Mémoires d'Outre-Tombe, Tome 2
Note 369: M. Paul de Rémusat raconte en ces termes comment les premiers Mémoires de sa grand'mère furent jetés au feu: «Le lendemain même du jour où le débarquement de Napoléon était public, Mme de Nansouty (Alix de Vergennes, mariée au général de Nansouty) était accourue chez sa sœur, tout effrayée et troublée des récits qu'on lui faisait, des persécutions auxquelles seraient exposés les ennemis de l'empereur, vindicatif et tout-puissant. Elle lui dit qu'on allait exercer toutes les inquisitions d'une police rigoureuse, que M. Pasquier craignait d'être inquiété, et qu'il fallait se débarrasser de tout ce que la maison pouvait contenir de suspect. Ma grand'mère, qui d'elle-même peut-être n'y eût pas pensé, se troubla en songeant que chez elle on trouverait un manuscrit tout fait pour compromettre son mari, sa sœur, son beau-frère, ses amis. Elle poursuivait en effet dans le plus grand secret, depuis bien des années, peut-être depuis son entrée à la cour, des Mémoires écrits chaque jour sous l'impression des événements et des conversations. Elle y racontait presque tout ce qu'elle avait vu et entendu... Elle songea à Mme Chéron, femme du préfet de ce nom, très ancienne et fidèle amie, qui avait déjà gardé ce dangereux manuscrit, et elle courut la chercher. Malheureusement Mme Chéron était absente, et ne devait de longtemps rentrer. Que faire? Ma grand'mère rentra tout émue et, sans réflexion ni délai, jeta dans le feu tous ses cahiers.» Préface des Mémoires, p. 75.(Retour au texte principal.)
Note 370: Voir l'Appendice no XI: Le conseiller Réal et l'anecdote du duc de Rovigo.(Retour au texte principal.)
Note 371: Mme de Staël, Dix années d'exil, p. 98.(Retour au texte principal.)
Note 372: Ces lignes sont extraites de l'article publié par Chateaubriand, dans le Mercure du 4 juillet 1807, sur le Voyage pittoresque et historique en Espagne, par M. Alexandre de Laborde.—Chateaubriand reviendra, dans le tome suivant, sur cet article du Mercure.(Retour au texte principal.)
Note 373: Boileau, Épître VII, À M. Racine.(Retour au texte principal.)
Note 374: Ce livre a été composé à Paris en 1839. Il a été revu en décembre 1846.(Retour au texte principal.)
Note 375: «Nous quittâmes la rue de Beaune au mois d'avril 1804, pour aller demeurer dans la rue de Miromesnil.» Mme de Chateaubriand, le Cahier rouge.—Le petit hôtel où s'installa Chateaubriand était situé rue de Miromesnil, no 1119, au coin de la rue Verte, aujourd'hui rue de la Pépinière. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion d'en faire la remarque, on numérotait alors les maisons par quartier et non par rue. Joubert, dans une lettre du 10 mai 1804, donne à Chênedollé d'intéressants détails sur la nouvelle installation de leur ami: «Il se porte bien; il vous a écrit. Rien de fâcheux ne lui est arrivé. Mme de Chateaubriand, lui, les bons Saint-Germain que vous connaissez, un portier, une portière et je ne sais combien de petits portiers logent ensemble rue de Miroménil, dans une jolie petite maison. Enfin notre ami est le chef d'une tribu qui me paraît assez heureuse. Son bon Génie et le Ciel sont chargés de pourvoir au reste.»(Retour au texte principal.)
Note 376: Sur M. de Tocqueville, petit-gendre de Malesherbes, voir, au tome I, la note 2 de la page 232.(Retour au texte principal.)
Note 377: Anne-Nicole Lamoignon de Blancménil, sœur de Malesherbes et femme du président de Senozan. Elle fut guillotinée quelques jours après son frère, le 21 floréal an II (10 mai 1794), le même jour que Madame Élisabeth. La marquise de Senozan était âgée de 76 ans. Son château, devenu plus tard la propriété de son petit-neveu, le comte de Tocqueville, était le château de Verneuil (Seine-et-Oise).(Retour au texte principal.)
Note 378: Alexis-Charles-Henri Cléret de Tocqueville, né à Verneuil le 29 juillet 1805, mort à Cannes le 16 avril 1859. Député de 1839 à 1848, représentant du peuple de 1848 à 1851, ministre des Affaires étrangères du 3 juin au 30 octobre 1849. Il était membre de l'Académie française depuis le 23 décembre 1841. Outre ses deux grands ouvrages sur la Démocratie en Amérique et sur l'Ancien régime et la Révolution, il a laissé des Souvenirs, publiés en 1893 par son neveu le comte de Tocqueville.(Retour au texte principal.)
Note 379: Le château du Ménil est situé dans la commune de Fontenay-Saint-Père, canton de Limay, arrondissement de Mantes (Seine-et-Oise). Il appartient aujourd'hui à M. le marquis de Rosambo.(Retour au texte principal.)
Note 380: Sur le mariage du comte Louis de Chateaubriand avec Mlle d'Orglandes, voir, au tome I, l'Appendice no III.(Retour au texte principal.)
Note 381: Le château de Mézy, dans le canton de Meulan (Seine-et-Oise).(Retour au texte principal.)
Note 382: Le château de Méréville était situé en Beauce. Il avait appartenu au célèbre banquier de la cour, Jean-Joseph de La Borde, qui en avait fait une habitation d'une splendeur achevée. Le parc, dessiné par Robert, le peintre de paysages, était une merveille. (Voir, pour la description du château et du parc, la Vie privée des Financiers au XVIIIe siècle, par H. Thirion, p. 278 et suiv.)—Jean-Joseph de La Borde fut guillotiné le 19 avril 1794. L'une de ses filles avait épousé le comte de Noailles, depuis duc de Mouchy; il en sera parlé plus loin.(Retour au texte principal.)
Note 383: L'héroïne des Aventures du dernier Abencerage.(Retour au texte principal.)
Note 384: «Au printemps de l'année 1805, nous prîmes un appartement sur la place Louis XV. Cette maison appartenait à la marquise de Coislin.» (Souvenirs de Mme de Chateaubriand.)—C'est la maison qui fait angle sur la rue Royale, en face de l'ancien Garde-Meuble de la Couronne, aujourd'hui ministère de la Marine.(Retour au texte principal.)
Elle avait épousé en premières noces, le 8 avril 1750, Charles-Georges-René de Cambout, marquis de Coislin, qui devint maréchal de camp et décéda en 1771, sans postérité. Deux enfants, un fils et une fille, étaient bien nés de ce mariage, mais tous deux étaient morts au berceau.
La marquise de Coislin resta vingt ans veuve. En 1793, alors qu'elle était plus que sexagénaire, elle épousa, en second mariage, un de ses cousins, de douze ans plus jeune qu'elle, Louis-Marie, duc de Mailly, ancien maréchal de camp, qui la laissa veuve pour la seconde fois en 1795.—Il faut croire que ce mariage de 1793 ne reçut pas de consécration légale, puisque la duchesse de Mailly continua à être appelée la marquise de Coislin. Elle survécut vingt-deux ans à son second mari et mourut le 13 février 1817.(Retour au texte principal.)
Note 386: Sur la marquise de Coningham, voir au tome I la note 2 de la page 398.(Retour au texte principal.)
Note 387: Allusion à une épigramme de l'Anthologie.(Retour au texte principal.)
Note 388: «En quittant Méréville, M. de Chateaubriand fut passer quelque temps à Champlâtreux, et moi, par complaisance, je partis avec Mme de Coislin pour les eaux de Vichy. Cette bonne dame était très aimable, mais très difficile à vivre; son avarice surtout était insupportable. Pendant le voyage, elle me faisait une guerre à mort sur ce que je mangeais, bien que ce ne fût pas à ses dépens. Elle prétendait que c'était la plus sotte manière de dépenser son argent; aussi, dans les auberges se contentait-elle d'une livre de cerises qu'on lui faisait payer à raison de ce que ses domestiques avaient mangé, et ils se faisaient servir comme des princes; ils en étaient quittes pour une verte réprimande, qu'ils préféraient à la disette. Pendant la route, la conversation roulait en général sur la dépense de l'auberge que nous venions de quitter, ou sur la toilette de Mlle Lambert, sa femme de chambre. La pauvre fille était cependant fort mincement vêtue; mais elle était propre et changeait de linge, ce qui n'avait pas le sens commun. Mme de Coislin n'en changeait jamais; elle prétendait que c'était comme cela de son temps et qu'on possédait à peine deux chemises. Du reste, elle avait assez d'esprit pour rire la première de son avarice; elle convenait que, ne donnant pas ce qui était nécessaire à ses gens, ils étaient obligés de le prendre: «Mais que voulez-vous, mon cœur, me disait-elle, j'aime mieux qu'on me prenne que de donner. Je sais qu'au bout du mois, c'est toujours la maîtresse qui paye: tout cela est fort triste.»—Souvenirs de Mme de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)
Note 389: «Mme de Coislin était ce qu'on appelle illuminée. Elle croyait à toutes les rêveries de Saint-Martin, et ne trouvait rien au-dessus de ses ouvrages. Il est vrai qu'elle n'en lisait guère d'autres, excepté la Bible qu'elle commentait à sa manière, qui était un peu celle des Juifs. Elle était du reste d'une complète ignorance, mais avec tant d'esprit et une si grande habitude du monde que, dans la conversation, on ne pouvait s'en apercevoir: elle ne savait pas un mot d'orthographe, et cependant elle parlait sa langue avec une pureté et un choix d'expressions remarquables. Personne ne racontait comme elle; on croyait voir toutes les personnes qu'elle mettait en scène.»—Souvenirs de Mme de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)
Note 390: Mlle Panckoucke, femme de l'académicien Suard, née en 1750 à Lille, morte en 1830. Elle était sœur de l'imprimeur Panckoucke, le fondateur du Moniteur universel. Sous Louis XVI, le salon de Mme Suard, l'un des plus fréquentés de Paris, était particulièrement le rendez-vous des encyclopédistes. Elle écrivait avec agrément et a publié plusieurs ouvrages: Lettres d'un jeune lord à une religieuse italienne, imitées de l'anglais (1788); Soirées d'hiver d'une femme retirée à la campagne (1789); Mme de Maintenon peinte par elle-même (1810); Essai de Mémoires sur M. Suard (1820). Les Lettres de Mme Suard à son mari, imprimées en 1802, au château de Dampierre, par G. E. J. Montmorency Albert Luynes, n'ont pas été mises dans le commerce.(Retour au texte principal.)
Note 391: Et non Hénin, comme le portent toutes les éditions des Mémoires. Né le 30 août 1728 à Magny en Vexin, Pierre-Michel Hennin obtint, dès 1749, de M. de Puisieulx, ministre des Affaires étrangères, la faveur de travailler au Dépôt alors établi à Paris. Secrétaire d'ambassade en Pologne en 1759, résident du roi à Varsovie en 1763, résident à Genève en 1765, il devint en 1779 premier commis au ministère des Affaires étrangères et rendit, à ce titre, d'éminents services jusqu'au mois de mars 1792, époque à laquelle il fut brutalement renvoyé par le général Dumouriez, devenu ministre et alors l'homme des Girondins. Réduit à la misère après quarante-deux ans de services, il fut forcé de vendre sa bibliothèque, ses collections de tableaux, d'estampes et de médailles. Privé de ce qui avait été la joie et la consolation de sa vie, le vieil Hennin travailla jusqu'à la fin, apprenant des langues, «barbouillant de gros romans», ébauchant un grand poème: l'Illusion, dont il dut sans doute faire subir plus d'un fragment à son amie la marquise de Coislin. Il mourut, à près de 80 ans, le 5 juillet 1807.—Voir, pour la vie de Pierre-Michel Hennin, la notice qui se trouve en tête de sa correspondance avec Voltaire, notice rédigée par son fils, et les pages que lui a consacrées M. Frédéric Masson dans son excellent livre sur le Département des Affaires étrangères pendant la Révolution.(Retour au texte principal.)
Note 392: Claude-Antoine de Besiade, duc d'Avaray (1740-1829), était, avant la Révolution, lieutenant-général et maître de la garde-robe de Monsieur, comte de Provence. Député aux États-Généraux par la noblesse du bailliage d'Orléans, il fut emprisonné pendant la Terreur, recouvra sa liberté après le 9 Thermidor, émigra et ne rentra en France qu'en 1814. Louis XVIII l'éleva à la pairie le 17 août 1815, le créa duc le 16 août 1817 et le nomma premier chambellan de la cour le 25 novembre 1820.—Ce n'est pas lui, mais son frère, le comte d'Avaray, mort en 1811, qui fut le compagnon d'exil et le principal agent du comte de Provence.(Retour au texte principal.)
Note 393: Voir, au tome VI des Œuvres complètes, Cinq jours à Clermont (Auvergne) 2, 3, 4, 5 et 6 août 1805.—et le Mont-Blanc, paysage de montagnes, fin d'août 1805.(Retour au texte principal.)
Note 394: «M. de Chateaubriand vint nous rejoindre à Vichy; je dis adieu à Mme de Coislin, et nous partîmes pour la Suisse. Avant d'arriver à Thiers, nous traversâmes la petite rivière de la Dore; son nom donna à M. de Chateaubriand une rime qu'il n'avait jamais pu trouver pour un des couplets de sa romance des Petits Émigrés.» (Souvenirs de Mme de Chateaubriand).—La romance des Petits Émigrés est devenue, dans le Dernier Abencerage, la jolie pièce: Combien j'ai douce souvenance.(Retour au texte principal.)
Note 395: Claude-Ignace Brugière de Barante (1745-1814). Il se lia en 1789 avec la plupart des membres marquants de l'Assemblée Constituante: Lameth, Duport, Mounier, étaient ses amis. La Terreur le jeta en prison; le 9 Thermidor le délivra. Après le 18 brumaire, ses amis le désignèrent au choix du Premier Consul, pour faire partie de la nouvelle administration. Il devint préfet de l'Aude, puis préfet du Léman. Napoléon, qui avait fermé le salon de Mme de Staël à Paris, sut mauvais gré à son préfet d'avoir laissé ce salon se rouvrir à Coppet: M. de Barante fut brutalement destitué en 1810. Il mourut au moment où le retour des Bourbons allait lui assurer une légitime réparation.—Il sera parlé plus loin, dans les Mémoires, de son fils, le baron Prosper de Barante, l'auteur de l'Histoire des ducs de Bourgogne.(Retour au texte principal.)
Note 396: «Je ne sais ce qui nous empêcha d'accomplir la promesse que nous avions faite à Mme de Staël (d'aller, à leur retour de Chamonix, passer quelques jours à Coppet). Elle en fut très mécontente; et d'autant plus qu'ayant compté sur notre visite, elle écrivit d'avance, à Paris, les conversations présumées qu'elle avait eues avec M. de Chateaubriand, et dans lesquelles elle l'avait, disait-elle, converti à ses opinions politiques. On sut que nous n'avions point été à Coppet, et que la noble châtelaine avait fait seulement un roman de plus.» (Souvenirs de Mme de Chateaubriand.)(Retour au texte principal.)
Note 397: Louis-Nicolas-Philippe-Auguste, comte de Forbin (1779-1841). Homme d'esprit et peintre habile, il a publié des récits de voyage et produit un grand ombre de tableaux, qui lui ouvrirent les portes de l'Académie des Beaux-Arts. Une de ses toiles, la Chapelle dans le Colisée à Rome, figure avec honneur au Louvre. Nommé par la Restauration directeur des Musées, il réorganisa et agrandit celui du Louvre, créa le Musée Charles X, consacré aux antiquités étrusques et égyptiennes, et fonda le musée du Luxembourg, destiné spécialement aux artistes vivants. En 1805, il était chambellan de la princesse Pauline Borghèse. Plus tard il composera pour la reine Hortense des romances que la reine mettra en musique. Selon le mot de l'auteur des Mémoires, «il tenait dans ses mains puissantes le cœur des princesses». Si Chateaubriand parle ici de M. de Forbin avec une légère pointe d'ironie, il ne laissait pas d'avoir autrefois rendu pleine justice aux mérites de ce galant homme. Rendant compte, dans le Conservateur de 1819, de son Voyage au Levant, il commençait ainsi son article: «M. le comte de Forbin, dans son Voyage, réunit le double mérite du peintre et de l'écrivain: l'ut pictura poësis semble avoir été dit pour lui. Nous pouvons affirmer que, dessinés ou écrits, ses tableaux joignent la fidélité à l'élégance.»—Le comte de Marcellus, premier secrétaire à Londres, en 1822, pendant l'ambassade de Chateaubriand, épousa la fille de M. de Forbin.(Retour au texte principal.)
Note 398: Les Cynégétiques, liv. II, v. 348.(Retour au texte principal.)
Note 399: Jeanne-Françoise Thévenin, dite Sophie Devienne (1763-1841). Engagée en 1785 à la Comédie Française, elle fut, jusqu'à sa retraite en 1813, une des meilleures soubrettes de notre théâtre classique. Elle excellait surtout dans les pièces de Marivaux. Aussi estimée pour sa conduite que goûtée pour son talent, Mlle Devienne était née à Lyon, comme son ami M. Saget, ce bourgeois très particulier auquel elle donnait si inutilement de si bons conseils.(Retour au texte principal.)
Note 400: «Il y avait à Lyon, dans ce temps-là, un certain M. Saget, qui habitait, sur le coteau de Fourvières, la plus jolie maison du monde. Ce vieil original, riche comme un puits, dépensait la moitié de son argent en bonnes œuvres pour expier celles, assez mauvaises, auxquelles il consacrait, dit-on, l'autre moitié de sa fortune. Il avait, pour faire les honneurs de sa maison, deux vieilles demoiselles qui avaient été fort belles dans leur temps, et, pour le servir, un essaim de jeunes paysannes jolies, belles et très richement vêtues. Du reste, ses dîners étaient excellents, ses vins, les meilleurs du monde, et les convives (pour la plupart) messieurs du chapitre de Saint-Jean de Lyon.» (Souvenirs de Mme de Chateaubriand.)(Retour au texte principal.)
Note 401: Jean-Antoine Chaptal, comte de Chanteloup (1756-1832); membre de l'Institut dès la fondation; ministre de l'Intérieur (1800-1805), sénateur de l'Empire, pair de France de la Restauration.(Retour au texte principal.)
Note 402: Les détails donnés par Mme de Chateaubriand dans ses Souvenirs confirment de tous points ceux des Mémoires. Voici la fin de son piquant récit: «Lorsque nous fûmes réchauffés et que l'orage fut un peu apaisé; nous nous remîmes en route, mais la pluie avait grossi les torrents au point qu'en les traversant nos chevaux avaient de l'eau jusqu'au poitrail. Comme je ne craignais que le retour de l'orage, je devins vaillante contre les autres dangers. Je mis donc ma vieille rosse au galop. Le guide, qui savait que ce n'était pas son allure, me criait d'arrêter, que j'allais tuer son cheval: «Monsieur, disait-il à mon mari, votre dame a fait la guerre!»(Retour au texte principal.)
Note 403: L'acte de décès a été découvert depuis. Madame de Caud mourut dans le quartier du Marais, rue d'Orléans, no 6, le 18 brumaire an XIII (9 novembre 1804).(Retour au texte principal.)
Dans sa lettre à M. Molé, du 18 novembre, Joubert rend témoignage de l'affliction de Chateaubriand et de sa femme: «Il (Chateaubriand) a perdu depuis huit jours sa sœur Lucile, également pleurée de sa femme et de lui, également honorée de l'abondance de leurs larmes. Ce sont deux aimables enfants, sans compter que le garçon est un homme de génie.»(Retour au texte principal.)
Note 405: La famille de Chateaubriand comprenait, à cette date, Mme la comtesse de Marigny, Mme la comtesse de Chateaubourg et leurs enfants; la fille de la comtesse Julie de Farcy; les fils du comte de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)
Note 406: «Nous allâmes faire nos adieux à nos parents en Bretagne, et, en juillet, M. de Chateaubriand se mit en route pour son grand voyage. Je partis avec lui, devant l'accompagner jusqu'à Venise. En passant à Lyon, au moment où nous traversions la place Bellecour, deux pistolets, qui se trouvaient bien imprudemment placés dans le cylindre de la voiture, partirent en même temps et mirent le feu au cylindre dans lequel se trouvaient une boîte de poudre et un sac de louis. C'était plus qu'il n'en fallait pour nous faire sauter, et avec nous une foule de monde qui entourait la voiture. M. de Chateaubriand eut la présence d'esprit, après m'avoir jeté dans les bras du premier venu, de retirer le sac et la boîte, et de descendre ensuite. On répara le dommage et nous continuâmes notre route.—En partant, je fis promettre au bon Ballanche de venir me chercher à Venise, où M. de Chateaubriand devait me quitter... M. de Chateaubriand quitta Venise le vendredi 1er août 1806, pour aller s'embarquer à Trieste. Je restai plusieurs jours attendant Ballanche qui n'arrivait pas. Je commençais à me désespérer, mourant d'ennui et du désir de me retrouver en France avec des amis auxquels je pusse confier mes inquiétudes. Il arriva enfin, c'était le soir: je lui fis une scène. Je lui dis que j'allais l'emmener sur la place Saint-Marc, et que c'était tout ce qu'il verrait de Venise, parce que nous partirions le lendemain, à cinq heures du matin: «Allons, me dit-il, puisque vous le voulez, je le veux bien. Mais alors il faudra que je revienne.» —«Vous reviendrez sûrement, mon cher Ballanche, mais l'année prochaine.» Il comprit cela; et le lendemain à cinq heures, nous nous embarquâmes pour Fusina.» (Souvenirs de Mme de Chateaubriand.)(Retour au texte principal.)
Note 407: Le rapprochement entre Julien et Clarke est un peu forcé. Edward Clarke n'était pas le valet de chambre de Cook, mais son compagnon et son rival de gloire. Il fit trois fois le tour du monde. Tous deux partirent ensemble de Plymouth, le 12 juillet 1776; le capitaine Cook commandait la Découverte, le capitaine Clarke commandait la Résolution. Le but de leur voyage était de s'assurer s'il existe une communication entre l'Europe et l'Asie par le Nord de l'Amérique. Après la mort de Cook, tué par les naturels de l'île d'Owhihée, une des Sandwich, le 14 février 1779, Clarke lui succéda dans le commandement de l'expédition et périt, à son tour, au moment où il arrivait au Kamtchatka. La Découverte et la Résolution rentrèrent en Angleterre le 4 octobre 1780.(Retour au texte principal.)
«Me voilà dans le plus beau pays du monde, ma chère cousine, et je ne suis pas plus heureux. J'ai vu la Grèce, j'ai visité Sparte, Argos, Corinthe. Je vais partir pour Jérusalem, et j'espère vous revoir dans le mois de décembre. Les Martyrs profiteront de ces courses. Mais le pauvre auteur aura bien payé, par des peines et des soucis, quelques phrases qui encore ne plairont peut-être pas au public. Chère cousine, je vous en supplie, trouvez-moi quelque coin obscur auprès de vous, où je puisse enfin vivre en repos et passer le reste de mes jours. Vous ne sauriez croire à quel point j'ai soif de retraite et de paix. Il faut bien se mettre dans la tête que toute la vie consiste dans la société de quelques amis, et l'oubli des méchants autant qu'on peut les oublier. J'avais un besoin réel de faire ce voyage, pour compléter le cercle de mes études. À présent que j'aurai vu les plus beaux monuments des hommes et ceux de la nature, je n'aurai plus envie de sortir de mon trou. Au reste, chère cousine, je suis toujours le même; tel vous m'avez laissé, tel vous me trouverez. Je mourrai dans mon péché, et je vous assure que j'irais au bout de la terre, avant de pouvoir trouver beau ce que je trouve laid.
«Comme nous causerons de mille choses un jour à Charamante! Comme je travaillerai dans un certain pavillon noir qui m'est destiné! Que n'y suis-je déjà! Une grande mer nous sépare encore; mais j'espère la franchir bientôt. En attendant, je vous recommande la petite créature qui doit être à présent chez Joubert (Mme de Chateaubriand); je lui porte un beau schall pour la tenir chaudement cet hiver, et pour ne point aller voir les grandes dames, mais sa cousine, qui est bien une grande dame aussi. Il me semble que je vous vois tous ensemble faisant un méchant dîner à mon second étage, et écoutant de longues histoires, que j'aurai rapportées de Grèce. Bon Dieu! que je suis fou d'être encore ici! Allons, patience: j'arriverai.
«Adieu, chère cousine, je vous embrasse tendrement, ainsi que M. de T[alaru]. Mille choses à MM. de Court et Chavana; mille souvenirs à tous mes amis. Priez pour moi et aimez-moi toujours.
«Si vous voyez ma femme, ne lui dites rien de mon voyage en Syrie, de peur de l'effrayer. «Ch.»(Retour au texte principal.)
Note 409: L'héroïne du Dernier des Abencerages.—Voir l'Appendice no XI: La comtesse de Noailles.(Retour au texte principal.)
Note 410: Cette Nouvelle composée sous l'Empire, a paru pour la première fois en 1827, dans le tome XVI de la première édition des Œuvres complètes, sous le titre: Les Aventures du dernier Abencerage.(Retour au texte principal.)
Note 411: Augerville-la-Rivière, canton de Puiseaux, arrondissement de Pithiviers (Loiret); célèbre par son château, que le roi Charles VII avait donné à Jacques Cœur, et qui devint en 1825 la propriété de Berryer.(Retour au texte principal.)
Note 412: Le château de Malesherbes, situé à six kilomètres d'Augerville. Il appartenait à Louis de Chateaubriand, le neveu du grand écrivain. Il est aujourd'hui la propriété de Mme la marquise de Beaufort, née de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)
Note 413: Il a été parlé plus haut, page 468, note 4, du château de Méréville. Je lis dans une description de Méréville et de son parc, faite en 1819: «Sur un des points les plus élevés du parc est une colonne dont la hauteur égale celle de la place Vendôme. Du sommet de cette colonne, la vue embrasse tout l'ensemble du parc et une campagne magnifique dont l'horizon s'étend à vingt lieues.»(Retour au texte principal.)
Note 414: Adolphe-Jules-César-Auguste Dureau de La Malle (1777-1857), membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il a écrit de savants mémoires d'histoire et d'archéologie. Son principal ouvrage est l'Économie politique des Romains (1840, 2 vol. in-8o).(Retour au texte principal.)
Note 415: Reginald Heber (1783-1826). Né à Malpas (Cheshire), il devint en 1822 évêque de Calcutta. Il avait publié, en 1819, un petit volume de Poèmes religieux. Après sa mort, sa femme, Amélie Heber, fit paraître son Récit de voyage à travers les provinces supérieures de l'Inde, de Calcutta à Bombay (trois volumes in-8o).(Retour au texte principal.)
Note 416: Lettres de Saint Jérôme, traduites en français par F. Z. Collombet et J.-F. Grégoire, cinq volumes in-8o.(Retour au texte principal.)
Note 417: Fénelon songeait aux Missions du Levant, au moment où il fut ordonné prêtre, vers 1675. Sa lettre, qui porte simplement comme date: Sarlat, 9 octobre, a dû être écrite entre 1675 et 1678, époque où il fut chargé des Nouvelles Catholiques. Le cardinal de Bausset (Histoire de Fénelon, Livre I, no 15) conjecture qu'elle fut adressée à Bossuet; mais «le titre, ajouté par une main étrangère sur l'original, donne lieu de penser qu'elle fut écrite au duc de Beauvilliers, avec qui Fénelon se lia de très bonne heure, par les soins de M. Tronson, leur commun directeur». (Œuvres de Fénelon, Édition Lefort, tome VII, p. 491.)(Retour au texte principal.)
Note 418: Voir ci-dessus, p. 5.(Retour au texte principal.)
Note 419: Ci-dessus, p. 7.(Retour au texte principal.)
Note 420: Chateaubriand et son groupe littéraire, tome II, p. 405.(Retour au texte principal.)
Note 421: Voir le premier chapitre du très intéressant volume de M. Chédieu de Robethon sur Chateaubriand et Madame de Custine (1893).(Retour au texte principal.)
Note 422: Ci-dessus, p. 175.(Retour au texte principal.)
Note 423: Joubert.(Retour au texte principal.)
Note 424: M. du Theil.(Retour au texte principal.)
Note 425: Bibliothèque de Genève.—Original autographe, sans suscription ni signature.—Chateaubriand, sa femme et ses amis, par l'abbé Pailhès.(Retour au texte principal.)
Note 426: Ci-dessus, p. 181.(Retour au texte principal.)
Note 427: L'abbé Pailhès, p. 41.(Retour au texte principal.)
Note 428: Voir ci-dessus, Appendice no III.(Retour au texte principal.)
Note 429: Mme de Farcy.(Retour au texte principal.)
Note 430: Chateaubriand cite ici tout un morceau de son livre, qui se retrouve, avec beaucoup de changements et de corrections, dans le Génie du christianisme (4e partie, livre II, au chapitre des Tombeaux chrétiens).(Retour au texte principal.)
Note 431: Ici encore, Chateaubriand envoie à son ami un long passage de son livre, reproduit également, avec des corrections, dans le chapitre du Génie du christianisme intitulé: Saint-Denis (chapitre IX du livre II de la quatrième partie).(Retour au texte principal.)
Note 432: Christian de Lamoignon.(Retour au texte principal.)
Note 433: Ci-dessus, p. 228.(Retour au texte principal.)
Note 434: Lamoignon.(Retour au texte principal.)
Note 435: Bibliothèque de Genève.—Original autographe sans suscription.(Retour au texte principal.)
Note 436: Sans doute Mme Lindsay, et non Mme d'Aguesseau, comme le dit Villemain. Voir ci-dessus, page 290 des Mémoires.(Retour au texte principal.)
Note 437: Bibliothèque de Genève.—Original autogr.(Retour au texte principal.)
Note 438: Ci-dessus, p. 280.(Retour au texte principal.)
Note 439: Journal des Débats, 14 et 29 germinal an X.(Retour au texte principal.)
Note 440: Lettre à Fontanes, du 19 août 1799.(Retour au texte principal.)
Note 441: Lettre à Fontanes, du 27 octobre 1799.(Retour au texte principal.)
Note 442: C'est l'histoire de René qui remplace aujourd'hui celle d'Atala dans le second volume. (Note de Chateaubriand.)(Retour au texte principal.)
Note 443: Lettres de M. Lally-Tolendal, p. 27.(Retour au texte principal.)
Note 444: 18 avril 1802.(Retour au texte principal.)
Note 445: Journal de Paris, 29 germinal an X.(Retour au texte principal.)
Note 446: Ci-dessus, p. 297.(Retour au texte principal.)
Note 447: Bardoux, p. 131.(Retour au texte principal.)
Note 448: Christine de Fontanes.(Retour au texte principal.)
Note 449: Mme Bacciochi.(Retour au texte principal.)
Note 450: Bardoux, p. 153.(Retour au texte principal.)
Note 451: M. Bertin l'aîné. Voir la note 4 de la page 395.(Retour au texte principal.)
Note 452: Est-ce à Mme de Beaumont qu'il fait allusion? Ces suppositions de Mme de Custine auraient été bien blessantes pour Chateaubriand. Note de M. Chédieu de Robethon.(Retour au texte principal.)
Note 453: Toujours M. Bertin.(Retour au texte principal.)
Note 454: Bardoux, p. 361.(Retour au texte principal.)
Note 455: Chédieu de Robethon, p. 251.(Retour au texte principal.)
Note 456: Ci-dessus, p. 329.(Retour au texte principal.)
Note 457: La veuve du comte Stanislas de Clermont-Tonnerre, remariée au marquis de Talaru. Elle avait puissamment contribué, avec deux évêques, l'évêque de Montauban et l'évêque de Saint-Brieuc, à la conversion de La Harpe en 1794. La marquise de Talaru était la cousine de Chateaubriand.(Retour au texte principal.)
Note 458: Souvenirs et Correspondance tirés des papiers de Madame Récamier, par Mme Charles Lenormant, tome I, p. 60.(Retour au texte principal.)
Note 459: Ci-dessus, page 402.(Retour au texte principal.)
Note 460: Pensées, Essais, Maximes et Correspondance de M. Joubert, T. II, p. 430.(Retour au texte principal.)
Note 461: Joubert, tome II, p. 432.(Retour au texte principal.)
Note 462: Mme de Chateaubriand avait l'habitude d'appeler le complaisant Clausel, toujours prêt à lui obéir, son serviteur Clausel, son cher ministre.(Retour au texte principal.)
Note 463: Madame de Chateaubriand. Lettres inédites à M. Clausel de Coussergues, par l'abbé Pailhès (1888).(Retour au texte principal.)
Note 464: Biographie des Contemporains, T. IV, p. 536.(Retour au texte principal.)
Note 465: Deuxième édition, tome VIII, p. 365.(Retour au texte principal.)
Note 466: Ci-dessus, p. 403.(Retour au texte principal.)
Note 467: Souvenirs littéraires, tome I. p. 382.(Retour au texte principal.)
Note 468: Pensées, Essais, Maximes et Correspondance de M. Joubert, tome II.(Retour au texte principal.)
Note 469: Mémoires d'Outre-tombe, tome I, p. 408.(Retour au texte principal.)
Note 470: Les Conversations de M. de Chateaubriand, par M. Danielo, insérées à la suite des Mémoires d'Outre-tombe, tome XII de la première édition.(Retour au texte principal.)
Note 471: Mémoires d'Outre-tombe, tome I, p. 408.(Retour au texte principal.)
Note 472: J. Danielo, loc. cit.(Retour au texte principal.)
Note 473: Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, tome II, p. 12.(Retour au texte principal.)
Note 474: Ci-dessus, page 440.(Retour au texte principal.)
Note 475: Ci-dessus, page 528.(Retour au texte principal.)
Note 476: La supériorité d'esprit de la vicomtesse de Noailles, fille de la duchesse de Mouchy, est connue. Elle a écrit la Vie de la princesse de Poix, sa grand-mère. Cet écrit, publié en 1855, est un chef-d'œuvre de finesse et de grâce aristocratique. Une notice non moins remarquable sur la vicomtesse de Noailles est due à la plume de Mme Standish, née Sabine de Noailles (Note de M. Hyde de Neuville).(Retour au texte principal.)
Note 477: Officiers récemment congédiés par une mesure qui avait fait beaucoup de mécontents.(Retour au texte principal.)