Cent-vingt jours de service actif: Récit Historique Très Complet de la Campagne du 65ème au Nord-Ouest
Madame Beaugrand présente au colonel Ouimet un magnifique bouquet avec attaches tricolores. Des bouquets sont aussi présentés aux majors Hughes et Dugas, ainsi qu'aux officiers.
Puis on continue la marche; toujours la même foule, toujours le même enthousiasme, et toujours les mêmes acclamations. Partout des banderoles, des drapeaux, des festons, des saluts et des armes, et à maints endroits des larmes de joie, d'orgueil et de triomphe. Nos concitoyens anglais ont fait beaucoup pour ajouter à l'éclat de la réception de nos troupes. Les bureaux du Pacifique, la Banque de Montréal, le Bureau des Postes, le Saint Lawrence Hall, les Compagnies d'Assurance, les banques, le Mechanics' Hall, la rue McGill, toute belle, la partie de la rue Notre-Dame entre la rue McGill et la paroisse, ravissante; il faudrait tout un volume pour décrire toutes ces belles choses et pour dire avec quelle bonne volonté, avec quel coeur on a fait tout ça.
L'ENTRÉE A L'ÉGLISE.
Le 85ième, la garde d'honneur, entra d'abord, précédé de son corps de musique, pénétra par l'allée du centre et défila par une allée latérale; ensuite entra la musique de la Cité suivie des fondateurs du 65ième bataillon, puis les héros de la fête.
Messieurs de Saint-Sulpice, ayant à leur tête le dévoué, patriotique et bon curé Sentenne, avaient fait tout pour recevoir les braves à Notre-Dame. Partout des drapeaux, des inscriptions et des festons et surtout une foule considérable qui remerciait Dieu du retour si heureux de nos troupes.
Le 65ème arrive, tel qu'il est, sale, déchiré, mal coiffé, noir, mais l'oeil vif et la jambe alerte, il suit sa musique, le sourire aux lèvres et vient prendre la place qu'on lui avait désignée.
On entonne Magnificat; vingt mille voix se mêlent au choeur et tous dans un même élan religieux et patriotique, chantent à Marie son principal cantique de louanges.
SERMON.
Après le chant, M. l'abbé Emard monte en chaire et prononce l'éloquente allocution que nous ne pouvons ici que résumer:
L'orateur rappelle, en des termes éloquents, le beau fait d'armes accompli lors des luttes de nos pères par Dollard Desormeaux et ses compagnons, partis eux aussi de l'église Notre-Dame, où nous revient aujourd'hui le 65e bataillon, Dollard et ses compagnons sont tombés sous les flèches de l'ennemi; vous, vous nous revenez chargés des trophées de la victoire.
Nous admirons l'idée qui vous conduit aujourd'hui au pied des autels pour entonner un chant d'action de grâces; car vous prouvez que vous avez combattu non seulement en patriotes, mais en chrétiens; vous avez invoqué le Dieu des combats, et vous venez le remercier.
La Religion et la Patrie sont fières de leurs enfants et défenseurs. Vous avez porté fièrement le drapeau de votre foi. Vous vous êtes montrés dignes de votre devise: "Nunquam retrorsum" La Patrie vous remercie des sacrifices que vous vous êtes imposés pour sa défense.
Ah! quels sacrifices! Vous avez abandonné vos situations, vous vous êtes arrachés des bras de vos mères, de vos familles et de vos enfants, et vous avez volé à l'ennemi.
Vous avez donné à l'Europe un exemple de votre valeur militaire, vous vous êtes montrés dignes de vos ancêtres.
Nous avons contemplé votre courage, quand a sonné l'heure du départ; vous n'avez pas déçu nos espérances.
Nous avons appris avec orgueil votre conduite valeureuse. Soldats, vous êtes des braves! Nous sommes fiers de vous; soyez-le, comme nous le sommes.
Pendant cette brillante campagne, il s'est élevé une note discordante, mais votre noble conduite, vos exploits ont su faire taire la voix de l'envie et du fanatisme. Vous qui n'aviez vu que le côté brillant de l'art militaire, vous avez vu la mort en face, et vous l'avez envisagée l'âme calme, le coeur ferme et l'oeil serein Honneur à vous!
Vous avez pris sur vos épaulea la croix véritable et vous êtes allés la transporter au champ des martyrs Fafard et Marchand. Soyez fiers de votre campagne mais restez toujours dignes; après avoir remporté les triomphes de la terre, soyez dignes de la couronne des cieux...Ainsi soit-il.
Suivit le chant du Te Deum; encore cette fois toutes les voix se réunirent pour remercier Dieu du retour de nos hommes et l'heureux résultat de cette campagne mémorable.
Un joli incident et qui a été fort goûté de tous ceux qui en ont été témoins: Avant de quitter l'église le lieutenant-colonel Ouimet déposa au pied de la statue de la Sainte Vierge le superbe bouquet qu'il avait recu à l'hôtel-de-ville.
On laisse Notre-Dame, toujours le 85ème en tête avec son magnifique corps de musique; suivent les anciens membres du 65ème bataillon, le 65ème, les fondateurs du bataillon et la foule. On reprend la rue Notre-Dame, on descend la Côte Saint Lambert, la rue Craig et on entre au "Drill Hall."
Le 85e forme encore la garde d'honneur, suivent les représentants des autres corps militaires de Montréal, puis apparaît le 65e qui fait son entrée toujours triomphale, toujours aux acclamations de la foule. Il défile au son de la musique et se forme en colonne.
SALLE DU BANQUET.
On avait orné les tables avec des fleurs et des plantes empruntées à la serre et aux plates-bandes du jardin Viger.
En arrière de la table d'honneur, sur une longue banderole on lisait les mots: "Les anciens du 65e aux braves du Nord-Ouest."
Le menu était quelque chose de substantiel, tel qu'il convient à des estomacs fatigués par des privations de trois mois et plus: jambon, corn-beef, roast-beef, et autres pièces de résistance froides. Le vin, la bière et le claret punch coulaient à flots.
Au-dessus était placée une cartouche avec la devise de notre populaire bataillon: Nunquam retrorsum "Jamais en arrière."
On remarquait parmi les drapeaux, qui composaient le faisceau placé en arrière du siège du président, un drapeau français en soie frangée d'or avec le chiffre "65," présenté au colonel Ouimet par les citoyens de la partie Est.
En avant de la table d'honneur étaient deux petites bannières portant les mots: "A nos braves!"
Le service de ces agapes militaires a été irréprochable; pour en convaincre nos lecteurs il nous suffira de dire qu'il était sous la direction de MM. Michel Beauchamp et William Gill, deux maîtres d'hôtel bien connus, le premier au Richelieu, et l'autre au St. Lawrence Hall.
En entrant dans la salle du banquet, les volontaires du Nord-Ouest se formèrent en colonne à quart de distance de conversion et se débarrassèrent de leurs sacs et de leurs armes.
Chacun admira la précision, l'ensemble et l'habileté avec lesquels ils mirent leurs armes en faisceaux. On ont dit de vieux grognards de la garde de Napoléon.
Les volontaires se mirent à table et firent honneur au repas tout en fraternisant avec leurs compagnons d'armes de Montréal.
Le banquet était présidé par le lieutenant-colonel Harwood, D. A. G., qui avait à sa droite le lieutenant-colonel Ouimet, commandant du 65e et à sa gauche, Son Honneur le maire.
A la même table, étaient les lieutenants-colonels Fletcher, Gardner, Crawford, Hughes, Brosseau, du 85e, Stevenson, de la batterie de campagne, d'Orsonnens, Caverhill, Rodier, du 76e, de Châteaugay, J. M. Prud'homme, du 64e, de Beauharnois, Sheppard, du 83e, de Joliette; le major Denis, du 84e de Saint-Hyacinthe, M. le curé Sentenne, le. Dr Lachapelle l'honorable M. Thibaudeau, MM. les échevins Mount Fairbairn, Robert, Grenier, Laurent, Mathieu, Jeannotte, Armand, MM. Larocque, A. Desjardins M. P., J. J. Curran, M. P.
Parmi les dames présentes, on remarquait Mme Ald. Ouimet, Mme L. S. Olivier, Delles Martin, E. Perrault Mmes Mount, Berry, A. A. Wilson, Mathieu, L. A. Jetté, Joseph Aussem, J. Leclaire, A. Larocque, Rouer Roy, E. Starnes, Lady Lafontaine, F. D. Monk, Delles Corinne Roy, Quigley, Amélie Roy, Alice Roy, Pelletier, Wilson.
Il a été impossible de préparer une liste complète de toutes les notabilités présentes dans la salle d'exercice à cause du mouvement de la foule autour des tables du festin et des groupes formés par les parents et les amis qui venaient presser la main des volontaires du Nord-Ouest.
LES DISCOURS
Voici le résumé du discours prononcé par le colonel de Lotbinière Harwood D. A. G., commandant le district militaire No 6, au banquet du Drill Shed:
Messieurs,
S'il y a une classe d'hommes, au sein de la Confédération Canadienne qui, depuis de nombreuses années, ont eu à souffrir de l'apathie, de l'indifférence des habitants de ce pays, en retour des sacrifices immenses qu'ils se sont imposés pour prouver à leurs concitoyens leur dévouement à la chose publique et à la patrie, c'est indubitablement la classe des volontaires.
Que chacun rappelle ses souvenirs, il verra combien de fois les volontaires ont été, depuis quelques années, traités d'exaltés, d'hommes bons à jouer aux soldats. On s'est même oublié jusqu'à les traiter de "vils traîneurs de sabre"; des patrons de boutiques, de grands magasins, de grandes usines allaient jusqu'à dire: Nous ne voulons pas de volontaires à notre service, comme employés.
S'il s'agissait de donner des prix aux meilleurs tireurs à la carabine, je connais le nom de gens haut placés dans le commerce et ailleurs qui refusaient de donner leur obole, en disant: "Pourquoi tout ce tapage? Pourquoi la Milice? A quoi sert tout cela? Nous n'avons pas besoin de donner notre argent pour faire jouer au soldat, etc., etc." Et la conséquence était que nos braves militaires, non contents de donner leur temps et leurs peines, étaient obligés de souscrire de leurs bourses, afin de fournir des prix aux concours! Que de sacrifices les officiers de fout rang ont été obligés de faire en maintes circonstances pour maintenir leurs corps de volontaires en état effectif en face de toute cette apathie! Puis encore, lorsque les différents ministres de la milice voulaient de l'aide des chambres pour la Milice, soit pour les camps, soit pour avoir des armes, des accoutrements, des uniformes convenables, vous voyiez tout de suite un certain nombre de membres se récrier, criant au gaspillage, disant que le pays allait à la banqueroute, à la ruine, que la Milice était inutile... que nos braves volontaires n'étaient bons qu'à jouer au soldat, et que dirai-je encore.
Tout ce temps, nos volontaires, toujours animés du plus noble patriotisme, se disaient: Patience! patience! un moment viendra, et le pays, dans sa détresse, nous demandera à grands cris. Alors, nous, comme toujours, nous répondrons: Présents!
Oui, messieurs, à la fin de mars dernier, ce moment est malheureusement venu.... et qu'est-il arrivé? Il est arrivé, messieurs, qu'à ce moment suprême chaque volontaire, d'un bout du pays à l'autre, depuis les colonels jusqu'au dernier des soldats, s'est écrié avec joie: Présents!
A la fin de mars dernier, au milieu de nos troubles le Bon Génie, qui préside aux destinées du pays, s'était chargé de nous donner l'homme qu'ils nous fallait—le brave et habile général Middleton, le général modèle doux, humain, et fortiter in re. Oui, le général Middleton, ce soldat "sans peur et sans reproche," qui, par son tact, sa prudence, ses sages mesures, ses calculs habiles, "sans verser de sang inutilement," a su conduire nos troupes & la victoire, et étouffer un soulèvement qui menaçait d'être général, un de ces soulèvements qui, peu de chose au commencement, pouvait en grandissant prendre des proportions colossales, faire promener la torche incendiaire d'un bout à l'autre du Nord-Ouest, et faire couler des flots de sang à travers ces vastes régions. (Vifs applaudissements.) Mais, grâce à Dieu, un homme presque providentiel se trouvait à la tête des forces, et avec son aide et celle de nos vaillants volontaires, la douce paix, "cette fille aimée du ciel," est rentrée au sein de notre belle confédération. (Bruyants applaudissements.)
Nunquam retrorsum! Non! non, jamais en arrière, officiers et soldats du 65e bataillon! Fidèles à la noble devise qui distingue votre beau bataillon, vous vous êtes levés, comme un seul homme, à la fin de mars dernier, pour aller défendre le drapeau national, laissant sans la moindre hésitation, parents, amis, situation, position, affaires privées, pour obéir au cri du devoir et à la voix de î'honneur qui vous appelaient. (Vifs appl.)
65e bataillon, sur vous est tombé le premier choix d'entre tous les bataillons de la province de Québec! La patrie comptait sur vous et ses espérances n'ont pas été déçues!
Le pays vous a constamment suivi des yeux. Votre souvenir a toujours été présent à l'esprit de vos amis, à travers vos longues marches, tantôt; en butte à un froid sibérien, tantôt sous les rayons d'un soleil d'Afrique.
Vos souffrances morales et physiques de toutes sortes (mal couchés, souvent mal nourris, à peine vêtus, sans pain, sans souliers, couchant sur la dure), vous avez tout souffert, tout bravé! Que de marches, de contremarches, que de milles parcourus en tous sens, et la nuit, et le jour, mais grâce à Dieu, vous nous revenez couverts de gloire......... Vous nous revenez, la joie, l'orgueil et l'honneur de Montréal. (Applaudissements frénétiques.)
Oui, soldats du 65e bataillon, vous nous revenez couverts de gloire......... et c'est avec un légitime orgueil que nous contemplons vos figures basanées, les nobles débris d'uniformes qui vous couvrent à peine, mais qui font votre gloire........ vos visages bronzés, vos visages de vétérans! ah! mais c'est que vous n'avez pas joué au soldat (hourras frénétiques!)
Oui! vous nous revenez glorieux et vainqueurs.
Tous avez reçu le baptême du feu... Vous avez reçu le baptême du sang... Vous avez reçu le baptême des privations et des souffrances de toutes sortes. Vous avez même reçu le baptême de la médisance et de la calomnie la plus atroce... Attaqués dans votre honneur de gentilshommes, de Canadiens, de soldats, par cette sale et dégoûtante feuille de choux, cultivée, fumée, arrosée par ce grand Prêtre de la calomnie, le fameux Sheppard de Toronto; vous nous revenez vainqueurs et vous avez prouvé à tout le pays que comme patriotes, gentilshommes et soldats, vous n'aviez ni supérieurs, ni maîtres dans toute la milice du Canada. (longs applaudissements.)
Aussi avec quelle joie lisions-nous le récit de vos hauts faits dans le Nord-Ouest, avec quel orgueil lisions-nous les belles paroles que votre commandant, le général Strange, nous adressait après vos actions d'éclat. Nous avons tous lu avec joie ce que le général Strange écrivait de vous à un de ses amis intimes, il n'y a que quelques jours.
Nos coeurs ont battu à briser nos poitrines en lisant des pages comme celle-ci: "Quand le canon, cette voix de fer, ce dernier argument de la civilisation armée, eut fait répercuter pour la première fois les échos endormis de la solitude des, sombres régions du Nord-Ouest, nos braves soldats du 65e bataillon se sont élancés sur l'ennemi—les marais, les sombres forêts, les broussailles presqu'impénétrables, n'arrêtaient pas leur impétuosité—et comme les chevaux qui traînaient le canon se trouvaient souvent embourbés, envasés jusqu'aux oreilles, my plucky French Canadians s'attelant au canon font sortir de cette impasse chevaux, canon et tout ce qui s'en suit, le tout avec cette agilité, cet élan français qui distingue nos Canadiens-Français." (Applaudissements.)
Puis encore les paragraphes suivants:
"Le véritable esprit militaire des anciens coureurs des bois, la milice de Montcalm, des voltigeurs de Salaberry semble aussi vivace que jamais dans le coeur de nos Canadiens-Français. Nous avons bivouaqué sous nos armes... nous étions sans feu... le 65e bataillon était pour le moment sans capotes (en parlant de la poursuite contre Gros Ours). Les soldats du 65e bataillion n'avaient pas pris de vivres avec eux lorsque le matin ils débarquaient de leurs bateaux pour s'élancer au pas redoublé là où le devoir les appelait. Nous partageâmes nos rations avec eux."
Puis plus loin.
"Un autre jour, ils arrivent (le 65e) à un certain endroit; après avoir marché toute une nuit l'énorme distance de onze lieues; à travers des marais presqu'impassables... le coeur joyeux... la gaie chanson canadienne à la bouche... bravant tous les obstacles, plusieurs d'entre eux allaient pieds nus et ensanglantés, leurs uniformes étaient en lambeaux et cependant ils étaient prêts à tout."
"Sur eux tombaient les postes les plus exposés chaque fois que nous pouvions rejoindre l'ennemi, et c'était toujours avec peine que je pouvais contenir l'ardeur belliqueuse de my plucky French Canadians,"
Ainsi vous voyez que rien de ce qu'on disait de vous n'était perdu pour nous, pour moi surtout qui ai le plaisir de compter votre beau bataillon parmi les bataillons du District que j'ai l'honneur de commander. Aussi soyez les bienvenus au milieu de nous. Vous avez bien mérité de la patrie. Tous ceux qui vous sont chers, qui vous aiment si tendrement, brûlent d'envie de vous serrer la main, de vous presser sur leur coeur, et de vous dire combien ils sont contents de voua, fiers de vous, comme nous le sommes tous ici, comme l'est tout le pays en général et la ville de Montréal, en particulier. (Tonnerre d'applaudissements.) Aussi, messieurs, en terminant, permettez-moi de proposer la santé du brave général Middleton, le soldat "sans peur et sans reproche" et celle du 65e bataillon nos plucky French Canadians. (Applaudissements prolongés.)
Le maire Beaugrand, appelé à prendre la parole, complimenta en termes appropriés et d'une façon très éloquente le 65e bataillon.
A l'instar du colonel Harwood, il parla des accusations portées contre le bataillon, et sut les réfuter.
M. Beaugrand termina en proposant la santé du général Strange qui dirigea nos troupes, du colonel. Ouimet, commandant du 65e, des braves officiers, et sous-officiers. Il fit allusion au sergent Valiquette, mort au champ d'honneur, aux morts et aux blessée de cette insurrection qui sera l'événement mémorable de 1885.
Le colonel Ouimet répondit brièvement, mais avec éloquence. Il remercia chaleureusement le public canadien, le maire de Montréal, les dames, des secours donnés aux familles des volontaires, et pour la brillante réception du jour. A peine était-il assis que trois, hourras retentirent en son honneur sous l'immense voûte de la salle d'exercices.
M. le maire Beaugrand proposa en anglais la santé de la Montreal Garrison Artillery et des autres bataillons qui, sans avoir participé à la campagne, avaient été prêts à répondre à l'appel.
Le colonel Stevenson, appelé à répondre, dit qu'il s'associait de tout coeur à la démonstration du jour. Il était heureux de serrer encore une fois la main aux braves du 65e, de les voir revenir gais et en bonne santé.
M. C. A. Corneiller parla en dernier lieu. Ce fut le discours de la clôture du dîner. En faisant l'éloge des braves volontaires, l'orateur paya un noble tribut d'hommages au zèle et au dévouement du R. P; Prévost, l'aumônier du 65e bataillon. Il a suffi à, M. Cornellier de rappeler ce nom si cher aux soldats dont on fêtait l'arrivée pour soulever les applaudissements les plus enthousiastes.
Durant le dîner, la musique de la Cité et l'Harmonie font entendre les morceaux les plus choisis de leur répertoire.
APRÈS LE DINER
A doux heures, le dîner étant termine, les volontaires se mirent en marche pour se rendre à la salle Bonsecours, en suivant les rues Craig, Gosford et Claude. Ils étaient suivis par une foule immense et sur leur passage ils furent l'objet de nouvelles acclamations. La musique de la Cité on tête suivie des anciens membres du 65e.
A la salle on déposa les armes et les sacs et on se dispersa pour aller passer le reste de la journée dans les joies intimes de la famille. Les anciens membres du 65e, accompagnés de la Musique de la Cité, escortèrent le lieutenant-colonel Ouimet jusqu'à sa résidence rue Dorchester.
Le brave colonel saisit de nouveau l'occasion pour féliciter les anciens membres du 65e de leur bonne tenue et termina en les remerciant de s'être montrés dignes de leurs frères d'armes dans la brillante réception dont ils ont été l'objet.
Après avoir pressé encore une fois la main à leur colonel, les anciens membres retournèrent à la salle d'exercices où ils eurent un lunch particulier. Des discours de circonstance furent prononcés par le capitaine DesRivières, président du comité de réception, et plusieurs autres. Dans son discours, le capitaine DesRivières félicita le capitaine Pratte et le sergent Pépin du zèle dont ils avaient fait preuve pendant tout le temps que le comité s'était occupé de se préparer à recevoir les volontaires du 65e. M. Beaudry, vice-président du comité fit aussi quelques remarques parfaitement appropriées.
Ce dîner de braves fut accompagné chant et de musique. En se séparant, il fat convenu qu'on se réunirait tous, ce soir, à la salle Bonsecours, pour déposer les coiffures et recevoir des instructions, s'il était nécessaire.
LE FEU D'ARTIFICE
Les réjouissances commencées le matin se sont continuées dans la soirée. A neuf heures, il y eut feu d'artifice sur le Champ de Mars.
Dès huit heures, une foule immense avait envahi les gradins qui longent la place et quand fut lancée la première pièce pyrotechnique on pouvait évaluer à vingt mille le nombre des spectateurs.
Ce feu d'artifice a obtenu tout le succès qu'on pouvait en attendre. Chaque pièce lancée s'élevait à des hauteurs prodigieuses et décrivant sur le fond du firmament semé d'étoiles, des arcs de feu et l'effet le plus merveilleux.
L'emporte-pièce de tout ceci, fut un cadre de grandeur considérable, couvert de produit chimiques au milieu duquel on avait inscrit le chiffre du "65e", en matière inflammable. Cette pièce d'un genre particulier, mise en feu, arracha à la foule des cris et des applaudissements.
Le feu d'artifice se termina à 9.30 heures.
L'auteur a tenu à publier ce rapport tel qu'il a été fait dans le temps, afin de l'enregistrer dans l'histoire de la campagne elle-même, et surtout pour que plus tard, personne ne puisse le taxer de partialité.