Dictionnaire du bon langage: Contenant les difficultés de la langue française, les règles et les fautes de prononciation, les locutions vicieuses, les wallonnismes, les flandricismes, etc.
Impardonnable, Pardonnable; Excusable, Inexcusable.—Une faute est pardonnable ou impardonnable, parce qu'on dit pardonner une faute;—une personne n'est ni l'un ni l'autre, parce qu'on ne dit pas pardonner une personne;—mais une personne est excusable, inexcusable et une faute l'est également, parce qu'on dit excuser quelqu'un, excuser quelque chose.
Imparfait de l'indicatif.—Les flamands sont exposés à employer l'imparfait de l'indicatif pour le passé défini ou le passé indéfini; ainsi ils diront: je recevais cette semaine une lettre de mon frère; au lieu de, j'ai reçu cette semaine...;—j'écrivais hier, la semaine dernière une lettre à mon père; au lieu de, j'écrivis hier, la semaine dernière une lettre....—Pour éviter ces sortes de fautes, il est important de bien connaître les règles touchant l'emploi de l'imparfait ainsi que du passé défini et du passé indéfini.
2. Or, l'imparfait de l'indicatif affirme une chose comme ayant eu lieu en même temps qu'une autre chose: j'ai appris que vous étiez malade la semaine dernière; vous écriviez quand je suis entré; je jouais pendant que vous faisiez vos devoirs.—Le passé défini affirme une chose comme ayant eu lieu dans une période de temps entièrement passée, au moment où l'on parle: je reçus une lettre l'année dernière, le mois passé, la semaine dernière, hier. Mais on ne dira pas: je reçus une lettre cette semaine, parce que la semaine où l'on est, n'est pas entièrement écoulée. On ne dira pas même: je reçus une lettre ce matin, parce que, pour employer le passé défini, il faut au moins une nuit d'intervalle entre le moment où l'on parle et celui où la chose a eu lieu.
Le passé indéfini affirme une chose comme ayant eu lieu dans un temps qui est ou qui n'est pas entièrement écoulé: j'ai reçu une lettre la semaine dernière; j'ai reçu une lettre cette semaine.
3. Les flamands doivent également éviter un autre écueil: c'est de remplacer régulièrement leur imparfait par le passé défini, lequel a, comme nous venons de le voir, son emploi bien déterminé: je jouai, quand vous faisiez vos devoirs; vous écrivîtes, quand je suis entré, etc.
Imparfait du subjonctif.—C'est une faute d'employer le conditionnel présent ou passé au lieu de l'imparfait ou du plus-que-parfait du subjonctif après les verbes qui gouvernent le subjonctif: je voudrais que vous iriez porter cette lettre à la poste; j'aurais voulu que vous seriez rentré à dix heures; dites, je voudrais que vous allassiez...; j'aurais voulu que vous fussiez rentré...—Cet emploi vicieux du conditionnel pour le subjonctif a lieu ordinairement après un verbe employé lui-même au conditionnel.
2. Beaucoup de personnes prononcent la première et la deuxième personnes de l'imparfait du subjonctif comme la première ou la deuxième personne du passé défini: que j'aima, que tu aimas pour que j'aimasse, que tu aimasses;—que je finis, que tu finis, pour que je finisse, que tu finisses;—que je reçus, que tu reçus pour que je reçusse, que tu reçusses;—que je rendis, que tu rendis, pour que je rendisse, que tu rendisses.
Impartial, adj., qui est juste, qui n'est ni pour ni contre quelqu'un; partial, qui est injuste, qui est pour ou contre quelqu'un; impartialité, qualité de celui qui est impartial; partialité, qualité de celui qui est partial.—Nous avons souvent entendu confondre ces mots.
2. L'Académie ne donne point d'exemple du plur. masc.; La Harpe a dit, des juges impartiaux:—en général les grammairiens approuvent ce pluriel.—Le plur. masc. partiaux (de partial) est peu usité.
Impasse, s. féminin.—C'est une rue sans issue, ou un cul-de-sac (prononcez cu-de-sac).—Impasse ne signifie nullement impolitesse, injure, insulte, outrage, passe-droit.
Implicitement, Explicitement.—Explicitement signifie, d'une manière explicite, développée, en termes clairs, formels, précis, en toutes lettres: ce criminel a explicitement demandé sa grâce.—Implicitement signifie, d'une manière implicite, enveloppée, c'est-à-dire, en termes qui ne sont ni exprès, ni formels, ni clairs: il m'a fait implicitement entendre que je pouvais compter sur lui.—Il faut en dire autant des adjectifs implicite et explicite.
Impoli, Grossier, Rustique: voyez rustique.
Import, dans le sens de montant, n'est pas français: je vous paierai le montant de vos fournitures et non l'import.
Importer, Exporter.—On importe quand on fait arriver dans son pays les productions, les marchandises étrangères: on importe en Belgique le café, le thé.—On exporte, quand on transporte des marchandises, des productions hors d'un pays: la Belgique exporte des armes à feu en Asie, en Amérique, etc.—La différence que nous venons d'établir, s'applique aux substantifs importation et exportation.
Imposer, En imposer.—Imposer, c'est inspirer du respect, de la crainte (c'est être imposant): la figure de cet homme impose.—En imposer a été pris souvent dans le même sens, mais il signifie plus exactement tromper, surprendre, abuser, en faire accroire: ne le croyez pas, il en impose; il m'en avait imposé par son air de douceur.
Impossible, adj.—Ne dites pas: il m'est impossible de pouvoir vous rendre ce service (pléon. vic.); dites: il m'est impossible de vous rendre ce service, ou je ne peux pas vous rendre ce service.
Imprégner, imprégnation: mouillez gn, comme dans ensei-gner; cependant, quelques grammairiens prétendent qu'il faut prononcer impreghnation (g dur).
Impression.—Ne dites pas: ce discours m'a fait impression, mais, a fait impression sur moi, m'a impressionné.
Impromptu, s. m., ce qui se fait sur-le-champ; vers improvisés: prononcez impromp'tu.
L'Académie écrit impromptu; d'après elle, il s'écrit sans s au pluriel; cependant elle fait remarquer que quelques-uns l'écrivent avec une s: des impromptus (en un seul mot). Nous ferons observer toutefois que in-promptu, conservant sa forme latine, ne peut pas prendre d's au pluriel.
In: voyez in-douze.
Inanimé (cadavre), pléonasme vicieux; dites simplement cadavre.
Inattention.—Ne dites pas: c'est faute d'inattention qu'il a laissé passer cette faute sans la corriger; c'est en effet à cause de son inattention (et non par défaut d'inattention, ou à cause de son attention), qu'il a laissé passer la faute; dites, c'est par inattention ou faute d'attention qu'il a laissé passer...—Voyez faute, 2.
Incendie, est masculin: il ne faut qu'une étincelle pour allumer un grand incendie.
2. Ne dites pas: compagnie d'assurance contre incendie; dites, contre l'incendie.
Incessamment, signifie sans cesse: il travaille incessamment.—Il signifie aussi sans délai, au plus tôt: nous partirons incessamment; cet ouvrage paraîtra incessamment.—Ne dites donc point: nous partirons très-incessamment, cet ouvrage paraîtra très-incessamment, car cela signifierait très sans délai, très au plus tôt, ce qui est absurde.
Inclus, Incluse, part. passé du verbe inusité inclure.—Ci-inclus: cette locution s'emploie comme adverbe (et reste par conséquent invariable), lorsqu'elle précède le verbe ou le substantif: vous trouverez ci-inclus copie du contrat; ci-inclus, vous trouverez copie du contrat.—Néanmoins, si le substantif est précédé d'un article ou d'un adjectif déterminatif, ci-inclus est adjectif et s'accorde, pourvu toutefois qu'il ne commence pas la phrase: vous trouverez ci-incluse la copie du contrat et ci-inclus la copie du contrat.—Après le substantif, ci-inclus est toujours adjectif: la lettre ci-incluse.—Ces observations s'appliquent également à la locution ci-joint.
Incognito, s. m., sans être connu: mouillez gn comme dans agneau et ne dites pas incogh'nito, incoknito. (Acad.)
Inconnu, demande la préposition à devant son régime, tandis que connu demande la préposition de: il est inconnu à tout le monde; il est connu de tout le monde.—Cependant, en poésie et dans le style soutenu, on peut mettre de devant le régime d'inconnu: l'hymen est inconnu de la pudique abeille. (Delille.)
Inconsolable, adj.—L'Académie ne le dit pas seulement des personnes, elle le dit aussi de la douleur: homme inconsolable, douleur inconsolable.—Prononcez inconçolable. (s dure) et non inconzolable ni inconsolape.—Voyez consolable.
Indemne, adj., dédommagé; prononcez indèm'ne.
Indemniser (dédommager), indemnité (dédommagement); prononcez indam'nizer, indam'nité.
Index, s. m., table d'un livre, deuxième doigt; prononcez indekce et non indêke.
Indice, signe apparent, est masculin: j'en ai de grands indices.
Indigeste, adj.: voyez digestion.
Indigestion, s. f., défaut de digestion; prononcez ti comme dans menti: indiges'thion et non indigècion; il en est de même de digestion, combustion, mixtion, suggestion, question, bastion, Ephestion, Péthion.—Voyez digestion et digestif.
Indigne: voyez digne.
Indignité, s. f.—Prononcez indi-gnité (en mouillant gn) et non indign'nité ni indigh'nité—Voyez gn.
Indomptable, indompté: voyez dompter.
In-douze, in-dix-huit, in-quarto, in-vingt-quatre; in-trente-deux, in-folio: prononcez ain-douze, ain-dix-huit; ain-quarto, etc., et non ine-douze, ine-dix-huit, ine-quarto.—In-octavo: prononcez ine-octavo.
Induire à erreur, Induire en erreur.—Induire à erreur, c'est être la cause volontaire ou involontaire de l'erreur où tombe une personne: il fut induit à erreur par un faux bruit.—Induire en erreur, c'est tromper à dessein, avec intention: il voulait m'induire en erreur. (Acad.)
Indulgent.—On dit indulgent pour ou envers: il est indulgent pour ses amis, envers ses enfants;—indulgent à se dit aussi, mais il est peu usité.
Indult, s. m., privilége ecclésiastique; prononcez indulte et non indule.
Inénarrable, adj., qu'on ne peut conter; prononcez inénar'rable, en faisant sentir les deux rr.
Inestimable, adj.—Ce mot veut dire qui ne peut pas être estimé à cause de son grand prix: un diamant d'une valeur inestimable, un service inestimable.—Ce serait donc un barbarisme de faire de ce mot le contraire d'estimable, qui n'est pas estimable, qui n'est pas digne d'estime.
Inexact, adjectif, qui n'est pas exact; prononcez inexac-te.
Inexpugnable, adj., qu'on ne peut prendre d'assaut; prononcez inekspugh'nable (g dur).
Inextinguible, adj., qu'on ne peut éteindre; prononcez inekstinguible (ui diphth.) et non inekstinghible, ni inekstinghouible.
Infaisable, adj., non faisable: prononcez infesable et non infaisable ni infèsable.
Infect, adj., puant, corrompu: prononcez infecte et non infèke.
Infectation.—Ne dites pas: c'est une infectation en parlant de mauvaise odeur; dites, c'est une infection (infect, infecter, infection).
Infecter, Infester.—Infecter (infect), c'est corrompre ou incommoder par communication de quelque chose de puant, de contagieux ou de venimeux: ces égoûts infectent la ville de leurs émanations délétères; il nous infecte de son haleine; le choléra a infecté toute la province; il infecta le pays de sa pernicieuse doctrine. (Acad.)—Infester, c'est ravager tourmenter par des actes fréquents de violence et de brigandage: les pirates infestaient toutes les côtes; le pays était infesté par des brigands.
Infinité, employé seul ou avec un pluriel veut le verbe au pluriel: une infinité sont d'avis; une infinité de personnes ont péri. Mais si ce mot est suivi d'un collectif singulier, le verbe se met au singulier: une infinité de monde est venue le voir; une infinité de peuple a pris les armes. Précédé de en, il régit le pluriel: il y en a une infinité qui disent (sous-entendu de gens).—Cette remarque est applicable aux collectifs partitifs et aux adverbes de quantité, un grand nombre, une foule, peu, beaucoup, toute sorte, toute espèce; ainsi l'on dira: toute sorte de monde est venu; toute sorte de personnes sont venues.
Inflammation: ne dites pas enflammation.
Informer.—On informe quelqu'un de quelque chose; ne dites donc pas: j'informe que, mais, je vous informe de..., j'informe le public de...—Informer ne peut jamais être suivi de que, par la raison que la proposition qui suit ce que tiendrait lieu de régime direct d'informer, ce qui ne serait pas correct (on informe quelqu'un de quelque chose). Dites donc j'ai l'honneur de vous informer de tel fait, de telle circonstance, et non, j'ai l'honneur de vous informer que, phrase vicieuse adoptée à tort par nos administrations.—Si l'on ne peut pas remplacer le que par de suivi d'un substantif, il faut remplacer informer par un autre verbe, tels que annoncer, faire savoir, donner avis, porter à la connaissance, etc. Voyez prévenir.
Ingrédient, s. m., partie d'un mélange; prononcez ingrédian et non ingrédiain.
Inhérent, inhérence: prononcez inéran, inérence.—Adhérent, incohérent, incohérence; prononcez adéran, incoéran, incoérance.
Inhibition, s. f., défense: prononcez inibition.
Inhumer (enterrer), inhumation (action d'enterrer), inhumain, inhumanité; prononcez inumer, inumation, inumain, inumanité.
Initial, ale, adj.—L'Académie ne donne point d'exemple du plur. masc.—Dumarsais, Beauzée, Boinvilliers et quelques autres grammairiens, disent initials.—Prononcez inicial, inicier, iniciation (initier, initiation).
Inlisible, Illisible.—L'Académie admet ces deux mots comme parfaitement synonymes; mais l'usage a consacré le dernier: écriture illisible.—Quelques grammairiens pourtant s'ingénient à établir une différence entre ces deux mots: illisible, se dirait de l'écriture qu'on ne peut pas lire; manuscrit illisible;—inlisible se dirait d'un ouvrage ennuyeux à lire, d'un style fatiguant: ce poème est inlisible.—Nous croyons que généralement on ne tient pas compte de cette nuance et que illisible est à peu près exclusivement usité.
Inn, au commencement des mots: les deux nn se font sentir excepté dans innocent et ses dérivés.
Innocent, dans le sens de, qui a l'esprit faible, borné, est français: c'est un innocent, un grand innocent; vous faites l'innocent. (Acad.)
Innommé, adj., sans nom: prononcez ine'nomé et non ain-nomé.
Innover (introduire des nouveautés), innovation: prononcez les deux nn.
In-octavo, s. et adj.: prononcez ine-octavo. Voyez in-douze.
Inonder, Inondation: ne prononcez qu'une n et ne dites pas in'-nonder, in'-nondation.
In-partibus (on sous-entend infidelium), se dit de celui qui a un titre d'évêché dans un pays occupé par les infidèles: évêque in-partibus:—prononcez ine-partibuce.
In-petto, adv., dans l'intérieur du cœur, en secret: cardinal nommé in-petto; prononcez les deux tt, ine pet'to.
In-plano, s. m., se dit du format d'un livre où la feuille imprimée ne contient qu'une page de chaque côté: prononcez ine-plano.
Insatiable, adj., qu'on ne peut rassasier: prononcez inçaciable et non inçathiable, ni inçaziable.—On dit aussi irrassatiable, mais ce mot est peu usité.
Insçu (à l'): on écrit plus souvent et mieux insu.
Insecte, petit animal articulé, est masculin: un chétif insecte.—Prononcez insek-te et non insèke.
Insigne, insister, insurgé, insurrection, insipide, insulter: prononcez l's dure comme dans insensé et non comme z dans désirer.
Insipide, adj., qui n'a nul goût, nulle saveur.—C'est une faute d'employer insipide, dans le sens de sciant, ennuyeux, importun, insupportable, impatientant, et de dire, voilà des enfants bien insipides, au lieu de, bien ennuyeux, bien insupportables, bien impatientants, etc.
Instinct, s. m., esprit des animaux; prononcez instin, et non instinke.
Institut, s. m., établissement où l'on enseigne une ou plusieurs sciences, un ou plusieurs arts; ce mot n'est pas français dans ce sens et ne figure dans aucun dictionnaire; dites école de commerce, école de médecine, école normale, école militaire, etc.—Il faut en dire autant de institut d'enseignement; dites, école, collége, pensionnat, maison d'éducation, selon le sens.—Cependant le mot institution, pour signifier un établissement destiné à l'instruction et à l'éducation de la jeunesse, est aujourd'hui consacré par l'usage et figure dans de bons dictionnaires: institution de jeunes gens, institution de demoiselles, chef d'institution.
Instrument: voyez jouer.
Insulter.—Insulter quelqu'un, c'est l'outrager de faits ou de paroles: il l'a insulté publiquement.—Insulter à, c'est manquer à ce qu'on doit aux personnes ou aux choses: il ne faut pas insulter aux malheureux; il ne faut pas insulter à leur misère.
Intact, adj., auquel on n'a pas touché: prononcez intak-te et non intake.
Intellect, s. m., intelligence: prononcez intel-lek-te;—intellect, intellectuel, intelligence, intelligent, intelligible, intelligiblement: dans tous ces mots on fait sentir les deux ll.
Intention.—Ne dites pas, je suis d'intention; mais, j'ai l'intention de faire telle chose.
Interdire, se conjugue comme médire: vous interdisez et non vous interdites.
Intérêt, s. m.—Ne dites pas: ce domestique est sur les intérêts de son maître; dites, ce domestique soigne les intérêts, a à cœur les intérêts de son maître.
Intérim, s. m., entretemps: prononcez ain-térime et non ine-térime; il ne s'emploie pas au pluriel.
Interjeter, v. a.—Il ne double point le t devant un e muet, comme jeter: ils interjètent appel de ce jugement.
Interligne, est masculin, excepté lorsqu'il se dit des lames de métal que, dans les imprimeries, on place entre les lignes pour les séparer et les maintenir: écrire dans un interligne; la largeur d'une interligne.
Interpeller, Interpellation, requérir, sommer, action de...: prononcez les deux ll.
Interrègne, s. m., intervalle de deux règnes: prononcez les deux rr.
Interroger, interrogation, interrompre, interruption, interrupteur:—dans ces mots et leurs dérivés, on ne prononce qu'une r.
Interstice, intervalle de temps; ce mot est masculin: les interstices sont remplis.
Intervalle, est masculin: ce fou a de bons intervalles.
Introït, s. masculin, prière au commencement de la messe: prononcez aintro-ite et non inetroïte ni intro-iït.
Intrus, participe passé du verbe inusité intrure, qui est introduit contre le droit dans quelque dignité ecclésiastique; prononcez aintru et non intruce; le féminin est intruse.—Il est adjectif et substantif.
Invectiver, dire des choses injurieuses, est un verbe neutre; on ne doit donc pas dire invectiver quelqu'un, mais, invectiver contre quelqu'un comme on dit invectiver contre le vice.
Inventaire, pour signifier ce plateau d'osier que portent devant elles les marchandes de fruits, de légumes, de poissons, etc.; ce mot n'est pas français; il faut dire éventaire (s. m.): voyez ce mot.
Inventeur, fait au féminin inventrice.
Inviter, suivi d'un infinitif, demande la préposition à: il m'a invité à dîner. (Acad.)
Invoquer, Évoquer.—On évoque les morts;—on n'invoque que Dieu, les saints, les vivants, les choses inanimées.
Ipécacuana, s. m., racine brune ou grise; ne dites pas ipicacuana.
Irai.-Ne dites pas: j'irai z'à Stavelot demain, mais j'irai à...; la terminaison ais appartient à l'imp. de l'ind. et au condit. prés. et non au futur simple.
Iris, arc-en-ciel, plante, est masculin; on l'a fait autrefois du féminin.—Iris, personnage mythologique (messagère de Junon), est féminin.—Prononcez irice dans les deux cas.
Irr, au commencement des mots:—on fait sentir les deux rr: ir'riter, ir'résistible, ir'récusable, ir'ruption, etc.
Irruption, s. f.: voyez éruption.
Isle, s. f., islot, s. m.; écrivez et prononcez île, îlot.
Isme, Iste, à la fin des mots.—Prononcez distinctement l's et l'm ainsi que l's et le t: catéchis-me, schis-me, barbaris-me, wallonnis-me et non catéchisse, schisse, barbarisse, etc., ni catéchim-se, schim-se, barbarim-se.—Prononcez de même catéchis-te, calvinis-te, résis-te, persis-te, Baptis-te, et non catéchisse, calvinisse, etc.—Voyez finales.
Israël.—Prononcez Is'ra-èle et non Is'raïèle ni I-zraèle, Isra-éle (é fermé).
Isthme, s. masculin, langue de terre entre deux mers; prononcez is'me.—Isthmique, prononcez is'mique.
Italianisme, Italicisme, Italisme, idiotisme de la langue italienne; ces trois mots sont français, mais italicisme est préférable.—Prononcez italicis-me et non italcisse ni italicim-se: voyez idiotisme.
Item, adv., de plus: prononcez itème. Voyez ibidem, idem.
Ivoire, est masculin: cet ivoire est bien blanc.
Ivraie, s. f., mauvaise herbe: prononcez ivrai (ai long) et non i'vrai-ïe.
Ivre, adj.—Ne dites pas: il s'est fait ivre, pour il s'est enivré; cela signifierait, il a feint d'être ivre.
2. Ivre-mort et mort-ivre, font au féminin ivre-morte, morte-ivre, et au pluriel ivres-morts, morts-ivres, ivres-mortes, mortes-ivres.
Ivresse, s. f., se dit au pluriel dans le sens de passions: le réveil suit de près vos trompeuses ivresses. (J.-B. Rousseau.)
2. Il peut également s'employer au pluriel dans le sens propre, d'après Laveaux, pour signifier des états d'ivresse particuliers et distingués les uns des autres: dans ses fréquentes ivresses, il ne connaît plus personne.
Ivrogne, adj. et s. m.—Le féminin correspondant est ivrognesse.
J
J.—Je ne doit pas se prononcer che; où suis-je, que dis-je, j'ai jeté, se déjeter, etc., et non, où vais-che, que dis-che, j'ai cheté, se décheter. (Wall.)
Jaconas, s. m., espèce de mousseline: une robe de jaconas; l's ne se prononce pas.—Jaconade n'est pas français.
Jadis, adv., autrefois.—Il s'emploie quelquefois adjectivement avec le mot temps: les bonnes gens du temps jadis; cela était bon au temps jadis: cet emploi est familier. (Acad.)—Prononcez jadice.
Jais, s. m., bitume d'un noir luisant.—Ne dites pas: cela est noir comme un geai, mais, comme jais ou comme du jais.—Voyez geai, jaune et lait.—Prononcez jè (long).
Jalouser.—Ce verbe est actif et il faut dire: ce marchand jalouse ses concurrents (et non contre, ou sur ses concurrents); les gens du même métier se jalousent entre eux (et non jalousent l'un contre l'autre, l'un sur l'autre).
Jalousie.—Gardez-vous bien d'écrire ou de prononcer jalouserie.
Jamais.—Prononcez jamais et non jamain.
Jambe.—Ne dites pas: mettre la jambe à quelqu'un pour le faire tomber; dites, donner le croc-en-jambe à quelqu'un...—Le c de croc se prononce fortement; prononcez jambe et non jampe.
Jambonneau, s. m., petit jambon: jambonnet n'est pas français.
Jarreté, qui a les jambes de derrière tournées en dedans et si peu ouvertes que les jarrets se touchent presque en marchant: je ne veux point de ce mulet, il est jarreté.—Ne dites point jarreteux ni jerreteux.
Jauger, mesurer un vase pour voir s'il est de la mesure dont il doit être; ne dites ni jaucher ni gauger.
Jaune.—Ne dites pas: il est jaune comme un safran, mais, comme safran ou comme du safran.
2. Ne dites pas: ces poires sont jaunes, mais, sont mûres.
Je.—Lorsqu'on élide l'e, il faut se garder de prononcer je comme che: il faut que je fasse mes devoirs et non, que ch'fasse mes devoirs.
Jésus.—Voyez antechrist et Christ.
Jet d'eau, eau qui jaillit d'un tuyau; ne dites pas jeu d'eau, qui est français, mais qui a un sens plus particulier.
2. Jet, dans le sens de levure, n'est pas français.
Jeter.—Ne prononcez pas le j placé devant un e muet comme un che: je l'ai jeté (jeté et non ch'té) par la fenêtre; nous jetons (et non nous ch'tons), vous jetez (et non vous ch'tez), je jetterai (et non je ch'terai).—Il en est de même du substantif jetée et des dérivés de jeter.—Voyez je.
Jeu, s. m.—Ne dites pas: je ne puis plus jouer qu'un jeu; dites, je ne puis plus jouer qu'une partie.
Jeune, peu âgé: prononcez jeune (eu bref);—jeûne, abstinence, prononcez jeûne (eû long);—prononcez de même jeûner, jeûneur, déjeuner (déjeuner s'écrit sans accent circonflexe.)
2. Quand l'adjectif jeune est précédé de l'article, on ne peut pas le placer indifféremment devant ou après le substantif: le jeune Pline signifie que Pline n'est pas âgé, tandis que Pline-le-Jeune se dit pour le distinguer de Pline-l'Ancien.
3. On dit jeune homme au singulier et jeunes gens au pluriel; quand il s'agit de filles, on dit mieux aujourd'hui jeune personne, jeunes personnes que jeune fille, jeunes filles.
4. Ne dites pas, un vieux jeune homme, pour désigner un homme d'un certain âge qui vit dans le célibat; dites, un vieux garçon, un vieux célibataire; dites de même une vieille fille, une vieille demoiselle:—célibataire ne se dit pas des femmes.
5. Ne dites pas: du fromage jeune, du beurre jeune; dites, du fromage, du beurre frais, nouveau.
6. Jeune, employé comme substantif, ne peut pas se dire d'un animal nouvellement né; il faut se servir du mot petit dans cette acception: les petits (et non les jeunes) d'une chatte, d'un pigeon, d'un corbeau.—Cependant en parlant de grives, de perdrix, par exemple, on pourrait dire: les jeunes sont tendres et délicates, tandis que les vieilles sont plus coriaces.—Ici jeune est pris comme adjectif et est opposé à vieux.
Jeunesse, s. f.—Ne dites pas: laissez rire ces jeunesses, c'est leur âge; dites, laissez rire ces jeunes gens, ou bien, ces jeunes personnes, selon le cas.
Joailler, s. m., qui fabrique et vend des joyaux; ne dites pas jouailler:—jouailler, c'est jouer petit jeu.
Jockey, s. m., mot anglais.—Prononcez jokè.
Joint, te: ci-joint: voyez ci-inclus, au mot inclus.
Jointée, s. f., autant que les deux mains rapprochées peuvent contenir: une jointée d'orge, une jointée d'avoine.
Joli, Beau.—Joli, offre l'idée de quelque chose de gentil, qui plaît; beau se dit de ce qui est grand, de ce qui inspire de l'admiration.—D'où il suit que joli ne peut pas se dire d'une composition large et sérieuse ou d'une scène grandiose de la nature; ne dites donc pas: Athalie est une jolie tragédie; la mer, le lever du soleil est une jolie chose, etc.; dites, Athalie est une belle tragédie... Mais vous direz très-bien: Perrault a écrit de jolis contes; Lafontaine a fait de jolies fables, etc.
2. Ne dites pas: voilà un joli enterrement;—joli en effet exclut toute idée de tristesse, de douleur; dites, un bel enterrement.
Joliment, adv., se dit dans un langage très-familier pour beaucoup, extrêmement: il l'a joliment puni; vous vous êtes joliment trompé. (Acad.)—Beaucoup de personnes font un étrange abus de ce mot et disent par exemple: il a joliment neigé, j'ai joliment dormi, j'ai joliment faim, etc. Nous pensons qu'il faut rejeter ces sortes de locutions.
Jouer.—Ne dites pas, jouer avec les cartes ni jouer une carte, mais, jouer aux cartes. (Flandr.)—Voyez jeu.
2. Ne dites pas d'un musicien: il joue si bien sur le piano, sur le violon, etc.; mais, il joue si bien du piano, du violon.
3. Ne dites pas: jouer banqueroute, mais faire banqueroute. (Flandr.)
4. Ne dites pas: jouer dans la tête, en parlant d'idées, de chimères, de ce qu'on appelle faire des châteaux en Espagne; dites, passer par la tête:—ce sont de vaines idées qui vous passent par la tête.
5. Jouer, est un mot générique qui se dit de tous les instruments de musique, et dans cette acception il est neutre et doit être accompagné de la préposition de: jouer de l'orgue, du piano, du violon, etc.
6. On bat la caisse, le tambour, les timbales.—On donne du cor.—On sonne du cor et de la trompette.—On pince la harpe, la guitare, le luth, le téorbe.—On touche l'orgue, le piano, l'harmonium.
7. Prononcez jou-er et non jou-wer; je joue, (je joû, oû long), et non jou-we; je jou-ais, et non je jou-wais; je jouerai (je joûrai, oû long), et non je jou-we-rai, etc.—Prononcez de même jou-eur, et non jou-weur.
Jouereau, s. m., qui joue mal à quelque jeu ou qui hasarde peu au jeu; prononcez joûrau.
Joueur de tours, se dit aussi bien que faiseur de tours.
Joug, s. m.—Prononcez jougue, en faisant sentir le g même devant une consonne: un joug pesant, un joug honteux, un joug honorable.
Jouir.—On jouit de quelque chose d'agréable, d'avantageux;—ne dites donc pas: il jouit d'une mauvaise santé, d'une mauvaise réputation; dites, il a une mauvaise santé, une mauvaise réputation.
2. Prononcez: jou-ir, je jou-is, je jou-issais, jou-issance et non jou-wir, je jou-wis, je jou-wissais, jou-wissance.
Jour.—Faire son bonjour, faire ses dévotions, sont des locutions françaises. (Acad.)
2. On dit, jour ouvrable, jour ouvrier, et non jour d'ouvrier.
3. Ne dites pas: c'est mon jour aujourd'hui, demain; dites, c'est ma fête aujourd'hui, demain. (Flandr.)
4. Ne dites pas: cela est arrivé un jour au matin, un jour au soir; dites, ... un matin, un soir.
5. On dit indifféremment: vivre au jour le jour et vivre au jour la journée, c'est-à-dire, s'inquiéter peu du lendemain, être sans prévoyance. (Acad.)
6. Ne dites pas: au jour d'aujourd'hui l'instruction est bien répandue; dites, aujourd'hui ou à présent ou au siècle où nous sommes, ou bien, selon le sens, à l'heure qu'il est, l'instruction est bien répandue.
7. Ne dites pas: quel jour avons-nous? dites, quel jour est-il, quel jour sommes-nous, quel jour est-ce aujourd'hui?
8. Ne dites pas: jour bien employé, mal employé; dites, journée bien employée...—La journée est le jour par rapport à la manière dont il s'est passé.
9. Jour civil, espace de vingt-quatre heures qui se prend de minuit à minuit.—Jour naturel, temps qui s'écoule entre le lever et le coucher du soleil.—Jour astronomique, espace de vingt-quatre heures solaires moyennes, d'un midi à l'autre.—Jours complémentaires, dans le calendrier républicain, se disait des cinq ou six jours que l'on comptait à la fin de l'année, pour compléter le nombre de trois cent soixante-cinq ou de trois cent soixante-six jours, les mois de ce calendrier n'étant chacun que de trente jours.
10. Jours gras, les derniers jours du carnaval qui sont le jeudi, le dimanche, le lundi et le mardi.
11. Les noms des jours de la semaine s'écrivent sans majuscules: dimanche, lundi, mardi, etc.—Voyez calendrier républicain.
Jourd'hui, le jour actuel, appartient au vieux langage; il ne s'employait qu'avec le ou ce.—Ce jourd'hui est encore usité au palais.
Journal.—Ne dites pas: j'ai lu cette nouvelle sur le journal, sur la gazette, etc., mais, dans le journal, dans la gazette, comme on dit, j'ai lu dans tel livre.
Journellement, tous les jours, chaque jour: il étudie journellement cinq heures consécutives.—Journalièrement n'est pas français.
Jubé, s. m., espèce de tribune élevée dans une église; ne dites pas doxal ni toxal.
Juge.—Prononcez ju-ge, je ju-ge, je ju-gerai, jugement et non ju-che, je ju-che, je ju-cherai, ju-chement.
Juger, v. a. et n.—Ne dites pas: il juge tout ou sur tout à tort et à travers; dites, il juge de tout ou il tranche sur tout...
2. Juger quelqu'un ou quelque chose, c'est décider comme juge ou arbitre, ou bien exprimer d'une manière tranchante, une opinion, un avis: juger un procès (comme juge); jugez-nous (comme arbitre), je vous prie; vous jugez (décidez sur le mérite de) cet homme trop sévèrement.
3. Juger de, c'est avoir, énoncer une opinion; cette forme est plus vague et surtout moins pédantesque: juger sainement des choses; juger de la pièce par l'échantillon; il ne faut pas juger des gens sur l'apparence. (Belgicismes, par M. J. Benoit.)
Juif, fait au féminin juive et non juifresse ni juivresse.—Faites sentir l'f de juif au singulier et au pluriel; prononcez ju-if, ju-ive, et non jou-if, joui-ve (ui diphth. et non oui).
Juillet.—Prononcez ju-illet (ui diphth.) et non jou-illet, ni ju-let, julette: on mouille les ll.
Juin.—Prononcez ju-in (ui diphth.) et non jeun, jun ni jou-in.
Jujube, est féminin: de la jujube.—Prononcez juju-be et non juju-pe.
Jumeau, Jumelle, se dit de deux ou de plusieurs enfants nés ensemble.—Ne le confondez pas avec gémeau, subst. masculin, qui n'est usité qu'au pluriel Gémeaux, pour signifier l'un des douze signes du zodiaque.
Junte, s. f., nom que l'on donne à différents conseils en Espagne et en Portugal: la junte du commerce. Prononcez jonte.
Jurer, se dit pour blasphémer; jurement se dit également dans le sens de blasphème, imprécation, exécration. (Acad.)
Jury, Juré, Juriste.—Le jury est le corps, la réunion des jurés;—le juré est un membre du jury;—le juriste est celui qui écrit sur des matières de droit.—Quelques-uns écrivent juri, dit l'Académie, qui cependant a adopté jury.—Beaucoup de personnes confondent les deux mots jury et juré.
Jus, s. m.—Ne dites pas: cet enfant tousse, il faut lui donner du jus; dites, ... du jus de réglisse.
Jusque, prép., exige toujours à sa suite une préposition avec son complément: jusque dans les enfers, jusque par-dessus la tête, jusqu'à nouvel ordre.
2. On écrit quelquefois jusques avec une s à la fin, lorsque ce mot est suivi d'un autre mot commençant par une voyelle; alors on fait sentir la liaison entre jusques et le mot suivant: jusques au ciel, jusques à quand.
3. Jusque, suivi de là, adverbe, prend toujours un trait d'union: ils en vinrent jusque-là, et non jusqu'à-là qui n'est pas français.
4. On dit jusqu'à hier, jusqu'à demain, jusqu'à midi, jusqu'à Paris, jusqu'à Namur, et non pas jusque Paris, jusque Namur.—On peut dire jusqu'aujourd'hui et jusqu'à aujourd'hui, mais le premier est préférable.—Prononcez jusque (e muet) et non jusquè.
Juste.—Comme de juste est une expression aussi vicieuse que le seraient comme de vrai, comme de faux; dites comme de raison, comme il est juste.
2. Ne dites pas: il est sept heures justes; dites, il est sept heures précises.—Mais on dira bien: il est arrivé juste à l'heure du dîner; juste, est ici adverbe et signifie justement, exactement. Prononcez jus-te et non jusse.
Justement.—Dites, ce chasseur tire juste; peser juste; cela entre juste; chanter juste; il a deviné juste; il raisonne juste, etc., et non justement.
2. Justement signifie avec justice: il a été condamné justement.
3. Il signifie aussi la même chose que précisément: je suis arrivé justement quand on se mettait à table.
4. Ne dites pas: vous venez à propos, il est justement arrivé; dites, il vient d'arriver, il ne fait que d'arriver.—Voyez faire.
K
Kakatoès, s. m., sorte de perroquet huppé: prononcez kakatoua. (Acad.)
Karat, s. m.: on écrit plus souvent carat.
Keepsake, s. m., souvenir (mot anglais): prononcez kip'sèke.
Kermesse ou Karmesse, s. f., nom qu'on donne en Belgique et en Hollande aux fêtes annuelles communales ou paroissiales. (Acad.)
2. Ducace ou dicace se dit également pour kermesse dans ces pays; mais ce mot n'a pas été adopté par l'Académie, attendu qu'il n'est qu'une corruption du mot dédicace, lequel ne se dit que de cérémonies ou de fêtes religieuses.
Kilogramme.—On dit souvent par abréviation, dans le commerce: kilo, cinquante kilos. (Acad.)
2. Quoi qu'en dise l'Académie, le pluriel kilos est un véritable barbarisme, car il n'est pas permis de mettre la marque du pluriel à une abréviation, à la moitié d'un mot: on doit donc écrire cinquante kilo, ou mieux cinquante kilog. et mieux encore cinquante kilogrammes.—Ne dites pas kulo ni tilo pour kilo.
Kinine, s. f.: on écrit plus souvent quinine.
Kiosque, s. m., pavillon de jardin: prononcez kios-que et non kiosse.
Kip-kap, mot flamand: dites mou de veau.
Kirsch-wasser (ou simplement kirsch), eau-de-vie de cerises: prononcez kirche-ouaceur (eur bref), kirche.
Knout, s. m., supplice du fouet en Russie: prononcez knoute.
Koekebak, mot flamand estropié, par lequel on désigne souvent des crêpes (bouquettes en wallon).
Kopeck, s. m., monnaie russe d'environ quatre centimes; on écrit aussi copeck.—Prononcez kopèke.
Koran, s. m.: on écrit plus souvent Coran: voyez Alcoran.
Kreutzer, s. m., monnaie allemande: prononcez kreutzère; quelques-uns prononcent krètche.
Kyrie-eleison, s. m., prononcez ki-ri-é-éleis-sone, et non ki-ri-é-élei-zone.
L
L.—Il y a deux sortes d'l: l'l simple et l'l mouillée.—L'l simple est celle qui ne fait entendre qu'une seule articulation, qu'elle soit simple en effet comme dans bal, bel, fil, col, nul, etc., ou double comme dans balle, bulle, ville, molle, collége, etc.—L'l mouillée, dont la prononciation est particulière à la langue française, est presque toujours indiquée par la présence d'un i devant cette consonne; elle se prononce alors, non d'après sa valeur ordinaire, mais avec une sorte de mollesse, en faisant entendre un i après elle, indépendamment de celui qui la précède réellement; ainsi billard, piller, tilleul, bouillon, mouiller, ailleurs, bouteille, cueille, meilleur, etc., se prononcent comme s'il y avait biliard, pilier, tilieul, boulion, moulier, alieurs, bouteillie, cueillie, melieur.—Plusieurs grammairiens prétendent qu'il faut prononcer à la manière des wallons et du peuple de Paris: biïard, piïer, tiïeul, bouiïon, aiïeurs, bouteiïe, cueiïe, meiïeur, mouiïer, etc., en supprimant entièrement l'l et en la remplaçant par deux i ou par un y.—Nous pensons que la première prononciation est plus généralement reçue dans notre pays. Au reste, cette question étant très-controversée, chacun peut adopter telle prononciation qu'il lui semblera bon.—Nous ajouterons pourtant que bon nombre de grammairiens recommandent la première prononciation dans le discours soutenu et la seconde dans la conversation ordinaire.
2. L finale est mouillée dans les mots suivants: avril, babil, cil, fenil, grésil, gril, mil ou millet et péril. (Acad.)—Elle ne se prononce pas dans: baril, chenil, fournil, fusil, outil, persil, sourcil, coutil, courtil, gentil (voyez ce mot), gril (dans le langage familier), nombril, soûl, cul-de-jatte, cul-de-lampe, cul-de-sac. (Acad.)—Lle finales se mouillent dans les mots suivants: aiguille, anguille, bille, cocomille, cédille, charmille, cheville, coquille, esquille, étrille, famille, faucille, fille, goupille, grille, guenille, lentille, pacotille, pastille, quille, roquille, vétille, vrille, etc.
La.—Le pronom le est invariable et s'emploie toujours au masculin quand il tient la place d'un adjectif: Madame, êtes-vous malade? je le suis (et non je la suis); Mesdames, êtes-vous contentes de ce discours? nous le sommes (et non nous les sommes).—Mais si l'adjectif est précédé d'un article, le, la, les s'accordent avec lui en genre et en nombre, parce qu'alors l'adjectif devient substantif: Madame, êtes-vous la malade dont on m'a parlé? je la suis (et non je le suis); Mesdames, êtes-vous les parentes de Monsieur? nous les sommes (et non nous le sommes).—De même, en s'adressant à des hommes, vous direz: êtes-vous soldats, médecins, avocats, Messieurs?—nous le sommes: (ces subst. sont pris ici adjectivement).—Mais vous direz: êtes-vous les soldats de Sébastopol, Messieurs?—Nous les sommes: (le subst. ici est un véritable substantif).
2. Là (avec un accent grave pour le distinguer de l'article la) et Ci, adv. dém., se mettent souvent à la suite des pronoms démonstratifs, et dans ce cas, on doit mettre un trait d'union entre là et ci et les mots qui les précèdent: celui-ci, celui-là, ce temps-là, cet homme-là.
3. Il s'emploie quelquefois par une sorte de redondance, et pour donner plus de force à la phrase, et dans ce cas, il ne faut pas de trait d'union: c'est là du courage; c'est là ce que vous auriez dû faire.
4. Ne dites pas: c'est là où je l'ai vu; dites, c'est là que je l'ai vu.
5. Ne dites pas: vous êtes venu chez moi, je n'étais pas là; dites, je n'y étais pas, je n'étais pas à la maison, j'étais absent.
6. De là, sans trait d'union, signifie de ce lieu-là, de ce point-là, de ce sujet-là, de cette chose-là; de là à la ville il y a cinq cents pas; tirez-vous de là; de là sont venues les guerres civiles.
7. Delà, prép., s'écrit en un seul mot, c'est-à-dire, sans trait d'union entre de et là: delà la rivière, delà les monts; il est de delà les monts, par delà le cap de Bonne-Espérance.—Dans ces derniers cas, toutefois, on dit de préférence au delà des monts, au delà du cap de Bonne-Espérance.
8. Deçà et delà, de côté et d'autre: j'ai perdu ma bourse, je l'ai cherchée deçà et delà; il était à cheval, jambe deçà, jambe delà, c'est-à-dire à califourchon.
9. En delà, signifie plus loin.
10. Par-ci, par-là, jusque-là, s'écrivent avec un trait d'union.
11. La, la, sans accent grave, locution familière, espèce d'interjection: la, la, ne pleurez plus; la, la, en voilà assez.—La, la (sans accent grave); adv.: a-t-il bien travaillé? la, la,—c'est-à-dire, médiocrement.
12. La, s. m., note de musique: prononcez lâ (a long).
Le, La, art.—1o L'article la ne se met que devant les noms des femmes célèbres par leurs crimes.—2o Ce tour que les français emploient rarement parce qu'il n'est pas honnête, est plus ordinaire dans la langue italienne: Le Tasse, la Pansarosa, la Ristori.
2. Ne dites pas: il a pris son enfant sur le bras et l'a emporté; dites, sur son bras.
3. Ne dites pas: l'un jour il travaille et l'autre il ne fait rien; dites, un jour il travaille...
4. Ne dites pas: l'un ou l'autre de mes parents vient me chercher; dites, un de mes parents, quelqu'un de mes parents vient...
5. Ne dites pas: parler le français, l'allemand; dites, parler français, allemand.
6. Ne dites pas: tout alla comme je désirais; dites, comme je le désirais.
7. Écrivez et prononcez: je l'ai vu, vous l'avez reçu, etc., et non je l'lai vu, vous l'l'avez reçu.
8. Ledit, ladite, etc.: voyez dit.
Labarum, s. m., étendard de Constantin; prononcez labarome.
Labour, s. m.—ne dites pas, des chevaux de labourage, mais, des chevaux de labour.
Laboureur, s. m., celui qui par état laboure la terre; ce mot n'a pas de correspondant féminin.
Lac, s. m., ne se dit que d'une grande étendue d'eau, et ne peut pas s'employer comme synonyme de mare, de flaque: dans ce village on abreuve les bestiaux à une mare; il y a des flaques d'eau dans ce chemin.—Il est à remarquer qu'une flaque est moins grande qu'une mare; c'est plutôt ce qu'on désigne, en wallon, sous le nom de potai.—Prononcez lake au sing. et au pluriel.
Lacer, serrer avec un lacet;—délacer, enlacer, laceure, lacet: tous ces mots s'écrivent avec un c.
Lâche, lâcher, lâcheté, lâchement: prononcez l'â long.
Lâcher, v. a.—D'après l'Académie, il faut dire: lâcher de l'eau (uriner) et non lâcher l'eau comme on le dit vulgairement.
Lacs, s. m., cordon délié, nœud coulant pour prendre divers oiseaux ou le gibier; au figuré, piége, embarras;—l'orthographe de ce mot est la même au singulier qu'au pluriel:—prononcez lâ.
Lacune, s. f., vide, interruption; ne le confondez pas avec lagune, petit lac, flaque d'eau.
Ladre, subst., avare, au féminin ladresse. (Acad.)
Lady, s. f., titre que l'on donne en Angleterre aux femmes et aux filles de personnes titrées; au pluriel ladys. Prononcez lédi. (Acad.)
Lai, Laie, adj., laïque: frère lai, moine lai, c'est-à-dire, qui n'est point destiné à la prêtrise; on se sert aussi de ce mot comme substantif. Prononcez lè, son bref, comme dans laid (désagréable.)
Laïc: voyez laïque.
Laideron, s. f., jeune fille ou jeune femme laide; l'Académie n'admet point la forme laideronne: c'est une petite laideron et non laideronne.
Laineux, Lanugineux.—Laineux se dit des moutons et des étoffes qui ont beaucoup de laine; il se dit aussi des plantes ou parties de plantes qui sont couvertes de poils imitant la laine;—lanugineux ne se dit que des parties des plantes, feuilles, fruits, tiges, etc., qui sont couvertes d'une espèce de duvet semblable à la laine ou au coton.
2. Quoique la laine ne paraisse guère mangeable, on trouve cependant dans l'Académie le dicton: se laisser manger la laine sur le dos; ce qui signifie, souffrir tout, ne pas savoir se défendre.—Prononcez laine (lène), laineux (lèneux) et non lain-ne, lain-neux.
Laïque, adj. des deux genres; quelques-uns écrivent laïc au masculin (Acad.);—il est aussi substantif masculin;—il se dit d'une personne qui n'appartient pas au clergé.
Laisse (je, tu, il), du verbe laisser, a l'ai long;—il est bref dans laisse, s. f., corde pour mener les chiens.
2. Ne dites pas mener les chiens à la laisse, mais, en laisse.
Laisser, pour faire, est un flandricisme; ne dites pas: je me suis laissé faire un habit; j'ai laissé relier mon manuel; je me suis laissé saigner, etc.; dites, je me suis fait faire un habit; j'ai fait relier mon manuel; je me suis fait saigner.
2. Ne dites pas: laisser la porte sur la serrure; dites, laisser la porte à demi-fermée ou entrou'verte.
3. Ne dites pas: laissez-nous aller pour allons, partons. (Fland.)
4. Ne dites pas: je me suis laissé à dire; dites, j'ai cédé ou je me suis rendu, j'ai accédé, acquiescé à ses instances, à ses sollicitations, à sa demande. (Wall.)
5. Ne dites pas: je me suis laissé dire: il ne s'agit pas ici d'une permission à donner; dites simplement, on m'a dit.
6. On dit indifféremment, ne pas laisser de ou ne pas laisser que de: il ne faut pas laisser d'aller toujours votre chemin; il est pauvre, mais il ne laisse pas que d'être honnête homme; la seconde expression est pourtant moins usitée que la première.
Lait, s. m.—Prononcez lè (è bref).—Ne dites pas: une carpe à lait, mais, une carpe à laite ou à laitance (substance blanche et molle ressemblant à du lait caillé).
2. Ne dites pas: il est blanc comme un lait; dites, il est blanc comme lait ou comme du lait. Voyez jais, geai et jaune.
3. Lait de beurre ou babeurre (et non lait battu), espèce de petit lait qui reste dans la baratte après qu'on a fait le beurre.
4. Petit-lait ou lait clair, sérosité ou liquide qui se sépare du lait lorsqu'il se caille: prenez un verre de petit-lait pour vous rafraîchir.
5. Lait coupé, lait dans lequel on a mis une portion d'un autre liquide: lait coupé avec du bouillon.
6. Lait de poule, jaune d'œuf délayé dans de l'eau chaude avec du sucre.
Laitière, s. f., femme qui fait le métier de vendre du lait; ne dites pas, femme au lait.—Prononcez laiti-ère et non laitchi-ère. Voyez ti et di.
Lamperon, Lampion.—Le lamperon est le petit tuyau ou la languette qui tient la mèche, (le coton) dans une lampe.—Le lampion est un vaisseau de verre, de terre ou de fer blanc que l'on place dans une lanterne ou dont on se sert pour faire des illuminations.
Lancées, Lançures, Lancements, ne sont pas français; dites, élancements: j'ai des élancements dans la tête, au doigt.—Voyez le mot suivant.
Lancer, faire ressentir dans quelque partie du corps une douleur vive et aiguë avec agitation; dites élancer et non lancer: la tête m'élance, le doigt m'élance.
Lande, Lente, s. f.—Une lande est une grande étendue de terre inculte et stérile: les Ardennes et la Campine sont pleines de landes.—Une lente est l'œuf d'où sortent les poux et qui s'attachent aux cheveux des enfants et des personnes malpropres (ne dites pas lende).—Voyez fange.
Landier, s. m., gros chenet de fer qui sert à la cuisine pour élever le bois autour de l'âtre et le faire brûler plus facilement.—Ne dites pas andier.
Landwehr, s. f., garde civique en Allemagne: prononcez land'vère.
Lange, Linge, s. m.—Le lange est le morceau de linge dont on enveloppe les enfants au berceau;—le linge se dit de toute toile mise en œuvre selon les différents usages auxquels on veut l'employer.—Prononcez lan-ge, lin-ge, et non lan-che, lin-che.
Langue fumée.—Ne dites pas langue enfumée.—Prononcez lan-gue et non lan-ke; prononcez de même bague, harangue, figue, etc.
Lanterne magique, s. f., instrument d'optique; ne dites pas lanterne magie.
Lapis, s. m., pierre précieuse; on dit aussi lapis-lazuli; prononcez lapice-ladzuli.
Lapisse, s. m., mot wallon, eau de son, eau blanche: il faut donner de l'eau de son à ce cheval pour le rafraîchir.
Lapoter, mot wallon, boire en tirant avec la langue comme le chien; en français, laper: ce chien fait du bruit en lapant.
Laps, s. m., espace de temps; prononcez le p et l's, lap'se.
Laque, s. f., ne se dit pas dans le sens de cire à cacheter; dites un bâton de cire à cacheter et non, un bâton de laque.—La laque est une sorte de gomme résine: la laque sert à composer des vernis.—Ce mot est masculin quand on veut parler du vernis de Chine ou des meubles qui en sont recouverts: le beau laque de la Chine.
Lard (bacon de), mot wallon; dites une flèche de lard.
Large, Long, Haut.—Ces adjectifs peuvent s'employer substantivement au lieu de largeur, longueur, hauteur: ce tableau a six pieds de haut sur quatre de large; ces rideaux ont six aunes de long.—Mais vous ne pouvez pas dire: cette chambre est six pieds longue, large, haute; dites, est longue, large, haute de six pieds, ou a six pieds de long, de large, de haut.
2. Au large, au long et au large, du long et du large, en long et en large, sont des locutions adverbiales.
3. Large (à grand), est une locution wallonne; dites largement, grandement, amplement: il a été payé largement; il leur donna amplement à manger.
4. Ne dites pas non plus: il regarda tout large, pour signifier, il fut étonné, surpris, stupéfait, stupéfié.—(Wall.) Prononcez large et non larche.
Larynx, s. m., partie supérieure de la trachée-artère, principal instrument de la voix:—prononcez laraink-ce.
Las, interj., hélas; il est du style naïf et familier. (Acad.) Prononcez lâce.
Las, lasse, adj., fatigué, ennuyé, dégoûté; l'a est long au masculin et au féminin et le masculin se prononce lâ et non lâce au singulier et au pluriel: je suis si las (lâ), nous sommes si las (lâ et non lâce).
Lasser, v. a., fatiguer, causer de la fatigue, ennuyer, dégoûter.—Se lasser régit la prép. à ou la prép. de: la prép. à, lorsqu'il est pris dans le sens de fatiguer, et la prép. de, lorsqu'il a le sens d'ennuyer, dégoûter: on se lasse plus à rester debout qu'à marcher; on se lasse d'entendre toujours les mêmes plaintes.
Latrines, s. f. pluriel sans singulier, lieu où l'on satisfait à ses besoins naturels.
Latte, s. f., morceau de bois refendu selon son fil, long, mince, étroit, que l'on attache avec des clous sur les chevrons pour porter la tuile, ou dans l'intérieur des bâtiments, sur la charpente pour recevoir l'enduit de plâtre des plafonds et des cloisons: une botte de lattes; clouer des lattes; un grenier lambrissé sous des lattes.
Latter, v. a., garnir de lattes:—il faut latter et contrelatter cette cloison; il s'emploie aussi absolument: latter à claire-voie; latter à lattes jointives.—Lattis, s. m., ouvrage de lattes: couvrir un lattis avec des tuiles.—Prononcez lati et non latice.
Laudanum, s. m., préparation d'opium; prononcez lôdanome.—Ne dites pas de l'eau d'ânon.
Laudes, s. f. pl., partie de l'office: prononcez lô-de et non lô-te.
Lauréole, s. f., plante dont les feuilles ressemblent à celles du laurier; ne dites pas laurelle et prononcez lo-réole.
Laurier.—Prononcez lo-rier et non lô-rier.
Lavanche et Lavange, s. f., se disent quelquefois pour avalanche. (Acad.)
Lavande, s. f., plante aromatique, labiée, portant de petites fleurs bleues qui viennent par épi: eau de lavande; mettre de la lavande dans du linge.—Ne prononcez pas lavante.
Lavandier, Lavandière.—Un lavandier est un officier, dans certaines cours, chargé de veiller au blanchissage du linge.—Une lavandière est une femme qui lave le linge; ce mot est peu usité, on dit plus souvent dans ce sens blanchisseur, euse, lessiveur, euse, et quelquefois laveur, laveuse: laveuse de linge.
Lavasse, s. f., pluie, subite, abondante et impétueuse: il vint tout à-coup une grande lavasse.—Mais on ne peut pas dire: il pleut à lavasse.
2. Lavasse signifie encore, vin, bière, bouillon, sauce, tisane où l'on a mis trop d'eau: ce n'est que de la lavasse.—On dit aussi piquette dans le même sens, mais lapette n'est pas français.
Laver, ne peut pas s'employer dans le sens d'arroser, d'irriguer.
2. Laver, s'emploie quelquefois absolument et alors il signifie se laver les mains avant le repas: ne voulez-vous pas laver. (Acad.) Dans toute autre acception, il faut exprimer la partie du corps qu'on lave: se laver les mains, la figure, les pieds, etc.
3. On ne dit pas: laver ses mains, sa figure, etc., mais se laver les mains, la figure.
Lavette, s. f., petit morceau de linge dont on se sert pour laver la vaisselle.
Lavier, Lévier, ne sont pas français; dites évier, pour signifier une pierre en forme de table et légèrement creusée sur laquelle on lave la vaisselle, et qui a un trou pour l'écoulement des eaux: jeter les eaux par l'évier; cette cuisine a un évier.—On dit aussi pierre d'évier et pierre à laver.
Lavis, s. m., Lavure, s. f.—Lavis est un terme de peinture et signifie la manière de colorier un dessin avec de l'encre de chine, du bistre, etc.—Prononcez lavi.—Lavure est l'eau qui a servi à laver la vaisselle, les écuelles et n'est guère usité que dans cette locution: lavure de vaisselle, d'écuelles.—Lavure de vaisselle se dit aussi, familièrement, d'un bouillon, d'un potage fade et insipide où il y a trop d'eau.
Lazzarone. s. m., nom que l'on donne aux dernières classes du peuple napolitain; on dit au pluriel lazzaroni.—Prononcez, lad'zaroné, lad'zaroni; le z italien équivaut à ds, dz.
Lazzi, s. m., mot italien qui signifie, action, mouvement, geste bouffon dans la représentation des comédies: les lazzi d'Arlequin.—Il se dit, par extension, de mauvaises plaisanteries et de bouffonneries faites ailleurs qu'au théâtre: il s'en est tiré par des lazzi. L'Académie dit que quelques-uns écrivent au pluriel lazzis, mais dans les exemples qu'elle donne du pluriel, elle écrit lazzi sans s.—Prononcez l'ad'zi.
Le, art. et pron.—Prononcez le et non lè.
2. Le, la, les, employés comme régimes directs, ne doivent jamais s'omettre ni en vers ni en prose. Ce serait donc une faute de dire: je lui avais bien dit; donnez-lui; je ne suis pas ingrat, je lui rendrai bien; au lieu de: je le lui avais bien dit; donnez-le-lui; je le lui rendrai bien.
3. Cette règle est également applicable au pronom en. Ne dites donc pas: j'aurai plus de complaisance qu'ils n'ont; c'est là, soyez certain, la cause de son refus. Dites, qu'ils n'en ont; soyez-en certain.
4. Les phrases suivantes sont également incorrectes: prêtez-moi-le, montrez-nous-les, donnez-moi-le, etc. Ici il faut placer le régime direct le premier: prêtez-le-moi; montrez-les-nous; donnez-le-moi.
5. Les, Des, Mes, Tes, Ses.—Prononcez lè, dè, mè, tè, sè, et non lé, dé, mé, té, sé.
6. Lé, s. m., largeur d'une étoffe entre deux lisières: un lé de drap. Écrivez et prononcez lé et non lè ni lit.
Leçon, s. f.—Ne dites pas: je prends des leçons à un habile professeur; dites, je prends des leçons d'un habile professeur.
2. On dit très-bien, donner, prendre des leçons de musique, de dessin, d'histoire, etc. (Acad.);—mais donner leçon de grec, de latin, etc., ne nous paraît pas assez correct; il faut dire, donner des leçons de ...—Donner, prendre des leçons, se dit des leçons particulières; mais quand il s'agit de leçons ou de cours publics, on dit faire un cours (et non donner un cours), faire une leçon, faire des leçons.—Prononcez leçon et non lèçon.
Lecteur, lectrice, Liseur, liseuse.—La lecteur est en général celui qui lit, ou dont le métier est de lire à haute voix devant une ou plusieurs personnes ou une communauté; c'est un bon lecteur, c'est une excellente lectrice; lecteur du roi, lectrice de la reine.—-Le liseur est celui qui aime à lire, qui ne fait que lire, qui lit beaucoup et longtemps, qui lit avec passion; le liseur est un lecteur passionné: c'est un grand liseur, une grande liseuse de romans. Il est familier.
Légataire, subst. des deux genres, Testateur, testatrice.—Légataire, est celui, celle à qui on fait un legs;—testateur, testatrice, est celui, celle qui fait un testament.—Voyez dépositaire, signataire, locataire.
Léger, légère, adj., qui pèse peu, agile, volage; prononcez légé et non l'gé ni legé, lègé, légère (au masc.), quoique Rousseau et Voltaire l'aient fait rimer avec air et cher.
Législateur, législatrice, Légiste.—Légiste, qui connaît ou qui étudie les lois;—législateur, celui qui donne des lois à un peuple: Moïse fut le législateur des Hébreux.
Législation, Législature.—Législation est le droit de faire des lois: en Belgique, la législation appartient au Roi et aux deux Chambres;—il se dit aussi du corps même des lois: réformer la législation;—il se dit encore de la science, de la connaissance des lois: il est habile en législation.—La législature, ce sont les trois pouvoirs qui concourent à la confection des lois: la législature vient de décider une grande question.—Il s'emploie souvent dans le sens d'assemblée législative: législature nombreuse, complète.—Il se dit encore de la période de temps qui s'écoule depuis l'installation d'une assemblée législative, jusqu'à l'expiration de ses pouvoirs: pendant la première, la seconde législature.
Legs, s. m., ce qui est légué; prononcez lè et non lègue.
Légume, est masculin: de bons légumes et non de bonnes légumes.
Lendemain.—Du jour au lendemain;—quoi qu'en disent certains grammairiens, cette expression est très-correcte et fort usitée.—Prononcez len-de-main et non lan-ne-main.—Voyez commandement.
Lent à, Long à, se disent indifféremment l'un pour l'autre; cependant lent à, longtemps à, nous semblent préférables à long à: ces messieurs sont bien lents à venir, sont longtemps à venir.
Lente, s. f.: voyez lande.
Lesquels, Desquels: prononcez lèquèl, dèquèl, et non lès'quel, dès'quel ni lèquéle, dèquéle.
Lest, s. m., poids au fond du navire; prononcez less'te et non lesse.
Leste, adj. des deux genres, léger, inconsidéré: prononcez less'te et non lesse.
Lettre, s. f.—De quel genre sont les lettres de l'alphabet?—Si l'on adopte l'appellation moderne, elles sont toutes du masculin; un be, un de, un pe, un re, un se;—si l'on adopte, au contraire, l'appellation ancienne et usuelle (c'est celle que nous avons nous-même adoptée dans notre Dictionnaire), il faut consulter le son final de la lettre: elle sera féminine si ce son final lui-même est féminin, c'est-à-dire, s'il est censé se terminer par un e muet: une f, une h, une l, une m, une r, une s, une x, parce qu'on prononce effe, hache, elle, emme, enne, erre, esse, ikse.—Elles sont du masculin lorsque le son final est grave ou est censé se terminer par une voyelle autre que l'e muet: un b, un c, un d, un g, un j, un k, un p, un q, un t, un v, w, qui se prononcent bé, cé, dé, gé, ji, ka, pé, ku, té, vé.
2. Lettre, s. f.—Ne dites pas, mettre des mots par lettres alphabétiques, mais, par ordre alphabétique; en effet, toutes les lettres sont alphabétiques.
3. Ne dites pas, le porteur de lettres, mais, le facteur.—Prononcez let-tre et non let-te ni lettère.
Leur.—Ne dites pas: ils étaient leur deux, leur trois; dites, ils étaient deux, trois ou eux deux, eux trois, elles deux, elles trois; comme on dit, nous étions nous deux, vous étiez vous trois, et non nous étions nos deux, vous étiez vos trois.
2. Leur, signifiant d'eux, d'elles, veut être devant son substantif; dites en parlant de deux frères ou deux cousins: je suis leur parent, c'est-à-dire, le parent d'eux, et non, je leur suis parent, qui signifierait, je suis parent à eux, ce qui n'est pas français.
3. Leur, pronom, s'écrit sans s: ne dites donc pas, je leurs z'ai dit; dites, je leur ai dit.
Levain, s. m., Alevin, s. m.—Le levain est une pâte aigrie qui, mêlée à la pâte dont on veut faire le pain, la fait lever et fermenter;—l'alevin, c'est du menu poisson pour peupler un étang, un vivier; dites donc, j'ai mis de l'alevin dans mon réservoir, et non pas du levain.
Levée, s. f.—Ne dites pas: il est capot, il n'a pas fait un seul levé; dites, une seule levée.
Lever, v. ac., fait au futur je lèverai, tu lèveras, etc., et au conditionnel, je lèverais, tu lèverais, etc., et non je leverai, tu leveras; je leverais, tu leverais.
2. Ne dites pas: j'ai levé cet enfant, pour dire, que vous êtes son parrain; dites, j'ai tenu cet enfant sur les fonts, ou je suis le parrain de cet enfant.
3. On dit très-bien, dans le sens de percevoir, recueillir, rassembler, ramasser, emporter: lever les fruits d'une terre; lever les impôts, des impôts; on lève annuellement tant de millions sur ce royaume; on lève un droit sur cette denrée;—on a dit de même autrefois, lever les rentes seigneuriales, la dîme.
4. Mais en parlant d'une somme d'argent, il faut dire toucher et non lever: il a touché ses appointements (et non levé); je lui ai fait toucher telle somme (et non lever); toucher de l'argent (et non lever). (Acad.)—(Wall.)—Prononcez lever et non lèver.
Lever-Dieu, s. m., le moment de la messe où le prêtre élève la sainte hostie; au plur., lever-Dieu; ne dites pas Dieu-levé.
Levier: voyez évier.
Lèvre, s. f.: prononcez lèvre, et non lè-fe ni lé-vère.
Levûre, s. f.—Ce substantif ne peut se mettre au pluriel que dans les cas où il s'agirait de différentes espèces de levûres. Il n'est pas plus correct de dire, acheter des levûres, mettre des levûres dans la pâte, que de dire acheter des levains, mettre des levains; il faut dire, acheter de la levûre, mettre de la levûre. Prononcez et écrivez levûre (accent circonflexe) et non lèvure.
Lexique, s. m., dictionnaire; il se dit particulièrement des dictionnaires grecs;—prononcez lek-cique, et non lek-zique; prononcez de même ses dérivés, lexicologie, lexicographie, etc.
Lez, adv., vieux mot signifiant à côté, proche de: la Tombe lez-Tournai.—C'est à tort que l'on remplace lez par les ou des: Plessis-les-Tours; il faudrait dire, Plessis-lez-Tours.—Prononcez lé et non lè, ni lèze.
Liaisons affectées.—La conversation demande plus de laisser-aller et un certain négligé que ne comporte pas le discours soutenu. Il faut donc éviter, en parlant, de multiplier les liaisons; il faut même s'attacher à les omettre le plus possible, surtout celles des s et des t et surtout encore celles qui présenteraient, dans le même mot ou dans deux mots qui se suivent, la répétition des mêmes consonnes ou des mêmes sons,—c'est ainsi que les personnes de bon ton ne diront jamais: il est onze heures z'et un quart, onze heures z'et demie; deux heures z'et demie; elles diront avec beaucoup plus de naturel il est onze heures et un quart, etc., en supprimant la liaison.—«Lier les mots avec affectation dans les discours fut de tout temps le propre de la pédanterie; c'est un défaut de maître d'écriture.» (Francis Wey).
Liard, s. m.—Ne dites pas: je n'ai plus de petits liards; dites, je n'ai plus de petite monnaie.—Prononcez liar (en une seule syllabe) et non li-ar ni li-iar.
Libelle, écrit injurieux, diffamatoire, est masculin: un libelle violent.
Libelliste, s. m., auteur de libelle; prononcez libel'liste; et non libèliste ni libel'lisse.
Liber, s. m., troisième partie de l'écorce; prononcez libère.
Libera, s. m., prière pour les morts; prononcez libéra.
Libéral, libéralité, libérer.—Prononcez libéral, libéralité, libérer, et non, libèral, libèralité, libèrer.
Librairie, Mairie, Seigneurie.—Dites librai-rie, mai-rie, seigneu-rie, et non librai-rerie, mai-rerie, seigneu-rerie.
Libre, adj.: prononcez li-bre et non li-pre, li-pe, libère.
Licence, s. f., grade que l'on prend dans les facultés de théologie (et autrefois dans celles de droit et de médecine); c'est le degré entre le baccalauréat (le grade de bachelier) et le doctorat: la licence en théologie, en droit canon;—le licencié est celui qui a pris le grade de la licence: monsieur N. est licencié en théologie.
Licet, s. m., permission; prononcez licète.
Lichefrite, s. f., ustensile de cuisine qui reçoit la graisse et le jus de viandes qu'on fait rôtir; dites, la lèchefrite.
Lichen, s. m., plante parasite qui croît sur les troncs d'arbres, sur les rochers, sur les murs; prononcez likène. (Acad.)
Licol ou Licou, s. m., lien de cuir ou de crin qu'on met autour du cou des chevaux pour les attacher à l'auge, au ratelier.—Licol n'est employé qu'en poésie et devant une voyelle, pour éviter l'hiatus;—licou fait au pluriel licous.
Lier, v., Lien, s. m.: prononcez li-é, li-in, et non li-ié, li-iin.
2. Ne dites pas: lier les dents; dites, agacer les dents.
Lierre, s. m., plante; prononcez lière (iè diphth.)
Liesse, s. f., joie; prononcez li-èce;—ce mot est vieux, dit l'Académie.
Lieu.—Les locutions, donner lieu, trouver lieu, avoir lieu, y avoir lieu, demandent la préposition à devant un substantif et la préposition de devant un infinitif: je n'ai pas donné lieu à votre colère; j'ai lieu de (et non à) me plaindre de vous.
Lieu-dit.—Cette expression prend le trait d'union toutes les fois qu'elle ne peut pas se remplacer par les mots lieu nommé; ainsi il faut écrire: cette pièce de terre est située à lieu dit (nommé) derrière-la-ville; tandis que vous écrirez: cette parcelle est située à tel lieu-dit.
Lieue, s. f.: voyez heure.
Ligature, s. f.—Ne dites pas: la ligature d'un livre, mais, la reliure d'un livre.
Ligne, s. f.—Ne dites pas: une étoffe à ligne, mais, une étoffe rayée.
2. Ne dites pas: peignez cet enfant, et faites-lui sa ligne sur le côté, dites, sa raie.—La raie est un trait tiré de long avec une plume, un crayon, etc.; il se dit aussi d'une certaine séparation de cheveux qui se fait naturellement ou avec le peigne sur le haut de la tête. (Acad.)
Ligner.—Ne dites pas: ligner du papier (tirer des lignes); dites, règler du papier; cahier règlé.
Ligneul, s. m., ligneux, adj. et subst.—Le ligneul est un fil enduit de poix dont se servent les cordonniers; ligneux signifie qui a la nature ou la consistance du bois: la coque de la noix est ligneuse: prononcez li-gneux et non ligh-neux (g dur).
Lilas, s. m., arbuste, fleur: prononcez lilà.
Limace, s. f., ou Limas, s. m.; mollusque rampant, sans coquille, de forme allongée, à quatre tentacules, et ordinairement rougeâtre.—Limaçon, s. m., diffère de la limace et du limas en ce qu'il porte une coquille; ne dites pas: ce jardin est rempli de limaçons; dites, de limaces;—les wallons sont exposés à confondre ces mots.
Limon, Timon.—Le limon est une des deux pièces de devant d'une charrette ou d'un cabriolet entre lesquelles se place le cheval;—le timon est la pièce de bois de devant d'un carrosse, d'un chariot, des deux côtés de laquelle on attelle les chevaux.
Linceul, s. m.—Prononcez ce mot comme il est écrit, linceul et non linceuille (l mouillée);—il ne se dit que du drap de toile dont on se sert pour ensevelir les morts.—Ne dites donc pas: mettez des linceuls au lit de monsieur; dites, mettez des draps au lit... Dans cette acception on dit drap et quelquefois drap de lit.
Linéaire, adj., qui a rapport aux lignes; prononcez liné-aire et non liné-iaire ni lignéaire.
Linger, ère, s., celui, celle qui fait commerce de toile, qui vend, qui fait du linge, qui travaille en linge.—Ce mot ne s'emploie pas dans le sens de blanchisseuse, lavandière, laveur, euse, repasseuse.
Lingerie, s. f.—On dit un magasin de lingerie et non de lingeries.
Lingual, ale, adj., qui a rapport à la langue; prononcez lingoual.—Le masculin lingual n'a pas de pluriel.
Linguistique, s. f., science des langues; linguiste, qui s'occupe de la linguistique;—prononcez lingu-ïs-tique, lingu-ïste (ui diphth.) et non lingouistique, lingouiste ni linghistique, linghisse.
Linteau, Liteau.—Le linteau est une pièce de bois, de pierre ou même de fer en travers, au-dessus d'une porte ou d'une fenêtre pour maintenir la maçonnerie;—le liteau est une petite pièce de bois couchée sur une autre; en terme de chasse, c'est le lieu où le loup se repose pendant le jour; c'est aussi une raie rouge ou bleue sur du linge de table, et dans cette acception on ne l'emploie guère qu'au pluriel: serviette à liteaux (et non à linteaux).
Lion, lionne, lionceau.—Plusieurs auteurs disent que ion est diphthongue; nous ne saurions nous ranger à cette opinion; et nous continuerons a prononcer, comme on le fait généralement: li-on, li-onne, li-on-ceau.
Lippe, s. f., la lèvre d'en bas, lorsqu'elle est trop grosse ou trop avancée: avoir une grosse lippe, une vilaine lippe; ce mot est familier.
Lippée, s. f., bouchée et repas;—dans ce dernier cas, il est toujours accompagné de franche: une franche lippée.
Lippu, ue, adj., qui a une grosse lèvre: les nègres sont lippus; ce mot est familier.—Il s'emploie plus ordinairement comme substantif: c'est un gros lippu. (Acad.)
Liquéfaction, s. f., action de liquéfier; prononcez liku-éfaction et non likouéfaction ni likéfaction.
Liquide, liqueur, liquoriste, liquéfier, liquider, liquidateur:—prononcez likide, likeur, likoriste, likéfier, likider, likidateur.
Lire.—Ne dites pas: j'ai lu hors d'un livre, hors du journal; dites, j'ai lu dans un livre, dans un journal. (Fland.)
2. Ne dites pas non plus: j'ai lu sur la gazette, j'ai lu sur le journal, sur la feuille, etc.; dites, j'ai lu dans la gazette, dans le journal, dans la feuille, dans la revue, dans l'almanach, dans les ou aux annonces du journal, etc. (Wall.)
Lis (et non lys), s. m., plante bulbeuse qui porte des fleurs à six pétales; prononcez lice même devant une consonne, lis (lisse) blanc, lis (lisse) bleu, etc.
2. Fleur de lis, terme d'armoiries: écu semé de fleurs de lis; dans ce cas on prononce li sans faire sentir l's.
3. Poétiquement, les lis se disait autrefois de la France: l'empire des lis, le trône des lis; dans ce sens on prononce lice.
Liseré, s. m., petite bordure faite sur une étoffe ou à un habit, un gilet, avec un ruban uni ou brodé; ne dites pas liseret.
Liseur.—Voyez lecteur.
Lisé-je, dormé-je, grossier barbarisme; dites, est-ce que je lis, est-ce que je dors?
Lisse, adj. des deux genres, uni, poli: une étoffe lisse, du papier lisse.
Lit de camp, Lit de sangles.—Le lit de camp est un petit lit dont le bois se démonte de manière qu'on peut le transporter facilement; il se dit aussi d'une espèce de couchette formée de planches inclinées, qui sert de lit dans un corps de garde.—Le lit de sangles est un lit fait de sangles, et quelquefois d'un morceau de coutil attaché à deux longues pièces de bois soutenues par des pieds ou jambages qui se croisent.—Comme on le voit, c'est à tort que l'on désigne, par lit de camp, un lit de sangles.
Litanies, s. f. pl., prière faite en l'honneur de Dieu, de la Ste-Vierge et des saints, et composée d'une série d'invocations; dans ce sens il ne s'emploie pas au singulier: les litanies de tous les saints, de belles litanies.—Litanie, au singulier, se dit d'une énumération longue et ennuyeuse: il nous a fait une longue litanie de ses peines, de ses plaintes.
Liteau: voyez linteau.
Litre, s., unité de mesure de capacité, est masculin: un litre de bière; prononcez li-tre et non lite, litère.
Littéral, ale, adj., qui est selon la lettre, conformé à la lettre: traduction littérale.—L'Académie ne donne point de pluriel masculin; Trévoux, Laveaux, Fabre, l'abbé d'Olivet et Boinvillers disent, des commentaires littéraux.
Livrance, Livrement, action de livrer une chose vendue, ne sont pas français; il faut dire livraison: j'ai fait une livraison de six pièces de toile; je dois faire demain une livraison à tel correspondant.
Livre, ancienne mesure remplacée aujourd'hui par le franc, est féminin: une livre tournois.
2. Livre.—On dit un livre de prières et non un livre à prières. (Acad.)—Prononcez livre et non life ni livère. Voyez lire et prière.
Ll mouillées: voyez l.
Llama, et mieux lama, s. m., quadrupède ruminant du Pérou; l'Académie dit qu'on mouille les deux ll dans llama.
Llation, Llaire, finales où les ll sont rarement mouillées.
Locataire, Propriétaire.—Le locataire est celui qui tient à loyer une maison, un jardin, etc.; le propriétaire est celui à qui appartient l'objet loué. Prononcez locatère, propriétère et non locatére, propriétére.
Locatis, s. m., mauvais cheval de louage; prononcez locatice.
Loch, s. m., instrument pour mesurer la vitesse du navire; prononcez loke.
Locomotive, s. f., remorqueur des chemins de fer; prononcez locomoti-ve et non locomoti-fe.
Lof, s. m., t. de marine, le côté que le navire présente au vent: ce vaisseau va au lof; venir au lof.—Lofer, signifie venir au lof.
Loger, v. neutre dans le sens d'habiter, de demeurer dans une maison.—Il est actif, dans le sens de donner le logement à quelqu'un.—Avec le pron. personnel, se loger signifie, prendre un logement, disposer un logement.
Logeur, logeuse, celui ou celle qui tient des chambres garnies pour les ouvriers et les gens de la classe pauvre; il ne se dit pas de la personne qui loge dans ces chambres garnies.
Logis, s. m.—Ne dites pas: j'ai été demander à logis dans cet hôtel; dites, j'ai été demander à loger ou le logement dans cet hôtel.
2. Ne dites pas non plus: je suis au logis dans cette auberge; dites, je loge dans cette auberge.—Prononcez logi et non logice.
3. Ne dites pas: estaminet et logement; dites, logis: le logis est une maison où on loge; logement se dit du lieu où on loge et plus particulièrement du domicile habituel, du lieu où l'on habite ordinairement.—Prononcez lo-jeman et non lo-cheman.
Loin.—La locution, bien loin s'en faut, n'est pas française; il faut dire, tant s'en faut, loin de là: vous me demandez si j'ai gagné au jeu, tant s'en faut qu'au contraire.
2. De loin à loin, se dit de la distance: ces arbres sont plantés de loin à loin;—de loin en loin, se dit du temps: il ne nous vient voir que de loin en loin. Cependant, dans le langage ordinaire, on ne tient pas toujours compte de cette différence et l'on emploie une locution pour l'autre.—Prononcez loain (oin diphth.) et non loan.
Long, adj., ne se dit pas de la taille; ne dites pas: cet homme est long; dites, cet homme est grand ou de grande taille. (Fland.)
2. Long, pour lent, tardif, se dit très-bien: dépêchez, que vous êtes long; il est long à tout ce qu'il fait; les vieillards sont longs en tout; ces arbres sont longs à pousser, à croître.—Mais il ne peut pas s'employer pour loin: il y a loin d'ici à Rome, et non, il y a long...
3. Ne dites pas: les fruits verts rendent ou font les dents longues; j'ai mangé du fruit vert, j'ai les dents longues; dites, les fruits verts agacent les dents, j'ai les dents agacées.—Avoir les dents longues, bien longues, signifie être affamé après avoir été longtemps sans manger. (Wall.)
4. Ne dites pas: j'ai le temps long; j'ai le temps long de le voir arriver; dites, le temps me paraît long, je m'ennuie, je suis impatient, il me tarde de le voir arriver; il me dure de...
5. Prendre le plus long, son plus long, c'est aller en quelque lieu par le plus long chemin: vous êtes venu ici par telle rue, vous avez pris le plus long; c'est le plus long de beaucoup; c'est votre plus long.—Il signifie aussi, figurément, se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris.
6. Le long, tout le long, tout du long, au long, tout le long de, tout du long de, locutions adverbiales; ne dites pas tout de long.
Longtemps, adv., s'écrit en un mot et sans trait d'union.
2. Ne dites pas: il est longtemps ou déjà longtemps arrivé; dites, il est arrivé depuis longtemps, ou, il y a longtemps, déjà longtemps qu'il est arrivé;—ne dites pas: il demeure longtemps à Bruxelles; je suis ici longtemps; dites, il demeure depuis longtemps à Bruxelles; je suis ici depuis longtemps, ou bien, il y a longtemps qu'il demeure..., que je suis ici. (Fland.)
Loquace, Loquacité: prononcez lokouace, lokouacité, et non, lokace, lokacité ni lokuace, lokuacité.
Loque, s. f., pièce, morceau d'une étoffe, d'une toile usée et déchirée: cet habit s'en va en loques, est en loques, tombe en loques.
2. Loque, s. f., chiffon: ce mot est français. (Acad.)
Loquèle, s. f., langage trivial; prononcez lokuèle (uè diphth.) et non lokouèle.
Loquet, s. m., espèce de serrure mobile qui sert à fermer une porte, une malle, une valise, etc., au moyen d'un anneau passé soit dans un autre anneau, soit dans deux pitons;—ce mot n'est pas français dans ce sens, il faut dire cadenas (ne prononcez pas cannenas). (Wall.)—Voyez cliche.
Loquetière, s. f., clef qui sert à ouvrir plusieurs serrures; ce mot n'est pas français; dites passe-partout.
Loquier, n'est pas français; dites chiffonnier.
Lord, s. m., titre d'honneur usité en Angleterre; le d ne se prononce pas.
Lors, dès lors, pour lors, lors de, alors; prononcez lore, alore, et non lorce, alorce.
Lorsque, conj.—On prononce l's, lors'que;—ne prononcez pas lorseque ni lorsèque.—L'e ne s'élide que devant il, ils, elle, elles, on, un, une: lorsque Alexandre (et non lorsqu'Alexandre) pénétra dans l'Inde.
Los, s. m., louange (vieux langage): prononcez loce.
Losange.—L'Académie fait ce mot du genre féminin; cependant dans tous les traités de géométrie, on dit un losange, et tous les professeurs le font du masculin.—On écrit aussi mais plus rarement lozange.
Lot, s. m., objet qui échoit à chacun des numéros gagnants à une loterie; ne dites donc pas: j'ai pris dix lots à cette loterie; dites, j'ai pris dix numéros, dix billets.—Ne dites pas non plus: j'ai pris dix actions. (Fland.)
Louche, s. f., se dit dans beaucoup de villes du Nord de la France et en Belgique, pour désigner une grande cuiller à long manche avec laquelle on sert le potage, la soupe: douze couverts et la louche. (Bescherelle, Poitevin, Complément du Dict. de l'Acad.)—On peut dire également cuiller à soupe et grande cuiller.
Louer, Loueur, Louange, etc.: prononcez comme c'est écrit; gardez-vous de prononcer lou-wer, lou-weur, lou-wange.
Louette (la), morceau de chair à l'entrée du gosier: dites la luette; prononcez lu-ette et non lu-wette: il a la luette gonflée et non l'alouette ni la louette.
Loueur, euse, s., celui, celle qui fait métier de donner quelque chose à louage: un loueur de chevaux, de voitures, de vigilantes, de chambres garnies; loueuse de chaises, dans une église.—Louageur, euse, n'est pas français.
Lourdise, Lourderie, faute grossière contre le bon sens ou la bienséance; ces mots ont la même signification, mais lourdise vieillit (Acad.): il a fait une étrange lourderie.
Loustic, s. m., bouffon de corps de garde, mauvais plaisant.—Cette expression est populaire et du même acabit que blagueur, floueur, etc.
Loyal, e, Loyauté: prononcez loi-ial, loi-iauté et non lo-ial, lo-iauté.
Lucifer, s. m.: prononcez lucifère.
Lui, pronom.—Lui, leur, employés comme régimes indirects, à lui, à elle, à eux, à elles, ne se disent que des personnes; quand il s'agit des choses, il faut se servir du pronom y; ne dites pas, cette maison est trop petite, je lui ferai ajouter un étage; dites, j'y ferai ajouter un étage.—Il en est de même pour, de lui, d'elle, d'eux, d'elles, qu'on remplace par en: cet arbre va tomber, n'en approchez pas, et non n'approchez pas de lui.
2. Lui, elle, eux, elles:—ne dites pas en parlant d'un canif, d'une plume ou d'une chose inanimée: c'est avec lui que j'ai taillé ma plume; c'est avec elle que j'écris; il faut se servir du nom et dire, c'est avec ce canif, avec cette plume que...
3. Ne dites pas non plus, en parlant d'une chose, par exemple, d'un arbre, d'une table, d'une maison: j'étais sous lui; il est assis près d'elle; il demeure dans elle; dites, j'étais dessous; il était assis auprès; il y demeure.
4. Lui, elle, etc., suivis de qui, ne peuvent pas non plus se dire des choses; ne dites donc point en parlant d'un couteau, d'une chaise: c'est lui qui est bon, c'est elle qui est large; dites, c'est ce couteau, c'est cette table qui...
5. Leur, placé devant un verbe, est pronom et ne prend pas d's; ne dites pas, je leurs ai dit (z'ai dit), je leurs ai écrit (z'ai écrit), mais, je leur ai dit, je leur ai écrit.
6. Ne dites pas: l'aimant attire le fer à lui; dites, l'aimant attire le fer à soi.—Prononcez lui (ui diphth.) et non lu-i ni lou-i.
Luire, Luisant, etc.: Prononcez lui-re, lui-sant et non lou-ire, lou-isant.
Lumignon, s. m., bout de la mèche d'une bougie, d'une chandelle ou d'une lampe allumée: quand j'ai voulu moucher la chandelle, le lumignon est tombé.—Prononcez lumignon, en mouillant le gn.
Lunatique, adj., qui subit l'influence de la lune; au figuré, fantasque, capricieux: il est lunatique.
Lune, s. f.—Avoir des lunes, être sujet à des fantaisies, à des caprices, lubies, quintes, rats.
Lunette et Lunettes.—Lunette, au singulier, se dit d'un instrument composé d'un ou de plusieurs verres, taillés de manière à faire voir les objets plus grands à l'œil nu, ou à rendre la vue plus nette et plus distincte: regarder avec une lunette; lunette d'approche, lunette de longue vue ou à longue vue; lunette d'opéra.—Lunettes, au pluriel, se dit de deux verres de lunette, assemblés dans une même enchâssure, de manière à pouvoir être placés au devant des deux yeux: une paire de lunettes; il y a de bonnes et de mauvaises lunettes; des lunettes vertes, bleues; lunettes à branches; porter des lunettes, mettre des lunettes sur son nez; lire sans lunettes.—Voyez ciseaux.
Lunettier, s. m., faiseur, marchand de lunettes; prononcez lunètier et non lunetier.
Lurer, v. a., attirer quelqu'un par de belles promesses pour le tromper; ce mot est wallon et se rend en français par le mot leurrer: il s'est laissé leurrer.
Luron, onne, s.—Le masculin se dit d'un homme joyeux et sans souci, d'un bon vivant ou même, d'un homme vigoureux et déterminé; et le féminin, d'une femme réjouie, décidée, qui ne s'effarouche pas aisément: c'est un luron, un bon luron; quelle luronne!—Il est populaire. (Acad.)
Lustre, s. m., éclat, espèce de chandelier à plusieurs branches qu'on suspend au plafond; espace de cinq ans: je compte aujourd'hui sept lustres (35 ans).—Prononcez lus-tre et non lus-tère ni lusse, ni luxe.
Lut, s. m., matière molle que l'on applique sur les bouchons de certains vases, afin de prévenir l'évaporation du liquide: lut de terre glaise, lut de blanc d'œuf et de chaux:—prononcez lute.
Luth, s. m., instrument de musique à cordes: prononcez lute.
Luthéranisme, s. m., secte de Luther;—ne dites pas luthérianisme, et ne prononcez pas luthéran-isse ni luthéranim-se.
Lutter.—Ce verbe ne s'emploie pas pronominalement: lutter (et non se lutter) avec quelqu'un, contre quelqu'un; il est adroit, il lutte bien.
Luxe, s. m., somptuosité: prononcez luk-ce et non luke ni luce.
Luxurieux, Luxueux.—Luxurieux veut dire impudique;—luxueux signifie qui vit dans le luxe, qui aime et recherche le luxe; ne dites donc pas: cet homme est luxurieux, pour cet homme aime le luxe; dites, cet homme est luxueux.—Nous ajouterons pourtant que le mot luxueux n'a pas fait fortune et n'est guère usité.
Lynx, s. m., chat sauvage auquel les anciens attribuaient une vue très-perçante: prononcez laink-ce.
M
Mm.—Les deux m se font sentir dans imm au commencement des mots: immense, immortel, immoler, etc., de même que dans commensurable, incommensurable, commutation, commuer, commotion, commémoration, commémoraison, commensal, droit de committimus, lemming, lipogrammatique, mammaire, mammifère, et dans les noms propres Ammon, Ammonites, Emma, Emmanuel, Emmaüs, Grammont, Jemmapes, Mummius.—Les personnes qui parlent bien ne font entendre qu'une m dans grammaire, grammairien, grammatical, grammaticalement, etc.; ainsi que dans inflammation, ces mots étant usuels. (Hennebert.)
Macaroni, s. m., pâte sèche et cylindrique des italiens; le pluriel est macaronis; manger des macaronis.
Mâchefer, s. m., scorie qui sort du fer à la forge, au fourneau et lorsqu'on le bat rouge sur l'enclume: le mâchefer pilé est très-bon à faire du ciment.—Ce mot se dit encore des scories à demi vitreuses qui s'agglomèrent dans les foyers et forment le résidu combustible de diverses houilles.
Machiavel, célèbre écrivain italien: prononcez Makiavel;—mais dans machiavélique, machiavéliquement, machiavélisme, machiavéliste, le ch se prononce doux comme dans chimère, déchirer.
Machin, s. m.—Ce mot, qui n'est pas français, est quelquefois employé pour désigner ce dont on ne connaît pas le nom; dites une chose, un objet et selon le sens, un outil, un instrument, un meuble, une machine, etc., quand il s'agit de ces sortes d'objets.—Machine, dans ce sens, n'est pas français non plus.
Mâchurer, barbouiller de noir, est français: mâchurer du papier, des habits, le visage, etc.;—prononcez mâchurer (â long).
Madame: voyez monsieur et époux.
Mademoiselle, s. f., titre qu'on donne ordinairement aux filles.—C'est aussi le titre qu'on donnait anciennement à toute femme mariée qui n'était pas noble.—Le mot mademoiselle, employé absolument (seul) désignait autrefois la fille aînée de Monsieur, frère du roi de France, ou bien de la première princesse du sang, tant qu'elle n'était pas mariée.
2. Quand on parle de plusieurs demoiselles ou qu'on leur adresse la parole, l'usage veut qu'on les désigne par le mot dames; j'ai rencontré les dames Lambert en ville; bonjour, au revoir, Mesdames.—Prononcez mademoiselle et non mamzelle ni mane-moiselle.—Voyez monsieur et époux.
Magnanime, magnétisme, magnétique, magnétiser, magnifique, magnificence:—prononcez gn comme dans agneau, gagner, etc., et non magh-nanime, magh-nétisme, etc. ni magne-nanime, magne-nifique, ni mananime, manifique, ni mahe-nanime, mahe-nifique.
Magnat, s. m., grand en Hongrie: prononcez magh-nat, (g dur).
Magnificat, s. m., cantique de la Sainte-Vierge: prononcez magh-nificate (g dur).
Mai, s. m., ou arbre de mai, arbre orné de rubans et de guirlandes qu'on plante devant une porte le premier jour de mai ou le jour de l'installation d'un fonctionnaire, d'un curé, etc.
2. Mai, se dit également en Belgique des branches ou rameaux au moyen desquels on décore les rues ou les chemins par où passe une procession ou un cortége triomphal.
Maigrir, Amaigrir.—Maigrir, v. n., c'est devenir maigre; amaigrir, v. a., c'est rendre maigre: une personne maigrit; l'usage de certains aliments amaigrit.
Maille, Chique, Marbre, pour signifier de petites boules de pierre ou de marbre qui servent à des jeux d'enfants, d'écoliers, ne sont pas français; il faut dire bille: jouer aux billes (ll mouillées).
Mailloter, v. a., mettre un enfant dans le maillot; ce mot n'est pas français, il faut dire emmailloter.
Main, s. f.—Ne dites pas: il a toujours la canne en main; dites, à la main.—Voyez bouche.
Main-d'œuvre, s. f., travail, façon de l'ouvrier; main-forte, s. f., assistance donnée à l'autorité:—ces mots ne s'emploient pas au pluriel.
Maint, te, adj. (au masc. prononcez min devant une consonne).—Malgré l'idée de pluralité que renferme cet adjectif, il s'écrit au singulier ainsi que le substantif qu'il qualifie et le verbe dont celui-ci est sujet, excepté dans quelques locutions où on l'emploie indifféremment au singulier et au pluriel: maint homme, mainte femme, mainte fois, ou maintes fois; par maints et mains travaux; il m'a fait mainte et mainte difficulté.—Ne prononcez pas mai, maite.
Maintenant, adv., à présent: prononcez mintenant et non mè-tenant.
Mairie, librairie, seigneurie: ne dites pas, mairerie, librairerie, seigneurerie.
Mais, conj.—C'est un flandricisme de l'employer pour seulement; ne dites donc pas: il a mais peu de revenus; il nous a montré mais une petite partie de sa bibliothèque; dites, il n'a que peu de revenus; il nous a montré seulement une petite partie de sa bibliothèque.—Prononcez mai et non min.
Maïs, s. m., blé de Turquie: prononcez ma-ï-ce.
Maison, s. f.—Il serait ridicule d'employer ce mot pour désigner la première pièce d'une maison, c'est-à-dire, la cuisine. (Wall.)
2. Maison, Famille.—Famille, se dit plus particulièrement de la bourgeoise et maison, de la noblesse: ce jeune homme est d'honnête famille; ce gentilhomme est de bonne maison.
3. Maison, Hôtel, Palais, Château.—La classe moyenne habite des maisons;—les grands habitent des hôtels;—les princes, des palais;—enfin les habitations des gens riches, situées à la campagne au milieu de leurs terres, portent le nom de château.—Autrefois l'architecture seule établissait la différence; aujourd'hui, on la base sur le rang et la fortune.
Maître, fait au féminin maîtresse: madame est la maîtresse de la maison; cette femme est maîtresse (et non maître) de ses passions, de ses sentiments; maîtresse d'école, de piano; la maîtresse branche d'un arbre.
2. Lorsque, par le mot maître pris substantivement, on veut exprimer une idée de suprématie, d'omnipotence, il s'emploie au masculin même lorsqu'il se rapporte à un substantif féminin: la Providence est le maître; la Providence est notre maître.—C'est donc dans ce sens qu'une femme pourra dire: le maître ici, c'est moi.
3. Maître, en termes de Palais, est un titre qu'on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires, lorsqu'il s'agit de l'exercice de leurs fonctions: maître N.; par-devant maître N.—On écrit par abréviation Me N., par-devant Me N.
4. Maître d'hôtel, Maître ès arts: l'Académie écrit ces mots sans traits d'union.
Majesté, s. f., titre particulier qu'on donne aux empereurs, aux rois et à leurs épouses; on dit en leur parlant: Votre Majesté, Vos Majestés (deux majuscules), et en parlant d'eux, Sa Majesté, Leurs Majestés (deux majuscules); Votre Majesté, Sire, a ordonné..., Sa Majesté a décrété; Leurs Majestés sont arrivées à Liége.
2. Par abréviation on écrit: V. M. (Votre majesté); VV. MM. (Vos Majestés), S. M. (Sa Majesté); LL. MM. (Leurs Majestés).
3. Les adjectifs et les participes qui se rapportent à ce mot se mettent au féminin, même lorsque Sa Majesté, Votre Majesté, désigne un roi, un empereur et non une reine, une impératrice; on dit: Votre Majesté est jalouse du bonheur de ses peuples; Sa Majesté est aimée de ses sujets. Les substantifs au contraire sont du masculin: Votre Majesté est le père et le protecteur de ses sujets; et non pas, est la mère, la protectrice, etc.—En conséquence les mots qui peuvent s'employer substantivement et adjectivement, tels que maître, ami, ennemi, etc., devront être du masculin, lorsqu'ils figurent dans la phrase comme substantifs, c'est-à-dire, lorsqu'ils sont accompagnés de l'article ou d'un adjectif, et ils prendront la forme du féminin s'ils font la fonction d'adjectif. On dira donc: Sa Majesté est le maître d'y aller ou de ne pas y aller; et absolument: Sa Majesté est le maître, l'ami du peuple; est un ennemi redoutable.—Mais nous croyons qu'il faudra dire: Sa Majesté est maîtresse de telle ville; Sa Majesté est amie du bien, ennemie du mal.—On peut dire: Votre Majesté est le plus éclairé des rois, parce qu'il y a ellipse du substantif (Votre Majesté est le roi le plus éclairé des rois). Cependant il vaut peut-être mieux prendre une autre tournure et dire par exemple: Vous êtes, Sire, le plus éclairé des rois.
4. Sa Majesté Impériale (S. M. I.), se dit d'un empereur quelconque; autrefois, il se disait en particulier de l'empereur d'Autriche que l'on qualifiait aussi de Sacrée Majesté, mais seulement quand on lui parlait.
5. Sa Majesté Très-Chrétienne (S. M. T. C.), se disait des rois de France.
6. Sa Majesté Catholique (S. M. C.), le souverain d'Espagne.
7. Sa Majesté Très-Fidèle (S. M. T. F.), le roi de Portugal.
8. Sa Majesté Belge, Britannique, Hollandaise, etc., le roi des Belges, de la Grande-Bretagne, de Hollande, etc.
Major, (quinte).—On disait autrefois et l'on dit encore quelquefois quinte major (Acad.): nous pensons qu'aujourd'hui on nomme toujours quinte majeure, les cinq cartes de suite à commencer par l'as.
Majorer, Majoration.—Ces mots ne sont pas français; dites augmenter, payer une surtaxe, enfler, selon le sens: les lettres chargées en sus du port des lettres ordinaires, paient une surtaxe fixe de vingt centimes; on ne peut donc pas dire, les lettres chargées sont soumises au port des lettres ordinaires, majoré d'une taxe fixe de vingt centimes.—Dites de même mes appointements ont été augmentés et non majorés; mon compte a été enflé et non, majoré; j'ai obtenu une augmentation de traitement et non, une majoration.
Majuscule, s. f. ou adj., lettre capitale ou simplement, capitale: ne dites pas majescule.
Mal, subst. m. ou adv.: prononcez l'a bref et non mâl, ce qui serait insupportable.
2. Ne dites pas: ce vin n'est pas mal; dites, ce vin n'est pas mauvais;—mal, ancien adjectif, ne s'emploie plus dans ce sens, que dans quelques locutions particulières: à la male heure, mourir de la male faim; partout ailleurs on dit mauvais.
3. Ne dites pas: il a des maux à la figure; dites, il a du mal à la figure, il a des boutons, des humeurs..., à la figure.
4. Ne dites pas non plus: j'ai un mal à un doigt; dites selon le sens, j'ai du mal à un doigt, j'ai une plaie, une coupure, un petit abcès à un doigt, j'ai un panaris...
5. Avoir mal, faire mal.—Ces locutions ne doivent jamais être suivies d'un régime direct, et ce serait une faute grave et même ridicule de dire: j'ai mal la tête, les dents, les pieds; faire mal quelqu'un, au lieu de dire, j'ai mal à la tête, aux dents, aux pieds; faire mal à quelqu'un.—De même on doit dire: j'ai de mauvais pieds, j'y ai souvent mal; on m'a arraché la dent à laquelle j'avais mal; prenez garde, vous allez faire du mal à cet enfant; je ne lui ai pas fait mal, et non pas: je les ai souvent mal, la dent que j'avais mal, etc.
6. Il serait encore plus ridicule de dire: j'ai mal à ma tête ou ma tête, à mes dents ou mes dents, etc.
7. Ne dites pas: j'ai mal aux dents, c'est un mauvais mal; dites, c'est un vilain mal, car y a-t-il un mal qui soit bon?
8. Ne dites pas: je m'ai fait mal; dites, je me suis fait mal.
9. Ne dites pas: je me suis fait mal de ce pauvre; dites, j'ai eu pitié, compassion de ce pauvre.
10. Ne dites pas de quelqu'un qui vient d'échapper à un danger: il ne peut plus mal; dites, il est hors de danger.
11. Ne pouvoir mal. (Wall.)—Cette expression ne devrait jamais sortir de la bouche d'une personne qui tient tant soit peu à parler correctement; il faut dire n'avoir garde, se garder de:—il n'a garde (et non il ne peut mal) de tromper, il est trop honnête homme; irez-vous dans cette maison? je n'ai garde (et non je ne peux mal), on s'y ennuie trop; je me garderai bien (et non je ne peux mal) d'en manger.—Rendez encore cette locution selon le sens par: il n'y a pas de risque, il n'y a pas de danger:—prenez garde de tomber: il n'y a pas de danger (et non je ne peux mal); ne parlez pas de telle chose: il n'y a pas de risque (et non je ne peux mal).—Voyez pouvoir.
12. Mal parler et parler mal: voyez parler.
Malade, adj.—Faites les deux a brefs.
2. Ne dites pas: il fait malade aujourd'hui; dites, il fait malsain ou ... étouffant, s'il s'agit d'un temps chaud.
3. Ne dites pas non plus: il se fait malade; dites, il se rend malade:—se faire malade signifie feindre une maladie.
Maladieux.—Ce mot n'est pas français; dites, maladif, valétudinaire.
Malcomplaisant: ce mot n'est pas français; dites, peu complaisant.
Malcontent, Mécontent.—Ces deux mots expriment le déplaisir que nous éprouvons, lorsque quelque chose ne réussit pas au gré de nos espérances ou de nos désirs; mais mécontent dit plus que malcontent, en ce sens qu'il exprime l'humeur, le dépit, le ressentiment contre la cause de ce déplaisir.—Un maître est malcontent (peu content) d'un domestique qui le sert maladroitement; un maître est mécontent (pas du tout content, fâché contre) d'un domestique qui le trompe, qui le vole, qui lui manque de respect, qui fait mal son service, par négligence ou par paresse;—un domestique est malcontent d'un maître qui ne lui donne pas des gratifications qu'il avait espérées; il en est mécontent, s'il ne lui paie pas ses gages;—nous sommes malcontents, lorsqu'après avoir conçu un dessein, formé un plan, le succès ne répond pas à nos espérances, sans qu'il y ait de la faute de personne; nous sommes mécontents des autres ou de nous-mêmes, si c'est par la faute des autres ou par la nôtre.
Malentendu, Quiproquo.—Un quiproquo consiste à prendre une chose pour une autre; un malentendu vient de ce qu'on a mal compris.—Un sourd qui n'entend pas distinctement répond à une question sur son père, en parlant de son chien: c'est un quiproquo. Un ami à qui l'on donne rendez-vous à une heure, n'arrive qu'à deux heures, parce qu'il a mal compris: c'est un malentendu.
Malfaire, v. n., faire de méchantes actions; il n'est usité qu'à l'infinitif: il ne se plaît qu'à malfaire.
Malgré, Quoique.—Malgré est une préposition qui demande un régime direct (un substantif, pronom, etc., mais jamais un verbe ni une proposition);—quoique est une conjonction qui ne peut pas avoir de régime direct et qui régit toujours un verbe ou une proposition.—Ne dites donc pas: quoique ça, mais malgré ça; ne dites pas, malgré qu'il soit pauvre, mais quoiqu'il soit pauvre.
2. Malgré que dit l'Académie, ne s'emploie qu'avec le verbe avoir et dans ces sortes de phrases seulement: malgré que j'en aie, malgré qu'il en ait, etc., c'est-à-dire, malgré moi, malgré lui, en dépit de moi, en dépit de lui: malgré qu'il en ait, nous savons son secret, c'est-à-dire, en dépit de lui ou quel que soit le mal (mauvais) gré qu'il en ait: le que de malgré que est donc ici pronom relatif et complément direct de aie, ait, etc., et non la conjonction que.
Malhonnête, adj.—Il a deux sens différents et se dit des personnes et des choses.—Appliqué aux choses, il se met toujours après le substantif; avec un nom de personne, il précède ou il suit le substantif selon le sens: un malhonnête homme, est un homme qui manque d'honneur, de probité; un homme malhonnête est un homme impoli, incivil, grossier.—Voyez honnête.
Malin, adj., fait au féminin maligne et non maline.—Ce mot signifie proprement méchant, mais il peut aussi s'employer dans le sens de rusé, adroit: il est trop malin pour se laisser attraper.—Mais appliqué aux personnes, dans le sens de, qui a de l'esprit, des moyens intellectuels, il n'est pas français; ne dites donc pas: cet enfant n'est pas malin; dites, cet enfant a peu d'esprit. (Wall.)
Malle, et mieux Mallette, s. f., se dit de l'espèce de giberne en cuir où les écoliers serrent leurs livres, cahiers, etc.:—couverte, couverture, portefeuille, ne sont pas français dans ce sens.
Malle-poste, s. f., voiture qui transporte les lettres et les dépêches; le pluriel est malles-poste.
Maltraiter, traiter mal.—Maltraiter, v. a., c'est traiter durement en paroles et en actions, ou bien faire préjudice à quelqu'un: il l'a maltraité de coups, de paroles; cet homme a fort maltraité son fils dans son testament.—Traiter mal signifie, mal régaler quelqu'un ou bien en user mal avec lui. Aux temps composés, le génie de la langue exige que l'adverbe mal passe avant le participe: il m'a mal traité;—de sorte qu'à la prononciation, cette expression peut se confondre avec celle-ci, il m'a maltraité.—Pour éviter l'équivoque, il suffira d'ajouter un modificatif, tel que bien, fort, assez, à l'adverbe mal, qui alors pourra se placer après le participe: il m'a traité fort mal.
Maman, s. f., mère, terme enfantin: prononcez maman et non man-man.
Mameluk, s. m., cavalier égyptien: prononcez mam'louk.
Mamezelle.—Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires; il faut dire mademoiselle. Voyez ce mot.
M'amie, abréviation de mon amie; ce mot s'écrit avec une apostrophe.
Manche.—On dit le manche pour désigner la poignée de tout instrument, et la manche, quand il s'agit du vêtement du bras; dites donc, le manche d'un couteau, la manche d'un habit.—Mais ne dites pas, le manche ou la manche du panier, de la marmite; dites l'anse.
2. Ne dites pas: je n'étais pas dans sa bonne manche; dites, dans ses bonnes grâces, ou, je n'étais pas bien sur ses papiers, dans ses papiers.—L'Académie fait remarquer que être bien, être mal sur les papiers, dans les papiers de quelqu'un, est une locution familière.
Manchette, Garde-manche.—Une manchette est un ornement de mousseline, de dentelle qui se met au bras, au poignet.—Un garde-manche ou bout de manche, est une fausse manche que l'on met par-dessus la manche de l'habit, ou même de la chemise, quand on fait un travail qui peut les salir.
Mânes, s. m. pl., âmes des morts: les mânes plaintifs (et non plaintives) de nos ayeux: il est masculin et n'a pas de singulier.—Prononcez mânes (â long).