qui, sous ce titre modeste, sont un livre plein de science et de recherches.

407: V. le texte dans ma Symbolique du droit (Origines, etc., p. XXIV et 79.)

408:

Barbara græca genus retinent quod habere solebant.

Brantôme, qui rapporte ce fait, n'est pas une autorité grave. Mais nous avons, à l'appui, le témoignage contemporain du cardinal de Pavie (lettre du 20 octobre 1473): «Regi cœpit esse suspectus, progredi ad eum est vetitus, menses duos ludibrio habitus...; uno atque eodem ingrato colloquio finitur legatio.»

409: Félibien, Histoire de Paris, Preuves du t. II, partie III, p. 707. Cette pièce si importante, qui est l'extrait mortuaire de l'Université, ne se trouve pas dans la grande Histoire de l'Université, par Du Boulay.

410: Ordonnances, XVI, 7 février 1464.

411: Le 6 septembre 1463, Louis XI crée et donne à Cérisay, vicomte de Carentan, «l'office du procureur-général du Roy en son eschiquier, ès assemblée des estats et conventions, et par tous les siéges et auditoires de son pays de Normandie où il se trouveroit et besoing seroit.» Les avocats et procureurs du Roi près les bailliages se lèvent tous ensemble et protestent, disant «que la création dudit office estoit nouvelle...» À quoi Guillaume de Cérisay répondit: «qu'il protestait au contraire; que ce n'estoit point création nouvelle, mais y en avoit eu anciennement.» Registres de l'Échiquier. Floquet, Histoire du Parlement de Normandie, I, 246.

412: Louis XI savait oublier à propos. Rien n'indique qu'il ait été rancuneux, au moins dans cette première époque. Il se réconcilia, dès qu'il y eut intérêt, avec tous ceux dont il avait eu à se plaindre, avec Liége et Tournai, qui, pour plaire à son père, s'étaient mal conduites avec lui pendant son exil. Il s'arrangea sans difficulté avec Sforza, qui, depuis deux ans, tenait en échec la maison d'Anjou et l'empêchait lui-même de reprendre Gênes; il lui livra Savone et lui céda ses droits sur Gênes même, etc.—À peine fut-il sur le trône que les chanoines de Loches, croyant lui faire leur cour, le prièrent de faire enlever le monument de leur bienfaitrice Agnès Sorel. «J'y consens, dit-il, mais vous rendrez tout ce que vous tenez d'elle.» Ils n'insistèrent plus.

413: Par exemple, si l'on en croit le faux Amelgard, il aurait partagé avec un certain Bores, qui faisait et expédiait les collations d'office et en tirait profit: «Et communiter ferebatur talium emolumentorum ipsum regem inventorem atque participem fore.» Bibl. royale, mss. Amelgardi, lib. I, c. VII, 108.

414: «Touchant Jehan Marcel, nous le tenons au petit Chastellet, et n'est jour que les commissaires n'y besognent; et touchant ses biens-meubles, j'ay entendu dire que l'inventaire se monte à dix ou douze mille livres parisis, et se Dieu veut qu'il soit condamné, Sire, on en trouvera beaucoup plus... À mon souverain Seigneur, le bailly de Sens (Charles de Melun).» Lenglet Dufresnoy.

415: Le roi avait promis à Charles de Melun de lui donner les biens de Dammartin si celui-ci était condamné. La chose ne pouvait manquer, Charles de Melun étant un des commissaires qui jugeaient. Cependant il ne put pas attendre le jugement pour entrer en possession; il enleva tous les biens-meubles de l'accusé, jusqu'à une grille de fer qu'il emporta sur des charrettes et qu'il fit servir à sa maison de Paris. La comtesse de Dammartin fut contrainte de vivre chez un de ses fermiers pendant trois mois. (Lenglet.)

416: La réponse de la mère au roi est jolie et adroite; son mari est absent, dit-elle, «à la foire du Lendit.» Elle remercie très-humblement «de ce qu'il Vous a plu nous escripre de l'advancement de nostre dicte fille; toutefois, Sire, il y a longtemps que... elle a faict response qu'elle n'avoit aucun voulloir de soy marier...»

417: Si l'on en croit un de ses ennemis, il aurait exprimé un jour dans son exil, en présence des chanoines de Liége, combien il enviait à Ferdinand le Bâtard et à Édouard IV leurs immenses confiscations, l'extermination des barons de Naples et d'Angleterre, etc. (Ms. Amelgardi.)

418: «Fist deux chevaliers de Venise à grand mistère venir.» Chastellain.

419: C'est l'histoire de l'illustre et infortuné Jean de Witt, qui vit très-bien dans l'avenir que la Hollande finirait par n'être qu'une chaloupe à la remorque de l'Angleterre, et qui, tout préoccupé de cette idée lointaine, s'obstina à croire que la France suivrait son véritable intérêt, qu'elle ménagerait la Hollande.

420: Les actes ne donnent rien qui s'écarte de la forme banale de ces accusations; un moine noir, des images de cire baptisées «d'une eau bruiant d'un sault de molin,» l'une percée d'aiguilles, etc. Bibl. royale, mss. Baluze, 165.

421: Ce mot violent est de Chastellain. Il fait dire au lion de Flandre: «J'ay combattu l'universel araigne.»

422: «Simon de Phares, qui vivoit alors, dit que le vice-amiral de Louis XI, Coulon, n'acquit pas moins de réputation par mer que Bertrand Duguesclin par terre.» Ms. Legrand.

423: Voir présent vol., liv. XI, ch. III.

424: Les états du Languedoc se plaignent en 1467 de ce que le roi nomme aux charges «des cordonniers, maréchaux et arbalétriers.» Paquet, Mémoire sur les institutions provinciales, communales, et les corporations à l'avénement de Louis XI (couronné par l'Académie des inscriptions).

425: Ces lignes résument les formules allemandes; elles disent avec plus de poésie ce qui, du reste, se retrouvait partout. V. Grimm, Deutsche Rechts Alterthümer, 46. Voir aussi ma Symbolique du droit: Origines, etc., p. 42 et 228-30.

426: Il révoqua la défense, à l'approche de sa grande crise: «Naguère, par le maistre des eaux et forest... a esté faicte deffense générale audit pays de chasser à aucunes bestes... S'il vous appert que lesdiz nobles ayent de toute ancienneté accoustumé chasser et pescher en nostre dit pays de Dauphiné, que les habitans ayent droit ou leur ait autrefois par nous esté permis de chasser et pescher, moyennant le payement de ladicte rente ou droicts... permettez et souffrez...» Ordonnances, XVI, I; 11 juin 1463.

427: Elle ne se trouve point.—«Unum edixit, quod, sub pœna confiscationis corporis et bonorum..., omnes qui plagas, retia, vel laqueos quoscumque venatorios haberent... baillivis deferrent... Ipse in domo domini de Momorensi...» Bibliothèque royale, ms. Amelgardi, lib. I, XXI, 122. Chastellain parle comme si l'ordre du roi eût été exécuté; il se sert du mot harnois qui indiquerait plus que les instruments de chasse, et il ajoute une circonstance grave, l'interdiction des forêts: «Par toutes villes et pays fit bûler et ardoir et consumer en feu tous les harnois du royaulme, et fit défendre toutes forests à tous princes et seigneurs, et toutes manières de chasses à qui qu'elles fussent, sinon soubs son congé et octroy.» Chastellain, p. 215. Du Clercq affirme la même chose, mais avec une mesure judicieuse: il dit que le roi: «Feit par toute l'Isle de France et environ brusler tous les rests, etc. Et pareillement, comme on disoit, avoit faict faire par tout son royaulme et là où il avoit esté; et moy estant à Compiègne, en veis plusieurs ardoir.» Du Clercq, liv. V, ch. I.

428: «Au Roy nostre seigneur, baillé par le sire de Montaigu, un escu pour donner à ung pouvre home, de qui ledit Seigneur fist prandre de lui ung chien, au mois de décembre derrenier passé; et ung escu pour donner à une pouvre femme, de qui les lévriers dudit Seigneur estranglèrent une brebis, près Notre-Dame-de-Vire.—Ung escu pour donner à une femme, en récompense d'une oye, que le chien du Roy, appelé Muguet, tua auprès de Blois.—Au Roy encores, baillé par Alexandre Barry, homme d'armes des archiers de la garde pour donner à ung pouvre homme près le Mans, en récompense de ce que les archiers de sa garde avoient gasté son blé, en passant par ung champ, pour eulx aller joindre droit au grand chemin, ung escu.—Au Roy, un escu, pour donner à une pouvre femme, en récompense de ce que ses chiens et lévriers lui tuèrent ung chat près Montloys, à aller de Tours à Amboise.» (Communiqué par M. Eugène de Stadler.) Archives du royaume, registres des comptes, K. 294, fol. 15, 43, 48, 49-50, années 1469-1470.

429: Il faut distinguer les époques. Louis XI n'était pas alors ce qu'il fut depuis; c'était encore un homme. Il aimait beaucoup sa mère, et la pleura sincèrement. Il avait annoncé des intentions douces et pacifiques. «On lui a souvent entendu dire que, comme il tiroit beaucoup de ses peuples, il vouloit, en épuisant leurs bourses, épargner leur sangLegrand, Hist. mss., IV, 31. Pie II, dans son éloge (il est vrai, fort intéressé), énumère toutes les vertus de Louis XI, son humanité, etc. Après avoir rappelé son enfance studieuse, ses malheurs, il ajoute: «Audiamus quid agat Ludovicus in paterno solio collocatus. An ludit et choreis indulget, an vino madet, an crapula dissolvitur, an marcet voluptatibus. An rapinas meditatur, an sanguinem sitit? Nihil horum... O beatum Franciæ regnum cui talis rex præsidet! ô felix exilium quod talet remisit præsidium! Æncæ Silvii opéra, p. 859, 17 martii 1462.

430: Le dernier souvenir de la liberté féodale (qui était pourtant la servitude du peuple) s'est rattaché d'une manière assez bizarre au règne qui précéda celui de Louis XI. Charles VII est devenu ainsi le roi de l'Âge d'or. Lire les charmants vers de Martial de Paris, charmants, absurdes historiquement: «Du temps du feu Roy, etc.»

V. dans les notes de mon Introduction à l'Histoire universelle, la traduction des chansons de chasse, de l'appel des chasseurs, etc. C'est la fraîcheur de l'aube.

431: Telle est partout la croyance barbare ou héroïque. Achille fut, comme on sait, nourri de la moelle des lions. Les Caraïbes mangeaient de la chair humaine, malgré leur répugnance, afin de s'approprier la bravoure de leurs plus braves ennemis. V. aussi le sublime chant grec, où l'aigle dialogue avec la tête du clephte dont il se repaît: «Mange, oiseau, c'est la tête d'un brave, mange ma jeunesse, mange ma vaillance, etc.» J'ai traduit ce chant dans une note de mon Introduction à la Symbolique du droit (Origines du droit trouvées dans les formules et symboles).

432: Le héros ne doit manger que de la viande rouge, afin d'avoir le cœur rouge, comme l'ont les braves. Le lâche a le cœur pâle, dans les traditions barbares.

433: À ce moment solennel, il se fait comme un silence dans les monuments de l'histoire. Pas une ordonnance royale en dix mois, de mars 1464 en mai 1465 (sauf deux ordonnances sans date qu'on a placées là sans raison). Les trois années précédentes viennent de remplir un énorme volume.

434: Comme il offrit de le faire plus tard.

435: Pour juger ce traité, il faut peut-être encore tenir compte du droit du moyen âge, qui (dans l'esprit du peuple au moins) n'était pas encore effacé: c'était chose injuste, impie, d'attaquer un croisé. Louis XI se mettait sous la protection de ce droit, en déclarant s'unir contre le Turc avec Venise et la Bohême.—Dans cet acte curieux, les parties contractantes semblent prétendre à faire un triumvirat de l'Europe; elles parlent hardiment pour des alliés qui n'en savent rien, pour leurs ennemis même, Venise pour les Italiens, le Bohémien pour les Allemands, Louis XI pour les princes français. Et ce n'est pas une ligue temporaire: c'est le plan d'une confédération durable qui règle déjà le vote entre les nations et dans chaque nation, on pourrait y voir une ébauche des fameux projets de République chrétienne, de Paix européenne. Preuves de Commines, éd. Lenglet, II, 431.

436: Lettre de maître Pierre Gruel au Roy. Mss. Legrand, 14 septembre 1465.

437: Les intelligences que le roi entretenait avec Ferdinand, en opposition aux intérêts de Jean de Calabre, furent une des causes de la Ligue: «Un messager du royaume allait de par le Roy, lequel au roy Fernand rescrivoit, que de luy ne se donna soulcy au duc Jean, il ne l'aideroit mye. Le messager fut arrestez; on trouva sur luy la lettre, qui de la main du roy Louys estoit signée.» La chronique de Lorraine, Preuves de D. Calmet, III, XXIII. Pierre Gruel, président au Parlement de Grenoble, écrit au roi: «Sire, ce pays du Dauphiné est esmeu pour le retournement qu'ont fait ses seigneurs de Velai, et aussi pour ce que tout le païs de Provence est en armes, et l'on doubte, pour ce qu'ilz ont monseigneur de Calabre comme leur Dieu; combien que avons nouvelles que l'armée du roy Fernand par mer a couru la costière de Provence.» (Communiqué par M. J. Quicherat.) Bibl. royale, mss. Du Puy, 596, 14 septembre 1465.

438: «S'ils ont besoin de harnois et de brigandines, qu'ils en facent bailler par les marchands qui les ont, et le receveur en respondra.» Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, 1465.

439: Autrement, je ne vois pas trop pourquoi il aurait pris ce moment pour parer de nos fleurs de lis les boules des medici. Le roi ne donne qu'un motif peu sérieux: «Ayans en mémoire la grande, louable et recommandable renommée que feu Cosme de Medici a eue en son vivant..., et en obtempérant à la supplication et requeste qui faite nous est de la part de nostre amé et féal conseilleur Pierre de Medici.» Archives du royaume, J. Registre 194, no 23, mai 1465.

440: Ils devaient noter les absents, informer le roi et du nombre, et de l'état matériel, et des dispositions et volontés. Défense aux capitaines d'affaiblir leurs compagnies, en laissant aller leurs hommes, de profiter sur les absents, de recevoir la paie des soldats sur papier. L'homme d'armes est protégé contre son capitaine, qui ne peut plus lui faire de retenue, l'habitant contre l'homme d'armes qui ne loge plus qu'en payant. Le commissaire des guerres doit faire signer ses rôles par le juge du lieu. Ordonnance du 6 juin 1464, Bibl. royale, Legrand, Hist. mss., VII, 55.

441: Non plus la poste de tortue, les messagers boîteux, au moyen desquels l'Université traînait ses écoliers. La poste royale était plutôt imitée des anciennes postes de l'empire romain. Louis XI assura le service en payant au maître de poste le prix, alors énorme, de dix sols par cheval pour une course de quatre lieues. (Duclos, 19 juin 1464.)

442: Pour la poste, pour l'armée, pour mille besoins, il fallait de l'argent. N'osant augmenter les taxes, il voulut assurer les rentrées, y suppléer par des expédients. Il rétablit le haut tribunal des finances, la cour des Aides. Il essaya (d'abord en Languedoc) une meilleure répartition d'impôts; il obligea les clercs et les nobles qui acquéraient des biens roturiers, à payer la taille, mesure fiscale mais fort utile; les gens exempts d'impôts, achetant avec avantage des biens qui devenaient exempts, auraient fini par tout acheter. Le bourgeois n'aurait plus rien possédé, pas même sa banlieue.

443: Voir les lettres, manifestes et discours de Louis XI dans Du Clercq, livre V, chap. XXIII, dans les Preuves de Commines, édition Lenglet-Dufresnoy, II, 445, et dans les actes de Bretagne, éd. D. Morice, II, 90.

444: Mémoire à dire et remonstrer de par le Roy aux prélats, nobles et villes d'Auvergne: «Ils donnent à entendre au peuple qu'ilz veuillent le descharger de tailles et aydes... Faict bien à considérer ces autres divisions passées, tant du Roy de Navarre, des Maillets (Maillotins), et ce qui feut dict et semé par avant l'an 1418... Le peuple depuis s'en trouva deceu... Au regard des tailles et aydes, n'y a esté riens mis ny creu de nouvel, qui ne fust du temps du Roy son père.» Bibl. royale, ms. Legrand, Preuves, avril? 1465.

445: Le faux Amelgard, l'ami des princes, nous apprend lui-même que le vieux Dunois refusait d'aller négocier en Bretagne pour le roi, la goutte le retenait: à peine parti, il se trouva si bien que personne ne montra plus d'activité pour faire entrer tout le monde dans la ligue: «Per varios nuntios et epistolas, etc.»

446: René d'Anjou répondit pour tous, avec beaucoup de chaleur. L'innocent acteur répétait la pièce toute faite que lui avait apprise son faiseur, l'évêque de Verdun, payé par le roi.

447: Le roi répond: «Comme chascun peut connoistre et a veu par expérience, le Roi, depuis son advénement à la couronne, n'a monstré aucune cruauté à personne, quelque faute ou offense qu'on eust faite envers luy.»—Lenglet. Cependant, dans une lettre de Louis XI où il parle de la fuite de son frère, il lui échappe ce mot sinistre, qui semble une menace: «S'il a bien fait, il le trouvera.» Du Clercq.

448: «Au regard de son armée, elle n'est pas trop grande, mais pour douze ou treize cents combatants, je croy que oncques homme ne vit le semblable, ne garder plus bel ordre, tant en bataille en forme de chevaucher, que à ne dommaiger point le peuple; ne il n'y a laboureur qui s'enfuie, ne homme d'église, ne marchand, et est tout le monde en son ost, comme il seroit en la ville de Paris... Oncques ne fut si gracieuse guerre.» Lettre de Cousinot au chancelier, Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, 24 juin 1465.

449: Dans les diocèses de Meaux, de Châlons, de Langres, de Sens, etc.

450: Legrand (Histoire ms. VIII, 48) tire tout ceci, dit-il, d'une chronique favorable à Dammartin et peut-être trop hostile à ses ennemis. Cette observation ne me paraît pas suffire pour faire rejeter un récit aussi vraisemblable, d'après la connaissance que nous avons d'ailleurs du caractère des acteurs, de l'évêque de Bayeux, de Châteauneuf, etc.

451: Excepté à Beaulieu près Nesle.

452: Tournai, cette sentinelle avancée du royaume, perdue en pays ennemi, resta obstinément fidèle.

453: La plupart n'étaient jamais venus en France; c'était pour eux un voyage de découvertes.—Voir les vers cités par Jehan de Haynin (imprimé dans le Barante de M. de Reiffenberg, t. VI):

De Dommartin en Goalle
On voit de France la plus belle,
On voit Paris, et Saint-Denis,
Et Clermont-en-Beauvoisis;
Et qui ung peu plus haut monteroit
Saint-Estienne de Meaux verroit.

454: Probablement le duc de Nevers et le chancelier Morvilliers, qui avait manqué au comte Charolais.

455: Les confédérés voulaient «faire un régent, ensemble un connétable.» Response faite par le sieur de Crèvecœur, prisonnier, aux interrogations à luy faites par M. l'admiral. Bibliothèque royale, mss. Legrand, cartons 1 et 5.

456: «Mondit seigneur n'a pas finé, n'y peu avoir d'eux (de ceux de Paris) pour un denier de vivres, et se ne fussent ceulx de Saint-Denys, l'on eust eu faute de pain. L'on a grand disette d'aveine... Car il n'est point à croire la compagnie de chevaux qui est en cette armée. Escrit hastivement à Saint-Clou.» Preuves de Legrand, 15 juillet.—Le 14, le comte de Charolais écrit à son père en partant de Saint-Cloud: «Jacoit ce, mon très-redouté seigneur, que dernièrement je vous eusse escrit que je passerois pas outre ledit passaige de Saint-Clou jusqu'à tant que j'aurois nouvelles de vous, touchant les cent mille escus... dont par plusieurs mes lettres vous ay escrit, espérant que vous aurez pitié de nous tous...»—Il ajoute de sa main: «Nous assemblerons cette semaisne à M. de Berry et à beau cousin de Bretagne; pour quoy, se, en leur compagnie, le payement nous failloit, sans le dangier qui en pourroit avenir, vous pouvez penser quel deshonneur, esclandre et honte ce seroit, premièrement à vous et à toute la compagnie.»—Autre lettre du même jour à ses secrétaires: «Qu'ils l'avertissent à tue cheval, quand ils auront assemblé les cent mille escus.» Bibl. royale, mss. Du Puy, 595, 14 juillet 1465.

457: «Il disoit que «S'il y pouvoit entrer le premier, il se sauveroit, et avec sa couronne sur la tête.» «Plusieurs fois, m'a-t-il dit, que s'il n'eust pu entrer dans Paris, et qu'il eust trouvé la ville murée, il se fust retiré vers les Suisses, ou devers le duc de Milan, Francisque, qu'il réputoit son grand amy.» Commines.—Le duc de Bedfort disait déjà: De la possession de cette ville «despend cette seigneurie (de France).»

458: Charles de Melun empêcha «le maréchal Rouault de sortir de Paris, quoique le roy luy eust escrit que le LENDEMAIN IL DONNEROIT BATAILLE au comte de Charolois, et qu'il vinst avec deux cens lances, pour prendre l'ennemi par derrière...» Lenglet. La note de Louis XI qui termine l'accusation de Charles de Melun prouve assez que ce n'était pas une vaine imputation de ses ennemis.

459: Commines ne croit pas que le comte du Maine ni Charles de Melun aient trahi, mais Louis XI le croit. Commines, qui était alors un jeune homme de dix-huit ans, a pu ne pas bien connaître les faits de ce temps.

460: Ce sont du moins les excuses qu'il fit valoir au procès.

461: «Mais oncques pour cris qu'ils fissent, la commune ne se bougea.» Du Clercq.

462: Chartes du 7 janvier 1465 (communiqué par M. Chéruel), Archives municipales de Rouen, registre V-2, fol. 89.

463: Payement de 4500 livres à compte, 26 mai 1464. Archives du royaume, 26 mai 1464, K, 70.

464: «Et le dit en gaudissant, car ainsi estoit-il accoustumé de parler. Au moment de la bataille, il dit encore: «Je les mettray aujourd'hui si près l'un de l'autre, qu'il sera bien habile qui les pourra desmesler.» Commines.—Allait-il combattre pour ou contre Louis XI, quand il fut tué? rien ne l'indique. Peut-être ne le savait-il pas lui-même, les chances étant assez égales. Ce politique indifférent, qui avait tant vu et tant fait, n'en était que plus disposé à se moquer de tout. On cite un autre mot qu'il dit un jour au roi, le voyant monté sur un petit cheval: «Votre Majesté est très-bien montée; car je ne pense pas qu'il se puisse trouver cheval de si grande force que cette haquenée.—Comment cela? dit le roi.—Pour ce que elle porte Votre Majesté et tout son conseil.» Lenglet.

465: Justice de Dieu, aidée de Louis XI? (V. Amelgard)... J'ai déjà parlé au tome précédent de cet important personnage, politique, général, législateur; du moins il voulait l'être: sous Charles VII, il s'était fait donner un mémoire pour réformer la procédure. Il était poète aussi. De la Rue, III, 327.—Voir à la cathédrale de Rouen le noble tombeau, simple et grave, à côté du monument théâtral de Louis de Brézé, en face du triomphant sépulcre des Amboise. Il y a là deux siècles d'histoire.—L'inscription, qui n'existe plus, est dans M. Deville, Tombeaux de Rouen, p. 60.

466: Olivier de la Marche le nomme autrement: Le fils de son médecin, nommé Robert Cotereau.

467: Le récit de Commines est bien malicieux: «Environ minuit, revindrent ceulx qui avoient esté dehors, et pouvez penser qu'ils n'estoient point allés loin; et rapportèrent que le Roy estoit logé à ces feux. Incontinent on y envoya d'autres, et se remettoit chascun en estat de combattre, mais la plupart avoit mieux envie de fuir. Comme vint le jour, ceux qu'on avoit mis hors du camp, rencontrèrent un chartier qui apportoit une crusche de vin du village, et leur dit que tout s'en estoit allé... Dont la compagnie eut grant'joie; et y avoit assez de gens qui disoient lors, qu'il falloit aller après, lesquels faisoient bien maigre chère une heure devant.» Commines, I, 4.

468: C'est le triomphant bulletin de la ville de Paris. Lire les deux autres opposés entre eux, mais également triomphants, celui du comte de Charolais (vraiment homérique): Preuves de Commines, éd. Lenglet, II, 484-488, et celui de Louis XI; Lettres et bulletins des armées de Louis XI, adressés aux officiers municipaux d'Abbeville et publiés par M. Louandre, 1837 (Abbeville).

469: Charles de Melun avait de longue date capté la popularité «Nous rencontrasmes au droit de l'hostel où pend l'enseigne du Dieu d'amour en la rue Saint-Antoine... (Maître... demanda:) Qui nous avoit meus requérir qu'il plust au Roy laisser à Paris messire Charles de Melun, pour lors son lieutenant, attendu qu'il avoit esté délibéré en ladite ville le contraire... À quoy maistre Henry respondit que ce qui en avoit esté faict avoit esté faict cuidans faire le proufit de la ville, pource que ledit Charles de Melun avoit esté moien envers le Roy de faire abattre partie des aydes que ledit sieur prenoit en icelle ville.» Déposition de maistre Henry de Livres et de Jehan de Clerbourg. Bibl. royale, mss. Legrand, Preuves, juillet 1465.

470: Le bâtard de Vendôme côtoya si bien l'armée du duc de Calabre et du maréchal de Bourgogne, qui les empêcha d'entrer en Champagne, et les obligea d'aller passer près d'Auxerre. Il menait avec lui «un couturier qui faisoit les hoquetons blancs et rouges, à 2 écus pièce, et donnoit le douzième audit bâtard (sans doute pour engager sur la route les francs archers à recevoir cet uniforme royal et à grossir sa troupe).» Archives, Trésor des chartes, Procédures criminelles faites par Tristan l'ermite, J. 950.

471: Le greffier les appelle des «Lifrelofres calabriens et suisses.» Jean de Troyes, octobre 1465.

«Estoient communément trois Suisses ensemble, un piquenaire, un coulevrinier et un arbalétrier.» Olivier de la Marche, Collection Petitot, X, 245.

472: Voir les vitraux de l'arsenal de Lucerne, et tant d'autres monuments.

473: Cependant, au moment même, le duc écrivait: «Aux baillis de Courtray, d'Ypres, d'Hesdin, au trésorier de Boulonnais, et autres officiers, pour la confiscation des biens de ceux qui se sont enfouis à la journée de Montlhéry.» Compte de la recette générale des finances, 18 septembre 1465. Barante, éd. Gachard, II, 24.

474: «Armés de petites brigandines fort légères. Encore disoient aucuns qu'il n'y avoit que petits cloux dorés par dessus le satin, afin de moins leur peser.» Commines.

475: Ils ne marchandaient pas: «Les joues velues, pendantes de malheureuseté, sans chausses ni souliers, pleins de poux et d'ordure... ils avoient telle rage de faim aux dents qu'ils prenoient fromage sans peler, mordoient à même.» Jean de Troyes.—«La cité de Paris... fist grandement son proffit de l'armée.» Olivier de la Marche.

476: C'est à ce prince chevaleresque qu'est dédié le Petit Jehan de Saintré. C'est lui-même qui l'avait fait écrire. L'auteur, Antoine De la Salle, lui dit: «Pour obéir à vos prières qui me sont entiers commandemens...»

477: Il semble qu'il y ait eu dans tout cela un reste de patriotisme normand: «Le lendemain que Pontoise fut pris par Loys Sorbier, Lancelot de Haucourt envoia un cordelier de Paris devers madame la grand'sénéchale... Lancelot dit qu'il estoit normand... avoit fait serment sur l'autel Sainte-Anne à Quétenville.» Bibl. royale, m. Legrand, Preuves, 1465.

478: Les gens du roi, les officiers royaux, semblaient les plus malveillants. Obligé dans son besoin pressant de leur demander un emprunt, il n'en tira pas grand'chose. Ils auraient plutôt donné à l'ennemi. Un conseiller au Parlement et un avocat allèrent joindre le duc de Berri. Le clerc d'un autre conseiller était allé, avec un notaire, chercher le duc jusqu'en Bretagne; clerc et notaire furent noyés pour l'exemple.

479: Et par-devant quelquefois. La personne du roi ne leur imposait guère, à en juger par le petit récit du greffier chroniqueur. Un jour qu'il revenait de conférer avec les princes, il dit à ceux qui gardaient la barrière que désormais les Bourguignons leur donneraient moins de mal, qu'il saurait bien les en garder. Sur quoi, un procureur du Châtelet dit hardiment: «Voire, Sire, mais en attendant, ils vendangent nos vignes et mangent nos raisins, sans y sçavoir remédier.» «Mieux vaut, répliqua Louis XI, qu'ils vendangent vos vignes que de venir prendre ici vos tasses et l'argent que vous cachez dans vos caves et celliers.»

480: Jean de Troyes dit pourtant que le roi, loin de laisser piller les Normands, fit punir sévèrement ceux d'entre eux qui avaient manqué en paroles à la dignité de la ville de Paris: «Vint à Paris plusieurs des nobles de Normandie et injurièrent les Parisiens; et, veue la plainte des bourgeois, le principal malfaicteur et prononceur desdites parolles fut condemné à faire amende honorable devant l'hostel de ladicte ville, teste nue, desceint, une torche au poing, en disant par luy que faulsement et mauvaisement il avoit menty en disant lesdictes parolles... Et après eut la langue percée, et ce fait, fut banny.»

481: Ce drôle d'évêque, qui était propre à tout, servait au besoin de capitaine. Il avait mécontenté les Parisiens, en se mettant une nuit à la tête du guet, et le menant tout autour des murs, à grand renfort de clairons et de trompettes. Au moment où il fut attaqué, il sortait de chez une femme.

482: Dans une première entrevue, le roi avait essayé de ramener le comte de Charolais; il lui dit: «Mon frère, je cognois que estes gentilhomme, et de la maison de France.—Pourquoy, Monseigneur?—Pour ce que, quant j'envoyay mes ambassadeurs à l'Isle devers mon oncle, votre père et vous, et que ce fol Morvillier parla si bien à vous, vous me mandastes par l'archevesque de Narbonne (qui est gentilhomme, et il le monstra bien, car chascun se contenta de luy), que je me repentiroye des parolles que vous avoit dict ledict Morvillier, avant qu'il fust le bout de l'an. Vous m'avez tenu promesse, et encores beaucoup plus tost que le bout de l'an... Avec telz gens veulx-je avoir à besongner, qui tiennent ce qu'ilz promettent.» «Et désavoua ledict Morvillier...» Commines.

483: Attesté par Louis XI lui-même, dans une lettre au comte de Charolais. Bibl. royale, mss. Legrand, Histoire, VIII, 28.

484: Les Écossais, appelés par les Bretons, vinrent, la guerre faite, au partage des dépouilles; ils prirent ce moment pour réclamer leur comté de Saintonge, un don absurde de Charles VII, qui, dans sa détresse, avait donné une province pour une armée d'Écosse, mais l'armée ne vint pas.—Instruction du roi d'Écosse à ses envoyés: «Vous direz que vous doubtez que si on ne fait droict au roi d'Écosse et délivrance de ladicte comté, pourroit estre occasion de plus grant mal... et plus briefvement que on ne cuide.» Suivent des menaces, au cas que le roi de France attaque la duchesse de Bretagne, parente du roi d'Écosse et de la plupart des nobles Écossais.—Un conseiller de Louis XI fait observer, dans une note qui suit, que le don était conditionnel, etc. Il adresse ce conseil à son maître: «Se vostre plaisir estoit de prendre le duc d'Albanie en vostre service... n'aroit jamais nul de la nation qui osast riens faire contre vous que l'autre ne le fist pendre, ou luy fist cousper la teste incontinent, et par ainsi romperiés toutes les trafiques et petites alliances qu'ils ont en Angleterre, Bretagne et ailleurs.» Bibl. royale, mss. Baluze, 475, 13 nov. 1465.

485: Les élus d'Alençon devaient payer à leur duc une pension sur les taxes et aides, montrer aux gens du duc de Normandie ce qui restait et le leur livrer.—Serait-ce à la vieille résistance d'Alençon contre la Normandie que faisait allusion la devise des archers d'Alençon: «Avoient jacquetes où estoit dessus escript de broderie: Audi partem?»—Ce qui, je crois, veut dire ici: «Écoutez aussi l'autre partie.» Jean de Troyes, samedi 10 août 1465.

486: Du moins, de Toul et de Verdun. Quant à Metz, le roi semble avoir promis verbalement au duc de Lorraine de l'aider à la réduire. On lit dans le projet du traité: «Cent mille escus d'or comptant, pour employer à la conqueste de Naples et de ceulx de Metz.» Preuves de Commines, éd. Lenglet, II, 499.

487: Le roi, dans une instruction qu'il donne à ses ambassadeurs, près du Pape, présente l'abolition de la Pragmatique comme la cause principale de la guerre du Bien public. Il prouve par la trahison de l'évêque de Bayeux, qui a terminé cette guerre, qu'il importe infiniment de savoir à qui l'on confie les évêchés. Le roi, dit-il, a, dès son avénement, restitué obédience au Siége apostolique: «Quæ res peperit secretiora in Regem odia et illas flammas incendit, ex quibus ortum est flebile regni incendium...; allicere nitebantur parlamentos, quasi reducturi Pragmaticam, fingentes omnes Franciœ pecunias exhauriri... Excusabunt mandatum quoddam publicatum in regno; illud nempe dolls et fraude Bajocensis episcopi surreptum...; perfidus apostolicæ Sedi, vulneravit illius auctoritatem, quo tempore... insperatus hostis erupit ac sceteratissimus proditor... Quantopere intersit Regis promotum iri in regno suo prælatos spectatæ et exploratæ in ipsum fidei, jam satis constat ob id quod unius Bajocensis episcopi scelus potuit totam Normanniam et pene regni statum nuper pervertere, ob munitissimas arces, præclara oppida et inexpugnabiles locorum situs quos plerique in Francia prælati possident... Flagitabunt obnixe quatenus in metropolitanis ecclesiis ac excellentioribus episcopatibus eminentioribusque abbatiis... expectare dignetur regias preces.»

488: La seule mention qu'on en trouve se rencontre dans le projet, et ne se retrouve dans aucun des traités. Lenglet, II, 249. Au reste, le plus puissant des confédérés, le comte de Charolais, avait besoin du pape pour l'affaire de Liége. Dans son traité avec le roi, il exige que le roi se soumette. «Pour l'accomplissement des choses dessus dictes..., à la cohertion et contrainte de nostre sainct Père le Pape.» Ibidem, 504.

489: Les princes avaient jeté vaguement cette promesse; on ne la trouve nettement exprimée que dans la sommation adressée par le frère du roi au duc de Calabre. Il veut, dit-il: «Oster et faire cesser les aydes, impositions, quatriesme, huitiesme et toutes autres charges, oppressions et exactions, sur le pauvre peuple, fors seulement la taille ordinaire des gens d'armes, laquelle aura tant seulement cours, jusqu'à ce que les estats du royaume, que brief espérons assembler..., soit advisé.» Preuves de Commines, éd. Lenglet, II, 45. Les autres princes s'en tiennent à des expressions plus générales: «Meus de pitié et compassion du pauvre peuple, etc.» Ibidem, 444. Ce qui est singulier, c'est qu'ils accusent le roi de les avoir attaqués, lorsqu'ils venaient réformer le royaume: «Aucuns induisent le Roy à prendre inimitié... contre les seigneurs de son sang... pour grever et dommager... ainsy que par effect l'a, à son pouvoir, montré par l'invasion qu'il fist à puissance d'armes le 16e jour de juillet dernier passé à Montlhéry sur nous qui, pour aider à pourvoir au bien du royaume et de la chose publique d'iceluy... venions joindre avec nostre très-redouté seigneur monseigneur de Berry, ledit beau cousin de Bretaigne et autres seigneurs du sang.» Ibidem, 490.

490: «Lesquels avis, délibérations et conclusions, le Roi veut et ordonne estre gardez, comme se luy-même en sa personne les avoit faicts; et d'abondant, dedans quinze jours, il les autorisera... et ne seront baillées par le Roy lettres à rencontre... et se elles estoient baillées, ne sera obéy.» Ibidem, 514-515.

491: Ordonnances, XVI, 12 novembre 1465.

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