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Journal des Goncourt (Troisième série, premier volume): Mémoires de la vie littéraire

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Des décors impossibles. Dans la chambre de Mlle de Varandeuil, une fenêtre à guillotine, comme on en trouverait seulement à Londres. Une crémerie, si fantastique, qu'elle semble une crémerie des PILULES DU DIABLE.

On dirait vraiment que les décorateurs ferment les yeux, à tout ce qui leur tombe dessous. Il y a à vingt pas d'ici, une crémerie qui, d'après des photographies, qu'on ferait peindre par un peintre de charcutier, donnerait un décor cent fois plus réel. Mais la réalité du décor dans les pièces modernes, semble aux directeurs de théâtre, sans grande importance.

Réjane est admirable par son dramatique, tout simple, tout nature. Un moment, elle parle de la force nerveuse, que donnent les planches, et de sa crainte de jeter dans l'orchestre, la grande Adèle, quand elle la bouscule, à la fin du tableau des fortifications. À ce sujet, elle raconte, que jouant avec je ne sais plus qui, elle s'étonnait d'avoir les bras tout bleus, et qu'elle avait reconnu, que ça venait d'un petit coup de doigts, qu'il lui donnait à un certain instant.

Le théâtre, un endroit particulier pour la fabrication des imaginations anxieuses, peureuses. Je ne sais pourquoi, aujourd'hui, ma pensée va à la censure, à son veto, et j'interroge les attitudes des gens, les réponses qu'ils font à des questions quelconques, et malgré moi, j'y cherche des dessous ténébreux, confirmant ma pensée.

Je descends jusqu'au boulevard, avec Dumény, qui me montre des lithographies de Gavarni, ad usum Jupillon, qu'il tire de sa poche, et me parle de la manière de se faire une bouche méchante, en la dessinant, dans le maquillage, de la minceur d'une bouche de Voltaire, et la relevant d'un rictus, dans un seul coin.

* * * * *

Samedi 1er décembre.—Ce matin, de Béhaine tombe chez moi, au moment où je m'habillais pour la répétition, et reste déjeuner avec moi. Il me confirme que l'Italie est toute à l'agressivité, et il croit que nous aurons la guerre au printemps.

Ce soir, Frantz Jourdain, que j'emmène faire un croqueton d'un marchand de vin pour ma pièce, me ramène dîner chez lui.

Là, le bibliophile Gallimard, m'apprend aimablement, qu'il va faire pour sa bibliothèque une édition de GERMINIE LACERTEUX, avec dessins et eaux-fortes de Raffaëlli, et préface de Gustave Geffroy, dont il n'y aura que trois exemplaires: le premier pour lui, le second pour moi, le troisième pour Geffroy.

* * * * *

Lundi 3 décembre.—Dumény vient, ce matin, à l'effet de se faire une tête de «roux cruel» sur l'Oiseau de passage de Gavarni, dont j'ai le dessin. Pendant qu'il en prend le croqueton, il me dit: «Ah! votre JOURNAL, c'est bien curieux… et je regrette bien de n'avoir pas écrit des notes plus tôt… mais j'ai commencé à en écrire l'année dernière.» Décidément, immense sera le nombre de journaux autobiographiques, que va faire naître dans l'avenir, le JOURNAL des deux frères.

Colombey n'a qu'un bout de rôle, qu'il joue d'une manière merveilleuse. C'est la fin d'une ivresse, dans laquelle remontent des renvois de vin mal cuvé. De le voir jouer ainsi, cette scène, ça me rend aujourd'hui tout à fait insupportable, la suppression du tableau du dîner, dans le bois de Vincennes, où il aurait été si amusant, si drolatique.

Oui, à propos de cette scène, quand je lui ai lu la pièce, Porel m'a dit, que c'était d'un comique lugubre, mais c'est le comique de l'heure présente, le comique fouetté, nerveux, épileptique, hélas! Le gros, rond et gai comique, genre Restauration, c'est mort, ça ne se fabrique plus en France, en l'an 1888. Puis au fond, au théâtre, les choses dangereuses ne le sont pas, quand elles sont jouées par des acteurs de grand talent.

Une remarque. Ce Colombey est le seul acteur, qui ne subisse pas l'inspiration de Porel, et a dû montrer qu'il ne voulait pas la subir, car Porel ne lui fait aucune observation, et le laisse jouer, comme il veut.

Oh! ce Porel, il faut bien l'avouer, ce Porel est d'une fécondité d'imaginations, d'une richesse d'observations, d'une abondance de ressouvenirs d'après nature. Il a fait vivant, ce rôle de la grande Adèle, par un tas d'attitudes de fille à soldat, par un monde de détails caractéristiques, que donne la fréquentation des pioupious. Il a varié son éternel et gauche frappement de cuisse, par des saluts militaires faits, la main à la tempe, avec des dandinements de corps triomphants de tambour-major, etc., etc.

Et pour Mlle de Varandeuil, dans la grande scène de la fin, au milieu du tragique de la situation, il a coupé les tirades, par une occupation sénile de son feu, par des attouchements persistants de pincettes, par des gestes maniaques de vieilles gens. Ah! c'est un metteur en scène tout à fait remarquable que Porel, et qui apporte à un rôle, je le répète, une partie psychique, que je ne rencontre sur aucune autre scène.

* * * * *

Mardi 4 décembre.—Voici la guerre qui commence contre la pièce. Les journaux font d'avance un tableau des souffrances de la pudeur des actrices, chargées d'interpréter GERMINIE LACERTEUX. Et les cafetiers du quartier Latin se joignent aux journalistes, furieux de ce seul entr'acte, que je veux introduire au théâtre, et qui réduit à un bock, les cinq, qu'on buvait avec les cinq actes et les cinq entr'actes.

Porel annonce, aujourd'hui, que GERMINIE LACERTEUX passera, samedi 15 décembre.

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Mercredi 5 décembre.—Hier, j'ai donné un exemplaire de l'édition illustrée de LA FEMME AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE à Réjane, qui m'a dit: «Aujourd'hui je ne suis pas belle, je n'ai pas mon ondulation de dix francs, je vous embrasserai seulement demain.» En arrivant au théâtre, on me remet d'elle un billet de remercîment tout charmant, où elle veut bien me dire, que Germinie est sa passion, et qu'elle y apportera toute la vie et la vérité qui sont en elle.

* * * * *

Vendredi 7 décembre.—Porel est convoqué aujourd'hui par la censure. Il est obligé de quitter la répétition, en me disant de l'attendre pour savoir le résultat. La répétition finie, il tarde, il tarde. Je laisse dans son cabinet Réjane, qui persiste à l'attendre, et je m'en vais, voulant m'éviter une nuit colère.

* * * * *

Samedi 8 décembre.—Un fichu état nerveux, qui me met des larmes dans les yeux, quand dans la correction des épreuves, je relis ma pièce.

Du théâtre, j'emporte chez moi le manuscrit de la censure, pour en prendre copie. Songe-t-on, qu'à la veille de l'anniversaire de 89, un directeur de théâtre est obligé de batailler avec la commission de la censure, un gros quart d'heure, pour garder cette phrase de son auteur: «Je suis prête d'accoucher.» Ce soir, reporter à dix heures des épreuves chez Charpentier.

C'est bon tout de même, cette vie active, affairée, précipitée, où l'on n'a pas une minute à soi: ça fait vivre jeunement, un vieux comme moi.

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Dimanche 9 décembre.—Télégramme tout à fait inattendu de Saint-Pétersbourg, m'annonçant qu'HENRIETTE MARÉCHAL a été jouée avec un grand succès, au Théâtre Michel.

La vie de théâtre a cela, qu'elle donne la fièvre à votre cervelle, qu'elle la tient, tout le temps, dans une excitation capiteuse, et qui vous fait craindre, quand vous en serez sorti, que la vie tout tranquillement littéraire du faiseur de livres, paraisse bien vide, bien fade, bien peu remuante.

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Lundi 10 décembre.—L'envie de rédiger une pétition à la Chambre des députés, dans laquelle je demanderai la suppression de la commission de censure.

Au milieu de la tirade dramatique du neuvième tableau, dite d'une manière trop mélo, par Mme Crosnier, Porel lui crie: «Mouchez-vous là, et ne craignez pas de vous moucher bruyamment.» Or, cette chose humaine fait la tirade nature, et lui enlève le caractère théâtre qu'elle avait, avant.

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Mardi 11 décembre.—Aujourd'hui, le Guignol est démonté, et les Daudet qui assistent à la répétition, pleurent, comme de candides bourgeois. Daudet me dit, que la seule crainte qu'il éprouve pour moi, c'est que la fin de mes tableaux, sans effet théâtral, ne déroute le public.

À ce qu'il paraît, Jacques Blanche aurait entendu dans les sociétés qu'il fréquente, que la première serait houleuse.

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Jeudi 13 décembre.—Ah! le théâtre, c'est plein d'imprévu hostile! Réjane, qui a une névralgie dans la mâchoire, et qui n'a pas répété hier, et qui depuis deux jours n'a pas mangé, après avoir avalé un bouillon qu'on est allé chercher chez Foyot, ne peut donner que les attitudes de son rôle, que dit tout haut la souffleuse.

* * * * *

Samedi 15 décembre.—J'ai rendez-vous à l'Odéon, avec Loti, qui part demain matin et ne pouvant assister à la première, remise à mardi, m'a demandé à être présent à la répétition de la censure.

Je le trouve dans le cabinet de Porel, causant du MARIAGE DE LOTI, que fabriquent, en ce moment, des inconnus, et je l'engage et le décide très facilement à faire la pièce lui-même. Et voici Porel, avec sa facilité d'emballement, rêvant déjà de décors exotiques et de mélodies haïtiennes, et faisant du MARIAGE DE LOTI, dans son imagination, la pièce à succès de la fin de l'année, et voilà l'auteur du charmant roman, tout charmé, et sous le coup de la fascination de cette chose nouvelle: le théâtre,—et qui invite Porel à venir à Rochefort, et à travailler à la pièce, à eux deux.

On descend dans la salle. Ce n'est point encore la répétition de la censure, comme on l'avait décidé. Cette répétition est remise à lundi, et la pièce reculée à mercredi. La pauvre Réjane, cause de ce retard, n'arrive qu'à deux heures. Elle a dû se faire donner un coup de lancette dans la bouche, et a eu à la suite du coup de lancette, une crise de nerfs, et est obligée de jouer, le cou et la tête tout empaquetés.

Il est amusant ce Loti, sous sa gravité de pose et de commande, avec l'éveil, par moments, de ses yeux éteints devant cette cuisine du théâtre; et sa vue semble jouir délicieusement de la montée des décors, de l'abaissement des plafonds, et ses oreilles se pénétrer curieusement de l'argot de la machination. Et, on le voit avec quelque chose d'un provincial, amené dans les profondeurs intimes du théâtre, se frotter aux hommes et aux femmes de l'endroit, attiré, séduit, hypnotisé. Un moment cependant le marin se révèle, et sur les récriminations et les rebiffements des machinistes, il laisse échapper: «On voit que ce ne sont pas des soldats, la manoeuvre ne se fait pas au sifflet!»

Devant le jeu de Mme Raucourt, un peu grisée par les compliments, soulignant trop la méchanceté noire de son rôle, il s'écrie: «Vous êtes heureux qu'on ne vous joue pas dans un port de mer, les marins monteraient sur le théâtre, battre Mme Jupillon et son fils.»

Réjane me contait, que sa petite fille âgée de deux ans, disait au sujet de sa fluxion: «Maman joue Geminie de M. Goncou, et maman est enflée.»

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Lundi 17 décembre.—Je laisse Porel dans son cabinet, en tête à tête avec les censeurs.

Au milieu de clouements à grands coups de marteau, un conciliabule qui n'en finit pas, entre un machiniste, un pompier au casque qui brille, auquel se mêle la voix de la souffleuse, qui a l'air de sortir d'une cave, pendant qu'un décorateur fait un croquis pour retoucher la chambre de Mlle de Varandeuil. Enfin Porel vient s'asseoir sur les premiers bancs de l'orchestre entre les censeurs.

Admirable de gaucherie cette Réjane! pendant qu'avec ses bras rouges de laveuse de vaisselle, dans sa toilette de bal de vraie bonne, elle tourne sous les yeux de sa maîtresse… Pas la moindre coquetterie bête de femme, à preuve le chapeau ridicule du bal de la Boule-Noire… C'est vraiment une actrice!… Dans l'idylle du second tableau, quel triste et pudique abandon, mais, mais… je ne sais pas, pour une scène d'amour si poétique,—la robe de bonne me fait une petite impression de froid,—en sera-t-il de même avec le public?… Oh, elle est merveilleuse, tout le temps, Réjane! et au moyen d'un dramatique tout simple, du dramatique que je pouvais rêver pour ma pièce… Et comme dans la scène de l'apport de l'argent, pour le rachat de la conscription, elle dit bien et d'une voix tellement remuant les entrailles: «Pas plus que l'autre, pauvre ami… pas plus que l'autre!…» Et la jolie trouvaille, qu'elle a faite dans la scène de l'hôpital, de cette toux, qu'elle a seulement, quand elle parle de choses d'amour.

Une location frénétique. Des députés, me dit Porel, en le quittant, ont loué une grande avant-scène; ils veulent assister à cette émeute littéraire.

* * * * *

Mercredi 19 décembre.—Hier à l'Odéon Gouzien me parlait de la mauvaise humeur, causée chez les journalistes, par la suppression de la répétition générale. Ce matin cette mauvaise humeur transperce dans les journaux.

Toute la matinée et l'après-midi, je travaille à finir la pétition à la Chambre des députés, un morceau que j'ai écrit avec mes nerfs, et que je crois un des bons morceaux que j'ai écrits.

Bon! à la sortie de chez moi, un brouillard qui me fait craindre, que les voitures ne puissent pas circuler, ce soir. Pour tuer l'avant-dîner, je vais chez Bing, où je ne peux m'empêcher de quitter de l'oeil les images, que Lévy me montre, et de me promener d'un bout de la pièce à l'autre, en parlant de ce soir.

Et aussitôt dîner, dans l'avant-scène de Porel avec les Daudet, moi, tout au fond, et invisible de telle manière, que Scholl, qui vient parler avec Daudet sur le rebord de la loge, ne me voit pas.

Un public de première, comme jamais on n'en a vu à l'Odéon, assure Porel.

La pièce commence. Il y a deux mots, dans le premier tableau, sur lesquels je comptais pour m'éclairer sur la disposition du public. Ces deux mots sont: «une vieille bique, comme moi» et «des bambins, qu'on a torchés». Ça passe, et je conclus en moi-même que la salle est bien disposée.

Au second tableau, quelques sifflets, et commencement du soulèvement de la pudeur de la salle: «Ça sent la poudre, j'aime ça!» laisse échapper Porel, sur un ton pas vraiment très amoureux de la poudre.

Daudet sort, pour calmer son fils, qu'il entrevoit prêt à batailler, et revient bientôt avec une figure colère, et accompagné de Léon, disant, que son père avait une tête si mauvaise dans les corridors, qu'il a craint qu'il se fît une affaire, et je regarde, vraiment touché au fond du coeur, le père et le fils, se prêchant réciproquement la modération,—et tout aussi furieux, l'un que l'autre, en dedans.

La lutte entre les siffleurs et les applaudisseurs parmi lesquels on remarque les ministres et leurs femmes, continue aux tableaux du bal de la «Boule-Noire» au tableau de la «Ganterie de Jupillon».

Enfin arrive le tableau du dîner des petites filles. Là, je l'avoue, je me croyais sauvé. Mais les sifflets redoublent. On ne veut pas entendre le récit de Mme Crosnier. On crie: Au dodo les enfants! et j'ai, un quart d'heure, l'anxiété douloureuse de croire qu'on ne laissera pas finir la pièce… Ah! cette idée était dure, car comme je l'avais dit à mes amis, je ne sais pas quelle sera la fortune de ma pièce, mais ce que je voudrais, ce que je demande, c'est de livrer la bataille, et j'ai eu peur de ne pas la livrer jusqu'au bout.

Je vais un moment sur la scène, et je vois deux de mes petites actrices, si cruellement bousculées par le public impitoyable, pleurant contre un portant de coulisse.

Enfin Réjane obtient le silence: Réjane, à laquelle je dois peut-être d'avoir vu la fin de ma pièce, au milieu du tapage et du parti pris de ne pas écouter, a le don de se faire entendre et de se faire applaudir, dans la scène de l'apport de l'argent de la conscription.

Aux tableaux qui suivent, ça devient une véritable bataille, au milieu de laquelle, sur la phrase de Mlle de Varandeuil: «Ah! si j'avais su, je t'en aurais donné du torchon de cuisine, mademoiselle, comme je danse!» une voix indignée de femme s'élève, et amène à sa suite, un brouhaha d'indignation dans la salle. Et cette voix indignée n'est pas celle d'une honnête femme.

Les indignations des hommes, ne sont pas non plus de ceux qui passent à Paris, pour les plus purs: c'est l'indignation de ***, vous savez… c'est l'indignation de ***, dont on dit… c'est l'indignation de ***, sur lequel on raconte…

Enfin, quand Dumény veut me nommer, cette salle se refuse absolument, à ce que mon nom soit prononcé, comme un nom déshonorant la littérature française… et il faut que Dumény attende longtemps, longtemps… et qu'il saisisse une suspension entre les sifflets, pour le jeter ce nom, et le jeter, il faut le dire, comme on jette sa carte à un insulteur.

Je suis resté jusqu'au bout, au fond de la loge, sans donner un signe de faiblesse, mais pensant tristement, que mon frère et moi nous n'étions pas nés sous une heureuse étoile,—étonné, et doucement remué, à la tombée de la toile, par la poignée de main d'un homme, qui m'avait été jusqu'alors hostile, par la brave et réconfortante poignée de main de Bauër.

Les gens perdus dans le brouillard, se retrouvent autour des tables du souper offert par Daudet, sur lesquelles se dressent quatre faisans, au merveilleux plumage, que m'a envoyés la comtesse Greffulhe «à cause de leurs nuances japonaises».

Tout le monde est gai. On n'a pas le sentiment d'une bataille absolument perdue, et moi j'oublie l'échec de la soirée, devant la satisfaction d'avoir vu finir la pièce.

On soupe, et on soupe longuement, en commentant les incidents de la soirée.

Marieton qui a payé 25 francs un parterre, a vu payer 90 francs chaque, les deux derniers fauteuils de l'orchestre.

Wolf, qui était derrière le jeune Hugo, et lui frottait amicalement sa canne dans le dos, en lui disant: «C'est une honte que le petit-fils de Hugo applaudisse ça!» s'est attiré une réponse à peu près semblable à celle-ci: «Pardon, monsieur, nous ne sommes pas assez intimes, pour que vous me parliez ainsi!»

Quelqu'un a entendu un imbécile patriote de la prose noble, s'écrier dans les corridors: «Ah! si les Allemands voyaient cette pièce!»

Puis, au milieu de la causerie devenue bruyante, tout à coup s'élève la voix de Zola, qui jette: «À Edmond Goncourt et à la mémoire de Jules Goncourt!»

* * * * *

Jeudi 20 décembre.—Vitu, après avoir commencé son article du Figaro, par cette phrase: «—La chute complète et sans appel de GERMINIE LACERTEUX[1]»—fait la déclaration suivante:

«Il n'est pas un seul mélodrame de l'ancien ou des derniers temps, où les peintures des basses classes de Paris, ne soient mises en scène avec une verve, un coloris, un relief, et une vérité autrement saisissants.»

C'est peut-être vraiment, monsieur Vitu, une critique un peu exagérée.

[Note 1: GERMINIE LACERTEUX, on le sait, est à sa centième représentation, sauf six ou sept représentations.]

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Vendredi 21 décembre.—Aimable visite de Réjane, toute riante, toute joyeuse, qui me plaint de n'avoir pas assisté à la représentation d'hier, à cette seconde, où la pièce s'est complètement relevée, et me disant gentiment, que si elle a un succès, elle le doit à la prose qui est sous son jeu, sous sa parole.

Elle me conte que Derenbourg, le directeur des Menus-Plaisirs, lui a confié, que la veille de la première, il dînait dans une maison, qu'il n'a pas voulu nommer, où on avait dit: «Il ne faut pas que la pièce finisse demain.»

Et revenant aux applaudissements, aux rappels d'hier, elle m'avoue que, dans la fièvre de bonheur qu'ils avaient Porel et elle, ils ont été souper, ainsi que deux collégiens, et que dans le fiacre, Porel ne cessait de répéter: «2,500 francs de location aujourd'hui… après la presse de ce matin… je ne me suis donc pas trompé… je ne suis donc pas une foutue bête!»

* * * * *

Samedi 22 décembre.—Passé, après dîner, à l'Odéon, où à mon entrée, Émile m'annonce que la salle est pleine d'un monde chic. Réjane qui vient de jouer le tableau des fortifications est rappelée, et applaudie à tout rompre… Je me sauve, de peur que ça se gâte.

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Lundi 24 décembre—J'ai peur d'hier, j'ai peur du public du dimanche. Je ne suis pas de ceux qui disent: «Quand j'arriverai au vrai public!…» Ma pièce, ainsi qu'elle est faite, et avec l'apeurement produit par la presse dans la gent bourgeoise, ne peut vivre que par la curiosité sympathique du Paris lettré.

Je trouve Porel avec l'oeil agatisé, qu'il a dans les embarras, les contrariétés, les difficultés de son métier. Il me semble être dans ces tracs, qui succèdent chez lui aux coups d'audace.

La recette de la soirée dimanche, a été bonne, mais Porel est démonté par le fait, qui a l'air vrai, de Charcot sifflant dans son avant-scène, et par le refus, fait par le Figaro, le Temps, le Petit Journal, d'accepter les réclames payées, annonçant les recettes de GERMINIE LACERTEUX.

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Mardi 25 décembre.—Hier dans le Temps, M. Sarcey, après m'avoir reproché d'avoir taillé en tranches de croquades, l'histoire de Germinie Lacerteux, sans en avoir montré les points lumineux, conclut ainsi: «Monsieur de Goncourt n'entend rien, rien absolument au théâtre[1].»

[Note 1: Voici ma réponse qui a été écrite sous le coup de l'article du Temps, mais qui n'a pas été publiée.]

Voyons, monsieur Sarcey, causons un peu théâtre. Je ne veux pas entrer dans le détail; et chercher à vous démontrer que mes tableaux n'ont pas été choisis, si à l'aveuglette, que vous le dites, et, que l'homme qui veut bien écouter la pièce, y trouvera cette perversion de l'affectivité, qui, selon vous, manque. Prenons la question de plus haut.

Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m'étais faite du normalien, car je dois vous l'avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux oeuvres d'hommes, s'efforçant d'apporter, autant qu'il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d'abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l'art dramatique.

Mais non, ce que vous admirez, avec le plus de chaleur d'entrailles, et qui, selon votre expression, ne vous laisse pas un fil de sec sur le dos, c'est le plus gros drame du Boulevard du Crime, ou la jocrisserie, au comique le plus épais. C'est pour ces machines-là que vous avez le rire le plus large et la plume la plus enfiévrée d'éloge. Car parfois vous êtes un peu dur même avec Augier, Dumas et les autres… et n'aviez-vous pas près de cinquante ans, quand vous vous êtes aperçu du talent de Victor Hugo, et que vous avez bien voulu vous montrer bonhomme, à son égard?

Oui, Monsieur, vous ne semblez pas vous douter, mais pas vous douter du tout, que dans la scène de l'apport de l'argent, dans la scène du bas de la rue des Martyrs, il y a sous le dire de l'admirable Mlle Réjane, une langue qui, par sa concision, sa brièveté, le rejet de la phrase du livre, l'emploi de la parole parlée, la trouvaille de mots remuants, enfin un style théâtral qui fait de ces tirades, des choses plus dramatiques, que des tirades, où il y aurait sous la voix de l'actrice, de la prose de d'Ennery ou de Bouchardy.

Eh bien, tant pis pour vous, si comme critique lettré de théâtre, vous ne faites pas la différence de ces deux proses.

Maintenant n'est-ce encore rien, des caractères dans une pièce? Et les caractères de Mlle de Varandeuil, de Germinie, de Jupillon, vous les trouvez n'est-ce pas inférieurs aux caractères de n'importe quel mélodrame du boulevard.

Or donc, le style, les caractères n'entrant point en ligne de compte dans votre critique, accordez-vous quelque valeur aux situations? Pas plus! Ce tableau frais et pur du dîner des fillettes, servi par cette servante enceinte, et se terminant par l'emprunt des quarante francs de ses couches, ce tableau en dépit de l'empoignement du public de la première—un des plus dramatiques du théâtre de ce temps, vous ne le trouvez qu'odieux, mal fait, et sans invention aucune. Et toute votre esthétique théâtrale, monsieur Sarcey, consiste dans la scène à faire.

Mais la scène à faire, êtes-vous bien sûr que vous êtes le seul, l'unique voyant, patenté et breveté de cette scène? Avant tout, pour la scène à faire, il faut de l'imagination, et permettez-moi de vous dire, que si vous avez une grosse tête, vous avez une cervelle comparativement petite à cette tête: cervelle dont nous connaissons les dimensions et la qualité des circonvolutions, par la lecture de vos oeuvres d'imagination. Et savez-vous que chez moi, lorsque, le dimanche, par hasard on a lu le Temps, et que vous proposez de remplacer la scène de l'auteur par une scène de votre cru, tout le monde, spontanément, et sans aucun parti pris contre votre personne, trouvait que votre scène était vulgaire, commune, était la scène à ne pas faire.

Et puis, Monsieur, la scène à faire, c'est le renouvellement du secret du théâtre, de cette vieille mystification, si vertement blaguée par Flaubert: ça fait partie du parapharagamus des escamoteurs, c'est le facile moyen d'abîmer une pièce, sans donner la raison valable de son éreintement. Là-dessus, un conseil charitable que je vous donne, Monsieur: ne jouez plus trop de cette rengaine, le bourgeois même, je vous le jure, commence à ne plus couper dans la scène à faire.

Mais là, monsieur Sarcey, où vous n'êtes pas vraiment sincère, où vous ne dites pas la vérité, c'est quand vous déclarez que la pièce est ennuyeuse, horriblement ennuyeuse, sachant très bien, que c'est le moyen élémentaire de tuer une pièce, le moyen inventé par votre syndicat dramatique. La pièce peut être mauvaise d'après vos théories littéraires, mais une pièce où les spectateurs sont près d'en venir aux mains, et où les spectatrices—du moins les spectatrices honnêtes—versent de vraies larmes, non, non, Monsieur, cette pièce n'est pas ennuyeuse.

Enfin, Monsieur, vous pontifiez, toutes les semaines, du haut de vos douze colonnes du Temps, comme si vous prêchiez la vraie esthétique théâtrale, la grandissime esthétique de l'École normale. Mais en êtes-vous bien sûr? Moi je crois que vous vous illusionnez, et que la jeune École normale vous trouve un critique démodé, un critique perruque, un critique vieux jeu, et voici la lettre qui va vous le prouver:

Monsieur,

Bien qu'il y ait de la hardiesse à adresser des félicitations à un homme tel que vous, je me risque à vous offrir les miennes, sûr que le témoignage de la jeunesse ne vous est pas indifférent, car il est sincère, et c'est un gage de l'avenir: ce que nous aimons nous le ferons triompher, quand nous serons des hommes.

Je suis élève de l'École normale. J'imagine que vous ne l'aimez guère. Nous sommes donc moins suspects que qui que ce soit, nous qui avons combattu pour vous, le bon combat, hier soir. C'est en mon seul nom que je vous écris, mais nous étions foule à vous acclamer à la troisième de GERMINIE. Nous étions venus pour protester contre l'indigne cabale, qui n'a pas cessé de s'attacher à vous, et pour forcer le respect dû à votre talent. Nous n'étions pas venus pour applaudir. Mais votre pièce nous a saisis, bouleversés, enthousiasmés, et des jeunes gens qui, comme moi, ne vous connaissaient guère, trois heures avant, et qui n'avaient pour votre art qu'une estime profonde, sont sortis pleins d'une admiration affectueuse pour vous. Oui, j'aime votre vue nette de la vie, j'aime votre amour pitoyable de ceux qui aiment et qui souffrent, j'aime surtout la sobriété discrète et vraie de votre émotion, de vos peintures les plus poignantes. Merci de ne point sacrifier au goût du gros public, de ne point lui faire de concessions, ni même de demi-concessions.

   R…
   Élève de l'École normale.

Le nom du signataire de la lettre, monsieur Sarcey, vous me permettrez de ne pas l'imprimer en toutes lettres, j'aurais trop peur que vous le fassiez enfermer dans l'ergastulum de l'École.

Ce soir, pendant l'heure que je passe à l'Odéon, quelques sifflets, qu'exaspère l'apostrophe d'une jeune femme, assise aux fauteuils de balcon, jetant aux siffleurs: «Ils sifflent parce qu'ils se sentent capables d'en faire autant que Jupillon!»

* * * * *

Jeudi 27 décembre.—Discussion à table avec Daudet, où je soutiens qu'un homme qui n'a pas été doué par Dieu du sens pictural, pourra peut-être, à force d'intelligence, goûter quelques gros côtés perceptibles de la peinture, mais n'en goûtera jamais la beauté intime, la bonté absconse au public, n'aura jamais la joie d'une coloration, et je lui parlais à ce propos de l'eau-forte, de ses noirs, de certains noirs de Seymour-Haden qui mettent l'oeil dans un état d'ivresse chez l'homme, au sens pictural. Je lui parlais encore des gens, n'ayant pas reçu ce don du ciel, et s'efforçant de chercher dans la peinture, les côtés dramatiques, spirituels, littéraires enfin: tout ce qui n'est pas de la peinture, et qui ne me parle pas, et qui me fait préférer un hareng saur de Rembrandt, au plus émouvant tableau d'histoire, mal peint.

Rosny, après avoir aujourd'hui vanté la solidité de sa santé et déploré le manque d'une maladie, en général attestatrice du talent, chez un écrivain, confesse cependant qu'il est un angoisseux, que son esprit se forge des ennemis qu'il n'a pas, et qu'en tisonnant au coin du feu, dans la flambée de sa cheminée, parfois il voit, comme des êtres chimériques, lui voulant du mal.

Puis il m'entretient de son mode de travail, se plaignant de dormir très mal, et par conséquent se levant tard, et mangeant, aussitôt levé, une côtelette, et d'abord virant dans la chambre, et ne travaillant guère, que dans le temps s'écoulant entre onze heures et une heure, puis après cela se promenant, lisant, ratiocinant.

* * * * *

Vendredi 28 décembre.—L'incident le plus bouffon à propos de GERMINIE LACERTEUX, incident amené par l'éreintement de Sarcey, qui dans la France, a fait un réquisitoire de procureur de la République contre la pièce: ç'a été, la demande de la suppression de la pièce par la droite du Sénat, sans qu'un seul sénateur l'ait vue, l'ait lue. Oui, l'aveu de cette proscription sans précédent, existe au Journal Officiel, est attesté par le vaillant discours de Lockroy, le ministre de l'Instruction publique. Et n'est-ce pas vraiment curieux, la demande par cette droite, en termes injurieux, de la suppression de ma pièce, sur la dénonciation de M. Sarcey, ce mangeur de prêtres, par cette droite agissant contre moi, l'auteur de l'HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ PENDANT LA RÉVOLUTION, de l'HISTOIRE DE MARIE-ANTOINETTE… Il y a vraiment dans les choses humaines, à l'heure présente, trop d'ironie!

Ah! ce monsieur Sarcey, il n'est pas pour les vaincus. On peut être sûr que, lorsqu'on crie quelque part: Tue! il imprimera: Assomme!

C'est lui, qui après s'être montré après la défaite de la Commune, si impitoyable pour les communards, au temps de la campagne anti-catholique, se livrait, tous les matins, dans le Dix-Neuvième Siècle, à l'exécution d'un curé de campagne… Je ne sais, mais il évoque chez moi, l'idée d'un de ces goujats d'armée, qui, lorsqu'un chevalier était renversé sur le dos, sans pouvoir se relever, l'égorgillait sans défense, avec son eustache, par les défauts de son armure.

* * * * *

Samedi 29 décembre.—Incontestablement ce n'est pas seulement la langue de la grande Adèle, qui choque le public petit bourgeois, la langue de Mlle de Varandeuil produit peut-être un effet pire, chez les gens qui ne sortent pas d'une famille noble, qui n'ont pas entendu la langue, trivialement colorée, des vieilles femmes de race du temps.

Un changement dans les habitudes parisiennes. Les mariages du commun ne se font plus mener à la Cascade, ils se font véhiculer à la Tour Eiffel.

* * * * *

Dimanche 30 décembre.—… Au moment, où Léon Daudet arbore pour sortir une toque en velours noir, la nouvelle coiffure chic de l'étudiant, son père nous conte, qu'à l'âge d'à peu près quatorze ans, une société de garçonnets comme lui, avait loué à Lyon, une chambre au quatrième, une chambre donnant sur la Saône et son brouillard, une chambre louée à un pauvre ménage d'ouvriers dans la débine, et chez lequel il y avait une femme qui pleurait toujours, et dans une cage en osier, une colombe gémissante, à l'instar de la femme.

Cette chambre louée, était la chambre des orgies, des orgies de petits verres;—et tout son mobilier consistait en quelques chaises et une toque. Et quand arrivé là dedans, le premier, et le feu allumé, il mettait la toque, et fumait une énorme bouffarde, il sentait monter en lui un orgueil d'homme fait, un orgueil incommensurable.

Et comme il me revient, dans la parole, quelque chose de mes pensées du matin, sur la jeunesse actuelle, Daudet me dit que c'est la génération des instinctifs, des êtres de la race canine, qui lorsqu'ils ont trouvé un os, vont le manger dans un coin, et n'ont pas la solidarité des générations précédentes, et sont le plus beau triomphe de la personnalité et de l'égoïsme.

* * * * *

Lundi 31 décembre.—Marpon, que je rencontre sur le seuil de sa boutique du boulevard Italien, m'apprend que la matinée de GERMINIE LACERTEUX, annoncée et affichée, a été suspendue par le ministère, sous la pression de M. Carnot, et que la plus grande partie des gens qui avaient pris des billets pour ma pièce, ont redemandé leur argent, quand en son lieu et place, on leur a offert: le LION AMOUREUX.

Cette suppression des matinées d'une pièce, acceptée par la censure, n'est-ce pas de la part du Président de la République, du bon plaisir tout à fait monarchique? Oh! la bonne blague que les gouvernements libéraux!

FIN DU SEPTIÈME VOLUME

* * * * *

TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS

A

Abbatucci (le général), 267.
About, 4.
About (Mme), 4.
Ajalbert (Jean), 203.
Allard, 55.
Alessandri (le colonel), 286.
Alexandrine (fille de Mme de Pompadour), 211.
Alexis (Paul), 85, 288.
Annenkoff, 238.
Antoine, 217, 253, 254, 255, 290, 303.
Aubanel, 68, 69, 261, 262.
Aubryet (Xavier), 109, 110.
Augier (Émile), 320.

B

Baïgai, 62.
Baï-itsou, 130.
Balzac, 31, 158, 167, 225.
Banville (Théodore de), 13, 133, 160, 169, 170.
Barbey d'Aurevilly, 38, 39, 40, 48, 49, 50, 279.
Barbet de Jouy, 131.
Barré, 209.
Bartet, 257.
Barye, 122.
Baschet (Armand), 103, 104.
Bastien-Lepage, 30, 262.
Bataille, 226.
Baudry (Paul), 102.
Bauër (Henri), 316.
Beaulaincourt (la marquise de), 209, 210.
Beaulieu, 25.
Beaumont (Mme de), 143.
Béhaine (le comte Lefebvre de), 3, 165, 305.
Béhaine (Francis de), 165.
Belot (Adolphe), 56, 57, 58, 91, 92.
Bérendsen, 40.
Bernardin de Saint-Pierre, 282.
Bernhardt (Sarah), 233.
Bert (Paul), 83, 86.
Berthelot, 54, 55, 107, 157, 172, 200.
Bertrand (J.-L.-F.), 194, 292.
Berry (la duchesse de), 154.
Beurdeley, 131.
Bigot, 23.
Bing, 266, 313.
Bismarck, 175, 239.
Blanc (Louis), 154, 155.
Blanche (Jacques), 309.
Blanche, 45, 47, 48, 54.
Blaquière, 124, 125.
Blavet, 9.
Boisgobey (Fortuné du), 139, 140.
Boissieu (de), 162.
Bonnetain (Paul), 85, 183, 206, 233, 241, 242, 253, 254.
Bonnières (de), 85.
Bonnières (Mme de), 86.
Bossuet, 134, 203.
Bouchardy, 321.
Boucher (François), 131.
Bouffé, 301.
Boulanger (le général), 135, 175, 200, 201.
Bourbaki, 105.
Bourde, 171, 268.
Bourget (Paul), 82, 103, 105, 108, 116, 213.
Boys (du), 226.
Bracquemond, 13, 118, 122, 299.
Brébant, 9, 31, 34, 41, 45, 54, 107, 154, 175.
Breton (Jules), 268.
Brisson, 32.
Broglie (le duc de), 237.
Brunetière (M.), 233, 235.
Buloz, 216.
Burty (Philippe), 200, 223, 224, 251, 280.
Busnach, 79.
Byl (Arthur), 217, 288.

C

Cadot, 39.
Callias (Mme), 113.
Carnajou, 182.
Canrobert (le maréchal), 90, 91.
Carrier, 280.
Carnot, 224, 328.
Caze (Robert), 85, 106, 107, 110, 112, 113, 114, 115, 129, 275.
Caze (Mme Robert), 114, 118.
Céard (Henri), 14, 38, 48, 59, 60, 79, 80, 85, 141, 145, 150, 160,
  161, 169, 251.
Cerny (Mlle), 148, 149, 178, 181.
Chabot (le duc de), 211.
Chabouillet, 256.
Cham, 259.
Champfleury, 241.
Chapu, 161.
Charles de Lorraine et de Bar (le duc), 301.
Charles-Edmond, 154.
Charles-Edmond (Mme), 267.
Charpentier (Georges), 79, 85, 292, 294, 308.
Charpentier (Mme), 86, 94.
Charpentier (Georgette), 301.
Charpentier (les), 5, 36, 38, 79, 80, 105, 169, 178, 252, 302.
Chasseriau, 109.
Chateaubriand, 143, 158, 282.
Chelles, 15, 23.
Chéret (Jules), 242.
Chevreul, 33.
Cheylus, 244.
Civry, 280.
Claretie (Jules), 303.
Clemenceau, 246.
Clodion, 131.
Colombey, 273, 305, 306.
Commanville (Mme), 34, 35, 184.
Copia, 51.
Coppée (François), 169.
Cordier, 156.
Corot, 156.
Courcel, 175.
Courmont (Armand de), 66, 294.
Courmont (Alphonse de), 238.
Courmont (Jules et Raoul de), 294.
Couture, 69.
Coypel, 211.
Coysevox, 188.
Crispin, 244.
Crosnier (Mme), 273, 309, 314.
Curtius, 49.

D

Dalou, 123.
Daubigny, 156.
Daudet (Ernest), 91.
Daudet (Alphonse), 9, 25, 291, 32, 33, 34, 35, 39, 43, 44, 47, 52,
  56, 57, 58, 59, 60, 63, 65, 69, 71, 73, 74, 76, 78, 79, 80, 81, 85, 87,
  92, 93, 94, 95, 96, 113, 116, 117, 118, 126, 127, 128, 132, 133, 134,
  135, 143, 144, 147, 153, 168, 169, 173, 176, 177, 178, 179, 185, 189,
  192, 202, 203, 204, 205, 207, 212, 213, 214, 218, 223, 226, 234, 237,
  26l, 262, 269, 270, 271, 272, 273, 281, 282, 284, 285, 286, 292, 293,
  295, 297, 298, 299, 300, 309, 314, 316, 324, 328.
Daudet (Mme), 11, 36, 37, 38, 53, 57, 67, 86, 134, 135, 143, 145, 150,
  153, 166, 180, 188, 189, 201, 270, 281, 283, 302, 314.
Daudet (Léon), 4, 206, 286, 303, 314, 327.
Daudet (Lucien), 33, 52, 196.
Daudet (Edmée), 134, 135, 205.
Daudet (les), 5, 6, 7, 19, 20, 21, 36, 38, 53, 55, 56, 83, 146, 151,
  152, 176, 195, 196, 253, 254, 258, 262, 302, 313.
Daumier, 260.
David (Louis), 48.
Debry, 23.
Delacroix (Eugène), 24, 25, 123, 156.
Delaroche, 25.
Delaunay, 43.
Delpit (Albert), 63, 64, 220.
Denon, 156.
Derenbourg, 318.
Descaves (Lucien), 206.
Deshayes, 222.
Desprez, 182.
Desprez, 10, 89.
Diderot, 108, 282.
Didot (Firmin), 145.
Dieux (Mme), 19.
Dinochau, 256.
Dinochau (Mme), 256, 257.
Dinochau (fils), 256, 257.
Dostoïewski, 216, 279.
Doucet, 178.
Drumont (Édouard), 35, 36, 48, 101, 121, 126, 127, 128, 129, 184, 212,
  214, 282, 283, 299.
Du Barry (la), 234.
Dumas (fils), 173, 320.
Dumény, 34, 160, 273, 287, 304, 305, 315, 316.
Dupuis, 153.
Dupuy (Charles), 18.
Dupuytren, 182.
Duruy (Albert), 126, 127.
Duval, 171.

E

Eckermann, 297.
Émile, 20, 318.
Ennery (d'), 106, 321.
Ephrussi (Charles), 43.
Ephrussi, 238.

F

Fasquelle, 261.
Favart (Mme), 23, 29.
Febvre, 303.
Ferry (Gabriel), 199.
Ferry (Jules), 224.
Fichel, 146.
Fichet, 244.
Flaubert, 10, 11, 34, 35, 133, 139, 140, 158, 161, 166, 167, 168,
  175, 216, 234, 245, 322.
Fleury (le Dr), 133.
Fleury (Maurice de), 202, 241.
Floquet, 105, 154.
Foyot, 179.
Fragonard (Honoré), 244.
France (Anatole), 170.
Frantz Jourdain, 38, 237, 305.
Freycinet (de), 175.

G

Galetti, 256.
Galles (le prince de), 252.
Gallimard (Paul), 305.
Gambetta, 32, 42, 136, 204.
Ganderax, 63, 64, 65, 180.
Gautier (Théophile), 38, 139.
Gavarni, 24, 38, 92, 259, 260, 304.
Gavarni (Pierre), 162, 260, 263.
Gayda (Joseph), 8, 9.
Geffroy (Gustave), 38, 59, 60, 61, 62, 176, 203, 207, 228, 233, 305.
Gentien, 131.
Gibert, 94, 151.
Gibert (Mme), 243, 244.
Gill (André), 226.
Gille (Philippe), 203, 273.
Girennerie (de la), 192.
Goethe, 297.
Gogol, 279.
Gounod, 103, 197.
Gouzien (Armand), 313.
Greffulhe (la comtesse), 316.
Gréville (les), 203.
Grévy, 134, 266, 267.
Grivolas, 69.
Gros, 156.
Grousset (Paschal), 118, 119.
Guesde, 185.
Guiches (Gustave), 206.
Guillaume (le roi), 175.
Guillaume, 248.
Guizot, 177.
Guyot de Lesparre (le général), 138.

H

Hading (Jeanne), 91, 92, 93.
Hardy, 212.
Hayashi, 27, 130, 197, 263, 264, 265.
Hébert, 174, 234.
Hébrard, 9, 31, 32, 83.
Heine (Henri), 28, 285.
Hennequin (Émile), 119, 275.
Hennique, 51, 212.
Henri IV, 143.
Hérédia (José-Maria de), 48.
Hermant (Abel), 183.
Hertz (Cornélius), 144.
Hervieu, 203, 233, 292.
Hetzel, 115.
Hill, 219.
Hirsch, 128.
Houssaye (Henri), 139.
Hugo, 40, 41, 124, 158, 170, 200, 214, 227, 262, 320.
Hugo (Georges), 263, 316.
Hugo (Jeanne), 303.
Huot (des Vosges), 26, 27.
Huret, 244.
Huysmans, 5, 38, 40, 88, 114, 115, 289.

I

Ingres, 24, 156.
Invernizzi (Mlle), 258.

J

Jauréguiberry (l'amiral), 136.
Jeanniot, 51.
Johannot (Tony), 10.
Jollivet (Gaston), 232.
Julienne (de), 131.

K

Kelly, 160.
Koning (Victor), 56, 57, 93.

L

Lagier (Suzanne), 246.
Lamartine, 42.
Lamballe (la princesse de), 244.
Lambert père, 15.
Lambert fils, 14.
Lambert, 43.
Lannelongue, 182.
Laporte, 167.
Larchey (Lorédan), 162.
La Rochefoucauld (le duc de), 211.
Larousse, 222.
Laurent (Charles), 126.
Lebiez, 209.
Leblanc (Léonide), 12, 14, 22, 23, 33, 41.
Lebrun, 181.
Leconte de Lisle, 189.
Lecouvreur (Adrienne), 211.
Lecuyr, 104.
Ledoyen, 36.
Lemaître (Frédérick), 145.
Lemaître (Jules), 13, 233.
Lemoine, 102.
Lemonnier (Camille), 5.
Leroux (Mlle), 290.
Létitia (Mme), 180.
Lévy, 313.
Lockroy (Édouard), 326.
Lorrain (Jean), 95.
Loti (Pierre), 248, 310, 311.
Louis XIV, 210, 216.
Louis-Philippe, 49, 211.

M

Macé (Georges), 178.
Mac-Mahon, 90, 105.
Mac-Mahon (la duchesse de), 39.
Magnard, 134.
Magny, 12.
Malhéné, 45.
Manet (Édouard), 252.
Marat, 42.
Marchandon, 34.
Margueritte (Paul), 170, 177, 206, 212, 253, 258, 259, 275.
Marie-Antoinette, 42.
Marieton, 316.
Marpon, 328.
Martin (Aimé), 266.
Marvejols, 124.
Mathilde (la princesse), 20, 21, 180, 210, 220, 243, 252.
Maupassant, 85, 166, 167, 168, 175, 186, 233.
Meilhac, 194.
Ménier (Paulin), 145.
Méténier (Oscar), 288.
Mévisto, 290.
Meyer (Arthur), 126, 127, 128.
Michel-Ange, 123.
Mignot, 35.
Millet, 30.
Mirbeau (Octave), 288.
Mistral, 69, 71, 261.
Monselet, 257.
Montaigne, 176, 284.
Montégut (Alphonse), 253, 293.
Montépin, 39.
Moreau (Gustave), 272.
Morny (le duc de), 202.
Montesquiou-Fézensac (le comte de), 191.
Mounet (Paul), 176, 177, 178, 179, 181.
Moutet (de), 137.
Murger, 257.

N

Nadaillac (Mme de), 43.
Napoléon Ier, 156, 180, 220.
Necker (les), 210.
Négrier, 30.
Nicolardot, 82.
Nieuwerkerke (comte de), 43.
Nittis (Mme de), 303.

O

Offenbach, 169.
Ohnet (Georges), 91.
Orléans (les d'), 134.
Osmoy (le comte d'), 85.
Outamaro, 264.
Ozy (Mlle), 8.

P

Païva (la), 102.
Pajot, 118.
Parrocel (Joseph), 77.
Parrocel (Mme), 67, 77.
Parrocel (les), 65.
Paulowski, 215.
Paulus, 169, 201.
Peccot (Antoine), 291.
Pélagie, 21, 45, 50, 276.
Penthièvre (le duc de), 244.
Périvier, 237.
Perrot (George), 198.
Petit (le relieur), 104.
Petit (Élise), 13.
Pétrone, 226.
Peyrelongue, 256.
Pillaut, 224.
Platel (Ignotus), 16, 17, 238.
Poë (Edgar), 212.
Pompadour (Mme de), 131, 211, 234, 235.
Pontmartin (de), 85.
Popelin (Claudius), 279.
Porel, 12, 14, 15, 16, 22, 23, 29, 31, 33, 79, 80, 141, 142, 145,
  146, 148, 149, 150, 151, 152, 166, 168, 179, 192, 195, 234, 236, 237,
  239, 273, 287, 300, 301, 306, 307, 308, 309, 310, 312, 313, 318, 319.
Potain, 206, 207.
Pouchet (George), 83.
Pouthier, 256.
Prudhon, 51, 156.

Q

Quantin, 79.

R

Racinet, 300.
Raffaëlli, 176, 241, 246, 247, 249, 250, 253, 262, 295, 305.
Raglan (lord), 90.
Raphaël, 125.
Raucourt (Mme), 273, 311.
Réal (Mlle), 15.
Redon, 275.
Regnault de Saint-Jean-d'Angély (le général), 90.
Réjane (Gabrielle), 237, 273, 292, 293, 296, 300, 304, 307, 308, 310.
  311, 312, 318.
Renan, 9, 34, 83, 134, 233.
Restif de la Bretonne, 282.
Ribot (Alexandre), 32, 83, 134.
Riche, 219.
Richepin, 160.
Riffaut, 87, 138, 139, 216.
Robin (Charles), 83, 86.
Robin (Albert), 102.
Roche (Jules), 80.
Rodin (Auguste), 122, 123, 124, 227, 246, 248, 270.
Rollinat, 112, 113, 116, 132, 228.
Rops (Félicien), 287.
Rosny, 177, 183, 184, 185, 186, 187, 195, 199, 206, 217, 289, 292,
  325.
Rothan, 159.
Rothschild (Mme Nathaniel de), 43.
Rothschild (les), 121, 238, 239.
Rounat (la), 173.
Rousseau (Jean-Jacques), 282.
Rousseau (Théodore), 72, 156.
Rousseil (Mlle), 83.
Rubens, 156.

S

Sagan (le prince de), 127.
Saint-Aubin (Gabriel de), 130.
Sainte-Beuve, 38.
Saint-Genest, 237.
Saint-Pern (le marquis de), 204.
Saint Victor (Paul de), 40.
Samary (Mlle), 161.
Sand (George), 156, 222.
Sarcey (Francisque), 152, 319, 321, 322, 324, 325, 326.
Sardou, 292.
Saulière (Mme), 131.
Scheffer (Ary), 156.
Schmitz (le général), 90.
Scholl (Aurélien), 5, 174, 219, 257.
Servin, 120, 121, 256.
Séverine, 185.
Seymour-Haden, 324.
Shakespeare, 31, 172.
Sichel (Philippe), 266.
Sichel (Auguste), 28, 43, 131.
Sichel (les), 53.
Sisos (Raphaële), 178, 181.
Sivori (le violoniste), 208.
Sivry, 280.
Spuller, 32, 42, 136, 171, 172, 200.
Staël (Mme de), 210.
Strauss, 43.
Strauss (Mme), 103.

T

Taine, 180.
Talleyrand, 210.
Tartra (le Dr), 66.
Tessandier (Mlle), 38.
Théocrite, 269.
Thérésa, 125.
Tholozan, 210.
Tissot (James), 5.
Tolstoï, 216, 279.
Toudouze (Gustave), 85.
Tourgueneff, 215, 218.
Troyon, 156.
Turquet, 79.

V

Vallès, 11.
Varennes (le marquis de), 162.
Verlet, 29.
Viardot (Mme), 215.
Vidal (Jules), 85, 114, 217, 288.
Vidal (le musicien), 177.
Vidalenc (Mme), 243.
Vignères, 131.
Villemessant, 237, 238, 274.
Virgile, 269.
Vitu (Auguste), 317.
Vogüé (de), 280.
Voillemot, 255, 256.
Voltaire, 304.

W

Walewski (les), 208.
Watteau, 131.
Wolff (Albert), 121, 316.

Y

Yung (le colonel), 105.

Z

Ziem, 84, 109, 110.
Zola, 11, 36, 37, 38, 47, 80, 94, 117, 118, 150, 168, 174, 176, 185,
  206, 208, 252, 261, 294, 295, 317.
Zola (Mme), 295.
Zola (les), 38.

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TABLE DES MATIÈRES

ANNÉE 1885 3 ANNÉE 1886 101 ANNÉE 1887 165 ANNÉE 1888 231

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OEUVRES DES GONCOURT

GONCOURT (EDMOND DE)

—La Fille Élisa, 1 vol.
—Les Frères Zemganno, 1 vol.
—La Faustin, 1 vol.
—Chérie, 1 vol.
—La Maison d'un artiste au XIXe siècle, 1 vol.
… Madame Saint-Huberty, 1 vol.
—Les Actrices du XVIIIe siècle
… Mademoiselle Clairon, 1 vol.
… La Guimard, 1 vol.
—Les Peintres japonais: Outamaro, le peintre des maisons vertes, 1 vol.

GONCOURT (JULES DE)

—Lettres précédées d'une préface de H. CÉARD, 1 vol.

GONCOURT (EDMOND ET JULES DE)

—En 18**, 1 vol.
—Germinie Lacerteux, 1 vol.
—Madame Gervaisais, 1 vol.
—Renée Mauperin, 1 vol.
—Manette Salomon, 1 vol.
—Charles Demailly, 1 vol.
—Soeur Philomène, 1 vol.
—Quelques Créatures de ce temps, 1 vol.
—Idées et Sensations, 1 vol.
—La Femme au XVIIIe siècle, 1 vol.
—Histoire de Marie-Antoinette, 1 vol.
—Portraits intimes du XVIIIe siècle, 1 vol.
—La Du Barry, 1 vol.
—Madame Pompadour, 1 vol.
—La Duchesse de Châteauroux et ses Soeurs, 1 vol.
—Les Actrices du XVIIIe siècle: Sophie Arnould, 1 vol.
—Théâtre: Henriette Maréchal.—La Patrie en danger, 1 vol.
—Gavarni, L'Homme et l'oeuvre, 1 vol.
—Histoire de la Société française pendant la Révolution, 1 vol.
—Histoire de la Société française pendant le Directoire, 1 vol.
—L'Art du XVIIIe siècle. Trois séries; Watteau; Chardin; Boucher;
        Latour; Greuze; Les Saint-Aubin; Gravelot; Cochin; Eisen;
        Moreau-Debucourt; Fragonard; Prud'hon, 3vol.
—Journal des Goncourt, 6 vol.

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