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Panthéon égyptien : $b Collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments

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NÉITH GÉNÉRATRICE.
(PHYSIS, ATHÉNÈ, MINERVE.)

Limage symbolique de Néith, la mère universelle, que nous avons donnée dans une planche précédente[67], présente cet être divin décoré de tous ses attributs; ses trois têtes diverses, et les pieds de lion servant de support à un corps de forme humaine qui réunit les deux sexes, nous avertissent assez que les Égyptiens ne s’occupèrent jamais à captiver l’œil ni par la recherche ni par la convenance de formes; leur sculpture et leur peinture sacrées s’attachèrent constamment à parler à l’esprit, et combinèrent les signes sans considérer si l’ensemble qui en résultait fût ou non conforme à la belle nature, qui n’était point, comme chez les Grecs, le but spécial de leur imitation. Ce fait, que tout concourt à démontrer, ne doit point être perdu de vue dans l’étude des monuments figurés de la vieille Égypte.

Ces alliances de portions rapprochées de divers animaux, appartiennent en quelque sorte à la grande écriture sacrée; et quelque monstrueuses qu’elles paraissent à nos yeux, la main qui les traça n’accordait rien au hasard ni au caprice; elle était constamment guidée par des règles invariables: les formes à donner aux images de chaque divinité de l’Égypte furent fixées dès le commencement même de l’institution religieuse: les représentations propres à chaque dieu sont absolument semblables, et dans les temples élevés sous les rois, dix-neuf cents ans avant notre ère, et dans les édifices sculptés sous les empereurs Antonin, Marc-Aurèle et Commode.

Cette persistance dans les mêmes formes et pendant une si longue série de siècles ne doit nullement surprendre, si nous disons que les livres sacrés de l’Égypte contenaient expressément le détail très-circonstancié des formes sous lesquelles les sculpteurs et les peintres furent tenus de représenter les différentes divinités. C’est en étudiant le grand rituel funéraire, composition très-étendue, dont on trouve des copies plus ou moins complètes dans la main de la plupart des momies, ou dans le cercueil qui les renferme, que nous avons été conduits à constater ce fait curieux.

C’est principalement dans la troisième et dernière partie du rituel funéraire (dont il existe plusieurs copies complètes[68], soit en hiéroglyphes, soit en écriture hiératique, parmi les manuscrits égyptiens du Musée de Turin), qu’on rencontre ces descriptions pour ainsi dire officielles des représentations convenues de divers dieux ou déesses. Cette dernière portion du rituel, relative aux plus grandes divinités de l’Égypte, et qui renferme les litanies des dieux, leurs noms les plus mystiques et leurs attributs les plus saints, nous offre entre autres les descriptions des images symboliques d’Ammon-Panthée[69], de Chnouphis[70], de Phtha-Patæque[71], et de la Néith-Génératrice[72], figurée sur notre planche 6.3. La planche ci-jointe[73] contient le texte hiéroglyphique qui s’y rapporte, et dont nous avons pris soin de séparer les mots, afin qu’il soit plus facile d’en suivre la traduction littérale que nous donnons ici:

«Ceci est la figure de la divine mère; elle a trois têtes; sur la tête de lionne, elle a les deux palmes: de plus, sur la tête de forme humaine, elle a les deux parties de la coiffure Pschent; de plus, sur la tête de vautour, elle a les deux palmes[74]; en son lieu, elle porte le phallus; elle a deux ailes, et en leur lieu des pattes de lion.»

Planche 6.2.

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