← Retour

Les Nuits chaudes du Cap français

16px
100%

«Je sais que Létang et Du Plantier, écrivait la négresse, veulent porter plainte contre vous, et vous enlever Antoinette; mais je les en empêcherai bien: pour retenir Létang, j'ai sa fille; quant à Du Plantier, je connais certaine histoire de succession où l'on aide à mourir une veille tante avec beaucoup d'empressement; histoire qu'elle n'aimerait guère voir divulguée, et dont je l'effraierai pour la forcer à se taire.

«Si pourtant mes menaces ne suffisaient pas, je vous engagerais à quitter le Cap.»

Quitter le Cap, c'est perdre une partie de ma fortune, car comment diriger cette plantation si je suis loin des Ingas, et, d'un autre côté, comment la vendre sans perte? Enfin, pour garder avec moi Antoinette et sauver ma liberté, je dois me résigner à tout. Je vais me préparer au départ—et, au premier bruit d'une dénonciation, je me dérobe à vos calomnies et à vos vengeances, misérables! qui me punissez d'avoir eu pour vous trop d'amitié!


Ce sont des heures que je n'oublierai pas: avoir fait un tel rêve de bonheur, avoir cru à l'innocence, à l'affection, à la gratitude de quelqu'un et être ainsi soudainement détrompée: c'est trop horrible. Ah! mon Dieu, si criminelle que je sois, deviez-vous me châtier ainsi!

Je souffrais depuis quelque temps, après mes repas, de cruelles douleurs d'entrailles; comme j'ai toujours eu un estomac assez délicat et que ma gourmandise me fait rechercher plutôt les aliments agréables au goût, qu'une saine et facile nourriture, je ne m'inquiétais pas de la cause de ces souffrances et je tâchais de les supporter le plus patiemment possible.

Une après-souper, mon mal, à la suite d'élans violents et inattendus, semblait s'être calmé. Devant la véranda je jouissais avec délices des derniers rayons du soleil. La fraîcheur était venue; les machines de la sucrerie étaient arrêtées; les chants des noirs emplissaient la plantation. Je me sentais rassurée, confiante. Non, me disais-je, les craintes que j'ai eues le soir de ma visite à Dodue-Fleurie sont vaines. Nos esclaves nous sont soumis. Et, au Cap, on n'ose rien entreprendre contre moi. A mes côtés, Antoinette, fatiguée de la journée qui avait été fort chaude, s'était étendue; elle dormait doucement, la tête appuyée sur les genoux de Zinga qui, elle aussi, s'était assoupie. Zinga se montrait depuis quelque temps si attentive à nous servir, Antoinette et moi, que je lui avais pardonné une passion, à mes yeux, inoffensive. Loin de suivre les conseils de Dodue-Fleurie, je ne l'avais point envoyée aux travaux de la plantation, je la gardais auprès de moi. Pourtant j'avais accepté une esclave que m'avait envoyée la courtisane pour veiller sur Antoinette; lorsque Zinga s'en allait au Cap elle ne devait pas quitter ma fille un instant. Figeroux seul était de ma part l'objet d'une étroite surveillance, et j'attendais pour le renvoyer d'avoir trouvé son remplaçant.

Zinga, près d'Antoinette, me paraissait plus jolie; elle l'enlaçait, et ses mains, un peu lourdes, venaient se croiser sur son épaule, tandis que le long de ses genoux se déroulaient les beaux cheveux d'Antoinette dénoués, libres du réseau. Tout le corps de mon enfant était immobile, sauf la jeune poitrine, tendrement fleurie, que les soupirs du sommeil soulevaient lentement et laissaient entrevoir sous la chemise entr'ouverte.

Devant ces grâces adorables, de nouveau je ressentis ce désir terrible qui m'avait une fois jetée, ivre de joie, contre son corps; j'oublie que Zinga est là, je lève ses robes, j'écarte avec précaution ses jambes, et sans craindre qu'elle ne se réveille, je m'accroupis devant la chère enfant, je me perds, je m'oublie au plus secret et au plus profond de son être; je goûte à cette chair plus tendre que le jasmin, et qui accuse la saveur piquante d'une plante marine. Oh! comme j'eusse voulu qu'elle m'étouffât entre ses jambes déjà fortes! Que j'eusse souhaité mourir ainsi en aspirant sa sève et son plaisir! Mais un effroi me saisit tout à coup. Dans l'ombre duveteuse où j'égarais mes lèvres, il me semblait que les frais pétales s'étaient desserrés, que plus large la fleur s'offrait au baiser. Alors folle de curiosité impudique, et au risque d'être surprise dans mon examen, je dévêts, comme si elle avait été une courtisane ou une esclave, ses jambes délicates. Je pousse un cri! Ah! mon Dieu! Mon Antoinette, l'enfant que j'avais gardée jalousement, que j'avais tenue loin des hommes, qui n'avait jamais eu pour amie qu'Agathe de Létang, mon Antoinette si bien surveillée, si jalousement défendue, n'était plus vierge! Ah! la barbare déchirure! j'avais l'idée à présent qu'Antoinette était laide, impure, qu'elle puait! J'avais hâte de laver mes lèvres, mes doigts. Je respirais sur son corps et sur moi l'odeur infecte de l'homme. Et pourtant j'espérais encore, je me disais: c'est peut-être un accident.

Comme elle faisait un mouvement, je rabats sa jupe, je me relève, mais à ce moment un papier plié s'échappe de son sein. Je le ramasse, et je m'éloigne un peu pour le lire.

Il n'y avait que quelques mots, mais, hélas! ils étaient significatifs.

«Achève les derniers préparatifs. Je viendrai ce soir. Fais attention. La Gourgueil veille. Je couvre de baisers ton corps adorable.

«Pierre.»

J'étais si émue que mes jambes tremblaient, ma gorge était desséchée, je pensais qu'avec l'amour de cet enfant toute la joie de l'existence m'abandonnait. Cependant je me ressaisis, une grande colère m'agitait. Qu'allais-je faire? les épier, les surprendre! ou bien attendant qu'il fût parti, traiter Antoinette comme une enfant, châtier cette chair qu'elle avait prostituée, la déchirer puisqu'elle l'avait salie. Elle me haïrait davantage! Oui, mais j'aurais le plaisir de me venger, de l'empêcher d'être à cet homme, à ce Pierre. Elle ne lui appartiendra pas, me disais-je, quand je devrais l'enfermer dans une cave. Mais cet homme parle de préparatifs dans son billet; est-ce qu'elle voudrait s'enfuir? Je l'en empêcherai bien!

Je cherchai Zozo et Troussot; ils étaient à se promener dans la plantation; enfin je les rejoignis.

—Veillez bien sur Mademoiselle, leur dis-je, et soyez prêts au besoin à la défendre.

Je leur recommandai aussi de prendre leurs armes.

J'errais dans le jardin comme une insensée. La conduite de cette enfant que je m'imaginais si innocente et si affectueuse m'anéantissait. J'avais comme l'impression que le monde n'existait plus, tout me paraissait transformé, tout me devenait ennemi. Dans cette plantation, au milieu de mes esclaves, riche, gorgée de luxe et de bien-être, je me sentais plus solitaire, plus dénuée de tout qu'une pauvresse qui mendie son pain.

Je me décidai à interroger Antoinette et je revins à l'endroit où je l'avais laissée avec Zinga; elles n'y étaient plus. Je me dirigeai alors vers une allée de raisiniers où elle se promenait quelquefois avant le coucher du soleil et qui regarde l'habitation. Les fenêtres de sa chambre étaient ouvertes et, d'où je me trouvais, je l'entendis, sans distinguer ses paroles, causer avec animation; Zinga l'interrompait d'une voix forte:

—Non, ne le ferai pas, ne suis plus avec toi, plus avec toi, parce que tu m'as trompée.

J'allais rentrer à la maison quand tout à coup Zinga vient à moi; elle a le visage bouleversé; elle me dit d'une voix haletante, sans préambule:

—Maîtresse, on veut t'empoisonner, moi viens t'avertir.

—M'empoisonner! Qui donc oserait m'empoisonner?

J'affectais une assurance et un orgueil que j'étais loin d'avoir. En ce moment même mes horribles douleurs m'avaient reprise; et ma voix étranglée et le tremblement de mon corps, tout trahissait bien ma terreur. Pourtant, les lèvres sèches, je répétais:

—Qui oserait!

—Qui? répliqua Zinga. La demoiselle!

—Antoinette! m'écriai-je, et, à l'idée d'un crime si monstrueux, il me sembla que la lumière se retirait du ciel et que la vie s'enfuyait de mon être.

—Oui, Antoinette, reprit Zinga d'une voix assurée, la physionomie aussi calme, aussi tranquille que celle d'une statue.

—Misérable! misérable! m'écriai-je en la saisissant à la gorge, oses-tu insulter mon Antoinette? Ah! tu ne mentiras plus, va! je vais te tuer.

Elle râlait et se débattait dans mon étreinte; seule la rapidité de l'attaque avait pu me rendre un instant victorieuse; elle avait le corps trop robuste, et Figeroux et les autres esclaves l'avaient trop bien habituée à des luttes de ce genre pour qu'elle ne pût reprendre l'avantage.

Elle se dégagea donc très vite et, me repoussant violemment, elle se mit à courir dans la direction du Cap. Courant aussi, je la poursuivais.

A ce moment, j'aperçus Antoinette qui venait à sa rencontre, suivie de Zozo et de Troussot.

—Arrêtez-la! criai-je aux noirs.

Tous trois se jetèrent sur Zinga qui, vainement, voulut les éviter; ils lui saisirent les mains et la poussèrent devant eux, malgré les ruades, les crachats et les injures dont elle les accablait.

—Madame, dit Antoinette, cette noire est une criminelle; vous avez mis en elle votre confiance, et elle veut vous assassiner.

Je ne répondis rien; j'étais si surprise, si troublée que je ne savais quelle décision prendre. Mes regards allaient de Zinga, qui rugissait, la bouche écumante, les yeux féroces,—au visage d'Antoinette, pâle, décomposé, les yeux cernés comme si elle avait été malade, sa jolie robe neuve rayée de rose, toute froissée, avec une grande déchirure sur le côté, ses cheveux épars sur ses épaules, et montrant dans toute sa personne une angoisse que je ne lui avais jamais vue. Craignant que Zinga ne me parlât, Antoinette fit signe aux noirs de lui plaquer la main sur la bouche, mais comme Zinga avait été la plus forte avec moi, elle le fut cette fois encore. Elle se délivra vite des mains qui la retenaient; seulement au lieu de fuir, elle marcha sur Antoinette, le visage résolu, le poing menaçant.

—Menteuse! dit-elle, veux me dénoncer, mais moi, vas t'accuser, et de façon que tu ne pourras rien répondre!

Puis, se tournant de mon côté:

—Maîtresse, voilà ton assassin!

Antoinette frémissait d'émotion, je voyais ses lèvres remuer comme si elle eût parlé très rapidement, mais pas un mot ne me parvenait à l'oreille.

—Oui, disait Zinga, raconterai tout ce que t'as fait, tes salauderies, ton putanisme, car as beau baisser les yeux, as beau zouer les modestes, les innocentes, t'es la plus sale de toutes les saletés!

Antoinette se cachait le visage dans ses mains, puis elle recula de quelques pas, comme si elle avait l'intention de s'éloigner, pour moi, au lieu d'arrêter Zinga, au lieu de la battre comme je l'aurais fait il n'y avait qu'un moment, je dis à Antoinette:

—Restez ici.

A Zinga:

—Parle!

Et aux deux noirs:

—Ne la touchez pas! Qu'elle parle librement.

Alors, après avoir repris haleine, Zinga dit:

—Maîtresse, moi te l'affirme: cette fille est une traîtresse!

—Infâme calomniatrice!

—Infâme calomniatrice! s'écria Antoinette, qui leva la main pour la frapper.

—Taisez-vous! lui dis-je, vous vous défendrez quand Zinga aura achevé ses aveux.

—Maîtresse, Antoinette veut empoisonner toi pour ensuite te voler et se sauver avec celui qu'est son joli cœur, celui qui l'a épousée avant mariage.

—Malheureuse! m'écriai-je, éperdue de douleur, tandis qu'Antoinette se protégeait le visage de son coude tendu comme une enfant qui craint d'être souffletée.

—Son joli cœur, si voulez savoir, maîtresse, continuait Zinga, se nomme Moussiu Dubousquens, négociant à Bordeaux, une peau blanche qu'a du sang pour le bourreau. Oui, des hommes comme ça, voudrais les voir au bout d'une corde!

—Elle ment, madame! interrompit Antoinette. Ecoutez-moi, je vous en prie! Elle me hait. Elle invente tout; il n'y a pas un mot de vrai dans ce qu'elle vous dit. C'est elle qui mettait chaque jour du poison dans votre vin.

—Et comment ne me l'avez-vous pas dit plus tôt! lui répliquai-je, moins effrayée du crime de Zinga que de l'astuce et de la scélératesse qu'avait montrée Antoinette.

—N'allait pas dire, disait Zinga, puisqu'elle commandait à moi.

—Et tu lui obéissais, abominable créature!

—Oui, lui obéissais. Croyais partir avec elle et Dubousquens pour France. Moi, l'aime, Dubousquens!

—Oh! grand Dieu! s'écria Antoinette en haussant les épaules.

—Oui, l'aime, et m'a aimée aussi... Mais regrette, car il est un porc... Etait aujourd'hui départ. Au port Charlot. Et puis ai vu que voulaient pas m'emmener. Alors quand Antoinette m'a commandé de te mettre ce soir, dans ta raisinade, de la mancenille, au lieu d'arsenic, suis venue tout t'apprendre, maîtresse.

—Elle ment, répétait Antoinette, tout cela est faux!

—Et cela, est-ce faux? dis-je en lui montrant la lettre que j'avais trouvée sur elle.

Elle eut un cri de rage, ses yeux étincelèrent; elle me saisit les mains en m'enfonçant les ongles dans la peau.

—Rendez-moi cela, fit-elle.

Mais avant qu'elle ait pu l'atteindre, j'avais déchiré la lettre et j'en avais soufflé au vent les morceaux.

Alors elle devint comme un animal affolé, elle me frappa au visage au point de m'arracher des cris. Je crois bien qu'elle m'aurait toute meurtrie si Troussot et Zozo ne s'étaient jetés sur elle et ne lui avaient saisi les mains.

—Est-ce ainsi, dis-je, enfant dénaturée, que vous reconnaissez tout le bien que j'ai fait pour vous.

—Le bien! le bien! ah! vous voulez rire! répondit-elle découvrant tout à coup sa haine. Assassiner ma pauvre mère, voler ma fortune, voilà ce que vous appelez me faire du bien. Ah! monstre, le mal que je t'ai fait pour me défendre, pour me sauver de toi, n'est rien en comparaison de ton crime et de mes souffrances.

A chaque insulte il me semblait descendre d'un degré l'échelle infernale des tortures. Je m'imaginais que mon supplice était achevé, et je le voyais renaître de minute en minute comme un incendie qui ne s'endort un instant que pour éclater ensuite avec une ardeur plus dévorante.

—Que lui as-tu dit, misérable menteuse? fis-je en me tournant vers Zinga.

—Tout! Antoinette sait tout.

Et l'odieuse négresse se mit à ricaner.

—C'est ma vengeance à moi! ajouta-t-elle en sifflotant d'une lèvre narquoise.

—Ah! c'est ta vengeance, m'écriai-je, eh bien! tu vas voir la mienne. Zozo, dis-je, Troussot, laissez Antoinette, je me charge d'elle, mais saisissez-vous de Zinga; et conduisez-la dans la cour noire.

Elle eut un tressaillement et perdit son sourire.

—Maîtresse, suis libre!

—Je m'en moque pas mal que tu sois libre ou esclave!

—Toi peux pas me châtier. N'en as pas le droit!

—Eh bien, tu vas voir si je n'en ai pas le droit, canaille! Tu vas mourir! Je suis la maîtresse ici.

Elle poussa un rugissement de bête qui, répété d'écho en écho, se prolongea dans la vallée comme un sanglot immense. Mais l'excès de sa terreur soulageait ma peine et je repris:

—Tu vas mourir, mais pas avant d'avoir souffert, d'avoir expié tes attentats, tes trahisons. Oh! la mort serait trop douce pour toi. Oh oui! tu vas souffrir.

Je la vis frissonner, mais bientôt, rassemblant ses forces, elle poussa un suprême appel:

—Figeroux! à moi! à moi, Figeroux!

—Amenez Figeroux ici, dis-je à Zozo, elle l'appelle à son secours; il est donc son complice. Il va mourir avec elle. Allons, courez le chercher. Et s'il ne veut pas venir, que Justin et Firmin l'amènent de force.

—Maîtresse, dit Zozo, Figeroux n'est pas là!

—Comment! m'écriai-je, c'est ainsi que vous le gardiez.

—Maîtresse, Figeroux disparu depuis deux jours.

Je songeai à la recommandation de Dodue.

—Dieu! me dis-je, nous sommes au 10 août.

Mais éloignant ces craintes, ne songeant plus qu'à ma vengeance:

—Tu vas payer pour la fuite de Figeroux, dis-je à Zinga, et, en attendant qu'il rentre ici, avec un bâillon et enchaîné, sous les coups des noirs, entraînez-la. Vous l'attacherez solidement par les pieds et par les mains; et vous préparerez, ce soir, des fouets pour la déchirer. Elle restera toute la nuit nue, exposée au vent froid; demain le soleil brûlera ses blessures; nous les rouvrirons encore, et cette fois on enduira ses plaies de miel, et l'on versera dans toutes les ouvertures de sa chair des cornets de sucre pour que les fourmis et les maringouins viennent aviver et multiplier son supplice. Ah! oui, tu vas souffrir, Zinga!

A ces promesses de torture, la misérable voulut tenter un dernier effort et s'arracher à ses gardiens, mais inutilement. La lutte se termina par de cruelles lamentations qui ne cessèrent presque pas de la soirée; interrompues une minute par des cris de douleur, elles reprirent de nouveau et proclamèrent que Zinga, vaincue, s'abandonnait corps et âme à ses bourreaux; que son orgueil était brisé, qu'elle n'était plus qu'une chair sensible au mal, et sans énergie pour le braver.

Dès ce moment d'ailleurs, je ne m'occupai plus d'elle. Ma colère, dont elle éprouvait la violence, était comme ces fleuves débordés qui répandent au hasard la destruction. Malgré ses crimes, et le terrible châtiment auquel je venais de la condamner, je n'avais point de ressentiment contre elle. Elle avait disparu pour ainsi dire de mon existence, le souvenir même des voluptés et du meurtre qui nous avaient liées n'existait plus. Je ne pensais qu'à Antoinette, et c'était parce que j'hésitais encore à frapper cette enfant, que je passais ma haine, ma rage, sur la négresse.

Cependant j'avais pris Antoinette par le bras et, malgré sa résistance, je l'entraînais dans sa chambre.

—Ignoble fille, lui dis-je, puisque vous n'avez pas voulu de mes bontés, vous apprendrez à vos dépens que je sais aussi punir.

—On me délivrera, dit-elle.

Je la souffletai.

—Personne n'entrera ici, entendez-vous: Personne! Vous êtes à moi, et vous resterez à moi.

Elle se mit à sangloter en arrivant chez elle; pour moi, je ne me souciais pas de ses larmes; je m'assurai seulement que les volets des fenêtres étaient bien fermés. Tandis que j'étais aux croisées, elle tenta de se glisser hors de la chambre, mais je l'attrapai par sa jupe et, la ramenant jusqu'au lit, je dénudais son corps pour le mieux meurtrir. Alors, avec une rougeur et une confusion qui n'étaient plus d'une enfant, elle retenait sa jupe sur ses reins et luttait désespérément pour se sauver de mes coups.

—Corps d'impudique, disais-je en la battant, sentine de vices, réceptacle de crimes, tu n'as pas voulu être ma fille, tu seras mon esclave, va! et plus fouettée, plus maltraitée que les pires négresses!

En vain serrait-elle les jambes, et se collait-elle contre son lit, il fallut bien, sous mes coups, qu'elle écartât les membres, qu'elle offrit à mes mains impitoyables la place impure, la chair souillée et déchirée par l'homme, pour que je la déchirasse à mon tour.

Je la laissai enfin brisée de douleur, abîmée de honte; et, l'enfermant à clef, je me retirai dans ma chambre. Mais à peine étais-je seule que l'espèce d'ivresse que l'on ressent à satisfaire ses haines m'abandonna; après toutes ces exécutions je me sentis plus malheureuse, et seule dans le monde comme dans un désert. Le plaisir et l'amour n'existent plus pour moi, me dis-je. Toutes les souffrances que j'infligerai à Antoinette ne me rendront pas son affection, et pourtant c'est à cela seul que je tiens: le reste m'est indifférent.

Et j'avais envie d'aller lui demander pardon, de m'humilier devant elle, de lui dire de prendre toute ma fortune, d'épouser qui il lui plaisait, d'être heureuse. Son bonheur aurait fait le mien: dans l'ombre, à côté d'elle, témoin de sa joie, j'étouffais toute jalousie, j'aimais qui l'aimait, je m'oubliais moi-même.

Puis mon égoïsme renaissait. Oh! m'écriais-je, si elle pouvait me revenir! A son âge l'amour est un caprice qui ne dure point. Peut-être la douceur, la tendresse, après un peu de sévérité, me la rendront. Il faut seulement éloigner son ami, et, durant son absence, je ferai en sorte qu'il lui paraisse ridicule et odieux. Ce ne sera sans doute pas difficile. Les séductions de ce Dubousquens sont si misérables!

A la nuit venue, je me décidai à rentrer dans sa chambre. Je n'entendais plus ses sanglots. Il me sembla qu'elle s'était endormie. Alors j'ouvris avec mille précautions et j'entrai sur la pointe du pied, retenant mon souffle. Avec quelle amoureuse compassion j'eusse collé mes lèvres à sa chair meurtrie, baisé ses pieds et ses mains. J'avais la confiance du véritable amour: rien ne me semblait impossible.

Je ne pensais plus que la confidence de Zinga l'avait remplie pour moi de haine et d'horreur; qu'à ses yeux, j'étais l'assassin de sa mère, et qu'elle était trop ingénue pour comprendre; qu'un attachement plus fort que le plus violent amour d'un homme, me dévouait désormais à sa vie.

Je m'approchai de son lit dans les ténèbres, espérant avoir la joie délicieuse de caresser sa chair chaude et ferme d'enfant, mais le lit était vide, et je la cherchais, je l'appelais vainement par la chambre, faisant alterner les câlineries et les menaces:

—Antoinette! Antoinette! ma chérie! Viens que je te pardonne, que je t'embrasse... Ah! immonde créature, je te châtierai, tu vas souffrir dans ton corps vicieux, dans ta chair prostituée!... Antoinette, voulez-vous venir à la fin!

La colère et l'angoisse égaraient ma raison. Enfin je m'aperçus que les volets fermés à clef avaient été ouverts puis poussés du dehors. Je descendis dans le jardin. Peut-être n'était-elle pas encore sortie de la plantation. Je me mis à courir de tous côtés. Troussot me rencontra.

—Maîtresse, dit-il, faut venir avec toi?

—Non, fis-je, reste ici. Cherchez Antoinette. Elle vient de s'enfuir de la maison.

Puis, me rappelant la lettre trouvée sur elle et le plaisir que prenait Troussot à causer avec les marins.

—Sais-tu, lui demandai-je, s'il y a un navire qui part pour la France, aujourd'hui?

—Oui, dit-il, le Duquesne.

Un frisson agita tout mon corps.

—Et où est-il?

—Au port Charlot.

—Donne-moi une lanterne et un manteau. Vite, je m'en vais au Cap.

—Toute seule, maîtresse?

—Oui, toute seule.

Dès que Troussot m'eut rapporté ce que je lui avais demandé, je partis. Je ne craignais ni les attaques des nègres marrons, ni les difficultés du chemin. Je courais à tout moment au risque de tomber dans un précipice, me maudissant moi-même lorsque, faute de souffle, j'étais forcée de ralentir mes pas. La lune pleine et magnifique, éclairait la route, et devant ces monts noirs, ou enveloppés de vapeurs brillantes, je songeais par instant à des nuits aussi belles et plus douces, où j'aurais pu être heureuse, et qui étaient perdues pour l'amour.

Enfin j'arrive au Cap et, un moment après, je suis au port Charlot. Je demande à un marinier:

—Le Duquesne?

—Madame, il a quitté le port; il est dans la rade.

Je sentis une mort froide me monter au cœur.

—Parti?

—Non, madame. Mais il appareille demain matin au petit jour.

—Alors trouve-moi une barque, et allons-y de suite.

J'activais le marinier qui ne mettait nulle hâte à démarrer.

—Si vous étiez deux, dis-je, aux avirons, nous irions plus vite.

Il me regarda étonné.

—Il n'y a pas un marin sur le quai, fit-il. C'est par hasard que j'étais là. Tout le monde est à la fête aujourd'hui.

La traversée ne dura pas une demi-heure, durant laquelle je souffris toutes les angoisses.

Est-elle là, me disais-je. Vais-je la trouver?

Je ne songeais même pas à Dubousquens aux bras duquel pourtant il faudrait l'arracher.

Enfin j'aperçois le Duquesne, nous touchons à sa coque énorme et sombre parmi les lumières des flots, on me jette une échelle de corde que tient le marinier et d'où je manque de tomber dans la mer. Cependant on me hisse tant bien que mal. Le capitaine descend du pont, vient au devant de moi.

—Monsieur, lui dis-je, je tiens absolument à voir M. Dubousquens avant son départ. N'est-il pas ici?

—Il n'est pas encore ici, madame, me répond-il, mais il doit s'embarquer cette nuit avec sa jeune femme.

Il appuya sur les derniers mots comme s'il se doutait, à mon air égaré, quel intérêt me faisait tenir à les rencontrer.

—Je les attends, dis-je.

Vainement voulut-il me détourner de mon projet. Il alléguait que seuls les passagers pouvaient rester sur le navire. C'était une règle qu'il devait observer, surtout à la veille d'un départ.

—Eh bien! dis-je, inscrivez-moi parmi vos passagers. Je pars avec vous.

Et je payai le marinier qui m'avait conduite et qui retourna au port. Il eût fallu me jeter à la mer pour me faire quitter le Duquesne.

Dans la crainte de manquer leur arrivée, au lieu de me retirer dans ma cabine, je restais sur le pont, attendant toujours Dubousquens et Antoinette, en proie à une atroce inquiétude.

Comme les lumières du Cap s'éteignaient et que la ville semblait s'endormir, j'aperçus du côté des Ingas et au-dessus du faubourg des Milices une lueur vive grandir sur le ciel.

Des passagers, autour de moi, prétendaient qu'une révolte venait d'éclater au Cap.

—Bah! disait quelqu'un, les milices auront vite calmé les révoltés.

—Détrompez-vous, fit un autre, les milices sont avec les noirs.

—Ce sont les affranchis qui ont soulevé les esclaves pour faire peur aux blancs et leur arracher l'égalité des droits, mais il se pourrait que la révolte fût plus sérieuse qu'ils ne pensent et qu'elle tourne contre ses organisateurs.

—Ah! ah! s'écria une voix que je connaissais, décidément je n'étais pas mauvais prophète et je n'ai pas agi en niais en prenant mes précautions.

Je me retournai, et je reconnus le docteur Chiron; nous fûmes tous deux assez surpris de nous rencontrer; il me fit mille questions, selon son habitude, mais je lui répondais à peine, trop brisée d'angoisse et l'esprit trop occupé pour prendre garde à ses paroles. Je l'entendis seulement qui disait:

—Il commence à faire bon rentrer en France. Voyez, les scélérats ont tenu parole: ils ont commencé à incendier le Cap.

En effet, sur trois points on voyait des colonnes d'étincelles monter vers le ciel et se fondre dans un nuage énorme de fumée et de flammes qui s'avançait sur le Duquesne.

Des débris en feu tombaient devant nous dans la mer; quelques-uns même tombèrent à mes pieds.

Je m'étais jetée à genoux et les yeux levés au ciel:

—Mon Dieu! Mon Dieu! disais-je, sauvez mon Antoinette.

—Vous partez aussi, madame, dit le docteur Chiron. Je vous approuve. Votre sagesse, pour être tardive, n'en est pas moins utile. Si on n'a plus que le bout du nez à sauver, c'est toujours cela!

Une petite barque à ce moment sortit du port et s'approcha du Duquesne à force de rames. Mais déjà le capitaine, effrayé de l'ardeur de l'incendie que l'on ressentait jusque sur la mer, et des flammèches innombrables que le vent chassait du rivage, redoutait pour son navire, chargé de tonnes de tafia et de toutes sortes de combustibles. Bien que l'on ne dût d'abord partir que le lendemain, il ordonna de lever l'ancre et de mettre à la voile.

Cependant la petite barque vint, au risque de chavirer, se heurter contre nous. Deux hommes conduisaient l'embarcation. On leur jeta une corde et ils montèrent jusqu'à nous. Quelle fut mon émotion quand je reconnus Zozo et Troussot. Je me précipitai vers eux et leur prenant la main, j'attendais avec angoisse leurs premières paroles.

—Ah! maîtresse, dit Zozo, quel malheur! Figeroux arrivé avec le cancre (il voulait dire le quaker); tout brûlé, tout massacré aux Ingas. Nous avons pu sauver ceci.

Il me remit un lourd coffret et s'affaissa.

—Mais Antoinette, dis-je sans me soucier de sa défaillance, parlez donc, voyons! Antoinette, où est-elle? Que m'importe l'argent que vous m'apportez si je n'ai pas Antoinette!

Troussot qui avait le front couvert de sang, soupira d'une voix grave:

—Antoinette morte. On a tué bonne petite maîtresse!

Il me fut impossible d'en entendre davantage. On m'a dit que je suis tombée sur le pont sans connaissance, et que, durant une partie de la traversée, ma vie a été en péril.


Aux premiers moments où la douleur sembla me faire grâce, où, après avoir tant souffert, je me réveillais de mon mal, je reprenais les habitudes de la vie comme afin d'avoir plus de force pour souffrir encore, Zozo me raconta le crime atroce qui m'avait ravi toutes mes jouissances.

Quelque temps après mon départ, Zozo avait découvert Antoinette alors qu'elle allait sortir de la plantation pour se diriger sur le Cap; et il l'avait ramenée dans sa chambre bien qu'Antoinette, se défendant avec toute l'énergie du désespoir, n'eut cessé de le mordre et de le frapper.

Après l'avoir enfermée, il m'avait attendue, en compagnie de Troussot, devant la chambre de la pauvre enfant.

Ils étaient encore à leur poste lorsque quatre nègres à la taille de géants se jettent sur eux avant qu'ils aient le temps de se servir de leurs armes, leur lient pieds et mains, les bâillonnent, puis, d'une poussée ils enfoncent la porte. Montouroy les suivait. Il se précipite sur mon enfant qui pousse des cris, se débat, lui échappe et veut sauter par la fenêtre; il la rejoint, la renverse sur le lit, lui ouvre brutalement les jambes. Il a un mot abominable:

—Ma jolie perruche, il faut d'abord que je te mette ma marque, que tu sois mienne pour la vie. Après tu m'aimeras, si tu veux.

Cependant Antoinette ne cédait pas, mais luttait avec fureur, lui mordait le visage et le battait de ses pieds.

—Venez donc me la tenir, brutes! cria Montouroy aux nègres.

Ils ne pouvaient guère lui obéir. Ils étaient en train de jouer du couteau avec de nouveaux arrivants. En effet, Dodue-Fleurie, apprenant par ses espions les projets de Montouroy, avait réuni tous ses esclaves et était partie avec eux pour les Ingas; elle entra derrière Montouroy. Elle était elle-même dans le couloir avec ses gens, un poignard à la main; elle essayait de forcer le passage, avide de retrouver son amant, de le surprendre, de le frapper peut-être.

Au bruit de la lutte, Montouroy avait lâché Antoinette, il s'était élancé au milieu des combattants et, atteignant Dodue-Fleurie, il essaya de lui enlever le poignard qu'elle levait sur lui en lui criant les plus abominables injures.

Antoinette, se voyant seule, se hâta de fuir; et déjà, elle enjambait la fenêtre, lorsque Zinga survint. Du poteau où la négresse était attachée, elle avait entendu le tumulte et les cris des nègres. Elle s'imagina que c'était Dubousquens qui arrivait avec une escorte pour enlever Antoinette. Zozo prétend qu'il a vu Samuel Goring la détacher; Troussot soutient au contraire que la rage que la négresse avait conçue pour ma malheureuse enfant lui prêta une force extraordinaire et qu'elle parvint à briser ses liens. En une minute elle fut devant la maison; elle aperçut à la fenêtre la fugitive qui lui tournait le dos, les pieds en l'air, prête à sauter. Elle la saisit brusquement par les jambes. Antoinette poussa un cri, lâcha prise, tomba. Zinga se rua sur elle et plusieurs fois lui frappa la tête contre la muraille. Des nègres de la plantation aperçurent cette misérable s'acharnant contre mon enfant. Comme c'était une blanche, ils ne se soucièrent point de venir à son secours et restèrent paisibles spectateurs de cet assassinat. Antoinette ne se défendait pas, mais de toutes ses forces elle appelait:

—A moi, Pierre! Pierre! à moi.

Les appels bientôt furent indistincts; Zinga l'avait saisie à la gorge; on n'entendit plus que des cris rauques, puis un râle horrible qui annonça la fin de cet égorgement. Zinga grisée de haine, n'abandonna point sa victime, mais ne cessait de lui piétiner le corps.

—Pourriture de fillasse! criait-elle, m'as fait torturer, m'as volé mon amour, crève donc, chienne, crève donc, catin, que ton corps pourrisse sous la pluie, et que la chaleur en fasse une infection!

Et après ces outrages affreux, comme si rien ne pouvait apaiser sa rage, dans le sol détrempé elle roulait mon Antoinette. Elle put savourer tranquillement sa vengeance. Personne ne vint troubler son infâme plaisir. Zozo et Troussot, quand on les eut délivrés, retrouvèrent le corps tout sanglant et couvert de boue. Les membres adorables avaient laissé dans la terre leur empreinte.

Zinga, quand elle se fut repue à souhait de cette mort, disparut.

Sans respect pour le corps de ma chère enfant, Dodue-Fleurie et Montouroy se réconcilièrent devant lui dans une étreinte immonde.

Ils parvinrent à calmer leurs esclaves et à les ramener avec eux.

Mon Dieu, ne pouviez-vous aussi me prendre, si vous teniez à ravir cet ange au ciel!


Zinga, Dubousquens se trouvent sur le Duquesne; ils se sont embarqués en pleine mer, le soir de l'incendie. Ils vivent ici en secret, dans leur cabine, loin du capitaine, des passagers et de l'équipage, mais comme l'animal découvre son ennemi à l'odeur, j'ai bien deviné leur présence; et dès que j'ai pu me lever de mon lit, je les ai vus, je les ai épiés, je les ai surpris, l'homme vautré sur la femme, qui le baisait, qui l'embrassait, qui le caressait comme un enfant.

—Antoinette était sotte, était bête, disait Zinga: moi, je sais toutes les caresses, les consolantes! les endormeuses! et celles qui font vivre en une minute des existences. Oh! tu l'oublieras auprès de moi, je serai ta petite amie, je me ferai française pour te plaire. Vois, déjà je sais ta langue, je saurai bientôt toutes les façons des femmes de ton pays. Et tu ne te rappelleras plus même son nom.

—Tais-toi, sacrilège, tais-toi, disait-il. Oh! ce charme, cette grâce de l'innocence, où les retrouver jamais?

—Innocente, répliquait-elle, drôle d'innocence que celle d'une empoisonneuse!

—C'est toi, infâme! c'est toi qui lui as conseillé cet attentat, et c'est toi qui es son assassin.

—Tant pis, disait-elle, tu l'aimeras encore cet assassin, il fera ton plaisir!

Elle avait alors mille jeux de hanches, de doigts, d'yeux et de lèvres; son visage se transformait, éclatait en rires inattendus, sa croupe s'enfuyait comme un animal capricieux, ou s'étalait majestueuse comme un dieu lourd et despotique. Dubousquens, à ces gestes luxurieux, perdait sa tristesse, il poursuivait la négresse dans les couloirs, oubliant cette fois qu'il n'était pas seul sur le Duquesne et qu'on pouvait surprendre leurs caresses impudiques.

A de pareils spectacles, je puis à peine contenir mon indignation. Il pleurerait Antoinette comme je la pleure moi-même que peut-être lui pardonnerais-je de l'avoir enlevée à mon amour, mais profaner ainsi son souvenir auprès d'une négresse criminelle, me semble une effroyable impiété qui réclame son châtiment.

Et chaque jour ma haine s'augmente pour cet homme qui a eu l'affection de mon enfant—pour cette noire qui, en la dénonçant, a causé sa mort.

—Ah! chère Antoinette, me dis-je, va, je te vengerai, je frapperai tes meurtriers.

Je me demande comment je pourrai châtier leur forfait. Oh! je trouverai une torture digne du crime. Il le faut pour apaiser la chère morte. Il me semble que son ombre, ensuite, me regarderait avec moins d'horreur qu'elle ne m'adresserait plus les reproches, qu'elle me fait en songe. Par miracle, une nuit elle est venue douce et souriante comme avant la dénonciation de Zinga. Je l'ai serrée dans mes bras et elle m'a laissé au matin son odeur délicieuse. Puisse Dieu permettre, en sa miséricorde, que je me console le soir de mes douloureuses journées, et que j'étreigne encore dans mes rêves cette grâce que je ne veux pas voir coupable; cette grâce qui à mes yeux est toujours ingénue, toujours innocente!

FIN

Cet ouvrage a été achevé d'imprimer
Le Vendredi 13 Juin 1902
par F. DEVERDUN, à Buzançais (Indre)
pour La Plume.

ÉDITIONS GEORGES CRÈS & Cie

COLLECTION "VARIA" A 3 FRANCS

Hermann Bang: Au Bord de la Route, roman traduit du danois.
Valère Bernard: Bagatouni, roman traduit du provençal.
Henri Boutet: L'Ame de Paris de 1914.
Henri Boutet: Le Cœur de Paris en 1915.
Charles Boutin: Le Silence du Sinaï.
Jeanne Broussan-Gaubert: Reviendra-t-il?, roman.
G.-K. Chesterton: Les Crimes de l'Angleterre.
André Delacour: Le Trait d'union.
Louise Delétang: L'alcool meurtrier, roman.
Louis Delluc: Le Train sans yeux, roman.
Edouard Drumont: Sur le Chemin de la Vie.
Gilbert de Voisins: Les Moments perdus de John Shag, roman.
Tristan Legay: Les Amours de Victor Hugo.
Tristan Legay: Victor Hugo jugé par son siècle.
Ch. Le Goffic: Le Crucifié de Keraliès, roman.
Ch. Le Goffic: Bourguignottes et Pompons rouges.
Arthur Machen: Le Grand Dieu Pan, roman traduit de l'anglais.
Helen Mathers: Le Mort vivant, suivi de La Justice aveugle, roman traduit de l'anglais.
Marguerite Moreno: Une Française en Argentine.
Hugues Rebell: Les Nuits chaudes du Cap Français, roman.
P. Rioux de Maillou: Souvenirs des Autres.

ŒUVRES CHOISIES DE VICTOR HUGO

chaque volume: 1 fr. 50

Poèmes

L'Amour 1 vol.
Chansons d'Amour 1 vol.
Chansons héroïques 1 vol.
Famille 1 vol.
Nature 1 vol.

Légendes et Contes

Légendes 1 vol.
Nouvelles légendes 1 vol.
Contes et Récits 1 vol.
Nouveaux Contes et Récits 1 vol.

Théâtres

Hernani 1 vol.
Lucrèce Borgia-Angelo 1 vol.
Marion Delorme 1 vol.
Le Roi s'amuse 1 vol.
Ruy Blas 1 vol.

Histoire et Voyages

En voyage 1 vol.
La Peine de Mort 1 vol.
Souvenirs d'enfance 1 vol.
Souvenirs politiques 2 vol.

Grou-Radenez Paris.—8-20


NOTES:

[1] Jupe très large et courte qui s'arrête au-dessus du genou.

[2] Négresse nouvellement débarquée d'Afrique et, par suite, inexperte et sauvage.

[3] Un sortilège.

[4] Les colons désignaient ainsi un nègre ou une négresse jeune, en bonne santé et de belle conformation, tels enfin que les Portugais avaient coutume d'en acheter pour leurs colonies des Indes.

Notes de transcription:

Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.

L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.

Chargement de la publicité...