Atlas de poche des mammifères de la France, de la Suisse romane et de la Belgique: avec leur description, moeurs et organisation
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Title: Atlas de poche des mammifères de la France, de la Suisse romane et de la Belgique
Author: René Martin
Release date: September 27, 2017 [eBook #55640]
Most recently updated: October 23, 2024
Language: French
Credits: Produced by Isabelle Kozsuch, Chuck Greif and the Online
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by The Internet Archive/American Libraries.)
BIBLIOTHÈQUE DE POCHE
DU
NATURALISTE
XVIII
BIBLIOTHÈQUE DE POCHE DU NATURALISTE.—XVIII.
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ATLAS DE POCHE
DES
MAMMIFÈRES
de la France, de la Suisse romane
et de la Belgique
AVEC LEUR DESCRIPTION, MŒURS ET ORGANISATION
SUIVI D’UNE
Étude d’ensemble sur les Mammifères
PAR
René MARTIN
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48 Planches coloriées et 45 Figures noires
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Peintures et dessins par A. Bessin
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PARIS
LIBRAIRIE DES SCIENCES NATURELLES
Paul Klincksieck
LÉON LHOMME, successeur
3, RUE CORNEILLE, 3
1910
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Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.
| TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS FRANÇAIS ET LATINS DES ESPÈCES FIGURÉES |
| TABLE GÉNÉRALE |
PRÉFACE
Les mammifères qui habitent la France, la Belgique et la Suisse sont, ou bien connus de tout le monde parce qu’on a souvent l’occasion de les rencontrer, comme par exemple le lièvre, le lapin, la souris; ou facilement reconnaissables quand on les aperçoit, comme l’écureuil, le hérisson, la taupe; d’autres sont exposés, vivants ou empaillés, dans les muséums et les jardins zoologiques, comme le sanglier, le cerf, le renard, et ceux qui ne les ont pas vus à l’état sauvage savent distinguer immédiatement ces formes caractéristiques. Mais il y en a beaucoup que le public connaît mal, soit parce qu’ils sont rares, comme le desman, le mouflon, le bouquetin, soit parce qu’il les confond plus ou moins entre eux et avec les espèces connues, comme les musaraignes, les loirs, les campagnols qui, à première vue, semblent voisins des rats. Il y a enfin tout le groupe des chauves-souris, si différentes les unes des autres et pourtant si difficiles à distinguer sans étude ou au moins sans guide. Nous espérons que, à l’aide du petit ouvrage que nous offrons au public, il sera aisé à nos lecteurs de reconnaître de suite tous les animaux qu’ils pourront avoir sous les yeux et qu’ils éprouveront le plaisir qu’on ressent quand on arrive, après un examen de quelques minutes, à donner son nom exact à la bête qu’on a devant soi.
N’est-il pas véritablement utile de bien connaître la faune des pays que nous habitons, d’autant mieux que plusieurs des mammifères de France sont des gibiers servis journellement sur nos tables, que beaucoup de petits rongeurs sont des fléaux pour l’agriculture et que d’autres donnent des fourrures servant à nos vêtements.
L’ouvrage comprend deux parties:
Dans la première sont figurées et décrites nos principales espèces indigènes. Presque toutes les planches et couleurs ont été dessinées sur l’animal vivant, les autres, en très petit nombre, ont été faites sur des spécimens choisis au Muséum parmi les plus beaux et les mieux montés. En regard de chaque figure se trouve une description de l’espèce, de ses mœurs et de ses habitudes, ainsi que les documents indiquant son utilité ou les dégâts quelle peut causer à l’homme.
La deuxième partie du volume se compose de notions aussi simples et aussi claires que possibles sur la structure, la biologie, la classification de nos mammifères, avec la description de toutes les espèces vivantes en France, en Belgique et en Suisse. Après avoir parlé de toutes les formes sauvages de notre pays, nous dirons quelques mots de nos espèces domestiques, notamment en ce qui concerne leurs origines.
Il est pourtant un ordre de mammifères dont nous ne parlerons pas, celui des cétacés, mammifères exclusivement aquatiques, à corps imitant celui des poissons, comprenant les marsouins, les dauphins, les baleines, etc., par la raison que cet ordre a déjà été traité en appendice, il est vrai, mais d’une façon complète dans le volume de la collection écrit sur les poissons marins, auquel le lecteur voudra bien se reporter.
Les dimensions données pour chaque animal sont celles du mâle adulte. Ces dimensions sont parfois un peu variables, surtout chez certaines espèces, les individus, fussent-ils d’une même portée, n’étant jamais exactement semblables. Ce qui est utile, ce sont des chiffres donnant une moyenne, sauf dans le cas où il s’agit de comparer deux formes voisines pour lesquelles la différence de taille, même minime, est un objet de comparaison.
FAUNES DES MAMMIFÈRES
DE FRANCE, BELGIQUE ET SUISSE
PUBLIÉES
par provinces ou départements.
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Le faune d’un département spécial, écrite en général par un auteur qui a vu et chassé les animaux d’une localité, est toujours très intéressante et très utile au point de vue de la faune générale d’un pays. En France, les faunes particulières des mammifères existent pour la moitié à peu près de nos départements; plusieurs d’entre elles ne sont que des compilations ou de simples listes, d’autres contiennent des observations et des études, souvent très bien faites sur les animaux de la région. Ces faunes sont beaucoup plus nombreuses en ce qui concerne les oiseaux.
Nous croyons utile d’indiquer toutes les faunes que nous connaissons relatives aux mammifères de nos départements.
Allier.—Ernest Olivier. Essai sur la faune de l’Allier (Moulins 1880).
Basses-Alpes.—Réguis. Mammifères de la Provence (Marseille 1880).
Alpes-Maritimes.—Risso. Histoire naturelle de l’Europe méridionale, particulièrement des environs de Nice (Paris 1826).
Ardèche.—Lagardette. Catalogue des mammifères de l’Ardèche (Privas 1872).
Ardennes.—Godron. Zoologie de la Lorraine (Nancy 1863).
Aube.—Ray. Catalogue de la faune de l’Aube (Troyes 1843).
Bouches-du-Rhône.—Réguis. Mammifères de la Provence (Marseille 1880).
Calvados.—Chesnon. Histoire naturelle de la Normandie (Bayeux 1835).
Calvados.—Gadeau de Kerville. Faune de Normandie (Paris 1888).
Cantal.—Delarbre. Essai zoologique sur l’Auvergne (Clermont 1897).
Charente.—De Rochebrune. Faune de la Charente (Soc. Linn. de Bordeaux 1841).
Charente-Inférieure.—Beltramieux. Faune de la Charente-Inférieure et suppl. (La Rochelle 1864-1870).
Doubs.—Ernest Olivier. Faune du Doubs (Besançon 1883).
Eure.—Gadeau de Kerville. Faune de Normandie (Paris 1888).
Eure-et-Loir.—Marchand. Faune d’Eure-et-Loir (Revue et mag. de zoologie 1861).
Finistère.—De Lauzanne. Animaux vertébrés du Nord-Finistère (Morlaix 1883).
Gard.—Crespon. Faune méridionale (Nîmes 1844).
Haute-Garonne.—Trutat. Mammifères des Pyrénées (Toulouse 1878).
Gironde.—Lataste. Mammifères non-marins de la Gironde (Bordeaux 1884).
Hérault.—Creuzé de Lesser. Statistique de l’Hérault (Montpellier 1881).
Indre.—R. Martin et R. Rollinat. Vertébrés de l’Indre (Paris 1894).
Jura.—Ogérien. Histoire naturelle du Jura et départements voisins (Paris 1863).
Loire et Haute-Loire.—Pomel. Vertébrés fossiles du bassin supérieur de la Loire (Paris 1854).
Maine-et-Loire.—Millet. Faune de Maine-et-Loire et suppl. (Angers 1828-1868).
—De Soland. Mammifères de Maine-et-Loire (Angers 1856).
Manche.—Gadeau de Kerville. Faune de Normandie (Paris 1888).
Marne.—Dr Salle. Faune de la Marne.
Meurthe-et-Moselle et Meuse.—Godron. Zoologie de la Lorraine (Nancy 1863).
Morbihan.—Taslé. Histoire naturelle du Morbihan (Vannes 1869).
Nord.—De Norguet. Mammifères du département du Nord (Lille 1867).
Orne.—Gadeau de Kerville. Faune de Normandie (Paris 1888).
Puy-de-Dôme.—Delarbre. Essai zoologique sur l’Auvergne (Clermont 1797).
Puy-de-Dôme.—R. des Prugnes. Vertébrés du Puy-de-Dôme (Feuille des jeunes naturalistes 1901-1902).
Basses-Pyrénées et Hautes-Pyrénées.—Trutat. Catalogue des mammifères des Pyrénées (1878).
Pyrénées-Orientales.—Companys. Histoire naturelle du département des Pyrénées-Orientales (Perpignan 1861).
Sarthe.—Gentil. Mammalogie de la Sarthe (Le Mans 1881).
Seine-et-Marne.—De Sinety. Faune de Seine-et-Marne (Revue et mag. de zoologie 1854).
Seine-Inférieure.—Gadeau de Kerville. Faune de Normandie (Paris 1888).
Somme.—Marcotte. Animaux vertébrés de l’arrondissement d’Abbeville (1861).
Var.—Réguis. Mammifères de la Provence (Marseille 1880).
—Gerbe. Vertébrés nouveaux de la Provence (Paris 1852).
Vaucluse.—Réguis. Mammifères de la Provence (Marseille 1880).
Vendée.—Cavoleau. Statistique du département de la Vendée (Fontenay-le-Comte 1884).
Vienne.—Mauduyt. Mammifères du département de la Vienne (Poitiers 1843).
Vosges.—Godron. Animaux sauvages des Vosges (1866).
—Lepage et Charton. Histoire naturelle du département des Vosges.
Yonne.—Paul Bert. Animaux vertébrés de l’Yonne (1864).
Alsace.—Gérard. Mammifères sauvages de l’Alsace (Colmar 1871).
Belgique.—De Selys-Longchamps. Faune belge (Liège 1842).
—Deby. Histoire naturelle des mammifères (Bruxelles 1848).
Luxembourg.—Mammifères du pays de Luxembourg (Luxembourg 1869).
Suisse.—Fatio. Mammifères de la Suisse (Genève 1869).
France entière. Rolland. Faune populaire des mammifères de France (Paris 1877).
—Trouëssart. Mammifères de France (Paris 1884).
—Bouvier. Mammifères de France (Paris 1886).
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RHINOLOPHE GRAND FER-A-CHEVAL
Les Rhinolophes sont des Chauves-Souris remarquables par un repli membraneux, plus ou moins en forme de feuilles plissées, qu’elles ont sur le nez. Ce caractère les fait reconnaître de suite.
Le Rhinolophe grand fer-à-cheval, de taille relativement grande (envergure: 0m36; corps: 0m065; queue: 0m035) a le pelage d’un gris brun roux en dessus, d’un brun pâle ou grisâtre en dessous; deux feuilles nasales, la postérieure lancéolée; les côtés de la selle un peu concaves; les oreilles larges, un peu plus courtes que la tête, à pointe aiguë; la 2e prémolaire supérieure accolée à la canine, la 1re prémolaire se trouvant en dehors de la ligne des dents; l’aile insérée au talon. Les deux sexes et les jeunes sont semblables.
En toutes saisons, ce Rhinolophe, reconnaissable à sa grande taille, habite les souterrains, les caves et les cavernes où on le trouve suspendu aux voûtes et aux parois; il ne se glisse jamais dans les fissures et dans les trous. En été, quelques sujets se réfugient dans les greniers des moulins abandonnés ou des vieux édifices situés près des eaux.
Durant les beaux jours, il sort de sa retraite, quand la nuit est tombée, et longe, d’un vol bas et peu rapide, les buissons, les avenues, le bord des rivières et les bâtiments. Il saisit alors une foule de coléoptères et de papillons qu’il dévore sans s’arrêter, mais si la proie est volumineuse, il s’accroche immédiatement à l’entrée d’une caverne, d’une maison ou à un tronc d’arbre, la tête en bas et la mange tranquillement. C’est ainsi qu’on voit, à l’entrée des grottes qu’il habite, de nombreux débris d’insectes. Si, à cette époque, on pénètre pendant le jour dans une caverne où il s’est retiré pour dormir, il s’éveille à l’approche de la lumière et se laisse difficilement saisir.
Dès la fin d’octobre commence le sommeil hibernal; ce qui n’empêche pas que, parfois, en novembre, on voit encore voler quelques-unes de ces Chauves-Souris.
Pendant les grands froids, le sommeil est profond, car on peut alors les enlever, les examiner et les remettre en place.
Cette espèce est très difficile à tenir en captivité, elle ne cesse de se meurtrir aux parois de la cage et refuse ordinairement toute nourriture.
Elle habite une grande partie de l’Europe, commune dans le Sud et plus rare dans le Nord. En France, on la trouve partout; elle est même très répandue dans le Centre, l’Ouest et le Midi. Elle est plutôt rare en Suisse et en Belgique.
Une autre espèce de Rhinolophe, le Rhinolophe petit fer-à-cheval, est assez commune en France, en Belgique et en Suisse; deux autres espèces, le Rhinolophe de Blasius et le Rhinolophe Euryale n’habitent que le Sud et le Centre de la France. Elles seront décrites dans la seconde partie de cet ouvrage.
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OREILLARD COMMUN
Cette Chauve-souris a le museau assez allongé, le nez sans repli bien net en forme de feuille, mais cependant une apparence de repli; les narines ouvertes à la partie supérieure du museau au fond d’une rainure; deux incisives de chaque côté à la mâchoire supérieure, trois à la mâchoire inférieure; les oreilles soudées ensemble à leur base, énormes, avec un oreillon de presque moitié de l’oreille, en forme de couteau assez étroit, un peu plus large en bas; les ailes courtes et larges; les jambes longues, et 36 dents.
Le pelage est brun cendré en dessus, gris jaunâtre en dessous, l’aile insérée à la base des doigts; l’envergure de 0m23 à 0m26, avec le corps d’une longueur de 0m05 et la queue de 0m045. Les deux sexes sont semblables, la femelle et les jeunes parfois plus foncés ou plus ternes. On la reconnaît de suite à ses oreilles extrêmement grandes, aussi longues que le corps.
Elle est plus ou moins commune, suivant les localités, mais généralement très répandue, dormant, le jour, cachée dans les trous de murs, les carrières ou les greniers, souvent derrière les contrevents des fenêtres, et partant, dès le crépuscule, à la recherche des petits insectes nocturnes.
Son vol rapide, très coupé et très irrégulier, est moyennement élevé. On la voit circuler à travers les branches des arbres et se frôler aux rameaux comme si elle saisissait des insectes posés sur les fleurs, ou raser la surface des eaux, ou bien chasser dans les vergers, les clairières des bois et les rues des villes.
Au printemps et en été, les femelles réunies par petites bandes, élèvent leurs petits en commun. En hiver, on la rencontre par petits groupes, et souvent solitaire, suspendue aux voûtes des cavernes et des caves, ou profondément enfoncée dans une fissure, avec les oreilles repliées le long du corps, les oreillons seuls demeurant droits.
Elle reprend de bonne heure la vie active, parfois dès les belles soirées de janvier et de février.
C’est la seule espèce du genre Oreillard habitant la France, la Suisse et la Belgique.
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VESPÉRIEN PIPISTRELLE
La Pipistrelle a le museau court, le nez sans aucun repli, les narines s’ouvrant au bout du museau, deux incisives à la mâchoire supérieure de chaque côté, trois incisives à l’inférieure; les oreilles très séparées, très peu longues, assez larges, l’oreillon peu courbé en forme de couteau obtus, ayant sa plus grande largeur au-dessus de la base; les ailes longues insérées à la base des doigts; 34 dents; les jambes plutôt courtes et fortes.
Son pelage assez variable de coloration est en général brun noir dessus, brunâtre en dessous. Les deux sexes sont semblables, les jeunes de teinte plus foncée. Envergure: 0m18 à 0m20; corps 0m038; queue 0m032.
Très petite espèce, commune partout en France, surtout dans le centre et le nord, en Belgique et en Suisse. Elle se retire dans les greniers, les écuries, les trous des murailles et des arbres, tantôt seule, tantôt par bandes. A peine la nuit venue, elle part, et d’un vol rapide et très irrégulier, circule dans les villes et autour des bâtiments, au-dessus des arbustes et des rivières et entre même dans les appartements éclairés.
L’hiver, elle se cache dans les coins des greniers, dans les trous des charpentes et dans les combles des édifices. Son sommeil est peu profond et il n’est pas rare de la voir voltiger dans une tiède soirée d’hiver. En cette saison, sa coloration est généralement plus claire qu’en été.
La Pipistrelle a été souvent conservée en captivité dans des cages et on a pu constater qu’elle absorbait une très grande quantité de nourriture, car on l’a vue manger de suite plus de 30 sauterelles ou criquets, ou bien environ 300 mouches.
Le genre Vespérien compte un certain nombre d’espèces dont nous donnerons plus loin la description.
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HÉRISSON D’EUROPE
Le Hérisson, dont le corps mesure environ 0m 24 et la queue 0m 17, a la tête large à la base, de petites oreilles arrondies, la queue velue et très courte, et 36 dents. Son pelage est composé, sur la tête, les membres, la queue et le ventre, d’une fourrure de poils d’un brun jaunâtre, plus clairs sur l’abdomen et la poitrine, et sur toutes les parties supérieures du corps, d’une série de longs piquants serrés et aigus, d’un blanc jaunâtre à leur base, noirâtres vers leur moitié et blancs au bout. Dès qu’il est inquiété, l’animal place sa tête, ses membres et sa queue sur l’abdomen et se replie en rond, ne présentant plus qu’une boule hérissée de piquants.
Le Hérisson est partout très commun, dans les haies des campagnes et dans les bois taillis. Durant le jour, il demeure caché sous un pied de taillis, un roncier ou un amas de pierres; il en sort rarement pendant le grand soleil, mais aussitôt le crépuscule, il commence à courir de côté et d’autre, dévorant tout ce qu’il rencontre, insectes de toutes sortes, lombrics, limaces, limaçons, serpents, lézards et grenouilles, mulots et campagnols, lapereaux dont il trouve le nid, jeunes oiseaux, et au besoin des racines et des fruits.
Renfermé dans une écurie, nous l’avons vu dévorer des œufs, de petits pigeons, et une personne digne de foi l’a vu attaquer, dans les mêmes conditions, de petits chiens qui venaient de naître.
Il mange les cantharides, dit-on, sans en être incommodé et attaque la vipère, ses piquants le protégeant contre les morsures, car il n’est pas certain qu’il soit immunisé, comme on le prétend, contre le venin du reptile.
C’est un animal, à la fois utile puisqu’il détruit les insectes nuisibles, les limaces, les campagnols et la vipère, et un peu nuisible puisqu’il mange du gibier et des oiseaux.
Il ne court pas très vite, mais il grimpe assez bien et au besoin escalade une muraille même élevée. Grâce à son système de défense, il est rarement tué par les animaux carnassiers; les chasseurs dont les chiens l’arrêtent souvent dans les buissons, l’épargnent ordinairement; les paysans, au contraire, le tuent généralement quand ils le rencontrent, soit pour le plaisir de le tuer, soit pour le manger.
Au mois de juin, la femelle construit, dans un roncier, au milieu des champs ou dans un bois épais, un nid d’herbes où elle dépose ses petits; elle fait ainsi deux portées par an, de chacune trois à sept jeunes. Ceux-ci, à la naissance et pendant quelques jours, ont les piquants mous, mais ils durcissent vite et sont alors plus aigus que ceux des adultes.
A la fin de l’automne, le Hérisson se cache sous d’épaisses racines, sous des rochers ou dans un fourré, et là, s’ensevelit dans un amas de feuilles sèches et de broussailles. Dès les premiers beaux jours du printemps, il se réveille et commence sa vie d’été.
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TAUPE COMMUNE
La Taupe est une bête d’environ 0m18 de longueur, sans oreilles visibles, au museau allongé terminé par une sorte de boutoir, aux membres courts, ceux de devant ayant la forme de larges mains, ceux de derrière étroits, revêtue d’un soyeux pelage noir, parfois avec nuance cendré brillant. Ses yeux sont extrêmement petits, ordinairement ouverts et munis de paupières, mais on rencontre aussi des individus ayant un œil ou les deux yeux recouverts d’une peau transparente très mince. C’est une espèce en voie de transformation, perdant le sens de la vue qui lui est souvent inutile.
Sa vie se passe presque entièrement sous terre où elle creuse de petites galeries longues et compliquées, généralement faites sur le même modèle. Elle y circule avec vivacité et y chasse les animaux qu’elle y rencontre. On ne la voit presque jamais à la surface du sol et si on l’y surprend, elle se hâte de s’enfouir en un clin d’œil. Si on ne la voit pas quand elle est sous terre, sa présence est révélée par les amas arrondis de terre qu’elle rejette et qui indiquent la direction de ses galeries. Ces monticules appelés «taupinières» sont placés irrégulièrement, tantôt éloignés, tantôt très près les uns des autres, et se trouvent dans les prés, les bois, les champs et les jardins, en toutes saisons, même en hiver, puisque, sur une couche de neige tombée de la nuit, les taupinières apparaissent comme des taches obscures, dès les premières heures du matin.
C’est dans ces galeries, sous un nid feutré d’herbes, que la femelle, après une gestation de quatre semaines, met bas, d’avril à juin, trois à six petits.
La Taupe est extrêmement vorace et ne cesse de manger les lombrics, les larves de coléoptères, les courtilières, même les campagnols et les jeunes mulots; elle attaque même ses semblables quand elle ne trouve pas autre chose.
Elle est certainement utile parce qu’elle détruit beaucoup d’insectes nuisibles, mais il ne faut pas la laisser trop se multiplier parce qu’elle fait périr les jeunes plants dans les potagers et que, dans les prairies, ses taupinières sont très gênantes pour les faucheurs.
Aussi les cultivateurs en prennent-ils beaucoup avec des pièges spéciaux tendus dans les galeries.
Les mâles sont plus nombreux que les femelles. Assez souvent, on trouve des taupes blanches et de couleur isabelle.
On a fait une seconde espèce de la Taupe aveugle (Talpa cæca Savi) qui habite certains départements des bords de la Méditerranée et qui n’est peut-être qu’une variété de la Taupe commune. Elle a la taille et les habitudes de notre espèce et en diffère par ses yeux toujours recouverts d’une pellicule et privés de paupières, par la longueur de son boutoir, par ses deux incisives supérieures médianes, beaucoup plus larges que les latérales, et sa seconde prémolaire supérieure beaucoup plus petite que la troisième, alors que, chez l’espèce ordinaire, les incisives supérieures sont toutes à peu près égales et la deuxième prémolaire supérieure aussi grande que la troisième.
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DESMAN DES PYRÉNÉES
Les Desmans tiennent le milieu entre les Taupes et les Musaraignes. Ils diffèrent de celles-ci par leur dentition. Leur museau, extrêmement allongé, se prolonge en une petite trompe très longue et très flexible qu’ils agitent sans cesse et où sont percées les narines étroitement accolées; la queue est longue, écailleuse, aplatie aux côtés. Leurs pieds ont cinq doigts réunis par des membranes; les pieds de derrière sont très grands, écailleux, portant des ongles longs et forts. Ils n’ont pas d’oreilles apparentes et portent 8 mamelles. Il y a 22 dents à chaque mâchoire.
Le Desman des Pyrénées est la seule espèce française du genre; une autre, qui habite l’Europe orientale, est le Desman de Moscovie. Celui des Pyrénées est un petit animal de 0m25 de longueur, ressemblant un peu d’apparence à une Musaraigne, pourvu d’une fourrure lustrée et soyeuse, brune en dessus, argentée en dessous. On le trouve dans les départements voisins des Pyrénées, à Tarbes, à Pau, dans l’Ariège, les Pyrénées-Orientales et aussi dans les Landes. Il n’est pas rare en Espagne et en Portugal.
Il s’établit le long des cours d’eau, dans les marais et les prairies inondées; là, il se creuse des galeries dans les fossés et les berges ou s’empare des trous creusés par les rats d’eau. Parfois, il s’éloigne des eaux et on l’a trouvé à plusieurs reprises caché dans des meules de foin.
Il chasse pendant la nuit et se nourrit de coléoptères, de larves d’insectes, de crustacés et de jeunes truites. Toujours est-il qu’on le prend assez souvent dans les filets tendus pour le poisson, et qu’on le considère comme nuisible.
Il pousse de temps en temps de légers cris et mord facilement la main qui cherche à le saisir. La femelle met bas deux petits vers la fin de janvier.
Il porte, sous la naissance de la queue, une poche d’où se dégage une très forte odeur de musc. Les chiens des chasseurs au marais le prennent assez fréquemment et le tuent, mais le rejettent aussitôt, dégoûtés par son odeur. Les autres animaux ne l’attaquent pas, sauf les gros brochets dont il devient, dit-on, assez souvent la proie.
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CROCIDURE ARANIVORE
Petite bête de 0m075 de longueur, avec la queue de 0m038, le pelage brun rouge en dessus et blanchâtre à l’extrémité des membres, les oreilles peu velues couvertes de poils courts avec seulement quelques poils longs, les dents blanches, les yeux très petits, le museau long et mobile. Une glande située sur les flancs répand une odeur fade chez le mâle. 28 dents. Les deux sexes et les jeunes sont semblables.
Le Crocidure aranivore, vulgairement la Musette, se trouve partout dans les champs, les jardins, les étables et les fumiers de fermes. Elle fait continuellement entendre de petits cris aigus et est toujours en quête de nourriture dont il lui faut une grande quantité. Tout lui est bon, insectes, lombrics, petits mammifères, petits oiseaux, cadavres d’animaux et même les autres Musaraignes, quand elle ne trouve pas mieux.
En captivité, elle est toujours active et mange avidement la viande hachée et les cadavres de souris et de campagnols dont elle ouvre tout d’abord le ventre, puis elle introduit son museau dans le corps et dévore tous les muscles, ne laissant que la peau et les gros os. Son odeur forte empêche les chiens et les chats de la manger; ils la tuent, mais la laissent sur place.
Cette espèce est certainement monogame, car on trouve presque toujours ensemble le mâle et la femelle. Elle fait, de février à octobre, de deux à quatre portées, chacune de trois ou quatre petits.
On peut la considérer comme plutôt utile que nuisible, car si elle attaque les oisillons qu’elle trouve à terre, elle détruit beaucoup de campagnols et d’insectes. Elle est répandue partout en France, en Suisse et en Belgique.
Deux autres espèces de Crocidures font partie de notre faune: la Leucode, plus spéciale aux contrées orientales, remarquable par sa queue très courte, et l’Étrusque, spéciale au Midi, reconnaissable à son extrême petitesse, à sa queue carrée et à sa dentition (30 dents au lieu de 28).
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MUSARAIGNE CARRELET
La Musaraigne Carrelet ressemble un peu à une Crocidure, mais elle s’en distingue surtout par sa queue à peu près carrée, ses dents toujours rouges au bout et sa dentition composée de 32 dents. C’est un petit animal de 0m 070 de longueur, avec la queue de 0m 040, ayant un pelage velouté brun noirâtre ou même noir en dessus, blanc ou grisâtre en dessous, avec une ligne noire sur les flancs, les oreilles petites disparaissant sous le poil, les yeux très petits, le museau long et mobile, la queue un peu plus courte que le corps et une glande odorante sur les flancs. Les deux sexes semblables, les jeunes de coloration plus terne.
Très commune partout en France, en Belgique et en Suisse où elle se rencontre assez haut sur les montagnes, elle vit dans les champs entourés de buissons et sur le bord des taillis. Nuit et jour elle circule dans le voisinage de son trou, jetant de temps à autre une menue stridulation qui la fait remarquer. Elle s’attaque à tous les petits animaux, souris, campagnols, oisillons, grenouilles, orvets, lombrics; elle-même est souvent prise par les chiens, les chats, les belettes et les putois qui la tuent incontinent mais la rejettent aussitôt, à cause de son odeur. Cette odeur, en somme, n’est guère une protection pour elle.
En captivité, elle se montre très vorace et mange avidement les petits oiseaux ou les souris qu’on lui donne. Elles s’attaquent même entre elles si plusieurs sont renfermées dans la même cage.
La femelle bâtit dans un trou de mur, sous des tas de pierres ou des racines d’arbres, un nid feutré de mousse et de feuilles, dans lequel elle dépose, de mai à juillet, cinq, six et même dix petits.
Le genre Musaraigne comprend, outre le Carrelet, deux autres espèces françaises, la Musaraigne pygmée, bien plus petite, rare en France et en Belgique, inconnue même dans certains départements, mais plutôt commune en Suisse, et la Musaraigne des Alpes, qui habite seulement les provinces montagneuses de la France, les Alpes, les Pyrénées, le Jura et le Doubs, ainsi que plusieurs localités suisses.
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CROSSOPE AQUATIQUE
La Musaraigne d’eau a une certaine ressemblance avec le Carrelet, mais elle est plus grande (corps 0m087 à 0m105 de longueur; queue, 0m55 à 0m65), a la queue quadrangulaire ciliée en dessous, les pieds forts, larges, pourvus de soies raides et 30 dents, dont le bout est rouge orangé. Le pelage fourré est d’un brun presque noir en dessus, avec une petite tache noire en arrière de l’œil, blanc ou grisâtre en dessous, la queue brune dessus et blanche en dessous, les pieds brunâtres, les yeux très petits, les oreilles arrondies à peu près cachées sous le poil, le museau long et mobile, le corps allongé et les membres courts. Les deux sexes sont semblables, mais les jeunes ont une coloration plus terne. La variété «ciliatus» a le ventre presque noir.
Cette Musaraigne répandue partout en France, en Belgique et en Suisse, est généralement très commune sur le bord des rivières, étangs et ruisseaux marécageux, où elle se creuse des trous profonds quand elle ne se loge pas dans les terriers des rats d’eau. On la voit, si on s’approche sans bruit, circuler avec une extrême vivacité sur le rivage, ou nager et plonger avec aisance et rapidité, poussant de temps en temps de petits cris sifflés.
Elle mange tous les petits animaux qu’elle peut saisir, les larves de batraciens, les œufs de poissons, les crevettes, écrevisses, tritons, grenouilles, vers et insectes, et attaque même les poissons assez gros, ce qui la fait considérer comme franchement nuisible. A son tour, elle est dévorée à l’occasion par les busards et les hérons, mais elle n’a pas beaucoup d’autres ennemis, sauf les gros brochets.
Dans un nid d’herbes, au fond de son terrier, la femelle dépose, à deux ou trois reprises, d’avril à octobre, de six à huit petits.
La taille et la couleur de cette espèce sont assez variables. On a voulu voir, mais certainement à tort, une seconde espèce dans les individus à ventre noir, car on observe toutes les colorations intermédiaires.
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CASTOR ORDINAIRE
Un Castor moyen a le corps, sans la queue, long de 0m65, la queue mesurant 0m30, mais certains Castors adultes peuvent atteindre une longueur totale de 1m10. C’est un animal à corps gros et épais, avec les membres, surtout ceux de devant, courts, les yeux très petits, les oreilles courtes, la queue ovalaire, écailleuse, très large et très aplatie en forme de battoir, les pieds postérieurs palmés. Le pelage très dense, très doux, est d’un brun marron; le tiers supérieur de la queue seul est couvert de poils et d’un brun de suie. Près de l’anus, deux paires de glandes sécrètent la matière dite «castoreum».
Le Castor ou Bièvre d’Europe, très analogue à celui d’Amérique, habitait autrefois presque toute la France. Avant le moyen âge, on le trouvait aux environs de Paris et c’est de lui que vient à une petite rivière le nom de Bièvre. Pendant le moyen âge on le trouvait aux bords de la Saône, de l’Isère, de la Somme, de la Durance, du Rhône et du Gardon. Aujourd’hui il a été détruit presque partout et l’espèce n’est plus représentée en France que par quelques individus vivant péniblement sur le Rhône et quelques-uns de ses affluents; il est malheureusement certain que bientôt il aura complètement disparu. Autrefois, il construisait des digues dans les ruisseaux, mais à force d’être inquiété et pourchassé, il a perdu ses habitudes et il vit isolé ou en petites colonies sur quelques îlots du Rhône, dans de très longs terriers creusés sur les berges.
Sa nourriture consiste en racines de nénuphars et en jeunes pousses de saules, de peupliers, de bouleaux. On sait qu’il abat les arbres et on rencontre parfois des arbres coupés par lui, reconnaissables à l’empreinte de ses dents et à la forme de la cassure.
C’est une bête tout à fait nocturne, qui nage et plonge admirablement et ne quitte jamais le rivage des rivières.
Il s’accouple pendant l’hiver et la femelle met bas, dans son trou, en avril et mai, deux à cinq petits.
Sa peau est fort estimée, sa chair plutôt bonne était autrefois classée parmi les aliments maigres, et son produit un peu démodé, le «castoreum», se vendit à un prix élevé, puisqu’une livre à l’état brut valait, il y a quelques années, plus de 250 francs.
On a trouvé sur lui un coléoptère parasite particulier, le «Platypsillus Castoris», le même parasite existant sur le Castor d’Amérique, et aussi un acarien pilicole spécial «Schizocarpus Mingaudi».
Pendant longtemps, le Syndicat des digues du Rhône, sous prétexte de prétendus dégâts compromettant la solidité des digues, payait pour chaque animal abattu une prime de 15 francs, mais, mieux informé, il a supprimé cette prime; et aujourd’hui on tend à protéger le Castor plutôt qu’à le détruire.
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ÉCUREUIL COMMUN
Tout le monde connaît l’Écureuil de France avec son pelage d’un roux vif en dessus, pendant l’été, blanc en dessous; ce pelage variant suivant les saisons et les individus, et devenant sur le dos grisâtre ou roux brun ou brun noirâtre.
L’Écureuil, dont le corps mesure, sans la queue, 0m25, et avec la queue 0m48, est commun dans les bois presque partout et il semble même, en beaucoup de localités, devenir plus répandu qu’il n’était autrefois. D’une vivacité et d’une souplesse extrême, il court sur les arbres, même sur les branches flexibles, sautant de l’un à l’autre; souvent il descend à terre, mais à la moindre alerte, il grimpe en un clin d’œil à la cime d’un arbre voisin et s’y dissimule admirablement. Blessé, il mord cruellement la main qui s’approche de lui.
L’accouplement a lieu de février à avril. Chaque couple bâtit alors sur un arbre plusieurs nids avec de la mousse et des feuilles sèches et, dans un de ces nids, la femelle, qui habite souvent séparée du mâle, met bas, après une gestation d’environ un mois, de trois à six petits. Elle fait souvent ensuite une deuxième portée.
Durant tout l’automne, il récolte des provisions de glands, faînes, châtaignes, noix et noisettes, qu’il place ordinairement dans une cavité d’arbre, sous des racines ou sous de grosses pierres. Pendant l’hiver, il se cache dans son nid, souvent avec quatre ou cinq autres qui se serrent les uns contre les autres pour se réchauffer, car ils ne s’engourdissent pas.
C’est un animal certainement très nuisible, car il attaque et ronge les bourgeons et l’écorce des conifères, arrêtant ainsi leur développement, dévaste les noyers et détruit beaucoup de nids d’oiseaux. On a même constaté, en Berry et en Touraine, que, dans les bois où il était en nombre, il ravageait la plus grande partie des nids de la perdrix rouge.
Sa chair est mangeable quand il habite les bois de chênes et de châtaigniers, plutôt mauvaise quand il se nourrit de bourgeons et des cônes des conifères. Sa fourrure d’hiver est assez estimée.
L’Écureuil est répandu presque partout en France et en Belgique; en Suisse il est commun aussi bien en plaine que dans les montagnes.
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MARMOTTE VULGAIRE
La Marmotte a la tête large, plus allongée que celle de l’Écureuil, les membres forts et trapus, façonnés pour creuser la terre, les oreilles courtes, les yeux très gros, la queue courte et poilue, dix mamelles, vingt-deux dents dont deux incisives jaunes à chaque mâchoire. Son pelage est fauve grisâtre ou roux noirâtre en dessus, roussâtre en dessous. Elle a, en moyenne, 0m65 de longueur.
Elle se trouve seulement dans les montagnes des Alpes, soit en Suisse, dans les départements de la Savoie, de l’Isère, des Hautes et Basses-Alpes et y vit à la hauteur de 1.500 à 3.000 mètres, vers la limite des neiges éternelles. Là, on les rencontre par colonies, au milieu des rochers et des éboulis, aux environs des terriers qu’elles se creusent très profondément, mangeant en abondance des plantes, des racines et des graines. Surprises par l’homme, elles poussent un très fort sifflement et rentrent prestement dans leurs trous. On prétend que si un groupe de Marmottes est au repos, l’une d’elles se place en sentinelle pour aviser les autres d’un danger possible. Des observations sérieuses ont prouvé que le fait était plutôt une légende populaire.
Après l’accouplement qui se fait au printemps, à la fin d’avril, et cinq semaines de gestation, la famille met bas dans son terrier quatre à six petits. Pendant l’été, les Marmottes passent leurs journées à manger et à se reposer, si bien que, dès le mois de septembre, elles sont en général excessivement grasses. Alors, elles quittent leur domicile d’été, lorsqu’il est placé à une certaine élévation sur la montagne et viennent habiter plus bas un terrier creusé pour l’hiver. Elles s’y réfugient, après l’avoir muré, dans une sorte de nid bien feutré d’herbes et s’y engourdissent complètement jusqu’au printemps suivant. A leur réveil, leur poids n’a guère diminué que de 200 à 300 grammes.
Les montagnards les prennent dans leurs trous d’hiver et il n’est pas rare de voir en France et en Belgique, de jeunes enfants promener des Marmottes en vie, qu’ils nourrissent de grains, de pain et même de viande, en demandant l’aumône.
La Marmotte vit de 9 à 10 ans, lappe comme le chien en buvant et broute comme le lapin.
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LOIR COMMUN
Le Loir adulte a, du museau à la naissance de la queue, 0m14 à 0m16 et environ 0m13 de queue; quatre doigts avec un pouce non développé aux pattes de devant, cinq doigts aux pattes de derrière. Son pelage est gris cendré soyeux en dessus et d’un blanc plus ou moins pur en dessous; il a des moustaches noires et quelques poils noirs autour des yeux, les oreilles moyennes, arrondies et très mobiles, les yeux noirâtres et proéminents, la queue entièrement grise avec raie blanchâtre en dessous, bien fournie de poils à l’instar de celle de l’Écureuil.
On le trouve dans la plupart des départements français du Centre et du Midi, même de l’Est, mais il est toujours assez rare; il est peut-être plus commun en Suisse, mais il n’existe probablement pas en Belgique. Il vit dans les forêts et se nourrit de toutes sortes de fruits, même de petits oiseaux. Son nid placé dans un arbre creux ou dans un trou de rocher ou de carrière est fait de mousse et de feuilles; il y entasse des provisions de fruits et de baies et, durant les grands froids, il s’y engourdit plus ou moins. En mars, il sort et l’accouplement se fait bientôt après. C’est en juin que la femelle met bas de deux à six petits.
Un Loir adulte tenu en captivité par M. Rollinat, d’Argenton, était au début très féroce et mordait cruellement, mais il s’habitua assez vite à recevoir sa nourriture qu’il finit par prendre même de la main de l’homme. Il était très friand de noix, noisettes, châtaignes, glands, fraises et pommes, tandis qu’il dédaignait le blé et l’avoine. Il refusa toujours les hannetons et autres coléoptères, ainsi que les œufs d’oiseaux, aussi les oisillons offerts morts ou vivants. Il poussait de temps en temps des cris rauques et souvent de petits cris flûtés. Ajoutons qu’un autre Loir, mis en cage par le même savant, mangeait parfaitement des œufs et des petits oiseaux.
Le Loir devient extrêmement gras. Il était autrefois, chez les Romains, un mets qu’on servait et qu’on appréciait sur les tables somptueuses.
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LOIR LÉROT
Plus petit que le Loir, le Lérot mesure seulement du museau au bout de la queue 0m22 à 0m25. En dessus, sa coloration est d’un brun roussâtre un peu violacé, blanchâtre en dessous; une bande noire part du museau, enveloppe l’œil, se bifurque à l’oreille et se termine au cou. Les oreilles sont assez longues, la queue longue noire dessus, blanche en dessous et couverte de poils assez courts à la base, mais touffue vers son extrémité. Il a, comme le Loir, quatre doigts avec un pouce non développé aux pattes de devant et cinq doigts aux pattes de derrière, et 20 dents.
Très commun presque partout en France, en Belgique et en Suisse, il vit dans les maisonnettes et les murailles des vergers et des jardins, sort surtout à la nuit tombante et commet de grands dégâts en attaquant les meilleurs fruits; il dévaste les nids des petits oiseaux et mange aussi à l’occasion des graines et des insectes.
Il se retire dans les trous de murs et bâtit quelquefois dans une haie épaisse ou dans les grands lierres grimpant aux murailles un nid de mousse en forme de boule, ou bien il s’établit dans un vieux nid de pie ou de merle. Il entre facilement dans les maisons habitées et dans les granges.
En mai ou juin, la femelle fait de trois à cinq petits qui grandissent assez vite; à l’automne, il fait ses provisions pour l’hiver, et le froid venu, s’engourdit dans un arbre creux, une cavité de carrière ou un trou de muraille. Les maçons qui démolissent, en hiver, de vieux bâtiments trouvent souvent, au milieu d’un mur, un interstice rempli de foin et sur ce lit d’herbes deux ou trois Lérots endormis, absolument inertes.
C’est un animal à détruire.
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LOIR MUSCARDIN
De très petite taille, le Muscardin est à peine long de 0m14, a les parties supérieures d’un roux doré clair et les parties inférieures d’un blanc roussâtre, les oreilles arrondies, assez larges, la tête large, la queue poilue, plus touffue au bout; comme le Loir et le Lérot, il a 20 dents, quatre doigts avec le pouce non développé aux pattes de devant et cinq doigts aux pattes de derrière. A peine gros comme une petite souris, il est extrêmement vif et court avec prestesse sur les branches des arbres qu’il ne quitte guère.
En France, il semble assez rare partout, ce qui provient probablement du fait qu’il habite les bois épais et qu’on ne l’aperçoit guère parce qu’il ne sort que le soir. On l’a observé dans la France centrale, en Normandie, dans les provinces du Nord et dans certains autres départements, aussi en Belgique. En Suisse il est assez commun, de même que dans le Jura.
Il se nourrit de fruits, baies et graines et fait avec des feuilles et de la mousse un petit nid arrondi qu’il place dans les branches d’un arbuste épais ou dans un trou d’arbre. C’est là que la femelle, après une gestation de quatre semaines, met bas de deux à quatre petits. A l’automne, il s’occupe à ramasser des provisions, noisettes et graines, faînes et châtaignes, glands et baies de rosier, qu’il entasse dans une cavité d’arbre, puis il se fait un nid pour l’hiver, dans lequel il s’endort d’un sommeil profond, dès le mois d’octobre, pour se réveiller seulement en mai.
C’est un joli petit animal, pas nuisible et qu’on peut élever en cage. Il devient assez familier, mais ordinairement il ne vit pas longtemps en captivité.
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RAT SURMULOT
Le Surmulot ou rat d’égout a, comme toutes les espèces du genre Rat, une tête moyenne à museau plutôt allongé, les oreilles grandes, les yeux assez grands, le corps allongé, les membres courts et seize dents. Son pelage est brun noirâtre ou roussâtre en dessus, blanchâtre ou grisâtre en dessous, sa queue brun roussâtre sale un peu plus courte que le corps, qui mesure de 0m42 à 0m46.
Venu en Europe de l’Asie centrale, le Surmulot est aujourd’hui répandu partout en France, en Belgique et en Suisse, toujours rare dans les campagnes mais extrèmement commun dans les villes, en particulier à Paris. Il fréquente les égouts, les abattoirs, les magasins, les caves, et se creuse des trous profonds dans les murailles, les écuries, les poulaillers, les cours. Il en sort parfois le jour, et chaque soir à la nuit tombante, pour rôder de tous côtés, mangeant tout ce qu’il trouve: débris de cuisine, provisions de toutes sortes, poissons, pigeons, petits poulets, cadavres d’animaux. Il attaque les petits lapins et poursuit le Rat noir jusqu’à l’exterminer. En général il demeure toujours près de terre et n’aime pas monter aux étages supérieurs des maisons et dans les greniers.
Très vigoureux et très brave, il mort cruellement, ne redoute aucunement les plus gros chats et se défend même contre certains chiens. Toutefois il se laisse prendre assez aisément dans les pièges et ne peut résister aux petits chiens très mordants qu’on dresse à lui faire la chasse.
La femelle fait, au fond d’un trou ou dans les tas de paille ou de bois, quatre ou cinq portées par an, chacun de cinq à treize petits. On doit donc lui faire une guerre sans merci, si on veut l’empêcher de pulluler d’une effrayante façon.
On observe assez souvent une variété noire.
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RAT NOIR
C’est le Rat ordinaire, reconnaissable à son pelage tirant plus ou moins sur le noir en dessus, cendré blanchâtre en dessous, ses oreilles grandes et dénudées, sa queue extrêmement longue. Sa taille varie de 0m40 à 0m42 de longueur, dont 0m20 à 0m22 de queue.
Probablement originaire de l’Asie centrale, il existe en Europe depuis le moyen âge, tandis que la présence du Surmulot dans nos pays ne remonte pas à deux siècles. Il est commun partout dans les villes et dans les campagnes, mais dans beaucoup de grandes villes, il disparaît devant le Surmulot et là où il reste, il habite surtout les greniers.
Rusé et circonspect, il évite assez bien les pièges et on sait quels dégâts il commet dans les endroits où il est abondant. Il dévore les grains et toutes les provisions, ronge tout ce qui lui tombe sous la dent, perfore les murs et les parquets, et en cas de disette, mange même les autres Rats. Il est à son tour détruit par certains chats, d’autres hésitant à l’attaquer quand il est adulte, par les belettes, les hermines, les fouines et les rapaces nocturnes. Il court vite, nage bien et grimpe aux arbres avec adresse. Rarement, il s’éloigne des habitations, bien qu’à l’automne il aille volontiers visiter les jardins fruitiers.
Il se reproduit en toutes saisons, même en plein hiver, et la famille n’a pas plutôt élevé ses petits qu’elle fait une nouvelle portée de quatre à dix petits dans un trou, un tas de fagots, un amas de foin ou de paille.
Cette espèce est très variable. On trouve des Rats roux à ventre blanc, d’autres tout blancs ou en partie blancs. Faut-il, comme l’ont fait plusieurs zoologistes, considérer ces Rats roux à ventre blanc et d’autres de coloration un peu différente comme des espèces spéciales ou au moins des sous-espèces? Faut-il par exemple admettre que la forme appelée «Mus alexandrinus» est une autre espèce que le Rat noir? La question est encore douteuse. Ces espèces seraient, en tous cas, extrêmement voisines les unes des autres.
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RAT SOURIS
La Souris est un petit animal en somme assez gracieux que tout le monde connaît, dont même certaines femmes ont grand’peur, sans savoir pourquoi. Elle est d’un gris plus ou moins foncé, avec de grandes oreilles dénudées et une longue queue. Adulte, elle mesure de 0m16 à 0m20.
On la trouve partout, elle pénètre dans les appartements habités, dans les armoires les mieux fermées, soit par un tout petit interstice, soit en rongeant elle-même le bois. Elle sort de son trou assez souvent le jour et toujours vers le soir, vivant de tous les reliefs qu’elle peut trouver dans les maisons. Tout lui est bon, soit pour manger, soit pour préparer une couchette à ses petits. C’est ainsi qu’elle rongera et réduira en miettes les papiers, le linge, les vêtements et touchera à toutes les provisions, grains et fruits. Malgré l’énorme destruction qu’en font les chats, tous les petits carnassiers, les oiseaux de proie et l’homme, au moyen de pièges variés, elle pullule partout.
Elle fait par an quatre à cinq portées, de chacune six à neuf petits qui grandissent en peu de jours et peuvent se reproduire un ou deux mois après leur naissance.
En Suisse, où elle est aussi commune qu’en France et en Belgique, on la rencontre encore à une grande hauteur sur les Alpes. Comme le remarque Fatio, elle n’est pas rare dans les chalets et les auberges à 2.700 mètres d’élévation, et elle y demeure toute l’année.
On trouve des Souris à pelage presque noir, ou isabelle, ou fauve, ou pie ou entièrement blanches. On a voulu voir une variété chez certains individus souvent de coloration gris fauve qui quitteraient les habitations plus volontiers que les autres pour fréquenter les champs du voisinage et les tas de paille des fermes, mais ces Souris sont bien analogues au type, et si, en tous cas, elles ressemblent un peu au Mulot, on les distinguera toujours à leur taille plus petite et parce qu’elles n’ont jamais au talon une tache foncée qui existe toujours chez le Mulot.
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RAT MULOT
Le Mulot, dont la longueur atteint 0m22 à 0m25 a le pelage d’un brun plus ou moins foncé, ou d’un beau fauve roux sur le dos, plus clair sur les flancs, blanc ou grisâtre en dessous; une tache noirâtre au talon. Les jambes de derrière sont allongées, les oreilles grandes, les yeux très gros, la queue à peu près de la longueur du corps, d’un brun noirâtre en dessus, blanchâtre en dessous.
C’est certainement un joli petit animal dont la coloration varie beaucoup, suivant les individus, l’âge et les saisons; très commun, surtout dans les années sèches, dans les bois, les haies, les champs, où il se creuse des terriers peu profonds dans lesquels il amasse, à l’automne, une petite provision de grains. C’est aussi un pillard nuisible qui coupe sur pied les blés et les avoines, dévore les grains, déterre les glands et les châtaignes semés par les forestiers, attaque tous les fruits, recherche les insectes et les grenouilles, même les œufs et les petits des passereaux. Il détruit les nids des bourdons et comme ces insectes servent beaucoup à la fécondation de certaines plantes en transportant le pollen d’une fleur à l’autre, il cause ainsi un réel préjudice à l’agriculteur. Les Mulots se mangent même entre eux.
On constate qu’il circule beaucoup, aussi bien en hiver qu’en été, car il laisse sur la neige une empreinte très reconnaissable indiquant que, au contraire des autres espèces, il court par bonds en laissant traîner sa queue. Quand la gelée est persistante, il quitte son terrier et se retire sous les meules de paille, et même dans les écuries et les granges des fermes.
Du printemps à l’automne, la femelle fait trois à cinq portées, chacune de quatre à six petits, soit au fond de son terrier, soit sous un tas de fagots ou de fumier, dans un nid arrondi, assorti de paille et de foin. Souvent, elle s’accouple aussitòt la naissance des petits et pendant qu’elle allaite encore.
Ses ennemis sont nombreux, chiens, renards, chats, oiseaux de proie, serpents. Bien souvent, nous l’avons vu attaqué par une belette. Le petit carnassier le saisit brusquement au cou, quelques gouttes de sang paraissent et le Mulot agonise à l’instant.
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RAT DES MOISSONS ou RAT NAIN
Sa longueur est à peine de 0m12 à 0m14, il est fauve sur le dos et blanc en dessous, avec les pieds fauve brunâtre, les oreilles assez courtes, la queue brune presque aussi longue que le surplus du corps, blanchâtre en dessous, les yeux moyens, les pieds allongés et blanchâtres.
Ce petit Rat nain, répandu partout en France et en Belgique, mais très rare en Suisse, habite les champs et les taillis où il est très peu ou assez commun, suivant les localités. Il se creuse un trou, mais souvent aussi passe sa vie dans les épais buissons, sous les tas de paille et au milieu des champs de blé, mangeant des graines et des insectes. Il grimpe avec une adresse extrême sur les arbustes et les tiges des céréales, et comme sa queue est un peu prenante, il s’en aide pour monter le long des brins de seigle et de froment.
Au commencement de l’été, il se construit un petit nid arrondi avec des brins d’herbes sèches entrelacés, à 40 ou 50 centimètres de hauteur, suspendu à un brin de taillis, à une branche d’aubépine ou à plusieurs tiges de seigle et de blé. Ce nid excite souvent l’étonnement de ceux qui ne connaissent pas le constructeur. La femelle y dépose quatre à huit petits et fait par an trois ou quatre portées.
L’hiver venu, il ne s’engourdit pas, mais se retire dans les meules de paille, ou même dans les granges et les écuries.
Ses ennemis sont les mêmes que ceux des autres Rats; nous l’avons même vu, surpris à terre par des poules et tué par elles à coups de bec.
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CAMPAGNOL RAT D’EAU
Les Campagnols peuvent être appelés les Rats à queue courte; six espèces habitent la France, quatre ou cinq seulement se trouvent en Belgique et en Suisse.
Le Rat d’eau, le plus grand des Campagnols, est de taille relativement très forte, atteignant à l’état adulte une longueur d’au moins 0m225. Il est brun noirâtre en dessus, gris roux assez foncé en dessous, ses yeux sont moyens, ses oreilles courtes et assez larges, sa queue dépasse à peine la moitié de la longueur du corps.
Il habite toute l’Europe et est généralement commun en France, en Belgique et en Suisse, où on l’observe à 1.400 mètres d’altitude. Il se tient presque toujours le long des rivières, des ruisseaux, des étangs et des mares. Il s’y creuse, au niveau de l’eau, des garennes assez profondes reliées entre elles par des sentiers battus et des tunnels et vit de grenouilles, d’insectes, d’écrevisses, de poissons et surtout de racines et de tiges de plantes aquatiques, même de racines de légumes.
Peu farouche, il est prudent et se retire vite dans son trou, s’il est inquiété, ou bien plonge et nage avec une certaine rapidité.
La femelle, de deux à quatre fois l’an, met bas dans son terrier de deux à sept petits, le plus souvent de six à sept.
Cette espèce est variable de taille, de coloration et d’habitude. La race dite «Musignani ou destructor» est de couleur plus jaunâtre et remplace le type en Provence et en Italie. On lui a donné le nom de Campagnol destructeur parce que, à certaines époques, en Italie, cette race, chassée du bord des eaux par les inondations, a envahi les champs et saccagé les récoltes, les vignes et les jardins. Une autre forme appelée «Campagnol terrestre» est plus petite, plus claire, plus grise et a la queue plus courte que le type, mais elle appartient certainement à l’espèce ordinaire.
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CAMPAGNOL AGRESTE
Le Campagnol agreste mesure de 0m14 à 0m16 de longueur. Sa robe est d’un brun fauve ou brun clair en dessus, d’un gris clair en dessous, avec la queue d’environ le tiers du corps, franchement bicolore, noirâtre en dessus, blanchâtre en dessous. On le trouve partout en France, en Belgique et en Suisse, plus ou moins répandu suivant les années, parfois excessivement abondant, et alors il peut commettre d’énormes dégâts dans les récoltes. Une autre espèce très voisine, également très nuisible, le Campagnol des champs, «Arvicola arvalis Pallas» est plus petite (longueur du corps 0m12 à 0m15), plus fauve en dessus avec une ligne jaune aux flancs, avec la queue à peu près unicolore, jaunâtre, d’environ un quart de la longueur du corps. Plusieurs zoologistes ne font des deux types qu’une seule espèce.
Habitant les champs, il devient par moments excessivement commun et on voit à chaque pas ses terriers à plusieurs ouvertures, où il passe en partie la journée. Le soir venu, mais souvent aussi pendant le jour, il sort en quête de nourriture et ronge avec avidité les céréales dans les champs, les plantes potagères dans les jardins, les racines dans les prairies, ramassant sur le tard des provisions pour l’hiver. En certains cas, il est une véritable plaie pour l’agriculture.
Après une gestation de vingt jours, la femelle fait dans ses trous ou même dans un nid simplement caché sous les herbes, quatre à sept petits, puis recommence de nouvelles portées quatre à six fois. Au moment des gelées, il se retire sous les meules de paille et dans les bâtiments, mais il ne s’engourdit jamais, comme le prouvent ses traces très reconnaissables par les temps de neige, sa piste étant uniforme et non interrompue par des bonds, comme par exemple celle du Mulot.
On le prend facilement aux pièges. Beaucoup d’oiseaux de proie diurnes et nocturnes, la vipère, certaines couleuvres, les belettes, les chiens de berger qui les déterrent, en détruisent une énorme quantité, mais il est tellement prolifique que l’espèce est toujours commune.
On a essayé dans le Nord, l’Est et l’Ouest de la France, toutes sortes de moyens pour empêcher ses déprédations: pièges, trappes, poison; on a même répandu des boulettes contenant un bacille cultivé exprès, et les expériences ont prouvé qu’on pouvait ainsi en tuer d’énormes quantités.
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CAMPAGNOL SOUTERRAIN
Le Campagnol souterrain, long de 0m12, est brun ou brun grisâtre en dessus, gris cendré en dessous, les oreilles nues et tellement courtes qu’on ne les distingue pas au-dessus des poils, les yeux très petits. De plus, alors que chez les autres Campagnols il y a toujours huit mamelles, le souterrain n’en a que quatre.
Cette espèce qu’on ne voit guère parce qu’elle est continuellement sous terre dans ses galeries nombreuses et profondes, est en réalité assez répandue, bien que localisée, en France et en Belgique. Fatio ne l’indique pas dans sa faune de la Suisse, mais elle s’y trouve très probablement. Elle vit dans les prés humides et les jardins où elle trouve sa nourriture consistant en racines potagères, céleri, carottes et autres, aussi dans les marécages et au bord des étangs, où elle dévore les racines des plantes aquatiques.
Après vingt jours de gestation, la femelle fait sa portée de deux à quatre petits, ce qui se renouvelle cinq à six fois par an.
Bien que ses habitudes souterraines mettent ce Campagnol à l’abri des attaques des animaux de proie et des hérons, il n’est jamais très répandu, détruit par les taupes qui le rencontrent sous terre, par les serpents qui vont le chercher dans son trou, par les belettes et aussi par les inondations qui envahissent souvent ses terriers.
Ses formes lourdes et ramassées, la brièveté des oreilles et de sa queue, la petitesse de ses yeux, le nombre des mamelles, ont décidé les zoologistes à le classer dans un genre différent de celui des autres Campagnols, le genre «Microtus Selys». On a également décrit sous les noms de Campagnol incertain et Campagnol des Pyrénées des formes très voisines, habitant les montagnes, qui appartiennent évidemment à cette espèce; aussi, sous les noms de «Arvicola gerbei Del’isle», «Selysii Gerbe», «Savii Silys», des variétés très légèrement différentes, surtout par leur coloration.
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LIÈVRE COMMUN
Tout le monde connaît le Lièvre avec son pelage fauve variant du gris au brun, ses flancs fauves ainsi que la gorge, le dessous du corps blanc, le bout des oreilles noir, la queue très courte et très velue, noire dessus, blanche dessous. Le mâle est ordinairement plus blanchâtre et plus roux, la femelle plus grise. La longueur moyenne d’un adulte français est de 0m70, et son poids de 7 à 8 livres; les Lièvres suisses sont plus grands et atteignent 9 et même 12 livres.
Le Lièvre est devenu rare dans beaucoup de départements, excessivement rare dans plusieurs du midi, commun dans certains autres et dans plusieurs provinces belges, mais là où il n’est pas protégé au moyen des chasses gardées, il diminue promptement de nombre, étant donné la chasse acharnée que lui font l’homme avec le fusil et les collets, les chiens, les renards, tous les mustelidés, les chats, les oiseaux de proie diurnes et nocturnes.
Il habite les champs et les bois et, suivant la saison, la température et des habitudes individuelles, se gîte en des endroits variés. Il aime les terrains secs et pourtant il se cache parfois en des places tellement marécageuses qu’il est presque couché dans l’eau. Son gîte est un petit emplacement battu, plus ou moins recouvert par des mottes de terre, des plantes vertes ou des ronces, quelquefois tout à découvert. D’ordinaire, il demeure en repos pendant toute la journée, tapis et gîté dans un sillon ou dans les broussailles, et se met en mouvement, au crépuscule, pour brouter toutes sortes de végétaux. S’il n’est pas dérangé, il retourne, dès les premières lueurs du jour, à son ancien gîte ou en fait un nouveau à peu de distance, fréquente toujours la même contrée, où si les mâles s’éloignent pendant quelques jours, ils ne tardent pas à y revenir.
La chasse du Lièvre aux chiens courants est particulièrement intéressante, l’animal essayant, au moyen d’une foule de ruses instinctives, de dépister les chiens. Il a l’ouïe excessivement fine, mais la vue mauvaise en ce sens qu’il voit mal devant lui et qu’il viendra, par exemple, tout droit jusqu’aux pieds du chasseur, si celui-ci demeure immobile.
Il est polygame et les mâles se livrent de violents combats; le rut durant toute l’année, on trouve des femelles pleines en toutes saisons et souvent une hase, nom de la femelle, s’accouple quand elle nourrit encore ses petits. Le nombre des portées est de deux à quatre, de chacune deux ou trois petits, très rarement quatre. Les jeunes qui croissent vite sont déjà aptes à reproduire au bout de huit ou neuf mois.
La gestation dure un mois. Les petits sont déposés dans un fourré, sous d’épaisses ronces, au fond d’un fossé, sous des bruyères, tandis que la mère ne reste pas avec eux et se gîte à peu de distance. Dès qu’ils peuvent courir, les levraults se cachent aux environs et accourent lorsque la femelle fait entendre un cri d’appel très particulier. Autrement, le Lièvre est une bête muette qui pousse son cri de détresse seulement lorsqu’il est saisi par un ennemi.
On trouve des cas d’albinisme plus ou moins complet.
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LIÈVRE CHANGEANT
Cette espèce diffère de l’espèce commune en ce que la taille est un peu inférieure, les oreilles plus courtes et la coloration variable, l’animal étant, en été, d’un gris fauve ou roux avec la queue grise ou blanche, et devenant, en hiver, entièrement blanc, le bout des oreilles demeurant noir en toutes saisons. La livrée d’hiver commence à se montrer à la fin de septembre au moyen de la croissance de nouveaux poils; la livrée d’été reparaît à la fin de mars. Dans l’état de transition, l’animal paraît comme saupoudré de gris.
Il se rapproche plus du Lapin que ne fait le Lièvre ordinaire.
Cette forme, inconnue en Belgique et dans la plus grande partie de la France, se trouve seulement dans les montagnes des Alpes et des Pyrénées; encore, dit-on, ce qui n’est pas prouvé, que les Lièvres des Alpes sont un peu différents de ceux des Pyrénées.
Le Lièvre variable a tout à fait les habitudes et les mœurs de notre Lièvre; il ne quitte jamais les endroits montagneux et monte jusqu’à 3.200m d’altitude en Suisse. La femelle fait, au mois d’avril, une première portée de deux à quatre petits, suivie d’une seconde, rarement d’une troisième.
Sa chair ne vaut pas celle du Lièvre ordinaire, mais il est, comme son congénère, pourchassé par l’homme, les renards et les aigles. Pourtant, la variation de son pelage lui est évidemment très utile pour se dissimuler aux yeux de ses ennemis. En effet, au moment où la neige commence à couvrir la terre, son pelage s’est moucheté de blanc et bientôt après il est d’un blanc pur, sauf le bout des oreilles, si bien qu’il est très malaisé de l’apercevoir gîté sous une pierre ou sous des racines.
Fatio dit qu’en Suisse cette espèce s’accouple de temps en temps avec l’espèce commune et il a vu des hybrides sauvages. Elle serait moins solitaire que notre Lièvre et se réunirait parfois en petites compagnies pendant la mauvaise saison.
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LIÈVRE LAPIN
Le Lapin sauvage est de coloration grise plus ou moins brune en dessus, fauve rousse à l’occiput et sur le cou; ses oreilles plus courtes que la tête sont entièrement grises; la queue noirâtre en dessus est blanche en dessous. La longueur du corps d’un adulte est d’environ 0m46.
Le Lapin est répandu partout, mais tandis qu’il pullule en beaucoup de localités, il est rare dans d’autres et ne réussit pas toujours là où on essaie de l’acclimater. On sait qu’il se creuse des terriers profonds; pourtant, quand il n’est pas trop inquiété par les renards et par les chiens et quand les belettes et les putois qui visitent ses terriers sont nombreux dans la contrée, il prend l’habitude de vivre sans trou et se défend en vivant au milieu des buissons ou en se jetant dans un trou de hasard, même dans un arbre creux.
Il est essentiellement polygame et les mâles se battent à chaque instant. Lorsque, après un mois de gestation, la femelle veut mettre bas, elle creuse un trou peu profond, dit rabouillère, dans lequel elle entasse des herbes qu’elle revêt d’une épaisse couche de ses poils et y dépose de trois à sept petits. Elle fait, suivant son âge, de quatre à six portées par an. Si elle s’éloigne de son nid, elle le recouvre de poils et bouche l’entrée. Jamais elle ne fait ses petits dans son terrier ordinaire, car le mâle qui les trouverait les tuerait immédiatement.
Dans certaines chasses gardées, on tue les lapins par milliers; ailleurs, on les chasse au chien d’arrêt, aux chiens courants et, quand ils sont terrés, on essaie de les faire sortir avec un furet.
La variété noire du Lapin sauvage n’est pas très rare, les variétés isabelle et blanche sont beaucoup moins communes.
Le Lapin a été domestiqué depuis longtemps et l’homme, au moyen de la sélection, a créé de nombreuses races bien fixées, remarquables par leur coloration ou par leur taille qui peut devenir énorme.
Un fait certain, c’est que le Lièvre et le Lapin ne se sont jamais croisés à l’état libre, mais on a prétendu être parvenu à faire accoupler le lièvre mâle avec la lapine et avoir ainsi obtenu des hybrides dits «Léporides». Il semblerait qu’on dût admettre l’affirmation d’éleveurs qui disent avoir obtenu ces produits, mais d’autre part le fait est nié énergiquement par la plupart des zoologistes et il a toujours été prouvé que les animaux présentés comme léporides n’étaient, après examen des os et des viscères, que des lapins. On doit donc, jusqu’à présent, mettre en doute l’existence du croisement des deux espèces.
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CHAT SAUVAGE
Le Chat sauvage est revêtu d’un pelage épais et soyeux, gris un peu fauve marqué de bandes noirâtres, avec une raie noire sur le dos; le menton, la gorge et les côtés du nez blanchâtres; la queue de grosseur uniforme annelée et terminée de noir. La longueur de son corps est de 0m70, celle de la queue de 0m35: la hauteur au garrot de 0m35 à 0m40. On a vu des mâles adultes peser jusqu’à 12 kilog., tandis que les femelles, toujours plus petites et plus fauves, ne dépassent guère la moitié de ce poids.
Commun en France, en Belgique, en Suisse, il y a un siècle et moins, il est devenu beaucoup plus rare. Il se tient dans les bois et se loge dans les cavités des rochers, les gros arbres creux ou les vieux trous de blaireaux et de renards. Rarement il sort pendant le jour, mais il se met en chasse dès le crépuscule, poursuit et guette alors les lièvres, lapins, rats, écureuils, oiseaux de toutes sortes et attaque même les jeunes chevreuils: on ne le voit jamais près des fermes parce qu’il n’ose pas s’aventurer hors des fourrés, au contraire de nos chats devenus à demi-sauvages.
Chassé par des chiens courants, il se fait ordinairement battre pendant une demi-heure, puis grimpe sur un arbre pour s’y cacher derrière une grosse branche, dans une cavité du tronc ou sur un vieux nid de pie. Il sait alors se ramasser et se dissimuler si bien que, malgré sa grande taille, il est assez difficile de l’apercevoir. Blessé, il devient redoutable et se défend avec énergie.
Des chasseurs ayant, au mois de décembre, lancé un renard, le firent terrer dans un trou où se trouvait déjà un chat d’environ 6 kilos. A la suite d’une bataille, le renard finit par étrangler le chat, mais il est certain qu’un renard doit rarement venir à bout d’un adversaire aussi vigoureux.
Parfois, lorsqu’il chasse pendant le jour, les pies, corbeaux et geais le poursuivent de leurs cris, ce qui éveille l’attention des chasseurs et devient souvent la cause de sa perte.
Il est polygame et les mâles sont plus nombreux que les femelles, puisque, sur vingt animaux, nous avons trouvé dix-sept mâles, et d’autres constatations ont donné le même résultat.
Neuf semaines après l’accouplement qui a lieu à la fin de l’hiver, la femelle fait, vers le mois d’avril, trois ou quatre petits dans un vieil arbre creux, dans une cavité de rocher ou à terre, dans un fourré impénétrable.
Le Chat sauvage s’accouple quelquefois avec les chats domestiques qui ont repris dans les bois la vie errante, mais ces derniers, qui savent moins bien se défendre, périssent toujours rapidement de male mort. Toutefois, on trouve de loin en loin des chats qui sont évidemment des métis.
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GENETTE VULGAIRE
La Genette, qui seule représente chez nous la famille des Viverridés, a la tête longue et fine, les oreilles longues, le corps long et souple, les membres assez hauts avec des ongles à demi rétractiles pointus. Son pelage est gris cendré, marqueté de nombreuses taches noires, sauf à la gorge, à la poitrine et au ventre; le dos porte une raie noire; la queue est annelée de noir: le menton et le museau sont noirs. Deux glandes placées près de l’anus répandent une odeur musquée, plutôt très agréable.
Le corps sans la queue mesure 0m47, la queue 0m41; la hauteur au garrot est de 0m19.
La Genette est une bête extrêmement gracieuse, vive, légère et vigoureuse qui, d’apparence, tient le milieu entre les chats et les mustelidés. Elle se trouve en France, surtout au sud de la Loire jusqu’en Espagne, et à l’Est ne dépasse pas le Rhône. On l’a cependant observée dans plusieurs départements au nord de la Loire. Elle n’existe ni en Suisse ni en Belgique. Elle est rare dans la plupart des départements où on la trouve, sauf dans quelques localités du Centre et de l’Ouest où on l’observe assez fréquemment, tandis qu’en Vendée elle paraît très commune, puisque, en 1909, un même envoi fait de ce département à Paris contenait 14 Genettes.
Elle vit dans les grandes forêts et n’en sort guère pour se rapprocher des habitations. Elle chasse la nuit, se glisse dans les fourrés, grimpe parfaitement aux arbres et se nourrit de toutes sortes d’oiseaux et de petits mammifères.
Surprise par les chiens ou par l’homme, elle se perche immédiatement et cherche à se dissimuler dans le feuillage; ce qui lui est facile à cause de sa coloration. Parfois, elle se laisse chasser un instant et s’introduit dans la cavité d’un vieux chêne. Elle se prend facilement dans les assommoirs tendus par les gardes.
Sa portée est de deux petits, rarement trois, qu’elle dépose sur un lit de feuillage dans un gros tronc d’arbre ou dans un trou de blaireau.
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MARTE FOUINE
La Fouine ressemble beaucoup à la Marte des sapins; chez elle le dessus du corps est brun, la gorge, le dessous du cou et la partie antérieure de la poitrine d’un blanc pur, la queue, garnie de longs poils, est d’un brun foncé. Sa longueur est de 0m68 à 0m73; sa queue seule est longue de 0m25.
Très commune presque partout, la Fouine vit isolée ou par couples dans les bois et, à certains moments, dans les granges, les bâtiments abandonnés et jusque dans les greniers des petites villes. Elle chasse la nuit et se nourrit de toutes sortes d’oiseaux, de petits mammifères, de volailles, de fruits et d’œufs. Quand elle a enlevé des œufs dans un poulailler, elle les cache soigneusement, souvent dans des endroits inaccessibles et va ensuite les manger quand elle a faim. Elle est d’une extrême agilité et grimpe aux arbres et le long des murailles avec une prestesse remarquable.
Le chasseur aux chiens courants lève souvent dans les forêts une Fouine qui se fait battre sans quitter les fourrés les plus épais et qui, trop vivement poussée, grimpe au sommet d’un arbre où elle se dissimule dans une cavité ou dans un vieux nid de pie. Mais c’est surtout l’hiver qu’on détruit les Fouines en grandes quantités, en les cherchant dans les granges et bâtiments des campagnes remplis de bois, de paille ou de foin. En certains départements, des gens font métier, pendant quatre mois d’hiver, de rechercher ainsi les Fouines; ils ont avec eux plusieurs petits chiens sans race qui, une fois dressés, suivent intrépidement avec ardeur leur gibier sous les fagots, sur les poutres, même sur les toits. Le tireur a souvent alors l’occasion d’apercevoir la bête qui pourtant se défend avec habileté. Ces chasseurs vendent généralement la peau d’une Fouine de 15 à 25 francs, et plusieurs se font, de cette manière, un revenu important. On la prend aussi à l’aide de pièges amorcés d’un œuf ou d’une pomme.
La Fouine n’a guère d’autre ennemi que l’homme; aussi, elle pullule là où on ne la détruit pas.
C’est en avril, mai et juin que, après une gestation de neuf semaines, elle met bas deux à cinq petits sur un lit de mousse, de feuilles et d’herbes, établi dans un grenier, et plus souvent dans un tas de fagots ou dans un arbre creux.
On rencontre de loin en loin des Fouines dont le pelage est en partie blanc ou de couleur isabelle.
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MARTE DES SAPINS
Comme la Fouine, la Marte a la tête assez large avec le museau un peu pointu, les oreilles arrondies assez courtes, les yeux moyens, le corps long et souple, la queue longue, la marche semi-plantigrade, presque digitigrade, c’est-à-dire qu’elle marche en partie sur les doigts et en partie sur la plante des pieds. Elle a le dessus du corps brun foncé, la gorge, le dessus du cou et la partie antérieure de la poitrine d’un jaune clair orangé. Les poils de la queue sont plus longs que chez la Fouine, les pieds plus velus en dessous, les membres plus robustes.
Sa longueur est de 0m70 à 0m74, celle de la queue seule est de 0m25.
La Marte se trouve presque partout en France, dans les grandes forêts, mais elle n’est commune nulle part et peut même être dite tout à fait rare dans les départements du Midi. En Belgique, elle n’habite que dans l’Ardenne et n’est pas trop rare en Suisse. Elle ne pénètre à peu près jamais dans les bâtiments et habitations et demeure dans les endroits les plus sauvages où elle passe la journée, cachée dans une cavité d’arbre ou dans un fourré impénétrable. La nuit, elle chasse aux oiseaux, à tous les petits mammifères et ne dédaigne pas les fruits et le miel. Elle cache même, comme fait aussi la Fouine, des œufs d’animaux dans des troncs d’arbres ou de rochers pour les manger plus tard. Elle est d’une agilité merveilleuse et passe sur les arbres une partie de sa vie.
Levée par les chiens, elle file dans les coulées feuillues des bois et grimpe rapidement au sommet d’un grand arbre où elle se cache le mieux possible. Lorsqu’elle s’arrête pour écouter, elle aime à s’asseoir sur son train de derrière, à l’instar de l’écureuil.
Ordinairement, elle vit par couples et fait ses petits au nombre de trois à cinq dans un tronc d’arbre, une anfractuosité de rocher ou un tas de fagots, au mois d’avril ou de mai. La gestation est de neuf semaines.
On en trouve de couleur isabelle. Sa fourrure est encore plus estimée que celle de la Fouine. Comme cette dernière, c’est une bête très nuisible qui détruit beaucoup de gibier, mais comme elle est très rare, sa destruction s’impose moins que celle de la Fouine qui, très commune, tue aussi le petit gibier et de plus dévaste les poulaillers.
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BELETTE COMMUNE
Ce petit animal a la tête assez courte, les oreilles petites et arrondies, les yeux moyens, la queue fauve courte ou assez courte, le corps très allongé; sa marche est presque digitigrade. Son pelage est roux ou fauve, parfois plus ou moins brun, sa gorge et ses parties inférieures blanches. Elle mesure de 0m17 à 0m20 de longueur, la queue seule est longue de 0m04 à 0m06.
Très commune partout, elle habite les haies épaisses, les ronciers, la lisière des bois, les tas de pierres, entre au besoin dans les fermes à la recherche des petits rongeurs, attaque les lièvres et les lapins, les perdrix et les oiseaux, pille les nids, visite les terriers des campagnols et des mulots qu’elle tue en un clin d’œil, et emporte souvent sa proie dans son terrier, un trou de mulot qu’elle a choisi pour s’y retirer et dans lequel elle amasse parfois jusqu’à huit à dix cadavres frais de petits rongeurs. Elle s’introduit même dans les galeries des taupes, saisit les alouettes prises dans les lacets des tendeurs et, quand elle a faim, ne dédaigne pas les grenouilles, les lézards et les orvets. En un mot, elle dévore toutes espèces de petites bêtes vivantes, parfois beaucoup plus grosses qu’elle-même.
Elle est certainement utile, parce qu’elle détruit une énorme quantité de campagnols et petits animaux malfaisants, mais elle est encore plus nuisible à cause de la masse de gibier, de petits oiseaux et de lézards qu’elle tue.
Elle court vite par suite de petits bonds, pénètre partout grâce à sa petite taille et à son agilité, mais elle ne grimpe pas aux arbres.
L’appariage a lieu en mars et après une gestation de cinq semaines, la femelle fait dans le pied d’un arbre creux ou sous de grosses pierres trois à six petits.
On observe de temps à autre des Belettes albinos; et en Suisse, on trouve, pendant l’hiver, des individus ayant pris une livrée grisâtre sans cependant être jamais blanche.
Sa fourrure ne sert à rien.
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BELETTE HERMINE
L’Hermine notablement plus grande que la Belette (longueur du corps 0m25 à 0m28, avec la queue de 0m12 à 0m13) est plutôt très répandue partout et cependant mal connue. Son pelage varie beaucoup selon les saisons: En été, il est d’un brun roux avec le bout de la queue noir et toutes les parties inférieures blanches; en hiver, il devient d’un blanc pur, sauf le bout de la queue qui reste noir, mais beaucoup de sujets, en France et en Belgique, ne deviennent pas entièrement blancs et gardent un pelage légèrement marbré ou tapiré de roux. Dans le Nord, au contraire, elle devient entièrement blanche, sauf l’extrémité de la queue.
L’Hermine habite presque toute la France, elle est commune dans le Nord et une partie du Centre, plus rare dans l’Ouest et le Midi, assez répandue en Suisse et inconnue en Provence.
Bien moins connue que la Belette avec laquelle on la confond, elle vit dans les bois, les taillis rocailleux, les haies touffues, s’introduit dans les greniers et donne la chasse à tous les petits rongeurs jusqu’au lièvre, aux oiseaux, aux lézards, mange les œufs, mais attaque rarement les volailles. Elle fait une telle guerre aux lapins qu’elle pourchasse au fond de leurs terriers qu’en certaines garennes elle les détruit jusqu’au dernier en peu de temps. On trouve souvent des œufs de poule bien cachés dans quelque endroit retiré. C’est l’Hermine ou la Fouine qui les ont ainsi transportés et dissimulés pour les retrouver en cas de besoin; et on se demande comment un si petit animal peut porter si loin, sans le briser, un objet aussi difficile à saisir qu’un gros œuf de poule.
La femelle met bas, en avril et mai, cinq à six petits, le plus souvent dans une cavité basse d’arbre, car elle grimpe mal.
Cette espèce varie beaucoup de taille; les individus du Nord sont beaucoup plus grands que ceux du Centre.
Sa fourrure d’été ne peut servir à rien, mais celle d’hiver a une valeur importante.
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BELETTE PUTOIS
Le Putois, long de 0m40 (queue 0m17), a le pelage brun noirâtre en apparence, mais ce pelage est composé d’une épaisse fourrure jaunâtre surmontée de longs poils noirâtres; les oreilles sont petites, bordées de blanc; entre l’œil et l’oreille une grande tache blanchâtre; une bande blanchâtre entourant les lèvres et s’élargissant un peu de chaque côté du nez et sous le menton; la queue noire. Des glandes placées près de l’anus répandent une odeur pénétrante.
C’est une espèce commune partout en France, en Belgique et en Suisse, dans les bois, les lieux couverts de rochers et de carrières abandonnées, et même exceptionnellement dans les greniers des fermes. Le mâle et la femelle vivent ensemble pendant la plus grande partie de l’année.
Surtout à la nuit, le Putois sort de l’arbre creux, du trou de rocher, du tas de pierres ou du terrier de lapin qui lui sert de demeure pour aller à la recherche des rongeurs, oiseaux, grenouilles, serpents ou mollusques qui composent sa nourriture. Quand il est dans le voisinage de fermes, il s’introduit dans les poulaillers pour y manger les œufs, et dans les garennes il est la terreur des lapins.
Vers le mois de mai, la femelle, après deux mois de gestation, dépose dans un nid grossièrement fait, sous un tas de fagots, dans un arbre creux ou un terrier approprié par elle, quatre à sept petits qu’elle mène bientôt avec elle pourchasser les lapins jusqu’au fond de leurs galeries.
On le prend assez facilement aux pièges et les chasseurs le tuent lorsque assez souvent ils le rencontrent dans les bois ou les buissons. Sa fourrure n’a qu’une très mince valeur.
En captivité il est toujours très farouche et nous ne connaissons pas d’exemple qu’on ait pu l’apprivoiser. Et pourtant le Furet domestique n’est évidemment qu’un Putois!
Un Putois à tête blanche a été tué dans le département de l’Indre.
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FURET COMMUN
Le Furet n’est certainement pas une espèce distincte du Putois (Mustela putorius L.); ce n’est pas autre chose que le Putois élevé par l’homme en captivité et dressé par lui à chasser les lapins au fond de leurs terriers. Il lui ressemble, du reste, presque absolument, s’accouple avec lui et produit des métis féconds, tantôt ayant une coloration à peu près identique à celle du Putois, tantôt une couleur plus claire, tantôt ayant le pelage blanchâtre ou jaunâtre des animaux albinos, d’autant mieux que le pelage se modifie très facilement chez les animaux domestiques.
On a dit qu’il pouvait provenir d’une espèce éteinte, ce qui n’est pas probable, ou d’une espèce de Putois d’Afrique, mais comme cette prétendue espèce n’existe pas et que rien ne prouve qu’elle ait existé autrefois, on doit le considérer simplement comme la race domestique du Putois.
Le Furet passe sa vie à dormir et à manger. On le nourrit de lait, de pain trempé, de viande; il dévore avidement les petits oiseaux. Il se laisse manier facilement et est généralement assez doux. S’il s’échappe et recouvre la liberté, à laquelle il n’est pas habitué, il languit et périt vite victime d’un accident. Nous en avons vu plusieurs, égarés dans les champs, harcelés et même tués par les pies et les corbeaux qu’ils ne savaient pas éviter.
On l’emploie uniquement à la chasse du lapin. Placé à l’entrée du trou, il s’y glisse et pénètre jusqu’au fond des galeries. Là, il saisit le lapin ou le force à sortir pour se présenter au filet ou au fusil du chasseur.
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BELETTE VISON
Formes à peu près comme celles du Putois. Pelage entièrement brun foncé, plus sombre sur les parties supérieures, sans bourre jaunâtre; queue noirâtre proportionnellement moins touffue et plus longue que chez l’espèce précédente, le corps un peu plus allongé; la couleur blanche s’étendant seulement autour des lèvres, de chaque côté du museau et au menton, les pieds à demi palmés. Il a, de même que le Putois, une odeur très forte et très persistante. On l’en distinguera à sa tête un peu plus fine, un peu plus courte, à son pelage plus égal et à la demi-palmure de ses doigts.
Son corps mesure 0m35 à 0m37 de longueur, sa queue de 0m15 à 0m19.
Le Vison, appelé aussi Minck ou Norek, est un Putois adapté à la vie aquatique. On l’a observé en France dans le Centre et presque partout dans l’Ouest, dans la Gironde, en Bretagne, où il est même commun en Ille-et-Vilaine, en Normandie, dans l’Oise, dans les Vosges. Comme, du reste, il se plaît dans les pays d’étangs, il ne se trouve guère que dans les contrées plus ou moins marécageuses et on le chercherait en vain dans les localités sèches. C’est pourquoi on le voit seulement là où coulent des rivières lentes et où s’étendent des eaux stagnantes. Il se creuse un terrier dans les berges des étangs entourés de bois, nage et plonge à la perfection et poursuit dans l’eau les poissons, les grenouilles, les rats d’eau ou essaie sur les rives de capturer des oiseaux ou des lapins. Quand il est surpris à terre, il se jette immédiatement à l’eau, à la manière de la Loutre, tandis que le Putois cherchera toujours un refuge dans les buissons voisins.
En avril-mai, la femelle met bas trois à six petits.
Un Vison captif est demeuré toujours farouche, refusait la viande et se nourrissait seulement de poissons.
En fait, cette espèce est, par ses formes, tout à fait près du Putois, tandis que, par ses mœurs et sa coloration, elle est très voisine de la Loutre.
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LOUTRE VULGAIRE
La Loutre a la tête large, le museau très large et assez court, les yeux petits, les oreilles très petites et arrondies, les pieds palmés, la queue très large à sa base, très robuste, longue et amincie peu à peu au bout. Sa marche est à peu près plantigrade. Le pelage fourré est brun, sauf la poitrine et le ventre qui sont brun-grisâtre, la gorge, les joues et le museau qui sont plus ou moins gris; la taille est de 0m80 de longueur, la queue mesurant 0m40.
La Loutre habite l’Europe entière et une partie de l’Asie. C’est une bête qu’on ne voit guère et qui est pourtant assez commune sur beaucoup de rivières, de ruisseaux et d’étangs. Elle est, du reste, assez nomade et apparaît dans les localités où on ne la voyait pas auparavant.
Les Loutres de rivière se creusent dans les berges des terriers profonds à plusieurs ouvertures dont une au moins donne sous l’eau. Elles sortent peu dans le jour et se mettent en chasse à la nuit close; elles s’aventurent alors, en suivant le fil de l’eau, jusqu’au milieu des villes puisqu’on en trouve parfois dans les nasses à poisson où elles sont entrées et se sont noyées.
Celles qui habitent de vastes marais sauvages n’ont pas de trou. Elles chassent surtout la nuit et font, durant la journée, la sieste, couchées sur une motte herbue où le chasseur peut les surprendre par un temps chaud. Quelques-unes se cachent, le jour, dans les bois épais à proximité d’un étang et aussitôt dérangées filent avec rapidité directement vers l’eau. Il existe en France quelques équipages de chiens courants spéciaux qui la lèvent et la suivent sur les petites rivières; c’est une chasse difficile et intéressante qui ne peut avoir lieu que de loin en loin, parce que l’animal est assez rare et malaisé à rencontrer.
Elles nagent admirablement et peuvent demeurer sous l’eau au moins une minute. Leur nourriture consiste surtout en poisson, mais au besoin elles attaqueront les oiseaux et les lièvres. Elles détruisent une très grande quantité de gros poissons, aussi sont-elles considérées comme très nuisibles par les pêcheurs et propriétaires d’étangs.
La femelle porte neuf semaines, fait probablement deux portées par an de chacune deux ou trois petits et met bas en toutes les saisons, car on trouve, en décembre et janvier, sur la surface glacée des étangs, de gros nids d’herbes aquatiques dans lesquels reposent les petits nouvellement nés. Près du nid est un trou dans la glace par où plonge la mère.
En captivité la Loutre s’apprivoise bien et peut même être dressée à chasser le poisson pour son maître.
On a observé des Loutres albinos ou tapirées de blanc.
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BLAIREAU COMMUN
Le Blaireau, animal de 0m76 de longueur avec 0m17 de queue, a la tête blanche surmontée de deux bandes d’un brun noir partant du museau et rejoignant l’occiput en couvrant chacune un œil, cette tête assez petite relativement au corps qui est gros, trapu, assez allongé, couvert de longs poils durs, blancs à la base, noirs dans leur tiers supérieur et blancs à l’extrémité, avec, dessous, une fourrure blanchâtre. Les membres, le dessous de la gorge, du cou et de la poitrine sont noirs ou d’un brun noir, les yeux assez petits, les oreilles petites et rondes, la marche presque plantigrade.
Le Blaireau, rare en certaines contrées, est très commun en d’autres; on le rencontre d’une façon générale presque partout en France, en Belgique, en Suisse. Il habite les bois, les vignes où se trouvent des carrières et les coteaux rocheux. Fouisseur de premier ordre, il se creuse de longs terriers, le plus souvent sous des rochers et y vit seul ou en famille. Il est certainement monogame, car le mâle et la femelle vivent ensemble en toute saison.
Il est omnivore et mange tout ce qu’il trouve: cerises, fraises, raisins, noix, glands, miel des bourdons, insectes de toutes sortes, notamment les grillons, lézards, serpents, même les vipères, grenouilles, petits mammifères et petits oiseaux; il est nuisible parce qu’il détruit beaucoup de jeunes lièvres, lapins et perdreaux et cause dans les vignes de grands dégâts.
Les chasseurs le tuent rarement parce qu’il demeure ordinairement au fond de son terrier pour n’en sortir qu’à la nuit tombante avec des précautions extrêmes. Il semble redouter le piège ou l’affûteur autour de sa retraite; aussi est-il difficile de le tirer au sortir de son trou, tandis que, une fois en quête de nourriture, il est beaucoup moins soupçonneux, et si, parcourant un bois, au clair de lune, il aperçoit un homme, il s’arrête à peu de distance en flairant d’un air étonné. Lorsque par un beau temps il ne rentre pas au terrier, il se cache pour la journée au plus épais d’un fourré ou sous un aqueduc à sec, mais s’il est dérangé, il file droit sur son logis. En général, il rentre chez lui au petit jour. L’hiver, il sort très peu.
On le chasse aussi avec des petits chiens très mordants qui vont le chercher sous terre et indiquent par leurs aboiements la place qu’il occupe aux chasseurs qui piochent le sol pour arriver jusqu’à lui. Mais c’est pour les hommes un dur travail et pour les chiens une besogne dangereuse, car le trou est profond et le Blaireau qui a la mâchoire d’une grande puissance, se défend courageusement et mord avec une extrême ténacité.
La femelle porte dix à douze semaines, et de décembre à mars, met bas dans son trou, de trois à cinq petits.
Les chasseurs et les paysans distinguent les Blaireaux à tête de chien et ceux à tête de cochon, cette distinction ne repose que sur l’état de maigreur ou d’embonpoint de l’animal.
Sur la planche, lire «Taisson» et non «Faisson».
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OURS BRUN
L’Ours brun a la tête voûtée et grosse, les yeux petits, les oreilles courtes et velues, le museau allongé, le corps lourd et massif, les membres épais, les postérieurs un peu plus courts, les ongles forts, non rétractiles, la queue presque nulle. Sa marche est plantigrade. Le pelage long et fourré est d’un brun plus ou moins jaunâtre ou noirâtre, parfois grisâtre. La longueur du corps d’un adulte est de 1m50 à 1m85; son poids varie de 350 à 500 livres.
L’Ours brun habite encore certaines contrées de l’Europe et vit confiné dans les montagnes où il se peut mieux défendre; il tend, du reste, à disparaître. Il n’existe plus en Belgique, il est très rare en Suisse; en France, on trouve encore quelques individus dans les Alpes et les Pyrénées, l’Ours des Pyrénées étant un peu plus petit que l’autre.
Il passe sa vie dans une tanière établie dans une large anfractuosité de rocher ou au fond d’une grotte, dans les sites les plus sauvages de la montagne, et sort la nuit à la recherche des fruits, des grains et racines et des insectes, ainsi que des mammifères. Il mange des bourgeons, des champignons, des fourmis et, quand il le peut, du miel. Pressé par la faim, il s’attaque aux moutons, aux veaux et même aux vaches, mais il n’affronte pas l’homme, à moins qu’il ne soit blessé ou pour défendre sa progéniture.
Malgré sa lourdeur, il court vite et grimpe parfaitement aux arbres fruitiers. Assailli ou assaillant, il se dresse debout et attaque avec ses pattes de devant.
L’accouplement a lieu en août-septembre et, six mois après, la femelle fait dans sa tanière un ou deux jeunes qui naissent extrêmement petits et faibles, mais grossissent ensuite assez vite. En hiver, époque où il est devenu très gras, il sort rarement et dort presque toujours.
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LOUP COMMUN
Le Loup est d’un fauve noirâtre en dessus, fauve en dessous, il a la gorge blanchâtre, les pattes fauves, celles de devant avec une raie noire antérieure, la queue longue, touffue, fournie de longs poils d’un fauve noirâtre dessus, fauve clair dessous jusqu’aux deux tiers de sa longueur, puis noirâtre jusqu’à l’extrémité. Le pelage blanchit lorsque l’animal est vieux et devient souvent tout gris. Il a la tête large, le cou gros et les mâchoires très puissantes. La longueur du corps est de 1m15, celle de la queue de 0m35, la hauteur au garrot de 0m60. L’empreinte de ses pieds est plus allongée que celle du chien.
Le Loup, autrefois si commun, devient extrêmement rare en Belgique, en Suisse, si tant est qu’il y existe encore, et même en France où il ne séjourne plus que dans quelques départements. Il vit solitaire ou par deux ou trois dans les grandes forêts et par moments s’arrête dans les petits bois épais. Il se nourrit de lièvres, chevreuils, petits mammifères et, en cas de disette, mange les colimaçons, les grenouilles et les fruits, mais ses victimes les plus ordinaires sont les chiens, les moutons, les oies et les dindons. La nuit, il s’attaque aussi aux ânes, aux veaux et aux poulains, mais il ne se jette pas sur l’homme, à moins qu’il ne soit enragé; il se contente de suivre, à une certaine distance, le voyageur isolé.
Il est polygame. Après une gestation de deux mois ou un peu plus, la Louve, en avril ou mai, choisit un fourré impénétrable, parfois un vaste champ de seigle et dépose sur une couchette appelée «liteau», quatre à six petits qu’elle allaite pendant plus d’un mois, puis auxquels elle commence ensuite à apporter des proies qu’elle va presque toujours chercher au loin.
Extrêmement méfiant et rusé, le Loup est difficile à tuer devant des chiens courants. Il n’a pas plutôt entendu un bruit insolite qu’il est sur pied et se dérobe, débûche et entraîne la meute à des distances considérables. Le louveteau, c’est-à-dire le jeune jusqu’à cinq mois, et le louvard, jeune de six à dix mois, se font au contraire battre dans l’enceinte de bois qu’ils habitent. Sa voix qu’on entend, le soir, dans les forêts, est un hurlement plaintif et lugubre.
Pris jeune, il s’apprivoise facilement. En captivité, même mais très rarement à l’état sauvage, le Loup s’accouple avec le Chien et les métis sont féconds.
Les louveteaux à la naissance ressemblent tout à fait aux renardeaux du même âge; on les reconnaîtra seulement à la queue noire chez les louveteaux, avec une touffe de poils blancs au bout chez les renardeaux.
La variété noire (Canis lycaon Schreber) est relativement assez commune; on la trouve dans un même liteau mêlée à la variété rousse ou fauve.
Le Loup n’existe plus depuis longtemps en Angleterre, il n’existe pour ainsi dire plus en Suisse et en Belgique; avant peu, il n’existera plus en France.
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RENARD COMMUN
Le Renard, long de 0m70 avec sa queue de 0m42 et une hauteur au garrot de 0m32, a le pelage roux ou fauve en dessus, le bas des jambes plus ou moins noir, la queue très longue et très touffue, de couleur plus foncée, terminée par des poils blancs. La variété à pelage plus sombre dite «Renard charbonnier» est aussi commune que le type.
Le Renard est considéré comme le type de la bête astucieuse et rusée, mais il a infiniment moins de prudence que le loup et on le tue assez facilement, soit à l’affût, soit aux chiens courants, soit à l’aide de pièges. Une fois lancé, il se fait battre plus ou moins longtemps dans les bois épais et gagne ensuite son terrier. Là, il est à l’abri, à moins qu’avec de petits chiens spéciaux on essaie de le prendre en creusant la terre. Il se défend bien, mais avec moins de vigueur que le blaireau. Sa peau, bien que très jolie en hiver et fréquemment employée, n’a pas une grande valeur.
Très commun partout, le Renard se creuse un trou profond à plusieurs ouvertures ou s’empare de ceux des lapins ou des blaireaux. Si dans les endroits qu’il fréquente il trouve des rochers et des cavernes, c’est sous le roc qu’il creuse son domicile.
Il attrape les mammifères, les oiseaux, les œufs, grenouilles, insectes, fruits, ne dédaigne pas le poisson et, pour en prendre, visite les étangs en pêche. Dès qu’il s’est emparé d’une belle pièce, il l’emporte et va au loin la dévorer ou, s’il n’a pas faim, la cacher dans un endroit retiré, au contraire de la loutre qui mange sa proie sur le bord de l’eau. Parfois on découvre sous un buisson, plusieurs poissons ou un oiseau; c’est le Renard qui a fait un riche butin et qui a enfoui sous les herbes une partie de sa chasse. En Corse, où les Renards sont beaucoup plus grands et plus forts que sur le continent, ils attaquent assez souvent les jeunes agneaux.
Les dindes et les poulets sont souvent ses victimes et il en tue autant qu’il en peut saisir, sauf à les laisser sur place. La nuit, il chasse le lièvre et le lapin et il n’est pas rare d’entendre sa voix glapissante lorsque, à la manière d’un chien, il mène un gibier devant lui. On prétend, à ce sujet, qu’un deuxième renard se place alors à l’affût là où il suppose que passera le lièvre pour le happer au passage, mais l’histoire n’est pas bien prouvée et il est douteux que le deuxième renard attende, longtemps à l’avance, le problématique passage du gibier.
Après deux mois de gestation, la femelle met bas, en avril, dans son terrier ordinaire ou dans un trou spécial ordinairement moins profond, mais bien caché, cinq à sept renardeaux qui, au bout de sept à huit semaines, suivent déjà la mère à la maraude ou viennent, même le jour, se chauffer au soleil à l’entrée du terrier.
Le Renard n’est pas franchement polygame, car le mâle et la femelle vivent ensemble et élèvent les petits en commun.
Pris jeune, il devient assez familier, mais il faut le surveiller, car il tue les poulets, dérobe les œufs et cache tout, même les choses qui ne se mangent pas. Il y a pourtant des exceptions: M. Rollinat possède actuellement plusieurs Renards apprivoisés. Tandis que ces Renards restent pillards, l’un d’eux entre très souvent dans le poulailler et, loin de pourchasser les volailles, semble vouloir les protéger, à tel point que, si quelqu’un prend un poulet qui, suivant l’habitude, pousse les hauts cris, ce renard gronde et mord le pantalon de l’intrus.
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PHOQUE MARBRÉ
Le Phoque marbré a la tête ronde, le corps lourd et épais, à membres courts, le pelage gris brun ou noirâtre parsemé de grandes maculatures fauves ou blanchâtres, souvent noirâtres au centre, le dessous du corps jaunâtre, avec une tache noirâtre autour des yeux, la queue très courte et pas d’oreilles. Un mâle adulte mesure environ 1m50 de longueur.
Cette espèce habite le nord de l’Europe sur les côtes de Norvège et s’étend jusqu’au Groënland où on lui fait une chasse active à cause de la valeur de sa peau. On la voit très accidentellement sur les côtes anglaises, belges et françaises et on cite quelques captures en Normandie et en Picardie. Elle ne s’est probablement jamais reproduite sur nos côtes.
Une espèce très voisine, le Phoque veau-marin (Phoca vitulina Linné) a à peu près la même taille et les mêmes mœurs. Son nez est moins allongé, son corps plus épais et ses membres moins longs. Son pelage varie du brun clair au jaune grisâtre, avec ou sans taches brunes sur le dos, le dessous est blanc jaunâtre.
Cette espèce vit sur les côtes françaises de l’Océan, bien qu’elle y soit beaucoup plus rare qu’autrefois et très exceptionnellement dans la Méditerranée. On l’a observée en Normandie, en Bretagne, aux embouchures de la Seine et de la Somme et dans le golfe de Gascogne. M. Gadeau de Kerville cite sept captures assez récentes sur les côtes normandes, et on raconte l’histoire de deux individus tués près d’Orléans sur la Loire qu’ils remontaient.
Très sauvages, parce qu’ils sont très pourchassés, ces Phoques se tiennent sur les rochers et les plages de sable qui se découvrent à marée basse, ordinairement par petites compagnies. S’ils flairent un ennemi, ils se précipitent à la mer et disparaissent. A haute mer, ils passent leur temps à poursuivre les poissons dont ils feraient, s’ils étaient nombreux, une grande destruction; ils mangent aussi les homards et les crabes. Leur cri rappelle le jappement de la loutre et de certains chiens.
En septembre, au moment du rut, les mâles se livrent de violentes batailles; puis, après une gestation de neuf mois, la femelle fait, en juin ou juillet, un ou deux petits qu’elle allaite toujours à terre, tandis que, plus tard, les Phoques ne mangent jamais que dans l’eau.
Ce sont des bêtes très intelligentes qui s’apprivoisent bien et se nourrissent aisément, mais exclusivement de poissons. Les femelles sont toujours beaucoup plus petites que les mâles.