← Retour

Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 7 / 7)

16px
100%

De toutes les défaillances de cette journée, aucune ne montre mieux à quel point les meilleurs esprits étaient troublés, les plus fermes caractères ébranlés. Le général Ruhlières était un très vigoureux vétéran des guerres impériales, le général Bedeau un des premiers entre les «Africains»; et cependant, ayant plusieurs milliers de soldats sous leurs ordres, ils se sont sentis incapables de défendre, contre l'invasion de quelques centaines d'insurgés, l'enceinte législative que le duc de Nemours leur avait prescrit de protéger et où ils savaient que la duchesse d'Orléans jouait la dernière partie de la monarchie. C'est qu'en réalité, depuis qu'on l'avait fait reculer devant l'émeute, en lui donnant pour instruction d'éviter toute collision, l'armée n'existait plus[597].

Quand les envahisseurs, auxquels on avait si bénévolement livré passage, eurent accompli leur œuvre dans la Chambre, que la duchesse d'Orléans fut en fuite et le gouvernement provisoire proclamé, des partisans de la révolution victorieuse vinrent faire observer aux généraux que le maintien des troupes sur la place de la Concorde et autour du Palais-Bourbon n'avait plus de raison d'être, et ils les pressèrent de les congédier. Les généraux se rendirent à cet avis et donnèrent l'ordre aux divers corps de retourner à leurs quartiers. Cette retraite ne put même pas s'opérer en bon ordre. Plusieurs détachements, enveloppés et pénétrés par la foule, furent rompus et désarmés.

À peu près au même moment, des scènes analogues se produisirent partout où des troupes se trouvaient encore réunies. Ce fut au Panthéon, occupé par la colonne du général Renault, que les choses se passèrent le moins mal. Ce général, dont les communications étaient coupées depuis le matin, avait massé ses soldats derrière les grilles du monument, pour éviter le contact avec la foule, et faisait assez bonne contenance. Aux médiateurs officieux qui le pressaient de se retirer, il répondait ne pouvoir abandonner sans ordre la position qui lui était confiée. Vers deux heures, cependant, informé de la situation générale, il céda. Formées en colonnes serrées, ses troupes purent être ramenées dans les casernes du voisinage. Mais bientôt, malgré les protestations du général et des colonels invoquant l'honneur militaire, le peuple envahit les casernes et se fit livrer les armes.

À la Préfecture de police se trouvaient douze à quinze cents hommes de troupes, dont quatre cents gardes municipaux, sous le commandement du général de Saint-Arnaud, qui, comme les autres chefs de corps, avait ordre d'éviter toute hostilité. Vers midi, pour soustraire ses soldats aux fraternisations populaires dont la colonne du général Sébastiani donnait, de l'autre côté de la Seine, le triste exemple, il avait fait évacuer tous les abords et s'était renfermé dans l'enceinte des bâtiments. Le peuple et les gardes nationaux enveloppèrent alors la Préfecture, menaçant de l'attaquer si elle ne leur était livrée. Les municipaux s'offraient à balayer les assaillants; mais ni le préfet de police, ni le général n'osaient le leur permettre. Après de longs pourparlers, M. Delessert consentit, vers trois heures, à livrer ses bureaux à la garde nationale, et s'en alla à la recherche du gouvernement, dont il n'avait plus aucune nouvelle. Le général de Saint-Arnaud traita alors de la retraite de ses troupes. Le peuple exigeait le désarmement des gardes municipaux: ces braves gens s'y refusaient; enfin, pressés par le général, ils cédèrent et brisèrent eux-mêmes avec rage leurs fusils et leurs sabres. Les troupes de ligne avaient conservé les leurs; mais plusieurs détachements, en se retirant, se les laissèrent prendre par la foule. Quant aux municipaux désarmés, ils furent divisés en deux pelotons: l'un d'eux parvint sans trop d'encombre à la mairie du 11e arrondissement, où il fut dissous; l'autre, sorti avec d'autres troupes sous la conduite du général de Saint-Arnaud, fut lâchement fusillé par une bande d'émeutiers sur le quai de Gèvres; les hommes s'enfuirent et se dispersèrent, non sans laisser quelques-uns des leurs sur le pavé. Le général, renversé de son cheval, assailli par une foule furieuse, dut chercher un refuge à l'Hôtel de ville.

Sauf les troupes demeurées à l'École militaire qui se trouvait jusqu'à présent hors du cercle d'action de l'émeute, l'armée de Paris était dissoute. Le gouvernement n'avait plus aucune force sous la main. Du gouvernement lui-même que restait-il? Après l'envahissement de la Chambre, M. Odilon Barrot est retourné au ministère de l'intérieur, suivi de quelques amis; il voulait tenter, avec la garde nationale, un dernier effort en faveur de la régence. Il écrit dans ce sens à plusieurs maires, notamment à celui du 2e arrondissement, M. Berger, sur lequel il comptait d'une façon toute particulière, et dont l'élection récente à la Chambre des députés avait été regardée comme un triomphe de la gauche dynastique. En même temps, le général de La Moricière, qui vient de retrouver sa liberté, toujours plein d'ardeur malgré sa blessure, court à la 10e et à la 11e légion. Tout échoue; M. Berger répond «qu'il ne reconnaît plus d'autre gouvernement que celui de l'Hôtel de ville». En même temps, deux anciens alliés de M. Barrot dans la campagne des banquets, MM. Marie et Carnot, arrivent au ministère de l'intérieur pour en prendre possession et annoncer la révolution aux départements. M. Barrot repousse honnêtement les nouvelles offres qu'ils lui font d'entrer dans le gouvernement provisoire. Triste, abattu, voyant peut-être clair pour la première fois dans les conséquences de sa politique, il quitte ce ministère où il a eu quelques heures de popularité, mais pas une minute de pouvoir, et il se rend à l'hôtel des Invalides.

La duchesse d'Orléans s'y trouve depuis qu'elle a quitté la Chambre des députés. À son arrivée, le gouverneur, le maréchal Molitor, malade, inquiet, ne lui a pas caché l'impossibilité où il était de la protéger. «N'importe, a-t-elle répondu, ce lieu est bon pour y mourir, si nous n'avons pas de lendemain; pour y rester, si nous pouvons nous y défendre.» Le duc de Nemours l'a bientôt rejointe. Tous deux se consultent avec leurs amis. Y a-t-il moyen de tenter un retour dans Paris? On envoie aux informations. La duchesse d'Orléans est prête aux résolutions les plus hardies. Mais les nouvelles qui arrivent sont absolument décourageantes; les émeutiers commencent à se douter que la princesse est aux Invalides, et il est question de venir l'y attaquer. «Y a-t-il quelqu'un ici, demande-t-elle, qui me conseille de rester? Tant qu'il y aura une personne, une seule qui sera d'avis de rester, je resterai. Je tiens à la vie de mon fils plus qu'à sa couronne; mais si sa vie est nécessaire à la France, il faut qu'un roi, même un roi de neuf ans, sache mourir.» Vers six heures, arrive M. Barrot, qui confirme les mauvaises nouvelles, conseille de quitter sans retard une retraite qui n'est plus sûre et engage la duchesse d'Orléans à se retirer à peu de distance de Paris, pour attendre les événements. Cédant à cet avis, elle quitte à pied l'hôtel des Invalides, au bras de M. de Mornay; le comte de Paris la suit à quelques pas, donnant la main à M. Jules de Lasteyrie; le duc de Nemours vient derrière, ne les perdant pas de vue. On s'arrête quelques instants rue de Monsieur, chez le comte de Montesquiou. Puis la duchesse et son fils montent en voiture avec M. de Mornay, pour gagner le château de Bligny, situé près de Limours. La dernière parole de la princesse à ses amis a été: «Sur un mot, demain ou dans dix ans, je reviens ici.» Le duc de Nemours, demeuré seul, sans asile, accepte l'hospitalité de M. Biesta, rue de Madame: il y va occuper la chambre où un républicain, M. Pagnerre, était venu chercher un abri la nuit précédente.

XV

La royauté de Juillet est donc bien définitivement vaincue. Et maintenant faut-il suivre les vainqueurs à l'Hôtel de ville? Faut-il les montrer se débattant au milieu de l'anarchie tumultueuse dont ils sont nés et qu'ils ne peuvent dominer? Faut-il raconter l'impudente usurpation par laquelle ils imposent à la France, qui n'y songeait guère et qui n'en voulait certainement pas, la république exigée par quelques braillards de la place de Grève? Non, ce serait commencer l'histoire d'un autre régime. La tâche que je me suis imposée prend fin avec la chute de la monarchie. Il suffira d'indiquer, à titre d'épilogue, ce que sont devenus, à la suite de cette catastrophe, les membres de la famille royale.

La duchesse d'Orléans resta deux jours au château de Bligny. Ce fut seulement le samedi que son second fils, encore malade, lui fut ramené. M. de Mornay lui apporta, le même jour, un passeport pour l'Allemagne et l'avis de partir immédiatement. Elle ne s'y décida pas sans résistance. En franchissant la frontière, elle fondit en larmes. Comme M. de Mornay pleurait aussi: «Nos larmes sont bien différentes, lui dit-elle: vous pleurez de joie de nous avoir sauvés; je pleure de douleur de quitter la France, cette France sur qui j'appelle toutes les bénédictions du ciel. En quelque lieu que je meure, qu'elle sache bien que les derniers battements de mon cœur seront pour elle[598].» Le duc de Nemours, conduit par MM. Biesta et d'Aragon, qui le firent passer pour leur secrétaire, quitta Paris le 25 au soir, et s'embarqua à Boulogne dans la nuit du 26 au 27[599].

De toute la famille royale, Louis-Philippe et Marie-Amélie furent ceux qui parvinrent le plus difficilement à atteindre le sol étranger. Arrivés à Saint-Cloud vers deux heures, le 24 février, ils repartaient une heure après pour Trianon, et de là pour Dreux, où ils couchaient: la Reine avait tenu à passer par cette ville, pour prier sur la tombe de ses enfants. Croyant la régence établie, le Roi comptait se rendre au château d'Eu. Mais, le 25 au matin, il apprend que la régence a été, elle aussi, emportée par la révolution, et que la république est proclamée. Il décide alors de gagner incognito une petite maison, pour le moment inhabitée, sise sur la côte de Grâce, près Honfleur, et appartenant à M. de Perthuis, gendre du général Dumas: de là, il cherchera à s'embarquer pour l'Angleterre. Afin d'attirer moins l'attention, on se divise[600]. Tandis que le duc de Montpensier, la duchesse de Nemours et ses enfants se dirigent sur Granville et Jersey, le Roi et la Reine, sous le nom de M. et Mme Lebrun, accompagnés du général de Rumigny, prennent, dans une berline de louage, la route de Honfleur. Un peu avant Évreux, les fugitifs trouvent asile, durant quelques instants, dans la demeure d'un agent des forêts royales. Là, on juge plus prudent de modifier les conditions du voyage: le Roi monte dans un cabriolet avec un fermier, tandis que la Reine reste dans la berline. Ils roulent toute la nuit, sans cesse en crainte d'être reconnus, et arrivent, épuisés de fatigue, le 26 au matin, dans la maison de M. de Perthuis. Plusieurs jours sont employés sans succès à chercher un moyen de passer en Angleterre. On s'est d'abord adressé au capitaine de l'Express, paquebot anglais faisant le service du Havre à Southampton; mais il ne s'est pas cru autorisé à donner son concours. Des négociations ont été ensuite engagées pour la location d'un bateau de pêche à Trouville: le mauvais état de la mer et d'autres contretemps font échouer tous les projets. Le Roi, qui s'est rendu à Trouville, a été sur le point d'y être découvert et a dû s'en échapper de nuit. Chaque jour qui s'écoule rend la situation plus dangereuse; des personnes auxquelles il a fallu s'ouvrir, aucune n'a trahi; mais tant de démarches insolites éveillent les soupçons. Grands sont donc le découragement et l'angoisse dans la petite maison de la côte de Grâce, quand, le jeudi 2 mars, un étranger s'y présente: c'est le vice-consul de Grande-Bretagne au Havre qui vient, de la part de son gouvernement, mettre l'Express à la disposition du Roi. Le soir venu, celui-ci se rend au Havre avec la Reine, et, sous la conduite du consul anglais, s'embarque immédiatement sur l'Express. À ce moment, un agent du port reconnaît le Roi, mais il n'est plus temps, le navire a démarré. Le 3 mars au matin, Louis-Philippe débarque à Newhaven; le 4, il s'installe au château de Claremont, où viennent le rejoindre tous ceux des siens qui l'ont précédé sur la terre d'Angleterre.

Deux de ses fils manquaient cependant à cette réunion: c'étaient le prince de Joinville et le duc d'Aumale. On sait qu'ils se trouvaient à Alger, au moment de la révolution. Ce ne fut pas, pendant quelques jours, le moindre souci du gouvernement provisoire, de savoir ce que feraient ces deux jeunes princes, vaillants, populaires, et dont l'un avait sous ses ordres, en Afrique, une armée de cent mille hommes. Les premières nouvelles annonçant les troubles de Paris, l'abdication du Roi, l'établissement de la régence, parvinrent à Alger le 27 février. Deux jours après, le 1er mars, on y apprenait l'établissement du gouvernement provisoire et la proclamation de la république. Enfin, le 2 mars, le duc d'Aumale était informé que, proscrit avec toute sa famille, il avait pour successeur au gouvernement de l'Algérie le général Cavaignac; en attendant l'arrivée de ce dernier, il devait remettre le commandement au général Changarnier. Le prince décida aussitôt de partir le lendemain. Dans le port, se trouvait l'aviso le Solon, qui avait été mis à sa disposition et à celle de son frère pour leurs promenades de plaisance. Le commandant de ce bâtiment, le capitaine Charles Jaurès, très dévoué aux princes, vint leur déclarer qu'il était prêt à les transporter où ils voudraient: ils demandèrent à être conduits en Angleterre. Avant de résigner ses fonctions, le duc d'Aumale, préoccupé avant tout des intérêts de la France, écrivit au nouveau ministre de la guerre, dont il ne savait même pas le nom, une lettre où il l'informait des concentrations de troupes qu'il avait préparées sur le littoral algérien en vue d'une guerre européenne[601]. «La France, ajoutait-il, peut compter sur son armée d'Afrique. Elle trouvera ici des troupes disciplinées, braves, aguerries... J'avais espéré partager leurs dangers et combattre avec elles pour la patrie... Cet honneur m'est enlevé; mais, du fond de l'exil, tous mes vœux seront pour la gloire et le bonheur de la France.» Le prince adressa aux colons et à l'armée deux proclamations inspirées des mêmes sentiments.

Le 3 mars, au matin, le général Changarnier et, à sa suite, tous les fonctionnaires vinrent au palais du gouvernement saluer les princes. Ceux-ci se mirent en route pour le port. Le duc d'Aumale marchait en tête, après lui le prince de Joinville donnant le bras à la duchesse d'Aumale, enfin le général Changarnier avec la princesse de Joinville. Les troupes faisaient la haie et portaient les armes. Malgré la pluie froide qui tombait, les colons, les Arabes étaient venus en foule témoigner leur sympathie respectueuse et attristée. Le duc d'Aumale était obligé de s'arrêter, à chaque pas, pour serrer les mains qui lui étaient tendues. Parmi les officiers, les soldats, les habitants, beaucoup ne pouvaient retenir leurs larmes. Au moment où le cortège arriva sur le quai d'embarquement, l'artillerie de terre et de mer, par ordre exprès du général Changarnier, tira le salut royal. Les princesses laissèrent échapper leurs sanglots, en descendant dans le canot que, par un dernier hommage, on avait rempli de fleurs. Une demi-heure après, le Solon s'éloignait dans la direction de Gibraltar. Il s'arrêta quelques jours à Cadix et à Lisbonne, puis débarqua les princes, le 21 mars, en Angleterre. Seuls de leur famille, ils avaient pu gagner la terre d'exil à visage découvert et sous pavillon français.

XVI

Ainsi a disparu cette monarchie qui, tout à l'heure encore, semblait si bien assise. Elle est tombée, sans que sa chute ait été préparée ou provoquée par quelque événement intérieur ou extérieur, tel que les ordonnances de Juillet en 1830 ou la défaite de Sedan en 1870. Elle a été vaincue, sans qu'il y ait eu bataille, car certes on ne peut donner ce nom aux échauffourées partielles qui, en trois jours, n'ont coûté la vie qu'à 72 soldats et 289 émeutiers. Un effet sans cause, a-t-on pu dire. Aucune histoire ne laisse une impression plus triste, et je ne vois pas quel parti y trouverait sujet de s'enorgueillir. Heures humiliantes et vraiment maudites, où les plus vives intelligences sont obscurcies, les plus fermes caractères ébranlés, les plus pures renommées ternies; où personne, pas plus dans un camp que dans l'autre, ne sait ce qu'il fait ni ne fait ce qu'il veut; où, chez les individus comme dans les masses, tout est aveuglement ou défaillance. Ces misères, je les ai mises à nu à mesure que je les rencontrais: je n'ai aucun goût à y revenir, pour en dresser le long catalogue et y trouver la preuve que presque tout le monde a failli. J'aimerais mieux pouvoir les couvrir par l'excuse du trouble général.

Est-ce à dire qu'à mes yeux toutes les fautes soient égales? Non: il en est qui ont été plus néfastes que d'autres. Du côté du pouvoir, la faute capitale a été sans contredit le changement du ministère en pleine émeute. Tout ce qui a suivi—l'ordre de cesser la lutte armée, les défaillances des généraux et la démoralisation du soldat, l'absence de tout gouvernement, les Tuileries ouvertes aux conseillers les moins autorisés et les plus suspects, l'abdication, le désarroi de la Chambre, le libre passage laissé aux envahisseurs du Palais-Bourbon—n'a été que la conséquence logique, fatale, de cette première faute. Du côté adverse, également, il est facile de dire où sont les principaux coupables. Dans l'opposition parlementaire, il serait puéril de s'en prendre aux radicaux qui suivaient leur voie; les coupables sont les dynastiques qui, contre leurs convictions et leurs intérêts, sans la justification d'une grande cause à défendre, par impatience de renverser le ministère, ont contracté des alliances, employé des moyens d'attaque, provoqué des agitations, par lesquels la monarchie elle-même se trouvait mise en péril. Si, du Parlement, on descend dans la rue, ce n'est pas contre les tapageurs de profession qu'il faut s'indigner,—ils étaient dans leur rôle, et, d'ailleurs, livrés à eux-mêmes, ils n'eussent rien pu;—c'est contre cette garde nationale qui, par sottise encore plus que par passion, a protégé, enhardi l'émeute, découragé, désorganisé la défense. L'opposition dynastique avait préparé la révolution; la garde nationale l'a faite; aucune d'elles ne la prévoyait ni ne la voulait.

D'ordinaire, toute révolution est suivie d'une période plus ou moins longue d'illusions. Après celle de février 1848, rien de pareil. Le sentiment qui domine dans le pays, c'est la consternation[602]. On se soumet, sans doute, au fait accompli, avec une facilité et une promptitude qui prouvent combien l'habitude des changements de gouvernement a détruit tout point d'honneur de fidélité; mais on le fait tête basse, cœur serré; jamais victoire populaire n'a eu un lendemain plus morne, plus lugubre. Et ce n'est pas chez ceux que je signalais tout à l'heure comme les principaux auteurs de cette révolution,—dans l'opposition dynastique ou dans la garde nationale,—que cette tristesse et cette angoisse sont le moins visibles. Ils ont l'air penaud et désolé d'enfants ayant brisé par mégarde le jouet qu'ils maniaient trop rudement. Cette consternation si générale n'est-elle pas la manifestation la plus significative du regret—faut-il dire du remords—qu'éveillait chez tous la chute de la monarchie?

J'ose dire qu'avec le temps ce regret ne s'est pas affaibli. Non, sans doute, qu'on ait cessé d'apercevoir, à distance, ce qui pouvait manquer à la monarchie de Juillet,—et l'on me rendra cette justice que, pour ma part, je n'ai cherché à voiler aucune de ses faiblesses organiques ou de ses fautes de conduite;—non surtout que personne puisse aujourd'hui songer à restaurer de toutes pièces un régime qui ne s'adapterait plus à un état social radicalement changé; mais, mieux que jamais, on se rend compte que ces dix-huit années ont été, pour la France, une époque heureuse et honorable, époque de scrupuleuse légalité, de liberté sage, de prospérité économique, de diplomatie habile et prudente. Il ne se trouve plus personne pour prendre au sérieux les déclamations de l'opposition d'alors sur le pouvoir personnel de Louis-Philippe ou sur les humiliations de sa politique étrangère; n'a-t-on pas vu depuis ce que sont un vrai pouvoir personnel et une réelle humiliation extérieure? Quant aux maladies sociales ou morales dont le pays avait, en effet, souffert sous la monarchie de Juillet, on ne voit pas qu'elles aient été guéries sous les régimes suivants; elles ont été plutôt aggravées. De même, des grands problèmes qu'on reproche au gouvernement du roi Louis-Philippe de n'avoir pas su résoudre, on cherche vainement quel est celui dont ses successeurs se sont tirés plus heureusement. On critiquait le «parlementarisme» d'alors; préfère-t-on celui d'aujourd'hui? On blâmait le régime censitaire de n'avoir pas fait à la démocratie sa part; estime-t-on qu'on soit mieux fixé maintenant sur ce que doit être cette part, et a-t-on beaucoup gagné à se précipiter à l'aveugle dans la voie où, avant 1848, on s'engageait trop timidement?

C'est qu'en effet, pour apprécier équitablement un gouvernement, le mieux est de le rapprocher de ceux qui l'ont précédé ou suivi. À le considérer seul, on risque d'être trop exclusivement frappé par les imperfections qui sont la condition inévitable de toute œuvre humaine et, encore plus, de toute œuvre politique. Je me permets donc de recommander cette méthode de rapprochement à ceux qui, de la lecture de ce livre, auraient surtout emporté l'impression des fautes commises. Je crois leur avoir fourni l'un des éléments de la comparaison à faire, en leur présentant un exposé sincère des événements accomplis de 1830 à 1848; ils trouveront ailleurs l'histoire des autres périodes. À eux ensuite de conclure. Je me bornerai seulement à leur indiquer le criterium auquel ils pourraient se rattacher. D'ordinaire, c'est par la fin qu'on juge une entreprise; or, les gouvernements qui se sont succédé en France, dans ce siècle, monarchies, empires, républiques, ont tous échoué; pas un qui ne soit tombé à son tour. On ne saurait donc leur demander ce qu'ils sont devenus eux-mêmes; mais ne peut-on pas leur demander ce qu'est devenue la France en leurs mains, dans quel état ils l'ont laissée à l'heure de leur chute? Je ne pense pas que la monarchie de Juillet ait à redouter une question ainsi posée. Elle a laissé, en tombant, une nation ayant contracté l'habitude et pris le goût de la liberté réglée dont la Restauration lui avait fait commencer l'apprentissage. Elle a laissé un pays riche, dont quelques embarras budgétaires passagers n'empêchaient pas le rapide développement économique, dont toutes les forces productives, prudemment ménagées, étaient demeurées intactes, et qui avait préparé les progrès de l'avenir sans le grever. Enfin, au point de vue de la grandeur nationale, le principal après tout, elle peut montrer avec plus de confiance encore le résultat de ses dix-huit années: l'Algérie conquise; les traités de 1815 annulés dans une de leurs clauses les plus directement hostiles à la France, par la dislocation du royaume des Pays-Bas et par l'érection, sous notre patronage, d'un royaume belge, indépendant et neutre; à la suite et comme le prolongement de la Belgique, toute une ceinture d'États constitutionnels, nos clients naturels, se formant ou se préparant sur nos frontières, en Allemagne, en Italie, en Espagne; la vieille coalition définitivement dissoute; les grandes puissances continentales, naguère les plus méfiantes et les plus arrogantes à notre égard, cherchant notre concours, presque notre protection, disposées à marcher derrière nous et à nous laisser le premier rôle en Europe; pour soutenir ce rôle, une armée nombreuse, aguerrie à l'école d'Afrique, bien munie, bien commandée, n'ayant alors nulle part son égale; et tous ces résultats obtenus sans avoir une seule fois troublé la paix où le monde se reposait des secousses du commencement du siècle. Voilà, ce me semble, des bienfaits dont, aujourd'hui surtout, nous sentons le prix. Le gouvernement qui peut s'honorer d'avoir laissé la France en pareille position ne doit pas,—quels qu'aient pu être d'ailleurs ses fautes ou ses malheurs,—être inquiet du jugement qui sera porté sur lui.

FIN DU TOME SEPTIÈME

TABLE DES MATIÈRES

LIVRE VII
LA CHUTE DE LA MONARCHIE.
(1847-1848)

 Pages.

Chapitre premier.—une session malheureuse (mars-août 1847)

I. Ébranlement de la majorité. Les conservateurs progressistes. M. Duvergier de Hauranne et sa proposition de réforme électorale. Elle est repoussée à une grande majorité. La réforme parlementaire est écartée à une majorité moins forte 2

II. Le gouvernement avait-il raison de se refuser absolument à toute réforme? Il est accusé d'un parti pris d'immobilité. Le Roi est pour beaucoup dans cette immobilité. Lassitude de M. Duchâtel. Il désire que le ministère cède la place à d'autres 12

III. Échecs infligés par la Chambre à plusieurs ministres. On reconnaît la nécessité de remplacer trois d'entre eux. Affaiblissement résultant de cette crise partielle 20

IV. La mauvaise récolte. Désordres amenés par la crainte de la disette. Embarras monétaires. Trouble jeté dans les affaires de chemins de fer. Contre-coup sur les finances de l'État. Conséquences politiques de ce malaise économique 25

V. Projet de M. de Salvandy sur l'enseignement secondaire. Son avortement. M. de Montalembert et M. Guizot à la Chambre des pairs 35

VI. L'apologétique révolutionnaire. Les histoires de MM. Louis Blanc et Michelet. Les Girondins de Lamartine. État d'esprit de l'auteur. Caractère du livre. Effet produit par sa publication 41

VII. La campagne de corruption. Premières révélations sur l'affaire Cubières. Dénonciations de M. de Girardin et débats qui en résultent. Vote des «satisfaits» 51

VIII. Mise en accusation de MM. Teste, Cubières, Pellapra et Parmentier. Le procès. M. Teste convaincu de son crime. Condamnation 59

IX. Effet produit dans le public par le procès Teste. M. Guizot s'explique, à la Chambre des pairs, sur l'accusation de corruption 68

X. La session finit tristement. Gémissement des amis du cabinet. Cause et caractère du mal 73

Chapitre II.—la campagne des banquets (juillet-décembre 1847) 78

I. L'opposition veut provoquer dans le pays une agitation sur la question de la réforme. Alliance des dynastiques et des radicaux. On décide de lancer une pétition et d'organiser un banquet 78

II. Le banquet du Château-Rouge. Les discours. Omission du toast au Roi 83

III. Banquet de Mâcon offert à M. de Lamartine, pour célébrer le succès des Girondins. Le cri de la réforme paraît être sans écho dans le pays 87

IV. Assassinat de la duchesse de Praslin. Effet produit sur l'opinion. Suicide du duc de Praslin. Rapport de M. Pasquier. Tristesse et inquiétude générales. Pressentiments de révolution. M. Guizot président du conseil 90

V. Les banquets deviennent plus nombreux à partir de la fin de septembre. Caractère factice de cette agitation. Les radicaux prennent de plus en plus la tête du mouvement. Manifestations socialistes. Certains opposants se tiennent à l'écart. Attitude de M. Thiers 100

VI. M. Ledru-Rollin au banquet de Lille. M. Barrot obligé de se retirer. Les opposants dynastiques continuent cependant leur campagne. Banquets d'extrême gauche. Les dynastiques, maltraités par les radicaux extrêmes, sont abandonnés par les radicaux parlementaires. Le banquet de Rouen. Impossibilité de continuer la campagne. Elle est interrompue par l'ouverture de la session. Conclusion 106

Chapitre III.—la france et l'angleterre en espagne, en grèce, en portugal et sur la plata (1847-1848) 115

I. Hostilité persistante de lord Palmerston. Le duc de Broglie ambassadeur à Londres. Sa façon de traiter avec lord Palmerston 115

II. Attitude volontairement réservée du gouvernement dans les affaires espagnoles. Intrigues de Bulwer et scandales du palais de Madrid. Précautions prises par M. Guizot contre un divorce de la Reine. Retour de Narvaez au pouvoir. Échec de la diplomatie anglaise 122

III. En Grèce, lord Palmerston cherche à renverser Colettis. Difficultés qu'il lui suscite. Le gouvernement français défend le ministre grec. Habileté de Colettis. Sa mort. Attitude plus réservée de la diplomatie française 134

IV. La guerre civile en Portugal. Lord Palmerston, après avoir repoussé la coopération de la France, est obligé de l'accepter. À la Plata, le plénipotentiaire anglais dénonce arbitrairement l'action commune avec la France. Lord Palmerston, qui avait d'abord approuvé son agent, est contraint de le désavouer 143

Chapitre IV.—la france et les agitations en europe (1847-1848) 149

I. Les agitations en Europe, au commencement de 1847. C'est pour le gouvernement français l'occasion d'un grand rôle. Comment il est amené à se rapprocher de l'Autriche et à lui proposer une entente. Rapports directs entre M. Guizot et M. de Metternich. Cette évolution convenait-elle à la situation faite à la France? 150

II. Fermentation libérale en Allemagne. État d'esprit complexe et troublé de Frédéric-Guillaume IV. Ses rapports avec M. de Metternich. Il convoque une diète des États du royaume. Impulsion ainsi donnée au mouvement libéral et unitaire en Allemagne. M. Guizot comprend le danger qui en résulte pour la France. Il provoque sur ce point une entente avec l'Autriche. Ombrages de la presse allemande. Le public français moins clairvoyant que son gouvernement 161

III. Les menées des radicaux en Suisse. Lucerne appelle les Jésuites. Attaque des corps francs contre Lucerne. Le gouvernement français se refuse aux démarches comminatoires demandées par le cabinet de Vienne. Constitution du Sonderbund. Le gouvernement français persiste à repousser les mesures pouvant conduire à une intervention armée. Conseils qu'il fait donner à la Suisse. Les radicaux finissent par conquérir la majorité dans la diète fédérale 172

IV. Violents desseins des radicaux suisses. La France écarte une fois de plus les propositions de l'Autriche. Elle essaye, sans succès, d'amener l'Angleterre à tenir le même langage qu'elle à Berne. La diète décrète l'exécution fédérale contre le Sonderbund 181

V. L'Europe va-t-elle laisser faire les radicaux? En réponse à une ouverture venue de Londres, M. Guizot propose aux puissances d'offrir leur médiation, et leur soumet un projet de note. Lord Palmerston, après avoir fait attendre sa réponse, rédige un contre-projet. Le gouvernement français consent à le prendre en considération. Il obtient de lord Palmerston certaines modifications de rédaction et fait adopter ce contre-projet amendé par les représentants des puissances continentales. Pendant ce temps, le Sonderbund est complètement vaincu par l'armée fédérale. La diplomatie anglaise a pressé sous main les radicaux d'agir. Lord Palmerston estime qu'il n'y a plus lieu de remettre la note. Triomphe insolent des radicaux. La France n'a pas fait jusqu'alors une brillante campagne 185

VI. Les puissances continentales, désireuses de prendre leur revanche en Suisse, attendent l'initiative de la France. M. Guizot comprend l'importance du rôle qui lui est ainsi offert. Il est résolu à le remplir, malgré les hésitations qui se manifestent autour de lui. Il renonce à la conférence et la remplace par une note concertée et une entente générale avec les cours continentales. Le comte Colloredo et le général de Radowitz sont envoyés en mission à Paris. Leur accord avec M. Guizot. Isolement de l'Angleterre. La note est remise à la diète suisse, et l'on se réserve de décider ultérieurement les autres mesures à prendre. En février 1848, la direction de l'action européenne en Suisse est aux mains de la France 203

VII. L'Italie, qui paraissait sommeiller depuis 1832, commence à se réveiller avec les écrits de Gioberti, Balbo et d'Azeglio. Élection de Pie IX. L'amnistie. Effet produit à Rome et dans toute la Péninsule. Dangers résultant de l'inexpérience du Pape et de l'excitation de la population. Premières réformes accomplies à Rome. Leur contre-coup en Italie. Le mouvement en Toscane. Charles-Albert, son passé, ses sentiments, son caractère. Son impression à la nouvelle des premières mesures de Pie IX 219

VIII. Politique du cabinet français en face du mouvement italien. Il veut empêcher à la fois que ce mouvement ne s'arrête devant la résistance réactionnaire et qu'il ne dégénère sous la pression révolutionnaire. Ses conseils au gouvernement pontifical. Il cherche à constituer en Italie un parti modéré. Il met en garde les Italiens contre le danger d'un bouleversement territorial et d'une attaque contre l'Autriche. La France et l'Autriche dans la question italienne. Dans quelle mesure et sur quel terrain elles pouvaient se rapprocher. M. Guizot expose à la tribune sa politique 230

IX. Occupation de Ferrare par les Autrichiens. Effet produit à Rome et dans le reste de la Péninsule. Embarras qui en résulte pour la politique du gouvernement français. Ses conseils à Vienne et à Rome. Il est assez bien écouté à Vienne. En Italie, au contraire, les esprits se montent contre lui. Comment M. Guizot répond à cette ingratitude. Contre-coup sur l'opinion en France. M. Guizot et le prince de Joinville. Arrangement de l'affaire de Ferrare 244

X. Lord Palmerston excite les Italiens contre la France. Au fond, cependant, il ne veut pas faire plus que nous contre l'Autriche. Mission de lord Minto 265

XI. L'excitation croissante des esprits n'est pas favorable au mouvement sagement réformateur. Pie IX réunit la Consulte d'État. Conseils du gouvernement français. Scènes de désordres à Rome. Situation inquiétante de la Toscane. En Piémont, Charles-Albert accorde des réformes, mais s'effraye de l'agitation qu'elles provoquent. M. de Metternich voit les choses très en noir et se tourne de plus en plus vers la France. Le cabinet de Paris se prépare à intervenir 272

XII. L'agitation dans le royaume des Deux-Siciles. Ferdinand II accorde une constitution. Le roi de Sardaigne et le grand-duc de Toscane obligés de suivre son exemple. Embarras du Pape. Sages conseils de notre diplomatie. Action contraire de la diplomatie anglaise. La Prusse et la Russie prennent une attitude menaçante envers l'Italie. L'Autriche se plaint de lord Palmerston et se loue de M. Guizot. Position de la France dans les affaires italiennes au moment où la révolution de Février vient tout bouleverser. Conclusion générale sur la politique étrangère de la monarchie de Juillet à la veille de sa chute 285

Chapitre V.—le duc d'aumale gouverneur de l'algérie (1847-1848) 304

I. Le duc d'Aumale et le maréchal Bugeaud. Attaques contre la nomination du prince au gouvernement de l'Algérie. Ses rapports avec Changarnier, La Moricière et Bedeau. Ce qu'il fait pour l'administration civile de l'Algérie et pour le gouvernement des indigènes 304

II. Les hostilités éclatent entre l'empereur du Maroc et Abd el-Kader. L'émir, vaincu, engage les siens à se soumettre à la France. Après avoir essayé de gagner le désert, il prend le parti de se rendre à La Moricière. Conditions de la reddition. Le duc d'Aumale les approuve. Ses entrevues avec l'émir. Hommage rendu par le duc d'Aumale au maréchal Bugeaud. L'engagement pris envers Abd el-Kader est critiqué en France. Attitude du gouvernement en présence de cet engagement. Il se décide à le ratifier, sauf à obtenir certaines garanties nécessaires à la sécurité de la colonie. Grand effet produit en Algérie par la reddition d'Abd el-Kader. Projets du duc d'Aumale. 310

Chapitre VI.—la dernière session (décembre 1847, février 1848) 323

I. Malaise des esprits. N'aurait-il pas mieux valu changer le cabinet? Le Roi rebute ceux qui lui donnent ce conseil. Madame Adélaïde. La famille royale. Raisons pour lesquelles M. Guizot ne veut pas quitter le pouvoir. Sa conversation avec le Roi. État d'esprit de M. Duchâtel. Les opposants ne croient pas à la possibilité d'une révolution 323

II. Le discours du trône. Irritation de l'opposition. La majorité paraît compacte 342

III. L'adresse à la Chambre des pairs. Le débat sur l'Italie. M. Guizot expose sa politique. Le débat sur la Suisse. Discours de M. de Montalembert 345

IV. À la Chambre des députés, attaque sur l'affaire Petit. Réponse de M. Guizot 354

V. L'adresse au Palais-Bourbon. La question budgétaire. M. Thiers et M. Duchâtel. Quelle est la véritable situation des finances? Le bilan du règne 358

VI. L'amendement sur la question de moralité. Discours de M. de Tocqueville. Discussion scandaleuse 364

VII. Le débat sur les affaires étrangères. Dans la question italienne, M. Guizot a un avantage marqué sur M. Thiers. Discours révolutionnaire de M. Thiers sur la Suisse. Fatigue de M. Guizot. L'opposition le croit physiquement abattu. Il parle avec un succès éclatant sur la nomination du duc d'Aumale 369

VIII. La question de la réforme. Beaucoup de conservateurs voudraient qu'on «fît quelque chose». Le projet de banquet du XIIe arrondissement. Défis portés, à la tribune, par les opposants. Réponses de M. Duchâtel et de M. Hébert. Les amendements Darblay et Desmousseaux de Givré. L'article additionnel de M. Sallandrouze. Déclaration un peu ambiguë de M. Guizot. Il a agi malgré le Roi. Le ministre l'emporte au vote, mais il sort affaibli de cette discussion 377

Chapitre VII.—la révolution (février 1848) 394

I. Dans une réunion de l'opposition parlementaire, résolution est prise d'assister au banquet. Agitation qui en résulte. Il est question d'une procession populaire devant accompagner les députés. Dispositions de la garde nationale. Nouvelle réunion où les députés décident de se rendre en corps au banquet. Optimisme du Roi. Les radicaux ne croient pas à une révolution 395

II. Les inquiétudes ressenties dans les deux camps conduisent à chercher une transaction. Arrangement conclu entre les représentants du ministère et ceux de l'opposition. Il en résulte une certaine détente 406

III. Publication du programme de la manifestation, rédigé par M. Marrast. Le gouvernement estime que cette publication rompt l'accord, et prend des mesures en conséquence. Court débat à la Chambre. Embarras de l'opposition, qui renonce au banquet et à la manifestation. Réunions dans les bureaux du Siècle et dans ceux de la Réforme. Le gouvernement, rassuré, contremande pendant la nuit les mesures militaires qu'il avait ordonnées 411

IV. La journée du 22 février. Attroupements sur la place de la Concorde et envahissement du Palais-Bourbon. Échauffourées. Les députés préparent la proposition de mise en accusation. Elle est déposée à la séance de la Chambre par M. Barrot. Les désordres s'aggravent. Faiblesse du commandement militaire. On ne se décide pas à appeler je maréchal Bugeaud. Le duc de Nemours. Dans la soirée, ordre d'occuper militairement la ville 422

V. Le 23 au matin, l'émeute reparaît. La garde nationale manifeste en faveur de la réforme et prend l'émeute sous sa protection 432

VI. Effet produit à la cour et sur Louis-Philippe par la défection de la garde nationale. Conversations du Roi avec M. Duchâtel et M. Guizot. Retraite du cabinet. Émotion de la Chambre. Qui est responsable de cette retraite? 438

VII. M. Molé est chargé de former un cabinet. Accueil fait à cette nouvelle. Démarches de M. Molé. En attendant, ne conviendrait-il pas de donner le commandement au maréchal Bugeaud? La fusillade du boulevard des Capucines. Qui avait tiré le premier coup de feu? La promenade des cadavres. M. Molé renonce à former un cabinet. Le Roi fait appeler M. Thiers au milieu de la nuit, mais, auparavant, nomme le maréchal Bugeaud au commandement supérieur des troupes et de la garde nationale 449

VIII. Bugeaud arrive à l'état-major le 24, vers deux heures du matin. Les mesures qu'il prend. Conversation du Roi avec M. Thiers. Ce dernier est chargé de former un ministère dont fera partie M. Odilon Barrot. Ses démarches pour réunir ses collègues. Les colonnes formées par Bugeaud se mettent en mouvement entre cinq et six heures du matin. Bedeau s'arrête devant la barricade du boulevard Saint-Denis et envoie demander de nouvelles instructions à l'état-major. Bugeaud donne l'ordre de suspendre les hostilités. Comment y a-t-il été amené? M. Thiers et ses nouveaux collègues sont reçus par le Roi. La Moricière à la tête de la garde nationale. Entrevue des ministres et de Bugeaud 460

IX. Retraite lamentable de la colonne du général Bedeau. Bugeaud mal reçu par la garde nationale. M. Barrot et le général de la Moricière vont annoncer dans la ville le nouveau ministère. Leur insuccès. Alerte aux Tuileries. Progrès de l'émeute. Elle n'a toujours ni direction ni chef. Elle s'empare de l'Hôtel de ville. Le Roi essaye de passer en revue les forces réunies sur la place du Carrousel 475

X. Les Tuileries sont menacées. Le cabinet du Roi. M. Crémieux demande le changement de M. Thiers et du maréchal Bugeaud. M. Barrot président du conseil. On commence à parler d'abdication. Démarche de M. de Girardin. Le Roi dit: «J'abdique». Attitude de la Reine. Le Roi écrit son abdication. L'émeute n'en est pas désarmée. Départ du Roi 484

XI. Le duc de Nemours prend en main le commandement. La duchesse d'Orléans quitte les Tuileries. Le duc de Nemours veut l'emmener au Mont-Valérien. La duchesse va à la Chambre 497

XII. État d'esprit des députés. M. Thiers, absolument découragé, ne fait que traverser le Palais-Bourbon. M. Odilon Barrot n'y vient pas. Délégation du National. Lamartine promet son concours à la République 501

XIII. La duchesse d'Orléans dans la Chambre. M. Sauzet veut la faire sortir. Elle s'y refuse. MM. Marie et Crémieux proposent la nomination d'un gouvernement provisoire. M. Odilon Barrot, qui vient seulement d'arriver, prend la parole. La duchesse veut parler, mais sa voix est étouffée. Première invasion du peuple. Discours de M. Ledru-Rollin et de M. de Lamartine. Seconde invasion. Fuite des députés et de la famille royale, domination à la criée des membres du gouvernement provisoire 506

XIV. D'où venaient les envahisseurs? Les troupes les ont laissés passer malgré les ordres réitérés du duc de Nemours. Toutes les troupes qui occupent encore quelque point dans Paris rentrent dans leurs casernes, souvent en se laissant désarmer. Derniers et vains efforts de M. Odilon Barrot. La duchesse d'Orléans et le duc de Nemours aux Invalides 514

XV. La duchesse d'Orléans et le duc de Nemours quittent la France. Après beaucoup de traverses, le Roi et la Reine s'embarquent pour l'Angleterre. Départ d'Algérie du prince de Joinville et du duc d'Aumale 521

XVI. Conclusion 525

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

Notes

1: Lettre à M. de Flahault, du 24 février 1847. (Documents inédits.)

2: Sur les circonstances dans lesquelles M. Hébert avait été nommé procureur général, voir plus haut, t. V, p. 12.

3: C'est le chiffre que répétera M. de Forcade en 1849.

4: Voir plus haut, t. IV, ch. II, § IX.

5: Voir plus haut, t. V, ch. I, § IX.

6: John Morley, The Life of Richard Cobden, t. I, p. 417.

7: Le Journal des Débats fit vivement campagne dans ce sens. «La proposition n'est pas sérieuse, déclarait-il. Toute la question est de savoir si la majorité se prêtera chrétiennement à entendre les injures qu'on veut lui dire. Nous ne croyons pas, quant à nous, qu'il soit nécessaire de pousser la mansuétude jusque-là.»

8: Voir ce qui a été déjà dit des arguments invoqués pour ou contre cette réforme, t. IV, ch. II, § VI.

9: M. de Viel-Castel écrivait sur son journal intime, à la date du 25 avril 1847: «Lorsqu'on s'entretient en particulier avec les conservateurs les plus prononcés, à peine en trouve-t-on qui ne conviennent qu'il est urgent d'apporter une barrière à l'envahissement progressif des fonctions publiques par les députés. Seulement ils varient sur les mesures à prendre.» (Documents inédits.)

10: Voir plus haut, t. V, p. 29 et 30.

11: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 91.

12: M. Guizot s'est exprimé en ces termes, sur la tombe de M. Duchâtel: «... En même temps qu'il faisait preuve de ces rares qualités de l'esprit, il déployait la grande qualité du caractère; il était un parfait homme d'honneur, dans l'acception la plus stricte et la plus élevée du mot, constamment fidèle à ses opinions, à sa cause, à ses amis, malgré les dissentiments particuliers qui naissent quelquefois, entre amis, dans la vie politique.»

13: Voir plus haut, t. V, p. 433, 434.

14: «C'est jouer gros jeu pour peu de chose, disait M. Duchâtel dans son intimité; c'est sacrifier à des satisfactions de famille et à un éclat apparent les sérieux intérêts du pays... Se brouiller avec l'Angleterre, à moins que l'honneur de la France ne le commande impérieusement, jamais il n'y faut consentir, et aujourd'hui moins que jamais. N'avons-nous pas assez de nos révolutionnaires, sans nous mettre encore sur les bras tous ceux qu'elle peut lancer dans toutes les parties du monde?» (Notice sur M. Duchâtel par M. Vitet.)

15: M. Génie, chef de cabinet de M. Guizot, écrivait, quelques jours plus tard, à M. de Jarnac: «On savait bien qu'il y avait eu quelques échecs personnels; que tout le monde ne s'en était pas relevé; que deux, ou trois, ou quatre membres du cabinet étaient blessés; mais on se faisait illusion sur la gravité des atteintes, et l'on croyait qu'il serait possible de traverser la session sans le modifier.» (Lettre du 13 mai 1847, Documents inédits.)

16: Lettre du 6 mai 1847. (Documents inédits.)

17: Documents inédits.

18: Documents inédits.

19: Voici, en effet, quelles avaient été les modifications ministérielles depuis le 29 octobre 1840: M. Lacave-Laplagne avait remplacé, en 1842, M. Humann, décédé; en 1843, l'amiral Roussin avait remplacé l'amiral Duperré, qui se retirait pour cause de santé; il avait lui-même, au bout de quelques mois, cédé la place à l'amiral de Mackau; dans la même année, une question toute personnelle, nullement politique, avait fait remplacer M. Teste par M. Dumon; en 1845, M. Villemain, malade, avait été remplacé par M. de Salvandy, et le maréchal Soult, fatigué, avait remis le portefeuille de la guerre au général Moline de Saint-Yon. Enfin, au commencement de 1847, M. Hébert avait remplacé M. Martin du Nord, décédé.

20: Lettre du 13 mai 1847. (Documents inédits.)

21: Lettre du 28 mai 1847. (Documents inédits.)

22: Cf. plus haut, t. VI, ch. II.

23: Sur cet incident et sur l'impression qu'il causa dans le monde politique, voir plus haut, t. VI, p. 329.

24: Voir plus haut, t. VI, p. 32 à 36.

25: Voir plus haut, t. VI, ch. II, § III.

26: Ces deux dernières causes élevèrent le budget de la guerre de 302 millions, qui était le chiffre de 1845, à 331 en 1846, et à 349 en 1847, et le budget de la marine de 114 millions, chiffre de 1845, à 130 en 1846 et 133 en 1847.

27: Le déficit du budget ordinaire de 1847 devait être de 109 millions; il eût été plus fort encore, sans l'amélioration notable qui se produira dans la seconde moitié de l'année.

28: Voir plus haut, t. VI, p. 44 et 45.

29: Voir les rapports de M. Bignon sur le budget des dépenses, et celui de M. Vuitry sur le budget des recettes, à la Chambre des députés. Voir aussi le rapport de M. d'Audiffret, à la Chambre des pairs.

30: Telles furent notamment la réforme postale et la réduction de l'impôt du sel, qui étaient vivement désirées par la Chambre.

31: Voir plus haut, t. V, ch. VIII.

32: Voir plus haut, t. V, p. 578.

33: Voir plus haut, t. V, ch. III, § II.

34: Le second tome de M. Louis Blanc paraîtra le 31 octobre 1847, et l'ouvrage, qui ne comprend pas moins de douze volumes, ne sera complet qu'en 1862. Le second tome de M. Michelet sera publié le 20 novembre 1847, et l'ensemble de l'ouvrage, comprenant sept volumes, sera terminé en 1853.

35: Cf. plus haut, t. VI, ch. III, § VI.

36: Cf. plus haut, t. V, ch. VIII, § VI.

37: On ne peut pas prendre au sérieux l'historiette rapportée par M. Michelet, en 1869, pour expliquer sa résolution. Il raconte que, visitant un jour la cathédrale de Reims, il avait vu, à l'extérieur de l'une des tours, une guirlande de suppliciés, tous hommes du peuple. «Je ne comprendrai pas les siècles monarchiques, s'écria-t-il à cette vue, si d'abord, avant tout, je n'établis en moi l'âme et la foi du peuple.» Et ce fut sous cette inspiration qu'il se décida soudainement à entreprendre l'histoire de la Révolution française.

38: Voir t. V, chap. III, § III.

39: On trouve les aveux suivants, à toutes les pages de sa correspondance: «Je suis mal vu; on a peur de moi...—Le monde ne veut pas de moi...—Je n'ai pas un adhérent...—On ne veut pas de moi.» (Lettres du 2 février, du 14 juillet 1844; du 22 juin et du 29 octobre 1845.)

40: Lettre du 10 février 1843.

41: Lettre de 1844.

42: Lettre d'avril 1846.

43: Lettre du 19 septembre 1845. (X. Doudan, Mélanges et lettres, t. II, p. 74.)

44: Un observateur clairvoyant et désintéressé, M. Sainte-Beuve, notait en 1846: «L'autorité de Lamartine, auprès des esprits réfléchis, n'a pas gagné dans ces dernières années; il n'a pas même acquis grand crédit au sein de la Chambre, malgré toute son éloquence; mais, au dehors et sur le grand public vague, son renom s'étend et règne de plus en plus; il le sait bien, il y vise, et bien souvent, quand il fait ses harangues à la Chambre, qui se montre distraite ou mécontente, ce n'est pas à elle qu'il s'adresse, c'est à la galerie, c'est aux gens qui demain le liront. Je parle par la fenêtre, dit-il expressivement.» (Notes et Pensées, Causeries du lundi, t. XI, p. 458.)

45: «Ce pays est mort, écrit-il le 7 juillet 1845; rien ne peut le galvaniser qu'une crise. Comme honnête homme, je la redoute; comme philosophe, je la désire.»

46: Voici en quelles circonstances fut tenu ce propos. Un libraire en quête d'un article sur Jésus-Christ, pour je ne sais quelle publication, était venu le demander à M. Cousin. Celui-ci refusa. L'éditeur se retirait désolé; il avait déjà descendu plusieurs marches de l'escalier, lorsque M. Cousin, se penchant sur la rampe, rappela l'éditeur et lui dit gaiement: «Allez voir Lamartine: il vous le fera; il brûle de se compromettre.» (Souvenirs sur Lamartine, par Charles Alexandre, p. 5 et 6.)

47: Ronchaud, La Politique de Lamartine, t. I, p. LIX.

48: M. de Lamartine, causant avec M. de Carné, quelques mois après la publication des Girondins, lui disait: «Si l'on m'applaudit, c'est que j'accomplis une œuvre de tardive justice; c'est que, sans faire l'apologie ni des crimes ni des criminels, ainsi qu'on m'en accuse, je montre que nos malheurs n'ont pas été perdus pour l'humanité, et que les principaux acteurs du drame, cédant parfois à la violence de leurs passions, mais pénétrés de la foi qui fait les martyrs, ont poursuivi des vérités fécondes, en y risquant jusqu'à l'honneur de leur mémoire. S'il a pu m'arriver de les grandir, c'est que j'ai cherché à saisir toujours les idées sous les hommes, et cela beaucoup moins dans l'intérêt de la renommée de ceux-ci qu'au profit de la Révolution, dont la cause est désormais inséparable de celle de la France.» (Correspondant du 10 décembre 1873.)—Plus tard, en 1861, M. de Lamartine, reconnaissant tardivement le péril et l'injustice de son œuvre, a fait son meâ-culpâ dans la Critique de l'Histoire des Girondins.

49: Voir, par exemple, une lettre de M. Doudan du 26 mars 1847 (Mélanges et lettres, t. II, p. 115), et une Lettre parisienne du vicomte de Launay (Mme de Girardin), en date du 4 avril 1847 (t. IV, p. 237).

50: Lettre du 20 mars 1847.

51: Conversation avec M. Sainte-Beuve, rapportée par M. de Mazade. (Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1870, p. 599.)

52: Voir plus haut, t. VI, ch. I, § III.

53: 10 mai 1847.

54: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

55: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

56: M. Teste vécut encore quelques années, après sa sortie de prison; il mourut en 1854. Le général Cubières obtint de la cour de Rouen, le 17 août 1852, un arrêt de réhabilitation, rendu par application de l'article 619 du Code d'instruction criminelle, et mourut l'année suivante. M. Parmentier ne survécut que six mois à sa condamnation.

57: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.

58: National du 18 juillet 1847.

59: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

60: Lettre du 8 juillet 1847. (Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 249.) Plus tard, après la révolution de Février, le 15 avril 1848, M. Guizot, revenant sur son état d'esprit à la fin de la session de 1847, écrivait à M. de Barante: «J'étais très fatigué, moralement surtout, fatigué et triste, non que je prévisse ce qui est arrivé, mais je me sentais engagé dans une lutte que le succès aggravait au lieu d'y mettre fin, indéfiniment aux prises avec les erreurs vulgaires et les passions basses. Je me relève de ce pénible état d'âme.» (Documents inédits.)

61: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 44.

62: Discours du 2 août 1847 à la Chambre des pairs.

63: Lettre du 25 juin 1847, adressée à M. Panizzi.

64: De la situation actuelle, par M. d'Haussonville, Revue des Deux Mondes du 1er juillet 1847.

65: Livraison du 1er août 1847.

66: Articles du 28 et du 31 juillet 1847.

67: Journal inédit de M. de Viel-Castel, 11 août 1847.

68: Lettre de M. de Barante à M. Guizot, du 8 septembre 1847. (Documents inédits.)

69: Lettre du même à M. d'Houdetot, en date du 25 septembre 1847. (Documents inédits.)

70: Notice de M. Vitet sur M. Duchâtel.

71: J'ai déjà eu l'occasion de noter que, dès avant cette époque, M. de Montalembert, mieux au courant que la plupart de ses compatriotes de ce qui se passait en Angleterre, s'était inspiré des exemples de M. Cobden et de sa ligue pour organiser le parti catholique. (Voir plus haut, t. V, p. 485.)

72: John Morley, The Life of Richard Cobden, t. I, p. 417.

73: Les meneurs ne perdaient pas cependant de vue ce projet. M. Duvergier de Hauranne y faisait allusion dans la brochure qu'il publia, en janvier 1847, sous ce titre: De la réforme parlementaire et de la réforme électorale. «Au point où les choses en sont venues, disait-il, il serait insensé de rien attendre de la majorité parlementaire. C'est au pays qu'il convient de parler.» Et il expliquait la légitimité de cet «appel à l'opinion du dehors contre l'opinion du dedans». Gourmandant la mollesse de ses amis, il leur rappelait comment, en Angleterre, l'agitation extérieure avait imposé la réforme électorale en 1831, la réforme commerciale en 1846; il leur proposait l'exemple des hommes politiques d'outre-Manche, sachant quitter «leur vie de château si splendide, si séduisante, pour parcourir les comtés, pour présider les réunions publiques, pour assister aux banquets politiques, pour éclairer, pour ranimer toujours et partout l'opinion». «Si O'Connell, ajoutait-il, pendant le cours de sa longue vie, fût resté muet et oisif, croit-on qu'il eût arraché aux préjugés, à l'orgueil anglais, l'émancipation catholique d'abord, et bientôt sans doute l'égalité des deux peuples? Si Villiers, Cobden, Bright se fussent bornés à quelques discours en plein parlement, croit-on qu'ils eussent fait capituler le ministère et soumis, réduit l'aristocratie territoriale?... Ce sont là les vraies mœurs, les vraies habitudes du gouvernement représentatif. Ces mœurs, ces habitudes sont-elles les nôtres, à nous qui n'avons pas même su opposer nos banquets d'opposition aux banquets ministériels de MM. Guizot, Duchâtel et Lacave-Laplagne?»

74: Dans cette brochure, M. Duvergier de Hauranne précisait ainsi sur quel terrain pouvait se faire l'alliance: «Les radicaux pensent que, dans une société démocratique comme la société française, le pouvoir royal et le pouvoir parlementaire ne peuvent exister à la fois, et que l'un doit nécessairement tuer l'autre; ils pensent, dès lors, que la monarchie constitutionnelle doit périr, non par les tentatives violentes de ses ennemis, mais par ses propres fautes, par ses propres imperfections, par ses propres impossibilités. Les constitutionnels nient qu'il en soit ainsi, et soutiennent que, sans dépouiller le pouvoir royal de ses justes prérogatives, le pouvoir parlementaire, une fois établi, peut très bien prendre sa place et se faire respecter. Il y a là, entre les constitutionnels et les radicaux, une question dont l'avenir seul est juge. Mais, pour qu'elle puisse se juger, il est une condition préliminaire: c'est que le pouvoir royal n'absorbe pas le pouvoir parlementaire, que celui-ci se ranime au sein d'une majorité indépendante et libérale. Constitutionnels et radicaux ont donc provisoirement le même intérêt et doivent avoir le même but.»

75: À entendre M. Garnier-Pagès, présent à toutes ces réunions, c'est M. Pagnerre qui aurait, le premier, songé à un banquet. (Histoire de la révolution de 1848, 2e édit., t. I, p. 98.) M. Duvergier de Hauranne, qui avait pris à ces préliminaires une part peut-être plus active encore, affirme, au contraire, que le banquet fut proposé par les députés. (Notes inédites.) M. Élias Regnault, qui fut secrétaire du Comité central, affirme que l'idée du banquet fut mise en avant par M. Duvergier de Hauranne. (Histoire du gouvernement provisoire, p. 19.)

76: Voir plus haut, t. IV, ch. II, § IX.

77: Garnier-Pagès, Histoire de la révolution de 1848, t. I, p. 100.

78: M. Doudan écrivait plaisamment à ce sujet, le 27 juillet 1847: «Dans l'ordre de la déclamation, cet homme est le père des fleuves. Il a fait feu supérieur contre un orage épouvantable et une pluie diluvienne. Le tonnerre a dû se retirer tout mouillé et bien attrapé d'avoir trouvé son maître.»

79: Lettre du 17 août 1847.

80: La Chambre des députés finit ses travaux le 26 juillet. La clôture officielle de la session ne fut, il est vrai, prononcée que le 9 août, pour laisser le temps à la Chambre des pairs de voter le budget.

81: Mémoires de M. Dupin, t. IV, p. 384.

82: Cet article portait: «Aucun pair ne peut être arrêté que de l'autorité de la Chambre et jugé que par elle en matière criminelle.»

83: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

84: «Le misérable duc, écrivait M. Pasquier à M. de Barante, le 14 septembre 1847, en tranchant son existence, nous a, pour quelques moments, mis dans une difficile situation; mais au fond le dénouement a peut-être encore été le moins malheureux auquel on fût exposé, car le jugement et surtout l'exécution auraient pu causer une bien grande émotion populaire. Mais il a eu, pour moi, l'inconvénient de m'imposer la nécessité de me faire l'organe de la vindicte publique et de prononcer, après sa mort, l'arrêt qui ne devait régulièrement l'atteindre que vivant. Cette irrégularité a été, heureusement, fort bien accueillie par les principaux organes de l'opinion.» (Documents inédits.)

85: «Décidément l'année est néfaste, écrivait M. Léon Faucher, le 3 septembre 1847; la société, comme une machine usée, se détraque.» (Léon Faucher, Biographie et correspondance, t. I, p. 202.)

86: Correspondance inédite d'Alexis de Tocqueville, t. II, p. 132.

87: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

88: Madame la duchesse d'Orléans, p. 114.

89: En mars 1848, M. Sainte-Beuve écrivait: «La révolution à laquelle nous assistons est sociale plus encore que politique; l'acte de M. de Praslin y a contribué peut-être autant que les actes de M. Guizot.» (Notes ajoutées à la nouvelle édition des Portraits contemporains, t. I, p. 377.)]

90: M. Doudan écrivait, le 27 juillet 1847, au prince Albert de Broglie: «Les gens timides qui ont les oreilles fines disent qu'on entend de sourdes rumeurs dans les bas-fonds de la société, que le mécontentement est grand, et qu'un matin nous nous réveillerons en révolution. Ou fait remarquer que ces grandes secousses arrivent communément au moment qu'on s'y attend le moins, et, à ces signes, je reconnais qu'en effet l'heure est venue.» (X. Doudan, Mélanges et lettres, t. II, p. 120.)

91: Mme de Girardin écrivait, dans sa Lettre parisienne du 11 juillet 1847: «Oh! que c'est ennuyeux! encore des révolutions! Depuis quinze jours, on n'entend que des gémissements politiques, des prédictions sinistres; déjà des voix lugubres prononcent les mots fatals, les phrases d'usage, formules consacrées, présages des jours orageux: L'horizon s'obscurcit!—Une crise est inévitable!—Une fête sur un volcan!—Nous sommes à la veille de grands événements!—Tout cela ne peut finir que par une révolution!—Les uns, précisant leur pensée, disent: Nous sommes en 1830! Les autres, renchérissant sur la prédiction, s'écrient: Que dites-vous? bien plus! nous sommes en 1790.» Et la chronique continuait sur ce ton. (Lettres parisiennes du vicomte de Launay, t. IV, p. 259.)

92: Lettre du 18 août 1847. (Documents inédits.)

93: Œuvres d'Alexis de Tocqueville, t. VII, p. 231.

94: Correspondance inédite d'A. de Tocqueville, t. II, p. 132.

95: Cité dans un article de M. A. Gigot, Correspondant du 10 décembre 1860.

96: Le maréchal Bugeaud, par d'Ideville, t. III, p. 201.

97: Lettre du 15 septembre 1847. (Documents inédits.)

98: Déjà, en 1845, par la même raison, le maréchal avait déposé le portefeuille de la guerre; mais il avait conservé alors la présidence du conseil.

99: Citons, par exemple, dans ce dernier ordre d'idées, cette délibération du conseil général du Nord: «Le conseil général, douloureusement affligé des scandales qui, depuis quelque temps, se sont révélés dans diverses parties du service public, émet le vœu que le gouvernement se montre animé, dans le choix de ses agents, de ces sentiments de probité et de haute moralité qui seuls peuvent donner à l'administration cette influence légitime qu'elle doit exercer dans l'intérêt de tous.»

100: Histoire du gouvernement provisoire.

101: Ainsi apparut-il à M. Maxime du Camp. (Souvenirs de l'année 1848, p. 42.)

102: Lettre citée par le feu comte d'Haussonville dans un article sur M. Lanfrey. (Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1880, p. 26.)

103: M. Odilon Barrot dit, dans ses Mémoires (t. I, p. 463): «Le toast au Roi ne fut ni exclu ni imposé.»

104: Léon Faucher, Biographie et correspondance, t. I, p. 208.

105: On se rappelle qu'au banquet du Château-d'Eau, sur 154 députés invités, 86 seulement avaient accepté.

106: M. Guizot en avait parlé à M. le duc d'Aumale, au moment de sa nomination au gouvernement de l'Algérie, et lui avait demandé s'il y aurait quelque objection.

107: C'est ce que dit expressément M. Duvergier de Hauranne, dans l'article qu'il a publié sur M. de Rémusat. (Revue des Deux Mondes du 15 novembre 1875, p. 347.)

108: M. Thiers disait à M. Nisard, le 24 février 1848: «J'ai laissé la conduite des banquets à Barrot. C'est l'homme de ces choses-là, parce qu'il est...» M. Nisard, tout en taisant le mot dont s'était servi M. Thiers, dit que le terme qui s'en rapprochait le plus était celui de «simple d'esprit». (Ægri somnia, ouvrage posthume de M. Nisard.)

109: Sur la fondation de la Réforme, voir plus haut, t. VI, p. 3 et 4.

110: Voir plus haut, t. VI, ch. v et VI.

111: Voir les lettres écrites, le 25 février et le 6 avril 1847, par le roi Léopold à son neveu, le duc régnant de Saxe-Cobourg-Gotha. (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 175 et 181.) J'ai déjà eu, du reste, occasion de noter ces préoccupations chez le roi des Belges. (Voir plus haut, t. VI, p. 283.)

112: Louis-Philippe prisait si haut l'esprit politique du roi des Belges, que, vers la fin de son règne, en face des difficultés croissantes de la situation, il songea à confier à ce prince la régence de la France, pendant la minorité de son petit-fils. Il eut, à ce sujet, avec lui, une correspondance, mais on ne s'entendit pas. «Eh bien, disait assez irrévérencieusement Léopold, en causant de cette affaire avec son neveu, le duc régnant de Saxe-Cobourg, que le bon vieux monsieur mange sa soupe lui-même!» (Aus meinem Leben, etc., t. I, p. 184.) Le roi des Belges, esprit plus avisé que tendre, ne se piquait pas de dévouement envers son beau-père; il cherchait plus à l'exploiter qu'il n'était disposé à le servir, et il ne le ménageait pas, quand il se trouvait avec d'autres Cobourg.

113: Lettre de Louis-Philippe au roi des Belges, en date du 16 février 1847, publiée par la Revue rétrospective.—Lettre de M. Désages à M. de Jarnac, du 3 mai 1847. (Documents inédits.)

114: Revue rétrospective.

115: Lettre du 26 avril 1847. (Documents inédits.) Le duc de Broglie terminait ainsi sa lettre: «Mon rôle dans les affaires publiques a toujours été de me compter pour peu de chose et de ne point viser au succès personnel. Somme toute, je m'en suis bien trouvé, comme il arrive toujours quand on suit ce rôle par instinct et avec persévérance. Je parle quand je crois avoir quelque chose à dire qu'un autre ne dira ni mieux ni aussi bien que moi. J'agis quand je crois que j'ai quelque chose à faire qu'un autre ne peut faire ni mieux ni aussi bien que moi. Passé cela, je me tiens tranquille, et ce que je préfère, c'est la vie privée. Si j'ai tort ou raison dans cette occasion, c'est ce que l'événement décidera; mais je me serai conduit conformément à mon caractère. C'est tout ce qu'il me faut. À soixante et un ans, on n'a plus que cela à faire, même par intérêt.»

116: Le roi des Belges, alors à Windsor, avait averti le duc de Broglie qu'il était «impossible d'ôter de la tête de toutes les personnes tant soit peu influentes en Angleterre, la Reine y comprise, que tout ce qui était arrivé était le résultat d'une vaste machination du gouvernement français». (Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot, du 5 juillet 1847. Documents inédits.)

117: Lettres confidentielles de M. Guizot au duc de Broglie, du 16 juillet et du 6 décembre 1847. (Documents inédits.)

118: Lettre précitée du 16 juillet 1847. (Documents inédits.)

119: Lettre confidentielle du 18 octobre 1847. (Documents inédits.)

120: Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot, du 12 octobre 1847. (Documents inédits.)

121: Dépêche du duc de Broglie à M. Guizot, du 16 septembre 1847.

122: Lettre du 23 septembre 1847. (Documents inédits.)

123: Il s'agit de la lettre dont j'ai cité plus haut, en note, un passage, et où M. de Broglie rapportait une conversation avec le roi des Belges.

124: Cette lettre est de celles que Mme de Witt a publiées dans son intéressant volume, Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis.

125: Voir plus haut, t. VI, p. 262, 263.

126: Discours du 5 mai 1847.

127: Lettre du 2 avril 1847. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 308.)

128: Bulwer, t. III, p. 199, 200.

129: En rapportant ces faits après coup, Bulwer s'étonne des scrupules du peuple espagnol. «C'est un peuple plein de decorum, dit-il. Quelques personnages très considérables et très considérés discutaient gravement s'il y avait lieu de se débarrasser tranquillement du Roi au moyen d'une tasse de café; mais le scandale d'un divorce les choquait.» (Ibid., p. 200.)

130: Sur toutes ces intrigues, voir passim la correspondance de M. Guizot avec ses divers ambassadeurs, et les lettres qu'il recevait du duc de Glucksbierg, chargé d'affaires de France à Madrid. (Documents inédits.) Voir aussi les aveux qui ressortent du récit même de Bulwer. (The Life of Palmerston, t. III, p. 200, 201.)

131: Le duc de Broglie mandait à M. Guizot, le 21 septembre 1847: «Lord John Russell m'a parlé avec découragement de l'Espagne; les attaques contre Bulwer lui sont très sensibles.» Toutefois, notre ambassadeur se rendait compte que, pour voir grandir cette révolte de la conscience anglaise, il fallait à la fois que les menées de Bulwer fussent mises en lumière et que la France s'effaçât. (Lettre du duc de Broglie à son fils, en date du 15 septembre 1847. Documents inédits.)

132: C'était là que demeurait la reine Christine.

133: Lettre du 30 juillet 1847. (Documents inédits.)

134: Lettres de M. Guizot à M. Rossi, du 26 avril et du 3 octobre 1847. (Documents inédits.)

135: Dépêche de M. le duc de Broglie à M. Guizot, du 16 septembre 1847.

136: Lettre particulière de M. Guizot à M. Rossi, du 3 octobre 1847. (Documents inédits.)

137: Lettre particulière de M. Guizot au marquis de Dalmatie, du 4 mars 1847. (Documents inédits.)

138: Correspondance du duc de Glucksbierg, chargé d'affaires de France à Madrid, avec M. Guizot. (Documents inédits.)

139: Lettres de M. Guizot à M. Rossi et au duc de Broglie, en date du 17 octobre 1847. (Documents inédits.)

140: Lettre du duc de Broglie à M. Guizot, en date du 26 octobre 1847. (Documents inédits.)

141: Correspondance du duc de Glucksbierg avec M. Guizot. (Documents inédits.)

142: Documents inédits.

143: Ibid.

144: Ibid.

145: Ibid.

146: Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot, du 5 décembre 1847. (Documents inédits.)

147: Sur les événements de Grèce jusqu'en 1846, voir plus haut, t. VI, ch. IV, § III.

148: Lettre particulière au comte de Flahault. (Documents inédits.)

149: C'était, en effet, le moment où Isabelle mettait violemment ses ministres moderados à la porte, pour les remplacer par les créatures de Bulwer.—Voir la lettre de lord Palmerston à lord Normanby, du 2 avril 1847. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 308.)

150: M. Guizot mentionnait ces intrigues dans une lettre particulière, écrite le 31 mars 1847, au marquis de Dalmatie, ministre de France à Berlin, et il terminait par ces mots: «Il n'y a pas un de ces détails dont je ne sois positivement sûr.» (Documents inédits.)

151: Lettres particulières de M. Guizot au comte de Flahault, en date du 30 mars 1847, et au marquis de Dalmatie, en date du 31 mars. (Documents inédits.) Les affaires de Grèce étaient de celles sur lesquelles, à cette même époque, M. de Kindworth avait mission de proposer une entente à M. de Metternich. (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 389.)

152: Lettre particulière de M. de Flahault à M. Guizot, du 5 avril 1847. (Documents inédits.)

153: Lettre particulière de M. Guizot à M. de Flahault, du 30 mars 1847. (Documents inédits.)

154: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 370.

155: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 389, 390.

156: Lettre du 28 septembre 1847. (Documents inédits.)

157: De Londres, le duc de Broglie écrivait, le 2 novembre 1847, à M. Guizot: «Lord Palmerston a dit à M. de Bunsen que le roi Othon serait bientôt détrôné, qu'une révolution se préparait.» (Documents inédits.)

158: Voir plus haut, p. 132.

159: Passim dans La Grèce du roi Othon, Correspondance de M. Thouvenel avec sa famille et ses amis, publiée par L. Thouvenel.

160: Lettre de M. Désages à M. de Jarnac, 30 juillet 1847. (Documents inédits.)

161: La Grèce du roi Othon, etc., p. 160, 161.

162: Le mot se trouve, par exemple, dans une lettre de M. Thouvenel au prince Albert de Broglie, 19 janvier 1848. (La Grèce du roi Othon, etc., p. 164.)

163: Voir plus haut, t. II, ch. XIV, § V.

164: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 290.

165: Voir la conversation du duc de Broglie et de lord Palmerston, rapportée dans une dépêche du duc à M. Guizot, en date du 29 août 1847.

166: Voir plus haut, t. VI, ch. I, § II.

167: Lettre de M. Désages à M. de Jarnac, du 29 août 1846. (Documents inédits.)

168: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 273.

169: Sur ces négociations, j'ai consulté la correspondance confidentielle échangée entre M. Guizot et le duc de Broglie. (Documents inédits.)

170: Lettre du 22 octobre 1847. (Documents inédits.)

171: Lettres du 10 mars et du 19 juin 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 330 et 333.)—Il y avait longtemps, d'ailleurs, que le chancelier d'Autriche avait, au sujet de cette année 1847, de fâcheux pressentiments. En 1840, peu après la signature de la convention du 15 juillet, on parlait, dans son salon, des préparatifs militaires de la France et des dangers que courait la paix. «Non, dit le prince, la paix ne sera pas troublée cette fois; tout cela se calmera; mais, en 1847, tout ira au diable!» Cette anecdote fut racontée dans les premiers jours de 1848, par la princesse de Metternich, à M. de Flahault, alors ambassadeur de France à Vienne. (Lettre particulière de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 8 janvier 1848. Documents inédits.)

172: Documents inédits.

173: Le Prince Albert, Extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par M. Craven, t. I, p. 212.

174: Voir plus haut, t. VI, chap. V, § 9, et chap. VI, §§ 1 et 8.

175: M. de Metternich écrivait, le 19 avril 1847, au comte Apponyi: «Le cabinet français voudrait établir avec nous une entente. Nous n'aimons pas ce terme, fort discrédité aujourd'hui.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 331.)

176: M. Guizot écrivait, le 31 mars 1847, au marquis de Dalmatie, ministre de France en Prusse: «Vous verrez, à Berlin un Allemand que vous connaissez sûrement, de nom au moins, M. Klindworth. Sachez qu'il voyage pour moi. Au fond, il appartient au prince de Metternich. Ce n'est pas une raison pour que je ne m'en serve pas.» (Documents inédits.)

177: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 388.

178: Voir notamment les lettres de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 19 avril et du 25 mai 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 331 à 333.)

179: Lettre et dépêche du 12 et du 19 avril 1847, de M. de Metternich au comte Apponyi. (Mémoires de M. de Metternich, p. 388 à 395.)

180: M. Guizot écrivait au duc de Broglie, le 3 décembre 1847: «Il m'est arrivé une fois d'appeler les dépêches du prince de Metternich un galimatias judicieux. Convenez que sa petite lettre d'aujourd'hui me donne bien raison.» (Documents inédits.)

181: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 400 et 401.

182: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 400 à 403.

183: Dans une lettre du 7 novembre 1847, adressée par M. Guizot à M. de Metternich, on trouve cette phrase: «J'ai appris avec grand plaisir que la santé de Votre Altesse était excellente. J'en fais mon compliment à l'Europe.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 405.)

184: Voir plus haut, t. IV, ch. IV, § X.

185: Voir plus haut, t. IV, p. 311; t. V, p. 47; t. VI, p. 268.

186: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 634; t. VII, p. 100 à 103 et 127 à 137.—Cf. aussi une conversation de M. de Metternich, rapportée dans une lettre particulière du comte de Flahault à M. Guizot, en date du 21 janvier 1847. (Documents inédits.)

187: Le prince Albert écrivait, à ce propos, au baron Stockmar: «J'ai lu aujourd'hui avec alarme le discours du roi de Prusse, qui, dans ma mauvaise traduction anglaise, produit une impression vraiment étrange. Ceux qui connaissent et qui aiment le Roi le retrouveront là, lui, ses vues et ses sentiments, dans chaque parole, et lui seront reconnaissants de la franchise avec laquelle il s'est exprimé; mais, si je me place au point de vue d'un public froid et mal disposé, je me sens trembler. Quelle confusion d'idées! et quel courage de la part d'un roi, que d'improviser ainsi, dans un pareil moment et aussi longuement, non seulement en touchant aux sujets les plus difficiles et les plus épineux, mais en s'y plongeant d'emblée, en prenant Dieu à témoin, en promettant, menaçant, protestant, etc.!» (Le Prince Albert, Extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par M. Craven, t. I, p. 221.)

188: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 368 à 371, et 377 à 379.

189: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 285.

190: Voir plus haut, t. VI, p. 266.

191: Sur 1840, voir plus haut, t. IV, ch. IV, § X.

192: D'après une lettre de M. de Flahault, M. de Metternich était «persuadé que ces vues d'agrandissement politique et territorial entraient pour beaucoup dans les conseils des hommes d'État qui s'étaient employés le plus activement à déterminer le roi de Prusse à publier sa constitution». (Lettre particulière de M. de Flahault à M. Guizot, du 5 mars 1847. Documents inédits.)

193: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 378.

194: Documents inédits.

195: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 371 à 376.

196: Voir plus haut, p. 155.

197: Lettre au comte Apponyi, en date du 12 avril 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 389.)

198: Dépêches mentionnées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 649, 650.

199: Sur ces précédents, voir plus haut, t. III, ch. II, § III; ch. III, § III; ch. VI, § III.

200: Voir, sur ce point, les renseignements contenus dans les Mémoires de Meyer, publiés à Vienne en 1875, et analysés dans la Revue générale de Bruxelles, mai et octobre 1881.—Voir aussi les Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 115 et 116.

201: Dépêches de M. Guizot à M. de Pontois, des 26 décembre 1844 et 3 mars 1845.

202: Dépêche du même au même, du 3 mars 1845.

203: Voir notamment une dépêche de M. Guizot au marquis de Dalmatie, ministre de France à Berlin, en date du 23 mars 1845.

204: «Vous aurez bien joui, écrivait, le 4 avril 1845, Louis-Philippe au maréchal Soult, de l'échec vigoureux que les corps francs ont essuyé dans leur indigne tentative. L'effet moral en sera grand, et contribuera, j'espère, à désabuser ceux qui croient encore que les révolutionnaires sont toujours les plus forts, et qu'en définitive ils obtiennent toujours la victoire. Nous autres, vétérans de 92, nous savons le contraire; mais on nous prend trop souvent pour des Cassandres.» (Documents inédits.)

205: Dépêches et lettres diverses d'avril, mai et juin 1845.—Cf. Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 444 à 448, et Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 110 à 121.

206: Dépêches de M. de Metternich au comte Apponyi, en date des 11 et 16 octobre 1846.—Voir aussi une lettre confidentielle du même au même, du 19 octobre, reproduite dans les Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 178.

207: Voir plus haut, t. VI, p. 254 et 264.

208: Voir, par exemple, ce que M. de Metternich devait écrire au baron de Kaisersfeld, son représentant en Suisse, le 1er juillet 1847, et au comte Apponyi, le 3 juillet: «Si l'on ne veut pas éventuellement de l'action, disait-il, il faut éviter la menace.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 459 et 464.)

209: Dépêche de l'envoyé sarde à Paris, M. de Brignole, en date du 22 octobre 1846. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 663.)

210: Instructions remises à M. de Bois-le-Comte, février 1847.

211: Voir notamment une dépêche de M. de Bois-le-Comte, du 22 janvier 1847.

212: Depuis janvier 1847, Berne étant «canton directeur», son président particulier devenait de plein droit chef du pouvoir exécutif de la Confédération.

213: Dépêche du 7 juin 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 451 à 454.)

214: Dépêche de M. Guizot à M. de Flahault, en date du 25 juin 1847.

215: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 457, 458, 464.

216: Ibid., p. 459, 460, 464.—De Paris, on avait donné à entendre à M. de Metternich que l'intervention, impossible à faire ensemble et simultanément, pourrait se faire séparément et successivement: l'Autriche prendrait les devants, et la France suivrait. M. Guizot se flattait que, dans de telles conditions, une action militaire serait plus facilement acceptée par le public français; elle lui paraîtrait destinée moins encore à peser sur la Suisse qu'à faire contrepoids à l'Autriche. Mais c'était précisément cette dernière interprétation que redoutait fort M. de Metternich; il se souvenait de notre expédition d'Ancône, et ne voulait pas nous fournir l'occasion de la recommencer en Suisse. «Nous ne donnerons pas dans ce panneau», écrivait-il au comte Apponyi. (Ibid., p. 335, 461, 462, 465.)

217: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 671.—D'après l'envoyé badois, M. Guizot lui aurait dit lui-même n'avoir fait en cette circonstance que «céder à la manifestation d'une volonté auguste qui s'était prononcée d'une façon décisive». (Ibid.)—M. de Metternich avait eu les mêmes informations par son ambassadeur à Paris. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 461.)

218: Dépêche de M. de Bois-le-Comte à M. Guizot, du 4 juin 1847. Lettre et dépêche de M. Guizot à M. de Bois-le-Comte, du 2 juillet 1847.

219: Correspondance confidentielle de M. Guizot et du duc de Broglie pendant la première moitié de juillet 1847. (Documents inédits.)

220: Dépêche de M. Peel à lord Palmerston, août 1847. (Papiers parlementaires anglais.)

221: Lettre à M. d'Houdetot, du 10 novembre 1847. (Documents inédits.)

222: Dépêche confidentielle du marquis Ricci, représentant du gouvernement sarde à Vienne. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 13.)

223: Lettre particulière de M. Guizot à M. de Bois-le-Comte, du 13 octobre 1847. (Documents inédits.)

224: Documents inédits.

225: Dépêche du duc de Broglie à M. Guizot, du 1er novembre 1847.—Bunsen n'avait pas dû être le moins étonné de l'ouverture de lord Palmerston. En effet, peu auparavant, tout dévoué qu'il fût au ministre anglais, il ne pouvait s'empêcher de dire de lui au duc de Broglie: «Depuis les derniers événements d'Espagne, Palmerston est comme un lion blessé; il est intraitable; il nous rudoie dans les affaires de Suisse; il dit que nous donnons la main à tous les projets de l'Autriche et de la France, et leur suppose, à l'une et à l'autre, des projets démesurés; il ne veut pas entendre raison sur les affaires de Grèce... Il n'y a rien à faire avec lui.» (Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot, en date du 30 octobre 1847. Documents inédits.)

226: Dépêche de M. de Bois-le-Comte à M. Guizot, du 31 octobre 1847.

227: Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot, du 30 octobre 1847. (Documents inédits.)

228: Lettres confidentielles de M. Guizot au duc de Broglie, dans le commencement de novembre 1847. (Documents inédits.)

229: M. Guizot avait déjà pensé à cette médiation, quelques mois auparavant. (Lettres confidentielles de M. Guizot au duc de Broglie, pendant la première moitié de juillet. Documents inédits.)

230: Dépêches de M. Guizot en date des 4, 7 et 8 novembre 1847.

231: Dépêches du marquis de Dalmatie et du comte de Flahault à M. Guizot, en date des 10 et 11 novembre 1847.—Voir aussi la dépêche de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 15 novembre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 490 à 492.)

232: Correspondance confidentielle de M. Guizot et du duc de Broglie; pendant la première moitié de novembre 1847. (Documents inédits.)

233: Lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot; du 14 novembre 1847. (Documents inédits.)

234: Dépêche de lord Palmerston à lord Normanby, en date du 16 novembre 1847.—Voir aussi une lettre confidentielle du duc de Broglie à M. Guizot; en date du 16 novembre. (Documents inédits.)

235: Lettres diverses de M. Désages à M. de Jarnac, du 16 au 22 novembre 1847. (Documents inédits.)

236: Lettre du 13 octobre 1847. (Documents inédits.) Dans cette même lettre, le duc de Broglie parlait avec admiration de cette «résolution calme de ne pas souffrir qu'on porte atteinte au droit qu'a Lucerne de confier à cinq Jésuites l'éducation de ses enfants, pas plus que Guillaume Tell n'a souffert qu'il fût porté atteinte au droit qu'il avait de ne pas ôter son bonnet devant les armoiries de l'Autriche».

237: Lettre à M. Désages, du 21 novembre 1847. (Documents inédits.)

238: Lettre confidentielle du 18 novembre 1847. (Documents inédits.)

239: Lettre du 21 novembre 1847. (Documents inédits.)

240: Cité dans une lettre écrite, le 24 novembre 1847, par M. Désages à M. de Jarnac. (Documents inédits.)

241: Voir plus haut, t. II, ch. XIV, § VI.

242: Lettre du 19 novembre 1847. (Documents inédits.)

243: Lettre du 21 novembre 1847. (Documents inédits.)

244: Documents inédits.—Quelques jours auparavant, M. Guizot écrivait déjà, dans le même ordre d'idées: «Je n'ai pas la moindre envie de prendre sur lord Palmerston, à quatre contre un, ma revanche du traité du 15 juillet. Nous sommes quittes depuis longtemps à cet égard, et ce n'est pas ma faute si j'ai été obligé de m'acquitter.» (Documents inédits.)

245: Dépêche et lettre du duc de Broglie à M. Guizot, en date du 20 novembre 1847.

246: Lettre du 24 novembre 1847. (Documents inédits.)

247: Lettre du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date du 22 novembre 1847. (Documents inédits.)

248: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 494 à 500.

249: Lettre particulière de M. Guizot à ses représentants à Vienne, Berlin et Saint-Pétersbourg, en date du 19 novembre 1847. (Documents inédits.)

250: Dépêche de M. Guizot au duc de Broglie, du 24 novembre 1847.

251: M. de Metternich, après coup, devait exprimer un regret de l'adhésion donnée par son ambassadeur. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 508.)

252: Lettre particulière de M. Guizot au duc de Broglie, en date du 25 novembre 1847. (Documents inédits.)

253: Dépêche du duc de Broglie à M. Guizot, du 26 novembre 1847.

254: Lettre particulière du 26 novembre 1847. (Documents inédits.)—Quatre jours plus tard, revenant sur cet entretien, le duc de Broglie écrivait encore à M. Guizot: «Si je n'eusse pris mon parti de rompre, après trois heures d'altercation, de replier mon papier, de prendre mon chapeau et de me lever pour sortir, Palmerston n'aurait pas lâché prise.» (Documents inédits.)

255: C'est ce qui devait faire dire, quelques semaines plus tard, en pleine Chambre des pairs, au plus éloquent apologiste du Sonderbund, M. de Montalembert: «Oui, la défaite a été honteuse. La vérité m'arrache ce témoignage au détriment même de mes amis.» Le duc de Broglie, avant l'événement, avait le pressentiment de ce qui allait se passer; il écrivait à M. Guizot: «Il n'y a rien de si simple et de si légitime que de céder à la force; mais, quand on en est là, il ne faut pas trancher du Léonidas ni des martyrs.» (Lettre du 20 novembre 1847. Documents inédits.)

256: Lettre de M. de Massignac, secrétaire d'ambassade, à M. de Bois-le-Comte, en date du 29 novembre 1847, rapportée dans une dépêche de ce dernier, en date du 31 décembre 1847.

257: Dépêche de M. de Bois-le-Comte à M. Guizot, en date du 2 décembre 1847.

258: Le fait fut connu des diplomates accrédités à Paris. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 677.)

259: Discours prononcé à la Chambre des pairs le 16 janvier 1848.—M. Doudan, tout sceptique qu'il fût, s'exprimait avec émotion sur les violences commises par «ces enragés de radicaux» contre «de pauvres gens qui leur étaient supérieurs devant Dieu, bien qu'ils aimassent les Jésuites»; il les qualifiait «d'indignes sauvages»; puis, à propos de l'expulsion des religieux de Saint-Bernard, l'un des hauts faits des vainqueurs, il ajoutait: «Les chiens du Saint-Bernard sont très supérieurs à ces radicaux-là, quoi qu'on en puisse dire.» (Mélanges et Lettres, t. II, p. 145 et 148.)

260: Journal inédit du baron de Viel-Castel, à la date du 5 décembre 1847.

261: Dépêches de M. de Metternich, du 29 novembre et du 7 décembre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 500 et 508.)

262: Lettre particulière du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date du 2 décembre 1847. (Documents inédits.)

263: Dépêches de M. de Metternich, des 12 et 24 décembre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 354, 511, 512, 523.)

264: Lettres particulières de M. de Flahault à M. Guizot, en date des 29 et 30 novembre 1847. (Documents inédits.)

265: Correspondance particulière du marquis de Dalmatie avec M. Guizot, en novembre et décembre 1847. (Documents inédits.)

266: Lettre du même au même, du 10 décembre 1847. (Documents inédits.)

267: Frédéric-Guillaume IV et le baron de Bunsen, par M. Saint-René Taillandier.

268: Lettres particulières de M. Guizot au duc de Broglie, en date des 29 novembre, 3 et 6 décembre 1847. (Documents inédits.)

269: Lettres au comte de Flahault et au marquis de Dalmatie. (Documents inédits.)

270: Lettre du 8 décembre 1847. (Documents inédits.)

271: «Ces affaires, notait M. de Viel-Castel, occupent en ce moment tous les esprits, et elles rejettent dans l'ombre les questions intérieures.» (Journal inédit.)

272: Documents inédits.

273: Ibid.

274: Lettre particulière de M. Guizot au duc de Broglie, en date du 13 décembre 1847. (Documents inédits.)

275: Documents inédits.

276: Lettre de M. Guizot au duc de Broglie, en date du 3 décembre 1847. (Documents inédits.)

277: Lettres particulières du duc de Broglie à M. Guizot, du 4 au 17 décembre 1847. (Documents inédits.)

278: Lettres particulières de M. Guizot au duc de Broglie, du 4 au 20 décembre 1847. (Documents inédits.)

279: Lettres particulières de M. Guizot au comte de Flahault et au marquis de Dalmatie, en date du 20 décembre 1847. (Documents inédits.)

280: Lettre du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date du 25 décembre 1847. (Documents inédits.)—Dépêches de M. de Metternich au comte Apponyi, en date des 24 et 29 décembre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 355 à 359, et 523 à 527.)

281: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 513 à 520.

282: Lettres particulières du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date des 16, 18, 19, 22 décembre 1847. Lettre particulière de M. Guizot au comte de Flahault, en date du 21 décembre 1847, et lettre de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 28 décembre 1847. (Documents inédits.)

283: Lettre du 27 décembre 1847. (Documents inédits.)

284: Lettres particulières du comte de Flahault à M. Guizot, des 8 et 12 janvier 1848; du marquis de Dalmatie à M. Guizot, du 9 janvier 1848. (Documents inédits.)—Voir aussi une dépêche de M. de Metternich au comte Apponyi, du 12 janvier 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 553, 554.)

285: Lettre particulière de M. Guizot au marquis de Dalmatie, en date du 10 décembre 1847. (Documents inédits.)

286: Lettres particulières du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date des 16, 19 et 22 décembre 1847; du comte de Flahault à M. Guizot, en date du 28 décembre 1847. (Documents inédits.)—Voir aussi dépêche de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 12 janvier 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 553, 554.)

287: Lettre particulière de M. Guizot au comte de Flahault, en date du 21 décembre 1847. (Documents inédits.)

288: Lettre de lord Palmerston à lord Ponsonby, alors ambassadeur à Vienne, en date du 21 décembre 1847. (ASHLEY, The Life of Palmerston, t. I, p. 13.)

289: Dès le 30 novembre 1847, le duc de Broglie écrivait à M. Guizot: «Lord Palmerston est très content, visiblement très content des affaires suisses, et il dirige ses journaux de façon à en faire contre vous le principal point d'attaque de notre opposition.» Le duc de Broglie ajoutait, dans une autre lettre, datée du 24 décembre 1847: «Il est sans exemple que des pièces diplomatiques aient été publiées sans être déposées au Parlement. La publication des documents suisses n'aura donc pas lieu avant le mois de février; mais il est probable que lord Palmerston les fait imprimer en attendant, et il les donnera furtivement en communication à l'opposition en France.» (Documents inédits.)

290: Lettre de lord Palmerston à lord Minto. (Ashley, The Life of Palmerston, t. I. p. 10.)

291: M. de Metternich écrivait à M. de Ficquelmont: «M. Guizot veut attendre la fin du débat de l'adresse et la réponse du Directoire helvétique, avant de passer à la seconde période de l'action à entamer dans l'affaire suisse. En cela, M. Guizot a raison.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 563.)

292: Dépêche de M. de Metternich à M. de Ficquelmont, 10 février 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 563.)—Voir aussi une lettre particulière du 19 février 1848, dans laquelle le marquis de Dalmatie signale les bonnes impressions rapportées par le général de Radowitz à Berlin. (Documents inédits.)

293: Lettres du duc de Broglie à son fils, en date des 27 janvier et 7 février 1848. (Documents inédits.)

294: Voir plus haut, livre I, ch. V, § III, et livre II, ch. II, §§ II et VI.

295: Voir livre III, ch. VI, § IV.

296: Voir ce que M. de Metternich rapportait lui-même à M. de Sainte-Aulaire en 1843. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 289.)

297: Lettre à M. Guizot, du 18 juillet 1846.

298: «Ils veulent faire de moi un Napoléon, quand je ne suis qu'un pauvre curé de campagne.» (Cité par M. le marquis Costa de Beauregard dans son livre sur Les dernières années du roi Charles-Albert.)

299: «Courage, Saint Père, ayez confiance dans votre peuple!»

300: Pour tout ce que j'aurai à dire de ce prince, je me suis beaucoup servi des attachants volumes du marquis Costa de Beauregard, sur la Jeunesse et les Dernières Années du roi Charles-Albert.

301: Le chancelier écrivait, le 29 mai, à son ministre à Turin: «Le Roi n'a le choix qu'entre deux systèmes diamétralement opposés: entre celui qu'il a suivi jusqu'ici, et celui que bien des symptômes semblent caractériser comme étant celui qu'il entend suivre dans un prochain avenir. Le premier de ces systèmes est celui de conservation; l'autre est celui de la crasse révolution... Je regarde comme possible que l'encens libéral puisse obscurcir ses yeux... S'il a pris son parti, s'il veut la révolution, qu'il se prononce, nous saurons prendre le parti qui nous convient; s'il ne la veut pas, qu'il se prononce contre le mauvais jeu, nous sommes prêts à le seconder dans ses efforts... Le point le plus essentiel, c'est que nous voyions clair dans la situation.»

302: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 226 à 247.

303: Le marquis d'Azeglio a rapporté lui-même cette dramatique conversation dans ses Ricordi.

304: Voir la préface du livre de M. le marquis de Costa, les Dernières Années du roi Charles-Albert.

305: Documents inédits.

306: Ce propos m'a été rapporté par M. le duc de Broglie.

307: Lettre du 8 juin 1846.

308: Dépêche de M. de Revel au ministre des affaires étrangères du Piémont, en date du 10 juin 1846. (Storia documentata della diplomazia europea in Italia, par Nicomède Bianchi, t. V, p. 6.)

309: J'ai eu sous les yeux, grâce à de bienveillantes communications, la correspondance officielle et confidentielle de M. Guizot et de M. Rossi, correspondance également remarquable des deux côtés. J'y ai fait de nombreux emprunts. Une partie de ces documents avait déjà été citée soit dans le livre de M. d'Haussonville sur la Politique extérieure du gouvernement de Juillet, soit dans les Mémoires de M. Guizot. J'indiquerai ceux qui seront publiés ici pour la première fois.

310: Ce résumé des conversations de M. Rossi a été donné par le prince Albert de Broglie, qui, comme je l'ai dit, était alors premier secrétaire de l'ambassade de Rome. (Rossi et Pie IX, article publié dans la Revue des Deux Mondes du 15 décembre 1848.)

311: Lettre du 7 mai 1847. La première moitié de cette lettre avait été seule publiée par M. Guizot dans ses Mémoires; la fin est inédite.

312: Lettres diverses de M. Rossi à M. Guizot, de juillet 1846 à juillet 1847.

313: Lettres particulières de M. Guizot à M. Rossi, en date des 21 et 28 juillet 1847. (Documents inédits.)

314: Lettre du 28 mai 1847. (Documents inédits.)

315: Lettre de M. Rossi à M. Guizot, du 30 juillet 1847.

316: Lettres des 21 et 28 juillet 1847. (Documents inédits.)

317: Lettre de M. Rossi à M. Guizot, en date du 28 juillet 1847.

318: Voir livre I, ch. V, § III.

319: Dépêche de Ricci, ambassadeur sarde à Vienne, 26 février 1847. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 397, 398.)

320: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 476.

321: Ibid., p. 339.

322: Ibid., p. 410.

323: Ibid., p. 251 à 256.

324: Ibid., p. 410 à 414.

325: La lettre écrite, à ce propos, le 24 avril 1847, par M. de Metternich au grand-duc, est assez curieuse. Il lui reproche sa «passivité» en face d'un parti libéral aussi dangereux que le parti radical. «Le souverain chassé ne revient jamais», lui dit-il sous forme d'avertissement. Puis il ajoute: «Que Votre Altesse Impériale ne se fasse aucune illusion sur les dispositions fâcheuses à l'égard de l'Autriche: le mot Autriche ne désigne pas la chose elle-même; il ne s'applique qu'au pouvoir répressif dont les hommes du progrès voudraient se débarrasser. Si ce pouvoir tombait, les princes italiens tomberaient aussi, et pas un ne resterait sur son trône. En ce qui concerne le trône grand-ducal, il est une vérité indiscutable: Votre Altesse Impériale et votre Maison ne sont ni plus ni moins italiennes et allemandes que le roi de la Lombardie.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 405 à 410.)

326: Voir plus haut, p. 155, dans quelles circonstances avait eu lieu cette mission.

327: Dépêche du comte d'Arnim, ministre de Prusse à Paris, en date du 25 janvier 1847. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 682.)—Dépêche du marquis Ricci, ambassadeur de Sardaigne à Vienne, en date du 26 février 1847. (Bianchi, Storia documentata, etc., t. V, p. 19 et 398.)—Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 398 à 400.

328: «Ménagez toujours Vienne, écrivait M. Guizot à M. Rossi, le 6 décembre 1846. Ses défiances et ses alarmes du côté de l'Italie sont infinies. Lord Palmerston travaille toujours à lui arracher quelque démarche, quelque parole réelle ou apparente qui le serve dans ses protestations contre la descendance de M. le duc de Montpensier. M. de Metternich tient bon et reste tout à fait en dehors de la question. Il nous importe fort qu'il persiste et que, soit dans l'affaire espagnole, soit dans l'affaire polonaise, on ne se retrouve pas quatre contre un. Je suis sûr que vous n'oublierez jamais cela, tout en avançant dans notre voie à nous.» (Documents inédits.)—Louis-Philippe était également très soucieux que M. Rossi ne fît rien «pouvant donner de l'ombrage à l'Autriche». (Dépêche du marquis Brignole, ambassadeur de Sardaigne à Paris, en date du 5 décembre 1846. Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 681.)

329: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 390 à 400, 416 à 422, 471 à 474.—On s'en tint, entre les deux gouvernements, à cet échange d'idées; mais il n'y eut pas de convention proprement dite, comme le prétend à tort un historien prussien, M. Hillebrand, sur la foi d'une dépêche de l'ambassadeur de Sardaigne à Paris. (Geschichte Frankreichs, t. II, p. 682.) L'existence de cette convention secrète est contredite par tous les documents que j'ai eus sous les yeux, notamment par une lettre déjà citée de M. Guizot à M. de Metternich, où il est dit que l'entente s'était faite «sans conventions spéciales». (Voir plus haut, p. 157.)

330: Documents inédits.

331: Même lettre du 21 juillet 1847.—Cela montre à quel point M. Hillebrand se trompe quand, sur la foi d'une dépêche du ministre de Prusse à Paris, il prétend que le gouvernement français aurait promis à l'Autriche de ne pas recommencer l'expédition d'Ancône, si les Autrichiens occupaient les Légations. (Geschichte Frankreichs, t. II, p. 682.)

332: Documents inédits.

333: Lettre de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 6 août 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 416 à 422.)

334: Dépêche du 22 août 1847. (Ibid., p. 471 à 474.)

335: Dépêche du marquis Ricci, ambassadeur de Sardaigne à Vienne, en date du 14 août 1847. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 399 à 402.)

336: Lettre du 8 septembre 1847. (Costa de Beauregard, Les dernières années du roi Chartes-Albert, p. 559.)

337: Lettre du 4 octobre 1847. Cette lettre, tombée aux mains de M. de Metternich, a été communiquée par lui au cabinet anglais, en novembre 1847, et par suite publiée dans les Parliamentary Papers.

338: Dépêche de M. Guizot au chargé d'affaires de France à Vienne, en date du 1er septembre 1847.

339: Lettre de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 19 octobre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 344.)

340: Ibid.—Cf. aussi lettre du 7 octobre (p. 425).

341: Lettre particulière du comte de Flahault à M. Guizot, en date du 22 novembre 1847. (Documents inédits.)

342: Lettre du 18 septembre 1847. (Documents inédits.)

343: Lettre du 8 octobre 1847. (Documents inédits.)

344: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 425.

345: Documents inédits.

346: Dépêche de M. Guizot à M. Rossi, 25 août 1847.

347: Lettre particulière de M. Guizot à M. Rossi, du 26 août 1847.—M. Guizot revenait avec insistance sur cette idée. «Nous pourrons et nous ferons beaucoup, disait-il dans une autre lettre, pour la cause de l'indépendance et des réformes romaines, toscanes, napolitaines, sardes. Nous ne pourrions et ne ferions rien pour la cause d'une révolution qui attaquerait l'ordre général européen. Et les autres puissances s'uniraient contre.» (Lettre du 18 septembre. Documents inédits.)

348: D'Haussonville, Histoire de la politique extérieure, t. II, p. 260.

349: Dépêche à M. de Bourgoing, en date du 18 septembre 1847.—Voir aussi la dépêche de M. Guizot au comte de la Rochefoucauld, ministre de France à Florence, en date du 25 août 1847.

350: Lettre du 7 octobre 1847, publiée par le marquis de Flers, dans son livre: Le roi Louis-Philippe, Vie anecdotique, p. 436 à 439.

351: Lettre du 17 octobre 1847. Le roi Louis-Philippe, p. 443 à 447.

352: C'est à l'occasion de certains articles du Journal des Débats, qui soulevèrent, en effet, beaucoup d'irritation au delà des Alpes, que M. d'Azeglio écrivait à un de ses amis de France: «Que peut gagner votre ministère à laisser ainsi insulter par le principal de ses organes un peuple qui fait les efforts les plus méritoires pour se tirer de l'état d'abjection où l'avaient réduit ses détestables gouvernements?» (Correspondance politique de Massimo d'Azeglio, publiée par E. Rendu.)

353: Lettre de M. Guizot au duc de Broglie, en date du 25 octobre 1847. (Documents inédits.)

354: Lettre du 17 février 1848.

355: Dès le 12 avril 1847, avant l'affaire de Ferrare, Massimo d'Azeglio écrivait à un Français: «Ce qui va trop doucement et même ne va pas du tout, c'est votre ambassade. Je sais bien que l'affaire des mariages espagnols gêne terriblement le gouvernement français en Italie; aussi n'avons-nous pas la prétention d'exiger de M. Guizot une déclaration de guerre à M. de Metternich. Si les mariages espagnols sont avantageux pour la France, cela vous regarde; mais, sauf meilleur avis, vous n'avez pas non plus intérêt à jouer en Italie absolument le même air que l'Autriche... Or, dans ce moment-ci, les deux flûtes, je vous assure, sont terriblement d'accord; et je ne vois que l'Angleterre qui puisse s'en réjouir. Vous lui laissez là, à elle, qui au fond se moque parfaitement de notre progrès libéral et national, un admirable terrain, et elle saura l'exploiter.» (Correspondance politique de Massimo d'Azeglio.)

356: Dépêche du comte de Revel, en date du 3 septembre 1847. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 410.)

357: Lettre de M. Guizot à M. Rossi, en date du 28 octobre 1847. (Documents inédits.)

358: Lettre du 27 septembre 1847. (Documents inédits.)

359: Même lettre.

360: Dépêche de M. Guizot à M. de Bourgoing, en date du 18 septembre 1847.

361: Documents inédits.

362: Documents inédits.

363: Cette lettre, qui a été publiée dans la Revue rétrospective, contenait d'autres critiques contre la politique du Roi. J'aurai l'occasion d'y revenir.

364: Lettre du 8 août 1846. (Documents inédits.)

365: Voir plus haut, t. V, p. 383 et 387.

366: Cette lettre était du 7 novembre, c'est-à-dire de la même date que la lettre du prince de Joinville au duc de Nemours; elle a été publiée par M. Guizot, dans ses Mémoires, t. VIII, p. 385 à 389.

367: Dépêche de lord Minto, adressée de Rome à lord Palmerston, en date du 13 novembre 1847. (Parliamentary papers.)

368: Cf. plus haut, t. V, p. 208.

369: Le prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 233.

370: Lettres des 18 et 20 avril 1847. (Documents inédits.)

371: Lettre du duc de Broglie à M. Guizot, en date du 9 août 1847. (Documents inédits.)

372: Documents inédits.

373: Voir les dépêches de lord Palmerston à lord Ponsonby, en date des 12 août et 11 septembre 1847. (Parliamentary papers.) Voir aussi Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 414 à 416.

374: Autre dépêche du 11 septembre 1847.

375: Dépêche de lord Normanby à lord Palmerston, du 17 septembre 1847.

376: Dépêche du comte de Revel au ministre des affaires étrangères de Sardaigne, en date du 3 septembre 1847. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 411.)

377: Voir plus haut, p. 258.

378: M. Guizot exprimait cette opinion dans une lettre à M. Rossi, en date du 18 septembre 1847. (Documents inédits.)—Voir aussi ses discours à la Chambre des députés, dans les séances des 29 et 31 janvier 1848.

379: Le prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 230 à 234.

380: Dépêche du duc de Broglie à M. Guizot, en date du 16 septembre 1847.

381: Lettre du 23 septembre 1847. (Documents inédits.)

382: Lettre du duc de Broglie à son fils, en date du 15 septembre 1847. (Documents inédits.)

383: Lettre au duc de Broglie, en date du 24 décembre 1847. (Documents inédits.)

384: «L'Angleterre, disait M. Guizot dans sa lettre déjà citée au prince de Joinville, donne aujourd'hui aux Italiens les paroles et les apparences qui leur plaisent; elle ne leur donnera rien de plus, et il faudra bien qu'ils s'en aperçoivent eux-mêmes.»

385: Lettre du 27 janvier 1848. (Documents inédits.)

386: M. Rossi écrivait, le 18 novembre 1847, à M. Guizot: «Ceux qui nous ont trouvés trop réservés ont compris que la voie pacifique était la plus sûre. Aussi revient-on peu à peu à nous, précisément à cause de la réserve digne et sérieuse que nous y avons mise.»

387: Documents inédits.

388: Lettre de M. Rossi à M. Guizot, en date du 12 décembre 1847. Voir aussi une lettre du 14 décembre, rapportant une conversation semblable avec le Pape.

389: Lettre de M. Rossi à M. Guizot, en date du 18 janvier 1848.

390: Lettres précitées de M. Rossi à M. Guizot, en date du 12 décembre 1847 et du 18 janvier 1848.

391: Lettre à M. d'Houdetot, en date du 10 novembre 1847. (Documents inédits.)

392: Lettres du 6 et du 27 novembre 1847. (Mélanges et Lettres, t. II, p. 136 et 141.)

393: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 424.

394: Lettre au comte Apponyi, en date du 2 novembre 1847. (Ibid., p. 439.)

395: Lettre au même, en date du 7 octobre 1847. (Ibid., p. 342.) Voir aussi p. 344 et 435.

396: Ibid., p. 433, 437, 444 et 557.

397: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 426 et 441.

398: Voir plus haut, p. 214.

399: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 424, 554, 558.—Voir aussi les Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 373 à 377.—Voir enfin une lettre de M. de Flahault, en date du 17 octobre 1847, rapportant à M. Guizot une conversation de M. de Metternich, et la réponse de M. Guizot, en date du 27 octobre. (Documents inédits.)

400: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 349, 424, 438, 555, 558, 559.—Voir aussi la lettre de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 29 janvier 1848. (Documents inédits.)

401: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 425, 437.

402: Lettre du 14 janvier 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 555.)

403: Lettres du 16 et du 27 janvier 1848. (Documents inédits.)

404: Lettre du 28 septembre 1847. (Documents inédits.)

405: Lettre à M. de Ficquelmont, en date du 23 octobre 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 437.)

406: Cité par M. d'Haussonville dans son Histoire de la politique extérieure du gouvernement de Juillet, t. II, p. 262.

407: Peu de temps après son avènement, ayant reçu de Louis-Philippe, son oncle, le conseil de faire des concessions à l'opinion, Ferdinand II avait répondu par cette lettre qui le peint bien: «Pour m'approcher de la France de Votre Majesté, si elle peut jamais être un principe, il faudrait renverser la loi fondamentale qui constitue la base de notre gouvernement, et m'engouffrer dans cette politique de jacobins pour laquelle mon peuple s'est montré félon plus d'une fois à la maison de ses rois. La liberté est fatale à la famille des Bourbons, et moi, je suis décidé à éviter à tout prix le sort de Louis XVI et de Charles X. Mon peuple obéit à la force et se courbe; mais malheur s'il se redresse sous les impulsions de ces rêves qui sont si beaux dans les sermons des philosophes et impossibles en pratique! Dieu aidant, je donnerai à mon peuple la prospérité et l'administration honnête à laquelle il a droit; mais je serai roi, je serai roi seul et toujours... J'avouerai avec franchise à Votre Majesté qu'en tout ce qui concerne la paix ou le maintien du système politique en Italie, j'incline aux idées qu'une vieille expérience a montrées au prince de Metternich efficaces et salutaires... Nous ne sommes pas de ce siècle. Les Bourbons sont vieux, et, s'ils voulaient se calquer sur le patron des dynasties nouvelles, ils seraient ridicules.»

408: Lettre à M. de Jarnac, en date du 12 février 1848. (Documents inédits.)

409: Le même M. Désages mandait à M. de Jarnac, le 27 janvier 1848: «Nous écrivons à Naples pour prêcher modération pendant la lutte, clémence et réformes après, si l'insurrection est comprimée.»

410: Cité par M. d'Haussonville dans son Histoire de la politique extérieure, t. II, p. 271.

411: Dépêche du ministre des affaires étrangères de Naples à son ambassadeur à Vienne, en date du 14 janvier 1848; dépêche de cet ambassadeur, en date du 17 janvier; dépêche du comte de Ludolf, ambassadeur d'Autriche à Rome, en date du 23 janvier. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 88, 89.)

412: Lettre de M. Rossi à M. Guizot, en date du 17 février 1848.—La réponse du gouvernement français ne put être donnée avant la révolution de Février.

413: À l'heure même où, sans qu'on le sût encore à Paris, commençait l'éclosion des constitutions italiennes, le 31 janvier 1848, M. Guizot expliquait, à la tribune du Palais-Bourbon, pourquoi il avait laissé les gouvernements de la Péninsule juges du degré et de la nature de leurs réformes, sans les pousser à copier nos institutions politiques. «Je crois, disait-il, que la France doit avoir constamment l'œil ouvert sur l'équilibre qui se déplace, de jour en jour, en Europe, entre les grands systèmes de gouvernement, entre les gouvernements absolus et les gouvernements constitutionnels. Je crois que l'établissement d'institutions libres tourne au profit de la France, de son influence, de sa grandeur: à une condition cependant, à la condition que ces tentatives-là réussissent... Savez-vous ce qu'il y a de plus dangereux pour le régime constitutionnel?... Ce sont les tentatives infructueuses ou malheureuses. Savez-vous ce qui a le plus nui aux réformes en Italie? Ce sont les révolutions de 1820 et de 1821, révolutions mal conçues, venues mal à propos, fondées sur de mauvais principes et fondant des institutions impraticables... Je n'ai nulle envie de voir recommencer des tentatives pareilles... Voilà la cause de ma réserve dans les conseils que je peux être appelé à donner aux États italiens. Quand ils se sentiront en mesure de fonder des constitutions chez eux, quand elles seront, en effet, praticables, leur indépendance sera, je le répète, affirmée, maintenue par nous, aussi bien qu'elle l'est aujourd'hui pour les réformes purement administratives.»

414: Dépêche de M. Guizot au comte de La Rochefoucauld, ministre de France à Florence, en date du 21 février 1848.

415: Même dépêche.

416: Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 93 à 95, et p. 434 et 435.

417: Ibid.

418: Lettre particulière de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 1er février 1848. (Documents inédits.)

419: Dépêche de M. d'Arnim, ministre de Prusse, à Paris, en date du 8 février 1848. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 690.)

420: Dépêches de M. Abercromby, ministre d'Angleterre à Turin, en date des 2 et 3 février 1848, et dépêches de lord Palmerston à ses agents à Turin, Florence, Naples, en date des 11 et 12 février.

421: Lettres des 23, 28 février et 3 mars 1848. (Documents inédits.)

422: Février 1848. (Documents inédits.)

423: Ce rapprochement se présentait à d'autres esprits qui, à raison de leurs préjugés, ne pouvaient voir qu'un des côtés de la physionomie du Pape. Le prince Albert écrivait, dans une lettre au baron Stockmar, le 13 février 1848: «Le Pape est la contre-partie du roi de Prusse; beaucoup d'élan, des idées politiques à moitié digérées, peu de perspicacité, avec un esprit très cultivé et très accessible aux influences extérieures. Leur pierre d'achoppement à tous les deux, c'est la pensée qu'ils peuvent mettre leurs sujets en branle et garder ensuite complètement dans leurs mains la direction et l'extension du mouvement...» (Le Prince Albert, Extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 243.)

424: Correspondance du marquis de Dalmatie avec M. Guizot, en 1847, notamment lettres du 18 août et du 14 octobre. (Documents inédits.)

425: Lettres du marquis de Dalmatie à M. Guizot, notamment celles du 18 et du 19 février 1848. (Documents inédits.)

426: Dépêche du comte Nesselrode à l'ambassadeur russe à Naples, en date du 18 octobre 1847. (Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia, t. V, p. 414.)

427: Dépêche chiffrée du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date du 20 février 1848. (Documents inédits.)

428: Dépêche de M. Mercier, chargé d'affaires de France à Saint-Pétersbourg, en date du 3 février 1848, et dépêche du marquis de Dalmatie, en date du 19 février. (Documents inédits.)

429: Bianchi, Storia documentata, etc., t. V, p. 96.

430: La dépêche du comte Nesselrode, qui ne fut communiquée à lord Palmerston que le 7 mars, après la révolution de Février, se trouve dans les Parliamentary papers distribués aux Chambres anglaises en 1849.

431: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 589.

432: Lettre de M. de Metternich à M. de Ficquelmont, en date du 10 février 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 564.) Lettres du comte de Flahault à M. Guizot, du 1er février 1848; du marquis de Dalmatie au même, du 18 février; de M. Désages au comte de Jarnac, du 14 février. (Documents inédits.)

433: Dépêche de lord Palmerston à lord Ponsonby, en date du 11 février 1848, et dépêche de M. de Metternich au comte Dietrichstein, ambassadeur d'Autriche à Londres, en date du 27 février 1848. (Parliamentary papers.)

434: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 589.

435: Cité dans les Mémoires de Bernard de Meyer, le chef des catholiques lucernois. (Cf. Revue générale de Bruxelles, octobre 1881.)

436: Dépêche à M. de Ficquelmont, en date du 10 février 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 563.)

437: Dépêche au même, en date du 19 février 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 567.)

438: Lettre particulière du comte de Flahault à M. Guizot, en date du 24 février 1848. (Documents inédits.)

439: Dépêche de M. de Metternich au comte Apponyi, en date du 6 février 1848. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 563.)

440: Documents inédits.

441: Documents inédits.

442: Sur les dernières années du gouvernement du maréchal Bugeaud et sur les causes de sa retraite, voir plus haut, t. VI, ch. VII.

443: Sur l'origine de cette résolution, voir t. VI, p. 371 et 425.

444: Voir plus haut, t. V, ch. V, § XIII.

445: Pour le récit qui va suivre, je me suis servi principalement des Souvenirs toujours si exacts du général de Martimprey, et du remarquable ouvrage de M. Camille Rousset sur la Conquête de l'Algérie. J'ai aussi consulté la Vie du général de La Moricière, par M. Keller.

446: Ce sont ces troupes que la république devait trouver toutes prêtes et dont elle fera le noyau de l'armée des Alpes.

447: Un pair portant un grand nom de l'Empire était devenu fou à la suite de désordres et avait voulu, dit-on, tuer sa maîtresse. Un autre, ambassadeur en fonction, pris d'un accès de manie furieuse à la suite de querelles domestiques, s'était enfermé dans une chambre d'hôtel, avec ses deux enfants, menaçant de les tuer et de se tuer après; ce n'était qu'après trois heures d'efforts qu'on était parvenu à se rendre maître de lui et à l'enfermer dans une maison de santé.

448: Le plus douloureux de ces suicides fut celui du comte Bresson, l'habile négociateur des mariages espagnols, qui se coupa la gorge à Naples, où il venait d'être nommé ambassadeur. Le déboire très vif qu'il avait ressenti en se voyant appelé momentanément à un poste secondaire ne suffisait pas à expliquer cet acte de désespoir, qui devait être attribué à un accès de fièvre chaude.

449: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

450: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

451: Mélanges et lettres, t. II, p. 148.

452: Documents inédits.

453: Ibid.

454: Voir plus haut, p. 16 et 17.

455: Abdication du roi Louis-Philippe, racontée par lui-même et recueillie par M. Édouard Lemoine, p. 34 à 37.

456: Voir t. V, p. 422 et suiv.

457: J'ai trouvé ces divers renseignements soit dans les passages qui m'ont été communiqués, des Mémoires de M. le comte de Montalivet, soit dans d'autres documents contemporains également inédits.

458: Mémoires inédits du comte de Montalivet.

459: Aus meinem Leben und uns meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 184.

460: On a fait grand bruit, à ce propos, d'une lettre que le prince de Joinville avait écrite le 7 novembre 1847, de la rade de la Spezzia, à son frère le duc de Nemours. Cette lettre, ramassée dans quelque tiroir, lors du sac des Tuileries, le 24 février 1848, a été publiée par la Revue rétrospective. Cette façon de violer le secret d'une correspondance de famille, pour livrer au public les plaintes d'un fils contre son père, et cela quand ce dernier était dans le malheur, fait peu d'honneur à la délicatesse des éditeurs de la Revue rétrospective, et montre une fois de plus qu'on se permet dans la vie politique des procédés auxquels on aurait honte d'avoir recours dans la vie privée. Ajoutons qu'on ne saurait accepter comme un jugement réfléchi et définitif des pages écrites dans le laisser-aller d'un épanchement fraternel, à une heure d'idées noires où le prince lui-même se disait «troublé» et «funesté» par de douloureuses nouvelles. Pour avoir l'expression exacte de sa pensée, il faudrait, non sans doute prendre le contre-pied, mais baisser ses plaintes de plusieurs tons. Ces réserves faites, voici les principaux passages de la lettre: «Mon cher bon, je t'écris un mot parce que je suis troublé par les événements que je vois s'accumuler de tous côtés. Je commence à m'alarmer sérieusement, et, dans ces moments-là, on aime à causer avec ceux en qui on a confiance. La mort de Bresson m'a funesté... Il était ulcéré contre le Roi; il avait tenu à Florence d'étranges propos sur lui. Le Roi est inflexible; il n'écoute plus aucun avis; il faut que sa volonté l'emporte sur tout. On ne manquera pas de répéter, et on relèvera, ce que je regarde comme un danger, l'action que le père exerce sur tout. Cette action inflexible, lorsqu'un homme d'État compromis avec nous ne peut la vaincre, il n'a plus d'autre ressource que le suicide.» Rien, soit dit en passant, de moins prouvé que cette interprétation donnée au suicide de M. Bresson; le prince, écrivant dans l'émotion de la première nouvelle, était évidemment mal informé. La lettre continuait en ces termes: «Il me paraît difficile que, cette année, à la Chambre, le débat ne vienne pas sur cette situation anormale qui a effacé la fiction constitutionnelle et a mis le Roi en cause sur toutes les questions. Il n'y a plus de ministres; leur responsabilité est nulle; tout remonte au Roi. Le Roi est arrivé à cet âge où l'on n'accepte plus les observations. Il est habitué à gouverner, et il aime à montrer que c'est lui qui gouverne. Son immense expérience, son courage et ses grandes qualités font qu'il affronte le danger audacieusement, mais le danger n'en existe pas moins... Nous arrivons devant la Chambre avec une déplorable situation extérieure, et, à l'intérieur, avec une situation qui n'est pas meilleure. Tout cela est l'œuvre du Roi seul, le résultat de la vieillesse d'un roi qui veut gouverner, mais à qui les forces manquent pour prendre une résolution virile. Le pis est que je ne vois pas de remède. Chez nous, que dire et que faire, lorsqu'on montrera notre mauvaise situation financière? Au dehors, que faire pour relever notre position et suivre une ligne de conduite qui soit du goût de notre pays? Ce n'est pas, certes, en faisant en Suisse une intervention austro-française, ce qui serait pour nous ce que les campagnes de 1823 ont été pour la Restauration. J'avais espéré que l'Italie pourrait nous offrir ce dérivatif, ce révulsif dont nous avons tant besoin; mais il est trop tard, la bataille est perdue... Je me résume: En France, les finances délabrées; au dehors, placés entre une amende honorable à Palmerston au sujet de l'Espagne, ou cause commune avec l'Autriche pour faire le gendarme en Suisse et lutter en Italie contre nos principes et nos alliés naturels: tout cela rapporté au Roi, au Roi seul qui a faussé nos institutions constitutionnelles... Tu me pardonneras cette épître; nous avons besoin de nous sentir les coudes. Tu me pardonneras ce que je dis du père: c'est à toi seul que je le dis; tu connais mon respect et mon affection pour lui; mais il m'est impossible de ne pas regarder dans l'avenir, et il m'effraye un peu.»

461: Ce fait m'a été rapporté par M. le comte de Saint-Aignan.

462: Documents inédits.

463: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 542 à 545.

464: Lettre particulière du 13 décembre 1847. (Documents inédits.)

465: Voir plus haut, p. 18 à 20.

466: Voir plus haut, p. 19.

467: Voir plus haut, p. 207, 208.

468: Journal inédit du baron de Viel-Castel, novembre et décembre 1847.

469: Cette publication avait eu du moins cet avantage de provoquer l'Essai de Macaulay sur Barrère. En effet, voyageant alors en France, Macaulay fut indigné de cette tentative de réhabilitation, et il voulut, selon sa propre expression, «faire trembler le vieux scélérat dans sa tombe». Il y réussit. Qui ne se souvient de ces lignes vraiment vengeresses par lesquelles il termina son Essai: «Il n'est pas indifférent qu'un homme revêtu par le public d'un mandat honorable et élevé, un homme auquel sa position et ses relations semblent donner le droit de parler au nom d'une grande partie de ses concitoyens, vienne solliciter notre approbation en faveur d'une vie souillée de toutes sortes de vices que ne rachète aucune vertu. C'est ce qu'a fait M. Hippolyte Carnot. En cherchant à transformer en relique cette charogne jacobine, il nous a forcé à la pendre au gibet, et nous osons dire que de la hauteur d'infamie où nous l'avons placée, il aura quelque peine à la descendre.»

470: Lucien de la Hodde, Histoire des sociétés secrètes de 1830 à 1848, p. 378 à 381.

471: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.

472: Mémoires posthumes de M. Odilon Barrot, p. 505, 506.

473: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.

474: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 546.

475: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

476: Documents inédits.

477: Ibid.

478: Dans un article publié par la Revue des Deux Mondes, le 1er janvier 1848, un député de la majorité, M. de Morny, se demandait si, pour remplacer l'alliance anglaise, la France devait «rechercher d'autres alliances et s'empresser de donner des gages à ces nouvelles amitiés». Il répondait: «Non.» Il reconnaissait sans doute la nécessité de respecter les traités; mais il ajoutait: «Cela fait, n'oublions jamais que nous sommes une puissance libérale, que notre gouvernement est né d'une révolution... Si nous étions tentés de l'oublier, le pays nous en ferait bientôt ressouvenir. N'imitons pas ces parvenus qui, rougissant de leur origine, finissent par être odieux à leurs familles plébéiennes et méprisés par le monde nouveau où ils tentent de s'introduire.»

479: C'étaient là des vérités que ne contesterait aujourd'hui aucun homme politique sérieux. M. Thiers, qui, par entraînement d'opposition, usait, en 1847, de l'argument combattu par M. Guizot, en a fait justice lui-même plus tard, quand il l'a rencontré dans la bouche des ministres de Napoléon III; à ceux-ci, prétendant que l'Empire était tenu, à raison de son principe, de se mettre toujours, en Europe, du côté des nationalités, il a répondu, avec l'impatience du bon sens se heurtant à une niaiserie dangereuse: «En politique, il faut se mettre du côté de ses intérêts. Si on rencontre son principe sur son chemin, tant mieux; si on le trouve contre soi, tant pis.» C'était, sous une forme plus vive et, en quelque sorte, plus brutale, la même idée qu'avait exprimée M. Guizot.

480: «Le Pape, dit M. Guizot, a fait une grande chose, une chose qui, depuis bien des siècles peut-être, n'était venue spontanément dans la pensée d'aucun souverain. Il a entrepris volontairement, sincèrement, la réforme intérieure de ses États... À ce titre seul, une immense confiance lui est due... Mais qu'est-ce qui manque, en général, à la plupart des grands réformateurs? Un point d'arrêt, un principe de résistance... Il y a, grâce à Dieu, dans la situation du Pape, à côté d'un principe admirable et puissant de réforme, un principe admirable et puissant de résistance... Je sais bien que les révolutionnaires sont arrogants; je sais qu'ils font bon marché de la religion, du catholicisme, de la papauté; qu'ils se figurent qu'ils enlèveront tout cela comme un torrent. Ils l'ont essayé plus d'une fois; ils ont cru qu'ils avaient emporté ces vieilles grandeurs de la société humaine; elles ont reparu derrière eux; elles ont reparu plus grandes qu'eux. Ce qui a surmonté le pouvoir de la Révolution française et de Napoléon surmontera bien les fantaisies de la jeune Italie.»

481: La lettre lue par M. Guizot était du 27 septembre 1847; j'en ai cité ailleurs quelques passages. (Cf. plus haut, p. 259 et 260.) Le ministre aurait pu, du reste, aussi bien lire plusieurs autres de ses lettres.

482: Un journal peu suspect de sympathie pour l'orateur, qu'il traite de «sacristain», le National, fait ce tableau de la séance: «Nous voudrions raconter froidement la séance incroyable à laquelle nous avons assisté; froidement, si cela est possible... Il était réservé à M. de Montalembert d'exciter parmi ses collègues une de ces violentes émotions contre lesquelles nous les croyions garantis. Il peut être fier de son succès, qui dépasse tout ce que son orgueil avait pu rêver. Personne n'avait encore remué à ce point les pupitres, les couteaux de bois et les poitrines de la pairie. Ce n'était pas de l'agitation, mais des transports. Ce n'étaient pas des spasmes, mais une sorte de fièvre chaude. Les cris, les bravos, les trépignements servaient de cortège aux effusions de son éloquence. Passionné lui-même jusqu'au délire, il a jeté, sur tous les bancs, des courants d'électricité qui les faisaient bondir.»

483: Journal inédit du baron de Viel-Castel, à la date du 15 janvier 1848.

484: Le Journal des Débats déclarait que «l'effet produit par le discours était peut-être unique dans notre histoire parlementaire». Le Constitutionnel disait: «Sans proclamer, comme on l'a fait, M. de Montalembert le plus grand orateur des temps modernes, nous reconnaîtrons volontiers qu'il a déployé un grand talent pour la défense d'une détestable cause.» On lisait dans la Presse: «L'aiglon s'est fait aigle et s'est élevé à une hauteur où l'amitié la plus complaisante ne le supposait pas capable d'arriver. Peu d'hommes de tribune ont compté dans leur vie un succès aussi complet.»

485: Mélanges, par Louis Veuillot, t. IV, p. 74.

486: X. Doudan, Mélanges et lettres, t. II, p. 147.

487: Les Cahiers de Sainte-Beuve, p. 70.

488: Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 193.

489: Une note, trouvée dans les papiers de M. Guizot et publiée par la Revue rétrospective, n'en relevait pas moins de vingt et un entre 1821 et 1844.

490: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

491: Lettre du 21 janvier 1848. (Documents inédits.)

492: M. Doudan écrivait au prince de Broglie, au sujet de cette discussion: «C'est un bruit terrible pour une omelette au lard. J'en ai voulu à la majorité d'avoir permis que M. Guizot subît la nécessité de s'expliquer devant la Chambre sur ces misères. Il y a des choses qui ne sont rien et qui sont indéfendables devant le pédantisme d'un public, même d'un public qui ferait la même chose et plus, toute la journée; mais la majorité, tout en votant bien, s'est passé la fantaisie de prendre de grands airs attristés sur l'horreur de donner des places dans une vue politique.» (Mélanges et lettres, t. II, p. 148.)

493: Séances des 24, 25 et 26 janvier 1848.

494: Voir plus haut, ch. I, § IV.—Cf. du reste, sur l'histoire financière de la monarchie de Juillet, t. III, ch. V, § V; t. IV, ch. V, § XII; t. V, ch. I, § X; t. VI, ch. II, § III.

495: Cf. plus haut, p. 32.

496: Les emprunts précédents avaient été négociés, celui de 1841 à 78 fr. 52 1/2, celui de 1844 à 84 fr. 75: on voit quelle dépréciation avait été causée par la crise de 1847.

497: Les adjudicataires versèrent ainsi, jusqu'au 24 février 1848, 64 millions. Après la révolution, à raison de l'effondrement du crédit, ils obtinrent de ne pas remplir leurs engagements.

498: M. Garnier-Pagès, membre du gouvernement provisoire, chargé de diriger les finances du nouveau régime, a dit, dans son rapport du 10 mars 1848: «Ce qui est certain, ce que j'affirme de toute la force d'une conviction éclairée et loyale, c'est que si la dynastie d'Orléans avait régné quelque temps encore, la banqueroute était inévitable. Oui, citoyens, proclamons-le avec bonheur, avec orgueil, à tous les titres qui recommandent la République à l'amour de la France et au respect du monde, il faut ajouter celui-ci: la République a sauvé la France de la banqueroute.»

499: Cette partie de la discussion occupa les séances des 27 et 28 janvier 1848.

500: Cf. plus haut, t. VI, ch. II, § VI.

501: Documents inédits.

502: 29 et 31 janvier 1848.

503: 1er, 2 et 3 février.

504: À ce même moment, M. Rossi, qui de Rome suivait anxieusement ces débats, disait à son premier secrétaire, le prince Albert de Broglie: «Si le ministère tombe, et que Molé ou Thiers arrivent au pouvoir, je vous envoie tout de suite à Paris pour leur dire:—Je ne puis faire un pas de plus sans aboutir à la guerre contre l'Autriche. La voulez-vous?»—Je tiens ce fait de M. le duc de Broglie.

505: Le National du 1er février disait que la politique exposée par M. Thiers «était au fond la même que celle de M. Guizot, avec l'hypocrisie en plus», et il regrettait que la gauche n'eût pas «sifflé» l'orateur.

506: M. Guizot éprouvait parfois un singulier embarras à concilier les exigences de la discussion parlementaire avec les convenances de sa diplomatie. Au cours de sa réponse à M. Thiers, il fut amené à dire que la présence des troupes autrichiennes à Modène était «un fait irrégulier». Mais il se rendit compte aussitôt que cette expression blesserait l'Autriche, qu'il entrait dans son jeu de ménager. M. Klindworth écrivit, le 3 février 1848, à M. de Metternich: «Dans la discussion sur l'Italie, M. Guizot a prononcé un discours dans lequel il a dit que la présence des Autrichiens à Modène constituait un état de choses irrégulier. Le ministre fait savoir à Votre Altesse le vif regret qu'il éprouve de n'avoir pas songé, en parlant ainsi, aux traités qui autorisaient la présence des troupes impériales dans cet État. Ce mot irrégulier lui est échappé, et il s'appliquera à réparer le mal à la première occasion, en expliquant la vérité sur cette affaire.» (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 565.) On peut croire que si M. Guizot eût écrit lui-même, il l'eût fait d'un ton un peu différent, et que, s'il a inspiré la démarche de M. Klindworth, il n'a pas été consulté sur la rédaction de sa lettre. Il est heureux, en tout cas, qu'une indiscrétion n'ait pas fait tomber alors ce document aux mains de l'opposition.

507: Sur les circonstances dans lesquelles ces dépêches avaient été écrites, cf. plus haut, t. III, ch. II, § III.

508: 4 février 1848.

509: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

510: Documents inédits.

511: V. plus haut, p. 325.

512: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 537 à 539.

513: Joseph d'Arcay, Notes inédites sur M. Thiers, p. 225 à 229.—L'auteur dit tenir ces renseignements de M. de Goulard. Seulement il se trompe évidemment, quand il place cette démarche à la fin de 1847. D'après ce qu'il rapporte lui-même, elle a eu lieu après l'«affaire Petit». L'opposition paraît en avoir eu, sur le moment, une connaissance plus ou moins précise; le National en parle dans les premiers jours de février 1848.—Des démarches de M. de Morny et de M. de Goulard, on peut rapprocher la lettre suivante, écrite au Roi, le 24 janvier 1848, par un autre député conservateur, M. Liadières: «Que le Roi me permette de le dire, il serait dangereux pour le système conservateur de résister plus longtemps à l'entraînement des esprits. Je pense, avec un grand nombre de mes amis, que des réformes sérieuses doivent être préparées, et qu'il serait utile d'annoncer aux Chambres que le cabinet s'en occupe.»

514: On a prétendu plus tard que le projet de banquet était abandonné, quand le préfet de police était venu le faire reprendre par son interdiction provocatrice. Cette assertion est démentie par les pièces mêmes publiées sur le moment.

515: Voir plus haut, t. IV, p. 181.

516: 7, 8 et 9 février.

517: C'est l'expression dont se servait, à la date même du 9 février, dans son journal intime, un «officier de service aux Tuileries». (Marnay Mémoires secrets.)

518: Ibid.

519: Séances des 10, 11 et 12 février.

520: Quelques jours plus tard, le 17 février, le duc de Broglie mandait à son fils que quelques personnes eussent préféré que le ministère se laissât mettre en minorité et se retirât; puis il ajoutait: «Dans l'état présent de l'Europe, je ne saurais partager ce sentiment.» (Documents inédits.)

521: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

522: Documents inédits.

523: Mémoires inédits de M. de Montalivet.—Plus tard, après sa chute, dans une conversation très réfléchie et destinée à être publiée, le Roi a tenu à rappeler qu'il avait désapprouvé le langage de M. Guizot, et que, quant à lui, il était résolu à «s'en aller» plutôt que de faire la réforme. (Abdication du roi Louis-Philippe racontée par lui-même et recueillie par M. Édouard Lemoine, p. 40 à 44.)

524: Revue rétrospective.

525: Lettre du 17 février 1848. (Documents inédits.)

526: Correspondance de M. le comte de Flahault et de M. le marquis de Dalmatie avec M. Guizot. (Documents inédits.)

527: M. de Hubner, Une année de ma vie, p. 12.

528: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.

529: Journal inédit du baron de Viel-Castel, à la date du 14 février 1848.

530: Pour le récit qui va suivre, j'ai d'abord consulté, en m'efforçant de le contrôler, tout ce qui a été publié par les contemporains, acteurs ou spectateurs du drame, entre autres les Mémoires de MM. Guizot, Odilon Barrot, Dupin; les brochures de M. Édouard Lemoine et les articles de M. Croker dans la Quarterly Review, échos des entretiens de Louis-Philippe dans l'exil; les conversations de M. Thiers recueillies par M. Senior; les lettres apologétiques publiées par le maréchal Bugeaud et le général Bedeau; les histoires de MM. Garnier-Pagès, Élias Regnault, Daniel Stern, de Lamartine, Louis Blanc, Pelletan; l'ouvrage de Lucien de la Hodde sur les sociétés secrètes; les Souvenirs de l'année 1848, par M. Maxime du Camp; l'écrit de M. Sauzet sur la Chambre des députés; les notes de M. Marie reproduites par son biographe, M. Chérest; les Mémoires secrets et témoignages authentiques de M. de Marnay, etc., etc. J'ai complété et redressé, sur plusieurs points, ces témoignages, par de nombreux Documents inédits dont on a bien voulu me donner communication. Ce sont d'abord des notes que M. Guizot s'est fait adresser, après la révolution, par ses anciens collègues et par ses principaux agents, et où ceux-ci rapportent ce qu'ils ont fait et vu: Note de M. Duchâtel, ministre de l'intérieur, datée d'avril 1850; de M. Hébert, garde des sceaux, mai 1850; de M. Jayr, ministre des travaux publics, mai 1848; de M. Dumon, ministre des finances, mai 1850; du général Trézel, ministre de la guerre, décembre 1849; du général Tiburce Sébastiani, commandant l'armée de Paris; de M. Delessert, préfet de police, mai 1850; de M. Génie, chef du cabinet de M. Guizot, février 1867. Je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance capitale de ces pièces dont je me suis beaucoup servi. À un point de vue opposé, je n'ai pas pris connaissance avec moins de fruit d'un récit détaillé écrit par M. Duvergier de Hauranne. J'ai eu également communication des Mémoires du duc Pasquier et de quelques fragments de ceux du comte de Montalivet. Enfin j'ai pu recueillir utilement certains renseignements verbaux de la bouche de témoins survivants. Je me borne à indiquer ces sources d'une façon générale, ne pouvant spécifier, à chacun des détails de ce récit, toutes celles où j'aurai puisé; je ne ferai cette spécification que pour quelques faits plus importants ou plus contestés que d'autres.

531: Lettre à son fils, en date du 17 février 1848. (Documents inédits.)

532: Même après la révolution de 1848, M. de Tocqueville proclamait que «les grandes libertés politiques des nations modernes consistaient surtout en trois choses: la garde nationale, la liberté de la presse et la liberté de la tribune».

533: Rappelons qu'un article de la charte de 1830 avait solennellement «confié au patriotisme et au courage des gardes nationales» cette même charte et «tous les droits qu'elle consacrait».

534: Ajoutons qu'en 1837, pour rendre moins lourd le service des factions, on porta à 80,000 hommes l'effectif des douze légions de Paris, et que cette augmentation ne put se faire sans en rendre la composition plus démocratique.

535: À la suite de diverses scènes de désordre, plusieurs gardes nationales de province furent dissoutes.

536: Le lendemain, M. de Lamartine écrivait à un ami: «Hier, il y a eu une dernière réunion des oppositions. La démoralisation était au camp. Berryer venait de l'achever avec les légitimistes, en parlant bien et en concluant à se retirer. On m'a conjuré de lui répondre. Je l'ai fait, dans une improvisation de vingt minutes, telle que tout s'est raffermi comme au feu. Jamais encore ma faible parole n'avait produit un tel effet. Tout ce que vous avez lu de moi est du sucre et du miel auprès de cette poudre!»

537: «Par mes opinions, a écrit depuis M. Marie, par mes relations, par la situation que quelques services rendus m'avaient faite au sein des partis avancés, j'aurais connu les projets conçus... Un mouvement sérieux se préparant dans le but d'une révolution, je l'aurais su... Or j'affirme que personne alors ne voulait de révolution, qu'il n'y avait aucune préparation dans ce sens. Pas de conspiration, en un mot. Des désirs, des vœux, des espérances peut-être, rien de plus.» (La Vie et les œuvres de A. T. Marie, par Aimé Chérest, p. 94.)

538: «Il me semble, dit un jour M. Pagnerre aux députés radicaux, que les dynastiques vont plus loin qu'ils ne pensent et qu'ils ne veulent. Ils espèrent continuer le mouvement sur le terrain de la légalité, mais il ne me paraît pas du tout certain qu'ils y parviennent. Que feront-ils, que ferez-vous, si le mouvement va plus loin?—Nous les aiderons loyalement à maintenir tout dans la légalité, répondent les députés radicaux. Si une force supérieure en ordonne autrement, nos collègues de la gauche ont déclaré maintes fois, à la tribune et ailleurs, que la responsabilité des événements retomberait sur les ministres, sur le Roi lui-même, qui les avaient provoqués, et qu'ils n'abandonneraient plus la cause de la Révolution.»

539: Ce dernier fait est rapporté par un témoin peu suspect et bien informé, M. Sarrans jeune, dans son Histoire de la révolution de Février, t. I, p. 291 à 293.

540: Ce procès-verbal fut publié pour la première fois, en 1851, par M. de Morny, dans le Constitutionnel. M. Guizot l'a reproduit dans ses Mémoires, t. VIII, p. 556 à 560.

541: Une lettre de M. Doudan au prince Albert de Broglie, en date du 17 février,—c'est-à-dire alors que l'accord n'était pas encore conclu,—est un spécimen des sarcasmes qui avaient cours dans certains salons. «Les meneurs modérés, écrivait-il, ne demandent qu'une grâce au gouvernement, c'est de faire juger par les tribunaux si, oui ou non, Dieu et la Loi veulent que M. Ledru-Rollin puisse monter sur les tables après son dîner et dire à peu près ouvertement que le Roi est un drôle, les Chambres, un ramas d'escrocs, et Danton, le plus aimable et le plus humain des législateurs. Or, pour les traduire devant les tribunaux, le gouvernement le veut bien, mais il ne veut pas leur donner l'occasion de commettre le délit nécessaire; eux insistent et promettent de ne faire le délit que le plus petit possible, un petit crime de deux sous, quoi! juste ce qu'il en faut pour aller en police correctionnelle! C'est une chose admirable que ce désir qu'a le parti d'aller en police correctionnelle, et je crois bien que c'est la vocation de la plupart de ceux qui n'en ont pas une plus haute, parmi ces doux panégyristes de 1793 et de 1794. Tout le monde ne peut pas prétendre à la cour d'assises, malgré l'égalité fondamentale et primordiale des hommes entre eux.» (Mélanges et Lettres, t. II, p. 153, 154.)

542: Lettre de M. Léon Faucher à M. Reeve, en date du 8 mars 1848.

543: Telle a été son impression dès la veille au soir, où il a reçu communication, en épreuves d'imprimerie, du document qui allait être publié par les journaux radicaux. Il l'a montré alors à MM. de Morny et Vitet, qui l'ont trouvé si contraire à l'esprit des conventions et aux paroles échangées, qu'ils ont refusé d'abord de croire à son authenticité.

544: Quelques historiens de gauche ont attribué à M. Marrast un langage tout opposé. Mais M. Duvergier de Hauranne, qui était présent, leur donne, dans ses Notes inédites, un démenti formel.

545: En voici la liste: Odilon Barrot, Duvergier de Hauranne, général de Thiard, Dupont de l'Eure, Isambert, Léon de Malleville, Garnier-Pagès, Chambolle, Bethmont, Lherbette, Pagès de l'Ariège, Baroche, Havin, Léon Faucher, F. de Lasteyrie, de Courtais, H. de Saint-Albin, Crémieux, Gaultier de Rumilly, Raimbault, Boissel, de Beaumont (Somme), Lesseps, Mauguin, Creton, Abbatucci, Luneau, Baron, G. de Lafayette, Marie, Carnot, Bureaux de Pusy, Dusolier, Mathieu, Drouyn de Lhuys, d'Aragon, Cambacérès, Drault, Marquis, Bigot, Quinette, Maichain, Lefort-Gonsollin, Tessié de la Motte, Demarçay, Berger, Bonnin, de Jouvencel, Larabit, Vavin, Gamon, Maurat-Ballange, Taillandier. Il est curieux de noter que cette liste contenait trois futurs ministres de l'Empire, MM. Baroche, Abbatucci et Drouyn de Lhuys.

546: Voir plus haut, p. 401.

547: Le matin du 24 février, on entendra la duchesse d'Orléans s'écrier à plusieurs reprises: «Et Joinville, Joinville qui n'est pas ici!»

548: Par les conversations que le Roi a eues après sa chute, on voit combien cette préoccupation du sang versé a eu d'action sur lui. «On ne sait donc pas, disait-il à un de ses interlocuteurs, que tout le monde m'a dit: Si vous cédez, pas une goutte de sang français ne sera versée... On m'avait montré la guerre civile au moment d'éclater; je n'ai pas voulu de la couronne au prix de la guerre civile! On m'avait dit: La garde nationale demande la réforme; si on la lui refuse, le sang coulera; non pas le sang des émeutiers quand même, des fauteurs de désordre, mais le sang du vrai peuple, le sang de la garde nationale, le sang des travailleurs et des honnêtes gens! À cette garde nationale, à ce peuple de travailleurs, donnez un ministère réformiste, et tout sera fini, tout. Il ne sera pas même tiré un coup de fusil.» (Une visite au roi Louis-Philippe, par Édouard Lemoine.) Il ajoutait un autre jour: «J'ai détesté toute ma vie cette profonde iniquité qu'on nomme la guerre... Ce n'est pas pour rien que mes ennemis m'appelaient, en altérant la vérité comme toujours, le Roi de la paix à tout prix. J'ai surtout une horreur insurmontable pour la guerre civile.» (Abdication du roi Louis-Philippe, racontée par lui-même et recueillie par Édouard Lemoine.) Causant avec le duc de Saxe-Cobourg, qui était venu le voir à Claremont, Louis-Philippe revenait volontiers sur cette idée, qu'il aurait pu triompher facilement de l'émeute; mais, répétant sa phrase habituelle, il ajoutait: «J'ai vu assez de sang!» (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 184, 185.) Le Roi disait encore à M. Cuvillier-Fleury: «Contre une insurrection morale, il n'y avait ni à attaquer, ni à se défendre.»

549: Louis-Philippe exprimera la même idée à M. Édouard Lemoine: «Me défendre, avec quoi? avec l'armée? Oh! je sais qu'elle eût bravement fait son devoir... Mais l'armée seule était prête, et ce n'était pas assez pour moi. La garde nationale, cette force sur laquelle j'étais si heureux de m'appuyer, la garde nationale de Paris, de cette ville qui, la première entre toutes, m'avait dit en 1830: Prenez la couronne et sauvez-nous de la république! la garde nationale de Paris, pour laquelle j'ai toujours eu tant de bénévolence, ou s'abstenait, ou se prononçait contre moi. Et je me serais défendu! Non, je ne le pouvais pas!» (Abdication du roi Louis-Philippe, racontée par lui-même et recueillie par Édouard Lemoine.) À la même époque, causant des journées révolutionnaires traversées en 1848 par le gouvernement républicain, notamment de l'invasion manquée de la Chambre le 15 mai, et de la sanglante bataille de juin, Louis-Philippe était amené à parler de ceux qui lui reprochaient d'avoir reculé, en février, devant la répression. «Le 15 mai, disait-il, leur donne raison; mais les journées de Juin me donnent raison à moi-même; il n'y a que les gouvernements anonymes qui puissent faire ces choses-là!»

550: Pour les importantes conversations qui vont suivre et qui ont amené la retraite du cabinet, je me suis attaché au récit qu'en a fait M. Duchâtel dans la note qu'il a écrite à la demande de M. Guizot, et dont j'ai eu communication. M. Guizot a, du reste, reproduit presque entièrement, dans ses Mémoires, le récit de son collègue.

551: Comme je l'ai dit plus haut, je n'ai, sur cette conversation, que le récit de M. Duchâtel, confirmé par M. Guizot; je n'ai pas celui de Louis-Philippe. Toutefois je dois faire connaître ce qu'on a parfois donné à entendre pour décharger le Roi. On a dit que, tout en étant fort ébranlé, il n'avait pas encore exprimé positivement sa volonté, qu'il avait seulement posé la question, quand M. Guizot déclara précipitamment, d'un ton très raide et comme s'il saisissait une occasion cherchée, «qu'une telle question était résolue par cela seul qu'elle était posée.» Dans cette version, M. Guizot aurait prononcé, le premier, la parole de rupture; le Roi n'aurait fait que suivre. Je ne puis qu'indiquer cette façon de présenter les choses. En l'absence de témoignages formels, je dois m'en tenir au compte rendu si précis des deux anciens ministres.

552: Au lendemain même de la révolution de Février, M. Capefigue publia un livre où il présentait M. Guizot et ses collègues comme ayant abandonné le Roi, le 23 février. M. Hébert voulut protester et en écrivit à M. Guizot. Celui-ci lui répondit, le 12 avril 1849, en l'engageant, en son nom et au nom de M. Duchâtel qu'il avait consulté, à garder le silence. «Ce serait, disait-il, un spectacle déplorable, que de nous voir, tous dans le malheur et naguère dans l'exil, rejeter officiellement les fautes sur le Roi, le plus malheureux de tous et aujourd'hui le seul exilé... Non seulement l'histoire saura et dira sur tout ceci la vérité, mais la plus grande, de beaucoup la plus grande partie du public la sait et l'a dite déjà...» (Documents inédits.)

553: Voir plus haut, chap. VI, § I.

554: Pour la conversation qui va suivre, j'ai eu sous les yeux un récit recueilli par M. Duvergier de Hauranne de la bouche de M. Molé. J'ai déjà eu occasion de noter cette obligation où l'on est, pour tous les entretiens avec le Roi, de s'en rapporter uniquement au témoignage de ses interlocuteurs, sans pouvoir contrôler leur version par celle du Roi lui-même. Je ne mets aucunement en doute la bonne foi de ces interlocuteurs; mais il serait possible que certains propos apparussent avec une physionomie un peu différente, racontés par l'autre partie.

555: Sur la conversation de M. Molé et de M. Thiers, j'ai sous les yeux deux récits recueillis par M. Duvergier de Hauranne de la bouche des deux interlocuteurs. Ils ne concordent pas sur tous les points. J'ai tâché d'en dégager les parties essentielles sur lesquelles le doute ne m'a pas paru possible.

556: J'emprunte ce récit aux Souvenirs de l'année 1848, par M. Maxime du Camp. L'auteur s'est trouvé, après plusieurs années, en rapport avec Giacomoni, et a recueilli ses confidences.

557: La plupart des ministres démissionnaires avaient dîné chez M. Duchâtel et se trouvaient encore au ministère de l'intérieur, quand arriva la nouvelle de la fusillade. M. Duchâtel dit aussitôt à M. Guizot: «Je crois que nous devons demander au Roi la nomination immédiate du maréchal Bugeaud. Ni Jacqueminot, ni Sébastiani n'auront droit de se plaindre; nous avons assez fait pour eux, trop peut-être! J'espère qu'il ne sera pas trop tard.—Vous savez, répondit M. Guizot, que ç'a été toujours mon avis: allons donc chez le Roi.» Il fut convenu que M. Guizot irait avec M. Dumon, M. Duchâtel restant au ministère pour recevoir les nouvelles, mais prêt à rejoindre ses collègues aux Tuileries, si cela était nécessaire. (Note de M. Génie.)—On a cru et dit, sur la foi de témoignages considérables, que M. de Montalivet avait jusqu'au bout combattu auprès du Roi la nomination du maréchal. Dans les fragments qui m'ont été communiqués de ses Mémoires, M. de Montalivet affirme, au contraire, que quand il a été question d'appeler M. Thiers, il a insisté pour que la nomination du maréchal fût faite auparavant.

558: Je n'ai, sur la conversation du Roi et de M. Thiers, que des comptes rendus recueillis de la bouche de ce dernier, soit par M. Duvergier de Hauranne, soit par M. Senior. Je me suis attaché de préférence au premier, qui est plus complet et qui m'a semblé devoir être plus exact. Toutefois je dois, ici plus que jamais, renouveler les réserves que j'ai faites déjà sur l'inconvénient de comptes rendus émanés d'un seul des interlocuteurs et non contrôlés par l'autre.

559: Le maréchal Bugeaud ayant renouvelé, après la révolution, dans une lettre publiée, ses plaintes sur l'insuffisance des munitions, le général Trézel, ministre de la guerre dans le cabinet Guizot, lui a répondu en apportant des chiffres détaillés. La controverse intéresse peu aujourd'hui. En effet, ce n'est pas faute de cartouches que la monarchie est tombée, c'est faute d'avoir voulu s'en servir.

560: D'après un relevé fait après coup, il y en avait plus de 1,500. En outre, 4,000 arbres avaient été abattus.

561: Quelques personnes ont prétendu que M. le duc de Nemours était présent à l'entretien avec M. Fauvelle-Delebarre, et lui ont attribué un rôle plus ou moins actif dans la délibération qui a précédé l'envoi des ordres. Ces assertions sont inexactes. Je tiens de M. le duc de Nemours qu'il n'est pas retourné à l'état-major depuis la nomination du maréchal Bugeaud. Il ne voulait pas que sa présence pût gêner le commandement; il se faisait seulement tenir au courant de ce qui se passait par un de ses officiers d'ordonnance.

562: Dans cette lettre, le maréchal s'exprimait ainsi: «Il y avait longtemps que j'avais prévu, mon cher Thiers, que nous serions tous les deux appelés à sauver la monarchie. Mon parti est pris, je brûle mes vaisseaux... Quand j'aurai vaincu l'émeute, et nous la vaincrons, car l'inertie et le défaut de concours de la garde nationale ne m'arrêteront pas, j'entrerai volontiers, comme ministre de la guerre, avec vous, dans la formation d'un nouveau cabinet, à moins que l'impopularité prétendue qu'on me reproche ne soit un obstacle insurmontable. Dans ce cas, je n'hésiterai pas à vous conseiller de prendre Bedeau, officier distingué, et de lui adjoindre, comme sous-secrétaire d'État, M. Magne, député, dont je connais personnellement la rare capacité.»

563: L'insuffisance des munitions préoccupait à ce point le maréchal, qu'en ce moment même il envoyait à M. Thiers une note où il disait qu'en dehors de la colonne de Bedeau, les soldats n'avaient que dix cartouches par homme. J'ai déjà mentionné que le général Trézel a contesté l'exactitude de ces assertions.

564: C'est au milieu de témoignages souvent un peu incertains et mal concordants, que j'ai cherché à dégager la vérité sur les circonstances dans lesquelles a été donné l'ordre de suspendre les hostilités. Ce cas n'est pas le seul où j'aie eu occasion de remarquer que le trouble et l'émotion de ces heures de crise semblent avoir réagi sur les souvenirs de ceux qui y ont été acteurs ou spectateurs. De là, entre eux, des contradictions parfois singulières qu'on aurait probablement tort d'attribuer à un défaut de sincérité. Ces réflexions trouvent leur application à propos du récit fait par le maréchal Bugeaud des événements que je viens de raconter. Ce récit se trouve dans une lettre publique du 19 octobre 1848, lettre écrite à un moment où le maréchal briguait les suffrages des conservateurs pour la présidence de la république. Le maréchal est parfaitement dans le vrai, quand il parle d'une «foule de bourgeois très bien mis, venant des divers points où se trouvait l'insurrection, et accourant vers lui, les larmes dans les yeux, pour le supplier de faire retirer les troupes»; il est également dans le vrai, quand il se fait honneur d'avoir repoussé d'abord ces conseils. Mais, plus loin, voulant expliquer pourquoi il a fini par céder, il affirme que l'ordre exprès et réitéré de cesser les hostilités lui aurait été apporté de la part du Roi, une première fois par MM. Thiers et Barrot, une seconde par M. le duc de Nemours. Ici le maréchal se trompe évidemment. D'abord il paraît certain que l'ordre a été donné avant même que la nouveaux ministres fussent arrivés aux Tuileries: l'un d'eux, M. Duvergier de Hauranne, le déclare de la façon la plus formelle. À quelle heure exactement cet ordre est-il parti de l'état-major? C'est difficile à fixer. Le général Sébastiani et M. Delessert disent sept heures: je serais porté à croire, étant donné le temps pris par la marche de Bedeau et par les pourparlers qui ont suivi, que cette indication est un peu trop matinale. En tout cas, c'est au plus tard vers huit heures, et les ministres ne semblent être arrivés aux Tuileries que vers huit heures et demie. C'est donc à tort que le maréchal fait intervenir M. Thiers et M. Barrot. Quant au Roi, il a nié absolument, dans ses conversations de l'exil, avoir donné l'ordre que lui attribue Bugeaud. Enfin M. le duc de Nemours m'a affirmé n'avoir rien transmis de semblable. Ce n'est pas à dire que les ministres ou le Roi aient blâmé cet ordre. Bien au contraire, comme on le verra dans la suite du récit, les ministres, dans leur première entrevue avec le Roi, ont parlé de la suspension des hostilités comme d'une mesure qui s'imposait, et Louis-Philippe, dans cette même conversation de l'exil où il a nié avoir donné l'ordre, ajoutait: «Il est bien entendu que je ne regrette pas, que je n'ai jamais regretté que le maréchal n'ait pas engagé la bataille... J'ai une horreur pour la guerre civile. Aussi il est certain, très certain, que, si l'on m'avait consulté, j'aurais été d'avis qu'il fallait, n'importe par quel moyen, éviter l'effusion du sang.» (Abdication du roi Louis-Philippe, racontée par lui-même et recueillie par M. Édouard Lemoine, p. 17 à 19.) Cet ordre était la conséquence logique de la politique où l'on s'était engagé depuis le changement du ministère. C'est seulement en ce sens que le maréchal pouvait en rejeter la responsabilité sur d'autres. Mais, s'il n'a fait que ce qu'on lui aurait demandé de faire, si sa détermination a été, aussitôt après, approuvée et confirmée, il n'en reste pas moins qu'il a donné l'ordre sans avoir reçu sur ce point aucune prescription spéciale du Roi et des ministres. Bugeaud donnait une explication plus exacte de sa conduite, le jour où, rencontrant dans un salon ce M. Fauvelle-Delebarre qui s'était fait le messager du général Bedeau, il lui disait: «Je vous reconnais, monsieur. Vous nous avez fait bien du mal. J'aurais dû, sans vous écouter, vous faire chasser de ma présence, et, sourd aux lamentations de vos bourgeois de Paris et de votre garde nationale, défendre mon roi dans ses Tuileries et vous mitrailler tous sans merci. Louis-Philippe serait encore sur le trône, et vous me porteriez aux nues à l'heure qu'il est. Mais que voulez-vous? J'étais harcelé, étourdi par un tas de poltrons et de courtisans. Ils m'avaient rendu imbécile comme eux!» (Ce propos a été rapporté par Daniel Stern dans son Histoire de la révolution de 1848.)

565: Deux des membres de l'ancien cabinet, MM. Dumon et Hébert, arrivant aux Tuileries quelques instants après cet entretien, trouvent le Roi fort soucieux. Ils lui demandent si le ministère est formé. «Pas encore, répond le Roi, mais je crois qu'il va se former.» Puis, interrogé sur les mesures qui lui sont réclamées, il ajoute: «Je ne sais pas trop. Au surplus, je ne dispute pas avec eux. J'accorde tout; je suis vaincu.»

566: Ce sont peut-être ces instructions que le maréchal Bugeaud confondait avec le premier ordre de cesser le feu, quand il racontait n'avoir fait qu'obéir aux prescriptions apportées par les nouveaux ministres.

567: Ce fait, ainsi que plusieurs autres incidents de cette lamentable retraite, m'a été raconté par le comte de Laubespin lui-même, actuellement sénateur de la Nièvre. M. de Laubespin, ancien aide de camp du maréchal Valée et en disponibilité depuis la mort de ce dernier, avait repris volontairement du service quand il avait vu la monarchie en péril.

568: Le général Bedeau devait en effet être très attaqué à raison de ces faits: on a même voulu faire peser exclusivement sur lui une responsabilité qui devait être au moins partagée. Il en a beaucoup souffert, et on peut même dire qu'il en est mort.

569: Je tiens de M. de Laubespin les détails qui vont suivre. Je les ai complétés, pour la délibération qui a eu lieu entre le Roi et les ministres, par des renseignements émanés de M. Duvergier de Hauranne et de M. Thiers.

570: C'est, on le voit, le plan que M. Thiers devait exécuter lors de la Commune. Ce plan était-il, le 24 février au matin, aussi net dans son esprit, et y a-t-il alors autant insisté que le ferait croire le récit fait par lui à M. Senior? Les renseignements donnés par M. Duvergier de Hauranne tendraient à m'en faire douter.

571: En se retirant, M. de Laubespin, qui demeure inquiet, rencontre le général de Chabannes. «Mon cher général, lui dit-il, je persiste à croire que le Roi et sa famille seront obligés, sous quelques heures, de quitter les Tuileries. Avez-vous des voitures?—Oui, il y a plusieurs berlines à quatre chevaux.—Il sera impossible de vous en servir; je vous adjure de faire préparer quelques voitures plus modestes.» On verra plus tard combien le dévouement de M. de Laubespin était bien inspiré, et de quelle utilité devait être cette précaution.

572: Extraits des notes de M. Marie, publiés par M. Aimé Chérest dans la Vie de A.-T. Marie, p. 100 à 102.

573: Cette salle était une de celles qui servaient de cabinet de travail au Roi.

574: La nuit précédente, la duchesse d'Orléans était restée auprès de la Reine; celle-ci, qui essayait de lire des prières et pouvait à peine tenir son livre, s'interrompit un moment et prononça le mot d'abdication. Était-ce un pressentiment qui lui traversait l'esprit, ou bien, rendue soupçonneuse par le chagrin, voulait-elle sonder sa belle-fille? Celle-ci se récria vivement. «Le Roi, reprit la Reine, est trop bon pour la France; la France est mobile et ingrate.» Ce n'était pas seulement en présence de la Reine que la duchesse d'Orléans protestait contre toute idée d'abdication. Dans la journée du 23 février, comme M. Scheffer, qui était de ses familiers, lui faisait entrevoir dans l'abdication un dernier moyen de salut auquel il faudrait peut-être avoir recours, elle repoussa avec force cette insinuation, et déclara que, si le Roi avait une telle pensée, elle le supplierait de n'y pas donner suite.

575: «On entrait comme dans une halle», dit un témoin.

576: Il ne paraît pas que, dans le trouble des événements qui vont suivre, ces formalités aient été remplies.

577: Le ministère de l'intérieur était alors au 101 de la rue de Grenelle, où se trouve actuellement l'hôtel du ministre du commerce.

578: On a raconté inexactement la façon dont M. Guizot était sorti de France. Voici la vérité. Au moment de s'échapper du ministère de l'intérieur, madame Duchâtel, qui avait conservé tout son sang-froid, dit à M. Guizot: «Je suis sûre que vous n'avez pas réfléchi où vous pourriez vous cacher.—Non.—Eh bien, je sais que M. Duchâtel a pris ses précautions; je vais m'occuper de vous.» Elle conduisit M. Guizot chez une concierge de la rue de Verneuil qui le fit monter dans sa chambre, au cinquième étage, et qui, arrivée en haut, lui dit: «C'est-il vous qui défendez les honnêtes gens?—Je l'espère.—Eh bien, alors, je vais vous défendre.» M. Guizot resta toute la journée dans cette chambre, où il reçut la visite du duc de Broglie. Le soir, il se rendit chez madame de Mirbel, où il demeura caché plusieurs jours. Enfin il fut conduit en Belgique par M. de Fleischmann, ministre de Wurtemberg à Paris et à Bruxelles, qui le fit passer pour son domestique.

579: J'ai eu sous les yeux plusieurs récits manuscrits ou imprimés des scènes qui ont précédé et accompagné l'abdication du Roi. Ils ne concordent pas toujours, soit sur l'ordre des incidents, soit sur l'attitude et les propos attribués aux divers personnages. On retrouve là l'effet du trouble que j'ai déjà eu l'occasion de signaler dans les témoignages se rapportant aux événements de ces journées. Je me suis attaché à ceux de ces témoignages qui m'ont paru présenter le plus de garanties d'exactitude.

580: M. Thiers, dans le récit qu'il a fait à M. Senior, a prétendu que M. Guizot était dans ce salon. C'est une erreur; l'ancien président du conseil n'était pas revenu aux Tuileries depuis le matin. (Cf. Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 593.)

581: On a dit que le duc de Nemours, soit à ce moment, soit à un autre, se serait également prononcé pour l'abdication; cette assertion est inexacte. Ce prince, fidèle à sa réserve habituelle, n'a rien dit qui pût influencer le Roi dans un sens ou dans l'autre.

582: À en croire le maréchal Bugeaud, il aurait insisté auprès du Roi pour l'empêcher d'abdiquer. Je dois dire que ce fait n'est confirmé par aucun des autres témoins.

583: Dans les derniers moments de cette scène, on remarqua un aparté entre la princesse Clémentine, fille du Roi, et M. Thiers. La princesse paraissait adresser des reproches très vifs à l'homme d'État, qui répondait: «Mais, madame, je ne puis rien; vous voyez, que je ne puis rien.» Un autre incident plus douloureux se produisit, que je ne puis passer sous silence, parce qu'il a été rapporté plus ou moins exactement par divers historiens. Égarée par l'excès de son chagrin et aussi par d'anciens soupçons dont j'ai déjà indiqué le mal fondé, la Reine aurait dit à la duchesse d'Orléans: «Eh bien, Hélène, soyez contente!» La duchesse, se baissant presque jusqu'à terre et saisissant les mains de la Reine: «Ah! ma mère, s'écria-t-elle, que dites-vous là? vous ne pouvez le penser!» Le grand et noble cœur de Marie-Amélie a dû regretter cette parole cruelle.

584: J'insiste sur ce détail, pour faire justice de la légende de la fuite en fiacre. La présence de ces voitures était probablement due à l'avertissement donné par M. de Laubespin à M. de Chabannes. (Cf. plus haut, p. 481.)

585: On a prêté au duc de Nemours, pendant la scène de l'abdication, des propos par lesquels il se serait lui-même prononcé pour la régence de la duchesse d'Orléans. Ces propos n'ont pas été tenus. Le prince n'avait ni revendiqué ni abandonné son droit légal à la régence. Il avait alors d'autres préoccupations.

586: M. Dupin affirme dans ses Mémoires, avec une insistance dont on cherche vainement le motif, qu'à ce moment le duc de Nemours avait déjà quitté le palais. Il est possible qu'il n'ait pas vu le prince, mais celui-ci était toujours là, occupé à protéger le départ de sa belle-sœur. Je suis autorisé à opposer, sur ce point, à M. Dupin, un témoignage irrécusable, celui de M. le duc de Nemours lui-même.—C'est aussi de M. le duc de Nemours que je tiens les renseignements qui vont suivre.

587: M. Duvergier de Hauranne a écrit dans ses Notes inédites: «C'était peu de partir pour l'Hôtel de ville; il fallait y arriver et en revenir. Or, dans l'état de Paris, il est très douteux que la princesse y fût arrivée; il est presque certain qu'elle n'en serait pas revenue.»

588: En voyant cette phrase: «Le flot monte!» se retrouver constamment sur les lèvres de M. Thiers pendant la journée du 24 février, comment ne pas se rappeler les termes dans lesquels, en 1846, il avait porté un défi au gouvernement? «Je me rappelle, disait-il, le noble langage d'un écrivain allemand qui, faisant allusion aux opinions qui triomphent tard, a dit ces belles paroles que je vous demande la permission de citer: Je placerai mon vaisseau sur le promontoire le plus élevé du rivage et j'attendrai que la mer soit assez haute pour le faire flotter. Il est vrai que je place mon' vaisseau bien haut, mais je ne crois pas l'avoir placé dans une position inaccessible.»

589: Ce trouble de M. Thiers a été constaté par tous les témoins. (Voir notamment les Mémoires de M. de Falloux et les Notes de M. Marie.) D'après M. de Falloux, M. Thiers était si ému qu'il demandait par quelle porte il pouvait sortir, quand il en avait une ouverte devant lui. Dans le récit qu'il a fait à M. Senior, M. Thiers ne peut nier son refus de rester à la Chambre et son départ précipité. Seulement, pour y donner une autre couleur, il se montre prononçant une sorte de malédiction contre cette Chambre «servile» et «corrompue», avec laquelle il «ne voulait plus avoir rien de commun». Il est, du reste, le premier à reconnaître que, s'il avait été présent à la séance, celle-ci aurait pu avoir un autre résultat; il s'excuse en disant qu'il croyait la duchesse d'Orléans partie pour Saint-Cloud avec le Roi.

590: Ce fait a été expressément confirmé à M. Duvergier de Hauranne par M. Marc Dufraisse, qui le tenait de M. Bocage. (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)

591: Voir plus haut, t. V, ch. III, § III, et t. VII, ch. I, § VI.

592: M. Crémieux ne mérite certes pas d'occuper longtemps l'histoire. Toutefois, c'est un singulier rôle que celui de cet homme qui, le matin, se proclamant hautement dynastique, s'improvise à plusieurs reprises conseiller du Roi, véritable mouche du coche dans lequel est emporté la monarchie; qui se propose ensuite comme le conseiller de la régence, au point d'apporter à la duchesse d'Orléans, griffonné sur un chiffon de papier, un projet de discours qu'elle ne lui avait certes pas demandé; qui, aussitôt après, se prononce pour le gouvernement provisoire et la république. Il est vrai que, quand on lui demandera de lire la liste des membres de ce gouvernement provisoire, il répondra: «Je ne puis pas la lire, mon nom n'y est pas.» Il finira par l'y faire mettre, sinon par l'y mettre lui-même. Ce n'est pas la moindre humiliation de ces jours de révolution, de voir l'influence qu'ils permettent à de tels personnages de prendre sur les destinées du pays.

593: Le Moniteur, si complet et si exact sur cette séance, se trompe, quand il dit que la princesse est partie au moment de cette invasion.

594: Voir plus haut, p. 501.

595: Le capitaine Bro est l'auteur du Journal d'un officier de service aux Tuileries, publié dans les Mémoires secrets et témoignages authentiques de M. de Marnay.

596: Dans les polémiques rétrospectives auxquelles ont donné lieu ces douloureux événements, on a mis aussi en cause la responsabilité de M. Sauzet. On lui a reproché de n'avoir pas, en sa qualité de président, mis en demeure les généraux de défendre la Chambre, ainsi que plusieurs députés l'avaient pressé de le faire. M. Sauzet a répondu qu'il n'avait pas le droit de requérir les troupes, qu'il ne pouvait que signaler le péril au gouvernement, et qu'il l'avait fait sans rien obtenir.

597: M. Nisard, traversant, peu auparavant, la place de la Concorde, pour se rendre à la Chambre, avait vu un officier de cavalerie recevoir une pierre envoyée par un émeutier de quinze à seize ans, sans faire un mouvement. «Comment, lui avait-il dit, vous laissez-vous lapider par un gamin?—Que voulez-vous? répondit l'officier, nous n'avons pas d'ordres.»

598: Le 25 février, un légitimiste ardent, mais de caractère chevaleresque, le baron Hyde de Neuville, vint trouver le comte de Laubespin et lui déclara qu'il se mettait à la disposition de la duchesse d'Orléans pour l'aider à sortir de France: il avait préparé dix mille francs pour subvenir aux frais du voyage. Il pensait que sa notoriété légitimiste et son hostilité connue contre la famille d'Orléans couvriraient bien l'incognito de la princesse. M. de Laubespin fit connaître cette proposition à la comtesse d'Oraison.

599: En revenant à Paris, MM. Biesta et d'Aragon firent route avec le prince Louis Bonaparte, qui avait quitté l'Angleterre à la nouvelle de la révolution. Étrange retour des choses humaines: après le 4 septembre 1870, le prince impérial, débarquant à Douvres, se croisait et échangeait un salut avec le duc de Chartres qui partait pour la France, impatient de mettre au service de sa patrie envahie l'épée de Robert le Fort.

600: Déjà, la veille au soir, à Trianon, le duc et la duchesse de Cobourg s'étaient séparés du Roi.

601: Voir plus haut, p. 322.

602: On peut invoquer à ce propos le témoignage peu suspect de deux membres du gouvernement provisoire. M. Louis Blanc a écrit que «les départements avaient appris l'avènement de la république avec une sorte de stupeur». M. de Lamartine, parlant des premiers jours qui ont suivi la révolution, leur a reconnu «un caractère de trouble, de doute, d'horreur et d'effroi qui ne se présenta peut-être jamais au même degré dans l'histoire des hommes».

Chargement de la publicité...