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Recueil de chansons en patois de la Bresse

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LA BELLE MARION

Air connu


1

J'aimerais mieux la belle Marion

Que toutes vos demoiselles

L'ène brauva, pi le ri

L'ène faite à meu dési

Grè Dieu que l'ène brauva

De l'amou mio que n'autra.

1

J'aimerais mieux la belle Marion

Que toutes vos demoiselles

Elle est belle et elle rit

Elle est faite à mes désirs

Grand Dieu qu'elle est belle

Je l'aime mieux qu'une autre.

2

Embrasse moi la belle Marion

Embrasse moi ma mie

Embrasse moi autant de fois

Qu'il y a de feuilles dans ces bois

De fleurs dans la prairie

Embrasse moi ma mie.

2

Embrasse moi ma belle Marion

Embrasse moi ma mie

Embrasse moi autant de fois

Qu'il y a de feuilles dans ces bois

De fleurs dans la prairie

Embrasse moi ma mie.

3

Mais què nou l'y fazhin l'amou

N'y allin pau trou vitou

Prequa ple vitou nou z'izhin

Mais d'arzhè nous mezhezhin

De m'amau che la brune

La barba nou z'è fûme.

3

Mais quand nous lui ferons l'amour

N'y allons pas trop vite

Parce que plus vite nous irons

Plus d'argent nous mangerons

D'embrasser cette brune

La barbe nous en fume.

4

Maitre vou ne s'ète don pau

Che que leu meshiè deïon

Y s'è von pretou deïè

Que n'a pau chin seu vaillè

Pe zh'ashetau na blauda

Pe zh'allau va ma Liauda.

4

Maître vous ne savez donc pas

Ce que les méchants disent

Ils s'en vont partout disant

Que je n'ai pas cinq sous vaillant

Pour acheter un paletot

Pour aller voir ma Claude.

5

Mon maitre m'y a repondu

Ne sizh'ou pau bon maitre

Va vendre ses six moutons

Cela t'y fera de l'argent

Pour acheter une veste

Pour aller voir ta maîtresse.

5

Mon maître m'y a répondu

Ne suis-je pas bon maître

Va vendre ces six moutons

Cela t'y fera de l'argent

Pour acheter une veste

Pour aller voir ta maîtresse.

N'AMETIA DÉPONDIA

UNE AMITIÉ ROMPUE


1

Holà meïa

Te sevinte de ma,

Du tinque deri ta peurta

Te m'invitauve lou cha

O ma meïa ressevinte de ma.

1

Hola mie

Te souviens-tu de moi,

Du temps que derrière ta porte

Tu m'invitais le soir

O ma mie ressouviens-toi de moi.

2

Oh lou magna, presqua vin-te vè ma

Què ma mezhe pi ma tanta

Aprè ta che chon faushia,

Pî qu'à nautrou ma fa me si premia.

2

Oh le magnat, pourquoi viens-tu chez moi

Quand ma mère et puis ma tante

Après toi se sont fâchées,

Et qu'à un autre, je me suis promise.

3

Meïa què bin à nautrou tè premia

Va, nè si guézhou è pin-na,

Me fou de te n'amitia,

Dè treuvezhe na chie brauva que ta.

3

Mais quand même à un autre tu es promise

Va, je n'en suis guère en peine,

Je me fiche de ton amitié,

j'en trouverai une plus belle que toi.

4

Tè mio, magna, mais rè me mon foula,

Mon foula de brauva chaïa

Que t'ava ballia on cha,

On cha, que n'amauva que ta.

4

Tant mieux, magnat, mais rends-moi mon foulard,

Mon foulard de jolie soie

Que je t'avais donné un soir,

Un soir, que je n'aimais que toi.

5

Oh non, Meïa, t'nazhé pau ton foula,

Le vé nou dedè ma shombra,

Dè on croufou bien froumau;

Depi lontè dè n'ai perdu la liau.

5

Oh non, Mie, tu n'auras pas ton foulard,

Il est chez nous dedans ma chambre,

Dans un coffre bien fermé;

Depuis longtemps j'en ai perdu la clef.

6

Gazha magna, ch'te ne rè pau tou,

Ya de gachon u velazhou

A qui n'azhe qu'à parlau

Pe te fauzhe ballië dessus lou nau.

6

Gare magnat, si tu ne rends pas tout,

Il y a des garçons au village

A qui je n'aurai qu'à parler

Pour te faire donner sur le nez.

7

Meïa, teu galon ne leu cregnou pau,

Ma qu'ai fait mon tou de Fronche

Depi Veria tin qu'à Crau,

Jamais nion ne m'a ballia su lou nau.

7

Mie, tes galants je ne les crains pas,

Moi qui ai fait mon tour de France

Depuis Viriat Jusqu'à Cras,

Jamais personne ne m'a donné sur le nez.

8

Fellie, gachon, vou date vou jamau,

Mais che l'exèplon trou laidou,

Pe shourshië à l'imitau

Ne vou j'amau que tè què peut dezhau.

8

Filles, garçons, vous devez vous aimer,

Mais si l'exemple est trop vilain,

Pour chercher à l'imiter

Ne vous aimez que tant que cela peut durer.

MA TANTA PERNETA

MA TANTE PERNETTE


1

Ma Tanta Perneta,

A bin mau u da,

L'a na vasche à trézhe, qui que la quinquelliezheta

Qui que la tizhe la bouyeta,

Qui que la traizha.

1

Ma Tante Pernette,

A bien mal au doigt,

Elle a une vache à traire, qui que la quinquillerette

Qui que la tire la bouyette,

Qui qui la traira.

2

Oh! dit ma vèzena, que bin dègredia,

Baillau la greleta, ma d'y vai, quinquelliezheta,

Ma d'y vai, tizhe la bouyeta,

Ma d'y vai tout dra.

2

Oh! dit une voisine, qui est bien dégourdie,

Donnez la grelette, moi j'y vais, quinquillerette,

Moi j'y vais, tirer la bouyette,

Moi j'y vais tout droit.

3

Allons ma bouyeta, ton lait baillava,

Mais la vashe viva a bailla quinquelliezheta,

A bailla, tizhe la bouyeta,

A bailla du pia.

3

Allons ma bouyette, ton lait donne voir,

Mais la vache vive a donné, qinquillerette,

A donné, tire la bouyette,

A donné du pied.

4

Foutia grè bardala t'au tou trabeshia,

T'au goulia ma rouba, pi verchau, quinquelliezheta,

Pi verchau, tizhe la bouyeta,

Verchau ma creshia.

4

Fichue grande bardelle, tu as tout trébuché,

T'as boué ma robe, puis versé, quinquillerette,

Puis versé, tire la bouyette,

Versé ma cruchée.

5

Què n'autrou co, tanta, lou mau vou prèda,

Che vou j'a n'a vashe, que baille, quinquelliezheta,

Que baille tizhe la bouyeta,

Que baille du pia.

5

Quand un autre coup, tante, vous prendra,

Si vous avez une vache, qui donne, quinquillerette,

Qui donne, tire la bouyette,

Qui donne du pied.

6

Vou la fazha traizhe à qui vedra,

Pre ma me contètou de na sè... quinquelliezheta,

De na sè... tizhe la bouyeta,

De na sèpelia.

6

Vous la ferez traire à qui vous voudrez,

Pour moi, je me contente d'une sem... quinquillerette,

D'une sem... tire la bouyette,

D'une sempillerée.

7

Oh qu'èya de fellie dè neutron Veria,

Sè qu'on sè mèfeye, rebaillon, quinquelliezheta,

Mè de na, tizhe la bouyeta,

Mè d'na tourtelia.

7

Oh! qu'il y a des filles, dans notre Viriat,

Sans qu'on s'en méfie, redonne, quinquillerette,

Plus d'une, tire la bouyette,

Plus d'une tortillée.

JOUZÉ BOUVA

JOSEPH BOUVARD


1

Veli vous chava na schèchon,

De na fellië pi don gachon;

La fellië chapale Marion,

Le reste u velazhou d'amon,

Le reste vé Shauné à Bala,

Jouzé Bouva la va chouvè va.

1

Voulez-vous savoir une chanson,

D'une fille et d'un garçon;

La fille s'appelle Marion,

Elle reste au village d'amont,

Elle reste chez Chanel à Bel-Air,

Joseph Bouvard la va souvent voir.

2

Tui leu cha, què y va la va,

Y pauche pe d'ava la ma,

Pi y travache lou verzhi,

Creïe Marion, vin don m'uvri,

De si venu va, cheti cha,

Che te velive te mariau avoua ma.

2

Tous les soirs, quand il va la voir,

Il passe en aval de la mare,

Puis il traverse le verger,

Crie: Marion, viens donc m'ouvrir,

Je suis venu voir, ce soir,

Si tu voulais te marier avec moi.

3

Marion Raufou l'y a repondu,

De n'air brauvamè rejoulu:

Sè yèzhe ton frézhe Frècha,

De l'amezha bin mio que ta,

Si m'ave parlau quemè ta

L'y azha zhia bin de: qu'oua.

3

Marion Raffour lui a répondu,

D'un air si joliment résolu:

Si c'était ton frère François,

Je l'aimerais bien mieux que toi,

S'il m'avait parlé comme toi

Je lui aurais déjà bien dit: oui.

4

Marion Raufou, te ne chau don pau

Que mon frézhe, Frècha ne t'ame pau;

Ma que de t'a touzhou tè amau

Prequa ne vu te pau m'amau,

Ma que d'ta fè la cou pèdè nè

Teu bin de crazhe que te ne m'amerè.

4

Marion Raffour, tu ne sais donc pas

Que mon frère, François, ne t'aime pas;

Moi qui t'ai toujours tant aimé

Pourquoi ne veux-tu pas m'aimer,

Moi qui t'ai fait la cour pendant un an

Est-ce bien de croire que tu m'aimes rien.

5

E travecè lou bou de Crau,

Jouzè Bouva che betau a shètau;

Eya l'atie à Marlou dè juë

De l'azhe bin què dè vedre;

Tui leu co que de l'y è n'a parlau

Jamais chon pézhe ne me l'a refujau.

5

En traversant le bourg de Cras,

Joseph Bouvard se mit à chanter;

Il y a celle à Merle des œufs

Je l'aurai bien quand je voudrais;

Toutes les fois que je lui en ai parlé

Jamais son père ne me l'a refusée.

6

Teu qu'a compeujau che la shèchôn?

Eyë leu gachon du d'amont

E bevè vé Mimi Raton

A shau sheupene, sheupenon,

Lon bin dépèchau vingt-chin fron

Pe compeu Jau che la shèchon.

6

Qui est-ce qui a composé cette chanson?

C'est les garçons d'amont

En buvant chez Mimi Raton

Par chopine, et chopinon,

Ils ont bien dépensé vingt cinq francs

Pour composer cette chanson.

VARIETTA U DERI COUPLE

Teu qua compeujau che la shèchon?

Eyë bin tra bravou gachon:

Lou premi n'a point de mèton,

Lou chegon a leu pië reïon,

L'autrou boussu quemè on benon,

Ne t'eu pau tra brauvou gachon.

VARIANTE AU DERNIER COUPLET

Qui est-ce qui a composé cette chanson?

C'est bien trois jolis garçons:

Le premier n'a point de menton,

Le second a les pieds ronds,

L'autre est bossu comme un benon,

N'est-ce pas trois jolis garçons?

LEU J'AMOUAZHO

LES AMOUREUX

Air de «Jouzé Bouva»


1

Saite-vou, qu'è Brache, leu gachon

Ne che font pau mau de bon chon.

De vou noumezha de magna

Que sè pauchau pe de pailla,

Treuvon moyen de chamouije,

E n'ayè pau l'air d'y toushië.

1

Savez-vous, qu'en Bresse, les garçons

Ne se font pas mal du bon sang.

Je vous nommerais des magnats

Qui, sans passer pour des paillards,

Trouvent moyen de s'amuser,

En n'ayant pas l'air d'y toucher.

2

Quemè vou parlau dé gachon?

Vou ne parlau pau d'le sezon!

Nè vedra point dezhe de mau;

Pretè, è fau bin racontau

Que le chavon treïè jo plan

Pe leu rendez-vous è galan.

2

Comment: vous parlez des garçons?

Vous ne parlez pas des Sezon!

Je n'en voudrais pas dire du mal;

Pourtant il faut bien vous raconter

Qu'elles savent tirer leur plan

Pour les rendez-vous aux galants.

3

Lou ple chouvè, eyë ta Bou,

Que le leu baillon rendez-vou.

Pre cè, lou mècredi matin,

Què lon fait mèzhië leu pezhin,

Le deïon: Mèzh'teu què vou fa,

Laichau m'don allau u marshia.

3

Le plus souvent, c'est à Bourg,

Qu'elles leur donnent rendez-vous.

Pour ça, le mercredi matin,

Quand elles ont fait manger les poussins,

Elles disent: mère qu'est-ce que ça vous fait,

Laissez-moi donc aller au marché.

4

Ma fa, la mezhe, sè mau pèchau

Repon: vas-y, vai-me gardau;

Faut-eu prepazhau lou pani?

Pe teyë d'on peu t'avèci;

On n'jamais trou teu arrevau

P'vèdr'chon marshia quemè fau.

4

Ma foi, la mère, sans mal penser

Répond: vas-y, j'vais me garder;

Faut-il préparer le panier?

Pour essayer d'un peu t'avancer;

On n'est jamais trop tôt arrivé

Pour vendre comme il faut son marché.

5

E mèmou tin, è n'affouré,

Lou galan dit: s'é n'vou fa rè

Pèzhe, d'izhe à Bou cheti voui,

Zhai d'affauzhe à y allau quezhi.

Pi lou pèzhe repon: vas-y,

Zh'vai me gardau pichqu'è t'adi.

5

En même temps, en affourant,

Le galant dit: Si ça ne vous fait rien

Père, j'irai à Bourg aujourd'hui,

J'ai des affaires à y aller chercher.

Puis le père répond: vas-y,

J'vais me garder puisque ça te va.

6

Vetia don neutreu j'amouazho,

Contè de caroutau jo vio.

Oh! què beneu! oh! què biau zhou!

Y von che rencontrau à Bou,

E fa bon che va, che parlau,

Què leu vios ne s'è méfion pau.

6

Voilà donc nos amoureux,

Contents de carotter leur vieux.

Oh! quel bonheur! oh! quel beau jour!

Ils vont se rencontrer à Bourg,

Il fait si bon se voir, se parler,

Quand les vieux ne s'en méfient pas.

7

Mais cè, ne pau de blau nouvè.

Neutreu pézhe èn'on atè fai,

Pichque de tout éternitau

Lou mondou fu fait pe ch'amau;

Dè j'amouazho, peuvin parlau

Mais gardin-nous de leu blamau.

7

Mais cela, n'est pas du blé nouveau.

Nos pères en ont autant fait,

Puisque de toute éternité

Le monde fut fait pour s'aimer;

Des amoureux, nous pouvons parler

Mais gardons-nous de les blâmer.

LEU Z'AUTRICHIENS A VERIA

LES AUTRICHIENS A VIRIAT


1

Coumèzhe vin donc cheti cha,

Te racontezhe ne chaqua,

Neutron Zhouzé nous j'a écrit

Qu'y che batton è n'Italie,

Avoué ces diablous d'Autrichiens

Qu'on sé sevin chon che malins.

1

Commère viens donc ce soir,

Je te raconterai quelque chose,

Notre Joseph nous a écrit

Qu'il se battait en Italie,

Avec ces diables d'Autrichiens

Que l'on s'en souvient sont si malins.

2

Y conte que cé grê groumè,

Dévozhon tou, ne lèchon rè;

I di, que rèque n'Autrichien,

Peu bin mèzhië tui leu matin,

Na doujin-na de greu poulé,

Pi na grê panaria de juë.

2

Il conte que ces grands gourmands,

Dévorent tout, ne laissent rien;

Il dit, que rien qu'un Autrichien,

Peut bien manger tous les matins,

Une douzaine de gros poulets,

Puis un grand panier d'œufs.

3

Y conte azhi que cé vaurè,

Dévachton tou, n'épargnon rè;

Y di, qui beton l'Itali

Sè dessu dechou, sè devè deri,

La po de leu reva vé nou,

Me bete sè dessu dechou.

3

Il conte aussi que ces vauriens,

Dévastent tout, n'épargnent rien;

Il dit, qu'ils mettent l'Italie

Sans dessus dessous, sans devant derrière,

La peur de les revoir chez nous,

Me met sans dessus dessous.

4

Coumézhe, cè teu bin vra va?

E mé fa tou dreci lou pa,

Si revenion pe leu Grefouë

Gazha leu pinzhon, leu poule,

Gazha ma cazhia de shapon,

Pi neutra pourtau de caïon.

4

Commère, cela est-il bien vrai?

Cela m'en fait dresser les cheveux,

S'ils reviennent par les Greffets

Garent les pigeons, les poulets,

Garent ma cagée de chapons,

Puis notre portée de cochons.

5

L'autrou co, pe neutron Veria,

L'on tou mèzhia l'on tou pellia,

L'on saigna tui neutreu nerin,

Le quatrou shievre, lou bouquin,

Leu bouë, le vashe, leu shevau,

Leu poulain, tout y a pachau.

5

L'autre fois, par notre Viriat,

Ils ont tout mangé, tout pillé,

Ils ont saigné tous nos porcs,

Les quatre chèvres, le bouquin,

Les bœufs, les vaches, les chevaux,

Les poulains, tout y a passé.

6

Pi què y vinsizhon vé nou

E fuzhon-t-y moin que vé vou?

L'on prè meu chabou, meu choula,

Mon devèti, mon shemeza;

Che qu'à lou mé faushia Zhouzé,

E què l'on prè chon pelliezhé.

6

Puis, quand ils vinrent chez nous

En firent-ils moins que chez vous?

Ils ont pris mes sabots, mes souliers,

Mon tablier, mon corsage;

Ce qui a le plus fâché Joseph,

C'est quand ils ont pris son tablier de peau.

7

Coumézhe, te ne dezhé pau

Che que de vai te racontau:

D'ézha on cha, dè mon shèbron,

Apré remèdau meu shochon,

Què é yè vinsi yon vé ma

Dévena la raijon prequa?

7

Commère, tu ne diras pas

Ce que je vais te raconter:

J'étais un soir, dans ma petite chambre,

En train de raccommoder mes chaussons,

Quand il en vint un vers moi

Devine la raison pourquoi?

8

Coumézhe, ne t'alarma pau,

E m'èna bin mé arevau.

On cha, apré na dèpellia,

N'Autrichien m'a tè tourtellia,

Qu'a la fin du biau ma de mai

L'ènau apré, d'ava mon zé.

8

Commère ne t'alarme pas,

Il m'en est bien plus arrivé.

Un soir, après une «défeuillée»,

Un Autrichien m'a tant tortillé,

Qu'à la fin du beau mois de mai

L'année après, j'avais mon Joseph.

9

Pichqu'èye fai, cashin z'eu biè,

Che neutre fellie chavon cè,

Le vedron toute, è n'Itali,

Allau combattre l'ennemi,

Quemè nou jin fai dè lou tein

Avoué cé mémou z'Autrichien.

9

Puisque c'est fait, cachons y bien.

Si nos filles savaient cela,

Elles voudraient toutes, en Italie,

Aller combattre l'ennemi,

Comme nous avons fait dans le temps

Avec ces mêmes Autrichiens.

NOUCHES BRACHONDES

NOCES BRESSANES

Air de «Jouzé Bouvar»


1

Meu j'ami, pich'què faut shètau,

Du mariazhou, vai vou parlau;

De vou racontezhe quemè

Che font le nouche biè chouvè,

A Veria, pi è z'èvezhon

Què che marion reshou brachon.

1

Mes amis, puisqu'il faut chanter,

Du mariage, je vais vous parler;

Je vais vous raconter, comment

Se font les noces bien souvent,

A Viriat, et puis aux environs

Quand se marient riches bressans.

2

Quemè è sè treuve, leu-j-on,

Che mariant sè eu dezhe a nion,

De chela seurta de cayon,

Ne dezhe rè dè ma shéchon.

Pe ne parlau que dé vivè,

N'ébleyè nion è che mariè.

2

Comme il s'en trouve, les uns,

Se mariant sans le dire à personne,

De cette sorte de cochons,

N'en parlons pas dans notre chanson.

Je ne parlerai que des viveurs,

Qui n'oublient personne quand ils se marient.

3

Lou zhou d'acourdaille fixau,

On quemèche pe bien gueutau;

Pi, quemè on ne vedre pau

Che quetau sè tou arrétau,

Eye chouvè tea dè la né,

Què on s'é va, leu j'aqueu fé.

3

Le jour des accordailles fixé,

On commence par bien dîner;

Puis, comme l'on ne voudrait pas

Se quitter sans tout arrêter,

C'est souvent bien tard dans la nuit,

Lorsqu'on s'en va, les accords finis.

4

Dè la majon de la premia

Che pachezha sui lou contra;

A le froumaille assistezhon

Lau ple pré pazhè dè deu lion;

Leu repau touzhou bien servu

Montrezha qu'on a de-z-écu.

4

Dans la maison de la fiancée

Se fera sans doute le contrat;

Aux fiançailles assisteront

Les plus proches parents des deux côtés;

Le repas toujours bien servi

Montrera que l'on a des écus.

5

Pèdè lou tein qui chon fiècha,

Leu premi pachon brava via,

L'ufron de froumaille pretou,

Ne parlon que plazi, d'amou;

On leu regale de matafon

Dè toute le majon qui von.

5

Pendant le temps des fiançailles,

Les promis passent une belle vie,

Ils offrent des dragées partout,

Ne parlent que plaisirs, d'amour;

On les règale avec des matefins

Dans toutes les maisons où ils vont.

6

La dimèshe avè lou gré zhou,

Le pazhète dé j'alètou,

Apeurton de grè panarië

De beurou frais pite de juë;

Le quemèchon cho zhou lou trin,

Pe zh'anonche lou gré festin.

6

Le Dimanche avant le grand jour,

Les parentes des alentours,

Apportent de grands paniers

De beurre frais et puis des œufs;

Elles commencent ce jour le train,

Pour annoncer le grand festin.

7

Lou lèdemon, fau va lou fou

Chon lou fa femau tou lou zhou;

Lou cha venion coulatiounau,

Leu fameu pourtio de choupau

Qu'èdiablon zhia touta la né

Pèdè qu'on garna jo shapé.

7

Le lendemain, il faut voir le four

Si on le fait fumer tout le jour;

Le soir, viennent collationner,

Les fameux porteurs de souper

Qui endiablent toute la nuit

Pendant qu'on garnit leurs chapeaux.

8

Dozha, lou matin, leu gachon

Vè la felië, l'arrevezhon;

Toushezhon du lion du matin

E che dèche fè de teu tein.

L'onœu de baille on premi co

Rejarvau u gachon d'èpo.

8

De bonne heure, le matin, les garçons

Chez la fille, ils arriveront;

Frapperont du côté du matin

Il s'est toujours fait ainsi.

L'honneur de donner le premier coup

Est réservé au garçon d'honneur.

9

Vè la felië è leu j'attèdè,

De la nè, on ne dreme rè

Pe repondre à ces ébaudi;

Qu'on ferouille è vayè veni,

Dè la majon yazha biè sui

Le feurte lingue du pays.

9

Chez la fiancée, en les attendant,

De la nuit, ils ne dorment pas

Pour répondre à ces ébaudis;

On ferme la porte quand on les voit venir,

Dans la maison, il y a sûrement

Les meilleures langues du pays.

10

Què des deu lion ya che qu'é fau,

E fau leu z'ètèdre blagau,

Què bin defeu l'on bon bagou

Chavon trouvau mille détou,

E fau bin pe che fauzhe uvri

Reclamau che qu'on vin quezhi.

10

Quand des deux côtés, il y a ceux qu'il faut,

Il faut les entendre blaguer,

Quand bien dehors, ils ont bonne langue

Savent trouver mille détours,

Il faut bien pour se faire ouvrir

Réclamer ce qu'ils viennent chercher.

11

Leu vetia don dè la majon,

Mè on di: Meu peuvrou gachon,

Sè neutre felië què vou fau

Sheurshau le, nou n'èpashin pau,

Mè vou n'azha à dézhon-nau

Que què vou le j'azha trouvau.

11

Les voilà dans la maison,

Mais on leur dit: Mes pauvres garçons,

Si ce sont nos filles que vous voulez

Cherchez-les, nous n'empêchons pas,

Mais vous n'aurez à déjeuner

Que lorsque vous les aurez trouvées.

12

Vetia don neutreu bon cadet,

Sheurshè quemin de shin d'arret

Y vont betè lou nau pretou:

Dè leu poulali, dè le chou;

L'onœu de le menau din-nau

T'a cho que pourra le trouvau.

12

Voilà donc nos bons cadets,

Cherchant comme des chiens d'arrêt

Ils vont mettant le nez partout:

Dans les poulaillers, dans les tects à porcs;

L'honneur de les mener déjeuner

Est à celui qui pourra les trouver.

13

A din-nau, pourtio de choupau,

Avaion ch'que l'on appourtau.

Eya dè chela prouvision,

De vin, de tautra, de pounion

Pe zh'attrapau leu ple préchau,

Ya de seuje qu'on ne dit pau.

13

Au déjeuner, les porteurs de souper,

Montrent ce qu'ils ont apporté.

Il y a dans ces provisions,

Du vin, de la tarte, du pognon

Pour attraper les plus pressés,

Il y a des choses qu'on ne dit pas.

14

Lou fameu dézhon-non assui,

Vite on fa signe u ménetri

D'allau baille na segneulau

Pe l'atië, que da che mariau;

La sharzhe de betau l'ètrain,

U gachon d'èlion le revin.

14

Le fameux déjeuner fini,

Vite on fait signe au ménétrier

D'aller donner une signolée

Pour celle qui doit se marier;

La charge de mettre l'entrain,

Au garçon d'honneur revient.

15

Pi, què vin l'hozha de moudau,

On va prepazhau leu shevau;

D'autrou co, bra dessus, dechou,

E deu-j-a deu, qu'on va u bou;

Chau qu'afatië va lou premi,

Pi, après lui leu menétri.

15

Puis, quand vient l'heure de partir,

On va préparer les chevaux;

D'autre fois, c'est bras dessus dessous,

Et deux à deux, que l'on va jusqu'au bourg;

Celui qui balaye va le premier,

Puis, vient ensuite les menétriers.

16

A l'èlige on sui leu z'èpo,

A la chacristi quèque co;

Aprés cè, on s'en izha tui

A l'auberge che dévreti,

On fa bodaye lou vin shau

Pède qu'che prepazhe lou gueutau.

16

A l'église, on suit les époux,

A la sacristie, quelque fois;

Après cela, on s'en va tous

A l'auberge se divertir,

On fait fumer le vin chaud

Pendant que se prépare le dîner.

17

On arréte, quosi touzhou,

La noucha que s'è va du bou,

On courdè, barre lou shemin,

Pèdè qu'on leu z'ufre de vin.

Pichequé n'onœu d'ètre arrétau

Fau don chava s'exécutau.

17

On arrête, presque toujours,

La noce qui s'en va du bourg,

Un cordeau, barre le chemin,

Pendant qu'on leur offre du vin.

Puisque c'est un honneur d'être arrêté

Il faut savoir s'exécuter.

18

E n'arevè à la majon,

On leu j'acu leu grenaton;

A la mariau, on ufre de vin,

U mariau, d'èdië, à plin tepin;

On prè pe lou panau lou nau

Na panoucha biè maushezhau.

18

En arrivant à la maison,

On leur jette des petites graines;

A la mariée, on offre du vin,

Au marié de l'eau un plein pot;

On prend pour lui essuyer le nez

Un torchon bien machuré.

19

Pi, è n'ètrè dè la majon,

Pe tarra, éyazha on ron,

Che la mariau feule dessus

E mauvais signe à tui leu zu,

Che la choin de lou relevau

On flattezha tui lou mariau.

19

Puis, en entrant dans la maison,

Par terre il y a un balai.

Si la mariée marche dessus

C'est un mauvais signe à tous les yeux,

Si elle a le soin de le relever

On flattera tous le marié.

20

Ne parlin guézhou du gueutau,

On cha qu'èya greu de fricau,

Après leu zheunou dèchezhon,

Leu vios, bezhon u shètezhon,

D'autrou pet'étre courtijezhon,

Shotion peu rizhe à cha fachon.

20

Ne parlons guère du dîner,

On sait qu'il y a beaucoup à manger,

Après les jeunes danseront,

Les vieux, boiront ou chanteront,

D'autres peut-être courtiseront,

Chacun peut rire à sa façon.

21

P'le nouche du deri mariau,

Lou cha, on fazha sè mèquau,

A che n'honœu on foa de joa,

Qu'éye la mariau qu'èprèda,

On va tui latou, sè fa bon,

Dèche, chautau on rigoudon.

21

Pour les noces du dernier marié,

Le soir, on fera sans manquer,

A son honneur un feu de joie,

Ce sera la mariée qui l'allumera,

On va tous autour, s'il fait beau temps,

Danser, chanter un rigodon.

22

Lou cha, che le peu, la mariau,

S'en izha pe che repeujau.

On va, lou lèdemon matin,

La quezhi su on cha de fin,

Bien garni de planshe pretou,

Nion ne peu s'èguin-neo dechou.

22

Le soir, si elle peut, la mariée,

S'en ira pour se reposer.

On va, le lendemain matin,

La chercher sur un char de foin,

Bien garni de planches partout,

Personne ne peut se faufiler dessous.

23

On co que l'époujau dessus,

Qu'y on montau sè qu'on voulu,

Avoua na choa, de bataillon,

S'y appleyon, leu bon luzhon;

Pi ardi, è trava boachon,

On chaute tinqu'è bazhagnon.

23

Une fois que l'épousée est dessus,

Qu'y sont montés ceux qui ont voulu,

Avec une corde, des bataillons,

S'y attèlent les bons lurons;

Puis hardi à travers buissons,

On saute jusqu'aux baragnons.

24

Pi, què la sharau dè la cou,

Vite on n'èprè lou foa dechou,

Cè, pe prèveni l'èpoujau,

Que dè la via, è fau contau

D'ava petétre de z'énui

Lou lèdemon dé grè plézi.

24

Puis, quand le char est dans la cour,

Vite on éclaire le feu dessous,

Ça pour prévenir l'épousée,

Que dans la vie, il faut compter

D'avoir peut-être des ennuis

Le lendemain des grands plaisirs.

25

Cho zhou, leu grè j'amouijemè,

Quemè la vellie n'arréton rè;

Mè lou cha, la zheuna mariau,

Sè retournezha prepazhau

Chon paquet, pe lou sèmedi,

Que chon j'houmou izha quezhi.

25

Ce jour, les grands amusements,

Comme la veille n'arrêtent pas;

Mais le soir, la jeune mariée,

Se rentournera préparer

Son paquet, pour le samedi,

Que son mari ira chercher.

26

L'èpoujau, pe lou premi co,

Cho sèmedi, caushe vè l'èpo;

Lou lèdemon du grè matin,

On leu peurte la choup'è vin

Pe leu z'èpashië, d'vè lou quezhau,

A la mecha de fringalau.

26

La mariée, pour la première fois,

Ce samedi, couche avec son époux;

Le lendemain du grand matin,

On leur porte la soupe en vin

Pour leur empêcher, devant le curé,

A la messe de fringaler.

27

La dimèshe, é lou renouchon,

Qu'on fa pe cé dè z'èvezhon,

Qu'à le nouche étè invitau

N'avon pau tui pu y allau;

Sè s'y treuve quauque vio gachon,

Le sui d'èpourtau lou greton.

27

Le dimanche, du retour de la noce,

Que l'on fait pour ceux des environs,

Qu'aux noces ils étaient invités

Et n'avaient pu tous y aller;

S'il se trouve quelque vieux garçon,

Il est sûr d'emporter le croûton.

28

Vouë zhou apré, è l'arcanau,

Dè la famelië de la mariau,

Cheuco è sezha la vra fin

Dè j'amouijemè, du festin;

On quete leu zheunou mariau,

Leu choatè grè postézhitau.

28

Huit jours après, a lieu l'acarno[8],

Dans la famille de la mariée,

Cette fois, c'est la vraie fin

Des amusements, du festin;

On quitte les jeunes mariés,

Leur souhaitant grande postérité.

29

Ami, què de me marië-zhe,

A me nouche vou z'invitezhe;

Mè d'accourdaille è n'arcanau,

Sè da dezhau sè débredau

Pèdè quosi deu ma èti,

Attedi, mè vé rèflèchi!

29

Amis, quand je me marierai,

A mes noces, je vous inviterai;

Mais des accordailles à l'acarno,

Si ça doit durer sans discontinuer

Pendant presque deux mois entiers,

Attendez, je vais réfléchir!

[8] Dernier jour du festin.

LOU BANQUET DES VIOS GACHONS A VERIA

LE BANQUET DES VIEUX GARÇONS A VIRIAT


1

Dé la quemena de Veria,

Vouë zhou apré la sé t'Eggueta,

Leu vios gachons che chon paya

On gré geutau vé la zhaqueta,

Mé leu j'houmou mariau

Pe ne pau dérèzhie jo moinnazhou,

Mé leu j'houmou mariau

N'y devon pau betau le nau.

1

Dans la commune de Viriat,

Huit jours après la Ste Agathe,

Les vieux garçons se sont payés

Un grand dîner chez la Jacquette,

Mais les hommes mariés

Pour ne pas déranger leur ménage,

Mais les hommes mariés

N'y devaient pas mettre le nez.

2

Què vinsi la fin du gueutau,

Shaution beve à cha maniézhe:

Leu j'on, velivon de vin shau,

D'autrou, toushauvon su la biézhe,

Y che chon tè conliau

Qu'y fajon rizhe

Le quezenizhe,

Y che chon tè conliau

Qu'y n'è poujon pau mé bauliau.

2

Quand vint la fin du dîner,

Chacun buvait à sa manière:

Les uns, voulaient du vin chaud,

D'autres, touchaient sur la bière,

Ils se sont tant gonflés

Qu'ils en faisaient rire

Les cuisinières,

Ils se sont tant gonflés

Qu'ils n'en pouvaient plus bailler.

3

Pretè devè de che quetau

Apré ava pro fait ripaille,

Neutreu gailla ont décidau,

Pe zh'èvitau toutes batailles;

Que t'è qu'y treuvezhon

Fellie u fene

Le chon toute bene,

Que dèchon sè fachon

Jamais fena y ne prèdon.

3

Pourtant avant de se quitter

Après avoir fait ripaille,

Nos gaillards ont décidé,

Pour éviter toutes batailles;

Que tant qu'ils trouveront

Filles ou femmes

Elles sont toutes bonnes,

Qui dansent sans façon

Jamais femme ils ne prendront.

4

Fellie ne vou déjoulau pau

Qué bin sè vios galon vou grondon,

L'idèe, la fauta de mariau,

Leu prèda pre teu qu'y ne conton,

Lou cœu d'on vio gachon

Quemè de brauja

Que touzhou shauda

E faut lou revozhië

Pe lou fauzhe reboda-ye.

4

Filles ne vous désolez pas

Quand même ces vieux garçons vous grondent,

L'idée, la faute de marier,

Les prendra plutôt qu'ils ne comptent,

Le cœur d'un vieux garçon

Comme de la braise

Qui est toujours chaude

Il faut le remuer

Pour le faire reflamber.

PETE TRAVAS DE LA VIA

PETIT TRAVERS DE LA VIE

Sur l'air de Monsieur et Madame Denis


1

Meïon, te ne quere pau,

Quemè d'si troumètau;

Depi lou matin u cha,

De si dè lou foua  (bis)

Depi lou matin u cha

Mon cœu brûle pre ta.

1

Marion, tu ne croirais pas,

Comment je suis tourmenté;

Depuis le matin au soir,

Je suis dans le feu  (bis)

Depuis le matin au soir

Mon cœur brûle pour toi.

2

Bena què on a trou shau

Eye t'éja che refiau,

Eya d'èguië lou plein bi

Va don t'y fouti  (bis)

Te veré que dèche on bin

Te fazha greu de bin.

2

Benoît, quand on a trop chaud

C'est facile de se refroidir,

Il y a de l'eau le plein bief

Va donc t'y jeter  (bis)

Tu verras que comme ça un bain

Te fera grand bien.

3

Contre lou foua que me tin,

En'a n'éguië, ne bin,

Pe lou calmau, l'amourtau;

De crayou qué fau,  (bis)

Pe lou calmau, l'amourtau,

E faudra nou mariau.

3

Contre le feu qui me tient,

Il n'y a ni eau, ni vin,

Pour le calmer l'éteindre;

Je crois qu'il faut,  (bis)

Pour le calmer, l'éteindre,

Il faudrait nous marier.

4

Che ta shau, qu'à cè ne tin

Mary-in nou, de vu bin;

Petétre que ton grè foua

On co avoua ma  (bis)

Petétre que ton grè foua,

Bena che calmezha.

4

Si ta chaleur, qu'à cela ne tient

Marions-nous, je veux bien;

Peut-être que ton grand feu

Une fois avec moi  (bis)

Peut-être que ton grand feu,

Benoît se calmera.

5

Que nou chin don de benheu

D'étre tombau d'accœu,

Nou vin don d'asteu pouva

Chou lou mémou ta,  (bis)

Nou vin don d'asteu pouva

Ne défauzhe qu'on lia.

5

Que nous sommes donc heureux

D'être tombés d'accord,

Nous allons donc bientôt pouvoir

Sous le même toit,  (bis)

Nous allons donc bientôt pouvoir

Ne défaire qu'un lit.

6

Ne t'eu pau dreulou la via

A de moumè qu'èya?

N'amauva étè gachon

Rèque ma meïon,  (bis)

Du zhou que de l'ai mariau

De m'è si dègoutau.

6

N'est-elle pas drôle la vie

A certains moments qu'il y a?

Je n'aimais étant garçon

Rien que ma Marion,  (bis)

Du jour que je me suis marié

Je m'en suis dégoûté.

7

Bena, te n'au point de cœu,

Te quefond te n'hauneu,

Mais che te n'arréte pau

De tè couratau  (bis)

Dé vai fauzhe attè que ta,

Advindra que pourra.

7

Benoît tu n'as point de cœur,

Tu perds ton honneur,

Mais si tu ne t'arrêtes pas

De tant courir  (bis)

Je vais faire autant que toi,

Adviendra que pourra.

8

Va te vou cho vio shochon

Que me fa la leçon,

Le peut montau chon shevau

Ne m'è fou pau mau,  (bis)

Pourvu que d'aiya touzhou

De qua fauzhe l'amou.

8

Voyez-vous ce vieux chausson

Qui me fait la leçon,

Elle peut monter son cheval

Je ne m'en fiche pas mal,  (bis)

Pourvu que j'aie toujours

De quoi faire l'amour.

9

Pèdè que Bena moudau,

De vu me rattrapau,

Veni, zheunou libertin,

Nou j'in de bon vin  (bis)

Veni, zheunou libertin,

Nou nou j'amouijezhin.

9

Pendant que Benoît partira,

Je veux me rattraper,

Venez, jeunes libertins,

Nous avons du bon vin  (bis)

Venez, jeunes libertins,

Nous nous amuserons.

10

On dit qu'avouai on fazhon,

Epri des deux shavon,

L'ailou ne fa pau lon foua;

De crayou qu'é va  (bis)

La preuva neutron betin

Fume quemè lou train.

10

On dit qu'avec une mèche,

Éclairée des deux côtés,

L'huile ne fait pas long feu;

Je crois que c'est vrai  (bis)

La preuve notre bien

Disparaît comme le train.

11

Che neutron betin, monsu

S'é va, t'eu yau voulu,

Che te n'avè pau zhouya

Jamais de n'azha,  (bis)

Che te n'ave pau zhouya

Jamais de n'azha dècha.

11

Si notre bien, Monsieur

S'en va, tu l'as voulu,

Si tu n'avais pas joué

Jamais je n'aurais,  (bis)

Si tu n'avais pas joué

Jamais je n'aurais dansé.

12

Meïon, de neutreu malheu

E t'a ma tui leu teu,

Mé de meu z'égazhemè

De si repètè;  (bis)

Mè de meu z'ègazhemè

De fazhe l'ètremè.

12

Marion de notre malheur

C'est à moi tous les torts,

Mais de mes égarements

Je suis repentant;  (bis)

Mais de mes égarements

J'en ferai l'enterrement.

13

Che t'é repètè, Bena,

D'y si atè que ta,

Pichque nou nou chin trompau

N'è reparlin pau  (bis)

Pichque nou nou chin trompau

E faut nous pardounau.

13

Si tu es repentant, Benoît,

Je le suis autant que toi,

Puisque nous nous sommes trompés

Nous n'en parlerons pas  (bis)

Puisque nous nous sommes trompés

Il faut nous pardonner.

14

Pe repazhau leu méfait,

Lou mau que nou j'in fait,

Quemè nou z'è chin fauzhia

Shèzhin don de nia  (bis)

Pre cè nou vin quemèche

A bien nou z'èbrache.

14

Pour réparer les méfaits,

Le mal que nous avons fait,

Comme nous étions fâchés

Changeons donc de vie  (bis)

Pour ça nous allons commencer

Par bien nous embrasser.

LA ZHAUNA U MELIN

LA JEANNE AU MOULIN


1

Què la zhauna va u melin,

Le ne piate, pau chon schemin.

Le chetau su che n'ausnou,

Làdon, làdon, la brauva Sezon làdon

Le chetau su che n'aunou,

Su chon pet'aunazhon.

1

Quand la Jeanne va au moulin,

Elle ne piétine pas son chemin.

Elle est assise sur son âne,

Ladon, ladon la belle Suzon ladon

Elle est assise sur son âne,

Sur son petit ânon.

2

Què lou mon-ni la va veni,

De rizhe y ne peut che teni,

Te vetia don la zhauna,

Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,

Te vetia don la zhauna,

Su ton pete aunazhon.

2

Quand le meunier la voit venir,

De rire il ne peut se tenir,

Te voilà donc la Jeanne,

Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,

Te voilà donc la Jeanne,

Sur ton petit ânon.

3

Zhauna, tè que maudra ton blau,

Que nou vin allau ègrenau,

T'attashezhé te n'aunou,

Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,

T'attashezhé te n'aunou

A l'ombra du boichon.

3

Jeanne, pendant que moudra ton blé,

Que nous allons aller engrener,

Tu attacheras ton âne,

Ladon, ladon, la brave Suzon ladon,

Tu attacheras ton âne

A l'ombre du buisson.

4

Pèdè que lou blau a moulu,

Lou leo a mèzhia lou bourru;

Que dezha t'y mon pezhe,

Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,

Que dezha t'y mon pézhe

De chon pete aunazhon.

4

Pendant que le blé a moulu,

Le loup a mangé le bourru;

Que dira-t-il, mon père,

Ladon, ladon la belle Suzon ladon,

Que dira-t-il mon père

De son petit ânon.

5

Da dix ecu dè mon bouchon;

T'è vetia neu, dè gardou yon,

Avoua cè t-azhè naunou

Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon,

Avoua cè t'azhè n'aunou

Nautrou pete aunazhon.

5

J'ai dix écus dans mon bourson;

T'en voilà neuf, j'en garde un,

Avec ça tu auras un âne

Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,

Avec ça tu auras un âne

Un autre petit ânon.

6

Mais què chon pézhe la vi veni,

De braizhe y ne pu che teni,

Cê ne pau neutre n'aunou

Ladon, ladon, la brauva Sezon ladon

Cè ne pau neutre n'aunou

Neutron pete aunazhon.

6

Mais quand son père la vit venir,

De braire il ne put se retenir,

Cela n'est pas notre âne

Ladon, ladon, la belle Suzon ladon,

Cela n'est pas notre âne

Notre petit ânon.

7

Pèzhe, è vetia lou mâ de ma,

Toute le béte shèzhon de pa,

L'aunau a fait de mémou

Ladon, ladon, lou pete aunazhon ladon

L'annou a fait de mémou

A l'ombra du boichon.

7

Père, voilà le mois de mai,

Toutes les bêtes changent de poil,

L'âne a fait de même

Ladon, ladon, le petit ânon, ladon

L'âne a fait de même

A l'ombre du buisson.

8

Fellie, què vou véte u melin

Segnau don mio veutron betin,

Gardau biè veutre n'aunou,

Ladon, ladon, petete guenon ladon,

Gardau biè veutre n'aunou,

Veutron pete aunazhon.

8

Filles, quand vous allez au moulin

Soignez donc, mieux votre butin,

Gardez bien votre âne,

Ladon, ladon, petite guenon ladon,

Gardez bien votre âne,

Votre petit ânon.

LEU CONCHCRITS

LES CONSCRITS

Air de «Bon voyage M. Dumolet»


1

Drapeau u vê tèbou musique ê téta,

Ardi conchcrits è faut nous dévreti;

E t'a vingt-ê qu'on fa lou mio la féta,

Amuijin-nous è lou tein des plaisis.

1

Drapeau au vent tambour musique en tête

Hardis conscrits il faut nous divertir;

C'est à vingt ans qu'on fait le mieux la fête,

Amusons-nous c'est le temps des plaisirs.

Refrain

En'avé vive leu conchcrits,

Nous vint moudo pe servi la patrie,

En'avè, vive leu conchcrits,

Conto su nous pe pazho l'ennemi.

Refrain

En avant, vive les conscrits.

Nous allons partir pour servir la patrie,

En avant, vive les conscrits,

Comptez sur nous pour parer à l'ennemi.

2

Apré ces zhou de plaisi, de bombance,

U réjimê, è faudra s'ébarquo;

Pishqué chazi d'allo servi la France,

Nous moudezhin conto-zy sê trêblo.

2

Après ces jours de plaisirs, de bombances

Au régiment, il faudra s'embarquer;

Puisqu'il s'agit d'aller servir la France,

Nous partirons contez-y sans trembler.

3

R'assurio-vous, bons pèzhes, bone mèzhe,

De la garra, nous chazhin rapourto

L'oneu d'ava défèdu la frontièzhe,

L'oneu d'ava défèdu lou drapeau.

3

Rassurez vous, bons pères, bonnes mères

De la guerre nous saurons rapporter

L'honneur d'avoir défendu la frontière,

L'honneur d'avoir défendu le drapeau.

4

Pe quê-t-a vou neutre jeunes suzelles,

Quê lou destin nous j'azha sépazheau

Pêcho à nous demeuzeo-nous fidèles,

Pe qu'u retou nou puichin nous mario.

4

Pour quant à vous jeune Suzelles,

Quand le destin nous aura séparés

Pensez à nous, demeurez-nous fidèles

Pour qu'au retour nous puissions nous marier.

LA MARION SU LOU POUMI

LA MARION SUR LE POMMIER


1

La Marion su lou Poumi,

Quelive de poumes,

Quelive de poumes decha,

Quelive de poumes dela

Quelive de poumes.

1

La Marion sur le Pommier,

Cueillait des pommes,

Cueillait des pommes deci,

Cueillait des pommes delà

Cueillait des pommes.

2

On boato vin-t-à pachau

Que la reluquauve,

Que la reluquauve decha,

Que la reluquauve delà,

Que la reluquauve.

2

Un boiteux vient à passer

Qui la reluquait,

Qui la reluquait deci,

Qui la reluquait delà,

Qui la reluquait.

3

Boato, te me guétië biè,

Me treuve te brauva.

Me treuve te brauva decha,

Me treuve te brauva delà,

Me treuve te brauva.

3

Boiteux tu me regardes bien,

Me trouves-tu belle.

Me trouves-tu belle deci,

Me trouves-tu belle delà,

Me trouves-tu belle.

4

Voa, de vedra te mariau,

Vu-t-ètre ma fena?

Vu-t-ètre ma fena decha,

Vu-t-ètre ma fena delà,

Vu-t-ètre ma fena?

4

Oui, je voudrais te marier,

Veux-tu être ma femme?

Veux-tu être ma femme deci,

Veux-tu être ma femme delà,

Veux-tu être ma femme?

5

Voa, me n'ami, de vu bin

Deveni ta fena,

Deveni ta fena decha,

Deveni ta fena delà,

Deveni ta fena.

5

Oui, mon ami, je veux bien

Devenir ta femme,

Devenir ta femme deci,

Devenir ta femme delà,

Devenir ta femme.

6

Le poume de la Meïon

Depi cho zhou fourzhon,

Depi cho zhou fourzhon decha,

Depi cho zhou fourzhon delà,

Depi cho zhou fourzhon.

6

Les pommes de la Marion

Depuis ce jour grandissent,

Depuis ce jour grandissent deci,

Depuis ce jour grandissent delà,

Depuis ce jour grandissent.

LA MARTIN

LA SAINT MARTIN



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1 1
Vaules servaites, caras, berzizhes Valets servantes, caras, bergères
La Martin ye t'arrevau La Saint Martin, est arrivée
Menin gré bri pe le sharrizhe Menons grand bruit par les charrières
Neutron gazhou ye t'affanau. Nos gages sont gagnés.
Moudin quezhi on menétri Partons quérir un ménétrier
On menio de mezeta. Un joueur de musette.
Magna faudra nous dévreti, } bis Magnats faudra nous divertir, } bis
Shaution neutra Jouseta. Chacun notre Josephte.
La la la la la la la etc.
2 2
Mè pe biè quemèche la féta, Mais pour bien commencer la fête,
Allin nou z'è va bien gueutau, Allons-nous en bien dîner,
Què lou vin sharfezha la téta, Quand le vin chauffera la tête,
Le schombe pourron mio chautau; Les jambes pourront mieux sauter;
Pite nou j'autrou payjon, Puis, nous autres payans,
Què lou vin nou j'attije, Quand le vin nous excite,
Eye-t-adon qu'on ne galon, } bis C'est à ce moment qu'on est galant, } bis
E-t-adon que l'on courtije. C'est à ce moment que l'on courtise.
3 3
E vetia lou bouchon qu'èplatië, Voilà la bourse qui diminue,
Eye tein de nou z'èn'allau, C'est temps de nous en aller,
Aprè na fazhe quemè latië, Après une foire comme celle-ci,
On peut remoudau ch'affroumau, On peut retourner s'affermer,
A métre nou reteurnezhin En condition nous retournerons
Affanau nautrou gazhou; Gagner un autre gage;
Boncha magna, à l'è que vin, } bis Bonsoir magnat, à l'année prochaine } bis
Chon ne pau è moin-nazhou. Si nous ne sommes point en ménage.

BLONDES OU BRUNES


1

Écoutez chansonnette

Chanson bien approuvée

D'une fillette

Et de son bien-aimé

D'un garçon boulanger

Qui s'est bien préparé

Pour aller voir sa brune

C'la m'y revient toujours

Qu'il m'en faut une.  (bis)

2

Et puisqu'il m'en faut une

Cela n'en coûte rien,

Blonde-z-ou brune

La couleur n'y fait rien,

Quand elles ont des appâts

Cela ne vaut-il pas

La meilleure des fortunes?

Cela m'y revient toujours

Qu'il m'en faut une.  (bis)

3

C'est donc à toi ma belle,

Que j'ai prêté serment

D'être fidèle,

Jusqu'au dernier moment.

Tu oublias pourtant

Ton plus fidèle amant:

Sois donc plus gentille,

Tu ne s'ras pas toujours

jeune et jolie.  (bis)

4

Le temps de la jeunesse

Est un temps d'agrément,

Mais la vieillesse

A bien du changement.

Le printemps a ses fleurs,

L'été a ses chaleurs,

L'hiver a sa froidure,

Celà m'y revient toujours

Qu'il m'en faut une.  (bis)


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TABLE DES MATIÈRES

  Pages
PREMIÈRE PARTIE  
Avant-propos 3
La Brache 5
La Liaudin-na ancienne 6
La Liaudin-na nouvelle 7
L'Ébauda 8
Ébauda nouvalla 10
La Vougua de Crau 11
Le fellië de Veria 12
La vougua de Veria 14
La Praÿzhe du paÿjon 15
La grè velia 17
Leu gachon de Veria 18
La via des paÿjons 20
Lou batémou d'on gachon 21
Leu paÿjon vaillon bin leu monsu 23
La choup è vin 25
La bouillauda de Sè Nezi 27
Travas du mariazhou 28
Lou bouë de nouyé 30
Petite scène de la vie: Vé lou Barbi 32
DEUXIÈME PARTIE  
La guarra 39
La Sê Martin 40
Na bataillie de fellie 41
La via du mondou 43
Leu douje ma de l'ènau 45
La belle Marion 49
N'ametia dépondia 50
Ma tanta Perneta 51
Jouzé Bouva 52
Leu j'amouazho 54
Leu z'Autrichiens à Veria 55
Nouches brachondes 57
Lou banquet des vios gachons à Veria 61
Pete travas de la via 63
La zhauna u melin 65
Lou conchcrits 67
La Marion su lou poumi 68
La Sê Martin 69
Blondes ou brunes 70

Au lecteur.

Ce livre électronique reproduit intégralement le texte original, et l'orthographe d'origine a été en général conservée. Cependant dans le texte français, les erreurs clairement introduites par le typographe ont été tacitement corrigées. Dans le texte bressan, quelques erreurs typographiques probables ont été corrigées. Les mots en question sont soulignés par des pointillés. Positionnez la souris sur le mot souligné en pointillés pour voir l'orthographe initiale. La liste de ces modifications se trouve ci-dessous. Également, la ponctuation a été alignée à différents endroits, et les errata indiqués par l'auteur ont été corrigés dans les fichiers MIDI et PDF.

Liste des modifications dans le texte bressan:

Page 14: «reudez-vous» remplacé par «rendez-vous» (A neutron rendez-vous).

Page 14: «Ou» remplacé par «On» (On saigne de poulë).

Page 16: «lo» remplacé par «leo» (Depi lou leo tin qu'à le greuche guépe)

Page 18: «Ou» remplacé par «On» (On dit que cho de la Zhelizhe).

Page 22: Au lieu de «vieille» il faut peut-être lire «vielle» (Que la vielle s'accorde).

Page 29: «hien» remplacé par «bien» (On co mariau, che fouton bien de vou).

Page 32: «qnemè» remplacé par «quemè» (quemè font touzhou cè que velion).

Page 32: «qnelauta» remplacé par «quelauta» (la pocha de cha quelauta).

Page 43: «cavalcs» remplacé par «cavales» (Quin-non quemè de cavales).

Page 43: «quté» remplacé par «qu'é» (On cru qu'é yézhe lou diablou).

Page 52: «quiuquelliezheta» remplacé par «quinquelliezheta» dans la strophe 6.

Page 52: «felië» remplacé par «fellië» (De na fellië pi don gachon).

Page 55: «J» remplacé par «I» (I di, que rèque n'Autrichien).

Page 55: «Pcu» remplacé par «Peu» (Peu bin mèzhië tui leu matin).

Page 56: «Ou'a» remplacé par «Qu'a» (Qu'a la fin du biau ma de mai).

Page 68: «Sè» remplacé par «Sê» (La Sê Martin).


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