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Les voyous au théâtre (Histoire de deux pièces)

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LA CASSEROLE

JUGÉE
par
LA PRESSE

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LA CASSEROLE
JUGÉE
par la

PRESSE FRANÇAISE

La représentation se terminait par une pièce en un acte, en prose, de M. Oscar Méténier, La Casserole.

Voici de quelle .... précaution oratoire on avait cru devoir faire précéder cet acte; les programmes portaient la mention suivante:

AVIS IMPORTANT.—Le large éclectisme qui a fait représenter tour à tour avec un égal respect de toutes les écoles littéraires des œuvres très diverses, la NUIT BERGAMASQUE comme EN FAMILLE, et LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN comme LE BAISER, amène le théâtre libre à jouer cette fois LA CASSEROLE, œuvre d'un réalisme très violent, qui met en scène un cruel tableau des bas-fonds parisiens.

LA CASSEROLE terminera le spectacle.

Cela met en méfiance, n'est-ce-pas? Ou du moins cela présage des audaces énormes.

Eh bien, c'est pis que tout ce qu'on pouvait rêver!

Nous nous refusons à raconter de telles choses à nos lecteurs. M. Méténier ne devrait pas, lui qui a du talent, écrire de telles pièces, car il risquerait de réhabiliter ceux qui ont sottement troublé la représentation de l'œuvre d'Ostrovsky, l'Orage.

Je ne parlerai pas davantage des interprètes. Le silence en ce cas est la meilleure des leçons.

(Paris)

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Notre lettre d'invitation nous prévient que La Casserole est «une œuvre d'un réalisme violent». Pas si violent que cela peut-être. On y dit bien deux ou trois mots qu'il n'était pas jusqu'à présent d'usage de dire en public. Mais, ces mots, les hommes les mieux élevés les disent volontiers plusieurs fois par jour, si l'occasion s'en trouve. A cause de cela, il se pourrait qu'ils n'eussent pas un sens très intéressant.

(Gil Blas)

Pour La Casserole de M. Oscar Méténier, nous aimons mieux la passer sous silence. Ce sont mœurs hideuses à voir et aventures qui ne sauraient se raconter dans une langue honnête.

(La Lanterne)

La Casserole n'est qu'une vulgaire insanité.

La scène se passe dans un bal de barrière et nous nous dispenserons de la raconter ici.

Si M. Méténier croit faire de l'art nouveau, il se trompe; du nouveau, peut-être, car on n'a encore rien vu de si sale; mais de l'art, ça, jamais.

C'est tout au plus un fait-divers, tel qu'on le lit dans les journaux, avec les gros mots en plus.

D'intérêt point, de pièce non plus.

Rolande n'était pourtant pas d'un langage fleuri, mais au moins il y avait quelque chose, une intrigue, des situations, tandis que là, rien!

Félicitons les artistes qui ont eu le courage de bien jouer une pareille ordure.

(L'Autorité)

La Casserole, disait le programme, terminera le spectacle.—C'était prévenir les dames qu'elles ne seraient pas obligées de subir la chose. Si la pudeur leur en faisait un devoir, elles pourraient s'en aller. Inutile de dire qu'elles sont restées fermes au poste. Beaucoup d'entre elles n'étaient venues que pour cela, de même qu'on ne va au feu d'artifice que pour voir le bouquet.

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L'éclectisme est une belle chose; mais le mien ne va pas jusqu'à goûter l'œuvre de M. Méténier. Cela n'est ni beau, ni propre, ni même intéressant.

(Le Voltaire)

Je ne dirai rien de La Casserole. C'est une chose dont ce n'est pas le lieu ici de parler. Je me demande même en quel lieu on en peut parler.

(Le Soleil)

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On dit dans cette pièce tous les gros mots possibles.... Cela excite un certain public. Pour moi, pas de caractères, pas d'analyse de passion, pas de drame... Il ne reste qu'une curiosité satisfaite, une curiosité qu'ont encore les dames—paraît-il—et sur laquelle, hélas! je suis blasé! J'ai ce goût mauvais et rétrograde que le mot de Cambronne me laisse froid sans le carré de la garde et les Anglais qui l'entourent.

(Le XIXe Siècle)

La Casserole est une de ces scènes comme Henri Monnier en a écrit quelques-unes et qu'il a réunies sous ce titre: Les Bas-Fonds. On a tiré le volume à 100 exemplaires et l'exemplaire a coûté 100 fr. aux premiers souscripteurs. C'étaient des scènes qu'Henri Monnier récitait quelquefois dans un atelier, portes closes, quand on avait éloigné les femmes, sans en excepter les modèles. On l'eût bien étonné si on lui eût dit qu'un jour viendrait où la bonne compagnie parisienne se réunirait dans un théâtre pour écouter des pièces faites sur le modèle de ses scènes, mais d'où l'on aurait eu soin de retrancher tout goût d'arrangement et d'art, ce feu d'idéal qui rend l'ordure supportable et même piquante aux esprits blasés. Je ne sais rien de plus vilain et de plus assommant que La Casserole. Il n'y a pas là-dedans l'ombre de mérite d'aucune sorte. Ça n'éveille pas même la bête. Et dire qu'un millier de personnes ont attendu jusqu'à une heure du matin pour le plaisir d'entendre une actrice jeter en pleine scène le mot dont se qualifient entre elles les femmes de mauvaise vie! Voilà une curiosité bête! Enfin, c'est comme ça! Et il paraît que c'est une rénovation de l'art!

(Le Temps)

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La pièce ignoble... c'est La Casserole.

M. Méténier cherche à s'imposer par le scandale. Un tort, car il ne manque pas de talent, encore que ce talent soit assez superficiel, comme il l'a démontré, notamment, dans ses adaptations inhabilement faites des mauvais drames russes [2].

[2] Il s'agit de la Puissance des Ténèbres (!!!) et de l'Orage, qui ont été non pas adaptés, mais littéralement traduits.

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Donc une Casserole a livré un de ses amants, le Marin, coupable d'une infinité d'assassinats (???). Ce Marin a été guillotiné à la Roquette (???). Or, un compagnon du Marin, un filou surnommé le Merlan a juré de découvrir la Casserole et de venger son ami. Il fait comprendre qu'il n'était pas lié d'amitié seulement au Marin et que des liens plus tendres....

Faut-il continuer? Ou le dégoût vous a-t-il déjà pris à la gorge?

Le fait est que le Merlan tue la Casserole et dit aux agents avec émotion:

Guillotinez-moi! Je retrouverai là haut mon Marin! (!!!!!)

Rien à dire de plus sur cette étude de l'ordure. Pouah!

M. Antoine aura mal fini sa saison.

(L'Evénement)

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La Casserole de M. Oscar Méténier est un tableau de mœurs dans le monde... où l'on assassine. A travers la hardiesse du dialogue, qui ne recule devant rien, se dessinent d'âpres figures de sinistres drôles, vigoureusement brossées. La pièce a obtenu un gros succès de curiosité.

(Le Petit Parisien)

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La pièce avait été placée délicatement à la fin du spectacle, afin que les personnes qui en seraient tentées pussent quitter la salle à temps. Il est inutile d'ajouter que la salle, à moitié vide jusque vers minuit, était remplie jusqu'au cintre lorsque la toile s'est levée pour les premières répliques de La Casserole. Seulement les espérances ont été déçues. Cet acte, d'une étonnante niaiserie, est en outre moins malpropre que d'autres que nous avons vus au même théâtre. Il y a des nuances dans l'immonde.

(Le Moniteur Universel)

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C'est un tableau, non pas populaire, mais outrageusement canaille que M. Méténier a brossé avec un talent réel.

Ce genre est grandement contestable et ne serait admis dans aucun théâtre public. Mais comme étude, je n'y trouve pas à redire. Les mêmes scènes grossières, les mêmes détails crapuleux sont traités couramment par les peintres, figurent dans les expositions, sont applaudis de tout le monde quand l'art y domine, et décrochent des médailles du jury.

Pourquoi la peinture vivante par le théâtre n'aurait-elle pas le même champ que la peinture figée par le pinceau?

Pourquoi ce qui provoque ici l'admiration fait-il jeter là les hauts cris? Pourquoi?

Mais il y aurait long à disserter là-dessus et voici que le jour fait pâlir ma lampe.

(La France)

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Ce sombre croquis des mœurs de la basse crapule n'a pas tenu tout ce qu'il promettait. On espérait plus de hardiesse de la part de l'auteur d'En Famille, et j'ai bien vu que les dames dissimulées dans les loges du Théâtre Libre n'avaient pas épuisé la grosse provision de pudeur offensée dont elles s'étaient munies avant de se rendre à l'invitation de M. Antoine. Un peu d'argot, quelques mots grossiers sont un fade ragoût pour des palais tels que les nôtres.

On est parti déçu.

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Je n'ai pas besoin de faire remarquer que ce scénario ultra-réaliste rappelle par plus d'un point les sujets traités par les grands tragiques. La qualité des personnages, le milieu dans lequel ils s'agitent, la langue qu'ils parlent distinguent certainement les héros d'Eschyle, de Sophocle ou de Corneille, des individualités mises en scène par M. Méténier. Mais au fond nous retrouvons chez eux la férocité, le courage indomptable, le respect de la foi jurée, l'amitié dévouée jusqu'à la mort, le point d'honneur dont s'honorent et se parent les protagonistes des drames classiques. Je n'insiste pas sur ces rapprochements.

Le charme de La Casserole est tout entier dans la vérité de la mise en scène. Poussant jusqu'à l'exagération le scrupule artistique, la direction du Théâtre Libre avait engagé, à la représentation, d'authentiques rôdeurs de barrières, des poivrots sortis la veille de Sainte-Anne, des grinches momentanément sans ouvrage, et des apprentis escarpes. De ces bêtes humaines suant l'alcool dans des loques pittoresques, fournies certainement par un recéleur, s'exhalait une odeur très nauséabonde, que humaient à pleines narines detrès belles dames, en quête d'impressions vives. Mais ces spectatrices ont dû se contenter de ces satisfactions olfactiques, simple relent de crasse et de boue. Le dialogue ne dépasse pas, s'il l'atteint, les audaces de quelques romans modernes.

(Le Gaulois)

Et le spectacle s'est terminé par La Casserole, le clou de cette représentation unique.

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Notre confrère Hector Pessard nous a affirmé que cette pièce était jouée par des repris de justice.

En ce cas, le Théâtre Libre ne serait pas seulement une chose malpropre; il deviendrait encore une chose dangereuse.

(L'Éclair)

C'est un grand tort de formuler un jugement au sortir immédiat d'une représentation. Je viens de reconnaître l'absolue justesse de cette vérité à propos de cette fameuse Casserole de M. Oscar Méténier, dont on a tant parlé ces jours derniers.

Si j'avais été obligé de donner mon avis sur ce drame des bouges aussitôt après la répétition générale, il est certain que j'aurais blâmé l'auteur; et voilà qu'après vingt-quatre heures de répit, je ne trouve plus que des éloges à lui adresser.

D'où vient ce revirement d'idées? Tout simplement de ce que, pendant ce court laps de temps, le drame poignant, sincère, qu'il y a dans l'œuvre, s'est dégagé des piments qui l'assaisonnent et qu'il m'est apparu dans le calme, tandis que, abasourdi, je l'avoue, au sortir de la répétition, par un dialogue auquel on m'excusera d'avoir mis quelques heures à m'habituer, je n'avais saisi que confusément les diverses péripéties par lesquelles l'action se déroule.

Ce n'est pas un joli monde assurément que celui où s'agitent le Merlan, le père Chabot, la Terreur de la Maube, la Grande Carcasse, Lisa, la Rouquine. Mais ce monde-là existe, il vit près de nous, avec ses douleurs aiguës et ses joies brutales, ses vices dégradants et ses vertus relatives. Oui, ses vertus! Cela peut paraître surprenant que le Merlan et la Grande Carcasse aient un code de l'honneur comme tout le monde. Cela est cependant, et voilà pourquoi le drame est passionnant et sincère; voilà pourquoi, lorsque la Grande Carcasse se révolte à l'idée qu'on peut la prendre pour une voleuse, elle s'écrie avec la plus grande sincérité, la plus absolue bonne foi:

—Putain, oui! putain tant qu'on voudra; mais grinche, jamais!

Voilà pourquoi encore le Merlan accomplit ce qu'il appelle un acte de haute justice lorsqu'il plante son couteau dans le dos de la fille qu'il accuse d'avoir, par ses révélations à la police, envoyé à la «Nouvelle» son ancien amant, le Marin, accusé et convaincu de crime.

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Et c'est pour cela que nous applaudissons ferme à la tentative désormais victorieuse de M. Antoine et de ses camarades. C'est parce qu'ils ont montré au public un idéal tout autre que celui si conventionnel de l'ancien théâtre, un idéal de vérité et d'exactitude.

(La Jeune République)

PRESSE BELGE

La conférence de M. Méténier a été des plus intéressantes, et il n'a pas eu de peine à se rallier les sympathies de son auditoire.

C'est un je m'enfichiste narquois, un philosophe sincère. Il a occupé pendant plusieurs années les fonctions de secrétaire de commissaire de police dans les différents quartiers de Paris, ce qui lui a permis de voir la vie de très près et d'arriver à cette conclusion: La vertu est un mythe.

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Cette conférence a obtenu le plus vif succès, et l'auteur dramatique n'a pas eu moins de bravos que n'en avait obtenu le conférencier.

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La Casserole—ce qui veut dire, en argot, une femme qui moucharde pour la police—nous montre des souteneurs s'occupant de leurs petites affaires dans un cabaret borgne. La Grande Carcasse, c'est ainsi qu'on nomme la Casserole, a jadis dénoncé un ami du Merlan à la police.

Résultat: Dix ans de travaux forcés.

Le Merlan, qui aimait tendrement son ami, a juré de se venger de la Carcasse. Le hasard la lui fait rencontrer au cabaret en compagnie du père Chabot. Celui-ci a été volé dans le bouge, et la Carcasse, qui est bonne fille, réclame l'argent du vieux; sinon, elle dénoncera les assistants à la police. Le Merlan, qui brûle du désir d'aller retrouver son ami à la Nouvelle, plonge un couteau dans la poitrine de la Carcasse et se fait arrêter.

La pièce est curieuse, intéressante et parfois émouvante, et ces scènes de mœurs bizarres ont vivement intéressé le public, qui a rappelé à grands cris tous les artistes et l'auteur.

(La Chronique)

Entre le vaudeville et le drame l'auteur de La Chair et de Monsieur Betsy nous a fait une conférence sur les voyous dans la littérature.

Un bruyant succès que cette conférence-causerie dans laquelle M. Oscar Méténier a parlé surtout de ses livres, de son théâtre, mettant de la crânerie et peut-être un peu trop de coquetterie à exposer la synthèse de La Casserole, à dire comment il fut amené à étudier les types populaires qui sont les héros de sa littérature.

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Après cette causerie on a écouté religieusement la pièce. Et l'on a été empoigné, serré à la gorge par une émotion douloureuse devant le dénouement éclaboussé de sang de ce tableau de mœurs violent où vibre de la passion.

(L'Indépendance Belge)

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Quant à la conférence de M. Méténier, c'est un petit chef-d'œuvre d'impertinence délurée et elle a été acclamée.

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Méténier, tel qu'il nous est apparu hier, est un petit homme vif, à l'œil très noir, au sang très chaud, le petit tapin de la vérité dans l'art. Avec un sourire entre cuir et chair d'une insolence charmante, il est venu expliquer son âme au public en affirmant que son âme lui plaisait beaucoup, à lui Méténier, telle quelle; qu'on pouvait la discuter si l'on voulait, mais que pour lui il s'en souciait comme de ça. Au demeurant, cette âme est simple, droite et aimable à voir. Elle est éprise de sincérité, elle hait les hypocrites fadaises dont nous sommes tant écœurés et elle se laisse aller avec une facilité naïvement crâne aux indignations qui servent le faible et le déshérité contre le fort et le privilégié.

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Où M. Méténier est vraiment supérieur et séduisant, c'est dans les tableaux voyous. M. Méténier aime le peuple parce qu'il le trouve plus sincère, meilleur, moins canaille que les autres classes; et l'affection qu'il lui porte ne recule pas devant ses vices et ses lèpres. Au contraire, M. Méténier, s'attarde plus volontiers encore au spectacle de la populace, de cette populace de souteneurs et de filles méprisables, irresponsables et si pittoresques qui nous a donné déjà les modèles de tant d'œuvres saisissantes.

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C'est tout cela qu'il nous a expliqué, sur un ton combatif et vite, et vite, comme un homme qui décharge son cœur et qui est bien aise de le décharger.

Son succès a été considérable et de pleine sympathie.

Et le succès de La Casserole aussi.

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La pièce est d'un très vif intérêt de détails, et la langue, pour un peu moins montée en couleur qu'elle n'était dans la nouvelle, n'en est pas moins encore fort curieuse et d'une sincérité absolue. M. Méténier n'a pas voulu atténuer la violence de son récit, et ce ne sont pas des audaces qu'il en a fait disparaître; il a seulement, et pour la clarté, remplacé quelques mots d'argot trop incompris par quelques vocables de langue courante.

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Voici que M. Alhaiza annonce trois représentations nouvelles de La Casserole. C'est une pièce à voir. Il y a du reste, au fond de toutes les œuvres de cette école-là, une grande idée de pitié sociale, pareille à celle qui guidait l'auteur de la Puissance des Ténèbres, et qu'on ne saurait trop aider à faire son chemin.

(La Réforme)

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La Casserole a été jouée au Molière par les artistes de M. Alhaiza au milieu d'une grande affluence de monde.

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Nous ne conseillons pas aux dames le spectacle actuel du Molière, mais tous les hommes un peu curieux de suivre l'évolution que M. Méténier (et avec lui quelques auteurs parisiens) veut faire subir à l'art dramatique, iront voir et entendre l'épisode mis en scène avec un rare talent par cet écrivain fécond, et, il faut le dire, admirablement doué au point de vue de la concision du dialogue et de la façon d'exposer une situation.

(L'Éveil.)

J'engage tous les lecteurs de L'Artisan à se rendre au Molière pour y applaudir La Casserole, le drame naturaliste d'Oscar Méténier. On ne peut s'imaginer l'exactitude des scènes composant cette Casserole, surtout pour les personnes ayant suivi de près les usages des quartiers... nobles (lisez: Belleville, la Roquette, etc.) de Paris.

M. Méténier peut se vanter d'avoir remporté un grand et légitime succès.

(L'Artisan)

L'affiche rouge de la Matinée d'hier, au Molière, n'avait guère effrayé le public, car la salle était pleine, et il y avait nombre de dames—plus de dames même, m'a-t-il semblé, qu'aux spectacles ordinaires. La curiosité des choses défendues ne s'est pas affaiblie chez le sexe aimable depuis notre mère Eve. Il est vrai que cette matinée comportait une attraction particulière: une conférence de M. Oscar Méténier, un des plus marquants écrivains de l'heure actuelle, l'auteur, notamment, d'En Famille, joué naguère sur cette même scène du Molière, et de Monsieur Betsy.

Dans une causerie aimable et spirituelle, après avoir remercié le public belge de l'accueil qu'il a fait à ses œuvres, et après avoir payé un tribut de reconnaissance à notre compatriote, l'excellent artiste José Dupuis, dont le talent a été d'un si précieux concours à M. Betsy, M. Oscar Méténier nous a dit comment il avait été amené à connaître, étudier, et... presque aimer, ce monde des bas-fonds parisiens, dont il trouve les vices moins odieux, en somme, que les vices—cachés—des classes plus élevées, qu'il a été également à même de découvrir,—thèse qu'il a appuyée de faits piquants.

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M. Oscar Méténier a hautement revendiqué pour l'écrivain, l'auteur dramatique, et pour lui et le Théâtre Libre en particulier, le droit absolu de peindre, de représenter ce qu'il veut, ce qu'il voit. La jolie vaillantise de M. Oscar Méténier a été très applaudie, même de ceux qui ne partageaient pas ses idées, ou toutes ses idées. Et l'on peut dire que M. Oscar Méténier, s'il n'a pas, peut-être, fait triompher sur toute la ligne la cause du Théâtre libre à Bruxelles, lui a, tout au moins, par sa parole ardente et convaincue, acquis l'intérêt de ses auditeurs.

Après la conférence de M. Méténier nous avons eu La Casserole, une de ses premières œuvres, un tableau absolument naturaliste et très pittoresque de la société louche des bas-fonds excentriques de Paris. Sans valoir En Famille, un autre tableau du même monde, La Casserole est une œuvre intéressante en sa vérité étrange. Elle a été très bien enlevée par ses interprètes du Molière........

(Le Soir)

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Quant à La Casserole de M. Oscar Méténier, l'auteur de M. Betsy et de En Famille, interdite par la censure, nous la classons de suite parmi les œuvres destinées à se perpétuer.

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Ce petit acte est plein de vie et fournit une étude très serrée des mœurs interlopes des quartiers mal famés de Paris.

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L'auteur a été rappelé après la chute du rideau et on l'a fêté comme il le méritait.

Le Molière est entré dans une bonne voie; aussi espérons-nous que son dévoué directeur voudra bien continuer cette série intéressante d'art jeune et libre.

(L'Impartial bruxellois)

M. Oscar Méténier, l'écrivain réaliste bien connu, qui a jeté un si grand jour sur les bas-fonds de la société parisienne et qui a dépeint avec un talent incontestable, dans ses romans et ses nouvelles, les mœurs des voyous, des souteneurs et des filles, est venu donner jeudi, à la première matinée libre, une conférence des plus intéressantes.

Trois quarts d'heure durant il a parlé avec une simplicité charmante et un esprit bien français sur: les Voyous dans la littérature. Il a défendu crânement ses convictions littéraires, a cinglé, avec une ironie fine et mordante, l'hypocrite indignation du monde bourgeois qui s'élève contre la hardiesse de certaines expressions et l'exposition des scènes prises sur le vif.

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Cette conférence, que le public a fort goûtée et vigoureusement applaudie, était suivie de La Casserole, drame en un acte de M. Méténier lui-même.

Cette dernière pièce, d'un réalisme saisissant et d'une grande puissance dramatique, dévoile un coin tragique de la vie du souteneur, en même temps qu'elle est une étude de l'argot moderne.

(Le Peuple)

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Oscar Méténier a fait au public bruxellois sa simple profession de foi avec une remarquable franchise d'allures. Il a développé, en l'appliquant au théâtre, la thèse invoquée par les romanciers d'aujourd'hui qui n'admettent point l'art sans la vérité et qui affirment que l'art est une manifestation de la vérité. En une causerie concise, gauloise, marquée tout du long au sceau de l'esprit gaulois, avec une note gouailleuse personnelle à l'orateur, celui-ci a fait le procès—peu solennel!—du théâtre ohnettique et feuillettatoire; il a prouvé que sa Casserole, dans sa forte nudité, était moins immorale que les quatre actes du Maître de Forges.

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Enfin, le conférencier a plaidé la cause de l'indépendance personnelle dans l'art, l'indépendance sans limites et sans chaînes, et résumé son opinion dans une phrase aussi catégorique que profonde:—«J'ai fait La Casserole, comme j'ai fait En Famille, parce que ça m'a plu; s'il est des imbéciles qui sur mon passage poussent des cris de terreur et des hurlements d'indignation, je souris et je passe outre. Somme toute, je n'impose mes pièces à personne; les voit jouer qui veut et je ne sache pas que j'aie pour principe d'avoir trompé quiconque sur la marchandise!...»

Ponctuée dans ses passages saillants par les applaudissements significatifs du public, cette profession de foi a valu à Oscar Méténier un succès qui frisait le triomphe. Ce triomphe s'est retrouvé au reste pendant la représentation de La Casserole, le corollaire de la conférence donnée par l'auteur.

Cet acte d'une vérité puissante, brutalement conçu sur un tableau vécu, sans trame, sans intrigues, sans entrées ni sorties scéniques puant la banalité des vieux refrains admis, a empoigné vigoureusement le public. Une scène de mœurs, âpre, sinistre par son milieu, sinistre par son action d'une simplicité cruelle. Avec son éclectisme d'homme de théâtre, Méténier n'en a pas moins su, tout en respectant les formules nouvelles, choisir ses effets scéniques,—et l'on est resté stupéfait, haletant, devant ce tableau vivant, génialement exact!...

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Faut-il dire qu'artistes et auteur ont été ovationnés triomphalement? Et faut-il dire aussi que le théâtre libre, le théâtre vrai, le théâtre de l'avenir a fait une glorieuse étape de plus? A M. Méténier et à la vaillante troupe du théâtre Molière la gloire d'avoir remporté cette victoire nouvelle!

(La Lutte, de Namur)

M. Méténier, l'auteur de la Casserole, a fait sa conférence, nourrie d'idées et de souvenirs personnels, sur «les voyous dans la littérature».

M. Méténier, avant de s'adonner entièrement à la littérature, a été secrétaire de différents commissariats de police de Paris, notamment dans les quartiers excentriques de Belleville, Grenelle et la Roquette.

Il y a appris à connaître le peuple et à l'aimer; à l'aimer malgré ses vices, car le peuple est franc et sincère dans ses vices, alors que le grand monde, sous le couvert de ce qu'il est convenu d'appeler la morale, ajoute à ces mêmes vices l'hypocrisie.

Le conférencier a expliqué ainsi la prédilection qu'on retrouve dans ses livres pour une certaine classe de la population.

M. Méténier a été vigoureusement applaudi.

La Casserole, qu'on jouait ensuite, est une pièce en un acte; les situations sont très osées, la scène se passe dans un monde d'escarpes et de filles perdues, les mots sont quelquefois très raides, mais tout est justifié: cette pièce, au fond, est d'une moralité âpre et austère.

L'interprétation en a été très convenable; Mlle Leinde s'y est surtout fait remarquer dans le rôle de Carcasse.

(Nouvelles du Jour).

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