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Le gibet de Montfaucon (étude sur le vieux Paris)

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ACHEVÉ D’IMPRIMER

Pour la première fois à Paris

Le 5 mai 1863

Par Jouaust et Fils

Pour Aug. Aubry, libraire a Paris

———

Tiré à 500 exemplaires

 

 

 

 

DU MÊME AUTEUR


RECHERCHES

HISTORIQUES ET CRITIQUES

SUR

L A   M O R G U E

LA BASSE GEOLE DU GRAND CHATELET.—DESCRIPTION DE LA MORGUE.
ADMINISTRATION.—STATISTIQUE.
ERREURS ET PRÉJUGÉS.—LA LÉGENDE DE LA MORGUE.
LES FILETS DE SAINT-CLOUD.



6015.—Paris, imp. de Jouaust et fils, rue Saint-Honoré, 338.

NOTES:

[1] Sauval, Histoire et antiquités de la ville de Paris (1724. 3 vol. in-fol.), t. II, p. 583—Traihouer, Traihoir, Trihouer, Tyroer, Tiroye.—Je n’en finirais pas, si je voulais citer toutes les variantes de ce mot.

La Croix du Tiroir.

Cette croix me met bien en peine:
Que fait-elle dedans ce lieu?
Seroit-ce une Croix de par Dieu,
Ou bien une croix de Lorraine?
Nenny, c’est la Croix du Tiroir,
La seule noble antique à voir,
Dedans ce village moderne:
Qu’elle est grande! On la voit de loin;
Mais sa disgrâce me lanterne:
Pourquoi l’a-t’on mise en ce coin?
Muse, c’est ce qu’il me faut dire;
Autrement, je crie aux voisins,
Et nous ne serons pas cousins
A la fin de cette Satire:
Brûle, comme magiciens,
Plustost tes livres et les miens...
Ha! ma mémoire s’est refaite:
Sçavez-vous pourquoy c’est, Badaults?
C’est qu’icy la reyne Gilette[2]
Fut tirée à quatre chevaux.

(La Chronique scandaleuse, ou Paris ridicule, de Cl. Le Petit, un poëte sur lequel nous reviendrons plus longuement à la fin de notre livre.)

Colletet n’a pas oublié non plus «ce carrefour noir de peuple», comme dit Victor Hugo dans son admirable Paris à vol d’oiseau.

Sçais-tu quelle est cette fontaine?
Ce n’est pas la Samaritaine;
C’est l’autre que tu viens de voir,
C’est icy la Croix du Tiroir,
Place où Némésis punit le vice
Du honteux et dernier supplice.
Prens garde contre ce poteau
De t’aller casser le museau!
Ne t’es-tu point blessé la joüe?
C’est un voleur sur une roue
Qu’on expose là quelque temps,
Pour servir d’exemple aux passans.
(Le Tracas de Paris.)

[2] Cl. Le Petit se trompe au sujet de la reyne Gilette.—Ce n’est pas à la Croix du Tiroir que reine Gilette (Brunehaut) fut tirée à quatre chevaux. V. la curieuse étude de M. X. Girault, Dissertation historique sur le lieu de supplice de Brunehaut. In-8, 1811.

[3] Le siége épiscopal, qui remonte au moins au IIIᵉ siècle, n’a eu que le titre d’évêché jusqu’en 1622.

[4]

L’Eschelle du Temple.

Grâce, grâce, ou miséricorde!
S’en va-t’on pendre icy quelqu’un?
Est-ce une eschelle du commun,
Ou bien une eschelle de corde?
Non, c’est une eschelle de bois,
Où les Templiers autrefois
Ont confirmé, par leur exemple,
Pour aller au ciel où vit Job,
Qu’un bout de l’eschelle du Temple
Vaut toute celle de Jacob.

(La Chronique scandaleuse, ou Paris ridicule, de Cl. Le Petit.)

[5] Loyseau, Œuvres (Les Traitez des Seigneuries). 1678, 1 vol. in-fol.—De La Mare, Traité de la Police (Paris, 1722, 4 vol. in-fol.), t. I, liv. 1ᵉʳ, titre IX, p. 145.—Voir aussi le Traicté des Droicts honorifiques des seigneurs ès églises de Mathias Mareschal (1665, 1 vol. in-4), et quelques arrêts curieux au sujet des conflits qui s’élevaient entre les juridictions: Arrêts et exécutions au XIIIᵉ siècle.Anciens arrêts extraits des registres OlimRevue rétrospective. 1833-1838, t. VIII, p. 5-14, etc.

A chaque instant, du reste, et selon le caprice du monarque, le nombre des hauts justiciers augmentait ou diminuait: «(1487) Le Procureur du Roi au Chastelet alla en divers lieux de la Prévosté et Vicomté de Paris faire démolir les fourches patibulaires, carquans, eschelles, et autres marques de haute justice, attendu que le roi Louis XI avoit accordé à plusieurs droit de haute justice, qui fut révoqué par édit de révocation générale de tous dons de portion du domaine aliéné depuis le deceds de Charles VII que fit publier Charles VIII à son avénement à la Couronne.» (Sauval, t. III, p. 481.)

[6] Sauval fait même venir de ce genre de supplice le nom de ce carrefour: Guigne-Oreille, et en langage corrompu Guillori.—Nous lisons dans Jaillot, Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris (5 vol. in-8, 1762), t. III, p. 15: «Le Rôle de la Taxe de 1313 porte qu’un Maréchal appelé Guillori y demeurait. On trouve aussi un fief qui a le même nom, ce qui aura sans doute engagé à le donner à ce carrefour.»

[7]

L’Estrapade.

Enfin, tu vois bien l’Estrapade;
Triste et douloureuse escalade,
Où l’on fait monter quelquefois
Ces grands violateurs de loix,
Je parle de loix militaires,
Qui sont justes et fort sévères.
Item auprès est le gibet
Où le criminel, au colet
Une fois pris, n’en peut descendre,
Parce qu’il a gagné le pendre.
(Les Tracas de Paris, par F. Colletet.)

[8] Le Pilori.

Deschargeons icy nostre flegme
Dessus ce chilindre pourry:
Ce Gibet, nommé Pillory,
Mérite bien un apophthegme.
Quoiqu’il soit en estat piteux,
Il fait voir à ce siècle honteux
Qu’on faisoit autrefois justice;
Et conclut enfin contre luy,
L’ayant privé de son office,
Qu’on ne la fait plus aujourd’huy.

(La Chronique scandaleuse, ou Paris ridicule, de Cl. Le Petit.)

[9] Pigagniol de la Force, Description historique de la ville de Paris, etc. (10 vol. in-12, 1765), t. III, p. 518.

[10] Sauval, t. II, p. 585.

[11] De la Villegille, Des Anciennes Fourches patibulaires de Montfaucon, etc. 1836, in-8, p. 23-25.—«Notum facimus quod, cum contentio verteretur inter nos ex una parte et decanum et capitulum parisiense ex altera, super quibusdam terris et vineis quas nos tenemus ab eodem capitulo in Censu communi, videlicet in via que ducit apud Rauredum undecim arpenta terræ en la longue Raie; quatuor arpenta et dimidium quarterium juxta pressorium combustum, duo arpenta et dimidium quarterium circa gibetum, quatuor decim arpenta, etc.» Archives du Royaume, Section domaniale, § 216.

[12] «Nicholaus Gibouyni vendidit capitule beate Marie parisiensis, ad opus horarum ecclesie parisiensis in perpetuum, pro vigenti libris parisiensibus jam sibi solutis, sicut confessus est coram nobis trigenta solidos parisienses, augmentati census quos habebat et percipiebat annuatim super tribus arpentis vinee site juxta pressorium sancti Martini prope gybetum, in censiva ejusdem capituli, etc.»

[13] Li romans de Berte aus grans piés, publié par M. P. Paris (1832, in-12).

[14] La Satyre Ménippée (édit. de C. Nodier, 1824, 2 vol. in-8), t. II, p. 173:

A chacun le cien, c’est justice.
A Paris seize quarteniers,
A Montfaucon seize piliers,
C’est à chacun son bénéfice.

Et plus loin, t. II, p. 192:

Seize Montfaucon vous appelle,
A demain crient les corbeaux,
Seize piliers de sa chapelle
Vous serviront de tombeaux.

Et Pierre de l’Estoile, Journal de Henri III et de Henri IV (Collect. Petitot, 5 vol. in-8.):

Les Seize ont ja pris possession
Des seize pilliers de Montfaucon,
Pourveu aussi qu’ils ne soient davantage;
S’ainsi estoit, ce seroit grand dommage,
Et en danger d’un différend entre eux.
Non, non, le gibet est fait à deux estages,
Il en pourra haut et bas trente-deux.

[15] C’est dans ce charnier que les magiciens venaient chercher des cadavres, et en 1407 le Parlement donna mission au Prévôt de Paris de poursuivre activement les individus qui dépouillaient les gibets des charognes de ceux qui y avaient été pendus. (Registres de la Tournelle criminelle, cités par Dulaure, édit. in-12, t. IV, p. 31.)

[16] Sauval: «Il y a un chapitre d’autres œuvres faites pour une Justice de nouveau faite près la grande Justice de Paris, outre Saint-Laurent, ladite Justice commencée depuis le vingt-sept mars 1416 sur une petite montagne, près de l’ancienne Justice.» (T. III, p. 269.)

«Petit gibet de bois, qui avait été fait près la grande Justice, lequel a été abbatu et démoli en cette année, parce que ladite grande Justice avait été rétablie cette même année.» (T. III, p. 270.)

«Autres œuvres faites pour une Justice de nouvel faite près de la grande Justice, outre Paris:

«A Jean du Mont et Urbain Riant, charpentiers, pour avoir fait une Justice qui servira tandis qu’on remettra à point la grande Justice de la bonne ville de Paris, laquelle Justice est faite de quatre pans de bois, de quatre potiaux cormiers, chacun de trois toises et demie de haut, etc. Une eschelle pour ladite Justice de quatre toises ou environ: payé ausdits charpentiers, pour lever peines seulement, fournitures de chables et engins pour lever ladite Justice, douze livres parisis; le Roy ayant fourni la charpente.

«A ____ maçon, pour avoir ouvré et besogné de leur mestier depuis le 27 mars 1416, en la Justice nouvellement ordonnée être faite outre Saint-Laurent, hors Paris, sur une petite montagne près de l’ancienne Justice, etc.» (T. III, p. 273.)

«Audit Jean Tiphaine la somme de 24 sols parisis, pour sa peine et salaire d’avoir, au mois de novembre dernier passé, dépendu et enterré les corps morts de ceux qui avoient été exécutés au petit gibet de bois qui avoit été fait près de la grande Justice, et lequel petit gibet, après ce que les corps ont été ainsi dépendus et enterrés, a été démoli et abbatu, pour ce que la grande Justice a été refaite et remise à point.» (T. III, p. 278.)

Dans les Comptes de l’année 1458, on trouve encore: «Œuvres et réparations faites à cause d’un nouveau gibet fait outre la paroisse Saint-Laurent, appelé le gibet de Montigny.—Ledit gibet naguères fait de neuf près de la grande Justice de Paris, etc.» (T. III, p. 359.)

Et enfin: «Une petite Justice, faite de neuf, près la Justice de Montfaucon, le lundy septiesme février 1485. Est fait mention de la Justice nommée de Montigny, dont les pierres furent employées à faire ladite nouvelle Justice, etc.—Et fut aussi un gibet joignant le grand gibet, qui est en danger de choir et tomber de jour en jour, etc.» (T. III, p. 475 et 476.)

[17] Loyseau, p. 8.

[18] A propos de cette expression, il nous a paru curieux de réunir ici, sous les yeux du lecteur, la plupart des équivalents populaires concernant la potence et ses victimes. Pour cela nous n’avons eu qu’à puiser à pleines mains dans l’ouvrage de M. Francisque Michel, Etudes de philologie comparée sur l’argot (1856, in-8).

Mettre à la bise:

Se n’eusse eu mon assez
De Liétard tôt à ma devise,
Ge l’féisse mettre à la bise...
J’avoie si la chose emprise
Qu’enz el bois le féisse prendre,
Et à un chesne moult haut pendre.
(Le Roman du Renart, t. II, p. 301, v. 17,790.)

Vendanger a l’eschelle:

Si une fois vous puis reveoir,
Je ne vous garderay que ung peu,
Vous ferez raisin de Vismeu,
Vendangez serez à l’eschelle.
(Le premier Volume des Catholiques Œuvres et Actes
des Apostres, 1541, feuil. XV recto, col. 1.)

Croitre d’un demi-pied:

«Vien-t’en avec moy, et nous retirons, afin qu’on ne nous fasse croistre d’un demi-pied plus que nous ne voudrions.» (Le Morfondu, comédie de P. de L’Arivey, a. V, sc. IV.)

Approcher du ciel a reculons:

«Vous autres..., on vous pourroit bien avec une eschelle faire approcher du ciel à reculon

(Péripatétiques Résolutions et remontrances sententieuses du docteur Bruscambille aux perturbateurs de l’Estat. Edit. des Joyeusetes, p. 10.)

Danser un branle en l’air:

Je n’aurois qu’à siffler
Pour te faire, demain, danser un branle en l’air.
(L’Avare dupé, ou l’Homme de paille, sc. 5.)

Variante:

Le vigneron Coupe-Javelle
N’avoit porté poule ou dindon
Au président Croque-Lardon...
Ny Mars tiré ses pistolets,
Ny le filou sa tire-laine,
Ny Jean-Guillaume (le bourreau) pris a peine
De danser sur son chien de cou
Le petit bransle de Poitou.
(Œuvres de Monsieur d’Assoucy.)

Jean-Guillaumer:

Le brave aventurier Mercure,
A qui le temps dure et redure
De vistement les yeux gommer
D’Argus, pour le Jeanguillaumer
Remet son flageolet en bourse.
(Œuvres de Monsieur d’Assoucy.)
On disait aussi: Chevalier de l’ordre de Jean Guillaume pour pendu.
      (Oudin, Curiositez françoises.)

Epouser le gibet,—la potence,—la veuve:

Le beau gibet espouserés
Pour estre de nopces tous troys.
(Mistère de la Passion de J.-C., sc. du crucifiement,
édit. de Vérard, 1490.)

Louis XI, écrivant à M. de Bressuire au sujet d’un certain Huisson, annonce l’intention «de faire les préparatifs des nopces du gallant avec une potence». (Œuvres complètes de Brantôme, t. I, p. 193, col. 1.)

Mais, si je voulais citer, je n’en finirais plus, car: Faire La longue lettre, Tomber du haut mal (Satyre Ménippée, 1824, in-8, t. I, p. 47, 86 et 189); Faire le saut, Faire le saut sur rien (Le Facétieux Réveille-matin des esprits mélancholiques, 1654, p. 70); Servir de bouchon, Donner le moine par le cou (Curiositez françoises, d’Oudin); Etre évesque de la ville et des champs, Donner la bénédiction par les pieds (Moyen de parvenir, t. II, p. 71); Garder les moutons à la lune, Faire le guet au clair de la lune (Contes et joyeux devis de B. des Périers), etc., etc.; tout cela est synonyme.

[19] Tout le monde n’était pas aussi délicat, et il y avait près de Montfaucon des lieux de débauche auxquels leur éloignement de la ville donnait jouissance d’une certaine liberté. Maître Villon y allait faire ripaille et gourgandiner avec René de Montigny et Colin de Cayeux, deux coupeurs de bourses, de ses amis, qui furent bel et bien branchés,—comme nous le verrons plus tard.

Tant parlèrent du bas mestier
Que fut conclud, par leur façon,
Qu’ilz yroyent, ce soir-là, coucher
Près le gibet de Montfaulcon,
Et auroyent, pour provision,
Ung pasté de façon subtile,
Et menroyent, en conclusion,
Avec eulx chascun une fille.

Et plus loin:

Et allèrent vers Montfaulcon,
Où estoit toute l’assemblée.
Filles y avoit à foyson,
Faisant chère desmesurée.
(Œuvres complètes de Villon [collect. elzevirienne],
in-16, 1854: La Repeue faicte auprès de Montfaulcon,
p. 292.)

[20] Sauval: «A lui 79 sols parisis, pour oster les potences et corps pendus, avec plusieurs têtes et quartiers attachés à icelles, tant hors la porte Saint-Antoine, bois de Vincennes, que le Chastelet Saint-Quentin devant Saint-Denys, et iceux fait mener pour être mis en terre, tant au cimetière de Saint-Quentin qu’au cimetière de Saint-Paul à Paris, pour obvier au gros air et infection qui pouvoit advenir au grand multitude de peuple qui étoit au convoi de Madame, mère du Roi, qu’on a apportée de Saint-Maur à Saint-Antoine des Champs, et d’illec à Notre-Dame de Paris, pour illec faire ses obsèques et funérailles, ainsi qu’il avoit été ordonné par le Roi.» (T. III, p. 615.)

[21] Lebeuf, Dissertation sur l’histoire civile et écclésiastique, t. III, p. 408.

[22] Sauval, t. II, p. 587 et 649.—Mézeray, Abrégé chronologique de histoire de France, 1667, t. III, p. 150.—Félibien et Lobineau, Histoire de la ville de Paris (5 vol. in-fol., 1725), t. II, p. 717.

[23] Sauval, t. II, p. 586 et 587.

[24] Sauval: «A Colin Feucher, tourmenteur-juré audit Chastelet, qu’il paya comptant le premier jour de septembre 1438, pour un grand sac de treillis où fut mis le corps mort de feu le Mᵉ des Ponts de Paris, cedit jour exécuté pour ses démérites ès Halles de Paris, cinq sols parisis.» Et plus loin: «Le troisième jour de décembre ensuivant, pour une braye neuve baillée à Robinet l’Ermite, de la garnison de Compiègne, cedit jour exécuté ès dites Halles, qui n’en avoit point, deux sols parisis.» (T. III, p. 337.)—Du reste, nous n’avons pas à fournir ici les preuves de ce que nous avançons: elles se retrouvent çà et là dans le courant de notre ouvrage.

[25] Jean Riolan, dans l’épître dédicatoire de ses Opuscules anatomiques, dit que l’hôpital d’Imbert de Lions fut dans la suite chargé de faire cette charité aux criminels.—Sauval, t. III, p. 587: «Ce repas ressemble fort au petit repas que les dames juives faisoient faire aux personnes condamnées à la mort, et au vin de myrrhe qu’ils présentèrent à Jésus-Christ attaché en Croix, et qui a donné si fort dans la tête des le Fèvres, des Baronius et des Casaubons». V. aussi t. I, p. 482 et 574.

[26] Félibien et Lobineau, t. II, p. 717.—Mézeray, Abrégé chronologique, t. III, p. 150.—Sauval, t. II, p. 349.

[27] Sauval, t. III, p. 362, 476, 509, etc.

[28] Rien n’est moins certain que la culpabilité de de Brosse, et son orgueil fut peut-être son plus grand crime. «Voilà comme vescut et se comporta, dit un de ses panégyristes, celluy qui, pour sa grande puissance et authorité près du roi Philippe, est comparé par un historien du temps au cèdre de Liban eslevé au dessus des autres arbres. Mais il s’esmeut enfin un tourbillon de vent qui le porta par terre, l’an 1277, sans qu’on ayt sceu au vray d’où en provint la cause, sinon de l’ennui qu’aucuns conçurent contre luy, ce qui causa parmi le peuple grand estonnement et murmure.»

Et plus loin: «Nulz ne se doit fier en sa grant haultesse ne en son grant estat, car la roe de fortune, qui ne se tient en un estat, l’ara tost devalé et mis bas.»

«Contre la volonté le roy
Fu-il pendu; il fut deffet
Plus par envie que par fet.»

[29] Dans La Complainte et le Jeu de Pierre de la Broce, nous trouvons une pièce intitulée De Pierre de la Broche, qui dispute a fortune par devant reson, dont nous extrayons les trois dernières strophes:

Ci rent reson sentence.

Ainsi, Pierres, à tort te plains,
Et je croi bien qu’ele dit voir
De tes mauvaistiez es atains,
Ce puet chascuns moult bien véoir,
Et par jugement est contrains
A ceste paine recevoir:
Li anemis ne s’est pas frains
Qui te tenoit en son pooir.
Li baras son seigneur conchie:
Jà si ne le saura tarder;
Et cil qui sert de tricherie
Celui que il devroit garder,
Je di, par la virge Marie,
Qu’il seroit dignes de l’arder,
Por ce t’est la peine ajugie
Que tu recevras sanz tarder.
Droiz te condamne par droiture
Et je te conferm la sentence,
Mès sachiez que ce n’est cointure
De terrienne pénitance;
Mès la mort vient diverse et dure
Là où Diex vendra sans doutance:
Qui mal fet, ce dist l’escripture
Mal trovera: c’est une créance.

[30] P. G. Daniel, Histoire de France (édit, du P. Griffet, 1761, 17 vol. in-4), t. IV, p. 651.—G. de Nangis, Chronique latine, publiée par H. Géraud (1843, 2 vol. in-8), t. I, p. 249.—Mézeray, Histoire de France (1643, 3 vol. in-fol.), t. I, p. 658 et 675.—Les Grandes Chroniques de Saint-Denys (Collection Michaud et Poujoulat), t. II, p. 163.—La Complainte et le Jeu de Pierre de la Broce, chambellan de Philippe le Hardi, publ. par A. Jubinal d’après un manuscrit, 1835, in-8.

[31] Jacobus dictus de Lor, dit de Nangis.—Vu la profession de cet homme, ce nom pourrait bien être un surnom.

[32] Il y eut longtemps à droite, dans une petite cour, à l’entrée de la Conciergerie de Paris, une statue sans piédestal et appuyée contre le mur. On la regardait comme étant celle de Marigny, transportée là lors de sa disgrâce.

[33] Cet acte, qui existe en original, a été publié par M. Lacabane, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. III, 1ʳᵉ liv., p. 14.

[34] P. G. Daniel, Histoire de France, t. V, p. 213. G. de Nangis, Chronique latine, t. I, p. 415.—Mézeray, Histoire de France, t. I, p. 721.—Belleforest, Histoire des Neuf Charles (1568, 1 vol. in-fol.), p. 138.—Sauval, t. II, p. 587.—Saint-Foix, Essais historiques sur Paris (1776, 5ᵉ édit., 7 vol. in-12), t. I, p. 314.—La Croix du Maine et Du Verdier, Les Bibliothèques françoises (1772, 6 vol. in-4, édit. de Rigoley de Juvigny), t. I, p. 175.

[35] Mézeray, Abrégé chronologique, t. II, p. 836.—Félibien et Lobineau, t. I, p. 542.—Corrozet (G.), Les Antiquitez, histoires et singularitez de Paris, ville capitale du royaume de France (1550, 1 vol. in 8), p. 106.

[36] Mézeray, Histoire de France, t. I, 737.—Id., Abrégé chronologique, t. II, p. 839.

[37] Corrozet dit: sa mère, folio 119.—«Cette alliance, que ne mentionnent pas du reste les historiens de Jean XXII, est niée par D. Vaissète. Suivant cet historien, Jourdain de l’Isle, seigneur de Casaubon, aurait épousé Catherine de Grailli»—Histoire de Languedoc, t. IV, p. 191.—De Nangis, t. II, p. 46, note 1.

[38] Dignité écclésiastique.

[39] Sauval, t. II, p. 612.—Félibien et Lobineau, t. I, p. 564.—Mézeray, Histoire de France, t. I, p. 759.—G. de Nangis, Chronique latine, t. II, p. 85.

[40] Félibien et Lobineau, t. I, p. 565.

[41] Félibien et Lobineau, t. I, p. 565.

[42] G. de Nangis, Chronique latine, t. II, p. 153.—Corrozet (G.), p. 109.

[43] Germain Brice, Description de Paris (1752, 4 vol. in-12), t. II, p. 59.—Félibien et Lobineau, t. I, p. 480.

[44] «La dame Carrouges estant venue à l’espectacle du combat dans un chariot, le roy l’en fit descendre, l’en jugeant indigne, puisqu’elle estoit criminelle (grande pitié pourtant!) jusqu’à la preuve de son innocence, et la fit master sur un eschaffaut, attendant la miséricorde de Dieu et la faveur des armes.»

[45] «A l’égard de ces lieux-là, quelquefois c’étoit devant le Louvre, ou bien devant l’Hôtel-de-Ville; d’autrefois à la rue Saint-Antoine, ou derrière le Prieuré de Saint-Martin, ou enfin au delà de Saint-Germain des Prés.—Et de fait. Le Gris et Quarrouges se battirent dans celui où la Trémoille et Courtenay s’étoient déjà batus»—Aujourd’hui le Conservatoire des Arts-et-Métiers. (De la Ville-gille.)

[46] L’Eglise permettait que ceux qui devaient se battre en combat singulier fissent dire des messes, et la Missa pro duello se trouve dans les anciens missels.—Il est probable que cela lui rapportait quelque chose. Avant de se battre, Legris avait fait prier Dieu,—et ce lui fut vraiment utile!—dans tous les monastères de Paris; et Carrouges, après le combat, encore tout couvert du sang de Legris «fit une offrande à Notre-Dame, pour user des termes de Froissard, qui signifient peut-être: offrir à la Vierge les armes de celui qu’il venoit de tuer.»

[47] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, 1614, t. II, p. 371 (59).—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, liv. VI, p. 130.—P. G. Daniel, Histoire de France, t. VI, p. 575.—Sauval, t. II, p. 579 et suiv.—Brantome (Panthéon littéraire), t. I, p. 704.

[48] Sauval, t. III, p. 258, Comptes de la prévosté de Paris du terme de l’Ascension 1399.

[49] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 187.

[50] Monstrelet, Chroniques (1595, 3 vol. pet. in-fol.), t. I, p. 14.—Corrozet, Les Antiquitez de Paris, p. 127.

[51] Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 31, p. 752.—Selon Sauval (t. II, p. 611), ils auraient aussi été jetés à l’eau à la Grève, vers le Port au Foin.—Belleforest, Histoire des neuf Roys Charles de France, p. 210.

[52] Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 33, p. 899.

[53] Labarre, Mémoire pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne (1 vol. in-4, 1729), p. 104.

[54] Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 114 et 117.

[55] Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 129 et 137.

[56] Sauval, t. III, p. 339-357.—(Les Chroniques de Louys de Valois depuis 1460 jusqu’à 1483), autrement dites La Chronique scandaleuse, p. 3.—Mémoires de Messire Philippe de Comines (édit. de Lenglet du Fresnoy, 4 vol. in-4, 1747), t. II, p. 1-172.

[57] La Chronique scandaleuse, p. 21.—La Révolution de 89 nous a heureusement délivrés de ce cortége sinistre hurlant au suicide; alors ont disparu claies et bourreaux, dont le XVIIIᵉ siècle faisait encore ses délices. Nous lisons dans le journal de Barbier qu’un ancien procureur du bureau des trésoriers de France, nommé Elie-Pierre Barreau de Varrabe, surpris au moment où il commettait un vol vis-à-vis Saint-Merri, se réfugia dans l’église, et là, se voyant près d’être arrêté, se mit à genoux dans un confessionnal et se donna plusieurs coups de couteau. Emmené mourant au Châtelet, il y expira trois jours après. Or, par sentence du lieutenant-criminel en date du 8 février 1729, etc., etc., ce malheureux fut «dûment atteint et convaincu de s’être volontairement homicidé lui-même; pour réparation de quoi son cadavre, mis et traîné sur une claie, la face tournée contre terre, attaché par les pieds au derrière d’une charrette, de la basse geôle des prisons du Grand-Châtelet, en la place de Grève, et audit lieu y être pendu par les pieds, par l’exécuteur de la haute justice, à une potence qui pour cet effet y sera plantée; son corps y demeurera vingt-quatre heures, et ensuite jeté à la voirie comme indigne de la sépulture. Tous ses biens acquis et confisqués, etc.»—Barbier, Chronique de la régence et du règne de Louis XV, 1718-1763 (édit. Charpentier, 8 vol. in-12), t. II, p. 63.—Nous pouvons renvoyer le lecteur curieux à l’intéressant ouvrage du Dʳ Lisle, Du Suicide: statistique, médecine, histoire et législation (1855, 1 vol. in-8), dans lequel se trouve un chapitre consacré à l’histoire du suicide chez les différents peuples. Inutile de dire que nous sommes bien loin, à propos des moyens à employer pour arrêter le suicide, d’être de l’avis de ce médecin, qui croit beaucoup trop à l’efficacité de la claie et de la confiscation.

[58] Félibien et Lobineau, t. II, p. 852.—La Chronique scandaleuse, p. 29.

[59] La Chronique scandaleuse, p. 3 et 56.

[60] La Chronique scandaleuse, p. 60.

[61] Semaine sainte.

[62] La Chronique scandaleuse, p. 79.

[63] Dans le Petit Testament de maistre François Villon, on parle d’un René de Montigny,

Item, je laisse à ce noble homme,
René de Montigny, troys chiens,

qui n’a peut-être rien de commun avec le Montigny dont il est question dans la deuxième ballade du Jargon.—Quant à Colin de Cayeux, nous le retrouvons dans la Belle Leçon de Villon aux enfants perduz.

. . . . . . . . . .
Se vous allez à Montpippeau
Ou à Ruel, gardez la peau;
Car pour s’esbattre en ces deux lieux,
Cuydant que vaulsist le rappeau,
La perdit Colin de Cayeulx.

[64] Th. Gautier, Les Grotesques, 1856, 1 vol. in-18.

[65] Œuvres complètes de François Villon.

[66] La Chronique scandaleuse, p. 114.

[67] Idem, p. 154.

[68] Voir l’exécution du connétable de Saint-Pol.

[69] Être en franchise, se mettre en franchise, signifiait se réfugier dans ces lieux qui autrefois jouissaient du droit d’asile et servaient de refuge aux criminels. Si la moitié de Rome servait d’asile à tous les crimes, bien des endroits de notre bonne ville de Paris possédaient ce singulier privilége. Ainsi: Notre-Dame, où se réfugia Frédégonde, trouvant là un abri contre les poursuites de Gontran, roi d’Orléans, et de Childebert, roi de Metz, qui la demandèrent en vain à l’évêque Raimond pour en faire justice.—Saint-Jacques-la-Boucherie: En 1358, Pierre Macé, garçon changeur, assassina, rue Neuve-Saint-Merry, Jean Baillet, trésorier des finances, puis se réfugia dans l’église Saint-Jacques-la-Boucherie; Charles V ordonna alors à Robert de Clermont, comte de Normandie, d’aller le prendre et de le faire pendre, ce qui fut exécuté. L’évêque de Paris, Jean de Meulan, cria à l’impiété, fit enlever le corps du gibet, et lui fit faire dans cette même église de Saint-Jacques-la-Boucherie de fort belles funérailles:—c’était, on en conviendra, peut-être trop d’honneur pour un pendu. Mais ce qu’il y a de honteux, c’est que, peu de jours après, Robert de Clermont ayant été tué dans une sédition, Jean de Meulan défendit de l’enterrer parmi les fidèles.—L’Hôtel-Dieu: En 1365, Guillaume Charpentier assassina sa femme; des sergents l’ayant arraché de l’Hôtel-Dieu, où il s’était retiré, il porta plainte, et le Parlement, après avoir condamné les sergents à l’amende, le fit rétablir dans son asile.—Le Monastère des Grands-Augustins: Au coin de la rue Pavée et à l’angle formé par l’église des Augustins, on voyait un bas-relief gothique représentant une satisfaction donnée en 1440 aux Grands-Augustins, par des huissiers qui avaient osé arrêter dans leur cloître même un religieux convaincu de crimes scandaleux.—Mais arrêtons-nous, et citons, pour compléter un peu cette note, l’Abbaye de Saint-Antoine, l’église Saint-Merry, les Carmes de la place Maubert, et le Temple, qui servait d’asile aux duellistes et surtout aux débiteurs insolvables: ce fut longtemps encore,—jusqu’à la Révolution,—le seul endroit de Paris où les personnes poursuivies pour dettes n’avaient rien à craindre des huissiers.

[70] Henry Cousin. V. la p. 48.

[71] La Chronique scandaleuse, p. 145.

[72] Procès et condamnation d’Olivier le Dain: Extraits des registres criminels du Parlement de Paris.Revue rétrospective, t. X, p. 419-428.—P. G. Daniel, Histoire de France, t. VIII, p. 11.—Extrait d’un Mémoire publié pour la première fois, et qui existe manuscrit de la Bibliothèque impériale, fond Saint-Germain, nº 209. (Collection Cimber et Danjou, 1ʳᵉ série, t. I, p. 92 et 172.)—Sauval, t. II, p. 588.—Molinet, Faicts et Dictz, p. 228.

[73] Sauval, t. III, p. 450.

[74] Journal d’un Bourgeois de Paris sous le régne de François Iᵉʳ, publ. par L. Lalanne, p. 122.

[75] Id., p. 293.

[76] Les historiens ne sont pas d’accord sur cette date, l’Estoile dit même 9 août 1524.

[77] «Il fut conduit au gibet de Montfaucon à une heure après midi, et il chicana sa vie jusqu’à sept heures du soir, dans l’espérance que le Roy lui envoyeroit sa grâce.»

[78] Girault de Saint-Fargeau, Les quarante-huit Quartiers de Paris, 3ᵉ édit.: «Le surintendant des finances Semblançay, condamné à mort et pendu le 12 août 1524», p. 262; et immédiatement après, même page: «Jacques de Beaune, surintendant des finances sous François Iᵉʳ, pendu à Montfaucon le 14 août 1527.»—Inutile d’appuyer davantage sur une pareille erreur.

[79] On verra plus loin que René Gentil ne joua aucun rôle dans cette affaire.

[80] On connaît l’épigramme de Marot:

Lorsque Maillart, juge d’enfer, menoit
A Montfaucon Samblançay l’âme rendre,
A vostre advis, lequel des deux tenoit
Meilleur maintien? Pour vous le faire entendre,
Maillart sembloit homme que mort va prendre;
Et Samblançay fut si ferme vieillart
Que l’on cuydoit pour vray qu’il menast pendre
A Montfaucon le lieutenant Maillart.

[81] «En 1520, il y eut un cappitaine de lansquenets, de gens de bien, qui eust la teste tranchée, parce qu’il cuyda tuer Monsieur de la Chesnaye, secretayre du Roy, et lui cuyda avaller le col; mais il lui couppa la main qu’il mit au devant et lui avalla l’épaule; parquoy il en fut décapité, et le prenoit pour un aultre, assçavoir Monsieur de Sainct-Blançay, maistre Jacques de Beaulne.» (Journal d’un bourgeois de Paris, p. 85.)

Si, sept ans plus tard, en montant à l’échelle, Samblançay s’est rappelé cette erreur, quel sourire amer ce souvenir n’a-t-il pas dû amener sur les lèvres décolorées du vieillard!

Amelot de la Houssaie, Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires, t. I, p. 387.—P. G. Daniel, Histoire de France, t. IX, p. 151.—P. de l’Estoile, Journal, t. I, p. 49.—Varillas, Histoire de François Iᵉʳ (2 vol. in-4, 1685), t. I, p. 245.

[82] P. de l’Estoile, Journal, t. I, p. 51.

[83] Jean de Bourdigné, dans sa Chronique d’Anjou, et Jean Bouchet, dans ses Annales d’Aquitaine, disent tous deux que Samblançay fut trahi par un de ses serviteurs nommé Prevost ou Prevot.

[84] Dreux du Radier, Récréations historiques, critiques, morales et d’érudition, t. II, p. 225.—P. de l’Estoile, Journal, t. I, p. 51.—Amelot de la Houssaie, Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires, t. I, p. 387.—Malingre, Annales de Paris.

[85] Corrozet, folio 185.

[86] A cette seconde exposition, qui eut lieu le 27 octobre 1572, c’est-à-dire deux mois après la Saint-Barthélemy, on pendit en Grève, comme complices de Coligny, Briquemaut, vieux soldat protestant, et Cavagnes, maître des requêtes.

Cavagne et Briquemaut, signalés du cordeau,

comme dit d’Aubigné en ses Tragiques, et qui dans son Histoire universelle décrit ainsi leur supplice: Au passage de l’arrêt qui dégradait de noblesse ses enfants, les déclarant infâmes et roturiers, le vieux Briquemaut «s’escria et voulut promettre des services particuliers au Roi pour allonger sa vie; Cavagnes (qui se fortifioit par sentences des Psaumes) releva Bricmaut en la gloire de ses actions, et, l’aïant rendu honteux de sa peur, les deux furent trainez sur des clies, et le peuple les poursuivit et couvrit de fanges et d’oprobres. Si tost qu’ils eurent esté pendus (sans avoir égard à leurs qualitez), on leur osta premièrement leurs chemises et parties honteuses, pour les faire en tout compagnons de l’amiral, de qui lors fut présentée et exécutée l’éfigie de paille, sans y oublier un cure-dent en la bouche. Le Roi, qui voullut voir ce plaisir des fenestres de la maison de ville, contraignit le Roi de Navarre di estre présent.»

«Comme il faisoit nuit à l’heure de l’exécution, dit Brantôme, le roi fit allumer des flambeaux et les fit tenir près de la potence, pour mieux voir mourir les condamnés et contempler mieux leurs visages et contenances.»

P. G. Daniel, Histoire de France, t. X, p. 500 et 605.—La Ponneraye, Histoire de l’amiral Coligny (1830, 1 vol. in-8), p. 255.—P. de l’Estoile, Journal, t. I, p. 77.—D’Aubigné, Histoire universelle (1620, 3 vol. in-fol.), t. II, liv. 1ᵉʳ, p. 32.—Les Tragiques (1 vol. in-12, 1857 [collection elzevirienne]), p. 154.—Sauval, t. II, p. 589.—Brantome, Histoire des Hommes illustres.

[87] P. de l’Estoile, t. 1, p. 282.

[88] P. de l’Estoile, p. 308.

[89] Le Mercure François, t. I, p. 277-288.—Variétés historiques, etc. (collection elzevirienne), t. II, p. 75-119: Histoire des insignes faulsetez et suppositions de Francesco Fava, médecin italien, extraicte du procez qui luy a esté faict par Monsieur le grand Prevost de la connestablie de France.

M. Edouard Fournier, chargé par M. Jannet de réunir les différentes pièces qui forment la collection des Variétés historiques, met en note à propos de celle-ci: «Dans l’Esprit du Mercure, publié par Merle en 1810, in-8, se trouve aussi, t. I, p. 7-24, sous ce titre: (1608) Cause célèbre, un exposé très-détaillé de cette curieuse affaire, emprunté sans doute à un numéro de l’ancien Mercure, que nous n’avons toutefois pas pu retrouver.»

Nous venons de l’indiquer, c’est dans le t. I, p. 277-288.

[90] Le Mercure françois (publ. par Richer), t. II, p. 131.—«Il y a quelques jours que, sous couleur de rencontre fortuite, il se fit un combat sur le Pont-Neuf; le tué, qui est un d’Arquy, gentilhomme de M. d’Aiguillon, a été depuis deux jours promené dans un tombereau par plusieurs endroits de la ville, et puis traîné à la voirie; le tueur, qui est un Baronville, fils de Montescot, s’est sauvé en Angleterre, par la recommandation, à ce que l’on dit, de M. le prince de Joinville. Il fera bien de s’y tenir, et, par le traitement que l’on a fait au mort, il jugera ce que l’on feroit au vivant s’il tomboit entre les mains de la justice.» (Lettres de Malherbe à Peiresc, p. 211.)

[91] Le Livre des fais et bonnes meurs du sage Roy Charles V, par Christine de Pisan, 3ᵉ part., ch. LII (Collect. Michaud et Poujoulat), t. II, p. 121.—Félibien et Lobineau, t. II, p. 682.

[92] Sauval, t. II, p. 595 et 608; t. III, p. 258: «A Robin de Bras et maistre Jean Germe, pour deux tombereaux, attelés chacun de deux chevaux, par eux baillés et livrés, pour faire et accomplir la justice faite à Paris des personnes de frère Pierre Tosant et frère Lancelot Martin, à leurs vivans religieux Augustins, lesquels furent exécutés à Paris pour leurs démérites: esquels deux tombereaux furent menés en plusieurs lieux et carrefours notables de Paris.—A Guillemin de Creux et Guillemin Porret, clercs, pour leurs peines et salaires d’avoir écrit et doublé en parchemin, par l’ordonnance des gens du Conseil du Roi, le procès criminel de feu Pierre Tosant et Lancelot Martin, etc.»

[93] Il était fils de Montaigu (ou Montagu), chevalier et chambellan du roi, et de Biette de Cassinel, de la maison de Lucques;—ce qui répond à l’anonyme de Saint-Denis prétendant qu’il était de condition médiocre.

[94] «On lui vestit (dit Juvénal des Ursins, p. 248) une robe my partie de blanc et de rouge, qui estoit comme on disoit sa devise.»

[95] «Et après fut porté le corps au gibet de Paris, et pendu au plus hault, en chemise, à toutes ses chausses et esperons dorez.» (Labarre, 1ʳᵉ partie, p. 2.)

[96] «Le mardi 17ᵉ jour de septembre (1412), jour de saint Cosme et saint Damien, fut despendu, par nuyt, du gibet de Paris, Jean de Montaigu.» (Labarre, p. 12.)—«Le vingt-huitième jour de septembre l’on alla de la part du Roy et du Duc de Guyenne, avec un grant Convoy de torches, dépendre le tronc du corps de messire Jean de Montagu, etc.» (Le Laboureur, t. II, p. 842.)

[97] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 248 et 309.—Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 92.—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, p. 712 et 842.—Id., Les Tombeaux des personnes illustres, p. 280.—Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 2, 1ʳᵉ partie.—J. du Breul, Le Théâtre des Antiquitez de Paris, liv. 4, p. 1282.

[98] Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, 2ᵉ part., p. 129.

[99] Le Laboureur répète aussi ce fait: «Cette mort fut fort sensible à grand nombre de personnes de condition, qui en parlèrent assez librement, et, pour mieux prouver qu’il y avoit plus de cruauté que de justice, ils ne manquèrent pas de faire remarquer que l’Exécuteur mesme, et que plusieurs de ceux qui l’avoient condamné ou sollicité contre luy, estoient péris en plusieurs manières dans la quinzaine d’un si injuste supplice.»

[100] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 299.—Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 7.—P. de Fénin, Mémoires, p. 23.—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 31, p. 806.—Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 140.

[101] Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 7.—Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 137.—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 31, p. 798.

[102] Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 157.

[103] «Et de ce on parla en mainte manière», dit P. de Fenin. En effet, après le récit de Juvénal des Ursins, voici la version de Monstrelet. Il dit que la Rivière était en prison, «où, en luy desespérant, comme on luy meit sus, luy mesmes se frappa d’un pot d’estain plusieurs coups en la teste, tant qu’il s’escervela et mourut; mais, pour dire la vérité, il fut autrement», et Monstrelet raconte le coup de hachette et conclut: «et luy (de Jacqueville), issu de là, sema et feit semer aval la ville de Paris que luy-mesme dudit pot s’estoit occis, et puis fut tenu pour plusieurs pour vérité.» Aussi Labarre ne donne-t-il que la version du pot d’étain: «Car il estoit mort, et ce estoit tué d’une pinte pleine de vin, dont il s’estoit cassé la teste et la cervelle.» Le Laboureur raconte ainsi l’entrevue de Jacqueville et de la Rivière: «Et en estant venus au démentir, l’autre luy raa un coup de marteau de fer par la teste, qui l’étourdit de sorte qu’il ne put parler depuis intelligiblement, et non pas mesmes accuser celuy qui l’avoit assassiné.»

[104] «L’Anonyme de Saint-Denis dit qu’il fut décapité aux Halles le samedi 4 juin. En 1413, le 4 juin tombait un Dimanche.» (Note de Mˡˡᵉ Dupont: Pierre de Fénin.)—«Autrefois, dit Sauval, on exécutait les Criminels les Fêtes et les Dimanches, de même que les autres jours. Le lendemain de Pâques de l’année 1301, une maquerelle fut exposée à l’échelle de Sainte-Geneviève; Pierre Remi fut mis en croix le jour de saint Marc de l’an 1328, et un Chevalier convaincu de vols, de violemens et de meurtres, fut mis à mort le premier Dimanche du mois de mai 1344.»

[105] «Colin de Brie, dit Labarre, fut traisné comme Symonnet davant dit, et couppé sa teste ès Halles, de ladite Bende, très-plein de tyrannie, très-laide et cruelle personne.»

[106] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 319.—P. de Fénin, Mémoires, p. 34.—Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 170.—Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 14.—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 33, p. 873.—Sauval, t. II, p. 587.

[107] J. du Breul: «Jusques en l’an 1413 il y a eu une grosse tour que l’on nommoit la Tour du Bois, vis-à-vis de la porte qui retient encore le surnom de l’ancien hôtel de Nesle, et près du lieu où pour lors se tenoit le marché aux moutons, où (selon Corrozet) Pierre des Essars, par auparavant prévost de Paris, fut décapité sous le règne de Charles sixiesme.»

[108] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 321.—Labarre, Mémoires pour servir à l’histoire de France et de Bourgogne, p. 14 et 18.—Le Laboureur, Histoire de Charles VI, t. II, liv. 33, p. 878 et 899.—Monstrelet, Chroniques, t. I, p. 171.—J. du Breul, Le Théâtre des Antiquitez de Paris, p. 5.—Sismondi, Histoire des Français, t. XII.—Michelet, Histoire de France, t. IV, p. 253.

[109] Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, p. 410.

[110] Monstrelet, Chroniques, t. III, p. 52.—La Chronique scandaleuse, p. 121 et 128.

[111] Le Journal d’un bourgeois de Paris, p. 67.

[112] Sauval, t. III, p. 621: «A Estienne le Febvre, pour avoir fait ladite figure, quatre livres 8 sols parisis. Pour une torche pesant deux livres de cire, 12 sols parisis. Pour une chemise froncée, pour mettre sur ladite figure, 8 sols parisis. Pour une paire de chausses noires, pour mettre sur ladite figure, 20 sols parisis. Pour le louage d’une robe de drap noir doublée pour les paremens de demie ostade et bordée à l’entour d’avocat, avec un pourpoint de velours noir, 12 sols parisis.»

[113] Le Journal d’un bourgeois de Paris.

[114] Le Journal d’un bourgeois de Paris.

[115] P.-V. Palma Cayet, Chronologie novenaire (Collect. Michaud et Poujoulat), t. III, p. 32.—Revue rétrospective, t. VII, p. 91-108: Arrêts et exécutions au XVIᵉ siècle.—P. de l’Estoile, t. I, p. 320.—Félibien et Lobineau, t. III (Preuves.)

[116] Cela résulte d’un acte en date du 3 décembre 1627, par lequel le Chapitre Notre-Dame permet à Jean Berthault, conseiller du roi, de faire tirer du plâtre d’une pièce de terre située près de Montfaucon; il lui est toutesfois recommandé de ne pas endommager la butte sur laquelle se trouve le gibet de Paris.

Voici à ce sujet une pièce plus importante; elle est de 1619: «Veu le renvoy fait par le Roy en son conseil, le quinzième janvier dernier, du placet présenté par M. Michel Ménard, advocat au parlement de Paris, tendant à ce qu’il plût à Sa Majesté lui accorder et faire don de neuf arpens de terre, ou plus grande quantité s’il s’y en trouve, ès environ du lieu vulgairement appelé Montfaulcon, les terres où sont bâties les fourches patibulaires, lesquelles terres ont de temps immémorial servi à la voirie de ladite ville pour y jeter les immondices, et à présent, à cause de l’hôpital Saint-Louis, ladite voirie a été transportée plus loing, ensemble la restitution des fruits provenus desdites terres que quelques particuliers se seroient emparés sans permission de Sa Majesté; pour desdites terres jouir par ledit Ménard, ses hoirs et ayans cause à perpétuité en propriété, et en disposer comme bon lui semblera; mesme luy permettre de faire fouiller lesdites terres pour en tirer les pierres à plastre et autres, si aucunes y a, à condition de laisser ung quartier de terre si besoing est pour enterrer les suppliciés par justice, comme il avoit accoutumé d’être fait cy-devant, et de ne démolir aucune chose de ce qui est édifié audit lieu pour marque de ladite Justice, et à la charge de payer annuellement et perpétuellement..., etc.»

Archives du Royaume, section administrative.—Extrait des registres du Conseil d’Etat.De la Villegille, Des Anciennes Fourches patibulaires de Montfaucon, p. 89-90.

[117] Jaillot, Recherches historiques et topographiques sur Paris (Quartier Saint-Martin).

[118] Claude Le Petit est une personnalité qui tient de trop près à notre sujet pour que nous ne nous y arrêtions pas un instant. C’était un poëte, et quel poëte! et ne pourrait-on vraiment pas mettre ces mots: Portrait du peintre, au-dessous de ce sonnet de sa façon?

LE POÈTE CROTTÉ:

Quand vous verrez un homme, avecque gravité,
En chapeau de clabaud, promener sa savate,
Et, le col étranglé d’une sale cravate,
Marcher arrogamment dessus la chrétienté;
Barbu comme un sauvage et jusqu’au cu crotté,
D’un haut de chausse noir, sans ceinture et sans patte,
Et de quelques lambeaux d’une vieille buratte,
En tous temps constamment couvrir sa nudité;
Envisager chacun d’un œil hagard et louche,
Et, mâchant dans les dents quelque terme farouche,
Se ronger jusqu’au sang la corne de ses doigts;
Quand, dis-je, avec ces traits vous trouverez un homme,
Dites assurément: «C’est un poëte françois!»
Si quelqu’un vous dément, je l’irai dire à Rome.

Mais Petit «estoit si fatallement pour la satyre et pour les femmes, qu’il lui estoit aussi impossible de ne point escrire que de ne point chevaucher»; et comme sa vie se passait en débauches et en libertinage, sa poésie était des plus libres et des plus impies, et son B....l céleste, qui renfermait des vers abominables contre la Sainte-Vierge, le conduisit droit à la Grève.

C’est lui dont Boileau a dit:

A la fin tous ces jeux que l’athéisme élève
Conduisent tristement le plaisant à la Grève.

A la Grève..., dont Petit s’était bien moqué aussi dans son Paris ridicule.

LA GRÈVE:

Autre sujet de raillerie,
Autre matière à camouflet;
Invoquons d’un coup de sifflet
Le Démon de la Bernerie.
A moy, gentil bouffon Momus!
Je t’enfonce cet Oremus;
Voy de bon œil ma Pasquinade;
Exauce mes vers et mes vœux:
Si Pégase icy rétrograde,
C’est à la Grève que j’en veux!
Malheureux espace de terre,
Au gibet public consacré;
Terrain où l’on a massacré
Cent fois plus d’hommes qu’à la guerre;
Certes, Grève, après maint délict,
Vous estes, pour mourir, un lit
Bien commode pour les infâmes,
Puisqu’ils n’ont qu’à prendre un bateau,
Et, d’un coup d’aviron, leurs âmes
S’en vont au Paradis par eau.

On le voit, rien ne lui était sacré, il riait à la potence comme il riait à toute chose, vivant sans plus de crainte de Dieu que de Jean-Guillaume, jusqu’au jour où ce dernier

Prist la peine
De danser sur son chien de cou
Le petit bransle de Poitou.

Le Bulletin du Bouquiniste, nº 17, 1ᵉʳ septembre 1857; nº 69, 1ᵉʳ novembre 1859; nº 72, 15 décembre 1859; nº 73, 1ᵉʳ janvier 1860; nº 77, 1ᵉʳ mars 1860; nº 78, 15 mars 1860.—Paris ridicule et burlesque au dix-septième siècle, par C. Le Petit, Berthod, Colletet, Scarron, etc. (édit. de P. L. Jacob). 1 vol. in-18.

[119] Sauval, t. II, p. 585.


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