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Charlotte de Bourbon, princesse d'Orange

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»Donné à Mons, le 18e jour d'aoûst 1578.
»François.»

XIV

§ 1.

Dépêche de Bellièvre au duc d'Anjou. 17 août 1578.
(Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,277, fo 61.)

«Monseigneur, estant venu en ceste ville d'Anvers pour satisfaire à vostre commandement, le premier propos qui m'a esté dit par M. le prince d'Orange a esté que arrivèrent, devant hyer au soir, en ceste ville d'Anvers, deux députés de Flandre quy luy rapportèrent que M. de Lamotte, gouverneur de Gravelines, avoit prié ceux de Flandre luy envoyer de leur part deux personnages auxquels ils eussent fiance; ce qu'ils firent. Ledit sieur de Lamotte leur dit que vous, monseigneur, luy aviez par deux fois envoyé un nommé sieur d'Alféran, qui luy avoit monstré, de vostre part, comme ces païs sont perdus pour le roy d'Espagne, et que, s'ils ne tombent entre vos mains, ils seront dominés par un ennemi de la foy catholique; que nous estiés icy venu avec forces suffisantes pour vous en faire seigneur; que vous aviés pour le moins vingt-cinq mille hommes de pied et grand nombre de cavalerie; et estoit vostre intention d'extirper la nouvelle religion, et faire massacrer le prince d'Orange. Vous luy offriés de grands biens et pensions, moyennant qu'il se mist de vostre costé. Monseigneur, je me trouvay fort estonné d'ouïr ce langage, c'est, au dire ancien: calomniés hardiment, il en demeure tousjours quelque chose. Si cette calomnie ne sera vivement effacée, elle avancera ces peuples à faire la paix, plus que toutes ambassades. Or, monseigneur, il est plus que requis que vous pourvoyés soigneusement à oster de l'opinion de ces peuples une si mauvaise opinion de vous, que ledit sieur de Lamotte y a voulu imprimer. J'entends que la vérité est que le sieur d'Alféran a esté pardevers ledit sieur de Lamotte; pour le moins, ils le croyent icy. Il sera bon qu'ils sachent le vray de ce qui est passé; et comme ceux des estats vous envoyent les députés de Flandre pour faire entendre ce qu'ils ont ouy, il vous plaira de considérer si aussy il ne sera bon que vous leur envoyés icy le sieur d'Alféran, pour les advertir de ce qui a passé, et qu'il déclare qu'il se veut rendre responsable de son dire et de ses actions. J'estime aussy, monseigneur, qu'il seroit à propos que vous envoyés avec luy personnages notables et de qualité, pour les assurer de vostre bonne volonté. M. Despruneaux, qui n'est suspect de vouloir faire massacrer ceux de la nouvelle opinion, vous y pourra faire bon service; comme, monseigneur, l'affaire requiert que vous fassiez si expresse déclaration de la bonne volonté que vous portés à toute ceste nation, que rien n'en puisse demeurer au contraire en leurs opinions. Quant à monsieur le prince d'Orange, c'est un fort sage seigneur, et qui prendra raison en payement. Vous avés, ce me semble, plus d'intérêt de le bien assurer de vous, que luy n'a de l'estre de vous. Vous ne tirerés pas aisément, ni au premier coup, toutes les promesses de luy que l'on voudrait. Ce aussy à quoy il obligera sa promesse, j'estime qu'il n'y voudroit pas faillir. Il est doncq question que vous veoyés comme vous l'amènerés à s'obliger à vous, car, s'il vous sera ennemy ou contraire, je ne dis pas, monseigneur, que vous n'ayés de grandes forces et que vous ne puissiez faire ressentir à ce pays le déplaisir que l'on vous feroit, etc., etc.»

§ 2.

Dépêche de Lanoue au duc d'Anjou. 18 août 1578.
(Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.277, fo 63.)

«Monseigneur, depuis deux jours il est arrivé vers messieurs des estats aucuns hommes de Flandre qui leur ont faict un rapport dont j'ai bien voulu advertir Votre Alteze. La chose est telle: c'est que le sieur de Lamotte, qui est dans Gravelines, envoya quérir depuis naguières quelques notables personnages dudit païs et leur dict qu'il les vouloit advertir de chose qui importoit grandement à la patrie, pour le faire entendre auxdits sieurs des estats, savoir est: qu'Alféran estoit venu vers luy de la part de Vostre Alteze et lui avoit remonstré que trois causes principalement vous avoient esmeu de venir pardessà: l'une, pour vous en faire maistre, l'autre, pour ruiner la religion réformée, et la dernière, pour chasser le prince d'Orange, et que, si vouloit vous favoriser et tenir vostre party, que vous le feriez grand. Puis après il leur dist que, puisqu'on parloit de changer de maistre, qu'encores se valoit-il mieux tenir à l'ancien, qui estoit le roy d'Espagne, que tomber sous la main des Françoys, et qu'il avoit cinquante mille escus dans un coffre qu'il monstra alors auxdicts personnages, disant qu'il en aideroit les estats, s'ils vouloyent demeurer fidèles audict roy d'Espagne et s'employer contre les huguenots du pays et contre le prince d'Orange.—Voilà la somme de ces propos, tant ce qu'Alféran luy a dit, que le parlement qu'il faict pour reprendre le parti des Espagnols. Je pense que le but auquel il tend, c'est, par ces artifices et choses controuvées, vous mettre en défiance et diviser les uns et les autres, pour mieux avancer les affaires de don Juan.—Messieurs des estats pourront bien en escrire à Vostre Alteze, et peut-être vous envoyer les personnes qui ont parlé audit Lamotte. Toutefois j'ay bien voulu vous prévenir par ceste lettre, afin que vous soyez tousjours instruit davantage.—Il est très nécessaire, monseigneur, pour monstrer tousjours plus la sincérité de vos actions, que vous rendiez ce faict éclairci à ceux qui en pourroient estre en quelque doubte; et sera assez à temps d'en répondre, si lesdits estats envoyent vers Vostre Alteze pour cet effect. Je ne sçay si Alféran se seroit tant oublié, d'avoir tenu un tel langage, car ce seroit vous faire tort. Mais, afin qu'il n'arrive de tels inconvéniens, il est expédient d'aviser aux personnes qu'on emploie, qui soient telz qui ne puissent rien mesler de leurs particulières factions avec ce qui leur sera commandé.—Monseigneur, j'ay opinion que vendredy, l'armée de M. le duc Casimir se joindra et marchera, ou incontinent après. Et pour ce, sera bon que vostre Alteze diligente de tenir la sienne preste, parce que il pourra survenir occasion qui commandera qu'elle marche, et vous aussi pareillement; car le temporiser nuirroit aux affaires communes. Et d'aultant qu'il y a plusieurs choses à pourvoir et accomoder avant que Vostre Altèze puisse desloger, on ne doit perdre une seule heure de temps.—Monseigneur, vous pourrez donner avis à M. le prince d'Orange de l'estat en quoy estes; et quand lui ferez cest honneur de prendre conseil de luy en affaires présentes, il vous en mandera fidèlement son opinion et ce qui sera convenable que faciez, soit pour vous avancer ou retarder; mais il me semble que Vostre Alteze doit se haster. A grand peine vous pourra-on ayder de pouldre, du costé de deçà, dont aurez grand besoin, pour le grand nombre d'arquebusiers qu'avez. Monseigneur, il servira aussi grandement que vous envoyez quelqu'un vers M. le duc Casimir, afin de le bien disposer en vostre endroict; ce qu'à mon jugement se fera aisément; et si je le voy bientost, je luy parlerai comme il faut.—J'ay parlé à M. le prince d'Orange pour le sieur de Richebourg, s'il trouve bon qu'il accompagne M. de Bellièvre. Et quant à ce que Vostre Altèze craint d'estre soupçonnée de moienner la paix avec don Juan, elle ne s'en doit mettre en peine. On croit plustost que les François désirent la guerre.—Monseigneur, si vostre cavallerie ne s'arme ainsy qu'elle n'est en France, en ce pays on ne le trouvera beau. Il y a bonne commodité d'y pourvoir par l'abondance des armes qu'on y trouve.—Je partirai demain d'icy pour m'en aller à Bruxelles, pour après aller au camp; et en cest endroit je ferai fin, pour supplier le Créateur, monseigneur, vous tenir en sa sainte garde.

»De Anvers, ce 18 août 1578.
»Vostre très humble et très obéissant serviteur à jamais.
»Lanoue.»

XV

Résolution des états généraux donnant au prince d'Orange, à l'occasion du baptême de sa fille, Catharina-Belgia, la terre et comté de Linghen.—Anvers, 21 septembre 1578.
(Archives du royaume.—Gachard, Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. VI, p. 313, 314.)

«Ayant les estats généraulx des Pays-Bas délibérez sur le présent qu'on poulroit faire à monseigneur le prince d'Aurange, en tesmoignage du baptesme de la fille de Son Excellence, nommée Katharina-Belgia, auquel iceulx estats par certains leurs députez ont assisté, se sont advisez et résoluz que, pour les grandes raisons, cogneues à un chascun, qu'ils ont de recognoiltre le soing et travail que Son Excellence prend continuellement pour le bien et conservation du pays, ne se pourroit faire présent plus convenable et agréable à sadicte Excellence, que de la terre et comté de Linghen, avecq les actions, droits et dépendances d'icelle, mesme avecq la forteresse, artillerie et munitions, et en tout tel estat comme elle est présentement, et soubz les charges y appartenantes, à en prendre la possession incontinent, à condition expresse que sadicte Excellence, ou aultre ayant cause dudicte comté après icelle, sera tenue d'en payer annuellement au prouffit de sadite fille, une rente héritable de trois mille livres Arthois, racheptable au denier seize, et que de ce, au prouffit de ladicte fille, seront dépeschées lettres en forme deue et vaillable.»

»Et d'aultant que ledit seigneur prince a droit de demander au roy d'Espaigne la somme de cent soixante mille livres, du prix de quarante groz, monnoye de Flandres, à raison de ses gaiges, pensions, traistemens, obligations et debtes liquides, escheant à la fin du mois de juillet 1578, sera tenu quicter lesdites debtes, comme il a franchement quicté et quicte par ces présentes. Et, moyennant ce, ont lesdits estats accordé et accordent audit seigneur prince de demeurer seigneur et possesseur de ladicte terre et comté de Linghen, aux conditions susdistes, estant icelle terre de beaucoup plus grande valeur que la somme par ledit seigneur prince quictée.

»Davantage, promectent lesdictz estatz de payer et satisfaire les drossart, aultres officiers et soldatz qui sont à présent audict Linghen, à leurs propres coustz et dépens, jusque au jour que ledit seigneur prince sera mis en réelle et actuelle possession de ladicte terre et seigneurie de Linghen: aultrement demeurera audit seigneur prince son action libre et franche pour ladicte somme desdicts cent soixante mille florins.

»En oultre, au cas que, pour la deffense et tuition du païs, fût contrainct ledict seigneur prince mestre en ladicte place garnison extraordinaire, comme elle y est à présent, ne sera tenu entretenir ladicte garnison à ses despens, ainsi sera ladicte garnison extraordinaire payée par lesdicts sieurs les estats, ou aultres ayant droict, estant ledit sieur prince seulement subject à entretenir la garnison ordinaire à ses despens.

»Requerront lesdicts estats à Son Altèze que lettres-patentes en forme deue sur ce soyent despeschées.

»Faict en Anvers, le 21e jour de septembre 1578.»

XVI

Union d'Utrecht. 23 janvier 1579.
(Lepetit, Grande chronique de Hollande, Zélande, etc., etc., t. 2 p. 372.)

«Comme on a cogneu depuis la pacification faite à Gand, par laquelle les provinces de ces Pays-Bas s'estoient obligées de s'entre-secourir de corps et de biens, pour chasser hors desdits pays les Espagnols et leurs adhérens, ayant lesdits Espagnols, avec dom Juan et autres leurs chefs et capitaines cherché tous moyens, comme ils font encore journellement, de réduire lesdites provinces, tant en général qu'en particulier, sous leur servitude et tyrannie, et tant par armes que par leurs practiques les diviser et desmembrer, rompant leur union faite par ladite pacification, à la totale ruine desdits pays; comme de fait on a vu que, continuans en leurdit dessein, depuis peu de temps ils auroyent par leurs lettres sollicité quelques villes et quartiers desdites provinces, s'estant nommément advancez de faire irruption au pays de Gueldre;

»Pour ce est-il que ceux de la duché de Gueldre et conté de Zutphen, ceux des contés de Hollande, Zélande, Utrecht, Frise et les Ommelandes entre les rivières d'Ems et Lauwers, ont trouvé expédient et nécessaire de s'allier et conjoindre plus estroictement et particulièrement par ensemble, non pas pour se départir de l'union faite à la pacification de Gand, mais pour tant plus la confirmer et se pourvoir contre tous inconvéniens èsquelz ils pourroient eschoir par les pratiques, surprises et efforts de leurs ennemis; et pour sçavoir comment, en telles occurences, ils se pourront conserver et garantir; aussi pour éviter et retrancher ultérieurement division desdites provinces et des membres d'icelles; demeurant au surplus ladite union et pacification de Gand en sa force et vigueur suyvant quoy les députez desdites provinces, chacun en leur regard, suffisamment authorisez, ont conclu et arresté les points et articles qui s'en suyvent, sans, en tout cas, se vouloir par cestes aucunement distraire ny aliéner du Saint-Empire.

»1o En premier lieu, que lesdites provinces font alliance, union et confédération par ensemble, comme par ces présentes elles se sont alliées, unies et confédérez à jamais, de demeurer ainsi en toutes sortes et manières, comme si toutes ne fûssent qu'une province seule, sans qu'elles se puissent en nul temps, à l'advenir, désunir ny séparer, ny par testament, codicille, donation, cession, eschange, vendition, traitez de paix ou de mariage, ny pour nulle autre occasion que ce soit ou puisse estre; demeurans néanmoins sains et entiers, sans aucune diminution ny altération les privilèges spéciaux et particuliers, droicts, franchises, exemptions, statuts, coustumes, usances et toutes autres droictures et prééminences que chacune desdites provinces, villes, membres et habitants d'icelles peuvent avoir. En quoi ils ne veulent non seulement point préjudicier ny donner empeschement aucun, mais assisteront les uns les autres par tous moyens, voire de corps et de biens, si besoin est, à les deffendre, les confirmer et maintenir contre et envers tous qui en iceux les voudroient troubler ou inquiéter. Bien entendu que des différends qu'aucunes desdites provinces, membres et villes de ceste union peuvent avoir entre elles, ou par après se pourroient susciter touchant leurs privilèges et franchises, exemptions, droicts, statuts, et anciennes coustumes, usances ou autres droictures, il en sera vuydé par voye de justice ordinaire ou par arbitres et appointemens amiables, sans que les autres pays ou provinces, membres ou villes à qui tels différends ne touchent (si avant que parties se submectent au droict), s'en puissent aucunement mesler, sinon d'intercession tendante à accord.

»2o Que lesdictes provinces, en conformité et pour confirmation de ladicte alliance et union, seront tenues et obligées de s'entr'aider et entre-secourir, les unes les autres, de tous leurs moyens, corps et biens, effusion de leur sang et danger de leurs vies, contre tous efforts, envahies et attentats qu'on leur voudroit faire, sous quelque couleur ou prétexte que ce soit, du roy d'Espagne ou de quelque autre: ou à cause qu'en vertu du traité de la pacification de Gand, ils auroient prins les armes contre dom Juan, ou d'avoir receu pour gouverneur l'archiduc Mathias, ou de quelques autres dépendances de ce, et de tout ce qui s'en est ensuivi, ou s'en pourroit encore ensuyvre: et sur ce sous couleur de vouloir restablir par les armes la religion catholique romaine, des nouveauctez et altérations qui depuis l'an 1578 sont advenues en aucunes desdites provinces, membres et villes, ou bien pour cause de ceste présente union et confédération, ou autre cause semblable: et ce, en cas qu'on voulût user desdits efforts, envahies et attentats, aussi bien en particulier sur l'une desdites provinces, que sur toutes, en général.

»3o Que lesdites provinces seront aussi tenues et obligées de, en pareille manière, s'entre-secourir et défendre contre tous sieurs princes et potentats, pays, villes et républiques estrangères quy, soit en général ou en particulier, leur voudroient grever et nuire, ou faire la guerre; bien entendu que l'assistance qui en sera décernée par la généralité de cette union se fera avec cognoissance de cause.

»4o Et pour tant mieux assurer lesdites provinces, membres et villes contre toute force ennemie, que les villes frontières et celles qu'on trouvera en avoir besoin, en quelque province que ce soit, seront, par l'advis et ordonnance de la généralité de ceste union, fortifiées, aux dépens des villes et de la province où elles sont situées et assises, à ces fins aydées de la généralité, pour la moitié. Mais, s'il se trouve expédient de bastir quelques nouvelles forteresses, ou d'en desmolir aucunes en icelles provinces, que les frais seront à la charge de la généralité.

»5o Et, pour subvenir à la dépense qu'il conviendra faire, en cas que dessus, pour la tuition et défense desdites provinces, a esté accordé que, par toutes lesdites provinces unies concordablement, et sur un même pied, seront mis sus, et de trois mois en trois mois, affermées au plus offrant, ou collectées, certaines gabelles sur toutes sortes de vins et bières, sur la moulture des grains, sur le sel, sur les draps d'or, d'argent, et de laine, sur les bestes qui se tueront, sur tous chevaux et bœufs qui se vendront ou échangeront, sur tous biens sujets au grand pois ou balances, et sur tous autres biens qui, par commun advis et consentement, se trouveront estre convenables, suyvant les ordonnances qui en seront pourjectées et dressées, et qu'à ces fins on employera pareillement les domaines du roy d'Espaigne, défalquées les charges qui y sont.

»6o Lesquels moyens se pourront augmenter ou diminuer, haulser ou abaisser, selon l'exigence des affaires, confirmez seulement pour subvenir à la défense commune, et pour ce que la généralité sera submise de supporter sans, en nulle manière, les pouvoir appliquer à nul autre usage.

»7o Que les villes frontières et toutes les autres, que requis sera, et qui en auront besoin, seront, en tout temps, tenues de recevoir toute telle garnison que lesdites Provinces-Unies trouveront convenir, et qui, par l'advis du gouverneur de la province où les villes requièrent garnison, sera ordonné, sans le pouvoir refuser; lesquelles garnisons seront payées de leur solde par lesdites Provinces-Unies: et les capitaines et soldats, pardessus le serment général, en feront un particulier à la ville ou province où ils seront posez, ce qui se couchera ès articles de leur retenue. Aussi qu'il se tiendra tel ordre et discipline entre tous gens de guerre, que les bourgeois et habitans des villes et pays, tant ecclésiastiques que séculiers, ne soyent trop chargez, ny fouliez outre raison. Lesquelles garnisons seront non plus exemptes d'axes et impôts, que les bourgeois et communes des lieux où ils seront mis, moyennant que la généralité de ladite bourgeoisie leur paye leur argent de service et logis, comme il s'est faict jusqu'à présent en Hollande.

»8o Et afin, qu'à toutes occurences et en tout temps on puisse estre assisté des gens du pays, les habitans de chacune desdites Provinces-Unies, èz villes et champs, feront tout au plus long, en dedans un mois de la date de ceste, passez à monstre et couchez par escrit, depuis les 18 jusqu'à 60 ans, afin que le nombre d'iceux estant cogneu à la première assemblée des confédérez, il en soit ordonné par plus grande asseurance et défense du pays, comme se trouvera convenir.

»9o Nuls accordz ne traités de trèves ny de paix ne se pourront faire, ny guerres se susciter, nuls impôts se lever, nulles contributions se mettre sus, concernant la généralité de ceste union, que par l'advis et commun consentement de toutes lesdites provinces. Et en toutes autres choses touchant l'entretenement de ceste confédération et de ce qui en dépend, on se réglera selon ce qui sera advisé et résolu par la pluralité des voix des provinces comprises en ceste union, lesquelles seront recueillies comme on a fait jusques à présent en la généralité des estats, et ce, par provision, tant qu'autrement ne soit ordonné par les dispositions communes des confédérez. Mais si ès dicts traitez de trèves, paix, guerres, ou contributions, lesdites provinces ne se sçavent accorder par ensemble, lesdits différends se remettront et référeront, par provision, sur les gouverneurs et lieutenans qui sont à présent ès dites provinces, lesquels accorderont les parties ou décideront de leurs différends comme ils trouveront estre pour raison. Et si lesdits sieurs gouverneurs et lieutenans ne convenaient point par ensemble, ils pourront prendre tels adjoints et assesseurs non partiaux que bon leur semblera, et seront les parties tenues d'accomplir et entretenir ce qui par lesdits gouverneurs et lieutenans aura esté, en manière que dessus, déterminé.

»10o Que nulles desdites provinces, villes ou membres ne pourront faire aucune confédération ou alliance avec nuls sieurs ou pays de leur voisinage, sans consentement de ces provinces unies et de leurs confédérez.

»11o Trop bien est accordé que, si quelques sieurs princes ou pays voisins desiroyent de s'adjoindre par alliance et confédération avec les Provinces-Unies, que par l'advis et agréation de toutes ilz y seront reçus et admis.

»12o Qu'au fait de la monnaie, assavoir au cours et évaluation des ors et argents, toutes lesdites provinces auront à se conformer et régler selon les ordonnances qui, à la première opportunité en seront dressées, que l'une ne pourra changer ny altérer sans l'autre.

»13o Quant au point de la religion, ceux de Hollande et de Zélande s'y comporteront comme bon leur semblera; et, au regard des autres provinces de ceste union, elles se pourront gouverner en cela selon le placart de l'archiduc Mathias, gouverneur général des Pas-Bas, mesme par l'advis du conseil d'Estat et des estats généraux touchant la liberté de religion. Ou bien elles pourront, soit en général ou en particulier, y mettre tel ordre et réglement que, pour le repos de leurs provinces, villes et membres particuliers, tant ecclésiastiques que séculiers, en la conservation, chacune, de ses biens, droits et prérogatives, ils trouveront mieux convenir, sans que par nulle autre province, leur puisse en cela estre faict ny donné aucun destourbier ou empeschement, demeurant un chacun libre en sa religion, sans qu'à cause d'icelle personne ne puisse estre recherché, suyvant la pacification de Gand.

»14o Que toutes personnes conventuelles et ecclésiastiques suyvant ladite pacification, jouiront de leurs biens qui sont situez et assis en aucune de ces provinces respectivement. Et s'il y avoit aucuns ecclésiastiques, lesquels durant les guerres de Hollande et Zélande à l'encontre des Espagnols estoyent sous le commandement desdits Espagnols et se sont depuis retirez de leurs couvents ou colléges et venus se rejeter en Hollande ou Zélande, qu'on leur fera, par ceux de leursdits cloistres ou couvens, donner alimentation et entretenement suffisant, leur vie durant, comme pareillement on fera à ceux de Hollande et Zélande qui en sont sortiz et retirez en aucune de ces provinces unies.

»15o Que pareillement sera donné l'alimentation et entretenement, leur vie durant, selon la commodité du revenu de leurs cloistres ou couvens, à toutes personnes de ces pays unis qui s'en voudront départir, ou jà en sont départis, soit pour religion ou autre occasion raisonnable: bien entendu qu'à ceux qui depuis la date de cestes se voudront habituer èsdits cloistres et couvents et qui après en voudroyent sortir, ne leur sera donné aucune alimentation, mais s'en pourront retirer, si bon leur semble, en retenant à eux ce qu'ils y auront apporté. Et que tous ceux qui présentement sont ès dits couvens ou qui par cy-après y voudront entrer, demeureront libres en leur religion, profession et habits, à la charge, qu'en tous autres cas, ils soyent obéissans à leurs généraux.

»16o Et s'il advenoit, que Dieu ne veuille, qu'entre lesdites provinces il y survint quelque malentendu, questions ou divisions, en quoy elles ne sçauroient s'accorder, qu'icelles, si avant que le fait touche une province en particulier, seront appoinctées et vuidées par les autres provinces ou par celles que, d'entre elles, elles voudroyent dénommer. Mais s'il touche toutes les provinces, en général, cela se vuidera par les gouverneurs et lieutenans des provinces, comme il est dit, article 9 cy-dessus, lesquels seront tenus de faire droit aux parties, ou de les accorder, en dedans un mois, ou en plus bref temps, si le cas le requiert, après en avoir esté sommez et requis par l'une ou l'autre des parties; et ce qui par les autres provinces, ou leurs députez, ou par lesdits gouverneurs ou lieutenans aura esté dit et prononcé, sera suivi, et accompli, sans, en ce, se pouvoir prévaloir d'aucune provision de droict, soit d'appel, relief, revision, nullité ne autres prétentions, quelles qu'elles soyent.

»17o Que lesdites provinces, villes et membres d'icelles se garderont de donner aucune occasion de guerre ou noise à ceuls de leurs voisins, princes, scieurs, pays, villes ou républiques; pour à quoy obvier seront lesdites Provinces-Unies tenues de faire bon, bref droit et expédition de justice, aussi bien aux forains et estrangers, qu'à leurs sujets et citoyens. Et si aucune d'entre elles y estoit défaillante, les autres, leurs confédérez, tiendront la main, par tous moyens raisonnables, que cela soit fait, et que tous abus qui le pourroient empescher ou retarder le cours de la justice soyent corrigez et réformez, selon le droict et suyvant les priviléges et anciennes coutumes d'icelles.

»18o Ne pourra nulle desdites provinces, villes ou membres, mettre sus aucune imposition, argent de convoy, ny autre pareille charge, au préjudice des autres, sans commun consentement de tous, ny surcharger aucuns de ses confedérez plus avant que soy mesmes, ou ses habitans.

»19o Que pour mettre ordre à toutes choses occurrentes et aux difficultez qui se pourroient présenter, lesdits confédérez seront tenus, sur le mand et rescription qui leur sera faicte par ceux qui seront autorisés quant à ce, de comparoistre en ladite ville d'Utrecht, au jour qui sera limité, pour entendre à ce que par les lettres de rescription sera exprimé, si la chose ne requiert d'estre secrète, pour sur ce délibérer, et par commun advis et consentement, ou par la pluralité des voix, y résoudre et ordonner, jaçoit qu'aucuns ne comparussent pas: auquel cas, ceux qui comparaîtront, pendant ce temps, procéder à la résolution et détermination de ce qu'ils trouveront convenable et proufitable au bien public de ces Provinces-Unies; et ce qui aura esté ainsi résolu s'accomplira mesmes par ceux qui n'ont point comparu, ne fût que la chose fût de trop grande importance et qu'elle pût souffrir le délayer; auquel cas, on rescrivera à ceux qui ont esté défaillans de s'y trouver à certain jour limité, à peine de perdre l'effet de leur voix, pour cette fois. Et lors, ce qui aura été fait demeurera ferme et valable, ores qu'aucunes desdites provinces ayant esté absentes; sauf qu'à ceux qui n'auront eu le moyen de comparoistre, il leur sera loisible d'y envoyer leurs advis par escrit, pour au recueil de toutes les voix, y avoir tel regard qu'il appartiendra.

»20o Et à ces fins seront tous et chacun desdits confédérez tenus de rescrire à ceux qui auront l'autorité, de faire assembler lesdites Provinces-Unies, de toutes choses qui pourront occurrer et venir au devant ou qui leur semblera tendre au bien ou au mal desdites provinces et confédérez, pour sur ce les faire convoquer comme dessus.

»21o Et si avant qu'il s'y représente quelque obscurité ou ambiguité par où pourroit naître dispute ou question, l'interprétation d'icelles appartiendra auxdits confédérez qui, par commun advis les pourront esclarcir et en ordonner ce que de raison. Et si sur icelles ils ne tomboient d'accord, ils auront recours aux gouverneurs et lieutenans des provinces, comme dict est.

»22o Comme pareillement s'il se trouvoit nécessaire d'augmenter on diminuer quelque chose aux articles de cette union, confédération et alliance en aucuns de leurs points, que cela se fera par commun advis et consentement de tous lesdits confédérez, et non autrement.

»23o Tous lesquels poincts et articles et chacun d'eux en particulier lesdites Provinces-Unies ont promis et promettent par cestes d'accomplir et entretenir, sans y contrevenir ny souffrir y estre contrevenu directement ou indirectement en aucune manière. Et si, avant qu'aucune chose se face on attente au contraire par aucun d'entre eux, que dès maintenant et pour lors, ils le déclarent nul et de nulle valeur, obligeant à ce leurs personnes et tous les manans et habitans respectivement desdites provinces, villes et membres, ensemble tous leurs biens pour iceux en cas de contraventions estre, par toutes places, pardevant tous seigneurs, juges et juridictions où on les pourra recouvrer, saisir, arrestez et empeschez, pour l'effect et accomplissement de ces présentes et de ce qui en dépend, renonçans, à ces fins, à toutes exceptions, grâces, privilèges, relèvemens, et généralement à tous bénéfices de droit qui, au contraire de cestes, leur pourroient ayder et servir, et spécialement au droict qui dict générale renonciation non valoir si la spéciale ne précède.

»24o Et pour plus grande corroboration seront tous gouverneurs et lieutenans desdites provinces, qui y sont à présent, ou qui y pourront estre en temps advenir, ensemble tous magistrats et hauts officiers desdites provinces, villes ou membres, tenus de jurer et prêter le serment d'entretenir et faire entretenir tous les poincts et articles et chacun d'eux en particulier de ceste union et confédération.

»Comme pareillements seront tenus de faire le mesme serment tous corps de confrairies ordinaires et compaignies bourgeoises en chacune desdites villes et places de ladite union.

»De ce en seront dépeschés lettres en forme par les gouverneurs, lieutenans, membres et villes des provinces, à ce spécialement requises, soubsignées.

»Et fut ceste présente faite et soussignée en ladite ville d'Utrecht, le 23 de janvier 1579.»

Après avoir reproduit le texte ci-dessus de l'union d'Utrecht, Lepetit (Gr. chron. de Holl. et Zél., t. II, p. 376) dit:

«Le 4e de février ensuyvant, ceste union fut signée par ceux de Gand; le 3e de may, par le prince d'Orange, en Anvers; le 11e de juin, par George de Lalain, comte de Remberghes, gouverneur de Frise, d'Overyssel et Groningue et des Ommelandes. Après, ceux d'Anvers suivirent ceux de Bruges, de Bréda, et plusieurs autres.—Tout ceci se faisoit tandis que ceux d'Artois, de Hainaut, Lille, Douay Orchies, tramoient leur désunion et pourchassoient leur réconciliation particulière vers le prince de Parme, lors campé devant Maëstricht, s'excusant vers les autres confédérez, qu'ils ne pouvoient souffrir aucune altération de la religion romaine.»

XVII

Petri Foresti opera omnia.—Observat. et curat. medic. de febribus,
lib. 2, observ. 4. (Francof. 1660, et Lugd. Batav., 1593.)

Illustriss. Dominus princeps Auraïcus, cum per hyemem Delphis ageret, et in stupha longo tempore degeret, apertis sæpe fenestris, quæ ad turrim templi antiqui spectabant, unde ventus perpendicularis et ex parte Borealis intrabat, ita ut in gutturis inflammationem incideret, quam et valida febris subsequebatur, cùm aliquantulum inhoeruisset: quæ per viginti quatuor horas tantùm duravit, febre non ampliciis redeunte, licet vires utcumque ex valida illa febre dejectæ fuerint. Utebatur autem tunc gargarismo quodam sibi familiari in eodem gutturis malo, quo alias commode uti solebat ab ejusdem generosissima uxore confecto... Verum cùm inde nihil juvaminis sentiret, 27 januarii anno 1581 Excellentia sua me vocavit. (Suit l'exposé du traitement de la maladie.)—Fuitque istis remediis illustriss. Dominus princeps magna cum nostra laude curatus, ut postea validus ac robustus Amstelrodamum accesserit. Cùmque Excellentissimus Dominus princeps tertio julii rediisset, ejusque Excellentiam, tùm Dominam ejus uxorem generosissimam Carolam, ex stemmate nobilissimo Borboniorum ortam, strenuissimi Ducis Monpenserii filiam, in Haghà Comitis salutarem, ea ipsa admodum liberalis duobus scyphis deauratis me donavit, pigans æternæ memoriæ gratitudinis post se relinquens.

XVIII

Déclaration des états généraux des Provinces-Unies du 26 juillet 1581,
moins le préambule, qui a été déjà reproduit au chap. IX.
(Lepetit, Chronique de Hollande et Zélande, t. II, p. 428 et suiv.)

«Or, il est ainsi que le roy d'Espagne, après le trespas de feu, de haute mémoire, l'Empereur Charles cinquiesme, son père, de qui luy sont transportés tous ces pays, oubliant les services que, tant sondit père que luy mesme avaient receu de ces pays et inhabitans d'iceulx, par lesquels principalement le roy d'Espagne avoit obtenu si glorieuses et mémorables victoires contre ses ennemis, que son nom et puissance en estoient renommez et redoubtez par tout le monde; oubliant aussi les admonitions lesquelles ladite majesté impériale luy avoit par cy-devant faites: au contraire a donné audience, foi et crédit à ceux du conseil d'Espagne estans lez luy, ayant ledit conseil conçu une haine secrète contre ces pays et leur liberté; pour autant qu'il ne leur étoit permis d'y commander et les gouverner, ou de servir en iceux les pricipaux estats et offices, ainsi qu'ils sont au royaume de Naples, Sicile, Milan, aux Indes, et autres pays sujets à la puissance du roy: estant aussy amorcez de la richesse desdits pays, à la plus part d'entre eux bien cognue. Ledit conseil, ou mesme des principaux d'iceluy, ont par diverses foys remonstré au roy que, pour sa réputation et plus grande autorité de Sa Majesté, il valoit mieux conquester de nouveau ces Pays-Bas, pour alors y pouvoir commander librement, à son plaisir, et absolutement, c'est-à-dire, tyranniser, à sa volonté, que de les gouverner sous telles conditions qu'il avoit, à la réception de la seigneurie desdits pays, juré d'observer.

»Le roy d'Espagne suyvant depuis lors ce conseil, a cherché tous moyens pour réduire ces pays, les despouillant de leur ancienne liberté, en servitude, sous le gouvernement des Espagnols. Ayant, sous prétexte de la religion, premièrement voulu mettre ez principales et plus puissantes villes nouveaux évesques, les dotant de l'incorporation des plus riches abbayes, adjoustant à chacun évesque neuf chanoines pour luy servir de conseillers, dont les trois auroient la charge péculière de l'inquisition; par laquelle incorporation lesdits évesques, estant ses créatures à sa dévotion et commandement (qui eûssent peu estre choisis aussi bien d'estrangers que de naturels du pays) auroient le premier bien et la première voix ez assemblées des estats desdits pays: et par l'adjonction desdits chanoines, auroit introduit l'inquisition d'Espagne, laquelle, de tout temps, a esté en ces pays en aussy grande horreur et autant odieuse comme l'extrême servitude mesmes, ainsi qu'il est notoire à un chacun; tellement que la majesté impériale l'ayant autrefois mise en avant à cesdits pays, icelle, moiennant les remontrances faictes à Sa Majesté, cessa de plus la proposer, monstrant en cela la grande affection qu'il portoit à ses subjectz.

»Mais nonobstant diverses remontrances faites au roy d'Espaigne, tant par les provinces et villes particulières, que par aulcuns des principaux seigneurs du pays, nommément par le baron de Montigny, et depuis par le comte d'Egmont, qui, par consentement de la duchesse de Parme, alors régente d'iceux pays, par advis du conseil d'Estat et de la généralité, ont, à ces fins, successivement esté envoyés en Espaigne. Et nonobstant aussy que le roy leur auroit, de bouche, donné espoir que, suivant leur requeste, il pourvoiroit au contentement du pays. Si est-ce toutefois que par lettres il a fait puis après tout le contraire; commandant bien expressément et sous peine d'encourir son indignation, de recevoir incontinent les nouveaux évesques et de les mettre en possession de leurs évêchez et abbayes incorporées: d'effectuer l'inquisition, où elle avoit auparavant esté encommencée à pratiquer, et d'obéyr et ensuivre les décrets et statuts du concile de Trente, lesquels, en divers points, contrarient aux priviléges du pays.

»Ce qu'estant venu à la cognoissance de la commune, a donné juste occasion d'une grande altération entre eux et grandement diminué la bonne affection, laquelle, comme bons sujets, ils avoyent de tout temps portée au roy et à ses prédécesseurs; car ils mettoient principalement en considération que le roy ne prétendoit pas tant seulement tyranniser sur leurs personnes et biens, mais aussi sur leurs consciences, desquelles ils n'entendoient estre responsables ou tenus d'en rendre compte qu'à Dieu seul.

»A cette occasion, et pour la pitié qu'ils avoient du pauvre peuple, les principaux de la noblesse du pays exhibèrent, l'an 1566, certaine remonstrance, par forme de requeste, suppliant par icelle, pour apaiser la commune, et éviter toutes émotions et séditions, qu'il pleust à Sa Majesté, monstrant l'amour et affection que, comme prince benin et clément, il portoit à ses sujets, de modérer lesdits points, et signamment ceux qui concernoient la rigoureuse inquisition et supplices pour le fait de la religion.

»Et pour remonstrer le mesme plus particulièrement au roy et avec plus d'autorité et luy donner à entendre combien il estoit nécessaire pour le bien et prospérité du pays, et pour le maintenir en repos et tranquillité, d'oster les susdites nouvelletez et modérer la rigueur des placarts publicz sur le faict de la religion: Se sont ledit marquis de Berghe et ledit baron de Montigny, à la requeste de ladite dame la régente, du conseil d'Estat et des estats généraux de tous les pays, comme ambassadeurs, acheminez vers Espagne, là où le roi, au lieu de leur donner audience et pourvoir aux inconvéniens par eux remontrez (lesquels, pour n'y avoir remédié à temps, comme l'urgente nécessité le requéroit, s'estoient desjà en effect commencé à descouvrir par tout le pays entre la commune), par instinct, persuasion et sentence du conseil d'Espagne il a fait déclarer rebelles et coupables du crime de lèze-majesté tous ceux qui avoient faict ladite remonstrance, et d'avoir forfait corps et biens.

»Et pardessus ce, pensant estre totalement asseuré desdits pays par les forces et violence du duc d'Alve et les avoir réduits sous sa plénière puissance et tyrannie, il a fait, puis après, contre tout droit des gens (de tout temps inviolablement observé, mesmes entre les plus barbares et cruelles nations et princes les plus tyranniques), emprisonner et mourir lesdits seigneurs ambassadeurs, confisquant tous leurs biens.

»Et nonobstant que toute la susdite altération survenue l'an 1566, à l'occasion que dit est, eût été quasi assoupie par la régente et ceux de sa suite, et que la plus grande part de ceux qui s'étaient présentés devant elle pour la liberté du pays se fûssent retirés, ou eûssent été déchassés, et les autres assujétis: ce néantmoins, pour ne négliger l'opportunité que ceux du conseil d'Espagne avoient si longtemps cherchée et espérée, selon qu'ouvertement donnèrent à cognoistre les lettres interceptées, audit an 1566, de l'ambassadeur d'Espagne, nommé d'Alava, escrites à la duchesse de Parme, pour avoir moyen, sous quelque prétexte, d'abolir tous les priviléges du pays et de le pouvoir faire gouverner tyranniquement par les Espagnols, comme ils faisoyent les Indes et autres pays par eux de nouveau conquestez, il a par l'instruction et conseil desdits Espagnols, monstrant en cela le peu d'affection qu'il portoit à ses sujets de ces pays, contrevenant à ce qu'il estoit obligé, comme leur prince, protecteur et bon pasteur, envoyé en ces pays le duc d'Alve, fort renommé pour sa rigueur et cruauté, l'un des principaux ennemys des mesmes pays, accompagné d'un conseil de personnes de mesme naturel et humeur que lui.

»Et combien que ledit duc d'Alve soit entré en ce pays avec son armée, sans aucune rencontre ny empeschement, et qu'il ayt esté receu des povres inhabitans avec toute révérence et honneur, n'en attendant que toute bénignité et clémence, suyvant ce que le roy leur avoit tant de fois promis par ses lettres fainctement escrites, voire mesme qu'il estoit délibéré de se trouver en personne au pays et d'y venir donner ordre à tout, au contentement d'un chacun.

»Ayant iceluy roy, outre cela, au temps du parlement du duc d'Alve pour venir par deçà, fait armer, aux costes d'Espagne, une flotte de navires pour l'amener icy, et une autre en Zélande pour l'aller rencontrer et recevoir, comme il en faisoit courir le bruit, aux grands frais et dépens du pays: pour tant mieux amuser et abuser les povres sujets et plus facilement les attirer en ses filets. Nonobstant quoy, iceluy duc d'Alve, incontinent après sa venue, bien qu'il fûst estranger, nullement de sang royal, déclara qu'il avait commission du roy, de grand capitaine, et, peu après, de gouverneur général de ces pays: chose du tout contraire aux priviléges et anciens usages d'iceux. Et descouvrant suffisamment ses desseins, mit subitement garnison éz principales villes et forteresses du pays, fit bastir aux plus puissantes et riches villes des citadelles, pour les tenir en sujétion. Et par charge du roy, comme il disoit, appela aimablement vers luy, tant par lettres qu'autrement, les principaux seigneurs du pays, sous prétexte d'avoir affaire de leurs conseils et assistance pour le bien et service du roy et des pays.

»Après quoy il fit appréhender prisonniers ceux qui, ayant donné foy à ses lettres, s'étoient venus présenter: qu'il a, contre les priviléges, fait mener hors du pays de Brabant, où ils avaient esté appréhendez, faisant pardevant lui et son conseil, encores qu'ils ne fûssent juges compétens, instruire leur procès. Et devant qu'ils fûssent instruits et les seigneurs accusez, pleinement ouys en leur défense, jugez avoir commis crime de perduellion, les faisant publiquement et ignominieusement mettre à mort.

»Les autres, qui, pour mieux recognoistre les faintises des Espagnols, s'estoyent retirez et tenus hors du pays, déclarez rebelles, et d'avoir commis crime de lèze-majesté, d'avoir forfait corps et biens, et comme tels, confisqué tout ce qu'ils avoient pardeçà; le tout, afin que les povres inhabitans ne s'en pûssent ayder, en la juste défense de leur liberté contre l'oppression des Espagnols et de leurs forces, à l'assistance desdits seigneurs et princes; pardessus une infinité d'autres gentilshommes et notables bourgeois, lesquels il a en partie fait mourir et en partie déchassez, pour confisquer leurs biens: travaillant le reste des bons inhabitans tant par fourragement de soldats, qu'autres outrages, en leurs femmes, enfans et biens: comme aussi par diverses exactions et tailles; les contraignant de contribuer tant aux bastimens des nouvelles citadelles et fortifications des villes, qu'il fit à leur oppression, que de fournir centiesmes et vingtiesmes deniers, pour le paiement des soldats, en partie par luy amenez et en partie par luy levez de nouveau, pour les employer contre leurs compatriotes; et ceux qui, au danger de leur vie, se hazardoient à défendre la liberté du pays, afin qu'aux sujets ainsi appauvris il ne restât aucun moyen pour empescher ses desseins, et mieux effectuer l'instruction qui lui avoit esté baillée en Espagne, à sçavoir de traiter ces pays comme nouvellement conquis.

»A laquelle fin, il changea pareillement, en aucuns lieux et villes principales l'ordre du gouvernement et de la justice, érigea nouveaux consaux, à la manière d'Espagne, directement contre les priviléges du pays.

»Et finalement s'estimant hors de toute crainte, voulut par force introduire certaine imposition d'un dixième denier sur toutes sortes de marchandises et manufactures, à la totale ruine de la commune, de laquelle le bien et la prospérité consiste, la plupart, au trafique et manufactures; et ce, nonobstant une infinité de remonstrances faites au contraire, tant par chacune des provinces en particulier, que de toutes, en général; ce que par violence il auroit ainsi effectué, si ce n'eust esté que, bientost après, par le moyen de monseigneur le prince d'Orange et de bon nombre de gentilshommes et autres natifs de ces pays, bannis par ce duc d'Alve, suivant le party dudit seigneur prince et estant pour la pluspart en son service, et autres inhabitans affectionnez à la liberté de leur patrie, les provinces de Hollande et de Zélande ne se fûssent révoltées et mises sous la protection dudit seigneur prince.

»Contre lesquelles deux provinces ledit duc d'Alve a depuis, durant son gouvernement, et après lui, le grand commandeur de Castille, envoyé en son lieu par le roy, non pour adoucir et modérer quelque peu la tyrannie de son prédécesseur, mais pour la poursuivre plus couvertement et cauteleusement qu'il n'avoit fait, contraint les provinces, qui par leurs garnisons et citadelles étoient réduites sous le joug espagnol, d'employer leurs personnes et tous leurs moyens pour aider à les subjuguer, sans toutefoys en rien soulager lesdites provinces, ainsi en les traitant comme ennemis, présentant aux Espagnols, sous ombre d'une mutinerie, à la vue dudit commandeur, d'entrer par force en la ville d'Anvers, y séjourner l'espace de six semaines, vivans à discrétion, à la charge des povres bourgeois, les contraignant pardessus ce, pour estre deschargez de leurs violences, de fournir la somme de quatre cent mille florins pour le paiement de la solde desdits Espagnols. Quoy fait, lesdits soldats prenans par la connivence de leurs chefs, tant plus de hardiesse, se sont avancez de prendre ouvertement les armes contre le pays: tâchans premièrement de surprendre la ville de Bruxelles, et au lieu du siége ancien et ordinaire des princes de pardeçà, faire illec un nid de leurs rapines; ce que, en leur succédant selon leur dessein, prinrent par force et violence la ville d'Alost, et tost après forcèrent la ville de Maëstricht. Et depuis estant violemment entrez en la ville d'Anvers, l'ont pillée, saccagée et mise à feu et à sang, et ainsi traitée, que les plus barbares et cruels ennemis d'un pays n'en auroient sceu faire davantage ne pire: au dommage indicible non seulement des povres inhabitans, mais quasi de toutes les nations du monde, qui avoyent illec leurs marchandises, debtes et argent.

«Et combien que lesdits Espagnols, par ordonnance du conseil d'Estat, auquel le roy, par le trespas advenu dudit grand commandeur peu auparavant avait conféré le gouvernement général du pays, fûssent, en la présence mesme de Jéronimo de Rhoda, déclairez et publiez ennemis du pays, ledit de Rhoda toutefois, de son autorité privée, comme il est à présumer en vertu de certaine secrète instruction qu'il avoit d'Espagne, entreprist d'estre chef desdits Espagnols et de leurs adhérens; de manière que, sans respecter ledit conseil d'estat, il usurpa le nom et authorité du roy, contrefit son sceau et se porta en gouverneur et lieutenant du roy en ces pays.

«Ce qu'au mesme instant esmeut les estats d'accorder avec mondit sieur le prince d'Orange et les estats de Hollande et Zélande; lequel accord a par ledit conseil d'Estat, comme légitimes gouverneurs, esté approuvé, pour, conjoinctement et de main commune, faire la guerre aux Espagnols, communs ennemis de la patrie et les déchasser de ces pays; sans toutefois que comme bons sujets ils aient entretant obmis par diverses remonstrances et humbles requestes de pourchasser avec toute diligence, par tous moyens convenables et possibles vers le roy: qu'en prenant égard aux fautes, troubles et inconvéniens déjà survenus et apparentement encore à suivre, il luy plût faire sortir les Espagnols hors de ces pays, et premièrement ceux qui auroient esté cause des saccagemens et ruines des principales villes de son pays, et d'autres innumérables forces et violences que ses povres sujets avoient souffert, à la consolation et soulagement de ceux qui les avoient endurez, et à l'exemple de tous autres.

«Si est-ce nonobstant que le roy encores qu'il fît semblant par paroles que ce qui estoit advenu luy desplaisoit et estoit contre son gré, et qu'il avoit intention d'en punir les chefs et auteurs et de vouloir pourvoir et donner ordre avec toute clémence au repos du pays, comme il appartenoit à un prince bénin, n'a pas seulement négligé de faire la punition dudit chef et auteurs, ains au contraire, comme assez il appert que tout estoit avec son consentement et préalable délibération de son conseil d'Espagne, ainsi que certaines lettres siennes, peu après interceptées ont donné pleine foy: par lesquelles estoit escrit audit Rhoda et aux autres capitaines, auteurs du mal, que le roy non seulement ne blâmoit point leur fait, mais le trouvoit bon et le prisoit, promettant les récompenses, signament ledit Rhoda, comme ayant fait un singulier service; ce qu'à son retour en Espagne et à tous autres ministres de sa tyrannie exercée en ces pays il auroit par effet démontré.

»Au mesme temps aussy, le roy pensant de tant mieux esblouyr les yeux de ses sujets, envoya en ces pays, pour gouverneur général, son frère bastard, dom Juan d'Autriche, comme estant de son sang; lequel sous prétexte de déclarer aux estats qu'il trouvoit bonne et approuvoit la pacification faite à Gand, promit de faire sortir les Espagnols, de faire punir les auteurs des violences et désordres advenus en ces pays, et de mettre ordre au repos général et réintégration de leur ancienne liberté: tascher de séparer lesdits Estats et de subjuguer un pays et l'autre après.

»Par permission et providence de Dieu, ennemy de toute tyrannie, il fut découvert, par l'interception de certaines lettres, qu'il avoit charge du roy de se reigler en ces pays suyvant l'instruction qui luy seroyt donnée par Rhoda; et, pour couvrir telle chose, le roy défendoit à dom Juan et à Rhoda de ne s'entrevoir ou parler l'un à l'autre; luy commandant de se comporter avec les grands et principaux seigneurs avec toute bénignité et bénévolence, pour gagner leurs affections: jusques à ce que, par leur assistance et moyen, il eût pû réduire la Hollande et Zélande, pour après faire sa volonté des autres provinces. Sur quoy aussy dom Juan, nonobstant qu'il avoit solennellement juré, en présence de tous les estats du pays, d'observer ladite pacification de Gand, contrairement à cela, chercha par le moyen de leurs colonels, lesquels il avoit déjà à sa dévotion, toutes manières pour, par grandes promesses, gagner les soldats allemands, lesquels estoient alors en garnison et avoient en garde les principales villes et forteresses du pays, desquels par ce moyen il se fit maistre; comme déjà, par l'induction de leurs colonels, il les avoit gagnez et attirez, se tenant assuré des places par eux occupées: pour, par ce moyen, forcer ceux qui ne se voudroient joindre avec luy à faire la guerre au prince d'Orange et à ceux de Hollande et Zélande; par ainsi susciter une plus sanglante et cruelle guerre intestine, qu'elle n'avoit esté auparavant.

»Mais comme toutes choses qui se traitent fainctement, couvertement et par dissimulation ne peuvent longtemps demeurer cachées, venant les menées de don Juan à estre descouvertes, comme qu'il sceut effectuer ce qu'il avoit désigné, il ne sceut mener ses conceptions et entreprises à la fin qu'il prétendoit.

»Ce nonobstant, toutefois, il suscita nouvelle guerre laquelle dure encore jusques à présent, au lieu d'un repos et paix assurée, dont, à son arrivée, il se vantoit tant.

»Lesquelles susdites raisons nous ont donné assés d'occasions pour deschasser le roy d'Espagne, et de chercher un autre puissant et benin seigneur pour ayder à deffendre ces pays et les prendre en sa protection. Et ce, d'autant plus que lesdits pays ont desjà receu telles foules, souffert tels outrages, et ont esté délaissez et abandonnez par leur prince jà par l'espace de plus de vingt ans, durant lesquels les habitans ont esté traitez, non comme sujets, mais comme ennemis; leur propre prince et seigneur s'efforçant de les ruiner par force d'armes.

»En outre, après le trespas de don Juan, ayant envoyé le baron de Selles, lequel, sous prétexte de mettre en avant quelques moyens d'accord, déclaira suffisamment que le roy ne vouloit advouer la pacification faite à Gand, laquelle toutefois dom Juan avoit juré en son nom de maintenir, mettant ainsi, de jour à autre, plus graves conditions d'accord.

»Nonobstant quoy, nous n'avons, pour nous acquitter de nostre devoir, voulu laisser, par humbles remonstrances escrites, y employant mesme la faveur et intercession des principaux seigneurs et princes de la chrestienté, et par tous moyens, continuellement et sans intermission, de chercher à nous réconcilier et accorder avec le roy.

»Ayant aussi eu dernièrement bien longtemps noz députez à Coulogne, espérans illec, par intercession de la majesté impériale et des seigneurs princes électeurs estant à ce entremis, d'impétrer une paix assurée, avec quelque gracieuse et modérée liberté de la religion (laquelle concerne principalement Dieu et les consciences) selon que la constitution des affaires du pays le requéroit pour lors.

»Mais nous avons finalement trouvé par expérience, que par icelle remonstrance et communication à Coulogne ne pouvions rien obtenir du roy, et que ladite communication estoit seulement pratiquée et servoit pour désunir les provinces et les mettre en discord, pour tout plus facilement vaincre et subjuguer l'un devant, et l'autre après, et exécuter contre icelles leurs premiers desseins.

»Ce qui est depuis évidemment apparu par certain placard de proscription que le roy fit publier, par lequel nous et tous les habitans desdites Provinces-Unies, officiers d'icelles et tenant leur party, sont déclairez rebelles, et pour tels, avoir forfait, corps et biens, promettant en oultre grande somme de deniers à celuy qui tueroit ledit seigneur prince; le tout, pour rendre odieux les propres habitans, empescher leur navigation et trafique, et les mettre en un extrême désespoir: tellement que, désespérant totalement de tous moyens de réconciliation, et destituez de tout autre remède et secours, avons, suivant la loy de nature, pour la tuition et deffence de noz (et des autres habitans) droits, priviléges et anciennes coustumes, et de la liberté de la patrie, la vie et l'honneur de nous, nos femmes et enfans, et postérité, afin qu'ils ne viennent à tomber en la servitude des Espagnols, délaissant à bon droit le roy d'Espagne, esté contraints de trouver et practiquer autres moyens, tels que, pour nostre plus grande sûreté et conservation de nos droits, privilèges et libertés susdites, avons advisé le mieux convenir.

«Sçavoir faisons que, toutes les choses susdites considérées, et pressez de l'extrême nécessité, comme dit est, avons, par commun accord, délibération et consentement, déclaré, etc., etc., etc.»

XIX

Circonstances qui déterminèrent Jauréguy à attenter à la vie du prince d'Orange.
(De Thou, Hist. univ., t. VI, p. 178 à 180.)

«Depuis la proscription du prince d'Orange, Jean d'Ysunca, Biscayen, natif de la ville de Victoria, qui avoit été autrefois commissaire des vivres aux Pays-Bas, cherchoit continuellement quelque moyen d'avancer sa fortune. Pendant qu'il étoit occupé de cette pensée, il apprit que Gaspard d'Annastro, son compatriote, qui faisoit depuis longtemps la banque à Anvers, étoit sur le point de faire banqueroute. Il crut que dans le désordre où étoient ses affaires il ne seroit pas difficile de l'engager à quelque coup hardi.

»Il y avoit environ dix mois qu'il lui avoit écrit de Lisbonne, et il l'avoit depuis fait solliciter par ses émissaires d'entreprendre une chose qui lui seroit, disoit-il, aussi honorable qu'utile, qui tourneroit à la gloire de Dieu, que le prince d'Orange attaquoit par son hérésie, et à la tranquillité des Pays-Bas qu'il troubloit par sa révolte. Et, pour l'encourager, il lui envoya un brevet du roi, qui lui promettoit, après l'action, quatre-vingt mille ducats, argent comptant, une commanderie de Saint-Jacques, et une fortune éclatante.

»Annastro, effrayé du péril auquel il s'exposeroit, balança longtemps; mais enfin ses malheurs augmentant tous les jours, il prend conseil de son désespoir, s'ouvre à son caissier, nommé Antoine de Venero, natif de Bilbao, et, après lui avoir découvert le mauvais état de ses affaires, il lui communiqua la proposition d'Ysunca. Il fondoit en larmes en lui parlant; et Venero, touché des malheurs de son maître, laissa aussi tomber des larmes. Cependant la proposition lui fit horreur, soit par la vue du péril, soit par un motif de conscience.

»Annastro, voyant que Venero ne s'offroit point à le servir, lui demanda s'il croyoit que Jean de Jauréguy fût disposé à entreprendre un coup pareil. Ce Jauréguy, qui servoit à la banque, étoit un jeune homme d'environ vingt ans, d'un caractère sombre et opiniâtre; ce qui faisoit juger à son maître que, s'il se déterminoit une fois, il ne reculeroit pas.

»Venero lui en fit un scrupule, et lui demanda si, en conscience, il pouvoit exposer un jeune étourdi à une mort certaine. Mais Annastro soutint que, le prince d'Orange ayant été déclaré criminel de leze-majesté et proscrit par le prince qui a droit de suppléer à la loi, il étoit permis à tout le monde de le tuer, comme un homme justement condamné, qu'il avoit consulté les théologiens d'Espagne et qu'ils lui avoient répondu qu'il n'y avoit point de difficulté; qu'ainsi il ne lui restoit aucun scrupule sur cet article.

»Aussitôt, ayant renvoyé Venero, il fait venir Jauréguy et, jetant un grand soupir, à son abord: «—Si je ne connaissois, dit-il, votre fidélité, votre constance et votre piété sincère, je ne m'adresserois pas à vous, dans l'état malheureux où sont les affaires publiques et les miennes. Vous voyez encore mes yeux tout rouges et baignés de pleurs, et je crois que vous n'en ignorez pas la cause; car je remarque depuis longtemps que vous êtes sensible aux outrages que l'on fait à notre souverain, et que, quoique vous soyez né en Espagne aussi bien que moi, vous ne laissez pas d'être touché des maux de ces provinces, qui sont à notre égard, comme une seconde patrie. J'ai vû d'ailleurs que vous plaigniez sincèrement mon sort et que vous étiez touché de me voir réduit à un état si malheureux par la faute et par le malheur d'autrui. Il y a longtemps que je cherche quelque moyen de me tirer de l'abyme où je suis: mais enfin voici une occasion que m'offre la Providence. Vous pouvez, si vous avez du courage, délivrer votre roi, votre patrie, et votre maître. Considérez qui est la cause et l'auteur de tous nos maux: c'est sans doute le prince d'Orange, qui, après avoir violé la foi qu'il devoit à Dieu, vient de renoncer hautement à celle qu'il avoit jurée à son roi. Quoique proscrit, comme il le méritoit, il a eu l'insolence de publier un écrit injurieux, où il ose attaquer le nom et la majesté de son prince; et, pour comble d'attentat, après avoir fasciné les esprits par ses manières populaires, il vient de donner aux habitans du pays un prince étranger pour souverain. Notre roi l'a donc justement condamné à mort. C'est de cet homme qu'il faut nous défaire, si nous voulons nous acquitter de ce que nous devons à Dieu, au roi et à la patrie. Le roi promet de grandes récompenses; mais j'en suis moins touché, quoiqu'elles puissent être utiles pour mes affaires et pour les vôtres, que du devoir que notre conscience nous impose. Il me semble qu'elle nous reproche notre lâcheté, disons plus, notre perfidie, si nous laissons vivre plus longtemps un tyran, ennemi de Dieu et des hommes, et qui est né pour le malheur et pour la ruine de ces provinces.»

»En parlant ainsi, il fondoit en larmes, et, jugeant à la mine du jeune homme et à son regard fixe, qu'il entroit dans ses vues, il se jeta à son cou et l'embrassa étroitement.

»Jauréguy aussitôt lui répondit avec un air intrépide: «—Je suis tout prêt; me voilà affermi dans un dessein que je méditois depuis longtemps. Je méprise le péril et les conditions; je n'en veux aucune, et je suis résolu à mourir. Voyez seulement de quelle arme je dois me servir. Comme je n'ai pas l'usage des armes à feu, je serai plus sûr avec le fer. Je ne vous demande qu'une grâce: c'est de prier Dieu pour moi, d'obtenir du roi qu'il fasse du bien à mon père, et qu'il ne laisse pas mourir ce vieillard dans la misère.

»—Je loue votre résolution et votre fermeté, interrompit Annastro; mais il faut que vous ayez une meilleure idée du succès: j'espère que vous vivrez et que vous jouirez de la gloire qu'une si belle action vous promet. Comptez sur l'efficacité des prières et des vœux dont je vais vous montrer des copies.»

»Aussitôt il remplit ses tablettes d'enchantemens et de billets superstitieux, conçus en forme de prières; mais surtout il y glisse un écrit sur lequel il comptoit beaucoup plus que les prétendus secrets de la magie; et il eut soin de le disposer de manière qu'on ne pouvoit s'empêcher de le lire dès qu'on tenoit les tablettes. Par cet écrit on promettoit, au nom du roi, que si le magistrat de quelque ville que ce fût traitoit bien celui qui auroit tué le prince d'Orange, cette ville obtiendroit du roi toutes les grâces qu'elle voudroit demander. Annastro, qui craignoit quelque remords de la part de ce jeune furieux, dès qu'il seroit de sang-froid, étoit bien aise de lui faire espérer l'impunité.

»Cette ruse lui réussit; et Jauréguy, persistant dans sa résolution, entreprit de l'exécuter, au dimanche, 18 de mars.

»Annastro était sorti de la ville, le mardi d'auparavant: ayant passé à Bruges, à Dunkerque et à Gravelines, il s'étoit rendu à Tournai.

»Le jour que Jauréguy avoit pris étant arrivé, il se confessa à Antoine Timmermann, autrefois dominicain, qui avait coutume de dire la messe en secret dans la maison d'Annastro et de faire des conférences de piété pour lui et de ses domestiques. A la fin de sa confession, ce forcené ajouta qu'il avoit résolu de tuer le prince d'Orange, pour délivrer les Pays-Bas de la tyrannie et de l'hérésie. Timmermann approuva ce dessein, pourvu que ce ne fût point l'avarice qui conduisît sa main, mais la gloire de Dieu, le service du roi, et le bien de sa patrie. A cette condition, il fut absous de ses péchés, et, après la messe, il reçut l'Eucharistie.

Jauréguy dit ensuite à Venero qu'il alloit exécuter son projet, il but un coup d'un vin étranger, et se rendit à la citadelle, où logeoit le prince d'Orange.»

FIN


NOTES

[1] Par le mariage de Béatrix de Bourbon avec Robert, l'un des fils du roi saint Louis.

[2] Charlotte de Bourbon, ainsi que le prouve un acte émané d'elle le 25 août 1565, lequel sera ci-après reproduit, ignorait à tel point la date précise de sa naissance, qu'elle ne pouvait pas plus se dire, en 1565, âgée de treize ans que de douze.

[3] Psaume XXVII, 10.

[4] Ep. aux Galates. VI. 7.

[5] Ce prêtre, l'un des familiers de la maison du duc et de la duchesse de Montpensier, à titre de précepteur de leur fils, n'était autre que Ruzé, qui depuis devint évêque d'Angers: c'est ce que déclara le duc de Montpensier lui-même dans une lettre adressée, le 28 mars 1572 à l'électeur palatin, et insérée ici au no 2 de l'Appendice.

[6] Voir une information secrète du 28 avril 1572, dont le texte complet sera reproduit plus loin.

[7] A peine est-il nécessaire d'ajouter que la résignation du titre et des fonctions d'abbesse de Jouarre, par la tante au profit de sa nièce, concorda avec l'entrée en religion dont il s'agit.

[8] Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 3, 182, fo 82.—Ibid. Collect. Clérambault. vol. 1,114, fo 182.—Coustureau, Vie du duc de Montpensier, in-4o, p. 217.

[9] Coustureau, Vie du duc de Montpensier, p. 221.

[10] Ils sont, avec addition de détails complémentaires, pleinement confirmés par l'information secrète du 28 avril 1572, contenant les dépositions de six religieuses de l'abbaye de Jouarre, autres que celles qui avaient, le 25 août 1565, attesté, en leur déclaration la sincérité des faits énoncés par Charlotte de Bourbon, dans sa protestation du même jour.

[11] «Quant au duc de Montpensier, il portoit telle inimitié à la religion (réformée), et avoit esté de telle sorte pratiqué par ceux de Guise, qu'il se bandoit du tout contre soy-mesme, sans pouvoir gouster la conséquence des entreprises contraires.» (Regnier de La Planche, Hist. du règne de François II, édit. de 1576, p. 567).

[12] De Thou, Hist. univ., t. III, p. 59.

[13] Regnier de La Planche, loc. cit., p. 39.

[14] Ap. Tommasco, Relazioni, in-4o, t. Ier, p. 133.

[15] De La Place, Comment., édit. de 1565, p. 109, 110, 111.—De Thou, Hist. univ., t. II, 824, 825.

[16] De Thou, Hist. univ., t. II, p. 832.

[17] Hist. univ., t. II, p. 776.

[18] De La Place, Comment., p. 237.

[19] Comment., p. 237.—Voir à l'Appendice, no 1, une pièce de vers composée, peu de temps après la mort de la duchesse de Montpensier, et qui donne une idée des sentiments élevés dont on la savait animée.

[20] «La duchesse de Montpensier avoit destiné une de ses filles, nommée Charlotte au duc de Longueville.» (De Thou, Hist. univ., t. III, p. 60.)

[21] Lettres françaises de Calvin, t. II, p. 179, 265, 267, 286, 499. L'une de ces lettres, adressée par Calvin au jeune duc de Longueville, le 22 août 1559 (p. 286) contenait ce passage: «Monseigneur, vous avez un grand advantage, en ce que madame vostre mère ne désire rien plus que de vous voir cheminer rondement en la crainte de Dieu, et ne sçauroit recevoir plus grand plaisir de vous qu'en vous voyant porter vertueusement la foy de l'Évangile.»]

[22] D'Aubigné, Hist. univ., t. II, liv. Ier, ch. 11.

[23] Information secrète du 28 avril 1572.—François Daverly portait le titre de seigneur de Minay.

[24] Il nous semble impossible qu'une active correspondance, inspirée par la plus tendre affection, n'ait pas existé entre Charlotte de Bourbon et sa sœur la duchesse de Bouillon, surtout depuis l'année 1562; époque à laquelle cette femme si distinguée, à tant de titres, avait, ainsi que le duc, son mari, ouvertement embrassé la religion réformée, et dès lors chaleureusement servi, avec lui, non seulement les intérêts spirituels et matériels des habitants du duché, mais aussi ceux d'une foule de personnes venues de France, auxquelles un asile était accordé à Sedan et à Jametz. Des documents précis, postérieurs à 1572, témoignent au surplus de l'étroite amitié qui unissait l'une à l'autre les deux sœurs, Charlotte et Françoise de Bourbon.

[25] Nous ne tracerons pas ici le tableau des monstrueux excès par lesquels le duc se déshonora. On frémit d'indignation et de dégoût à l'aspect des lugubres et cyniques détails dans lesquels sont entrés, sur ce point, Brantôme (édit. L. Lal., t. V, p. 9 et suiv.), et, plus amplement encore l'auteur de l'Histoire des martyrs (in-fo 1608, p. 589 à 591, et 593, 594).—Voir aussi l'Histoire des choses mémorables advenues en France, de 1547 à 1597 (édit. de 1599, p. 186 à 193).

[26] On lit dans un rapport relatif à un synode provincial des églises réformées, tenu à Laferté-sous-Jouarre, le 27 avril 1564, le passage suivant: «Le duc de Bouillon a envoyé paroles de créance par Perucelly, qui disoit avoir parlé à luy à Troyes, ou ès environs, et par Journelle, par lesquelles il faisoit entendre le bon vouloir qu'il a de s'employer pour le Seigneur, avec madame sa femme, et que, en brief temps il exterminerait la messe et prestres de ses terres, et que de cela ne pouvait estre empesché, parce qu'il ne dépendoit que de Dieu et de l'espée. Il prioit l'assemblée de luy faire venir des régents de Genève pour dresser un collège à Sedan, lequel il veult renter de deux ou troys mille francs; promettant que ses places seront toujours seur refuge aux fidèles, et qu'elles estoient munies suffisamment de tout ce qu'il falloit.» (Bibl. nat. mss., f. fr., vol. 6.616, fos 96, 97).

[27] E. Benoit, Histoire de l'Édit de Nantes, t. Ier, p. 42.—De Thou, Histoire univ., t. III, p. 655.—Bayle, Dict. phil., Ve Rosier (Hugues, Sureau du).

[28] «Quoy que le duc de Montpensier eût eu de la duchesse, sa femme, un fils et plusieurs filles, il ne laissa pas de songer à un second mariage, à l'âge de cinquante-cinq ans passés; et ayant fait choix de Catherine de Lorraine, fille de François de Lorraine, duc de Guise, et d'Anne d'Este, pour lors âgée seulement de dix-huit ans, le traité en fut passé à Angers, le 4 février 1570.» (Coustureau, Vie du duc de Montpensier, addit., p. 179).—Brantôme dit de Catherine de Lorraine que «bien tendrette d'aage, elle espousa son mary qui eût pu estre son ayeul». (Édit. L. Lal., t. IX, p. 646).—Le Laboureur (addit. aux Mém. de Castelnau, t. II, p. 735) allant au fond des choses, n'hésite pas à dire: «Le duc de Montpensier se maria, en premières noces à Jacqueline de Long-Vic, pour profiter du crédit de l'admiral Chabot, qui avoit épousé Françoise de Long-Vic, sa sœur aînée; et ce fut pour la mesme considération qu'il prit pour seconde femme Catherine de Lorraine, sœur du duc de Guise, auquel cette alliance fut plus utile pour achever de détacher ce prince des intérêts de sa maison, et pour le discréditer parmi des siens, qu'elle ne lui fut avantageuse..... Il apprit par les suites des différends qu'il eut à la cour et par la conduite que cette seconde femme tint avec lui, qu'on n'avoit eu d'autre dessein que de désunir sa maison....., en luy donnant pour le veiller une femme fort entreprenante et qui luy donna bien des affaires.»]

[29] British museum, mss. Harlay, 1.582, fo 367.

[30] Jacques Couet, ministre de la parole de Dieu, auteur du Traité servant à l'esclaircissement de la doctrine de la prédestination, Basle, »in-8o, 1779.»—Les lignes ci-dessus transcrites sont tirées de la préface de ce traité, dans laquelle Couet s'adresse «à haulte et puissante» dame, madame Louise-Julienne de Nassau, Electrice palatine.»]

[31] Mémoires sur la vie et la mort de la sérénissime princesse Loyse-Julienne, Electrice palatine, née princesse d'Orange. 1 vol. in-4o; à Leyden, de l'imprimerie de Jean Main, 1625, fo 12.

[32] De Thou, Hist. univ., t. II, p. 701.

[33] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 6.619.

[34] Frédéric III s'est, en quelque sorte, peint lui-même dans cette vaste correspondance et dans son testament. En publiant l'une et l'autre, le savant et judicieux M. Kluckhohn a élevé un monument durable à la mémoire du prince électeur. Voir 1o sur Frédéric III, Le Laboureur, addit. aux Mém. de Castelnau, in-fo, t. Ier, p. 538 à 542;—les Mém. de Condé, passim;—D'Aubigné, Histoire univ., passim;—La Popolinière, Hist., passim;—Brantôme, édit., L. Lal., t. Ier, p. 313;—Baum, Th. de Bèze, append.;—Archives de Stuttgard, Frankreich, 16, no 40;—Bulletin de la Soc. d'hist. du prot. fr., année 1869, p. 287.—2o Écrits de Frédéric IIIdas Testament Friedrichs des frommen, Kurfürsten der Pfalz, von A. Kluckhohn, in-4o;—Kluckhohn, Briefe Friedrichs des frommen, etc., etc., in-8o, 1868, 3 vol.—Voir, pour d'autres lettres de Frédéric III, en Angleterre, Calendar of State papers, foreign series, ann. 1560, 1562, 1563, 1567, 1668 et suiv.;—à Genève, Archiv., portef. histor., no 1.753;—en France, Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 2.812, 3.193, 3.196, 3.210, 3.314, 3.318, 6.619, 15.544, et fonds Colbert, Ve vol. 397.

[35] Dédicace de son célèbre ouvrage, intitulé la Gaule françoise (ap. Mém. de l'Estat de France sous Charles IX, t. II, p. 579).

[36] Mém. de Condé, in-4o, t. III, p. 431.

[37] Frédéric III couronna sa carrière par une profession solennelle de sa foi qu'il consigna dans un testament du 23 septembre 1575, contenant d'ailleurs, sur des points divers, une longue suite de dispositions. L'une d'elles, notamment, atteste sa constante sollicitude pour les nombreuses victimes des persécutions religieuses, qui, à leur sortie de France ou d'autres pays, avaient trouvé dans le Palatinat un accueil hospitalier, et pour celles qui à l'avenir, y chercheraient un refuge; il voulait que les unes continuassent à jouir des avantages dont elles étaient pourvues, et que des secours fussent assurés d'avance aux autres. Sa sollicitude se portait aussi, dans l'intérêt des professeurs, des étudiants et étrangers, de toutes conditions, qui ne parlaient pas l'allemand, sur la continuation du service divin qui se célébrait, en langue française, à Heydelberg.

[38] Loc. cit.]

[39] Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 3.193, fo 62.

[40] Lettre du duc de Montpensier à sa fille, l'abbesse de Farmoutiers (ap. dom Toussaint Duplessis, Hist. de l'église de Meaux, in-4o, 1731, t. II, Pièces justificatives, no 5).

[41] Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 3.353, fo 23.

[42] Cette réponse, démesurément longue, est intégralement reproduite avec les annotations qu'elle nécessite, au no 2 de l'Appendice, dans la rudesse de ses assertions, pour la plupart outrageantes et mensongères.

[43] «Le duc de Montpensier lors emplissoit la cour de plaintes, pour sa fille, l'abbesse de Jouarre, qui, se voyant menacée, s'enfuit à Heidelberg.» (D'Aubigné, Hist. univ., t. II, liv. 1er, ch. II.)

[44] Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 3,182, fos 58 et suiv.—Au dos du document ci-dessus transcrit se trouve la mention suivante: «Par commandement de messieurs le premier président et Boissonnet, conseiller, ceste information faicte par les officiers de Jouerre.»]

[45] «Il y eut force dépesches vers le comte palatin pour r'avoir Charlotte de Bourbon, mais lui, ne voulant la renvoyer qu'avec bonnes cautions, pour la liberté de la dame en sa vie et en sa religion, le père aima mieux ne l'avoir jamais.» (D'Aubigné, Hist. univ., t. II., liv. Ier, chap. II).—«Le père, grand catholique, avoit redemandé sa fille à l'électeur, vers lequel fut envoyé M. le président de Thou, et puis M. d'Aumont. L'électeur offrit de la renvoyer au roi, pourvu qu'on ne la forçât point dans sa religion; mais M. de Montpensier aima mieux la laisser vivre éloignée de lui que de la voir, à ses yeux, professer une religion qui lui étoit si à contre-cœur.» (Mémoires pour servir à l'histoire de la Hollande et des autres provinces unies par Aubery de Maurier. Paris, in-12, 1688, p. 63.)

[46] British museum, mss. Harlay, 1.582, fo 367.

[47] British museum, mss. Harlay, 1.582, fo 367.

[48] «La de Vandoma (qualification dédaigneusement appliquée par les Espagnols à Jeanne d'Albret) partio ayer para la dicha Vandoma. Oy el conde Lodovico, el almirante y toda la camarada se han de hallar alli para hazer su cena y el enterramiento del principe de Condé que por la honrra le quieren poner en la yglesia entre los otros de su sangre.» (Pedro de Aguila au duc d'Albe; Blois, 5 mai 1572, Archiv. nat. de France, K. 1.526, B. 32.)

[49] Jeanne d'Albret succomba, à Paris, le 9 juin 1572.—Voir sur ses derniers moments et sur sa mort, notre publication intitulée: Gaspard de Coligny, amiral de France, t. III, p. 383, 384, 385.

[50] Lettre de l'électeur Frédéric III, à J. Junius, de juin 1572 (ap. Kluckhohn, Briefe, etc., etc., Zweiter Band, no 662, p. 467).—Voir aussi, Calendar of state papers, foreign series, lettre du 27 juin 1572. On y lit: «Mademoiselle de Bourbon is very grieved at the death of the queen of Navarra.»]

[51] Benoit, Hist. de l'édit de Nantes, t. Ier, p. 42.—Bayle, Dict. phil., Vc Rosier (Hugues Sureau du).—Voir aussi les détails que donne sur les missions de Maldonat et de du Rosier un écrit intitulé: «Oraison funèbre pour la mémoire de très noble madame Françoise de Bourbon, princesse de Sedan, faicte et prononcée par de Lalouette, président de Sedan, etc., etc. Sedan, in-4o, p. 10.»]

[52] La confession et recongnoissance d'Hugues Sureau, dit du Rosier touchant sa chute en la papauté et les horribles scandales par lui commis, à, etc. (Mémoires de l'Estat de France sous Charles IX, t. II, p. 238 et suiv.).

[53] Relation, ap. Kluckhohn, Briefe Friederich des frommens, Erst Band, p. 215 à 229.—Voir, sur la mission de Boquin, les développements contenus dans notre publication intitulée: Les protestants à la cour de Saint-Germain, lors du colloque de Poissy, 1574.

[54] Doneau fut appelé, le 19 décembre 1572, à Heydelberg, pour y enseigner le droit romain.

[55] Voir sur François Dujon, D. 1o Scrinium antiquarium, Groning, 1754, t. Ier, part. 2, Francisci Junii vita ab ipsomet conscripta; 2o G. Brandts, Historie der Reformatie, Amst., 1677, in-4o, Boek 5, 6, 7, 8, 9, 10, 15, 17.

[56] «Taffin (Jean), Bleef echter tot in 1572, te Metz, beget zich naar den Paltz in weerd fransch predikant te Heidelberg.» (Dict. biogr., Holland.)—Voir sur J. Taffin, l'intéressante et substantielle monographie de M. Charles Rahlenbeck, intitulée: Jean Taffin, un réformateur belge du XVIe siècle, Leyde, 1886, br. in-8o.

[57] La lettre écrite à Chastillon et à d'Andelot par Charlotte de Bourbon, le 12 mars 1573, est ici intégralement reproduite d'après l'original que M. le duc de La Trémoille possède dans ses riches archives, et qu'il a bien voulu me communiquer.

[58] Jacqueline d'Entremont, que le duc de Savoie tenait alors en captivité. (Voir, sur ce point, notre publication intitulée Madame l'amirale de Coligny, après la Saint-Barthélemy. Br. in-8o, Paris, 1867.)

[59] Archives de M. le duc de La Trémoille (même indication que dans la note précédente).

[60] Mém. de l'Estat de France sous Charles IX, t. III, p. 6 à 15.—La Popelinière, Hist., t. II, liv. 36, fos 196, 197, 198.—Du Bouchet, Hist. de la maison de Coligny, p. 569.

[61] Mém. de l'Estat de France sous Charles IX, t. III, p. 8.

[62] Mém. de l'Estat de France sous Charles IX, t. III, p. 14, 15.

[63] «Le roi, dit de Thou (Hist. univ., t. V, p. 6), éluda leurs demandes sous prétexte qu'elles n'intéressoient en rien la Pologne.»]

[64] Bibl. nat., mss., f. Colbert, Ve vol. 397, fo 947.

[65] Calendar of state papers, foreign series: 1o The queen to Dr Valentin Dale, 3 février 1574;—2o Dr Dale to the queen, 19 février 1574;—3o Answer, 8 mars 1574;—4o Instruction to lord North in special embassy to the French king, 5 octobre 1574.

[66] Sa suite se composait du duc de Nevers, du duc de Mayenne, du marquis d'Elbeuf, de Jacques de Silly, comte de Rochefort, du comte de Chaunes, de Jean Saulx-Tavannes, vicomte de Lagny, de Louis P. de la Mirandole, de René de Villequier, de Gaspard de Schomberg, d'Albert de Gondi, maréchal de Retz, de Roger de Bellegarde, de Belville, de Jacques de Levi de Quélus, de Gordes, des frères de Balzac d'Entragues, et de plus de six cents autres Français, tous gentilhommes. Il y avait, en outre, Pomponne de Bellièvre qui suivait le prince en qualité d'ambassadeur de France à la cour de Pologne, Gui du Faur de Pibrac, Gilbert de Noailles et Vincent Lauro, évêque de Mondovi, ministre du pape. (De Thou, Hist. univ., t. V, p. 21.)

[67] Hist. univ., t. II, liv. II, ch. XIV.

[68] Rappelons ici ces belles paroles que, quelques années auparavant, Frédéric III avait adressées à l'amiral: «Gratulamur tibi quod, præ cæteris, posthabitis omnibus iis rebus quas mundus amat, suscipit et admiratur, totus in propagatione gloriæ Dei acquiescas; nec dubitamus quin Deus his tuis conatibus felicem et exoptatum successum sit daturus, quos nos arduis ad Christum precibus juvare non cessabimus.» (Lettre du 23 mai 1561, ap. Kluckhohn, Briefe Friederich des frommen, Kurfürsten von der Pfalz, 1868, in-8o, t. Ier, p. 179).—L'électeur palatin, Frédéric III, a rédigé, sur son entrevue à Heydelberg avec le roi de Pologne, un récit en allemand, qui a été imprimé dans un recueil intitulé: Monumenta pietatis et litteraria virorum in re publica et litteraria illustrium selecta, Francfort, 1701, in-4o, et que reproduit le tome IV des œuvres de Brantôme (édit. L. Lal.), à l'appendice, p. 412 et suiv.

[69] Mémoires, in-8o, 1877, t. Ier, p. 195, 196.

[70] Kluckhohn, Briefe Friedrichs des frommen, t. II, p. 694.

[71] Mém. de Mme Duplessis-Mornay, édit. de 1824, t. Ier, p. 80.—Histoire de la vie de messire Philippe de Mornay, Leyde, 1647, in-4o, p. 28.

[72] «Condœus prœsens nuper publice processus est, in ecclesia gallica quæ est Argentorati, se gravissime Deum in eo offendisse, quod post illam parisiensem stragem, metu mortis, ad sacra pontificia accesserit, et petiit à Deo et ab ecclesia ut id sibi ignosceretur.» (Huberti Langueti Epist., lib. Ier, p. 19, 24 junii 1574.)

[73] Lettre de Guillaume Ier, prince d'Orange, au comte Jean de Nassau, du 7 mai 1574. (Groen van Prinsterer, Correspondance de la maison d'Orange-Nassau, 1re série, t. IV, p. 385.)—Cette lettre, dans laquelle Guillaume parle de l'arrivée de Condé à Heydelberg, contient ce passage remarquable: «Il nous faut avoir cette assurance que Dieu n'abandonnera jamais les siens; dont nous voyons maintenant si mémorable exemple, en la France, où, après si cruel massacre de tant de seigneurs, gentilshommes et autres personnes de toutes qualitez, sexe et aage, et que chacun se proposoit la fin et une entière extirpation de tous ceux de la religion, et de la religion mesme, nous voyons ce néantmoins qu'ils ont de rechef la teste eslevée plus que jamais.»]

[74] Charlotte Arbaleste de La Borde, veuve de Jean de Pas, seigneur de Feuquères. Elle était en 1572, âgée de vingt-deux ans.

[75] Mém. de Mme de Mornay, édit. de 1824, t. Ier, p. 71.

[76] Philippe de Mornay, en 1572, était âgé de vingt-trois ans.

[77] Mém. de Mme de Mornay, édit. de 1824, t. Ier, p. 82.

[78] Henri-Robert, duc de Bouillon, mourut le 2 décembre 1574. Il eut pour successeur Guillaume-Robert, son fils aîné, âgé de douze ans.

[79] Mém. de Mme de Mornay, édit. de 1824, t. Ier, p. 84, 85.—Voir aussi l'Histoire de la vie de messire Philippe de Mornay, Leyde, in-4o.

[80] Elle était fille de Diane de Poitiers, et avait hérité de la haine de celle-ci contre les protestants, ainsi que de l'âpre cupidité qui la poussait à s'enrichir de leurs dépouilles.

[81] On voit par là que Mme de Bouillon mère était de la même école que le duc de Montpensier, et qu'elle n'avait pas plus de ménagements pour son fils, que Louis de Bourbon II n'en avait pour sa fille aînée; car, si la duchesse de Bouillon était exposée aux obsessions tenaces de son père, en matière religieuse, le duc de Bouillon, de son côté, avait à redouter et à déjouer les coupables manœuvres de sa mère, hostile à la religion réformée qu'il professait, et, par voie de conséquence, aux droits dont il était investi, dans l'étendue de son duché.

[82] De Thou (Hist. univ., t. V, p. 166) dit en parlant de Charlotte de Bourbon: «C'estoit une princesse d'une grande beauté et de beaucoup d'esprit.»—Un autre écrivain dit: «Si le visage de cette princesse avoit de la sérénité et de la majesté, tout ensemble et des grâces non communes, son esprit avoit encore plus de beauté, et ses vertus, des attraits indicibles. (Mémoires sur la vie et la mort de la sérenissime princesse Louyse-Julianne, Electrice palatine, Leyde, 1625, 1 vol. in-4o.)

[83] Durant les premiers mois de l'année 1572, Guillaume de Nassau séjourna en Allemagne, et tout particulièrement à Dillembourg, ainsi que le prouvent plusieurs de ses lettres datées de cette ville, il s'occupait d'organiser une armée, à la tête de laquelle il marcherait au secours de son frère Louis, qui se trouvait alors aux prises, dans le Hainaut, avec les forces espagnoles. Voulant, au sujet de l'expédition qu'il préparait, se concerter avec l'électeur palatin, il se rendit à Heydelberg, et ce fut très probablement alors qu'à la cour de ce prince il vit Charlotte de Bourbon. M. Groen van Prinsterer (Corresp. de la maison d'Orange-Nassau, Ire série, t. V, p. 113) se rapproche de notre opinion, sur ce point. Il en est de même de J. Van der Aa, dans l'ouvrage intitulé: Biographisch Woordenboek der Nederlanden, 1858, in-fo, Derde Deele, V. Charlotte de Bourbon.

[84] «Quant à ceux qui avoient la cognoissance de la religion, je confesse que je ne les ai jamais haïs, car, puisque, dès le berceau, j'y avois été nourri, monsieur mon père y avoit vécu, y estoit mort, ayant chassé de ses seigneuries les abus de l'Eglise, qui est-ce qui trouvera estrange si ceste doctrine estoit tellement engravée en mon cœur et y avoit jecté telles racines, qu'en son temps elle est venue à apporter ses fruicts? Car combien, pour avoir esté, si longues années, nourri en la chambre de l'empereur, et estant en âge de porter les armes, que je me trouvai aussitôt enveloppé de grandes charges ès armées, pour ces raisons, dis-je, et veu le peu de bonne nourriture, quant à la religion, que nous avions, j'avois lors plus à la teste les armes, la chasse et autres exercices de jeunes seigneurs, que non pas ce qui estoit de mon salut: toutefois, j'ai grande occasion de remercier Dieu, qui n'a pas permis ceste sainte semence s'étouffer, qu'il avoit semée luy-mesme en moy; et dis dadvantage, que jamais ne m'ont plû ces cruelles exécutions de feux, de glaive, de submersions, qui estoient pour lors trop ordinaires à l'endroit de ceux de la religion.» (Apologie de Guillaume de Nassau, prince d'Orange, contre l'édict de proscription publié en 1580 par Philippe II, roi d'Espagne, Bruxelles et Leipzig, 1 vol. in-8o, p. 87, 88.)

[85] Loin d'être taciturne, il se montrait au contraire si bien doué d'expansion et d'affabilité, qu'on a dit de lui: «C'étoit un personnage d'une merveilleuse vivacité d'esprit.... jamais parole indiscrète ou arrogante ne sortait de sa bouche par colère, ni autrement; mesmes si aulcuns de ses domestiques luy faisoient faulte, il se contentoit de les admonester gracieusement, sans user de menaces ou propos injurieux; il avoit la parole douce et agréable, avec laquelle il faisoit ploïer les aultres seigneurs de la court, ainsy que bon luy sembloit; aimé et bien voulu sur tous aultres, pour une gracieuse façon de faire, qu'il avoit, de saluer, caresser, et arraisonner familièrement tout le monde.» (Mémoires de Pontus Payen, Bruxelles, Leipzig et Gand, 1861, in-8o, t. Ier, p. 42).—On lit dans un récit manuscrit, intitulé: Troubles des Pays-Bas (Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 24.179): «Quand Guillaume de Nassau parloit, sa conversation étoit séduisante; son silence même étoit éloquent; on pouvoit lui appliquer le proverbe italien: Tacendo parla, parlando incanta.»]

[86] Apologie précitée, p. 88.

[87] Il existe une touchante lettre de lui sur ce grave sujet (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. Ier, p. 47. Lettre du 15 octobre 1559, datée de Bruxelles). On y rencontre l'expression des louables sentiments qui l'animaient comme fils et comme frère, et auxquels il demeura fidèle.

[88] Apologie précitée, p. 109.

[89] J.-F. Lepetit, la Grande chronique de Hollande, Zélande, etc., in-fo, t. II, p. 174, 175, 176.

[90] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. IV, p. 175. Lettre du 22 juillet 1573.

[91] P. Bor, Historie der Nederlandtsche Oorlogen, Seste Boek, p. 447, 448, 9 Augusti 1573.

[92] Il écrivait au comte Jean de Nassau, à propos de la mort de Louis et de Henri: «Je vous confesse qu'il ne m'eust sçeu venir chose à plus grand regret; si est-ce que tousjours il nous faut conformer à la volonté de Dieu et avoir esgard à sa divine providence, que celui qui a respandu le sang de son fils unique, pour maintenir son église, ne fera rien que ce qui redondera à l'avancement de sa gloire et maintenement de son église, oires qu'il semble au monde chose impossible. Et combien que nous tous viendrions à mourir, et que tout ce pauvre peuple fust massacré et chassé, il nous faut toutefois avoir cette asseurance, que Dieu n'abandonnera jamais les siens, dont voyons maintenant si mémorable exemple en la France, où après si cruel massacre de tant de seigneurs, gentilshommes et autres personnes de toutes qualitez, sexe et âge, et que chacun se proposoit la fin et une entière extirpation de tous ceux de la religion, et de la religion mesme, nous voyons ce néantmoins, qu'ils ont derechef la teste eslevée plus que jamais, se trouvant le roy en plus de peines et fascheries que oncques auparavant, espérant que le seigneur Dieu, le bras duquel ne se raccourcit point, usera de sa puissance et miséricorde envers nous.» (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. IV, p. 386, 387.)

[93] Voir Appendice, no 3.

[94] Lettre du 7 septembre 1574 (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 53).

[95] Voir, sur les divers points ci-dessus indiqués, les documents recueillis par M. Groen van Prinsterer dans la Correspondance de la maison d'Orange-Nassau, 1re série, t. III, p. 326, 354, 367, 369, 387, 391, 394, 397.

[96] Voir Appendice, no 4.

[97] Voir Appendice, no 5.

[98] Autographe (archives de M. le duc de La Trémoille).

[99] Certains historiens des Pays-Bas qualifiaient la princesse de «vray miroir de toute vertu, et de princesse vrayment douée d'une piété singulière.» (Voir Lepetit, la Grande chronique de Hollande, Zélande, etc., t. II, p. 301.—Hist. des troubles et guerres civiles des Pays-Bas, par T. D. L., 1 vol. in-12, 1582, p. 358. Ouvrage attribué au prédicateur Ryckwaert d'Ypres.)

[100] Genèse, chap. II, v. 18.—Proverbes, chap. XXXI, v. 12.

[101] Groen van Prinsterer, Correspondance, 1re série, t. V, p. 165.

[102] Voir Appendice, no 5.

[103] Groen van Prinsterer, Correspondance, 1re série, t. V, p. 192.

[104] Groen van Prinsterer, Correspondance, 1re série, t. V, p. 205.

[105] «Charlotte van Bourbon quam over Embden, alwaer de prince de selve twe wel toegeruste Oorlog-schepen sond, diese brachten na de Mase, etc., etc.» (Voir Bor, Historie der Nederlandtsche Oorlogen, in-fo, t. Ier, p. 644.)

[106] Archives générales du royaume de Hollande.

[107] On lit dans le recueil des Résolutions des états de Hollande (Archives générales du royaume de Hollande): «Séance du 10 juin 1575.—Les villes et états de Hollande ayant résolu d'offrir à la princesse Charlotte de Bourbon, à titre de congratulation et de don, une somme de six mille livres, il sera demandé à Son Excellence en quoi elle désire que le don consiste, soit en numéraire soit en pierres précieuses.» «Séance du 16 juin 1575.—Son Excellence a déclaré désirer que le don destiné à la princesse lui soit offert en numéraire, afin qu'elle en puisse faire tel usage que bon lui semblera.»]

[108] Voir Appendice, no 6.

[109] Ce détail, ainsi que plusieurs autres, relatifs à l'entrée et au séjour de Charlotte de Bourbon à Dordrecht, est consigné dans la publication suivante: Dordrecht, door Dr G. V. J. Schotel, te Dordrecht bij H. Lagerewij, 1858, br. in-8o, p. 50 et suiv. (Komst van Charlotte van Bourbon te Dordrecht in 1575). Il y est parlé, notamment d'une association littéraire, dite des Rhétoriciens, ayant pour devise les «mots: joie pure, laquelle joua, pour le bon plaisir de Son Excellence, une moralité.»]

[110] Geuse Liet Boek, waer in begrepen is den Oorsprongh van de troubelen der Nederlansche Oorlogen, en et geen doer op gevolght is. «T'Amsterdam gedruckt by Jan Jacobsz Bonneau, woonende op 't water, anno 1656, in-8o».

[111] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 230.

[112] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 244 et suiv.

[113] Anne de Saxe.

[114] Voir Appendice, no 7.

[115] Lettre datée de Dillembourg, 21 nov. 1575 (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 312.)

[116] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, suppl., p. 174.

[117] Bibl. nat., mss., f. fr., vol. 3.415, fo 34.

[118] «Le duc de Montpensier reçut le déplaisir de perdre la duchesse douairière de Nevers, sa fille, cette même année (1575), à laquelle, quoique de la religion, il fit faire des obsèques avec grande cérémonie, à Champigny, le 25 novembre.» (Coustureau, Vie du duc de Montpensier, addit., p. 192.)

[119] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 335.

[120] Archives de M. le duc de La Trémoille.

[121] Rien ne prouve que Louis II de Bourbon eût fait trêve, en l'année 1576, à ses injustes et durs procédés envers la princesse d'Orange. Il est certain, au contraire, qu'ils se prolongèrent, sans interruption, bien au delà de cette même année. D'où il est naturel de conclure que ces mots: «Mme la comtesse de Culembourg, au nom de M. le duc de Montpensier» n'impliquent nullement l'idée d'une autorisation accordée par le duc à la comtesse de le représenter au baptême. Ils n'ont d'autre signification que celle d'une preuve de déférence de la princesse envers son père. Charlotte de Bourbon voulut que sa fille, en recevant le nom de son aïeule paternelle (Julienne), reçut aussi celui de son aïeul maternel (Louis).

[122] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.241a.—Marie de Nassau était alors âgée de vingt ans.

[123] On ne sait pourquoi Marie employait ici vis-à-vis du prince le mot de Monsieur, tandis qu'elle l'appelait habituellement cher et bon père.]

[124] Lettre du 2 juin 1576. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 366.)

[125] Le traité de paix de 1576 réintégrait Guillaume de Nassau dans sa principauté d'Orange et dans ses autres possessions de France.—Lors des préliminaires de cette paix, dans lesquels le maréchal de Montmorency joua un rôle honorable, sa femme, Diane de France, qui, ainsi que lui, soutenait d'excellentes relations avec Charlotte de Bourbon, adressa à cette dernière une lettre dont la teneur donne la mesure des sentiments que la princesse avait inspirés à Diane et au maréchal. (Voir cette lettre à l'Appendice, no 7.)

[126] Voir à l'Appendice, no 8, le texte complet de la lettre de Charlotte de Bourbon à son frère, du 28 août 1576.

[127] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 19.

[128] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 46.

[129] 22 octobre 1576. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 457.)

[130] Lettre du 15 octobre 1576. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 428.)

[131] Voir le texte du traité dans Le Petit, Grande chronique de Hollande et de Zélande, etc., etc., t. II, p. 318 et suiv.

[132] Lettre du 11 novembre 1576. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 515.)

[133] Voir le texte du traité d'union de Bruxelles, dans Le Petit, Chron. de Hollande et de Zélande, t. II, p. 326.

[134] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 610.

[135] Lettre du 22 février 1577. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. V, p. 624.)

[136] Lettre du 19 mars 1577. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 15.)

[137] Lettre du 2 avril 1577. (Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2241a.)

[138] Lettre du 20 février 1577. (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 49.)

[139] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 51.

[140] Mémoire des nativités de mesdemoiselles de Nassau. (Archives de M. le duc de La Trémoille.)

[141] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 44.

[142] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 44. Mme d'Aremberg, Anne de Croy, était fille du duc d'Arschot; il suffit de connaître la nature fort peu cordiale des rapports existant entre les maisons de Nassau et de Croy pour apprécier la véritable portée et la finesse des expressions employées ici par Charlotte de Bourbon.

[143] Lettre du 6 mai 1577. (Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.241a.)

[144] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 69.

[145] La mère du prince n'écrivait qu'en allemand.

[146] Ces mots permettent de supposer que, si la mère du prince n'écrivait pas le français, elle pouvait du moins comprendre cette langue.

[147] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 86.

[148] Du 4 mai 1577. (Voir Appendice, no 10.)

[149] Archives générales du royaume de Hollande, 7 février 1577.

[150] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 88.

[151] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 86.

[152] Collection des Résolutions des états de Hollande, à la date du 28 mai 1577. (Archives générales du royaume de Hollande.)—La même collection contient, à la date du 17 août 1577, cette mention: «Ceux de Zélande ont adopté et consenti le présent de baptême de la demoiselle Élisabeth d'Orange, fille du seigneur prince, jusqu'à deux mille livres.»—Il importe de remarquer que le Mémoire sur les nativités de mesdemoiselles de Nassau, se référant, quant au don fait par les états, à des lettres sur ce dépeschées, établit que l'allocation définitive se composa d'une rente de deux mille florins, dont quinze cents à la charge des états de Hollande, et cinq cents à celle des états de Zélande.

[153] Archives de M. le duc de La Trémoille.—La reine d'Angleterre, parlant plus tard des filles de Charlotte de Bourbon dans des termes prouvant la sincérité de l'intérêt qu'elle leur portait, ne manqua pas de dire: «La seconde d'entre elles est notre filleule.» (Lettre du 17 octobre 1584. British museum. Bibl. Cott., t. II, fo 188.)

[154] Lettre du 2 juin 1577. (Calendar of State papers, foreign series, no 1.451.)

[155] Lettre du 28 juin 1577. (Calendar of State papers, foreign series, no 1.486.)

[156] Lettre du 18 juin 1577, datée de Delft. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 100.)

[157] Hoofts Nederlandshe historien, p. 525.—Wagenaar Vaderlandsche hist., t. VII, p. 159.

[158] P. Bor, X Boeck.—Hoofts Neder. hist., p. 527.—Wagenaar Vaderl. hist., t. VII, p. 160.

[159] Bibl. nat., mss. f. tr., vol. 3.182, fo 134.—Coustureau, Vie du duc de Montpensier, p. 225.—Voir à l'Appendice, no 11, le texte de la note.

[160] Voir Appendice, no 12.

[161] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.241a.

[162] Voir sur l'expulsion des Allemands, de Bois-le-Duc, l'Histoire des troubles et guerres civiles des Pays-Bas, par Théophile D. L., in-12, 1582.

[163] P. Bor, loc. cit., p. 870.

[164] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 172.

[165] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 173.

[166] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 174.

[167] Les Allemands en garnison à Bréda, sous les ordres de Frosberg, y avaient causé de grands dégâts au palais du prince.

[168] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 177.

[169] Ils voyaient avec peine que le prince, par excès de confiance, exposait sa personne.

[170] On lit dans une lettre de Charlotte de Bourbon à Guillaume Martinij, greffier d'Anvers, en date du 4 octobre 1577: «Je vous prie de vouloir tousjours me mander comme le tout se passe pardelà et ce que je doibs espérer. Je désirerois bien qu'il plûst à monseigneur le prince me mander, ou bien qu'il revint pardecà; car encores que je cognois bien le bon zèle et cœur que ceulx de vostre ville d'Anvers et ceulx de Bruxelles luy portent, toutesfois l'esloignement de sa présence me donne beaucoup de peines et de craintes. Néantmoins je remets le tout en la main de Dieu et le supplie de vouloir bien garder mondit seigneur avec tous les bons patriotes, dont vous tenez des premiers rangs, et conduire par eux les affaires à une heureuse fin.»]

[171] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 181.

[172] Ce présent était destiné probablement au comte Jean de Nassau, pour fêter sa bienvenue.

[173] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 190.

[174] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 198, 199.

[175] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 200.

[176] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 205.

[177] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VI, p. 207.

[178] Cette lettre, en date du 20 décembre 1577, sera reproduite ci-après.

[179] Lettre du 30 octobre 1577, datée d'Anvers. (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 53.)

[180] Lettre du 9 décembre 1577. (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 55.)

[181] Lettre du 23 décembre, datée d'Anvers (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 82).

[182] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 23.

[183] Lettre du 17 octobre 1577 (Amyraut, Vie de Lanoue, p. 232, 233).

[184] Lettre de Lanoue à Despruneaux, datée de La Fère, 26 janv. 1578 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.277, fo 6).

[185] Lettre précitée du 26 janvier 1578 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.277, fo 6).

[186] Appendice, no 13.

[187] Lettre datée d'Anvers (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.277, fo 38).

[188] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.277, fo 51.

[189] Appendice, no 14.

[190] Lettre aux états généraux (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.426, fo 6).

[191] Mémoires de Mme Duplessis-Mornay, t. Ier, p. 121.

[192] Voir Gachard, Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, p. 310 et suiv.

[193] «Rapport sommaire des affaires d'importance traictées et passées ez estatz généraulx depuis le 26 de may 1578 jusques au 6 octobre 1579», par Me Barthélemy, Liébart, etc. (ap. Gachard, Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, p. 311, 312).

[194] Voir Appendice, no 15.

[195] Archives de M. le duc de La Trémoille.

[196] Lepetit, Chronique, t. II, p. 372 à 375.

[197] Voir au no 16 de l'Appendice, le texte du traité, dit Union d'Utrecht.

[198] Apologie, éd. de 1858, p. 137, 138.

[199] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.344, fo 19.

[200] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 60.

[201] Voir ci-dessus, sa lettre du 21 février 1579, au duc de Montpensier.

[202] Lettre du 21 février 1579 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 28).

[203] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.182, fo 82, et fonds Clérambault, vol. 1.114, fos 182, 183.—Coustureau, Vie du duc de Montpensier, p. 217.

[204] Voir ci-avant, chapitre Ier.

[205] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 71.

[206] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 30.

[207] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 63.

[208] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 65.—Avec le contenu de cette lettre concorde celui d'une lettre écrite au prince dauphin par Guillaume de Nassau, le 13 août 1579 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 33).

[209] Mémoires de Mme de Mornay, t. Ier, p. 123.

[210] Épitre funèbre où est contenu un abrégé de la vie de Mme Charlotte-Flandrine de Nassau, etc. Poitiers, 1er mai 1640.

[211] Documents historiques inédits, concernant les troubles des Pays-Bas, 1577-1584, publiés par Ph. Kervyn de Volkaersbeke et J. Diegerick. In-8o, Gand, 1849, t. Ier, p. 434.

[212] Le Miroir des âmes religieuses, ou la vie de très haute et très religieuse princesse, madame Charlotte-Flandrine de Nassau, très digne abbesse du royal monastère de Sainte-Croix de Poitiers, par M. Claude Allard, prestre, chantre et chanoine de Laval, à Poitiers, 1653, 1 vol. in-4o.

[213] P. 23, 35, 36, 44, 45, 51.

[214] Vie de Ph. de Mornay, Leyde, 1647, p. 49.

[215] Vie de Ph. de Mornay, Leyde, 1647, p. 51.

[216] Bibl. nat., mss. Collection des copies et documents appartenant à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, vol. 1.248, fo 11.

[217] Bibliothèque de l'Institut de France, collect. Godefroy, vol. 260.

[218] Lettre du 21 août 1580, datée d'Anvers (Archives générales du royaume de Hollande).

[219] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 67.

[220] De Jonge, ap. Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 262.

[221] Lettre de Sainte-Aldegonde du 27 mars 1580 (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 276).

[222] Lettre de Villiers, du 17 mars 1580 (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 362).

[223] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, Introd. p. 29, et ibid. p. 327.

[224] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 335.

[225] Qui ne sait avec quelle admirable constance François de Lanoue supporta, durant une captivité de cinq années, les odieux traitements que lui infligea la cruauté de ses lâches ennemis.

[226] Lettre du 9 juin 1580 (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 367).

[227] «Des succès réitérés (dans les Pays-Bas) avoient donné tant de courage aux François que de Lanoue commandoit, ses exemples avoient si bien sû leur inspirer l'amour de la véritable gloire qu'on peut acquérir par les armes, qu'ils ne songeoient ni à s'enrichir par le pillage, ni ne pensoient pas même à leur propre paye; uniquement attentifs à obéir aux ordres de leur chef, nul obstacle n'étoit capable de les arrêter, et, quoi qu'il pût exiger d'eux, il les trouvoit toujours disposés à le suivre.... Il est certain que la France fut infiniment redevable à ce grand homme qui, tandis que la plupart de nos seigneurs et de nos généraux, gâtés par les vices du siècle ou de la cour, rendoient la nation méprisable par le désordre de leur conduite, sut lui seul soutenir, parmi nous et chez les étrangers, la gloire ancienne du nom françois, par sa probité, sa valeur, sa prudence et sa sévérité à faire observer la discipline militaire; qualités qui, en lui, n'étoient mêlées d'aucun vice, et qu'il possédoit au degré le plus éminent.» (De Thou, Hist. univ., t. V, p. 646.)

[228] Corresp. de la maison d'Orange-Nassau, Supplém. de la 1re partie. Introduction, p. 12, 13, 14.

[229] Survenue le 26 octobre 1576.

[230] Lettre du 28 août 1580. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 389.)

[231] Lettre du 27 août 1580. (Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VII, p. 386.)

[232] Un acte de l'État noble, du 6 décembre 1580, relatant les résolutions des trois ordres, détermine l'assiette des hypothèques destinées à garantir le payement de la rente de 2.000 florins accordée à Brabantine. (Voir le texte de cet acte dans Gachard, Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, Préface, p. x.)

[233] Pièces jointes à l'Apologie de Guillaume de Nassau, p. 25 de l'édition publiée, en 1858, à Bruxelles et Leipzig.

[234] Peut-être Montesquieu s'est-il un peu trop froidement exprimé sur le point qui nous occupe, en se bornant à dire (Esprit des lois, liv. XXIX, chap. XVI): «Il faut prendre garde que les lois soient conçues de manière qu'elles ne choquent point la nature des choses. Dans la proscription du prince d'Orange, Philippe II promet à celui qui le tuera de donner à lui ou à ses héritiers vingt-cinq mille écus et la noblesse; et cela, en parole de roi, et comme serviteur de Dieu. La noblesse promise pour une telle action! une telle action ordonnée en qualité de serviteur de Dieu! tout cela renverse également les idées de l'honneur, celles de la morale et celles de la religion.»—Montesquieu ne devait-il pas aller plus loin, et imprimer au front de Philippe II le stigmate indélébile d'une énergique réprobation?

[235] C'est ce que Guillaume lui-même déclarait en ces termes: «Comme par la sentence en forme de proscription, mes ennemis, contre tout droit et raison, se sont essaiez de toucher grandement à mon honneur, et faire trouver mes actions passées mauvaises, j'ai bien voulu prendre l'advis de plusieurs personnages notables et de qualité, mesmes des principauls conseils de ces païs.» (Remonstrance aux états généraux. Delft, 13 décembre 1580, ap. Gachard, Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, p. 39).—On a conservé la lettre que Guillaume écrivit au Conseil de Hollande, de Zélande et de Frise, le 10 septembre 1580, pour demander son avis. (Voir le texte de cette lettre, ap. Gachard, ibid., t. VI, p. 37.)

[236] «Pendant mon séjour à Sedan, le duc de Bouillon me faisoit part de tous les avis qu'il avoit de Flandres, par lectres de madame la princesse d'Orange, sa tante; que tout y alloit fort mal; que le duc d'Alençon (d'Anjou) ruinoit ses affaires et ceulx de ses amis par mauvais conseils; que monsieur le prince, son mari, n'avoit rien gagné à travailler pour sa grandeur, sinon d'irriter d'avantage ses ennemis, qui recherchoient sa vie à toute oultrance et par déclaration et proposition publicque du prix et salaire d'un tel coup, dont elle craignoit quelque grand désastre, lequel il pleust à Dieu de destourner.» (Mémoires de La Huguerie, t. II, p. 205.)

[237] Les premières trames ourdies contre la vie de Guillaume de Nassau remontaient au début de l'année 1573. Toutes les tentatives, concertées dans l'ombre, pour l'assassiner avaient échoué. M. Gachard les fait connaître (Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, Préface, p. XXII à XXXI).—Guillaume disait (voir Apologie): «Il (Philippe II) promet vingt-cinq mil escuz à celuy qui me rendra entre ses cruelles mains, mort ou vif. Mais, ores qu'il n'en ait point fait de publication jusqu'à présent, pense-t-il que je sois ignorant combien de fois lui et les siens ont faict marché avecq les assassineurs et empoisonneurs pour m'oster la vie!»]

[238] Archives générales du royaume de Hollande. Recueil manuscrit, intitulé: Brieven van vorsten, regering personen, etc.

[239] Mme de Mornay, quoique malade, avait, avec une pieuse sollicitude, assisté Hubert Languet jusqu'à son dernier soupir. Sentant approcher l'heure suprême, il lui avait dit: «Qu'il n'avoit regret que de n'avoir pû revoir M. Duplessis, premier que mourir, auquel il eust laissé son cœur, s'il eust pû.... il l'adjura de requérir de luy, en luy disant adieu, de sa part, une chose: qu'au premier livre qu'il mettroit en lumière, il feist mention de leur amitié.» Ph. de Mornay, en ami fidèle, répondit, par la préface de la version latine de son Traité de la vérité de la religion chrétienne, au désir qu'avait exprimé Hubert Languet. Qu'il est beau, qu'il est touchant, l'aspect sous lequel se revèlent à nous ces deux cœurs de chrétiens, indissolublement unis l'un à l'autre dans la conviction que les saintes affections demeurent, par la grâce de Dieu, plus fortes que la mort!!

[240] Vie de Ph. de Mornay, Leyde, 1647, p. 59.—Les détails ci-dessus sont empruntés par le biographe aux Mémoires de Mme de Mornay.

[241] Ph. de Mornay a dit, en parlant de la communication que le prince avait faite à lui et à Hubert Languet: «Nous nous apercevions bien que rien ne lui touchoit tant le cœur que ce qui avoit été dit contre son mariage». (De Thou, Hist. univ., t. V, p. 613, note 1.)

[242] «Apologie de monseigneur le prince d'Orange, conte de Nassau, de Catzenellenbogen, Dietz, Vianden, etc., Burchgrave d'Anvers et viscomte de Besançon; baron de Breda, Diest, Grimberge, d'Arlon, Nozeroi, etc., seigneur de Chastel-Bellin, etc., lieutenant-général ès Païs-Bas, et gouverneur de Brabant, Hollande, Zélande, Utrecht et Frise, et admiral; contre le Ban et édict publié par le roi d'Espagne, par lequel il proscript ledict seigneur, dont apperra des calumnies et faulses accusations contenues en ladicte proscription.» (1 vol. in-8o, Bruxelles et Leipzig, 1858.)

[243] «Remonstrance de monseigneur le prince à messeigneurs les états généraux des Païs-Bas» (édit. de 1858 de l'Apologie, avec pièces, p. 31 à 33).

[244] «Réponse de messieurs les états généraux» (édit. de 1858 de l'Apologie, avec pièces, p. 33, 36).

[245] «Lettre de monseigneur le prince d'Orange envoiée aux rois et aultres potentats de la chrestienté.» Elle est datée de Delft, en Hollande, 4 février 1581 (édit. de 1858 de l'Apologie, avec pièces, p. 41 à 46).

[246] Lors des conférences de Bayonne, le duc d'Albe disait, dans une dépêche adressée au roi son maître: «Quant à M. de Montpensier, je lui donnai l'assurance des sentimens affectueux qui unissent depuis si longtemps Vostre Majesté à sa famille et à lui en particulier, à raison de la ligne de conduite qu'il n'avoit cessé de suivre, ainsi qu'il convenoit à un gentilhomme de son rang et à un véritable chrestien. Enchanté de cette ouverture, il se jetta dans mes bras avec affection, m'assurant que lui et tous les gens de bien du royaume n'avoient d'espoir qu'en Vostre Majesté; que lui, en particulier, se feroit mettre en pièces pour elle, et que, si on lui ouvroit le cœur, on y trouverait gravé le nom de Philippe; le tout, avec une telle expression de physionomie, qu'il étoit facile de voir qu'il n'y avoit chez lui ni feinte, ni arrière-pensée.» (Papiers d'État de Granville, t. IX, p. 284 à 292.)

[247] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.182, fo 47.

[248] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 38.

[249] A la négociation dont il s'agit ici se rattache la lettre suivante du duc de Montpensier au prince dauphin: «Mon fils, j'ay veu les deux transactions qui ont esté passées, tant soubz mon nom que soubz le vostre, pour le regard du dot de vostre sœur, la princesse d'Orange, et des renonciations à vostre prouffit, requises pour vous rendre paisible de ma succession et de celles de feu vostre mère et de vostre sœur de Nevers, lesquelles j'ay trouvées conformes aux articles et conditions que j'avais faict dresser à ceste fin; qui est cause que j'ay bien volontiers ratiffié celle qui me concerne, comme il est besoing que vous faciez la vostre; et toutefois suis d'advis qu'elles ne soient envoyées à vostre sœur jusques à ce que son mary et elle les aient aussi ratiffiées, et, les envoyant à Me André, il délivrera lesdites et non aultrement au plus tost.—Ce 25 juin 1581. Loys de Bourbon.» (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.415, fo 36.)

[250] «Le roi de Navarre, qui s'était entremis de l'accommodement de la princesse d'Orange, voyant que le duc, son père, n'effectuoit point la parole qu'il lui avoit donnée, de la recevoir en sa grâce et de ratifier son mariage, l'en sollicita pour la seconde fois; et, après quelques entrevues à Champigny, ce bon duc fit paroistre qu'il n'estoit pas inflexible aux larmes de sa fille ni aux prières d'un prince dont l'amitié ne lui étoit pas moins chère que celle de ses propres enfans.» (Coustureau, Vie du duc de Montpensier, p. 254, 255.)

[251] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.352, fo 7.

[252] Lettre du 3 avril 1581 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.210, fo 69).

[253] Lettre du 24 avril 1581 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,415, fo 76).

[254] Lettre du 19 mai 1581 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,415, fo 40).

[255] Lettre du 24 mai 1581 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,415, fo 69).

[256] Lettre du 25 mai 1581 (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,415, fo 42).

[257] Voir Appendice, no 17.

[258] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.128.—Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.902, fo 222.—Sur le repli de l'acte ci-dessus est écrit: «Par monseigneur le duc et pair (signé) de Montrillon, et scellé du grand scel dudit seigneur duc, en cire rouge.

»Recordé à son original par nous, Borleghem et Caron (avec leurs paraphes).

»Collationné à la copie authentique escrite en un livre relié en parchemin blanc, avec des cordons verds, et à icelle trouvé de mot à mot concordant, par moy soubzsigné (signé) Pierre Dulon, notaire impérial.»]

[259] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3,189, fo 31.

[260] Archives de M. le duc de La Trémoille.

[261] Voir ci-avant la lettre de Charlotte de Bourbon, du 21 août 1580, à Muys, receveur général de Hollande, au sujet de la rente à laquelle Élisabeth de Nassau avait droit.

[262] Documents historiques inédits concernant les troubles des Pays-Bas (1577-1584), publiés par Kervyn de Volkaersbeke et J. Diegerick. Gand, 1850, in-8o, t. II, p. 269. Lettre du 11 juillet 1581 datée de La Haye.

[263] MM. Kervyn de Volkaersbeke et J. Deigerick, op. cit., t. II, p. 284. Lettre du 17 juillet 1581, datée de La Haye.

[264] Le Petit, Chronique de Hollande, Zélande, etc., in-fo, t. II, p. 428 et suiv.

[265] Voir l'exposé des faits et les articulations dont il s'agit, à l'Appendice, no 18.

[266] Lettre du 1er juillet 1581 datée de La Haye. (Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.283, fo 11.)

[267] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.143.

[268] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.144.

[269] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.184.

[270] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.184.

[271] Archives de la maison d'Orange-Nassau, no 2.144.

[272] Ministre de l'Évangile.

[273] Échevin de la ville d'Anvers.

[274] Échevin de la ville d'Anvers.

[275] Secrétaire de la ville d'Anvers.

[276] Bibl. nat., mss. Ve Colbert, vol. 29, f. 450.

[277] Le duc d'Anjou.

[278] Archives de M. le duc de La Trémoille.

[279] Bibl. nat., mss. f. fr., vol. 3.182, fo 90.—Voir, sur ce même sujet, les détails fournis par de Thou (Hist. univ., t. VI, p. 172 et suiv.).

[280] Notice sur quelques lettres écrites au comte de Leicester, par D. K. Sijbrandi. Haarlem, 1867.

[281] Notice précitée, de M. Sijbrandi.

[282] Neveu.

[283] «Il avoit été convenu que duc d'Anjou auroit (en Brabant) au conseil d'État du païs, deux conseillers françois, tels que les états choisiroient. Il sceut qu'ils avoient résolu de luy nommer M. le comte de Laval et M. Duplessis (Mornay). Soubz prétexte donc de les obliger, leur déclara qu'il ne vouloit autre conseil que le leur; et aima mieux n'en avoir du tout point. Aussi estoit ledit sieur comte de la religion, plein de vertu et d'intégrité, et intime ami de M. Duplessis. Néantmoins, en l'extérieur, vouloit-il qu'on creust qu'il faisoit cas d'eux; de tant plus que les plus spéciaux serviteurs de la roine d'Angleterre, venus avec luy, ne luy avoient pas teu que la roine leur maîtresse feroit un grand préjugé de ses futurs comportemens et vers elle et vers le païs, selon qu'il prendroit plaisir ou non à se servir de ces deux, desquels la probité leur étoit connue. En apparence donc il leur faisoit bon visage, se rendoit familier à eux, surtout si quelqu'un de messieurs des états estoit présent; mais ne les admettoit aucunement à ses affaires, leur cachoit ses intentions et les eslongnoit autant qu'il pouvoit; ce que, selon leur modestie, il leur estoit aisé de supporter et dissimuler.» (Hist. de la vie de messire Philippe de Mornay. Leyde, in-4o, 1647, p. 60.)

[284] Voir, sur les circonstances qui déterminèrent Jauréguy à commettre son crime, le no 19 de l'Appendice.

[285] «J'étois lors à Anvers, dit Mornay, et M. le prince d'Orange m'avoit, au sortir du presche, voulu retenir à diner. Les gardes avoient voulu chasser ce misérable de la salle, et il (le prince) les en avoit tancés, disant que c'étoit quelque bourgeois qui vouloit voir. Il passoit de la salle en sa chambre, et s'étoit arrêté à montrer la tapisserie à M. de Laval, par dessus l'épaule duquel fut tiré le coup. J'y accourus aussitôt, et vis le meurtrier, le corps enveloppé de pentacles et toiles conjurées de Notre-Dame-d'Oviédo. M. le prince d'Orange ayant repris ses esprits, me dit ces mots: Je pensois que la maison fût tombée sur moi. Il eut un grand soin de faire savoir qu'il n'y avoit rien du fait de Monsieur (le duc d'Anjou), lequel, avec les siens, n'étoit pas sans peur. Mais on y envoya une forte garde, pour empêcher l'abord du peuple, et fut, en moins d'un quart d'heure, donné un tel ordre par toute la ville, qu'il n'y avoit ni bruit, ni murmure. Le meurtrier avoit quelque envie de réserver son coup au soir, au festin de Monsieur. Si cela fût arrivé là, on n'eût jamais pu croire que ce n'eût été de son fait, et premier que la vérité eût été connue, tout eût été en combustion et carnage.» (Note de D.-Mornay sur l'Hist. univ. de de Thou, t. VI, p. 180.)

[286] «The perturbation that followed within the prince's house was so great and dolorous as scarce can be expressed. The poor princess, overcome with vehement passion, did swoon continually; the children confounded with tears and cries troubled all the place, and the rest of the friends and family present were utterly perplexed.» (Herle to lord Burghley. Corresp. of Leicester, London 1844, ap. Groen van Prinsterer, 1re série, suppl. p. 220.)

[287] La publication intitulée Brief recueil de l'assassinat commis sur la personne du très illustre prince d'Orange (Anvers 1582) contient le texte de ces prières et de ces vœux, dont voici le début: «Jesu Christo nuestro señor, y la virgen sancta Maria, nuestra señora, sean en mi ayuda en esta resolucion hecha para su sanctissimo servicio!!» Un tel début donne une idée suffisante de tout ce dont il est suivi.

[288] «Catherine de Nassau, femme du comte de Schwartzburg, sœur du prince, ne l'abandonna point, et lui rendit tous les services dont elle était capable.» (De Thou, Hist. univ. t. VI, p. 183.—Lapize, Histoire des princes et de la principauté d'Orange, p. 524.—P. c. Hoofts Nederlansche historien, in-fo, Amsterdam, 1677, p. 816.)

[289] Note de D.-Mornay sur l'Hist. univ. de de Thou, t. VI, p. 183.

[290] Mornay, loc. cit.]

[291] Documens historiques concernant les troubles des Pays-Bas, 1577-1584, par Kervyn de Volkaersbeeks et J. Diegerick, Gand, 1850, t. II, p. 336.—Des lettres semblables à celle qui est ici reproduite, furent adressées aux provinces et aux villes de l'Union.

[292] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VIII, p. 80.

[293] Breif recueil de l'assassinat commis sur la personne de très illustre prince, monseigneur le prince d'Orange, par Jean Jauréguy, Espaignol, à Anvers, br. in-4o, 1582, imp. de Ch. Plantin.

[294] Lapize, Hist. des princes et de la principauté d'Orange, La Haye, 1639, in-fo p. 524.

[295] Documens historiques concernant les troubles des Pays-Bas, 1577-1584, par Kervyn de Volkaersbeke et J. Diegerich, Gand, 1850, t. II, p. 347.

[296] Hist. univ., t. VI, p. 182. On peut consulter comme ne concordant pas tout à fait avec le récit de de Thou, celui de P. G. Hoofts, Nederlandsche historien, Amsterdam, 1677, in-fo, p. 816.

[297] Note de Mornay sur l'Hist. de de Thou, t. VI, p. 182.

[298] «Instruction (5 avril 1582) pour M. de Ryhoven, grand bailly et superintendant de la ville de Gand, et le Sr de Winterhove, adv. de la ville d'Ypres, allant vers Son Alteze, de la part des quatre membres du pays et comté de Flandres.» (Doc. hist. inédits concernant les troubles des Pays-Bas, 1577-1584, par Kervyn de Volkaersbeke et J. Diegerick, Gand, 1850, t. II, p. 358.)

[299] Archives de Simancas, papeles de Estado, liasse 585, ap. Gachard, Corresp. de Guillaume le Taciturne, t. VI, p. 77.

[300] Voir ce que contient, sur ce point, notre publication intitulée: Éléonore de Roye, princesse de Condé, 1 vol, in-8o, Paris, 1876, p. 91, 92.

[301] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VIII.

[302] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VIII, p. 98.

[303] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VIII, p. 104.

[304] Ps. CIX, 28.

[305] Groen van Prinsterer, Corresp., 1re série, t. VIII, p. 86.

[306] Bibl. nat. mss. Ve Colbert, vol. 29, fo 725.

[307] Bor, t. II, p. 316.

[308] Ps. CXVI, 15.

[309] Apocal. XIV, 13.

[310] «La maladie de la princesse fut une pleurésie procédée des sang-melleures qu'elle avoit eues pendant son mal, passant, à tout moment d'espérance en crainte, et au rebours. Elle mourut fort chrétiennement, et l'assista ma femme, jusques à la mort.» (Note de Mornay sur l'Hist. univ., de de Thou, t. VI, p. 182.)

[311] Le même jour, les états généraux prirent la résolution suivante: «Étant décédée de ce monde la sérénissime princesse d'Orange, madame Charlotte de Bourbon, il est résolu que, pour s'associer au deuil du prince, des membres de l'Assemblée se transporteront vers Son Excellence, après midy.» (Archives générales du royaume de Hollande. Rec. des pr.-v. des Provinces-Unies, à la date du 5 mai 1582.)

[312] Bor, t. II, p. 316.—Meteren, Hist. des Pays-Bas, tr. fr. La Haye, 1618, in-fo p. 215.—Antverpin Christo nascens et crescens, par J. C. Diercxsens, t. III, Antverp., 1760: «Carolina Borbonia sepulta est, 9 mensis maï, solenni pompa, in cathedrali, in vacello Circumcisionis, concitantibus nobilibus, statis generalibus, consiliariis, senatu, colonellis, capitaneis, etc., etc., ad duo millia; non aderat Orangius, tanquam non plane restitutus.»]

[313] Mém. sur la vie de Louise-Julienne de Nassau, Leyden, 1625, p. 18.—Il n'existe aujourd'hui aucune trace de la sépulture de Charlotte de Bourbon dans la grande église d'Anvers, en d'autres termes, dans la cathédrale. Aucune mention n'en est même faite dans un volumineux ouvrage dont le tome Ier (Anvers, 1856, gr. in-4o) est intitulé: «Inscriptions funéraires et monumentales de la province d'Anvers.»—Arrondissement d'Anvers.—Église cathédrale.»—Voir les explications dans lesquelles a cru devoir entrer, sur ce point, l'auteur de l'ouvrage suivant: «Annales antverpienses, ab urba condita ad annum 1700, collecti ex ipsius civitatis monumentis, etc., etc., auctore Daniele Papebrochio S. I. Antverpiæ, 1847, p. 67, 68.»]

[314] Lettre du 28 mai 1582 (Bibl. nat., mss. Ve Colbert, vol. 29, fo 727).

[315] «En ce mois de septembre 1582, messire Loys de Bourbon, duc de Montpensier, mourut, en sa maison de Champigny.» (J. de P. de L'Estoile, nouvelle édit., t. II, p. 69).—De L'Estoile dit encore dans son journal (t. II. p. 69).—«En ce moys de may 1582 mourut, à Anvers, dame Charlotte de Bourbon, fort regrettée pour ses vertus et, entre autres, pour la charité miséricordieuse qu'elle exerçoit à l'endroit de toutes sortes de personnes affligées et oppressées.»]

[316] Archives de M. le duc de La Trémoille.

[317] Une lettre, qu'à la même époque, Louise-Julienne de Nassau reçut de la duchesse de Montpensier, était ainsi conçue: «Ma fille, je n'ay peu qu'avec beaucoup de regret entendre les nouvelles du désceds de feu madame la princesse, vostre mère, tant pour la grande perte que je sçay que vous et mes petites-filles, vos sœurs, ont faicte en cela, que pour l'amytié que, je sçay, elle me faisait ce bien de me porter; vous suppliant, ma fille, de m'aymer aussy, et croire que je prendray bien grand plaisir de m'emploïer pour vous servir toutes, en ce que j'en auray de moïens, et vous tenir, au reste, aux bonnes grâces de monsieur vostre grand-père; ce que je feray tousjours de pareille affection et bonne volonté que, pour fin de lettre, je supplie Nostre Seigneur, vous donner, ma fille, en bonne santé, longue et heureuse vye.—De Champigny, ce 9e jour de juin 1582.—Vostre plus affectionnée grand-mère, Caterine de Lorraine.» (Archives de M. le duc de La Trémoille.)

[318] Était-ce aimer en père, que tyranniser la conscience de Charlotte?

[319] Assertion formellement démentie par les doléances et les supplications réitérées de Charlotte.

[320] C'est précisément ce que, maintes fois, Charlotte fit entendre.

[321] Outrage révoltant, qui jamais n'eût dû sortir de la bouche d'un père.

[322] Nouvel outrage et allégation d'un fait faux; car Charlotte, d'accord avec sa sœur la duchesse de Bouillon, et avec la reine de Navarre, favorables à sa sortie de Jouarre, et en ayant prudemment assuré les suites immédiates, avait été accompagnée jusqu'à Heydelberg par un homme honorable, François Daverly, seigneur de Minay, dont l'électeur palatin, Frédéric III, apprécia si bien le caractère et la rectitude de procédés que, plus tard, il se fit représenter par lui dans une imposante solennité qui concernait personnellement la jeune princesse; solennité dont il sera parlé plus tard.

[323] Le duc se laisse entraîner ici à une imposture; car c'était par son ordre même et par celui de la duchesse qu'un simulacre de serment et de vœu avait été extorqué à leur fille le 17 mars 1559.

[324] Il y a là une vile accusation d'hypocrisie qui tombe devant la loyauté dont la conduite et le langage de Charlotte de Bourbon portèrent toujours l'empreinte.

[325] Qu'importait l'absence du père et de la mère, lorsque la profession eut lieu? Tous deux n'en avaient pas moins été les instigateurs de la violence qui imposa cette profession à Charlotte de Bourbon.

[326] Les répugnances et les plaintes de la jeune fille prouvent surabondamment qu'il n'y eut de sa part ni hypocrisie quand elle obéissait à la voix de sa conscience, ni approbation de la violence qu'elle subissait.

[327] Ainsi, selon le duc, sa fille ne pouvait le respecter réellement et échapper à l'accusation de désobéissance et de rébellion qu'en se pliant à l'injonction d'avoir la même religion que lui; comme si jamais le respect filial pouvait surgir des bas-fonds de la servilité religieuse.

[328] Quelle absurde insistance que celle du duc à se faire passer pour un excellent père, quand il n'avait été jusque-là pour Charlotte de Bourbon qu'un mauvais père!

[329] Les beaux sentiments dans l'étalage desquels se complaît ici le duc, avec plus d'affectation que de sincérité, n'étaient en réalité que des effusions de paroles frappées de stérilité par son altière intolérance. Il exigeait, en effet, que pour réussir à se concilier les bonnes grâces paternelles, Charlotte de Bourbon commençât par abdiquer, en matière religieuse, ses convictions personnelles.

[330] Nouvel outrage à la conscience de Charlotte de Bourbon.

[331] Le duc tombe ici dans d'absurdes déclamations, en contradiction manifeste avec l'ensemble des faits attestés par l'histoire.

[332] Cette déclaration est celle d'un stupide fanatique, d'un père dénaturé; et celui qui ose la faire ose aussi se dire un homme religieux! Il est difficile d'insulter plus arrogamment à la sainteté de Dieu et à celle de ses commandements.

[333] Ici le duc déraisonne en s'étendant sur un sujet tel que celui de sa succession, dont l'électeur palatin ne lui avait pas dit un mot dans sa lettre, et en fulminant, ab irato, contre sa fille Charlotte une menace d'exhérédation.

[334] Ainsi, voilà Charlotte de Bourbon accusée par son père de détournements commis au préjudice de l'abbaye de Jouarre, et cela sans qu'un fait quelconque soit allégué à l'appui de l'accusation. Ce seul trait donne la mesure de la bassesse de caractère du duc, et le relègue au rang infime des pires calomniateurs.—De son côté, dom Toussaint Duplessis (Histoire de l'église de Meaux, t. Ier, p. 374) dit: «Qu'il est sûr que Charlotte de Bourbon, qui méditoit depuis longtemps sa sortie, ne se fit aucun scrupule d'amasser, pour ce sujet, une grande somme d'argent aux dépens du monastère;» mais il ose formuler cette odieuse imputation sans pouvoir l'appuyer d'une seule preuve. Il prétend qu'en échangeant un immeuble de l'abbaye de Jouarre contre un immeuble du comte de Chaulnes, Charlotte de Bourbon aurait reçu de ce seigneur, à titre de soulte, une somme qu'elle se serait appropriée; mais Toussaint Duplessis n'en est pas moins réduit à l'impossibilité de démontrer le fait même du prétendu détournement. Son assertion sur ce point demeure donc à l'état de véritable calomnie.—Ceci posé, il est regrettable qu'un écrivain sérieux, M. Thiercelin (Histoire du monastère de Jouarre, publiée en 1861, p. 66, 67), se soit laissé entraîner à croire sur parole Toussaint Duplessis, alors qu'en y regardant de près il eût pu facilement se convaincre de la fausseté de l'accusation formulée par cet annaliste, en l'absence de tout élément de preuve.

[335] L'électeur palatin est ainsi, à son tour, accusé d'un méfait par le duc; car n'est-ce pas un véritable méfait que d'avoir osé donner asile à Charlotte de Bourbon, à cette folle, à cette coupable, que tous les princes et potentats bien pensants de l'Europe auraient refusé d'accueillir?

TABLE DES CHAPITRES

CHAPITRE PREMIER

Charlotte de Bourbon, que ses parents, le duc et la duchesse de Montpensier, ont destinée à la vie monastique, est confinée par eux, dès son bas âge, dans l'abbaye de Jouarre, dont ils veulent qu'elle ait, un jour, la direction.—Aversion de Charlotte pour le régime du cloître.—Menaces et violences employées à son égard.—Scène sacrilège du 17 mars 1559, dans laquelle le rôle d'abbesse de Jouarre lui est imposé.—Sa protestation, par acte authentique, contre la contrainte qu'elle a subie, et témoignages des religieuses de Jouarre à l'appui de sa protestation.—La duchesse de Montpensier se repent de la dureté de ses procédés envers Charlotte.—Mort de la duchesse, en 1561.—Maintenue à Jouarre par l'opiniâtreté de son père, Charlotte n'exerce, des fonctions d'abbesse, que celles qui se concilient avec les enseignements du pur Évangile, qu'elle a été amenée à connaître par ses relations avec quelques-unes des hautes personnalités du protestantisme, telles, notamment, que sa sœur, la duchesse de Bouillon, et Jeanne d'Albret, reine de Navarre.—Le duc de Montpensier épouse, en secondes noces, Catherine de Lorraine.—Désormais maîtresse de ses actions, Charlotte de Bourbon confie à la duchesse de Bouillon et à la reine de Navarre sa résolution de quitter l'abbaye de Jouarre.—L'une et l'autre l'approuvent et lui assurent une retraite auprès de l'électeur palatin, Frédéric III, et de l'électrice.—En février 1572, Charlotte de Bourbon sort pour toujours de l'abbaye de Jouarre et se rend à Heydelberg, où elle est favorablement accueillie.—Lettre de Frédéric III au duc de Montpensier.1

CHAPITRE II

Colère et menaces du duc de Montpensier à la nouvelle du départ de sa fille.—Sa réponse à la lettre de l'électeur palatin.—Une information judiciaire a lieu à Jouarre. Dépositions importantes des religieuses.—Négociations entamées à Heydelberg pour obtenir le renvoi de Charlotte de Bourbon en France.—Fermeté de l'électeur.—Lettre de Jeanne d'Albret.—Charlotte demeure à Heydelberg sous la protection de l'électeur et de l'électrice.—Dernière lettre de Jeanne d'Albret à Charlotte.—Douleur de celle-ci en apprenant la mort de la reine de Navarre, et, bientôt après, les massacres de la Saint-Barthélemy.—Charlotte vient en aide aux Français qui se réfugient à Heydelberg.—Ses procédés généreux à l'égard de l'apostat Sureau du Rosier.—Ses intéressantes relations avec Pierre Boquin, Doneau, François Dujou, Jean Taffin et autres personnages distingués, ses compatriotes.—Sa correspondance avec les fils de l'amiral de Coligny.—Intervention des ambassadeurs polonais auprès du roi de France en faveur de Charlotte de Bourbon.—Passage à Heydelberg de Henri, élu roi de Pologne. Double incident qui s'y rattache.—Joie que Charlotte éprouve du séjour de son cousin, le prince de Condé, à Heydelberg.—Mme de Feuquères et Ph. de Mornay à Sedan.—Mort du duc du Bouillon en décembre 1574.—Affliction que causa à Charlotte de Bourbon le veuvage de la duchesse, sa sœur.35

CHAPITRE III

Impression produite par Charlotte de Bourbon sur Guillaume de Nassau.—Résumé de la vie de ce prince jusqu'à la fin de l'année 1574.—Il demande la main de Charlotte de Bourbon. Mission de Marnix de Sainte-Aldegonde à cet égard.—Réponse de Charlotte.—La demande du prince est définitivement accueillie.—Lettre de Zuliger à ce sujet.—Le prince, ne pouvant s'absenter des Pays-Bas, confie à Marnix de Sainte-Aldegonde le soin de se rendre à Heydelberg et de s'y tenir à la disposition de Charlotte de Bourbon pour l'accompagner dans le voyage qu'elle doit entreprendre.—La jeune princesse se dirige, avec Marnix de Sainte-Aldegonde, vers Embden, où l'attendent des vaisseaux de guerre destinés à protéger son trajet par mer jusqu'à l'une des côtes des Provinces-Unies.—Résolutions des états de Hollande à l'occasion de la prochaine arrivée de Charlotte de Bourbon.—La princesse arrive à La Brielle, où son mariage avec Guillaume de Nassau est célébré le 12 juin 1575.—Les nouveaux époux se rendent de La Brielle à Dordrecht.—Chaleureux accueil qu'ils reçoivent dans ces deux villes.—Chant composé en leur honneur.73

CHAPITRE IV

Lettre de Charlotte de Bourbon à la comtesse de Nassau, sa belle-mère.—Lettre de Guillaume au comte Jean de Nassau, son frère.—Hommage rendu par le comte Jean au noble caractère de la princesse, sa belle-sœur.—Félicitations adressées à Charlotte de Bourbon par divers membres de sa famille à l'occasion de son mariage.—Lettre de Guillaume à François de Bourbon, son beau-frère.—Charlotte de Bourbon s'efforce en vain de se concilier les bonnes grâces du duc de Montpensier, son père.—Inexorable dureté de celui-ci.—Étroitesse des sentiments du duc lors de la mort de la duchesse de Nevers, sa fille.—Graves préoccupations de Charlotte de Bourbon, au sujet de son mari, avec la carrière publique duquel elle s'est identifiée.—Il trouve dans ses judicieux conseils et dans son dévouement un appui efficace.—État des affaires publiques depuis l'insuccès des Conférences de Bréda.—Reprise des hostilités.—Diète de Delft en juillet 1575.—Siège de Ziricksée.—Naissance de Louise-Julienne de Nassau.—Lettre de Marie de Nassau.—Lettre de la princesse d'Orange à son mari lors de la mort de l'amiral Boisot.—Perte de Ziricksée.—Excès commis dans les provinces par les Espagnols.—Indignation générale et efforts faits dans la voie d'une sévère répression.—Correspondance du prince et de la princesse d'Orange avec François de Bourbon.—Lettres de Louis Cappel et de Marie de Nassau.—Pacification de Gand.—Lettre de Guillaume au duc d'Alençon.—Les Espagnols sont expulsés de la Zélande.—Union de Bruxelles.98

CHAPITRE V

Désir exprimé par Charlotte de Bourbon de réunir autour d'elle la mère, le frère et les enfants de Guillaume.—Sa correspondance avec Marie de Nassau et avec François de Bourbon.—Absence de Guillaume.—Naissance d'Élisabeth de Nassau.—Lettres de la princesse au prince son mari.—Elle se rend à Dordrecht, où est baptisée sa fille Élisabeth, ayant pour marraine la reine d'Angleterre.—Tournée du prince et de la princesse dans la partie septentrionale des Provinces-Unies.—Réception qui leur est faite à Utrecht. Incident.—Le duc de Montpensier s'occupe secrètement de Charlotte, en père sur la conscience duquel le remords commence à peser.—Arrivée en Hollande de Marie de Nassau, d'Anne, de Maurice et du comte Jean.—Guillaume est bientôt appelé à se séparer d'eux et de la princesse pour se rendre à Anvers et à Bruxelles.—Nombreuses lettres de Charlotte à son mari.—Guillaume revient à Anvers, où Charlotte le rejoint.—Résumé des événements qui ont motivé le séjour de Guillaume à Bruxelles.—Situation générale des affaires publiques.—Don Juan se retire à Luxembourg.—Guillaume est élevé aux fonctions de Ruart de Brabant.—Arrivée de l'archiduc Matthias dans les Pays-Bas.128

CHAPITRE VI

Lettres de Charlotte de Bourbon à son frère.—Lettre de Guillaume au même.—Attitude de Guillaume vis-à-vis de l'archiduc Matthias.—Nouvel acte d'union signé à Bruxelles le 10 décembre 1577.—Alliance conclue avec l'Angleterre.—Reprise des hostilités par don Juan.—Défaite de Gembloux.—Guillaume domine la crise qui agite les Provinces.—Il rallie à sa cause Amsterdam.—Il appelle Lanoue dans les Pays-Bas.—Lettre de Charlotte de Bourbon à Lanoue.—Conseils donnés par Lanoue au duc d'Anjou.—Lettres de la princesse à Despruneaux.—Lanoue nommé maréchal de camp dans les Pays-Bas. Sa loyauté, son énergie.—Relations du prince et de la princesse avec M. et Mme de Mornay arrivés dans les Pays-Bas.—Naissance de Catherine-Belgia de Nassau.—Résolutions des états généraux à l'occasion du son baptême.—Détails sur ce baptême.—Difficultés provenant du duc d'Anjou et du duc Jean-Casimir.—Troubles de Gand.—Lettre de Guillaume à sa femme, au sujet de ces troubles, qu'il réussit à réprimer.—La princesse rejoint Guillaume à Gand et revient avec lui à Anvers.—Traité d'Arras.—Union d'Utrecht.—Mort de don Juan.—Alexandre Farnèse lui succède.159

CHAPITRE VII

Maladie du duc de Montpensier.—Charlotte de Bourbon lui écrit. Touchant appel au cœur paternel.—Mission de Chassincourt auprès du roi de Navarre dans l'intérêt de Charlotte.—Mémoire dont Chassaincourt est porteur.—Lettre de Charlotte à son frère.—Farnèse attaque Anvers. Repoussé de cette place, il va assiéger Maëstricht.—Héroïque défense de Maëstricht.—Prise de cette ville. Cruauté de Farnèse et de ses troupes.—Antagonisme des provinces wallonnes contre les autres provinces.—Efforts de Guillaume et de Charlotte pour éviter le démembrement de la patrie commune.—Preuve de leur généreuse abnégation.—Guillaume soutient la cause de l'indépendance nationale et celle de la liberté religieuse.—Charlotte de Bourbon saisit avec bonheur le premier indice d'un changement survenu dans les sentiments du duc de Montpensier à son égard.—Lettres d'elle à François de Bourbon.—Son amitié pour Mme de Mornay.—Naissance de Flandrine de Nassau.—Lettre de la princesse aux magistrats d'Ypres.—Écrit du chanoine Allard au sujet de Flandrine de Nassau. Ce qu'il dit de son baptême et de son séjour auprès de l'abbesse du Paraclet, cousine et amie de la princesse d'Orange.—Nouveaux troubles à Gand.—Intervention de Ph. de Mornay et de Guillaume.—Répression de ces troubles.—Relations de Guillaume avec la cour de France en 1580.—Lettres de Charlotte de Bourbon à Catherine de Médicis et au roi de France.—Confiance de Guillaume dans la haute vigilance et la sagacité de sa femme, eu égard au maniement de diverses affaires d'État.—Éloge par le comte Jean de la princesse, sa belle-sœur.—Lettres de la princesse à Hubert Languet et à la comtesse Julienne de Nassau.—Captivité de Lanoue.—Mort de la comtesse Julienne de Nassau. Son éloge. Lettres d'elle.—Lettre de Charlotte au comte Jean.—Naissance de Brabantine de Nassau.186

CHAPITRE VIII

Traité conclu avec le duc d'Anjou au Plessis-lez-Tours.—Sinistres desseins de Philippe II à l'égard du prince d'Orange.—Circulaire adressée par Farnèse aux gouverneurs et aux conseils provinciaux en exécution des ordres de Philippe II.—Ban fulminé par Philippe II contre Guillaume de Nassau.—Correspondance de Charlotte de Bourbon avec son mari pendant une absence de celui-ci.—Relations affectueuses du prince et de la princesse avec Ph. de Mornay et Hubert Languet.—Mort de ce dernier.—Guillaume de Nassau rédige une Apologie en réponse au Ban de Philippe II.—Il la communique aux états généraux. Langage qu'il leur tient.—Réponse des états généraux.—Lettre de Guillaume de Nassau accompagnant l'envoi qu'il fait de son Apologie à la plupart des souverains et des princes de l'Europe.—Citation de quelques-uns des principaux passages de l'Apologie.—Impression produite en Europe par ce mémorable document.—Appui que rencontre Guillaume dans le dévouement de Charlotte de Bourbon.220

CHAPITRE IX

Tentatives pour opérer un rapprochement entre le duc de Montpensier et sa fille Charlotte.—Le rapprochement a lieu.—François de Bourbon se rend en Angleterre comme chef d'ambassade.—La princesse, sa sœur, l'invite, ainsi que les jeunes fils de la duchesse de Bouillon qui l'accompagnent, à se rendre dans les Pays-Bas avant leur retour en France.—Séjour du prince et de la princesse d'Orange à La Haye. Accueil que le docteur Forestus reçoit d'eux.—Déclaration officielle, par le duc de Montpensier, de l'approbation qu'il donne au mariage de sa fille avec Guillaume de Nassau.—Lettre de la princesse au président Coustureau.—Lettre de la duchesse de Montpensier à sa petite-fille, Louise-Julienne.—Lettres que, dans l'intérêt de sa fille Flandrine, Charlotte de Bourbon adresse à J. Borluut.—Assemblée à La Haye des députés des Provinces-Unies.—Acte d'abjuration.—Le duc d'Anjou devant Cambrai.246

CHAPITRE X

Premier testament de Charlotte de Bourbon rédigé le 12 novembre 1581.—Acte de libéralité du 13 novembre.—Autre acte de libéralité du 15 novembre.—Second testament du 18 novembre.—Naissance d'Amélie de Nassau. Son baptême.—Lettre de Guillaume au prince de Condé.—Lettre du duc de Montpensier à sa petite-fille Louise-Julienne.—Arrivée de François de Bourbon à Anvers.—Lettre de lui à son père sur la réception du duc d'Anjou comme duc de Brabant.—Relations du comte de Leicester, à Anvers, avec le prince et la princesse d'Orange.—Lettres qu'ils lui écrivent lors de son retour en Angleterre.270

CHAPITRE XI

Attentat commis par Jauréguy sur la personne de Guillaume de Nassau.—Paroles de Guillaume—Soins que lui donne Charlotte de Bourbon.—Émotion générale causée par l'attentat.—Lettres des états généraux aux provinces et aux villes de l'Union.—Générosité de Guillaume à l'égard de deux des complices de Jauréguy.—Prières pour demander à Dieu la guérison de Guillaume.—Lettre de Guillaume aux magistrats des villes de l'Union.—Amélioration de son état suivie d'une rechute.—Désolation de la princesse.—Propos outrageants tenus sur elle et sur le prince par Farnèse et par Granvelle.—Guillaume est hors de danger.—Lettre de la princesse au comte Jean.—Service d'actions de grâces.—Dernière maladie de la princesse.—Sa mort.—Ses obsèques.—Deuil général.—Lettres de Guillaume à Condé et du duc de Montpensier à Louise-Julienne de Nassau.—Conclusion.298

APPENDICE

Page 319.

FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES

Paris.—Imprimerie Ve P. Larousse et Cie, rue Montparnasse, 19

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