L'homme couvert de femmes
DEUXIÈME PARTIE
VIII
Gille se leva. Pour Finette restée sur l’herbe il fut tout blanc dans la lune. Sa pose changeait la situation : la main sur la hanche. Il s’en alla, heurta du pied des sexes indistincts, il voulait se perdre dans l’ombre de la maison. Mais Finette le rejoignit.
— Mon petit Gille, en lui prenant le bras, vous savez, ça ne nous dérange pas. Amis.
Gille, la figure mortifiée, lui retira son bras.
— Laissez-moi, allez. Je ne pourrai plus que vous dire, ce soir, des paroles inutiles. Je suis triste.
— Je ne vous ai pas plu, ce n’est pas une affaire. Il y en a toujours dix qui vous attendent.
— Mais si, vous me plaisez beaucoup, vous le savez bien.
— Je ne le sais pas du tout. Vous croyez cela. Vous vous croyez obligé de croire cela ; c’est idiot. Mais c’est moi la plus bête : c’était bien mieux avant, nous étions amis et vous couchiez avec les autres. Mais, mon Dieu, cela peut bien reprendre comme avant. Vous savez, je n’attache pas une importante excessive…
— C’est que moi, avec vous… J’aurais bien aimé…
— Enfant gâté, vous ne pouvez pourtant pas les avoir toutes.
— J’aurais pu me contenter d’en avoir une.
— Allons, allons. Je ne sais pas pourquoi vous vous êtes bourré le crâne sur moi, comme ça. Je suis fatiguée, comme vieille, je ne pourrais rien faire de propre avec vous ; la preuve ! Et on aurait pu coucher deux ou trois fois ensemble ; à quoi ça nous aurait avancés ? Après ça, ça aurait mal tourné…
— Ça a mal tourné. Qu’est-ce qu’il vous faut ?
— Mais non. Vous m’avez embrassée très doucement. Vous savez, j’aime beaucoup votre bouche.
— Taisez-vous : vous vous foutez de moi. Vous en avez bien le droit, peut-être.
— Gille !
Elle s’arrêta de marcher le long de la terrasse et lui tira le visage vers la lune. Ses doigts montèrent vers la bouche durcie du jeune homme pour l’assouplir. Mais lui :
— Vous ne pouvez savoir ce que tout cela me fait craindre. Vous ne savez pas qui je suis, d’où je viens. Il vaut mieux que vous me laissiez, que je reste seul. D’abord, moi, je suis toujours seul.
— Mais tout le monde, sot.
— Ah non ! pas comme moi ! cria-t-il en s’enfuyant.
Gille fila dans sa voiture, à toute vitesse sur une seule idée « je n’ai aucun pouvoir sur la vie ». Et derrière lui couraient des sentiments de défaite et de désolation, qui étaient eux-mêmes bousculés par un gros ridicule. Il se jeta dans un petit bar, sur un port. Il but, et l’alcool développa une méditation atroce.
Vingt-sept ans, large, le hâle de ces derniers jours comme un fard sur des joues blêmes. « Je finirai par ne plus pouvoir vivre dans les villes : je ne sais où j’irai… Je m’en irai… mais j’emporterai ce qui me blesse. O la joie, je t’oublie tous les jours… Mon passé. Le passé se dérobe comme le présent. Quoi, rien ? »
Gille, à côté d’une bouteille de fine, bientôt seul dans ce bar dont le patron attendait qu’il partît, entreprenait, sur le dos de cartes à jouer, une liste minutieuse de toutes les femmes qu’il avait eues. Comme les premières années étaient pauvres, espacées, mais de millésime en millésime, cela grossissait. Et devant chacune il se demandait : « L’ai-je eue ? » Mais qu’entendait-il par là : « avoir une femme » ?
Pendant ce temps Finette rêvait dans son lit :
« Tiens, c’est drôle, une idée m’agace plus que toute cette histoire : Gille croit que je ne l’aime pas du tout. Ce n’est pas que je craigne d’être prise pour une catin qui ne cherchait, ce soir, qu’une sensation. Cela aurait mieux valu pour moi qu’il en fût ainsi ; je dirais en ce moment : un de raté, dix de retrouvés. Mais je ne voudrais tout de même pas perdre le bénéfice de mon sentiment, car j’ai un sentiment pour ce garçon. Je ne dirais pas que je l’aime. Ce mot m’agace toujours. Et puis d’abord si l’on peut aimer, j’ai aimé déjà, cela me suffit. Je pourrais l’entourer de soins très agréables : c’est malheureux qu’il ne veuille pas de moi.
Mais pour jouir de ce goût que j’ai pour lui, il faudrait me donner autant de peine que si je l’aimais, me faire un peu désirer par lui. Or il ne m’aime pas du tout pour le moment, et je sais le mal que je dois me donner pour me faire aimer. J’ai réussi une fois, cet effort m’a fatiguée pour toute ma vie, il me semble. Je ne me sens aucun courage pour recommencer. Cependant s’il me poussait, s’il me forçait. Mais il ne me force pas.
En dépit de toute ma fatigue et de toute mon incrédulité, je me demande si nous n’avons pas tort, l’un et l’autre, de nous tourner le dos si vite. Je lui oppose mon vieil amour, mais je me sens plus de paresse que de fidélité.
Bah ! il est encore si jeune, il n’a pas assez vu de femmes, pourquoi le priver des autres, ce petit, je lui ferais tort, j’humilierais sa jeunesse en l’isolant, en le remplissant de moi seule. Tout ce travail. Et puis j’ai retrouvé quelque orgueil, depuis que je suis seule.
Enfin, qu’est-ce qui me plaît en lui décidément ? Cette fantaisie exaspérée, cette recherche vorace et mécontente, cette émeute perpétuelle qui l’a fait autour de moi saisir et gâcher les autres, ne jamais m’approcher, mais me jeter des regards de sévère comparaison, ou de défi, ou de regret. J’aimais qu’il se tînt ainsi un peu loin, mais parce que j’étais sûre que c’était autour de moi qu’il tournait. Il avait de ces regards qui me flattaient le cœur. L’homme qui fait passer dans ses yeux une telle allusion est béni des femmes ; ce n’est pas en vain qu’on les fait penser au bonheur.
Après tout, il a déjà vingt-sept ans : il est temps qu’il s’y mette sérieusement. Il pourrait prendre ce qui me reste dans le ventre et dans le cœur, c’est plus que je ne crois, sans doute.
Allons, je suis sentimentale comme les autres. Mais non, je me vante. Je voudrais bien. Mais je brode sur un souci qui n’est pas bien gros. Nous verrons demain. Je vais dormir. D’ailleurs, zut ! qu’y a-t-il au fond de tout cela ? Son épuisement. S’il avait plus d’appétit, il m’aurait désirée et nous aurions déjà engagé la conversation.
Je suis bien faite. L’amitié ne vaudrait-elle pas mieux pour moi : j’ai trente-deux ans, je m’en sens quarante-deux, ou cinquante-deux. Revenons à l’amitié, je trouverai peut-être là les derniers succès qui m’attendent. »
Mais Finette pouvait-elle se résigner vraiment à des rapports d’amitié avec Gille, elle qui était condamnée à ne donner d’importance qu’aux plaisirs physiques ? Elle ne pouvait trouver de ressort que dans la sensualité, se mouvant par ailleurs dans un plan dont on aurait pu dire qu’il était intellectuel si elle n’avait pas été une femme folle comme tant d’autres, mais employant sa folie à feindre le doute de toute réalité sentimentale, la crainte de s’aventurer dans cette zone mystérieuse que fertilisent les fleuves venus de toutes les parties de la nature : du corps, du travail, du chagrin, de la mort, du ciel.
Pourtant elle pouvait s’accommoder de ne rien réaliser avec Gille et continuer avec lui des relations insignifiantes et narquoises. Elle avait toujours respiré le même air que son frère Luc. Or celui-ci ne manquait jamais de ramasser un fait qui rendît son univers moins improbable, il rendait sensibles à sa sœur tous les échecs, toutes les erreurs de l’amour autour d’eux. Il en résultait que Finette ne croyait qu’à la réussite physique pour rapprocher deux êtres, mais qu’elle croyait que cette réussite, même si réduite, était fort rare, presque miraculeuse.
Le lendemain son frère vint la trouver avec un air d’animation ironique. Elle, de son côté, était dévorée de l’envie de tout livrer à sa curiosité.
— J’ai fleurté avec Gille, tu sais, hier soir !
— Tiens, oui, c’est vrai, il fallait que ça arrive.
— Je ne l’excite pas beaucoup.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Quelque chose de bien simple, je ne l’excite pas.
— Mais comment ?
— Eh bien, je voudrais coucher avec lui qu’il n’y aurait rien à faire, je crois.
Luc marqua un silence. Puis :
— Je me demande s’il est si gaillard qu’il voudrait bien le faire croire. Est-ce qu’il ne nous aurait pas bleuffés avec les autres ?
— Non ; j’ai reçu leurs confidences.
— Les femmes aiment mieux mentir que d’avouer ces déceptions-là.
— Je veux être la dernière à soupçonner Gille d’être impuissant.
— Maintenant, je vais t’avouer qu’il est venu ce matin dans ma chambre et qu’il m’a fait des allusions que je crois comprendre, après ce que tu viens de me dire.
— Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Raconte.
Gille, en effet, était entré chez Luc.
— Je suis crevé, s’était-il écrié, il ne faut plus compter sur moi pour faire plaisir aux dames. Je me dégoûte, je ne veux plus entendre parler de moi.
Luc commençait à se blaser sur ces désaveux de soi-même. Mais autre chose le tira de son demi-sommeil et de son indifférence à des malheurs problématiques. Il avait regardé minute par minute se préciser la coquetterie de Finette et de Gille, mais il avait commencé de croire pourtant qu’ils n’en finiraient jamais. Et voilà que Gille faisait évidemment allusion à un échec : l’affaire avait donc été bien près d’aboutir. Cette demi-confidence, alors qu’elle aurait pu apaiser sa jalousie, la réveillait.
— Enfin quand il est arrivé ici c’était un foudre de guerre, revint-il à la charge, après que sa sœur lui eut fait un récit fort minutieux de la soirée dernière.
— Oui, il y avait des jours où il paraissait très vantard, mais cela dépendait de son humeur : il avait, à d’autres moments, un ton tout à fait différent. Tu ne l’as pas entendu l’autre soir parce que tu fumais.
— Il fait de faux aveux et de façon qu’on n’y croie pas.
— Mais non, il est sincère. C’est un garçon qui est comme toi et moi, la vie le dégoûte bien, seulement, au lieu d’en vouloir aux autres, comme nous, il aime mieux, par paresse ou par scrupule, s’en prendre à lui-même. C’est assez élégant de cacher son dégoût sous l’humilité ; tu comprends, il fait semblant de croire que c’est lui qui est disgracié et non pas la Nature.
— Enfin, il aurait bien aimé être de ces hommes qui sont toujours prêts à rendre service aux femmes. Eh bien ! Il paraît que ce n’est pas ça ! Car enfin, ma chère sœur, tu es une personne désirable !
— Tu sais bien que non, que je plais à beaucoup d’hommes mais que j’en décide peu.
— En tout cas je ne comprends pas qu’il se mette dans une situation comme celle d’hier au soir.
— C’est moi, peut-être, qui l’y ai mis.
— Il était assez grand garçon pour se dérober.
— Il pouvait aussi bien se laisser conduire jusqu’au pied du mur.
— Oui, je ne lui reproche pas l’abstention elle-même, mais ce que je lui reproche, c’est qu’il ait été ainsi, alors qu’il aurait voulu être autrement.
— Oh ! pourquoi lui en vouloir de négliger un personnage, s’il a d’autres rôles dans son sac.
Là-dessus Gille entra.
Il attendit d’être seul avec Finette, dans la chambre haute et étroite, pleine de livres modestement vêtus, où il n’y avait que le grand divan et des cigarettes.
Ils s’embrassèrent doucement.
— Je voudrais vous expliquer hier.
— Je crois qu’il n’y a rien à expliquer du tout, mais enfin si vous y tenez.
— Je ne suis pas pour les femmes propres, les bourgeoises… les femmes du monde. J’aime les putains.
— Comment ? Et Molly ? Et Françoise ? Et Hyacinthia ? et toutes les autres à Paris que vous avez eues.
— Molly, ce n’est pas une femme du monde. Je n’ai pas couché avec Hyacinthia, je vous assure. Quant à Françoise ! Eh bien, l’herbe.
— Mais moi aussi, l’herbe ?
— Non, vous, c’est autre chose.
— Hum ! Mais à Paris, madame de… et la petite…
— C’était autrefois.
— Quelle blague, la petite, c’était au printemps…
— Mais je n’ai pas couché avec elle, ou plutôt si, hélas ! mais je l’ai ratée comme vous. Je les rate toutes, seulement elles ne le disent pas, vu si elles le disent, les autres ne le croient pas, ou tout de même veulent voir.
— Enfin, vous mentez effrontément. Vous avez eu des tas de femmes et vous en aurez encore.
— Je ne crois pas que j’en ai eues ou très peu, de loin en loin, quand je n’y pensais pas. Je suis resté des mois, des années entières, sans femme. Toute ma vie est un bleuffe, je plastronne, mais je suis un pauvre type.
— Enfin, je vois qu’il ne faut pas vous contredire. Bon ! vous aimez les poules. Mais c’est très bien. Il y a beaucoup d’hommes comme vous, et des mâles ! Si j’étais homme, je serais comme ça : elles ont des avantages.
— Vous ne vous rendez pas compte. Vous ne savez pas ce que c’est.
— Pourquoi ? il y en a de belles, mais de quelle sorte les préférez-vous, huppées ?
— Peu importe, c’est atroce. Peu importe ce qu’elles sont ; je ne le sais pas : or ou pourriture. Ce qui est atroce, ce n’est pas ce qu’elles sont, mais ce que j’en fais.
— Oh là ! qu’allez-vous me dire, jeune homme ?
— Le plus souvent je n’en fais rien. Mes mains les saisissent mais ne les caressent pas. D’un coup d’œil on peut découvrir une âme, et il y a presque toujours un peu d’âme dans les humains ; or je détourne les yeux. Quand j’en ai une entre les mains, je pense à toutes les autres. Et je ne verrai celle-ci que je tiens que plus tard, ou j’en ai rêvé déjà.
— Je ne comprends plus du tout. Vous ne faites rien, avec celles-là non plus ?
— Je veux dire que je fais le nécessaire, l’indispensable comme on suit un souvenir machinal et idiot, mais je ne m’abandonne pas à la volupté, parce que la volupté est un mystère, et que je ne puis abandonner les mystères à une bouche sale. Elles sont salies par des pensées trop sociables. Les prostituées ne songent qu’à gagner les vertus bourgeoises. Elles ne recherchent pas tant le lucre que la considération, ou si elles ont l’air de préférer le lucre à la considération, c’est parce que la considération augmente avec l’argent. Aussi plus elles sont brillantes, plus elles sont attachées par le succès à des ambitions ignobles, et plus elles me répugnent. Je ne me résous pas à faire courbette devant leur hiérarchie de respect humain. Or la galanterie la plus brusque ne leur parvient que si on la mêle dans cette compromission. Avant d’entrer dans leur lit, il faut entrer dans leur ridicule. Alors je vais dans les maisons faites pour la plus grosse commodité.
— Gille ! Vous m’étonnez, tout de même. Comment pouvez-vous gâcher ainsi les femmes ! Vous dites que vous les aimez ?
— Ah ! si ! je les aime et plus que vous ne voudriez : je crois qu’elles ont une âme, et je n’ai jamais cessé de rêver minutieusement à cette âme, avec une piété infiniment tendre. Mais leur corps s’est mis en travers. J’en suis venu à une grossière et déchirante distinction entre l’âme et le corps.
— Écoutez, Gille, épargnez-moi. Je crois que tout peut se comprendre, je vous trouve un peu dégoûtant, un peu simple, veux-je dire, mais si vous vous lancez dans du charabia mystique, j’aime mieux que vous reveniez à vos petites cochonneries.
Gille avait d’abord eu l’air d’un enfant honteux, mais dans son visage peu à peu ses yeux devenaient fixes. Finette craignit qu’il ne fût théâtral. Cela l’entraîna vers des pensées narquoises.
— Mais, vous les payez ?
— Oui, la plupart du temps, pour aller plus vite. Je ne suis pas coquet.
— Vous, payer des femmes ! Je n’aurais pas imaginé cela.
— Oh ! du reste, elles sont si sensibles, si je voulais… Mais je préfère payer pour mieux leur imposer silence… Il est vrai que c’est plus difficile d’avoir certaines putains que bien des femmes du monde. Aussi je me pique au jeu, quelquefois, je me donne la peine de les enjôler.
« Il faut dire qu’il en est tout de même de belles et c’est une raison de ma perte qui compte. C’est pour en avoir rencontré quelques-unes qui étaient magnifiques que j’en supporte d’innombrables qui sont médiocres. Parce que la ligne de deux ou trois filles délivrait à plein gosier le cri de la beauté, parce que celles-là je les ai possédées dans la plénitude de mes nerfs et de mes muscles — et dans ces moments-là jubilait le génie de l’architecture — j’ai couché avec des douzaines d’autres, à qui je ne demandai qu’un contact qui ranimât ces forts souvenirs. Ah ! ces longs mois de disette où, faisant l’amour comme un forcené, à la fin pourtant je doutais d’avoir jamais touché aucune chair.
— Vous vous plaisez à vous imaginer ignoble, grotesque, et fantastique.
— Il faudrait que je vous explique tout au fond. Vous ne voyez pas… vous ne sentez pas…
— D’abord y a-t-il un ou deux ans ? ce n’est pas la même chose. Vous êtes vague, vous inventez, voyons, mon petit.
— Je rechercherai. Je n’ai aucune mémoire. Vraiment je ne sais pas quand cela a commencé. Au milieu de toutes ces femmes… Il y a eu des reprises, avant l’arrêt complet. Depuis… Mettons un an, je ne puis plus du tout, mais du tout, approcher une femme qui ait l’air un peu propre, propre !… enfin vous me comprenez.
— Mon cher Gille, vous êtes fatigué. Reposez-vous. J’ai entendu dire qu’il fallait que les hommes se méfient de l’amour et une amie qui s’y connaît, m’a dit un jour : « l’amant, c’est celui qui n’est pas si bête, qui ne couche jamais. » Vous l’avez donc tant fait que ça ?
— Tous les jours.
— Les maladies, les voyages, la campagne, que sais-je ? rien ne vous a arrêté ?
— Huit jours, quinze jours une ou deux fois, je me suis arrêté.
— Eh bien, arrêtez-vous encore.
— Voici que maintenant la fatigue explique tout, ricana Gille.