De la sincérité envers soi-même
DE LA SINCÉRITÉ ENVERS SOI-MÊME
A Jacques Copeau
Il faut d’abord distinguer la sincérité envers autrui de la sincérité envers soi-même. Nous laisserons de côté la première. Telle qu’on l’entend dans le monde, elle est trop facile. (C’est sans doute pourquoi on en a fait une vertu.) Elle consiste à ne jamais avouer de sentiments que l’interlocuteur n’ait pu prévoir ; un homme manque de sincérité envers nous lorsque les pensées qu’il nous montre ne sont pas celles que nous aurions à sa place. — Telle qu’il la faut entendre, la sincérité envers autrui s’appelle la confession. Mais à ce mot tant d’idées s’éveillent, et si graves, qu’elles demanderaient, pour se développer, tout un livre.
I
La sincérité envers soi-même est une vertu dangereuse. On ne peut pas la conseiller : elle ne rend pas un homme plus sociable ; elle ne le fait pas bienvenir de ses semblables ; elle n’est pas un de ces bons devoirs universels qui façonnent notre docilité. Pour l’essayer, il faut être secrètement choisi.
Il semble que pour être sincère il suffise de se laisser aller, de ne pas s’empêcher de sentir, de céder à sa spontanéité. On cesse d’être sincère au moment où l’on intervient en soi ; si je me travaille, je me déforme. La sincérité, c’est l’abandon à moi-même, l’obéissance au cours naturel de mes émotions, une pente aisée, l’accès complaisant à ma facilité intérieure. Elle ne me demande aucun effort ; je l’exercerai comme on se détend.
Pourtant il est plus juste de dire : la sincérité est un perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle est. Rien de plus menteur que le spontané, rien de plus étranger à moi-même. Ce n’est jamais par moi que je commence ; les sentiments où j’entre naturellement ne sont pas miens, je ne les éprouve pas, j’y tombe d’abord comme en une ornière ; ils m’entraînent parce qu’ils sont commodes et rassurants ; tout le monde déjà les a parcourus ; on sait où ils mènent ; il n’est jamais arrivé malheur à personne avec eux. Ils se présentent tout de suite à mon cœur avec leurs garanties. Je ne songe pas à douter de leur vérité, tellement je leur vois d’avantages ; ils ont juste cette inclinaison qu’il faut pour me placer au niveau d’autrui et d’accord avec ses pensées ; ils sont calculés pour permettre la conversation. Mais, en dépit de ces agréments, ils ne tiennent pas plus à mon âme que des formules de politesse.
Ce sont mes secondes pensées qui sont les vraies, celles qui m’attendent, celles jusqu’où je ne vais pas. Il n’y a pas que les autres qui pensent en moi ; au plus profond de moi une basse et continuelle méditation, — et dont je ne saurai rien si je ne fais effort pour la connaître : c’est mon âme. Elle est faible et comme idéale ; elle existe à peine ; je la sens comme un monde possible et lointain. Tout homme, même s’il s’accommode d’émotions conventionnelles, est confusément averti de sa profondeur, vaguement occupé d’un soupçon secret. Il y a un arrière-goût d’insuffisance en tout ce qu’il éprouve ; il comprend qu’il pourrait être plus authentique qu’il n’est, que d’autres parties plus cachées, plus étonnantes de lui-même pourraient être intéressées par l’événement. Mais il ne sait comment se saisir de cette réalité qu’il contient ; car elle ne l’invite ni ne l’appelle ; et bientôt il perd jusqu’au désir de la trouver.
Comme mon âme me dédaigne en effet ! Elle ne tient pas à vivre, elle ne me fera pas un signe. Tous mes sentiments, encore virtuels, pourtant déjà plus vrais que moi, me regardent avec ironie et semblent dire : « Oseras-tu nous connaître ? » Ils sont clos et muets ; non point vagues ; mais leur terrible précision sommeille ; elle est encore fictive. Ils savent bien qu’ils ne peuvent naître que par moi : cependant ils ne laissent pas de me narguer.
Il faut que je les épie, que je les surprenne et que je m’empare d’eux. Sincérité, chasse subtile qui ne poursuit que des silences ! Elle demande une agilité intelligente et jamais lasse, une présence d’esprit impitoyable. Parmi tout ce qui se tait en moi, elle gouverne, éveillant les sentiments qu’il faut. Elle évite les plus faciles, parce qu’ils sont menteurs ; ceux qu’elle doit trouver ne se montrent pas. Elle essaie plusieurs voies et de plusieurs, les ayant tentées, elle se détourne. Elle a l’expérience du vrai, c’est-à-dire un toucher hésitant qui finit par ne pas se tromper. Pour chaque événement qui m’est départi, par une exploration hardie et diverse, elle rassemble toutes les pensées que je dois avoir ; elle compose mon âme suivant une nécessité mystérieuse ; elle reconnaît avec ingéniosité les éléments épars de cette combinaison inédite, étrange, qui sera mon naturel. Rien n’est plus imprévu que moi-même ; je n’aurais jamais imaginé un tel visage. Pourtant quand la sincérité me le présente, je ne songe pas un instant à le renier. Voici bien l’inconnu que j’étais, — et si près de moi ! Comment aussi eussé-je deviné que des sentiments si extrêmes, si difficiles les uns aux autres, pouvaient s’allier pour si bien faire une seule âme ?
L’homme sincère n’est pas celui que l’on voit toujours élancé, toujours prêt à répondre, toujours intime avec son cœur et avide de le livrer. Il n’est pas si pressé, car il sait qu’il a beaucoup de besogne. Il n’est pas l’homme du premier mouvement. Il ne tient pas son âme une fois pour toutes, il ne l’a pas apprise par cœur. Mais il la construit à neuf pour chaque occasion. Il doute, il attend, il s’applique ; il est plein de calculs comme un financier ; il s’arrête à chaque étage de lui-même ; il y choisit ce qu’il lui faut pour former sa vérité. Ou bien comparons-le à un fin chasseur joyeux qui dépiste ses sentiments, les suit, les force, les ramène. Que j’aime cette prudence allègre, cette attention vive et dure, cet enthousiasme contenu, ce regard réfléchi entre les paupières rapprochées, et ce sourire ! « Voilà donc ce que je pense ! » s’écriera-t-il à la fin.
Il est plus difficile, et plus gai, d’être sincère que d’être juste.
II
Plus dangereux aussi. On ne possède pas la sincérité comme un bien à quoi l’on n’ait besoin de penser que parfois. Si je manque un instant à la surveiller, elle se tourne contre moi ; elle fait sentir dans toute l’âme sa claire et pernicieuse influence. C’est pourquoi elle me séduit si fortement : j’aime les vertus actives, tendues, celles qu’on ne peut laisser un instant à elles-mêmes sans qu’aussitôt elles bronchent ; celles qui sont toujours prêtes à se changer aux vices qu’elles côtoient ; celles qui exercent le plus intelligent de mon courage ; non pas celles qui me conservent, mais celles qui me dépensent.
De la sincérité d’abord je dois craindre qu’elle ne m’ôte toute foi à mes sentiments. Elle entre en moi comme une lumière habile à tourner tous les obstacles ; elle débrouille si bien toutes mes ombres que je vois trop parfaitement mes pensées. Sous chacune il y a une lueur ; déjà quelqu’un en moi sait d’où elle vient et ce qu’elle veut, et la regarde, averti : ce double mystérieux, plus instruit de moi que moi-même, on ne le trompe pas ; si profond que je sente, il m’a déjà prévenu ; il n’ignore pas où je veux en venir ; il m’épie toujours d’un peu plus loin qu’où je puis atteindre. Il ne me faut plus espérer de ces émotions lourdes qui montaient de moi-même, inconnues, et toutes chargées d’étonnements, et bonnes à découvrir ; plus de ces sentiments bien aveugles, bien bas dans l’âme, bien confondus avec elle, bien proches de ses assises. Il ne m’est plus possible de souffrir à mon aise, obscurément et seul. Car j’ai appris à m’aviser de tout. Contre l’ignorance on peut combattre ; mais comment s’empêcher de savoir ? La conscience est quelque chose qui revient toujours. — Elle se loge aux endroits les plus inattendus ; elle se perche parfois si bizarrement qu’on ne pense pas à l’apercevoir et que tout à coup on la croit disparue : enfin je vais être vraiment déchiré ! Mais comment n’ai-je pas encore remarqué ce grain de connaissance, cette imperceptible raillerie étouffée dans un coin de mon esprit ? Elle ne dit rien ; il lui suffit de se taire, elle a raison de moi sans bouger.
A ce premier danger de la sincérité je peux échapper par la violence. Il ne faut pas que je tienne compte de ce savoir secret. Parce que j’y assiste, le spectacle en est-il moins réel ? L’homme sincère est toujours un peu plus vrai qu’il ne pense. Il se voit, mais il est ce qu’il se voit être. O division intérieure, ô scrupules interminables ! Tout de même je n’invente rien, tout de même me voici bien coupable et triste, et ce visage brûlant de honte, comment serait-il composé ?
Mais si j’évite ce premier danger, un autre me guette dont je me débarrasserai moins facilement. Je l’appellerai le danger de l’intégrité de soi.
La moralité consiste à ne pas tenir compte de certains sentiments, à ne pas les apercevoir : elle passe, elle laisse de côté, elle sait ce qu’il faut craindre ; elle est une perspicace ignorance ; elle pressent, avant que la conscience ne les atteigne, nos mauvaises pensées et nous en détourne. L’honnête homme est celui qui ne voit pas le mal dont il est capable ; à son insu et spontanément il gouverne de façon à ne jamais le rencontrer en soi ; il préfère même à s’avouer un désir défendu quelque vilaine action vite enterrée. Être honnête, c’est n’avoir que des pensées avouables ; mais être sincère, c’est avoir toutes les pensées.
Il y a toutes les pensées dans une âme. Qui oserait à n’importe quel instant confesser à l’être le plus cher, le plus proche, son âme entière ? Deux personnes vivront jusqu’à leur mort dans une union étroite, impitoyable ; cependant, certain jour, à l’une d’elles une idée viendra qu’elle ne pourra confier à l’autre. — Car rien n’est impossible en moi ; il n’est rien à quoi je n’aie songé au moins une fois. Un homme me disait de sa femme qu’il aimait passionnément : « J’ai souhaité sa mort plus d’une fois, par grand espoir de retrouver cette liberté qu’elle m’a prise, et de tout ignorer à nouveau de l’avenir. » Et encore : « Mon désir le plus bas n’a pas épargné ce qu’au monde je respecte le plus. J’ai mêlé parfois des pensées brûlantes et la volupté la plus affreuse à l’image d’une femme que la parenté eût dû me rendre sacrée. J’ai tenu son corps contre le mien, j’ai baisé son visage avec des lèvres tremblantes, avec cet abattement mortel du plaisir. Je n’ai peut-être pas connu une femme belle à qui j’eusse pu dire sans honte tous mes sentiments. Cependant je ne suis pas un misérable. » Et j’ajoute : en moi non seulement des amours, mais aussi des haines que personne ne songe à soupçonner : haine de celui qui me fait du bien ; elle jaillit, brusque, au moment même où je le remercie ; rancune secrète d’une parole trop sincère qui m’a sauvé ; besoin trop ravissant de laisser se perdre celui que j’aime, quand un signe suffirait à l’avertir ; désir de troubler sa paix simplement parce que je le sens auprès de moi ne pas souffrir, violents assauts d’égoïsme comme de grandes inspirations cruelles qui tout à coup me font seul au monde, plein d’insulte et de joie ; longue méditation de petites perfidies dont il serait si amusant d’essayer la pointe ; remords de n’avoir pas profité de telle occasion de faire le mal ; calculs si bas qu’il semble que ce soit un autre qui les fasse. Et dans mon âme il y a encore toute la famille des idées ridicules ; elles apparaissent de côté comme des marionnettes ; elles se fichent en travers des grandes pensées, comme dans le regard qui contemple un vaste spectacle s’installe irrémédiablement le chapeau bossué d’un monsieur qui ne s’aperçoit de rien ; petits souvenirs biscornus d’un à-propos stupide, dont on ne peut s’empêcher d’être ravi ; intentions burlesques que l’on retient désespérément au bord de l’acte ; irrésistible envie de donner une chiquenaude derrière l’oreille à quelque inconnu trop sérieux. L’âme est pleine de parodies et de maléfices ; comme les eaux profondes, elle a ses monstres et ses bouffons. La sincérité les ramène dans son filet avec les autres proies.
Je prétends qu’il est meilleur de les connaître que de les ignorer. Une âme vraiment grande n’acceptera pas d’être honnête à la façon dont on est aveugle. Je tiens pour le plus honteux des vices cette dissimulation intérieure, cet art de s’éluder soi-même qu’on voudrait me donner pour la première des vertus. Je hais cette peur de soi. Je ne commencerai à valoir quelque chose qu’à partir de moi-même, que si je prends comme matière de mon effort tout ce que je suis. Si donc la sincérité déconcerte nos précautions morales, je ne songerai pas à lui en faire un grief.
Mais elle peut être la source d’un désordre plus subtil et plus grave. Toutes ces basses pensées de mon âme, tous ces mauvais génies, menus, sournois, pareils à des remords qui se moqueraient de moi, en les remarquant elle grossit leur importance. Elle les considère en eux-mêmes et, par là, leur communique une sorte de consécration. Abandonnés à leur propre mouvement, sans doute ils auraient tôt disparu ; ils s’évanouiraient tout de suite en d’autres sentiments plus profonds et plus vastes ; car leur sens naturel les mène à périr. Mais la sincérité les protège contre leur fugitivité ; elle prend chacun d’eux, lui reconnaît une place, se fait une religion de l’accueillir et presque de le respecter ; elle l’empêche d’être étouffé par d’autres qui le dominent, ainsi change-t-elle son essence qui était de passer en un clin d’œil. L’âme qu’à force d’équité elle finit par former est toute égale et immobile ; le cours en est arrêté ; à chaque instant elle présente tout son détail. L’homme sincère n’ose plus toucher à ses sentiments ; il aurait honte de les réformer, de plier le moindre d’entre eux ; il pense justifier ses actes raides, aigus, à la fois gauches et cruels, en disant : « Je suis ainsi. » Il en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’être différent. Il abdique tout empire sur ce que lui propose son âme ; il obéit à tout lui-même, sans songer que peut-être le vrai lui-même serait celui qui se maîtriserait et brusquerait ses inspirations trop complexes. Ainsi s’écarte-t-il insensiblement de sa nature pour n’en avoir voulu négliger aucun élément.
Nous aimons Stendhal pour son audacieuse patience à s’épuiser sans cesse complètement. Jamais il ne rencontre un de ses sentiments sans le connaître ; il entre en lui avec scrupule ; il le parcourt exactement dans toutes ses dimensions ; il en fait avec une minutie passionnée la découverte ; il consent à ses détails les plus comiques en même temps qu’à ses bassesses ; il subit tous ses calculs ; il se fait avec l’un mesquin et tatillon, comme avec un autre tout à l’heure il s’était fait magnanime. Jamais il n’esquive rien de lui-même. — Pourtant je ne puis l’aimer sans gêne, quelque chose en lui retient mon élan ; il m’apparaît déformé par l’exercice même de cette sincérité que j’admire en lui. Je le vois peu à peu saisi par l’isolement ; peu à peu il perd communication avec les événements ; il est si préoccupé de ne rien omettre de ce qu’ils lui font ressentir, qu’il omet d’y participer ; il ne prend d’eux que le psychologique ; ils deviennent pour lui des prétextes abstraits et indifférents ; il ne leur demande que de déclencher son âme. Il n’est pas embauché par eux, il ne travaille pas à leur besogne ; il ne connaît pas cette aise profonde de s’employer, cet oubli merveilleux que l’on goûte à être quelqu’un par quoi quelque chose de bien matériel et de bien bête est accompli. Vie stérile, et de plus en plus triste à mesure qu’elle s’avance ! Et quels événements après tout finit-il par mériter ? Conversations de salon, amitiés légères (il juge ses amis !), spectacles, intrigues d’un soir. De l’amour, où il excelle, il ignore la fidélité, qui est une chose dure, pesante, interminable, mais réelle comme le travail des champs. Quelles aventures dans ce monde où le voici réduit ? Il ne lui en arrive plus que dans ses romans. — Pauvre grande âme maladroite ! Elle est exclue de partout. On s’est passé d’elle. Plus rien ne lui est demandé. Elle est frappée du grand malheur d’être inutile. Elle était trop attentive, elle hésitait trop au moindre sacrifice ! — Stendhal s’est attaché comme un confident à sa propre personne ; il ne peut plus entrer nulle part avec celui-là qui le suit. Rien n’est plus terrible que sa mort brusque, sur un trottoir de Paris, au seuil de la vieillesse dont il s’était rendu incapable.
Mais, moi, je n’estime rien au-dessus de vivre, et ce dont d’abord je ne veux rien laisser échapper, c’est de vivre. Le véritable honnête homme est celui qui sait employer son âme comme il faut aux événements ; il n’ignore rien de ce qu’elle contient, mais il n’a pas perdu sur elle son autorité légitime, et il fait d’elle ce qu’il veut. — Il la connaît jusque dans ses plus secrètes malignités, il n’a pas de lui-même cette haute opinion si ridicule que l’on voit à tant de gens, il sent les poussées de l’esprit bas, il regarde hardiment sa méchanceté et sa laideur, il leur cède parfois et il en a remords. Mais il ne les admire pas ; il a d’autres soucis que de les protéger ; il passe outre. Il accueille les événements qui lui sont donnés et il travaille à les subir avec justesse. Comme un bon ouvrier met de l’ingéniosité à suivre le plan qu’on lui trace et, si l’usage de tel outil subtil et dangereux dont il eût bien aimé se servir n’est pas demandé, il y renonce et s’arrange pour montrer tout de même son intelligence et son invention, ainsi l’honnête homme rejette sans regret tous les sentiments que les circonstances ne font pas opportuns et trouve moyen d’engager dans l’affaire tout de même le meilleur de son âme. Il a soin de maintenir ses émotions secondaires à leur place et dans leur proportion ; il accepte que soient brisées quelques velléités étranges et fragiles, qu’il eût peut-être pu abriter en lui. Car il songe avant tout à former scrupuleusement sa souffrance à l’image de son malheur, et de telle façon qu’elle ne le déborde ni ne lui manque. Il préfère à garder son cœur intact et sans un vide, cet exquis mouvement plaintif qui déjà l’emporte et l’incline. Au lieu de s’amuser à son foisonnement, il cherche à le pencher exactement, à lui donner de la pertinence, une disposition bien sensible. Il veut répondre au coup qui le frappe par un cri pur, juste et surpris. Ses sentiments ne perdent pas leur tendance ; ils ne cessent pas de vouloir en venir à leurs fins ; ils méditent toujours des actes ; du moins ils se joignent pour faire un élan uni, un seul désir. Ainsi l’honnête homme demeure tout occupé à vivre, en échange perpétuel et dans une conversation liée avec les événements. On a besoin de lui, et il ne fera pas défaut.
Janvier 1912.