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Cours familier de Littérature - Volume 24

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AUX ENFANTS DE MADAME L. DE GENOUDE.

Pauvres petits enfants, qui demandez sans cesse
À votre père en deuil ce que c'est que la mort,
Et pourquoi vos berceaux s'éveillent sans caresse,
Et quand donc finira le sommeil qu'on y dort;

Taisez-vous, grandissez! Vous n'aurez plus qu'en songe
Ces baisers sur le front, ces doigts dans vos cheveux,
Ce nid sur deux genoux où votre cou se plonge,
Ce cœur contre vos cœurs, et ces yeux dans vos yeux.

L'amour qui vous sevra vous fait la vie amère;
Votre lait s'est tari, comme à ce pauvre agneau
Qu'un pasteur vigilant sépare de sa mère
Pour lui faire brouter l'herbe, avec le troupeau.

Vous n'aurez qu'une vague et lointaine mémoire
De tout ce qu'au matin la vie a de plus doux,
Et l'amour maternel ne sera qu'une histoire
Qu'un père vous dira, seul et pleurant sur vous!

Quand vous voudrez, enfants, retrouver dans votre âme
Ces souvenirs scellés sous le marbre étouffant.
Ces sons de voix, ces mots, ces sourires de femme
Où l'âme d'une mère est visible à l'enfant;

Quand vous voudrez rêver du ciel sur cette terre,
Que de pleurs sans motif vos yeux déborderont;
Quand vous verrez des fils sur le sein de leur mère,
Qu'un père entre ses mains vous cachera le front,

Venez sur cette tombe, où l'herbe croît si vite,
Vous asseoir à ses pieds pour prier en son nom,
Appeler Léontine, et du ciel qu'elle habite
Implorer son regard, dont Dieu fasse un rayon!

De l'éternel séjour, le regard de son âme Est un astre toujours sur ses enfants levé. Ainsi l'aigle est au ciel; mais son regard de flamme Veille encor de si haut le nid qu'elle a couvé.

M. de Villèle, ministre tout-puissant, avait donné à Genoude le privilége du journal l'Étoile, dont il joignait la propriété à celle de la Gazette de France. Il m'écrivit en Italie pour me proposer gratuitement la moitié de ce don du ministre. Je le remerciai et je refusai, ne voulant pas m'enchaîner par un intérêt quelconque au gouvernement que cependant j'aimais. «Je suis fâché, lui répondis-je, de vous voir entrer dans cette voie, et je crains que cette Étoile ne soit jamais l'astre de votre fortune et de votre bonheur.» Elle ne le fut pas, en effet, mais la réunion de ces deux journaux dans sa main le rendit pendant longtemps l'organe le plus puissant de la politique de M. de Villèle et de l'opinion royaliste.

Il acheta alors une magnifique terre dans les environs de Provins; et il pensa à reprendre sa vocation ecclésiastique, qu'il avait abandonnée pour son mariage. Il entreprit aussi, grâce aux annonces perpétuelles et sans frais de ses journaux, le monopole de la traduction de la Bible et l'édition de plusieurs ouvrages mystiques. Il prétendit fonder dans son château de Plessy-les-Tournelles une école d'élèves du sacerdoce, qui n'exista jamais qu'en projet. Enfin, il rentra pour quelque temps au séminaire et reprit l'habit ecclésiastique. Je suivais alors ma carrière diplomatique. Je cessai tout rapport avec lui. Ce mélange de la sainteté sacerdotale avec les œuvres industrielles ne me plaisait pas. Le prêtre, selon moi, ne devait être que prêtre. Il ne pensait pas ainsi, car il donna en ce temps-là un dîner célèbre de coalition aux députés les plus illustres par leur éloquence, tels que Berryer, Mauguin, etc., et il porta un toast au dessert dans lequel il dévoila sa pensée. «Du reste, dit-il en terminant, et en buvant à la santé du cardinal de Richelieu, tout ceci finira bientôt, non par un militaire, non par un orateur, mais par un cardinal.» C'était se désigner lui-même comme le terme de la révolution. Un homme de beaucoup d'esprit, M. de Lourdoueix, qui avait commencé sa carrière littéraire en 1825 par une œuvre satirique contre les excès et les ridicules du royalisme, le soutenait dans une illusion de bonne foi et rédigeait sous son inspiration la Gazette de France. Genoude et lui commençaient leur journée en commun par la messe, que l'un disait à l'autre, et par la communion que Genoude donnait à Lourdoueix. Ce mysticisme et ce fanatisme réunis, qui protégeaient son ambition crédule, ne protégeaient pas ses affaires. Il avait cependant marié richement ses fils, mais les revenus de la Gazette ne suffisant pas à ses dépenses, il se fit nommer député.

Quand la révolution de 1848 éclata, il voulut malheureusement se signaler par un coup d'éclat à la tribune. Son habit et son caractère de prêtre auraient dû l'en détourner. On se souvient que, pour presser le dénoûment de la catastrophe, un certain nombre de membres de la gauche demandèrent que les ministres du roi fussent décrétés d'accusation. C'était une motion de sang, de sang odieux à l'opposition peut-être, mais innocent. Ils m'offrirent de signer cette demande, je la repoussai avec indignation. M. de Genoude monta alors à la tribune et la soutint. Il n'y gagna rien que la répugnance visible de l'Assemblée à entendre un prêtre emporté par la rancune politique se mêler à une proposition téméraire qui pouvait, si elle eût prévalu, compromettre des têtes d'hommes. Ce furent ses dernières paroles. Quelques heures après, la république innocente était accomplie de nécessité, sans avoir porté à la France d'autres paroles que des paroles de paix. Le roi et sa famille partaient sans être poursuivis. Les mouvements d'un grand peuple bien compris sont presque toujours plus humains que les passions d'un parti; il n'a personne à craindre et personne à flatter. M. de Genoude rentra dans l'ombre et chercha à s'abriter dans le suffrage universel, qu'il avait le premier et le plus énergiquement soutenu. Mais sa politique et sa vie eurent bientôt le même terme, il mourut en 1849, aux îles d'Hyères, et laissa ses fils sans fortune. Avant peu de mois, tout fut vendu en justice. Cette prodigieuse existence ne laissa point de trace.

XVIII

Il y a quelque temps, je cherchais à découvrir ce qui pouvait en subsister encore. Rien. Les biens étaient évanouis, les fils étaient morts dans le dénûment. Un brave homme, M. Aubry-Foucault, qui avait été la victime expiatoire des nombreux procès de la Gazette et qui l'était encore, vint me voir à sa sortie de prison. Il avait conservé pour M. de Genoude le dévouement qui était son métier, et la reconnaissance qui était son caractère.

«Et que sont devenus ses enfants? lui demandai-je.—Hélas! me dit-il, ils sont tous morts, et morts dans le plus complet dénûment!—Mais quoi! lui répondis-je, cette magnifique terre de Plessis-les-Tournelles?—Elle n'était pas payée et on en a vendu les pierres pour en solder les murs.—Et ses fils, si richement mariés?—Tous morts ruinés, monsieur, pour rendre les dots à leurs femmes.—Mon Dieu! m'écriai-je, quelle destinée! Quoi! il ne reste rien de cette immense existence de parvenu qui faisait envie à tout ce qui tenait une plume?—Rien, me répondit-il en pleurant, excepté un pauvre jeune homme, le cadet de ses fils, à qui ma femme et moi nous donnons la soupe tous les soirs, et que nous vêtons de temps en temps pour lui donner le courage de porter son nom sous ses haillons dans les rues de Paris.—Et que fait-il? repris-je avec une tendre pitié.—Rien non plus, me répondit M. Aubry-Foucault; il a essayé de tout et tout s'est brisé dans sa main; il est depuis six mois abandonné de tout le monde, excepté de ma femme qui lui raccommode ses habits, et de moi qui lui fais partager mon pauvre repas, et de temps en temps les misérables économies que je tiens de son respectable père.—Et n'y a-t-il personne qui s'intéresse à lui et qui vous aide?—Personne, monsieur, sauf quelques amis de son enfance, qui vivent en Auvergne et qui l'invitent quelquefois à aller passer une semaine ou deux dans leur désert.—Envoyez-le chez moi, je vais tenter un moyen de lui être utile. Je ne puis pas écrire au duc de Bordeaux, bien que nous ayons chanté sa naissance et conservé nos fidèles respects à son exil dans quelque situation où nous nous soyons trouvés depuis 1830. Mais j'ai un généreux ami à Paris dont je puis emprunter la main pour recommander le fils de M. de Genoude, si dévoué à la légitimité, à son dernier survivant en Europe. Allez, et revenez dans cinq ou six jours.» La reconnaissance est la vertu des malheureux, parce qu'ils savent l'amertume des pleurs et la joie de les essuyer. J'étais touché jusqu'aux larmes de la compassion de ce vieux serviteur partageant son morceau de pain avec le fils déshérité de son maître. Il sortit, et j'allai chez M. de Marcellus. Au premier mot d'un service à rendre au fils de M. de Genoude, il fut à ma disposition; il écrivit et me remit une lettre pressante pour ce jeune homme à M. de Lévis, ministre des bienfaits du prince. Le jeune fils de M. de Genoude vint la prendre. «Allez, lui dis-je, à la cour exilée de ce jeune prince, dont votre père et moi nous avons célébré la naissance et déploré les catastrophes. Il pourra peut-être, par quelque emploi près de lui, donner une miette de pain à l'orphelin de ceux qui ont tant aimé sa famille. La somme pour le voyage ne vous manquera pas.» Il me remercia, il fut touché, il partit. Quelques semaines après, il revint.

«Auriez-vous de la répugnance, lui demandai-je, à entrer dans la diplomatie secondaire sous le gouvernement de l'empereur? Mon passé s'oppose à ce que j'aie des rapports avec lui. L'honneur est une loi que je ne dois pas enfreindre. Je ne puis donc rien vous promettre de sollicitations directes près de lui. Mais, en passant par le ministère des affaires étrangères, j'ai conquis des amis qui, sans manquer à leur devoir vis-à-vis du gouvernement monarchique, sont restés fidèles à leur sentiment. Pour moi, ils s'estimeront heureux de vous être utile, et je vais les en prier, si vous le permettez.—Rien ne s'y oppose,» me répondit ce malheureux jeune homme. Je m'adressai à M. Cintrat, le chef des archives, en le priant de chercher avec bienveillance un emploi de chancelier consulaire, fût-ce même dans la cinquième partie du monde, dans cette Océanie où l'Angleterre avait appelé à Sidney des consuls européens. Dans peu de jours, l'admirable sollicitude de M. Cintrat eut instruit et intéressé le ministre, et M. de Genoude fut nommé, pour partir à l'instant, chancelier du consulat de France à Sidney. Son existence était assurée. Il partit en remerciant Aubry-Foucault, qui s'était fait son second père. En arrivant, six mois après, à Sidney, il trouva le consul mort la veille. C'était M. de Chabrillant, gentilhomme de mon pays, ruiné par quelque folie de jeunesse à Paris. Il avait épousé l'actrice d'un petit théâtre, objet de sa passion, et elle n'avait pas hésité à suivre au bout d'un autre monde la destinée qui s'était perdue pour elle dans ce monde-ci. M. de Genoude, en arrivant, succéda dans ses fonctions et dans ses appointements à M. de Chabrillant. Il m'écrivit de prolonger, s'il m'était possible, ce provisoire inattendu, secourable pour lui. Je le fis et je lui en donnai la nouvelle quand je reçus celle de sa mort. La destinée n'avait pas voulu qu'il restât rien sur la terre de sa charmante mère et de son infortuné père. Mais il resta au pauvre et généreux Aubry-Foucault le souvenir de sa fidélité jusqu'après la mort et d'une reconnaissance qui mesure ses bienfaits non à ses actes, mais aux bons sentiments de son âme. Que Dieu le récompense, ainsi que sa pauvre femme, du bien non qu'ils ont fait, mais qu'ils ont voulu! Quant à moi, je n'ai eu que des larmes stériles données trop tard au nom de mes premiers amis.

Lamartine.

FIN DE L'ENTRETIEN CXLIV.
FIN DU VINGT-QUATRIÈME VOLUME.
Paris.—Typ. de Rouge frères, Dunon et Fresné, rue du Four-St-Germain, 43.

Notes

1: Vie de Thésée.

2: Les 2,000 francs que M. Henin lui avait prêtés à Varsovie.

3: Études de la nature, t. I, p. 380.

4: Voyez ce morceau curieux, t. VII des Œuvres.

5: «Les Persans, dit M. Will. Franklin, si on les juge d'après leur conduite extérieure, sont sans contredit les Parisiens de l'Asie. Des manières grossières et insolentes envers les étrangers et les chrétiens caractérisent les Turcs; celles des Persans, au contraire, honoreraient toute nation civilisée, etc.» Voyage du Bengale en Perse, t. II, p. 29 de ma traduction. Je regrette de ne pouvoir transcrire ici le portrait des Persans, tracé par ce voyageur et par M. Scott Waring, p. 101 et suiv. de son Tour to Sheeraz; ce serait un curieux supplément au texte de Chardin, mais qui excéderait les bornes d'une simple note. (L-s.)

6: Les Arabes disent: Hadhâ mektsûb, Cela est écrit. Tous les musulmans croient que les moindres circonstances de la vie de chaque homme sont écrites de toute éternité dans un livre déposé au ciel, où, suivant le texte même d'Al-Bédaouy, célèbre commentateur, «elles sont décrétées et écrites sur une table conservée avant leur existence.» Il est inutile d'accumuler les citations pour prouver que les musulmans nient toute espèce de libre arbitre; leur fatalisme absolu et sans bornes est connu de tous ceux qui connaissent l'existence de la religion musulmane. Les principaux passages du Coran et des commentateurs de ce livre, relativement à cette désolante et impolitique doctrine, ont été soigneusement recueillis dans une dissertation historico-critique, intitulée: De fato Muha Medana, Lipsiæ, 1759, in-4o de 40 pages (L-s.)

7: Ce mot est le comparatif de meh, grand, et répond au mot majordome; cette charge est la même que celle de grand chambellan; il porte la bourse, l'anneau, la montre, etc., du roi, et ne le quitte jamais, pas même dans le harem, au milieu des femmes. Les fonctions de cet officier exigent donc qu'il ait cessé d'être homme. C'est ordinairement un eunuque blanc qui les remplit, et qui partage conséquemment l'espèce de culte que les flatteurs et les ambitieux rendent à son maître. Voyez Kaempfer, Amœnitates exoticæ, p. 81 et 82. (L-s.)

8: Repoussé, chassé par mépris, telle est la signification littérale du mot arabe employé par les Persans pour désigner un apostat. (L-s.)

9: Aghâ Mourâd. Le dernier mot signifie désir. (Note de Chardin.)

10: Lisez κανδηλαναφτης, kandilanaphtis (allumeur de chandelles); c'est un mot grec moderne et un titre des fonctionnaires dans les grandes églises. Ce mot est composé de κανδῆλι, kandila, chandelle, d'ανάπτω, anapto, j'allume. Le premier est latin, le second grec ancien. On dit aussi, à Constantinople, Κανδηλαφτης, candilaftis, en retranchant la troisième syllabe να (L-s.)

11: Sefâhâun nispé 'djihâun. Nisp est la corruption persane du mot arabe nessf, moitié. (L-s.)

12: M. Olivier n'en compte que 50,000; mais des renseignements très-positifs m'autorisent à croire qu'aujourd'hui cette ville contient encore près de 200,000 âmes. (L-s.)

13: Chardin a sans doute voulu écrire Acroceraunii; car aucun géographe ancien ne parle des monts Acrocerontes. Quant aux monts Acroceraunii, ils étaient situés en Epire; mais Paul Orose donne aussi ce nom à des montagnes qui séparent l'Arménie de l'Ibérie. Historiar. lib. I, cap. II, pag. 19, ex edit. Havercamp. (L-s.)

14: «Le Zendéh-roûd d'Issfahàn (certains manuscrits portent Zâyendéh-roùd) coule de la montagne Zerdéh (jaune), et autres montagnes du grand Lor, sur les confins de Djouycerd; il traverse le canton de Roùd-Bàr, dans le Loristàn; il arrose Feyroùzan et Issfahàn, et finit sous le terrain de Kâoù Khâny, dans le canton de Roùyd Chétyn. Son cours est de 70 (ou 80) farsangs. Ce fleuve a cela de particulier, que, lorsque l'on l'arrête tout entier dans un endroit, il s'en échappe encore assez d'eau par la filtration pour former un grand fleuve. Voilà pourquoi on le nomme Zendéh ou Zdyendéh (vivace) et, comme dans le temps des semailles, on emploie tellement toute son eau qu'il ne s'en perd pas une goutte, cette précieuse destination lui a valu le surnom de Zéryn roùd (rivière d'or).

«Le Mêçâlik êl Mêmâlik (routes des royaumes), et l'A'djaïb-al-Makhloùqât (merveilles de la création), nous apprennent qu'à la distance de 60 farsangs de Gâoù-Khâny, ce fleuve reparaît dans le Kermàn et va se jeter dans la mer Orientale (peut-être la mer des Indes). On dit que l'on fit autrefois un paquet de joncs facile à reconnaître, et qu'on le jeta dans l'eau à Gâoù-Khâny: il reparut dans le Kermàn. Cette petite expérience prouve que de Gâoù-Khâny, jusqu'au Kermàn, le sol est extrêmement escarpé et hérissé de montagnes, et surtout beaucoup plus élevé qu'à Gâoù-Khâny; de manière que l'eau passe sous la terre, plutôt que de se frayer un passage dessus. Du Kermàn à la mer Orientale, la distance est considérable, et toute cette étendue de pays est occupée par différents États. S'il en est ainsi, l'eau disparaît dans cette même étendue. C'est ce qu'on lit dans l'ouvrage intitulé: Ouâq'à Mérïy. Or, dans les années de sécheresse, où le pays de Gâoù-Khâny n'est pas arrosé, le passage ou l'expérience dont nous avons parlé ne peut pas avoir lieu.» Nozahat âl qoloùb, manuscrit persan de la Bibliothèque impériale, n. 127, pag. 286 et 287, et n. 139, pag. 747, 748. (L-s.)

15: Mohhmoùd Ker, Mahmoud le Sourd.

16: Djâny-Khân était général des qourtchy.

17: Vour: ce mot est turc; c'est l'impératif du verbe voùrmaq, et plus correctement, ôùrmaq, frapper, tuer, poignarder. (L-s.)

18: Anâ khânum: ces deux mots sont turcs. On a déjà remarqué que le turc était et est encore aujourd'hui plus usité que le persan à la cour de Perse. (L-s.)

19: Cherâbdjy bâchy, dont il a été parlé déjà plusieurs fois.

20: Lisez mâh-tâb, clair de lune. (L-s.)

21: Karvânseraï Massqoud a'ththâr. Ce dernier mot a'ththâr n'a aucun rapport avec l'huile, à moins qu'on n'entende l'huile essentielle, odoriférante. Il signifie un parfumeur, un droguiste, un fabricant et un marchand de a'ther, a'thr, ou o'thr, parfum en général; et, par excellence, l'essence de roses, qu'on désigne encore plus particulièrement par les mots a'thrgul. Voyez mes Recherches sur l'essence de roses, un petit volume in-12, imprimé en 1804, à l'Imprimerie impériale. (L-s.)

22: Châh A'bbâs consacra cinq cents toùmâns à l'embellissement de cette place, l'an du Pourceau, qui fait partie des années 1020 et 1021 de l'hégire (1611-12 de l'ère vulgaire). Voyez le Târykh à'âlem Arây fo 168 verso, du manuscrit de M. de Sacy, et f. 337 du manuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal. (L-s.)

23: Les ssòfy sont un corps d'élite parmi les qourtchy. Voyez, t. V, p. 309. (L-s.)

24: Thâoùs khâunéh signifie la maison, la volière des paons. Peut-être Chardin a-t-il voulu écrire thà'at-kháunéh, ou thà'ât khauneh, mots qui ont, en effets la signification indiquée par notre voyageur. (L-s.)

25: Je doute fort de la justesse de la signification indiquée ici par Chardin, quoiqu'elle se retrouve encore dans sa Relation du couronnement de Soliman, cérémonie qui eut lieu dans cette même salle. Tàlâr désigne bien un grand salon à jour, soutenu sur des piliers, des poutres, ou des colonnes. Thaoùyléh, ou thavyléh, est un mot moghol adopté par les Persans, qui signifie, en effet, écuries.

26: Je suis intimement persuadé que Chardin répète ici la même erreur que j'ai déjà relevée, et confond la langue et l'écriture qofthes ou égyptiennes modernes avec l'écriture kufyque, dont les Arabes se servaient autrefois. (L-s.)

27: J'ai souvent occasion de citer dans mes notes la relation de ce voyageur exact et savant. (L-s.)

28: Tchehel sutoùn. On donne le même nom aux ruines de Persépolis. (L-s.)

29: Hharam, sanctuaire, lieu où il est défendu de pénétrer. Sérail est la corruption du mot turc et persan Séraï, grande maison, hôtel, palais. Le hharam ou hharem est dans le séraï. Il ne faut pas confondre ces deux mots. (L-s.)

30: Lisez i'marat ferdoûs, bâtiment, pavillon du paradis Dyvan ayynéh, et plus bas, i'marat dêryaï chah. Bâtiments, pavillons de la mer royale. Il y a, dans la description et la mesure des parterres et des étages, une incohérence que nous ne pouvons attribuer qu'à l'inexactitude de l'imprimeur ou à une distraction de l'auteur. La même faute se trouvant dans les deux formats de l'édition de 1711 et dans celle de 1735, nous ne pouvons la rectifier. (L-s.)

31: Cette allée, nommée Tchéhâr bâgh, les quatre Jardins, comme notre voyageur le dit lui-même, a été mesurée par Kaempfer, qui compta soixante-trois grands pas de large, seize cent vingt pas en deçà du pont, et deux mille deux cents au delà, lesquels, joints aux quatre cent quatre-vingt-dix pas du pont même, font une longueur de quatre mille trois cent dix pas. On nommait encore cette immense allée Thaq sebz, la Voûte verte. Amœn., p. 173. Elle fut plantée à Ispahan, et embellie d'un grand nombre d'édifices somptueux, par les ordres et sous l'inspection immédiate de Châh A'bbâs Ier, dans la onzième année de son règne, l'an 1006 de l'hégire (1597-8 de l'ère vulgaire). Les grands s'empressèrent d'imiter son exemple et de seconder ses vues: en peu de temps, on vit s'élever une infinité de palais, de mosquées, etc. Tarykh A'alem araì A'bbacy, fo 58 du manuscrit de M. Silvestre de Sacy, et fo 110 et suiv. de celui de l'Arsenal. (L-s.)

32: Kaempfer nomme ce pavillon khiloùét, chambre particulière, solitaire, et en donne la description, p. 185-187 de ses Amœnit. exoticæ. (L-s.)

33: Que Kaempfer nomme baghi goùch khauneh toùqdjy, jardin et volière des faucons (hors de la porte) de Toqdjy, mentionnée tome VII, p. 9 et suiv. Amœnitates exoticæ, p. 192. (L-s.)

34: Allah-Veyrdy Kân: Kaempfer le nomme Alay Verdy Khan, et dit qu'il est célèbre par la conquête du pays de Lâr; mais j'ai, en faveur de ma rectification, la grande histoire intitulée: Tarykh à'âlem arâi A'bbacy, que j'ai déjà eu occasion de citer, et dans laquelle, fo 99, verso, du manuscrit de M. de Sacy. Allah-Veyrdy Khân, est mentionné comme généralissime (Emyr at-Omra) de la province de Fârs. Le pont qu'il fit bâtir se nomme aussi pont de Djulfah, parce qu'il conduit à ce faubourg. (L-s.)

35: Bembo et Kaempfer n'en comptent que trente-trois; le premier a trouvé vingt pas de large sur deux cent cinquante de long, et l'autre, douze de ses pas de large sur quatre cent quatre-vingt-dix de long. (L-s.)

36: Notre voyageur a donné déjà quelques détails sur Djulfah.

37: Kaempfer donne à l'Hezar Djéryb (Mille-Arpents), plus de mille trois cents pas en carré. Le sol, dit-il, en est sablonneux et stérile, mais a acquis une certaine fertilité, grâce au ruisseau Tchouhouchah qu'on a fait dériver du Zendéh-roùd à la distance de trois farsangs, et qu'on subdivise en un grand nombre de petits courants qui répandent la fraîcheur et favorisent la végétation dans ce jardin. Amœnitates exoticæ, p. 193-195. (L-s.)

Note au lecteur de ce fichier numérique:

Seules les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe de l'auteur a été conservée.

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