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Dictionnaire du bon langage: Contenant les difficultés de la langue française, les règles et les fautes de prononciation, les locutions vicieuses, les wallonnismes, les flandricismes, etc.

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But, s. m., point où l'on vise, terme, fin; le t se prononce lorsque le mot termine la phrase, ou quand il est devant une voyelle ou une h muette.

2. Ne le confondez pas avec butte, s. f., qui signifie un petit tertre, une petite élévation de terre.

3. On ne remplit pas un but, comme on remplit un tonneau; on l'atteint: il a atteint son but.

But-à-but, loc. adv., également, sans aucun avantage de part ni d'autre; on l'emploie surtout au jeu: jouer but-à-but, être but-à-but.

Buvable, adj., est français, mais il est familier; on dit plutôt potable.

Buvard.Papier buvard n'est pas français; dites, papier brouillard, pour signifier le papier dont on se sert pour faire sécher l'écriture fraîche.

2. Le buvard, s. m., est une sorte d'album où toutes les feuilles sont de papier brouillard, et dont on se sert pour faire sécher l'écriture fraîche.

C

C final.—Il ne se fait sentir qu'après une voyelle non nasale ou une consonne: arsenic (quelques-uns prononcent arseni contrairement à l'Académie), bac, hamac, lac, bec, pic, roc, bouc, caoutchouc, duc, busc, etc.; excepté pourtant dans arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau, broc, (voyez ce mot), accroc, raccroc, escroc, estomac, tabac, lacs (filets), cric, échecs (jeu), porc (on prononce ordinairement le c quand il est à la fin de la phrase et devant une voyelle), marc (poids), Saint-Marc, employé comme déterminatif, tels que la place Saint-Marc, le lion Saint-Marc; mais dans saint Marc, l'évangéliste, Marc, nom d'homme, le c se fait sentir; amict ne fait sentir ni le c ni le t. Dans le discours soutenu, la liaison peut avoir lieu pour les substantifs estomac, instinct, suivis d'un adjectif: estoma-kaffaibli, instin-kadmirable.—Le c se prononce également dans les noms propres Armagnac, Brissac, Balzac, Cavaignac (prononcez Cavagnac), Cognac, Nérac, Ravaillac.

Ça, interjection familière, dont les wallons abusent trop souvent dans les locutions suivantes: oui, ça! non, ça; régulièrement il faut la supprimer.

2. Il fera ça ou cela mieux une autre fois, est une locution wallonne; dites, il fera d'autant mieux... ou en revanche, il fera mieux. (Wall.)

3. Les flamands doivent éviter de commencer leurs phrases par le mot ça: ça est vrai, ça est bon, ça je dis, ça j'ai répondu, ça je ne sais pas; ils doivent dire simplement, c'est vrai, c'est bon, je dis cela, j'ai répondu cela, je ne le sais pas, à moins qu'on ne veuille insister particulièrement ou établir une sorte d'opposition: ceci est faux, cela est vrai; ceci est mauvais, cela est bon; quant aux expressions ça ou cela je dis, etc., cette inversion n'est jamais permise en français; il faut alors recourir à une autre tournure, par ex.: voici ce que dis, voilà ce que j'ai répondu.

4. Il est comme ça, c'est son caractère, est une expression française.

Cabaret, s. m.: faites le premier a bref.

Cabas, s. m., petit panier; l's ne se prononce pas.

2. Aller à cabasse, est une locution wallonne; dites, aller bras dessus, bras dessous.

Cabeliaud, n'est pas français; dites cabillaud (ll mouill.)

Cabus, adj. m., sans féminin, pommé; il ne se dit qu'avec le mot chou: des choux cabus; on ne prononce pas l's.—Cabusette n'est pas français; dites laitue pommée.

Cacao, s. m., amande du cacaoyer, base du chocolat; prononcez caca-o.

Cachément, Cachettement: ces mots ne sont pas français; dites en cachette, secrètement, en secret.

Cacis ou Cassis, s. m., arbuste, liqueur; prononcez câci-ce.

Cacophonie, s. f., son ou accord désagréable; ne dites pas cacaphonie.

Cadastre, s. m.; prononcez cadas-tre et non cadasse ni ca-das-tère.

Cadavre, s. m., corps mort; prononcez cada-vre et non cada-fe ni cada-vère: cadavre inanimé est un pléonasme ridicule.

Cadeau, s. m.—Ne dites pas: j'ai reçu ce livre en cadeau; dites, on m'a fait cadeau de ce livre.

Cadenas, s. m., serrure mobile; ne dites pas loquet pour cadenas; le loquet en effet est une fermeture très-simple que l'on met aux portes qui n'ont pas de serrure et à celles dont le pêne est dormant; il correspond assez bien au mot wallon cliche, clichette.

2. Ne confondez pas non plus le loquet ou le cadenas avec la targette, qui est une petite plaque de métal, portant un verrou plat, et qu'on met aux portes, aux fenêtres, etc., pour servir à les fermer.—Prononcez ca-d'-na et non ca-ne-na.

Cadre, s. m.—Ne dites pas: j'ai acheté de beaux cadres, pour de beaux tableaux: un cadre n'est que la bordure du tableau, de l'estampe. Voyez quadre.

Café, s. m.; prononcez café et non cafet.

2. On ne dit pas, boire le café, mais prendre le café: boire ne se dit que des liqueurs faites pour servir de boisson, pour désaltérer, comme l'eau, le vin, la bière, etc. Voyez boire.

Cafouiller ou Fafouiller, pour Farfouiller, sont des barbarismes: farfouiller signifie fouiller dans quelque chose avec désordre.

Cahier, s. m.; prononcez ca-ié, (h muette) et non ca-iet ni ca-hier, en aspirant l'h.

Cahotement, s. m.—Ce mot n'est pas français; dites cahot, pour exprimer les sauts que fait une voiture sur un chemin raboteux; et cahotage, pour marquer l'effet, le mouvement que produisent les cahots.

Cahotte, s. f., mot wallon, morceau de papier roulé en pointe de manière à pouvoir contenir quelque chose, se traduit en français par sac, sachet, cornet et rouleau qu'il ne faut pas confondre; on dit: un cornet de tabac, de café; un rouleau de pièces de cinq francs.

Caillé, part.; dites, du lait caillé et une dent cariée.

Caisse, s. f.—Ne dites pas, une caisse de montre; dites, une boîte de montre.

Câlin, adj. (l'a est long).—Ce mot signifie flatteur, cajoleur: un petit câlin, cet homme a l'air câlin; prendre un ton câlin; mais il ne faut pas l'employer dans le sens de méchant ou de saligaud, salaud, crapuleux. (Wall.)

Caleçon, s. m., sorte de culotte; ne dites pas, caneçon.

Calendrier républicain.—Pendant la révolution française, la Convention voulant faire commencer l'année au jour où la république avait été proclamée, abolit l'ère vulgaire, et data l'ère républicaine du 22 septembre 1792, le jour même de l'équinoxe d'automne. Les mois, au nombre de douze, se composaient uniformément de 30 jours, et étaient rangés dans l'ordre suivant: vendémiaire, brumaire, frimaire,—nivôse, pluviôse, ventôse,—germinal, floréal, prairial,—messidor, thermidor et fructidor. L'année était complétée par des jours épagomènes au nombre de 5, et de 6 dans les années sextiles. Au lieu de la division du mois en semaines, on adoptait une division en 3 décades, dont les jours s'appelaient primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, décadi. Le jour était divisé en 10 parties ou heures. Les noms des saints et des fêtes du calendrier grégorien étaient remplacés par une série de noms de plantes, de métaux, d'animaux, d'instruments aratoires. Exemple: vendémiaire, primidi, raisin; duodi, safran, etc. Le 1er des jours complémentaires fut consacré à la vertu, le 2e au génie, le 3e au travail, le 4e à l'opinion; le 5e était la fête des récompenses; le 6e, dans les années sextiles, la fête de la révolution. La période de 4 ans, au bout de laquelle avait lieu cette addition du 6e jour, formait une franciade.—Le Calendrier républicain avait été imaginé par Romme. La signification de ces mois n'était vraie que pour le climat de Paris. Il a duré moins de 14 ans; sa 14e année, commencée le 23 septembre 1805, finit le 31 décembre suivant: sur un rapport de Laplace au Sénat, un sénatus-consulte du 21 fructidor an XIII rétablit le calendrier grégorien à compter du 1er janvier 1806.

(Dictionnaire de Dezobry et Bachelet).

Calotte, gifle, pétard, coup donné sur la tête ou au visage avec la main; remplacez ces mots par taloche, claque, soufflet: gifle et calotte pourtant figurent dans les dictionnaires, mais ils sont populaires.

Calque, s., est masculin: un beau calque.

Calquer, Décalquer, v. n.—Calquer, c'est transporter les traits d'un dessin sur un papier: calquer un dessin, un plan.—Décalquer, c'est reporter le calque d'un dessin sur du papier, sur une toile, sur une planche, etc.

Calville (pomme).—Dites pomme calville ou pomme de calville et non calvine ni calvi.

Camail, s., vêtement ecclésiastique, et des chanoines ainsi que des évêques en particulier; ce mot est masculin; le pluriel est camails.

Cambouis, s. m., graisse noire formée du vieux oing, dont on a enduit les roues; écrivez et prononcez cambouis et non cambuis.

Campagne.Être à la campagne, c'est être en promenade à la campagne ou être dans une maison de campagne, pour y passer quelque temps; être en campagne, c'est être en mouvement, hors de chez soi, qu'on voyage pour son plaisir ou pour ses affaires: quand il est à la campagne, il met tous ses gens en campagne, pour lui procurer des vivres. Ces observations s'appliquent également aux locutions: aller à la campagne et aller en campagne.

Canaille, s. f.—Ne dites pas: cette personne est une canaille; ce commissaire est une canaille qui mérite la potence. Ce mot n'est pas français dans ce sens; remplacez-le selon le sens par: un gueux, coquin, fripon; un bandit, malfaiteur, vagabond; un drôle, un maraud, un gredin, un pied-plat, un infâme, un chenapan.—Canaille est un terme de mépris qui se dit de la plus vile populace: il fut insulté par la canaille.—Il se dit aussi des gens de toute condition pour lesquels on veut témoigner du mépris: il nous traite de canaille.—Il se dit quelquefois, par plaisanterie, des petits enfants qui font du bruit, qui importunent: faites taire cette petite canaille.

Cangrène: voyez gangrène.

Caout-chouc, s. m., résine élastique; prononcez caoute-chouke.

Capable, adj.—On dit: cet homme est capable de bien se battre, et non, à, pour se battre; capable n'est jamais suivi des prépositions à ou pour.—Voyez susceptible et assez.

Capillaire, capillarité, capillation, capillature: prononcez les deux ll sans les mouiller.

Capitaine: prononcez comme c'est écrit, capitaine et non captaine.

Capot, adj., 1o confus, interdit; 2o terme de jeu, qui n'a fait aucune levée; cet adjectif est des deux genres et des deux nombres; ne dites donc pas d'une femme: elle est demeurée capote; mais capot.—Prononcez capo (o bref).

2. N'employez pas capot dans le sens de frit, fricassé, cassé, brisé, perdu: cet homme est frit; cet argent est fricassé; tout est frit; ce vase est cassé; cette canne est brisée; cet homme est perdu (et non capot ni capote). (Fland.)

Capote, ne se dit proprement que d'une espèce de redingote à l'usage des soldats; dans tout autre cas, servez-vous des mots redingote, frac (s. m. un frac).

Caprice, est masculin: un caprice bizarre.

Capuce, s. m.; ne dites pas: il rabattit sa capuche sur son visage; dites, son capuce, ou bien, son capuchon, (couverture de tête qui fait partie de l'habillement de certains religieux.)—Capuche n'est pas français.

Car en effet, pléon. vicieux; dites seulement, car ou bien en effet; ces deux locutions signifient la même chose.

Caracole, est un mot wallon; dites limaçon ou colimaçon.

Caramel, bonbon, est un s. m.: aimez-vous le caramel? le caramel est bon pour le rhume; mettre du caramel dans une sauce. (Acad.) Quoique l'Académie ne donne pas d'exemple de ce mot employé au pluriel, nous croyons pourtant qu'on peut dire des caramels, pour désigner les petits bonbons sucrés, de forme carrée ou oblongue, renfermés dans du papier: cet enfant aime mieux les caramels que les dragées.

Carbonaro, s. m., au pl., carbonari, nom des membres d'une société secrète d'Italie; ce mot signifie proprement charbonnier.

Caresse, s. f.—Ne dites pas: donner des caresses; dites, faire des caresses.

Carolus, s. m., ancienne monnaie: prononcez caroluce et non carluce.

Carotte, s. f.—Tirer une carotte à quelqu'un, c'est-à-dire, obtenir adroitement d'une personne ce qu'elle n'avait nulle envie de donner, est une locution basse et populaire.

Carpette, mot anglais qui n'est pas francisé; dites, tapis de pied, comme on dit, tapis de table, tapis de billard: carpette se dit en français d'un gros drap rayé pour emballage.

Carré, ne peut pas s'employer pour quadrille (sorte de danse).—Carré ne se dit pas non plus pour palier: nous logeons sur le même palier et non, sur le même carré.

Carreau, s. m.—On doit dire un carré de papier ou un quart de feuille, et non un carreau de papier: écrire une note sur un carré de papier; mais on dit, un carreau de vitre ou simplement un carreau.

Carrosse, voiture suspendue, est masculin: un beau carrosse.—Ne dites pas: il roule carrosse, il roule en carrosse; dites, il a un carrosse, il a un équipage.

Carrousel, s. m., tournois: prononcez carou-zèle et non caroucèle.

Cartabelle, s. f., le petit livre qui indique la manière de réciter l'office, se nomme, en français, un directoire; cartabelle ne figure pas dans les dictionnaires, mais il est usité en Belgique.

Carte, s. f.—Ne dites pas une carte de mort, mais un billet de part, un billet d'enterrement.

2. Ne dites pas: ce professeur donne des leçons à un franc la carte; dites, à un franc le cachet.

Carter, dans le sens de mêler ou de faire les cartes, n'est pas français; écarter (et non carter) est un terme du jeu de piquet.

Cas.En cas que, au cas que, se disent indifféremment et sont des locutions conjonctives qui régissent le subjonctif.

2. On dit en cas d'empêchement, en cas de malheur; et non, au cas d'empêchement, etc.

3. Cas (faire): on dit, faire cas, faire grand cas, ou ne faire nul cas de quelqu'un ou de quelque chose; on ne dit pas, faire du cas, faire un grand cas de...; toutefois, on dit très-bien: j'en fais beaucoup de cas.

Casaque, habillement dont on se sert comme d'un manteau, et qui a ordinairement les manches fort larges: ce mot est féminin.

Casemate, s. f., souterrain voûté d'une citadelle: prononcez cazemate et non cacemate ni casemaque.

Casino, s. m., société de jeu, de danse: prononcez cazino et non cacino.

Cassonade, s. f., sucre non raffiné: prononcez cassona-de et non cassona-te ni castonnade.

Casuel (accidentel), ne doit pas s'employer pour cassant, fragile; il faut dire: la porcelaine est cassante, fragile, et non casuelle.

Cataplasme, est masculin: appliquer un cataplasme; prononcez cataplas-me et non catapla-me. Voyez asme.

Catéchisme, s. m.: prononcez catéchis-me et non catéchime, catéchisse, catéchim-se, catégisme.

Catherine, n. pr.: écrivez et prononcez Catherine et non Cathérine.

Cause (à).—A cause que, signifiant parce que, est français, quoi qu'en disent MM. Chapsal et Poitevin; au mot par, l'Académie dit: parce que, à cause que; et au mot cause, elle dit: à cause que, parce que.

2. Ne dites pas: c'est cause de vous que j'ai perdu mon livre; dites, c'est à cause de vous.

3. Ne dites pas non plus: je suis tombé, c'est vous la cause; mais, c'est à cause de vous ou c'est vous qui en êtes la cause.

Causer, dans le sens de parler; ne dites pas: je lui ai causé longtemps; mais, j'ai causé longtemps avec lui; j'ai causé avec lui de cette affaire (et non je lui ai causé de cette affaire).

2. Ne dites pas: nous nous causerons une autre fois; dites, nous causerons...Se causer n'est pas français.

Causette, n'est pas français; dites causerie ou conversation, selon le sens.

Causeur, fait au féminin causeuse et non causeresse.

Cave, Esclave, Rave, etc.: prononcez comme c'est écrit, et non ca-fe, escla-fe, ra-fe. Voyez v final.

Ce, Cela.—Ne dites pas: cela ne vient pas à huit jours; dites, huit jours de plus ou de moins n'y font rien ou ne font rien à l'affaire. (Fland.)

2. Ne dites pas: c'est ce que je me plains; mais, c'est ce dont je me plains.

3. Ne dites pas: c'est moi qui a, c'est moi qui est; c'est vous qui a, c'est vous qui est; dites, c'est moi qui ai, c'est moi qui suis; c'est vous qui avez, c'est vous qui êtes; c'est nous qui avons, qui sommes, etc.

4. Ça ou cela voulait bien tomber que telle ou telle chose était arrivée.—Quand on veut parler d'une circonstance favorable, d'un heureux hasard, qui arrive dans un certain temps, on dit en flamand: ça voulait bien tomber que... Cette expression ne peut pas s'employer en français; il faut dire par exemple: c'était une circonstance favorable, un heureux hasard que votre frère aîné fût là pour prendre votre défense. (Fland.)

5. Ne dites pas: cela m'étonne que, cela ne me surprend pas que... dites, je m'étonne que ou je suis étonné que; je ne suis pas surpris que...

6. Cela va sans parler, barbar.; dites, cela va sans dire.

7. Ne dites pas: c'est aujourd'hui quatre mois que Jean est mort; dites, il y a aujourd'hui quatre mois que... (Fland.)

8. Ne dites pas non plus: ça été hier trois ans que...; ce sera demain six semaines que... dites, il y a eu hier trois ans que...; il y aura demain six semaines que... (Fland.)

9. C'est... c'était.—Ne dites pas: c'est bien étonnant que...; c'est temps de dîner; c'était dix heures, quand nous arrivâmes; c'était minuit précis, lorsque les voleurs entrèrent; c'était temps qu'il se corrigeât; mais dites, il est bien étonnant; il est temps; il était dix heures; il était minuit précis; il était temps qu'il se corrigeât. (Fland.)

10. Ne dites pas: c'est beau temps aujourd'hui; dites, il fait beau temps, il fait beau aujourd'hui. (Fland.)

11. Ne dites pas: c'est fini avec moi, avec lui; dites, c'est fait de moi, de lui. (Fland.)

12. Ne dites pas: c'est inconcevable les arbres qu'il y a dans ce jardin; dites, vous ne sauriez croire combien il y a d'arbres... (Fland.)

13. Ne dites pas: c'est certain que les enfants étaient plus soumis autrefois; dites, il est certain...

14. Ne dites pas: c'est midi, c'est six heures; il est temps que je retourne; dites, il est midi, il est six heures... (Fland.)

15. Ne dites pas: saluez ce Monsieur; dites, saluez Monsieur. Ce, devant monsieur, dame, demoiselle ou devant un nom propre, est toujours injurieux. Ne dites pas: celui-ci, celle-ci prétend que (en parlant d'une personne présente) cette chose est; ce terme est impoli et inconvenant; dites, Monsieur, Madame, Jean, Jeanne, prétend que...

16. C'est à vous à, signifie ordinairement, c'est votre tour de: c'est à vous à jouer;—c'est à vous de veut dire, c'est votre droit de: c'est à vous de jouer le premier; ou, c'est votre devoir de: c'est à vous de donner l'exemple.

Céleri, s. m., plante potagère: prononcez cél'ri et non céléri.

Cence, Cencier.—Ces mots ne sont guère usités; on dit plus communément, ferme, fermier.

Cendrisse.—Ce mot n'est pas français; dites: cendres.

Cens, s. m., redevance en argent: prononcez sance.

Censé, ée, réputé, est simplement adjectif: vous êtes censé l'avoir fait; ne le confondez pas avec sensé, qui a du bon sens, qui est conforme à la raison: personne sensée, discours sensé.

2. Censément, n'est pas français; ne dites pas: il est censément docteur; dites, il est censé docteur.

Cent et Vingt, prennent une s quand ils sont précédés d'un autre adjectif numéral qui les multiplie: quatre-vingts enfants; ils sont quatre-vingts; deux cents hommes; ils sont deux cents.—Exceptions: quoique multipliés par un autre adjectif numéral, vingt et cent sont invariables:—1o quand ils sont suivis d'un autre nombre: quatre-vingt-un ans, quatre-vingt-deux ans, deux cent trois ans, etc.; Mathusalem vécut neuf cent soixante-neuf ans.—2o Quand ils sont employés par abréviation pour vingtième, centième, parce qu'alors ils déterminent un substantif singulier exprimé ou sous-entendu: numéro quatre-vingt, page deux cent, l'an trois cent, en dix-sept cent, l'an mil huit cent, l'an mil huit cent cinquante-neuf, c'est-à-dire, numéro quatre-vingtième, page deux centième, l'an mil huit centième, etc.—Cent, employé pour centaine, devient substantif et prend la marque du pluriel: deux cents de fagots.

Centaure.—Ne dites pas: ce musicien a une voix de centaure; dites, une voix de stentor.—Centaure est un monstre fabuleux, tandis que Stentor est le nom d'un grec célèbre par la force de sa voix.

Centime, Décime, sont masculins comme les termes du système décimal: un centime, un décime (dix centimes).—Cents est aussi masculin: un cents; mais ce mot ne peut plus s'employer aujourd'hui, en Belgique, que pour désigner la monnaie hollandaise qui correspond à peu près à nos pièces de deux centimes; remplacez donc ce mot par le mot centime: deux centimes, pièce de deux centimes, cela coûte quatre centimes, etc.

Cep, s. m., pied de vigne: prononcez cèpe.

Cerf, s. m., bête fauve de l'ordre des ruminants; prononcez cerfe, lorsqu'il est seul ou à la fin d'un mot et cère lorsqu'il s'appuie sur un autre mot. (Poitevin, Dict.)—Dans serf (au fém. serve) on fait toujours sentir l'f. (Acad.)

Cerise, Cerisier.—Ne dites pas cérise, cérisier.

Certain, aine, adj.—Une certaine chose, est une chose non désignée; une chose certaine, est une chose vraie, sûre.

Cesser, Décesser.Il ne décesse de parler, est une expression vicieuse, quoique très-commune; dites, il ne cesse, il ne discontinue pas de parler, il ne déparle pas.

Ceux, pr. p.—Ne dites pas: il y en a de ceux qui parlent; dites, il y en a qui parlent: prononcez ceu et non ceuze.

Ch.—Les flamands sont exposés à le prononcer comme une s: un sien, un sin, il se casse, panasse, siersier, siez, sicorée, etc., au lieu de, un chien, il se cache, panache, chercher, chez, chicorée, etc.—Ils ne doivent pas non plus donner à che le son de ge: panage, cravage, il se cage, il se fâge, pour panache, cravache, il se cache, il se fâche. Voyez archaïsme et sch.

Chacun.—On ne dit pas, un chacun, un quelqu'un; on dit simplement, chacun, quelqu'un.

2. Ne dites pas: ces livres me coûtent deux francs chaque; nous avons eu dix francs chaque; dites, six francs chacun, ou chaque livre me coûte deux francs; nous avons eu dix francs chacun; chaque est adjectif et veut toujours un substantif après lui.

Chair, s. f.—Ne dites pas: il est noir de chair; dites, il a la peau noire. Voyez noir.

Chaire prêchoire, barb.—Dites chaire de vérité ou simplement chaire (n'écrivez pas chair); ne dites pas non plus chaise.

Chako, s. m.: on écrit aussi schako et shako; au plur. chakos.

Chaland, signifie pratique, acheteur: il a perdu ses chalands; un nouveau chaland; attirer les chalands.

Châle, s. m., vêtement de femme: on écrit aussi, mais moins souvent, schall et shall.

Chalet, s. m., nom des maisons des paysans suisses, etc.; prononcez l'a et l'e brefs, chalet et non châlet ni chalais.

Chambellan, s. m., officier de la chambre du roi; ne dites pas chamberlan ni chambrelan.

Chambran, s. m., barb.; dites chambranle pour désigner l'encadrement de bois qui se place aux portes, aux cheminées: le chambranle; (masculin).

Champignon.—Dites, il y a un champignon à la chandelle, et non, il y a un voleur.

Chandeleur, s. f., fête de la Purification, 2 fév.; la fête de la Chandeleur; ne dites pas la Chandeleuse.

Chandelle de cire, pour cierge ou bougie.—Le mot chandelle se dit plus communément pour la chandelle de suif: les chandelles d'autel se nomment ordinairement cierges et quelquefois chandelles; bougie se dit des chandelles fines.

Changer.—Ne dites pas à une personne mouillée: changez-vous, allez vous changer ou allez changer; mais, changez de linge, changez de chemise, changez de vêtement.

2. Changer pour, changer contre: ces deux locutions se disent indifféremment: il a changé sa vieille vaisselle pour ou contre de la neuve.

Chanvre et Chènevis.—Le chanvre est la plante et le chènevis est la graine du chanvre; d'où il suit que l'on doit dire: donnez du chènevis à votre pinson, et non, du chanvre.

Chaque, adj. indéf.—Ne dites pas: il fait un voyage chaque huit jours; dites, tous les huit jours.

2. Ne dites pas: nous jouerons chaque à tour; dites, tour-à-tour. Voyez chacun.

Char à banc, s. m., s'écrit sans trait d'union; au pluriel chars à bancs.

Charcutier, s. m.—Autrefois on nommait chaircutier, celui qui vend de la viande de porc; aujourd'hui on dit seulement charcutier, charcutière (et non charcuitier, ière).

Chardonneret, s. m., oiseau; ne dites pas, chardonnet.

Charité, s. f.—Les dames de charité, sont les dames du monde qui concourent à une œuvre de bienfaisance; les dames de la charité, sont des religieuses qui soignent les pauvres, les malades, etc., et qu'on appelle ordinairement Sœurs de la charité.

2. Ce mot peut se mettre au pluriel dans le sens d'aumônes: cette dame fait de très-grandes charités; et dans cette expression proverbiale: prêter des charités à quelqu'un, c'est-à-dire, chercher à faire accroire faussement qu'il a dit ou fait quelque chose de mal.

Charlatan, s. m., n'a point de fém. correspondant.

Charpie, s. f., linge effilé qu'on met sur une plaie.—Poix, s. f., matière résineuse qui provient des pins ou des sapins: le cordonnier enduit son ligneul de poix (et non de charpie.) (Wall.)

Charrée.—Ne dites pas, une charrée de bois, mais, une charretée de bois.

Charron et Charretier.—Le charron, est un ouvrier qui fait des charriots; le charretier est le conducteur d'une charrette; les wallons sont exposés à employer charron pour charretier.

2. Charretier, s. m.; on dit au féminin, une charretière.

Chasse, s. f., action de chasser; prononcez chace (a bref); Châsse, s. f., coffre pour les reliques; prononcez châce (a long).

Chasselas, s. m., raisin; prononcez chass'là.

Châssis, s. m., cadre de vitrage; prononcez châci.

Château: voyez maison.

Châtier, Châtiment, Châtiable: prononcez châthier, etc., â long et diphthongue. Voyez ti.

Chaud.—Ne dites pas: j'ai chaud les mains, les pieds ou des mains, des pieds; dites, j'ai chaud aux mains, aux pieds; ou bien, j'ai les mains, les pieds chauds. Il en est de même de avoir froid. Voyez froid.

Chauffer.—Dites, échauffer un appartement et non, chauffer.

Chaufferette et Couvet, ustensile pour chauffer les mains, les pieds; ne dites pas, chauffette.

Chausson, s. m., sorte de pâtisserie qui contient de la marmelade, de la compote ou des confitures, et qui est faite d'un rond de pâte replié sur lui-même; c'est ce qui se nomme en wallon liégeois golzâ.

Chauveté, s. f., état de ce qui est chauve; ce mot n'est pas français; dites calvitie: cette calvitie a été causée par la maladie.

Chef, s. m.—Ne dites pas: j'ai dix ans de chef, d'employé, etc.; dites, il y a dix ans que je suis chef, employé; j'ai dix ans de service.

Chemin de fer.—Dites: je suis venu par le chemin de fer, par tel convoi et non, avec le chemin de fer, avec tel convoi; ne dites pas non plus: je suis venu par ou avec la vapeur.

Chenal, s. m., conduit de bois ou de plomb qui recueille les eaux du toit et les porte dans la gouttière ou dans le tuyau de descente; on dit plus souvent, chéneau, pluriel, chéneaux; chenal, quoique l'Académie n'en dise rien, doit faire au pluriel chenaux.

Chenil, s. m., logement des chiens de chasse: prononcez ch'ni et non chenile.

Cheptel, s. m., bail de bestiaux; prononcez chètèle.

Cher, Chère, adj., s'emploie souvent comme adverbe pour modifier un verbe, et alors il est invariable: ces étoffes sont-elles chères (adj.)?—je les ai payées cher. (adv.)

Chercher après quelqu'un ou après quelque chose, est une locution vicieuse; dites, chercher quelqu'un ou quelque chose: qui cherchez-vous?Je cherche mon frère, je cherche ma montre.

2. Chercher querelle.—Les enfants disent souvent c'est lui qui me cherche; qui est venu me chercher; chercher, pris dans ce sens, n'est pas français; il faut dire: c'est lui qui me cherche querelle, qui me cherche noise, ou qui m'agace, qui me provoque.

3 Chercher, ne peut pas s'employer dans le sens d'apprendre; ne dites donc pas: où avez-vous cherché cette nouvelle; dites, où avez-vous appris cette nouvelle?

4. Ne dites pas: où avez-vous cherché pour ce mot? dites, où avez-vous cherché ce mot? (Fland.)

5. Ne dites pas non plus, voir après quelqu'un; dites, chercher quelqu'un.

Chérif, s. m., prince chez les Arabes ou chez les Maures. Il ne faut pas le confondre avec schérif ou shérif, officier municipal en Angleterre.

Chétif insecte: prononcez chéti-finsecte et non chéti-vinsecte.

Cheval, s. m.: prononcez cheval en appuyant fortement sur l'e et non jeval ni ch'fal; il en est de même de chevaux, cheveu, cheville, achever, écheveau, échevin.

Chevrettes, s. f., petites écrevisses de mer; ce mot n'est pas français; dites crevettes: aimez-vous les crevettes?

Chevrons, s. m. (en wallon, wère), pièces de bois placées sur les pannes (en wallon viennes), et qui soutiennent les lattes sur lesquelles on pose la tuile ou l'ardoise; voyez panne.—Chevron se dit aussi de deux morceaux de galon assemblés en angle, que les militaires ont le droit de porter sur la manche gauche de leur habit, après un certain temps de service: ce soldat a deux, a trois chevrons.

Chez.—Les Wallons abusent singulièrement de ce mot; ainsi ils diront: la servante de chez Simon, pour la servante de Simon; j'ai passé devant chez Pierre, pour devant la maison de Pierre; c'est un élève de chez les Jésuites, pour des Jésuites.

Chic, s. m.—Cet homme a du chic; cet ouvrier n'a pas le chic; etc.—Cette expression est de la dernière familiarité; on peut en dire autant de chicard, chicarder.

Chicaneur, euse, Chicanier, ère, adj. et s.—Le chicaneur aime à chicaner, principalement en affaires; le chicanier conteste, vétille sur les moindres choses.

Chien, s. m., animal domestique; prononcez chi-in et non chian, siïn, chin.

Chiffon de pain, gros morceau de pain, n'est pas français; dites, quignon de pain.

Chine.—Écrivez et prononcez échine: il s'est rompu l'échine (épine du dos).

Chiper, prendre, dérober, est français, mais il est très-populaire.

Chipote, dans le sens de chipotier, chipotière, n'est pas français.

Chipoteur.—Ce mot n'est pas plus français que façonneur, tripoteur, rancuneur ou rancuneux; dites, chipotier, façonnier, tripotier, rancunier, ière. Cependant on dit également bien chicaneur, euse, et chicanier, ière. Voyez ces mots.

Chique, s. m., petite boule de pierre ou de marbre qui sert à des jeux d'enfants; ce mot est wallon; dites, bille (ll mouillées): gobille se dit quelquefois aussi pour bille. (Bescherelle.)

Chiragre, s.f.;—chirographaire, adj. des 2 genres;—chirologie, s. f.;—chiromancie, s. f.; chiromancien adj.;—chiste, terme de chir. (on écrit plus souvent kyste; ne confondez pas avec schiste, pierre lamellée), s. m.—Dans tous ces mots, chi se prononce ki.

Chirer, pour déchirer, n'est pas français.

Chirurgien: prononcez chirurgien et non chirugien, cherurgien, cirugien, cirurgien.

Choir, v. n. et défectif.—Il ne s'emploie qu'à l'infinitif et au participe passé chu, chue, qui se construit avec être: il est chu.

Cholédologie, s. f.;—cholédoque, adj., masculin sans fémin.;—choléra,—cholérique,—chondrologie, s. f;—choraïque, adj.;—chorée, s. m.;—chorus, s. m.;—chorège, s. m.;—chorégraphie, s. f.;—chorégraphe, s. m.;—chorégraphique, adj.;—chorévêque, s. m.;—choriambe, s. m.;—chorion, s. m.;—choriste, subst. des deux genres;—chorographie, s. f.;—chorographique, adj.;—choroïde, s. f. Dans tous ces mots, cho se prononce ko.

Choléra-morbus ou simplement Choléra: prononcez koléra-morbuce, koléra (Acad.)—L'Académie écrit aussi coléra-morbus.

Choquer, ne s'emploie pas pour signifier pousser, bousculer, heurter: il m'a heurté en passant, et non, .... choqué; ces deux convois se sont heurtés, et non ... choqués.

Chose, s. f.—Évitez de vous servir de ce mot pour désigner, à la manière des enfants, une personne dont vous ne vous rappelez pas le nom: chose m'a dit; j'ai vu chose; j'ai dit à chose.

2. Ne dites pas: oh! Monsieur, c'était quelque chose! ajoutez, de beau, de magnifique; ou bien dites, c'était beau à voir. (Fland.)

3. Ne dites pas: il est fait la même chose que l'autre; dites, il est fait comme l'autre, absolument comme l'autre, ou, de même, tout de même que l'autre. (Fland.)

4. Prononcez chô-ze (ô long) et non choze ni chôce.

5. Chose (quelque).—Quelque chose est féminin dans le sens de quelle que soit la chose: quelque chose que je lui aie dite; ou au pluriel: quelques choses que je lui aie dites, je n'ai pu le convaincre.—Il est masculin quand il signifie une chose: quelque chose de fâcheux; quelque chose qu'il m'a dit m'a surpris.

6. Chose (autre).—Autre chose est masculin: quelque chose est promis, autre chose est accordé.

Choser, n'est pas français; ne dites pas: qu'est-ce que vous chosez là? dites, qu'est-ce que vous faites là?

Choucroute, s. f., chou aigre et salé; il s'écrit sans trait d'union et en un seul mot.

Chrême, s. masculin, huile sacrée, mêlée de baume: le saint Chrême;—crème (acc. grave), s. féminin, la partie la plus grasse du lait et nom de certaines liqueurs.

Chrestomathie, s. f., choix de morceaux d'auteurs réputés classiques dans une langue morte ou étrangère: la chrestomathie grecque de Boscha.—Prononcez chrestomathie (comme sympathie) et non chrestomacie.

Chrétienté, s. f., pays chrétien; écrivez et prononcez chrétienté (créthi-inté), et non, chrétienneté (créthi-ènn'té).

Christ: on prononce l's et le t dans ce mot: Chris-te; on ne les prononce pas dans Jésus-Christ, antechrist: Jésu-cri, antecri.

Chut, interj., paix, silence: prononcez chute.

Chute, s. f., mouvement d'une chose qui tombe, malheur, etc.: ce mot s'écrit sans accent circonflexe sur l'u.

Ci.—Les gens du peuple disent: cet homme ici, ce jardin ici; il faut dire, cet homme-ci, ce jardin-ci (avec le trait d'union).

2. Ci-inclus, ci-joint; voyez inclus.

Cicérone, s. m., guide des étrangers en Italie; prononcez cicérôné et non tchitchérôné ni chichérôné.

Cicogne, s. f., grand oiseau de passage; on prononce et on écrit aujourd'hui, cigogne.

Cigare, est masculin: un cigare, et non, une cigare.

Ciguë, s. f., herbe vénéneuse; prononcez cighû (u long) et non cighe ni cighu-we.

Cil, s. m., poil des paupières: prononcez cille (l mouillée). (Acad.)

Cime, s. f., le sommet d'une montagne, d'un arbre, etc.; écrivez cime et non cîme.

Cimetière, est masculin: porter un mort au cimetière; il faut bien se garder de prononcer cimetchière, cimitière ou cimetié. Voyez ti.

Cinq.—Devant une consonne, prononcez cin; cin francs, cin femmes; le q se fait entendre lorsque cinq est seul ou bien lorsqu'il est devant une voyelle ou une h muette et à la fin d'une phrase: cinq arbres (cinque), cinq hommes (cinque); nous sommes cinq (cinque); cinq (cinque) multiplié par cinq (cinque).

2. Ne dites pas: en tombant j'ai fait un cinq à mon pantalon (une déchirure); dites, j'ai fait un accroc (akrô).

Cypaye, s. m., soldat indien: prononcez cipa-ye, (comme paille) et non cipaî, (comme je paie, tu paies). (Acad.)

Circonspect, adj.; prononcez circonspek; cependant on peut aussi prononcer circonspè.

Ciseau, s. m. pl., instrument des couturières à deux branches, s'emploie ordinairement au pluriel: prêtez-moi vos ciseaux.—Cependant il s'emploie quelquefois au singulier: on n'a pas encore mis le ciseau dans cette étoffe; le chirurgien lui a donné trois coups de ciseau. (Acad.)

2. Ciseau, au singulier, est un instrument de menuisier.

Clair, e, adj.—Ne dites pas: le général fit une charge le sabre au clair; dites, le sabre au vent, au poing, le sabre haut, le sabre dégaîné.

Claquer, Craquer, v. n.—On dit, claquer des mains; faire claquer un fouet; ses dents claquent; il claque des dents.—On dit: ce lit craque; ce biscuit craque sous la dent.

Classe, s. f., ordre, leçon: prononcez clâce.

Claude: voyez reine-claude.

Clayon, s. m. ou Plat d'osier, se dit de la petite claie ronde sur laquelle on met du gâteau, de la tarte, etc.

Clef, s. f.—On prononce clé même devant une voyelle; quelques-uns écrivent clé. (Acad.)

2. Dites: tirez la clef de la serrure et non, tirez la clef en bas de la serrure.

3. Dites également: la clef est à la porte et non après la porte.

Clématite, s. f., plante; ne dites pas, clémentine.

Clerc, s. m., ecclésiastique, praticien; prononcez clère; le c final se prononce dans la locution: de clerc à maître.

Cliche, Clichette, s. f., mots wallons, que l'on fait trop souvent français.—Il faut le rendre, d'après ses acceptions diverses, par les mots: loquet, clenche, clinche, bouton et targette.

2. Le loquet est l'ensemble d'une fermeture très-simple que l'on met aux portes qui n'ont pas de serrure et à celles dont le pêne est dormant; il est composé d'un battant, d'un mentonnet, d'un levier ou bascule et d'un bouton.

3. Le mentonnet est la pièce de fer, fixée au chambranle de la porte, qui reçoit le bout de la clenche ou du loquet, pour tenir la porte fermée.

4. Le levier ou bascule est proprement un petit levier faisant bascule, sur lequel on appuie pour lever le loquet d'une porte; les mots clenche ou clinche correspondent très-bien à lever et bascule.

5. Le battant est la pièce de fer horizontale qui se lève ou se baisse à l'aide du levier et s'adapte au mentonnet pour fermer la porte.

6. Le bouton est une pièce de fer ou de cuivre qui est ordinairement de forme ronde ou ovale, en forme de croix brisée ou de crosse, et qui sert à tirer une porte à soi ou à l'ouvrir: tournez le bouton (Acad.)—N'employez pas les mots pommeau, clenche, clinche, crossette pour le mot bouton.

7. Le loqueteau est un petit loquet que l'on met ordinairement aux volets ou aux carreaux mobiles d'en haut d'une fenêtre, et auquel on attache un cordon, afin de pouvoir les ouvrir et les fermer aisément.

8. Targette, s. f., petite plaque de métal qui porte un verrou plat, et qu'on met aux portes, aux fenêtres, etc., pour servir à les fermer.

Client, s. m.—Les commerçants ont des pratiques, les hommes de loi ont des clients.—Prononcez cli-an et non cli-ian.

Cligne-musette, s. f., jeu d'enfants, où l'un ferme les yeux, tandis que les autres se cachent pour qu'il les cherche: jouer à cligne-musette ou à la cligne-musette.—Écrivez cligne-musette (trait d'union) et non clignemusette ni cligne-mussette.

Clissé, ée, adj., qui est garni, enveloppé d'une clisse (ou clayon), espèce de petite claie faite d'osier, de jonc: bouteille clissée, gourde clissée.

Cloaque, s. m., égout: prononcez clo-ake (deux syllabes).

Cloche, s. f., manteau de femme garni d'un capuchon et nommé pelisse dans certaines localités wallonnes.

Cloche-pied (à), loc. adv., sur un pied; ne dites pas: courir à croche-pied, mais, à cloche-pied.

Cloporte, s. m., insecte (en wallon cochon de cave, en flamand duizendbeen); ne dites pas clou-à-porte, mais cloporte.

Clou, s. m., petit flegmon très-douloureux qui a son siége dans la peau, est français: on l'appelle aussi furoncle (s. m.), surtout en terme de médecine.

Clouer et Clouter, ont une différence de signification bien marquée: clouter, c'est garnir de clous; clouer, c'est attacher avec des clous; d'où il suit qu'on ne peut pas dire clouer un clou, pas plus que chanter un chant; dites mettre, placer, ficher un clou, attacher avec un clou ou des clous.

2. Prononcez clou-er, je cloû et non clou-wer, je clou-we.

Club, s. m., société politique; prononcez clu-be et non clupe; plusieurs prononcent cloube, d'autres clobe. (Acad.)

Cocasse, adj. des 2 genres, plaisant, comique, ridicule; ce terme est populaire: personne cocasse, vêtement cocasse.

Code, s. m., recueil de lois; prononcez code (o bref) et non côde (o long) ni co-te.

Cœtera (et): voyez et cœtera.

Cœur (Avoir).—Ne dites pas: qu'ai-je cœur; je n'en ai cœur; dites, que m'importe; cela m'est égal, peu m'importe.

2. Avoir cœur (cure), est la vieille locution française avoir cure (habere curam), avoir soin, avoir souci de... Il est à regretter qu'elle soit tombée en désuétude; elle n'est plus usitée que dans quelques phrases familières, comme: a beau parler qui n'a cure de bien faire.

3. Ne dites pas: j'ai le cœur malade; dites j'ai mal au cœur.

Coi, adj., calme, tranquille; le féminin était autrefois coie; on ne dit plus aujourd'hui que coite.

2. Ce mot n'est guère usité que dans ces phrases familières: se tenir coi, demeurer coi. (Acad.)

3. La locution, chambre coite, (chambre bien fermée et bien chaude) a vieilli. (Acad.)

Coing, s. m., fruit astringent; on ne prononce pas le g.

Coléreux, adj.—Ne dites pas, c'est un homme coléreux; dites, c'est un homme colère ou colérique.

Colidor: ce mot n'est pas français; écrivez corridor et prononcez coridor.

Colla, Colle, Colli, Collo, Collu, initiales qui font toujours entendre les deux l: collatéral, collation, collection, collision, colloque, collusion.

Colle, s. f., menterie, hâblerie: quelle colle il débite là! ce terme est populaire.

Colophane, de la colophane, résine, est féminin; ne dites pas colaphane.

Colorer, Colorier.Colorer, c'est donner la couleur, de la couleur: le soleil colore les fruits; un vif incarnat colorait son visage; les raisins commencent à se colorer; le safran colore l'eau; l'art de colorer une injustice, le verre, le cristal. Au figuré, colorer signifie, donner une belle apparence à quelque chose de mauvais: colorer un mensonge; vice coloré.—Colorier, c'est appliquer les couleurs convenables sur une estampe, sur un dessin: je veux colorier cette lithographie; gravure coloriée; frontispice colorié; ce peintre colorie mieux qu'il ne dessine.

Colza, s. m., chou sauvage et huile tirée de sa graine; écrivez et prononcez colza et non golza. Voyez chausson.

Combien.—Ne dites pas: le combien du mois sommes-nous aujourd'hui? nous sommes le combien du mois? mais dites, quel quantième du mois avons-nous; quel est le quantième du mois? ne dites pas non plus: le quantième avons-nous; mais, quel quantième...

2. Combien est-ce que vous demandez pour?—Cette manière de demander le prix d'une marchandise n'est pas française; dites, combien vendez-vous...

3. Ne dites pas non plus: combien est-ce que vous avez payé pour ce livre? dites, combien avez-vous payé ce livre?

Commandement, s. m., ordre.—Prononcez comman-d'-ment (en faisant sentir le d) et non comman-n'-ment (en remplaçant le d par une n); il en est de même de, je demandais, je demeure, mandement, admettre, admission, administrer, etc.

Commander.—On commande quelque chose à quelqu'un et l'on commande à quelqu'un; ne dites donc pas: il faut savoir commander ses ouvriers; mais, à ses ouvriers.

2. Commander quelqu'un, ne se dit que quand il s'agit de commandement militaire: dix hommes furent commandés pour cette expédition; le régiment des guides est commandé par le colonel N.Commander à et le: voyez présider.

Comme.—Ce mot ne peut pas être employé pour que, à la manière des flamands; ainsi ne dites pas: il est aussi grand comme moi; vous avez reçu autant comme moi; dites, il est aussi grand que moi; vous avez reçu autant que moi.

2. Il neige comme; vous êtes comme si gai, sont des expressions barbares; il est bien plus simple de dire: il paraît qu'il neige; vous me semblez ou vous m'avez l'air d'être gai.

3. Comme pour.—Ne dites pas: j'étais comme pour pleurer, comme pour mourir; mais dites, j'étais disposé à pleurer, j'étais sur le point de pleurer, j'allais pleurer; on aurait dit que j'allais mourir, etc.

4. Comme si, ou si, ne doivent jamais être suivis du conditionnel (ce serait un flandricisme): c'est comme si vous viendriez me voir; s'il aurait fait ses devoirs, il ne serait pas puni; dites, c'est comme s'il venait me voir; s'il avait fait ses devoirs, etc.

5. Comme de juste, est un barbarisme; dites, comme il est juste, comme il est raisonnable, et mieux comme de raison.

6. Comme il parle, au lieu de, à l'entendre, est un flandricisme; ne dites donc pas: comme il parle, on le prendrait pour le premier avocat du pays; dites, à l'entendre parler, on le prendrait...

7. Ne dites pas: il m'a dit comme ça, qu'il allait partir: retranchez comme ça, qui est inutile et ridicule.

8. Ne dites pas: comment est-ce qu'on dit, qu'on fait? dites, comment dit-on, comment fait-on?

9. Ne dites pas: si j'étais comme vous, voici ce que je ferais; dites, si j'étais de vous, si j'étais à votre place...

10. Comme tout.—Ne dites pas: il est sage comme tout; dites, il est fort sage, il est parfaitement sage.

Commencer, Finir.—On dit, commencer par, finir par et non commencer avec, finir avec: il commence son déjeuner par le café et finit par des fruits.

2. Commencer de, désigne une action qui aura de la durée: il avait commencé d'écrire sa lettre.—Commencer à, désigne une action qui aura du progrès, de l'accroissement: cet enfant commence à parler, à lire; le jour commence à luire.

Comment.Comment va-t-il avec vous; comment vous va; comment vous va-t-il?—Remplacez ces expressions par: comment vous portez-vous, comment va votre santé, comment vous en va? (Acad.)—Comment va-t-il avec vous, est un flandricisme; comment vous va et comment vous va-t-il, sont des expressions incorrectes.

2. Il y a de ridicules façons de parler, auxquelles on se laisse aller quelquefois par insouciance ou par imitation; de ce nombre sont celles-ci: (comment vous portez-vous?) comme vous voyez; pas mal et vous, et la vôtre; comme un homme qui vient de chez son notaire; un spirituel magistrat, afin d'éviter un compliment banal, abordait ses amis en leur disant: pas mal et vous?

3. Comment ce que.Comment ce qu'on fait; comment ce qu'on dit? locutions employées par le bas peuple; il faut dire, comment fait-on, comment dit-on?

4. Ne dites pas non plus: comment est-ce qu'on raconte ce malheur? comment est-ce que cela est arrivé? Dites: comment raconte-t-on ce malheur? comment cela est-il arrivé?

Commerce.—Ne dites pas: mon frère fait commerce; mais, est dans le commerce, fait le commerce; il est commerçant, négociant.

2. Ne dites pas: les commerces ne vont pas; dites, le commerce ne va pas.

3. Ne dites pas: je fais plusieurs commerces; dites, j'ai ou j'exploite plusieurs branches de commerce.

Commodité.—Ne dites pas: cette famille a bien la commodité, a bien le moyen, est fortunée; mon cousin a bien la commodité de tenir un cheval; dites, cette famille est, vit dans l'aisance, elle est riche, elle a de la fortune; mon cousin a bien les moyens (et non le moyen) de..., est assez riche pour... Moyen, dans le sens de richesses, ne s'emploie qu'au pluriel; vous ne direz donc pas avec les wallons: mon voisin a bien le moyen; dites, mon voisin vit dans l'aisance, a de la fortune, etc.

Commun, une, adj.—Commune voix, désigne l'unanimité des suffrages, des voix; la voix commune est la voix vulgaire, la rumeur publique.

Compacte, adj. des deux genres, très-resserré, peu poreux; cet adjectif s'écrit au masculin comme au féminin; prononcez compak-te et non compake.

Comparer.—On dit souvent par inadvertance: cette étoffe, cette maison n'est pas à comparaître à celle-là; il faut dire, à comparer.

2. Comparer à, comparer avec.—Le premier suppose une analogie, un rapport commun de ressemblance entre les deux termes. Comparer avec éloigne l'idée de ce rapport, de cette ressemblance: il n'y a point d'église que l'on puisse comparer à celle de Saint-Pierre à Rome;—que l'on compare la docilité, la soumission du chien avec la fierté et la férocité du tigre. (Buffon.)

Comparoir, v. n., usité seulement à l'infinitif; mais il a vieilli et l'on dit aujourd'hui comparaître.

Comparution, s. f., action de comparaître devant le juge; ce mot s'écrit et se prononce comparution, quoique l'on dise apparition et disparition.

Compendium, s. m., abrégé; prononcez conpindiome: un compendium de théologie.

Comperose, s. f., vitriol; écrivez et prononcez couperose.

Complet, adj. fait au fém., complète et non complette.

Complétement, adv., d'une manière complète, s'écrit avec un accent aigu.

Compliment, s. m.—Ne dites pas: allons, Monsieur, sans compliment, acceptez notre dîner; dites, sans cérémonie, sans façon.—Sans compliment, signifie, sans flatterie: je vous dis sans compliment que votre dessin est fort beau.

Compris, part. passé de comprendre.—Y compris, non compris, sont invariables, comme prépositions, lorsqu'ils précèdent le substantif, et ils s'accordent avec lui lorsqu'ils le suivent: combien y avait-il de régiments y compris l'artillerie? il a dix mille francs de revenu, non compris la maison où il loge; ou bien, la maison où il loge non comprise.

Compte (en fin de) locution triviale, irrégulière et barbare; son équivalent consacré est, au bout du compte, qui n'est pas élégant. (Francis Wey.)

Compter.—Ne dites pas: il faut compter que je n'ai presque pas été me promener cette année; dites, à peine ai-je été me promener... On ne prononce pas le p dans compter, comptant, compte, comptoir, comptable, comptabilité.

2. Compter, espérer, promettre.—Ces verbes marquent une chose à venir; on dit, compter, espérer, promettre qu'une chose sera; ne dites donc pas: je compte que vous êtes sage; j'espère que vous avez bien travaillé; je vous promets que j'ai dit la vérité; dites: je crois que vous êtes sage; j'aime à croire, j'ai la confiance que vous avez bien travaillé; je vous assure que j'ai dit la vérité.

3. Compter, dans le sens de se proposer, croire, ne prend point la préposition de devant un infinitif: ainsi vous direz: il compte partir demain et non de partir (Acad.)

4. Ne dites pas: comptez que j'ai été malade et ne vous étonnez pas que j'aie perdu de l'embonpoint; dites, apprenez, sachez que j'ai été malade.

Concetti, s. m. pluriel, pensées brillantes et sans justesse; ce mot, en France, est toujours pris en mauvaise part; le singulier est concetto, mais il est peu usité.

Concombre, subst., plante potagère, est masculin.

Condamner, Condamnation, Condamnable: prononcez condaner, condanable, condanation; l'a de dam est bref, tandis qu'il est long dans damner, damnation, damnable (dâner, dânation, dânable).

Conditionnel.—C'est une faute d'employer le conditionnel après la conjonction si: si vous feriez, si vous iriez, si j'aurais écrit, etc.; dites, si vous faisiez, si vous alliez, si j'avais écrit, etc.: c'est là un latinisme et un flandricisme tout à la fois.

2. C'est encore une faute que d'employer le conditionnel présent ou passé pour l'imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif: je voudrais que vous feriez vos devoirs, j'aurais désiré que vous auriez bien étudié; cette faute est très-commune chez les wallons; pour l'éviter, il suffira de se rappeler que les verbes qui expriment la volonté, le désir, un ordre, fussent-ils même employés au conditionnel, gouvernent le subjonctif.

Conduire, Conduite: prononcez conduire, conduite (ui diphthongue) et non condouire, condouite, ni condu-wire, condu-wite.—Il en est de même de toutes les syllabes en ui, comme lui, je suis, je puis, puissant, suite, fuite, fuir.

Confesse, s., qui n'a point de genre; il ne s'emploie que précédé de l'une des prépositions à ou de: aller à confesse, venir de confesse.

Confiance, s. f.—On a confiance, on met sa confiance en ou dans; devant l'article il faut dans: avoir confiance en quelqu'un; mettre sa confiance en Dieu; mettre sa confiance dans les richesses; avoir confiance dans l'avenir.

Confirmer, v. a., conférer le sacrement de confirmation: l'évêque seul peut confirmer; ne dites donc pas: j'ai confirmé l'année dernière dans l'église de St-Antoine; dites, j'ai été confirmé...

Confiteor, au pluriel, des confiteor; on prononce confitéor. (Acad.)

Confort ou Comfort, s. m., assistance, secours: donner aide et confort; dans cette acception il est vieux.—Aujourd'hui il se dit, pour signifier le bien-être matériel, le bien-être de la vie: les Anglais ont un grand amour pour le confort; prononcez con-fort.

Confortable ou Comfortable, adj., qui a rapport au confort, au bien-être matériel de la vie: les anglomanes emploient à tout propos le mot confortable; ils vous diront d'une maison qu'elle est confortable, etc.—Confortable, s'emploie aussi substantivement et se dit de tout ce qui contribue au bien-être matériel: les Anglais ont un grand amour pour le confortable.

Confrère, Collègue.Confrère se dit de tous les individus d'un corps, d'une société; les gens du même état sont aussi confrères. Collègue a une signification plus restreinte; il s'applique aux individus qui agissent ensemble et de concert.—Les professeurs d'un même établissement sont collègues, mais ils sont confrères par rapport aux professeurs d'autres établissements.

Conjoncture, Conjecture.Conjoncture, signifie circonstance et conjecture, supposition. Dans les malheureuses conjonctures, on fait de fausses conjectures.

Connaissance.—Dites: j'ai rencontré quelqu'un de ma connaissance ou une de mes connaissances et non, quelqu'un de mes connaissances.

Connaisseur.—On dit: ce monsieur est connaisseur en musique, en peinture; et non, connaisseur de musique, de peinture.

Connaître, v. a.—On ne dit pas: je connais ma leçon; il connaît son discours; mais, je sais ma leçon; il sait son discours; cependant on dit très-bien: je connais tel livre, telle personne, telle maison, telle langue.

Consanguin, ine, s.: voyez germain.

Consanguinité, s. f., parenté du côté du père; l'u fait diphthongue avec i (Acad.); il ne le fait pas dans consanguin, consanguine où le g est dur.

Conscription, Milice.—On dit, tirer à la conscription, à la milice, etc., ou bien: tirer au sort pour la conscription, pour la milice. On tombe à la conscription, à la milice et non dans ou de la conscription, etc. Voyez réquisition.

Conseiller quelqu'un et à quelqu'un.—Conseiller quelqu'un, veut dire en général, qu'on lui donne des conseils: son avocat le conseille bien, c'est-à-dire, lui donne de bons conseils; les courtisans conseillent parfois mal les souverains, c'est-à-dire, leur donnent de mauvais conseils.—Mais si l'on exprime l'objet du conseil que l'on donne, on doit dire, conseiller à quelqu'un: je lui ai conseillé de changer de conduite; la prudence conseille aux jeunes gens de fuir l'oisiveté et les mauvaises compagnies.

Conseilleur.—Ce mot est vieux et ne s'emploie plus guère que dans le proverbe: les conseilleurs ne sont pas les payeurs; il faut dans les autres cas se servir du mot conseiller (n'écrivez pas conseillier).

Consentir.—Ne dites pas: j'ai consenti dans la proposition qu'on m'a faite; mais j'ai consenti à la proposition...

Conséquent, se dit d'une personne qui est d'accord avec elle-même ou avec ses principes: cet homme est conséquent dans ses projets, dans sa conduite; c'est-à-dire qu'il est le même dans ses projets, dans sa conduite qu'en tout autre occasion. (Acad.)—Appliqué aux choses, il a à peu près le sens de l'adjectif conforme: il a une conduite conséquente à ses principes. (Acad.) Mais jamais ce mot ne peut signifier, considérable, important; il ne faut pas dire: une affaire conséquente, une somme conséquente, des propriétés conséquentes; mais, une affaire importante, une somme considérable, des propriétés considérables ou de grandes propriétés. Ce qui a pu donner lieu à cet emploi vicieux du mot conséquent, c'est qu'on dit très-bien, de conséquence, pour signifier qui peut avoir des suites importantes: une affaire de conséquence, une affaire de nulle conséquence. (Acad.)

2. Prononcez concéquent et non conzéquent ni conzèquent.

Consister: prononcez concister et non conzister.

Consolable, adj.—On ne le dit que des personnes (Acad.); cependant, au mot consoler, nous trouvons dans le Diction. de l'Académie l'exemple: consoler la douleur. Or, si l'on dit consoler la douleur, il suit nécessairement que la douleur est consolable. Il y a plus: d'après l'Académie, on peut dire: douleur inconsolable; et qu'est-ce qu'une douleur inconsolable sinon une douleur qui n'est pas consolable? Voyez inconsolable.

Consoler, Console, Consolation, Consolant, etc.; prononcez l's dure et non conzoler, conzole, conzolation, etc.

Consommer, Consumer.Consommer, v. a., achever, accomplir, mettre en sa perfection. Il se dit aussi en parlant des choses que l'on détruit en les faisant servir aux usages de la vie, comme vin, bière, viande, bois et toutes sortes de provisions: nous avons consommé nos provisions.

Consulte pour Consultation, conférence que l'on tient sur une affaire ou sur une maladie.—Ne dites pas: mon père est très-malade, il y a eu hier trois consultes; dites, ... trois consultations. Prononcez conçultations (s dure) et non conzultation.

2. Consumer, v. a., détruire, user, réduire à rien, sans but utile ou nécessaire pour celui qui détruit: le feu a consumé tout le bois; l'incendie a consumé la maison; la rouille consume le fer; les chagrins le consument.—Consumer signifie aussi, employer sans réserve; j'ai consumé tout mon temps à cet ouvrage.

3. Prononcez l's dure: conçumer, conçomer et non conzumer, conzomer.

Contact, s. m., attouchement; prononcez les deux consonnes finales: contak-te; prononcez de même compact, tact.

Contempteur, s. m., qui méprise; il n'a point de féminin correspondant.—Contemptible, adj., vil et méprisable: dans ces deux mots on prononce le p.

Contenir, v. a.—Ne dites pas: le bateau à vapeur contenait un prêtre, un officier et deux avocats; dites, dans le bateau à vapeur étaient...

Content, adj.—On doit dire, être content de quelqu'un et non sur ou après quelqu'un.

2. Ne dites pas: irons-nous à Verviers?—Je suis content; dites, volontiers.

3. Ne dites pas: je suis content de ce qu'il me quitte; dites, je suis content qu'il me quitte.

4. Ne dites pas: il était content pour avoir terminé ses devoirs; dites, d'avoir terminé...

Contenter (se), v. pron.—Ne dites pas: je me contente avec du pain et des fruits pour mon déjeuner; dites, je me contente de pain et de fruits...

Contigu, Proche: voyez proche.

Continuer à, Continuer de.Continuer à, c'est poursuivre sans interruption une chose commencée, avec une intention dirigée vers un but: il continuait à lui dire des injures, à le frapper; continuer à bien vivre; il continuait à faire la guerre.—Continuer de signifie ne pas cesser, avec idée d'interruption: continuez de vous former le style; ou bien, ne pas cesser, sans interruption, mais en même temps sans que la phrase indique une intention dirigée vers un but: il continue de pleurer; la rivière continua de couler.

Contradicteur, s. m., n'a point de correspondant féminin.

Contraindre, v. a.—Devant un infinitif on dit, contraindre à et contraindre de; Laveaux établit une distinction qui nous paraît assez juste.—Contraindre à suppose un but, une tendance, une action; il faut donc préférer à toutes les fois que ces idées sont comprises dans la phrase, et de, dans tous les autres cas: on le contraignit à marcher, à s'avancer, à se battre: il s'agit ici d'une action.—Mais on dira: on le contraignit de se taire, de se tenir en repos, de prendre la fuite, de s'enfuir, de rester; c'est ici une cessation d'action.—L'Académie a observé cette différence dans ces deux phrases: on le contraignit à se battre; la ville fut contrainte de se rendre.

Contre.—Ne dites pas: je suis contre les plaisirs du monde, parce qu'ils détournent des devoirs envers Dieu; dites, je suis opposé aux plaisirs, j'ai de la répugnance pour....

2. On ne dit pas, être fâché sur quelqu'un; le chien aboie sur les passants, mais, être fâché contre quelqu'un; le chien aboie contre les, après les ou aux passants.

3. Ne dites pas: laisser la porte toute contre, mais tout contre.

4. Ne dites pas: il a passé tout contre moi sans me reconnaître; dites, tout près de moi; on dit, s'asseoir près de quelqu'un et non, contre quelqu'un. Mais en parlant des choses, on dit bien: j'étais assis contre le mur; ce champ est contre le bois (pour dire qu'il y touche).

5. L'expression par contre, n'est pas française, rendez-la par: en revanche, mais, du reste, du moins, au contraire: il avait mal dîné, mais, en revanche, il a bien soupé; il est bourru, du reste il est bon et humain; si cet ouvrage n'a pas le mérite de la perfection, il a du moins celui de la nouveauté.

Contredire, dédire, interdire, médire, prédire, font à la seconde personne du pluriel du présent de l'indicatif, vous contredisez, vous dédisez, vous interdisez, vous médisez, vous prédisez;—maudire fait, vous maudissez.—Il n'y a que dire et redire qui fassent, vous dites, vous redites.

Contrefaction, s. f., action de contrefaire, de falsifier, terme de jurisprudence.—On dit plus souvent, dans le langage ordinaire, contrefaçon.

Contremander, révoquer l'ordre qu'on a donné; ne dites pas décommander.

Contrevention, s. m., infraction pour contravention; contraventoirement pour en contravention et contraventaire pour contrevenant, ne sont pas français.

Contumace, s. f., t. de jurisprud. crimin., le refus, le défaut que fait un accusé de comparaître devant le tribunal où il est appelé: être en état de contumace; condamner par contumace. Il est souvent synonyme de contumax, adj. de deux genres, t. de jurispr. crimin., accusé ou prévenu qui est en état de contumace et auquel on fait un procès: accusé contumax, il est contumax; il s'emploie aussi substantivement: le contumax vient de se présenter devant ses juges.

Convenir, signifiant plaire, veut avoir; signifiant être d'accord ou avouer, il prend être: cette maison nous ayant convenu, nous sommes bientôt convenus du prix; le propriétaire est convenu lui-même que nous n'avions pas été difficiles.

Copeau, s. m., éclat de bois (en wallon, estalle, en flamand, spaender, krol); dites, brûler des copeaux et non des skafelings, de l'escaufelin.

Coquemar, s. m., espèce de pot de fer-blanc, de cuivre, etc., ayant un long bec, et qui sert à faire bouillir ou chauffer de l'eau, du café: faire bouillir de l'eau dans un coquemar. Dites cafetière, chocolatière, théière, laitière, pour désigner le vase d'argent, de terre, de fer-blanc, de porcelaine, etc., qui sert à faire ou à servir du café, du chocolat, du thé, du lait.

Coran: voyez alcoran.

Corbeille d'enfant, le linge, les langes, le maillot et tout ce qui est destiné pour un enfant nouveau-né; corbeille, dans ce sens, n'est pas français; dites layette.

Coroner, s. m., officier de justice en Angleterre; on fait sentir l'r finale: coronère.

Corpendu ou Court-pendu, espèce de pomme rouge; ces mots ne sont pas français; dites capendu, s. m.: un bon capendu.

Corps, s. m.—Corps à corps: prononcez cor à cor et non cor za cor.

2. Ne dites pas: il réclamait à corps et à cri; dites, à cor et à cri, c'est-à-dire, à toute force.

Corpulence, s. f., taille de l'homme considérée par rapport à sa grandeur et à sa grosseur: cet homme a de la corpulence, il est corpulent; corporence et corporent ne sont pas français.

Coriace, adj., dur comme le cuir: cette viande est coriace; ne dites pas, tiliasse.

Correct, e, adj., sans faute; on fait sentir les deux r et les deux lettres finales, même au masculin: cor-rek-te; prononcez de même le c et le t dans abject, contact, direct, exact, infect, strict, tact.—Faites également sentir les deux r dans correcteur, correction, correctif, correctionnel, corrégidor, corrélatif, corrélation, corroborer, corroboration, corroder, corrodant, corrosion, correspondre, correspondant, corrompre, corruption, corrupteur, corruptible, corroyer, corroyeur.

Corridor, s. m., galerie; ne dites pas, colidor; prononcez coridor.

Corset, s. m.—Les femmes seules portent des corsets; ne demandez donc pas à un homme, avez-vous mis votre corset de laine, de coton? dites, votre gilet de laine, de coton.

Corsionnaire, plante potagère dont la racine, noire en dessus et blanche en dedans, se mange cuite, comme le salsifis; dites, scorsonère (subst. féminin) et non corsionnaire; on la nomme autrement, salsifis noir ou salsifis d'Espagne.

Cortès, s. féminin pluriel, assemblée des États (chambres, parlement) en Espagne et en Portugal: prononcez cortèce.

Cosaque, s. m.: prononcez cozaque (o bref) et non côsaque (ô long).

Côté, s. m.—Prononcez cô-té (ô long) et non co-té (o bref).

2. Ne dites pas: de l'autre de côté; dites, de l'autre côté.

3. Ne dites pas: de tous côtés ou de tous les côtés pour partout, à la manière des wallons: on rencontre des injustices de tous côtés ou de tous les côtés; dites, partout.

4. N'employez pas non plus côtés pour pays, environs: il demeure de vos côtés, ce malheur est arrivé de ses côtés; dites: il demeure dans vos environs, dans votre pays; ce malheur est arrivé dans son pays. Cependant on dit très-bien: il demeure du côté de Verviers; il est du côté de Namur. (Acad.)

Côte, Côtelettes: prononcez l'ô long et non cote, cotelettes.

Cou, s. m.—Quelquefois on dit par euphonie col, surtout en poésie. (Acad.)

2. Ne dites pas: quelle belle cravate vous avez dans le cou; mais, quelle belle cravate vous avez au cou.

3. Cou-de-pied, s. m., haut du pied; ne dites pas: coude-pied, coup-de-pied, cou-du-pied.—Le pluriel est cous-de-pied.

Coucher, Promener, Baigner.—Ces verbes, employés pronominalement, doivent toujours être accompagnés de me, te, se, nous, vous, se; ainsi ne dites pas: je vais coucher, promener, baigner, mais, je vais me coucher, me promener, me baigner.

Coudre, v. a., fut., je coudrai, (et non je couserai); cond. je coudrais; impératif, couds, cousons, cousez; prés. du subj., que je couse, que tu couses; ind. prés., je couds, nous cousons, vous cousez, ils cousent; passé déf., je cousis, tu cousis, etc., (et non je cousus, etc.); imparf. du subj., que je cousisse, que tu cousisses, etc. (et non que je coususse, etc.)

Couenne, s. f., peau de porc; écrivez et prononcez couenne (ou en diphthongue) et non couanne ni couaine.

Couler, Courir.—En parlant des liquides, il faut se servir du verbe couler: cette fontaine coule doucement; ce tonneau, ce baril coule de toutes parts. Cependant, lorsqu'il s'agit d'un liquide qui marche régulièrement et précipitamment, on emploie quelquefois le verbe courir: le ruisseau qui court dans la prairie; l'eau qui court; le sang court dans les veines. Mais il n'est jamais permis de dire: ce vase court; le lait court dans le feu; il faut dire, ce vase coule; le lait coule dans le feu.

2. Le verbe courir se conjugue avec l'auxiliaire avoir: ne dites donc pas, je suis couru, mais j'ai couru. Mais il prend l'auxil. être quand il signifie être suivi, être recherché: cet ouvrage est fort couru; ce prédicateur est fort couru.

3. Je cours à la ville; il court à perdre haleine; il part avec lui: prononcez je cour à la ville; il cour à perdre haleine; il par avec lui. Mais au pl. ils courent avec lui (il cour-tavec), etc.; il en est de même dans les cas analogues.

Couleur d'isabelle, couleur mitoyenne entre le blanc et le jaune, mais dans laquelle le jaune domine; dites, couleur isabelle, quoiqu'on dise également bien, couleur de rose et couleur rose.

2. Couleurs (peindre sous des).—«On ne peint pas plus sous des couleurs que l'on ne dessine sous un crayon. Ce contre-sens, ou plutôt ce non-sens, provient de la confusion qui s'est faite à la longue entre deux locutions analogues: peindre avec des couleurs;—voir ou peindre sous un jour.» (Francis Wey). Il est donc plus correct de dire: peindre avec des couleurs.

3. Couleur, est féminin: une couleur changeante; il est masculin, lorsque, avec le nom qui le suit, il désigne une couleur particulière ou une chose ayant cette couleur: le couleur de feu, le couleur de rose, un beau couleur de feu, un joli couleur de rose, comme on dit, le rouge, le rose, un joli rose, etc.

Coup.—Ne dites pas: cet homme a fait les cent coups (locution populaire); dites, a fait mille folies, mille excès.

2. Boire un coup d'eau, un coup de vin; au coup de midi, au coup de trois heures, sont des expressions françaises.

Couper, v. a.—Ne dites pas: le vent, la grêle, la neige coupent le visage; dites, ... cinglent le visage.

Couperose, s. f., vitriol; ne dites pas comperose.

Couple, est féminin, lorsqu'il signifie simplement le nombre deux, sans idée d'union, d'assortiment, d'assemblage: une couple d'œufs, une couple de pigeons, une couple de serviettes.—Il est masculin 1o quand il désigne le mâle et la femelle: un couple de pigeons suffit pour peupler une volière; 2o quand il désigne des êtres animés, unis par un sentiment ou pour toute autre cause qui les rend propres à agir de concert: un couple d'amis; un couple de fripons; un beau couple de chiens. (Acad.)—Prononcez cou-ple et non coupe, coupèle.

Courant.—On doit dire, le cinq, le six, le dix du courant. Ici on ne pourrait pas supprimer l'article, parce que le mot mois est sous-entendu; c'est comme si l'on disait le cinq, le six, le dix du mois courant.

Courrier, s. m., se dit de la totalité des lettres qu'on écrit ou qu'on reçoit par un seul ordinaire: lire son courrier, faire son courrier.

(Bescherelle, Poitevin).

Courroie, lien de cuir, est féminin; n'écrivez pas corroi.—Prononcez courroî et non courroiïe.

Cours, s. m., flux, course, étude; prononcez cour (ou long) même devant une voyelle et non cource.

2. Ne dites pas: il donne un cours d'italien; le professeur donne son cours; dites, il fait un cours, il fait son cours.—Mais on dit, donner des leçons, (quand il s'agit de leçons particulières): voyez leçon.

Court, e, adj.—Ne dites pas: je suis à court d'argent; le prédicateur est resté à court; dites, je suis court d'argent; le prédicateur est resté court.

Coûter.—Ne dites pas, coûte qui coûte, mais, coûte que coûte ou quoi qu'il en coûte; prononcez coûter ( long) et non couter (ou bref).

2. Coûter gros:—cela doit vous coûter gros, ce n'est pas le Pérou, sont des expressions populaires dont il faut éviter l'emploi; dites, coûter beaucoup, bel et bon.

3. Ne dites pas: les leçons de mon fils me coûtent dans les cent francs par mois; dites, à peu près cent francs par mois; me reviennent à près de cent francs par mois. Voyez cher.

Coutil, s. m., toile forte; prononcez couti et non coutile.

Couturière.Tailleuse est un mot provincial qui n'est pas admis par l'Académie.

Couvent, s. m. Ne dites pas: elle est entrée dans le couvent à 18 ans, dites, au couvent, comme on dit entrer au service pour se faire soldat. Entrer dans le couvent, c'est y aller pour le visiter, pour y voir quelqu'un.

Couvert pour couvercle; Couverte pour couverture, malle, mallette.—On ne dit point le couvert, mais le couvercle d'une tabatière, d'une cafetière, d'un vase quelconque; on ne dit pas la couverte, mais la couverture d'un lit, d'une chaise, d'un livre (ce qui sert à couvrir le lit, la chaise, le livre).

2. On ne dit point la couverte d'un écolier, mais la malle et mieux la mallette pour désigner le sac, ordinairement en cuir, où il renferme ses livres et ses papiers et qu'il porte suspendu à son dos à l'aide d'une courroie.

Couvi, adjectif, qui ne s'emploie qu'au masculin; il se dit, d'un œuf à demi couvé ou gâté pour avoir été gardé trop longtemps: un œuf couvi, des œufs couvis. Prononcez couvi et non couvice.

Crabe, poisson qui ressemble à une écrevisse et dont on mange la chair; ce mot est masculin: un gros crabe. Prononcez crâbe (â long).

Crachat, s. m., dans le sens de décoration, est de mauvais ton.

Craie, s. f.: prononcez craî ( long) et non craiïe.

Craindre, v. a.—Ne dites pas: je crains qu'il tombe; dites, je crains qu'il ne tombe.

Crainte.—Ne dites pas: je n'irai pas, crainte d'être entraîné; dites, de crainte d'être entraîné.

Cran, s. m., entaille qu'on fait à un corps dur pour accrocher ou arrêter quelque chose: craner, faire un cran.—Ne dites pas crain, crèner.

Crâne, s. m., tapageur, homme qui fait le rodomont: c'est un crâne, faire le crâne; on l'emploie quelquefois adjectivement: il est crâne, il a l'air crâne: ce mot est très-familier. (Acad.) C'est à tort que les wallons donnent à ce mot d'autres acceptions.

2. Crane (mot wallon), se rend par robinet (et non robin.)

Crapaud.—Dans certaines localités, on a assez l'habitude de donner aux enfants le nom de ce sale animal; il faut employer un des mots suivants: marmot, mioche, marmouset, etc.

Crapule, s. f., débauche, habitude grossière, excès dans le boire et le manger; il se dit quelquefois et par extension de ceux qui vivent dans la crapule: n'allez pas avec ces libertins, c'est de la crapule. (Acad.) Mais ce mot ne peut pas s'employer pour petit peuple, lie du peuple, populace, gens sans éducation, gens de rien.

Craque, craquer, craqueur, craquerie, menterie, se vanter, hâbler, hâbleur, hâblerie; ces mots, à l'exception de craquer, figurent dans le dictionnaire de l'Académie, mais ils sont de mauvais goût.

Crasser, se Crasser, figurent dans les dictionnaires; mais crasser se dit surtout des armes à feu; vous direz donc: cet enfant encrasse ses habits, plutôt que, ... crasse...

Crasseux, pour ladre, très-avare, est familier; crasserie, avarice sordide, n'est pas français; dites, crasse et mieux ladrerie.

Créancier, Débiteur.—Le créancier est celui à qui on doit;—le débiteur est celui qui doit.

Créer, v. a.—Prononcez cré-er et non cré-ier; prononcez de même créateur, créature, création; agréable, agréer, fléau, géant, Gédéon, néant, Léopold, Napoléon, récréer, réel, réellement, suppléer, théâtre, etc.

Crème, s. f.: voyez chrême.

Crémer, Écrémer.Crémer est un verbe neutre et signifie se couvrir de crème; il ne se dit que du lait: en été le lait crème plus qu'en hiver. Écrémer est un verbe actif qui signifie ôter la crème de dessus le lait: allez écrémer le lait, du lait.

Crêpe, subst., est masculin et féminin; il est masculin, lorsqu'il signifie un morceau d'étoffe noire et claire qu'on porte en signe de deuil: il porte un crêpe à son chapeau. Il est féminin, lorsqu'il signifie une pâte qu'on fait cuire en l'étendant sur la poêle; il correspond assez bien au mot wallon bouquette et au mot flamand struif.

Crésane ou Creusane, espèce de poire; dites crassane et non creusane ni crésane.

Cresson à la noix, n'est pas français; dites, cresson alénois.

Crête (de), c'est-à-dire, sur le côté le moins large, n'est pas français; dites de champ: mettre de champ, poser de champ des briques, des pierres, des solives.

Crétin, s. m., habitant goîtreux des Alpes, sourd, muet et idiot, et au figuré, homme stupide; ce mot n'a pas de féminin; écrivez et prononcez crétin, crétinisme et non cretin, cretinisme ni crètin, crètinisme.

Crever, v. neutre, signifie parfois mourir; en ce sens il ne se dit que des animaux: ce chien avala du poison et il en creva. (Acad.)

Cric, s. m., machine à lever; prononcez cri.

Cric-Crac, interj., bruit d'une fracture: prononcez crike-crake.

Crier, terme générique dont on se sert pour exprimer le cri particulier de chaque animal; il est ridicule de dire: ce chien, ce chat, ces grenouilles, ces corbeaux ne font que crier: les animaux ont chacun un cri particulier, et ce cri a un terme propre qui le désigne et qu'il importe de bien connaître.

2. Crier après quelqu'un; dites, appeler quelqu'un.

3. Ne dites pas: mon professeur m'a crié; dites, ... grondé, réprimandé.

4. Crier sur quelqu'un; on dit: crier contre quelqu'un.—Prononcez cri-er et non cri-ier.

Croc, s. m., instrument pour accrocher: prononcez crô; communément le c final ne se prononce point (Acad.);—croc-en-jambe, tour de lutte; prononcez crokanjambe.—Voyez c final.

Croche-pied: voyez cloche-pied.

Croire, v. a.—Ne dites pas: ne croyez pas à cet homme, il vous trompe; dites, ne croyez pas cet homme; croire à quelqu'un, c'est croire à son existence: croire aux revenants.

2. Ne dites pas: j'ai n'y crois rien; dites, je n'en crois rien.

3. Ne dites pas: j'ai cru être malade; mais, j'ai pensé, j'ai failli être malade.

Croisée, Fenêtre.—L'Académie définit ainsi le mot croisée: fenêtre, ouverture qu'on laisse dans le mur d'un bâtiment pour donner du jour à l'intérieur et qui est quelquefois divisée par un montant et par une ou plusieurs traverses.—Il se prend aussi pour le châssis vitré (la fenêtre proprement dite) qui sert à fermer cette ouverture. Les gens de bonne compagnie disent toujours fenêtre, à moins qu'ils ne veuillent parler d'une ancienne espèce de fenêtre à montants et à traverses en maçonnerie ou en bois.

Croître, v. n.—Écrivez je croîs, tu croîs, il croît (accent circonfl. pour distinguer ces personnes des personnes correspondantes du prés. de l'ind. de croire); nous croissons, etc.; passé déf., je crûs, tu crûs, il crût, (nous crûmes, vous crûtes), ils crûrent (accent circ. pour la même raison); fut., je croîtrai, tu croîtras, etc. (accent circ. à toutes les personnes de même qu'au cond.); je croîtrais, etc.; part. passé, crû, crûe.

Croix, s. f.—Ne dites pas faire une croix, pour faire le signe de la croix; voyez pile.

Crolle, ne se trouve pas dans les dictionnaires; il faut dire, boucle, anneau, cheveux frisés: une boucle de cheveux; friser à boucles; être frisé par anneaux.—Croller n'est pas français non plus; dites, boucler, friser, crêper.

2. Crolle ne s'emploie pas non plus pour copeau (éclat, morceau de bois que la hache, le rabot, etc., font tomber du bois): gros copeaux, menus copeaux; brûler des copeaux; le mot crolle, dans cette acception, est flamand.

Cron ou Cromp, pour tortu, courbé, arqué, voûté, de travers et crombain, pour bancal, bancroche, ne sont pas français, mais flamands.

Croque-noix, Croque-noisettes, ne sont pas français; dites, casse-noix, casse-noisettes.

Croquer, v. a., ne s'emploie pas dans le sens d'offenser, de piquer, piquer au vif.

Croup, s. m., maladie, espèce d'angine; prononcez croupe.

Croustillant.—Ne dites pas: cette pâtisserie est croustillante; dites, est croquante.

2. N'employez pas non plus ce mot pour plaisant, drôle: des contes croustillants; dites, croustilleux; ce dernier mot est familier et signifie plaisant, libre, graveleux. (Acad.)

Croûte, s. f., en style d'atelier, se dit des tableaux sans valeur: ce peintre ne fait que des croûtes.—Mais il ne s'applique pas aux personnes; ne dites donc pas: ce peintre n'est qu'une croûte.

Cru, s. m., terroir où quelque chose croît; il n'est guère usité qu'en parlant des produits agricoles et surtout du vin: ces foins, ces denrées sont de mon cru; du vin de mon cru, de son cru, de votre cru; ce vin-là est d'un bon cru.—Vin du cru se dit du vin fait avec le raisin recueilli dans l'endroit même où on le consomme: nous voulûmes goûter du vin du cru; il faut se défier du vin du cru; on peut dire également du vin du pays (et non de pays).

Crucifix, s. m.; prononcez crucifi et non crus'fi.

Cruel, elle, Cruauté; prononcez cru-el, cru-auté et non cru-wel, cru-wauté.

2. Un cruel enfant est un enfant insupportable; un enfant cruel est un enfant porté à la cruauté.

Ct.—Ces deux consonnes finales se prononcent dans tact, exact, contact, correct, direct, infect, abject, strict; mais il y a exception pour amict, district et pour toutes les terminaisons pect, tels que respect, aspect, suspect, circonspect, etc.; prononcez ami, distrik, respèk, aspèk, suspèk, etc.—Bien qu'on entende souvent dire respè, aspè, suspè, pour respèk, etc., cette prononciation n'est pas généralement admise par les grammairiens. (Hennebert.)

Cueillir, v. a., détacher de la tige; ne dites pas, cueiller; prononcez keuillir.

Cuiller, s. féminin; on prononce et quelques-uns écrivent cuillère. (Acad.)

Cuire, v. a.—On cuit les aliments et l'on fait bouillir les liquides; ne dites donc pas l'eau est cuite; faites cuire le lait; dites, l'eau a bouilli, est bouillante; faites bouillir le lait.

Cul, s. m., derrière d'une charrette, d'un tombereau: mettez cela au cul de la charrette; mettre une charrette à cul (les timons en l'air).—On ne prononce point l'l et quelques-uns la suppriment dans l'écriture; prononcez de même cul-de-jatte (estropié), cul-de-lampe (ornement d'architecture), cul-de-sac (impasse).

2. Cul de chandelle pour bout de chandelle et hochecul pour hochequeue (oiseau), ne sont pas français: hochequeue est masculin.

Culotte.—On peut dire indifféremment une culotte, des culottes, une paire de culottes; il n'en est pas de même du mot pantalon, qui dans ce sens ne s'emploie qu'au singulier: j'ai mis un pantalon neuf et non, des pantalons neufs.

Cumulet, n'est pas français dans le sens de culbute; dites donc, faire des culbutes et non, des cumulets.

Curée, dans le sens de charogne, n'est pas français.

Curer, Écurer.Curer, c'est nettoyer quelque chose de creux: curer un fossé, un égoût, un étang, etc.—Écurer, c'est nettoyer avec du sablon ou quelque chose de semblable: écurer la vaissette.—Voyez récureur.

Curieux.—Ne dites pas: il est si curieux pour sa toilette, pour les livres; dites, il a tant de soin de sa toilette; il aime tant les livres.

Ne dites pas: je suis curieux comment cela tournera; dites, je suis curieux de voir, de savoir comment cela tournera.

Cutée ou Cuitée, la quantité de pains qu'on fait cuire à la fois dans un four; ces mots ne sont pas français; dites, cuite ou fournée.

Cutter, s. m., petit navire de guerre; on prononce et plusieurs écrivent cotré.

Cuvelle, n'est pas français; dites, cuve, cuvier, cuveau, cuvette.—La cuve est un vaisseau de grande dimension; le cuvier, est la cuve où l'on fait la lessive; le cuveau, est une petite cuve; la cuvette, est un vase dont on se sert pour se laver les mains; prononcez cuve et non cufe.

Czar, souverain, Czarine, impératrice de Russie; prononcez Czar, Czarine; quelques-uns écrivent et disent, tzar. (Acad.)

D

D.—C'est à tort que l'on prononce souvent le d des syllabes en de comme un t: timite, timitement, raite, ronte, corte, humite, Enéite, au lieu de timi-de, timi-de-ment, rai-de, ron-de, cor-de, humi-de, Enéi-de. Cependant à la fin d'un adjectif, suivi immédiatement de son substantif commençant par une voyelle ou une h muette, d a le son de t: un grand ignorant, la grande armée; prononcez gran-t-ignorant, la gran-te-armée. Il en est de même, lorsque cette lettre est à la fin d'un verbe suivi de il, elle: répond-il, entend-elle? (répon-t-il, enten-t-elle.)

2. On ne prononce pas le d final dans les adjectifs qui ne sont pas suivis immédiatement de leur substantif. Un abîme profond effraie (profon effraie). On ne le prononce pas non plus dans les substantifs, même lorsqu'ils sont suivis de leur adjectif: on dira donc un froid (froi) excessif, un bord (bor) escarpé, sans aucune liaison. Mais il faut excepter le d final dans les locutions suivantes: de pied en cap, de fond en comble, où le d prend le son de t.

3. Prononcez les deux d dans addition, additionnel, additionner, adducteur, adduction et reddition.

4. D'à moi, d'à toi, d'à lui, etc.; les personnes peu instruites disent seules: ce livre est d'à moi, d'à toi, d'à lui, etc.; il faut dire, ce livre est à moi, à toi, à lui, etc.

D'abord que, ne peut pas s'employer pour, puisque ou aussitôt que; ne dites donc pas: d'abord que je suis innocent, je ne dois pas être puni; d'abord que vous aurez fini vos devoirs, vous apprendez vos leçons; dites, puisque je suis innocent...; aussitôt, dès que vous aurez fini vos devoirs... (Wall.)

Dada, est un terme enfantin qui signifie cheval; mais il ne faut pas le confondre avec dadais, dandin, qui veulent dire niais: c'est un grand dadais, un vrai dandin.

Dahlia, s. m., plante d'ornement; prononcez dalia.

Daigner, ne doit jamais être suivi de la préposition de; ainsi ne dites pas: daignez de m'accorder votre protection, mais, daignez m'accorder...—Prononcez dai-gner et non dai-gne-ner; il en est de même de dédaigner, enseigner, etc. Voyez gne.

Daim, s. m., bête fauve qui tient le milieu entre le cerf et le chevreuil; la femelle s'appelle daine, que l'on prononce dine.

Daler, Thaler, Taler, s. m., monnaie d'Allemagne; prononcez dalère, thalère, talère; on dit plus souvent thaler que taler ou daler.

Damas, ville de Syrie; prononcez Damâce; damas, s. m., étoffe, fruit, acier; prononcez damâ.

Dame: voyez monsieur et époux.

Damner, Damnation, Damnable; prononcez dâner, dânation, dânable, en supprimant l'm et en allongeant l'a: voyez condamner.

Danger.—Ne dites pas: il n'y a pas de danger que j'aille jouer, car mes parents me l'ont défendu; dites, je me garderai bien; je n'ai garde; je ne veux pas aller jouer;—ne pouvoir mal, dans ce sens, est également un wallonisme.

Dangereux et dangereusement, employés pour probable, vraisemblable et probablement, vraisemblablement, apparemment, sont de véritables barbarismes. Ainsi ne dites pas: cela est bien dangereux; cela arrivera dangereusement demain; mais dites, cela est bien probable, vraisemblable; cela arrivera probablement, vraisemblablement demain—Prononcez danj'reux et non danchereux ni dangéreux, dangèreux; item, dangereusement.

Dank.—C'est une expression qu'il faut laisser aux flamands, puisque nous pouvons dire merci.

Dans.—Ne dites pas: j'ai beaucoup voyagé dans les flamands, dans les wallons; dites, chez les flamands, chez les wallons, ou dans le pays flamand, dans le pays wallon.

2. Ne dites pas: je vais m'asseoir dans le soleil; je me promène dans le soleil; il est agréable de se réchauffer dans le soleil; mais dites, je vais m'asseoir au soleil; je me promène au soleil; il est agréable de se réchauffer au soleil.

3. Ne dites pas: je suis dans un grand mal de tête; dites, j'ai un grand mal de tête.

4. Ne dites pas: s'il était dans mon pouvoir ou dans ma puissance de vous rendre service; mais dites, s'il était en mon pouvoir, en ma puissance...

5. Ne dites pas: il a fait ce voyage dans deux heures; dites, en deux heures.

6. Ne dites pas: il y a dans les quarante ans; dites, il y a à peu près ou environ quarante ans. (Wall.)

7. Ne dites pas: cela coûte dans les trois cents francs; dites, environ, à peu près trois cents francs. (Wall.)

8. Ne dites pas: je me trouvais dans la place Saint-Lambert; dites, sur la place... (Fland.)

9. Ne dites pas: j'étais dans la fenêtre, dans la pluie; dites, à la fenêtre, à la pluie; on dit, se tenir, se mettre à la fenêtre, à la pluie, au vent.

10. Ne dites pas: je serai, j'irai dans l'hôtel d'Angleterre à 4 heures; dites, à l'hôtel d'Angleterre...

11. Ne dites pas: l'un dans l'autre; mais, l'un portant l'autre: les différents vols qu'on m'a faits, m'ont causé, l'un portant l'autre, une perte de mille francs. (Wall.)

Dante, célèbre poète italien, auteur de la Divine Comédie: on dit Dante, et non le Dante; mais on dit le Tasse et non Tasse.

Dartre, s. f., maladie de peau; écrivez et prononcez dar-tre, et non dar-te ni dar-tère.

Date (époque), dater, datif.—Gardez-vous bien de marquer l'a d'un accent circonflexe: une vieille date (et non dâte); ce décret est daté de telle ville (et non dâté). On prononce pourtant dâte, (â long).—Ne confondez pas date, époque, avec datte, fruit du dattier.

Davantage, adv. (et non d'avantage), s'emploie toujours sans complément; ainsi on ne dira pas: il a davantage de livres; il en a davantage que son frère; mais il faudra dire: il a plus de livres; il en a plus que son frère.

2. Il ne faut pas le confondre avec plus: celui-ci s'emploie pour exprimer directement une comparaison: votre sœur est plus âgée que vous; mais on dira fort bien: elle a vingt ans, vous en avez davantage. Davantage ne doit pas non plus être suivi d'un adjectif; on ne doit pas dire: il est davantage âgé, davantage estimé; il faut dire plus âgé, plus estimé.

3. Les grammairiens prétendent que davantage ne doit jamais être suivi de la préposition de ni de la conjonction que. Cette règle est vraie, si de ou que forment, avec ce qui les suit, un complément de l'adverbe davantage: il a davantage de livres; il en a davantage que son frère. Mais si de ou que et les mots qui suivent, sont un complément du verbe de la proposition, il n'y a point de faute à les placer après davantage. Ainsi la phrase suivante est correcte: ne nous étonnons donc pas et ne nous effrayons pas davantage des reproches que nous avons encourus: dans cette phrase, des reproches sont le complément des verbes étonnons et effrayons.

4. Les bons grammairiens condamnent l'emploi de davantage dans le sens de le plus; ne dites donc pas: de tous les jeux celui des barres est celui qui me plaît davantage: dites le plus. En général, davantage ne doit se placer que là où le sens permet l'emploi des locutions équivalentes à de plus, en outre, de surcroît et toutes les fois qu'il n'a pas de complément.—Voyez Soulice et Sardou, Dictionnaire, etc.

De, syllabe muette, dans le corps ou au commencement d'un mot; doit se prononcer de et non ne: command'-ment, man-d'-ment, ma-d'-moiselle, len-d'-main, je lui ai d'-mandé; panier d'-noix, etc., et non comman-n'-ment, man-n'-ment, ma-n'-moiselle, len-n'main; je lui ai n'-mandé; panier n'noix, à moins toutefois qu'on ne veuille faire sentir l'e de de et prononcer: comman-de-ment, ma-de-moiselle; je lui ai de-mandé, j'irai de-main, lendemain, etc.—Prononcez de même ad-mettre, ad-ministrer, ad-mission, ad-ministration, etc.

2. Ne dites pas: j'ai rêvé de la nuit, du jour, dites: j'ai rêvé la nuit, le jour.

3. Faut-il dire: quel est le plus habile de cet homme-ci ou de celui-là? ou bien: quel est le plus habile, cet homme-ci ou celui-là? L'Académie adopte la première orthographe; elle ne partage donc pas l'opinion des grammairiens qui suppriment de.

4. Dites: le livre de mon frère, la maison de mon cousin, et non, le livre à mon frère ou d'à mon frère; la maison à mon cousin ou d'à mon cousin.

5. On dit, le deux janvier, le trois février, etc., et le deux de janvier, le trois de février, etc. (Acad.) Cependant la première manière de s'exprimer nous paraît plus usitée.

6. Ne dites pas: il est le quart de huit heures; dites, il est huit heures moins un quart. Voyez quart.

7. Ne dites pas: mon frère est le 5e de 36 dans sa classe; dites, ... sur 36...

8. Ne dites pas: d'un coup de massue il cassa la tête de son ami; dites, il cassa la tête à son ami.

9. Ne dites pas: cela ne me fait de rien, ne m'est de rien; dites, cela ne me fait rien, ne m'est rien.

10. Ne dites pas: j'y penserai de la nuit, j'y travaillerai du matin, du jour; dites, ... pendant la nuit, dans la matinée, pendant la journée.

11. La particule de, devant les noms propres de noblesse, s'écrit avec un petit d et non avec le D majuscule: de Montmorency, de Ligne, d'Oultremont, d'Orléans. On écrit De avec une majuscule, lorsque ces noms ne sont pas nobles, alors même qu'on sépare la particule du nom.

12. Après les verbes espérer, souhaiter, désirer, on peut exprimer ou sous-entendre la préposition de devant l'infinitif: j'espère réussir ou de réussir; je désire aller ou d'aller avec vous, etc.—Compter, dans le sens de, se proposer, croire, ne prend point la préposition de devant un infinitif; ainsi vous direz: il compte partir demain et non de partir. (Acad.)

13. Dans la conversation et le style familier, de se supprime souvent après les prépositions hors, près, vis-à-vis, lorsqu'elles sont suivies d'un nom de chose: il est logé hors la barrière, il demeure près la porte Saint-Antoine, vis-à-vis l'église. (Acad.) Mais devant un nom de personne ou un pronom, on doit employer de: il était près de Paul, vis-à-vis de vous, et non près Paul, vis-à-vis vous.

14. L'emploi de la préposition de est vicieux dans cette phrase: la moitié de huit est de quatre; dites, est quatre.

15. On peut exprimer ou sous-entendre la préposition de devant un infinitif après c'est... que, mieux... que, plutôt que: ainsi vous pouvez dire: c'est quelque chose que faire ou que de faire un beau rêve; il vaut mieux étudier que de ou que jouer; plutôt que de ou que m'exposer à une correction, je préfère faire mes devoirs. Néanmoins l'usage général est d'exprimer la préposition de.

16. Il ne fait que sortir, signifie, il sort à chaque instant; il ne fait que de sortir, veut dire, il vient de sortir.

17. L'usage permet également de dire: on dirait un fou, et on dirait d'un fou.

18. Ne dites pas: si j'étais toi, si j'étais lui, si j'étais vous; si j'étais à la place de, etc., je ferais telle chose; mais dites, si j'étais que de toi, de lui, etc., et mieux, si j'étais de toi, de lui, etc.

19. On emploie ordinairement la préposition de, devant un participe passé précédé d'un adjectif numéral ou d'un nom collectif; on dit: il y eut cent hommes de tués et un grand nombre de femmes de blessées, plutôt que: il y eut cent hommes tués et un grand nombre de femmes blessées;—mais on doit la supprimer devant un adjectif qualificatif: dans cette ville il n'y a pas quatre monuments remarquables. Cependant lorsque le nom qui précède le participe ou l'adjectif, est représenté par le pronom en, on exprime la préposition: sur mille hommes, il y en eut cent de tués; parmi tant de monuments, il n'y en a pas un de remarquable.

Débâcle, rupture et descente de glaces, est féminin; prononcez débâ-cle.

Déballer.—Ne dites pas: ce marchand est déballé à l'hôtel de l'Europe; dites, ... a déballé, car il n'a déballé que ses marchandises, et il ne s'est pas déballé lui-même.

Débine, s. f.—Être dans la débine, c'est-à-dire, dans la gêne; cette expression est triviale et même tout-à-fait populaire. Voyez blaguer.

Débiser.—Ne dites pas: j'ai les mains et les lèvres toutes débisées; dites, toutes gercées par la bise, par la gelée, par le froid; le froid gerce les lèvres, les mains.

Débit, s. m., vente, trafic; le t ne se prononce pas.—Ne dites pas: vendre en gros et en débit; dites, ... en détail.

Débiteur, qui doit, fait au féminin débitrice.

Débours, argent qu'on a avancé pour le compte de quelqu'un; ce mot a vieilli; dites déboursés (au plur.) et non débourses. (Acad.)

Décaméron, s. m., ouvrage contenant le récit des événements de dix jours; prononcez décamérone.

Décanat, Doyenné.—Le décanat est la dignité du doyen: ce curé a été promu à un décanat. Le doyenné est le pays qui ressortit à un doyen: le doyenné de Sprimont se compose de vingt paroisses.

Décéder, v. n., prend le verbe être dans ses temps composés. Ce mot n'est guère usité, dit l'Académie, qu'en termes de jurisprudence et d'administration, et en parlant des personnes; il s'emploie aussi au participe passé dans les inscriptions; dans tout autre cas on se sert du verbe mourir. Ces observations s'appliquent également au substantif décès.

Décemment, adv., d'une manière décente; prononcez déçaman; prononcez de même, apparemment, prudemment, négligemment.

Décemvir, s. m., l'un des dix magistrats de Rome; prononcez décèm'vir, décèm'virat.

Décennal, adj., qui dure dix ans: prononcez décèn'nal.

Décesser, n'est plus en usage; il faut dire cesser, discontinuer.

Décider, devant un infinitif, demande la préposition à: cette raison m'a décidé à partir (et non de partir); je me suis décidé à rester. Cependant lorsqu'il signifie, prendre une résolution, déterminer ce que l'on doit faire, il prend de: nous nous décidâmes de partir sur-le-champ.

Décime (pièce de dix centimes), centime, cents, sont masculins: un décime, un centime, un cents. Voyez centime et cents.

Déclicher, est un mot wallon: dites, lever la clenche, le loquet.

Décombres, débris, est un substantif masculin pluriel sans singulier: il faut faire enlever ces décombres.

Décommander, révoquer un ordre, n'est pas français; dites contremander.

Décorum, s. m., bienséance; il n'est guère usité que dans ces phrases: garder, observer le décorum, garder les bienséances; blesser le décorum, choquer les bienséances; prononcez décorome; il n'a point de pluriel.

Découcher (se), n'est pas français; dites se lever.—Découcher, v. n. et a., signifie, coucher hors de chez soi, ou être cause que quelqu'un quitte le lit où il couche: depuis huit jours, il a découché trois fois; le maître de la maison m'avait offert son lit, mais je n'ai pas voulu le découcher.

Décrémer le lait, ôter la crème de dessus le lait; ce mot n'est pas français; il faut dire écrémer. Voyez chrême et crémer.

Décret, s. m., loi, ordonnance; prononcez décrè et non decrè.

Décrottoir, s. m., est une lame de fer destinée à décrotter la chaussure; décrottoire, s. féminin, est une brosse ronde pour décrotter la chaussure.

Dedans, adv. de lieu, ne prend pas de complément; ainsi ne dites pas, dedans la maison, dedans ma chambre, mais, dans la maison, dans ma chambre.

2. Donner dedans, c'est se laisser tromper comme un sot; mettre quelqu'un dedans, c'est le tromper: ces locutions sont populaires. (Acad.)

Défaufiler et Défiler, (défaire un tissu fil à fil) ne sont pas français; dites éfaufiler et effiler.

Déficeler, ôter la ficelle, n'est pas français.

Déficit, s. m., ce qui manque; prononcez déficite. Quoique l'Académie dise qu'il est invariable au pluriel, nous pensons que déficit, qui a un accent sur l'e, est un mot tout-à-fait français, et qu'il doit par conséquent être soumis aux règles de la grammaire; ainsi nous écririons plutôt des déficits, avec une s que sans s.

Défier, v. actif: je l'en défie et non, je lui en défie.

Définitive (en), loc. adv., en résumé; ne dites pas et ne prononcez pas en définitif.

Dégommer, v. a., dans le sens de destituer, ruiner, déconsidérer, est français, mais il est populaire.

Dégouttant, signifie qui dégoutte: ce linge n'est pas sec, il est encore tout dégouttant. Ne confondez pas ce mot avec dégoûtant, qui donne du dégoût: malpropreté dégoûtante; prononcez long dans dégoûtant et ou bref dans dégouttant.

Dégrafer, détacher une agrafe; ne dites pas désagrafer.

Dégriffer, n'est pas français; c'est égratigner qu'il faut dire.

Déguisé.—Ce mot ne s'emploie pas comme substantif; ne dites donc pas: j'ai vu plus de trente déguisés pendant le carnaval; dites, plus de trente masques.

2. Ne dites pas: la petite vérole l'a déguisé; dites, l'a défiguré.—Déguiser signifie masquer, travestir.

Déhonté, adj., éhonté; ce mot, rejeté par quelques grammairiens, est admis par l'Académie: un homme déhonté, une femme déhontée.

Dehors, adv. de lieu, opposé à dedans, comme hors est opposé à dans; dehors doit toujours être employé sans complément: restez dedans, j'irai dehors.

2. Il est ridicule de mettre dehors après les verbes boire, aller, tomber, etc.; ainsi ne dites pas: buvez votre verre dehors; le feu va dehors; la bouteille est dehors; dites tout simplement, buvez, videz votre verre; le feu s'éteint; la bouteille est vide.

3. Ne dites pas non plus: je sais ma leçon dehors; dites, je sais ma leçon par cœur. (Fland.)

4. Ne dites pas: quelques historiens racontent qu'il tomba autrefois des pluies de sang dehors le ciel; dites, qu'il tomba du ciel... (Fland.)

5. Ne dites pas: on a sonné dehors que le pain est baissé; dites, on a annoncé au son de la clochette que... (Fland.)

6. Ne dites pas: il m'a donné cela dehors; j'ai eu ma carte dehors (t. de jeu de cartes); dites, il m'a donné cela; j'ai eu ma carte (en retranchant dehors). (Fland.)—Prononcez dehors et non déhors.

Déjà, adv.: prononcez déjà (é fermé) et non dejà ni dèjà.

Déjeter.—Ce verbe ne s'emploie que pronominalement et signifie se courber, se contourner: le bois de cette table s'est déjeté; sa colonne vertébrale s'est un peu déjetée.

2. Mais il ne faut pas l'employer dans le sens de bouleverser, déranger, mettre en désordre, bousculer, agiter, secouer: bouleverser tout dans une chambre; on a bousculé mes livres; nous fûmes horriblement bousculés dans la foule. Se déjeter ne doit pas non plus s'employer au lieu de, se débattre, s'agiter: se débattre comme un possédé; un oiseau qui se débat quand on le tient; ce malade s'agite continuellement.—Prononcez déj'ter et non déch'ter.

Déjeuner, Dîner, Souper, Goûter.—Ces verbes veulent la préposition de devant le nom de la chose dont on déjeune, dîne, soupe, etc.: déjeuner de chocolat, dîner de cotelettes, souper de fruits. Cependant on peut aussi employer avec: il déjeune tous les matins avec du chocolat; déjeuner avec du beurre et des radis. (Acad. aux mots matin et radis.) Nous ferons remarquer du reste que de bons écrivains n'ont pas craint de dire déjeuner avec, etc., devant le nom de la chose mangée.

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