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Mémoires d'Outre-Tombe, Tome 1

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Note 223: «Il acheta bientôt une charge de maître des requêtes, que M. de Malesherbes le força de vendre pour entrer au service, comme la véritable carrière d'un homme de son nom, lorsqu'il épousa mademoiselle de Rosambo.» Manuscrit de 1826. -- Le mariage du frère de Chateaubriand avec Aline-Thérèse Le Peletier de Rosambo eut lieu en novembre 1787.(retour)

Note 224: M. de La Luzerne, qui prit possession de l'ambassade de Londres au mois de janvier 1788, comptait, en effet, parmi les secrétaires attachés à son ambassade, André de Chénier, alors âgé de vingt-cinq ans seulement. Le poète, qui prenait d'ailleurs de fréquents congés, revint définitivement à Paris au mois de juin 1791. (Notice sur André de Chénier, par M. Gabriel de Chénier, p. 11. -- André Chénier, sa vie et ses écrits politiques, par L. Becq de Fouquières, p. 12.)(retour)

Note 225: Mirabeau écrivait à son ami Mauvillon, le 3 décembre 1789: «Ce qu'on vous avait dit relativement au Bosphore (c'est-à-dire à l'ambassade de Constantinople) a été vrai, et beaucoup d'autres choses plus belles encore; mais tout cela n'était qu'un honorable exil, et c'est ici que je suis nécessaire, si je suis nécessaire à quelque chose.» -- Voir les Mirabeau, par Louis de Loménie, tome V, page 31.(retour)

Note 226: Sur l'abbé Duhamel et le séjour de Chateaubriand à Dinan, voir à l'Appendice, le n° V: Chateaubriand et le collège de Dinan.(retour)

Note 227: Duclos (Charles Pinot, sieur), historiographe de France et secrétaire perpétuel de l'Académie française, né à Dinan le 12 février 1704, mort le 26 mars 1772. Maire de sa ville natale, de 1741 à 1750, il s'occupa avec sollicitude de ses intérêts et de son embellissement, encore bien qu'il résidât habituellement à Paris. C'est à lui qu'on doit les deux promenades des Grands et des Petits-Fossés, qui longent les anciennes fortifications de Dinan.(retour)

Note 228: «Broussais fut envoyé au collège de Dinan, où il fit un séjour de huit années.» Notice sur Broussais, par le Dr de Kergaradec, membre de l'Académie de Médecine.(retour)

Note 229: «On sait l'effroyable abus que Broussais et son école ont fait de la diète et des sangsues.» Dr de Kergaradec, op. cit.(retour)

Note 230: François-Jean Raphaël de Brunes, comte (et non marquis) de Montlouet, commissaire des États de Bretagne, né à Pleine-Fougères le 13 août 1728, mort à Bains-les-Bains en Lorraine le 2 août 1787.(retour)

Note 231: Luc-Jean, comte de Gouyon-Beaufort (et non Goyon), chevalier de Saint-Louis, né le 15 février 1725. Il fut guillotiné à Paris le 2 messidor an II (20 juin 1794). Sur les listes de MM. Campardon et Wallon, dans leurs Histoires du Tribunal révolutionnaire, il figure sous le nom de Guyon de Beaufort.(retour)

Note 232: «Les cavaliers turcs, dit l'abbé de Marolles, battus par l'armée chrestienne, près de Komorre, laissèrent neuf cornettes en la puissance des victorieux avec un bon nombre de chevaux, entre lesquels se trouvèrent quatre belles cavales d'une blancheur de poil extraordinaire, qui furent envoyées à ma mère avec un petit carrosse à la mode de ce pays-là, dont elle se servit assez longtemps pour aller à l'église de la paroisse qui estait à une petite lieue de notre maison, ou faire quelques visites dans le voisinage, et quand elle nous menait avec elle, ce nous estait une joye nompareille, parce qu'avec ce qu'elle nous estait la meilleure du monde, et que nous estions ravis de la voir, ce nous estait une réjouyssance nompareille de sortir et de nous aller promener.» Les Mémoires de Michel de Marolles, abbé de Villeloin, tome 1, p. 7. -- 1656.(retour)

Note 233: «Un seul incident variait ces soirées qui figureraient dans un roman du XIe siècle: Il arrivait que mon père, interrompant sa promenade, venait quelquefois s'asseoir au foyer pour nous faire l'histoire de la détresse de son enfance et des traverses de sa vie. Il racontait des tempêtes et des périls, un voyage en Italie, un naufrage sur la côte d'Espagne.

«Il avait vu Paris; il en parlait comme d'un lieu d'abomination et comme d'un pays étranger. Les Bretons trouvaient que la Chine était dans leur voisinage, mais Paris leur paraissait au bout du monde. J'écoutais avidement mon père. Lorsque j'entendais cet homme si dur à lui-même regretter de n'avoir pas fait assez pour sa famille, se plaindre en paroles courtes mais amères de sa destinée, lorsque je le voyais à la fin de son récit se lever brusquement, s'envelopper dans son manteau, recommencer sa promenade, presser d'abord ses pas, puis les ralentir en les réglant sur les mouvements de son cœur, l'amour filial remplissait mes yeux de larmes; je repassais dans mon esprit les chagrins de mon père, et il me semblait que les souffrances endurées par l'auteur de mes jours n'auraient dû tomber que sur moi.» Manuscrit de 1826.
(retour)

Note 234: Voir, à l'Appendice, le n° VI: Histoires de voleurs et de revenants.(retour)

Note 235: «Je composai alors la petite pièce sur la forêt: Forêt silencieuse, que l'on trouve dans mes ouvrages» Manuscrit de 1826. A son retour de l'émigration, en 1800, Chateaubriand fit insérer ces vers dans le Mercure de France, que dirigeait son ami Fontanes. Ils reparurent, en 1828, au tome XXII des Œuvres complètes.(retour)

Note 236: Voyez mes Œuvres complètes. (Paris, note de 1837.) Ch.(retour)

Note 237: Sous ce titre: Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres, précédés d'une Étude sur sa vie, M. Anatole France a publié, en 1879, un exquis petit volume. On y trouve, à la suite des trois petits poèmes insérés ici dans les Mémoires, -- L'Aurore, A la lune, l'Innocence, -- deux contes publiés dans le Mercure, du vivant de Lucile, mais contre son gré: L'Arbre sensible, conte oriental, et l'Origine de la Rose, conte grec. Viennent ensuite trois lettres à M. de Chênedollé, deux lettres à madame de Beaumont, onze lettres ou fragments de lettres à son frère. C'est peu de chose sans doute, assez pourtant pour que le nom de Lucile de Chateaubriand soit immortel.(retour)

Note 238: Malfilâtre (Alexandre-Henri de), né le 19 février 1757. Pourvu d'un office de conseiller non originaire au Parlement de Bretagne, par lettres du 3 mars 1785, il fut reçu le 3 mai suivant. Pendant l'émigration, il entra dans les ordres et mourut à Somers-town, près Londres, le 18 mars 1803. (Lucile de Chateaubriand et M. de Caud, par Frédéric Saulnier, p.7.) M. Saulnier ajoute: «Il était, croyons-nous, d'origine normande, et peut-être parent du poète du même nom. Au XVIIIe siècle, il y avait des Malfilâtre aux environs de Falaise.»(retour)

Note 239: Vers la fin de 1793, Lucile fut arrêtée et enfermée à Rennes, au couvent du Bon-Pasteur, devenu la prison de la Motte, où se trouvaient déjà sa sœur, madame de Farcy, et sa belle-sœur, madame de Chateaubriand. Un document émané du Comité de surveillance de la commune de Rennes relate ainsi les causes de leur incarcération:

«Séance du 8 pluviôse an II (27 janvier 1794) de la République une et indivisible.

«Le Comité de surveillance et révolutionnaire de la commune de Rennes a arrêté d'envoyer au district les motifs qui ont déterminé les incarcérations et arrestations des personnes suivantes:

«1º Julie Chateaubriand, femme Farcy, ex-noble, âgée de 27 ans, envoyée à la maison de réclusion de Rennes, le 21 octobre 1793 (vieux stile), par le Comité de surveillance de Fougères, sans autres motifs;

«2º Lucille Chateaubriand, ex-noble, âgée de 25 ans, regardée comme suspecte aux termes de la loi du 17 septembre (vieux stile);

«3º Céleste Buisson, femme Chateaubriand, ex-noble, âgée de 18 ans, envoyée de Fougères le 21 octobre 1793, même motif

Il ressort de cette pièce que Lucile n'a pas été envoyée de Fougères à Rennes, le 21 octobre 1793, bien qu'à cette époque elle vécût, dans la première de ces deux villes, avec sa sœur et sa belle-sœur. Il est probable qu'elle fut, à ce moment, laissée en liberté, et qu'elle provoqua elle-même son incarcération, pour ne pas quitter la jeune femme, son amie, dont elle avait promis de ne pas se séparer. On lit, en effet, dans une lettre de Lucile, la dernière qu'elle ait écrite à son frère: «Lorsque tu partis pour la seconde fois de France, tu remis ta femme entre mes mains, tu me fis promettre de ne m'en point séparer. Fidèle à ce cher engagement, j'ai tendu volontairement mes mains aux fers, et je suis entrée dans ces lieux destinés aux seules victimes vouées à la mort.»
(retour)

Note 240: Lucile, madame de Farcy et leur jeune belle-sœur recouvrèrent la liberté après le 9 thermidor. Elles sortirent de la prison de la Motte le 15 brumaire an III (5 novembre 1794).(retour)

Note 241: Le mariage de Lucile et de M. de Caud eut lieu à Rennes le 15 thermidor an IV (2 août 1796). Le chevalier de Caud (Jacques-Louis-René), fils de Pierre-Julien Caud, sieur du Basbourg, avocat au Parlement, et de dame Jeanne-Rose Baconnière, était né à Rennes le 19 juin 1727. Sur l'État militaire de France pour l'année 1787, il figure avec les qualifications suivantes: «M. le chevalier de Caud, lieutenant-colonel, chevalier de Saint-Louis, commandant le bataillon de garnison du régiment de Monsieur (Troupes provinciales)». Il était, à la même date, commandant pour S. M. des ville et château de Fougères. En 1796, il n'est plus, sur son acte de mariage, que «Jacques-Louis-René Decaud, vivant de son bien». Le jour des épousailles, Lucile avait 31 ans; M. de Caud était presque septuagénaire: il avait 69 ans passés. «Il laissa sa femme, dit Chateaubriand, veuve au bout d'un an.» Il fit même mieux: il la laissa veuve au bout de sept mois et demi. Le 26 ventôse an V (16 mars 1797), l'officier public de Rennes enregistrait le décès de «Jacques-Louis-René Decaud, vivant de son bien, âgé de soixante-dix ans, décédé en sa demeure, rue de Paris, ce matin, environ six heures.» Voir l'étude si intéressante et si complète de M. Frédéric Saulnier sur Lucile de Chateaubriand et M. de Caud. -- M. Anatole France a commis une double erreur, dans sa Notice sur Lucile, page 35, en donnant pour date à son mariage «cette terrible année 1793», et en disant qu'elle épousa «le comte de Caud».(retour)

Note 242: Tavernier (Jean-Baptiste), né en 1605 à Paris, mort en 1686 à Moscou. Après avoir parcouru la plus grande partie de l'Europe, il fit six voyages dans les Indes. Les Voyages de Tavernier en Turquie, en Perse et aux Indes (Paris, 1679) ont été souvent réimprimés.(retour)

Note 243: Chactas fait la même question au P. Aubry -- : «Homme-prêtre, qu'es-tu venu faire dans ces forêts? -- Te sauver, dit le vieillard d'une voix terrible, dompter tes passions, et t'empêcher, blasphémateur, d'attirer sur toi la colère céleste!» (Atala.)(retour)

Note 244: A mesure que j'avance dans la vie, je retrouve des personnages de mes Mémoires: la veuve du fils du médecin Cheftel vient d'être reçue à l'infirmerie de Marie-Thérèse; c'est un témoin de plus de ma véracité (Note de Paris, 1834). Ch.(retour)

Note 245: Par pitié sans doute et par reconnaissance pour le médecin qui l'avait si bien soigné, Chateaubriand n'a pas cru devoir dire ce que fut le rôle de Cheftel fils. Il ne se contenta pas de vendre les secrets du marquis de La Rouërie, il trahit jusqu'au cadavre de celui qui avait été son ami. Ses perfides manœuvres conduisirent au tribunal révolutionnaire ceux dont il avait paru servir les desseins; il fit monter sur l'échafaud ces trois femmes héroïques, Thérèse de Moëlien, Mme de la Motte de la Guyomarais et Mme de La Fonchais, la sœur d'André Desilles.(retour)

Note 246: Pierre Abailard (1079-1142) est né au Pallet, petit bourg à quatre lieues de Nantes.(retour)

Note 247: Ce sont les derniers vers du Paradis perdu, chant XIIe:

The world was all before them, where to choose
Their place of rest, and Providence their guide!
(retour)

Note 248: Dans René, Chateaubriand a immortalisé le souvenir de cette dernière visite à Combourg: «J'arrivai au château par la longue avenue de sapins; je traversai à pied les cours désertes; je m'arrêtai à regarder les fenêtres fermées ou demi-brisées, le chardon qui croissait au pied des murs, les feuilles qui jonchaient le seuil des portes, et ce perron solitaire où j'avais vu si souvent mon père et ses fidèles serviteurs. Les marches étaient déjà couvertes de mousse; le violier jaune croissait entre leurs pierres déjointes et tremblantes. Un gardien inconnu m'ouvrit brusquement les portes..... J'entrai sous le toit de mes ancêtres. Je parcourus les appartements sonores où l'on n'entendait que le bruit de mes pas. Les chambres étaient à peine éclairées par la faible lumière qui pénétrait entre les volets fermés: je visitai celle où ma mère avait perdu la vie en me mettant au monde, celle où se retirait mon père, celle où j'avais dormi dans mon berceau, celle enfin où l'amitié avait reçu mes premiers vœux dans le sein d'une sœur. Partout les salles étaient détendues, et l'araignée filait sa toile dans les couches abandonnées. Je sortis précipitamment de ces lieux, je m'en éloignai à grands pas sans oser tourner la tête. Qu'ils sont doux, mais qu'ils sont rapides, les moments que les frères et les sœurs passent dans leurs jeunes années, réunis sous l'aile de leurs vieux parents! La famille de l'homme n'est que d'un jour; le souffle de Dieu la disperse comme une fumée. A peine le fils connaît-il le père, le père le fils, le frère la sœur, la sœur le frère! Le chêne voit germer ses glands autour de lui; il n'en est pas ainsi des enfants des hommes!»(retour)

Note 249: Ce livre a été écrit à Berlin (mars et avril 1821). Il a été revu en juillet 1846.(retour)

Note 250: Le Conservateur avait été fondé par Chateaubriand au mois d'octobre 1818. Il avait pour devise: Le Roi, la Charte et les Honnêtes Gens. Ses principaux rédacteurs étaient, avec Chateaubriand, qui n'a peut-être rien écrit de plus parfait que certains articles de ce recueil, l'abbé de La Mennais, le vicomte de Bonald, Fiévée, Berryer fils, Eugène Genoude, le vicomte de Castelbajac, le marquis d'Herbouville, M. Agier, le cardinal de La Luzerne, le duc de Fitz-James, etc. Le Conservateur cessa de paraître le 29 mars 1820, à la suite du rétablissement de la censure.(retour)

Note 251: Les Mémoires sur la vie et la mort de Mgr le duc de Berry avaient paru dès le mois d'avril 1820.(retour)

Note 252: Chateaubriand fut nommé, par Ordonnance du 28 novembre 1820, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire près la cour de Prusse.(retour)

Note 253: Frédéric-Guillaume II (1744-1797), neveu et successeur du grand Frédéric.(retour)

Note 254: Dorothée, princesse de Courlande, née le 21 août 1795, de Pierre, dernier duc de Courlande, et de Dorothée, comtesse de Miden. Elle épousa, le 22 avril 1810, le comte Edmond de Périgord, neveu du prince de Talleyrand. Ce dernier, à l'époque du Congrès de Vienne, dut renoncer à la principauté de Bénévent et reçut en échange le duché de Dino en Calabre: il en abandonna le titre à son neveu, et sa nièce s'appela dès lors duchesse de Dino. Ce fut à elle qu'il confia le soin de faire les honneurs de son salon. Femme éminente, d'un esprit sérieux, cultivé et indépendant, elle déploya dans cette tâche tant de charme et de tact que l'on accourait à l'hôtel de la rue Saint-Florentin pour elle peut-être plus encore que pour le maître de la maison. Elle ne quitta plus le prince et entoura de soins les années de sa vieillesse. Ce fut elle qui lui parla d'une réconciliation avec l'Église; ce fut sur ses instances qu'il signa, le 17 mai 1838, sa rétractation et sa lettre au Saint-Père. Le 3 mai, précédant de quelques jours dans la tombe son frère le prince de Talleyrand, le duc de Talleyrand-Périgord était mort à l'âge de soixante-dix-huit ans, et ce titre était passé à son fils Edmond de Talleyrand-Périgord. Madame de Dino, devenue duchesse de Talleyrand, mourut à son tour le 19 septembre 1862. (Voir, à l'Appendice du tome III des Souvenirs du baron de Barante, la Notice sur la duchesse de Dino.)(retour)

Note 255: Le comte Roger de Caux, premier secrétaire; le chevalier de Cussy, deuxième secrétaire. -- Le comte Roger de Caux, après avoir été secrétaire à Madrid (1814) et à la Haye (1816), était depuis 1820 secrétaire à Berlin. Lors de la guerre d'Espagne, il fut attaché à l'expédition du duc d'Angoulême avec le titre de chargé d'affaires à Madrid. Il a rempli le fonctions de ministre de France à Hanovre du 1er juin 1823 au 15 mai 1831. -- Le chevalier de Cussy, né à Saint-Étienne-de-Montluc (Loire-Inférieure) le 1er décembre 1795, était deuxième secrétaire à Berlin depuis le 1er février 1820. Il devint en 1823 secrétaire à Dresde. De 1827 à 1845, il fut successivement consul à Fernambouc, à Corfou, à Rotterdam, à Dublin et à Dantzick. Consul général à Palerme (12 mars 1845), puis à Livourne (novembre 1847), il fut mis à la retraite le 13 avril 1848. Il avait épousé en 1828 Mlle Amélie Dubourg de Rosnay, fille du général de ce nom.(retour)

Note 256: Aujourd'hui l'empereur et l'impératrice de Russie. (Paris, note 1832.) Ch. -- Nicolas Ier (1796-1855). Troisième fils de Paul Ier, il monta sur le trône en 1825, à la mort d'Alexandre Ier, son frère aîné, par l'effet de la renonciation de son autre frère, l'archiduc Constantin. Il avait épousé la princesse Charlotte de Prusse, fille du roi Frédéric-Guillaume III.(retour)

Note 257: Sur le cousin Moreau et sur sa mère Julie-Angélique-Hyacinthe de Bedée, sœur de madame de Chateaubriand, voir, à l'Appendice, le n° VII: Le cousin Moreau.(retour)

Note 258: Avec une figure que l'on trouvait charmante, une imagination pleine de fraîcheur et de grâce, avec beaucoup d'esprit naturel, se développèrent en elle ces talents brillants auxquels les amis de la terre et de ses vaines jouissances attachent un si puissant intérêt. Mademoiselle de Chateaubriand faisait agréablement et facilement les vers; sa mémoire se montrait fort étendue, sa lecture prodigieuse; c'était en elle une véritable passion. On a connu d'elle une traduction en vers du septième chant de la Jérusalem délivrée, quelques épîtres et deux actes d'une comédie où les mœurs de ce siècle étaient peintes avec autant de finesse que de goût.» (L'abbé Carron, Vie de Julie de Chateaubriand, comtesse de Farcy.)(retour)

Note 259: J'ai placé la vie de ma sœur Julie au supplément de ces Mémoires. (Note B.) -- Ch.(retour)

Note 260: L'abbé Carron (Guy-Toussaint-Joseph), né à Rennes le 25 février 1760. Réfugié en Angleterre après le 10 Août, il fonda à Somers-Town, près Londres, plusieurs établissements charitables, et notamment deux maisons d'éducation destinées à recevoir les enfants des émigrés pauvres. A la première Restauration il fut invité par Louis XVIII à revenir à Paris, amenant avec lui ses élèves et les dames qui s'étaient consacrées, sous sa direction, à cette œuvre de dévouement. L'Institut des nobles orphelines -- tel fut alors le titre que prit l'établissement de l'abbé Carron -- fut installé rue du faubourg Saint-Jacques, au nº 12 de l'impasse des Feuillantines. Le retour de l'île d'Elbe obligea le saint prêtre à reprendre le chemin de l'exil; il se trouvait, en effet, compris dans l'un des nombreux décrets de proscription que Napoléon avait lancés de Lyon. Il ne revint en France que le 8 novembre 1815. En 1816, la duchesse d'Angoulême consentit à ce que son établissement prit le nom d'Institut royal de Marie-Thérèse. C'est dans cette maison qu'il mourut le 15 mars 1821. Il avait écrit un nombre considérable d'ouvrages, dont les principaux sont: les Confesseurs de la foi dans l'Église gallicane à la fin du XVIIIe siècle, et les Vies des Justes dans les différentes conditions de la vie. Ce dernier recueil, qui ne forme pas moins de huit volumes, se divise en plusieurs séries: Vies des Justes dans l'état du mariage; -- dans l'étude des lois ou dans la Magistrature; -- dans la profession des armes; -- dans l'épiscopat et le sacerdoce; -- parmi les filles chrétiennes; -- dans les conditions ordinaires de la société; -- dans les plus humbles conditions de la société; -- dans les plus hauts rangs de la société. C'est dans cette dernière série que se trouve la vie de Mme de Farcy. -- Voir la Vie de l'abbé Carron, par un Bénédictin de la congrégation de France, un volume in-8, 1866.(retour)

Note 261: La Vie de Julie de Chateaubriand se termine en effet par ces lignes: «Mlle de Chateaubriand n'était pas fille unique: hélas! la postérité, en s'attachant à ce nom célèbre, dira les victimes qu'il rappelle, victimes d'un dévouement sans bornes à l'autel et au trône. Un de ses frères, avec tant d'autres braves, avait quitté le sol de la patrie quand sa sœur y périt; elle avait vu la tombe s'ouvrir devant elle, et ce fut de ses bords qu'elle fit tenir, à ce frère si chéri et si digne de l'être, le dernier gage de sa tendresse. Écoutons-le nous raconter l'effet que cet envoi touchant fit sur son cœur.» (Suivait un extrait de la Préface de la première édition du Génie du christianisme.) (retour)

Note 262: Julien-Hyacinthe de Marnière, chevalier de Guer, fils cadet de Joseph-Julien de Marnière, marquis de Guer, et d'Angélique-Olive de Chappedelaine, né à Rennes le 25 mars 1748. Il émigra en 1791, fit une campagne à l'armée des princes et passa ensuite en Angleterre. En 1795, il rentra en France, et on le retrouve alors à Lyon, où il est un des agents les plus actifs du parti royaliste. Obligé de repasser en Angleterre, il ne revint que sous le Consulat et publia, de 1801 à 1815, plusieurs écrits sur des matières financières, économiques et politiques. Préfet du Lot-et-Garonne sous la Restauration, il venait d'être appelé à la préfecture du Morbihan, lorsqu'il mourut à Paris, le 26 juin 1816.(retour)

Note 263: Pommereul (François-René-Jean, baron de), né à Fougères le 12 décembre 1745. Général de division (1796); préfet d'Indre-et-Loire (1800-1805); préfet du Nord (1805-1810); directeur-général de l'imprimerie et de la librairie (1811-1814); commissaire extraordinaire, durant les Cent-Jours, dans la 5e division militaire (Haut et Bas-Rhin). Il fut proscrit par l'ordonnance du 24 juillet 1815, mais, dès 1819, il obtint de rentrer en France. Il mourut à Paris le 5 janvier 1823. On lui doit un grand nombre d'ouvrages et, en particulier, celui auquel fait allusion Chateaubriand: Campagnes du général Bonaparte en Italie pendant les années IV et V de la République française, in-8°, avec cartes; Paris, l'an VI (1797). Le baron de Pommereul était un homme de rare mérite. Un contemporain, dont les jugements ne pèchent pas d'habitude par excès d'indulgence, le général Thiébault, parle de lui en ces termes: «Quant au général Pommereul, ce que j'avais appris de ses travaux scientifiques et littéraires, des missions qu'il avait remplies, de sa capacité enfin, était fort au-dessous de ce que je trouvai en lui. Peu d'hommes réunissaient à une instruction aussi variée et aussi complète une élocution plus nerveuse. Sa répartie était toujours vive, juste et ferme, et, lorsqu'il entreprenait une discussion, il la soutenait avec une haute supériorité, de même que, lorsqu'il s'emparait d'un sujet, il le développait avec autant d'ordre et de profondeur que de clarté; et tous ces avantages, il les complétait par une noble prestance et une figure qui ne révélait pas moins son caractère que sa sagacité. C'est un des hommes les plus remarquables que j'aie connus.» Mémoires du général baron Thiébault, T. III, p. 280.(retour)

Note 264: Lettres de Mme de Sévigné, des 4, 11 et 18 décembre 1675.(retour)

Note 265: Ce n'était pas la comtesse Victorine de Chastenay, l'auteur des très spirituels Mémoires publiés en 1896 par M. Alphonse Roserot. Mme Victorine de Chastenay n'avait que quinze ans en 1786. Elle a raconté elle-même comment elle vit Chateaubriand, pour la première fois, non chez elle en 1786, mais beaucoup plus tard, sous le Consulat, à un dîner chez Mme de Coislin, auquel assistait: «l'auteur du Génie du christianisme», alors dans tout l'éclat de sa jeune gloire. Mémoires de Mme de Chastenay, T. II, p. 76.(retour)

Note 266: La comtesse de Québriac, Bénigne-Jeanne de Chateaubriand, avait épousé en secondes noces, à Saint-Léonard de Fougères, le 24 avril 1786, Paul-François de la Celle, vicomte de Chateaubourg, capitaine au régiment de Condé, chevalier de Saint-Louis, né à Rennes le 29 février 1752. -- De ce dernier mariage sont nés plusieurs enfants, et notamment un fils, Paul-Marie-Charles, devenu chef de nom et armes, né en 1789, décédé en 1859, laissant plusieurs fils qui ont continué la postérité.(retour)

Note 267: L'État militaire de la France pour 1787, à l'article Régiment de Navarre, donne sur ces officiers les indications suivantes: M. de Guénan, lieutenant en premier; M. Berbis des Maillis (et non des Mahis), lieutenant en second; La Martinière, lieutenant en second; Achard, sous-lieutenant.(retour)

Note 268: Victurnien-Bonaventure-Victor de Rochechouart, marquis de Mortemart (1753-1823), entra en 1768 à l'École d'artillerie de Strasbourg, devint ensuite capitaine, puis lieutenant-colonel au régiment de Navarre, fut, en 1778, colonel en second du régiment de Brie, et, en 1784, colonel-commandant du régiment de Navarre. Député aux États-Généraux de 1789 par la noblesse du bailliage de Rouen, il fut promu maréchal de camp le 1er mars 1791, émigra en 1792 et servit à l'armée des princes, où Chateaubriand le retrouva. A la première Restauration, il fut fait lieutenant général le 3 mars 1815, et, après les Cent-Jours, il fit partie, ainsi que son ancien sous-lieutenant au régiment de Navarre, de la promotion de Pairs du 17 août 1815.(retour)

Note 269: Christophe-François-Thérèse Picon, comte d'Andrezel, né à Paris en 1746, était le petit-fils de Jean-Baptiste-Louis Picon, marquis d'Andrezel, ambassadeur de France à Constantinople, et de Françoise-Thérèse de Bassompierre. D'abord page, il entra dans l'armée et fut promu, en 1784, major au régiment de Navarre. Il émigra et fit la campagne des princes. Au retour des Bourbons, il fut nommé maréchal de camp et admis à la retraite. Il entra alors, quoique âgé de 69 ans, dans la carrière administrative et remplit, de 1815 à 1821, les fonctions de sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Dié (Vosges).(retour)

Note 270: Frédéric II mourut le 17 août 1786.(retour)

Note 271: Le 12 prairial an VI correspondait au 31 mai 1798.(retour)

Note 272: 23 avril 1798.(retour)

Note 273: Mon neveu à la mode de Bretagne, Frédéric de Chateaubriand, fils de mon cousin Armand, a acheté La Ballue, où mourut ma mère. Ch.(retour)

Note 274: Le château de Marigny est situé dans la commune de Saint-Germain-en-Coglès, canton de Saint-Brice-en-Coglès, arrondissement de Fougères (Ille-et-Vilaine). C'est, on le sait, dans les environs de Fougères que Balzac a placé le théâtre de son roman des Chouans, ou la Bretagne en 1799, et il l'écrivit précisément au château de Marigny, où il était l'hôte du général baron de Pommereul. Il aurait pu y faire un rôle à la sœur de Chateaubriand, car la comtesse de Marigny, royaliste ardente, ne laissa pas de prendre à la chouannerie une part assez active; son château servait aux chefs de lieu de rendez-vous. On la trouve de même mêlée à la pacification de 1800. (Le Maz, Un district breton, p. 338.) La comtesse de Marigny est morte à Dinan le 18 juillet 1860, dans sa cent et unième année.(retour)

Note 275: Voir sur lui la note 1 de la page 27.(retour)

Note 276: Saint-Huberti (Marie-Antoinette Clavel, dite), première chanteuse de l'Opéra, née à Strasbourg vers 1756. Point belle, mais d'une physionomie fort expressive, elle était sans rivale dans les opéras de Gluck, et particulièrement dans le rôle d'Armide, pour l'expression de son chant, la largeur de son jeu et la noblesse de ses attitudes. Mariée d'abord à un aventurier nommé Saint-Huberti, elle épousa, le 29 décembre 1790, le comte d'Antraigues, député aux États-Généraux. Ils périrent tous deux tragiquement, le 22 juillet 1812, en leur cottage de Barnes Terrace, près Londres, assassinés par un domestique italien nommé Lorenzo, congédié de la veille. -- Voir le volume de M. Léonce Pingaud: Un agent secret sous la Révolution et l'Empire. Le comte d'Antraigues, 1893.(retour)

Note 277: Mémoires du maréchal de Bassompierre, contenant l'histoire de sa vie et ce qui s'est fait de plus remarquable à la cour de France jusqu'en 1640, tome I, p. 305.(retour)

Note 278: Nom d'une salle d'attente dans le château de Versailles, lorsque la Cour s'y trouvait; elle était éclairée par un œil-de-bœuf.(retour)

Note 279: Coigny (Marie-Henry-François Franquetot, duc de), né à Paris le 28 mars 1737. Il était, depuis 1774, premier écuyer du roi. En 1789, il fut élu député de la noblesse aux États-Généraux par le baillage de Caen et siégea au côté droit. Sous la Restauration, il fut nommé successivement pair de France (4 juin 1814), gouverneur du château de Fontainebleau, premier écuyer du roi, gouverneur de Cambrai, gouverneur des Invalides (10 janvier 1816) et maréchal de France (3 juillet suivant). Il est mort à Paris le 19 mai 1821.(retour)

Note 280: J'ai retrouvé M. le comte d'Hautefeuille; il s'occupe de la traduction de morceaux choisis de Byron; madame la comtesse d'Hautefeuille est l'auteur, plein de talent, de l'Âme exilée, etc., etc. Ch.

Hautefeuille (Charles-Louis-Félicité-Texier, comte d'), né à Caen le 7 janvier 1770. Capitaine de cavalerie en 1789, il fut des premiers à émigrer (1791), et, après avoir fait à l'armée des princes la campagne de 1792, il prit du service en Suède, dans la garde royale, et ne rentra en France qu'en 1811. Le département du Calvados l'envoya en 1815 à la Chambre des députés, où il siégea jusqu'en 1824. Nommé gentilhomme de la chambre du roi, il assista, en cette qualité, au sacre de Charles X. Il est mort à Versailles le 21 septembre 1865. Il avait épousé, en 1823, Mlle de Beaurepaire, fille de l'un des plus vaillants officiers de l'armée vendéenne. La comtesse d'Hautefeuille a publié, sous le pseudonyme d'Anna-Marie, plusieurs ouvrages remarquables, dont les principaux sont l'Âme exilée, la Famille Gazotte et les Cathelineau.
(retour)

Note 281: Beauvau (Charles-Juste, duc de), né à Lunéville le 10 septembre 1720. Membre de l'Académie française en 1771, maréchal de France en 1783, ministre de Louis XVI en 1789. Il mourut, le 19 mai 1793, au Val, près de Saint-Germain.(retour)

Note 282: Dans la Gazette de France, du mardi 27 février 1787, on lit ce qui suit: «Le comte Charles d'Hautefeuille, le baron de Saint-Marsault, le baron de Saint-Marsault Chatelaillon et le chevalier de Chateaubriand, qui précédemment avaient eu l'honneur d'être présentés au roi, ont eu, le 19, celui de monter dans les voitures de Sa Majesté, et de la suivre à la chasse.» Ch.(retour)

Note 283: Le Mémorial historique de la Noblesse a publié un document inédit annoté de la main du roi, tiré des Archives du royaume, section historique, registre M. 813 et carton M. 814; il contient les Entrées. On y voit mon nom et celui de mon frère: il prouve que ma mémoire m'avait bien servi pour les dates. (Notes de Paris, 1840.) Ch.(retour)

Note 284: Cette idylle figure, dans l'Almanach des Muses de 1790, à la page 205, sous ce titre: L'Amour de la campagne, et avec cette signature: par le chevalier de C***. Chateaubriand lui a donné place dans ses Œuvres complètes, tome XXI, p. 321.(retour)

Note 285: Ce livre a été écrit à Paris de juin à décembre 1821. -- Il a été revu en décembre 1846.(retour)

Note 286: On lit dans le Moniteur du dimanche 29 avril 1821, sous la rubrique: Paris, 28 avril: «M. le vicomte de Chateaubriand, ministre plénipotentiaire de France à Berlin, est arrivé avant-hier à Paris.» Le baptême du duc de Bordeaux eut lieu à Notre-Dame le 1er mai 1821.(retour)

Note 287: M. de Villèle sortit du ministère le 27 juillet 1821; Chateaubriand donna sa démission d'ambassadeur le 31 juillet.(retour)

Note 288: Marigny a beaucoup changé depuis l'époque où ma sœur l'habitait. Il a été vendu et appartient aujourd'hui à MM. de Pommereul, qui l'ont fait rebâtir et l'ont fort embelli. Ch.

C'est la nièce de Chateaubriand, Mme Élisabeth-Cécile Geffelot de Marigny, mariée à Joseph-Louis-Mathurin Gouyquet de Bienassis, qui vendit le château de Marigny au baron de Pommereul, par contrat du 30 juin 1810. Le propriétaire actuel est M. Henri-Charles-Jean, baron de Pommereul, petit-fils de l'acquéreur de 1810, marié le 9 juillet 1849 à Mlle Marie-Thérèse Macdonald de Tarente, petite-fille du maréchal duc de Tarente.
(retour)

Note 289: La Martinière (Antoine-Augustin Bruzen de), né à Dieppe en 1673, mort à La Haye le 19 juin 1749. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, dont le principal: Grand Dictionnaire géographique et critique (La Haye, 1726-1730) ne forme pas moins de 10 vol. in-fol. Il était neveu du P. Simon, dont la notice suit.(retour)

Note 290: Simon (Richard), introducteur du rationalisme dans l'exégèse; né le 13 mai 1638 à Dieppe, où il est mort le 11 avril 1712. Il était membre de l'Oratoire. Après avoir enseigné la philosophie à Juilly et à Paris, il fut exclu de son ordre pour avoir soutenu, dans son Histoire critique du Vieux Testament (1678), des opinions qui suscitèrent les critiques de Bossuet et des solitaires de Port-Royal et le firent condamner par le Saint-Siège. Voir Port-Royal, par Sainte-Beuve, tome IV, p. 380, 509.(retour)

Note 291: Jean Pecquet (1622-1674), né à Dieppe comme les deux précédents. On lui doit plusieurs découvertes importantes, entre autres celle du réservoir du chyle, dit Réservoir de Pecquet. Il était membre de l'Académie des sciences. Médecin et ami de Fouquet, il était aussi l'ami de Mme de Sévigné, qui l'appela pour donner ses soins à Mme de Grignan. Voir les Lettres de Mme de Sévigné des 22 décembre 1664, de janvier 1665, du 19 novembre 1670 et du 11 juillet 1672.(retour)

Note 292: Renée-Élisabeth de la Belinaye, fille aînée d'Armand Magdelon, comte de la Belinaye, et de Marie-Thérèse Frain de la Villegontier, née à Fougères le 28 janvier 1728, morte en la même ville le 19 juin 1816. -- Sa sœur, Thérèse de la Belinaye, mariée à Anne-Joseph-Jacques Tuffin de la Rouërie, a été la mère du marquis Armand, le célèbre conspirateur.(retour)

Note 293: Je relève sur l'Almanach royal de 1789, p. 294, la mention suivante: «Cour de Parlement. Grand'Chambre. Président... Messire Louis Le Peletier de Rosambo, rue de Bondy(retour)

Note 294: Delisle de Sales (Jean-Baptiste Isoard, dit), né en 1743 à Lyon, mort le 22 septembre 1816. Quelques-unes de ses compilations ne laissèrent pas d'avoir un assez grand succès. Sa Philosophie de la nature, ou Traité de morale pour l'espèce humaine (1769) a obtenu sept éditions. La dernière, publiée en 1804, forme 10 vol. in-8°.(retour)

Note 295: Flins des Oliviers (Claude-Marie-Louis-Emmanuel Carbon de), né en 1757 à Reims, mort en 1806. La multiplicité de ses noms lui attira cette épigramme de Lebrun:

Carbon de Flins des Oliviers
A plus de noms que de lauriers.

Ami de Fontanes, il rédigea avec lui, en 1789, le Journal de la Ville et des Provinces, ou le Modérateur. Il a fait jouer, non sans succès, plusieurs comédies en vers. L'une d'elles, le Réveil d'Épiménide à Paris ou les Étrennes de la liberté, représentée sur le Théâtre-Français, le 1er janvier 1790, obtint une vogue considérable, justifiée d'ailleurs par le mérite de la pièce et par son excellent esprit.(retour)

Note 296: Le Théâtre-Français occupait, depuis 1782, la salle construite par ordre de Louis XVI, d'après les plans des architectes Peyre et de Wailly, près le Luxembourg, à l'extrémité du terrain qu'occupait le jardin de l'hôtel Condé. En 1798, ce théâtre reçut le nom d'Odéon, parce que des opéras devaient former le fond de son répertoire. C'était un souvenir classique du théâtre couvert de ce nom [Grec: ᾨδεῖον] bâti à Athènes par Périclès pour les concours de musique. La salle de 1782 fut incendiée dans la nuit du 18 au 19 mars 1799. Reconstruit sur ses anciennes fondations par décision du premier Consul, ce théâtre fut détruit une seconde fois par le feu le 20 avril 1818. Louis XVIII le fit rebâtir. C'est l'Odéon actuel.(retour)

Note 297: Brizard (Jean-Baptiste Britard, dit), né en 1721 à Orléans, mort le 30 janvier 1791. Après avoir remporté, comme tragédien, de très grands succès dans les pères nobles et les rois, il s'était retiré, le 1er avril 1786, le même soir que le couple Préville et Mlle Fanier. Tous parurent dans la Partie de chasse de Henri IV, au milieu des bravos et de l'émotion générale. (G. Monval et P. Porel, l'Odéon, tome I, p. 249.)(retour)

Note 298: Talma avait débuté, le 21 novembre 1787, en jouant le rôle de Séide, dans le Mahomet, de Voltaire. (G. Monval et P. Porel, op. cit., tome I, page 57.)(retour)

Note 299: Mlle Saint-Val cadette. Son aînée avait quitté la Comédie-Française en 1779.(retour)

Note 300: Mlle Olivier (Jeanne-Adélaïde-Gérardine), née à Londres en 1765. Toute jeune encore, charmante avec sa chevelure blonde et ses yeux noirs, elle avait créé, le 27 avril 1784, le rôle de Chérubin dans le Mariage de Figaro, et son succès avait presque égalé celui de Mlle Contat, qui jouait Suzanne.(retour)

Note 301: Mars (Anne-Françoise-Hyppolyte Boutet, dite Mlle), née à Paris le 9 février 1779, morte le 20 mars 1847. Elle était fille de l'acteur Boutet dit Monvel et d'une actrice de province, Marguerite Salvetat. Ne pouvant prendre, au théâtre, le nom de Monvel, elle prit celui de sa mère, qui se faisait appeler Madame Mars. Dès l'âge de treize ans, en 1792, elle débuta dans des rôles d'enfants au Théâtre de mademoiselle Montansier, auquel était attaché son père. -- La salle de Mlle Montansier est actuellement le Théâtre du Palais-Royal.(retour)

Note 302: «Le chevalier de Parny est grand, mince, le teint brun, les yeux noirs enfoncés et fort vifs. Nous étions liés. Il n'a pas de douceur dans la conversation... Il m'a dit que les sites décrits par Saint-Pierre dans Paul et Virginie étaient faux: mais Parny enviait Bernardin.» (Note manuscrite de Chateaubriand, écrite en 1798 sur un exemplaire de l'Essai.) Ce curieux exemplaire, donné un jour par Chateaubriand à J.-B. Soulié, rédacteur de la Quotidienne, après avoir passé dans la bibliothèque de M. Aimé-Martin, dans celle de M. Tripier et enfin dans celle de Sainte-Beuve, est possédé aujourd'hui par Mme la comtesse de Chateaubriand.(retour)

Note 303: Guinguené. -- Voir sur lui la note 2 de la page 107.(retour)

Note 304: Guinguené fut nommé, au commencement de 1798, ambassadeur de la République française à Turin. «C'était, dit M. Ludovic Sciout (le Directoire, tome III, p. 532), c'était un vrai Trissotin, un révolutionnaire aussi sot qu'insolent.» Par affectation de simplicité, et sans doute aussi par économie, car il tenait beaucoup à l'argent, il fit dispenser sa femme de paraître en habit de cour aux audiences. Sans perdre une heure, il dépêcha au ministre des relations extérieures un courrier extraordinaire, porteur de la grande nouvelle: la citoyenne ambassadrice est allée à la cour en pet-en-l'air! Ce pauvre Guinguené avait compté sans son hôte: le ministre (c'était Talleyrand) glissa aussitôt dans le Moniteur la note suivante: «Un ambassadeur de la République a écrit, dit-on, au ministre des relations extérieures qu'il venait de remporter une victoire signalée sur l'étiquette d'une vieille monarchie, en y faisant recevoir l'ambassadrice en habits bourgeois. Le ministre lui a répondu que la République n'envoyait que des ambassadeurs, parce qu'il n'y avait chez elle que des directeurs et qu'on n'y connaissait de directrices que celles qui se trouvaient à la tête de quelques spectacles.» (Moniteur du 26 juin 1798.) -- A quelques jours de là, Guinguené était rappelé.(retour)

Note 305: La Décade philosophique, fondée le 10 floréal an II (29 avril 1794). Guinguené en fut le principal rédacteur. Il était secondé par une «société de républicains» devenue en l'an V «une société de gens de lettres». On remarquait, dans le nombre, J.-B. Say, Amaury Duval, Lebreton, Andrieux, etc. Peu après l'établissement de l'empire, le 10 vendémiaire an XIII (2 octobre 1804), la Décade changea son titre en celui de Revue philosophique, littéraire et politique. Elle cessa de paraître en 1807. Lors de la publication du Génie du christianisme, la Décade n'avait pas manqué de l'attaquer très vivement dans trois articles dus à la plume de Guinguené et réunis aussitôt en brochure sous ce titre: Coup d'œil rapide sur le Génie du christianisme, ou quelques pages sur les cinq volumes in-8° publiées sous ce titre par François-Auguste Chateaubriand. -- Paris, de l'imprimerie de la Décade, etc., an X (1802), in-8° de 92 pages.(retour)

Note 306: Le Brun (Ponce-Denis Escouchard) dit Lebrun-Pindare; né le 11 août 1729 à Paris, où il est mort le 2 septembre 1807.(retour)

Note 307: Déjà, en 1798, dans une note manuscrite de son exemplaire de l'Essai, Chateaubriand avait tracé de Le Brun ce joli croquis: «Le Brun a toutes les qualités du lyrique. Ses yeux sont âpres, ses tempes chauves, sa taille élevée. Il est maigre, pâle, et quand il récite son Exegi monumentum, on croirait entendre Pindare aux Jeux olympiques. Le Brun ne s'endort jamais qu'il n'ait composé quelques vers, et c'est toujours dans son lit, entre trois et quatre heures du matin, que l'esprit divin le visite. Quand j'allais le voir le matin, je le trouvais entre trois ou quatre pots sales avec une vieille servante qui faisait son ménage: «Mon ami, me disait-il, ah! j'ai fait cette nuit quelque chose! oh! si vous l'entendiez!» Et il se mettait à tonner sa strophe, tandis que son perruquier, qui enrageait, lui disait: «Monsieur, tournez donc la tête!» et avec ses deux mains il inclinait la tête de Le Brun, qui oubliait bientôt le perruquier et recommençait à gesticuler et déclamer.»(retour)

Note 308: Sur le souper antique de M. de Vaudreuil, voyez les Souvenirs de Mme Lebrun-Vigée. Le Brun, coiffé du laurier de Pindare, y récita des imitations d'Anacréon.(retour)

Note 309: Il est bien vrai que Le Brun a écrit des vers sanglants contre Bonaparte; mais ces vers, il les a tenus secrets, tandis qu'il avait bien soin de publier ceux où il célébrait ce même Bonaparte. «Il s'était tout à fait, et dès le premier jour, dit Sainte-Beuve, rallié à Bonaparte, qui lui avait accordé une grosse pension 6,000 francs. Il a loué le héros, comme il avait déjà loué indifféremment Louis XVI, Calonne, Vergennes, Robespierre, sans préjudice des petites épigrammes qu'il se passait dans l'intervalle et qui ne comptaient pas.» Causeries du lundi, V. 134.(retour)

Note 310: Chamfort (Sébastien-Roch Nicolas, dit), né près de Clermont en Auvergne en 1741, mort à Paris, sous la Terreur, victime de cette révolution dont il avait été l'un des adeptes les plus fanatiques.(retour)

Note 311: Arrêté une première fois et enfermé aux Madelonnettes, ramené bientôt dans son appartement de la Bibliothèque nationale, mais placé sous la surveillance d'un gendarme, le jour où on avait voulu le conduire en prison, pour la seconde fois, Chamfort avait voulu se tuer. Il s'était tiré un coup de pistolet, qui lui avait seulement fracassé le bout du nez et crevé un œil. Il avait pris alors un rasoir, essayant de se couper la gorge, y revenant à plusieurs reprises et se mettant en lambeaux toutes les chairs; enfin cette seconde tentative ayant manqué comme la première, il s'était porté plusieurs coups vers le cœur; puis par un dernier effort, il avait tâché de se couper les deux jarrets et de s'ouvrir toutes les veines. La mort s'était ri de lui, selon le mot de Chateaubriand, et elle le vint prendre seulement quelques semaines plus tard, le 13 avril 1794. -- En 1797, dans son Essai sur les Révolutions, Chateaubriand avait tracé de Chamfort un portrait qui doit être rapproché de celui des Mémoires. «Chamfort, écrivait-il, était d'une taille au-dessus de la médiocre, un peu courbé, d'une figure pâle, d'un teint maladif. Son œil bleu, souvent froid et couvert dans le repos, lançait l'éclair quand il venait à s'animer. Des narines un peu ouvertes donnaient à sa physionomie l'expression de la sensibilité et de l'énergie. Sa voix était flexible, ses modulations suivaient les mouvements de son âme, mais dans les derniers temps de mon séjour à Paris, elle avait pris de l'aspérité, et on y démêlait l'accent agité et impérieux des factions... Ceux qui ont approché M. Chamfort savent qu'il avait dans la conversation tout le mérite qu'on retrouve dans ses écrits. Je l'ai souvent vu chez M. Guinguené, et plus d'une fois il m'a fait passer d'heureux moments, lorsqu'il consentait, avec une petite société choisie, à accepter un souper dans ma famille.» Essai, livre I, première partie, chapitre XXIV.(retour)

Note 312: Delille (Jacques), né le 22 juin 1738 à Aigueperse (Auvergne), mort le 1er mai 1813.(retour)

Note 313: Rulhière (Claude-Carloman de), né en 1735 à Bondy, près Paris, mort le 30 janvier 1791. Mme d'Egmont était la fille du maréchal de Richelieu. Ce fut elle, en effet, qui mit à Rulhière la plume à la main. En 1760, il avait suivi, en qualité de secrétaire, le baron de Breteuil, qui venait d'être nommé ministre plénipotentiaire en Russie. «Il assista de près, dit Sainte-Beuve, à la révolution qui, en 1762, précipita Pierre III et mit Catherine II sur le trône. Il s'appliqua, suivant la nature de son esprit observateur, à tout deviner, à tout démêler dans cet événement extraordinaire, et il en fit, à son retour à Paris, des récits qui charmèrent la société. La comtesse d'Egmont, qui était la divinité de Rulhière, lui demanda d'écrire ce qu'il contait si bien: il lui obéit, et, une fois la relation écrite, l'amour-propre d'auteur l'emportant sur la prudence du diplomate, les lectures se multiplièrent. Elles firent événement.» Causeries du lundi, tome IV, p. 436.(retour)

Note 314: Palissot de Montenoy (Charles), né le 3 janvier 1730 à Nancy, mort le 15 juin 1814; auteur de la comédie des Philosophes (1760) et du poème de la Dunciade ou la guerre des sots (1764).(retour)

Note 315: Beaumarchais (Pierre-Augustin Caron de), né le 24 janvier 1732, mort le 19 mai 1799.(retour)

Note 316: Marmontel (Jean-François), né le 11 juillet 1723 à Bort (Limousin), mort le 31 décembre 1799.(retour)

Note 317: Chénier (Marie-Joseph de), né le 28 août 1764 à Constantinople, mort le 10 janvier 1811. Chateaubriand fut appelé à le remplacer comme membre de la seconde classe de l'Institut; l'Académie française n'avait pas encore recouvré son titre, que la Restauration allait bientôt lui rendre (Ordonnance royale du 21 mars 1816).(retour)

Note 318: Rabelais, livre II, chapitre VI: Comment Pantagruel rencontra un Limousin qui contrefaisait le langaige françois.(retour)

Note 319: Chateaubriand écrivait cette page au mois de juin 1821: Fontanes était mort le 17 mars précèdent.(retour)

Note 320: Il fut guillotiné le 1er floréal an II (20 avril 1794).(retour)

Note 321: Il doit y avoir là une erreur de plume. Malesherbes n'a eu que deux filles: Marie-Thérèse, née le 6 février 1756, mariée le 30 mai 1769 à Louis Le Peletier, seigneur de Rosambo; -- Françoise-Pauline, née le 15 juillet 1758, mariée le 22 janvier 1775 à Charles-Philippe-Simon de Montboissier-Beaufort-Canillac, mestre de camp du régiment d'Orléans dragons.(retour)

Note 322: Les trois filles du président de Rosambo épousèrent le frère de Chateaubriand, le comte Lepelletier d'Aunay et le comte de Tocqueville. Né le 3 août 1772, d'abord sous-lieutenant au régiment de Vexin, puis soldat dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, M. de Tocqueville quitta la France pendant la période révolutionnaire. Sous la Restauration, il administra successivement, comme préfet, les départements de Maine-et-Loire, de l'Oise, de la Côte-d'Or, de la Moselle, de la Somme et de Seine-et-Oise. Charles X le nomma gentilhomme de la Chambre et pair de France (5 septembre 1827). Il fut exclu de la Chambre haute en 1830, en vertu de l'article 68 de la nouvelle charte. Il a publié divers ouvrages: Histoire philosophique du règne de Louis XV; Coup d'œil sur le règne de Louis XVI, etc. Il est mort à Clairoix (Oise) le 9 juin 1856. De son mariage avec Mlle de Rosambo naquit, le 29 juillet 1805, à Verneuil (Seine-et-Oise), le futur auteur de la Démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville. -- Le comte de Tocqueville et sa femme avaient été emprisonnés en même temps que Malesherbes. On lit à ce sujet dans un article de Chateaubriand (le Conservateur, mars 1819): «M. de Tocqueville, qui a épousé une autre petite-fille de M. de Malesherbes, m'a raconté que cet homme admirable, la veille de sa mort, lui dit: «Mon ami, si vous avez des enfants, élevez-les pour en faire des chrétiens; il n'y a que cela de bon.»(retour)

Note 323: Louis Le Peletier, vicomte de Rosambo, né à Paris le 23 juin 1777. Nommé pair de France le 17 août 1815, le même jour que Chateaubriand, il se retira comme lui de la Chambre haute, au mois d'août 1830, ne voulant pas prêter serment de fidélité au nouveau roi. D'une piété très vive, il était entré dans la Congrégation en 1814. Il est mort au château de Saint-Marcel (Ardèche), le 30 septembre 1858.(retour)

Note 324: A propos de ces paroles, Sainte-Beuve a dit, dans son article sur Condorcet: «Dans sa colère d'honnête homme, Malesherbes a proféré sur Condorcet des paroles d'exécration qu'on a retenues. Noble vieillard, ces paroles n'étaient pas dignes d'une bouche telle que la vôtre; mais le vrai coupable est celui qui a pu vous les arracher!» Causeries du lundi, tome III, p. 274.(retour)

Note 325: Dans ces dernières années, naviguée par le capitaine Franklin et le capitaine Parry. (Note de Genève, 1831.) Ch.(retour)

Note 326: Dans l'Essai sur les Révolutions, sous l'impression encore récente du supplice de Malesherbes et de presque tous les siens, Chateaubriand avait tracé du défenseur de Louis XVI un éloquent et admirable portrait, que ne fait point pâlir celui des Mémoires. On trouvera ce premier portrait de Malesherbes à l'Appendice, Nº VIII: M. de Malesherbes.(retour)

Note 327: Charles-Alexandre de Calonne; (1734-1802), contrôleur général des finances de 1783 à 1785. Il avait été en 1766 procureur général de la commission instituée pour examiner la conduite de La Chalotais.(retour)

Note 328: Montmorin-Saint-Hérem (Armand-Marc, comte de), né le 13 octobre 1746. Menin du Dauphin, depuis Louis XVI, il avait débuté dans la carrière politique comme diplomate et avait rempli auprès du roi d'Espagne le poste d'ambassadeur. De retour en France, il fut nommé commandant pour le roi en Bretagne (4 avril 1784). Il conserva ces fonctions jusqu'au commencement de 1787. Ministre des affaires étrangères, du 18 février 1787 au 11 juillet 1789, et du 17 juillet 1789 au 20 novembre 1791, dénoncé par les journalistes du parti de la Gironde comme l'un des membres du prétendu comité autrichien, emprisonné à l'Abbaye après le 10 août, il fut égorgé le 2 septembre 1792. Le comte de Montmorin était le père de Mme de Beaumont, qui a tenu une si grande place dans la vie de Chateaubriand.(retour)

Note 329: Necker (Jacques), contrôleur général des finances, (né à Genève le 30 septembre 1732, mort à Coppet le 9 avril 1814).(retour)

Note 330: Étienne-Charles de Loménie de Brienne, archevêque de Sens (1727-1794): il était premier ministre lors de la Convocation des États-Généraux, mais fut forcé de donner sa démission, le 25 août 1789. Arrêté à Sens le 9 novembre 1793 et jeté en prison, il fut, au mois de février 1794, remis chez lui avec des gardes qui ne le perdaient pas de vue. Son frère, le comte de Brienne, ancien ministre de la guerre, l'étant venu voir, on arrêta le ci-devant comte, et, du même coup, l'archevêque, les trois Loménie ses neveux, dont l'un son coadjuteur, et Mme de Canisy, sa nièce. Ils devaient tous, en vertu d'un ordre du Comité de sûreté générale, être conduits le lendemain à Paris. Le lendemain au matin, quand on entra dans la chambre de l'archevêque, on le trouva mort. (Voir les Mémoires de Morellet, tome II, p. 15.) -- Le comte de Loménie de Brienne; ses trois neveux, l'abbé Martial de Loménie, François de Loménie, capitaine de chasseurs, Charles de Loménie, chevalier de Saint-Louis et de Cincinnatus; sa nièce, Mme de Canisy, furent guillotinés tous les cinq, le 21 floréal an II, 10 mai 1794.(retour)

Note 331: Rostrenen Grégoire de, capucin et prédicateur. Le savant éditeur de la Biographie bretonne, M. Paul Levot, n'a pu découvrir ni la date et le lieu de sa naissance, ni la date et le lieu de sa mort. Il est l'auteur du dictionnaire paru en 1732 à Rennes, chez l'imprimeur Julien Vatar, sous ce titre: Dictionnaire françois-celtique ou françois-breton, nécessaire à tous ceux qui veulent traduire le françois en celtique ou en langage breton, pour prêcher, catéchiser et confesser, selon les différents dialectes de chaque diocèse; utile et curieux pour s'instruire à fond de la langue bretonne, et pour trouver l'étymologie de plusieurs mots françois et bretons, de noms propres de villes et de maisons.(retour)

Note 332: Lettre du 5 août 1671.(retour)

Note 333: La date de ce duel, resté légendaire en Bretagne, se place aux environs de 1735. Celui qui en fut le héros n'était pas «un petit chasse-lièvre du Morbihan», mais un cadet de Cornouaille, Jean-François de Kératry, qui fut plus tard, après le décès de son aîné, chef de nom et armes, présida en 1776 l'ordre de la noblesse aux États de la province, et mourut à Quimper le 7 février 1779. L'un de ses fils, le plus jeune, Auguste-Hilarion, comte de Kératry, après avoir été plusieurs fois député, fut élevé à la pairie en 1837 et laissa deux fils, dont l'un, le comte Émile de Kératry, a été le premier préfet de police de la troisième République. -- Sur le duel lui-même, voici les détails que je trouve dans une curieuse et rarissime brochure, publiée en 1788 à Rennes, à l'occasion des troubles de Bretagne, et intitulée: Lettre de Mme la comtesse de Kératry au maréchal de Stainville: «Tout le monde en Bretagne, sait l'affaire du comte de Kératry avec le marquis de Sabran. Ce dernier, qui avait accompagné la maréchale d'Estrées aux États, se permit quelques propos indiscrets contre les Bretons, en présence du comte de Kératry. Le marquis de Sabran était brave et n'avait point de dignité qui le dispensât de rendre raison à un gentilhomme d'une insulte faite à tous les habitants d'une province. Tous les deux se rencontrent et mettent l'épée à la main. M. de Kératry est le premier atteint. «Vous êtes blessé», lui crie M. de Sabran. -- «Un Breton blessé tue son adversaire», répond le comte de Kératry. Le combat recommence avec plus de fureur, le marquis de Sabran est percé et meurt.»(retour)

Note 334: Saint Corentin fut le premier titulaire de l'évêché de Cornouaille (ou de Quimper), créé par le fondateur même du comté ou royaume de Cornouaille, le roi Grallon, qui a reçu de la postérité le nom de Mur ou Grand, et auquel de son vivant ses peuples décernèrent, à cause de son exacte justice, celui de Iaun, c'est-à-dire la Loi, le Droit ou la Règle. L'érection de l'évêché de Quimper se place, non trois cents ans avant Jésus-Christ, mais vers la fin du Ve siècle après Jésus-Christ, de 495 à 500. (Annuaire historique et archéologique de Bretagne), par Arthur de la Borderie, (tome II, p. 12 et 134.)(retour)

Note 335: Louis-Anne-Pierre Geslin, comte (et non marquis) de Trémargat, né à Bain-de-Bretagne le 24 décembre 1749. Fils d'un président au Parlement de Bretagne, il avait servi dans la marine et était devenu lieutenant de vaisseau et chevalier de Saint-Louis. En 1776, il avait épousé Anne-Françoise de Caradenc de Launay, parente du célèbre procureur général et veuve de M. de Quénétain. Un fils lui naquit à Rennes, le 18 janvier 1785, pendant la tenue des États. On lit, à cette occasion, dans la Gazette de France du 4 février 1785: «On mande de Rennes que la comtesse de Trémargat, épouse du comte de Trémargat, Jambe-de-bois, président de l'ordre de la noblesse, étant accouchée d'un fils, les États ont arrêté de donner à cet enfant le nom de Bretagne et d'envoyer à la comtesse de Montmorin (femme du Commandant de la province) une députation pour la prier de le présenter au baptême.» -- Le comte de Trémargat émigra à Jersey, où il perdit sa femme le 25 novembre 1790. Nous ignorons le lieu et la date de sa mort.(retour)

Note 336: Thiard-Bissy (Henri-Charles, comte de), né en 1726. Lieutenant-général et premier écuyer du duc d'Orléans, il avait succédé à M. de Montmorin, au mois de février 1787, en qualité de commandant pour le roi en Bretagne. Chateaubriand le juge peut-être ici avec trop de sévérité. S'il fut «homme de cour», il sut aussi, à l'heure du péril, noblement défendre le roi. Il fut blessé dans la journée du 10 août: le 26 juillet 1794, il porta sa tête sur l'échafaud. -- Maton de la Varenne a publié en l'an VII (1799) les Œuvres posthumes du comte de Thiard, 2 vol. in-12.(retour)

Note 337: Les douze gentilhommes mis à la Bastille, le 15 juillet 1788, pour l'affaire de Bretagne, étaient: le marquis de la Rouërie, le comte de La Fruglaye, le marquis de La Bourdonnaye de Montluc, le comte de Trémargat, le marquis de Corné, le comte Godet de Châtillon, le vicomte de Champion de Cicé, le marquis Alexis de Bedée, le chevalier de Guer, le marquis du Bois de la Feronnière, le comte Hay des Nétumières et le comte de Bec-delièvre-Penhouët. -- Sur leur captivité, qui fut d'ailleurs la plus douce du monde et qui ne dura que deux mois, du 15 juillet au 12 septembre 1788, voir la Bastille sous Louis XVI, dans les Légendes révolutionnaires, par Edmond Biré.(retour)

Note 338: Cortois de Pressigny (Gabriel, comte), né à Dijon le 11 décembre 1745. Il avait été sacré évêque de Saint-Malo le 15 janvier 1786. Forcé d'émigrer en 1791, il se retira en Suisse, rentra à Paris en l'an VIII, remit sa démission entre les mains de Pie VII, à l'occasion du Concordat, mais refusa toutes fonctions sous le Consulat et l'Empire. La première Restauration l'envoya comme ambassadeur à Rome, afin d'obtenir du Pape des modifications au Concordat de 1801. Nommé pair de France en 1816 et archevêque de Besançon en 1818, il mourut à Paris le 2 mai 1823.(retour)

Note 339: Voir l'AppendiceIX: la Cléricature de Chateaubriand.(retour)

Note 340: Cette date, comme toutes celles que donne Chateaubriand dans ses Mémoires, est exacte. Ceci se passait le 16 décembre 1788. Voir à l'Appendice précité.(retour)

Note 341: Le château de Bonnaban, alors en la paroisse du même nom, aujourd'hui en La Gouesnière, acheté en 1754, au prix de 195 000 livres, et reconstruit avec luxe pendant les années suivantes, est encore aujourd'hui une des belles propriétés des environs de Saint-Malo. MM. de la Saudre étaient deux frères, d'origine malouine, qui s'étaient établis à Cadix et y avaient fait une immense fortune. A leur retour en France, Pierre, l'aîné, acheta Bonnaban et en commença la reconstruction, qui fut terminée seulement en 1777 par son frère, François-Guillaume, devenu son héritier en 1763. Le comte de Kergariou en est aujourd'hui propriétaire.(retour)

Note 342: La Briantais, situé en Saint-Servan, sur les bords de la Rance, appartenait alors aux Picot de Prémesnil et appartient actuellement à M. Lachambre, ancien député.(retour)

Note 343: Ces deux châteaux, situés l'un vis-à-vis de l'autre, sur les bords de la Rance -- la Bosq en Saint-Servan, le Montmarin en Pleurtuit -- étaient la propriété de l'opulente famille des Magon.(retour)

Note 344: La Balue, en Saint-Servan, appartenait également aux Magon. -- M. Magon de la Balue a été guillotiné le 9 juillet 1794, avec son frère Luc Magon de la Blinaye, et son cousin Erasme-Charles-Auguste Magon de la Lande; avec la marquise de Saint-Pern, sa fille, Jean-Baptiste-Marie-Bertrand de Saint-Pern, son petit-fils, et François-Joseph de Cornulier, son petit-gendre. Quelques jours auparavant, le 20 juin 1794, deux autres membres de la famille Magon, Nicolas-François Magon de la Villehuchet et son fils, Jean-Baptiste Magon de Coëtizac, étaient également montés sur l'échafaud.(retour)

Note 345: Le château de Colombier, en Paramé, appartenait en 1788 aux Eon de Carissan.(retour)

Note 346: Le château de Lascardais était la principale résidence de M. et Mme de Chateaubourg; il est situé dans la commune de Mézières, canton de Saint-Aubin-du-Cormier, arrondissement de Fougères (Ille-et-Vilaine), et est habité aujourd'hui par Mme la vicomtesse du Breil de Pontbriand, petite-fille de la comtesse de Chateaubourg.(retour)

Note 347: Le Plessis-Pillet est situé dans la commune de Dourdain, canton de Liffré, arrondissement de Fougères.(retour)

Note 348: Rob. Lamb. Livorel (et non Livoret), né le 17 septembre 1735, était entré dans la Compagnie de Jésus le 27 octobre 1753. Au moment de la suppression de la Compagnie (1762), il était au collège de Rennes, en qualité de frère coadjuteur, et chargé, à ce titre, de s'occuper de la maison de campagne du collège.(retour)

Note 349: Boisgelin (Louis-Bruno, comte de) était né à Rennes le 17 novembre 1734. Maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis et du Saint-Esprit, maître de la garde-robe du roi et baron des États de Bretagne, il présida plusieurs fois aux États l'ordre de la noblesse, notamment dans l'orageuse session de 1788-1789. L'ordre de la noblesse et la fraction de l'ordre du clergé qui avait entrée aux États de Bretagne refusèrent de députer pour cette province aux États-Généraux de 1789. Le comte de Boisgelin ne siégea donc pas à l'Assemblée constituante, où son frère Boisgelin de Cucé, archevêque d'Aix et député du clergé de la sénéchaussée de cette ville, a tenu au contraire une place si considérable. Il fut guillotiné le 19 messidor an II (7 juillet 1794). Sa femme, Marie-Catherine-Stanislas de Boufflers, sœur du chevalier de Bouffiers, qui unissait à l'esprit le plus brillant le plus noble courage, monta sur l'échafaud le même jour.(retour)

Note 350: François Bareau de Girac. -- Le jugement que porte sur lui Chateaubriand est peut-être trop sévère. «Sur le siège de Rennes, dit l'auteur des Évêques avant la Révolution, M. l'abbé Sicard, M. de Girac faisait apprécier avec les talents d'un administrateur souple, conciliant et habile, sa charité, son zèle, sa sollicitude pour toutes les branches de l'instruction publique.» Bonaparte voulut le nommer à un évêché; il refusa et n'accepta qu'un canonicat à Saint-Denis. Il mourut en 1820, âgé de quatre-vingt-huit ans. -- Cardinal de La Pare, Notice sur M. François Bareau de Girac, évêque de Rennes, 1821.(retour)

Note 351: La Sentinelle du peuple, aux gens de toutes professions, sciences, arts, commerce et métiers, composant le Tiers-État de la province de Bretagne. Ce journal, dont le premier numéro parut le 10 novembre 1788, était publié par MM. Monodive et Volney. Le Volney de la Sentinelle est bien le Volney du Voyage en Égypte et en Syrie (1787) et des Ruines (1791), celui qui sera plus tard membre de la Constituante et sénateur, pair de France et académicien. Et c'est bien lui, j'imagine, et non le pauvre et obscur Monodive, que vise Chateaubriand, quand il parle de «l'écrivailleur arrivé de Paris».(retour)

Note 352: En 1785, le comte de Montmorin, commandant pour le roi en Bretagne, fit créer et planter sur une butte au sud-est de la ville une promenade qui fut appelée le Champ-Montmorin. C'est aujourd'hui le Champ de Mars, dont l'aspect et les abords ont été du reste complètement modifiés depuis l'établissement de la gare du chemin de fer, qui est voisine.(retour)

Note 353: Aucun Keralieu ne figure sur la liste des États de 1788-1789, et on ne le trouve pas dans les nobiliaires bretons. Au lieu de Keralieu, il faut lire sans doute Kersalaün. Un duel eut lieu, en effet, sur la place Royale, entre M. de Kersalaün, qui faisait partie des États et qui a signé la protestation de la Noblesse, et un jeune Rennais, Joseph-Marie-Jacques Blin, qui, après avoir fait la campagne d'Amérique, était alors employé dans les fermes de Bretagne. Le courage des deux adversaires excita l'admiration des assistants. Jean-Joseph, comte de Kersalaün, était l'aîné des fils du marquis de Kersalaün, le doyen du Parlement. Âgé de 45 ans, il était beaucoup plus vieux que son adversaire, lequel n'avait que vingt-quatre ans.(retour)

Note 354: René-François-Joseph de Montbourcher (dont le nom se prononçait alors Montboucher, comme l'écrit Chateaubriand). Né à Rennes le 21 novembre 1759, fils de Guy-Joseph-Amador, comte de Montbourcher, lieutenant-colonel au régiment de Marbeuf, et de Jeanne-Céleste de Saint-Gilles, il était capitaine au régiment général Dragons. Il est mort à Rennes le 13 mai 1835.(retour)

Note 355: Louis-Pierre de Guehenneue de Boishue, fils aîné de Jean-Baptiste-René de Guehenneue, comte de Boishue, était né à Lanhélen (évêché de Dol), le 31 octobre 1767. Il n'avait donc que 21 ans lorsqu'il fut tué dans les rues de Rennes, le 27 janvier 1789, en même temps que le jeune Saint-Riveul. (Voyez sur ce dernier la note de la page 109.) -- Ces deux jeunes gens avaient signé, quelques jours auparavant la protestation de la noblesse contre les Arrêtés du Conseil relatifs à la convocation des États-Généraux. Un certain nombre d'autres gentilshommes, âgés de moins de 25 ans, avaient été autorisés comme eux à apposer leur signature sur ce document, à la suite des membres des États. L'original de cette pièce est aux Archives d'Ille-et-Vilaine. -- Pour les détails de la mort des jeunes Boishue et Saint-Riveul, consulter l'ouvrage de M. Barthélémy Pocquet, les Origines de la Révolution en Bretagne, tome II, p. 255.(retour)

Note 356: Le pillage de la maison de Reveillon, fabricant de papiers peints de la rue Saint-Antoine, avait eu lieu le 28 avril 1789.(retour)

Note 357: L'insurrection pour délivrer les gardes-françaises emprisonnés à l'Abbaye éclata le 30 juin 1789.(retour)

Note 358: Sanson (Charles-Henri), né en 1739, il fut nommé exécuteur des hautes-œuvres le 1er février 1778. Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, qui lui accordait, ce jour-là, ses lettres de provision, devait, quinze ans plus tard, mourir de sa main. -- Charles-Henri Sanson, que la plupart des biographes font à tort mourir en 1793, quelques mois après l'exécution de Louis XVI, n'a cesse d'exercer ses fonctions de bourreau que le 13 fructidor an III (30 août 1795), époque à laquelle il sollicita sa mise à la retraite. Le 4 pluviôse an X (24 janvier 1802), il réclamait une pension pour ses services. On ignore la date de sa mort. (G. Lenotre, la Guillotine pendant la Révolution.)(retour)

Note 359: Simon (Antoine), savetier et membre de la Commune de Paris; nommé instituteur du fils de Louis XVI le 1er juillet 1793; -- guillotiné le 10 thermidor an II (28 juillet 1794).(retour)

Note 360: Les 18 et 19 janvier 1815, en exécution des ordres du roi Louis XVIII, il fut procédé dans le cimetière de la Madeleine, à la recherche des restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Chateaubriand était présent. Le 9 janvier 1816, à la Chambre des pairs, dans son discours sur la résolution de la Chambre des députés, relative au deuil général du 21 janvier, il prononça les paroles suivantes: «J'ai vu, Messieurs, les ossements de Louis XVI mêlés dans la fosse ouverte avec la chaux vive qui avait consumé les chairs, mais qui n'a pu faire disparaître le crime! J'ai vu le squelette de Marie-Antoinette, intact à l'abri d'une espèce de voûte qui s'était formée au-dessus d'elle, comme par miracle! La tête seule était déplacée! et dans la forme de cette tête on pouvait encore reconnaître (ô Providence!) les traits où respirait avec la grâce d'une femme toute la majesté d'une Reine! Voilà ce que j'ai vu, Messieurs! voilà les souvenirs pour lesquels nous n'aurons jamais assez de larmes...» Œuvres complètes, tome XXIII: Opinions et Discours, p. 78.(retour)

Note 361: Le nom de Louis XVII avait en effet été oublié. Chateaubriand, dans son discours du 9 janvier, releva en ces termes cette omission: «Au milieu de tant d'objets de tristesse, on n'a pas assez également départi le tribut de nos larmes. A peine dans les projets divers a-t-on nommé ce Roi-Enfant, ce jeune martyr qui a chanté les louanges de Dieu dans la fournaise ardente. Est-ce parce qu'il a tenu si peu de place dans la vie et dans notre histoire, que nous l'oublions? Mais que ces souffrances ont dû rendra ses jours lents à couler, et que son règne a été long par la douleur! Jamais vieux roi, courbé sous les ennuis du trône, a-t-il porté un sceptre aussi lourd? Jamais la couronne a-t-elle pesé sur la tête de Louis XIV descendant dans la tombe, autant que le bandeau de l'innocence sur le front de Louis XVII sortant du berceau? Qu'est-il devenu, ce pupille royal laissé sous la tutelle du bourreau, cet orphelin qui pouvait dire, comme l'héritier de David: «Mon père et ma mère m'ont abandonné»? Où est-il, le compagnon des adversités, le frère de l'Orpheline du Temple? Où pourrais-je lui adresser cette interrogation terrible et trop connue: Capet, dors-tu? Lève-toi! -- Il se lève, Messieurs, dans toute sa gloire céleste, et il vous demande un tombeau... Je propose d'ajouter à la résolution de la Chambre des députés un amendement qui complétera les résolutions du 21 janvier: «le Roi sera humblement supplié d'ordonner qu'un monument soit élevé à la mémoire de Louis XVII, au nom et aux frais de la nation.» Opinions et Discours, p. 79.(retour)

Note 362: Bernard-René Jourdan, marquis de Launey (1740-1789), capitaine-gouverneur de la Bastille.(retour)

Note 363: Jacques de Flesselles (1721-1789), ancien intendant de Bretagne et de Lyon.(retour)

Note 364: Après cinquante-deux ans, on élève quinze bastilles pour supprimer cette liberté au nom de laquelle on a rasé la première Bastille. (Paris, note de 1841.) Ch.(retour)

Note 365: Jean-Sylvain Bailly (1736-1793). Garde des Tableaux du Roi, membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences et de celle des inscriptions et belles-lettres, premier président de l'Assemblée nationale et premier maire de Paris.(retour)

Note 366: Marie-Paul-Joseph-Gilbert de Motier, marquis de La Fayette.(retour)

Note 367: Yolande-Martine-Gabrielle de Polastron, femme du comte, puis duc de Polignac, gouvernante des Enfants de France. Elle mourut à Vienne (Autriche) le 5 décembre 1793.(retour)

Note 368: Le comte d'Artois, depuis Charles X (1757-1836).(retour)

Note 369: Le duc d'Angoulême (1775-1844), et le duc de Berry (1778-1820).(retour)

Note 370: Le prince de Condé (1736-1818); -- son fils, le duc de Bourbon (1756-1830) et son petit-fils le duc d'Enghien (1772-1804).(retour)

Note 371: Mme Adélaïde, fille aînée de Louis XV, née en 1732, et sa sœur, Mme Victoire, née en 1733. Elles émigrèrent en 1791 et moururent à Trieste, la première en 1800 et la seconde en 1799.(retour)

Note 372: Mme Élisabeth de France, sœur de Louis XVI, née à Versailles le 3 mai 1764, guillotinée le 10 mai 1794.(retour)

Note 373: Le comte de Provence, depuis Louis XVIII (1755-1824).(retour)

Note 374: Moreau de Saint-Méry (Médéric-Louis-Élie), né à Port-Royal (Martinique) le 13 janvier 1750. Président des électeurs de Paris, il harangua deux fois Louis XVI en cette qualité. Il fut élu, à la fin de 1789, député de la Martinique à l'Assemblée nationale. Arrêté après le 10 août, il ne dut son salut qu'au dévouement d'un de ses gardiens. Il réussit à gagner les États-Unis et ne revint en France qu'à la veille du Consulat. Il mourut à Paris le 28 janvier 1819.(retour)

Note 375: Lally-Tolendal (Trophime-Gérard, marquis de) né le 5 mars 1751. Député de la noblesse de Paris aux États-Généraux, il s'éloigna après les journées d'octobre, reparut en 1792, faillit périr dans les massacres de septembre, émigra une seconde fois et ne revint qu'en 1800. Il se tint à l'écart sous le Consulat et l'Empire. Pendant les Cent-Jours, il suivit Louis XVIII à Gand et fit partie de son conseil privé. Le 19 août 1815, le roi l'éleva à la pairie. Membre de l'Académie française en vertu de l'ordonnance royale du 24 mars 1816, il reçut, le 31 août 1817, le titre de marquis. Il est mort à Paris le 11 mars 1830.(retour)

Note 376: François-Joseph Foullon (1715-1789). Il était intendant des finances depuis 1771, lorsqu'il fut nommé contrôleur général le 12 juillet 1789, après la retraite de Necker. Le 22 juillet, il fut arrêté à la campagne par des bandits, conduit à Paris et accroché à la lanterne. Sa tête fut portée en triomphe au bout d'une pique.(retour)

Note 377: Louis-Bénigne François Bertier de Sauvigny (1742-1789), intendant de Paris. Il était le gendre de Foullon et périt le même jour que lui, massacré par la populace. Un dragon lui arracha le cœur et alla déposer ce débris sanglant sur la table du comité des électeurs. Sa tête fut promenée dans les rues.(retour)

Note 378: Taboureau des Réaux, intendant de Valenciennes. Il fut contrôleur général des finances, du 22 octobre 1776 au 29 juin 1777.(retour)

Note 379: Alexandre-Frédéric-Jacques Masson, marquis de Pezay (1741-1777), traducteur de Catulle et de Tibulle, auteur de Zélis au bain, de la Lettre d'Alcibiade à Glycère, etc. Très avant dans la faveur du premier ministre, le comte de Maurepas, il eut une très grande part à l'entrée de Necker aux affaires, en 1776 (J. Droz, Histoire du règne de Louis XVI, tome I, p. 219).(retour)

Note 380: Sous ce titre: Compte rendu au Roi, le ministre Necker avait publié, en 1780, un exposé ou plutôt un aperçu, non du budget réel, mais d'un budget-type, se soldant, comme de raison, par un fort excédent. Pour la première fois, l'opinion publique était ainsi appelée à connaître, par conséquent à juger l'administration des finances. La sensation produite par le Compte rendu fut prodigieuse.(retour)

Note 381: Antoine-Léonard Thomas (1732-1785), membre de l'Académie française, qui lui avait décerné une fois le prix de poésie et cinq fois le prix d'éloquence. «Il a de la force, dit La Harpe, mais elle est emphatique.»(retour)

Note 382: Noailles (Louis-Marie, vicomte de), né à Paris le 17 avril 1756, mort à la Havane (Cuba) le 9 janvier 1804. Député de la noblesse du bailliage de Nemours aux États-Généraux, il demanda, dans la nuit du 4 août, que l'impôt fut payé par tous dans la proportion du revenu de chacun, que tous les droits féodaux fussent remboursés, que les rentes seigneuriales fussent remboursables, que les corvées, main-mortes et autres servitudes personnelles fussent détruites sans rachat. Il était fils du maréchal de Mouchy et beau-frère de La Fayette.(retour)

Note 383: Aiguillon (Armand-Désiré Vignerot-Duplessis-Richelieu, duc d'), né à Paris le 31 octobre 1731. Élu aux États-Généraux par la noblesse de la sénéchaussée d'Agen, il siégea parmi les membres les plus avancés de l'Assemblée. Il n'en fut pas moins, après le 10 août, décrété d'accusation et obligé de quitter la France. Il est mort à Hambourg le 3 mai 1800.(retour)

Note 384: Montmorency-Laval (Mathieu-Jean-Félicité, vicomte, puis duc de). Né le 10 juillet 1767, il n'avait que 21 ans, lorsqu'il fut envoyé aux États-Généraux par la noblesse du bailliage de Monfort-l'Amaury. Il fut l'un des premiers à se réunir aux Communes, et il se montra aussi empressé que MM. d'Aiguillon et de Noailles à réclamer l'abolition des droits féodaux. Le 19 juin 1790, il appuya le décret qui supprimait la noblesse, et demanda l'anéantissement «de ces distinctions anti-sociales, afin de voir effacer du Code constitutionnel toute institution de noblesse et la vaine ostentation des livrées» Pair de France (17 août 1815), ministre des Affaires étrangères (21 décembre 1821 -- 22 décembre 1822), créé duc par Louis XVIII le 30 novembre 1822, élu membre de l'Académie française le 3 novembre 1825, nommé gouverneur du duc de Bordeaux le 11 janvier 1826, il mourut le 24 mars 1826, le jour du Vendredi-Saint, dans l'église Saint-Thomas d'Aquin, au moment où il venait de s'agenouiller devant le tombeau dressé dans l'église.(retour)

Note 385: Le banquet donné par les gardes du corps au château de Versailles, dans la salle de l'Opéra, eut lieu le 1er octobre 1789.(retour)

Note 386: Lorsque Louis XVI entra dans la salle, M. de Canecaude, garde de la manche du roi, chevalier de Saint-Louis, qui faisait les honneurs du banquet en qualité de commissaire de la Maison militaire de Sa Majesté, donna l'ordre au chef de musique d'exécuter l'air de Grétry: Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille! Le chef répondit qu'il ne l'avait pas et fit jouer: Ô Richard, ô mon roi! qui était aussi de Grétry. Ce pauvre chef de musique ne prévoyait pas en choisissant cet air, qu'il préparait à Fouquier-Tinville un des articles de son acte d'accusation contre la reine de France (Moniteur du 16 octobre 1793). -- La pièce de Richard Cœur-de-Lion, où se trouve l'air: Ô Richard, ô mon roi! avait été représentée pour la première fois le 21 octobre 1784. Les paroles sont de Sedaine.(retour)

Note 387: Le vice-amiral Charles-Henri d'Estaing, lors des journées d'octobre, était commandant de la garde nationale de Versailles. Il s'était couvert de gloire pendant la guerre d'Amérique. Nommé amiral de France au mois de mars 1792, il fut autorisé à en remplir les fonctions sans perdre le droit d'avancer, à son tour, dans l'armée de terre, à laquelle il appartenait également. L'année suivante, il était arrêté comme suspect, et, le 28 avril 1794, il mourait sur l'échafaud.(retour)

Note 388: Le journal de Marat commença de paraître le 12 septembre 1789, avec ce titre: Le Publiciste Parisien, journal politique, libre et impartial, par une Société de patriotes, et rédigé par M. Marat, auteur de l'Ofrande à la Patrie, du Moniteur et du Plan de Constitution, etc. A partir du numéro 6, c'est-à-dire le 17 septembre 1789, le journal prit le titre de l'Ami du Peuple ou le Publiciste parisien.(retour)

Note 389: Favras (Thomas Mahy, marquis de), né à Blois en 1744. Lieutenant des Suisses de la garde de Monsieur, il fut dénoncé par le comité des recherches et traduit devant les juges du Châtelet comme auteur d'un complot ayant pour objet d'égorger La Fayette, Necker et Bailly, et d'enlever Louis XVI pour le mettre à la tête d'une armée contre-révolutionnaire. Condamné à être pendu, il fut exécuté le 19 février 1790, sur la place de l'Hôtel-de-Ville.(retour)

Note 390: Victor Riqueti, marquis de Mirabeau, né le 5 octobre 1715 à Pertuis (Provence). Il prenait le titre de l'Ami des hommes, du titre de son principal ouvrage, paru en 1756. Il mourut la veille même de la prise de la Bastille, le 13 juillet 1789.(retour)

Note 391: Jean-Antoine-Joseph-Charles-Elzéar de Riqueti, né à Pertuis, comme son frère, le 8 octobre 1717. Il prit le titre de bailli en 1763, en devenant grand-croix de l'ordre de Malte. A partir de ce moment, il n'est plus appelé que le bailli de Mirabeau. Il mourut à Malte en 1794. Ainsi que l'Ami des hommes, le bailli était, lui aussi, une façon de Saint-Simon. Chateaubriand n'a rien exagéré, quand il a dit des deux frères: «qu'ils écrivaient à la diable des pages immortelles». (Voir les belles études sur les Mirabeau, par Louis de Loménie, tomes I et II.)(retour)

Note 392: Reine-Philiberte Rouph de Varicourt, que Voltaire avait surnommée Belle et Bonne. Elle avait épousé à Ferney, le 12 novembre 1777, le marquis de Villette. Elle est morte à Paris en 1822, dans son hôtel de la rue de Beaune, où Voltaire lui-même était mort. C'est dans cet hôtel que Chateaubriand rencontra Mirabeau.(retour)

Note 393: Le Chapelier (Isaac-René-Guy), né à Rennes, le 12 juin 1754. Député du tiers-état et de la sénéchaussée de Rennes, il prit une part des plus actives aux travaux de la Constituante. L'un des principaux orateurs du côté gauche, l'un des fondateurs du Club breton, devenu bientôt le club des Jacobins, il n'en fut pas moins condamné par le tribunal révolutionnaire «pour avoir conspiré depuis 1789 en faveur de la royauté». Il périt le même jour que le frère et la belle-sœur de Chateaubriand, le 3 floréal an II (22 avril 1794). -- Sa veuve, Marie-Esther de la Marre, se remaria le 10 nivôse an VIII (31 décembre 1799) avec M. Corbière, le futur ministre de la Restauration.(retour)

Note 394: Non pas Riquet, -- ce qui était le nom patronymique des Caraman, descendant de Pierre-Paul Riquet, le créateur du canal du Languedoc, -- mais Riqueti, nom patronymique des Mirabeau. «On connaît, écrit M. de Loménie, le mot adressé, dit-on, par Mirabeau au rédacteur du Moniteur qui, au lendemain du décret d'abolition des titres et distinctions nobiliaires, et en conformité à ce décret, lui avait, dans le compte rendu de l'Assemblée, ôté le nom du fief sous lequel il était si populaire, et l'avait désigné par son nom patronymique de Riqueti, ou, comme lui-même l'écrivait, Riquetti: «Avec votre Riquetti, vous avez désorienté toute l'Europe.» Dans sa lettre du 20 juin 1790 pour la Cour, Mirabeau parle de ce décret comme d'une démence dont La Fayette a été ou bêtement, ou perfidement complice». Les Mirabeau, tome V, p. 325.(retour)

Note 395: Mirabeau (André-Boniface-Louis Riqueti, vicomte de), dit Mirabeau-Tonneau, né à Paris le 30 novembre 1754. Élu député de la noblesse par la sénéchaussée de Limoges, il ne cessa de harceler les orateurs du côté gauche, hachant leurs discours d'interruptions sans nombre, toujours spirituelles et souvent grossières. Son frère lui-même n'était pas épargné. Émigré au delà du Rhin, il continua ses escarmouches contre les Révolutionnaires à la tête de cette légion de Mirabeau, qu'il avait créée et qui devint bientôt célèbre sous le nom de hussards de la mort. Il mourut à Fribourg-en-Brisgau le 15 septembre 1792.(retour)

Note 396: Aucun député du nom de Lautrec ne figure sur la liste des membres de la Constituante. Chateaubriand ne s'est pourtant pas trompé en plaçant ici le nom de Lautrec à côté de celui du vicomte de Mirabeau. J'en trouve la preuve dans le billet d'enterrement suivant qui circula dans Paris, le 24 décembre 1789. A la suite d'une double provocation adressée au marquis de la Tour-Maubourg et au duc de Liancourt, Mirabeau-Tonneau avait été blessé dans une première rencontre, et le bruit de sa mort s'était répandu. De là le billet d'enterrement, dont voici un extrait: «Vous êtes prié d'assister aux convoi, service et enterrement de très haut et très puissant aristocrate, André-Boniface-Louis de Riquetti, vicomte de Mirabeau, député de la noblesse du Haut-Limousin, etc., etc., qui, commencé par M. le marquis de la Tour-Maubourg, son collègue, a été achevé par très haut, très puissant et très illustrissime démagogue, François-Alexandre-Frédéric de Liancourt, duc héréditaire, etc., etc., qui a débarrassé la Nation de ce pesant ennemi, au milieu du Champ-de-Mars, le 22 décembre 1789, en présence de MM. de Lautrec de Saint-Simon, de Causans et de La Châtre, et est décédé en son hôtel, rue de Seine, faubourg Saint-Germain, le 23, à 11 heures du matin. L'enterrement se fera en l'église Saint-Sulpice sa paroisse, le 25, à cinq heures du soir... Le Parlement de Rennes y assistera par députation... Le Clergé est invité, et l'on a droit de s'attendre à l'y rencontrer, le défunt a pris trop vivement son parti pour n'avoir pas mérité ce tribut de reconnaissance. La noblesse suivra le deuil sans manteau, mais en pleureuse... »(retour)

Note 397: Ce théâtre, situé rue Culture-Sainte-Catherine, quartier Saint-Antoine, fut ouvert le 31 août 1791. Beaumarchais en était le principal commanditaire, il y fit jouer, le 6 juin 1792, sa dernière pièce, l'Autre Tartufe ou la mère coupable, drame en cinq actes et en prose.(retour)

Note 398: Gouvion-Saint-Cyr (Laurent, marquis), maréchal de France, né à Toul le 13 avril 1764, mort à Hyères le 17 mars 1830. -- Il se consacra d'abord aux beaux-arts et alla pendant deux ans étudier la peinture à Rome. Il parcourut ensuite l'Italie, revint à Paris en 1784, et fréquenta l'atelier du peintre Brenet. «Cherchant, dit la Biographie universelle, à se procurer par d'autres moyens les ressources que son art ne pouvait lui offrir, il se lia avec des comédiens, et se croyant quelque vocation pour le théâtre, il commença à jouer dans les sociétés d'amateurs, puis dans la salle Beaumarchais, au Marais, où il fut le confident de Baptiste, lorsque cet artiste y attira la foule par le rôle de Robert, chef de brigands. Mais, bien que doué d'un organe sonore et d'une belle stature, ne pouvant surmonter sa timidité en présence du public, et parlant quelquefois avec tant de difficulté qu'il semblait être bègue, Gouvion n'eut aucun succès dans cette carrière; et on l'a entendu plus tard, lorsqu'il fut général, s'applaudir des sifflets qui l'avaient forcé d'y renoncer.»(retour)

Note 399: Le comte de Provence avait accordé son patronage à une société qui se proposait de naturaliser en France la musique des Opera-buffa d'Italie. En attendant la construction d'une salle nouvelle, la compagnie italienne s'établit aux Tuileries, dans la salle des Machines, où elle donna sa première représentation, le 26 janvier 1789. On y remarquait Raffanelli, Rovedino, Mandini, Viganoni; Mmes Baletti, Mandini et Morichelli. Jamais chanteurs plus accomplis ne s'étaient fait entendre à Paris. -- Obligés de quitter les Tuileries, par suite de l'installation de la famille royale à Paris, au lendemain des journées d'octobre, les chanteurs italiens donnèrent leur dernière représentation à la salle des Machines le 23 décembre 1789. Du 10 janvier 1790 au 1er janvier 1791, ils jouèrent dans une méchante petite salle, nommée Théâtre des Variétés, sise à la foire Saint-Germain. Le 6 janvier 1791, ils prirent possession de la salle construite pour eux rue Feydeau et qui reçut le nom de Théâtre de Monsieur, titre bientôt remplacé, le 4 juillet 1791, par celui de Théâtre de la rue Feydeau.(retour)

Note 400: Mme Dugazon, Mme Saint-Aubin et Carline étaient les trois meilleures actrices du Théâtre-Italien, rue Favart, qui allait bientôt s'appeler l'Opéra-Comique National. -- Louise-Rosalie Lefèvre, femme de l'acteur Dugazon, de la Comédie-Française, était née à Berlin en 1755; elle mourut à Paris en 1821. Deux emplois ont gardé son nom au théâtre: les jeunes Dugazon et les mères Dugazon. -- Saint-Aubin (Jeanne-Charlotte Schrœder, dame d'Herbey, dite Mme), née en 1764, morte en 1850. Depuis ses débuts (29 juin 1786) jusqu'en 1808, époque à laquelle elle prit sa retraite, elle tint le premier rang parmi le personnel féminin de la salle Favart. Elle a laissé son nom à l'emploi des ingénues de l'Opéra-Comique, que l'on appelle encore aujourd'hui l'emploi des Saint-Aubin. -- Carline, la charmante soubrette du Théâtre-Italien, s'appelait de son vrai nom Marie-Gabrielle Malagrida. Elle avait débuté en 1780 et réussissait mieux dans la comédie que dans l'opéra-comique, ayant peu de voix. Femme du danseur Nivelon, de l'Opéra, elle se retira du théâtre en 1801 et mourut en 1818, à 55 ans.(retour)

Note 401: Chateaubriand commet à son sujet une petite erreur. Il parle ici des théâtres en 1789 et 1790: Mlle Olivier était morte le 21 septembre 1787, à 23 ans.(retour)

Note 402: Buffon (Marguerite-Françoise de Bouvier de Cépoy, comtesse de), née en 1767, morte en 1808. Femme de Georges-Louis-Marie Leclerc, comte de Buffon, fils du grand écrivain, elle fut la maîtresse affichée du duc d'Orléans (Philippe-Égalité), dont elle eut un fils, tué sous l'Empire en Espagne, où il servait comme officier supérieur dans l'armée anglaise. Son mari, le comte de Buffon, fut guillotiné le 10 juillet 1794. Elle se remaria à Rome, en 1798, avec un banquier strasbourgeois, M. Renouard de Bussières. Sur Mme de Buffon et son rôle pendant la Révolution, les Mémoires du conventionnel Choudieu renferment (p. 475) les détails suivants: «Elle était la maîtresse de Philippe-Égalité; elle demeurait chez le marquis de Sillery, mari de Mme de Genlis; il y avait table ouverte dans cette maison pour tous les députés. Cette dame était jeune, aimable et jolie; et malgré tous ces avantages, quoique secondée par l'ex-constituant Voidel, homme très adroit, elle n'a pas fait beaucoup de prosélytes au parti d'Orléans, mais elle a essayé d'en faire.»(retour)

Note 403: Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de), née à Paris le 22 avril 1766, morte dans cette ville le 14 juillet 1817.(retour)

Note 404: Beaumont (Pauline-Marie-Michelle-Frédérique-Ulrique de Montmorin-Saint-Hérem, comtesse de), née à Meussy-l'Évêque en Champagne, le 15 août 1768. Elle avait épousé, le 25 septembre 1786, en Saint-Sulpice de Paris, Christophe-François de Beaumont, fils du marquis Jacques de Beaumont et de Claire-Marguerite Riché de Beaupré, -- et non, comme le dit à tort M. Bardoux (la comtesse Pauline de Beaumont, p. 27), Christophe-Armand-Paul-Alexandre de Beaumont, marquis d'Auty, fils du marquis Christophe de Beaumont et de Marie-Claude de Baynac. Mme de Beaumont mourut à Rome en 1803, comme on le verra dans la suite des Mémoires.(retour)

Note 405: Sérilly (Anne-Louise Thomas, dame de), cousine de Mme de Beaumont. Elle avait épousé Antoine-Jean-François de Megret de Sérilly, trésorier de l'extraordinaire des guerres. Le 21 floréal an II (10 mai 1794), le jour même où Mme Élisabeth porta sa tête sur l'échafaud, elle fut condamnée à mort, ainsi que son mari et M. Megret d'Etigny, son beau-frère. Le Moniteur du 23 floréal (12 mai) l'indique comme ayant été guillotinée. Elle échappa cependant. Comme elle était enceinte, il fut sursis à son exécution. Son extrait mortuaire n'en fut pas moins dressé, et ce fut, cet extrait mortuaire à la main, qu'elle comparut, le 29 germinal an III (18 avril 1795), dans le procès de Fouquier-Tinville: «J'ai vu là mon mari, dit-elle; j'y vois aujourd'hui ses assassins et ses bourreaux. Voici mon extrait mortuaire, il est du 21 floréal, jour de notre jugement à mort; il m'a été délivré par la police municipale de Paris.» Dans le courant de l'année 1795, elle épousa, en secondes noces, François de Pange, l'ami d'André Chénier, qui la laissa veuve, pour la seconde fois, dans les premiers jours de septembre 1796. (Voir, en tête des Œuvres de François de Pange, la notice de M. L. Becq de Fouquières.)(retour)

Note 406: Ce pamphlet périodique, qui renfermait en effet des satires, des poèmes et des chansons, a paru de novembre 1789 à octobre 1791. Ses principaux rédacteurs étaient Peltier, Rivarol, Champcenetz, Mirabeau le jeune, le marquis de Bonnay, François Suleau, Montlosier, Bergasse, etc. La collection des Actes des Apôtres comprend 311 numéros, réunis en onze volumes in-8°, dont chacun est appelé version et contient 30 numéros, une introduction et une planche gravée. Il en existe une édition contrefaite en vingt volumes in-12.(retour)

Note 407: Le Journal de la Ville et des Provinces ou le MODÉRATEUR, par M. de Fontanes, avait commencé de paraître le 1er octobre 1789.(retour)

Note 408: Jacques Mallet du Pan (1749-1800), rédacteur politique du Mercure de France. Sainte-Beuve a dit de lui: «Comme journaliste et comme publiciste, dans cette rude fonction de saisir, d'embrasser au passage des événements orageux et compliqués qui se déroulent et se précipitent, nul n'a eu plus souvent raison, plume en main, que lui.» (Causeries du lundi, tome IV, p. 361-394).(retour)

Note 409: Le vrai titre de ce spirituel pamphlet, paru en 1791, est celui-ci: Petit dictionnaire des grands hommes et des grandes choses qui ont rapport à la Révolution, composé par une société d'aristocrates.(retour)

Note 410: Femme du libraire Le Jay, l'éditeur de Mirabeau. Sur les relations du grand orateur avec Mme Le Jay, voir les tomes III et IV des Mirabeau par Louis de Loménie.(retour)

Note 411: Laclos Pierre-Ambroise-François Choderlos de, l'auteur des Liaisons dangereuses, né en 1741 à Amiens. Rédacteur du Journal des Amis de la Constitution (du 1er novembre 1790 au 20 septembre 1791), maréchal de camp en 1792, il servait à l'armée de Naples comme inspecteur général d'artillerie, lorsqu'il mourut à Tarente le 5 novembre 1803.(retour)

Note 412: Le duc de Lauzun (Armand-Louis de Gontaut-Biron) devint duc de Biron en 1788. Élu député de la noblesse aux États-Généraux par la sénéchaussée du Quercy, il embrassa avec ardeur les idées nouvelles et fut successivement promu maréchal de camp (13 janvier 1792), général en chef de l'armée du Rhin (9 juillet 1792), commandant de l'armée des Côtes de la Rochelle (15 mai 1793). -- Guillotiné le 31 décembre 1793.(retour)

Note 413: Pierre-Victor, baron de Besenval, né en 1722 à Soleure, mort le 2 juin 1791. Ses Mémoires, publiés par le vicomte de Ségur (1805-1807), 4 vol. in-8°, ont été désavoués par la famille.(retour)

Note 414: Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, par Mme de Staël, seconde partie, chapitre XVI: De la Fédération du 14 juillet 1790.(retour)

Note 415: Louis Joseph-Dominique, baron, né à Toul le 13 novembre 1755, mort à Bry-sur-Marne le 26 août 1837. Après avoir reçu les ordres mineurs, il acheta en 1779 une charge de conseiller-clerc au Parlement de Paris, où l'on remarqua bientôt ses aptitudes en matière financière. Lorsque l'évêque d'Autun, le 14 juillet 1790, célébra solennellement la messe au Champ de Mars sur l'autel de la Patrie, il avait l'abbé Louis pour diacre. Ministre des finances, du 1er avril 1814 au 20 mars 1815, le baron Louis reprit plus tard ce portefeuille à cinq reprises différentes, sous Louis XVIII et sous Louis-Philippe.(retour)

Note 416: Necker se retira le 4 septembre 1790.(retour)

Note 417: Le 20 février 1791 Moniteur du 22 février.(retour)

Note 418: Charles-Michel, marquis de Villette, né le 4 décembre 1736, député de l'Oise à la Convention, il vota, dans le procès de Louis XVI, pour la réclusion et le bannissement à l'époque de la paix. Il mourut, le 9 juillet 1793, dans son hôtel de la rue de Beaune.(retour)

Note 419: Le comédien Bordier, célèbre à Paris dans le rôle d'Arlequin, était en représentation à Rouen, lorsque, dans la nuit du 3 au 4 août 1789, assisté d'un avocat de Lisieux, nommé Jourdain, il se mit à la tête d'une émeute. L'hôtel de l'intendant, M. de Maussion, fut pillé, les bureaux-recettes, les barrières de la ville, le bureau des aides, tous les bâtiments où l'on percevait les droits du roi furent pillés. «De grands feux s'allument, dit M. Taine, dans les rues et sur la place du Vieux-Marché; on y jette pêle-mêle des meubles, des habits, des papiers et des batteries de cuisine; des voitures sont traînées et précipitées dans la Seine. C'est seulement lorsque l'hôtel de ville est envahi que la garde nationale, prenant peur, se décida à saisir Bordier et quelques autres. Mais le lendemain, au cri de Carabo, et sous la conduite de Jourdain, la Conciergerie est forcée, Bordier est délivré, et l'Intendance avec les bureaux est saccagée une seconde fois. Lorsqu'enfin les deux coquins sont pris et menés à la potence, la populace est si bien pour eux qu'on est forcé, pour la maintenir, de braquer contre elle des canons chargés. » (La Révolution, tome I, page 84.) -- Le 28 brumaire an II (18 novembre 1793), sur la motion du conventionnel Dubois-Crancé, la Société des Jacobins arrêta qu'il serait demandé à la Convention d'accorder une pension au fils de Bordier. Le Moniteur du 11 frimaire suivant (1er décembre) constate «qu'une fête vient d'être célébrée à Rouen, en l'honneur de Jourdain et Bordier, victimes de l'aristocratie, dont la mémoire est réhabilitée.»(retour)

Note 420: Le Théâtre-Italien était situé entre les rues Favart et Marivaux. On y jouait des comédies et des opéras-comiques. Malgré le nom de ce théâtre, les pièces et les acteurs étaient français. En 1792, il prit le nom d'Opéra-Comique National; il a été brûlé le 25 mai 1887.(retour)

Note 421: Raoul Barbe-Bleue, comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, paroles de Sedaine, représentée pour la première fois, sur le Théâtre-Italien, au commencement de 1789. -- Le Sabot perdu, opéra-comique en un acte, mêlé d'ariettes, était de date plus ancienne. Bien qu'il eût paru sous les noms de Duni et de Sedaine, il était en réalité de Cazotte, non seulement pour les paroles, mais encore pour la plus grande partie de la musique. Voir les Œuvres de Cazotte, tome III.(retour)

Note 422: De ces études botaniques qui avaient préparé son voyage au nouveau monde, il était resté à Chateaubriand une connaissance assez étendue des plantes; et ses contemplations de la nature, comme ses promenades solitaires, avaient accru sa science: «Quand nous errions, dit M. de Marcellus (Chateaubriand et son temps, p. 44) dans les grands espaces presque déserts, autour de Londres, il s'amusait à me montrer dans les prairies de Regent's-Park, ou sous les bois de Kensington, quelques-unes des fleurs, ses anciennes amies de Combourg, retrouvées dans les forêts de l'Amérique, mais il citait moins Linné que Virgile, car il savait les Géorgiques par cœur. « -- Voici,» me dit-il un jour, «l'avoine stérile, steriles dominantur avenæ. Mais Virgile veut parler ici de l'avoine folle et sauvage, et elle n'est pas stérile; car les Indiens la récoltent en Amérique; j'en ai vu des moissons naturelles aussi hautes et épaisses que nos champs de blé. Là, au lieu de la main des hommes, c'est la Providence qui la sème. Regardez ce chardon épineux, segnisque horreret in arvis carduus, et il n'est pas segnis, parce qu'il serait lent et paresseux à croître; mais bien au contraire parce qu'il rapporte aussi peu que les terres où il s'élève: neu segnes faceant terræ, a dit aussi Virgile, ici la grande centaurée, graveolentia centaurea, que j'ai cueillie sur les raines de Lacédémone; plus loin le cerinthæ ignobile gramen, périphrase pour laquelle j'aurais à gronder un peu le poète latin, car je veux y retrouver notre gentille pâquerette, qui certes n'a rien d'ignoble.»(retour)

Note 423: Angélique-Françoise Desilles, dame de La Fonchais, sœur d'André Desilles, le héros de Nancy, née à Saint-Malo le 16 mai 1769. Elle fut guillotinée, le 13 juin 1793, en même temps que son beau-frère Michel-Julien Picot de Limoëlan. La sœur d'André Desilles mourut avec un admirable courage.(retour)

Note 424: Le major américain Chafner. Voyez sur lui la note 2 de la page 115.(retour)

Note 425: Les recherches faites par M. Ch. Cunat aux Archives de la Marine, ont constaté l'exactitude de tous les détails donnés ici par Chateaubriand. Il s'embarqua à bord du brick le Saint-Pierre de 160 tonneaux, capitaine Dujardin Pinte-de-Vin, allant aux îles Saint-Pierre et Miquelon, d'où il devait relever pour Baltimore (Ch. Cunat, op. cit.).(retour)

Note 426: François-Charles Nagot, (et non Nagault, comme l'a écrit Chateaubriand) n'était pas supérieur du séminaire de St-Sulpice; il était supérieur à Paris de la communauté des Robertins, une des annexes du séminaire de Saint-Sulpice. Désigné par M. Emery pour être supérieur du séminaire que les Sulpiciens projetaient d'établir à Baltimore, il s'embarqua à Saint-Malo sur le Saint-Pierre, emmenant avec lui trois jeunes prêtres de la Compagnie de Saint-Sulpice, MM. Tessier, Antoine Garnier et Levadoux. Arrivés à Baltimore le 10 juillet 1791, l'abbé Nagot y installa, dès le mois de septembre suivant, le séminaire de Sainte-Marie, le premier et le plus renommé séminaire des États-Unis. En 1822, le pape Pie VII érigea le collège de Sainte-Marie en Université catholique, avec pouvoir de conférer des grades ayant la même valeur que ceux qui se donnent à Rome et dans les autres universités du monde chrétien. M. Nagot mourut en 1816 dans cette maison qu'il avait fondée et qu'il laissait prospère, après l'avoir conduite à travers les difficultés inséparables de tout commencement. (Voir Élisabeth Seton et les commencements de l'Église catholique aux États-Unis, par Mme de Barberey, 4me édition, tome II, p. 482.)(retour)

Note 427: Ici encore se vérifie la minutieuse exactitude à laquelle Chateaubriand s'est astreint dans la rédaction de ses Mémoires. Mirabeau est mort le 2 avril 1791. Les lettres mettant alors environ trois jours pour aller de Paris à Saint-Malo, madame de Chateaubriand a donc dû recevoir la lettre de son fils aîné le 5 avril. Trois jours après, c'était le 8 avril... C'est justement le 8 avril que l'abbé Nagot -- et Chateaubriand avec lui -- s'embarquèrent sur le Saint-Pierre. (Voir Élisabeth Seton, tome II, p. 483.)(retour)

Note 428: Ce livre a été écrit à Londres, d'avril à septembre 1822. -- Il a été revu en décembre 1846.(retour)

Note 429: Le 5 avril 1822 est le jour de son arrivée à Londres. Il débarqua à Douvres dans la soirée du 4 avril. On lit dans le Moniteur du jeudi 11 avril: «D'après les dernières nouvelles d'Angleterre, le paquebot français L'Antigone est entré le 4 avril au soir dans le port de Douvres, ayant à bord M. le vicomte de Chateaubriand, ambassadeur de Sa Majesté Très-Chrétienne. Il est descendu à l'hôtel Wright, où il a passé la nuit. Le lendemain, au point du jour, il a été salué par les batteries du château et une seconde salve a annoncé le moment de son départ pour Londres. Son excellence est arrivée dans la capitale le 5 dans l'après-midi, avec une suite composée de cinq voitures. Sa demeure est l'hôtel habité précédemment par M. le duc Decazes, dans Portland-Place(retour)

Note 430: L'auberge de Douvres, où descendit Chateaubriand, ne s'appelait pas Shipwrigt-Inn, ce qui signifierait hôtel du constructeur de vaisseau; mais bien Ship-Inn, hôtel du vaisseau. Il est vrai que le propriétaire de l'hôtel s'appelait Wright, et qu'il a été ainsi cause de la méprise. (Chateaubriand et son temps, par M. de Marcellus, p. 46.)(retour)

Note 431: Voir l'AppendiceX: Le Baron Billing et l'ambassade de Londres.(retour)

Note 432: Le comte Georges de Caraman, devenu plus tard ministre plénipotentiaire, était le fils du duc de Caraman, alors ambassadeur à Vienne, et qui allait bientôt, avec le vicomte Mathieu de Montmorency, ministre des Affaires étrangères, avec Chateaubriand, ambassadeur à Londres, et M. de la Ferronnays, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, représenter la France au congrès de Vérone.(retour)

Note 433: Marie-Louis-Jean-André-Charles Demartin du Tyrac, comte de Marcellus (1795-1865). Secrétaire d'ambassade à Constantinople en 1820, il découvrit à Milo et envoya en France la Vénus victorieuse, dite Vénus de Milo. Après avoir été premier secrétaire à Londres et chargé d'affaires, après le départ de Chateaubriand pour le congrès de Vérone, il fut envoyé en mission à Madrid et à Lucques. Nommé, sous le ministère Polignac, sous-secrétaire d'État des Affaires étrangères, il déclina ses fonctions et rentra dans la vie privée. Il a publié, de 1839 à 1861, les ouvrages suivants: Souvenirs de l'Orient, -- Vingt jours en Sicile, -- Épisodes littéraires en Orient, -- Chants du peuple en Grèce, -- Politique de la Restauration, -- Chateaubriand et son temps, -- Les Grecs anciens et modernes.(retour)

Note 434: François-Adolphe, comte de Bourqueney (1799-1869). Il avait débuté dans la carrière diplomatique à 17 ans comme attaché d'ambassade aux États-Unis. En 1824, secrétaire de légation à Berne, il donna sa démission pour suivre dans sa chute M. de Chateaubriand, qui venait d'être renvoyé du ministère, et, comme le grand écrivain, il collabora au Journal des Débats. Comme lui encore, il accepta sous le ministère Martignac, un poste dont il se démit à l'avènement du ministère Polignac. Après la Révolution de 1830, il rentra dans la diplomatie, et nous le retrouvons secrétaire d'ambassade à Londres, en 1840, sous M. Guizot; il signa, en qualité de chargé d'affaires, la convention des détroits (1841), qui faisait rentrer la France dans le concert européen. Nommé ambassadeur à Constantinople en 1844, il se retira à la suite de la Révolution de 1848. Sous le second Empire, ambassadeur à Vienne, il prit une part importante aux négociations qui terminèrent la guerre d'Orient et à celles qui terminèrent la guerre d'Italie. Il fut ainsi l'un des signataires du traité de Paris (1856) et du traité de Zurich (1859). Louis-Philippe l'avait fait baron en 1842; en 1859, Napoléon III le fit comte. Le 31 mars 1856, il avait été appelé au Sénat impérial.(retour)

Note 435: M. Decazes, le 17 février 1820, avait quitté le ministère pour l'ambassade de Londres (avec le titre de duc), et il avait conservé cette ambassade jusqu'au 9 février 1822.(retour)

Note 436: Georges IV, né en 1762, mort en 1830. Appelé à la régence en 1811, lorsque son père fut tombé en démence, il ne prit le titre de roi qu'en 1820.(retour)

Note 437: Robert Banks Jenkinson, 2me comte Liverpool, d'abord lord Hawesbury, né en 1770, était entré jeune dans la vie publique sous le patronage de son père, collègue de Pitt, et occupait depuis 1812 le poste de premier ministre. Il mourut en 1827.(retour)

Note 438: Castlereagh (Robert Stewart, marquis de Londonderry, vicomte), né en Irlande en 1769. Secrétaire d'État pour les Affaires étrangères, lorsque Chateaubriand arriva à Londres, il devait bientôt périr d'une fin tragique. Atteint d'un affaiblissement cérébral attribué au chagrin que lui causait le désordre de ses affaires, il se coupa la gorge le 13 août 1822.(retour)

Note 439: Le duc de Wellington ne faisait pas partie, en 1822, du cabinet Liverpool. Ce fut seulement au mois de janvier 1828 qu'il devint premier ministre et premier lord de la trésorerie.(retour)

Note 440: George Canning (1770-1827). Il venait d'être nommé gouverneur général des Indes, lorsque Castlereagh se tua. Il le remplaça au foreign-office et devint le chef du cabinet à la fin d'avril 1827, quand lord Liverpool fut frappé d'apoplexie. Canning mourut moins de quatre mois après, le 8 août 1827.(retour)

Note 441: Sarah, fille aînée du 10e comte de Westmoreland et héritière de son grand-père maternel, le très riche banquier Robert Child, était en 1822 une des reines du monde élégant de Londres. Son mari, lord Jersey, un type accompli de grand seigneur, a rempli à plusieurs reprises des charges de cour. Lady Jersey est morte en 1867, à l'âge de quatre-vingts ans, ayant survécu à son mari et à tous ses enfants. Une de ses filles, lady Clementina, morte sans être mariée, avait inspiré une vive passion au prince Louis-Napoléon, qui n'avait été détourné de demander sa main que par l'aversion que lui témoignait lady Jersey.(retour)

Note 442: Henry, 1er baron Brougham et de Vaux, né à Edimbourg en 1778, mort le 9 mai 1868 à Cannes, où il avait fini par fixer sa résidence. L'extraordinaire talent qu'il avait déployé dans le procès de la reine Caroline, comme avocat de la princesse, avait fait de lui un des personnages les plus célèbres de l'Angleterre.(retour)

Note 443: Lady Mansfield, une des rares dames anglaises qui aient hérité directement de la pairie. Les lettres patentes qui avaient créé son oncle William Murray, Grand-Juge d'Angleterre, comte de Mansfield, stipulaient que le titre serait réversible sur la tête de sa nièce Louise. Elle en hérita, en effet, en 1793. La comtesse de Mansfield avait épousé en 1776 son cousin, le 7e vicomte Stormont, de qui elle eut plusieurs enfants, entr'autres un fils qui lui succéda comme 3e comte Mansfield. Devenue veuve, elle se remaria en 1797 avec l'honorable Robert Fulke Greville. Son titre étant supérieur à celui de l'un ou de l'autre de ses maris, suivant la coutume anglaise elle ne prit pas leur nom, mais était toujours appelée la comtesse de Mansfield. Elle mourut en 1843, après avoir occupé une place brillante dans la société de Londres.(retour)

Note 444: On appelait ainsi une suite de salons servant à des concerts, à des bals et autres réunions de ce genre. Ils tiraient leur nom d'un certain Almack, ancien cabaretier, qui les fit construire, en 1765, dans King street, Saint-James. Plus tard ces salons furent connus sous la désignation de Willis Rooms. Le nom d'Almack's est surtout associé au souvenir des bals élégants qui s'y donnèrent depuis 1765 jusqu'en 1810. Ces fêtes étaient organisées par un comité de dames appartenant à la plus haute aristocratie et qui se montraient extrêmement difficiles sur le choix des invités. Être reçu aux bals d'Almack était considéré par les gens du monde fashionable comme la plus rare des distinctions, et la plus enviable.(retour)

Note 445: «L'ambassadeur, dit ici M. de Marcellus, n'a jamais eu de serviteur appelé Lewis, ni de house-maid nommée Peggy. On peut m'en croire sur tous ces détails de son ménage, moi qui le tenais. Le reste est exact.» Chateaubriand et son temps, p. 48.(retour)

Note 446: Voir, à l'Appendice, le n° XI: Francis Tulloch.(retour)

Note 447: C'est l'hémistiche de Virgile renversé. Virgile a dit: Æquora tuta silent. (Énéid. I. v. 164.)(retour)

Note 448: Giustiniani (1470-153l), hébraïsant, né à Gênes. Il fut évêque de Nebbio (Corse), et publia, en 1516, un psautier sous ce titre: Psalterium hebraicum, græcum, arabicum, chaldaicum.(retour)

Note 449: Psaume XVIII, v. 5-6.(retour)

Note 450: Locution nouvelle empruntée à l'adjectif latin cæruleus, azuré.(retour)

Note 451: Portulan, livre qui contient la description de chaque port de mer, du fond qui s'y trouve, de ses marées, de la manière d'y entrer et d'en sortir, de ses inconvénients et de ses avantages. Dictionnaire de Littré.(retour)

Note 452: Voir les Natchez, livre VII.(retour)

Note 453: Dans son Essai sur les Révolutions, pages 635 et suivantes, Chateaubriand avait raconté avec beaucoup de détails son voyage aux Açores. Le récit des Mémoires est de tous points conforme à celui de l'Essai.(retour)

Note 454: C'est un des 9000 vers de la Chronique dans laquelle Guillaume-le-Breton a retracé la vie de Philippe-Auguste depuis son couronnement jusqu'à sa mort: Philippidos libri duodecine, sive Gesta Philippi Augusti, versibus heroïcis descripta.(retour)

Note 455: Jérusalem délivrée, chant XV, stance 27.(retour)

Note 456: Génie du christianisme, première partie, livre V, chapitre XII: Deux perspectives de la Nature.(retour)

Note 457: Washington avait été nommé, en 1789, président de la République pour quatre ans. Réélu en 1793, il résigna le pouvoir en 1797.(retour)

Note 458: Washington est mort le 9 décembre 1799.(retour)

Note 459: Ercilla Y Zuniga (Don Alonso de), célèbre poète espagnol (1533-1595). A vingt ans, il fit partie sur sa demande, de l'expédition envoyée pour étouffer la révolte des Araucans dans le Chili. Il y trouva le sujet de son poème: l'Araucanie (la Araucana), qu'il dédia à Philippe II et qui parut en trois parties (1569-1578-1589).(retour)

Note 460: Michel de Castelnau (1520-1572) a été cinq fois ambassadeur en Angleterre, sous les règnes de Charles IX et de Henri III. Ses Mémoires vont de 1559 à 1570.(retour)

Note 461: C'est le second vers de l'Attila de Corneille (Acte I, scène I):

Ils ne sont pas venus, nos deux rois; qu'on
   leur die
Qu'ils se font trop attendre, et qu'Attila
   s'ennuie.
(retour)

Note 462: Latitude et longitude reconnues aujourd'hui trop fortes de 4 degrés 1/4. (Note de Genève, 1832.) Ch.(retour)

Note 463: «L'Essai historique sur les Révolutions fut imprimé à Londres en 1796, par Baylis, et vendu chez de Boffe en 1797.» Avertissement de l'auteur pour l'édition de 1826. Œuvres complètes de Chateaubriand, tome premier.(retour)

Note 464: Trompé par sa mémoire, Chateaubriand, lors de son voyage en Grèce, avait, en effet, cherché à Sparte le tombeau de Léonidas et de ses compagnons. «J'interrogeai vainement les moindres pierres, dit-il dans l'Itinéraire, pour leur demander les cendres de Léonidas. J'eus pourtant un mouvement d'espoir près de cette espèce de tour que j'ai indiquée à l'ouest de la citadelle, je vis des débris de sculptures, qui me semblèrent être ceux d'un lion. Nous savons par Hérodote qu'il y avait un Lion de pierre sur le tombeau de Léonidas; circonstance qui n'est pas rapportée par Pausanias. Je redoublai d'ardeur, tous mes soins furent inutiles.» Et ici, en note, Chateaubriand ajoute: «Ma mémoire me trompait ici: le lion dont parle Hérodote était aux Thermopyles. Cet historien ne dit pas même que les os de Léonidas furent transportés dans sa patrie. Il prétend, au contraire, que Xercès fit mettre en croix le corps de ce prince. Ainsi, les débris du lion que j'ai vus à Sparte ne peuvent point indiquer la tombe de Léonidas. On croit bien que je n'avais pas un Horace à la main sur les ruines de Lacédémone; je n'avais porté dans mes voyages que Racine, Le Tasse, Virgile et Homère, celui-ci avec des feuillets blancs pour écrire des notes. Il n'est donc pas bien étonnant qu'obligé de tirer mes ressources de ma mémoire, j'aie pu me méprendre sur un lieu, sans néanmoins me tromper sur un fait. On peut voir deux jolies épigrammes de l'Anthologie sur ce lion de pierre des Thermopyles.» Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome I, p. 83.(retour)

Note 465: Asgill (sir Charles), général anglais. Envoyé en Amérique en 1781 pour servir sous les ordres de Cornwallis, il fut fait prisonniers par les Insurgents et désigné par le sort pour être mis à mort par représailles. L'intervention du gouvernement français le sauva. Un acte du congrès américain révoqua son arrêt de mort. Asgill accourut aussitôt à Versailles pour remercier Louis XVI et Marie-Antoinette, qui avaient vivement intercédé pour lui. Cet épisode a fourni le sujet de plusieurs pièces de théâtre et de plusieurs romans qui obtinrent une grande vogue.(retour)

Note 466: Fontanes fut chargé par le premier consul de prononcer aux Invalides, le 20 pluviôse an VIII (9 février 1800), l'éloge funèbre de Washington. Dans cet éloquent et noble discours, l'orateur, devant tous ses témoins, dont quelques-uns avaient applaudi au crime du 16 octobre 1793, ne craignit pas de faire à la reine Marie-Antoinette une allusion délicate autant que courageuse: «C'est toi que j'en atteste, disait-il, ô jeune Asgill, toi dont le malheur sut intéresser l'Angleterre, la France et l'Amérique. Avec quels soins compatissants Washington ne retarda-t-il pas un jugement que le droit de la guerre permettait de précipiter! Il attendit qu'une voix alors toute puissante franchit l'étendue des mers, et demandât une grâce qu'il ne pouvait lui refuser. Il se laissa toucher sans peine par cette voix conforme aux inspirations de son cœur, et le jour qui sauva une victime innocente doit être inscrit parmi les plus beaux de l'Amérique indépendante et victorieuse». Éloge funèbre de Washington, prononcé dans le Temple de Mars, par Louis Fontanes, le 20 pluviôse, an VIII.(retour)

Note 467: J.-B. Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau, né le 1er juillet 1725. En 1780, il fut envoyé en Amérique, avec 6,000 hommes, au secours des Insurgents, et contribua puissamment à leurs succès. Nommé maréchal de France en 1791, puis investi, la même année, du commandement de l'armée du Nord, il tenta vainement d'y rétablir la discipline et donna sa démission au mois de mai 1792. Il mourut le 10 mai 1807.(retour)

Note 468: Cette jolie page sur M. Violet, maître de danse chez les Iroquois, avait déjà paru dans l'Itinéraire, tome II, p 201. En arrivant à Tunis, le 18 janvier 1807, Chateaubriand tomba au milieu d'un bal donné par le consul de France, M. Devoise. «Le caractère national, dit-il, ne peut s'effacer. Nos marins disent que, dans les colonies nouvelles, les Espagnols commencent par bâtir une église, les Anglais une taverne, et les Français un fort; et j'ajoute une salle de bal. Je me trouvais en Amérique, sur la frontière du pays des sauvages: j'appris qu'à la première journée je rencontrerais parmi les Indiens un de mes compatriotes. Arrivé chez les Cayougas, tribu qui faisait partie de la nation des Iroquois, mon guide me conduisit dans une forêt. Au milieu de cette forêt on voyait une espèce de grange; je trouvai dans cette grange une vingtaine de sauvages, hommes et femmes...» Vient alors le récit du bal, avec la peinture de M. Violet, en veste de droguet et en habit vert-pomme. Chateaubriand avait écrit là une page de ses Mémoires; force lui était bien de la reprendre pour la remettre ici à sa vraie place.(retour)

Note 469: Il y a encore là un souvenir de l'Itinéraire, souvenir qui se rapporte à la page suivante: «Tout ce qu'on dit de la passion des Arabes pour les contes est vrai, et j'en vais citer un exemple: pendant la nuit que nous venions de passer sur la grève de la mer Morte, nos Bethléémites étaient assis autour de leur bûcher, leurs fusils couchés à terre à leurs côtés, les chevaux attachés à des piquets, formant un second cercle en dehors. Après avoir bu le café et parlé beaucoup ensemble, ces Arabes tombèrent dans le silence, à l'exception du scheick. Je voyais à la lueur du feu ses gestes expressifs, sa barbe noire, ses dents blanches, les diverses formes qu'il donnait à son vêtement en continuant son récit. Ses compagnons l'écoutaient dans une attention profonde, tous penchés en avant, le visage sur la flamme, tantôt poussant un cri d'admiration, tantôt répétant avec emphase les gestes du conteur; quelques têtes de chevaux qui s'avançaient au dessus de la troupe, et qui se dessinaient dans l'ombre, achevaient de donner à ce tableau le caractère le plus pittoresque, surtout lorsqu'on y joignait un coin du paysage de la mer Morte et des montagnes de Judée.» Itinéraire, Tome I, p. 336.(retour)

Note 470: Vie de Phocion, par Plutarque.(retour)

Note 471: L'Odyssée, chant VII. -- Arété était la femme d'Alcinoüs.](retour)

Note 472: Giovanni Paisiello (1741-1816). De ses compositions dramatiques qui sont au nombre de quatre-vingt-quatorze, plusieurs ont survécu. Les plus célèbres sont la Serva padrona, Nina o la pazza d'amore, la Molinara et Il re Teodoro.

«Le duo de Pandolfette, dit M. de Marcellus, était le morceau que M. de Chateaubriand demandait le plus souvent à mon piano; et, quand je le lui rappelais par quelques notes, il chantait lui-même volontiers Il tuo viso m'innamoraChateaubriand et son temps, p. 59.
(retour)

Note 473: Domenico Cimarosa (1754-1801). Il a composé plus de 120 opéras. Il excellait surtout dans le genre bouffon. Son chef-d'œuvre, dans ce dernier genre est Il matrimonio segreto, représenté pour la première fois à Vienne en 1792.(retour)

Note 474: Itinéraire de Paris à Jérusalem, tome II, p. 102.(retour)

Note 475: Essai sur les révolutions, livre Ier, seconde partie, chapitre XXIII. -- Atala, dans l'Épilogue.(retour)

Note 476: Horace. Odes, livre I, ode VII, A. L. Munaccius Plancus.(retour)

Note 477: Jésuites français, missionnaires au Canada; le premier fut massacré, en haine de la foi, après d'horribles tortures; le second évangélisa les Sauvages pendant près de quarante ans. Isaac Jogues, né à Orléans le 10 janvier 1607, admis au noviciat de Rouen le 24 octobre 1624, professa les humanités dans le collège de cette ville. Il obtint les missions du Canada en 1636, et fut martyrisé par les Agniers ou Mohawks, le 18 octobre 1646. -- Jérôme Lallemant, né à Paris le 26 avril 1593, entra au noviciat le 2 octobre 1610. Il enseigna les belles lettres et la philosophie à Paris, et fut recteur de Blois et de La Flèche. Il partit ensuite pour le Canada, fut supérieur général de la mission et mourut à Québec le 26 janvier 1673. Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouvelle édition (1693), par le P. C. Sommervogel, Tome IV, p. 808 et 1400.(retour)

Note 478: Chateaubriand n'a point romancé ses souvenirs. Le récit des dangers qu'il a courus à Niagara est ici de tous points conforme à celui qu'il en avait donné dès 1797 dans une note de l'Essai, pages 527-530.(retour)

Note 479: De Saint-Clément d'Alexandrie, un des pères de l'Église grecque, il nous reste entre autres ouvrages [Grec: Στρωματεῖς] les Stromates (tapisseries), recueil en huit livres de pensées chrétiennes et de maximes philosophiques, placées sans ordre et sans liaison, de même que dans une prairie, selon l'expression de l'auteur, les fleurs se mêlent et se confondent.(retour)

Note 480: Ceci était écrit en 1822, et les Natchez n'avaient pas encore paru. L'auteur ne devait les publier qu'en 1826. Mila, l'une des héroïnes du poème, est peut-être la plus charmante création de Chateaubriand.(retour)

Note 481: «Tout ce qui précède, depuis: l'immobilité politique est impossible, avait été, dit M. de Marcellus, écrit dans une dépêche officielle, transcrite de ma main, et en fut retranché presque aussitôt pour passer dans les Mémoires; comme si c'était dicté par une verve trop élevée pour aller se perdre et s'enfouir dans une correspondance éphémère.» Chateaubriand et son temps, p. 62.(retour)

Note 482: Lord Francis Conyngham, frère du premier marquis de ce nom, était chambellan (groom of the bed-chamber) du roi Georges IV.(retour)

Note 483: Lady Conyngham, dont Chateaubriand parle ici, non peut-être sans une certaine malice rétrospective, n'était pas la femme de lord Francis Conyngham, mais sa belle-sœur, la femme du marquis, elle était la maîtresse de George IV. -- Dans le Journal de Charles G.-F. Greville, secrétaire du conseil privé, il est souvent parlé de Lady Conyngham. Greville, écrit, à la date du 2 mai 1821: «Lady Conyngham habite une maison de Marlborough-Row, entourée de toute sa famille, qui est, comme elle-même, pourvue de chevaux, de voitures et de gens par les écuries royales et elle se promène à cheval avec sa fille Élisabeth, mais jamais avec le roi, qui va de son côté en compagnie d'un de ses gentilshommes. Au surplus, ils ne se montrent jamais ensemble en public. Elle dîne tous les jours avec le roi, ainsi que sa fille qui ne la quitte guère, et elle agit en maîtresse de maison. Elles ont toutes deux reçu de lui de magnifiques présents, notamment des perles du plus grand prix, que Mme de Liéven dit supérieures à celles des grandes-duchesses elles-mêmes.»(retour)

Note 484: Les ruines de Mitla et de Palenque au Mexique prouvent aujourd'hui que le Nouveau-Monde dispute d'antiquité avec l'Ancien. (Paris, note de 1834.) Ch.(retour)

Note 485: Je l'ai donnée dans mes Voyages. (Note de Genève, 1832.) Ch. -- Cette histoire de Tabamica se trouve à la page 248 du Voyage en Amérique, où elle porte ce titre: Chanson de la Chair blanche.(retour)

Note 486: L'arrestation du roi à Varennes eut lieu le 22 juin 1791.(retour)

Note 487: Énéide, livre III, v. 302-303.(retour)

Note 488: Les prévisions de Chateaubriand se sont vérifiées ici avec une étonnante justesse. Il écrivait en 1822: «En 1880, la population des États-Unis dépassera cinquante millions.» Or, d'après le recensement officiel du 1er juin 1880, le chiffre de la population, à cette date, était de cinquante millions quatre cent quarante-cinq mille, trois cent trente-six habitants.(retour)

Note 489: Thomas Jefferson (1743-1826) fut le troisième président des États-Unis (les deux premiers avaient été Washington et John Adams). Élu en 1801 et réélu en 1805, il resta huit ans à la tête de l'administration. C'est lui qui réunit la Louisiane aux États-Unis.(retour)

Note 490: Brackenridge (Henri), né à Pittsburg en 1786. Outre deux études sur Jefferson et Adams et une Histoire populaire de la guerre de 1814 avec l'Angleterre, il a publié un Voyage dans l'Amérique du Sud (1810), -- La Louisiane (1812), -- et les Souvenirs de l'Ouest (1834).(retour)

Note 491: Thomas Say, né à Philadelphie en 1787, mort à New-Harmony en 1834. On lui doit une Entomologie américaine (1824) et une Conchyliologie américaine (1830).(retour)

Note 492: Alexandre Wilson (1766-1813) était né à Paisley, en Écosse, mais il passa de bonne heure en Amérique. Tour à tour tisserand, maître d'école, colporteur, il s'attacha à l'étude et à la description des oiseaux. Son Ornithologie (American Ornithology), parue de 1808 à 1813, et formant sept volumes, est à la fois un monument scientifique et, par la variété et la finesse des peintures, une œuvre littéraire d'une réelle valeur.(retour)

Note 493: Charles Brockden Brown, né à Philadelphie le 17 janvier 1771, mort le 22 février 1810. Il est l'auteur de plusieurs romans, dont le meilleur est celui que cite Chateaubriand, Wieland ou la Transformation.(retour)

Note 494: Caleb Williams, œuvre dramatique et puissante du romancier anglais William Godwin, avait paru en 1794, un an avant le roman de Brown, et son succès avait été aussi considérable en Amérique qu'en Angleterre.(retour)

Note 495: Fenimore Cooper (1780-1851), le plus célèbre des romanciers américains.(retour)

Note 496: Washington Irving (1783-1859). De nombreux voyages en Europe et surtout de longs séjours en Espagne, où il revint enfin, comme ministre de son pays, en 1842, lui ont fourni les éléments de ses principaux ouvrages. Les plus célèbres sont les Contes d'un voyageur (1824), l'Histoire de la vie et des voyages de Christophe Colomb (1828-1830), la Chronique de la conquête de Grenade (1829).(retour)

Note 497: Halleck (Fitz-Greene), poète américain, né à Guilfort (Connecticut) en 1795, mort en 1867. Ses Œuvres complètes, parues à New-York en 1852, ont eu de nombreuses rééditions. Marco Botzaris, épisode de la révolution grecque, est son œuvre la plus remarquable.(retour)

Note 498: L'adjectif attrempé est un terme de fauconnerie pour désigner un oiseau qui n'est ni gras, ni maigre. Chateaubriand l'emploie ici dans le sens de mitigé. C'est un emprunt qu'il fait à la langue italienne, attemperato, comme il a déjà fait de nombreux emprunts à la langue latine, fragrance, effluences, cérulés, diluviés, vastitude, blandices, rivulaires, obiter.(retour)

Note 499: Chrysogène, née de l'or. Terme nouveau inventé par l'auteur et qui mérite de faire fortune.(retour)

Note 500: Chateaubriand avait beaucoup lu Hérodote, qui ne quittait pas sa table, à l'époque où il écrivait son Essai sur les Révolutions. Dans une conversation avec M. de Marcellus, en 1822, il jugeait ainsi le vieil historien: «Hérodote est, avec Homère, le seul auteur grec que je puisse lire encore. Il n'y a pas, quoiqu'en dise Plutarque, une ombre de malice dans ses récits. Il est véridique et très circonspect quand il touche aux antiques légendes. Enfin, il est aisé, abondant, et surtout clair et simple, premières vertus du style de l'histoire.» Chateaubriand et son temps, p. 75.(retour)

Note 501: Traduction du mons aquæ, dans la tempête de Virgile:

... Cumulo præruptus aquæ mons. (Énéide, livre I, v. 109.)
(retour)

Note 502: Diluviés pour ruisselants, expression latine de Lucrèce:

Omnia diluviare ex alto gurgite ponti.
(retour)

Note 503: C'est d'après cette tempête, où il avait failli périr, que Chateaubriand peindra plus tard, au XIXe livre des Martyrs, le naufrage de Cymodocée. On lit dans les notes qui accompagnent ce livre: «Je ne peins dans ce naufrage que ma propre aventure. En revenant de l'Amérique, je fus accueilli d'une tempête de l'Ouest qui me conduisit, en vingt et un jours, de l'embouchure de la Delaware à l'île d'Aurigny, dans la Manche, et fit toucher le vaisseau sur un banc de sable... Je regrette de n'avoir point la lettre que j'écrivis à M. de Chateaubriand, mon frère, qui a péri avec son aïeul M. de Malesherbes. Je lui rendais compte de mon naufrage. J'aurais retrouvé dans cette lettre des circonstances qui ont sans doute échappé à ma mémoire, quoique ma mémoire m'ait bien rarement trompé.» -- Ne convient-il pas de voir dans ce regret une nouvelle preuve de ce constant souci d'exactitude qui ne quitta jamais Chateaubriand, même lorsqu'il écrivait ses poèmes, à plus forte raison lorsqu'il écrivit ses Mémoires?(retour)

Note 504: Ci-dessus, Avant-propos.(retour)

Note 505: Chateaubriand s'était alors fixé à Genève.(retour)

Note 506: Chateaubriand venait de faire un voyage dans le Midi de la France.(retour)

Note 507: Épigraphe de la Thébaïde des Grèves.(retour)

Note 508: Vers du même recueil, extrait de la pièce intitulée: une Soirée de Février.(retour)

Note 509: Lettres inédites d'Alfred de Vigny, dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier 1897.(retour)

Note 510: Son neveu, le comte Louis de Chateaubriand.(retour)

Note 511: Caroline de Bedée, cousine-germaine de Chateaubriand.(retour)

Note 512: Ci-dessus, p. 4.(retour)

Note 513: Un volume in-18. Michel Lévy frères, éditeurs.(retour)

Note 514: C'était le titre que Chateaubriand avait d'abord projeté de donner à ses récits. On lit à la première page du Manuscrit de 1826: Mémoires de ma vie, commencés en 1809.(retour)

Note 515: Ci-dessus, p. 9.(retour)

Note 516: Ci-dessus, p. 17.(retour)

Note 517: Charles Cunat. Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l'enfance de M. de Chateaubriand.(retour)

Note 518: Ci-dessus, p. 128.(retour)

Note 519: Ci-dessus, p. 136.(retour)

Note 520: Revue des Deux-Mondes, du 15 avril 1831. -- Portraits contemporains, par C. A. Sainte Beuve, t. I, p. 37.(retour)

Note 521: Revue de Paris, mars 1834.(retour)

Note 522: Ci-dessus, p. 176.(retour)

Note 523: Le comte de Saint-Florentin (1705-1777) était fils de L. Philippeaux, marquis de La Vrillière, ministre de la maison de Louis XV. Il occupa lui-même, pendant cinquante-deux ans, différents ministères, notamment celui de la maison du roi et celui de l'intérieur. Louis XV le créa duc en 1770.(retour)

Note 524: Le Tableau des Assemblées secrètes et fréquentes des Jésuites et leurs affiliés à Rennes, était un libelle anonyme répandu par les partisans de La Chalotais. On y dévoilait les horribles détails de la grande conspiration «Jésuitique», tramée contre de «vertueux magistrats». On y montrait les Jésuites préparant tout dans leurs assemblées clandestines, rédigeant les chefs d'accusation, sollicitant les témoins, dénonçant les parents, les amis, les conseils des accusés, choisissant les espions qu'ils voulaient distribuer dans toute la province. Une information fut ordonnée contre les auteurs, complices et distributeurs de l'écrit anonyme, aussi bien que contre ceux qui avaient pu former quelque part des assemblées illicites. Plus de cent témoins furent entendus. Pas un fait ne fut articulé qui pût donner créance aux affirmations de la brochure, et un arrêt ordonna que le Tableau des Assemblées fût «lacéré et brûlé». -- Voy. La Chalotais et le duc d'Aiguillon, par Henri Carré, professeur d'histoire à la Faculté des lettres de Poitiers. 1893.(retour)

Note 525: Henri Carré, La Chalotais et le duc d'Aiguillon.(retour)

Note 526: Ci-dessus, p. 235.(retour)

Note 527: Au mois de février 1793, Joseph de Maistre, envoyant à Mallet du Pan le manuscrit de son Adresse à la Convention nationale, lui écrivait: «Combien il m'en a coûté d'adresser la parole à cette Convention française! A chaque instant, je croyais me souiller en lui parlant et je l'ai perdue de vue autant qu'il m'a été possible, vous l'apercevrez en me lisant. Depuis le grand crime, toute ma philosophie m'abandonne.» -- Lettre inédite, publiée par M. François Descostes, dans son ouvrage sur Joseph de Maistre pendant la Révolution.(retour)

Note 528: Ci-dessus, p. 254.(retour)

Note 529: Ci-dessus, p. 317.(retour)

Note 530: Ci-dessus, p. 334.(retour)

Note 531: Dans la préface de l'édition de 1823.(retour)

Note 532: Sur la côte de Terre-Neuve. Ch.(retour)

Note 533: Il était tiré de mes Tableaux de la Nature, que quelques gens de lettres connus et qui ont péri comme je le rapporte ci-après. Ch.(retour)

Note 534: Ci-dessus, p. 402.(retour)

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