Jeux et exercices des jeunes filles
On continue le refrain en quittant la ronde générale pour tourner deux par deux, jusqu'à ce que chacune ait tourné successivement; puis on reprend la chaîne, en recommençant le couplet.
J'ai un beau laurier de France.
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Mademoiselle, entrez en danse,
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Faites-nous trois révérences;
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Maint'nant le tour de la danse
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Embrassez vot' ressemblance;
Mon joli laurier danse,
Mon joli laurier.
Le dénoûment de presque toutes ces rondes est le même. Les jeunes filles s'embrassent ou se poursuivent.
Il était un' bergère,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Il était un' bergère,
Qui gardait ses moutons,
Ron, ron,
Qui gardait ses moutons.
Elle fit un fromage,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Elle fit un fromage,
Du lait de ses moutons,
Ron, ron,
Du lait de ses moutons.
Le chat qui la regarde,
Et ron, ron, ron, petit patapon
Le chat qui la regarde,
D'un petit air fripon,
Ron, ron,
D'un petit air fripon.
«Si tu y mets la patte,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Si tu y mets la patte,
Tu auras du bâton,
Ron, ron,
Tu auras du bâton.»
Il n'y mit pas la patte,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Il n'y mit pas la patte,
Il y mit le menton,
Ron, ron,
Il y mit le menton.
La bergère en colère,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
La bergère en colère,
Tua son p'tit chaton,
Ron, ron,
Tua son p'tit chaton.
Elle fut à son père,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Elle fut à son père,
Lui demander pardon,
Ron, ron,
Lui demander pardon.
«Mon père je m'accuse,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Mon père je m'accuse,
D'avoir tué mon chaton,
Ron, ron,
D'avoir tué mon chaton.
--Ma fill', pour pénitence.
Et ron, ron, ron, petit patapon;
Ma fill', pour pénitence,
Nous nous embrasserons,
Ron, ron,
Nous nous embrasserons.
--La pénitence est douce,
Et ron, ron, ron, petit patapon;
La pénitence est douce,
Nous recommencerons,
Ron, ron,
Nous recommencerons.»
Que t'as de belles filles!
Giroflé, girofla;
Que t'as de belles filles!
L'amour m'y compt'ra (ou m'y prendra).
Ell's sont bell's et gentilles,
Giroflé, girofla,
Ell's sont bell's et gentilles,
L'amour m'y compt'ra.
Donnez-moi-z'en donc une,
Giroflé, girofla,
Donnez-moi-z'en donc une,
L'amour m'y compt'ra.
Pas seul'ment la queue d'une,
Giroflé, girofla
Pas seul'ment la queue d'une,
L'amour m'y compt'ra.
J'irai au bois seulette,
Giroflé, girofla;
J'irai au bois seulette,
L'amour m'y compt'ra.
Quoi faire au bois seulette?
Giroflé, girofla;
Quoi faire au bois seulette
L'amour m'y compt'ra.
Cueillir la violette,
Giroflé, girofla;
Cueillir la violette,
L'amour m'y compt'ra.
Quoi faire de la violette?
Giroflé, girofla;
Quoi faire de la violette?
L'amour m'y compt'ra.
Pour mettre à ma coll'rette
Giroflé, girofla;
Pour mettre à ma coll'rette,
L'amour m'y prendra.
Si le roi t'y rencontre?
Giroflé, girofla;
Si le roi t'y rencontre?
L'amour m'y compt'ra.
J'lui ferai trois r'vérences,
Giroflé, girofla;
J'lui ferai trois r'vérences,
L'amour m'y compt'ra.
Si la reine t'y rencontre?
Giroflé, girofla;
Si la reine t'y rencontre?
L'amour m'y compt'ra.
J'lui ferai six r'vérences,
Giroflé, girofla;
J'lui ferai six r'vérences,
L'amour m'y compt'ra.
Si le diable t'y rencontre?
Giroflé, girofla;
Si le diable t'y rencontre?
L'amour m'y compt'ra.
Je lui ferai les cornes!
Giroflé, girofla;
Je lui ferai les cornes!
L'amour m'y compt'ra.
Une des jeunes filles est seule, et les autres s'avancent vers elle, en se tenant par la main, puis se reculent. Celle qui est seule fait de même; en commençant elle dit le premier couplet; les autres répondent par le suivant, et dans l'intervalle où la jeune fille qui est seule ne chante pas, elle doit figurer l'action dont elle a parlé dans son couplet, cueillir la violette, faire les révérences, etc. Au dernier couplet, elle fait avec ses doigts les cornes à ses compagnes, qui s'enfuient à ce geste menaçant.
LE CIEL ET L'ENFER.
Les jeunes filles se tenant par la robe, à la suite l'une de l'autre, passent sous l'arc que forment les bras de deux de leurs compagnes. Celles-ci chantent: Trois fois passera, la dernière y restera, pendant que les premières défilent, et, au troisième tour, elles abaissent leurs bras et retiennent celle qui se trouve prise ainsi. Alors, elles lui demandent tout bas avec laquelle des deux elle veut rester. Quand elle a fait son choix, elle va se placer derrière celle qu'elle a désignée. L'une des deux représente le ciel, l'autre l'enfer, et celles qui ont fait un bon choix, quand le jeu est fini, poursuivent les autres en leur faisant les cornes, comme dans la ronde précédente. Ce geste, qui n'est ni gracieux ni bienveillant, se retrouve dans certains jeux d'enfants, et doit tirer son origine de quelque légende du moyen âge, époque où le diable avait toujours un rôle actif. Cette action de montrer les cornes avec les doigts est particulière à l'Italie, où les gens du peuple croient détourner un maléfice, qu'ils appellent le mauvais oeil (jettatura), soit en présentant ainsi les doigts de la main, soit en portant sur eux quelque petit objet de métal ou de corail, tel qu'une épingle, façonnée en forme de main, dont deux doigts sont tendus en avant comme deux cornes menaçantes.
LA TOUR, PRENDS GARDE!
La marquise de Prie, pour amuser les Condé, avait composé le chant de: la Tour prends garde! petit drame entre le duc de Bourbon, son fils, le capitaine et les gardes de Son Altesse.
LE CAPITAINE ET LE COLONEL.
La tour, prends garde (bis)
De te laisser abattre.
LA TOUR.
Nous n'avons garde (bis)
De nous laisser abattre.
LE COLONEL.
J'irai me plaindre (bis)
Au duc de Bourbon.
LA TOUR.
Eh! va te plaindre (bis)
Au duc de Bourbon.
LE COLONEL ET LE CAPITAINE.
Mon duc, mon prince (bis)
Je viens à vos genoux.
LE DUC.
Mon capitaine, mon colonel (bis)
Que me demandez-vous?
LE COLONEL ET LE CAPITAINE.
Un de vos gardes (bis)
Pour abattre la tour.
LE DUC.
Allez, mon garde (bis)
Pour abattre la tour.
LE COLONEL ET LE CAPITAINE AVEC LE GARDE.
La tour, prends garde (bis)
De te laisser abattre.
LA TOUR.
Nous n'avons garde (bis)
De nous laisser abattre.
LES OFFICIERS (au duc).
Mon duc, mon prince (bis)
Je viens à vos genoux.
LE DUC.
Mon capitaine, mon colonel (bis)
Que me demandez-vous?
LES OFFICIERS.
Deux de vos gardes (bis)
Pour abattre la tour.
LE DUC.
Allez, mon garde (bis)
Pour abattre la tour.
LES OFFICIERS (à la tour).
La tour, prends garde (bis)
De te laisser abattre.
LA TOUR.
Nous n'avons garde (bis)
De nous laisser abattre.
LES OFFICIERS (au duc).
Mon duc, mon prince (bis)
Je viens à vos genoux.
LE DUC.
Mon capitaine, mon colonel (bis)
Que me demandez-vous?
LES OFFICIERS.
Votre cher fils (bis)
Pour abattre la tour.
LE DUC.
Allez, mon fils (bis)
Pour abattre la tour.
LE FILS ET LES OFFICIERS.
La tour, prends garde (bis)
De te laisser abattre.
LA TOUR.
Nous n'avons garde (bis)
De nous laisser abattre.
LES OFFICIERS (au duc)
Votre présence (bis)
Pour abattre la tour.
LE DUC.
Je vais moi-même (bis)
Pour abattre la tour.
L'action de cette ronde est facile à comprendre. Deux jeunes filles, qui se tiennent les mains, représentent la tour; une autre est assise, qui représente le duc de Bourbon avec son fils, et entouré de ses gardes. On voit que les officiers défient la tour, qui répond avec mépris à ce défi. Elle ne succombe que quand le duc arrive lui-même.
Ah! mon beau château,
Ma tant'tire, lire, lire.
Ah! mon beau château,
Ma tant'tire, lire, lo.
Le nôtre est plus beau.
Ma tant'tire, lire, lire.
Le nôtre est plus beau,
Ma tant'tire, lire, lo.
Nous le détruirons,
Ma tant' tire, lire, lire.
Nous le détruirons,
Ma tant' tire, lire, lo.
Laquell' prendrez-vous?
Ma tant' tire, lire, lire.
Laquell' prendrez-vous?
Ma tant' tire, lire, lo.
Celle que voici,
Ma tant' tire, lire, lire.
Celle que voici,
Ma tant' tire, lire, lo.
Que lui donn'rez-vous?
Ma tant' tire, lire, lire.
Que lui donn'rez-vous ?
Ma tant' tire, lire, lo.
De jolis bijoux,
Ma tant' tire, lire, lire.
De jolis bijoux,
Ma tant' lire, lire, lo.
Nous en voulons bien,
Ma tant' tire, lire, lire.
Nous en voulons bien,
Ma tant' tire, lire, lo.
Les jeunes filles, en nombre égal, forment deux rondes qui chantent alternativement un des couplets. A ce vers: Celle que voici, le groupe qui chante en désigne une qui se détache quand on chante:
Nous en voulons bien, et l'on recommence le tout, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une jeune fille qui vient se mettre au milieu du cercle agrandi.
Il nous semble que ce refrain: tire, lire, lire, veut imiter le chant de l'alouette, comme dans ces poésies du seizième siècle:
La gentille alouette, avec son tire, lire,
Tire, lire, lirant, etc.
J'ai descendu dans mon jardin (bis)
Pour y cueillir du romarin,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Pour y cueillir du romarin (bis).
J' n'en avais pas cueilli trois brins
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
J' n'en avais pas cueilli trois brins (bis),
Qu'un rossignol vient sur ma main,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Qu'un rossignol vient sur ma main (bis);
Il me dit trois mots en latin,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Il me dit trois mots en latin (bis),
Que les hommes ne valent rien,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Que les hommes ne valent rien (bis),
Et les garçons encor bien moins,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Et les garçons encor bien moins (bis);
Des dames il ne me dit rien,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Des dames il ne me dit rien (bis),
Mais des d'moisell's beaucoup de bien,
Gentil coqu'licot,
Mesdames,
Gentil coqu'licot
Nouveau.
Cette ronde se chante seulement.
La mère Bontemps
Disait aux jeunes fillettes:
«Dansez, mes enfants,
Tandis que vous êtes jeunettes.
La fleur de gaîté
Passe avec l'été.
Au printemps, comme la rose,
Cueillez-la dès qu'elle est éclose.
Dansez à quinze ans;
Plus tard il n'est plus temps.
«Les jeux et les ris
Dansèrent à mon mariage;
Mais bientôt j'appris
Les soins qu'il faut en ménage.
Mon mari grondait,
Mon enfant criait,
Ne sachant auquel entendre,
Sous l'ormeau je courais me rendre.
Dansez à quinze ans;
Plus tard, il n'est plus temps.
«L'instant arriva
Où ma fille me fit grand'mère;
Quand on en est là,
Danser n'intéresse guère.
On tousse en parlant,
On marche en tremblant.
Au lieu de sauter la gavotte,
Dans un grand fauteuil on radote.
Dansez à quinze ans;
Plus tard, il n'est plus temps.
«Voyez les amours
Danser auprès de Louise;
Elle plaît toujours,
Au bal elle est admise.
Comme moi souvent,
Sans cesse on l'entend
Redire à toutes les fillettes
Si jolies et si gentillettes:
«Dansez à quinze ans;
«Plus tard, il n'est plus temps.»
On peut simplement danser cette ronde, ou bien ajouter une petite pantomime à quelques passages, en imitant le mari qui gronde, l'enfant qui crie, la grand'mère qui tousse, etc. Il y a, sur le même air, une petite chanson très-connue, dont nous ne savons qu'un couplet que voici:
Je n'peux pas danser,
Ma pantoufle est trop étroite;
Je n'peux pas danser,
Parce que j'ai trop mal au pied.
Il était un p'tit homme
Qui s'app'lait Guilleri,
Carabi;
Il s'en fut à la chasse,
A la chasse aux perdrix,
Carabi,
Titi carabi,
Toto carabo,
Compère Guilleri,
Te lairras-tu (ter) mouri?
Il s'en fut à la chasse,
A la chasse aux perdrix,
Carabi;
Il monta sur un arbre
Pour voir ses chiens couri,
Carabi,
Titi carabi, etc.
Il monta sur un arbre
Pour voir ses chiens couri,
Carabi;
La branche vint à rompre
Et Guilleri tombi,
Carabi,
Titi carabi, etc.
La branche vint à rompre
Et Guilleri tombi,
Carabi;
Il se cassa la jambe,
Et le bras se démi,
Carabi,
Titi carabi, etc.
Il se cassa la jambe,
Et le bras se démi,
Carabi;
Les dam's de l'hôpital
Sont arrivé's au brui,
Carabi,
Titi carabi, etc.
Les dam's de l'hôpital
Sont arrivé's au brui,
Carabi;
L'une apporte un emplâtre,
L'autre de la charpi,
Carabi,
Titi carabi, etc.
L'une apporte un emplâtre,
L'autre de la charpi,
Carabi;
On lui banda la jambe,
Et le bras lui remi,
Carabi,
Titi carabi, etc.
On lui banda la jambe,
Et le bras lui remi,
Carabi;
Pour remercier ces dames,
Guill'ri les embrassi,
Carabi,
Titi carabi, etc.
Qu'est-c' qui passe ici si tard,
Compagnons de la marjolaine?
Qu'est-c' qui passe, ici si tard,
Dessus le quai?
C'est le chevalier du guet,
Compagnons de la marjolaine.
C'est le chevalier du guet,
Dessus le quai.
Que d'mande le chevalier,
Compagnons de la marjolaine?
Que d'mande le chevalier,
Dessus le quai?
Une fille à marier,
Compagnons de la marjolaine.
Une fille à marier,
Dessus le quai.
N'y a pas de fille à marier,
Compagnons de la marjolaine.
N'y a pas de fille à marier,
Dessus le quai.
On m'a dit qu'vous en aviez,
Compagnons de la marjolaine.
On m'a dit qu'vous en aviez,
Dessus le quai.
Ceux qui l'ont dit s'sont trompés,
Compagnons de la marjolaine.
Ceux qui l'ont dit s'sont trompés,
Dessus le quai.
Je veux que vous m'en donniez,
Compagnons de la marjolaine.
Je veux que vous m'en donniez,
Dessus le quai.
Sur les onze heur's repassez,
Compagnons de la marjolaine.
Sur les onze heur's repassez,
Dessus le quai.
Les onze heur's sont bien passées,
Compagnons de la marjolaine.
Les onze heur's sont bien passées,
Dessus le quai.
Sur les minuit revenez,
Compagnons de la marjolaine.
Sur les minuit revenez,
Dessus le quai.
Les minuit sont bien sonnés,
Compagnons de la marjolaine.
Les minuit sont bien sonnés,
Dessus le quai.
Mais nos filles sont couchées,
Compagnons de la marjolaine.
Mais nos filles sont couchées,
Dessus le quai.
En est-il un' d'éveillée,
Compagnons de la marjolaine.
En est-il un' d'éveillée,
Dessus le quai.
Qu'est-c' que vous lui donnerez,
Compagnons de la marjolaine.
Qu'est-ce que vous lui donnerez,
Dessus le quai.
De l'or, des bijoux assez,
Compagnons de la marjolaine.
De l'or, des bijoux assez,
Dessus le quai.
Ell' n'est pas intéressée,
Compagnons de la marjolaine,
Ell' n'est pas intéressée,
Dessus le quai.
Mon coeur je lui donnerai,
Compagnons de la marjolaine.
Mon coeur je lui donnerai,
Dessus le quai.
En ce cas-là, choisissez,
Compagnons de la marjolaine,
En ce cas-là choisissez,
Dessus le quai.
Un groupe de jeunes filles s'avance vers une de leurs compagnes qui est seule, et demande: Qu'est c'qui passe ici si tard? l'autre répond par le second couplet, et ainsi jusqu'à la fin, où la jeune fille qui représente le chevalier du guet désigne une de ses compagnes du groupe. Celle-ci se sépare des autres, et elle s'enfuit avec celle qui était seule; toutes les deux sont alors poursuivies par les autres.
Le chevalier du guet était l'officier qui commandait la garde chargée de la police de nuit à Paris, dès les premiers temps de la monarchie.
On dit en dansant le premier couplet de cette ronde. On s'interrompt pour faire le métier que l'on veut imiter; puis on reprend la danse avec ce couplet: Sur le pont d'Avignon. Les enfants pourront choisir les métiers qui leur plairont le mieux.
Une des jeunes filles de la ronde fait le geste de semer, que les autres imitent: ensuite elle se croise les bras en ajoutant:
Puis il se reposait ainsi.
CHOEUR.
Avoine, avoine, avoine,
Que le bon Dieu t'amène.
Qui veut savoir
Et qui veut voir
Comment on coupe l'avoine?
Mon pèr' la coupait ainsi,
Puis il se reposait ainsi.
CHOEUR.
Avoine, avoine, avoine,
Que le bon Dieu t'amène.
Qui veut savoir
Et qui veut voir
Comment on doit battre l'avoine?
Mon pèr' la battait ainsi,
Puis il se reposait ainsi.
CHOEUR.
Avoine, avoine, avoine,
Que le bon Dieu t'amène.
Qui veut savoir
Et qui veut voir
Comment on vanne l'avoine!
Mon père la vannait ainsi,
Puis il se reposait ainsi.
CHOEUR.
Avoine, avoine, avoine,
Que le bon Dieu t'amène.
On imite ainsi toutes les opérations de la moisson; puis on termine en disant: «Mon père la mangeait ainsi.»
On prononçait autrefois aveine, ce qui rendait la rime plus exacte.
Savez-vous planter des choux,
A la mode, à la mode,
Savez-vous planter des choux,
A la mode de chez nous?
On les plante avec le pied,
A la mode, à la mode,
On les plante avec le pied,
A la mode de chez nous.
Savez-vous planter des choux, etc.
On les plante avec la main,
A la mode, à la mode,
On les plante avec la main,
A la mode de chez nous.
Savez-vous planter des choux, etc.
On les plante avec le doigt,
A la mode, à la mode,
On les plante avec le doigt,
A la mode de chez nous.
Savez-vous planter des choux, etc.
On les plante avec le nez,
A la mode, à la mode,
On les plante avec le nez,
A la mode de chez nous.
Savez-vous planter des choux, etc.
On peut nommer ainsi l'oreille, le coude, les cheveux, le front, les genoux, etc., et il faut faire l'action de planter avec la partie désignée, à mesure que l'on chante.
P'tit bonhomm' que sais-tu donc faire?
Sais-tu jouer d'la mistenlaire?
Laire, laire, laire,
Laire, laire, laire.
Ah! ah! ah! que sais-tu donc faire?
P'tit bonhomm' que sais-tu donc faire?
Sais-tu jouer d'la mistenflûte,
Flûte, flûte, flûte,
Flûte, flûte, flûte,
De la mistenlaire,
Laire, laire, laire,
Ah! ah! ah! que sais-tu donc faire?
P'tit bonhomm' que sais-tu donc faire?
Sais-tu jouer d'la mistenviole?
Viole, viole, viole,
De la mistenflûte,
Flûte, flûte, flûte,
De la mistenlaire,
Laire, laire, laire.
Ah! ah! ah! que sais-tu donc faire?
P'tit bonhomm' que sais-tu donc faire
Sais-tu jouer de la mistentrompe?
Trompe, trompe, trompe,
De la mistenflûte,
Flûte, flûte, flûte,
De la mistenviole,
Viole, viole, viole,
De la mistenlaire,
Laire, laire, laire.
Ah! ah! ah! que sais-tu donc faire?
On peut continuer en ajoutant au mot misten tous les noms d'instruments de musique que l'on veut.
Quand on dit mistenlaire, on agite en l'air les deux mains: pour mistenflûte, mistenviole, on imite la manière de jouer de ces différents instruments; enfin en disant: «Ah! ah! ah!» on tourne sur soi-même en frappant trois fois dans ses mains.
BIRON 13.
Quand Biron voulut danser (bis),
Ses souliers fit apporter (bis),
Ses souliers tout ronds.
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Sa perruqu' fit apporter (bis),
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds.
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Son habit fit apporter (bis),
Son habit
De p'tit-gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Sa veste fit apporter (bis),
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Sa culott' fit apporter (bis),
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Ses manchett's fit apporter (bis),
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte
A la mode,
Sa belle veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds,
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis).
Son chapeau fit apporter (bis),
Son chapeau
En clabot,
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte,
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds.
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Son épé' fit apporter (bis),
Son épée
Affilée,
Son chapeau
En clabot,
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds.
Vous danserez, Biron.
Quand Biron voulut danser (bis),
Son violon fit apporter (bis),
Son violon,
Son basson,
Son épée,
Affilée,
Son chapeau
En clabot,
Ses manchettes
Fort bien faites,
Sa culotte
A la mode,
Sa bell' veste
A paillettes,
Son habit
De p'tit gris,
Sa perruque
A la turque,
Ses souliers tout ronds.
Vous danserez, Biron.
La plus aimable à mon gré (bis),
Je vais vous la présenter (bis).
Nous lui f'rons passer barrière.
Ramèn' tes moutons, bergère.
Ramèn', ramèn', ramèn' donc
Tes moutons à la maison (bis).
La jeune fille qui dirige la ronde chante seule les deux premiers vers; puis elle quitte la main de sa voisine (alors la ronde doit s'arrêter), et s'adressant à la compagne qu'elle a quittée, elle se place vis-à-vis d'elle, et l'engage à passer sous l'arc qu'elle forme avec son autre voisine, en élevant le bras. La jeune fille à qui l'on s'adresse doit passer suivie de toutes les autres, qui reviennent former le rond, en chantant le refrain: Ramèn' tes moutons, etc.
Mam'selle, entrez chez nous (bis),
Mam'selle, entrez encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Une ami' choisissez vous (bis),
Choisissez-la encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Mettez-vous à genoux (bis),
Mettez-vous y encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Faites-nous les yeux doux (bis),
Faites-nous-les encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Et puis embrassez-nous (bis),
Embrassez-nous encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Revenez parmi nous (bis),
Revenez-y encore un coup,
Afin que l'on vous aime;
Ah! j'aimerai, j'aimerai, j'aimerai,
Ah! j'aimerai qui m'aime.
Une jeune fille, placée au milieu du cercle, fait ce que lui indiquent les paroles de la ronde.
Donn' moi ton bras que j' te guérisse,
Car tu m'as l'air malade,
Car tu m'as l'air malade,
Lon la,
Car tu m'as l'air malade.
Cueille la plante que voilà,
C'est un fort bon remède,
C'est un fort bon remède,
Lon la,
Il faut que le mal cède.
Danse sur le pied que voilà,
C'est un fort bon remède,
C'est un fort bon remède,
Lon la,
Il faut que le mal cède.
Frotte bien l'oeil que voilà,
C'est un fort bon remède,
C'est un fort bon remède,
Lon la,
Il faut que le mal cède.
Mon baiser te redressera,
C'est un fort bon remède,
C'est un fort bon remède,
Lon la,
Il faut que le mal cède.
Dans cette ronde, chacune des jeunes filles simule une infirmité, et celle qui dirige la ronde, en chantant, doit trouver un remède à cette infirmité, jusqu'au couplet de la Bossue, qui termine la ronde.
Je suis un petit poupon
De belle figure,
Qui aime bien les bonbons
Et les confitures;
Si vous voulez m'en donner,
Je saurai bien les manger.
La bonne aventure,
Oh! gai!
La bonne aventure.
Lorsque les petits garçons
Sont gentils et sages,
On leur donne des bonbons,
De joli's images;
Mais quand ils se font gronder,
C'est le fouet qu'il faut donner.
La triste aventure,
Oh! gai!
La triste aventure.
Je serai sage et bien bon,
Pour plaire à ma mère;
Je saurai bien ma leçon,
Pour plaire à mon père,
Je veux bien les contenter,
Et s'ils veulent m'embrasser,
La bonne aventure,
Oh! gai!
La bonne aventure.
Nous n'aurions peut-être pas donné une place à cette ronde très-enfantine, si elle ne rappelait un vieil air sur lequel on a composé diverses chansons. Il paraît que la plus ancienne de ces chansons fut chantée par Antoine de Navarre, duc de Vendôme, qui résidait au château de la Bonnaventure, près le Gué-du-Loir; d'après cela, le refrain devrait être ainsi écrit: La bonne aventure au gué, et non Oh! gai! comme on le trouve souvent.
Où est la Marguerite?
Oh! gai! oh! gai! oh! gai!
Où est la Marguerite?
Oh! gai! franc cavalier.
Elle est dans son château,
Oh! gai! etc.
Elle est dans son château,
Oh! gai! franc cavalier.
Ne peut-on pas la voir?
Oh! gai! etc.
Ne peut-on pas la voir?
Oh! gai! franc cavalier.
Les murs en sont trop hauts,
Oh! gai! etc.
Les murs en sont trop hauts,
Oh! gai! franc cavalier.
J'en abattrai un' pierre,
Oh! gai! etc.
J'en abattrai un' pierre.
Oh! gai! franc cavalier.
Un' pierr' ne suffit pas,
Oh! gai! etc.
Un' pierr' ne suffit pas,
Oh! gai! franc cavalier.
J'en abattrai deux pierres,
Oh! gai! etc.
J'en abattrai deux pierres,
Oh! gai! franc cavalier.
Deux pierr's ne suffisent pas,
Oh! gai! etc.
Deux pierr's ne suffisent pas,
Oh! gai! franc cavalier.
J'en abattrai trois pierres,
Oh! gai! etc.
J'en abattrai trois pierres,
Oh! gai! franc cavalier.
Trois pierr's ne suffisent pas,
Oh! gai! etc.
Trois pierr's ne suffisent pas,
Oh! gai! franc cavalier.
On continue ainsi autant qu'il y a de jeunes filles. Toutes les jeunes filles, à l'exception d'une, forment un groupe. Elles ont au milieu d'elles une de leurs compagnes dont elles tiennent la robe relevée, comme une cloche renversée. Le franc cavalier s'avance en chantant le premier couplet. Les autres répondent par le suivant, et ainsi jusqu'au cinquième: J'en abattrai un' pierre. Il emmène alors une des jeunes filles, et autant qu'il y en a autour de la Marguerite, autant de fois il enlève une pierre. Quand il n'y en a plus qu'une, qui tient à elle seule la robe de la Marguerite, le franc cavalier s'avance sans chanter et dit: Qu'y a-t-il là dedans? On répond: Un petit paquet de linge à blanchir. Il reprend: Je vais chercher mon couteau pour le couper. Alors on lâche la robe, la Marguerite s'enfuit et toutes courent après elle.
Cette ronde naïve est évidemment issue de celle qui célébrait Ogier le Danois:
Qui est dans ce château?
Ogier! Ogier! Ogier!
Qui est dans ce château?
Beau chevalier.
Pendant la disgrâce et la captivité d'Ogier le Danois, Charlemagne avait menacé d'une mort honteuse quiconque prononcerait devant lui le nom d'Ogier. Trois cents cavaliers se donnent alors le mot; ils viennent devant le palais de Charlemagne crier, comme d'une seule voix: Ogier! Ogier! Ogier! et Charlemagne, n'osant punir la fleur de la chevalerie, aime mieux céder et pardonner à Ogier.
Meunier, tu dors!
Ton moulin (bis) va trop vite.
Meunier, tu dors!
Ton moulin (ter) va trop fort.
Les jeunes filles se divisent en deux bandes, formant un cercle. Les deux premières jeunes filles en tête de chaque bande se regardent et sont suivies chacune d'un nombre égal de leurs compagnes. Ces deux premières se donnent d'abord la main droite, puis se quittent en avançant en sens contraire, et prennent de la main gauche la main gauche de celle qui suit, et ainsi de suite la main droite et la main gauche alternativement, mouvement qui est successivement exécuté par chacune d'elles sur les paroles de la ronde, dont on accélère peu à peu le mouvement.
A Paris, dans une ronde
Composée de jeunes gens,
Il se trouva une vieille,
Qui avait quatre-vingts ans,
Oh! la vieille, la vieille, la vieille,
Qui croyait avoir quinze ans.
Il se trouva une vieille,
Qui avait quatre-vingts ans.
Elle choisit le plus jeune,
Qui était le plus galant.
Oh! la vieille, etc.
Elle choisit le plus jeune,
Qui était le plus galant.
Va-t'en, va-t'en bonne vieille,
Tu n'as pas assez d'argent.
Oh! la vieille, etc.
Va-t'en, va-t'en, bonne vieille,
Tu n'as pas assez d'argent.
Si vous saviez c' qu'a la vieille,
Vous n'en diriez pas autant.
Oh! la vieille, etc.
Si vous saviez c' qu'a la vieille,
Vous n'en diriez pas autant.
Dis-nous donc ce qu'a la vieille?
Elle a cent tonneaux d'argent.
Oh! la vieille, etc.
Dis-nous donc ce qu'a la vieille?
Elle a cent tonneaux d'argent.
Reviens, reviens, bonne vieille,
Reviens ici promptement.
Oh! la vieille, etc.
Reviens, reviens, bonne vieille,
Reviens ici promptement.
On alla chez le notaire:
Mariez-nous cette enfant.
Oh! la vieille, etc.
On alla chez le notaire:
Mariez-nous cette enfant.
Cette enfant, dit le notaire,
Elle a bien quatre-vingts ans.
Oh! la vieille, etc.
Cette enfant, dit le notaire,
Elle a bien quatre-vingts ans.
Aujourd'hui le mariage,
Et demain l'enterrement.
Oh! la vieille, etc.
Aujourd'hui le mariage,
Et demain l'enterrement.
On fit tant sauter la vieille,
Qu'elle est morte en sautillant.
Oh! la vieille, etc.
On fit tant sauter la vieille,
Qu'elle est morte en sautillant.
On regarde dans sa bouche,
Ell' n'avait plus que trois dents.
Oh! la vieille, etc.
On regarde dans sa bouche,
Ell' n'avait plus que trois dents:
Une qui branle, un' qui hoche,
Une qui s'envole au vent.
Oh! la vieille, etc.
Une qui branle, un' qui hoche,
Une qui s'envole au vent.
On regarde dans sa poche,
Ell' n'avait qu'trois liards d'argent.
Oh! la vieille, etc.
On regarde dans sa poche,
Ell' n'avait qu'trois liards d'argent.
Oh! la vieille, la vieille, la vieille,
Qui avait trompé l' galant.
Mon pèr' m'a donné un mari,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme
MMon pèr' m'a donné un mari,
MMon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Je le perdis dans mon grand lit,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Je le perdis dans mon grand lit,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
J'pris la chandelle et le cherchis,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
J'pris la chandelle et le cherchis,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
A la paillasse le feu prit,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
A la paillasse le feu prit,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Je trouvai mon mari rôti,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Je trouvai mon mari rôti,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Sur une assiette je le mis,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Sur une assiette je le mis,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Le chat l'a pris pour une souris,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Le chat l'a pris pour un' souris,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Au chat! au chat! C'est mon mari,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Au chat! au chat! C'est mon mari,
Mon Dieu! quel homm'! qu'il est petit!
Fillettes qui prenez mari,
Mon Dieu! quel homm'! quel petit homme!
Fillettes qui prenez mari,
Ne le prenez pas si petit.
Dans cette ronde plus que naïve, les jeunes filles se mettent toutes d'un côté, à l'exception d'une seule, qui représente le pauvre. Les premières s'avancent en disant le premier couplet. Lorsque c'est au tour du pauvre à parler, celle qui est seule s'avance en portant son mouchoir ou sa robe à ses yeux comme pour essuyer ses larmes, et elle va prendre une de celles du groupe, ainsi de suite jusqu'à la dernière qui, restée seule, chante le couplet du pauvre, pendant que le groupe nouvellement formé reprend celui du riche.
Nous avons vu danser en rond par des jeunes filles la fable de la Fontaine, «le Rat de ville et le Rat des champs.» Elles peuvent la mettre en action selon les paroles, que nous rapportons ici, pour celles qui ne s'en souviendraient pas.
Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'ortolans.
Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent les deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin:
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit;
Le rat de ville détale;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire;
Rats en campagne aussitôt;
Et le citadin de dire:
«Achevons tout notre rôt.
«--C'est assez, dit le rustique;
Demain vous viendrez chez moi,
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi.
«Mais rien ne vient m'interrompre,
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre!»
Nous sommes v'nus ce soir,
Du fond de nos bocages,
Vous faire compliment,
De votre mariage,
A monsieur votre époux,
Aussi bien comme à vous.
Vous voilà donc liée
Madame la mariée (bis),
Avec un lien d'or
Qui ne déli' qu'à la mort.
Avez-vous bien compris
C' que vous a dit le prêtre?
A dit la vérité,
Ce qu'il vous fallait être;
Fidèle à votre époux
Et l'aimer comme vous.
Quand on dit son époux,
Souvent on dit son maître;
Ils ne sont pas toujours
Doux comme ont promis d'être:
Car doux ils ont promis
D'être toute leur vie.
Vous n'irez plus au bal,
Madame la mariée:
Vous n'irez plus au bal,
A nos jeux d'assemblées;
Vous gard'rez la maison.
Tandis que nous irons.
Quand vous aurez chez vous
Des boeufs, aussi des vaches,
Des brebis, des moutons,
Du lait et du fromage,
Il faut, soir et matin,
Veiller à tout ce train.
Quand vous aurez chez vous
Des enfants à conduire,
Il faut leur bien montrer
Et bien souvent leur dire
Car vous seriez tous deux
Coupables devant Dieu.
Si vous avez chez vous
Quelques gens à conduire,
Vous veillerez sur eux;
Qu'ils aillent à confesse,
Car un jour devant Dieu,
Vous répondrez pour eux.
Recevez ce gâteau
Que ma main vous présente.
Il est fait de façon
A vous faire comprendre
Qu'il faut pour se nourrir,
Travailler et souffrir.
Recevez ce bouquet
Que ma main vous présente.
Il est fait de façon
A vous faire comprendre
Que tous les vains honneurs
Passent comme les fleurs.
La chanson de la mariée est un exemple de ces rondes qui se rattachent à une coutume locale avec toute la grâce naïve des anciennes traditions. Celle-ci se chante aux noces bretonnes et n'a subi aucun changement depuis le temps de Mme de Sévigné, qui l'écoutait avec plaisir. Les jeunes filles viennent offrir un gâteau et des bouquets à la mariée, en lui donnant les conseils sérieux qui s'appliquent à son nouvel état. Nous croyons que cette ronde pourrait encore s'ajouter à celles que dansent habituellement nos enfants.
QUATRIÈME PARTIE.
JEUX D'ESPRIT.
PIGEON VOLE.
Nous nous adressons d'abord au plus petit enfant, «à tout seigneur tout honneur,» pour lui expliquer le plus simple de tous les jeux d'esprit. Approchez, petite fille, si vous savez marcher; mettez le bout de votre doigt à côté du mien, sur mon genou, et levez-le quand je lève le mien et que je dis: Pigeon vole.
Faites bien attention, car je compte vous attraper. Il ne faut lever votre doigt que quand je nomme un oiseau, tandis que moi je lève toujours le mien. Si votre doigt suit l'impulsion que je lui ai transmise, et se lève quand je dis: Mouton vole, vous devez un gage. C'est plus difficile qu'on ne pense. Il y a quelquefois de grands débats sur l'espèce de certains animaux. Nous décidons ici, pour éviter toute contestation, qu'on peut ranger parmi les oiseaux les hippogriffes, les poissons volants, les insectes qui ont des ailes, etc., la chauve-souris, également, malgré son double caractère qui lui fait dire alternativement:
Je suis oiseau; voyez mes ailes.
. . . . . . . . . . . . . . . . .
Je suis souris; vive les rats!
LE CORBILLON.
Ce jeu est un de ceux qui plaisaient à nos aïeux, et il a un air de bonhomie et de simplicité qui doit nous toucher. Le mot corbillon, qui signifiait une petite corbeille, n'est plus d'usage dans la langue moderne; mais il peut faire supposer que dans l'origine les joueurs se passaient le corbillon de main en main. A présent, on prend n'importe quel objet, et on le donne à son voisin en disant: Je vous vends mon corbillon. Le voisin demande: Qu'y met-on? On doit répondre en rimant en on par un mot qu'il faut tenir tout prêt, comme un bonbon, une chanson, etc., puis le corbillon passe à un autre jusqu'à ce qu'il ait fait le tour du cercle. Si on préfère une rime en ette, on peut dire: Je vous vends ma cassette, demander Que voulez-vous qu'on y mette? répondre un mot comme une allumette, une pincette, etc.; mais c'est une variété qui ajoute peu d'intérêt à ce jeu. On donne un gage si on oublie la rime, ce qui nous paraît assez difficile, et cette méprise serait assurément l'excès de la naïveté, comme dans ces vers si connus de Molière:
.... S'il faut qu'avec elle on joue au corbillon,
Et qu'on vienne à son tour lui dire: «Qu'y met-on?»
Je veux qu'elle réponde: «Une tarte à la crème.»
COMMENT L'AIMEZ-VOUS?
Sans être bien compliqué, ce jeu peut commencer la série des amusements dans lesquels l'esprit est appelé à jouer déjà un certain rôle. Il se rattache à certaines connaissances de grammaire qui ne sont sans doute pas chose nouvelle pour la plupart de nos jeunes lectrices, et qu'il nous suffira, dans tous les cas, de rappeler par quelques courtes explications.
On choisit un mot parmi les homonymes, c'est-à-dire parmi les mots qui sonnent de même quoiqu'ayant un sens différent. On peut choisir soit un homonyme qui a plusieurs acceptions, mais dont l'orthographe ne varie pas comme fraise, son, voile, livre, glace, soit des homonymes qui se prononcent à peu près de la même manière, mais dont l'orthographe est différente, tels que mer, mère, maire; ou vert, verre, ver, vers; ou bien encore chant, champ. Les premiers homonymes doivent être préférés dans le jeu dont il est ici question. Prenons pour exemple le mot voile, qui a plusieurs significations.
Une des jeunes filles, qui doit deviner, et par conséquent ignorer le mot qui a été choisi par ses compagnes, se présente au milieu d'elles, et leur adresse successivement la question suivante: Comment l'aimez-vous? Il faut que chacune, dans sa réponse, fasse allusion à une des propriétés du mot qui a été choisi. Par exemple, si c'est le mot voile, l'une dira: «Je l'aime en dentelle;» une autre répondra: «Je l'aime sur un navire, etc.»
Le jeu se jouera de la même manière avec les homonymes de la seconde espèce. Ainsi, en prenant pour exemple les mots vert, verre, ver, vers, les jeunes personnes interrogées peuvent faire les réponses suivantes à la première question: «Je l'aime transparent, en cristal, à pied (en parlant d'un verre à boire); je l'aime en rubans de chapeau (en parlant de la couleur verte); je l'aime à la façon de Racine (en parlant des vers, poésies, etc.)» Ces exemples, que nous choisissons très simples, peuvent être plus ingénieux, de manière à embarrasser la personne qui questionne, en lui représentant un emploi toujours différent, mais toujours juste du même mot. Il nous souvient qu'en jouant ce jeu, on avait choisi le mot toit, toi. On adressa la question d'usage à une personne qui répondit: «Je l'aime mieux que vous.» Il y avait là une équivoque assez délicate et qui peut donner une idée de la manière dont on peut quelquefois rendre le jeu plus intéressant.
Au deuxième tour, si le mot n'est pas deviné, la question change, et la jeune fille qui est chargée de deviner dit, en s'adressant à chacune de ses compagnes: Qu'en faites-vous? Chacune d'elles donne sa réponse, et si la questionneuse ne réussit pas mieux que la première fois, on passe à un troisième tour par la question suivante: Où le mettez-vous? Il faut, autant que possible, que chacune des personnes conserve, en répondant, l'acception qu'elle a donnée au mot dans ses précédentes réponses. Celle qui a laissé deviner se retire à son tour pour venir ensuite dans le cercle interroger et chercher à deviner lorsque la société a fait choix d'un nouveau mot. On peut donner des gages, soit lorsque, de l'avis général, on a fait une mauvaise réponse, soit lorsqu'on a fait les trois tours sans deviner le mot. On dit alors vulgairement: Je jette ou je donne ma langue aux chiens, vieille expression consacrée par l'usage, et que de bons écrivains n'ont pas dédaigné d'employer familièrement. Nous croyons qu'on sera bien aise de trouver ici quelques homonymes dont on pourra se servir.
Homonymes de la première espèce.
|
Air. Mousse. Mule. Carreau. Dé. Fraise. Glace. |
Livre. Soufflet. Son. Souris. Voile. Livre. |
Homonymes de la seconde espèce.
Alêne.... Haleine. Amande.... Amende. Ancre.... Encre. Bal.... Balle. Balai.... Ballet. Chant.... Champ. Cane.... Canne. Canot.... Canaux. Chaire.... Chair. Chère. Cher. Cellier.... Sellier. Cerf.... Serre. Serf. Chaîne.... Chêne. Cire.... Sire. Coeur.... Choeur. Compte.... Comte. Conte. Cygne.... Signe. Écot.... Écho. Faîte.... Fête. Fard.... Phare. Foi.... Foie. |
Gaz.... Gaze. Héraut.... Héros. Lait.... Laie. Laid. Lai. Luth.... Lutte. Maire.... Mer. Mère. Maître.... Mètre. Mante.... Menthe. Pan.... Paon. Palais.... Palet. Peau.... Pot. Pau (ville). Pain.... Pin. Poids.... Pois. Poix. Reine.... Rêne. Renne. Saut.... Sceau. Seau. Sot. Tan.... Temps. Tante.... Tente. Thon.... Ton. Taon. Toi.... Toit. Van.... Vent. Vin.... Vingt. |
J'AIME MON AMI PAR A.
Ce jeu est le premier d'une série de jeux dans lesquels toutes les lettres de l'alphabet jouent un rôle à leur tour. Il n'y a rien à deviner. Chaque jeune fille dit successivement la formule dont nous allons donner un exemple, et si elle fait quelque erreur, ou qu'elle ne puisse trouver un mot qui s'applique bien, elle paye un gage. Elle en paye également un si elle répète un mot qui ait déjà été dit.
Voici l'exemple que l'on peut varier à l'infini: «J'aime mon ami par A, parce qu'il est amusant; je le nourris d'amandes; je l'envoie à Alençon, je lui donne un agneau et je lui fais un bouquet d'anémones.»
On voit que chaque mot exprimant une qualité, un présent, etc., doit commencer par la lettre A. Lorsque cette lettre paraît épuisée, on peut passer à la lettre B, et ainsi de suite: en supprimant toutefois les lettres K, X, Y, et Z, comme trop difficiles.
L'AMOUR.
La jeune fille qui dirige ce jeu s'assied seule en face de ses compagnes assises toutes sur une même ligne. Elle les appelle l'une après l'autre. Celle qui est appelée s'arrête devant la maîtresse du jeu, qui lui dicte le rôle qu'elle devra figurer en lui disant:
Viens, amour, et sois affable,
Viens, amour, et sois boudeur,
Viens, amour, et sois colère, etc.
Elle indiquera à chacune son caractère, en suivant l'ordre des lettres de l'alphabet. L'amour doit en entendant cet ordre, figurer par ses gestes et son attitude le rôle qui lui est indiqué; ensuite il va se placer à côté de celle qui préside et devient spectateur des autres petites scènes, à moins qu'il ne soit convenu que l'on recommencera plusieurs tours, ce qui a lieu lorsque la compagnie n'est pas nombreuse, ou que le jeu amuse assez pour le continuer jusqu'à Z.
LE LOGEMENT.
Chaque jeune fille prend une lettre de l'alphabet et là-dessus on forme tous les mots nécessaires au récit d'un voyage. Quand cela est fait, la maîtresse du jeu demande à celle qui a choisi l'A: Comment vous appelez-vous? Il faut qu'elle réponde Annette, ou Aline, ou bien un nom d'homme commençant par la lettre choisie, si c'est ainsi convenu, et ensuite un surnom à son choix qui commence par la même lettre. On lui demande ensuite: D'où venez-vous? Elle répond: d'Amiens ou d'Arras, etc. Il faut répondre de la même manière pour dire l'enseigne de l'auberge où on a logé, le nom de l'hôte, celui de l'hôtesse, celui de la servante, les mets qu'on a mangés; on peut multiplier les questions pour rendre le jeu plus difficile, en demandant au voyageur le nom des arbres qui étaient dans le lieu d'où il vient, les médicaments qu'on a donnés à un malade; les armes dont on s'est servi dans une bataille, le vêtement que l'on portait, etc. Les réponses doivent être faites, autant que possible, dans le sens de la question, et il faut tâcher d'y mettre un peu d'intérêt.
PROVERBES, SENTENCES OU DEVISES.
On a inventé un jeu qui rentre dans la classe des précédents, en récitant un proverbe ou telle autre petite phrase courte et connue, qui soit d'un usage assez répandu pour qu'il ne soit pas possible d'y substituer une phrase improvisée. Chacune des jeunes filles prend une lettre de l'alphabet, et doit, quand celle qui dirige le jeu l'interpelle, répondre par une sentence commençant par la lettre qu'elle a choisie. Par exemple, pour la lettre A, on peut dire: A bon chat bon rat; à l'oeuvre on connaît l'ouvrier; a beau mentir qui vient de loin, etc. Pour la lettre B, on dira: Bon sang ne peut mentir; bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, etc. Nous ne multiplions pas les exemples, parce qu'il vaut mieux que chacun se donne la peine de chercher ce qu'il dira. Ce jeu est assez difficile, mais il exerce la mémoire.
Un autre jeu des proverbes se joue de cette manière: On choisit, pour le faire deviner, un proverbe dont chacun prend un mot, qu'il doit placer dans sa réponse à la personne qui l'interroge. Ainsi, par exemple, si l'on prend le proverbe; Chat échaudé craint l'eau froide, la première personne prend le mot chat; la seconde, le mot échaudé; la troisième, craint, et ainsi de suite. Si le proverbe est trop long pour le nombre des personnes qui forment le jeu, chacun prend deux mots, en ayant soin d'en prévenir le patient qui devine. Il faut, dans la réponse que l'on fait, placer le mot avec assez d'art pour qu'il ne puisse être facilement deviné.
LE MOT CACHÉ.
La jeune fille qui doit deviner sort de la chambre; les autres choisissent un mot simple et d'un emploi fréquent; par exemple: comme, si, un, pas. Ce mot doit se trouver renfermé dans les réponses que l'on fera aux questions de celle qui devine. Quand elle revient et qu'elle a fait sa question, elle doit bien observer le retour du même mot dans chacune des réponses qui lui sont faites. Celle qui fait deviner, en employant le mot maladroitement ou en le faisant trop remarquer, ira deviner à son tour.
Nous avons pensé que, pour faciliter l'intelligence de certains jeux un peu compliqués, il serait à propos de les présenter sous forme de dialogues, et nous aurons recours à cet expédient toutes les fois que nous le jugerons nécessaire. Nous supposons sept jeunes filles réunies pour ce jeu. Elles se nomment Émilie, Henriette, Louise, Marie, Mathilde, Héloïse et Juliette. C'est Émilie qui sort pendant que les autres vont chercher un mot.
MARIE. Quel mot choisissons-nous?
LOUISE. Le mot amitié, ou bien crainte.
HÉLÈNE. Non, non; il serait trop facile à deviner. Prenons le mot bien.
TOUTES. Oui, bien. Viens, Émilie. (Émilie rentre.)
ÉMILIE. Marie, as-tu été te promener ce matin?
MARIE. Oui, et la promenade était bien agréable.
ÉMILIE. Louise, aimes-tu les pêches?
LOUISE. Oui, j'aime bien les pêches, mais je préfère les groseilles.
ÉMILIE. Mathilde, quel livre lis-tu en ce moment?
MATHILDE. Je lis Hélène, par miss Edgeworth, et j'aime bien le caractère d'Hélène.
ÉMILIE. Henriette, est-ce toi qui as brodé ce col?
HENRIETTE. Non, ce n'est pas moi, parce que je ne brode pas assez bien.
ÉMILIE. Je n'irai pas plus loin, le mot est bien. C'est Henriette qui m'a fait deviner. (Henriette sort.)
Nous ne continuons pas, parce que le jeu nous paraît suffisamment expliqué. Nous allons le remplacer par un autre qui lui ressemble beaucoup, mais qui est un peu plus difficile et plus amusant.
RÉPONSE EN UNE PHRASE.
Nous nous servons encore du même procédé pour rendre notre explication plus claire. Une jeune fille va deviner. Cette fois, c'est Louise. Chacune donne un mot à sa compagne, qui est obligée de faire entrer ce mot dans sa réponse, quelle que soit la question qu'on lui adresse.
ÉMILIE. Juliette, je te donne le mot crocodile.
JULIETTE. Et moi je donne à Marie le mot enchanteur.
MARIE. Je donne à Hélène le mot baromètre.
HÉLÈNE. Je te donne, Mathilde, le mot jardin.
MATHILDE. Je donne à Henriette le mot chanson.
HENRIETTE. Et toi, Émilie, je te donne bateau. (Louise rentre.) Émilie, as-tu reçu des nouvelles de ta maman?
ÉMILIE. Oui, et elle m'écrit qu'étant sur le bateau qui descend la Saône elle a eu un grand orage, avec beaucoup de tonnerre et d'éclairs.
LOUISE. C'est tonnerre.
TOUTES. Non, non; c'est bateau.
LOUISE. Juliette, comptes-tu te lever de bonne heure demain?
JULIETTE. Je me lèverai le plus tôt que je pourrai; car, quand je dors trop, je fais des rêves affreux, et je vois en rêvant des loups, des serpents, des crocodiles, des tigres, des rhinocéros et des ours.
LOUISE. En voilà assez. Comment veux-tu que je me retrouve dans toutes ces vilaines bêtes? C'est cro.... non, c'est rhinocéros.
JULIETTE. Pas du tout; tu avais bien commencé, c'est crocodile.
LOUISE. Allons, à une autre. Marie, as-tu fini ton dessin?
MARIE. Pas encore. J'aurais besoin pour le finir de la baguette d'un enchanteur ou de celle d'une fée qui viendrait dans un petit char traîné par des colombes ou des papillons.
LOUISE. Je suis bien embarrassée, mais je crois que c'est papillon.
MARIE. Non, c'est enchanteur.
LOUISE. Je ne devinerai donc pas? Dis-moi, Hélène, aimes-tu les fraises?
HÉLÈNE. Que faut-il donc que je réponde? Quand le baromètre... Non; j'aime bien les fraises, mais j'aime à m'aller promener quand le baromètre annonce du beau temps.
LOUISE. Ce mot-là n'est pas difficile à deviner. C'est baromètre.
MATHILDE. Quel dommage! je préparais une si jolie histoire!
LOUISE. Il n'est pas toujours possible de se servir de l'histoire que l'on a préparée.
On voit que, pour rendre ce jeu plus difficile, il faut faire entrer dans sa réponse des mots qui puissent détourner l'attention du mot véritable. Il y a encore une autre manière de le jouer. On peut se donner les mots tout bas, afin que les joueurs aient aussi le plaisir de chercher le mot avec celui qui fait les questions. Au reste, cela fait peu de différence pour l'intérêt du jeu. L'essentiel est de ne pas varier sa voix dans la réponse, quand on prononce le mot donné, parce qu'alors cette inflexion de voix le fait aisément deviner.
PLUSIEURS MOTS POUR UN.
Voici un autre jeu où il est si facile de deviner, que nous hésiterions à le mettre sur notre liste, s'il n'y avait pas moyen de lui donner quelque intérêt: c'est lorsqu'il n'est pas su de plusieurs de celles qui le jouent. Elles ne sont pas dans le secret, et c'est la personne qui est censée devoir deviner qui s'entend avec celle qui dirige le jeu. Celle-ci choisit un mot dans lequel il entre autant de lettres qu'il y a de personnes présentes. Elle indique à celles qui ne savent pas le jeu le mot qu'elles auront à répondre. Si on est quatre, on choisira, par exemple, le mot pain. Quand celle qui doit deviner rentre, chacune lui dit un mot commençant par une des lettres composant le mot pain, dans leur ordre. Ainsi, la première dira pommes, la seconde amandes, la troisième image, et la quatrième nid. Il faut que celle qui est censée deviner se souvienne de chacune de ces premières lettres, et elle reforme aussitôt le mot, ce qui étonne celles à qui on n'a pas dit le secret du jeu.
LE MOT INDICATEUR.
Ce jeu est de la même famille que le précédent et n'a aussi que le même genre d'intérêt, qui est de donner à penser à celles qui le jouent et qui ne sont pas dans le secret. Celle qui dirige le jeu convient avec les autres que l'on touchera un objet en l'absence de celle qui feint de deviner. Quand elle rentre, sa complice lui demande, en touchant beaucoup de choses dans la chambre: «Est-ce ceci?» ou: «Est-ce cela?» Précédemment elles étaient d'accord pour que le mot ceci ou le mot cela fût employé pour désigner l'objet qui a été touché. Au moment où elle prononce le mot indicateur, l'autre répond: «Oui» à la grande surprise des jeunes filles qui ne connaissent pas le jeu, mais on apprend bientôt le secret, et alors il n'est plus possible de le jouer.
LES CINQ VOYELLES.
Puisque nous nous occupons à décomposer la langue pour en composer certains jeux, nous placerons ici tout ce qui paraîtra se rattacher à ces différents exercices sur les lettres, les voyelles, les syllabes ou les mots difficiles à prononcer; et quand nous en aurons épuisé la liste, nous passerons à des jeux plus animés.
Pour ce jeu des voyelles, il faut encore chercher à surprendre quelques-unes des jeunes filles qui font partie du jeu, et qui en ignorent cependant le procédé. Beaucoup de personnes le jouent en se servant de cette formule: «M. le curé n'aime pas les O; que lui donnerons-nous?» Nous ne tenons pas compte de cette phrase, qui est fréquemment employée, parce que nous trouvons qu'il n'est pas convenable de prendre en plaisantant le nom des personnes dont le caractère doit être respecté. Nous demandons, en conséquence, que l'on y substitue, soit un nom imaginaire, soit celui d'une des personnes présentes, si elle y consent. Nous disons donc: «Mme *** n'aime pas les O; que lui donnerons-nous?» et l'équivoque porte sur la lettre O, que les personnes qui ignorent le jeu prennent pour des os, ce qui les oblige à chercher des mets dans lesquels il ne s'en trouve pas.
Toutes les fois que l'on fait cette méprise, on paye un gage. Ce jeu est amusant, et les personnes qui le connaissent en tirent un bon parti en faisant de longues nomenclatures qui étonnent celles qui ne l'ont pas encore joué. On peut faire une ordonnance pour une personne malade qui n'aime pas les O, en lui traçant un régime où on lui recommande, d'une part, ce qu'elle doit faire, et, de l'autre, ce qu'elle doit éviter. La malade prendra des bains avec de l'eau de rivière, mais surtout pas d'eau de fontaine. Elle prendra des panades; mais surtout ni consommés, ni bouillons, ni sirops, ni compotes. Elle pourra manger des fèves et des lentilles, mais ni pois, ni haricots, ni pommes de terre; des fruits, comme pêches, fraises, cerises, mais ni poires, ni melons; des perdrix, et pas de poulet, etc.
Pour les autres voyelles: on change un mot dans la phrase, et l'on dit: «Mme *** n'aime pas les ânes, et vous, les aimez-vous?» La personne à qui on s'adresse doit vanter les qualités de l'une, ou parler de ses défauts, sans employer la voyelle A.
Pour la voyelle E, il est très-difficile de répondre, et c'est à peine si l'on trouve quelques mots dans la langue où cette voyelle ne soit pas employée; mais, avec des efforts cependant, on peut trouver une ou deux phrases, et il faut s'en contenter.
Pour I, on adresse la question que l'on veut, et dans celle-là, comme dans les autres, la personne qui interroge doit placer la lettre omise, et dire, par exemple: «Répondez-moi sans I: Aimez-vous la compagnie?» Cette manière oblige à faire des périphrases pour répondre, et multiplie les difficultés du jeu. On peut se souvenir de cette jolie réponse, qui a un double sens:
Aimer sauf I serait bien amer.
Même observation pour la voyelle U. Et puis répétons avec M. Jourdain: «A, E, I, O, U; que n'ai-je étudié plus tôt pour savoir tout cela!»
On a essayé ce jeu par écrit, et on est parvenu à composer des lettres entières avec suppression de telle ou telle voyelle. Nous donnons ici un exemple où ne se rencontre pas la voyelle A, une des plus usitées, sans que l'effort y paraisse trop à découvert:
«Voici une nouvelle invention, mon coeur, pour exciter votre curiosité. Nous voulons juger de l'inutilité de telle ou telle voyelle. L'écriture seroit très-bonne si l'on pouvoit se réduire et n'en conserver que deux ou trois. Tout homme qui invente mérite que le peuple lui décerne le triomphe. Mon invention est une misère qui donne bien des peines pour dire des bêtises, ou ne rien dire; ne vous en servez point si vous m'en croyez.»
LA LEÇON DE LECTURE.
Maintenant passons à la leçon de lecture, par laquelle nous aurions peut-être dû commencer, pour suivre un ordre logique. On s'assied et l'on épelle un mot que l'on choisit parmi les plus longs, en prenant soit un adverbe, soit un nom propre. Celui de Nabuchodonosor est trop fréquemment employé pour que nous ne le choisissions pas comme exemple. La première personne du cercle dit, et les autres répètent après elle: «N, A, na.» Au deuxième tour elle dit: «N, A, na, B, U, bu.» Au troisième tour, elle reprend: «N, A, na, B, U, bu, C, H, O, cho (que l'on prononce co),» et ainsi de suite, jusqu'à ce que le mot soit entier. Il ne faut pas mettre le plus petit intervalle en se succédant les uns aux autres. Cela produit un petit gazouillement comme celui de mille oiseaux bavards qui se retirent dans un gros arbre quand le jour baisse, mais sans être tout à fait aussi harmonieux.
LES DOUZE QUESTIONS OU LES TROIS RÈGNES.
Il faut dans ce jeu qu'une des jeunes filles devine un mot, sans pouvoir faire plus de douze questions. On lui donne aussi le nom de jeu des trois règnes, parce que tout ce qui existe dans la nature est classé en trois règnes, le règne animal, le règne végétal et le règne minéral. Les êtres animés composent le règne animal. Le règne végétal comprend tout ce qui a la vie sans mouvement, et le règne minéral comprend ce qui n'a ni vie ni mouvement, comme les métaux et les pierres. En mettant ce jeu en action, on le comprendra assez facilement. Nous supposons que le mot choisi est chat, et que Marie est chargée de le deviner.
MARIE. Je vais faire ma première question. De quel règne est l'objet que vous avez choisi?
HÉLÈNE. Du règne animal seulement.
MARIE. Est-il vivant?
LOUISE. Il est vivant.
MARIE. Est-il sauvage ou domestique?
HENRIETTE. Il est sauvage.
JULIETTE. Non, il est domestique.
MARIE. Ce doit être un chat, car c'est le plus sauvage des animaux domestiques.
HENRIETTE. Oui, c'est un chat; c'est Juliette qui a fait deviner (Juliette sort.)
HÉLÈNE. Choisissons le mot parapluie. Elle aura bien de la peine à deviner. Viens, Juliette.
JULIETTE. De quel règne est l'objet pensé?
HENRIETTE. Il est composé de trois règnes.
JULIETTE. Est-il animé?
LOUISE. Non, tu vois bien que tu fais une question inutile; un objet composé de trois règnes ne peut être animé.
JULIETTE. Sert-il plus aux hommes qu'aux femmes?
MARIE. Également.
JULIETTE. Sert-il plus à la ville qu'à la campagne?
LOUISE. On s'en sert souvent à la campagne, mais encore plus souvent à la ville.
JULIETTE. Est ce un meuble?
MATHILDE. Oui, on peut dire que c'est un meuble.
JULIETTE. Y a-t-il de ces sortes de meubles dans cette chambre?
MARIE. Je ne crois pas.
HÉLÈNE. Mais oui, il y en a. Marie, il faut répondre juste. Juliette a déjà fait six questions et elle n'a pas encore deviné.
JULIETTE. N'est-ce pas un fauteuil? Il est des trois règnes puisqu'il a des clous, du bois et de la soie.
HÉLÈNE. Non, ce n'est pas un fauteuil.
JULIETTE. Ah! je vois à présent, c'est un parapluie. Il y en a un dans le coin de la chambre.
HÉLÈNE. Oui, tu vois bien qu'il est aussi des trois règnes; la soie, du règne animal, les ferrements du règne minéral, et le bâton, du règne végétal.
ÉMILIE. Et s'il était en coton?
HÉLÈNE. Il y aurait encore les baleines, qui sont du règne animal. Si le bâton était en fer, il y aurait encore le fil pour le coudre, qui serait du règne végétal.
OUI OU NON.
Il existe encore un jeu du même genre, qui intéresse ordinairement les jeunes filles qui étudient l'histoire. Il consiste à choisir un mot qu'une des jeunes filles doit deviner en faisant toutes les questions qu'elle voudra, mais auxquelles on ne peut répondre que oui ou non. Quoique l'on puisse prendre le mot que l'on veut, on choisit presque toujours un nom historique.
EXEMPLE. Le nom choisi est Auguste, empereur romain.
QUESTION. Est-ce un homme?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Est-ce un prince?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Vit-il de nos jours?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Vivait-il avant Jésus-Christ?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Longtemps avant?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. A-t-il vécu en même temps?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Est-ce Hérode?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Est-ce un empereur romain?
RÉPONSE. Oui.
C'est Auguste.
AUTRE EXEMPLE. Marie Stuart est le nom choisi.
QUESTION. Est-ce un homme?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Est-ce une femme?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Est-ce une reine?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Vivait-elle avant Jésus-Christ?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Vivait-elle avant l'an 1000?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Aux XIIe, XIIIe, XIVe, XVe, XVIe siècles.
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Est-ce une Allemande?
RÉPONSE. Non.
QUESTION. Une Espagnole, une Anglaise, une Italienne?
RÉPONSE. Non.
Question. A-t-elle été reine de France?
RÉPONSE. Oui.
QUESTION. Est-ce une Écossaise?
RÉPONSE. Oui.
LA CLEF DU JARDIN.
On dit que le grand orateur grec, Démosthène, s'étudiait à prononcer distinctement en remplissant sa bouche de petits cailloux, trouvant ensuite plus facile de parler quand il les avait ôtés. Il aurait pu essayer également un de ces exercices où l'on multiplie certaines difficultés de prononciation pour délier la langue. En Angleterre, on a ainsi une foule de petits récits, composés de quelques phrases qu'il faut répéter distinctement, quelque pénibles qu'elles paraissent à dire de suite. Le plus connu s'appelle: «La maison que Jacques a bâtie,» que nous croyons n'être que la traduction de notre jeu intitulé: La Clef du Jardin. Nous allons le présenter cette fois en dialogue, pour donner une idée de la vivacité qu'il faut mettre à le jouer. Nous retrouvons les jeunes filles que nous avons vues ailleurs:
ÉMILIE. Si vous voulez jouer ce jeu, vous n'avez qu'à répéter après moi: «Je vous vends la clef du jardin.»
Toutes les jeunes filles répètent en disant: «Mais c'est bien aisé.»
ÉMILIE. Vous allez voir si c'est bien aisé: je vous vends la corde qui tient à la clef du jardin. (Toutes répètent de même.)
ÉMILIE. Je vous vends le rat qui a rongé la corde qui tient la clef du jardin. (Toutes répètent).
LOUISE. Je parie que je ne donnerai pas de gage.
ÉMILIE. Je vous vends le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient à la clef du jardin.
MARIE. Je vous vends le chat qui a mangé la corde qui tient à la clef du jardin.
ÉMILIE. Bon! un gage. Tu as passé le rat. Je continue. Je vous vends le chien qui a mangé le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient à la clef du jardin.
HÉLÈNE. A son tour. Je vous vends le chien qui a mangé le rat qui a mangé le chat....
ÉMILIE. Un gage, Hélène. Depuis quand les rats mangent-ils les chats? Fais attention cette fois: je vous vends le bâton qui a tué le chien qui a mangé le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient à la clef du jardin. (Toutes répètent exactement).
ÉMILIE. Je vous vends le feu qui a brûlé le bâton qui a tué le chien qui a mangé le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient à la clef du jardin. (Toutes répètent sans se tromper).
ÉMILIE. Je vous vends l'eau qui a éteint le feu qui a brûlé le bâton qui a tué le chien qui a mangé le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient la clef du jardin.
JULIETTE, très-vite. Je vous vends l'eau qui a brûlé le chien qui a mangé le jardin.
ÉMILIE. C'est plus tôt fait; tu ne dois que sept gages cette fois-ci.
JULIETTE. Les voilà tous.
ÉMILIE. Je vous vends le seau qui a apporté l'eau qui a éteint le feu qui a brûlé le bâton qui a tué le chien qui a mangé le chat qui a mangé le rat qui a rongé la corde qui tient à la clef du jardin.
Nous ne suivrons pas ce jeu plus loin. On peut cependant y ajouter encore quelques longueurs, mais nous donnons cet exemple, qui est un des plus fréquemment employés, et ensuite chacun peut fournir le sien, car il ne manque pas de petites bagatelles de ce genre. On peut dire aussi sans grasseyer cette petite phrase qui n'a pas le sens commun: «Gros gras grain d'orge, quand te dégrogragrain d'orgeriseras-tu?» à quoi l'on répond: «Je me dégrogragrain d'orgeriserai quand tous les autres gros gras grains d'orge se dégrogragrain d'orgeriseront.»
Ou bien on peut répéter avec volubilité:
Quatre plats plats dans quatre plats creux,
Quatre plats creux dans quatre plats plats.
Ou: «Quatre plats de carpe,» vite et longtemps, et cela, sans se tromper, si l'on peut, une douzaine de fois.
Ou bien encore cette chanson:
Mais nous nous arrêtons, parce que, si nous indiquions un trop grand nombre de ces exercices propres à délier la langue, des gens de mauvais goût nous diraient que les petites filles n'en ont pas besoin.
Ce jeu en prose rappelle un chant fort ancien, qui se retrouve dans diverses parties de la France, et que nous mettons ici comme un curieux exemple de cette croyance populaire qui faisait apparaître l'esprit du mal dans presque toutes les compositions de ce genre. Cette chanson, qui date du moyen âge, est intitulée le Conjurateur et le loup.
I.
L'y a un loup dedans un bois,
Le loup n'veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
Ha, j' te promets compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
II.
Le loup n' veut pas sortir du bois,
Il faut aller chercher le chien.
Ha, j' te promets, compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
Ha, j' te promets, etc.
III.
Il faut aller chercher le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup.
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
Ha, j' te promets, etc.
IV.
Il faut aller chercher l' bâton,
L' bâton n' veut pas battre le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup,
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets, etc.
V.
Il faut aller chercher le feu,
Le feu n' veut pas brûler l' bâton,
L' bâton n' veut pas battre le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup,
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets, etc.
VI.
Il faut aller chercher de l'eau,
L'eau n' veut pas éteindre le feu,
Le feu n' veut pas brûler l' bâton,
L' bâton n' veut pas battre le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup,
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets, etc.
VII.
Il faut aller chercher le veau,
Le veau ne veut pas boire l'eau,
L'eau n' veut pas éteindre le feu,
Le feu n' veut pas brûler l' bâton,
L' bâton n' veut pas battre le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup,
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets, etc.
VIII.
Il faut aller chercher l' boucher,
L' boucher n' veut pas tuer le veau,
Le veau ne veut pas boire l'eau,
L'eau n' veut pas éteindre le feu.
Le feu n' veut pas brûler l' bâton,
L' bâton n' veut pas battre le chien,
Le chien n' veut pas japper au loup,
Le loup n' veut pas sortir du bois.
Ha, j' te promets compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là,
Ha, j' te promets, Broquin Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
IX.
Il faut aller chercher le diable,
Et le diable veut bien venir,
L' boucher veut bien tuer le veau
Et le veau veut bien boire l'eau,
L'eau veut bien éteindre le feu,
Le feu veut bien brûler l' bâton,
L' bâton veut bien battre le chien,
Le chien veut bien japper au loup,
Le loup veut bien sortir du bois.
Ha, j' te promets, compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.
LA PREMIÈRE SYLLABE.
Pendant que nos jeunes filles sont assises, elles peuvent commencer un autre jeu qui demande encore de la rapidité dans l'exécution. Celle qui est en tête jette à sa voisine un mouchoir roulé en boule, et lui dit la première syllabe d'un mot à son choix. Il faut que l'autre réponde par une seconde syllabe pouvant s'ajouter à la première pour former un mot. Par exemple on dit: «ba,» elle répond «teau,» et elle jette la balle à celle qui suit, en disant «dé;» l'autre répond «mon;» et on continue jusqu'à la dernière du cercle; ensuite on recommence sans s'arrêter, si on trouve que le jeu soit assez amusant. Lorsqu'on répète un mot déjà dit, on donne un gage, comme pour tous les jeux de la même espèce.
LA SYLLABE DEVINÉE.
Pour ce jeu, il faut qu'une jeune fille sorte de la chambre, et en son absence, on fait choix d'une syllabe. Lorsqu'elle rentre, elle adresse une question à la première du rang, qui doit répondre par une phrase dont le dernier mot puisse s'ajouter après la syllabe choisie et former avec elle un mot. Il n'est pas nécessaire que l'orthographe soit juste. Pour rendre notre explication plus intelligible, nous reprenons la forme de dialogue. (Henriette sort).
MARIE. Si vous voulez, nous prendrons la syllabe ra.
TOUTES. Oui, c'est convenu. Viens, Henriette.
HENRIETTE, en rentrant. Pourquoi, Marie, es-tu venue si tard aujourd'hui?
MARIE. Parce que j'ai pris beaucoup de leçons qui m'ont occupée toute la journée; mais une autre fois je tâcherai de venir plus tôt (ra-teau).
HENRIETTE. Et toi, Mathilde, as-tu bien travaillé?
MATHILDE. Oui, mais je suis sortie de bonne heure et dans ma promenade j'ai rencontré une mendiante qui m'a fait bien de la peine; elle traînait par la main deux petits enfants, et elle en avait un troisième sur son dos (ra-deau).
HENRIETTE. Ton histoire est un peu longue, mais elle ne me fait pas deviner encore. Et toi, Émilie, commences-tu à bien jouer tes études?
ÉMILIE. Il y en a une que je joue encore mal parce qu'elle est difficile à cause des changements de tons (ra-ton).
HENRIETTE. Je ne devine pas encore. Louise, tu as une grande tache à ta robe.
LOUISE. Je le sais bien. C'est une robe qui a du malheur; je ne puis la mettre sans la tacher (rat-tacher).
HENRIETTE. Je ne devine pas. Ce sera toi, Hélène, qui me feras deviner. As-tu de jolis oiseaux dans ta volière?
HÉLÈNE. Oui, très-jolis, et j'en ai beaucoup aussi; j'en ai plus de vingt.
HENRIETTE. Ravin! C'est ra.
Nous ne donnons qu'un aperçu de ce jeu, qui est assez joli. Il faut souvent inventer une histoire très-longue pour pouvoir placer un mot à la fin.
L'APPRENTI.
La personne qui commence le jeu dit qu'elle a mis son fils en apprentissage chez un tailleur, ou chez un cordonnier, ou chez un épicier, soit enfin dans toute autre profession qui puisse fournir les noms d'un grand nombre d'objets propres à être vendus. Elle dit la lettre initiale de la première chose que l'apprenti a fabriquée ou vendue. Les autres jeunes filles doivent deviner le mot dont elles ne savent que la première lettre. Si aucune d'elles ne dit juste, elle payent un gage, et on cherche un autre mot. On peut encore, à ce jeu, n'être que deux personnes, quoiqu'il soit plus animé si les joueurs sont en plus grand nombre. Nous allons en donner un court exemple dialogué:
ÉMILIE. J'ai mis mon fils en apprentissage chez un épicier. La première chose qu'il a vendue commençait par un c.
LOUISE. Du café.
ÉMILIE. Non: un gage.
MATHILDE. Du chocolat.
ÉMILIE. Oui. A ton tour.
MATHILDE. J'ai mis mon fils en apprentissage chez un confiseur. La première chose qu'il a vendue commençait par un p.
HENRIETTE. Des pralines.
MATHILDE. Non.
MARIE. Des pruneaux.
TOUTES. Non, non; un gage. Ce sont les épiciers qui vendent les pruneaux.
MARIE. Eh bien! des prunes confites.
MATHILDE. Non, ce n'est pas cela.
LOUISE. Des pistaches.
MATHILDE. Oui.
MARIE. Comment n'y ai-je pas pensé, moi qui les aime tant!