Sainte Lydwine de Schiedam
BRÉVIAIRE JANSÉNISTE
XVIIIe SIÈCLE
OFFICE PROPRE DE LA BIENHEUREUSE LIDUINE
Breviarium ecclesiasticum ad usum Metropolitanæ ecclesiæ Ultrajectensis et cathedralis ecclesiæ Harlemensis accommodatum — pars verna — jussu superiorum, MDCCXLIV.
Festum subsequens in dioccesi Ultrajectensi recitari poterit ad libitum.
DIE XIV MAII
In festo beatæ Liduinæ
virginis
Semiduplex ad libitum
Omnia de communi Virginum non mart. præter sequentia : In I Vesperis et Laudibus.
HYMNUS
Oratio ut infra ad Laudes
AD NOCTURNUM
Invit. Agnum quem sequuntur Virgines, * Venite adoremus, Alleluia. — Apoc., XIV.
Ps. 94. — VENITE
Hymnus ex laudibus de Communi.
Ant. V. RRR.
Lectio de Scriptura occurrente,
tribus in unam redactis.
LECTIO II.
Liduina, virgo Schiedamensis, insignis futura Dominicæ Passionis imitatrix, sæculo decimo quarto in lucem edita fuit, die Dominica Palmarum, ipso sacrificii Missæ tempore, dum Passio Dominici nostri Jesu Christi in ecclesia recitabatur, parentibus pietate magis quam seculari nobilitate conspicuis. Ab infantia, singulari devotione erga Deiparem Virginem ferebatur ; eamque perpetuæ virginitatis proposito imitari studebat. Cumque pater tenellam filiam ad conjugium adhortaretur, ipsa ferventi prece a Deo obtinuit ut in sancto proposito firmaretur, carnis mortificatione id agens, ut species sua, qua placere hominibus posset, periret. Piis conatibus atque gemitibus, opitulatus est Dominus, qui castitatem virginis variis ægritudinibus, tanquam lilium inter spinas, custodivit. Anno siquidem ætatis decimo quinto, cum forte per hiemalem glaciem puella incederet, costulam dextri lateris cadendo fregit, quam læsionem continua series morborum et cruciatum per annos triginta octo secuta est. Febris æstuens, intensus capitis dolor, hydrops, calculus, vermium scaturigo, pulmonum et hepatis per particulas ejectio et quod tandem morbi genus eam non afflixit, omni interim remedio ac requie, sed et ad fundandam humilitatem, animi etiam consolatione destitutam ?
LECTIO III
Post annos probationis quatuor, famulæ suæ misertus Dominus animum ejus sic erexit ministerio Joannis Pot, magnæ pietatis viri, ut omni deinceps in Deo solo fiducia collocata, ex contemplatione Christi patientis tota in amorem Sponsi crucifixi inardesceret, parata jam, si Sponso liberet, immissos cruciatus ad indefinitam annorum longitudinem ferre. Triginta ergo annis continuis lecto tanquam Cruci eam affixit infirmitas, quorum ferme viginti solius capitis ac brachii sinistri imobilitate peregit ; cor ejus interim sacrosancta Eucharistia ad patientiam stabiliente, debili vero stomacho, ut fertur, omnem alium cibum recusante. Donec, cursu peracto, feria tertia, post Pascha absque arbitrio, quod quadrienni prece a Deo postularat, et appropinquante morte, ut ita contingeret, ipsa procurarat, obdormivit in Domino, decima quarta aprilis, anno millesimo quadringentesimo trigesimo tertio, annos nata quinquaginta tres. Variis post mortem miraculis clara, quorum aliqua refert oculatus testis Thomas A Kempis, illico cives suos habuit cultores, erecto in ecclesia sancti Joannis Baptistæ speciali sacello ad annuam ejus memoriam celebrandam, quam nec jussit, nec impedivit Sancta Sedes. Beatæ Liduinæ ædes quam desideravit pauperibus ad refugium deservire, conserva fuit in xenodochium. Ejus reliquiæ, anno millesimo sexcentesimo decimo quinto subductæ fuere Bruxellas sub Mathia Hovio, archiepiscopo Mechliniensi qui ad vota Archiducum Alberti et Isabellæ, edito Pastorali decreto, publicum eis cultum impendi permisit.
AD LAUDES
Hymnus « Ut semper in suis » supra ad I Vesperas
ORATIO
Domine Deus noster, qui beatam Liduinam virginem ab illecebris sæculi præservatam, ad tuæ Crucis amplexum toto corde transire docuisti : concede ut ejus meritis atque exemplo discamus et perituras mundi calcare delicias et Crucis tuæ amore omnia nobis adversantia superare, qui vivis et regnas, etc.
Reliqua omnia de Communi.
Bréviaire ecclésiastique, à l’usage de l’église métropolitaine d’Utrecht et de l’église cathédrale de Harlem — Partie du Printemps, imprimée par ordre des supérieurs, 1744.
La fête suivante pourra être récitée ad libitum dans le diocèse d’Utrecht.
14 MAI
En la fête de la Bienheureuse
Liduine, vierge,
demi-double ad libitum
Tout du commun des Vierges non martyres, sauf ce qui suit aux premières Vêpres et aux Laudes.
HYMNE
Comme toujours Dieu opère des merveilles dans les siens ! c’est au plus profond de la boue du monde qu’il va chercher ce qui doit abaisser la superbe !
Longuement exercée par les maladies, Liduine reconnaît enfin la main qui se dissimulait de Dieu ; elle prend sa croix et se renonce.
O divin changement ! ce calice qui lui donnait des nausées, elle le vide de tout cœur, maintenant que c’est cette main qui le lui présente et elle s’enivre de l’amour de Jésus.
Seigneur qui as uni à tes peines celles de cette vierge, fais que nous supportions pour ton amour nos douleurs.
Père qui as livré pour nous ton Fils au supplice de la Croix, permets à l’Esprit-Saint de pacifier les souffrances de notre chair
Amen.
L’oraison comme plus bas à Laudes
AU NOCTURNE
Invitatoire. « Il est l’agneau que suivent les Vierges » — * Venez, adorons-le. Alleluia — Apocalypse, XIV.
Psaume 94. — Venez, réjouissons-nous devant le Seigneur, etc. Hymne des Laudes, au Commun Antiennes, versets, répons également 1ère leçon de l’Écriture occurrente dont les trois leçons sont réunies en une.
2e LEÇON
Liduine, vierge de Schiedam, qui devait être une insigne imitatrice de la Passion du Christ naquit, au XIVe siècle, le dimanche des Rameaux, à l’heure même où, pendant la messe, l’on récitait à l’église la Passion de Notre-Seigneur. Ses parents valaient plus par leur piété que par leur naissance. Dès son enfance, elle professa une dévotion singulière pour la Vierge, Mère de Dieu, et elle s’étudia à l’imiter, en se consacrant à son Fils par un vœu de virginité perpétuelle. Et comme son père l’exhortait au mariage, elle obtint d’être affermie dans sa pieuse résolution, par la ferveur de ses prières et en pratiquant la mortification de sa chair, d’être délivrée de cette beauté qui pouvait plaire aux hommes. Le Seigneur fut vaincu par la générosité de ses efforts et par ses gémissements. De même qu’il protège un lys, en le plaçant au milieu d’un taillis d’épines, de même il préserva sa virginité, en l’entourant d’un buisson de maux. Elle avait atteint sa quinzième année, lorsque, marchant, par hasard, sur la glace, elle tomba et se brisa une côte du flanc droit. Cette lésion engendra une série de maladies et de tortures qui dura trente-huit ans. Fièvres dévorantes, douleurs de tête aiguës, hydropisie, coliques néphrétiques, parturition de vers, éjection de fragments des poumons et du foie, de quel genre d’affections ne fut-elle pas atteinte ? — et, pendant ce temps, elle demeurait privée de tout remède, sans repos et même, pour bien établir son humilité, sans consolations !
3e LEÇON
Après quatre ans de ce noviciat de douleurs, le Seigneur eut pitié de sa servante et, pour relever son âme abattue, il se servit d’un prêtre d’une grande piété, Jan Pot. Depuis lors, mettant en Dieu seul sa confiance, absorbée dans la contemplation des tortures du Christ et incendiée d’amour pour l’Époux crucifié, elle fut prête à supporter, aussi longtemps qu’il lui plairait, les plus cruels des supplices. Trente années durant, elle fut clouée sur son lit comme sur une croix par les infirmités ; pendant vingt de ces années, elle ne put remuer que son bras gauche et sa tête ; elle puisait dans la Très Sainte Eucharistie la force nécessaire pour se soutenir, car son estomac débile refusait, dit-on, toute autre nourriture. Enfin, la 3e férie après Pâques, sans témoins — par quatre ans de prières elle l’avait demandé à Dieu et, aux approches de la mort, elle-même s’était arrangée de telle sorte qu’elle pût rester seule — elle s’endormit dans le Seigneur, le quatorze avril de l’an mil quatre cent trente-trois. Elle était âgée de cinquante trois ans. Après son décès, de nombreux miracles accrurent sa renommée ; quelques-uns d’entre eux nous ont été rapportés par Thomas A Kempis qui en fut le témoin oculaire ; aussitôt ses concitoyens la révérèrent, en élevant dans l’église de saint Jean-Baptiste une chapelle spéciale pour y célébrer, chaque année, sa mémoire — et ce, sans qu’il y eût approbation ou défense du Saint-Siège. La demeure de la Bienheureuse Liduine, dont elle avait désiré faire un refuge pour les pauvres, fut convertie en hôpital. Les reliques furent transférées à Bruxelles, en 1615, Mathias Hovius étant alors archevêque de Malines. Celui-ci, sur la prière de l’archiduc Albert et de sa femme Isabelle, publia un décret pastoral pour permettre qu’un culte public leur fût rendu.
A LAUDES
Hymne « Comme toujours Dieu opère » — voir plus haut aux premières Vêpres.
ORAISON
Seigneur, notre Dieu, qui préservas des vanités du siècle la Bienheureuse Liduine et lui appris à leur préférer l’amoureuse étreinte de ta croix, accorde-nous, par son exemple et ses mérites, d’apprendre, nous aussi, à fouler aux pieds les délices périssables de ce monde et à surmonter, par l’amour de ta croix, toutes nos adversités. Toi qui vis et règnes, etc.
Tout le reste du Commun.