Manuel des difficultés les plus communes de la langue française, adapté au jeune âge et suivi d'un recueil de locutions vicieuses
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Title: Manuel des difficultés les plus communes de la langue française, adapté au jeune âge et suivi d'un recueil de locutions vicieuses
Author: Thomas Maguire
Release date: February 17, 2012 [eBook #38913]
Most recently updated: January 8, 2021
Language: French
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Québec (http://www.banq.qc.ca/).)
MANUEL
DES
DIFFICULTÉS LES PLUS COMMUNES
DE LA
LANGUE FRANÇAISE,
ADAPTÉ
AU JEUNE ÂGE,
ET SUIVI D'UN
RECUEIL
DE
LOCUTIONS VICIEUSES.
par Thomas MAGUIRE
QUÉBEC:
Imprimé et publié par FRÉCHETTE & Cie,
Nº. 13, RUE LAMONTAGNE,
Basse-Ville.1841.
AVERTISSEMENT.
Le besoin d'un Manuel Lexique des difficultés de la langue française, se fait vivement sentir dans nos écoles de grammaire; et l'on a à regretter que le commerce ne nous fournisse pas les ouvrages de ce genre, qui se multiplient, depuis quelques années, sur l'ancien continent. C'est pour remedier en partie à ce défaut, que le présent travail, né de circonstances purement fortuites, a été préparé pour la presse: et en l'offrant au jeune âge, l'Auteur n'a garde de se présenter sous d'autre titre, que celui d'humble compilateur; titre qui doit lui demeurer entier, malgré quelques articles de sa création, devenus indispensables pour signaler des erreurs de langage particulières au Canada.
Les grammaires mises à contribution, pour la confection de ce petit livre, sont celles de Duvivier, de Chambaud, de Lequien, de Lhomond, de Letellier, de Galland, de Noël et Chapsal, etc. Les sources pures et abondantes des Dictionnaires de l'Académie, de Trévoux, de Boiste, de Rolland, de Gatel, de Noël et Chapsal, etc., ont été exploitées dans le même but: et il est essentiel d'ajouter, que les articles puisés dans ces riches trésors de la langue française sont reproduits textuellement, autant que les circonstances et le cadre étroit de l'ouvrage l'ont permis.
Ayant exposé les difficultés les plus communes de la langue, il était naturel de fournir un tableau des expressions incorrectes et dénaturées, qui en altèrent la beauté et les règles: voilà ce qui a donné lieu au Recueil de Locutions Vicieuses, placé à la suite du Manuel.
L'Auteur ne s'est point fait illusion sur la difficulté de sa tâche: il n'ignore pas qu'il ouvre un champ large à la critique. Heureux! si son livre attire l'attention de quelque Aristarque consciencieux, qui daigne en signaler les erreurs, au profit de la portion chérie de la société à laquelle il est destiné!
Du reste, si l'Auteur a aplani au jeune âge quelques-unes des aspérités dont la langue est hérissée, son but est atteint, son vœu accompli.
Québec, Octobre, 1841.
MANUEL
DES
DIFFICULTÉS LES PLUS COMMUNES
DE LA
LANGUE FRANÇAISE.
ABSOUDRE. J'absous, tu absous, il absout, nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent. J'absolvais; point de prétérit défini. J'ai absous, j'absoudrai, j'absoudrais, absous, absolvons, absolvez, que j'absolve; point d'imparfait du subj. Absolvant, absous, absoute.
Dissoudre se conjugue de même.
ACADÉMICIEN est un membre d'une compagnie de savans: académiste, celui qui étudie les armes, l'équitation dans une académie.
ACCENT CIRCONFLEXE. On l'emploie pour les voyelles longues, et on le met,—1º. sur a long, lâche, tâche, château.—2º. sur l'avant dernier e des mots en eme: même, blême; excepté cependant les adjectifs numéraux ordinaux, comme deuxième, troisième, etc.—3º. sur l'i des verbes en aitre et oitre, comme paraître, accroître; dans tous les temps où i est suivi de t; il naît, il paraîtra, nous accroîtrons.—4º. sur l'o qui précède les finales le, me, ne: pôle, rôle, dôme, zône.—5º. sur le nôtre, le vôtre, mais non sur notre, votre.—6º. on l'emploie encore à la première et seconde personne plurielle du prétérit défini: nous aimâmes, vous aimâtes, nous reçûmes, vous reçûtes.—7º. à la troisième personne singulière de l'imparfait du subjonctif: qu'il fût, qu'il eût, qu'il aimât.—8º. on le pose aussi sur les adjectifs sûr, (pour signifier certain) mûr, etc., parce qu'on écrivait autrefois seur, meur, et enfin sur dû, participe du verbe devoir, pour le distinguer de l'article du. Toutefois ce participe ne prend l'accent circonflexe, ni au pluriel masculin, ni au féminin, tant singulier que pluriel, parce qu'alors il ne peut être confondu avec l'article du. Enfin on le met sur tû, participe du verbe taire, pour le distinguer du pronom tu, et sur crû, participe de croître, pour le distinguer de cru, participe de croire.
ACCORD du verbe avec ses sujets. Quand plusieurs substantifs ou pronoms composent les sujets, le verbe s'accorde avec le dernier substantif ou pronom;
1º. lorsque les mots formant les sujets sont synonymes: son courage, son intrépidité étonne les plus braves. Il est essentiel que les substantifs synonymes ne soient jamais unis par la conjonction et.
2º. lorsque les mots formant les sujets renferment une expression qui réunit en elle tous les mots qui précèdent, comme chacun, tout, rien, personne. Paroles et regards, tout est charmes en vous:—le temps, les biens, la vie, rien ne nous appartient.
3º. lorsque l'esprit s'arrête sur le dernier substantif, parce qu'il est d'un tel intérêt, qu'il fait oublier les autres:—ce sacrifice, votre intérêt, votre honneur, dieu vous le commande:—mon repos, mon bonheur semblait être affermi.
Lorsqu'un verbe a deux sujets de la troisième personne unis par la conjonction ou, on peut faire accorder le verbe avec les deux sujets, ou avec le dernier, et dire également bien—Pierre ou Paul le fera, ou, le feront. Cependant l'accord avec le dernier sujet parait préférable.
Cette règle s'applique à l'un l'autre, lorsqu'ils sont unis par la conjonction ou:—l'un ou l'autre vous écrira, ou vous écriront.
Cependant si les mots unis par ou sont de différentes personnes, l'usage demande que le verbe se mette au pluriel, et qu'il s'accorde avec la personne qui a la priorité:—c'est toi ou moi qui avons fait cela,—c'est toi ou lui qui avez dit cela:—lui ou moi nous serons peut-être assez heureux, etc.
Dans les phrases où deux substantifs, ou bien deux pronoms sont liés par une des conjonctions, de même que, aussi bien que, comme, non plus que, plutôt que, avec, ainsi que, et autres semblables, c'est avec le premier substantif que l'accord a lieu: la vertu, de même que le savoir, A son prix. C'est sa fille, plutôt que son fils, qu'il a déshéritée.
Après l'un et l'autre faut-il mettre le verbe au singulier, ou au pluriel?
L'Académie, Vaugelas, Marmontel, &c., sont d'avis que l'on peut se servir indifféremment du singulier ou du pluriel: mais presque tous les grammairiens, suivant Duvivier, se sont prononcés pour le pluriel.
Si l'un et l'autre était placé après le verbe, le pluriel serait de rigueur. Ils voulaient l'un et l'autre se promener.
Si les sujets sont exprimés par ni l'un ni l'autre, ou sont liés par ni répété, le verbe doit-il être mis au singulier ou au pluriel?
Duvivier répond qu'on est libre de se décider en faveur du singulier ou du pluriel, puisque l'Académie et les meilleurs auteurs ont fait usage indifféremment du singulier et du pluriel.
Il ajoute cependant qu'il se range à l'opinion de Wailly et de Marmontel qui veulent que quand les deux sujets concourent à l'action, l'on donne au verbe la forme plurielle, parce qu'il y a pluralité dans l'idée, et que l'on dise, ni l'un ni l'autre n'ont fait leur devoir:—Ni la douceur ni la force ne peuvent rien.
Mais si l'un des deux sujets seulement fait, ou reçoit l'action, parce qu'alors il y a unité dans la pensée, les mêmes grammairiens veulent que l'on mette le verbe au singulier, et que l'on dise, ni l'un ni l'autre n'est mon père:—Ce ne sera ni Mr. le Duc, ni Mr. le Comte qui sera nommé ambassadeur d'Espagne.
Lorsque le verbe qui suit ni répété, est au pluriel, on doit le faire accorder avec la personne qui a la priorité. Ni vous ni moi ne sommes coupables.—Ni vous ni lui n'avez fait cela.
Doit-on après un, une joint à de, des se servir du singulier ou du pluriel, et dire, c'est une des plus belles actions qu'il ait jamais fait: ou, c'est une des plus belles actions qu'il ait jamais faites?
La phrase dont il s'agit est elliptique: c'est comme s'il y avait, c'est une action des plus belles actions qu'il ait jamais faites. Pour résoudre la difficulté, il faut examiner si le pronom relatif que a pour antécédent le substantif en ellipse, ou le substantif pluriel placé après la préposition des. Dans le premier cas on emploie le singulier, et dans le second le pluriel. Or dans la phrase citée ci-dessus, il est évident que le relatif que se rapporte au substantif placé après la préposition; car il s'agit d'actions faites, et non pas d'une action faite. Le participe doit donc être mis au pluriel.
D'après ces principes il faudra dire au singulier, c'est un de nos meilleurs grammairiens qui a fait cette faute: et au pluriel; votre ami est un des hommes qui périrent dans la sédition.
ACCORD d'un adjectif qui suit plusieurs substantifs.
Quand un adjectif suit plusieurs substantifs régimes, soit régimes d'un verbe, soit régimes d'une proposition, et que cet adjectif ne se prononce pas au masculin comme au féminin, au singulier comme au pluriel, il ne s'accorde qu'avec le dernier des substantifs: mais il est sous-entendu après les précédens. Ce soupçon..excita des plaintes, et un mécontentement général.—C'est donc en vain qu'on met la véritable gloire dans l'honneur et la probité mondaine.
Mais un adjectif, placé après des substantifs régimes, se met au pluriel, si cet accord ne change pas la prononciation de l'adjectif.—Il sacrifie son repos et sa liberté pour la liberté et la félicité publiques.
ACQUÉRIR. J'acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent, j'acquérais, j'acquis, j'acquerrai, j'acquerrais, acquiers, acquérons, acquérez, que j'acquière, que nous acquérions, que j'acquisse, acquérant, acquis, acquise.
Conjuguez de même conquérir, reconquérir, requérir, s'enquérir.
ADJECTIFS ABSOLUS, (les) Parfait, universel, immortel, mortel, éternel, essentiel, divin, suprême, extrême, excellent, ne peuvent être précédés de mots qui expriment le plus ou le moins, par cela même qu'ils sont absolus, et rejettent toute comparaison. On ne peut dire, plus ou moins éternel,—mortel, &c.
ADJECTIF NUMÉRAL. Quelquefois l'adjectif de nombre cardinal remplace celui de nombre ordinal. Il est six heures;—l'an mil huit cent:—le cinq Mars,—guillaume quatre.
AIDER quelqu'un, c'est l'assister de sa bourse, de ses conseils:—aider à quelqu'un, c'est partager sa fatigue, sa peine:—aider à quelque chose, c'est y contribuer.
AÏEUL est le père du père ou de la mère. Au pluriel on dit aïeuls, quand on veut désigner préscisément le grand-père paternel et le grand-père maternel. Hors delà on dit aïeux, pour signifier tous ceux de qui l'on descend, et qui ont devancé nos aïeuls.
AIGLE, oiseau, est masculin. Aigle, drapeau, est féminin. Les Aigles Romaines. Aigle, constellation, est féminin.
AIGUILLON. Il y a quelques mots, comme, aiguillon, aiguille, aiguiser, arguer, inextinguible, et les noms propres d'Aiguillon, le Guide, de Guise, dans lesquels l'u se fait entendre, et que l'on prononce, é-gu-i-glion,—é-gu-i-lle,—é-gu-i-zé,—ar-gu-é,—inextin-gu-i-ble,—d'É-gu-i-glion,—le Gu-i-de,—de Gu-i-se.
AIR. On dit, cette femme a l'air bon, et non pas bonne, parce que bon se rapporte à l'air. Mais on dit, cette pomme a l'air cuite, et non pas cuit, parce que l'adjectif ne peut être dit ici du substantif air.
ALLER. On ne dit plus je vas, mais, je vais. L'impératif va prend une s euphonique quand il est suivi du pronom relatif y: vas y. Mais si après l'y il suit un verbe, l'Académie veut que l'on supprime l's. Va y mettre ordre.
AMOUR au singulier est masculin: au pluriel féminin, excepté quand il désigne les petits génies de la mythologie. Ces petits amours sont bien groupés.
À NEUF, DE NEUF. Refaire un bâtiment à neuf:—remettre un tableau à neuf, c'est les restaurer, les réparer.
Se faire habiller de neuf, c'est se faire faire des habits neufs.
ANCÊTRES. Nos ancêtres: nos aïeux: nos pères. Le siècle de nos pères a touché au nôtre: nos aïeux les ont devancés: nos ancêtres sont les plus reculés de nous.
ANIMAUX. Leurs parties principales.
On dit le pied d'un cheval, d'un bœuf, d'un cerf, d'un mouton, d'une vache, et des autres animaux chez lesquels cette partie est de corne.
On dit la patte d'un chien, d'un chat, d'un lièvre, d'un loup, d'un ours, d'un rat, et des autres animaux chez lesquels cette partie n'est pas de corne.
On dit les ongles d'un lion, les griffes d'un chat, d'un tigre, les serres d'un aigle, d'un épervier.
On dit la bouche d'un cheval, d'un bœuf, d'un âne, et en général en parlant des bêtes de somme.
On se sert du mot gueule en parlant des poissons, des reptiles, et de la plupart des quadrupèdes. On dit la gueule d'une carpe d'une truite, d'un brochet, d'un serpent, d'un lion, d'un tigre, d'un chien, d'un loup, d'un chat, &c.
On fait usage du mot bec pour les volatiles.
Quand on parle de cette partie qui comprend la gueule et le nez, on dit le groin d'un cochon, le muffle d'un cerf, d'un bœuf, d'un lion, d'un léopard, d'un tigre: le museau d'un chien, d'un renard, &c.
On donne le nom de défenses ou broches de sanglier aux deux grosses dents crochues et effilées qui sortent de sa gueule.
On appelle bois de cerf ou tête de cerf, le grand bois que cet animal porte sur le devant de sa tête, et qui tombe tous les ans au printemps.
Enfin on dit la hure d'un sanglier, d'un ours, d'un saumon, d'un brochet, pour la tête, lorsqu'elle est coupée.
ANIMAUX, leurs cris. L'abeille bourdonne, l'âne brait, le bœuf mugit ou beugle, la brebis bêle, le renard nasille, le cerf bramme, le chat miaule, le cheval hennit, (prononcez hanit) le chien aboie ou jappe, le cochon grogne, le corbeau croasse, la grenouille coasse, le lion rugit, le loup hurle, le serpent siffle, l'aigle et la grue glapissent ou trompettent, les petits chiens et les renards glapissent, les pigeons roucoulent, la perdrix cacabe, le moineau chuchète ou pépie, le paon braille ou criaille, le dindon glougloute, le poulet piaule, la poule glousse, le grillon grésillonne, l'oie siffle, le rossignol gringotte, &c.
APPELER. J'appelle, tu appelles, il appelle, nous appelons, vous appelez, ils appellent, j'appelais, j'appelai, j'appellerai, j'appellerais, appelle, appelons, appelez, que j'appelle, que nous appelions, que j'appelasse, appelant, appelé, appelée.
Ce verbe comme tous ceux qui sont terminés par eler, doublent la lettre l, quand après cette lettre on entend un e muet; c.-à-d. lorsque la lettre l est suivie de e, es, ent. J'appelle,—tu chancelles,—ils étincellent.
Cette règle est applicable aussi aux verbes dont l'infinitif est en eter. V. jeter.
APPLAUDIR. Comme on fait usage de ce verbe tantôt à l'actif, tantôt au neutre, il est indifférent de dire, applaudir aux acteurs, ou applaudir les acteurs: on lui a applaudi, ou, on l'a applaudi.
Le participe passé de s'applaudir s'accorde toujours. Ils se sont applaudis de leur conduite.
ARC-EN-CIEL. Au pluriel on écrit, arcs-en-ciel; mais on prononce, comme au singulier, ar-kan-ciel.
ARTICLE. On répète l'article et les adjectifs déterminatifs, mon, ma, mes, ton, ta, tes, ce, cette, un, etc.
1º. devant chaque substantif, les officiers et les soldats;—son frère et sa mère.
2º. devant deux adjectifs unis par et, lorsqu'ils ne qualifient pas le même substantif: les anciens et les nouveaux soldats,—vos grands et vos petits appartemens. Mais on dirait, les anciens et braves soldats;—vos grands et beaux appartemens, attendu que les mêmes soldats sont anciens et braves, et les mêmes appartemens grands et beaux.
Il n'est pas toujours aisé de connaître d'une manière précise les cas où l'on doit faire usage de l'article, et ceux où l'on ne doit pas s'en servir. Voici un principe général qui sera d'un grand secours pour les distinguer.
On doit employer l'article avant tous les noms communs pris déterminément, mais non avant ceux qu'on prend indéterminément.
Un nom est pris déterminément lorsqu'il est employé pour désigner tout un genre, toute une espèce, ou enfin un individu. la jeunesse est imprévoyante. Le mot jeunesse est genre parce qu'il désigne la totalité des jeunes gens. les hommes à prétention sont insupportables. Le mot hommes est espèce, parce qu'il est restreint à un certain nombre d'individus. Le roi est sage. Le mot roi, dans cette phrase, désigne un individu.
Un nom est pris indéterminément lorsqu'on s'en sert uniquement pour réveiller l'idée qu'on y attache: qu'on ne détermine rien sur l'étendue dont elle est susceptible; en un mot qu'on ne l'emploie pas pour désigner ni un genre, ni une espèce, ni un individu. Les chemins sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins. Les mots lauriers, grenadiers, jasmins étant indéterminés, ne prennent pas l'article.
REMARQUES.
Les noms de provinces et de royaumes peuvent être pris déterminément et indéterminément. On dit: je viens d'Angleterre, de France, sans l'article; parce qu'il suffit de regarder l'Angleterre ou la France comme terme d'où l'on part, et qu'il est inutile de penser à l'étendue de ces royaumes. Mais parce que les mots limites, bornes font penser à cette étendue, on dit; les limites de l'Angleterre, les bornes de la France.
L'usage permet que l'on dise indifféremment, les peuples de l'Asie ou les peuples d'Asie,—les villes de l'Angleterre ou les villes d'Angleterre.
Mais on dit avec l'article: les peuples de l'Asie ont toujours été faciles à subjuguer; parce que l'on considère ces peuples par rapport à l'étendue du pays qu'ils habitent.
On dit plus communément: il vient de l'Asie, de l'Europe, de l'Afrique. C'est une exception à la règle donnée plus haut.
Il y a des noms de royaumes et de pays qui veulent absolument l'article; et l'on dit toujours: les empereurs de la Chine—du Pérou—du Japon:—les habitants du Canada.
Les locutions suivantes sont donc vicieuses: je vais en Canada,..en Pérou:—il demeure en Canada,..en Japon. Il faut dire: je vais au Canada,..au Pérou;—il demeure au Canada,..au Japon.
Les noms Mercure, Jupiter, Vénus, Mars, Saturne, Herschel ne prennent pas l'article.
ASPECT, PERSPECTIVE, VUE. Aspect désigne des points de vue particuliers. Les vues de la Suisse offrent les aspects les plus agréables. Perspective est l'aspect des objets vus de loin. L'idée de vue est plus étendue que celle d'aspect.
ASSAILLIR. J'assaille, tu assailles, il assaille, nous assaillons, j'assaillais, j'assaillis, j'assaillirai, j'assaillirais, assaille, assaillons, assaillez, que j'assaille, que j'assaillisse, assaillant, assailli, assaillie.
Tressaillir se conjugue de même.
ASSEOIR. J'assieds, tu assieds, il assied, nous asseyons, vous asseyez, ils asseient, j'asseyais, nous asseyions, vous asseyiez, ils asseyaient, j'assis, j'assiérai ou j'asseierai, j'assiérais ou j'asseierais, assieds, asseyons, asseyez, que j'asseie, que nous asseyions, que vous asseyiez, qu'ils asseient, que j'assisse, asseyant, assis, assise..
Rasseoir se conjugue de même.
ASSURER veut un régime direct de personne quand il signifie témoigner: assurez le de mon estime: et un régime indirect lorsqu'il veut dire donner pour sûr: assurez lui que nous sommes réconciliés.
ATOCA. (Oxycoccum). Suivant Sarrasin, cité par Charlevoix, atoca est un mot indien, qui désigne la baie de la canneberge. Cette baie, que les anglais appellent cranberry, ne porte point de nom en français.
À TRAVERS veut un régime direct; à travers les champs: au travers est toujours suivi de la proposition de: au travers du corps.
AUCUN se met toujours au singulier: aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire: excepté quand il accompagne un substantif qui n'a pas de singulier, comme pleurs, ancêtres: ou qui, au pluriel, est pris dans un autre sens qu'au singulier, comme troupes, gages. On n'a fait aucunes fénérailles,—aucunes troupes ne sont mieux disciplinées.
AUSSI, AUTANT, sont deux adverbes de comparaison qui doivent être suivis de la conjonction que, et non de comme, autre adverbe de comparaison. Ne dites pas: il est aussi grand comme vous,—j'en ai autant comme vous,—dites il est aussi grand que vous,—j'en ai autant que vous. On dit: il est grand comme vous:—j'en ai comme vous.
AUSSI, SI. Toutes les fois que l'on veut simplement marquer l'extension d'une qualité, il faut prendre si: il n'est pas si fin, qu'on ne le puisse tromper. Mais quand on veut faire comparaison entre deux adjectifs, ou deux adverbes, il faut se servir d'aussi dans les phrases affirmatives: il est aussi poli qu'il est brave: mais si la phrase est négative il faut employer si: personne ne vous a servi si utilement que lui. Cependant il est bien des personnes qui emploient alors presque indifféremment si ou aussi, et disent, il ne sera pas aussi constant qu'il le dit,—ou,—il ne sera pas si constant qu'il le dit.
AUSSI BIEN QUE. Lorsque deux sujets sont unis par aussi bien que, le verbe s'accorde avec le premier sujet: le roi, aussi bien que ses ministres, veut la paix.
AUTOMNE, d'après l'usage le plus commun, est masculin quand l'adjectif précède: un bel automne: et féminin quand l'adjectif suit: une automne froide.
AUTOUR, ALENTOUR. Suivant les écrivains modernes autour est une proposition, qui a par conséquent un régime, et alentour un adverbe qui n'en a point. Il faut donc dire, la reine avait toutes ses filles autour d'elle; et non pas, alentour d'elle:—le roi était là, et ses gardes étaient alentour, et non pas, autour.
AUTRE QUE, TOUT AUTRE QUE, AUTREMENT QUE, marquant la comparaison, veulent ne devant le verbe suivant: il est tout autre que je ne pensais:—il parle autrement qu'il n'agit: excepté quand le premier verbe est négatif: il ne parle pas autrement qu'il agit.
AUXILIAIRES. Il y a deux auxiliaires avoir et être: avoir marque l'action, et être l'état. Dans les verbes neutres qui prennent les deux auxiliaires, comme, accourir, disparaître, déchoir, passer, décider, périr, croître, éclore, demeurer, rester, cesser, échapper, monter, descendre, entrer etc., on emploie avoir, si c'est l'action que le verbe énonce que l'on a en vue: et être si c'est l'état que l'on veut exprimer. Ce sont les circonstances dont le verbe est accompagné qui indiquent lequel de ces deux points de vue on envisage: ainsi pour exprimer l'action, l'on dira avec avoir: elle a disparu subitement;—la fièvre a cessé hier;—la rivière a monté rapidement;—le baromètre a descendu en peu d'heures: et pour exprimer l'état qui suit l'action, l'on dira avec être; elle est disparue depuis un an:—la fièvre est passée depuis quelque temps;—il est monté—il est descendu depuis une heure. Il faut excepter de cette règle les verbes neutres aller, arriver, choir, décéder, mourir, naître, tomber, venir, et les composés de ce dernier, comme devenir, intervenir, parvenir, revenir, survenir, lesquels prennent le seul auxiliaire être, quoique chacun d'eux exprime une action: c'est l'usage qui en a décidé ainsi; elles sont allées,—nous étions arrivés,—il sera venu.
Remarque. Convenir, contrevenir, subvenir, quoique formés du verbe venir, donnent lieu aux observations suivantes.
Convenir demande tantôt l'auxiliaire avoir, et tantôt l'auxiliaire être. Dans le sens d'être convenable, il prend avoir: et être dans le sens de demeurer d'accord. Cette maison m'a convenu, et je suis convenu du prix.
Contrevenir est employé par le plus grand nombre des écrivains avec avoir.
Subvenir prend toujours l'auxiliaire avoir.
AVANT veut un régime, auparavant n'en veut aucun. Ne dites pas, auparavant de partir, mais, avant de partir.
AVANT, DEVANT. Avant est pour l'ordre des temps; devant pour l'ordre des places. Le premier est opposé à après, le second à derrière.
Plusieurs auteurs font aussi usage d'avant pour l'ordre des places.
AVANT QUE rejette le ne. Dites, avant qu'il parte, et non, avant qu'il ne parte.
AVANT QUE DE, AVANT DE, sont employés indifféremment par les écrivains modernes: les prosateurs préfèrent même avant de.
AVOIR affaire à quelqu'un, suppose infériorité, dépendance de celui qui a affaire. Un plaideur a affaire à ses juges, et non avec ses juges.
Avoir affaire avec quelqu'un, c'est avoir à traiter avec lui: il faut éviter d'avoir affaire avec les fripons.
Avoir affaire de signifie avoir besoin de: il a affaire d'argent,—j'ai affaire de vous, ne sortez pas.
BARBARISME, (le) est l'emploi de mots inusités, ou pris dans un mauvais sens, ou mal associés: c'est aussi l'emploi de locutions insolites. Le solécisme est une faute grossière contre la syntaxe.
BÂTISSE, BÂTIMENT. Bâtiment est l'édifice entier: bâtisse n'en est que la partie comprenant la maçonnerie. Dites: la bâtisse de cette construction a couté fort cher: mais ne dites pas: je veux assurer cette batisse; je veux vendre cette batisse, pour signifier, je veux assurer cette maison, je veux vendre cette maison.
BEAUCOUP. Il s'en faut beaucoup marque différence de qualité: il s'en faut de beaucoup la différence de quantité: il s'en faut beaucoup qu'il soit aussi prudent que vous:—il s'en faut de beaucoup qu'il ait autant de connaissances que son cousin.
BÉARN, ancienne province de France; prononcez, Béar.
BÉNIT, TE, signifie consacré par l'église: pain bénit, eau bénite. Béni—e, a les autres significations de son verbe;—bénis sont les rois qui chérissent leurs peuples.
BIFTECK ou BIFSTECK de l'anglais, beef-steak, signifie tranche de bœuf saisie dans le beurre.
BLEU. L'adjectif bleu est invariable quand il est modifié par un autre adjectif, étant alors substantif. Des étoffes bleu fonçé, c.-à-d. d'un bleu foncé. Il en est ainsi de plusieurs autres adjectifs qui désignent les couleurs: des cheveux blond fonçé;—des robes rose tendre;—des draps vert foncé:—des cheveux chatain clair, etc.
BOSSER, BOSSUER. Bosser est un terme de marine. Bossuer signifie faire des bosses: dites j'ai bossué mon goblet, et non pas, j'ai bossé mon goblet.
BOUILLIR. Je bous, tu bous, il bout, nous bouillons, vous bouillez, ils bouillent, je bouillais, je bouillis, je bouillirai, je bouillirais, bous, bouillons, bouillez, que je bouillisse, bouillant, bouilli, bouillie.
BRAIRE n'est usité qu'aux temps et aux personnes qui suivent: braire, il brait, ils braient, il braira, ils brairont, il brairait, ils brairaient.
BRUIRE, n'est guère usité qu'à l'infinitif, aux troisièmes personnes de l'imparfait de l'indicatif, il bruyait, ils bruyaient, et au participe présent, bruyant. On entend bruire les vagues:—le vent bruyait dans la forêt.
BUREAU. Lieu où l'on expédie des affaires, où l'on travaille, où l'on délibère. Mais en parlant d'avocat, de notaire, il faut employer le terme étude, et dire, l'étude de tel avocat, l'étude de tel notaire.
Office pour signifier bureau est un barbarisme.
C ne se prononce pas à la fin des mots, estomac, broc, croc, accroc, marc, échecs, (jeu), tabac, jonc, lacs, (filets), arsenic, escroc, tronc, clerc, cric, porc, etc.
CALÈCHE est un carosse léger et découvert, dont le train porte sur quatre roues. Cabriolet est une voiture légère et suspendue, montée sur deux roues.
Calèche n'est donc pas synonyme de cabriolet; et c'est par conséquent une faute de l'employer comme tel.
D'un autre côté, l'on se sert souvent du mot cabriolet, pour désigner la petite charrette sans soupentes, dont l'usage est si commun: c'est encore, comme l'on voit, une faute à éviter.
CAMPAGNE. À la campagne exprime le séjour que l'on fait hors de la ville. Vivre à la campagne pour sa santé. En campagne signifie que l'on est en mouvement pour ces affaires, les troupes sont en campagne;—il s'est mis en campagne pour découvrir ce qu'il cherche.
CARRIOLE est une voiture à roues, et c'est abusivement que l'on applique ce terme à une de nos voitures d'hiver à patins. Traîneau est le mot propre. Traîneau signifie voiture sans roues pour faire des courses sur les neiges, sur les glaces.
Traîneau désigne aussi la voiture sans roues destinée au transport également sur les neiges, de faix, de charges, etc. Le mot traîne, pris dans ce dernier sens, est un barbarisme.
Traîneau est encore un assemblage de pièces de bois, pour traîner sur la terre des fardeaux lourds, des marchandises, etc.
Au mot traîneau quelques personnes substituent le terme anglo-américain sleigh. C'est une absurdité.
CARTOUCHE est féminin quand il signifie charge en rouleau d'une arme à feu: mais il est masculin lorsqu'il signifie ornement de sculpture, de peinture ou de gravure autour des inscriptions, des chiffres, des armoiries. le cartouche d'une carte géographique.
CENT au pluriel prend une s, deux cents chevaux: excepté lorsqu'il est suivi d'un autre adjectif de nombre: deux cent cinquante chevaux.
Quand il s'agit de la date, cent est toujours invariable; l'an mille huit cent.
CHARLES V, Empereur d'Allemagne, se prononce, et même s'écrit quelquefois, Charles-Quint.
CUEILLIR. Je cueille, tu cueilles, il cueille, nous cueillons, vous cueillez, ils cueillent; je cueillais, je cueillis, je cueillerai, je cueillerais, cueille, cueillons, que je cueille, que je cueillisse, cueillant, cueilli, cueillie.
Conjuguez de même recueillir, accueillir.
CH. Le ch dans plusieurs mots qui viennent du grec, ou de quelque langue orientale, se prononce comme k; tels sont: archéologie, archéologue, catéchumène, Chersonèse, Chalcédoine, chaldéen, chaos, chirographaire, chiragre, chirologie, chiromancie, Melchior, Melchisédech, Ochosius, Jéchonias, Achaïas, Archimélech, Ezéchias, Ezéchiel, exarchat, archiépiscopal, Michel-Ange, Achéloüs, archétype, etc.
Cette règle souffre quelques exceptions, comme, archevêque, archidiacre, archiprêtre, architecte, etc., dont le ch prend la prononciation française.
CHACUN, précédé d'un pluriel, prend après lui son, sa, ses, quand le régime direct est avant, ou que le verbe n'a pas de régime de cette nature: ils ont apporté leurs offrandes, chacun selon ses moyens;—ils se sont retirés, chacun dans sa chambre:—ils ont opiné, chacun à son tour.
Il prend leur, leurs lorsqu'il est suivi du régime direct: ils ont dit chacun leur avis: ils ont apporté chacun leurs offrandes.
Un chacun dit, un quelqu'un a pensé sont des locutions vicieuses: dites, chacun dit, quelqu'un a pensé.
CHAIR. Considéré comme aliment le mot chair se dit plus ordinairement des animaux terrestres et des oiseaux: chair de bœuf:—chair de mouton:—chair de perdrix: et c'est en ce sens que l'on dit, on ne mange point de chair en carême.
Chair se dit aussi quelquefois des poissons et des fruits: la chair du brochet:—la chair du melon. V. viande.
CHANTRE se dit pour le chant de l'église, et chanteur et chanteuse pour le chant profane. Cantatrice est une chanteuse de profession.
CHAQUE veut toujours un substantif après lui. Ainsi ne dites pas, ces livres me coutent quatre francs chaque: dites, quatre francs chacun.
CHOIR est usité seulement à l'infinitif. Un astrologue un jour se laissa choir.
CHOISIR. Ce verbe ne régit pas les substantifs quand ils sont sans article, ou sans préposition: on ne dit pas, il a été choisi président du comité, mais, il a été choisi pour président du comité.
CLORRE ou CLORE est usité à tous les temps composés, et de plus aux temps simples suivans; je clos, tu clos, il clôt, sans pluriel: je clorai, etc., je clorais, etc.: clos sans pluriel, clos, close.
Enclorre se conjugue de même.
CLUB, mot anglais, adopté depuis la révolution française, que l'on prononce klobe.
COLLECTIF. Il y a deux sortes de noms collectifs, le général qui représente une collection entière, et le partitif qui représente une collection partielle.
Tout verbe qui a pour sujet un collectif, s'accorde avec ce collectif, s'il est général: l'infinité des perfections de Dieu m'accable:—la totalité des enfans sacrifie l'avenir au présent; et avec le substantif qui suit le collectif, si celui-ci est partitif: une multitude d'hommes l'environnaient;—une troupe de barbares désolèrent le pays.
On distingue le collectif partitif au mot, un, une, dont il est presque toujours précédé, une quantité, une foule.
Remarque. Avec la plupart, employé absolument, le verbe se met toujours au pluriel. Le sénat fut partagé; la plupart voulaient que, etc.
COLORER une estampe est une faute. Dites colorier une estampe. Colorer c'est donner la couleur; ainsi le saffran colore l'eau. Colorier c'est appliquer les couleurs: une estampe coloriée.
COMMANDER. On emploie souvent, mais improprement, le mot recommander au lieu de commander, pour signifier la charge que l'on donne de faire quelque chose. Ainsi l'on dit, j'ai recommandé un habit,—une paire de souliers, au lieu de, j'ai commandé un habit,—une paire de soulliers.
COMME. Lorsque deux sujets sont unis par comme, ainsi que, le verbe s'accorde avec le premier sujet: l'enfer comme le ciel prouve un Dieu juste et bon:—la vertu ainsi que le savoir a son prix.
Comme ne doit pas remplacer que pour unir les deux termes d'une comparaison. Ne dites pas: César était aussi éloquent comme brave: dites, aussi éloquent que brave:—il est aussi grand comme moi: dites, que moi.
COMMENCER. Commencer à, désigne une action qui aura du progrès, de l'accroissement: cet enfant commence à parler. Commencer de, exprime une action complète, qui aura de la durée: il commença de parler à deux heures, et ne finit qu'à six.
COMPLU est toujours invariable, n'ayant pas de régime direct. Elle s'est complu dans ses enfans.
COMPRIS. Le participe compris, employé sans auxiliaire, est invariable, quand il précède le mot auquel il se rapporte: y compris cette somme; mais lorsqu'il le suit, il doit s'accorder avec lui: cette somme y comprise.
CONCORDANCE des temps de l'indicatif entre eux dans certains cas.
Lorsque deux verbes sont unis par la conjonction que, l'on met le second verbe au présent de l'indicatif, si ce second verbe exprime une vérité constante, ou une action qui se fait ou peut se faire dans tous les temps. J'ai toujours cru qu'il existait un Dieu rénumérateur et vengeur. Il faut dire... qu'il existe. J'ai toujours cru que quatre et cinq fesaient neuf. Il faut dire, font neuf. Je vous ai dit qu'il n'y avait rien de stable dans ce monde. Dites, qu'il n'y a rien de stable.
On se servira également du présent, s'il s'agit de quelque chose qui existe au moment que l'on parle, et l'on dira: je savais bien que vous êtes marié;—nous avons su que vous avez acheté une métairie:—on m'a rapporté que notre mère a été quelque temps malade; et non pas: je savais bien que vous étiez marié;—nous avons su que vous aviez acheté une métairie:—on m'a rapporté que votre mère avait été quelque temps malade. Au lieu du futur on se sert abusivement du conditionnel présent: on nous a dit que vous consentiriez à cette démarche:—votre frère m'a assuré que vous iriez à la campagne au printemps prochain;—le bruit a couru que je quitterais ce pays incessamment: il faut dire que vous consentirez; que vous irez: que je quitterai, attendu qu'il s'agit ici seulement d'exprimer que les actions de consentir, d'aller, de quitter, s'exécuteront dans un temps où l'on n'est pas encore.
Le conditionnel passé ne doit pas s'employer pour le conditionnel simple ou présent: j'aurais parié que vous m'auriez répondu: dites, que vous me répondriez.
CONCORDANCE des temps du subjonctif avec ceux de l'indicatif et du conditionnel.
Quand le verbe de la proposition principale est à l'imparfait, aux prétérits, au plus-que-parfait, ou à l'un des conditionnels, l'on met le second verbe à l'imparfait du subjonctif. Par conséquent au lieu des phrases sottement ridicules; il désirait que je chante;—je voudrais qu'il sorte;—le médecin a ordonné que vous preniez un bain; il faut dire: il désirait que je chantasse:—je voudrais qu'il sortit:—le médecin a ordonné que vous prissiez un bain.
Cependant avec le prétérit indéfini l'on peut mettre le second verbe au présent du subjonctif, quand il exprime une action qui se fait dans tous les temps. Dieu nous a créés pour que nous l'aimions.
CONFIRE. Je confis, tu confis, il confit, nous confisons, vous confisez, ils confisent; je confisais, je confis, je confirai, je confirais, confis, confisons, confisez, que je confisse, point d'imparf. du subj. confisant, confit, confite.
CONNEXITÉ dénote un simple rapport qui est dans la nature des choses: connexion énonce une liaison établie entre les choses.
CONSOMMER, CONSUMER. Consommer se dit de tout ce qui est susceptible d'être accompli ou perfectionné: un homme consommé dans les sciences: et consumer du tout ce qui ont susceptible d'être dévoré ou anéanti: il a consumé son temps et son argent.
CONSONNES. D'après l'ancienne appellation les consonnes, b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z, se prononcent, bé, cé, dé, effe, gé, ache, ji, ka, elle, emme, enne, pé, qu, erre, esse, té, vé, ixe, zède.
D'après la nouvelle appellation, elles se prononcent, be, ce, de, fe, ghe, he, je, ke, le, me, ne, pe, que, re, se, te, ve, xe, ze.
Cette nouvelle méthode fut proposée, par MM. du Port-Royal, et quoiqu'elle ait de grands avantages sur l'ancienne, elle resta long temps dans l'oubli, par cela seul quelle était contraire à la pratique générale. Mais enfin, dit Duvivier, l'empire du préjugé commence à s'affaiblir, et dans peu elle sera selon toute probabilité, la seule en usage.
Suivant cette nouvelle appellation, toutes les lettres de l'alphabet sont masculines; suivant l'ancienne, il y en a qui sont féminines et d'autres qui sont masculines. Les féminines, sont f, h, l, m, n, r, s: les masculines, a, b, c, d, e, g, i, j, k, o, p, q, t, u, v, x, y, z.
CONSTABLE. On sait que les devoirs de l'Officier de Paix en France, sont analogues à ceux du constable en Angleterre. Il est donc évident que l'on doit rejetter le mot anglais constable, puisque nous avons en français son équivalent.
Quant au mot français connetable, c'est une grave faute que de l'employer dans le sens d'Officer de Paix.
CONTINUATION est pour la durée: continuité pour l'étendue.
CONTINUER À se dit d'une chose que l'on fait sans interruption: continuez à bien vivre: continuer de d'une chose où il y à interruption: continuez de vous former le style.
CONTRAINDRE prend à ou de devant l'infinitif: c'est l'oreille et le goût qui en décident: contraindre quelqu'un à travailler, ou de travailler.
Il en est ainsi des verbes demander, s'empresser, et forcer.
COPIE n'est pas synonyme d'exemplaire, et c'est une faute de dire, j'ai acheté quelques copies de tel ouvrage: dites, quelques exemplaires.
COUDRE. Je couds, tu couds, il coud, nous cousons, vous cousez, ils cousent, je cousais, je cousis, je coudrai, je coudrais, couds, cousons, cousez, que je couse, que je cousisse, cousant, cousu, cousue.
COULEUR et COLORIS, en parlant d'un tableau, ont des significations bien différentes. Couleur est l'impression que fait sur l'œil la lumière réfléchie par chaque partie du tableau. Coloris est l'effet qui résulte de l'ensemble, et de l'assortiment des couleurs.
COULEUR est toujours féminin, excepté dans les mots composés, couleur de feu, couleur de rose, etc. Ainsi l'on dit; le couleur de feu est ma couleur favorite: cette étoffe est d'un couleur de rose charmant. On dit adjectivement, un ruban couleur de feu.
Un habit de couleur, une robe de couleur, sont un habit et une robe de toute autre couleur que le blanc et le noir.
COUPLE est féminin quand il désigne deux choses qui ne vont pas ensemble nécessairement: une couple de serviteurs,—de poulets,—d'œufs. Ils est masculin quand il désigne deux personnes unies par le mariage, ou qu'il se dit d'un mâle ou d'une femelle qu'on a appareillés ensemble: un couple d'époux,—un couple de pigeons.
COURIR prend deux r au futur simple, je courrai et au présent du conditionnel je courrais.
Il en est ainsi des verbes concourir, discourir, encourir, parcourir, secourir, mourir, accourir.
COUVERCLE est ce qui ferme en couvrant: ainsi on dit, couvercle d'un chaudron,—d'un pot,—d'une écuelle,—d'une soupière, etc. On doit se garder d'employer dans ce sens le mot couvert qui a une toute autre signification.
CRAINTE, PLAINTE. Autrefois l'on rejetait les participes féminins crainte et plainte; aujourd'hui on les emploie, et l'on dit: la chose que j'ai crainte,—la personne que j'ai plainte.
CRAINTE DE précède toujours un substantif: dites, crainte de pis, et non pas de crainte de pis. De crainte de se met devant un infinitif: dites, de crainte de tomber, et non pas, crainte de tomber.
CROIRE quelque chose, c'est l'estimer véritable; je crois la religion. Croire à quelque chose, c'est s'y fier, y avoir confiance: je crois à son innocence. Croire quelqu'un, c'est ajouter foi à ce qu'il dit: c'est un menteur, on ne le croit plus. Croire à quelqu'un, c'est croire à son existence: il croit aux revenans. On dit aussi dans ce sens, croire à la magie.
CULOTTE, vêtement d'homme de la ceinture aux genoux. On ne doit pas confondre culotte avec pantalon qui est un vêtement de la ceinture aux pieds.
D final sonne dans les noms propres David, Obed, Joad, etc.: et dans Sud (le midi).
En général le d final se fait sentir devant une voyelle, ou une h non aspirée. Cette règle néanmoins souffre beaucoup d'exceptions, surtout dans la conversation: ainsi dans ces phrases, chaud accablant,—bord escarpé,—froid épouvantable, le d est nul en prononciation.
On doit à cet égard consulter l'oreille, interroger l'usage.
DAME est un titre d'honneur qui s'étend aujourd'hui à toutes les femmes d'une condition un peu honnête. Mais c'est une erreur grossière de l'employer comme synonyme de femme mariée. Ainsi ne dites pas, la dame de Monsieur un tel; ni, votre dame; dites; la femme de Monsieur un tel: votre femme. Cette dernière locution, quoique correcte, doit être évitée néanmoins dans la bonne société: au lieu donc de dire, votre femme, dites Madame, en y ajoutant le nom du mari.
Une dame ne dit, mon mari, que dans l'intimité; en toute autre circonstance elle le nomme par son nom en l'appelant Monsieur. Mais il n'en est pas ainsi du mari; il serait ridicule qu'il dit en société, mon épouse ou Madame n: il doit dire tout simplement, ma femme.
Madame votre femme, Madame votre épouse sont des expressions de mauvais ton; moins ridicules néanmoins que, Monsieur mon père: Madame ma mère.
Une dame ne doit pas dire, quand j'étais fille, mais, quand j'étais demoiselle.
DANS, EN. Dans a un sens précis et déterminé: il est dans la ville: en a un sens vague et indéterminé: il est en ville. Dans marque le temps où l'on exécute les choses; il viendra dans un mois: et en, celui qu'on emploie à les exécuter: il a fait le voyage en un mois.
DE entre deux noms. Si le second nom ne sert qu'à spécifier la nature du premier nom, et par conséquent s'il n'est employé que dans un sens indéfini, dans un sens général, qui ne présente à l'esprit qu'une idée vague et confuse, l'idée de pluralité disparaît, et le second nom se met au singulier: des queues de cheval;—de l'huile d'olive;—des gens de plume.
Mais le second nom se place au pluriel, s'il désigne une chose qui se compte; une mesure de haricots;—un bouquet de roses,—un marchand de plumes (à écrire).
DÉCHOIR. Je déchois, tu déchois, il déchoit, nous déchoyons, vous déchoyez, ils déchoient, point d'imparfait, je déchus, je décherrai, je décherrais, déchois, déchoyons, déchoyez, que je déchoie, que tu déchoies, qu'il déchoie, que nous déchoyions, que vous déchoyiez, qu'ils déchoient, que je déchusse, point de participe présent, déchu, déchue.
DEDANS ne veut point de régime: dites, dans la ville, et non, dedans la ville; à moins que dedans ne soit précédé d'une préposition; par dedans la ville; ou employé en opposition avec un des adverbes dehors, dessus, dissous: il y à des animaux dedans et dessus la terre.
DE FACON QUE. De façon que, de manière que, de sorte que, demandent le subjonctif, quand l'idée tient du doute, de l'avenir: conduisez-vous de manière que vous méritiez l'estime des gens de bien: et l'indicatif lorsqu'elle est positive, et qu'elle a rapport au présent, ou passé: il s'est conduit de façon qu'il a mérité l'estime des gens de bien.
DEHORS ne veut point de régime: dites, hors de la ville; à moins que dehors ne soit précédé d'une préposition: passer par dehors la ville; ou employé en opposition avec un des adverbes dedans, dessus, dessous: j'en voyais et dedans et dehors nos murailles.
DÉJEUNER, DÎNER, SOUPER. Ces trois verbes veulent la préposition avec devant un nom de personne: et la préposition de devant le nom de la chose que l'on mange, j'ai déjeûné—dîné—soupé avec mon ami: j'ai déjeûné de café: j'ai dîné d'un bon pâté.
On dit, de quoi avez-vous déjeûné—dîné—soupé? et non pas, avec quoi avez-vous déjeûné? etc.
DÉLICE au singulier est masculin; au pluriel féminin: mon plus grand délice,—mes plus chères délices.
DÉLIVRER dans le sens de livrer ne peut avoir deux régimes de personnes. Ainsi on dit bien, délivrer des marchandises à quelqu'un: mais on ne doit pas dire, délivrer un prisonnier à quelqu'un.
DEMAIN. On dit, demain matin, demain soir de préférence à demain au matin, demain au soir.
DEMEURER prend avoir pour exprimer que le sujet n'est plus au lieu, dans l'état dont il est question: il a demeuré six mois en Italie:—il a demeuré longtemps captif.
Il prend être pour marquer que le sujet n'a pas changé de lieu, d'état: deux cens hommes sont demeurés sur le champ de bataille:—il a reçu une blessure, et est demeuré infirme.
DEMI reste invariable quand il précède le substantif: une demi-heure: une demi-verge: et s'accorde en genre seulement lorsqu'il suit le substantif: deux heures et demie.
DÉPLU. Le participe déplu est toujours invariable: ces Messieurs se sont déplu à la campagne:—ces Dames se sont déplu.
DE QUI, DONT, DUQUEL. De qui ne se dit que des personnes, ou des choses personnifiées. Dont et duquel se disent des personnes et des choses; mais en général dont est préférable: un arbre dont le fruit est excellent, et non pas, un arbre duquel, etc. Cependant duquel doit être préféré à dont;
1º pour éviter une équivoque; la bonté du Seigneur de laquelle nous ressentons les effets.
2º lorsque le mot auquel se rapporte ce pronom relatif est suivi d'une préposition: l'homme à la réputation duquel vous voulez nuire; et non pas, l'homme à la réputation dont, etc.
DÉSESPÉRER QUE, étant accompagné d'une négation, veut ne devant le verbe qui suit: je ne désespère pas qu'il ne vienne.
DÉSHONNÊTE, MALHONNÊTE. Il ne faut pas confondre ces deux mots. Le premier est contraire à la pureté: le second à la civilité, à la droiture.
DESSUS, DESSOUS ne veulent pas de régime: ne dites donc pas, dessus la table, dessous le lit: dites sur la table, sous le lit: à moins que ces adverbes ne soient précédés d'une préposition: par dessus les murs, par dessous la jambe: ou employés en opposition: il y a des livres dessus et dessous la table.
DIRE. De tous les composés de dire, il n'y a que le verbe redire qui se conjugue absolument comme dire: redire fait donc au présent de l'indicatif, vous redites, et à l'impératif redites.
À l'égard des verbes dédire, contredire, interdire, médire, prédire, on dit au présent de l'indicatif, vous dédisez, vous contredisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez, et à l'impératif, dédisez, contredisez, interdisez, médisez, prédisez.
DISCONVENIR. Lorsque disconvenir est accompagné d'une négation, il veut ne devant le verbe suivant; je ne disconviens pas qu'il ne soit habile.
DISPUTER. Lorsque disputer signifie, prétendre concurremment à, il prend le pronom personnel, et alors il est suivi d'un régime direct: on se dispute la prééminence,—un rang,—un héritage. Employé dans un sens absolu, signifiant avoir contestation, il ne prend pas ce pronom: ainsi ne dites pas, vous avez tort de vous disputer,—ils se se sont longtemps disputés: dites, vous avez tort de disputer: ils ont longtemps disputé.
DISTINGUER DE se dit des choses analogues; distinguer la bienfaisance de la charité; distinguer d'avec, se dit d'objets différens: distinguer l'or d'avec l'argent.
DONC se prononce donk devant une voyelle, et au commencement d'une phrase, ou d'un membre de phrase; et aussi quand la phrase indique l'indignation, la colère, etc.
DOUTER accompagné d'une négative veut ne devant le verbe suivant: je ne doute pas que vous ne réussissiez. Le participe passé de se douter s'accorde toujours avec le second pronom; il se sont doutés de cela.
DRESSER. Dites, les cheveux me dressent à la tête, et non sur la tête.
DROIT. On dit, Mademoiselle marchez droit, et Mademoiselle marchez droite. Le premier veut dire, marchez en ligne droite: droit est un adverbe, et se rapporte au verbe marchez: le second signifie tenez-vous droite en marchant.
DU, DE LA, DES sont employés devant les substantifs communs, pris dans un sens partitif; c.-à-d., pour désigner une partie, une portion des personnes ou des choses dont on parle: il a du papier; c.-à-d., quelque papier:—vous avez de l'encre; c.-à-d., quelque encre:—nous avons acheté des plumes; c.-à-d., quelques plumes: excepté quand le substantif dans un sens partitif, est précédé d'un adjectif; alors on emploie simplement de; il a de bon papier:—vous avez de bonne encre:—nous avons acheté d'excellentes plumes.
On ne doit donc pas dire; j'ai mangé de la bonne viande:—j'ai bu du bon vin:—voilà du beau papier: dites, j'ai mangé de bonne viande:—j'ai bu de bon vin:—voilà de bon papier.
DU GUESCLIN. On ne fait point sonner l's de ce nom d'homme.
DURANT. Cette préposition se met quelquefois après son régime; sa vie durant.
Durant exprime une durée continue; pendant marque un moment, une époque.
Durant que, n'est plus usité.
ÉCHOIR, n'est guère d'usage au présent de l'indicatif qu'à la troisième personne du singulier, il échoit, qu'on prononce et qu'on écrit quelquefois il échet: point d'imparfait de l'indicatif, j'échus, j'écherrai, j'écherrais, point d'impératif, qu'il échée, qu'ils échéent, que j'échusse, échéant, échu, échue.
Échoir construit avec les adverbes bien et mal, se dit des personnes; vous ne sauriez que bien échoir;—je suis mal échu.
Noël veut qu'aux temps composés échoir prenne avoir et être. Duvivier prétend au contraire que le participe du verbe échoir se construit avec le seul auxiliaire être.
ÉCLAIRER. Lorsqu'on donne ordre de porter une lumière à quelqu'un qui passe par un endroit obscur, il faut dire, éclairez à Monsieur, et non pas, éclairez Monsieur.
ÉCLORE, il éclôt, ils éclosent, il éclora, ils écloront, il éclorait, ils écloraient, qu'il éclose, qu'ils éclosent, éclos, éclose. Il n'est usité qu'aux temps et aux personnes ci-dessus, et de plus à la troisième personne du singulier et du pluriel des temps composés.
EFFORCER À. (s') S'efforcer à, a rapport aux forces physiques; s'efforcer à courir:—s'efforcer à porter un fardeau. S'efforcer de, a rapport aux facultés intellectuelles: s'efforcer d'être plaisant:—s'efforcer de paraître calme.
ELLE, EUX, ELLES, précédés d'une préposition, ainsi que les prénoms, lui, leur, ne se disent que des personnes, ou des choses personnifiées: il ne faut donc pas dire, cette maison menace ruine, n'approchez pas d'elle:—ce cheval est méchant, ne lui touchez pas. Dans ces cas on se sert des pronoms en et y; n'en approchez pas;—n'y touchez pas: ou bien on donne une autre tournure à la phrase si les pronoms en et y ne peuvent y entrer.
Placés après le verbe être les pronoms lui, elle, eux, elles ne se disent que des personnes: est-ce Monsieur votre père?—c'est lui;—est-ce votre sœur qui a écrit?—c'est elle;—sont-ce là vos cousins?—ce sont eux.
Mais aux questions suivantes, où il s'agit de choses et non de personnes: est-ce là votre chapeau?—est-ce là votre épée?—sont-ce là vos livres?—sont-ce là vos plumes?—il ne faut pas répondre, oui, c'est lui,—c'est elle,—ce sont eux,—ce sont elles: il faut répondre ce l'est aux deux premières questions, et ce les sont aux deux dernières.
EMPIERRER et EMPIERREMENT. (Dict. de Boiste) Empierrer c'est mettre un lit de pierres sous l'aire du gravier pour le consolider. Empierrement signifie le lit de pierres, ou l'action de les poser. V. ferrer.
EMPÊCHER QUE, veut toujours ne devant le verbe suivant: j'empêcherai qu'il ne vienne.
EN. Lorsqu'il est question de choses, on se sert du pronom relatif en, au lieu du pronom possessif, ainsi il faut dire; ce livre me plaît, la reliure en est belle, et non pas, sa reliure est belle:—cette statue est belle, mais la tête en est trop petit, et non pas sa tête est trop petite.
Au jeu de cartes on dit, jouer en pique—en cœur, etc., et non pas, du pique,—du cœur. V. son, sa.
ENGAGER prend à ou de devant l'infinitif: il s'engagea à payer, ou de payer.
ENNOBLIR (prononcer an-noblir,) c'est donner de l'éclat, du lustre: les beaux arts ennoblissent une langue.
Anoblir c'est donner des lettres de noblesse: la Reine Victoire l'a anobli.
ENNUYANT marque l'action, et ennuyeux l'état. Un homme ennuyant ennuie actuellement par ses discours, ou de quelqu'autre manière: un homme ennuyeux est celui qui par sa simplicité, par l'habitude de bavarder, etc., a tout ce qu'il faut pour ennuyer. Ennuyeux se dit des personnes et des choses: ennuyant des personnes seulement.
ENTRE. L'e final d'entre s'élide seulement dans les verbes réfléchis, dont le simple commence par une voyelle: s'entr'aider, s'entr'ouvrir: et de plus dans entr'acte, entr'autres, et quelquefois devant eux, elles: c'est à volonté: entr'eux, entr'elles, ou entre eux, entre elles.
ENTRE-NUIRE. (s') Le participe passé de s'entre-nuire est toujours invariable: ils se sont entre-nui.
ENVIRON ne doit pas être suivi de la conjonction ou: ne dites pas; une somme d'environ quatre ou cinq cens livres sterling: dites; une somme de quatre ou cinq cens livres sterling: ou bien, d'environ quatre à cinq cens livres sterling. La raison en est qu'environ et ou expriment chacun quelque chose de vague: leur réunion forme un pléonasme vicieux.
Environ ne doit pas être suivi de de: dites, il était environ deux heures, et non, environ de deux heures.
ESPÉRER QUE portant à l'esprit une idée de futur, ne doit pas être suivi d'un verbe au présent ou au passé: j'espère que vous vous portez bien:—j'espère que vous avez réussi. Dites: je me flatte que vous vous portez bien;—je pense que vous avez réussi.
C'est une faute grossière de dire; espérez un moment, pour attendez un moment.
ESSAYER prend à ou de devant l'infinitif qui suit: essayer à ou de combattre: c'est le goût qui en décide.
ET. La conjonction et donne lieu à plusieurs remarques.
1º. Elle ne doit pas unir les mots synonymes; ainsi ne dites pas, une douceur et une aménité admirable;—il est érudit et savant; dites, une douceur, une aménité admirable:—il est érudit, savant.
2º. Elle ne doit pas non plus unir deux membres de phrases commençant chacun par une des conjonctions, plus, moins, autant. Dire, plus on étudie, et plus on aime l'étude, serait une faute: dites: plus en étudie, plus on aime l'étude.
3º. Elle ne peut unir que des mots de même nature, c.-à-d., un substantif à un substantif, un verbe à un verbe, etc.: d'où il suit que l'on ne doit pas dire, il aime le jeu et à étudier, mais, il aime le jeu et l'étude.
ET CÆTERA. Quand il est question de choses, l'on dit, et cætera; quand il s'agit de personnes, il faut dire, et autres, ou, et d'autres, ou, et les autres.
ÊTRE. Le verbe être précédé de ce se met au pluriel, lorsqu'il est suivi de la troisième personne du pluriel: ce sont les Romains;—ce sont eux;—c'étaient nos amis;—ce seront nos ennemis, qui..
Mais on dirait avec le verbe être au singulier, c'est le travail et l'application;—c'est nous;—c'est vous;—c'était nous;—ce sera vous; aucun de ces mots ne formant la troisième personne du pluriel.
Remarque. Quelques auteurs emploient le singulier, quoique le verbe soit suivi de la troisième personne du pluriel. Racine dit, ce n'est pas les Troyens: l'Académie écrit, est-ce les Anglais?
Le temps du verbe être précédé de ce est déterminé par le verbe suivant: ainsi il faut dire: ce sera nous qui répondrons; et non pas, c'est nous qui répondrons;—ce fut Cicéron qui sauva la république; et non pas, c'est Cicéron qui sauva la république.
Lorsque le verbe être précédé de ce, est suivi d'une préposition, comme dans, c'est à vous; c'était de nous; ce sera pour mes enfans; on fait usage de la conjonction que: c'est à vous que je m'adresse;—c'était de nous que vous parliez;—ce sera pour mes enfans que je travaillerai. Si au lieu de cette conjonction, on employait à qui, dans la première phrase; dont ou de qui dans la seconde; et pour qui dans la troisième; l'on violerait les règles de la grammaire, en ce que l'on donnerait deux régimes indirects aux verbes, je m'adresse, vous parliez, je travaillerai, tandis qu'ils n'en doivent avoir qu'un. On dit de même, c'est ici que je demeure;—c'est là que je vais: et non pas, c'est ici où je demeure;—c'est là où je vais. Dans ces phrases, ce ne sont pas, il est vrai, deux régimes indirects qui marquent le même rapport, mais deux adverbes qui expriment la même circonstance, et dont un seul suffit.
Après le verbe être précédé de ce, l'on met à et de devant l'infinitif: c'est à moi à,—c'est à vous à,—c'est à lui à, éveille une idée de tour: c'est à moi de,—c'est à vous de,—c'est à lui de, exprime une idée de droit ou de devoir. Ainsi l'on dira, c'est à moi à jouer, c.-à-d., c'est mon tour de jouer: c'est à moi de commander, c.-à-d., c'est mon droit, c'est mon devoir de commander.
On dit souvent il a été pour il est allé, et vice-versa. La règle à suivre en cela est que toutes les fois que l'on suppose le retour du lieu, il faut dire, il a été, j'ai été: et lorsqu'il n'y a pas de retour, il est allé. Ainsi, Pierre est allé au sermon, signifie que Pierre n'est pas de retour du sermon: Pierre a été au sermon, veut dire que Pierre est de retour du sermon. Les locutions, je suis allé le voir;—je suis allé le visiter, sont vicieuses; il faut dans l'une et l'autre phrase dire, j'ai été.
Il est essentiel de remarquer que ce n'est que dans les temps composés, qu'on emploie le verbe être pour le verbe aller; il est allé à la messe,—il a été à la messe: ne dites, pas: il fut à la messe,—il fut jusqu'à Rome: mais, il alla à la messe,—il alla jusqu'à Rome.
EUPHONIE; terme de grammaire qui signifie prononciation agréable. L'euphonie fait changer quelquefois un mot, comme quand on dit mon amitié pour ma amitié; et quelquefois ajouter certaines consonnes, comme dans ces locutions, va-t-en;—vas-y;—si l'on vous demande: où les lettres t, s, l, font éviter le son désagréable qui résulte de la rencontre de deux voyelles.
ÉVANGILE est masculin. Ne dites pas, la dernière évangile,—à la dernière évangile, mais, le dernier évangile,—au dernier évangile.
ÉVEILLER, RÉVEILLER. Éveiller se dit d'une cessation de sommeil douce, ordinaire et naturelle. Réveiller suppose quelque chose d'irrégulier et de subit.
ÉVITER ne signifie jamais épargner: ne dites pas, je vous éviterai cette peine;—évitez moi ce désagrément: dites, je vous épargnerai cette peine;—épargnez moi ce désagrément.
EXCEPTÉ s'accorde lorsqu'il suit le substantif; vos frères exceptés, et reste invariable quand il le précède, excepté vos frères.
EXCLURE. Participe passé exclu, exclue: ou, exclus, excluse. Ce dernier est peu usité.
EXCUSE. Demander excuse signifie exiger des excuses: on ne peut donc pas dire à quelqu'un qu'on a offensé, je vous demande excuse; il faut dire, je vous fais excuse.
EXEMPLE est féminin quand il signifie modèle de dessin, d'écriture, etc., que l'on copie: il est masculin dans ses autres acceptions.
C'est une faute grave de dire, imitez l'exemple de vos ancêtres, dites, suivez l'exemple de vos ancêtres.
EXHIBITION est un terme de pratique qui signifie, représentation juridique de papiers. Gardez-vous donc d'employer ce mot en parlant de bestiaux, de grains, et en général des produits de l'industrie, d'objets d'art, offerts à la vue du public en certaines occasions. Exposition est le terme propre. Ainsi dites, exposition de tableaux, de bestiaux etc.; et s'il y a concurrence pour des prix, employez le mot concours.
Ces observations s'appliquent également au verbe exhiber.
EXPIRER se conjuge avec être quand il se dit des choses; la trève est expirée; et avec avoir lorsqu'il se dit des personnes, il a expiré entre mes bras.
F. L'f finale ne se fait pas sentir dans les mots suivans: clef, clefs, œuf frais, œuf dur, œuf pourri, bœuf gras, bœuf salé, cerf, cerfs: elle ne se fait pas sentir non plus dans les mots au pluriel, nerfs, bœufs, œufs; mais on l'a fait entendre dans ces expressions, du bœuf, un œuf, un nerf, dans nerf de bœuf, l'on prononce seulement l'f du mot bœuf; dans le mot neuf l'f se fait sentir au singulier, et elle est muette au pluriel: habit neuffe, habits neu.
FACE. La locution en face prend après elle la préposition de; en face du temple. Cependant dans le style familier on peut omettre cette préposition; il demeure en face le marché. Cette régle s'applique à près, et à vis-à-vis.
FAILLIR est usité principalement à l'infinitif; au passé défini, je faillis; et aux temps composés, j'ai failli, j'avais failli. Le participe présent faillant s'emploie rarement.
On dit j'ai failli tomber ou de tomber ou à tomber; c'est l'oreille qui décide. C'est encore l'oreille qui prescrit le choix des prépositions à ou de devant l'infinitif, qui suit les verbes contraindre, demander, s'empresser, s'engager, finir, forcer, et souffrir.
FALLOIR. Il s'en faut, accompagné d'une négation, ou de quelque mot qui ait un sens négatif, tels que, peu, guère, presque, rien, etc., veut la négation devant le verbe suivant: il ne s'en faut pas beaucoup qu'il ne soit ruiné:—il s'en fallait peu qu'il n'eût achevé. Mais on dirait, il s'en faut qu'on y meure de faim, le verbe il s'en faut, n'étant accompagné d'aucune préposition négative.
FERRER un chemin, c'est le garnir de pierraille, d'après le système de McAdam. V. empierrer.
FEU. L'adjectif feu ne s'accorde en genre que quand il précède immédiatement le substantif: la feue reine,—notre feue mère: mais on dit sans accord; feu la reine;—feu notre mère, l'adjectif feu étant séparé de son substantif par les mots la, notre.
FEVE et HARICOT. Malgré beaucoup de ressemblance la fêve et le haricot sont des légumes bien différens, et jamais les naturalistes ne les confondent. Linnée nomme la fêve faba, et le haricot phaseolus. Nous possédons en abondance la féve et le haricot: mais il est à regretter que nous les désignions presque toujours par le seul mot féve: à peine même le terme haricot nous est-il connu.
FINIR prend à et de devant l'infinitif: il ne finit pas de parler; ou, il ne finit pas à parler. C'est l'oreille qui en décide.
FIXER ne saurait s'employer pour regarder: ne dites pas, on ne peut fixer le soleil, sans en être ébloui: dites, on ne peut regarder etc.
FLEURIR employé au figuré, c.-à-d., en parlant des arts, des sciences, d'un empire, fait au participe florissant et à l'imparfait florissait; alors les sciences florissant en Égypte:—l'empire romain fleurissait sous Tite.
FORTUNÉ n'a jamais le sens de riche. Ne dites pas un homme fortuné: dites un homme qui a de la fortune.
FOUDRE employé au propre est féminin: être frappé de la foudre: employé au figuré il est masculin: quand le sublime rient à éclater, il renverse tout comme un foudre: à moins qu'il ne soit accompagné d'une épithète; alors il est des deux genres; la foudre vengeur, OU, la foudre vengeresse.
FUNERAIRE n'est guère usité qu'en cette phrase: frais funéraires.
FUR. On dit également bien au fur et à mesure, ou, à fur et à mesure.
G, est nul dans Clugny, Regnaud et Regnard, (poëte): dites Cluny, Reno, Renar. Gessner (poëte) se prononce Guesse-nère.
GABARI est un terme de marine, et signifie modèle de construction de vaisseau, et contour vertical de la carène. Toute autre acception est étrangère à ce mot.
GARDE. Si garde en composition se dit d'une personne, il a alors le sens de gardien, substantif qui doit prendre l's au pluriel; des gardes-champêtres, des gardes-marines, des gardes-magasins. Mais si garde se dit d'une chose, ou se rapporte à une chose, alors il est verbe, et par conséquent invariable: des garde-vue, des garde-manger, des garde-robes.
Garde est masculin quand il désigne un ou plusieurs individus tirés de la totalité, comme un garde national, des gardes nationaux. Mais il est féminin quand il désigne tout le corps, comme la garde nationale.
GENS veut au féminin tous les correspondans qui le précèdent, et au masculin tous ceux qui le suivent: les vieilles gens sont soupconneux.
Cependant au lieu de toutes on emploie tous.
1º. quand cet adjectif est le seul qui précède le substantif gens: tous les gens d'esprit:—tous les gens qui pensent bien.
2º. quand gens est précédé d'un adjectif qui n'a qu'une seule et même terminaison pour les deux genres, comme aimable, brave, honnête etc.; tous les honnêtes gens,—tous les habiles gens.
GÉSIR n'est plus en usage que dans il git, nous gisons, ils gisent, il gisait, ils gisaient.
Ci-git et ci-gisent sont des formules d'épitaphe.
Quoique seule entre deux voyelles dans nous gisons, ils gisent etc. s conserve le son qui lui est propre, et l'on prononce nous gissons, ils gissent etc.
GRANDE. L'e de l'adjectif grande s'élide toujours dans grand'mère, grand'tante; et fort souvent dans grand'chambre, grand'chère, grand'croix, grand'messe, grand'peine, grand'peur, grand'rue, grand'pitié, grand'salle: cependant l'élision cesse d'avoir lieu quand l'adjectif grande est précédé de l'article, ou d'un adjectif déterminatif, comme, une, ma, ta, sa, cette, etc.; la plus grande peine,—une grande chambre;—cette grande messe a été bien chantée.
HAÏR prend deux points sur l'ï dans toute la conjugaison, excepté aux trois personnes du singulier du présent de l'indicatif: je hais, tu hais, il hait, et à l'impératif, hais.
HENRI. On aspire l'h de ce mot dans le discours soutenu, mais on ne l'aspire jamais dans la conversation.
L'h de Henriette ne s'aspire dans aucun cas.
HIER. L'usage veut qu'on dise, hier matin, et non, hier au matin: hier au soir, et non, hier soir. V. demain.
HIVERNEMENT n'est pas français, mais hivernage l'est, et signifie le temps qu'un navire passe en relâche pendant l'hiver.
HIVERNER pour signifier, passer l'hiver en quelque lieu, n'est employé qu'en parlant de troupes. On ne peut donc pas dire, j'ai hiverné à trois-Rivières;—à Québec.
HOLLANDE. L'h de ce mot est toujours aspiré, excepté dans les locutions, toile d'Hollande;—fromage d'Hollande.
HYMNE est toujours masculin, excepté quand il signifie chant d'Église.
IMAGINER. On emploie souvent imaginer pour s'imaginer. Le premier signifie inventer, ou se former dans l'esprit l'idée de quelque chose: le second se persuader quelque chose sans fondement: il imagine avoir raison; dites, il s'imagine avoir raison.
Immaginer sans pronom personnel ne peut jamais être suivi immédiatement d'un que, ni d'un infinitif. On dit bien, on ne peut rien imaginer de plus intéressant;—j'imagine une chose, un moyen de.. Mais on ne doit pas dire, j'imagine que cela est:—il imagine être un grand homme: il faut dire: je m'imagine que cela est;—il s'imagine être un grand homme.
IMPARDONNABLE ne se dit que des choses, et non des personnes: faute impardonnable. En parlant des personnes, on dit, inexcusable: homme inexcusable.
La même observation s'applique au mot pardonnable.
IMPATIENTER. (s') L'usage refuse au verbe s'impatienter un infinitif pour régime. Ainsi ne dites pas, ils s'impatientèrent d'attendre.
IMPERATIF. La seconde personne singulière de l'impératif, excepté pour les quatre verbes irréguliers, aller, avoir, être et savoir, est toujours semblable à la première du présent de l'indicatif. Ainsi l'on dira, travaille, cueille, et non pas, travailles, cueilles, à moins pourtant que la seconde personne de l'impératif terminée par un e muet, ne soit suivie d'un y, ou du pronom en: elle prend alors une s, pour la douceur de la prononciation; travailles-y,—donnes-en.
L'impératif va, suivi d'y et d'en, prend aussi une s euphonique: vas-y,—vas en chercher.
IMPOSITION. Le mot anglais imposition signifie quelquefois abus de pouvoir, fraude, etc. Le mot français imposition ne comporte pas cette acception.
INCLUS. Ci-inclus, ci joint, sont invariables quand ils précèdent un nom, dont le sens est vague: vous trouverez ci-inclus,—ci-joint copie de ma lettre. Mais quand l'énonciation est précise, comme la copie, l'accord a lieu; vous trouverez ci-incluse,—ci-jointe la copie de ma lettre.
INSULTER quelqu'un, c'est l'injurier. Insulter à quelqu'un, c'est manquer aux égards que réclament sa faiblesse, son malheur: insulter aux malheureux.
INTERJECTIONS. Duvivier dit
«que beaucoup de personnes écrivent indistinctement ah! et ha!—ô! oh! et ho!—eh! et hé!» et il ajoute, «que cette diversité d'orthographe vient de la difficulté de représenter nettement, par l'écriture, le mouvement de l'organe dans l'espèce de cri inarticulé que nous arrache une émotion vive.»
Ce qui suit est puisé dans le Dictionnaire de l'Académie.
«O avec l'accent circonflexe est une interjection qui sert à marquer diverses passions... ô siècle! ô temps! ô le plaisant homme! ô si je pouvais!
«O, sans accent circonflexe, désigne l'apostrophe, o mon fils! o mon Dieu!
«OH. Interjection qui marque la surprise ou l'affirmation. Oh, oh, je n'y prenais pas garde:—Oh pour cela, non.
«HO. Interjection qui sert tantôt pour appeler, tantôt pour témoigner de l'étonnement ou de l'indignation. Ho! venez un peu ici. Ho! que me dites-vous là?
«Quand il est interjection d'étonnement, ou d'indignation, il s'écrit quelquefois oh!
«AH. Interjection qui sert à marquer la joie, la douleur, l'admiration... Ah! que vous me faites plaisir! Ah! que vous me faites mal!
«Ce n'est souvent qu'une interjection explétive, qui ne sert qu'à rendre une locution plus animée. Ah! Madame, gardez-vous de le croire.
«HA. Interjection de surprise, d'étonnement. Ha! vous voilà! Ha! ha! Il se confond souvent avec l'interjection ah!
«EH. Interjection d'admiration, de surprise. Eh! qui airait pu croire que...
«HÉ. Interjection qui sert principalement à appeler. Hé! viens ça.
«Souvent cette interjection se confond avec eh, soit pour avertir de prendre garde à quelque chose, comme, Hé! qu'allez-vous faire? soit pour témoigner de la commisération, Hé! mon Dieu... soit pour marquer de la douleur, Hé! qu'ai-je fait?»
JAMAIS. Après jamais l'on sous-entend souvent l'article devant les substantifs communs, et alors on met ces substantifs au singulier: jamais mortel n'a joui d'un bonheur parfait, et non pas, jamais mortels n'ont joui, etc.
JE. Quand je, mis après un verbe, produit un son désagréable, ce qui a lieu le plus souvent pour les verbes qui n'ont qu'une syllabe au présent de l'indicatif, il faut prendre un autre tour: ainsi au lieu de dors-je? ris-je? choisis-je? mangé-je? dites, est-ce que je dors? est-ce que je ris? etc.
JETER. Ce verbe et tous ceux qui sont terminés en eter à l'infinitif, comme fureter, feuilleter, souffleter, projeter, etc. ne doublent la consonne t que devant un e muet. Je jette, tu jettes, il jette, nous jetons, vous jetez, ils jettent, je jetais, tu jetais, il jetait, nous jetions, vous jetiez, ils jetaient, je jetai, tu jetas, il jeta, nous jetâmes, vous jetâtes, ils jetèrent, je jetterai, tu jetteras, nous jetterons, vous jetterez, ils jetteront, je jetterais, etc., jette, jetons, jetez, que je jette, que tu jettes, qu'il jette, que nous jetions, que vous jetiez, qu'ils jettent, que je jetasse, etc., jetant, jeté, jetée.
JOINDRE signifiant ajouter demande à: joignez cette maison à la vôtre: dans le sens d'unir, d'allier, il prend indifféremment à ou avec: joindre la prudence à ou avec la bravoure.
JOUIR se prend toujours en bonne part: ainsi ne dites pas, jouir d'une mauvaise santé:—jouir d'une mauvaise réputation: dites, avoir une mauvaise santé:—une mauvaise réputation.
JUSQUE. Au lieu de jusque, on peut employer jusques devant une voyelle: jusqu'à nous, ou jusques à nous: c'est l'oreille qui en décide.
L'e de jusque s'élide seulement devant à, au, aux, ici: jusqu'à Paris,—jusqu'au Pérou,—jusqu'ici.
L'usage permet de dire également, jusqu'à aujourd'hui, et jusqu'aujourd'hui.
L finale ne se prononce pas dans baril, chenil, coutil, fournil, fusil, gril, nombril, outil, persil, soûl, sourcil, gentil (idolâtre). Mais elle sonne dans tous les autres mots.
Cependant il faut remarquer que cette lettre, dans le mot gentil pour signifier joli, ne sonne que devant une voyelle, et qu'alors elle se mouille comme au feminin: un gentil enfant: prononcez un gentille enfant: mais au pluriel l'l reste muette, et on dit genti-zan-fan.
L finale précédée d'un i prend le son mouillé, dans avril, babil, cil, mil (petit grain), péril, bail, travail, fénil, etc.
Il faut en excepter fil, Nil, mil, (adjectif numéral) ainsi que les adjectifs en il, et de plus les mots énumérés ci-dessus, où l'l ne se prononce pas.
LÀ. L'adverbe là doit être accompagné d'un trait d'union, lorsqu'il est joint à des mots, dont le sens ne permet pas de le séparer: cet homme-là,—celui-là,—allez-là,—quel livre est-ce-là? Mais on dira sans trait d'union: c'est là mon opinion,—que dites-vous là?—sont-ce là vos livres? parce que dans ces phrases l'adverbe là n'est pas indispensable: on peut le supprimer, et dire: c'est mon opinion,—que dites-vous?—sont-ce vos livres?
LE. Le pronom le peut représenter un substantif, ou un adjectif. Quand il représente un substantif, ou un adjectif pris substantivement, il s'accorde en genre et en nombre avec ce substantif, ou avec cet adjectif pris subtantivement: êtes-vous Madame de Ste. Croix?—je la suis: êtes-vous la malade?—je la suis: êtes-vous les ministres du roi? nous les sommes: êtes-vous les mariés? nous les sommes.
Lorsque le pronom le représente un adjectif, ou un substantif pris adjectivement, il est invariable, l'adjectif ne pouvant lui communiquer ni genre ni nombre: Madame, êtes-vous malade?—je le suis; Messieurs êtes-vous mariés?—nous le sommes.—Madame êtes-vous mère? je le suis.
Le pronom le peut aussi tenir la place d'une proposition ou d'un verbe. Dans ce cas il est invariable parce qu'une proposition, ou un verbe, n'a ni genre ni nombre. Si le public a eu quelque indulgence pour moi, je le dois à votre protection;—il faut obliger quand on le peut.
Après aussi, autant, moins, mieux, plus, l'on fait suivre la conjonction que du pronom le: il est aussi habile que je le croyais:—elle est moins douce qu'elle ne le semblait;—ils sont plus savans qu'on ne le disait. On pécherait contre la grammaire de dire,.. que je croyais,.. qu'elle ne semblait,.. qu'on ne disait.
L'oreille exige qu'on dise, donnez le moi,—montrez la moi,—prêtez la nous, et non pas, donnez moi le,—montrez moi la,—prêtez nous la.
LE DIT, LA DITE, SUSDIT, SUSDITE, sont des termes de Palais, dont l'emploi, en dehors de la pratique, est interdit aux personnes qui se piquent d'écrire et de parler avec grâce.
LE MIEN. Les pronoms possessifs, le mien, le tien, le nôtre, le vôtre, doivent toujours se rapporter à un substantif énoncé précédemment. Ainsi, j'ai reçu la vôtre en date du....est une phrase dans laquelle la vôtre ne se rapporte à rien: dites, j'ai reçu votre lettre en date du....
LEQUEL. Au lieu de qui, que, l'on doit employer lequel, pour éviter une équivoque. Ainsi l'on ne dira pas, c'est un effet de la Providence divine qui excite l'admiration.—c'est un effet de la Providence divine que nous admirons: car on ne sait si qui et que se rapportent à effet ou à Providence. Il faut dire, c'est un effet de la Providence divine lequel excite notre admiration..lequel nous admirons. Hors le cas d'équivoque on doit préférer qui, que, à lequel, expression prosaïque et inélégante.
LETTRES MAJUSCULES. Il faut commencer par une majuscule ou grande lettre chaque alinéa, chaque phrase, chaque vers, tous les noms d'homme, de vaisseau, de fausse divinité, tels que Pierre, Jean, le Formidable (vaisseau) Jupiter: tous ceux de lieu, tels que l'Europe, Londres, Québec; tous ceux de peuples, tels que les Européens, les Romains, les Canadiens: tous ceux de sectes, tels que les Épicuriens, les Protestans: tous ceux de rivières, de montagnes, de vents; le St. Laurent, les Alpes, le Nord-Est: tous ceux de jour et de mois, tels que Vendredi, Août; tous ceux de tribunaux, de compagnies, de corps, de dignités, quand ces noms sont employés avec application individuelle, tels que l'Église du Canada, le Parlement d'Angleterre, l'Académie, l'Apôtre S. Paul: enfin tous ceux de science, d'art, de métier, s'ils sont pris dans un sens individuel, qui distingue la science, l'art, le métier de toute autre science, de tout notre art, de tout autre métier. La Grammaire est une science indispensable:—la Musique est un art charmant.
Les adjectifs saint, grand, et semblables, lorsqu'ils entrent dans la composition d'un nom propre, aussi bien que les titres, Monseigneur, Monsieur, Madame, etc., doivent prendre une initiale majuscule: c'est l'usage.
Quelquefois on personnifie les êtres moraux, et alors ils suivent la règle des noms d'homme. Envie par ex. prend une lettre majuscule dans ce vers de la Henriade: Ci-gît la sombre Envie à l'œil timide et louche. Le même mot s'écrit sans grande lettre dès qu'il cesse d'être personnifié. L'envie s'attache aux grands talens.
Lorsque les noms de peuples et de sectes n'embrassent pas la totalité, la majuscule cesse d'avoir lieu, un français, des anglais, un calviniste.
Remarque.—Ces règles sur l'emploi des lettres majuscules sont à peu près les plus généralement suivies. Néanmoins il faut dire qu'il existe à cet égard bien des contradictions entre les auteurs.
LEUR joint au verbe ne prend jamais la lettre s: donnez leur à manger;—je leur ai dit: joint à un nom il prend une s au pluriel.
LIRE. On doit dire, lire dans un journal,—dans un régistre; et non pas, lire sur un journal,—sur un régistre.
LIS. L's de ce mot se prononce toujours, excepté dans fleur de lis.
LOUÏS. Plusieurs personnes confondent louïs, pièce de monnaie, avec livre, monnaie de compte. C'est une erreur grave, parce que le louïs est une ancienne monnaie d'or de France, dont la valeur, fixée par nos lois, est d'un peu plus de quatre piastres et demie d'Espagne; tandis que notre livre du cours d'Halifax vaut seulement quatre piastres.
Le mot dollar, monnaie des États-Unis, est reçu, de même que le mot pound pour la livre sterling. Ce dernier cependant sonne mal à l'oreille.
L'UN et L'AUTRE, employé comme sujet, veut le verbe au pluriel: l'un et l'autre viendront. Le substantif placé après l'un et l'autre se met au singulier; l'un et l'autre cheval. Quand l'un est précédé d'une préposition, cette préposition doit être; répétée devant l'autre; je parle pour l'un et pour l'autre.
Ni l'un ni l'autre, veut également le verbe au pluriel, excepté quand un des sujets précédés de ni peut seul faire l'action marquée par le verbe; ni l'un ni l'autre n'obtiendra le prix:—ni Monsieur A, ni Monsieur B ne sera nommé président.
L'un et l'autre, les uns et les autres marquent simplement la pluralité. L'un l'autre, les uns les autres expriment la réciprocité: Racine et Boileau étaient poëtes l'un et l'autre; ils s'estimaient l'un l'autre.
MAJESTÉ veut au féminin l'adjectif et le participe qui suit: Votre Majesté est victorieuse. Lorsqu'il est suivi d'un substantif pris adjectivement, les avis sont partagés; les uns disent; Votre Majesté est maîtresse de ses états, les autres, Votre Majesté est maître de ses états. Cette dernière construction est généralement plus usitée.
MALGRÉ QUE employé dans le sens de quoique, a vieilli, et n'est plus français. Ainsi ne dites pas, il sort malgré qu'on le lui défende: dites, quoiqu'on le lui défende.
MANŒUVRE et MANOUVRIER. Ces mots différent dans leur signification. Manœuvre est un ouvrier subalterne, qui sert ceux qui font l'ouvrage. Manouvrier, ouvrier qui travaille de ses mains et à la journée.
MANQUER prend à et de devant l'infinitif: à, quand il signifie ne pas faire ce qu'on doit: on mésestime celui qui manque à remplir ses devoirs: et de lorsqu'il signifie omettre, oublier, faillir: ne manquez pas de venir,—il a manqué de tomber.
MASSACRANT. Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnaire. On doit donc éviter de dire, cet homme est aujourd'hui d'une humeur massacrante, etc.
MATINAL est celui qui s'est levé matin, sans en avoir l'habitude; matineux celui qui a l'habitude de se lever matin: vous êtes bien matinal aujourd'hui:—je ne suis pas matineux.
MEILLEUR. Le comparatif meilleur suivi de que veut ne devant le verbe suivant: ces fruits sont meilleurs que je ne le croyais: à moins que le premier verbe ne soit négatif, ou employé interrogativement: ces fruits ne sont pas meilleurs que je le croyais.
MÊLER avec, c'est brouiller ensemble plusieurs choses; mêler l'eau avec le vin,—mêler de l'or avec de l'argent. Mêler à, c'est joindre, unir: mêler la douceur à la sévérité:—mêler l'agréable à l'utile.
MÊME est adjectif ou adverbe.
Même est adjectif,
1º. quand il précède le substantif: vous retombez dans les mêmes allarmes.
2º. quand il est placé après un pronom, ou un seul substantif: les Dieux eux-mêmes devinrent furieux,—ces murs mêmes peuvent avoir des yeux.
Même est adverbe,
1º. quand il est placé après deux ou plusieurs substantifs: les animaux, les plantes même, étaient au nombre des Divinités.
2º. quand il qualifie un verbe; exempts de maux réels les hommes s'en forment même de chimériques.
MI. Particule indéclinable, abréviation de demi, signifie la moitié, le milieu: la mi-août,—la mi-carême.
À mi est une locution adverbiale qui signifie, à la moitié de; à mi-côte,—à mi-jambes.
MIEUX. La syntaxe de l'adverbe mieux donne lieu à plusieurs observations.
1º. suivi de deux infinitifs, mieux veut de avant le second infinitif; il vaut mieux se taire que de parler mal.
2º. mieux veut ne devant le verbe qui suit la conjonction que; il écrit mieux que je ne le croyais; à moins que le verbe devant mieux ne soit négatif: il n'écrit pas mieux que je le croyais.
3º. Le mieux, la mieux, les mieux veulent le verbe suivant au subjonctif: le livre le mieux écrit que nous ayons lu.
MIL s'écrit de trois manières.
1º. mil, dans les supputations d'années: l'an mil huit cent quarante et un.
2º. mille pour exprimer dix cents: nos troupes firent cinq mille prisonniers.
Dans ces deux cas il rejette la marque du pluriel.
3º. mille avec une s au pluriel, pour représenter une mesure de chemin: alors il est substantif commun.
MOINDRE veut ne devant le verbe qui suit la conjonction que: cette somme est moindre que vous ne le dites: à moins que le verbe placé devant moindre, ne soit négatif, ou interrogatif; cette somme n'est pas moindre que vous le dites.
Le moindre, la moindre, les moindres veulent le verbe suivant au subjonctif: la moindre faute que vous puissiez commettre.
Tout ce qui est dit ici pour l'adjectif moindre doit s'appliquer à l'adverbe moins.
MOINS. À moins que de, et, à moins de se disent également devant l'infinitif.
MON. Les adjectifs possessifs mon, ma, mes, ton, ta, tes, son, sa, ses, notre, nos, votre, vos, leur, leurs se répètent,
1º. devant chaque substantif: mon père et ma mère:—mes frères et mes sœurs; et non pas, mes pères et mère;—mes frères et sœurs.
2º. devant deux adjectifs unis par et, lorsqu'ils ne qualifient pas le même substantif: mon grand et mon petit appartement;—nos vieux et nos jeunes soldats.
Mais on dirait sans répéter l'adjectif possessif; mon grand et bel appartement:—nos vieux et braves soldats: attendu que le même appartement est grand et beau, et que les mêmes soldats sont vieux et braves, les deux adjectifs modifiant le même substantif.
MOUCHER n'est jamais neutre: ainsi il ne faut pas dire, je mouche beaucoup, mais je me mouche beaucoup.
MOUDRE. Je mouds, tu mouds, il moud, nous moulons, vous moulez, ils moulent, je moulais, je moulus, je moudrai, je moudrais, mous, moulons, moulez, que je moule, que tu moules, que je moulusse, moulant, moulu, moulue.
MOUVOIR. Je meus, tu meus, il meut, nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent, je mouvais, je mus, je mouvrai, je mouvrais, meus, mouvons, mouvez, que je meuve, que tu meuves, qu'il meuve, que nous mouvions, que vous mouviez, qu'ils meuvent, que je musse, mouvant, mû, mûe.
Conjuguez de même émouvoir, s'émouvoir.
MUR et MURAILLE. On dit,—les murs d'un jardin,—les murailles d'une ville. Le propre du mur est de séparer, de partager, de fermer: l'idée particulière de la muraille est celle de défendre, de fortifier.
N. Quand un mot est terminé par un son nasal, c.-à-d., par an, in, on, l'on ne fait la liaison de l'n finale avec la voyelle qui commence le mot suivant, que quand le sens n'admet aucune pause entre ces deux mots, comme dans, mon ami,—certain auteur,—on ignore. Mais on prononce sans lier la consonne n à la voyelle qui suit, mon cousin est venu,—vin bon à boire,—je demande pardon à Dieu, parce que l'on peut faire une légère pause après les mots, cousin, bon, pardon.
NE. La négation ne précédée d'un que et suivie d'un verbe offre quelques difficultés.
Dans les comparatifs d'inégalité caractérisés par plus, moins, meilleur, mieux, ou autres termes équivalens, si le premier membre de la comparaison est négatif, le second qui vient après que doit être affirmatif, et la négation ne ne peut y paraître: il n'est pas plus sage qu'il était;—il ne pense pas autrement qu'il parle;—il n'écrit pas mieux qu'il parle.
Dans les mêmes comparatifs d'inégalité, si le premier membre de la comparaison est affirmatif, le second doit prendre ne: il est plus sage qu'il ne l'était,—il pense autrement qu'il ne parle,—il écrit mieux qu'il ne parle.
Les locutions conjonctives à moins que, de peur que, de crainte que, et le verbe empécher, veulent toujours après eux la négation ne; à moins que vous ne lui parliez,—de peur que l'on ne vous trompe,—les fautes d'Homère n'ont pas empêché qu'il ne fût sublime.
Nier, douter, désespérer, disconvenir sont suivis de ne seulement quand ils sont accompagnés d'une négation: je ne doute pas que cela ne soit, etc.
Mais on dirait sans la négation, je nie,—je doute que cela soit, parce que les verbes nier, douter sont employés ici affirmativement.
Les locutions conjonctives avant que, sans que, et le verbe défendre, ne sont jamais suivis de ne: avant qu'il fasse froid,—je défends qu'on lui fasse mal.
Quand deux phrases négatives sont jointes par ni, ou quand ni est répété, l'emploi de la négation ne est nécessaire: il ne les craignait ni ne les aimait,—ni Pierre ni Paul ne viendront.
NÉGATION. La négation se compose de ne, ne pas, ne point,—je n'ose,—je n'ose pas,—je n'ose point; ne est la plus faible des négations; ne point est la plus forte; et ne pas tient le milieu.
Pas ne peut jamais être employé avec rien. Ne dites pas avec Racine; On ne veut pas rien faire ici qui vous déplaise.
NÉOLOGIE. L'emploi de nouveaux termes dans une langue est une conséquence qui découle de la nature même des langues, qui ne peuvent rester stationnaires. Horace l'a dit il y a près de deux mille ans.
Mais avons-nous au Canada mission ou titre pour la création de nouveaux mots? Oui, sans nul doute. Mais en même temps il est clair qu'il n'existe chez nous aucun tribunal qui puisse connaître de nos produits de ce genre: il est évident que l'Océan Atlantique nous sépare des seuls juges compétens de la langue française, auxquels il appartient de prononcer en dernier ressort.
Tous les lexicographes conviennent de la nécessité d'incorporer à la langue les termes de relation qui expriment les choses et les objets qui n'existent que dans les pays lointains, nouvellement découverts, ou avec lesquels l'on a eu peu de communications. D'où il résulte pour le Canada le droit de créer des termes pour les objets et les choses qui lui appartiennent exclusivement.
D'un autre côté, notre position sous le gouvernement britannique a nécessité l'adoption de quelques constructions, de quelques termes même anglais.
Il résulte de cette double circonstance, qu'un sage emploi de nouveaux termes et de mots anglais, là où la langue française n'en fournit pas d'équivalens, est permis, commandé même.
Mais que l'élève ne perde pas de vue que, hors les cas extrêmes, l'emploi de mots et de constructions anglaises est un véritable fléau pour la langue. Déjà cet abus a envahi la portion instruite de notre société, et y fait des progrès allarmans; et pour comble de malheur l'on porte quelquefois cette licence dans des écrits, que d'ailleurs le génie ne désavouerait pas.
Quant à l'emploi de mots purement anglais, là où il y a des termes en français qui leur correspondent, c'est une manie insupportable, c'est le comble du ridicule; et cependant combien de personnes, même d'éducation, qui tombent dans ce défaut! Telle Dame ne peut manger de soupe qu'au barley! Tel Monsieur vous prie de lui passer un tumbler pour boire du brandy et de l'eau! Celui-ci vous demande, sans perdre son sérieux, si ces patates (pommes de terre) sont cuites au steam: celui-là si vous avez payé une visite à Monsieur un tel, etc.
Qui ne voit la barbarie de ces expressions; l'impertinence de ce langage?
NEUF, NOUVEAU, RECENT. Neuf signifie qui n'a pas servi; nouveau qui n'a pas encore paru: récent qui vient d'arriver: habit neuf,—mode nouvelle,—fait récent.
NIER veut toujours au subjonctif le verbe qui suit la conjonction que; je nie qu'il ait raison.
Nier accompagné d'une négation veut ne devant le verbe suivant; je ne nie pas qu'il ne mérite votre estime.
NOMBRE (du) et du GENRE de certains substantifs. Les chiffres, les lettres de l'alphabet, les notes de musique, s'écrivent sans s au pluriel: deux cinq;—trois b;—quatre fa.
Il en est ainsi de tous les mots de la langue pris matériellement; comme dans cette phrase, il y a plusieurs fautes d'impression dans cette adresse; il y manque deux monsieur, trois mot et deux il. Il est essentiel de remarquer, qu'un mot féminin, employé matériellement, devient masculin. En voici un exemple pris dans Duvivier; Rencontre, toujours féminin en quelque sens qu'on l'emploie, était autrefois masculin.
NOMS PROPRES. Les noms propres ne prennent jamais la marque du pluriel: l'Espagne a vu naître les deux Seneque;—les Corneille et les Racine ont illustré la scène française; excepté quand ils sont employés comme noms communs, c.-à-d., pour désigner des individus semblables à ceux dont on emprunte le nom: la France a eu ses Césars et ses Pompées.
NON PLUS QUE. Quand deux sujets sont unis par non plus que, le verbe s'accorde avec le premier sujet: la fortune, non plus que les dignités, n'assure le bonheur.
NOUS. Quelquefois l'on emploie le pronom nous au lieu de je; alors l'adjectif et le participe en rapport avec nous, se mettent au singulier; convaincu comme nous le sommes de notre insuffisance, et non pas, convaincus comme nous le sommes...
NOUVEAU employé comme adverbe est invariable: des enfans nouveau nés. Il ne s'emploie jamais adverbialement avec un substantif féminin; ainsi ne dites pas, une fille nouveau née, mais, une fille nouvellement née.
NU. L'adjectif nu ne s'accorde que lorsqu'il suit le substantif; tête nue,—pieds nus. Lorsqu'il précède le substantif il est invariable; nu tête,—nu pieds.
NUIRE. Je nuis, tu nuis, je nuisais, je nuisis, je nuirai, je nuirais, nuis, que je nuise, que je nuisisse, nuisant, nui. Le participe nui, ainsi que le participe s'entre-nui est invariable: ils se sont nui;—elles se sont entre-nui.
NUL. L'adjectif nul, signifiant pas un, rejette la marque du pluriel; nulle proposition; à moins qu'il n'accompagne un substantif qui n'a pas de singulier, comme pleurs, ancêtres; ou qui ou pluriel a un autre sens qu'au singulier, comme troupes, gages: nuls pleurs,—nulles troupes.
Avec nul on supprime pas et point.
NUMÉRO, FOLIO, RECTO, DUO, etc. Les mots empruntés du latin ne prennent pas d's au pluriel; factum est excepté; on dit des factums.
OBÉIR. Quoique verbe neutre, obéir a un passif: je veux être obéi.
OBLIGER dans le sens d'imposer l'obligation de, prend à ou de au choix de l'oreille: la religion nous oblige à secourir, ou, de secourir nos semblables.
Dans le sens de rendre service, ou employé au passif, il prend de, et jamais à: vous m'obligerez de m'accompagner;—nous sommes obligés d'obéir aux lois.
Être obligé ne se dit point des choses: cette locution, le mérite est obligé d'être modeste, est donc vicieuse: dites, le mérite doit être modeste.
OBSERVER accompagné d'un régime indirect de personne, doit être précédé du verbe faire. Ainsi dites; je vous fais observer que..:—il nous fit observer que..:—je ferai observer à l'assemblée que.. et non pas, je vous observe que..il nous observa que..j'observerai à l'assemblée que...
Il résulte de là que l'on ne peut pas dire; faire une observation à quelqu'un; il faut dire: faire faire une observation à quelqu'un.
OCCUPER (s'). On dit s'occuper à et s'occuper de: le premier se met avec les verbes, le second avec les substantifs: il s'occupe à me faire avoir une place;—il s'occupe de mon affaire.
ŒIL-DE-BŒUF. Au pluriel, œils-de-bœuf: il en est ainsi d'œil-de-bouc,—d'œil-de-chat,—d'œil-de-chèvre,—d'œil-de-christ,—d'œil-de-perdrix,—d'œil-de-soleil.
On dit; yeux du frommage:—yeux du pain.
OFFRIR devant l'infinitif prend de, et s'offrir prend à; il offre de vous accompagner:—il s'offre à vous accompagner.
OINDRE, j'oins, tu oins, il oint, nous oignons, vous oignez, ils oignent, j'oignais, j'oignis, j'ai oint, j'oindrai, j'oindrais, oins, oignons, oignez, que j'oigne, que nous oignons, que j'oignisse, oignant, oint, ointe.
Ainsi se conjugue joindre.
ON. Quoique masculin et singulier de sa nature, le pronom on devient féminin quand il s'applique spécialement à une personne du sexe: et pluriel lorsque le sens indique évidemment qu'il désigne plusieurs personnes. Alors l'adjectif et le participe qui se rapportent à on prennent la marque du féminin et du pluriel: quand on est mère on n'est pas toujours maîtresse de son temps:—quand on s'estime mutuellement, on n'est pas heureux d'être séparés.
Au lieu de on, il faut employer l'on, pour éviter certaines consonnances choquantes qui ont lieu principalement après et, si, ou:—et l'on veut;—si l'on dit:—ou l'on verra.
Cependant on doit faire usage de on devant le, la, les, lui pour éviter la répétition désagréable de l'articulation l:—et dire, et on le veut,—si on le dit,—ou on le verra, et non pas, et l'on le veut,—si l'on le dit,—ou l'on le verra.
Au commencement d'une phrase, il faut préférer on à l'on, parce qu'alors il n'y a pas de mauvaise consonnance à éviter.
ONZE se prononce avec aspiration: le onze de Juillet:—de onze enfans il n'en reste que trois:—vous êtes onze;—sur les onze heures:—ils étaient onze: prononcez, vous ête onze:—sur lè onze heures:—ils étè onze.
ONZIÈME adjectif. On prononce ce mot avec ou sans aspiration, à volonté: le onzième ou l'onzième de Juillet:—la onzième ou l'onzième page.
Mais dans onzième substantif l'o est toujours aspiré; ainsi l'on ne fait pas sentir l'n ni l's dans cas phrases:—il est héritier pour un onzième:—pour trois onzièmes.
ORGUE est masculin au singulier, et féminin au pluriel:—un bel orgue:—de belles orgues.
OU. Quand deux ou plusieurs sujets sont unis par la conjonction ou, le verbe s'accorde avec le dernier sujet:—la faiblesse ou l'inexpérience nous fait commettre bien des fautes: à moins que les mots unis par ou ne soient de différentes personnes: alors le verbe se met au pluriel, et s'accorde avec la personne qui a la priorité: vous ou moi parlerons, et mieux nous parlerons:—vous ou votre frère parlerez, et mieux, vous parlerez.
OUBLIER DE, désigne un manque de mémoire:—j'ai oublié de vous écrire. Oublier à marque un manque d'usage: il oublie à danser—à dessiner.
OUÏR n'est guère usité qu'au prétérit défini, j'ouis, il ouit: au présent du subj., que j'ouïsse, qu'il ouït: à l'infinitif, ouïr; au participe passé, ouï, ouïe; et aux temps composés.
PAÎTRE. Je pais, tu pais, il pait, nous paissons, vous paissez, ils paissent, je paissais, point de prét. défini, je paîtrai, je paîtrais, paissons, paissez, que je paisse, point d'imparf. du subj., paissant, pu. Ce dernier mot ne s'emploie que dans cette phrase familière; il a pu et repu.
Repaître, qui se conjugue de même, a un prétérit défini;—je repus.
PÂLE, Pâle, signifie qui est faible de coloris: blême, qui est très-pâle; livide, qui est plombé et taché de noir; hâve qui est défiguré par le décharnement: blafard qui est pâle jusqu'à l'affadissement.
PÂQUE substantif féminin: fête annuelle des Juifs en mémoire de leur sortie d'Égypte.
Pâque ou Pâques substantif masculin, singulier: fête des chrétiens:—Pâques est passé.
Pâques subst. fém. pluriel; communion pascale; faire ses Pâques.
Pâques-fleuries, le Dimanche des Rameaux.
PARDONNER veut un régime direct des choses; pardonnez quelques vers faibles; et non, à quelques vers faibles; et un régime indirect de personnes: pardonnez à vos enfans, et non pardonnez vos enfans.
PARLER, (se) Le participe passé de se parler est toujours invariable, parce que se parler n'a pas de régime direct: ils se sont parlé:—elles se sont parlé.
PARMI. Entre se dit de deux objets: entre Rome et Carthage: parmi se dit d'un plus grand nombre, et veut après lui, ou un pluriel: parmi les hommes; ou un collectif: parmi la foule.
PARTICIPE PRÉSENT. Il est toujours terminé en ant, et ne prend ni genre ni nombre: un homme lisant:—des hommes lisant:—une femme lisant:—des femmes lisant.
On dit, des hommes obligeans:—une femme surprenante. Mais ces mots, obligeans, surprenante, ne sont point des participes présens: ce sont des adjectifs verbaux, qui s'accordent avec les substantifs auxquels ils se rapportent.
Pour distinguer les adjectifs verbaux des participes présens, il faut voir si ces mots ont un régime. Lorsqu'ils ont un régime, ce sont des participes. Lorsqu'ils n'ont point de régime, ils sont adjectifs: cette femme est douce, affable, prévenant tout le monde:—cette femme est douce, affable, prévenante. Dans la première phrase le mot prévenant est un participe, parce qu'il est suivi du régime tout le monde: dans la seconde il est adjectif, parce qu'il n'a point de régime.
Cette règle pour distinguer les adjectifs verbaux des participes présens souffre quelques rares exceptions.
PARTICIPE PASSÉ des verbes réfléchis. Ce participe s'accorde avec le régime direct lorsque ce régime est avant le participe: cette femme s'est proposée pour modèle à ses enfans: proposée est au féminin et au singulier, parce qu'il est précédé de son régime direct le pronom se qui se rapporte à femme: c'est comme s'il y avait,—cette femme a proposé elle.
Mais si le régime direct est après le participe, le participe est invariable: ma sœur s'est coupé le doigt. Coupé ici est invariable parce que le régime direct doigt, est après le participe: et le pronom se n'est que le régime indirect, puisque c'est comme s'il y avait, ma sœur a coupé le doigt à elle.
PARTICIPE PASSÉ suivi d'un verbe à l'infinitif. Quand le participe passé est suivi d'un verbe à l'infinitif, il faut examiner avec attention si le régime qui précède le participe est régime de ce participe, ou régime de l'infinitif qui suit le participe.
S'il est régime du participe passé, ce participe doit s'accorder avec lui: voilà les enfans que j'ai entendus lire. Que est ici régime du participe entendus, et non de l'infinitif lire.
Mais si le régime qui précède le participe passé, est celui du verbe à l'infinitif, le participe passé demeure invariable: voilà les livres que vous avez paru désirer: le régime que appartient au second verbe.
On reconnaît que le régime qui précède le participe passé, est le régime de ce participe, lorsqu'on peut mettre ce régime immédiatement après le participe, et changer l'infinitif qui suit en participe présent; ou bien en un imparfait précédé du pronom relatif qui: cela est évident dans l'exemple ci-dessus: voilà les enfans que j'ai entendus lire: on peut dire, j'ai entendu les enfans lisant, ou qui lisaient.
Lorsque ce changement ne peut se faire, il faut en conclure que le régime qui précède le participe, est le régime du verbe qui suit le participe.
PARTICIPE PASSÉ entre deux que. Lorsque le participe passé se trouve entre deux que, le régime direct, c.-à-d., le premier que appartient toujours au second verbe, et par conséquent le participe est toujours invariable: voilà les livres que l'on a voulu que je lusse:—les peines que j'ai prévu que cette affaire vous donnerait.
PARTICIPE PASSÉ du verbe réfléchi, formé d'un verbe neutre. Ce participe est toujours invariable, parce que son verbe n'ayant pas de régime direct, ne peut en être précédé: elles se sont nui:—ils se sont parlé:—elles se sont succédé.
Les verbes réfléchis ainsi formés d'un verbe neutre, sont au nombre de neuf, savoir; se plaire, se déplaire, se complaire, se rire, se sourire, se parler, se succéder, se nuire, s'entre-nuire.
Le participe passé fait, suivi d'un infinitif, est toujours invariable: la maison que j'ai fait bâtir:—les habits que j'ai fait faire.
Beaucoup de grammairiens veulent que le participe laissé suive la même règle, et que l'on écrive: la femme que j'ai laissé passer. D'autres veulent que ce mot suive la règle générale, et que l'on écrive: la femme que j'ai laissée passer.
PARTICIPE PASSÉ joint au verbe avoir précédé du mot en. Ce participe est invariable, à moins qu'il ne soit précédé d'un autre régime direct: vous avez plus de richesses que je ne vous en ai donné, et non pas données:—il m'a promis plus de services qu'il ne m'en a rendu, et non pas rendus.
Les participes donné et rendu sont invariables ici parce que le mot en est un pronom relatif qui signifie de cela, et qui par conséquent représente un régime indirect.
Mais le participe est variable s'il est précédé d'un autre pronom qui en soit le régime direct: j'ai écrit à mon frère, et voici la réponse que j'en ai reçue. Reçue est au féminin et au singulier, parce qu'il est précédé de son régime direct, le relatif que pronom qui se rapporte à réponse. Le pronom en est régime indirect et signifie de mon frère.
PARTICIPE PASSÉ joint au verbe avoir précédé du mot le. Ce participe ne varie point, lorsque le relatif le se rapporte à un adjectif: ainsi l'on écrira: votre sœur n'est pas aussi instruite que je l'avais pensé, parce que le pronom le se rapporte à l'adjectif instruite.
Mais le participe varie, quand le mot le se rapporte à un substantif, comme dans cette phrase: ma sœur est toujours la même que je l'ai connue.
PARTICIPE PASSÉ des verbes impersonnels il a fait, il y a eu. Ce participe demeure invariable: ainsi on dit, les chaleurs qu'il a fait; et non pas, qu'il a faites:—la disette qu'il y a eu pendant l'hiver dernier; et non pas, qu'il y a eue.
On écrit également sans accord: il est arrivé de grands malheurs:—quels changemens en est-il résulté? parce que c'est une règle sans exception, que le participe conjugué avec être (excepté dans les verbes réfléchis, où il est pour avoir) s'accorde toujours avec son sujet: or le sujet de, est arrivé;—est résultée, c'est il représentant ceci, mot invariable, mot neutre, qui ne saurait exercer aucune influence sur le participe.
Il faut aussi écrire sans accord: il s'est rassemblé une foule de gens armés:—il s'est glissé une faute dans votre copie:—il s'est trouvé dix personnes chez moi.
PARTICIPE PASSÉ des verbes neutres. Le verbe neutre n'ayant pas de régime direct, son participe passé demeure invariable: les sommes que ce procès m'a couté:—les pistoles que ce cheval a valu:—les jours que j'ai vécu.
Cependant lorsque valoir signifie procurer, faire obtenir, il est actif, et alors son participe passé doit s'accorder avec le régime direct qui le précède: les honneurs que m'a valus mon habit. Il en est ainsi du participe passé de couter, lorsque ce verbe signifie causer, exiger: les peines que cette affaire m'a coutées.
PARTICIPER À, c'est avoir part à quelque chose, à quelque action: participer aux faveurs du Prince. Participer de, c'est tenir de la nature de quelque chose: l'enthousiasme de cet auteur participe de la folie.
PASSÉ INDÉFINI et DÉFINI. Il ne faut pas confondre le passé indéfini avec le passé défini. Le passé indéfini s'emploie indifféremment pour un temps passé, soit qu'il en reste encore une partie à écouler ou non: j'ai reçu une lettre l'année dernière,—le mois passé,—la semaine dernière,—hier:—j'ai reçu une lettre cette année,—ce mois,—cette semaine,—aujourd'hui.
Le passé défini ne se dit au contraire que d'un temps complètement écoulé, et éloigné au moins d'un jour de l'instant où l'on parle: ainsi l'on ne dira pas; je reçus une lettre cette année,—ce mois,—cette semaine,—aujourd'hui, parce que l'on est encore dans le temps dont il s'agit.
PASSIF. Les verbes passifs demandent pour régimes les prépositions de et par: de, quand ils expriment un sentiment, une passion, en un mot un mouvement de l'âme: par, lorsqu'ils signifient une action à laquelle l'esprit ou le corps a seul part: l'honnête homme est estimé de tout le monde;—une grande partie de la terre a été conquise par les Romains.
Cependant au lieu de la préposition de, l'usage permet d'employer par pour éviter plusieurs de: votre conduite a été approuvée d'une commune voix, par toutes les personnes sages et éclairées.
PATATE, plante du genre des liserons. pomme de terre, plante du genre des solanums. Ces définitions sont du Dict. de l'Académie, Édit. de 1835, et elles s'accordent avec celles que les naturalistes donnent de ces plantes. C'est donc une grave erreur que de désigner notre pomme de terre par le terme patate, plante que nous ne possédons pas, et qui ne vient guère qu'entre les deux Tropiques.
PAYEMENT, PAIEMENT, PAIMENT. Ce mot, quoique écrit de trois différentes manières, se prononce pè-ment.
PAYER. Ce verbe, et tous ceux qui sont terminés au participe présent par yant, comme bégayer, bayer, employer, renvoyer, aboyer, essayer, ployer, appuyer, etc., prennent un y et un i à la première et à la seconde personne du pluriel de l'imparfait de l'indicatif, et du présent du subj. Je paie, tu paies, il paie, nous payons, vous payez, ils paient, (prononcez je pè, tu pè, il pè, et à la troisième personne du pluriel, ils pè) je payais, tu payais, il payait, nous payions, vous payiez, ils payaient, je payai, tu payas, il paya, nous payâmes, vous payâtes, ils payèrent, je paierai, tu paieras, il paiera, nous paierons, vous paierez, ils paieront, (prononcez, je pè-e-rai, tu pè-e-ras, il pè-e-ra, etc.) je paierais, tu paierais, il paierait, nous paierions, vous paieriez, ils paieraient, (prononcez je pè-e-rais, tu pè-e-rais, nous pè-e-rions, etc.) paie, (prononcez pè,) payons, payez, que je paie, que tu paies, qu'il paie, que nous payions, que vous payiez, qu'ils paient, (prononcez, que je pè, que tu pè, qu'il pè, qu'ils pè) que je payasse, que tu payasses, qu'il payât, que nous payassions, que vous payassiez, qu'ils payassent, payant, payé, payée.
Les verbes croire, voir, fuir, asseoir, etc., ayant leur participe présent terminé en yant, font aussi à l'imparfait de l'indicatif et au présent du subjonctif, nous croyions, vous croyiez; que nous croyions, que vous croyiez, etc.
Quelques personnes, contrairement aux règles de la prononciation, font entendre l'l mouillée, ou l'y, aux trois personnes du singulier, et à la troisième personne du pluriel du présent du subjonctif des verbes dont le participe présent est terminé en yant. Ainsi elles prononcent, que je pèghe, (du verbe payer) que tu pèghes, qu'il pèghe, qu'ils pèghe, au lieu de, que je pè, que tu pè, qu'il pè, qu'ils pè:—— que j'èghe, (du verbe avoir) que tu èghes, qu'il èghe, qu'ils èghe, au lieu de, que j'è, que tu è, qu'il è, qu'ils è:—— que je croèghe, (du verbe croire) que tu croèghes, qu'il croèghe, qu'ils croèghe, au lieu de, que je croa, que tu croa, qu'il croa, qu'ils croa.
Ces exemples prouvent combien l'instituteur doit faire d'efforts pour rompre de bonne heure dans ses élèves l'habitude de cette prononciation vicieuse.
PEMINA, que le vulgaire nomme pinbina, est l'obier du Canada. Le peuple appelle aussi pinbina son fruit: c'est à tort, parce que la baie que porte le pémina, n'a pas de nom en français.
PENNY est le mot anglais, et denier le mot français qui représentent le terme latin denarius, quoiqu'ils expriment des monnaies de valeurs très-différentes. Pourquoi donc employer le mot anglais penny, lorsque le français fournit un équivalent? D'ailleurs penny fait pence au pluriel, et puis les fractions du penny se nomment farthings: nouvelles difficultés donc pour ceux qui ne savent pas l'anglais; et nouvelle raison par conséquent de rejeter ces mots étrangers, pour s'en tenir aux termes faciles et corrects de denier;—demi-denier;—quart de denier, etc.
Il n'en est pas ainsi du mot shilling, dont l'emploi est nécessité par l'absence d'un terme français qui lui corresponde.
Le mot anglais dollar, monnaie des États-Unis, se trouve dans quelques dictionnaires modernes: et Boiste admet pound, mot anglais pour livre sterling.
PÉRIODE est masculin quand il marque le plus haut point, où une chose puisse arriver: il est au plus haut période de sa gloire; ou quand il signifie un espace de temps: dans un court période:—dans le dernier période de sa vie: il est féminin dans ses autres acceptions: la période lunaire:—la période julienne.
PÉRIR. En parlant de personnes qui n'existent plus, on dirait, elles sont péries, parce qu'alors la pensée est occupée de l'état des personnes qui n'existent plus. Mais si l'on voulait désigner l'époque où elles ont cessé d'exister, ou la manière dont elles ont perdu la vie, il faudrait se servir de l'auxiliaire avoir, et dire, elles ont péri en 1840:—elles ont péri dans un naufrage.
Le même principe est applicable au verbe échouer. Le vaisseau a échoué sur la côte;—le vaisseau que montait mon ami est échoué. V. auxiliaires.
PERSONNE pronom indéfini, a un sens vague, s'emploie sans article et sans adjectif déterminatif, et signifie aucune personne, qui que ce soit: il est toujours du masculin et du singulier: personne n'est assez sot pour le croire;—il n'y a personne qui ne soit fâché.
Personne substantif a un sens déterminé; il est accompagné de l'article, ou d'un adjectif déterminatif, et est féminin: quelle est la personne assez sotte pour le croire?—il n'y a pas une personne qui n'en soit fachée.
PERSES. On doit appeler Perses les anciens habitans de la Perse, et Persans ceux d'aujourd'hui.
PERSUADER. La grammaire permet d'écrire,—les modernes se sont persuadés qu'ils surpassaient les anciens—et—les modernes se sont persuadé qu'ils surpassaient les anciens. La raison en est qu'avec le verbe se persuader, le pronom se peut être également régime direct, ou régime indirect du verbe: en effet, on dit persuader quelqu'un, et persuader à quelqu'un.
PEU, suivi d'un pronom relatif, veut le verbe qui suit au subjonctif: il y a peu d'hommes, qui sachent supporter l'adversité.
Un petit peu est une faute grossière: dites simplement, un peu.
Pour le peu que est un barbarisme, il faut dire, pour peu que.
PEUR. La locution conjonctive, de peur que, veut toujours ne devant le verbe suivant: de peur qu'il ne vienne.
Avoir peur exige également ne devant le verbe qui suit: j'ai peur qu'il ne vous trompe: à moins qu'avoir peur ne soit accompagné d'une négation; ou ne soit employé interrogativement: dans ces deux cas on supprime ne: je n'ai pas peur qu'il vous trompe?
PEUT-ÊTRE employé avec le verbe pouvoir forme un pléonasme ridicule: ne dites pas: peut-être il pourra venir, mais, peut-être il viendra.
PIRE, adjectif comparatif, se joint toujours à un substantif, et s'accorde avec lui. De deux maux il faut éviter le pire:—les pires des ennemis ce sont les flatteurs.
Pire, suivi de que, veut ne devant le verbe qui suit: ce vin est pire que je ne le pensais: à moins que cet adjectif n'accompagne un verbe négatif, ou ne soit employé interrogativement: ce vin n'est pas pire que je le pensais:—ce vin est-il pire que vous le pensiez?
PIS est l'opposé de mieux, et se dit pour plus mal. Il ne se joint pas à des substantifs masculins ou féminins, mais seulement à des noms, où à des pronoms indéterminés, comme dans cette phrase, rien n'est pis qu'une mauvaise langue.
Pis est quelquefois substantif: le pis de l'affaire est que...
Pis est aussi adverbe comparatif: de pis en pis,—de mal en pis,—tant pis.
Le peuple dit abusivement de pire en pire,—de mal en pire,—tant pire.
PLAINDRE. Se plaindre de ce que, suppose un sujet de plainte: il se plaint de ce que vous l'avez trompé.
Se plaindre que ne suppose pas lieu à la plainte: il a tort de se plaindre que vous l'ayez trompé.
Le participe passé de se plaindre s'accorde toujours avec le second pronom: ils se sont plaints de vous:—elle s'est plainte de votre conduite: excepté lorsque se plaindre signifie se refuser, cas dans lequel le second pronom cesse d'être régime direct, elle s'est plaint le boire et le manger.
PLAIRE. Ce qui plait est ce qui est agréable: ce qu'il plait est ce que l'on veut: les incensés sacrifient leurs intérêts à ce qui leur plait:—les gens d'un caractère opiniâtre ne veulent faire que ce qu'il leur plait.
On doit répondre à quelqu'un qui offre quelque chose, ce qu'il vous plaîra, et non pas, ce qui vous plaîra.
Le participe passé de plaire est toujours invariable:—ils nous ont plu:—ils se sont plu réciproquement:—ils se sont plu à me contrarier:—elles se sont plu à la campagne.
PLAISIR (il y a). Cette locution prend à devant une consonne, et de devant une voyelle. Il y a plaisir à l'entendre chanter:—il y a plaisir d'avoir affaire à un homme si loyal.
PLÉONASME. Le pléonasme est autorisé lorsqu'il ajoute à la phrase plus d'énergie et de grâce; mais souvent il est un vice à éviter. Voici quelques phrases dans lesquelles le pléonasme est vicieux. S'entr'égorger les uns les autres: les mots les uns les autres sont superflus:—plaintes réciproques de part et d'autre: de part et d'autre sont redondans: discours rempli de beaucoup de citations: beaucoup est inutile.—À Mons. N, Prêtre, Curé de N;—À Mons. N, Prêtre, Vicaire de N:—Je, soussigné, Prêtre, Curé de N. Le mot prêtre dans ces phrases est superflu:—une heure de temps: retranchez de temps:—ainsi donc vous avez tort; l'un des deux termes ainsi et donc est redondant:—les ennemis reculent en arrière: on ne recule pas en avant; en arrière est donc superflu; un brillant éclat: brillant est superflu, car tout éclat est brillant:—un cadavre inanimé; certes il n'y a pas de cadavre animé:—il fut forcé malgré lui d'y consentir; supprimez malgré lui:—il faut s'entr'aider mutuellement; le dernier mot de cette phrase n'ajoute rien au sens:—un petit peu; retranchez petit:—dépêchez-vous vite; vite est superflu:—tempête orageuse; retranchez orageuse:—voyons voir; répétition barbare:—je vais aller le chercher, dites je vais le chercher:—pour faire fuir les ennemis on n'aurait seulement qu'à se montrer; seulement est superflu:—je vais dîner, et puis ensuite je me rendrai chez vous; puis signifie ensuite, il faut donc retrancher l'un ou l'autre:—réellement vrai; langage ridicule:—au jour d'aujourd'hui; jour est de trop:—hémorragie de sang: retranchez de sang, puisque le mot hémorragie signifie par lui-même perte de sang:—il est impossible qu'on puisse réussir; dites, il est impossible de réussir:—il est impossible de pouvoir; otez de pouvoir:—je suis bien parfaitement, ou très-parfaitement votre humble serviteur; les mots bien et très, joints à parfaitement, sont redondans, parce qu'on ne peut rien ajouter à ce qui est parfait:—un des modèles les plus parfaits est une faute, retranchez les plus. Quelques grammairiens souffrent dans la conversation familière ces expressions, montez en haut;—descendez en bas;—je veux unir ces deux prairies ensemble.
PLIER, c'est mettre en plusieurs doubles: plier du linge;—plier une lettre.
PLOYER. Je ploie, tu ploies, il ploie, nous ployons, vous ployez, ils ploient, je ployais, nous ployions, vous ployiez, ils ployaient, je ployai, je ploierai, je ploierais, ploie, ployons, ployez, que je ploie, que nous ployions, qu'ils ploient, que je ployasse, ployant, ployé, ployée.
Ployer, c'est courber, faire fléchir: ployer une branche d'arbre.
PLUPART. Le substantif plupart étant un collectif partitif, veut que le verbe et les autres correspondans, comme adjectifs, participes et pronoms s'accordent avec le substantif exprimé, ou sous-entendu après la plupart: la plupart du monde pense,—la plupart des sénateurs étaient mécontens et fatigués de la guerre;—la plupart étaient d'avis que...
Dans le premier exemple l'accord a lieu avec monde, dans le second avec sénateurs, et dans le troisième avec le mot sénateurs sous-entendu; c'est comme s'il y avait, la plupart des sénateurs étaient d'avis que...
PLUS. Le superlatif le plus, la plus, les plus, veut après lui le subjonctif: les mouvemens des planètes sont les plus réguliers que nous connaissions.
Avant les adverbes plus, mieux, moins, on emploie le, la, les, pour exprimer une comparaison: cette dame ne pleurait pas, quoiqu'elle fût la plus affligée, c.-à-d., la dame plus affligée que les autres.
Au contraire on emploie simplement le pour marquer une qualité portée au plus haut degré, sans aucune idée de comparaison avec d'autres objets: cette dame ne pleure pas alors même qu'elle est le plus affligée:—il s'est baigné dans l'endroit où les eaux sont le moins rapides.
Dira-t-on, les opinions les plus ou le plus généralement suivies?
La réponse dépend de l'intention de celui qui parle.
S'il s'agit d'opinions considérées en elles-mêmes, et sans comparaison, on dira le plus généralement suivies.
Si au contraire, vous avez en vue d'autres opinions moins suivies, et que vous vouliez indiquer une comparaison, vous direz les plus généralement suivies.
Lorsque le terme de comparaison placé après plus exprime une idée de mesure, de quantité, cet adverbe doit être suivi de la préposition de, et non de que: il est plus d'à demi mort:—mon argent est plus d'à moitié dépensé.
PLUS TÔT, PLUTÔT. Il ne faut confondre ces deux mots. Plus tôt, locution adverbiale, est l'opposé de plus tard: plutôt, adverbe, marque une préférence. Plutôt mourir que de trahir ma foi.
POINT. Pas énonce simplement la négation: point l'exprime avec beaucoup plus de force: il n'a pas d'esprit ce qu'il faut pour cette place:—c'est un homme qui n'a point d'esprit.
Il n'en est pas de même quand on interroge: si ma question est accompagnée de doute, je dirai; n'avez-vous point été là? mais si je suis persuadé, je dirai par manière de reproche: n'avez-vous pas été là?
PORTE. Les mots composés qui suivent ne prennent point d's au pluriel: porte-éguille, porte-baguette, porte-balle, porte-chape, porte-collet, porte-crayon, porte-croix, porte-crosse, porte-dieu, porte-drapeau, porte-enseigne, porte-étendard, porte-lanterne, porte-malheur, porte-manteau, porte-mousqueton, porte-respect, porte-verge, etc. V. substantifs composés.
POUPÉE, jouet d'enfant. On substitue souvent à ce mot celui de catin. Le mot catin, quoique désigné par quelques auteurs comme synonyme de poupée, sonne mal aux oreilles délicates, au point qu'il n'est plus prononcé en ce sens dans la bonne société, et que le Dict. de l'Académie, Édit. de 1834, ne lui donne d'autre signification que celle de femme de mauvaises mœurs.
POURVOIR. Passé défini, je pourvus: futur, je pourvoirai; conditionel, je pourvoirais: imparfait du subj. que je pourvusse. Le reste sur voir.
POUVOIR. Je puis est plus usité que je peux. On ne dit pas peux-je? mais puis-je? Avec pouvoir on peut supprimer pas et point; je ne puis:—il ne peut sortir:—il en est de même des verbes cesser, oser, et savoir.
PRENDRE GARDE QUE veut ne devant le verbe suivant: prenez garde qu'on ne vous trompe: excepté quand il est employé interrogativement, ou avec une négation.
PRÉPOSITIONS. Les prépositions à, de, en, se répètent toujours avant chaque régime: il dut la vie à la clémence, et à la magnanimité du vainqueur:—il est doux de servir, et de contribuer à sa gloire.
Les autres prépositions, surtout celles qui n'ont qu'une syllabe, se répètent quand les régimes n'offrent aucune ressemblance de signification. Dans la paix et dans la guerre:—par la force et par l'adresse.
Au contraire elles ne se répètent pas quand les régimes sont des expressions synonymes: dans la mollesse et l'oisiveté:—par la force et la violence:—à travers les dangers et les obstacles.
PRÈS, veut après lui la proposition de: près des montagnes;—près du château, excepté dans le style familier; près le marché.
Près de indique aussi le temps et le nombre: il est près de deux heures;—il y a près de vingt ans. Ne dites pas: il est proche de deux heures:—il y a proche de vingt ans.
PRESQUE. L'e final de presque s'élide seulement dans presqu'île; ainsi écrivez sans élision, ouvrage presque achevé:—habit presque usé.
PRÊT À adjectif, signifie disposé à: prêt à partir:—ils sont prêts à commencer. Près de préposition, signifie sur le point de: le soleil est près de se coucher.
PRÉVALOIR se conjugue sur valoir, excepté au présent du subjonctif, où il fait, que je prévale, que tu prévales, qu'il prévale, que nous prévalions, que vous prévaliez, qu'ils prévalent.
PRIER. Imparf. de l'ind. nous priions, vous priiez, ils priaient: présent du subjonctif, que nous priions, que vous priiez.
Prier de dîner se dit d'une invitation accidentelle: Prier à dîner d'une invitation préméditée.
PRONOMS RELATIFS. Les pronoms relatifs qui, que, lequel, laquelle, dont, où, veulent le subjonctif après eux, quand ils ont pour antécédent un nom employé dans une phrase qui marque le doute, le désir, l'interrogation ou le commandement; et l'indicatif, lorsque la phrase exprime quelque chose de positif.
Pronoms relatifs
avec l'indicatif.
Je connais quelqu'un qui pourra vous rendre ce service:—voilà un livre que vous pourrez consulter au besoin:—prêtez-moi ce livre dont vous n'avez pas besoin:—ne quittez pas une place où vous êtes commodément, et d'où vous entendez bien.
Les mêmes pronoms
avec le subjonctif.
Connaissez-vous quelqu'un qui puisse me rendre ce service?—donnez-moi un livre que je puisse consulter au besoin;—prêtez-moi un livre dont vous n'ayez pas besoin:—choisissez une place où vous soyez commodément, et d'où vous entendiez bien.
Auquel, à laquelle, sont d'un usage très-ordinaire, et presque toujours indispensable quand il est question de choses: le jardin auquel je donne mes soins:—les sciences auxquelles je m'applique.
Mais si l'on parle de personnes, on est libre d'employer à qui, ou auquel, à laquelle: Dieu à qui, ou auquel nous devons rapporter toutes nos actions.
Quand ce sont des prépositions autres que de et à, qui régissent le pronom relatif, l'on peut employer indifféremment qui ou lequel, si l'on parle de personnes, et dire; cherchons à fléchir le Juge devant qui, OU devant lequel nous devons paraître un jour:—on s'ennuie toujours avec ceux avec qui, ou avec lesquels il n'est pas permis de s'ennuyer.
Mais si l'on parle de choses, l'on doit se servir de lequel, laquelle: l'opinion contre laquelle je me déclare.
Qui s'emploierait cependant dans les cas où les choses seraient personnifiées: rochers à qui je me plains:—la gloire à qui je me suis dévoué.
PRONONCIATION. La prononciation de la conversation diffère de celle de la déclamation, et de la lecture, en ce qu'elle souffre une infinité d'hiatus, pourvu qu'ils ne soient pas trop rudes. L'usage est tellement prononcé à cet égard, qu'il serait d'un pédant de ne pas s'y conformer. Ainsi dans la conversation, folâtrer et rire:—aimer à jouer, se prononcent, folâtré et rire:—aimé à jouer. En général l's finale des verbes ne se prononce point devant une voyelle: ainsi, tu aimes à rire:—tu joues avec prudence, se prononcent, tu aime à rire:—tu joue avec prudence.
L'articulation vicieuse de la diphthongue oi, si fréquente chez nous, doit attirer l'attention sérieuse de l'instituteur; ou plutôt, devons-nous dire, sa conscience est grevée à cet égard, d'une immense responsabilité envers ses élèves et la société.
En discutant la prononciation de cette diphthongue, Gatel, dans la préface de son dictionnaire, p. xii (Édit. de 1813) dit:
«Quant à la diphthongue oi...je n'ignore pas que l'usage lui donne chez nous...une susceptibilité de plusieurs nuances, pour ceux du moins qui...ont les organes extrêmement souples et délicats. C'est tantôt le son d'œ, ou plutôt d'oè;...tantôt celui d'oa...tantôt celui d'oua...mais ces nuances m'ont paru en général si légères, si difficiles à saisir...que...j'ai jugé plus convenable...de désigner toujours...la prononciation d'oi par oa, en prenant la seule précaution d'affecter l'a de l'accent circonflexe, suivant que le son en devait être plus ou moins fortement appuyé.»
Duvivier, dans son article des diphthongues, dit que le son le plus naturel de la diphthongue oi, «est celui que l'on suit en grec, où l'on fait entendre l'o et l'i, comme dans voi-ïelle, roi-ïaume (voa-ïelle, roa-ïaume) mais,» dit-il, «elle a encore d'autres sons qu'il est difficile de représenter par écrit.»
Outre Gatel déjà cité, Noël et Chapsal dans leur dictionnaire, et Rolland dans son vocabulaire, désignent toujours la prononciation de la diphthongue oi par oa, ou oua. Suivant eux, voir, boire, croire, moi, toi, droit, etc., se prononcent, voar, boar, croar, moa, toa, droa.
Il faut donc éviter de donner le son de l'è ouvert à la diphthongue oi, et se garder de prononcer, vo-ère, bo-ère, cro-ère, mo-è, to-è, dro-è, etc.
Le Dictionnaire de l'Académie, et la plupart des grammairiens modernes donnent, à quelques nuances près, la même règle pour la prononciation de la diphthongue oi.
Le son de la voyelle a, comme le son de quelques autres voyelles, peut être aigu ou grave: il est aigu dans patte, natte et grave dans hâte, pâte. On conçoit, facilement que le son grave doit être plus fort, plus rempli que le son aigu: mais on doit éviter de prononcer l'a comme les anglais le prononcent dans law (loi): et les allemands dans ja (oui) avec une effrayante ouverture de bouche. La douceur, l'harmonie de la langue française, ne peut souffrir la rudesse de tels sons.
L'Académie vient à l'appui de cette règle de la prononciation de la voyelle a.
«Le son de l'a, en français, est le même dans tous les mots: il ne différe que par sa durée, et par des nuances peu sensibles. Il est long ou bref: long dans pâte, grâce; bref dans glace, trace. Dict. de l'Ac. Édit. de 1832.
Les autres voyelles susceptibles de devenir graves, sont e, u, o: tempête, jeûne, côte.
PROPORTIONNEL adjectif, et proportionnellement adverbe, termes de mathématiques, sont employée quand il s'agit de quantités en lignes, en nombres ou en grandeurs, qui sont en proportion. Réduire proportionnellement un grand plan à un petit.
Dans les autres cas, où il est question de proportion entre une chose et une autre chose, on se sert du participe proportionné, et de l'adverbe proportionnément: le remède est proportionné au mal:—il n'a pas été récompensé proportionnement à son mérite.
PROPRE À, désigne une vocation, ou une destination encore imparfaite. Propre pour, marque une capacité acquise: un homme propre à la guerre, pourra être un jour un guérier: un homme propre pour la guerre, a ce qu'il faut pour l'être maintenant.
PUISQUE. L'e de puisque ne s'élide que devant il, ils, elle, elles, on, un, une: même observation pour le mot quoique.
QUATRE-VINGTS prend la marque du pluriel: quatre-vingts hommes: excepté quand il est suivi d'un autre adjectif de nombre: quatre-vingt-dix hommes. Il est également invariable quand il s'agit de la date: l'an mil huit cent quatre-vingt.
QUELQUE s'écrit de trois manières:
1º. suivi d'un verbe il se met en deux mots, quel que, et alors quel adjectif s'accorde au genre et en nombre avec le sujet du verbe: quels que soient les humains.
2º. suivi d'un substantif il s'écrit en un mot, quelque, et s'accorde en nombre avec ce substantif: quelques raisons que vous puissiez me donner.
3º. suivi d'un qualificatif, soit adjectif, soit participe, soit adverbe, quelque s'écrit également en un mot: mais alors il est adverbe, et conséquemment reste invariable: quelque puissans qu'ils soient:—quelque considérés que nous soyons:—quelque adroitement qu'ils s'y prennent.
L'e finale de quelque s'élide seulement devant un, une, autre, il, elle, elles: quelqu'un,—quelqu'une,—quelqu'autre,—quelqu'il soit,—quelle qu'elle soit.
QUELQUE CHOSE. Quand quelque chose signifie une certaine chose, il est substantif masculin. J'ai vu quelque chose de beau. Il est substantif féminin lorsqu'il veut dire, quelque soit la chose. Quelque chose que je lui ai dite.
QUÊTER. C'est abusivement qu'on emploie ce mot pour signifier mendier. Quêter, c'est faire une collecte pour les pauvres, pour les objets de confréries, pour les établissemens religieux, etc. Mendier c'est demander l'aumône.
Même remarque pour quêteur qu'on fait synonyme de mendiant.
Quêteux pour mendiant est doublement barbare.
QUI prend le nombre et la personne de son antécédent, et les communique au verbe dont il est le sujet. Conséquemment on dira: moi qui ai parlé:—toi qui as parlé:—lui ou elle qui a parlé:—nous qui avons parlé:—vous qui avez parlé:—ils, ou elles qui ont parlé.
On doit donc aussi dire, si c'était moi qui voulusse—si c'était vous qui voulussiez—si c'était lui qui voulut, et non pas, si c'était moi qui voulut:—si c'était vous qui voulut, etc.
On dira, vous parlez comme un homme qui entend la matière, et non pas, qui entendez la matière:—vous parlez comme des hommes qui s'y connaissent, et non pas, qui vous y connaissez:—tu étais le seul qui put me dédommager: parce que dans ces phrases, le relatif qui représente le substantif qui le précède immédiatement: et en effet, c'est comme si l'on disait; vous parlez comme un homme, lequel homme entend la matière, etc. et puis ce substantif, que l'on est censé répéter après lequel, étant réellement le sujet, communique au verbe le genre, le nombre et la personne.
Lorsque le relatif qui est précédé d'un adjectif, c'est au pronom qui est placé auparavant que se rapporte ce relatif: en conséquence il faut dire; nous sommes ici plusieurs qui nous souvenons des succès....—c'est vous seuls qui vous chargez de cette responsabilité:—nous étions deux qui étions du même avis. Observez que l'on dirait: nous étions deux juges qui étaient du même avis, et non pas, qui étions du même avis, à cause du substantif juges qui est l'antécédent de qui.
QUI, QUE. On doit éviter la multiplicité de ces pronoms, surtout quand ils sont interrogatifs. La grammaire ne les condamne pas absolument, mais l'oreille en est offensée. Ainsi au lieu de: qui est-ce qui a fait cela?—qu'est-ce que c'est que cela?—qu'est-ce que tu as? dites: qui a fait cela?—qu'est-ce que cela?—qu'as tu?
QUICONQUE devient féminin quand il désigne spécialement une femme: quiconque est bonne mère est adorée de ses enfans.
QUOIQUE, en un mot, signifie bien que; quoique vous soyez instruit, soyez modeste: en deux mots, il veut dire, quelque chose que: quoi que vous lui disiez, il ne vous écoutera pas.
L'e de quoique ne s'élide que devant il, elle, ils, elles, ou, un, une.
R. Dans la lecture, dans le discours soutenu, et dans les vers, r finale des infinitifs en er est nulle devant une consonne ou une h aspirée: mais suivie d'une voyelle ou d'une h muette, elle se fait entendre.
Dans la conversation r est une lettre muette à la fin des infinitifs, même devant une voyelle: aimer à boire,—parler et chanter, se prononcent aimé à boire,—parlé et chanté.
RAILLERIE. Entendre raillerie, c'est bien prendre la raillerie. Entendre la raillerie, c'est avoir le talent de railler.
RAPPELER, (se) veut un régime direct; ne dites pas, je me rappelle de cette personne:—je me rappelle de cette chose:—je m'en rappelle: dites, je me rappelle cette personne:—je me rappelle cette chose:—je me le rappelle.
On met cependant la préposition de devant l'infinitif: dans ce cas de n'est qu'un mot euphonique, et l'infinitif n'en est pas moins le régime direct: je me rappelle d'avoir vu.
RAPPORT. Avoir rapport à exprime une idée de relation, de liaison: les effets ont rapport aux causes. Avoir rapport avec marque une idée d'analogie, de ressemblance: nos plus belles tragédies ont beaucoup de rapport avec celles des Grecs.
RAVOIR ne se dit qu'à l'infinitif.
RÉGIMES, (deux). Quand un verbe a deux régimes, l'un est simple et l'autre est composé: alors il faut toujours placer le régime simple le plus près possible du verbe: apportez-moi-la,—dites-moi-le, seraient donc des fautes, parce que moi est régime composé, et le, la, régimes simples; il faut dire, apportez-la-moi,—dites-le-moi,—donnez le-lui,—chantez-la-nous, etc.
RÉGIME PRONOM. Toutes les fois qu'un verbe actif est suivi d'un infinitif, on doit employer le, la les, devant ce verbe actif, si l'infinitif n'est pas régime direct: car alors il faut que le pronom soit régime direct, puisqu'un verbe actif exige un régime de cette nature: mais on doit employer lui, leur, quand l'infinitif est le régime direct du verbe actif, un verbe actif ne pouvant pas avoir deux régimes directs.
On doit donc dire en parlant d'un homme, je l'ai vu faire bien des sottises, et non pas, je lui ai vu faire bien des sottises: et en parlant des animaux; c'est la brutalité qui leur fait suivre les mouvemens de leur colère: et non pas: c'est la brutalité qui les fait suivre, etc.
Dans la première phrase le pronom le (cet homme) est le régime direct de voir et non pas de l'infinitif faire; c'est comme s'il y avait, j'ai vu cet homme faisant bien des sottises.
Dans la seconde phrase suivre est le régime direct de faire, et leur (aux animaux) le régime indirect; c'est comme si l'on disait; c'est la brutalité qui fait suivre aux animaux les mouvemens de leur colère.
On ne doit pas dire, l'idée les a pris d'aller à la campagne: mais, l'idée leur a pris, etc. Ici le verbe est pris neutralement, et ne saurait avoir de régime direct.
Il y a une grande différence entre, je lui ai vu donner un soufflet, et, je l'ai vu donner un soufflet,—entre, les offres de service que je leur ai vu faire, et, les offres de service que je les ai vus faire:—entre, les liqueurs que je leur ai vu verser, et, les liqueurs que je les ai vus verser. Cette différence est telle, qu'en confondant les deux régimes l'on exprimerait positivement le contraire de ce que l'on voudrait faire entendre.
RÉFORMATION, RÉFORME. La réformation est l'action de réformer; la réforme en est l'effet.
RÉSOUDRE. Je résous, tu résous, il résout, nous résolvons, vous résolvez, ils résolvent, je résolvais, je résolus, je résoudrai, je résoudrais, résous, résolvons, résolves, que je résolve, que nous résolvions, que vous résolviez, que je résolusse, résolvant: il a deux participes passés, résolu et résous: ce dernier n'a point de féminin.
Lorsqu'il est question de déterminer une chose douteuse, on se sert de résolu: ce jeune homme a résolu de changer de conduite. En parlant des choses qui se convertissent en d'autres, on se sert de résous; le soleil a résous le brouillard en pluie.
Quant résoudre est actif, il régit de avant l'infinitif, on a résolu d'agir sans plus tarder: employé passivement il prend à ou de devant l'infinitif: je suis résolu à partir, ou de partir. Quand résoudre est réfléchi, il régit à; je me suis résolu à demander une retraite.
RESPECT. On dit également respè ou respeck. Quand aux mots aspect et circonspect, il faut prononcer aspeck et circonspeck. Cependant Boiste prononce assepekte.
RESTE. Au reste se dit des choses dont on a déjà parlé, et sur lesquelles il reste quelque chose à dire; voilà l'opinion de Bernard: au reste je vous en écrirai.
Du reste s'emploie quand ce qui suit n'est pas dans le même genre que ce qui précède; il est bizarre, emporté, du reste brave homme.
RÉSULTER n'est usité qu'à l'infinitif et aux troisièmes personnes du singulier. Il prend avoir et être.
RÉUNIR, lorsqu'il signifie, posséder en même temps, ne doit jamais être suivie des prépositions à ou avec; ne dites donc pas, Turenne réunissait la prudence à la hardiesse, ni, avec la hardiesse: dites, Turenne réunissait la prudence et la hardiesse. En matière de Fief et d'autres choses semblables, on dit, réunir à.—Réunir un grand Fief à la Couronne.
Le verbe unir rejette la préposition avec, et veut à. Turenne unissait la prudence à la hardiesse.
RÊVER À, c'est réfléchir profondément; il rêve à une affaire. Rêver de, c'est faire un songe: j'ai rêvé de vous:—j'ai rêvé de combats.
REVERS INATTENDU. On prononce rever inattendu.
RIRE. Le participe ri est invariable: ils se sont ri,—elles se sont ri de mes menaces.
ROSBIF, du mot anglais roast-beef, signifie bœuf rôti.
ROYAL. On disait autrefois, des lettres royaux,—des ordonnance royaux: la raison a fait justice de cette bizarre irrégularité: aujourd'hui l'on dit, lettres royales, ordonnances royales.
S. L's finale se fait entendre dans les mots anus, aloès, as, atlas, blocus, calus, fœtus, iris, maïs, mœurs, prospectus, lapis, laps, en sus, locatis, vis, vasistas, et dans les mots purement étrangers, tels que bibus, chorus, agnus, gratis, Crésus, Délos, Rubens, Valens, (prononcez, rubinze valinze) Bacchus, Pallas, etc.
Exceptions. L's ne sonne pas dans Mathias, Thomas, Judas.
Quand le pronom y, ou le pronom en, suit immédiatement la seconde personne singulière de l'impératif terminé par un e muet, il faut, pour éviter un hiatus, y ajouter une s euphonique, et écrire, donnes-en;—portes-y;—aies-en;—travailles-y.
Mais si le mot en, au lieu d'être un pronom, est une préposition, alors on ne fait point usage de la lettre euphonique s; et l'on écrit, admire en France...et non pas, admires en France.
On ne fait pas sonner l's dans cette phrase du discours familier, sur les une heure.
L'impératif va, suivi des pronoms y, en, prend aussi une s: vaS-y-voir;—vaS-en demander; mais on ne doit pas dire, vaS en Angleterre, mais, va en Angleterre, parce que en est ici préposition.
SAILLIR, (verbe neutre et défectif) dans le sens de jaillir, ne se dit que des liquides: il n'est d'usage, suivant du Duvivier, qu'aux troisième personnes, et à l'infinitif, et se conjugue sur finir. Il saillit, ils saillissent, il saillissait, ils saillissaient, il saillit, ils saillirent, il saillira, ils sailliront, il saillirait, ils sailliraient, qu'il saillisse, qu'ils saillissent, qu'il saillît, qu'ils saillissent.
SAILLIR, terme d'architecture, signifie s'avancer en dehors comme un balcon, une corniche. En ce sens il se conjugue différemment du verbe saillir de l'article qui précède, et ne s'emploie qu'à l'infinitif, et à la troisième personne des temps suivans; il saille, ils saillent, il saillait, ils saillaient, il saillera, ils sailleront, il saillerait, ils sailleraient, qu'il saille, qu'ils saillent, qu'il saillît, qu'ils saillissent.
SANS QUE n'est jamais, suivi de ne: dites, sans qu'il vienne, et non, sans qu'il ne vienne.
SAVOIR est le seul verbe qui se mette au subjonctif, sans être sous la dépendance d'un autre mot qui le précède; mais alors il doit être accompagné d'une négation: je ne sache rien de nouveau.
SECOND éveille une idée d'ordre, et deuxième une idée de série. Ne dites pas; le deuxième, mais, le second tome d'un ouvrage qui n'a que deux tomes. Si l'ouvrage a plusieurs tomes, dites, le deuxième et non le second tome.
SEMBLER. Le verbe impersonnel, il semble, veut le subjonctif: il semble qu'il vous craigne: excepté quand il est accompagné d'un régime indirect de personne; il me semble qu'il vous craint.
SEMI ne s'emploie qu'avec certains mots, et reste toujours invariable; une semi-fête:—des semi-tons:—des fleurs semi-doubles.
S'EN ALLER. Le pronom en de s'en aller, doit toujours, dans les temps composés, précéder immédiatement le verbe être. Dites, nous nous en sommes allés: et non pas, nous nous sommes en allés.
Il ne faut pas dire; je m'en vais commencer cette lettre:—je m'en vais lui écrire: mais, je vais commencer cette lettre:—je vais lui écrire.
SENS (ville). Prononcez, San-ce.
SEOIR, pour signifier être assis, ne se dit plus qu'aux participes, séant, sis, sise: et pour signifier être convenable, ne se dit qu'au participe présent, qu'on écrit alors seyant, et aux troisièmes personnes, il sied, ils siéent, il seyait, ils seyaient, il siéra, ils siéront, il siérait, ils siéraient. Il est inusité aux temps composés.
Messeoir se conjugue comme seoir, et s'emploie aux mêmes temps.
SI. On ne doit pas dire, il était si en peine:—si en colère: mais, il était si fort en peine...si fort en colère.
SOFA, CANAPÉ. L'Académie dit qu'on confond souvent les canapés avec les sofas. Sofa, ou sopha, est un lit de repos qui sert de siége. Canapé est un long siége à dossier, qui sert quelquefois, mais rarement, de lit de repos. La plupart des longs siéges, qui parent nos salons, sont des canapés, et c'est une faute de les désigner par le terme sofa. Divan est un canapé oriental, sans dossier.
SOI. Le pronom personnel soi se dit des personnes et des choses. Quand il se dit des personnes, ce ne peut être que dans les propositions générales, ou avec des noms collectifs ou indéfinis, comme on, chacun, personne, quiconque, etc. On doit rarement parler de soi;—chacun est content de soi;—quiconque n'aime que soi, est indigne de vivre;—ne vivre que pour soi, c'est être déjà mort.
Lorsque l'antécédent présente un sens déterminé, ce n'est plus soi qu'il faut employer, c'est lui, elle, lui-même, elle-même: cet homme rapporte tout à lui,—cette femme ne parle que d'elle-même.
Cependant, pour éviter une équivoque, les écrivains emploient soi, quoique l'antécédent offre un sens déterminé. Ce jeune homme, en remplissant les volontés de son père, travaille pour soi. Si au lieu de pour soi, l'on disait pour lui, il y aurait une équivoque; on ne saurait si lui représente le père ou le fils.
Lorsqu'il est question de choses, on peut indifféremment employer le pronom soi, ou le pronom lui, elle. L'aimant attire le fer à soi, ou à lui;—un bienfait porte sa récompense avec soi, ou avec lui,—la vertu est aimable de soi, ou d'elle-même.
Soi étant toujours du nombre singulier, ne peut jamais se rapporter à un pluriel, lorsqu'il s'agit de personnes; mais s'il est question de choses, les avis sont partagés. L'Académie et Th. Corneille rejettent cette phrase, ces choses sont indifférentes de soi, tandis qu'ils admettent celle-ci, de soi ces choses sont indifférentes.
SON, SA, SES, LEUR, LEURS, quand il s'agit de choses, se remplacent par l'article et le pronom en, lorsque ceux-ci peuvent entrer dans la phrase sans nuire au sens. Ainsi, an lieu de dire en parlant d'une maison, son extérieur est agréable; en parlant d'une ville, j'aime ses environs; et en parlant d'arbres, leurs fruits sont excellens; l'on dira: l'extérieur en est agréable,—j'en aime les environs,—les fruits en sont excellens.
Notes de transcription: Pour une plus grande cohérence de l'ouvrage, les majuscules ont été accentuées. De plus les errata incorporés entre l'avertissement et la première page ainsi qu'entre les pages 128 et 129 ont été corrigés dans le texte et repportés à la fin de l'ouvrage. Les primo (1º), secundo (2º) etc. qui figuraient sous la forme 1o, 2o... ont été transformés par souci de lisibilité en 1º, 2º... Le nom de l'auteur a été ajouté dans la première page de présentation.
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