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Chroniques de J. Froissart, tome 8.1 : $b 1370-1377 (Depuis le combat de Pontvallain jusqu'à la prise d'Ardres et d'Audruicq)

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[273] Les Anglais traversèrent l’Artois, la Picardie et le Vermandois depuis le 4 jusqu’au 31 août 1373. En décembre suivant, Charles V assigna 120 livres de rente annuelle à son amé et féal chevalier et conseiller Jean Barreau, maître des requêtes de son hôtel et gouverneur de son bailliage d’Amiens, «lequel Jean Barreau a servi en ceste année (1373) sous nostre très cher frère le duc de Bourgogne à la teste des arbalestriers de Picardie» (Arch. Nat., JJ 105, no 53, fo 37o). Un espion de Charles V, Guyon Grassin, originaire de Poitiers, entré au service du duc de Lancastre pour surprendre les secrets des Anglais, se fit prendre par les Français assiégés dans le fort de Nesle (Somme, arr. Péronne) (Arch. Nat., JJ 105, no 42, fo 32). La ville de Roye (Somme, arr. Montdidier), qui avait alors commune, prévôté, siège royal, et qui était le chef-lieu de l’une des châtellenies du bailliage de Vermandois, fut à peu près complètement détruite (Arch. Nat., JJ 105, no 144, fo 83; JJ 112, no 353, fo 175 vo et 176). Les Anglais y demeurèrent sept jours et ne purent s’emparer de l’église (Grandes Chroniques, VI, 339), qu’un sergent d’armes de Charles V, nommé Jean Charles, avait travaillé à fortifier pendant trois ans et où il sut se maintenir en repoussant les assauts répétés des Anglais. Le roi son maître le récompensa en le nommant, le 6 octobre suivant, capitaine du fort de Roye (Delisle, Mandements, p. 507, no 981).

[274] Thierry de Robersart, dit le Chanoine, seigneur d’Écaillon (Nord, arr. et c. Douai), attiré en Angleterre comme Eustache d’Auberchicourt et tant d’autres chevaliers du Hainaut par la reine Philippa.

[275] Le 9 août 1373, Charles V donna l’ordre au bailli de Vermandois de prendre sans nul retard toutes les mesures que réclamait l’invasion des ennemis dont on était menacé (Varin, Archives administratives de Reims, III, 385).

[276] Aisne, arr. Saint-Quentin. On voit par des lettres de rémission datées du 11 mai 1374 que les Anglais passèrent à Ribemont «environ la première semaine du mois de septembre derrenierement passé», après avoir mis le feu aux villages de Moy (Moy-de-l’Aisne, arr. Saint-Quentin) et d’Alaincourt (Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Moy), et qu’ils furent poursuivis par Philippe, duc de Bourgogne, Bertrand du Guesclin, Jacques de Werchin, fils du sénéchal de Hainaut, Floridas de Moreuil, Floridas de Cramaille, Gontlart de Moy, fils du seigneur de Moy, chevaliers, et Alemant de Sissy (Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Ribemont), écuyer (Arch. Nat., JJ 105, no 298, fo 159 vo). Il semblerait résulter de la mention faite dans cette pièce de la part prise à la défense du Vermandois par le connétable de France que celui-ci, dont un acte signale la présence à Paris en septembre, sans doute dans les premiers jours de ce mois, ne fit que traverser cette ville et courut rejoindre le duc de Bourgogne et Jean de Vienne, spécialement chargés de harceler les Anglais du duc de Lancastre et de leur donner la chasse. Outre Moy et Alaincourt, quatre autres villages de la même région, Remigny, Vendeuil, Essigny-le-Grand et «Royeglise», furent également la proie des flammes (Delisle, Mandements de Charles V, nos 1092, 1093, p. 565, 566).

[277] Chin fait aujourd’hui partie du royaume de Belgique (prov. Hainaut, arr. Tournai, c. Templeuve) et Bousies du département du Nord (arr. Avesnes, c. Landrecies).

[278] En 1380, Gilles de Chin (Bibl. Nat., Collect. Clairambault, reg. 32, p. 2351) et Jean, seigneur de Fosseux (Ibid., reg. 49, p. 3649), servaient ès guerres de Picardie.

[279] Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre. Ce seigneur de Soize s’appelait Gérard.

[280] Hugues, seigneur de Clary (Nord, arr. Cambrai).

[281] Tant que les Anglais avaient occupé la Picardie et menacé Amiens, le duc de Bourgogne s’était tenu renfermé dans cette ville. Il en partit le mercredi 17 août pour harceler l’aile droite des Anglais qui avait envahi le Vermandois; ce jour-là, il vint souper et gîter à Montdidier.

[282] Vaux est un faubourg de la ville de Laon.

[283] Charles avait établi des garnisons non seulement à Laon, mais encore dans les petites places des environs, telles que Crépy-en-Laonnois (Aisne, arr. et c. Laon). Nous lisons dans une lettre de rémission datée de novembre 1373 que, «environ la derreniere sepmaine du mois d’aoust derrain passée», Gui, comte de Blois, le protecteur de Froissart, tenait garnison à Crépy, «pour le garder contre nos ennemis qui lors estoient sur le pays» (Arch. Nat., JJ 104, no 373, fo 152).

[284] Les Anglais, dans leur marche de Laon à Soissons, passèrent à Vailly-sur-Aisne (Grandes Chroniques, VI, 340). Le 25 août 1373, les élus au Conseil de Châlons écrivirent à leurs bons amis de Troyes qu’ils avaient appris, grâce à des nouvelles reçues de Reims, que l’avant-garde des Anglais, après avoir passé l’Oise, développait ses lignes et lançait ses coureurs dans toute la région comprise entre Pont-l’Évêque (Oise, arr. Compiègne, c. Noyon) et Vailly (Aisne, arr. Soissons), se préparant à traverser l’Aisne pour continuer sa marche dans la direction de Reims et de Châlons (Arch. mun. de Troyes, série AA, 58e carton, 3e liasse; Boutiot, Hist. de Troyes, II, 235). Mon très savant confrère, M. d’Arbois de Jubainville, a publié pour la première fois les deux lettres des habitants de Reims et de Châlons (Voyage paléographique dans le département de l’Aube, Troyes, 1855, p. 148 et 151). Le duc de Bourgogne, qui continuait de surveiller l’aile droite anglaise, se tint à Compiègne du jeudi 18 au samedi 20 août.

[285] Parti de Compiègne le 20 au matin, le duc de Bourgogne vint souper et gîter à Ambleny (Aisne, arr. Soissons, c. Vic-sur-Aisne), le dimanche 21 et se tint à Soissons depuis le lundi 22 août jusqu’au vendredi 9 septembre (Itinéraire de Philippe le Hardi, par M. Ernest Petit.)

[286] Henri, fils de Henri de Percy et de Marie de Lancastre, marié successivement à Marguerite Nevill et à Mathilde de Lucy, maréchal d’Angleterre en 1376, fut créé comte de Northumberland par Richard III en 1377. Il était le frère aîné de Thomas de Percy, sénéchal de Poitou, fait prisonnier à Soubise en 1372, et fut le père de Henri, surnommé Hotspur, immortalisé par Shakspeare, mort en 1403; le comte de Northumberland survécut quatre ans à son fils.

[287] Guillaume, comte de Namur, quatrième fils de Jean Ier et de Marie d’Artois, dont Robert de Namur, seigneur de Beaufort, l’un des protecteurs de Froissart, n’était que le sixième fils, touchait une pension de 1000 livres de rente annuelle sur le trésor du roi à Paris.

[288] Enguerrand VII, seigneur de Coucy, servait alors en Italie à la solde du pape Grégoire XI.

[289] Oulchy-le-Château, Aisne, arr. Soissons, sur la route et à peu près à moitié chemin de cette ville à Château-Thierry.

[290] Dans le courant du mois de septembre, et sans doute dans les premiers jours de ce mois, Louis, duc d’Anjou, qui était de passage à Blois et qui arrivait du Périgord où il se trouvait encore à Limeuil (Dordogne, arr. Bergerac, c. Saint-Alvère) le 30 août précédent, donna des ordres à Pierre Scatisse, trésorier de France à Toulouse, pour le payement de la solde d’un corps d’armée, composé de 2000 hommes d’armes et de 500 arbalétriers, qu’il amenait du Languedoc à marches forcées au secours du roi de France son frère contre le duc de Lancastre (D. Vaissete, Hist. de Languedoc, IV, 352). Jean de Beuil, sénéchal de Beaucaire et de Nîmes, devait être l’un des principaux chefs de ces troupes de renfort. Aussi n’est-il pas sans intérêt de remarquer le rôle prêté ici par Froissart à ce chevalier, parce qu’il y a là un indice que le corps auxiliaire amené par le duc d’Anjou venait d’entrer en ligne et de se joindre aux gens d’armes du duc de Bourgogne pour harceler les Anglais et leur donner la chasse. L’affaire d’Oulchy eut lieu le vendredi 9 septembre, au matin. Sans parler de Gautier ou Walter Hewet tué les armes à la main, les Anglais ainsi surpris, qui formaient un petit détachement de 50 lances et de 20 archers, laissèrent entre les mains des vainqueurs 10 chevaliers de grand état et 24 écuyers (Grandes Chroniques, VI, 340). Ce beau fait d’armes ne contribua pas médiocrement à la haute fortune de Jean de Vienne, qui fut pourvu le 27 décembre suivant de la charge d’amiral de France, dont Aimeri, vicomte de Narbonne, avait été investi pendant quatre ans depuis le 28 décembre 1369 (Jean de Vienne, amiral de France, par le marquis Terrier de Loray, Paris, 1878, p. 65).

[291] Au moment du combat d’Oulchy, livré, comme on l’a vu ci-dessus, le 9 septembre, ni Du Guesclin ni le duc d’Anjou ne se tenaient devant le château de Derval. Arrivé à Paris depuis une dizaine de jours, puisque ses deux maréchaux, Jean de Beaumanoir et Robert de Guitté, avaient passé une revue à Saint-Cloud le 1er août précédent (Dom Morice, Preuves, II, col. 64, 65), le connétable de France a daté de Paris, au mois de septembre, des lettres de grâce ou de rémission qu’il octroya à un écuyer du comté de Longueville nommé Wautier du Mesnil, au sujet d’un homicide dont cet écuyer s’était rendu coupable (Arch. Nat., JJ 104, no 310, fo 129). D’ailleurs un acte, postérieur à l’événement de moins d’une année, nous montre Bertrand guerroyant contre les Anglais dans le Vermandois dès la première semaine de septembre (Voy. plus haut, p. LXXXVIII, note 276, et p. LXXXIX). Quant au duc d’Anjou, qui venait d’arriver précipitamment du Languedoc par le Périgord, il ne se dirigea, selon toute apparence, vers l’Anjou et la Bretagne qu’après avoir touché barre à Paris, où il prit les instructions du roi de France son frère, auquel il amenait les importants renforts dont il a été question plus haut. Comme le raconte Froissart, il dut aller ensuite devant le château de Derval, mais il n’y alla que pour prendre possession de cette place dont la reddition devait avoir lieu, aux termes du traité de capitulation, le 29 septembre seulement (Voy. la note suivante).

[292] Un mandement de Charles V en date du 8 octobre 1373 établit que la reddition du château de Derval avait été fixée par le traité de capitulation au 29 septembre précédent ou à la Saint-Michel, et que Bureau, seigneur de la Rivière, premier chambellan du roi de France, avait été chargé de faire escorte au duc d’Anjou, avec une nombreuse compagnie de gens d’armes, de Blois à Derval, «pour l’accompagner à tenir certaine journée que monseigneur de Cliçon avoit emprinse d’estre devant le chastel de Derval à ceste Saint Michel dernière passée, à laquelle journée ceux qui le tenoient le devoient rendre au roy.» (Delisle, Mandements de Charles V, no 984, p. 510). Les sanglantes exécutions dont parle Froissart eurent lieu sans doute, soit le soir du jour fixé pour la reddition, soit plutôt le lendemain, c’est-à-dire le 30 septembre 1373.

[293] La mention de la présence à cette mémorable séance du duc d’Anjou, de Du Guesclin et de Clisson, ainsi que du rôle prépondérant qu’y jouèrent ces trois grands personnages, nous permet d’en déterminer la date au moins approximative. Elle ne put avoir lieu que dans le courant du mois de septembre, puisque aucun des trois orateurs qui y prirent la parole n’était arrivé à Paris avant cette date (Voy. ci-dessus, p. LXXXV, note 266, et p. XCII, note 291), et vraisemblablement vers la fin de la première quinzaine de ce mois, puisque, d’une part, Clisson rejoignit le corps d’armée du duc de Bourgogne à Sézanne le 13 septembre (Voy. p. LXXXV, note 266), et que, d’autre part, le duc d’Anjou ne put guère partir de Paris beaucoup après cette date pour se trouver devant Derval à la Saint-Michel (Voy. p. XCII, note 291, et p. XCIII). Nous inclinerions à fixer au 10 septembre la tenue de ce grand Conseil de guerre, précisément au lendemain de l’affaire d’Oulchy, dont l’heureuse issue venait de relever le crédit des partisans d’une offensive plus énergique. La présence de Du Guesclin et de Clisson à Paris, à la date que nous indiquons, est d’autant plus probable que cette même journée du 10 septembre 1373 fut marquée par les faveurs dont Charles V gratifia un certain nombre de chevaliers ou écuyers bretons, tels que Guillaume, seigneur de Penhoet (Hay du Chastelet, p. 383), Sevestre Campson, capitaine de Morlaix (Arch. Nat., J 621, no 82), Maurice de Plusquellec (Ibid., no 792), Hervé de Saint-Gouëno (Ibid., no 793), enfin Olivier le Moine (Ibid., no 79).—Quant aux ducs de Bourgogne et de Berry, dont Froissart mentionne également la présence, sans indiquer du reste l’avis qu’ils n’auraient certainement pas manqué d’émettre s’ils avaient réellement assisté à ce grand Conseil, ils étaient absents de Paris l’un et l’autre et ne purent par conséquent être consultés, du moins de vive voix. Quoi qu’il en soit, ce que dit Froissart de l’intimité qui s’établit dès lors entre le duc d’Anjou et Du Guesclin est confirmé par les faits. Le 28 octobre suivant, le jour même où Louis, duc d’Anjou, qui regagnait son gouvernement de Languedoc par Avignon, était de passage à Gien sur Loire (D. Vaissete, Hist. de Languedoc, Toulouse, 1885, X, 1495), Charles V, inspiré sans doute par son connétable, institua l’aîné de ses frères son lieutenant général dans tout le duché de Bretagne (Hay du Chastelet, Hist. de B. du Guesclin, p. 453).

[294] Des lettres de rémission, datées de novembre 1373, mentionnent le passage du duc de Lancastre et en particulier du connétable de son armée Édouard Spencer à Damery-sur-Marne (Marne, arr. et c. Épernay), où les deux ménestrels du dit connétable, originaires de la châtellenie d’Ypres, s’enfuirent en déserteurs du camp anglais avec leur valet (Arch. Nat., JJ 105, no 68, fo 44).

[295] Marne, arr. Châlons-sur-Marne. Eustache des Champs, dit Morel, a décrit dans quelques-unes de ses poésies les ravages commis par les Anglais aux environs de Vertus, d’où il était originaire.

[296] Le 18 octobre 1373, quelques-uns des hommes d’armes préposés à la défense de la Champagne, Béraud, comte dauphin d’Auvergne, Hugues de Melun, seigneur d’Antoing, Louis, seigneur de Sully et de Grez, Jacques Win, dit le Poursuivant d’Amours, furent passés en revue à Melun (La Roque, Hist. de la maison d’Harcourt, IV, 1452). Dès le 1er de ce mois, Jean, vicomte de Melun, comte de Tancarville, était à Pont-sur-Yonne (Yonne, arr. Sens) avec 50 hommes d’armes (Ibid., 1431, 1432). C’est à ce dernier grand seigneur que Charles V donna en 1379, à titre viager, le château de Beaufort (auj. Montmorency, Aube, arr. Arcis-sur-Aube, c. Chavanges), confisqué sur Jean, duc de Lancastre, qui le tenait du chef de sa femme (Arch. de la Côte-d’Or, série B, carton 3112).

[297] De Sézanne, qu’il quitta pendant la nuit du mardi 13, le duc de Bourgogne vint dîner et camper à Saint-Just (Saint-Just-Sauvage, Marne, arr. Épernay, c. Anglure) et, pressé de couvrir Troyes devenu l’objectif de l’ennemi, fit une telle diligence qu’il arriva dans la capitale de la Champagne le jeudi soir 15 septembre. Il y resta onze jours du jeudi 15 au lundi 26; le mardi 20, il alla coucher à Juilly (Côte-d’Or, arr. et c. Semur), où la duchesse de Bourgogne vint à sa rencontre; mais il était de retour à Troyes dès le lendemain. Cette excursion matrimoniale du duc de Bourgogne nous est un indice que les Anglais passèrent devant Troyes, selon toute apparence, entre le mercredi 21 et le lundi 26 septembre. Cf. Revue de Champagne et Brie, VI, 1879, p. 58.

[298] Jean de Hastings, comte de Pembroke, nommé lieutenant du roi d’Angleterre en la principauté d’Aquitaine le 20 avril 1372, avait été battu et fait prisonnier par la flotte de Castille à la bataille navale livrée devant la Rochelle le 23 juin suivant (Voy. plus haut, p. XXIII à XXVII).

[299] Aux termes de «l’endenture» faite le 11 janvier 1375 (n. st.) entre Du Guesclin et le comte de Pembroke, le chiffre de la rançon s’élevait, non à 120 000, comme le dit Froissart, mais à 130 000 francs d’or du coin de France, payables: 50 000 francs avant la Purification ou le 2 février suivant, 10 000 francs six semaines après la rentrée du comte en Angleterre, et 70 000 en obligations munies des sceaux de cinq comtes et de cinq chevaliers anglais, lesquelles obligations seraient remboursables 35 000 francs à Noël ou le 25 décembre 1375, 35 000 francs le 24 juin ou à la Saint-Jean-Baptiste 1376. Il était convenu en outre que Jean de Hastings se pourrait armer et faire tout ce qui appartient à bon et loyal chevalier, aussitôt qu’il aurait payé les 10 000 francs pour lesquels il s’était personnellement obligé. A l’échéance du 2 février 1375, le comte de Pembroke n’ayant pu réunir tout l’argent dont il avait besoin pour faire son premier payement, Du Guesclin consentit d’autant plus facilement à accorder un délai à son prisonnier que l’évêque de Bayeux et le comte de Saarbruck furent bientôt appelés à se rendre à Bruges pour sceller chez un marchand lucquois nommé Fortiguerra le sac où l’on avait mis en dépôt, non seulement 23 135 nobles et demi et 2 gros valant 50 000 francs, mais encore deux obligations représentant une somme de 70 000 francs et revêtues de la garantie des cinq comtes et des cinq chevaliers anglais désignés dans l’endenture. Le comte de Pembroke était mort sur ces entrefaites, le lundi 16 avril 1375; et les gens du connétable avaient eu beau faire diligence, le malheureux prisonnier avait rendu le dernier soupir à Moreuil en Picardie (Somme, arr. Montdidier), et non à Arras, suivant la version de Froissart, avant d’avoir touché une terre anglaise. Sur l’ordre du duc de Lancastre, qui savait que le roi son père avait fait l’avance des sommes déposées chez Fortiguerra, la garnison anglaise de Guines avait refusé de prendre livraison d’un cadavre qui aurait coûté si cher, de telle sorte que les restes du comte auraient pu être abandonnés sur la voie publique si on ne les eût pas recueillis par pitié dans une abbaye située à deux lieues de Calais. Aussitôt qu’il fut informé du décès de son gendre, Édouard III n’eut rien de plus pressé que de se faire restituer par les échevins de Bruges ou plutôt de faire restituer à son fils le duc de Lancastre les sommes mises en dépôt chez Fortiguerra. Ce fut alors que le Breton Yves de Kerambars, procureur de Bertrand du Guesclin, adressa à ces mêmes échevins de Bruges, à l’appui des réclamations du connétable, un long mémoire conservé aux Archives Nationales dans un des registres du Trésor des Chartes (J 381, no 16), mémoire dont M. Kervyn de Lettenhove a publié le texte en 1874 (Œuvres de Froissart, XVIII, 511-543). Le 20 juillet 1375, Charles V, prenant en considération l’appel interjeté par Du Guesclin contre la décision des échevins, fit ajourner ces derniers devant le Parlement de Paris. Les magistrats de Bruges n’ayant point comparu, furent condamnés par défaut, et le profit de ce défaut fut adjugé au connétable. Ce profit, purement de style, fut la seule satisfaction que Bertrand parvint à obtenir, quoique le procès en revendication qu’il avait intenté ait continué de figurer sur les rôles du Parlement pendant les années 1376 et 1377. La somme de 120 000 francs, chiffre de la rançon imposée par D. Enrique de Trastamar, roi de Castille, au comte de Pembroke, son prisonnier, avait été accepté par Du Guesclin en déduction du montant du produit de la vente de son duché de Molina et de son comté de Soria, rachetés par le dit roi de Castille. Comme le connétable n’avait fait cette vente que pour rester au service de Charles V, ce prince éprouva le besoin de dédommager, au moins dans une certaine mesure, son fidèle et loyal serviteur, auquel il donna, par acte daté de Paris, le lundi 30 mars 1377, une somme de 50 000 francs, exigible à raison de 5000 francs par mois jusqu’à parfait payement, en retour de quoi Bertrand lui transporta le 27 novembre suivant tout le droit qu’il pouvait avoir contre les échevins de Bruges (Hay du Chastelet, Hist. de B. du Guesclin, p. 454, 456, 457).

[300] Jean de Hastings, comte de Pembroke, mourut à Moreuil le 16 avril 1375, et Du Guesclin fit de vains efforts, dans le cours des années 1375 et 1376, pour se faire payer la rançon de son prisonnier. Froissart connaissait tous ces faits lorsqu’il en a intercalé la mention dans son récit de l’expédition du duc de Lancastre en France pendant la seconde moitié de 1373. Par conséquent, la rédaction de cette dernière partie de son premier livre ne peut être antérieure à la fin de 1376 ou au commencement de 1377. La mention de la mort d’Édouard Spencer, décédé au mois de novembre 1375, que l’on trouvera un peu plus loin, vient encore confirmer l’exactitude de cette conclusion (Voy. p. CIII, note 311).

[301] Guichard d’Angle, maréchal d’Aquitaine, avait été fait prisonnier ainsi que le comte de Pembroke dans la bataille navale livrée devant la Rochelle le 23 juin 1372 (Voy. plus haut, p. XXVI, XXVII).

[302] Mathieu, seigneur de Roye et de Germigny, envoyé comme otage en Angleterre après le traité de Brétigny, n’avait pas encore recouvré sa liberté à la date du 5 novembre 1371 (Rymer, III, 928). Au mois d’octobre 1368, Charles V, voulant dédommager ce chevalier d’une captivité aussi longue et aussi onéreuse, avait fondé à Germigny (Marne, arr. Reims, c. Ville-en-Tardenois) une foire annuelle qui se tenait depuis la veille de Saint-Simon et Saint-Jude jusqu’au deuxième jour après la dite fête (Arch. Nat., JJ 100, no 165).

[303] Ce ne fut pas Olivier de Mauny, ce fut Alain de Mauny, neveu à la mode de Bretagne de Du Guesclin, qui épousa en 1374 Marie de Roye, fille unique de Mathieu, seigneur de Roye, et de Iolande de Hangest (P. Anselme, Hist. généal. de la maison de France, VIII, 9, 10).

[304] Les Anglais arrivèrent sans doute devant Troyes, comme nous l’avons dit plus haut, du 21 au 26 septembre. Un peu avant le 29 de ce mois, on les signalait portant des enseignes ou croix de drap rouge et des sachets pleins de soufre à Brienne et à Dienville (Aube, arr. Bar-sur-Aube, c. Brienne), dont les habitants étaient réduits à se cacher dans les bois (Arch. Nat., JJ 105, no 31, fo 24 vo). Ils passèrent la Seine à Gyé (Gyé-sur-Seine, Aube, arr. Bar-sur-Seine, c. Mussy-sur-Seine, au sud-est et en amont de Troyes), se dirigeant d’abord vers Sens. Il semble résulter de la narration de Cabaret d’Orville que l’un des corps de l’armée anglaise, sans doute l’aile droite, franchit l’Aube près de Plancy (Aube, arr. Arcis, c. Méry-sur-Seine), où plusieurs des hommes d’armes de l’entourage du duc de Bourbon tuèrent sept Anglais devant la Barrière amoureuse et taillèrent en pièces un détachement d’éclaireurs de l’avant-garde ennemie, en effectuant leur retour de Plancy à Troyes (La chron. du bon duc Loys de Bourbon, p. 50-52). D’après ce même chroniqueur, deux mille hommes d’armes renfermés dans Troyes opérèrent, sous les ordres de Louis, duc de Bourbon, et d’Olivier, seigneur de Clisson, une sortie où l’on tua 100 ennemis et où furent faits 120 prisonniers, notamment Jean Burleigh (Ibid., p. 53).

[305] Une lettre datée de Paris le 12 octobre 1373 et adressée par Pierre de Villiers-Herbisse (Aube, arr. et c. Arcis), confesseur de Charles V, évêque de Nevers, et par le célèbre avocat Jean des Marès, conseiller du roi, aux habitants de Troyes, mentionne «les grans dommages que les diz habitans et tout le pais de environ ont euz ou fait de la guerre» (D’Arbois, Voyage paléographique, p. 151, 152). Les faubourgs de la capitale de la Champagne eurent beaucoup à souffrir et, le 19 avril 1374, Charles V amortit 50 livres tournois de rente annuelle en faveur de la maison des Chartreux lez Troyes: «cum vix poterit dicta domus reparari, propter dampna et nonnulla gravamina per gentes nostras armorum in bonis suis illata, dum dux Lancastrie, inimicus noster, cum suo exercitu per partes Campanie transitum faceret» (Arch. Nat., JJ 106, no 397, fo 205 vo).

[306] Vers la fin de septembre 1373, le bailli du pays d’Auxois pour le duc de Bourgogne ordonna de faire rentrer les vivres dans les châteaux et d’enlever les fers des moulins par crainte des Anglais dont on signalait la présence à Pothières (Côte-d’Or, arr. et c. Châtillon-sur-Seine), à Pontaubert (Yonne, arr. et c. Avallon) et à Vaux (Arch. de la Côte-d’Or, B 2760; Invent., 305). A cette même date, pendant la saison des vendanges, Bertrand du Guesclin et Philippe, duc de Bourgogne, donnèrent la chasse à l’un des détachements de l’armée du duc de Lancastre qui s’était avancé dans la direction de Joigny et de Sens, comme on le voit par une lettre de rémission octroyée en décembre 1373 à Jean Tenrieau, de Brion près de Joigny, où il est fait mention de «aucuns pillars suivans, environ vendanges derrain passées, les routes des gens d’armes en la compaignie de notre très cher et très amé frère le duc de Bourgoigne et de nostre amé et feal connestable estans ou pais de Bourgoigne pour contrester à l’entreprise de nos ennemis.» (Arch. Nat., JJ 105, no 95, fo 59). D’après Cabaret d’Orville, les Anglais se seraient avancés dans cette direction jusqu’aux faubourgs de Sens, où Olivier, seigneur de Clisson, les aurait fait tomber dans une embuscade, en aurait tué 600 et leur aurait ainsi infligé le plus grave échec de toute l’expédition (La chronique du bon duc Loys de Bourbon, p. 54, 55). Ce fut peut-être cet échec qui détermina le duc de Lancastre à rebrousser chemin, à remonter le cours de la Loire jusqu’à Marcigny pour gagner Bordeaux en traversant l’Auvergne et le Limousin. Voici, d’après l’Itinéraire de Philippe le Hardi, dressé par M. Petit, la route que suivit le duc de Bourgogne depuis Troyes jusqu’en Auvergne; comme le duc poursuivait Lancastre, cet itinéraire nous indique avec quelques jours seulement de retard la marche et les étapes successives des Anglais eux-mêmes. Le mardi 27 septembre, Philippe le Hardi, qui venait de quitter Troyes, dîna à Villemaur (Aube, arr. Troyes, c. Estissac) et coucha à Joigny; le lendemain 28, il alla dîner à Villemer (Yonne, arr. Joigny, c. Aillant), soupa et coucha à Auxerre, où il passa les deux derniers jours du mois de septembre. Il passa le 2 octobre à Druyes (Yonne, arr. Auxerre, c. Courson), le 3 à Varzy (Nièvre, arr. Clamecy), du 4 au 6 à Prémery (Nièvre, arr. Cosne), du 7 au 9 à Decize (Nièvre, arr. Nevers); le 10, il fut réduit à coucher en rase campagne; il passa le 11 et 12 octobre à Roanne, dans le comté de Forez, quelques jours après que les Anglais avaient effectué le passage de la Loire à Marcigny, un peu en aval de Roanne; le 13, il alla coucher à Saint-Haon (Loire, arr. Roanne), le 14 à Cusset (Allier, arr. La Palisse), le 18 à Saint-Pourçain (Allier, arr. Gannat). Arrivé le dimanche 19 octobre à Souvigny (Allier, arr. Moulins), il y passa quatre jours dans la magnifique résidence du duc de Bourbon, frère de sa belle-sœur la reine de France. Revenu le 24 à Saint-Pourçain, il y prolongea son séjour jusqu’au dimanche 30 et n’arriva que le lundi 31 dernier jour d’octobre à Aigueperse, en Auvergne.

[307] Arrivé à Aigueperse (Puy-de-Dôme, arr. Riom) le 31 octobre, le duc de Bourgogne passa les deux premiers jours de novembre dans cette localité, située sur le bord de l’ancienne voie romaine qui, contournant le massif du Puy de Dôme, conduisait de temps immémorial par la vallée de la Dordogne en Limousin et en Périgord. D’Aigueperse, Philippe le Hardi se rendit à Riom, où il passa également deux jours, le jeudi 3 et le vendredi 4 novembre. Le samedi 5, il vint souper et coucher à Clermont, où il séjourna jusqu’au mercredi 9. Renonçant à poursuivre plus loin l’armée anglaise, il revint le 10 coucher à Aigueperse, d’où il se dirigea vers Bourges en passant par Montagu en Combraille, Montluçon, Hérisson, Ainay-le-Château et Meillant; le 16, il arriva dans la capitale du Berry, où il fut rejoint le 24 par la duchesse de Bourgogne, qui y tint compagnie à son mari jusqu’au 29, jour où l’on célébra dans la cathédrale de Sens un service solennel pour le repos de l’âme de la reine de Navarre, récemment décédée. Le vendredi 2 décembre suivant, le duc de Bourgogne était à Paris, où il rendit compte au roi son frère de tous les incidents d’une campagne qui durait depuis quatre mois. En novembre 1373, plusieurs lettres de rémission retracent les ravages exercés par les Anglais en Bourgogne, en Nivernais, en Berry et en Auvergne (Arch. Nat., JJ 105, nos 288, 305; JJ 115, no 104; KK 252, fo 25).

[308] Le Limousin fut la seule province où le duc de Lancastre réussit à s’emparer, pendant le cours de son expédition, de places de quelque importance. Sans parler d’un chevalier nommé Pierre de Maumont, dont Charles V donna les biens à Gui d’Aubusson, en mars 1374, parce que le dit Pierre s’était rallié aux Anglais «pour le temps que le duc de Lanclastre avecques sa compaignie a derrain chevauchié par le pais de Lymozin» (Arch. Nat., JJ 105, no 204), lequel Pierre de Maumont réussit à obtenir sa grâce dès le mois de juillet suivant (Ibid., no 420), la ville de Tulle se rendit aux envahisseurs, comme on le voit par des lettres de rémission datées du 15 mars 1374 (n. st.), où on lit que «nostre ennemi le duc de Lencastre, comme il passast derrain avecques ses gens par le pais de Lymosin, eust pris la cité de Tuelle» (Arch. Nat., JJ 105, no 238, fo 131 vo; JJ 108, no 27, fo 18). Brives la Gaillarde suivit l’exemple de Tulle et ouvrit ses portes aux Anglais que les Français poursuivaient (JJ 105, no 491, fo 250 vo). Cette dernière ville ne fut reprise que vers la fin du mois de juillet de l’année suivante; Louis, duc de Bourbon, l’emporta d’assaut (JJ 105, no 578, fo 290; JJ 106, no 339, fo 179 vo). Ces opérations en Limousin, où Bertrand du Guesclin, du côté des Français, et Bernard de la Sale, du côté des Anglais, nous apparaissent dans les actes comme ayant joué un rôle actif, durent avoir lieu, d’après Cabaret d’Orville, assez bien renseigné sur cette fin de l’expédition du duc de Lancastre, un peu avant Noël ou le 25 décembre (La chronique du bon duc Loys de Bourbon, p. 55), en d’autres termes, pendant la seconde quinzaine de novembre et les vingt premiers jours de décembre 1373. Cf. Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze, t. I (1878-1879), p. 130 et suiv.

[309] Le Rouergue n’était pas sur le chemin du duc de Lancastre, qui devait être pressé de rentrer directement à Bordeaux après avoir fait campagne en Limousin dans une saison déjà rigoureuse. Il est plus probable qu’après la prise de Tulle et de Brives les Anglais continuèrent de suivre la vallée de la Dordogne et se dirigèrent vers le Bordelais en passant par Sarlat, Limeuil, Lalinde et Bergerac. Tel est du reste l’itinéraire que Guillaume de Saint-André fait suivre à Jean de Montfort, duc de Bretagne, qui, s’étant séparé du gros de l’armée anglaise à la suite d’une querelle avec le duc de Lancastre au sujet du payement de la solde des troupes et sans doute aussi au sujet de l’occupation du Limousin sur lequel Montfort élevait des prétentions, avait pris les devants et, accompagné seulement de soixante Bretons fidèles, s’était frayé à part un passage pour gagner Bordeaux (Le livre du bon duc Jehan de Bretaigne, vers 2011 à 2361).

[310] Un acte d’Édouard III, daté du 8 janvier 1374, mentionne le retour à Bordeaux, ou du moins en Guyenne, du duc de Lancastre, «par ce que nous fumes certifiez qe nostre très cher fitz Johan, roi de Castille et de Leon, duc de Lancastre, liquel a esté grant piece ovesque pluseurs nobles seignours et grantz et autres gentz d’armes en sa compaignie assemblez en grant host es parties de France, est de presente en nostre seignourie d’Aquitaigne» (Delpit, Documents français en Angleterre, p. 190). Le duc de Lancastre mit fin à son expédition et rentra à Bordeaux dans les derniers jours de 1373 ou les premiers jours de 1374.

[311] Édouard Spencer, l’un des protecteurs de Froissart, qui avait été chargé dans l’expédition du duc de Lancastre de l’office de connétable de l’armée, ne survécut pas deux ans à cette expédition; il mourut à Cardiff au mois de novembre 1375.

[312] Parti de Gien-sur-Loire le 28 octobre 1373 (Voy. plus haut, p. XCIV, note 293), Louis, duc d’Anjou, était à Lyon le 27 novembre, à Roquemaure (Gard, arr. Uzès) du 29 du même mois au 2 décembre, à Avignon du 2 au 12 de ce mois, à Nîmes (où il fêta le jour de Noël dans l’hôtel de Pierre Scatisse, trésorier de France) du 13 décembre au 2 janvier; il partit de Nîmes ce jour-là en compagnie de Pierre Scatisse pour se rendre à Toulouse, où il arriva le dimanche 8 janvier 1374 (Journal de Pierre Scatisse de 1369 à 1374, publié par Ménard, Histoire de Nismes, II; Preuves, p. 2-7).

[313] Bertrand du Guesclin n’accompagna point le duc d’Anjou dans ce voyage; il employa les deux derniers mois de 1373 à donner la chasse aux Anglais du duc de Lancastre. Treize jours après l’arrivée du duc à Toulouse, le samedi 21 janvier 1374, Bertrand, devenu veuf par le décès de sa première femme Tiphaine Raguenel, morte peu après le 23 juillet de l’année précédente, se remaria à Rennes à Jeanne de Laval, dame de Tinténiac, fille de Jean de Laval, sire de Châtillon, et d’Isabeau, dame de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé (Hay de Chastelet, Hist. de B. du Guesclin, p. 250; P. Anselme, Hist. généal., VI, 186). Le connétable passa en Bretagne et en basse Normandie, à Pontorson, avec sa jeune femme, la fin de janvier ainsi que les mois de février et de mars, et n’alla rejoindre le duc d’Anjou en Languedoc que dans le courant du mois d’avril. Une quittance d’une somme de 1000 francs qu’il délivra à Étienne de Montmejan, trésorier des guerres du roi de France et du duc d’Anjou, atteste sa présence à Toulouse le 25 avril 1374 (Bibl. Nat., Pièces Originales, vol. 1433, dossier Du Guesclin).

[314] Ce corps d’armée, dont Froissart exagère beaucoup l’effectif, ne fut pas formé à Périgueux, mais à Toulouse, et nous possédons les montres des principaux hommes d’armes enrôlés à cette occasion par le duc d’Anjou (D. Vaissete, Hist. de Languedoc, Toulouse, 1885, X, col. 1503-1509).

[315] Auj. Saint-Sever-de-Rustau, Hautes-Pyrénées, arr. Tarbes, c. Rabastens, sur l’Arros, à 22 kil. au nord-est de Tarbes. Le cloître de l’abbaye bénédictine de Saint-Sever au diocèse de Tarbes subsistait en partie, quoique à moitié ruiné, il y a quelques années. «Les châteaux du Bigorre, écrivait en 1885 M. A. Molinier, étaient tenus par les Anglais au nom du captal de Buch, celui-ci ayant été gratifié de ce comté par le roi d’Angleterre et son fils le duc d’Aquitaine» (Hist. de Languedoc, IX, 843, note 1). Le consciencieux annotateur de dom Vaissete commet ici une petite erreur. Le 27 juin 1369, le prince de Galles avait en effet donné au captal le comté de Bigorre, et cette donation avait été confirmée par Édouard III le 20 avril de l’année suivante (Rymer, III, 890). Mais trois mois après la prise du captal de Buch à Soubise, le 20 novembre 1372, Édouard III avait donné la viguerie de Mauvezin en l’évêché de Tarbes et la terre de Maransin à Roger Bernard de Foix, vicomte de Castelbon et seigneur de Navailles (Bibl. Nat., Collect. de Bréquigny, XXX, fos 134, 136).

[316] Hautes-Pyrénées, arr. Argelès, à 19 kil. au sud-ouest de Tarbes. Quoi qu’en ait dit dom Vaissete, dont le principal annotateur de la nouvelle édition de l’Histoire générale de Languedoc, M. A. Molinier, a accepté sur ce point les conclusions (IX, 835, 843, note 1; X, 117), il n’y a point lieu de distinguer deux expéditions du duc d’Anjou contre les places anglo-gasconnes du comté de Bigorre, l’une qui se fit réellement du milieu de juin au 7 juillet 1373, l’autre que l’on aurait recommencée du 14 juin au 8 juillet de l’année suivante. Quant à l’expédition très réelle de 1373, trois actes vidimés dans les registres du Trésor des Chartes l’établissent avec la dernière évidence. Le premier de ces actes par lequel Louis, duc d’Anjou, donne au comte d’Armagnac la viguerie de Goudon en Bigorre (Hautes-Pyrénées, arr. Tarbes, c. Tournay) est daté «en nos tentes devant Mauvoisin», le 20 juin 1373 (Arch. Nat., JJ 105, no 55, fo 37 vo). Le second acte, par lequel ce même duc gratifie le dit comte d’une autre viguerie du comté de Bigorre, celle de Mauvezin, et aussi de la cité de Capvern, confisquées sur le vicomte de Castelbon rebelle, a été dressé «en nos tentes devant Lourdes», le dernier jour de juin, c’est-à-dire le 30 juin suivant (Ibid., no 73, fo 47). Enfin, la date d’une confirmation faite par le duc d’Anjou d’un acte antérieur est ainsi conçue: «in tentis nostris ante Lourdam, anno Domini millesimo trecentesimo septuagesimo tercio, mense junii» (Ibid., JJ 149, no 296, fo 148 vo). Dès 1867, un érudit du Bigorre, M. Curie-Seimbres, avait assigné sa véritable date à la campagne du duc d’Anjou en Bigorre; malheureusement, il s’est trompé à son tour en faisant assiéger Lourdes, au mois de juin 1373, par Du Guesclin qui guerroyait alors en Bretagne (Mém. de la Soc. des Hautes-Pyrénées, année 1867, p. 104, 105). Quoi qu’il en soit, il demeure certain que le siège de Mauvezin, puis de Lourdes, par le duc d’Anjou, pendant la seconde quinzaine de juin 1373, est établi par des actes et ne saurait être contesté, tandis que la prétendue expédition de ce même duc et de Du Guesclin contre Saint-Sever et Lourdes en 1374, soit du 8 juillet au 1er août, soit, comme le suppose M. A. Molinier, du 14 juin au 8 juillet, est en contradiction avec des documents authentiques, au moins en ce qui concerne le connétable de France. Froissart, ayant commis l’erreur de faire guerroyer le duc d’Anjou en Bretagne pendant la première moitié de 1373, a rapporté sans doute à l’année 1374 des faits de guerre qui s’étaient passés précisément un an auparavant et qu’il n’aurait pu, sans se contredire, mentionner à leur date véritable. L’erreur de dom Vaissete et des nouveaux éditeurs de l’Histoire générale de Languedoc est d’autant plus singulière qu’ils ont connu deux des pièces dont nous venons de donner l’analyse (Hist. de Languedoc, IX, 835, note 5).

[317] Un peu avant le mois de juillet 1374, Roger Bernard de Foix, vicomte de Castelbon, entama des négociations avec le duc d’Anjou et fit présenter à celui-ci par son procureur des propositions d’accommodement dont nous possédons le texte publié pour la première fois en 1885 sous la date erronée de 1369 par M. A. Molinier (Hist. de Languedoc, X, col. 1420 et 1421); mais l’éditeur a reconnu qu’il faut faire descendre en 1374 la rédaction de ces propositions (Ibid., IX, 843, note 2). Dans le courant du mois de juillet de cette année, ces négociations aboutirent à un traité conclu à Toulouse, dont Vaissete a publié le texte (Ibid., X, col. 1482-1486). En dédommagement du château de Mauvezin en Bigorre dont il s’était emparé, le duc assigna au vicomte: 1o 500 livres de rente annuelle assises sur les château et châtellenie de Sauveterre de Bercodan en la sénéchaussée de Toulouse (Haute-Garonne, arr. Saint-Gaudens, c. Saint-Bertrand); 2o le droit de battre monnaie; 3o 1000 livres de rente à prendre sur la conquête à faire de la Guyenne; 4o le lieu de Bonnegarde en la sénéchaussée des Landes (Landes, arr. Saint-Sever, c. Amou); 5o la restitution d’une rente annuelle de 600 livres dont Géraude de Navailles, femme du vicomte, devait jouir sur la recette de Toulouse.

[318] Raymond Bernard, seigneur de Castelnau-Tursan (Landes, arr. Saint-Sever, c. Geaune).

[319] Basses-Pyrénées, arr. Oloron, c. Accous.

[320] Sault-de-Navailles, Basses-Pyrénées, arr. et c. Orthez. Dans les propositions transmises par son procureur, le vicomte de Castelbon exprimait le vœu que le duc d’Anjou le chargeât de la garde de Sault avec 60 lances et de celle de Mauvezin avec 30 lances, mais le lieutenant du roi en Languedoc se garda bien de faire droit à ces deux demandes.

[321] Cette journée n’était point assignée, du moins à l’origine, à la mi-août, mais au lendemain de Pâques, c’est-à-dire au lundi 3 avril 1374. Froissart a entraîné dans son erreur le judicieux dom Vaissete lui-même, ainsi que le très diligent annotateur de la nouvelle édition de l’Histoire générale de Languedoc, qui aurait dû peut-être prendre plus garde au passage suivant du journal de Pierre Scatisse publié en 1751 par Ménard: «... tout pour le grant besoing de finence que monseigneur avoit pour payer les gens d’armes qu’il avoit mandés estre devers lui à lendemain de Pasques, pour la dite journée qu’il entendoit à tenir contre le duc de Lancastre sur les champs» (Hist. de Nismes, II; Preuves, p. 6). Walsingham fixe cette journée au 10 avril 1374.

[322] Les légats que Grégoire XI avait chargés de s’entremettre de la paix, vers le milieu de 1373, étaient Simon, cardinal, archevêque de Canterbury, et Jean de Dormans, chancelier de France, dit le cardinal de Beauvais (Rymer, III, 969, 970); mais ce dernier mourut le 7 novembre de cette année. En 1374, le pape confia la même mission à Pileus de Prata, archevêque de Ravenne, et à Guillaume de Lestrange, évêque de Carpentras.

[323] Dom Vaissete a supposé que cette trêve ou suspension d’armes avait été conclue vers le 15 juin 1374 par l’entremise du comte de Foix et du vicomte de Castelbon (Hist. de Languedoc, IX, 843; X, 117). C’est une erreur. La trêve dont il s’agit est antérieure au 4 avril 1374, puisqu’il en est fait mention dans une «endenture» entre le duc de Lancastre et les deux capitaines anglais de Lusignan qui porte cette date: «pour cause de cestes trevez qe au present ont esté pris par mon dit seigneur de Castille (le duc de Lancastre) et ses adversaires de France» (Delpit, Documents français en Angleterre, p. 191). Antérieurement au 9 mars de cette année, Du Guesclin, qui se disposait à quitter la Bretagne pour se rendre en Languedoc, est mentionné comme ayant conclu de son côté un arrangement avec le duc de Lancastre (Arch. Nat., X1a 1470, fo 110 vo), lequel arrangement n’est autre sans doute que la trêve mal datée par dom Vaissete. D’après Thomas Walsingham, cette trêve, conclue à l’insu d’Édouard III, devait durer jusqu’au 20 mai 1374 (Historia anglicana, p. 316). D’après le rédacteur des Grandes Chroniques de France (VI, 343), elle avait été négociée par Bertrand du Guesclin, du côté des Français, par Robert, seigneur d’Aubeterre, et par Thierry, dit le Chanoine de Robersart, du côté des Anglais; elle prit fin le 21 mai 1374, le jour de la fête de la Pentecôte, et l’on voit que cette date finale est la même à un jour près que celle qui est donnée par Walsingham.

[324] D’après le rédacteur des Grandes Chroniques de France (VI, 342), Jean, duc de Lancastre, quitta Bordeaux pour retourner en Angleterre dans le courant du mois d’avril 1374. Ce départ eut lieu sans doute peu de jours après le 4 avril, date de l’endenture qui fut passée à Bordeaux entre le duc et les deux capitaines anglais de Lusignan (Voy. plus haut, p. LXIII, note 196).

[325] Thomas de Felton fut confirmé par Édouard III dans son office de sénéchal d’Aquitaine par un acte passé à Westminster le 6 mars 1374 (Rymer, III, 1000). Avant son départ de Bordeaux, Jean, duc de Lancastre, nomma lieutenants en Aquitaine pendant son absence, outre Thomas de Felton, Florimond, seigneur de Lesparre, et Robert Roux, maire de Bordeaux (Delpit, Documents français en Angleterre, p. 328).

[326] Le 20 août 1373, Bertrand du Guesclin avait ordonné la levée d’un subside de 1 franc par feu dans les cinq diocèses de Rennes, de Dol, de Saint-Malo, de Saint-Brieuc et de Vannes, «pour paier certaine somme à messire Robert Richier à cause de Becherel» (Voy. p. LXXXV, note 267, et p. LXXXVI.). Cette phrase semblerait indiquer qu’à la date du mandement le château de Bécherel s’était déjà rendu aux Français par composition, c’est-à-dire moyennant le payement d’une somme déterminée.

[327] A l’origine, comme nous l’avons établi plus haut, la journée sur les champs entre Montauban et Moissac, entre les rivières de Garonne et de Tarn, avait été fixée au lundi 3 avril 1374. Il est vrai que, trois semaines avant le terme convenu, le 17 mars, le duc d’Anjou dépêcha un docteur en lois et deux de ses chambellans auprès de Gaston Phœbus, comte de Foix, par l’intermédiaire duquel il négociait avec le duc de Lancastre, pour entamer des négociations sur de nouvelles bases et suspendre, continuer, proroger ou même au besoin faire tenir comme nulle et non avenue la journée primitivement fixée au 3 avril (Rymer, III, 1000). Si l’on admet la version de Froissart, ces nouveaux pourparlers auraient eu pour résultat de faire proroger la journée de Moissac du 3 avril au 15 août. Arrivé de Bretagne à Toulouse au plus tard le 25 avril 1374, Du Guesclin employa les mois de mai, de juin et de juillet à mettre en bon état de défense les places fortes du bas Languedoc et à donner la chasse aux Compagnies qui infestaient cette région. Le 19 mai, il était à Narbonne, où il fut consulté par le duc d’Anjou sur les mesures à prendre pour fortifier cette ville (Hist. de Languedoc, X, note XXVIII, p. 115), le 26 du même mois et le 2 juin à Carcassonne, le 19 et le 20 juin à Montpellier; dès le 8 juillet, il était de retour à Toulouse, où il se trouvait encore le 26 de ce mois (Bibl. Nat., Pièces Originales, vol. 1433, dossier Du Guesclin). Le 1er août suivant, il partit sans doute de Toulouse avec les ducs d’Anjou et de Bourbon pour aller mettre le siège devant la Réole (Journal de Scatisse publié dans Hist. de Nismes, II; Preuves, p. 6). Dès le 4 août, Louis, duc d’Anjou, était déjà arrivé à Agen, où il fit un cadeau à un homme d’armes nommé Robert Sadot (Hist. de Languedoc, X, col. 1506), et il est probable qu’à cette même date Du Guesclin se trouvait aussi dans cette ville. Le 10 de ce mois, la présence du connétable de France à Agen est attestée par une quittance qu’il y donna de ses gages et de ceux de 100 hommes d’armes de sa compagnie, dont 12 chevaliers et entre autres son cousin Hervé de Mauny (Hay du Chastelet, Hist. de B. du Guesclin, p. 384; dom Morice, Preuves de l’histoire de Bretagne, II, col. 81). Dans aucun de ces documents il n’est question d’une prétendue journée de Moissac qui aurait été prorogée au 15 août.

[328] La trêve, qui expira le 21 mai 1374, n’aurait pu s’appliquer à une journée de Moissac prorogée au 15 août suivant.

[329] Gaston Phœbus, comte de Foix, ne fit sa soumission définitive au roi de France qu’en 1375.

[330] Louis, duc d’Anjou, qui vers le 15 août 1374, à la date de la prétendue journée de Moissac prorogée, se trouvait à Agen ou près d’Agen, et non à Périgueux, ne retourna pas alors à Toulouse, mais continua sa marche vers la Réole. Il n’eut pas besoin de prendre possession de la ville de Moissac, qui était redevenue française dès le 23 juillet 1370 (Voy. le tome VII de notre édition, sommaire, p. LXVIII, note 211, et p. LXIX). Nous ignorons sur quoi se fonde dom Vaissete lorsqu’il mentionne un siège de «la ville de Marziac, au diocèse d’Auch», vers la fin de juin 1374, par le duc d’Anjou (Hist. de Languedoc, IX, 843).

[331] On a vu par la note précédente que Louis, duc d’Anjou, accompagné de Louis, duc de Bourbon, et de Bertrand du Guesclin, avait quitté Toulouse dès le 1er août, non le 7 ou le 17 septembre, et qu’il était déjà arrivé à Agen le 4 de ce même mois d’août. Certains manuscrits assignent en effet à son départ de Toulouse, les uns la date du 7, d’autres celle du 17 septembre. On voit que ces deux dates sont inexactes.

[332] Auj. chef-lieu d’arrondissement de la Gironde, sur la rive droite de la Garonne, à 51 kil. en amont et au sud-est de Bordeaux. La garnison de cette place était alors commandée par Hugh de Calverly, auquel Florimond, seigneur de Lesparre, et le maire de Bordeaux Robert Roux, lieutenants en Aquitaine pour le duc de Lancastre, avaient fait délivrer, dès le 4 août, des munitions, «ad redeundum ad villam Regule contra adventum ducis Andegavie» (Arch. hist. de la Gironde, XII, 338). Du 3 août au 21 septembre, Regnaut de Montléon, l’un des maîtres d’hôtel du duc de Berry, alla de Lusignan à la Réole et revint de cette ville à Poitiers par l’ordre de son maître qui l’avait chargé d’une mission auprès du duc d’Anjou au sujet de Thomas de Percy (Arch. Nat., KK 252, fo 37). Dès le 21 août, la ville proprement dite se rendit «gracieusement et grandement» au duc d’Anjou (Arch. Nat., JJ 107, no 18; JJ 126, no 104), qui, le 27 de ce mois, témoigna sa reconnaissance aux habitants en confirmant leurs privilèges (Ordonn., VI, 105 à 108); le lendemain 28, le duc d’Anjou partit de la Réole après avoir fait promettre à la garnison anglaise qui tenait bon dans le château que, si elle n’était secourue avant le 8 septembre suivant, elle rendrait à cette date le dit château au roi de France (Grandes Chroniques, VI, 343). Du Guesclin fut sans doute chargé de continuer le blocus et de tenir la main à l’exécution de cette convention, car plusieurs des hommes d’armes de sa compagnie, tels que Colart d’Estouteville, seigneur de Torcy (Bibl. Nat., Titres scellés de Clairambault, reg. 45, p. 3373), et l’arbalétrier génois Louis Doria, écuyer (Ibid., reg. 41, p. 3071), furent payés de leur solde à la Réole le 4 septembre, et nous possédons une quittance du connétable de France datée également de la Réole le 11 du même mois (Ibid., Collect. des Pièces originales, vol. 1433, dossier Du Guesclin). Le 15 septembre, le duc d’Anjou lui-même, après une chevauchée où il s’était fait rendre sans doute quelques-unes des petites places des environs de la Réole indiquées par Froissart, était de retour dans cette ville, où il fit remise de 10 000 francs d’or au duc de Bourbon sur les 30 000 stipulés en échange de la renonciation à ses prétentions sur le comté de Forez (Huillard-Bréholles, Titres de la maison de Bourbon, I, 573).

[333] Gironde, arr. Bazas, sur la rive gauche de la Garonne, presque en face de Saint-Macaire.

[334] Gironde, arr. la Réole, à l’ouest et en aval de cette ville, sur la rive droite de la Garonne. Le 13 septembre 1374, Bertrand de Pomiers était capitaine de la garnison anglaise de Saint-Macaire (Arch. hist. de la Gironde, XII, 331).

[335] Condom (Gers) est assez éloigné de cette région et avait fait sa soumission au roi de France du 1er au 13 mai 1369. Cabaret d’Orville (édit. Chazaud, p. 59, 60) désigne aussi Condom et ajoute à la liste de Froissart le Port-Sainte-Marie (Lot-et-Garonne, arr. Agen), Penne-d’Agenais (Lot-et-Garonne, arr. Villeneuve), Penne-d’Albigeois (Tarn, arr. Gaillac, c. Vaour), Florence (Gironde, arr. Libourne, c. Poujols) et Genas (écart de Pellegrue, Gironde, arr. la Réole).

[336] Lot-et-Garonne, arr. et c. Marmande, sur la rive droite de la Garonne, au sud-est et en amont de la Réole.

[337] Ce nom de lieu, que l’on trouve écrit, tantôt «Prudaire», tantôt «Praudaire», dans les divers manuscrits de Froissart, est inconnu.

[338] Le 15 septembre 1373, Thomas de Felton, sénéchal d’Aquitaine, donna l’ordre de délivrer 12 arcs, 12 gerbes de flèches et 24 cordes d’arcs à Amanieu «de Balfada», chevalier, châtelain de Bourg et gardien du château de Montléon dans la sénéchaussée de Saintonge (Arch. hist. de la Gironde, XII, 320, 328). Le Montléon mentionné ici est évidemment le «Mautlion» de Froissart, dont c’est affaire aux érudits locaux de déterminer l’emplacement.

[339] M. Kervyn de Lettenhove (Œuvres de Froissart, XXIV, 269) propose d’identifier «Dion» avec le château de Dieu-la-Volt signalé par M. Léo Drouyn dans la vallée du Drot, presque en face de Monségur (Gironde, arr. la Réole). «Dion» n’est peut-être qu’une mauvaise leçon pour Rioms (Gironde, arr. Bordeaux, c. Cadillac, sur la rive droite de la Garonne, en aval de la Réole), forteresse où les Anglais tenaient garnison en août et septembre 1374 (Arch. hist. de la Gironde, XII, 338).

[340] «Sebillach» désigne peut-être Savignac (Gironde, arr. Bazas, c. Auros), sur la Bassanne, affluent de la rive gauche de la Garonne.

[341] La forteresse d’Auberoche est aujourd’hui un simple lieu-dit de la commune du Change (Dordogne, arr. Périgueux, c. Savignac-les-Églises), sur la Haute-Vézère, à 15 kil. à l’est de Périgueux. Cabaret d’Orville ne dit rien de cette prétendue expédition contre Auberoche qui aurait obligé le duc d’Anjou à s’éloigner beaucoup de la vallée de la Garonne, son centre d’opérations pendant toute cette campagne qui ne dura que deux mois.

[342] Comment le duc d’Anjou et Du Guesclin auraient-ils pu s’éloigner du Rouergue, puisqu’ils venaient de faire campagne dans la vallée de la Garonne, vers les confins de l’Agenais et du Bordelais? Auberoche, la dernière place qu’ils auraient prise, si l’on admet la version du chroniqueur, est située en Périgord, non dans le Rouergue.

[343] Quoi qu’en dise ici Froissart, le duc d’Anjou retourna certainement à Toulouse, où il était rentré dès le commencement d’octobre; il en partit le 8 en compagnie de la duchesse pour aller à Nîmes, où il séjourna jusqu’au 30 du même mois. De Nîmes, il se dirigea vers Villeneuve-lez-Avignon (Ordonn., VI, 70, 71), où il donna, le lundi 27 novembre, à quinze cardinaux, ce somptueux dîner pour les apprêts duquel Pierre Scatisse, trésorier du duc, revint à Nîmes faire provision de sauvagines (Ménard, Hist. de Nismes, II; Preuves, p. 6, 7). Du Guesclin, au contraire, dut se rendre auprès de Charles V en toute hâte et par la voie la plus directe, ainsi que Froissart le raconte. Dès le 2 octobre 1374 il était arrivé à Paris, et donna ce jour-là à Jeannet d’Estouteville, frère de Colart d’Estouteville, seigneur de Torcy, varlet tranchant du roi, lesquels Colart et Jeannet venaient de servir sous ses ordres devant la Réole, les biens confisqués de Guillaume de Briançon, justicié pour ses démérites par ordre du bailli de Rouen (Arch. Nat., JJ 106, no 49, fo 29 vo. Cf. Revue hist., XXXV, 288-92).

[344] A la date du 16 septembre 1373, au lendemain du passage en Vermandois de l’armée du duc de Lancastre, Hue ou Hugue de Châtillon, maître des arbalétriers de France, était à Saint-Quentin, où il donna l’ordre de faire payer les gages de Jean d’Audenfort, écuyer, capitaine du fort d’Audrehem (Bibl. Nat., Collect, de Clairambault, reg. 4, p. 161).

[345] Henri, seigneur des Isles (Clairambault, reg. 62, p. 4767).

[346] Jean de Longvillers, seigneur d’Engoudsent (auj. hameau de Beussent, Pas-de-Calais, arr. Montreuil-sur-Mer, c. Hucqueliers).

[347] Cette rencontre dut avoir lieu vers la fin de janvier ou dans les premiers jours de février 1375. Le 16 février, Édouard III donna l’ordre à Alain de Buxhull, connétable de sa Tour de Londres, de préparer sans retard les chambres et salles nécessaires pour servir à l’habitation de noble homme le comte de Saint-Pol de France, prisonnier de son amé et féal chambrier, Guillaume de Latymer (Rymer, III, 1024).

[348] Jean, seigneur de Poix (Clairambault, reg. 87, p. 6833).

[349] Hugues, seigneur de Clary (Clairambault, reg. 32, p. 2397).

[350] Jean, seigneur de Chepoix (Oise, arr. Clermont, c. Breteuil), fit montre à Reims le 3 mars 1376 et prit part à la poursuite des routiers (Clairambault, reg. 103, p. 7983).

[351] Vers 1375, Gauvinet ou Gauvainet, des seigneurs de Bailleul en Artois (Pas-de-Calais, arr. Arras, c. Vimy), donna quittance de gages pour services de guerre rendus à la frontière de Picardie (Ibid., reg. 9, p. 501).

[352] Cette trêve, qui fut conclue à Bourbourg le 11 février 1375, ne devait durer que jusqu’aux fêtes de Pâques; elle fut le prélude de négociations qui s’échangèrent à Bruges pendant les mois de mai et de juin suivants. Le roi de France s’y fit représenter par son frère Philippe, duc de Bourgogne, et par Jean de la Grange, évêque d’Amiens, auxquels il avait délégué ses pleins pouvoirs par acte en date du 1er mars 1375 (Rymer, III, 1031; Gr. Chr., VI, 344). Édouard III, de son côté, dès le 20 février précédent, avait choisi comme ses ambassadeurs Jean, duc de Lancastre, son fils, l’évêque de Londres, le comte de Salisbury, Jean Cobham, Frank de Hale et Arnaud Sauvage, chevaliers, Jean de Shepey et Simon de Multon, docteurs en droit (Rymer, III, 1024). Le résultat de ces négociations fut, d’abord un projet de trêves rédigé à Bruges le 26 mai et portant levée, sous certaines conditions, du siège mis par les Français depuis le milieu de 1374 devant Saint-Sauveur-le-Vicomte (Ibid., 1038), ensuite un traité définitif arrêté le 27 juin, par lequel une trêve d’une année était conclue entre les parties belligérantes en même temps que les Anglais s’engageaient à remettre au roi de France, le 15 juin de l’année suivante, Saint-Sauveur-le-Vicomte moyennant le payement préalable opéré à Bruges d’une somme de 40 000 francs (Ibid., 1031, 1034, 1035). C’est par une erreur évidente que Froissart semble avoir confondu ces négociations, tenues à Bruges pendant la première moitié de 1375, auxquelles le duc de Bourgogne présida seul, avec celles qui s’ouvrirent à Saint-Omer sous les auspices des deux ducs d’Anjou et de Bourgogne vers la fin de cette même année.

[353] Le 25 octobre 1375, Charles V envoya de Senlis Charles de Poitiers, l’un de ses chambellans, vers Louis, comte de Flandre, en le chargeant de remettre au dit comte une lettre close où le roi de France invitait son vassal à rejoindre à Saint-Omer ses «très amez frères d’Anjou et de Bourgoigne, vostre filz, es traictiez encommenciez pour le bien de paix entre nous et nostre adversaire d’Angleterre» (Delisle, Mandements de Charles V, p. 610, 611, no 1174a). Le 2 novembre suivant, Louis, duc d’Anjou, qui se rendait à Saint-Omer, était de passage à Guise, ville qui lui avait été apportée en dot par Marie de Bretagne, fille de Charles de Blois, sa femme (Bibl. Nat., Quittances, XXI, no 1706).

[354] Ces deux légats étaient Pileus de Prata, archevêque de Ravenne, et Guillaume de Lestrange, d’abord évêque de Carpentras, promu à l’archevêché de Rouen à la fin de 1375. C’est également à l’instigation de ces deux légats que l’on avait entamé les premières négociations à Bruges dès les premiers mois de cette année.

[355] Par acte daté de Bruges le 4 février 1376, Louis, duc d’Anjou, fit payer une somme de 400 francs à Gui, seigneur de Laval et de Châteaubriand, pour ses gages «en la compagnie de monseigneur le duc ou voyage de Bruges que mon dit seigneur y fist pour le traité de la paix» (Arch. Nat., KK 245, fo 47).

[356] Dès la fin de 1372, Charles V avait arrêté le projet de reprendre aux Anglais Saint-Sauveur-le-Vicomte; l’usufruit de cette vicomté fut promis dès lors à Louis de Harcourt, vicomte de Châtellerault, par des traités passés les 20 novembre, 1er et 15 décembre de cette année (Voy. plus haut, p. LV, note 177, et p. LVI). Le 27 décembre 1372, il chargea Louis Thesart, évêque de Bayeux, Silvestre de la Cervelle, évêque de Coutances, ses conseillers, maître Thomas Graffart, archidiacre d’Auge, l’un de ses secrétaires, Raoul Paynel, capitaine de Coutances, Jean Martel, capitaine de Falaise, les baillis de Caen et de Cotentin, Raoul Campion, son receveur général en basse Normandie, Robert Assire, vicomte d’Auge, Robert Aupois, maire de Falaise, Nicolas le Prestrel, bourgeois de Saint-Lô, de lever dans la partie de la Normandie située à l’ouest et au midi de la Seine une imposition de 40 000 francs pour le recouvrement du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte occupé par les Anglais (Arch. Nat., K 49, no 69; Delisle, Hist. de Saint-Sauveur, 208 à 210). Toutefois, le siège de cette forteresse ne commença réellement que vers le milieu de 1374. Le 1er août de cette année, Jean de Vienne, vice-amiral de la mer, fut chargé de diriger les opérations avec le titre de capitaine général, et Milon de Dormans, qui avait succédé sur le siège de Bayeux à Louis Thesart, Silvestre de la Cervelle, évêque de Coutances, Jean le Mercier et le Bègue de Fayel furent adjoints comme commissaires du roi à ce capitaine général, tant pour le seconder dans la direction des opérations que pour présider à la levée des aides, à la confection des engins, au recrutement, à l’armement, à l’approvisionnement et au payement de la solde des troupes (Arch. Nat., K 50, no 9; Delisle, Hist. de Saint-Sauveur, p. 212 à 215). Comme Jean de Vienne, mis à la tête des forces assiégeantes, portait le titre de vice-amiral, Froissart, aussi peu familier avec la géographie de la Normandie qu’avec celle de la Bretagne, a supposé que le château de Saint-Sauveur-le-Vicomte, situé à plusieurs lieues de la mer, pouvait être bloqué par une flotte. En réalité, la rivière d’Ouve, qui fait communiquer ce château avec la baie des Veys, n’est navigable que pour de simples barques, et ce fut surtout pour enlever aux assiégés tout moyen de se ravitailler par cette voie que Jean de Vienne fit construire, dès le début du siège, les bastilles du Pont-d’Ouve (auj. écart de Saint-Côme-du-Mont, Manche, arr. Saint-Lô, c. Carentan), de Beuzeville (Manche, arr. Valognes, c. Sainte-Mère-Eglise, sur la rive droite de l’Ouve), de Pont-l’Abbé (auj. écart de Picauville, Manche, arr. Valognes, sur la rive gauche de l’Ouve) et de Pierrepont (auj. Saint-Sauveur-de-Pierrepont, Manche, arr. Coutances, c. la Haye-du-Puits). En septembre et octobre 1374, Milon de Dormans, évêque de Bayeux, se tenait en personne dans la bastille de Beuzeville, tandis que le vice-amiral Jean de Vienne, bloquant d’un peu plus près la place assiégée, avait son quartier général à Pont-l’Abbé. Cf. Delisle, Hist. de Saint-Sauveur, p. 188, 189.

[357] C’est par erreur que Froissart et aussi Jean de Noyal (Delisle, Hist. de Saint-Sauveur; Preuves, p. 275) font honneur à Bertrand du Guesclin de l’expulsion des Anglais du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Cette erreur était déjà accréditée en basse Normandie au commencement du XVe siècle, comme on le voit par une enquête faite à Valognes en 1423 (Ibid., p. 340).

[358] Trois habiles ingénieurs, Gérard de Figeac, Nicole de Billy et Bernard de Montferrat, servant sous le vice-amiral Jean de Vienne, le premier aux gages de 15 francs, les deux autres aux gages de 12 francs par mois, fabriquèrent pour le siège de Saint-Sauveur des canons plus puissants que ceux dont on s’était servi jusqu’alors. Un engin, dit le gros canon de Saint-Lô, parce que Girard de Figeac l’avait fait forger dans cette ville, lançait des pierres pesant cent livres (Delisle, Hist. de Saint-Sauveur; Preuves, p. 237, 238, 241). Un autre grand canon de fer, fabriqué dans la halle de Caen du 20 mars au 3 mai 1375 par quatre maîtres de forge travaillant sous la direction de Bernard de Montferrat, nécessita l’emploi de 885 livres de fer d’Auge, de 1200 livres de fer d’Espagne et de 200 livres d’acier (Ibid., p. 186 à 190). Ces batteries de canons, établies sur le mont de la Place à Rauville (Manche, arr. Valognes, c. Saint-Sauveur), un peu à l’est du château de Saint-Sauveur, et aussi dans l’enceinte de l’abbaye que les assiégeants avaient convertie en bastille, firent pleuvoir sur le château, principalement du 10 au 21 mai 1375, date de la capitulation, une pluie de grosses pierres taillées en forme de boulets.

[359] Par acte daté du palais de Westminster le 24 novembre 1374, Édouard III institua Edmond, comte de Cambridge, et Jean, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemond, ses lieutenants spéciaux et capitaines généraux dans le duché de Bretagne (Rymer, III, 1018, 1019). Les 16 et 24 décembre suivants, le roi d’Angleterre enjoignit à Hugh Tyrel, capitaine du château d’Auray, à Jean Devereux, capitaine du château de Brest, de recevoir en toute obéissance les ordres du duc de Bretagne et du comte de Cambridge, qui sont «ja à aler en Bretaigne», et de leur livrer les dits châteaux à leur premier commandement (Ibid., 1019, 1020).

[360] A la fin de son récit de l’expédition du duc de Lancastre en France pendant la seconde moitié de 1373, Froissart avait déjà mentionné par avance le décès d’Édouard Spencer, l’un de ses protecteurs, qui mourut en novembre 1375 (Voy. plus haut, p. CIII, note 311).

[361] Des détails aussi précis et aussi minutieux doivent émaner de quelqu’un qui se trouvait, à ce moment du siège, dans l’intérieur de la place. Il y a lieu par conséquent de supposer que Froissart a raconté le siège de Saint-Sauveur d’après la version de l’un des hommes d’armes anglais qui avaient concouru à la défense. Si l’on admet cette supposition, on s’explique plus aisément l’erreur assez grave que le chroniqueur de Valenciennes a commise en plaçant Bertrand du Guesclin à la tête des assiégeants. Ceux-ci avaient intérêt à annoncer soit la présence, soit la prochaine arrivée de Bertrand, à cause de la terreur que le nom seul du connétable de France inspirait à ses adversaires; mais on n’a pu ajouter foi à ce faux bruit que dans les rangs des assiégés.

[362] Pendant les derniers mois du siège de Saint-Sauveur, c’est-à-dire au printemps de 1375, Bertrand du Guesclin ne guerroyait point en basse Normandie, mais en Saintonge. Il assiégeait alors Cognac, qui se rendit le 1er juin (Grandes Chroniques de France, VI, 346).

[363] Le traité de capitulation fut conclu le 21 mai 1375. Par ce traité Thomas Catterton, écuyer, capitaine de Saint-Sauveur-le-Vicomte, s’engageait à rendre cette place le 3 juillet suivant, si le roi d’Angleterre ne parvenait point dans l’intervalle à envoyer à la garnison des renforts suffisants pour obliger les Français à lever le siège, moyennant toutefois une somme de 40 000 francs d’or dont le payement lui fut solennellement garanti par Jean de Vienne, amiral de France, lieutenant du roi de France en Normandie, Milon de Dormans, qui venait d’être transféré du siège de Bayeux à celui de Beauvais, Silvestre de la Cervelle, évêque de Coutances, Guillaume Paynel, sire de Hambye, Guillaume du Fayel, dit le Bègue, Robert, seigneur de Pirou, Jean dit le Sénéchal d’Eu, Guillaume de Villiers, seigneur du Hommet, Jean de Blaisy, Jean le bâtard de Vernay, Raoul Tesson, Guillaume, seigneur de Magneville, Henri, seigneur de Colombières, Pierre Bardoul et Gui de Châtillon. Outre les 40 000 francs ainsi stipulés, il fut convenu que Thomas Catterton toucherait personnellement une somme de 12 000 francs, Thomas Trevet, une somme de 2000 francs et Hennequin Vallebreton, une somme de 1000 francs. Jean de Vienne dut promettre également de faire payer les rançons exigées de plusieurs hommes d’armes français, capturés par la garnison anglaise de Saint-Sauveur pendant le cours du siège. En retour, cette garnison livra huit otages en garantie de l’engagement qu’elle avait contracté de livrer la forteresse le 3 juillet. Ces huit otages étaient Thomas Trevet, Hochequin l’Inde, Jean de Burgh, Guillaume Maulevrier, Guillaume Chelleton, Janequin Noel, Willecoc Standon et Jean Hericié, que l’amiral Jean de Vienne interna, en les traitant avec les plus grands égards, dans les châteaux de Caen, de Falaise, de Rouen et de Vernon (Delisle, Hist. de Saint-Sauveur, p. 198 à 200; Preuves, p. 242 à 248).

[364] Le 15 juin 1375, Charles V notifia aux maréchaux de France qu’afin d’être le plus fort à la journée de Saint-Sauveur, il avait fait faire semonce générale à toutes manières de gens d’armes et arbalétriers du royaume pour se rendre à la dite journée (La Roque, Hist. de Harcourt, IV, 1597). M. Léopold Delisle a publié en 1867, comme pièces justificatives à la suite de son Histoire du château et des sires de Saint-Sauveur-le-Vicomte, un certain nombre d’articles de comptabilité où l’on trouve les noms de beaucoup des hommes d’armes qui se réunirent dans le Cotentin à la fin du mois de juin 1375, sous les ordres des deux maréchaux de France Mouton de Blainville et Louis de Sancerre ainsi que du premier chambellan Bureau de la Rivière (Hist. de Saint-Sauveur; Preuves, p. 257, 265 à 277). Les milices communales fournirent leurs contingents, et la ville de Châlons-sur-Marne, par exemple, envoya douze arbalétriers à la journée de Saint-Sauveur (Boutaric, Institutions militaires de la France, p. 220, note 2).

[365] A la fin de 1374 et au commencement de 1375, Jean Devereux était capitaine de Brest (Voy. plus haut, p. CXXI, note 359).

[366] Quimperlé, aujourd’hui chef-lieu d’arrondissement du Finistère, est situé à une certaine distance de la mer. Ce qui explique jusqu’à un certain point l’expression d’île dont se sert Froissart, c’est que l’ancienne ville fortifiée de Quimperlé s’entassait sur une étroite langue de terre resserrée entre les deux rivières d’Ellé et d’Isole, à la pointe même où elles viennent confondre leurs eaux. Le périmètre de cette ancienne ville était seulement de six hectares formant un parallélogramme irrégulier dont chaque grande face avait pour fossé le lit de l’une de ces deux rivières.

[367] Cette trêve fut conclue à Bruges le 27 juin 1375 entre Jean, duc de Lancastre, qui s’intitule en outre roi de Castille et de Léon, traitant au nom d’Édouard III son père, et Philippe, duc de Bourgogne, investi des pleins pouvoirs de Charles V son frère; elle devait durer depuis le jour où elle avait été signée jusqu’au dernier jour de juin 1376. Jean de Montfort, duc de Bretagne, y fut compris avec cette réserve qu’il ne tiendrait sur pied que 200 hommes d’armes dans le duché pour la garde de ses villes. La trêve de Bruges stipulait: 1o la levée du siège de Saint-Sauveur-le-Vicomte, les bastilles construites par les Français restant en l’état; 2o la remise de Cognac entre les mains du Saint-Père, qui rendrait cette place, à l’expiration de la trêve, à qui de droit; 3o la mise en liberté de Jean de Grailly, captal de Buch, fait prisonnier par les Français à Soubise, le 23 août 1372, de Roger de Beaufort et de Jean de la Roche, neveu du dit Roger, capturés par les Anglais à la prise de Limoges le 19 septembre 1370, lesquels prisonniers on promettait de délivrer sous caution pendant quatre mois afin de les mettre en mesure de payer leur rançon, à la condition toutefois qu’il leur serait interdit de pénétrer en Guyenne; 4o l’envoi à Bruges, le 15 septembre suivant, de personnes notables munies des pleins pouvoirs des deux rois de France et d’Angleterre pour traiter de la paix; 5o l’annulation du traité de capitulation intervenu le 21 mai précédent entre Jean de Vienne, amiral de France, et Thomas de Catterton, capitaine du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte, et la remise du dit château au roi de France, le 15 juin 1376, moyennant le payement de 40 000 francs; 6o le retour des négociateurs à Bruges, le 12 juin de l’année suivante, quinze jours avant l’expiration de la présente trêve (Rymer, vol. III, pars II, p. 1032 à 1034). Le duc de Bourgogne et les deux légats du pape étaient arrivés à Bruges dès la fin de mars 1375. Le dimanche 25 de ce mois, Philippe le Hardi donna dans cette ville un grand dîner diplomatique où il eut pour convives l’archevêque de Ravenne (Pileus de Prata), l’évêque de Carpentras (Guillaume de Lestrange), l’évêque d’Amiens (Jean de la Grange), Jean, comte de Saarbruck, Hue de Châtillon, maître des arbalétriers, messire Arnaud de Corbie, premier président du Parlement «et autres gens du roy estans à Bruges ainsi que plusieurs chevaliers, escuiers, bourghemaistres, officiers et bourgois de la dite ville» (Itinéraire de Philippe le Hardi, dressé par M. Ernest Petit).

[368] Le 27 juin 1375, le jour même où la trêve de Bruges fut conclue et signée, Jean, duc de Lancastre, expédia une dépêche à Thomas de Catterton pour inviter le capitaine de Saint-Sauveur à publier dans le Cotentin les articles de cette trêve qui concernaient la forteresse assiégée par les troupes du roi de France (Ibid., 1034). Cette lettre arriva sans doute trop tard à destination, et c’est ainsi que la convention du 21 mai fut rigoureusement exécutée, quoiqu’elle eût été annulée par le traité du 27 juin. Le roi d’Angleterre protesta avec énergie et prétendit qu’on eût dû s’en tenir aux stipulations de la trêve de Bruges et les exécuter strictement. Le 2 août suivant, il donna pleins pouvoirs à Jean, évêque de Hereford, à Jean, sire de Cobham, à Henri Le Scrop, bannerets, à maître Jean Shepey, docteur en droit, pour poursuivre l’exécution de la clause de la trêve de Bruges relative à Saint-Sauveur (Ibid., 1059); ces protestations n’aboutirent à aucun résultat, et la convention du 21 mai 1375 eut son plein effet.

[369] Le 3 juillet 1375, la garnison anglaise évacua le château de Saint-Sauveur et s’achemina vers le havre de Carteret, où Thomas de Catterton devait s’embarquer avec ses compagnons pour rentrer en Angleterre (Delisle, Hist. de Saint-Sauveur; Preuves, p. 185, 263, 264). On fit expédier des lettres de rémission aux Français mêlés à cette garnison. Le mécontentement fut très vif en Angleterre, où Guillaume de Latymer et Thomas de Catterton furent accusés de trahison (Rotuli parliament., II, 325). Charles V récompensa dignement tous ceux de ses serviteurs qui avaient concouru à amener le recouvrement de cette importante forteresse. Il concéda en usufruit les revenus de la baronnie de Saint-Sauveur à Bureau de la Rivière (Ibid.; Preuves, p. 297). Le 15 juillet 1375, il autorisa Jean le Mercier, qui avait mené à bien la partie financière de l’opération, à accepter une somme de six mille francs qui lui était offerte en témoignage de reconnaissance par les habitants de la basse Normandie (Ibid.; Preuves, p. 277, 279). Milon de Dormans, le prélat guerrier et patriote, qui avait tenu garnison dans la bastille de Beuzeville, fut promu à l’évêché de Beauvais, qui lui conférait la dignité de pair de France et d’où sa famille tirait son origine. Huguenin du Bois, capitaine de Bricquebec, fut gratifié d’un don de 600 francs (Ibid.; Preuves, p. 219), et Henri de Colombières reçut 200 francs pour remettre en bon état de défense son château de la Haye-du-Puits (Ibid., p. 288, 289). Comme nous l’avons fait remarquer plus haut (Voy. p. CXIX, note 357), Froissart s’est trompé en rapportant à Du Guesclin l’honneur d’avoir mis le siège devant Saint-Sauveur-le-Vicomte et d’avoir obtenu la reddition de cette place; cet honneur appartient à Jean de Vienne. Au moment où l’on commença le blocus, le connétable de France guerroyait en Languedoc avec le duc d’Anjou, d’abord contre les Compagnies, ensuite contre la Réole et les forteresses anglo-gasconnes situées sur les confins de l’Agenais et du Bordelais. Nous ne retrouvons Bertrand en basse Normandie qu’à la fin de décembre 1374. Le 14 de ce mois, le connétable, qui s’intitule dès lors seigneur de Tinténiac, parce que la seigneurie de ce nom venait de lui être apportée en dot par sa seconde femme Jeanne de Laval, le connétable se trouvait à Pontorson, où il donna quittance de 100 livres tournois au receveur d’Avranches (Bibl. Nat., Pièces originales, vol. 1433, dossier Du Guesclin). En supposant qu’il ait mis à profit son séjour en basse Normandie pour prendre une part quelconque aux opérations commencées dès lors contre Saint-Sauveur-le-Vicomte, il ne put faire devant le château ainsi assiégé qu’une simple apparition.

[370] Enguerrand VII, seigneur de Coucy, comte de Soissons, de Marle et de Bedford, était par Catherine sa mère, mariée à Enguerrand VI, le petit-fils de Léopold Ier, dit le Glorieux, troisième fils d’Albert de Habsbourg, duc d’Autriche de 1282 à 1308. Léopold Ier mourut à Strasbourg le 28 février 1326. Catherine d’Autriche était, non la sœur germaine, mais la nièce de Frédéric Ier le Beau, duc d’Autriche de 1308 à 1330, d’Albert II le Sage, frère puîné et successeur de Frédéric le Beau, décédé le 23 juillet 1358; elle était par conséquent la cousine germaine de Rodolphe IV l’Ingénieux, de Frédéric II, d’Albert III et de Léopold II, fils et successeurs d’Albert II, dont le second, Frédéric II, fut tué à la chasse le 10 décembre 1362 et dont l’aîné, Rodolphe IV, mourut à Milan, à l’âge de 22 ans, le 27 juillet 1365.

[371] Le seigneur de Coucy ne revendiquait pas le duché d’Autriche, mais seulement des biens allodiaux situés dans l’Alsace, le Brisgau et l’Argovie, qu’il prétendait avoir été assignés en dot à sa mère. Albert III et Léopold II, contre lesquels Enguerrand VII prit les armes, possédèrent par indivis le duché d’Autriche jusqu’en 1379; à cette date, un partage définitif intervenu entre les deux frères assura l’Autriche tout entière et quelques villes de la Styrie à Albert III, tandis que la Carinthie et le surplus de la Styrie échurent à Léopold II, qui fut en outre mis en possession des biens de sa maison situés en Alsace, en Souabe et en Suisse (Art de vérifier les dates, III, 573, 574; II, 721, 722; P. Anselme, Hist. généal. de la maison de France, VIII, 542-545). Cf. l’Abrégé de la vie d’Enguerrand VII du nom, sire de Couci, avec un détail de son expédition en Alsace et en Suisse, par le baron de Zurlauben, dans Histoire de l’Académie des inscriptions, XXV, 168-186.

[372] Avant de mettre son épée au service du Saint-Siège, vers la fin de 1369, au moment où la lutte allait se rallumer entre Charles V et Édouard III, le seigneur de Coucy, gendre du roi d’Angleterre, auquel il répugnait de prendre parti, soit contre son suzerain, soit contre son beau-père, avait déjà cherché et trouvé une diversion en déclarant la guerre à Albert et à Léopold, ducs d’Autriche, ses cousins. Nous possédons aux Archives, dans le fonds de Montbéliard, un acte daté du 10 novembre 1369, par lequel Enguerrand, seigneur de Coucy, comte de Soissons et de Bedford, s’oblige à payer une somme de 21 000 francs à Étienne, comte de Montbéliard et seigneur de Montfaucon, lequel a promis de l’aider dans la guerre qu’il a déclarée à Albert et à Léopold, ducs d’Autriche (Arch. Nat., K 1752, no 15).

[373] Aisne, arr. Laon, c. la Fère. La seigneurie de Nouvion, récemment achetée par Jean le Mercier, avoisinait les possessions du seigneur de Coucy.

[374] En 1365, Enguerrand VII avait épousé Isabelle d’Angleterre, fille d’Édouard III et de Philippa de Hainaut, et l’année suivante il avait été créé comte de Bedford à l’occasion de ce mariage.

[375] En disant qu’Enguerrand VII voulait emmener les Compagnies en Autriche, Froissart commet une erreur que la plupart des historiens de ce siècle ont reproduite, quoiqu’elle ait été solidement réfutée dès 1759 par le baron de Zurlauben (Hist. de l’Acad. des inscriptions, XXV, 174). L’objectif de l’expédition était, non le duché d’Autriche, mais l’Alsace et les cantons suisses de Brisgau, d’Argovie et de Thurgovie, c’est-à-dire les pays où se trouvaient les biens allodiaux revendiqués par le seigneur de Coucy.

[376] Ces routiers, désignés souvent sous la qualification de «Bretons», sans doute parce que beaucoup d’entre eux étaient originaires de la province de Bretagne, occupaient surtout le comtat d’Avignon, le Lyonnais, le Forez et le comté de Bourgogne, du moins pendant la première moitié de 1375, à la veille de l’expédition dont le seigneur de Coucy prit le commandement. Plusieurs de ces aventuriers, après avoir été l’année précédente à la solde du duc d’Anjou, s’étaient ensuite laissé enrôler au service du Saint-Siège, et l’on remarquait parmi leurs chefs des hommes d’armes appartenant aux meilleures familles de Bretagne. Tels étaient, par exemple, Olivier du Guesclin, frère puîné de Bertrand, Geoffroi et Silvestre Budes, cousins de Bertrand et d’Olivier, Jean de Malestroit et Jean de Saint-Pol. Charles V et Louis, duc d’Anjou, mirent tout en œuvre pour empêcher les bandes bretonnes cantonnées sur la rive gauche de la Saône et du Rhône de repasser ces deux fleuves et de rentrer dans le royaume. Le 14 mars 1375 (n. st.), Jean de Saint-Pol, chevalier, et Colin du Breuil, écuyer, du duché de Bretagne, donnèrent quittance à Pierre le Saut, sergent d’armes du roi, maître des ports et receveur de la traite des blés en la sénéchaussée de Beaucaire et de Nîmes, d’une somme de 500 francs d’or qui leur avait été allouée par Louis, duc d’Anjou, moyennant l’engagement qu’ils avaient pris en leur nom et au nom de leurs compagnons: 1o de ne pas passer le Rhône pour venir au royaume sans mandement du roi ou du duc; 2o de ne porter aucun dommage en la terre de l’Église, c’est-à-dire dans le Comtat d’Avignon; 3o d’empêcher Olivier du Guesclin et ses compagnons de passer la dite rivière et de porter dommage au royaume ainsi qu’à la dite terre de l’Église (Hay du Chastelet, Hist. de B. du Guesclin, p. 386). Les comptes des ducs de Bourgogne sont remplis de mentions relatives aux brigandages exercés par ces Bretons en Dombes (Arch. de la Côte-d’Or, B 8254, 8767, 9296; Invent., 111, 228, 299, 399) ainsi qu’en Bourgogne (Ibid., B 5255, 5311, 5619; Invent., II, 238, 245, 291), particulièrement vers le milieu de l’année 1375. Ici, c’est un héraut de Philippe le Hardi qui va de Dijon à Chalon «vers les capitaines des routes de gens d’armes», pour leur présenter des lettres de la duchesse de Bourgogne. Là, c’est un messager qui accourt de Chalon à Dijon avertir le duc que «Jean de Malestroit venoit en Bourgogne avec une grande quantité de gens d’armes et le prier de s’opposer à cette invasion» (Ibid., 3575; Finot, Recherches sur les incursions des Anglais, Vesoul, 1874, p. 112, note 5). Ailleurs, Jean de Chatenay, écuyer, se rend de Dijon à Jaucourt auprès de la duchesse de Bourgogne, pour lui «dire nouvelles des routes de gens d’armes estans en Lyonnois, devers lesquelles il avoit esté pourter lettres de creance du lieutenant de messire Olivier du Guesclin pardevers ma dite dame, de certaines choses que le dit lieutenant li avoit enchargié» (Ibid., B 4421; Invent., 111, 114).

[377] Par lettres patentes datées de Paris le 4 août 1374, Charles V assigna une pension annuelle de six mille francs d’or au seigneur de Coucy, qui donna quittance de la sixième partie de cette somme, c’est-à-dire de mille francs, le 8 novembre suivant (P. Anselme, Hist. généal. de la maison de France, VIII, 542).

[378] La concentration de ces bandes dut avoir lieu vers le milieu de 1375, sur les confins de la Champagne et des duché et comté de Bourgogne. Des lettres de rémission octroyées en octobre 1375 à Garnier, dit le Grangier, retracent une scène de pillage dont la seigneurie d’Amance (Aube, arr. Bar-sur-Aube, c. Vendeuvre), appartenant au doyen de Vendeuvre, avait été le théâtre «environ la Saint Michel archange», c’est-à-dire vers le 29 septembre précédent (Arch. Nat., JJ 107, no 278, fo 136). A Togny en Champagne (auj. Togny-aux-Bœufs, Marne, arr. Châlons-sur-Marne, c. Écury-sur-Coole), les habitants avaient été réduits à s’entasser dans des cachettes, «pour doubte des gens d’armes qui lors passoient continuelment par le pais pour aler en Autriche avec nostre amé et feal le seigneur de Coucy» (Ibid., no 337, fo 167).

[379] L’appel adressé par Enguerrand, seigneur de Coucy, comte de Soissons et de Bedford, aux cités de Strasbourg, de Colmar et autres cités impériales d’Alsace, contre Albert et Léopold, ses cousins, ducs d’Autriche, est daté de Massevaux ou Masmunster (Haut-Rhin, arr. Belfort), le 24 septembre 1375. D’où il y a lieu de conclure que le gros des Compagnies, après avoir remonté le cours de la Moselle, depuis Metz jusqu’à la source de cette rivière, s’avança vers la rive gauche du Rhin, en suivant les petits cours d’eau qui descendent du Ballon d’Alsace et viennent grossir l’Ill près de Mulhouse. Le seigneur de Coucy écrit aux villes impériales d’Alsace qu’il vient revendiquer la succession de Léopold Ier, son aïeul, usurpée par Albert et Léopold ses cousins. Il déclare que Wenceslas, duc de Brabant, lieutenant de l’empereur, l’a assuré qu’il ne mettrait aucun obstacle à cette revendication. Il termine en réclamant la fidélité, l’amitié, le concours effectif des bourgeois des villes impériales d’Alsace, en s’engageant, de son côté, à ne rien entreprendre contre eux et à concentrer tous ses efforts contre les fauteurs de ceux qui détiennent injustement son héritage (Wencker, Apparatus archivorum, 216; analysé par Schoepflin, Alsatia diplomatica, II, 272).

[380] Les Compagnies, s’étant répandues dans les duchés de Bar et de Lorraine avant d’entrer en Alsace, se firent payer par les bourgeois de Metz une indemnité de guerre de 34 000 francs. A cette condition, elles promirent d’épargner le territoire messin dans un rayon de trois lieues autour de cette ville. Quant à l’évêque de Metz Thierry, dont les domaines s’étendaient bien au delà du rayon ainsi épargné, il acheta la même faveur en payant une somme de 16 000 francs et en comblant de riches présents les principaux chefs de ces bandes (Hist. de Metz, Metz, 1775, II, 589). On voit par les registres de comptabilité du duché de Bar conservés aux archives de la Meuse que, dès la première quinzaine d’août 1375, Robert, duc de Bar, prit certaines mesures de précaution contre les bandes de Bretons et d’Anglais dont on lui avait annoncé la prochaine arrivée, en garnissant de bonnes troupes ses principales forteresses, notamment Saint-Mihiel, Gondrecourt, Foug et Lamothe en Bassigny. On y voit également que ces bandes, après avoir franchi la frontière du duché de Bar, traversèrent ce duché par le centre en passant par Revigny, vers le 28 août, et par Gondrecourt, dont quelques-uns de ces aventuriers occupèrent les faubourgs jusqu’au 12 septembre suivant (Servais, Annales historiques du Barrois, Bar-le-Duc, 1865, I, 302-304). On lit dans un des registres dont nous venons de parler que «li grant route des Bretons estoit ou paiix après la mixon l’an 75 avec le signour de Coucy». L’irruption de ces bandes dans la plaine de Metz dut par conséquent avoir lieu vers la mi-septembre 1375. Un cadet de la maison ducale de Bar, Pierre de Bar, seigneur de Pierrefort (château situé à Martincourt, Meurthe-et-Moselle, arr. Toul, c. Domèvre), prit part à l’expédition du seigneur de Coucy.

[381] Raoul de Coucy, seigneur de Montmirail (Marne, arr. Épernay), troisième fils de Guillaume, seigneur de Coucy, et d’Isabeau de Châtillon, frère puîné d’Enguerrand VI, était par suite l’oncle d’Enguerrand VII.

[382] Par actes datés de Reims le 3 mars et de Vienne le 2 mai 1376, Robert de Béthune, vicomte de Meaux, donna quittance des gages qu’il avait desservis à la poursuite des Compagnies (Bibl. Nat., collect. Clairambault, reg. 14, p. 917).

[383] Jean, III du nom, dit le Grand, seigneur de Vergy, de Fouvent, de Champlitte et de Port-sur-Saône, mort le 25 mai 1418, revêtu des titres de sénéchal, de maréchal et de gouverneur du duché de Bourgogne.

[384] Par acte daté de Reims le 1er mars 1376 (n. st.), Jean, seigneur de Roye, chevalier, donna quittance des gages qu’il avait desservis ès guerres de Champagne contre les Compagnies de routiers (Ibid., reg. 97, p. 7543).

[385] Raoul, seigneur de Renneval (Aisne, arr. Laon, c. Rozoy-sur-Serre).

[386] Par acte daté de Reims le 1er mars 1376, Jean, seigneur de Hangest, donna quittance des gages qu’il avait desservis ès guerres de Champagne contre les Compagnies de routiers (Ibid., reg. 57, p. 4355).

[387] Hue ou Hugues de Roucy, seigneur de Pierrepont (Aisne, arr. Laon, c. Marle), troisième fils de Jean V, comte de Roucy, et de Marguerite de Baumez.

[388] Enguerrand VII prend en effet cet engagement d’une manière formelle dans la lettre qu’il adressa de Massevaux ou Masmunster aux villes impériales d’Alsace le 24 septembre 1375 et dont nous avons donné plus haut l’analyse. Léopold II, duc d’Autriche, écrivit de son côté, aux bourgeois de Strasbourg, pour les inviter à lui prêter main-forte afin d’empêcher les Anglais, c’est ainsi qu’il désigne les bandes du seigneur de Coucy, de faire irruption sur la rive droite du Rhin. Cette dépêche de Léopold II est datée de Brisach le 12 octobre 1375 (Schoepflin, Alsatia diplomatica, II, 273). A propos de cette qualification d’Anglais, Thomas Holand, depuis comte de Kent, est le seul cité comme ayant pris part à cette expédition.

[389] Le 1er novembre 1375, les grands personnages mentionnés ici par Froissart, et notamment le duc de Bourgogne, ne se trouvaient ni à Bruges ni à Gand. Les joutes dont il s’agit eurent lieu à Bruges dans les premiers jours d’avril de cette année (Bibl. Nat., Coll. de Bourgogne, t. LV, fo 28 vo).

[390] Par actes datés de Bruges le 12 mars 1376, Jean, duc de Lancastre, Simon, archevêque de Canterbury, Edmond, comte de Cambridge, traitant au nom du roi d’Angleterre, Louis, duc d’Anjou et de Touraine, comte du Maine, Philippe, duc de Bourgogne, chargés des pleins pouvoirs du roi de France, prorogèrent jusqu’au 1er avril 1377 les trêves qui devaient expirer le dernier juin 1376 (Rymer, III, 1048). Ces trêves étaient celles que l’on avait conclues dans cette même ville de Bruges le 27 juin 1375 (Ibid., 1031 à 1034). (Cf. plus haut, p. CXVI, note 352, et p. CXVII). La date du 1er avril 1376 donnée par Froissart n’en est pas moins exacte, parce qu’il s’agit de l’année 1376, ancien style, sur la date finale de laquelle le chroniqueur semble avoir partagé la méprise du rédacteur des Grandes Chroniques: «Mais il proroguèrent les trièves jusques au premier jour du mois d’avril mil trois cens septante six, et Pasques furent le sixiesme jour du dit mois, que l’en dit mil trois cens septante sept» (Gr. Chron., VI, 347). En réalité, Pâques tomba en 1376 le 13 avril, en 1377 le 29 mars.

[391] Une curieuse série de lettres, adressées par le bourgmestre et le Conseil de la ville de Bâle au bourgmestre et au Conseil de la ville de Strasbourg, notamment à la date des 14 et 19 octobre, 25 novembre et 15 décembre 1375, nous retrace tous les mouvements de ces bandes, d’abord aux environs de Haguenau, ensuite au village de Roche, d’où une bande venant de Lure sous les ordres de Jean de Vienne et d’Owen de Galles menace Belfort, les progrès de ces mêmes bandes s’avançant de Montbéliard et de Belfort contre Bâle, le combat de Marlen où une troupe de braves paysans d’Alsace osa attaquer l’une de ces bandes et se fit exterminer, le ravage des environs de Bâle, l’occupation et le pillage de Wallenburg (gros bourg situé dans le canton de Bâle-Campagne), le passage à travers la montagne de Havenstein et le défilé de la Clus, dans le canton de Soleure, la destruction de Wangen (sur la rive droite de l’Aar, au nord-est du canton de Berne), l’investissement de la ville de Buren (au sud-ouest de Wangen, sur la rive droite de l’Aar, dans le canton de Berne) appartenant au comte de Nydau, et enfin les trois échecs successifs que ces Compagnies subirent à Buttisholz, à Sonns et à Fraubrunnen, entre Soleure et Berne. L’issue malheureuse de ces deux derniers engagements, livrés les 25 et 26 décembre 1375, s’ajoutant à la rigueur de la saison et à la disette croissante des vivres, arrêta la marche en avant des bandes conduites par le seigneur de Coucy et les décida à reprendre le chemin de l’Alsace (Trouillat, Monuments de l’histoire de l’ancien évêché de Bâle, Porrentruy, 1861, IV, 347, note 1; baron de Zurlauben, Hist. de l’Acad. des Inscriptions, XXV, 178-181). Le 25 décembre, une de ces bandes avait brûlé l’abbaye de Fontaine-André, située dans le canton actuel de Neuchâtel (Matile, Monuments, p. 1012). Le 2 septembre 1376, Jean de Vienne, évêque de Bâle, cousin de l’amiral Jean de Vienne, l’un des chefs des bandes dévastatrices, fit don de 200 florins d’or à Jacques de Tavannes, écuyer, pour le récompenser des services que le dit écuyer avait rendus à l’église de Bâle, «especialment en defendre et garder leaulment nostre ville du Byenne, adonc et quant les Compaignes, gens et servans du seignour de Couci, furent en Arguel et en la terre ai conte de Nydowe, contre les dictes Compaignes.» (Trouillat, Monuments de Bâle, IV, 366).

[392] Ferrette ou Pfirt, ancien département du Haut-Rhin, arr. Altkirch, à 18 kil. au sud-est de cette ville. Le comté de Ferrette, qui comprenait les seigneuries d’Altkirch, de Thann, de Delle, de Rougemont et de Belfort, séparé au commencement du douzième siècle de celui de Montbéliard, passé en 1319 dans la maison d’Autriche, ne fut réuni à la France que par le traité de Westphalie en 1648.

[393] L’acte par lequel Enguerrand VII, seigneur de Coucy, fit la paix avec son cousin Léopold II, duc d’Autriche, est daté de Wattwiller (anc. dép. du Haut-Rhin, à 5 kil. au N. E. de Thann), le 13 janvier 1376. L’endroit même où fut dressé cet acte diplomatique prouve que, suivant la version de Froissart, les Compagnies et leur chef, après avoir poussé des pointes jusqu’aux environs de Bienne, de Nydau, de Neuchâtel et de Berne, avaient été forcées, vers la fin de décembre 1375, de rétrograder en Alsace. Pour arriver à un arrangement, Albert III et Léopold II, ducs d’Autriche, cédèrent au seigneur de Coucy, non pas le comté de Ferrette, dont l’offre aurait été repoussée, s’il en faut croire notre chroniqueur, mais un autre comté situé un peu plus au sud, celui de Nydau, qui comprenait la ville de Buren, et dont le seigneur de Coucy resta en possession pendant douze ans. Léopold II se réserva seulement le titre de protecteur des deux villes de Nydau et de Buren et le conserva jusqu’à sa mort sur le champ de bataille de Sempach, le 9 juillet 1386.

[394] Comme nous l’avons fait remarquer dans une des notes précédentes, Pâques tomba en 1376 le 13 avril.

[395] Dès la seconde quinzaine de janvier 1376, les Compagnies commencèrent à refluer en France. Vers la fin de ce mois, des bandes bretonnes se répandirent de nouveau dans le duché de Bar; le 24, un détachement de ces routiers occupait les faubourgs de Lamarche, en Bassigny. Au commencement de février, d’autres détachements envahirent le Barrois, s’avancèrent jusqu’à Saint-Mihiel, se cantonnèrent pendant plusieurs jours aux environs de cette forteresse, puis se dirigèrent vers le comté de Réthel, en menaçant la Champagne septentrionale et en particulier les comtés de Soissons, de Marle, ainsi que la baronnie de Coucy (Servais, Annales historiques du Barrois, I, 311). A la fin de février et dans les premiers jours de mars 1376, Charles V fit faire à Reims un grand rassemblement de troupes pour repousser ces bandes et leur donner la chasse. Parmi les hommes d’armes qui prirent part à cette nouvelle campagne contre les Compagnies figurent Enguerrand, seigneur de Coucy, naguères le chef de ces mêmes bandes (Bibl. Nat., collect. Clairambault, reg. 35, p. 2619), Guillaume Guenaut, seigneur des Bordes (Ibid., reg. 17, p. 1181), Philibert, seigneur de Beaufremont (Ibid., reg. 11, p. 649), Oger d’Anglure (Ibid., reg. 5, p. 185), Gilles de Boqueaux (Ibid., reg. 18, p. 1), Jean de Fauconnière (Ibid., reg. 46, p. 3419 et reg. 49, p. 3713), Lionnel d’Airaines (Ibid., reg. 5, p. 239), enfin Robert de Béthune, vicomte de Meaux, Jean, seigneur de Roye, Jean, seigneur de Hangest (Voy. plus haut, p. CXXXIV, notes 382, 384, 386). Ces trois derniers chevaliers étaient ainsi appelés à combattre leurs compagnons d’armes de la veille, puisqu’ils avaient fait partie, s’il faut en croire Froissart, aussi bien qu’Enguerrand VII lui-même, de l’expédition contre Léopold II, duc d’Autriche. Louis de Sancerre, maréchal de France, partagea avec Enguerrand VII et Guillaume des Bordes le commandement des troupes ainsi rassemblées «en la poursuite de certaines routes de gens d’armes qui par maniere de Compaignes sont venuz de nouvel des parties d’Alemaigne» (Bibl. Nat., Clairambault, reg. 5, p. 239).

[396] Monté sur le trône d’Angleterre le 25 janvier 1327, Édouard III célébra le cinquantième anniversaire de son avènement au commencement de 1377.

[397] Cette date est parfaitement exacte. Édouard, prince de Galles, mourut au palais de Westminster le 8 juin 1376, jour de la fête de la Sainte Trinité. Thomas Walsingham fait un pompeux éloge de ce prince qu’il compare à Hector (Historia anglicana, p. 321).

[398] Le héraut Chandos a rapporté textuellement à la fin de sa Chronique rimée du Prince Noir l’épitaphe, composée de 28 vers français octosyllabiques, qu’on lit encore aujourd’hui sur le tombeau du Prince dans la cathédrale de Canterbury. Cf. The black prince, éd. Francisque Michel, London et Paris, 1883, p. 291, 292, vers 4277 à 4304.

[399] Geoffroi Chaucer, le protégé de la favorite Alice Perers et l’ami de Froissart, valet pensionnaire du roi d’Angleterre en 1367 (Rymer, III, 829), écuyer de ce même roi qui le charge de négociations auprès du doge de Gênes en 1372 (Ibid., 964, 966), contrôleur de la coutume des laines, des cuirs et des peaux au port de Londres et gratifié d’un pichet de vin à prendre tous les jours au dit port en 1374 (Ibid., 1001, 1004), Chaucer ne figure dans aucune des députations officielles de 1376 et de 1377; mais il n’en saurait être autrement, puisque les négociations, auxquelles le malicieux observateur des mœurs anglaises de la fin du quatorzième siècle fut mêlé, devaient rester secrètes et n’ont point laissé sans doute d’autres traces écrites que des articles de comptabilité. Nous apprenons précisément par un de ces articles qu’un payement fut fait, le 17 février 1377, à Geoffroi Chaucer qu’Édouard III avait chargé d’une mission en Flandre: «Galfrido Chaucer, armigero regis, misso in nuncium in secretis negotiis domini regis versus partes Flandriæ.»

[400] Le 26 janvier 1377, Édouard III, se trouvant malade à Haveryng, chargea son très cher petit-fils Richard, dit Richard de Bordeaux à cause du lieu de sa naissance, prince de Galles, duc de Cornouaille, comte de Chester, d’ouvrir en personne la session du Parlement (Rymer, III, 1070).

[401] Par acte daté du palais de Westminster le 26 avril 1377, Édouard III donna pleins pouvoirs pour traiter avec les ambassadeurs du roi de France à Adam, évêque de Saint-David, son chancelier, à Jean, évêque de Hereford, à William de Montagu, comte de Salisbury, à Robert de Asheton son chambellan, à Guichard d’Angle, chevalier banneret, à Aubry de Weer, à Hugh de Segrave, chevaliers, à maître Walter Skirlawe, doyen de Saint-Martin le Grand de Londres et à maître Jean de Shepey, docteur en lois (Rymer, III, 1076). Un autre acte du 20 février précédent avait déjà investi des mêmes pouvoirs Jean, évêque de Hereford, Jean, seigneur de Cobham, de Kent, Jean de Montagu, chevaliers bannerets, et maître Jean Shepey, docteur en lois (Ibid., 1073).

[402] «Et envoia assez tost après le roy de France ses messages à Bouloigne pour traictier, et les messages d’Angleterre furent à Calais, et furent les dites trièves proroguées de terme en terme jusques à la Nativité Saint Jehan Baptiste ensuivant qui fu mil trois cens septante sept dessus dit. Et aloient les deux arcevesques (les archevêques de Ravenne et de Rouen), messages du pape, de Bouloigne à Calais et de Calais à Bouloigne, en traictant entre les parties.» (Grandes Chroniques, VI, 347).

[403] Le pape Grégoire XI partit d’Avignon le samedi 20 septembre 1376, laissant pour vicaires dans le Comtat les cardinaux de Sainte-Sabine et de Saint-Vital. Il se rendit à Marseille où il s’embarqua le jeudi 2 octobre. Débarqué à Corvetto le vendredi 5 décembre, il en partit le 16 du mois suivant, arriva le même jour à Ostie et fit son entrée à Rome le samedi 17 janvier 1377, jour de la fête Saint-Antoine (Thalamus parvus, p. 395). Le rédacteur de la chronique romane de Montpellier, d’après laquelle nous venons de résumer les principaux incidents du retour de Grégoire XI dans les États romains, a noté avec soin cette coïncidence de l’entrée du pape à Rome avec la fête de Saint-Antoine, parce que ce saint passait au moyen âge et passe encore aujourd’hui, du moins dans l’opinion de quelques dévots, pour faire retrouver les objets perdus.

[404] Froissart n’a pu écrire cette phrase et n’a rédigé sans doute la fin de son premier livre, où on la trouve, que plusieurs années après 1377, au moment des premiers grands troubles occasionnés par le schisme d’Avignon.

[405] Le 20 janvier 1377 (n. st.), Charles V avait chargé Richard Frogier de se rendre du port de Harfleur en Castille, où le dit Frogier avait mission de remettre à leurs destinataires trois paires de lettres closes, les unes adressées au roi d’Espagne, les autres à l’évêque de Léon, les troisièmes enfin à D. Pierre de Valesque (D. Pero Ferrandez de Velasco), grand chambellan de Castille. Étienne du Moustier, huissier d’armes du roi, vice-amiral de la mer, fit payer une somme de 70 francs à cet envoyé du roi (Bibl. Nat., Quittances, XXII, no 1847).

[406] Dès la première quinzaine de mars 1377, le Conseil du roi d’Angleterre avait prescrit des mesures pour la mise en état de défense de l’île de Wight (Rymer, III, 1073) et de la principauté de Galles (Ibid., 1075). Le 16 de ce mois, il fut enjoint à tous les vicomtes des régions maritimes du royaume d’obliger tous les possesseurs de fiefs situés sur le rivage de la mer à résider en armes sur ces fiefs à la tête de tous leurs gens et de leurs vassaux également armés, afin d’être prêts à repousser les Français qui faisaient alors des rassemblements formidables d’hommes, de munitions et de vaisseaux pour opérer à bref délai des descentes en Angleterre, pour anéantir et extirper la race anglaise tout entière: «regnum nostrum et totam linguam anglicanam destruere et delere» (Ibid.). Le 14 mai, on adressa la même injonction aux abbés, aux prieurs, aux châtelains des environs de Darmouth et de Plymouth auxquels on prescrivit de se tenir sur leurs gardes et que l’on somma de se préparer à la résistance (Ibid., 1078). Le 30 de ce même mois, quelques semaines avant la mort d’Édouard III, on prit toutes les dispositions pour mettre l’île de Wight, que l’on supposait particulièrement menacée, à l’abri d’un coup de main (Ibid., 1079).

[407] Froissart et le rédacteur des Grandes Chroniques (VI, 348) fixent par erreur la mort d’Édouard III à la veille de la Saint-Jean, c’est-à-dire au mardi 23 juin 1377. En réalité, ce prince rendit le dernier soupir au manoir de Sheen le dimanche 21 juin, dans la soirée, comme on le voit par un article du compte de Richard de Beverley, gardien de la garderobe du roi d’Angleterre, où on lit ces mots: «a vigesimo quinto die novembris, anno regis Edwardi tertii, avi regis hujus Ricardi, quinquagesimo finiente.... usque ad vigesimum primum diem junii proxime sequentem quo pie idem avus obiit» (Fragment de compte signalé par M. Joseph Stevenson et publié par M. Kervyn de Lettenhove dans Œuvres de Froissart, VIII, 423). C’est également la date donnée par Thomas Walsingham (Hist. anglicana, p. 329) et par un acte authentique dont Rymer a publié le texte (III, pars III et IV, p. 60).

[408] Après une messe de Requiem célébrée à l’église cathédrale de Saint-Paul de Londres, le 4 juillet, en présence de Simon Sudbury, archevêque de Canterbury, et d’Edmond, comte de Cambridge, les restes mortels d’Édouard III, embaumés par Robert Chaundeler, bourgeois de Londres, auquel on paya 21 livres pour cette opération, furent inhumés le lendemain 5 dans l’église abbatiale de Saint-Pierre de Westminster. Au-dessus du catafalque, le roi défunt était représenté en cire, de grandeur naturelle, avec un sceptre, un globe et un crucifix d’argent doré. Étienne Hadle, l’artiste qui avait façonné cette image, reçut 22 livres 4 sous 11 deniers pour son travail. Lorsque l’on transporta le cercueil de Sheen à Westminster, 1700 torches pour la confection desquelles on avait employé 7511 livres de cire et qui étaient portées par un égal nombre de pauvres mendiants vêtus de noir, 15 grands cierges et 12 mortiers allumés éclairaient sur tout le parcours la marche du cortège funèbre; et le jour de l’inhumation, trois cents grosses torches, du poids de 1800 livres, brûlèrent pendant toute la durée de la cérémonie autour du sarcophage, protégé par une espèce de grille en forme de herse qui avait coûté 59 livres 16 sous 8 deniers. En résumé, un devis dressé à Westminster le 28 juin 1377, fixa les frais des funérailles d’Édouard III à la somme, considérable pour le temps, de 1447 livres.

[409] En 1377, la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, qui se célèbre le 29 juin, tomba un lundi. Par conséquent, d’après Froissart, la descente à Rye aurait eu lieu le dimanche 28 juin. D’après Thomas Walsingham (Ypodigma Neustriæ, ed. Riley, London, 1876, p. 327) et d’après la chronique du religieux de Saint-Albans (Chronicon Angliæ (1328-1388), ed. Edward Maunde Thompson, London, 1874, p. 151), cette descente des Français se fit le jour même de la fête Saint-Pierre et Saint-Paul, c’est-à-dire le lundi 29 juin, au point du jour, «in festo apostolorum Petri et Pauli, in aurora». La flotte française se composait, d’après le religieux de Saint-Albans, de 50 navires grands et petits montés par 5000 hommes. Ce religieux flétrit la lâcheté des paysans des environs de Rye qui s’étaient enfermés dans cette ville avec leurs biens meubles et qui, malgré l’intérêt personnel qu’ils y avaient, ne surent défendre contre l’attaque de l’ennemi ni la place où ils s’étaient réfugiés ni les richesses entassées derrière ses remparts. Comme la trêve avec l’Angleterre expira le 24 juin 1377, la flotte française ancrée à Harfleur dut mettre à la voile et cingler vers les côtes d’Angleterre ce jour-là même. Composée selon toute apparence d’une cinquantaine de galées, 35 appartenant au roi de France (Grandes Chroniques, VI, 347), 8 au roi de Castille et 5 au roi de Portugal, cette flotte était commandée par les deux amiraux de France et de Castille, Jean de Vienne et D. Ferrand Sanchez de Tomar, ayant sous leurs ordres le Génois Renier Grimaldi et un certain nombre d’hommes d’armes picards et normands, tels que Colard, seigneur de Torcy (Seine-Inférieure, arr. Dieppe, c. Longueville), Jean, seigneur de la Ferté (la Ferté-Fresnel, Orne, arr. Argentan), maréchal de Normandie, Guillaume dit le Châtelain de Beauvais, Guillaume et Jean le Bigot; il y faut joindre un chevalier du comté de Bourgogne, compatriote et compagnon d’armes habituel de Jean de Vienne, Jean de Rye (Jura, arr. Dôle, c. Chaumergy), dont un érudit contemporain, originaire lui aussi de Franche-Comté, M. le marquis Terrier de Loray, a défiguré le nom en l’appelant Jean de Roye (Jean de Vienne, amiral de France, Paris, 1878, p. 105). Après la prise de Rye par les Français, une altercation très violente surgit entre l’amiral Jean de Vienne, qui donna l’ordre de mettre le feu à cette place, et le seigneur de Torcy, qui aurait voulu que l’on essayât de s’y maintenir et d’y tenir garnison pour le roi de France (Chronique des quatre premiers Valois, p. 263). Les pièces relatives à l’armement de la flotte qui fit campagne en juillet 1377 ont été publiées par M. de Loray (Jean de Vienne, p. XXII à XXXI).

[410] Rye est une petite ville, non du comté d’Essex vers les marches du comté de Kent, comme on le lit dans Froissart, mais du comté de Sussex, l’un des Cinq Ports, à 13 kil. au N.-E. de Winchelsea, à l’embouchure d’une petite rivière appelée la Rother. La plupart des habitants de Rye sont, de nos jours comme au temps de Froissart, des mariniers qui se livrent surtout à la pêche du hareng.

[411] Le couronnement de Richard II à Westminster n’eut pas lieu le 8, comme le dit Froissart, mais le jeudi 16 juillet. Thomas Walsingham a raconté avec le plus grand détail le cérémonial qui fut déployé à cette occasion (Historia anglicana, p. 332 à 338).

[412] Thomas de Woodstock, sixième fils d’Édouard III et de Philippa de Hainaut; il devint plus tard duc de Gloucester. En 1377, il était après Jean de Gand, duc de Lancastre, et Edmond, comte de Cambridge, plus tard duc d’York, le troisième par ordre de primogéniture des oncles survivants de Richard II. Celui-ci assigna en outre au plus jeune de ses oncles une rente annuelle de mille marcs sur le trésor royal. Jean, duc de Lancastre, avait le titre de sénéchal, Thomas, comte de Buckingham, celui de connétable, Henri Percy, comte de Northumberland, celui de maréchal d’Angleterre. Thomas avait été institué connétable le 22 juin le lendemain même de la mort d’Édouard III.

[413] Fils de Thomas Holand et de Jeanne de Kent, Thomas Holand était le frère utérin de Richard II, parce que sa mère, après la mort de son premier mari, avait épousé en secondes noces Édouard, prince de Galles, dont elle avait eu Richard, dit de Bordeaux.

[414] Par acte daté de Westminster le 30 juin 1377, le jeune roi Richard II, informé que la flotte ennemie avait pris la mer, chargea spécialement son très cher oncle Edmond, comte de Cambridge, connétable du château royal de Douvres, Guillaume Latymer, Jean de Cobham de Kent, Jean de Clynton et Étienne de Valence de mettre dans le meilleur état possible de défense les côtes du comté de Kent (Rymer, éd. de 1740, t. III, pars III et IV, p. 61).

[415] Par un autre acte daté de Westminster le 2 juillet 1377, Richard II, ayant reçu la nouvelle que ses ennemis de France avaient déjà opéré des descentes à main armée sur certains points des côtes de son royaume, confia à son amé et féal Guillaume, comte de Salisbury, le soin de mettre en état de défense, par tous les moyens qui seraient en son pouvoir, les rivages des comtés de Southampton et de Dorset (Ibid., p. 62). Des mesures spéciales furent prises pour empêcher la flotte ennemie de remonter le cours de la Tamise; d’où l’on peut conclure qu’à la date du 7 juillet, où ces mesures furent prescrites, on craignit un instant quelque tentative des Français contre la ville de Londres.

[416] Port du comté de Dorset, situé sur une baie de la Manche, à 32 kil. à l’est de Dorchester et à 60 kil. au S.-O. de Winchester.

[417] Froissart confond ici, selon son habitude, deux campagnes navales tout à fait distinctes, quoique les mêmes navires, placés sous la direction du même chef, l’amiral Jean de Vienne, y aient pris part. La première campagne, commencée le 24 juin, signalée par la prise de Rye, de Rottingdean, de Lewes, par le sac de Folkestone, de Portsmouth, de Darmouth et de Plymouth, se termina au commencement du mois d’août suivant. Débarqué à Harfleur, l’amiral Jean de Vienne, dont une quittance en date du 8 août 1377 atteste la présence à Paris à cette date (Jean de Vienne; pièces justificatives, p. XXVIII), ne dut reprendre la mer que vers le milieu de ce mois; et ce fut alors seulement qu’il opéra une descente dans l’île de Wight. Cette descente, suivie de l’occupation de cette île presque tout entière, sauf le château de Carelsbrook défendu par Hugh Tyrel, eut lieu le 21 août 1377: «Galli eodem anno (1377), vicesimo primo die mensis augusti, insulam, ut ita dicam, incapiabilem, de Wyght, capiunt, minus virtute quam astu.» (Thoma Walsingham, Historia anglicana, p. 340, 341.)

[418] Port situé dans l’île de Portsey et dépendant du Hampshire. Après la prise de Rye le 28 juin, Froissart aurait dû mentionner l’occupation de Rottingdean, à l’ouest de Winchelsea, le combat de Lewes, qui se livra dans les premiers jours de juillet, le sac de Folkestone fixé par un chroniqueur contemporain au 20 de ce mois. Les opérations contre Portsmouth, Darmouth et Plymouth sont certainement postérieures à ces faits et notamment au combat de Lewes, que notre chroniqueur raconte presque en dernier lieu, quoiqu’il ait suivi immédiatement la prise de Rye et précédé, au moins d’une vingtaine de jours, les démonstrations de la flotte française contre les ports du Hampshire et du Devonshire (Terrier de Loray, Jean de Vienne, amiral de France, p. 108, 109).

[419] Lewes, petite ville du comté de Sussex, n’est pas sur le bord de la mer, mais sur la rivière d’Ouse, à l’embouchure de laquelle se trouve New Haven, qui sert de port à Lewes.

[420] Thomas Walsingham cite également ces deux chevaliers comme ayant été faits prisonniers avec le prieur de Lewes à la défense de cette place: «Eodem anno (1377), Gallici intraverunt ad villam de Rottyngdene prope villam de Lewes, ubi obviavit eis prior de Lewes cum parva manu, et superveniente copia Gallorum captus est ductusque ad naves eorum cum duobus militibus qui sibi adhæserunt, videlicet domino Johanne de Fallesley et domino Thoma Cheyne et uno armigero cujus nomen erat Johannes Brokas.» (Historia anglicana, p. 342.)

[421] Si les vainqueurs de Lewes furent informés pour la première fois de la mort d’Édouard III par les prisonniers faits dans cette rencontre, il en faut conclure que Froissart s’est trompé en plaçant cette affaire à la fin de la campagne de l’amiral de France. Comme cette mort avait eu lieu le 21 juin, les compagnons d’armes de Jean de Vienne, faisant tous les jours des descentes en terre anglaise à partir du 13 de ce mois, n’ont pas dû rester dans l’ignorance d’un événement aussi considérable plus tard que le commencement de juillet, et telle est en effet la date qu’il nous paraît vraisemblable d’attribuer au combat de Lewes. D’ailleurs, comme l’a fait justement remarquer M. Terrier de Loray, le chroniqueur Cabaret d’Orville dit que ce combat fut livré immédiatement après la prise de Rye, et le voisinage de ces deux localités s’ajoute aux autres considérations pour donner beaucoup de vraisemblance à cette assertion.

[422] Cette démonstration contre Douvres termina la seconde campagne navale de Jean de Vienne, celle qui, commencée vers le milieu du mois d’août, signalée par l’occupation et la dévastation de l’île de Wight, l’attaque de Southampton et de Winchelsea, l’incendie de Poole, se termina devant Calais le 10 septembre environ. Par acte daté de Westminster le 4 de ce mois, Richard II demanda des prières publiques à Simon, archevêque de Canterbury, en faveur de son royaume envahi sur plusieurs points par les Français, «qualiter inimici nostri Franciæ et alii quamplures nos et regnum nostrum Angliæ, in primordiis regiminis nostri, pluribus locis sæpius invaserunt.» (Rymer, III, pars III et IV, p. 69.)

[423] D’après l’auteur de la Chronique des quatre premiers Valois (p. 259), Jean de Grailly, captal de Buch, mourut à Paris, au château du Louvre, vers le mois de septembre 1376.

[424] Jean, seigneur de Gommegnies, avait été institué capitaine d’Ardres en vertu d’une «endenture» intervenue et signée à Calais le 1er décembre 1369 entre Jean, duc de Lancastre, sénéchal d’Angleterre, alors lieutenant en ces parties de France, et le dit seigneur de Gommegnies. Il avait sous ses ordres une garnison composée de 100 hommes d’armes et de 200 archers. Ces 100 hommes d’armes se décomposaient en 1 chevalier à bannière qui était le capitaine, 10 chevaliers bacheliers et 89 écuyers (Rymer, III, 882). La solde de cette garnison était payée avec beaucoup d’irrégularité, surtout pendant les dernières années du règne d’Édouard III. Un mandement de Charles V, en date du 17 juin 1375, nous révèle à ce sujet un fait curieux; il y est fait injonction aux habitants de Soissons, de Saint-Quentin, de Chauny et de Nesle de contribuer pour leur quote-part à la rançon d’un nommé Henri de la Voulte, l’un des deux bourgeois envoyés en Angleterre par la ville de Compiègne comme otages du traité de Brétigny. Or, cette rançon, fixée à 800 francs d’or, était exigée sous peine de mort par le seigneur de Gommegnies, capitaine d’Ardres, auquel le roi d’Angleterre avait livré, à défaut d’espèces sonnantes, Henri de la Voulte, pour en faire argent (Delisle, Mandements de Charles V, p. 588, 589, no 1135).

[425] Le duc de Bourgogne se trouvait à Troyes le lundi 24 août 1377, occupé sans doute, comme le dit Froissart, à faire ses préparatifs et à rassembler ses forces. Le 9 septembre suivant, un acte de la duchesse daté de Dijon (Dom Plancher, Hist. de Bourgogne, III, Preuves, p. XLV) établit que Philippe le Hardi était à cette date absent de son duché (Ibid., Preuves, p. XLI). Mais, dès le 26 du même mois, le duc, déjà de retour de son expédition en Artois et dans le Boulonnais, fit son entrée à Auxerre, où la ville lui présenta, à titre d’offrande et de bienvenue, une queue de vin (Lebeuf, Hist. d’Auxerre, éd. Challe, III, 263). Dom Plancher a publié la liste des chevaliers et écuyers, la plupart bourguignons, qui prirent part à l’expédition de Philippe le Hardi dans le Boulonnais et le Calaisis pendant les trois premières semaines de septembre 1377, en rapportant par erreur cette expédition au mois d’août précédent (Hist. de Bourgogne, III, 564, note IX). Voici les principaux noms qui figurent sur cette liste: «Thibaud de Neufchastel, chevalier banneret, avec un chevalier bachelier et dix escuyers. Regnaud de Trie. Charles de Chambly. Raoul de Chennevieres. Lancelot de Loris. Robin de Maule. Guyot de la Tour. Jean de Seignelay. Guillaume de Vonecq. Jehan de Conflans. Simonet des Exceps. Jehan Angenault de l’Isle. Michaut des Potests. Guillaume Guenaut. Pierre de Voiserie. Jehan de Crux. Jehan de Tintrey. Breton de la Bretonniere. Jehan de Musigny. Thevenin Durée. Le bastart de Chappes. Henri Petitjehan. Guyot de Chambly. Aymart de Marcilly. Bertrand Guay. Auson de Centens. Mahiet de Pommalin. Guillaume le Gras. Erard, seigneur de Crux. Mahiet de Montmorency. Jehan de Digoinne. Jehan de Beaumont. Macé de la Roche. Jehan de Chennevieres. Thomas de Voudenay. Thomas Perlesdits. Jehan de Saint Omer. Perrenot de Rouvres. Tous chevaliers et escuyers.»

[426] Les arbalétriers qui tenaient garnison pour le roi de France à Honfleur, à Harfleur et à Montivilliers prirent part à cette chevauchée du duc de Bourgogne, dont le résultat fut la reddition d’Ardres, d’Audruicq et de quelques autres petites places occupées par les Anglais aux environs de Calais. Par acte daté de Paris le 23 septembre 1377, Charles V fit indemniser les conducteurs de dix voitures, attelées chacune de deux chevaux, qui avaient transporté devant Ardres et Audruicq les armures, arbalètes, harnois et autres habillements de guerre des dits arbalétriers (Delisle, Mandements de Charles V, p. 738, 739, no 1460).

[427] Les compagnons de la garnison anglaise d’Ardres comptaient aussi dans leurs rangs quelques Français. Au mois de février 1376, Charles V octroya des lettres de rémission à un pauvre valet nommé Hennequin Brice, dit le Barbier, originaire de Houlle (Pas-de-Calais, arr. et c. Saint-Omer), âgé de 18 ans, qui avait demeuré pendant trois ou quatre ans au service des Anglais d’Ardres (Arch. Nat., JJ 108, no 164, fo 99).

[428] La forteresse d’Ardres se rendit à Philippe, duc de Bourgogne, le 7 septembre 1377, après trois jours de siège (Grandes Chroniques, VI, 356). Par acte daté de Melun le 22 septembre 1377, Charles V fit mettre une somme de 500 francs à la disposition de son amé et féal chevalier et chambellan Guillaume Guenaut, seigneur des Bordes, institué capitaine d’Ardres, «pour mettre et convertir en certaines reparacions neccessaires en la forteresce d’Ardres, laquelle forteresce a esté rendue nouvellement à nostre obeissance.» (Delisle, Mandements de Charles V, p. 737, no 1457.)

[429] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Ardres.

[430] Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer. Le château d’Audruicq ne fut pas emporté de vive force; la garnison anglaise qui occupait ce château ne consentit à l’évacuer que moyennant le payement d’une somme assez considérable. Le 22 septembre 1377, Charles V, qui se trouvait alors à Melun, ordonna d’allouer sur les comptes de François Chanteprime une somme de 2000 francs d’or, qu’il avait fait «baillier et delivrer à nos ennemis qui n’a gaires tenoient le chastel d’Audruic es parties de Picardie.» (Delisle, Mandements de Charles V, p. 737, no 1456.)

[431] Si Robert de Béthune, vicomte de Meaux, et Jean, seigneur de Sempy, furent placés à la tête de la garnison d’Ardres, ce ne put être que sous le commandement supérieur de Guillaume Guenaut, seigneur des Bordes, institué le 22 septembre 1377 capitaine de cette place. Voy. plus haut, p. CLII, note 428.

[432] Charles V fit réparer la plupart des forteresses de cette région et notamment celle du Crotoy, comme on le voit par des lettres de rémission octroyées en octobre 1377 aux maçons employés «es euvres de nostre chastel de Crotoy sur la mer» (Arch. Nat., JJ 111, no 236).

[433] Le Janequin, dit Clerc, mentionné dans ce passage de Froissart, doit sans doute être identifié avec Jean Clerk, de Southampton, qui fut chargé à diverses reprises par Édouard III de missions plus ou moins importantes (Rymer, III, 666, 765, 809, 848, 849, 891).

[434] Froissart fait ici une allusion vague et tout à fait sommaire à une campagne dans le Bordelais, dont une chronique locale, celle de Bazas, mentionne en ces termes quelques-uns des principaux incidents: «Thomas de Hitton, Angliæ regis vicem gerens, congreditur cum Francis prope Regulam. Franci ubi Anglis Castillionem eripuere, contendunt Salvam Terram quam triduo expugnant, dein adoriuntur Beatæ Basiliæ fanum, inde Montem Securum ac demum Cauderotum.» (Arch. hist. de la Gironde, XV, 48.)

[435] Guillaume Larchevêque.

[436] Louis de Harcourt.

[437] Miles de Thouars, père de Regnault de Thouars.

[438] Gui IV, seigneur d’Argenton, frère d’Aimeri d’Argenton.

[439] Robert, seigneur d’Aubeterre.

[440] Nieul, sans doute Nieul-sur-l’Autize, Vendée, arr. Fontenay-le-Comte.

[441] La copie fort mauvaise d’après laquelle nous publions le texte de la convention de Surgères porte ici «XXVIII»; mais cette leçon est évidemment fautive. Outre que les premières lignes du vidimus indiquent la date du 18 septembre, le contexte et en particulier ces mots: Donné davant ou devant Surgières ne permettent pas d’admettre une autre date, puisque les Français ne se tinrent devant cette place que du jeudi 16 au dimanche 19 septembre, jour où Surgères se rendit aux assiégeants (Ernest Petit, Itinéraires de Philippe le Hardi, Paris, Imprimerie Nationale, p. 86). Les Itinéraires que nous venons de citer fournissent les trois mentions suivantes relatives à l’exécution de la convention de Surgères: «Mardi 30 novembre. Monseigneur (le duc de Bourgogne) disne aux champs devant Thouars, soupe et giste à Monstereuil Bellay, et y furent le duc de Loraine, le conte du Perche et plusieurs chevaliers et escuiers.—Mercredi 1er décembre. Furent aux champs devant Thouars mon dit seigneur, le duc de Loraine, le conte de la Marche, le viconte de Rauhen, et plusieurs autres seigneurs, chevaliers et escuiers.—Jeudi 2 décembre. Mon dit seigneur tout le jour à Saumur, et ce jour mangèrent deux cens personnes en sale, et sept vint et quatorze dehors.» (Ibid., p. 89.) Cf. p. LII, en note, LIV et LV.

[442] Au traité du 6 juillet 1373 sont appendus sur simples queues de parchemin les trois sceaux du seigneur de Nevill, de Robert Knolles et de Thomas de Melbourne. Le sceau du seigneur de Nevill consiste en un écu à un sautoir penché, timbré d’un heaume cimé d’une tête de bœuf et compris dans un quadrilobe; celui de Robert Knolles, en un chevron chargé de trois quintefeuilles, l’écu penché timbré d’un heaume cimé d’une tête de bélier et supporté par deux hommes sauvages; celui de Thomas de Melbourne, en un plein sous un chef, à la bande chargée de trois objets indistincts brochant sur le tout, l’écu suspendu à deux touffes d’arbre et compris dans une rosace. Collection de sceaux des Archives Nationales, III, 289, no 10 154 (Knolles), 291, nos 10 168 (Melbourne) et 10 174 (Nevill).

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