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Angélique de Mackau, Marquise de Bombelles, et la Cour de Madame Élisabeth

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«Madame sera sûrement bien étonnée de recevoir des nouvelles aussi fraîches de moi, car le courrier qui va partir espère n'être que dix jours en chemin. Ce courrier est notre dernière ressource; il prouvera à Mme de Marsan dans quel horrible embarras nous sommes et j'espère un peu que Mlle de Rochefort voyant les choses si avancées écoutera et se rendra aux raisons de Mme de Marsan plutôt qu'aux folies de Mme Brionne qui par le seul désir de contrarier Mme de Marsan empêche sa nièce d'accepter le plus beau parti qui puisse jamais s'offrir pour elle. Et n'est-il pas affreux que la jeune personne instruite depuis le mois d'août des projets qu'on avait sur elle, Mme de Marsan ne donnant que des encouragements à nos démarches et n'y prescrivant aucune borne, que nous éprouvions le dégoût de dire au duc de Cadaval qu'on ne veut plus de lui, tandis que c'est nous qui l'avons été chercher. M. de Bombelles est furieux et il a bien raison. Que Madame se figure mon embarras hier matin. Je reçois ma poste, j'ouvre la lettre de Mme de Marsan. Et, le mariage du duc conclu ici, j'apprends que Mlle de Rochefort ne veut plus l'épouser. A peine ai-je enduré les reproches bien fondés de M. de Bombelles, ma porte s'ouvre et le duc entre dans ma chambre enchanté de pouvoir m'apprendre que son mariage est parfaitement vu à la Cour, lui concilie l'approbation et le retour de la plus grande partie de ses parents et qu'il va de ce pas demander en forme à la Reine la permission de son mariage.

«Interdite, confondue, je fus obligée de lui montrer la lettre de Mme de Marsan qui lui ôtât sur-le-champ le désir d'aller parler à la Reine, mais son chagrin fut si vif et son amour-propre si piqué que M. de Bombelles se détermina sur-le-champ à envoyer un courrier pour représenter que les choses étaient trop avancées pour qu'elles pussent être rompues. J'ignore l'effet qu'aura cette dernière tentative, je me soumets à la volonté de Dieu, mais j'avoue que je regrette fort le zèle que m'a inspiré ma confiance en Mme de Marsan et le désir de lui être utile. Il est impossible que cette rupture ne fasse pas à M. de Bombelles un tort réel dans l'esprit de la reine de Portugal et de son ministère. Ils ont traité cette affaire, à Paris, avec une légèreté incroyable et ils ne pensent pas à quel point le Gouvernement ici a ses yeux ouverts sur l'établissement d'un jeune homme qui, par des circonstances de stérilité dans la branche de Bragance régnante, pourrait faire jouer un jour un grand rôle à la branche cadette. Plus je m'examine, moins je me trouve coupable. Mme de Marsan me fait prier par le prince Victor de tâcher de marier Mlle de Rohan au duc de Cadaval, nous répondons que nous ne ferons rien sans y être autorisés formellement par elle; elle nous écrit jusqu'à quatre fois pour nous y autoriser, ne prescrit aucune borne à nos démarches, ne forme aucun doute sur le consentement de la jeune personne que nous devions croire d'après cela bien informée, nous envoie son portrait. Pouvions-nous d'après cela ne pas agir et n'eût-ce pas été manquer au respect que nous devions à Mme de Marsan que de douter de la validité de sa parole? Elle n'aurait pas dû nous faire agir sans être certaine du consentement de Mlle de Rochefort, et j'étais intimement convaincue jusqu'à de certains doutes fort légers, que m'avait donnés une lettre dernièrement reçue de maman, que la jeune personne était parfaitement d'accord dans tout ce que faisait Mme de Marsan, et Madame, à ma place, élevée comme moi dans la persuasion que Mme de Marsan ne peut rien faire qui ne soit dirigée par la sagesse la plus parfaite, l'aurait pensé comme moi. Je finis bien vite, en l'assurant de mon tendre respect. J'ai la tête si pleine de cette affaire que je ne puis lui parler d'autres choses et que c'est pour moi une consolation de lui conter mes chagrins.»

Un court billet à la baronne de Mackau, née Alissan de Chazet:

«Que je t'aurais fait de pitié hier si tu avais passé la journée d'hier, avec moi. Mon frère et maman te feront les détails de l'embarras dans lesquels je me trouve. Mon Dieu! que les gens assez égoïstes pour ne s'occuper jamais que de leurs intérêts personnels sont heureux. Croyant la parole de Mme de Marsan infaillible et ne doutant pas qu'elle n'eût le consentement de sa nièce, la réception enfin de son portrait nous a fait agir de la meilleure foi du monde, pour la conclusion du mariage. Nous avons déterminé le duc à se refuser absolument à toutes sollicitations ici. Il y a quatre jours qu'il a déclaré à une de ses tantes qu'il ne voulait pas décidément de sa fille et se marierait en France. Juge à quel point il doit être fâché, aussi est-il au désespoir. M. de Bombelles est furieux, et moi désolée. Enfin il me reste encore quelque espoir sur le retour de la raison de Mlle de Rochefort, lorsqu'elle verra les choses aussi avancées, et M. de Bombelles aussi compromis. Je ne puis m'empêcher de sentir tout le tort que cette rupture lui fera ici, et je les entends déjà tous murmurer: Voilà les Français! Je ne puis pardonner à Mme de Marsan et à la princesse Charles de nous avoir ainsi abusés. Mme de Marsan devait au mois d'août réunir sa famille et lui dire: Voilà le mariage que j'ai envie de faire négocier. Voyez si il vous convient, oui ou non. Au reste elle est si affligée, elle-même, que ma rancune, contre elle, n'est pas bien forte. Dis bien à mon frère de ne pas manquer de porter, sur le champ, la copie, que je lui envoie, pour Mme de Marsan et de se démener tant qu'il pourra pour nous ramener notre petite princesse.»

Avec sa mère, Mme de Bombelles parle à cœur ouvert. Il n'est plus besoin de circonlocutions, comme lorsqu'elle s'adresse à Madame Élisabeth ou à la comtesse de Marsan, mais elle ne nous apprend rien que nous ne sachions: le désespoir du duc de Cadaval, le mécontentement réel de son mari, dont la situation d'ambassadeur se trouve amoindrie par le mauvais résultat d'une entreprise si mal dirigée à Paris.

Quelques jours après, autre lettre du marquis à la comtesse de Marsan.

«La surprise et le chagrin que nous causèrent les nouvelles du 14 décembre furent tellement partagés par M. le duc de Cadaval qu'au lieu de se rendre chez la Reine, où tout était préparé pour qu'il obtînt le consentement de Sa Majesté, il se détermina à envoyer un courrier en France. Nous écrivîmes suivant son intention, dans les termes les plus capables de ramener Mlle de Rochefort. Nos lettres faites, le duc nous pria de dire qu'il était survenu une maladie inquiétante et que c'était pour savoir des nouvelles de la jeune princesse qu'il faisait partir un courrier. Les moindres événements causent une grande sensation ici. Les espions du comte de Saint-Vincent ne tardèrent pas à l'instruire du prochain départ de ce courrier et du motif de son expédition. Alors tous les essorts jouèrent pour susciter des embarras au duc, et l'on est parvenu à obtenir, jusqu'à nouvel ordre, la défense d'envoyer en France, en disant à la Reine que Mlle de Rochefort n'était pas Rohan, ensuite que sa mère altérait la pureté du sang. Le Duc se conduisant en homme d'honneur ne m'a rien caché, je lui ai donné la généalogie ci-jointe [256], je n'ai dit que la vérité et, si je n'ai pas fait mention de la bâtardise de François de Rothelin, le cinquième aïeul, c'est qu'elle ne peut offrir aucun inconvénient dans un pays où les plus grandes familles descendent bien plus récemment de bâtards dont les pères n'étaient pas d'aussi grands seigneurs. J'ai aussi délivré à M. de Cadaval l'écrit dont vous trouverez une copie jointe à ma lettre; vos dernières intentions me liant les mains, j'ai été obligée de laisser agir la cabale, en me bornant à retirer le portrait de Mlle de Rochefort. La Reine a cependant approuvé les projets du Duc, mais elle a demandé quelque temps, pour accorder un consentement formel, parce qu'on lui a fait un tableau effrayant du désordre qui existait dans les finances de la maison de Cadaval. Mon silence a donné du poids aux impostures et fourni des armes aux détracteurs d'une alliance autant redoutée que jalousée. On fait des informations à Paris. Mme de Menesez, qui s'y trouve, est la fille du marquis de Latradio, oncle des Saint-Vincent. Brouillon par goût et par calcul, il y a lieu de croire qu'il aura mandé à sa fille de ne pas être scrupuleuse sur les médisances, qu'elle pourrait faire arriver ici. Ces inconvénients ne peuvent être imputés, Madame, qu'aux personnes qui étaient intéressées à respecter vos conseils. Le point actuel offre deux partis à adopter, ou celui de reprendre une négociation, qui pourrait, je crois, être encore conduite à bien, ou de me mander que la maison de Rohan, ayant eu vent des doutes qu'on s'était permis, ne voulait plus entendre parler de tout ce qui y avait donné lieu. Je désire que Mlle de Rochefort ne regrette jamais ce qu'elle a refusé et je ne me plains pas de l'inutilité de mes démarches puisqu'elles ont pu vous prouver, Princesse, avec quel zèle je saisirai toujours les occasions de vous marquer ma reconnaissance.

«Quoique l'origine souveraine subséquente de la maison de Rohan soit généralement connue, j'ai cru devoir donner à Son Excellence M. le duc de Cadaval un extrait des généalogies de M. le prince de Rohan-Rochefort et de celle de Madame sa femme, née Mlle d'Orléans-Rothelin. J'ai également certifié à Son Excellence que leur fille, Charlotte, Louise, Dorothée, princesse de Rohan-Rochefort, joignait aux agréments de sa figure et de sa physionomie une éducation digne de sa haute naissance. Que cette jeune princesse avait montré, depuis sa tendre enfance, des qualités aussi aimables que ses vertus sont recommandables. Qu'elle était particulièrement liée avec la princesse Charles de Rohan [257], sa belle-sœur, liaison qui suffisait seule pour faire l'éloge de Mlle de Rochefort. Enfin j'ai encore eu l'honneur de dire à M. le duc de Cadaval, d'après les informations qui m'ont été données que Mlle de Rochefort aurait en se mariant cent mille cruzades de dot, sans compter ses droits à la succession paternelle et maternelle, ainsi qu'aux autres héritages qui pourraient lui échoir, que joint à la dot il lui serait fait un trousseau, conforme à son rang et à la manière grande, dont la maison de Rohan s'est toujours montrée dans toutes les occasions. Je consens d'autant plus volontiers à donner par écrit et à signer tout ce que j'ai annoncé à M. le duc de Cadaval que la conduite de Son Excellence, depuis qu'il est question de son mariage avec Mlle de Rohan-Rochefort a été aussi loyale et aussi noble que l'on pouvait l'attendre d'un seigneur, qui sans orgueil sait se rappeler à propos qu'un sang royal coule dans ses veines.»

Tout n'est pas perdu puisqu'à Lisbonne, malgré tout, on discute encore et qu'on serait prêt à reprendre les négociations. Les Rohan, semble-t-il, ont montré une délicatesse exagérée; le mal n'était pas si grand qu'on le craignait d'abord, car, le 26 janvier, Mme de Marsan, reprise d'une nouvelle ardeur, récrit à M. de Bombelles une lettre qui s'est croisée avec celle de l'ambassadeur.

«J'ai de nouvelles raisons, Monsieur, pour désirer que l'affaire qui nous intéresse ne soit pas rompue. Mlle de Rochefort paraît vouloir revenir à notre avis. Il est certain que ses craintes n'étaient pas fondées; sa délicatesse lui avait dicté cet aveu; actuellement tranquille sur cet objet, elle désire l'établissement. Mais M. son père, ni Mme sa mère ne sont encore instruits de cet état de choses. Monsieur, si vous avez rompu comme vous l'avez pu d'après ma dernière lettre, vous êtes bien le maître de faire usage de la lettre ci jointe ostensible qui peut même être mise sous les yeux de la Reine. Elle prouvera évidemment, Monsieur, que vous avez fait, dans toute cette affaire ce que votre amitié pour nous vous avait dicté. Aussi rien, dans cet aveu, Monsieur, ne peut vous compromettre, et c'est ce que je désire le plus vivement. Dans le cas où vous n'auriez pas rompu, nous vous demandons de prolonger la négociation et, dès que nous aurons nouvelle que la rupture n'a pas eu lieu, nous demanderons le consentement de M. et de Mme de Rochefort et nous ne perdrons pas d'instants à vous faire parvenir notre définitive résolution.»

La comtesse de Marsan se rend compte des ennuis terribles que cette affaire a causés aux Bombelles. Elle tient à s'en expliquer encore avec Angélique le 4 février.

«Je suis uniquement occupée de vous, Madame, et de l'embarras que vous cause cette affaire, si heureusement conduite de votre part et si maussadement de celle-ci. Ma lettre à peine partie, la jeune personne s'en est repentie, la tante qui n'avait pas eu le courage de lui en inspirer la reprise avec la plus grande vivacité. L'ambassadrice est venue (je ne say par quel motif) lui annoncer l'arrivée du duc et lui parler de ses projets, elle a tout nié; mais avec la résolution, si cette nouvelle se vérifiait, d'envoyer un courrier au devant de lui pour lui offrir, à titre de tante, un appartement chez elle. Vous jugez, par là, que le courrier serait bien accueilli.

Le père a consenti, mais la mère est à 60 lieues d'ici, on n'a pas encore osé lui en parler et elle ne sera pas la moins difficile à persuader. Voilà, Madame, l'état des choses: dans ce moment, où tout doit être rompu d'après mon avant-dernière lettre, j'ai saisi le prétexte dont on s'était servi pour vous en procurer un honnête. Si vous n'en avez point fait usage, l'affaire pourrait, peut-être, se renouer, mais je ne puis répondre de rien après toutes les variations que j'ay éprouvées. Si j'avais pu les prévoir, je me serais bien gardée de vous en faire la proposition. J'en ai été et j'en suis encore dans un trouble extrême, ne pensant qu'à vous, Madame, et à M. le marquis de Bombelles. Renonçant à cet avantage, pourvu que tout se termine d'une manière à ne vous pas compromettre, vis-à-vis le duc. Je suis touchée de ses procédés et des vôtres au delà de toutes expressions et j'attends votre retour avec bien de l'impatience pour vous renouveler les espérances de tous les sentiments dont mon cœur est pénétré pour ma charmante Angélique. Elle trouvera bon que je supprime les compliments et voudra bien en user de même.

13 février.

«Je suis bien malheureuse, Madame, de ne pouvoir jouir de toutes les marques d'amitiés que vous me donnez; ce sentiment, si doux, de la reconnaissance, se tourne même pour moy en amertume. Mais il n'en est pas moins vif et n'en sera pas moins constant. Vous reteniez encore un fil par votre dernière lettre. La première doit m'apprendre la rupture entière et j'espère même que vous aurez fait usage de celle où je vous faisais un aveu, qui peut seul justifier ou excuser la conduite de mes parens. Celle du duc ajoute infiniment à mes regrets; son caractère s'est peint dans cette occasion de manière à faire désirer son alliance, quand, d'ailleurs, il n'aurait pas réuni tous les avantages possibles. La princesse Charles est aussi désolée que moi, elle y envisageait même une ressource pour ses petites filles. Enfin, Madame, rien ne nous échappe de ce que nous perdons, mais ce qui nous pénètre le plus est l'inutilité de toutes les peines et de tous les soins que vous avez prodigués, avec un zèle qui me touche jusqu'au fond du cœur, et dont je ne me consolerai point d'avoir abusé, quoique bien innocemment et n'ayant, certainement, rien à me reprocher. Mme la baronne de Mackau, qui a vu tout ce qui s'est passé, m'en sera témoin. Vous aurez vu, par mes dernières lettres, qu'on n'ait pas à s'en repentir si, contre toute vraisemblance, le duc persistait dans son projet. Je crois qu'il reste encore un moyen qui serait d'écrire à Mme la comtesse de Brionne, comme à sa tante, et à celle de Mlle de Rohan. Je suis persuadée, qu'engagée personnellement, elle emploierait tout son crédit sur son frère, sa belle-sœur et sa nièce avec toute l'énergie, dont elle est capable et à laquelle ils ne résisteraient pas. Vous êtes bien bonne d'avoir encore paré aux méchancetés qui pourraient retomber sur mes parents; nous n'aurions pas osé si bien dire que la dot n'aurait souffert aucune difficulté. L'embarras que vous cause cette malheureuse affaire n'est pas le chagrin le moins cuisant de tous ceux dont je suis accablée, depuis si longtemps. Ma santé s'en ressent, et il me reste à peine la force de vous renouveller et à M. de Bombelles les assurances de tous les sentiments que je ne puis pas exprimer et avec lesquels je seray, Madame, jusqu'à mon dernier soupir,

Votre très humble et très obéissante servante,

de Rohan, comtesse de Marsan.

«J'ajoute encore, Madame, qu'un si grand éloignement ne nous permettant pas de prévoir tout ce qui serait le plus à propos de dire, dans ces circonstances, nous nous en rapportons entièrement à vous et à M. de Bombelles. Nous sacrifions tout amour-propre et vous conjurons de prendre le parti le plus convenable, pour vous et pour M. le duc de Cadaval. L'ambassadrice a dit à Mme la comtesse de Brionne qu'il devait arriver incessamment et qu'il amènerait un frère sourd et muet pour le faire traiter par l'abbé de l'Épée. Du reste, jusqu'à présent, on ne parle point de cette affaire.»

Voilà encore une fois l'affaire reprise, mais timidement. Le marquis mande à la comtesse de Marsan, le 14 février:

«Madame, vous inspirez une telle vénération que, pour peu qu'on sache rendre hommage aux vraies vertus, on doit s'estimer heureux de faire ce qui vous est agréable. Ce sentiment acquiert une toute autre force, dans des cœurs reconnaissants et pénétrés de vos bontés. Jugez de notre joie en voyant celle qu'a causé à M. le duc de Cadaval l'heureux changement dans les dispositions de Mlle de Rochefort. Non, Madame, de ce moment, ce n'est plus une affaire manquée, elle exigera du soin. Nous en devons à tout ce qui vous intéresse, et nous aurons, j'espère, la satisfaction d'avoir procuré un établissement peu commun à une jeune personne qui vous est chère, et qui l'est devenue davantage par la délicatesse qui la portait à se sacrifier. Nous sommes si sûrs de M. le duc de Cadaval, de sa mère, de toute la saine partie de sa famille que vous pouvez..., princesse, sans perdre de temps vous procurer le consentement de M. et de Mme la princesse de Rochefort. Plus nous voyons le gendre que nous leur destinons et plus nous avons sujet de nous applaudir de la conduite de ce franc et loyal seigneur. J'ai l'honneur d'être, etc.»

Mme de Bombelles a ajouté: «Il est impossible d'être plus sensible que je ne le suis, Madame la comtesse, à l'inquiétude que vous avez bien voulu prendre, sur le chagrin et l'embarras où vous jugez avec raison que nous avait jetés le refus de Mlle de R. Grâces à Dieu, nous n'avons plus qu'à nous réjouir de son retour à ses premiers sentiments et la satisfaction que nous en éprouvons est surpassée par celle de M. le duc de Cadaval, qui avait toujours conservé l'espoir de fléchir, par sa constance et par votre appui l'opposition de Mademoiselle votre nièce. Dès qu'un érésipèle qui retient Mme la duchesse de Cadaval dans son lit lui permettra d'en sortir, elle ira chez la Reine pour obtenir son consentement, et sitôt que cette démarche sera faite, vous recevrez, ainsi que M. le prince de Rohan, la demande ostensible de Mme la duchesse de Cadaval et de son fils. Mon tendre attachement vous est si connu, Madame la comtesse, qu'il m'est inutile de vous répéter à quel point je serai heureuse, ainsi que M. de Bombelles, de la réussite d'une négociation que nous n'avons tant désirée que par la conviction de l'avantage dont elle serait pour une princesse de la maison de Rohan, qui par la grandeur de sa naissance ne peut trouver que peu de partis qui soient dignes de son attention. Quant aux qualités personnelles je suis sûre que celles du duc assureront la paix et la tranquillité de sa vie. Jouissez donc, Madame la comtesse, de votre ouvrage et recevez l'assurance des sentiments, etc., etc.»

Les choses restent en état pendant des semaines, puis des difficultés surgissent du côté portugais.

Ces négociations énervantes ont augmenté les crises d'estomac de l'ambassadeur, qui supporte mal le climat et déjà songe à demander un congé de convalescence.

«J'ai été si affectée, Madame, de vos inquiétudes sur la santé de M. le marquis de Bombelles, écrit la comtesse de Marsan, le 29 mars, et je les ai partagées trop vivement pour ne pas désirer, avant tout, votre retour. J'admire que vous vous soyez toujours occupée d'une affaire, qui par la faute de mes parents rencontre des obstacles qui sans leur incertitude n'auraient pas existé. Nous en avons encore beaucoup à surmonter; le caractère de la mère ne permet pas de lui parler avant d'être assurée du consentement de la Reine. On emploie tous les moyens pour l'engager à revenir de Marmoutiers où elle est, depuis six mois, afin qu'on soit plus à portée de la déterminer à un sacrifice qui lui coûtera beaucoup. Je ne doute pas du succès si par la lettre du duc à Mme la comtesse de Brionne elle s'approprie cette négociation. Je crois pour plus d'une raison qu'elle s'en empare et, Monsieur votre frère pense de même. Je serai bientôt à portée de vous en dire davantage, j'attends ce moment avec bien de l'impatience. Je souhaite le temps favorable pour une heureuse et prompte traversée. Assurez, je vous prie, M. le marquis de Bombelles de ma sensibilité. C'est sur quoi je ne le céderai à personne. Je me fais une vraie fête, Madame, de vous embrasser et de vous renouveller tous mes remerciements. Je supprime les compliments. Vous préférez sûrement les assurances bien véritables de la plus tendre amitié.»


Comme c'était à présumer, les envieux de la cour de Lisbonne profitèrent des longues hésitations des Rohan, puis de la première rupture émanant d'eux. A son tour le duc de Cadaval hésita à poursuivre la réalisation d'un mariage où l'autre partie témoignait si peu de bonne grâce. La Reine se montra fort mécontente des tergiversations et, finalement, retira son appui à l'union qu'elle avait favorisée.

Bombelles échangea une série de lettres avec le duc de Cadaval. Dans les premières, il se plaignait amèrement du système de dénigration employé contre les Rohan par ceux, la comtesse de Saint-Vincent en tête, qui voulaient faire échouer la combinaison. Dans la dernière, écrite le 22 juin, l'ambassadeur, au nom des Rohan, rendait hommage à la loyauté et aux procédés du duc de Cadaval.

Monsieur le Duc,

«Les motifs qui m'ont dirigé en cherchant à vous donner une compagne digne de Votre Excellence lui sont trop connus pour que j'aie besoin d'en faire l'apologie. Je n'examinerai pas ceux qu'on a pu avoir pour embarrasser la conclusion d'une alliance honorable et convenable à tous égards. Ce qu'il y a de certain, c'est que les doutes élevés, les lenteurs dont je vous ai vu si affligé et les discours de vos envieux étant revenus à Mlle de Rochefort, ses parents, peu accoutumés à ce qui s'est passé, lui ont permis de refuser une union que le personnel de Votre Excellence leur fait regretter. Ils m'ont chargé de vous exprimer combien vos procédés vous les avaient attachés et de vous témoigner le chagrin qu'ils ressentent à ne pouvoir correspondre à vos vues. J'ose partager leurs sentiments par une suite du vif intérêt, que je prendrai toujours à tout ce qui vous affectera.

«J'ai l'honneur d'être, etc...»

Les longues négociations restées stériles avaient attristé le séjour des Bombelles à Lisbonne. Ils attendaient avec une impatience non dissimulée le moment où l'ambassadeur pourrait quitter son poste en vertu d'un congé régulier. Angélique partit la première avec ses enfants, heureuse de retrouver à Versailles toute sa famille maternelle, surtout sa chère princesse dont elle était séparée depuis si longtemps. L'absence n'avait nullement amoindri l'enveloppante tendresse de Madame Élisabeth pour son amie: nous en trouverons mainte preuve dans les feuilles d'un Journal écrit par le marquis à son retour en France. Entremêlant les notes intimes avec les réflexions politiques, il déroulera sous nos yeux le suggestif tableau de la Cour de Versailles à cette heure déjà angoissante où s'entrecroisent les vents précurseurs de la tempête.....

FIN

NOTES:

[1] De certaines femmes de cette époque on a pu dire: «Elles n'ont connu ni les grandes passions ni les grands repentirs; les philosophes du XVIIIe siècle ne leur avaient laissé que la moins consolante des religions: celle du plaisir.» (A. de Pontmartin, Causeries du Lundi.)

[2] Ignorés d'ailleurs de la plupart des intéressés.

[3] M. de La Rocheterie a également publié la Correspondance du marquis et de la marquise de Raigecourt avec le marquis et la marquise de Bombelles pendant l'émigration. Société d'histoire contemporaine, 1892. Tiré à petit nombre et devenu rarissime.

[4] Nous l'avons dit plus haut: grâce à M. M. de la Rocheterie, on connaissait la correspondance pendant l'émigration des Raigecourt avec la marquise de Bombelles.

[5] Sauf dans Feuillet de Conches (Louis XVI, Marie-Antoinette, etc.), pour la période qui se rapporte à sa mission en Russie, et récemment dans la Correspondance du comte de Vaudreuil avec le comte d'Artois (2 volumes publiés par M. Léonce Pingaud).

[6] Archives de Seine-et-Oise, E. 231.

[7] A Fontenoy, à Raucoux, il se distingua particulièrement; comme gouverneur de la Lorraine allemande qu'il a fortifiée et rendue praticable par des chemins militaires, il a droit également aux éloges, comme le témoigne l'importante correspondance militaire qui lui est adressée.

[8] Arch. de Seine-et-Oise, E. 233, 234.

[9] Arch. de Seine-et-Oise, E. 387, E. 391.

[10] Lettre du 6 avril 1758 du prince héréditaire de Hesse Darmstadt au lieutenant général de Bombelles.

[11] Lettre du 13 avril 1786.

[12] Le duc de Bourgogne mourut le 22 mars 1761. Voir les pages émouvantes consacrées à ce charmant prince dans: la Mère des trois derniers Bourbons, par Casimir Stryienski, Paris, 1902, et l'Eloge de Lefranc de Pompignan.

[13] Anecdote contée par Alissan de Chazet: Mgr de Bombelles, dans Mémoires, Souvenirs et Portraits (t. II).

[14] Les Gobelin d'Offémont descendaient de Jean Gobelin, seigneur de la Tour en 1516. Baltazar Gobelin, seigneur de Brinvilliers, président en la chambre des Comptes, fit ériger sa terre en marquisat pour son fils Antoine. Celui-ci fut, en 1668, marié à Marie-Madeleine Dreux d'Autray, fille d'Antoine, seigneur de Villiers et d'Offémont. C'est la célèbre empoisonneuse, marquise de Brinvilliers. Claude Antoine de Gobelin porta le nom de comte d'Offémont. Son fils, Nicolas-Louis, était le mari de Françoise de Bombelles. D'où le comte d'Offémont, né le 3 novembre 1774 (Dossier 234). Le château d'Offémont appartient aujourd'hui à M. de Sancy de Parabère, ancien officier supérieur de cavalerie.

[15] Les instructions du comte de Vergennes pour M. de Bombelles, établissaient notamment certains points politiques qui devaient, quelques années plus tard, être opposés aux calculs ambitieux de Joseph II sur la Bavière: «Le roi, y était-il dit, ne négligera rien pour resserrer et rendre plus inviolables les liens qui assurent le repos de l'Allemagne; mais, en remplissant ses engagements à cet égard. Elle (sic) ne se croit pas déchargée de ceux qu'elle a formés bien plus anciennement avec le corps germanique par la garantie du traité de Westphalie... Sa Majesté n'a cessé de recommander à son ministre auprès de la Diète aussi bien qu'à tous ses autres ministres résidant près des princes de l'empire de déclarer que son alliance avec la maison d'Autriche était fondée sur les traités de Westphalie et sur les constitutions germaniques; qu'elle regardait comme une de ses premières maximes de ne pas permettre d'y porter atteinte; que, bien loin de vouloir servir d'instrument aux projets d'oppression que la Cour impériale pourrait former, Sa Majesté se prévaudrait plutôt de l'alliance comme d'un moyen de plus pour servir la cause des Etats.» (Le comte de Vergennes au marquis de Bombelles, 10 avril 1715.—Arch. de Seine-et-Oise, E. 453).

[16] La princesse de Guéménée, née Rohan-Soubise, était propriétaire de ce domaine de Montreuil, qui deviendra l'habitation aimée de Madame Elisabeth. La comtesse de Marsan occupait rue Champ-la-Garde une grande maison dont le parc pouvait communiquer avec celui de sa nièce. Derrière la propriété de Mme de Guéménée, avec son entrée sur la rue Champ-la-Garde, se trouvait la petite maison prêtée à Mme de Mackau, et que lui donna plus tard Madame Elisabeth.

[17] «L'usage de ce temps aimable et frivole, écrit la vicomtesse de Noailles (Vie de la princesse de Poix) était de confier l'éducation des filles au couvent depuis l'enfance jusqu'au mariage. Personne n'avait, ou ne croyait avoir le temps d'élever ses enfants: d'ailleurs, sur plusieurs filles, il y en avait toujours quelqu'une destinée à entrer en religion, et, par conséquent, il fallait l'éloigner du monde avant qu'elle pût le regretter.» La dernière phrase est-elle bien juste? Ce n'est pas toujours dans ces couvents-là qu'on plaçait les jeunes filles destinées au voile.

[18] L'abbaye de Panthémont était située là où est maintenant le temple protestant, 108, rue de Grenelle. C'était le couvent le plus élégant et le plus mondain de Paris. Les princesses Bathilde d'Orléans et Louise de Condé y passèrent plusieurs années, cette dernière jusqu'à sa vingt-cinquième année. Les deux princesses avaient leur appartement à part, leur train de vie à part, leur table particulière, une dame d'honneur, plusieurs femmes de service. Elles donnaient à dîner et recevaient toute une petite cour. (Voir la Dernière des Condé, par le marquis P. de Ségur;—et comte Ducos, la Mère du duc d'Enghien.—Voir aussi la Femme au XVIIIe siècle des Goncourt, et les charmants Portraits de Jules Soury.)

[19] Ces maisons où l'éducation est si frivole font naturellement penser à ce couvent de Terceire dans les Açores, où firent halte les officiers français revenant d'Amérique. Lauzun, Broglie, Ségur y remportèrent de faciles succès. L'abbesse qui n'y voyait pas de mal adressait aux jeunes conquérants des compliments que Ségur paraphrasa ainsi: «Ces jeunes personnes auxquelles je vous laisse offrir vos hommages, s'étant exercées à plaire, seront un jour plus aimables pour leurs maris, et celles qui se consacreront à la vie religieuse, ayant exercé la sensibilité de leur âme et la chaleur de leur imagination, aimeront plus tendrement la divinité.»

[20] Mariées à quatorze ans: Mlles de Bouillon, de Luynes, de Noailles d'Ayen; à treize ans et demi: Mlles de Montmorency, de Polignac; à douze ans, Mlle de Nantes, Mlles de Brézé, du Lude, d'Arquien; à onze ans, Mlles de Noailles, de Boufflers et la fille de Samuel Bernard; à dix ans et demi, Mlles de Mailly, Colbert, etc. Un duc d'Uzès se maria à dix-sept ans avec une fille du prince de Monaco qui en avait trente-quatre; le prince de Turenne, le duc de Fitz-James, le duc de Fronsac se mariaient aux mêmes âges. Le duc de la Trémoille se mariait à quatorze ans, la même année que Louis XV qui en avait quinze... Il en est bien d'autres dont les Mémoires du duc de Luynes et de Saint-Simon nous donnent les noms. Charles-Gaspard de Rohan Rochefort aura seize ans quand il épousera sa cousine, Louise-Josèphe de Rohan-Guéménée, de six mois plus âgée que lui. Le fils du comte de Berchenyi, à seize ans, épousera une enfant de neuf ans. (Voir infra).—Voir aussi l'excellent livre de M. Fernand Giraudeau, les Vices du jour et les Vertus d'Autrefois.

[21] Qui n'a présent à l'esprit le mariage du jeune duc de Bourbon, âgé de quatorze ans et demi, avec la princesse Bathilde d'Orléans. Celui qui, depuis, devait faire si mauvais ménage avec sa femme, commença par l'enlever le soir des noces. Ce petit scandale amusa la cour, et Laujon en fit une pièce qu'il appela l'Amoureux de quinze ans (Voir la Mère du duc d'Enghien, par le comte Ducos;—et nos Fantômes et Silhouettes, Emile Paul, 1903).

[22] Elisabeth-Philippine-Marie-Hélène de France, née le 3 mai 1764, baptisée le même jour en présence de la famille royale, par l'archevêque de Reims, et tenue sur les fonts par le duc de Berry, son frère aîné, le futur Louis XVI, au nom de l'Infant Don Philippe, et par Madame Adélaïde, sa tante, au nom de la reine d'Espagne douairière. Le dauphin mourut en 1765; la dauphine Marie-Josèphe de Saxe, deux ans après.

[23] Comte Ferrand, Eloge de Madame Elisabeth.

[24] Marie-Louise Geneviève de Rohan-Soubise, veuve de Jean-Baptiste Charles, comte de Marsan, prince de Lorraine, mort à vingt-trois ans sans enfants, en 1743. La comtesse de Marsan, très «Rohan» et très «Lorraine», portait au plus haut degré l'orgueil des maisons qu'elle représentait. Elle embrassa les prétentions des Rohan de passer avant les ducs et pairs, comme descendants des rois de Bretagne et des rois de Navarre. Ils réclamèrent le titre d'Altesse quand Elisabeth Godfried, de Rohan Soubise, épousa le prince de Condé (Voir les lettres d'elle publiées dans Fantômes et Silhouettes, Émile-Paul, 1903). On connaît la carrière militaire, plus fastueuse que glorieuse, du maréchal de Soubise, qui dut l'exagération des faveurs versées sur sa tête par Louis XV à son dévouement absolu au roi, à la perfection de ses manières, à sa complaisance pour les favorites et à la finesse de son esprit de courtisan. La comtesse de Marsan était gouvernante des Enfants de France depuis 1754. Elle avait été l'ennemie acharnée de Choiseul. Mme de Pompadour la détestait. (Cf. les Mémoires de Mme du Hausset, et les Mémoires de Choiseul, tout récemment publiés par M. Fernand Calmettes.)

[25] Sur Mme de la Ferté-Imbault, consulter le Royaume de la rue Saint-Honoré, par le marquis Pierre de Ségur.

[26] Les Mackau appartenaient à une noble et ancienne famille irlandaise. Au XIXe siècle le nom fut illustré par l'amiral de Mackau, une des gloires de la marine française. Il était le petit-fils de la baronne de Mackau, mère d'Angélique, et le père du vaillant champion des Droites à la Chambre, député de l'Orne depuis trente ans.

[27] Le 13 août 1775.

[28] Mgr Darboy, Préface à la Correspondance de Madame Elisabeth, publiée par Feuillet de Conches.

[29] Voir la Vie de Madame Elisabeth, par M. de Beauchesne, et Madame Elisabeth, par Mme la comtesse d'Armaillé.

[30] C'était aussi une ancienne élève de Saint-Cyr. Elle était douce et gaie et s'était fait aimer de Madame Elisabeth.

[31] Nombreuses lettres conservées aux archives de Seine-et-Oise.

[32] La marquise de Soucy.

[33] Les Réflexions à la Reine de France sont un véritable examen de conscience où l'empereur présentait à la jeune princesse ses devoirs sous deux aspects: 1o comme épouse; 2o comme reine. (Voir Marie-Antoinette, par M. de la Rocheterie, où cette instruction est donnée en grande partie, p. 351 et suivantes.)

Voici quelques-uns des paragraphes du questionnaire impérial:

—Employez-vous tous les soins à plaire au Roi? Etudiez-vous ses désirs, son caractère pour vous y conformer? Tâchez-vous de lui faire goûter votre compagnie et les plaisirs que vous lui procurez, et auxquels, sans vous, il devrait trouver du vide?

Votre seul objet doit être l'amitié, la confiance du Roi.

Comme Reine, vous avez un emploi lumineux: il faut en remplir les fonctions.

Votre façon n'est-elle pas un peu trop leste?...

Plus le Roi est sérieux, plus votre Cour doit avoir l'air de se calquer après lui. Avez-vous pesé les suites des visites chez les dames, surtout chez celles où toute sorte de compagnie se rassemble, et dont le caractère n'est pas estimé?

Avez-vous pesé les conséquences affreuses des jeux de hasard, la compagnie qu'ils rassemblent, le ton qu'ils y mettent?

... Daignez penser un moment aux inconvénients que vous avez déjà rencontrés aux bals de l'Opéra.

... Gardez-vous, ma sœur, des propos contre le prochain, dont on fait tout l'amusement... Par des méchancetés dites sur le prochain..., on évite les honnêtes gens...

L'Empereur recommandait aussi à sa sœur de conserver l'étiquette, de bien penser à sa situation et à sa nation «qui est trop encline à se familiariser et à manger dans la main».

Or, lui-même donnait l'exemple de la simplicité outrée. On peut s'étonner de voir l'Empereur philosophe recommander à sa sœur de se montrer «dévote et recueillie à l'église», ajoutant que le plus grand impie devrait l'être par politique. Il était mieux dans son rôle en signalant l'inconvénient de la société des jeunes gens, et de l'accueil trop facile fait aux étrangers, surtout aux Anglais dont les usages et les mœurs devenaient alors fort à la mode, au grand déplaisir du Roi.—Joseph II à Léopold, 11 mai 1777, et Mercy à Marie-Thérèse.

[34] Il avait passé en revue les manufactures et les arsenaux, rendu visite à Geoffrin et à l'Institut, à Mme du Barry et à Buffon (avec le grand naturaliste, il avait à réparer une bévue de son frère Maximilien refusant maladroitement un exemplaire de luxe de l'Histoire naturelle); il avait causé avec économistes et savants. Il avait voulu tout voir, se rendre compte de tout, peut-être sans grand esprit de suite. Ce séjour, comme l'écrivait Louis XVI à Vergennes, devait donner une furieuse jalousie au roi de Prusse. Et, d'ailleurs, c'était vrai.

Dans ce concert de louanges, il pouvait se produire des notes discordantes.

Joseph II, en effet, se montra plus que froid avec Choiseul, qui pourtant était le promoteur de l'Alliance autrichienne, qui avait valu la Dauphine à la France.

Le duc était venu à Versailles le jour de la cérémonie des cordons bleus et au jeu de la Reine, «mais il n'y a rien eu de bien remarquable dans l'accueil qu'il lui a fait, l'ayant connu personnellement à Vienne, écrit le comte de Viry, si ce n'est que le Roi Très Chrétien a laissé apercevoir de nouveau, à cette occasion, ses dispositions peu favorables pour cet ex-ministre qui est retourné mardi dernier à la campagne.»

Joseph II avait traversé la Touraine sans s'arrêter à Chanteloup.

Avec M. de Vergennes, l'Empereur attaqua de front la question brûlante. L'entrevue se passa ainsi, d'après la dépêche du comte de Viry, ministre de Sardaigne.

«Bien des gens, lui dit ce prince, sont surpris de l'inaction de la France dans les circonstances actuelles.

«—Je le sais, a répondu le secrétaire d'Etat; mais le conseil du Roi a pensé sagement qu'il ne fallait pas qu'un Roi de vingt-deux ans signalât le commencement de son règne par une guerre d'ambition. Nous connaissons tous les avantages de notre position, mais nous ne voulons pas nous embarquer dans une guerre qui pourrait causer un incendie général.—La France, répliqua l'Empereur, n'a rien à craindre, tant que durera notre alliance. Quant à moi, je me trouve dans des positions plus épineuses; il me sera bien difficile de toujours conserver la paix...—J'ose vous assurer, monsieur le Comte (l'Empereur voyageait sous le nom de comte de Falkenstein), dit alors M. de Vergennes, que la maison d'Autriche n'a rien à craindre, tant que durera notre alliance.—Cette réponse, placée avec esprit et à propos, a fait sentir finement à l'Empereur, combien l'on pensait à Versailles que cette alliance lui était avantageuse. Aussi le prince a-t-il coupé court à ces matières...»

[Au marquis d'Aigueblanche, 6 juin 1777 (Recueil Flammermont.)]

Paris l'avait séduit, la nation ne lui déplaisait pas, malgré sa légèreté, et, s'il avait une fort mince opinion de ceux qui gouvernaient, malgré les belles phrases dont il les avait bernés, il conservait une haute idée des ressources de la monarchie, si le gouvernail était aux mains de plus habiles.

Il redoutait le retour de Choiseul au pouvoir. «Si le duc de Choiseul avait été en place, disait-il,—à la satisfaction du Roi, et au vrai déplaisir de la Reine, sa tête inquiète et turbulente aurait pu jeter le royaume dans de grands embarras.»

Par contre, l'archevêque de Toulouse, Loménie de Brienne, lui avait laissé une haute idée de sa capacité (Mercy, t. III, p. 70).

Sur chacun il avait une opinion: le comte d'Artois était «un petit-maître», Mesdames de France étaient «nulles». Avec Louis XVI, il s'était ouvert sur bien des questions, et il avait semblé goûter sa conversation. En revanche, il écrivait à Léopold son impression intime: «Cet homme est un peu faible, mais point imbécile; il a des notions, il a du jugement, mais c'est une apathie de corps comme d'esprit. Le fiat lux n'est pas encore venu, et la matière est encore en globe.»

Joseph II, qui prétendait tout savoir et morigénait tout le monde à fleur de jugement, était jugé par plus fin que lui. «L'Empereur, écrivait le comte de Provence à Gustave III, est fort cajolant, grand faiseur de protestations et de serments d'amitié; mais, à l'examiner de près, ses protestations et son air ouvert, cachent le désir de faire ce qui s'appelle tirer les vers du nez et de dissimuler les sentiments propres, mais en maladroit; car avec un peu d'encens, dont il est fort friand, loin d'être pénétré par lui, on le pénètre facilement. Ses connaissances sont très superficielles.» (Gustave III et la Cour de France, t. II, 390.)

[35] «L'Empereur, écrit le comte de Viry, ministre de Sardaigne, n'ignorant pas tous les bruits qui ont couru du projet de mariage qu'on lui supposait avec Madame Elisabeth, a affecté de dire à Leurs Majestés très chrétiennes, à toute la famille royale, qu'il ne pensait pas à se remarier.» (Au roi de Sardaigne, 25 avril 1777. Dans Correspondance diplomatique publiée par Flammermont.)

[36] «Ce petit château», on l'a déjà dit, était une modeste maison donnant sur la rue Champ-la-Garde et dont le jardin communiquait avec le parc de la princesse de Guéménée. La maison de la comtesse de Marsan était un peu plus loin dans la même rue.

[37] Voir comte Horric de Beaucaire, Une Mésalliance dans la maison de Brunswick;—un article de M. Depping dans la Revue bleue, 1896;—Paul Gaulot, les Chemises rouges:—G. Lenôtre, le Baron de Batz, 1896;—le Carnet de 1901 sur Mlle d'Olbreuse, et un livre récent de M. H. d'Alméras, Emilie de Saint-Amaranthe.

Il est question aussi des Chemises rouges dans l'aimable ouvrage de M. Jacques de la Faye, la Princesse Charlotte de Rohan et le duc d'Enghien (Émile-Paul, 1905).

[38] Gazette de France, 19 janvier 1778 et jours précédents.

[39] Comte Ferrand, Eloge de Madame Elisabeth. Notes de Mme de Reichenberg.

[40] Situé rue Colbert.

[41] «Qu'une vie est belle, a écrit Pascal, lorsqu'elle commence par l'amour et qu'elle finit par l'ambition.»

Bombelles menait les deux de front.

[42] Voir chapitre suivant.

[43] Louis-Philippe Ier, veuf de Louise-Henriette de Bourbon-Conti, remarié secrètement à la marquise de Montesson, mort en 1785.

[44] Louise-Marie-Adélaïde Bourbon-Penthièvre, femme de Louis-Philippe-Joseph (Philippe-Egalité), morte en 1821.

[45] Sur les Esterhazy, voir Fantômes et Silhouettes, Emile-Paul, 1903.

[46] Veuve du marquis de Rosières Soran, fille de Donatien de Maillé, marquis de Curman, chevalier de Saint-Louis et d'Elisabeth d'Anglebermes de Lagny, veuve de Jean-Louis d'Alsace, comte de Hénin-Liétard-Blincourt, marquis de Saint-Phal, laquelle avait eu de son premier mariage une fille qui épousa le marquis du Muy, fils du maréchal.

La marquise de Soran sera, quelques mois plus tard, nommée dame de Madame Elisabeth. Elle ne chercha pas à jouer de rôle à la Cour, mais elle était très appréciée dans le monde des lettres, et La Harpe, un de ses admirateurs, l'avait surnommée la Mère des Amours. Avec sa taille mince et bien prise, sa coiffure et son ajustement très soignés, ses petites grâces malicieuses et ses coquetteries, c'était une charmante petite vieille. Elle était généralement accompagnée de sa fille Delphine, mariée depuis au comte Stanislas de Clermont-Tonnerre, et qui ne tarda pas à devenir aussi dame de Madame Elisabeth.

[47] C'est à ce propos que Bezenval, qui s'est mêlé de l'affaire comme témoin du comte d'Artois avant, mais est arrivé après le duel, se laisse aller à des épigrammes contre la Reine qui l'a reçu dans ses petits appartements, «simplement, mais commodément meublés». Je fus étonné, non pas que la Reine eût désiré tant de facilités, mais qu'elle eût osé se les procurer.» Bezenval se vengeait d'avoir été, peu de temps auparavant, remis à sa place par la Reine, que ses assiduités importunaient... (Voir dans les Mémoires de Mme Campan, t. I, la réfutation des dires de Bezenval.)

[48] Cette assez mauvaise pièce fut pourtant applaudie; mais, dit Mme du Deffand, c'était plutôt Voltaire qui en était l'objet que la pièce. L'auteur fut couronné de fleurs, et Vestris lui adressa un impromptu qui finissait par ces vers:

Voltaire, reçois la couronne,

Que l'on vient de te présenter.

Il est beau de la montrer,

Quand c'est la France qui la donne.

Dans sa lettre du 1er avril, Mme de Bombelles, ayant assisté à Versailles à la représentation de la pièce jouée à Paris, donne ces détails.

[49] Correspondance de Mme de Bombelles, 19 et 29 mars;—Lettre de Mme de Mackau, 18 mars;—Correspondance secrète, édit. Lescure, t. I;—Correspondance de Mme du Deffand;—Mémoires de Bezenval et de Mme Campan;—Bachaumont, Mémoires secrets.

[50] Mme de Canillac, malgré l'aventure, allait être nommée en titre dame pour accompagner Madame Elisabeth.

[51] Le salon de Mme de Guéménée n'était pas prude, on y jouait un jeu d'enfer, et la Reine avait le grand tort de s'y montrer beaucoup trop souvent. Joseph II l'avait proclamé, non sans des épithètes peu flatteuses pour la princesse de Guéménée, à son voyage de l'année précédente.

[52] Fille du prince de Condé et d'Élisabeth Godfried de Rohan-Soubise, à qui le marquis de Ségur a consacré de très intéressantes pages: la Dernière des Condé (Calm. Lévy, 1899). Elle eut un amour platonique pour le marquis de la Gervaisais (Lettres publiées par Ballanche, 1827, rééditées par Paul Viollet, 1875). Ne se maria jamais, et entra en religion sous le nom de Sœur Marie-Joseph de la Miséricorde.

[53] Plus tard seraient nommées dames: la vicomtesse d'Imécourt, la marquise de Lambellon des Essarts, la comtesse de La Bourdonnaye, la vicomtesse des Monstiers-Mérinville, la comtesse de Lastic, la comtesse de Blangy, la marquise de Marguerie, la comtesse des Deux-Ponts, enfin la marquise de Raigecourt, née Causans (Almanach royal, de 1778 à 1789).

[54] «Vous aurez su le changement survenu dans ma fortune, écrira-t-il à Gustave III... Je me suis rendu maître de moi à l'extérieur fort vite et j'ai toujours tenu la même conduite qu'avant, sans témoignage de joie, ce qui aurait passé pour fausseté et ce qui l'aurait été, car franchement, et vous pouvez aisément m'en croire, je n'en ressentais pas du tout; ni de tristesse, qu'on aurait pu attribuer à de la faiblesse d'âme. L'intérieur a été plus difficile à vaincre.» Madame et la comtesse d'Artois, tout en conservant une attitude très convenable, n'en faisaient pas moins, in petto, de désagréables réflexions (Voir la Correspondance de Mercy, t. III, mai à août).

[55] Parmi ceux-ci: Maurepas et les ministres qui, dans cette grossesse, voyaient l'affermissement du crédit de la Reine sur l'esprit de Louis XVI; les envieux des Polignac, dont la faveur était plus forte que jamais; Mme de Marsan, qui ne pardonnait pas à la Reine son goût pour Choiseul et son peu de sympathie pour les Rohan. Un volume de pamphlets les plus odieux était jeté dans l'Œil de Bœuf, et l'auteur, découvert mais non poursuivi, était Champcenetz.

[56] Le comte de Coigny, chevalier d'honneur.

[57] Les papiers trouvés dans l'armoire de fer ont appris que Louis XVI remettait tous les ans 15.000 francs à la Reine pour le comte Esterhazy.

[58] Esterhazy jouissait de faveurs spéciales qui excitaient la jalousie. Il sera, nous le verrons, l'un des quatre gentilshommes autorisés à tenir compagnie à la Reine, pendant qu'elle a la rougeole (été de 1779). Mercy se plaint, dès le 17 janvier, qu'il est autorisé, plus expressément que quiconque, à venir faire sa cour à la Reine, dans sa loge, à Versailles et à Paris. Cette distinction, qui n'était pas dans les usages de ce pays-ci, et qui était une prérogative exclusive pour les charges de cour, a excité de la jalousie contre le comte Esterhazy et quelque surprise parmi cet ordre du public qui fréquente habituellement les théâtres.»

[59] Voir les Mémoires de Lauzun, dans Fantômes et Silhouettes, les Esterhazy à la cour de Marie-Antoinette, et les fragments de Mémoires de Valentin Esterhazy, publiés par Feuillet de Conches.

[60] Dans l'année 1778, la Reine fit des différences énormes. A la fin de l'année, elle se trouvait perdre 7.550 louis, chiffre donné par l'abbé de Vermond au comte de Mercy.

[61] Corresp. du comte de Mercy, t. III;—Lettres de Mme de Coislin, dans le Gouvernement de la Normandie, par C. Hippeau, t. IV.

[62] Madame Élisabeth sera fort bonne écuyère, mais d'une hardiesse qui effrayait ceux qui l'accompagnaient. «Il serait peut-être désirable, écrit à cette époque Mme de Mackau à Madame Clotilde, qu'elle montât moins à cheval, mais c'est un goût dominant, et elle s'en porte à merveille, de manière que l'on ne peut guère la contrarier sur cet objet.» (Archives de la Maison royale de Savoie;—lettres communiquées aimablement par notre érudit confrère M. G. Roberti, professeur à l'Académie militaire de Turin.)

[63] Voltaire, revenu à Paris le 10 février, après un exil de vingt-sept ans, était descendu chez le marquis de Villette, au coin de la rue de Beaune et du quai des Théatins (aujourd'hui quai Voltaire). Il avait été reçu par la foule en triomphateur; les Académies réunies lui prodiguèrent des honneurs quasi souverains; la Comédie-Française lui décerna une couronne que le prince de Beauvau tint à lui mettre sur la tête... Il ne put résister à tant d'émotions. Il tomba dangereusement malade, refusa les consolations de la religion et mourut le 30 mai, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Le 2 juillet, Jean-Jacques Rousseau, devenu hypocondre, mourait à Ermenonville, où le marquis Stanislas de Girardin lui donnait asile. A l'heure qu'il est, on n'est pas encore d'accord sur les circonstances de sa mort.

[64] Mme de Soucy sera, en effet, nommée sous-gouvernante deux ans plus tard.

[65] Née Talleyrand-Périgord, belle-fille du maréchal de Mailly, de la branche de Mailly-Haucourt.

[66] Depuis 1729, on ne se rappelait pas avoir vu une crue pareille.

[67] M. de Brentano, secrétaire de la légation.

[68] Frédéric II au baron de Goltz, décembre 1776, 22 août 1777.—Bancroft, Histoire de l'action commune de l'Amérique et de la France, t. III.

[69] Voir chapitre II. Le baron de Goltz, après avoir dit que l'Empereur «s'était montré peu édifié de l'affabilité du Roi», ajoute que, «quant au bons sens, il le trouvait supérieur à ce qu'il en croyait». (A Frédéric II, 18 mai 1777. Recueil Flammermont).

[70] Correspondance du comte de Scarnafis avec le roi de Sardaigne (Recueil Flammermont).

[71] Maria Theresia und Joseph II, t. II (Recueil Geffroy-d'Arneth).—Cf. Correspondance diplomatique du marquis de Bombelles. (Bib. nat.).

[72] Correspond. diplomatique de Bombelles.

[73] On devra lire les nombreux extraits de correspondance entre Frédéric II et Goltz donnés dans l'ouvrage de Bancroft (t. III). Le ministre prussien, moine scrupuleux encore que jamais, mit tout en œuvre pour exciter les esprits contre la Cour de Vienne. Mercy à la même époque ne se lassait pas de signaler, avec nombreuses preuves à l'appui, les inventions et les calomnies de son collègue.

[74] Mercy à Marie-Thérèse, 17 janvier.

[75] Le comte de Vergennes le mandait à M. de Bombelles, 9 février. C'était là le commentaire obligé des instructions données en 1775 au marquis (Voir chapitre I), et l'on doit se rappeler cette phrase: «... Loin de vouloir servir d'instrument aux projets d'oppression que la Cour impériale pourrait former, Sa Majesté se prévaudrait de l'alliance comme d'un moyen de plus pour servir la cause de l'Etat.» (Archives de Seine-et-Oise, E. 453). Les partisans de la Reine désapprouvaient hautement la circulaire du comte de Vergennes, disant que c'était une demi-démarche uniquement propre à exciter de la défiance entre des alliés. (Correspondance du comte de Scarnafis, Recueil Flammermont).—On doit aussi se souvenir des considérations sur le voyage de l'Empereur en 1777, que Vergennes soumit au roi le 12 avril... «Si cette alliance est intéressante à conserver, elle veut être maintenue avec assez d'égalité pour qu'un des alliés ne se croie pas en droit de tout exiger de l'autre sans être tenu à lui rien rendre; c'est ce qui arriverait immanquablement, Sire, si Votre Majesté, prêtant l'oreille à des insinuations spécieuses, se portait à donner plus d'extension au traité de 1756, ou (ce que la Cour a paru désirer singulièrement) si Votre Majesté prenait l'engagement d'employer toutes ses forces au soutien de l'alliance (Beauchesne, Vie de Madame Elisabeth, t. I, appendice).

[76] M. de La Rocheterie, Hist. de Marie-Antoinette, I, p. 369.

[77] Malgré les conseils de Joseph II, le jeu avait repris de plus belle au début de l'année. Les finances de la Reine en étaient obérées au point qu'elle «était obligée de se refuser aux actes de bienfaisance que lui dicteraient sa grandeur d'âme et sa générosité naturelle.» (Mercy, III, 155).

[78] L'année précédente, le 3 février, elle écrivait déjà à sa mère: «Je suis plus révoltée qu'étonnée des vilenies et méchancetés du mauvais voisin; peut-être même est-il trompé sur quelques points par le ministre qu'il a ici; il est connu depuis longtemps pour un homme peu scrupuleux et qui, pour se faire valoir auprès de son maître, n'hésite pas à lui mander toutes sortes de fables.»

[79] L'ingérence de Marie-Antoinette dans l'affaire a pourtant déjà indisposé contre elle le public. Voir la Correspondance du comte de Scarnafis (Recueil Flammermont, p. 356 et suivantes).

[80] Bombelles à Vergennes: Corr. diplom. (Bib. nation.), mars à juin.

[81] Bombelles à Vergennes.

[82] Mercy à Marie-Thérèse, 17 juillet.

[83] Marie-Thérèse à Joseph II.

[84] Correspondance de Mercy, III, 231, 234;—Marie-Antoinette à Marie-Thérèse.—Marie-Thérèse à Marie-Antoinette.—Vergennes à Bombelles (Arch. de Versailles).—Maria Theresa und Joseph II, II, 345.

[85] Vergennes à Bombelles (archives de Seine-et-Oise).

[86] Correspondance de Mercy, 9 et 17 septembre.

[87] Corresp. de Mirabeau et de la Marck, Introduction;—Corresp. du baron de Goltz, dans Bancroft, t. III.

[88] 21 décembre.—Archives de Versailles. E, 449.

[89] Bombelles à Vergennes, 2 décembre (Arch. de Versailles).

[90] Bombelles à Vergennes, 23 décembre (Arch. de Versailles).

[91] Frédéric II, Œuvres posthumes, t. V;—Flassan, Hist. de la diplomatie, t. VII, liv. VII.

[92] Pour la guerre d'Amérique, outre les Mémoires de Ségur, l'ouvrage de Bancroft, on devra consulter les Histoires de Louis XVI, etc., de Droz, de Todières, et un excellent livre récent de M. le vicomte de Noailles: la Marine française en Amérique.

[93] Dame d'atours de Madame Élisabeth.

[94] Voir A. Dinaux, Histoire des Sociétés badines, 2 vol. in-fo;—et M. de Ségur, le Royaume de la rue Saint-Honoré, C. Lévy, 1897.

[95] Sur les loges d'adoption admises par le Grand-Orient et dont faisaient partie en France, à la même époque, la duchesse de Chartres, la princesse de Lamballe et presque toute l'aristocratie, voir un très curieux chapitre de Mme de Lamballe, par G. Bertin, 1888.

[96] Mlle de Schwartzenau, dont il a été question, chapitre I.

[97] On sait que la chambre où Marie-Antoinette accoucha de Madame Royale et de ses trois autres enfants était celle qu'avaient occupée, depuis Louis XIV, les Reines et les Dauphines. Dessus de portes signés Natoire, Boucher, de Troy; magnifiques Gobelins tendant la pièce entière... Cette chambre, placée près du salon de la Paix et contiguë à la pièce des Nobles, est aujourd'hui défigurée. Le grand portrait en robe blanche, toque et manteau bleus, par Mme Vigée-Lebrun, peint en 1788, rappelle seul le souvenir de la Reine. Cf. P. de Nolhac, Marie-Antoinette reine de France.

[98] Mme Campan assure que le désappointement d'avoir une fille entra pour beaucoup dans cette crise. Ceci paraît controuvé par la lettre de Mercy écrite à midi trois quarts, où il est dit qu'à ce moment la Reine ignorait le sexe de l'enfant.

[99] Lettre du 21 décembre.—Journal du Roi; Couches de la reine.—Journal de Papillon de la Ferté.—Correspond. du comte de Mercy.—Mémoires de Mme Campan.

[100] Fille de Louis-Armand, marquis de Caulaincourt et de Gabrielle-Pélagie de Bovelles, Mme d'Orsay, restée veuve de très bonne heure, était belle, aimable et spirituelle. Voir les Mémoires de Dufort de Chevernin.

[101] Il fut le père du célèbre comte d'Orsay, le roi de la mode sous le règne de Louis-Philippe et de la belle duchesse de Guiche, puis de Gramont, mère du ministre et ambassadeur.

[102] Fille du landgrave.

[103] La comtesse de Beichlingen était en effet inscrite dans l'Almanach de Gotha, comme princesse de Würtemberg, ainsi que la comtesse de Waldgrave, femme du duc de Glocester, la comtesse d'Irhham, femme du duc de Cumberland, et Mme de Villabrisa qui avait épousé un frère du roi d'Espagne; mais ces exemples n'avaient pas convaincu le landgrave, qui n'avait pas osé donner ce mécontentement à sa famille.

[104] Ce prince de Nassau-Siegen qui fut l'ami, en même temps, de la Cour de France et de Catherine II, fut chargé de missions pendant l'émigration. Ce ne fut que plus tard que le besoin de son crédit lui valut le titre de cousin du prince de Nassau-Saarbrück.

[105] Titre parfaitement usurpé du reste.

[106] Il a été fait bien des travaux sur les mariages inégaux en Allemagne. Au dossier Bombelles, figure un traité qui résume les articles sur lesquels pouvait s'appuyer Mme de Reichenberg. E. 397. Voir aussi l'Intermédiaire des Chercheurs, 1er semestre 1901.

[107] Les charbonniers occupaient la loge du Roi, les poissardes celle de la Reine. Les spectateurs entonnèrent en masse avec les acteurs le chœur: «Chantons, célébrons notre reine.»—Mémoires secrets, t. XII.—Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye.

[108] Dans une lettre de Mme de Mackau à Madame Clotilde, nous trouvons quelques détails sur Madame Elisabeth qui «se fait aimer de tout le monde; elle est exacte à tous ses devoirs essentiels sans que personne l'y excite comme si elle était encore à l'éducation». Sur la petite princesse qui vient de naître et sur les enfants du comte d'Artois, Mme de Mackau écrit les impressions suivantes:

«Il faut que j'entretienne ma chère Reine [A] de Madame sa nièce: elle vient à merveille et est extrêmement forte pour son âge; elle a les plus beaux yeux possible, et un petit visage bien arrondi, une très jolie bouche, et je trouve que, du bas du visage, elle ressemble beaucoup à Madame sa tante, la Princesse de Piémont: je le faisais remarquer tantôt à ces femmes qui ont été de mon avis; jugez, ma chère Reine, combien cette idée redouble mon intérêt pour cette auguste enfant. Tout ce que je désire est qu'elle conserve cette ressemblance, que j'avais trouvée dans Mademoiselle, et qu'elle a perdue en grandissant. Elle est pourtant régulièrement belle, mais elle a un sérieux dans la physionomie qui n'a nul rapport avec l'air gracieux et plein de bonté de ma chère princesse; monsieur le duc d'Angoulême, sans être beau, est un charmant enfant plein d'esprit, fort doux et toujours gai; pour monsieur le duc de Berri, on n'en peut encore rien dire, car il a un terrible masque sur le visage, cependant on aperçoit de beaux traits, et je crois que, lorsqu'il sera guéri, il deviendra le plus beau des trois; la Reine est parfaitement rétablie et plus belle que jamais.» (Archives de la maison royale de Savoie, aimable communication de M. G. Roberti.)

[A] Mme de Mackau nommait ainsi la princesse de Piémont.

[109] Louis-Constantin de Rohan, né en 1697, élu évêque de Strasbourg à la mort du cardinal de Soubise, en 1756, cardinal en 1761, mort le 11 mars 1779. Comme ses prédécesseurs et comme son fameux successeur, le cardinal Louis, il habitait à Paris l'hôtel de Rohan, rue Vieille-du-Temple, où se trouvait en dernier lieu l'Imprimerie nationale.

[110] Le comte Édouard Dillon, Irlandais d'origine, très infatué de sa personne, faisait partie de l'intimité de la Reine. Il se distingua en Amérique.

[111] Arthur Dillon commandait le régiment Dillon et se distingua, en 1792, à la tête d'un corps d'armée; mort révolutionnairement sur l'échafaud.

[112] C'est le fameux voyage de Trianon qui fit tant crier. Pour achever de se remettre, la Reine avait décidé ce petit déplacement dont le Roi était exclu comme n'ayant pas eu la rougeole. Le Roi, «accoutumé à ne se refuser à rien de ce qui peut plaire à son auguste épouse, avait approuvé que les ducs de Coigny et de Guines, le comte d'Esterhazy et le baron de Bezenval restassent auprès de la Reine; le consentement avait été provoqué par cette princesse, qui n'en sentit pas d'abord les conséquences». (Correspondance de Mercy.) Les mauvais propos ne manquèrent pas, et l'on mit en question de savoir «quelles seraient les dames choisies dans le cas où le Roi tomberait malade». Ces gardes-malades improvisés n'eurent-ils pas la prétention de veiller la Reine, pendant la nuit? Il fallut l'intervention de Mercy pour obtenir que ces galants chevaliers sortissent de chez la Reine à onze heures du soir et ne fussent qu'«externes», c'est-à-dire ne logeassent pas à Trianon. Cette idée étrange de la Reine eut le plus fâcheux effet, et, si l'on en croit Mercy, de mauvaises conséquences au point de vue des intrigues de cour.

[113] Le comte de Gramont, titré duc de Guiche à l'occasion de son mariage avec Mlle de Polignac. Il était le neveu du duc de Gramont et le frère de la comtesse d'Ossun qui devint dame d'atours de la Reine.

[114] Le marquis avait été nommé maréchal de camp, deux ans auparavant.

[115] Bien que, de cette année 1780, on ne possède nulle lettre de Madame Elisabeth.

[116] La date nous est donnée par une lettre de Mme de Mackau à la princesse de Piémont. Elle reçoit chaque jour des nouvelles par son gendre; du bonheur ressenti à Ratisbonne, du contentement de sa fille Soucy, qui a été nommée sous-gouvernante de la gentille petite princesse, Mme de Mackau se réjouit d'autant plus que, d'autre part, son fils lui a donné les plus grands chagrins: santé détraquée par les excès et dépenses exagérées, qui ont forcé la baronne à demander le concours de Madame Clotilde. (Lettre du 13 juillet. Archives royales de Turin.)

[117] Fille du baron de Breteuil.

[118] Alors à Metz où il dirigeait des exercices militaires.

[119] Le marquis de Brunoy était fils de Pâris de Montmartel, un des frères Pâris qui s'enrichirent dans les fournitures sous le ministère du duc de Bourbon, puis sous Mme de Pompadour. M. de Brunoy avait épousé Mlle des Cars. Il dépensa dix millions dans le château, le parc et l'église. Le château fut acheté un peu plus tard par le comte de Provence qui y donna une grande fête en l'honneur de Marie-Antoinette. Léon Gozlan donne d'amusants détails sur Brunoy et ses habitants dans les Châteaux de France.

[120] Alissan de Chazet, moraliste et auteur dramatique à ses heures, a laissé des Mémoires et des Portraits. Il n'était pas sans raisons pour se défier de la sagesse de M. de Mackau. Par le fait, le ménage marcha très bien, grâce surtout à la bonne influence de la jeune femme sur son mari. Le marquis de Bombelles nous dira plus tard que sa belle-sœur était un trésor.

[121] Archives royales de Turin.

[122] Lettre chiffrée du 10 mai.

[123] C'eût été en effet un beau chef d'accusation au procès de Madame Elisabeth!

[124] La baronne de Mackau, qui n'avait pas seize ans, avait été présentée à la Cour peu de temps auparavant. On la trouvait généralement jolie, et sa belle-mère ne tarit pas d'éloges sur son compte (Lettre à Madame Clotilde, loc. cit.).

[125] Datée de Langres, le 8 mai, cette lettre, comme toutes celles du marquis après séparation d'avec sa femme, est fort triste et d'une tendresse très expansive.

[126] Le prince Charles-Alain-Gabriel de Rohan, duc de Montbazon, épousa en effet, le 29 mai 1781, Louise-Aglaé de Conflans d'Armentières, sœur de la célèbre marquise de Coigny, l'amie plus ou moins platonique de Lauzun.

[127] Fils et petit-fils de magistrats connus; conseiller d'État en 1781, eut l'administration des finances après Necker.

[128] Geneviève de Gramont, sœur du duc de Guiche, comtesse d'Ossun, se montra très dévouée à la Reine, revint de Mayence en 1792 pour ne plus la quitter jusqu'au Temple; emprisonnée et morte sur l'échafaud en 1794. Sa fille unique devint la duchesse de Caumont La Force.

[129] Cette salle avait été organisée par Lulli en 1673, dans l'ancienne salle des Comédiens français, joignant le Palais Royal à l'est, à peu près où est la cour des Fontaines. La salle de Lulli brûla une première fois en 1763; une seconde, le 8 juin 1781. L'Opéra fut alors transféré où est aujourd'hui le théâtre de la Porte-Saint-Martin.

[130] Ce journal existe dans le dossier de Bombelles aux Archives de Seine-et-Oise, mais il n'offre qu'un intérêt secondaire.

[131] Née baronne de Wrierzen d'Hoffel. Son mari, le marquis de Louvois, devait épouser peu après la sœur de M. de Bombelles, veuve du landgrave.

[132] Antoinette-Cécile Clavel, dite Saint-Huberti, née en 1756, assassinée près de Londres en 1812 avec son mari, le comte d'Antraigues. Ce fut une artiste aimée et acclamée dans les opéras de Glück, de Piccini. Elle ramena le costume à la vérité historique. Elle a laissé un grand nom dans les fastes de l'Opéra.

[133] On se rappelle l'important voyage politique de Joseph II en 1772. En 1781, il vint incognito, et son séjour fut très court. La Reine se montra très heureuse de le voir, car avec lui elle put parler de sa mère qu'elle regrettait toujours profondément. Elle témoigna une grande émotion du départ de son frère, on la vit même se cacher sous son chapeau pour pleurer. L'Empereur parut fort content de sa visite, constatant chez le Roi et la Reine «un changement en mieux considérable» (Joseph II à Marie-Christine, 6 août). L'Empereur et la Reine allèrent ensemble à Trianon dans le plus modeste appareil, sans gardes et sans suite, la Reine en lévite de mousseline avec une ceinture bleue, les cheveux relevés par un simple ruban. «L'Empereur, dit à ce propos M. de Kageneck, est venu recevoir les embrassements d'une sœur digne de toute sa tendresse et qui a de commun avec lui le bonheur de jouir de l'amour de ses sujets (lettres de M. de Kageneck, citées par M. de la Rocheterie). Il y eut souper à Trianon le 1er août. (Voir le Petit Trianon, par Desjardins, 210, 211.)

[134] Marie-Thérèse avait dit avec raison: «L'Empereur ne se remariera pas.»

[135] Augustin-Gabriel de Franquetot, comte de Coigny, frère du duc, chevalier d'honneur de Madame Elisabeth. Propriétaire de la belle terre et du château de Mareuil-en-Brie, dont les jardins avaient été dessinés par lui dans un goût tout nouveau. De son mariage avec Josèphe de Boissy, morte en 1775, il avait eu une fille unique, Aimée de Coigny, duchesse de Fleury, «la jeune Captive» de Chénier, dont M. Etienne Lamy vient de publier les Mémoires avec une longue et très intéressante étude bibliographique.

[136] Le comte Guignard de Saint-Priest resta à Constantinople jusqu'en 1783. Il y rédigea un projet de descente en Egypte, qui, dit-on, ne fut pas inutile au Directoire et à Bonaparte. Il fut en suite ambassadeur en Hollande; ministre de l'Intérieur après la prise de la Bastille, et dans les journées d'octobre, il conseilla à Louis XVI de repousser la force par la force. Il émigra en 1790 et fut chargé de missions auprès des cours étrangères. M. de Bombelles le retrouvera en Russie en 1791. Rentré en France seulement en 1818, M. de Saint-Priest mourut en 1821.

[137] Il faisait partie de la «coterie». Ayant épousé une veuve riche, Mme de Valbelle, il se piqua d'ambition. Ami intime du comte de Vaudreuil et poussé par la duchesse de Polignac, il finit par obtenir l'ambassade de Londres en 1781.

[138] Voir les Esterhazy à la cour de Marie-Antoinette (Fantômes et Silhouettes, Emile-Paul, 1903).

[139] Il avait épousé en premières noces Mlle de Logny, en secondes, une hollandaise, la baronne de Wrierzen d'Hoffel qui, on l'a vu plus haut, avait laissé sa fortune au baron de Breteuil. Sur ses folies de jeunesse et sa prodigalité, voir les Mémoires de la baronne d'Oberkirch (t. I, chap. X), qui contiennent, de plus d'ailleurs, plusieurs erreurs, dont l'une, en note, sur la famille de Bombelles.

[140] On disait dans le public que la comtesse Diane s'éloignait pour accoucher. De sa liaison avec le marquis d'Autichamp elle eut en effet un fils connu pendant l'émigration sous le nom de marquis de Villerot. On se rappelle que la comtesse Diane avait été imposée par le clan Polignac, comme dame d'honneur de Madame Elisabeth. Le choix était détestable, la comtesse Diane ayant fort mauvaise réputation et n'étant pas sympathique à la jeune princesse.

[141] Le comte d'Angiviller (Flahaut de la Billarderie), surintendant des Bâtiments, successeur du marquis de Marigny.

[142] Mme Binet de Marchais, fille de La Borde, valet de chambre du Roi, avait été une des actrices du théâtre de Mme de Pompadour. Personne ne comprenait pourquoi, très fanée et presque vieille, elle épousait M. d'Angiviller, avec qui elle vivait depuis près de vingt ans. Dans une lettre du 17 septembre, M. de Bombelles dira: «Le mariage de M. d'Angiviller me paraît bien ridicule. Est-ce un moyen honnête qu'il a trouvé de rompre avec Mme de Marchais?»—Sur Mme de Marchais qui vécut à Versailles pendant la Révolution et échappa à la persécution, grâce à des opinions jacobines avancées et au buste de Marat qui trônait dans son salon, cf., pour la première partie de sa vie: A. Jullien, la Comédie à la Cour;—Laujon, Spectacles des Petits Cabinets, Souvenirs de Papillon de la Ferté;—de Nicolas Moreau, Mémoires de Mme du Hausset;—du duc de Luynes; pour la seconde: Souvenirs de Mme Necker, Mémoires de Suard;—Intermédiaire des chercheurs, années 1897 et 1898.

[143] Mme de Lastic devint dame pour accompagner deux ans après.

[144] Dame de Mesdames de France, mère du séduisant Louis de Narbonne, diplomate et général.

[145] La santé de la Reine avait été excellente pendant tout l'été. «Ma santé est parfaite, écrivait-elle en mars à la princesse Louise de Hesse-Darmstadt, je grossis beaucoup. Votre sorcellerie est bien aimable de me promettre un garçon. J'y ai beaucoup de foi, et je n'en doute nullement.»—Le public espérait un garçon, et le nommait le Consolateur. (Lettres de M. de Kageneck au baron Alstromer.)

[146] Les couches de la Reine étaient proches et faisaient l'objet de toutes les conversations de la Cour. «L'importance dont il est pour la Reine d'avoir un Dauphin, écrit le chevalier de l'Isle au comte de Riocour, s'accroît encore par une nouveauté qui nous surprend tous, je veux dire la grossesse de Madame; elle en a tous les symptômes... Or, jugez quel désagrément ce serait pour la Reine si les deux belles-sœurs donnaient avant elle des héritiers! Espérons que, dans six semaines au plus, elle sera à l'abri d'un si cruel dégoût.» (Lettres inédites, archives de M. le comte de Riocour.) Inutile d'ajouter que la prétendue grossesse de Madame n'eut pas de suites.

[147] Madame Clotilde, sœur de Louis XVI, depuis reine de Sardaigne.

[148] Récit du comte de Stedingk, dans Gustave III et la Cour de France, t. I.

[149] Le 22 octobre, à trois heures de l'après-midi, Monseigneur le Dauphin fut baptisé par le prince Louis de Rohan, cardinal de Guéménée, grand-aumônier de France... et tenu sur les fonds de baptême par Monsieur, au nom de l'Empereur, et par Madame Elisabeth de France, au nom de Madame la princesse de Piémont. Relation... etc. (Supplément à la Gazette de France, du vendredi 26 octobre 1781.)

[150] Madame apprit de façon piquante cette nouvelle si importante pour elle. Elle courait chez la Reine «au grand galop» lorsqu'elle rencontra le comte de Stedingk, qui ne pouvait contenir sa joie: «Un Dauphin, Madame, lui cria-t-il étourdiment, quel bonheur!» La princesse ne répondit pas; en apparence, elle eut le bon goût de manifester la plus grande satisfaction. Le comte d'Artois, lui, laissa échapper un mot de dépit. Le jeune duc d'Angoulême était allé voir le Dauphin.—«Mon Dieu, papa, qu'il est petit, mon cousin!—Un jour, mon fils, vous le trouverez assez grand!» (Mémoires de Mme Campan.)

[151] Née Caumont la Force, celle qui devint la favorite in partibus du comte de Provence. Elle était dame du palais de la comtesse.

[152] Voir les Mémoires de Weber, Mémoires secrets, etc., t. XVIII. Supplément à la Gazette de France, et, pour l'ensemble, Histoire de Marie-Antoinette par M. Max. de la Rocheterie, ouvrage consciencieux et renseigné auquel tous ceux écrivant sur cette époque ont soin de faire de larges emprunts, tout en oubliant de le citer.

[153] Inédite.

[154] Baronne de Mackau, née Alissan de Chazet.

[155] Pendant un mois, il y eut des réjouissances et des illuminations. Les principales fêtes, celles des relevailles, devaient avoir lieu en janvier.

[156] La petite princesse ne fut pas atteinte par l'épidémie de petite vérole, mais elle eut, quelques semaines après, la coqueluche, qui faisait aussi des ravages à Versailles. (Lettre de Mme de Mackau à Madame Clotilde. loc. cit.)

[157] A cette même date le chevalier de l'Isle écrivait au comte de Riocour: «Si M. de Maurepas n'a pas encore, au moment où j'écris, rendu le dernier soupir, il s'en faut de si peu que ce n'est pas la peine d'en parler. L'affliction que cet événement cause au Roi va être soulagée par l'heureuse et triomphante nouvelle de la reddition de toute l'armée de Cornwallis consistant en 6.000 hommes de troupes réglées et 18.000 matelots. Ces troupes acculées dans York ont capitulé le 19 octobre, forcées par les armées réunies de Washington et de Rochambeau. C'est M. de Lauzun qui nous en apporte à l'instant la nouvelle, ayant fait le trajet en vingt-quatre jours; il est suivi du comte Guillaume de Deux-Ponts.» (Lettres inédites, archives de M. le comte de Riocour.)

M. de Maurepas mourut le 21 novembre. Il avait juste quatre-vingts ans. On tarda jusqu'au dernier moment à lui donner les sacrements. Sur l'indifférence de la Cour pendant cette agonie pénible, on relira avec fruit les lettres de Mme de Coislin au duc d'Harcourt dans Hippeau, le Gouvernement de la Normandie, t. IV, et Louis XV intime et les Petites maîtresses, p. 159. La veille de la mort, Mme de Coislin écrit: Ce n'est que depuis hier que l'on cesse de se flatter sur l'état de M. de Maurepas, et l'on aperçoit déjà une sorte d'envie d'en être quitte. On parle à la fois de sa fin très prochaine et du bal que les gardes du corps donneront le mois prochain. Quel pays que le nôtre! Quels amis, quels cœurs et quels esprits!

Peu de temps avant sa mort, Maurepas montra à Augeard la copie d'une note qu'il avait remise au Roi. Il y était écrit: «Liste des personnes que le Roi ne doit jamais employer après sa mort, s'il ne veut voir de ses jours la destruction du royaume. A la tête était l'archevêque de Toulouse, le président de Lamoignon, M. de Calonne, quatre ou cinq autres personnages, et, en dernière ligne, le retour de M. Necker.» (Mémoires d'Augeard, p. 112.) Maurepas fut loin d'être un ministre irréprochable, mais à sa mort les finances étaient en bon état, c'est un fait. Il n'en fut pas précisément de même avec Loménie de Brienne et Calonne.

[158] Guillaume des Deux-Ponts, né en novembre 1752, fils du prince palatin Jean des Deux-Ponts et de Sophie, comtesse de Dham. Il s'était marié le 30 janvier 1780 avec Marie-Anne, princesse des Deux-Ponts. En 1782, il devint colonel du régiment de dragons Jarnac, qui devint Deux-Ponts.

[159] Ministre de la marine; maréchal en 1783.

[160] Charles Mann, marquis Cornwallis, général anglais, né le 31 décembre 1738. Il se distingua au début de la guerre d'Amérique où il seconda le général en chef Clinton. Après cette capitulation de Yorktown, il eut des alternatives de succès et de revers. Finalement il fut surpris sur les côtes de Virginie et dut mettre bas les armes avec 9.000 hommes qu'il commandait. Gouverneur du Bengale en 1786, gouverneur général de l'Inde en 1801, il mourut en 1805 dans la province de Bénarès. Ses lettres ont été publiées à Londres en 1889 (3 vol.).

[161] Voir la Dernière des Condé, par le marquis Pierre de Ségur.

[162] Marie-Catherine de Brignole, princesse Honoré de Monaco, était depuis longtemps la maîtresse du prince de Condé. Il l'épousa en émigration. Elle mourut en 1837. Voir, dans la Dernière des Condé, le chapitre Marie-Catherine de Brignole.

[163] La comtesse de Courtebonne née Gouffier, une des dames de la duchesse de Bourbon, avait été le prétexte d'un duel en 1779, entre le marquis d'Agoult, qu'elle avait promis d'épouser, et le prince de Condé, son amant d'un jour.

[164] Duchesse de la Trémoïlle, née princesse de Salim Kirlbourg.

[165] La princesse de Tarente, fille du dernier duc de Chastillon, femme du fils aîné du duc de la Trémoïlle, fut dame d'honneur de la Reine. Emprisonnée en 1792 à l'abbaye, elle échappa par miracle aux massacres de septembre, et mourut en Russie pendant l'émigration en 1814. Le duc de la Trémoïlle actuel, fils du second mariage de son père, a publié (Grimaud, Nantes, 1897) les Souvenirs de la princesse de Tarente sur la Terreur.

[166] Le prince de Tarente ne tarda pas à se séparer de sa femme. Devenu veuf et duc de la Trémoïlle, il épousa, en 1830, Mlle Valentine Walsh de Serrant, d'où le duc actuel.

[167] Christophe de Beaumont, comte de Lyon, né à la Roque, près de Sarlato, le 26 juillet 1703; évêque de Bayonne, 1741; archevêque de Vienne, 1745; archevêque de Paris en 1746. Commandeur des ordres du Roi en 1748. Duc et pair de France en 1750.

[168] Le nouvel archevêque sera Antoine-Éléonor Le Cler de Juigné de Neuchelles, né en 1728, évêque de Châlons le 29 avril 1764, archevêque de Paris en 1781. C'était un excellent choix.

[169] Le mot n'est pas juste. Tout en étant subjugué, le prince de Condé bénissait cette chaîne, si pesante qu'elle fût parfois. La fidélité et l'amitié de Mme de Monaco déterminèrent le prince de Condé à régulariser, dès qu'il le put, une union à laquelle il ne manquait que le sacrement. Dès la mort d'Honoré III de Monaco (1795), le prince de Condé avait songé à épouser sa veuve. Les péripéties de l'émigration, la crainte du quand dira-t-on l'empêchèrent de réaliser son projet avant 1808. Voir le livre cité du marquis de Ségur: la Dernière des Condé.

[170] Etienne-Charles de Loménie de Brienne, né, en 1726, à Paris, où il mourut en prison, le 16 février 1794. Evêque de Condom, 1760; archevêque de Toulouse, 1764. Il ne fut pas nommé archevêque de Paris, Louis XVI ayant répondu: «Encore faut-il que l'archevêque de Paris croie en Dieu.» Ceci ne l'empêcha pas d'être plus tard archevêque de Sens, après avoir été un an contrôleur des finances (1787-1788), en remplacement de Calonne. Il se montra aussi désastreux administrateur que son prédécesseur.

[171] M. de Bombelles s'apprêtait à célébrer avec faste à Ratisbonne la naissance du Dauphin.

[172] Melchior, troisième fils du duc et de la duchesse de Polignac.

[173] Ancien ambassadeur en Portugal, beau-père de Geneviève de Gramont, comtesse d'Ossun, qui sera dame d'atours de la Reine.

[174] Mémoires secrets, t. XX:—Hippeau, le Gouvernement de Normandie, t. IV;—Supplément à la «Gazette de France» du 29 janvier 1782;—Journal de Hardy, t. V;—Mémoires de Weber. Jamais fêtes ne donnèrent lieu, à l'avance, à autant de pronostics fâcheux, à autant d'amères critiques. On mettait en avant la carte à payer, les accidents à prévoir; on s'effrayait des précautions prises pour empêcher le retour de catastrophes. Un certain nombre de personnes furent mises à la Bastille pour des écrits ou des propos répandus contre la Reine. Au sujet de la fête du 21 janvier, il y eut de sinistres placards faisant allusion à l'usage pratiqué pour les condamnés à mort: on disait que le Roi et la Reine, conduits sous bonne escorte à la place de Grève, «iraient à l'Hôtel de Ville confesser leurs crimes et qu'ensuite ils monteraient sur un échafaud pour y expier leurs crimes.» Le 21 janvier! Hardy, (V, 88).—Le même narrateur ajoute: «Les précautions prises pour ces fêtes sont effrayantes. On s'attend à quelque malheur» (V, 94).

[175] Voir P. de Nolhac, la Reine Marie-Antoinette.

[176] En dehors de la table royale servie dans la Galerie, il y avait une table de cent quarante couverts aménagée dans l'hôtel même. Pour les autres invités des couverts étaient placés un peu partout. Un grand retard fut apporté au service de certaines tables et, comme on devait les lever toutes à la fois, lorsque le Roi quitta les siennes, certains courtisans entamaient à peine les relevés.

[177] L'affluence était extrême. On se pressait, on s'étouffait tout en criant: Vive le Roi!... Le Roi, ne pouvant plus avancer, finit par s'écrier: «Si vous voulez qu'il vive, ne l'étouffez donc pas.»

[178] Voir les Souvenirs de Belleval et les Mémoires de la baronne d'Oberkirch.

[179] Dumoret, de Tarbes, de la compagnie de Noailles, fut le garde du corps désigné pour danser avec la Reine. «Il était transfiguré de joie, dit Belleval, et ses camarades eurent bien de la peine à ne pas crier: «Vive le Roi!» tant ils sentaient combien cet honneur fait à un rejaillissait sur tout le corps.»

[180] La marquise de Soucy, née Mackau, sous-gouvernante depuis 1781.

[181] La comtesse de Soucy, belle-mère de la précédente et belle-sœur de la baronne de Mackau, sous-gouvernante depuis 1775.

[182] La vicomtesse d'Aumale, troisième sous-gouvernante.

[183] Mémoires de la baronne d'Oberkirch.

[184] Dans cette promotion les Polignac n'étaient pas parvenus à placer leur cousin le baron d'Andlau, et la Reine elle-même n'avait pu faire donner encore une ambassade au comte d'Adhémar, ministre à Bruxelles. Il est vrai qu'il sera bientôt dédommagé par l'ambassade de Londres.

[185] Sophie-Philippine-Elisabeth-Justine de France, née le 27 juillet 1734, morte le 3 mars 1782. Appelée d'abord Madame cinquième et, à partir de 1745, Madame Sophie. Louis XV lui avait donné le surnom de Graille. Elle était fort aimée de ceux qui l'entouraient.

[186] «Il eût été impossible, écrit la baronne de Mackau à Madame Clotilde, le 11 mars, de n'avoir pas le cœur percé de douleur en voyant le cruel état de Mesdames ses sœurs; nous tremblions toutes pour leur santé.» (Archives royales de Turin.)

[187] Son testament a été publié en entier par M. de Beauchesne. Madame Elisabeth, t. I; appendices.

[188] Voir chapitre III, 1779. Il s'agit du comte de Neipperg.

[189] La branche aînée des princes de la Tour et Taxis résidait à Ratisbonne.

[190] Jean-Ange Braschi, pape sous le nom de Pie VI de 1775 à 1799, et dont le pontificat fut une lutte perpétuelle contre la cour de Naples, le grand-duc Léopold de Toscane, l'Empereur Joseph II, plus tard contre l'Assemblée Constituante, puis contre le Directoire.

[191] Charles-Théodore, de la Maison Palatine, 1777-1799,—électeur depuis la mort de Maximilien-Joseph,—laquelle avait entraîné l'affaire de la succession de Bavière.

[192] Marie Fedorowna, née Dorothée, princesse de Wurtemberg.

[193] A Lyon, où il avait passé, venant de Suisse, en se rendant à Paris, le grand-duc avait produit aussi deux genres d'impression. Il avait visité en touriste la ville industrielle et n'avait pas manqué de se montrer dans les hôpitaux. On voulait l'en dissuader, bien qu'il n'y eut pas d'épidémie, il répondit par ce mot «historique» qui fleure l'Emile de Jean-Jacques: «Plus les grands sont éloignés des misères humaines, plus ils doivent faire d'efforts pour s'en rapprocher.» Sa visite aux manufactures, dans un moment où l'impératrice Catherine faisait exécuter d'importantes commandes, parut opportune: patrons et ouvriers acclamèrent le fils d'une souveraine qui les enrichissait. En revanche, gens du peuple et Canuts de le saluer de cette épithète: «Oh! qu'il est vilain!» Une fois, à ces peu aimables compliments, il répondit avec à-propos: «... C'est une vérité que mon miroir m'a enseignée depuis longtemps, mais, si je pouvais l'ignorer, voilà des gens qui se chargeraient de m'en instruire.»

[194] Cf. aussi l'étude consciencieuse de Ch. Larivière dans la Revue Bleue du 3 octobre 1896, un article de M. P. de Nolhac dans l'Echo de Versailles du 22 octobre 1898 reproduit dans l'ouvrage de M. G. Mazinghin et A. Terrade: les Officiers de l'escadre russe à Versailles (Aubert, 1894);—un Czarewitz à Paris, par M. Justin Bellanger (Revue des Etudes historiques, no 4, 1898);—les Notes du duc de Penthièvre dans les Pièces justificatives de la Vie de Madame Elisabeth, par A. de Beauchesne, t. I;—enfin, un récit émanant des Archives nationales, découvert par M. le vicomte de Grouchy et publié par nous: le Comte et la Comtesse du Nord à Versailles en 1782, d'après un document inédit (Revue de Versailles et de Seine-et-Oise, mai 1902; et Fantômes et Silhouettes, Emile-Paul, 1903).

[195] Malheureusement ce que la princesse écrivait à l'Impératrice Catherine n'était pas précisément sur le même ton. Le Roi y était déclaré «lourdaud» et «ennuyeux», la Reine «frivole et coquette». Cette impression de ses enfants, la Czarine l'adopta d'autant plus facilement qu'elle était disposée à juger de même. A l'heure de l'infortune, elle ne portera aux malheureux souverains qu'un intérêt bien superficiel et inefficace.

[196] Voir la Dernière des Condé, par le marquis Pierre de Ségur.

[197] Inédite. Archives de la maison de Savoie. Cette lettre, avec d'autres qui l'accompagnent, nous a été communiquée par M. G. Roberti, l'éminent professeur de l'Académie militaire de Turin.

[198] Le voyage du comte du Nord n'avait pas, à beaucoup près, l'importance du voyage du tzar Nicolas en 1896, mais, néanmoins, c'était une vraie tentative de rapprochement efficace.

[199] Inédite (Archives de M. le comte de Riocour).

[200] Voir, dans Louis XV intime et les Petites Maîtresses (p. 161), tes lettres de Mme de Coislin au duc d'Harcourt sur la faillite Guéménée. Le chevalier de l'Isle, qui a suivi en Touraine le prince de Guéménée venu, peu avant la banqueroute, pleurer la comtesse Dillon, son amie de vingt ans, écrit au prince de Ligne: «M. et Mme de Guéménée ont tout perdu: fortune, existence, asile, en un mot tout, sans même qu'il leur restât ce que notre François Ier s'applaudissait d'avoir sauvé. La banqueroute est énorme... le nombre des misérables qu'elle fait est immense... et l'auteur de tant de calamités n'a pas tout à fait trente-sept ans.»

[201] Celui-ci se paya d'un mot orgueilleux: «Il n'y a qu'un Roi ou un Rohan qui puisse faire une pareille banqueroute!» Le mot était dans l'air. Un soir, chez la maréchale de Luxembourg, quelqu'un disait que la banqueroute du prince de Guéménée était une banqueroute de souverain. «Oui, s'écria la maréchale, mais il faut espérer que ce sera le dernier acte de souveraineté que fera la maison de Rohan (Allusion aux prétentions des Rohan d'être traités en souverains).

[202] La vente du port de Lorient et de la partie de Brest appelée Recouvrance ne fut consommée qu'en septembre 1786 (Corresp. secrètes Lescure, t. II).

[203] Dans la Révolution française de février 1898, M. J. Flammermont a publié deux lettres de Marie-Antoinette à la princesse de Guéménée, qui prouvent qu'au début du scandale la Reine s'était montrée désireuse de sauver la Gouvernante des Enfants de France jusque-là traitée en amie. A la fin de septembre elle assurait la princesse de «son désir de l'obliger», prêtait son concours pour obtenir des lettres de surséance. Quelques jours après, sur les instances de Mercy, elle avait changé d'avis et laissait suivre le cours des choses. Le 5 novembre la Gazette de France annonçait la démission de la princesse de Guéménée et son remplacement par la duchesse de Polignac.

[204] D'où cette épigramme de M. de Villette, l'inventeur du mot de la «Sérénissime banqueroute» à Mme de Coislin: «En place de ce vers en poème des Jardins:

Les grâces en riant dessinèrent Montreuil,

il faudra substituer:

Les rentiers en pleurant achèveront Montreuil.

[205] Nous avons vu que Louis XVI avait permis l'achat, par le Trésor, du port de Lorient, pour la somme de 12 millions; mais là s'arrêta sa condescendance. Il refusa de recevoir son grand-chambellan et éconduisit le maréchal de Soubise qui venait intercéder en faveur de son gendre.

[206] Mme de Polignac, d'après les Mémoires de Ségur, ne recherchait pas ce nouvel honneur dont la responsabilité l'effrayait.

[207] Requête adressée au marquis de Bombelles par la Municipalité de Bitche (Arch. S.-et-O., E. 405).

[208] Louis-Elisabeth de Lavergne, comte de Tressan, né au Mans, en 1705, mort en 1783, fit les campagnes de Flandre et d'Allemagne, devint maréchal de camp et grand-maréchal à la Cour du Roi Stanislas. Il consacra ses dernières années à des travaux importants de science et de littérature. Il publia deux volumes sur le fluide électrique considéré comme agent universel, et donna la traduction arrangée des romans de chevalerie, dont il avait découvert la collection complète. Ses œuvres choisies ont été publiées une première fois en 1823, avec préface de Campenon. Le marquis de Tressan a publié les Souvenirs de son grand-oncle (Versailles, 1899).

[209] Voir plus loin, page 301, une note sur les promenades à cheval de Madame Élisabeth.

[210] Jacques-François, baron de Menou (1750-1810). Maréchal de camp lorsque la Révolution éclata. Il fut envoyé aux Etats Généraux, où il se montra partisan des réformes et se distingua dans le Comité de la Guerre. Général en Vendée contre la Rochejacquelein qui le battit, sauvé à grand'peine de l'échafaud par Barrère. Il montra de l'énergie aux journées de prairial an III, mais au 13 vendémiaire son rôle fut violemment attaqué. Bonaparte le protégea, l'emmena en Egypte, où, plus tard, après l'assassinat de Kléber, il prit le commandement en chef; il fut obligé de capituler devant Alexandrie en un jour. Nommé gouverneur du Piémont, puis de Venise, il mourut dans cette ville en 1810.

[211] Il habitait dans le parc le pavillon dit de Breteuil.

[212] Cette acquisition très onéreuse de Saint-Cloud était faite au duc d'Orléans, poussé par la marquise de Montesson, qui voulait se retirer à Sainte-Assise. Elle grevait le Trésor déjà obéré de six millions. Il y eut de longues négociations, des difficultés, des discussions d'argent. Voir Mémoires d'Augeard. Sur les séjours de la Reine dans cette nouvelle résidence, voir notre livre: le Palais de Saint-Cloud, Laurens, 1902.

[213] Cet appartement ne forme plus qu'une même salle contenant les tableaux relatifs aux événements de 1830.

[214] Archives nationales O1, 3496.—Comtesse d'Armaillé, Madame Élisabeth, passim.

[215] Ceci est la phrase consacrée; il y eut moins de surprise sans doute de la part de Madame Elisabeth, puisque, nous l'avons vu au chapitre précédent, Mme de Bombelles parlait ouvertement à son mari de la cession de Montreuil à la princesse.

[216] Ce domaine, après avoir longtemps appartenu à M. Sauvage de Brantes, est maintenant la propriété de M. Edgar Stern.

[217] Éloge par Ferrand.

[218] Ce manuscrit fut rendu au comte d'Artois, à la Restauration, par la famille Mauduit.

[219] Voir dans la Revue de l'histoire de Versailles, novembre 1903, un article très documenté de M. J. Fennebresque sur les promenades à cheval de Madame Elisabeth, les travaux entrepris pour rendre les promenades moins dangereuses au moment où l'on coupe les bois. Des trous ou des troncs d'arbres ont été laissés sur les bords des routes pratiquées par la cour, ils effarouchent les chevaux, au point de causer des accidents funestes. «Si Madame Elisabeth n'était pas aussi bonne cavalière qu'elle est, dit le Rapport de Devienne, elle aurait succombé aux pointes que ses chevaux ont faites sous elle à l'aspect de ces bois.» (Arch. nat., O1 1804.)

[220] Coup d'œil sur Bel-Œil, où il est parlé des beaux jardins des environs de Paris.

[221] C'est à Montreuil que Jacques et Marie furent heureux par elle.

Ce Jacques Bosson était un brave Fribourgeois que, sur la recommandation de Mme de Diesbach, Madame Elisabeth avait fait venir de Suisse, et qu'elle avait proposé au gouvernement de sa ferme, ce dont il s'acquittait à merveille. En même temps que lui, elle avait fait venir son père et sa mère, et, en lui procurant les joies de la famille, la naïve princesse s'était figurée combler tous les vœux de son protégé. Pourtant, malgré les efforts du pauvre garçon pénétré de reconnaissance pour sa maîtresse, celle-ci ne put ignorer qu'il lui manquait quelque chose, car il maigrissait à vue d'œil, et sa mélancolie était remarquée. Elle s'informa et apprit la cause réelle du chagrin de l'excellent serviteur. Une fiancée laissée à Bulle, son pays natal, qu'il regrettait et dont il était regretté, voilà ce qui motivait la tristesse de Jacques. «J'ai donc fait deux malheureux sans le savoir? dit la princesse. Je veux réparer ma faute. Il faut que Marie vienne ici; elle épousera Jacques et elle sera la laitière de Montreuil.»

La jeune suissesse arriva bientôt à Paris, et, conduite immédiatement à Versailles, elle fut présentée à Madame Elisabeth. Les bans des deux fiancés ne tardèrent pas à être publiés en l'église de Saint-Symphorien à Montreuil et à Notre-Dame de Versailles, et, le 26 mai 1789, quelques jours après l'ouverture des Etats Généraux, Jacques Bosson et Marie Magnin, dotés par Madame Elisabeth, furent mariés dans la petite église de Montreuil.

Cette idylle pastorale devait pendant quelques jours occuper la Cour et la Ville. Mme de Travanet composa sur les regrets de Marie une romance dans le goût du temps, qui fut bientôt dans toutes les bouches. Mélancoliquement nos grand'mères ont souvent fredonné l'air près du berceau de leurs petits-enfants:

Pauvre Jacques, quand j'étais près de toi,

Je ne sentois pas ma misère;

Mais à présent que tu vis loin de moi,

Je manque de tout sur la terre.

Quand tu venois partager mes travaux,

Je trouvois ma tâche légère;

T'en souvient-il? Tous les jours étaient beaux;

Qui me rendra ce temps prospère?

Quand le soleil brille sur nos guérets,

Je ne puis souffrir la lumière;

Et quand je suis à l'ombre des forêts,

J'accuse la nature entière.

Les paroles de cette romance, longtemps à la mode, ont été oubliées; l'air a subsisté et est devenu le cantique

Vous qu'en ces lieux combla de ses bienfaits

Une mère auguste et chérie.

On ne pouvait mieux rappeler le souvenir de la bienfaisance de Madame Elisabeth [A].

Cette romance, qui avait le plaisir de sa petite Cour, Madame Elisabeth devait l'entendre à un moment où elle ne s'y attendait guère. C'était dans les premiers jours d'août 1792... De son petit appartement du pavillon de Flore, Madame Elisabeth un matin, entendit sous ses croisées fredonner l'air du Pauvre Jacques. Elle écouta, attirée par ce refrain qui évoquait de douces ressouvenances, entrebâilla sa fenêtre, écouta encore. C'était bien l'air, ce n'était pas la romance de Mme de Travanet qu'elle entendait, mais les couplets royalistes des Apôtres. Au Pauvre Jacques on avait substitué le pauvre Peuple: on le plaignait de n'avoir plus de roi et de ne plus connaître la misère...

[A] Mémoires de la baronne d'Oberkirch;—A. de Beauchesne, Vie de Madame Elisabeth;—Comte Ferrand, Eloge de Madame Elisabeth;—Feuillet de Conches, Correspondance de Madame Elisabeth;—Leroi, Histoire de Versailles, rue par rue.

[222] Voir Beauchesne, ouvrage cité, et comtesse d'Armaillé, Madame Elisabeth.

[223] L'autre grande amie de Madame Elisabeth, Mlle de Causans, appelée comtesse de Vincens, eut également part à sa bonté tendre. Quand elle la maria au marquis de Raigecourt en 1784, la jeune princesse alla trouver la Reine: «Promettez-moi, lui dit-elle, de m'accorder ce que je vais vous demander.—Avant de rien promettre, j'aimerais savoir ce que vous voulez, répond la Reine en souriant.—Commencez par promettre.—Non, dites d'abord.»—Après un débat de quelques minutes, plein d'amabilité et d'enjouement: «Eh bien, dit la princesse, voici: un parti se présente pour Causans; afin de lui faciliter le mariage, je voudrais lui faire une dot de cinquante mille écus. Le Roi me donne tous les ans trente mille livres d'étrennes; obtenez qu'il m'en avance cinq années.—La Reine promit, le roi donna; le mariage fut conclu, et pendant cinq années, tandis que chacun des princes et princesses recevait ses étrennes, Madame Elisabeth, qui n'avait rien à recevoir, s'écriait gaiement: «Moi, je n'ai rien, mais j'ai ma Raigecourt». (Comte Ferrand, Eloge de Madame Elisabeth.)

Mme de Raigecourt était intimement liée avec Mme de Bombelles, qui, un peu plus âgée, conseillait et protégeait son amie. Nous les verrons, aux jours d'émigration, correspondre régulièrement.

[224] Voir Geffroy, Gustave III et la Cour de France, Mémoires de la baronne d'Oberkirch, etc.

[225] Hippeau, Gouvernement de la Normandie, t. IV.

[226] Ségur, t. II;—Correspondance de Métra, XIV, 144;—Comte Beugnot, Mémoires, t. I;—Mémoires de Malouet, I.—Voir aussi F. Roquain, l'Esprit révolutionnaire avant la Révolution, 1878.

[227] Loménie, Beaumarchais et son temps, t. II, 295.

[228] Voir Chaix d'Est Ange, le Procès du Collier, et les deux intéressants volumes de M. Franz Funck Brentano.

[229] Peu après la naissance de la petite princesse Sophie-Béatrix, qui ne devait vivre que onze mois.

[230] Fragment des Mémoires du duc de Saxe-Teschen dans Louis XVI, etc., par Feuillet de Conches.

[231] La mission du marquis de Bombelles était à la fois politique et commerciale. Il s'agissait, sinon d'amener le Portugal à exécuter toutes les clauses du Pacte de famille, du moins à en admettre les principales, c'est-à-dire les clauses défensives; il fallait empêcher le Gouvernement portugais de continuer à s'inféoder exclusivement aux intérêts anglais et à laisser établir un modus vivendi commercial entre la France, l'Espagne et le Portugal. Voir les Instructions aux ambassadeurs en Portugal, publiées par le M. vicomte de Caix de Saint-Aimour.

[232] Celle qui devait plus tard être aimée du duc d'Enghien. Charlotte-Louise-Dorothée, née le 25 octobre 1767, fut baptisée à Saint-Sulpice le lendemain (Chastellux). Elle était fille de Charles-Jules-Armand, prince de Rohan Rochefort de Montauban, et de Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée d'Orléans Rothelin (descendant de Dunois, bâtard d'Orléans). Voir l'ouvrage récent de M. Jacques de La Faye, Émile-Paul, 1905.

[233] Maria Ire, née en 1734, reine en 1760, mariée à son oncle qui régnait conjointement avec elle depuis 1777. Après la mort de son époux en 1786, elle régna seule, fut frappée d'aliénation mentale en 1790, et mourut à Rio-de-Janeiro où son fils Jean VI l'avait emmenée lors de l'occupation du Portugal par les Français.

[234] La comtesse de Lastic, née Montesquiou, dame pour accompagner de Madame Elisabeth depuis 1784. Elle était veuve, depuis l'année précédente, d'un jeune colonel, que l'on avait dit tué en duel, tandis qu'il avait été trouvé mort dans son lit d'un coup d'apoplexie. Amédée était sa fille.

[235] Cette lettre provient des archives de M. Gabriel de Luremain, à Besançon, qui l'a communiquée à M. Léonce Pingaud. Notre savant confrère l'a publiée dans la Revue des Questions historiques, d'octobre 1901.

[236] La baronne de Mackau.

[237] La vicomtesse des Monstiers-Mérinville.

[238] Le fils de celle-ci ainsi surnommé des deux premières syllabes du nom paternel.

[239] Philippine-Thérèse de Broglie, fille du second maréchal de ce nom, née le 5 février 1762, mariée le 4 mars 1783, à Jules-Marie-Henri de Faret, marquis de Fournès, colonel du régiment de Royal-Champagne-Cavalerie, plus tard député aux États Généraux. Morte le 15 août 1843.

[240] Le comte de Vergennes, ministre des Affaires étrangères, mort le 13 février 1787. Il avait épousé, durant son ambassade de Constantinople, une dame Testa, veuve d'un chirurgien de Péra. Son frère, le président de Vergennes, était ambassadeur auprès des treize cantons suisses.

[241] Montmorin, successeur de Vergennes au Ministère des Affaires étrangères, avait deux filles: Victoire, qui épousa le vicomte de la Luzerne, fils du ministre de la Marine; Pauline, dont il est ici question, qui devint comtesse de Beaumont, et tint plus tard une grande place dans la vie de Chateaubriand. Voir le livre que lui a consacré M. Bardoux.

[242] De Mackau.

[243] Charles est le troisième fils de Mme de Bombelles, celui qui deviendra le troisième mari de «Sa Majesté l'archiduchesse» Marie-Louise.

[244] Nous nous rappelons que Bitche est le second fils; le sage Bombon est l'aîné.

[245] Après une lutte devant les notables qui demandaient des comptes et au cours de laquelle Necker, attaqué par Calonne, avait riposté vivement. La mauvaise gestion, pour ne pas dire les malversations de Calonne étaient prouvées.

[246] Exilé à sa terre d'Allonville, en Lorraine, Calonne était parti furieux contre la Reine, à laquelle il attribuait, avec l'opinion publique, sa disgrâce et son exil. Décrété de prise de corps par le Parlement, il perdit la tête, et, «sans essayer même de sauver les apparences» (Mme de Sabran au chevalier de Boufflers), il s'enfuit à Londres. (Voir Corresp. secrète, t. II, éd. Lescure, et Corr. diplomatique, du baron de Staël.)

[247] Mme de Soucy, sous-gouvernante des Enfants de France.

[248] On sait que c'est le moment où la faveur de la duchesse de Polignac subissait des alternatives de hausse et de baisse. Choquée de certaines familiarités ou de manquements à l'étiquette, Marie-Antoinette avait fait comprendre à la «Société» qu'elle ne lui était pas indispensable, et elle aimait passer des soirées dans l'intimité, chez la comtesse d'Ossun, sa dame d'atours.

[249] Les ducs de Cadaval et les ducs de Virogua descendaient de don Alvare, frère de Ferdinand II, duc de Bragance, lequel était trisaïeul de Jean, duc de Bragance que la Révolution de Portugal mit sur le trône en 1640. (Depuis 1580 les Espagnols détenaient le Portugal.) Sur la généalogie des Bragance de différentes branches, voir le tome VIII des Mémoires de Saint-Simon, édit. Boislile, pages 109 et 131 et notes.

[250] La princesse, née d'Orléans Rothelin était une femme très séduisante, au dire des contemporains. Tout en étant moins follement prodigue que les Rohan-Guéménée, leurs cousins, les Rohan-Rochefort menaient grand train dans leur terre de Rochefort en Yvelines et dans leur hôtel de Paris, situé rue de Varenne, lequel a subsisté jusqu'en ces dernières années. La seconde fille du prince et de la princesse de Rohan-Rochefort, devenue marquise de Querrieux, hérita de l'hôtel de ses parents. Elle n'eut qu'un fils qui mourut sans postérité en 1878, léguant l'ancienne résidence familiale à son cousin, le prince Louis de Rohan établi en Autriche. Celui-ci vendit l'immeuble; le terrain fut morcelé et, sur l'emplacement très vaste de la demeure des Rohan, on a construit toute la cité Vaneau. Sur les Rohan-Rochefort et les autres branches des Rohan on trouvera d'intéressants détails dans le livre de M. Jacques de la Faye: Un Roman d'exil: la Princesse Charlotte de Rohan et le duc d'Enghien. A l'appendice de cet attachant volume, on trouvera quelques fragments des lettres ici citées, qu'en raison de la correspondance ayant trait à la princesse Charlotte nous avions confraternellement communiqués à l'auteur.

[251] Voir les Souvenirs de Mme Vigée-Lebrun.

[252] De la maison de Lorraine; sa veuve, née Montmorency, femme d'esprit libéral, fut l'amie de Fouché et de Mme de Custine.

[253] Avec une parente, Mlle de Saint-Vincent.

[254] Depuis, il était rentré dans celles de Bombelles.

[255] Avec même des droits au trône, si la branche régnante s'éteignait. (Autre lettre au baron de Mackau.)

[256] Jean, vicomte de Rohan, issu des ducs souverains de Bretagne, épousa, en 1371, Jeanne, fille du roi de Navarre.

De lui descendent par filiation prouvée les branches de Rohan Montbazon et Rohan Soubise.

Et de la branche aînée sortent en ligne droite et légitime:

1o Charles-Jules-Armand, prince de Rohan Rochefort, marié à Dorothée d'Orléans Rothelin, issue de Jean d'Orléans[A], comte de Dunois et de Longueville, neveu du roi de France, Charles VI et oncle de Louis XII, surnommé le père du Peuple;

2o Le prince Camille, venu à Lisbonne, général des Galères de Malte;

3o La comtesse de Mérode, grande d'Espagne, de la première classe;

4o La comtesse de Brionne, veuve et mère des grands-écuyers de France, de la maison de Lorraine.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1o Charles-Louis Gaspard, prince de Rohan, marié à Joséphine de Rohan, fille du prince de Guéménée;

2o Louis-Camille-Jules, chanoine et comte de Strasbourg, nommé le prince Jules;

3o Charlotte-Louise-Dorothée à marier;

4o Henry;

5o Clémentine.

[A] La princesse de Nemours, femme de Pierre II, roi de Portugal, descendait, aussi, par sa mère, de Jean d'Orléans.

Louis de Bourbon, quatrième aïeul du Grand Condé, épousa en secondes noces, le 8 novembre 1565, Françoise d'Orléans, fille du marquis de Rothelin.

Le comte de Soissons, fruit de ce mariage, est l'agent maternel des princes de Savoie-Carignan et du célèbre prince Eugène.

[257] Le prince Charles s'était marié à seize ans, à sa cousine Marie-Josèphe de Rohan-Guéménée.

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