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Dictionnaire du bon langage: Contenant les difficultés de la langue française, les règles et les fautes de prononciation, les locutions vicieuses, les wallonnismes, les flandricismes, etc.

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Faquin, est un terme de mépris qui signifie, homme de rien, qui fait des actions basses: ce n'est qu'un faquin; on l'a traité comme un faquin; c'est un métier de faquin: fieffé faquin.—Il ne faut donc pas employer ce mot dans le sens de, freluquet, coquet, pimpant, élégant: il était extrêmement pimpant; vous voilà bien pimpant aujourd'hui; faire le pimpant; etc.

Farce, se dit des actions qui ont quelque chose de plaisant, de bouffon ou de ridicule: faire une farce, des farces; faire une farce à quelqu'un; une bonne farce; quelle farce! il nous a donné la farce; c'est une farce que cela; c'est une vraie farce. (Acad.)—Faire ses farces (expression populaire), c'est se divertir d'une manière bouffonne: ces jeunes gens font leurs farces, ont fait leurs farces. (Acad.)

2. Farceur, se dit d'un homme qui fait des bouffonneries, qui est dans l'habitude d'en faire: un farceur insipide. (Acad.)—Il suit de là que les mots français farce et farceur ne correspondent pas exactement aux mots wallons farce et farceur; ceux-ci en effet ont une acception un peu détournée et se disent ordinairement d'un tour, d'une plaisanterie, d'une mystification, d'une espièglerie: cet écolier ne pense qu'à jouer des tours; je lui ai joué un bon tour; on m'a fait une méchante plaisanterie; vous avez fait là une dangereuse espièglerie.

3. Rendez le mot farceur par plaisant, qui aime les tours, espiègle, etc., selon le sens.

4. Ne dites pas farce pour farceur: cet homme est farceur; oh! que c'est farce! Cependant ce mot peut se dire des choses: une action farce, une parole farce, un maintien farce. (Bescherelle.)

5. Le verbe farcer, faire une farce, figure dans les dictionnaires de Bescherelle et de Poitevin.

Fashion (mode), Fashionable (à la mode), mots anglais: prononcez fachion, fachionable; néanmoins plusieurs prononcent fassion, fassionnable.

Fastes, s. m. pluriel, histoire; ce mot est masculin: les fastes glorieux de l'empire.

Fat, adj., impertinent; prononcez fate.

Fatal, ale, adj.—Le pluriel est fatals, mais il est peu usité.

Faubourg.—Prononcez fôbour.—Bourg final, ne fait pas entendre le g; Limbourg, Luxembourg, Cobourg; tandis que bourg, gros village, se prononce bourke.

Faubourien, ienne, adj. et s., homme du faubourg ou qui appartient au faubourg; ne dites pas faubourier, ni faubourtier.

Faute.—Ne dites pas: c'est de ma faute, si tu as perdu ton procès; dites, c'est ma faute ou c'est à moi la faute, si, etc.

2. Ne dites pas non plus: une faute d'attention; il faut dire, une faute d'inattention ou simplement, une inattention, une inadvertance: c'est une inadvertance; pardonnez-lui ses inadvertances; c'est une pure inattention, une faute d'inattention.—On dira très-bien au contraire: cet élève s'est trompé faute d'attention (l'attention lui a fait défaut).

Faux, s. f., instrument d'agriculture: la faux du temps.—On écrivait autrefois faulx.

Faux, fausse, adj.—Une fausse corde est une corde qui n'est pas au son voulu; une corde fausse est celle qui donne toujours un son faux.

2. Une fausse porte est une porte ignorée des importuns; une porte fausse est une porte figurée.

3. Un faux jour est un jour mauvais pour un tableau; un jour faux est un jour mal distribué dans le tableau.

Féconder, Fécond, etc.: prononcez fékonder, fékond, etc., et non fégonder, fégond.

Femme.Ma femme, mon mari; voyez époux.

Fenaison, s. f., action de couper le foin; temps où on le coupe: on dit aussi, mais moins souvent, fanaison: pendant la fanaison; on dit également fanage et fauchaison.

Fénelon, n. pr.—On écrit et on prononce communément aujourd'hui en France, Fénelon et non Fénélon.

Fenêtre, Croisée: voyez croisée.

Fenil, s. m., lieu où l'on serre le foin; prononcez fenile.

Fer à cheval, fer de cheval.—On dit fer à cheval, quand il s'agit d'une table, d'un escalier ou de tout autre objet qui a la forme d'un fer qu'on met sous le pied d'un cheval: préparez une table de 30 couverts et disposez-la en fer à cheval.—On dit fer de cheval, quand il s'agit du fer même qu'on met au pied du cheval.

Férir, v. déf., frapper; vieux mot qui n'est plus usité que dans cette locution: sans coup férir.

Ferlaté, falsifié; dites frelaté: du vin frelaté.

Ferraille, Ferrure, Ferronnerie.—Le premier se dit collectivement d'une certaine quantité de vieux morceaux de fer usés ou rouillés: ce n'est que de la ferraille; vendeur de vieille ferraille.—Ferrure signifie garniture de fer: ferrure d'une porte; ferrure bien faite; la ferrure de ces roues n'est pas assez forte; la ferrure d'un vaisseau; les ferrures d'un gouvernail.—Ferronnerie, s'emploie pour désigner les ouvrages de fer en général;—le marchand qui vend de la ferronnerie prend le nom de ferronnier: acheter des chenets chez un ferronnier.

Ferré ou Ferret, perche munie d'un crochet de fer, à deux branches, l'une droite et l'autre courbe, dont on se sert pour pousser une barque; ces mots ne sont pas français; dites gaffe: pousser la barque au large avec la gaffe.

Fertin, menu poisson ou choses de peu de valeur; dites fretin.

Fesser, ne signifie pas clisser, entrelacer, ficeler; vous direz donc: une bouteille clissée, et non ... fessée.

Festival, s. m., grande fête musicale: le pluriel est festivals.

Feu.—Ne dites pas: le feu est dehors, ou est déteint; dites, est éteint.

2. Ne dites pas: il y a eu feu, ou le feu cette nuit-ci; dites, il y a eu un incendie.

3. Feu, Feue. adj.—Feu s'accorde avec son substantif, lorsqu'il le précède immédiatement: la feue reine, sa feue tante; mais il reste invariable, quand il en est séparé par l'article ou par un adjectif possessif: feu la reine, feu sa tante.

Fève, s. f., Féverole, s. f.: prononcez fè-ve, fé-v'role et non fè-fe, fé-f'role.

Fiacre, s. m., voiture de place; prononcez fia-cre (ia diphth.) et non fiaque, fiakère.

Fibre, filament délié des chairs, des plantes, est féminin: la fibre charnue, les fibres ligneuses. Prononcez fi-bre et non fi-pe ni fibère.

Ficelle, s. f.—Ne dites pas; cet homme est un peu ficelle; dites, est sujet à caution, est un fripon, un friponneau.

Ficher.—Ne dites pas, je m'en fiche; dites, je ne m'en soucie pas, je m'en moque: ficher, dans ce sens, n'est pas français.

2. Ne dites pas non plus: il lui a fiché ou fichu un soufflet; dites, il lui a donné, appliqué, administré un soufflet.

Fichu, ue, est un terme de mépris, bas et populaire, dont on ne doit pas se servir: voilà un fichu compliment.

Fief, s. m., domaine noble: prononcez fièfe.

Fiente, s. m., excrément de bête: prononcez fiante (ian diphth.)

Fier, ère. adj. hautain.—Fier homme (iron.), homme de peu de mérite;—homme fier, qui a de la fierté.—Prononcez le masc. fier comme le fém. fière.

Fier, v., commettre à la fidélité: prononcez fié, confié, défié, méfié ( diphth.)

2. Ne dites pas: cet homme n'est pas à fier (flandr.); dites, cet homme n'est pas sûr, ne mérite pas confiance; ou bien, on ne peut pas se fier à cet homme.

Fièvre, s. f.—Ne dites pas: j'ai eu les fièvres; dites j'ai eu la fièvre. Prononcez fiè-vre et non fiévre ni fiè-fe ni fièvère.

Fignoler, v. n., faire l'élégant; ce mot est populaire.

Figue (faire la), mépriser quelqu'un, le braver, le défier, se moquer de lui: il fait la figue à tous ses ennemis. (Acad.)

Fil, de lin, de soie, etc.; prononcez file (l non mouillée).

2. Fil d'arka: écrivez et prononcez fil d'archal.

Filial, ale, adj.—Il n'y a point d'exemple du pluriel dans l'Académie: respect filial, piété filiale. Des grammairiens lui donnent le pluriel filials; Boinvilliers a dit, des sentiments filiaux.

Fille, s. f., filleul, fillette: mouillez les il, et ne dites pas file, fileul, filette.—Il en est de même de: anguille, bastille, camomille, cédille, charmille, chenille, cheville, coquille, esquille, étrille, famille, faucille, goupille, grille, guenille, lentille, pacotille, pastille, peccadille, quille, roquille, souquenille, vanille, vétille, vrille, etc. Voyez époux et demoiselle.

Filosenne, est un mot wallon qui se traduit par cordon, cordon de coton, cordon de soie.—Filoselle, dont on serait peut-être tenté de se servir, est un substantif féminin qui sert à désigner une espèce de grosse soie ou de fleuret, provenant de la bourre de la bonne soie et des cocons de rebut: des bas de filoselle;—comme on le voit, filoselle n'est pas du tout le filosenne wallon.

Filou, n'a pas de féminin; ne dites donc pas filoute.

Fils, s. m.—Quoique les grammairiens ne soient pas d'accord, nous pensons qu'il faut prononcer fice même devant une consonne; le repentir est fils de la vertu.

Fin.—Ne dites pas: vous avez pris la bille trop fine; dites, ... trop fin.

Finales (syllabes, lettres).—Nous ne saurions trop appeler l'attention des professeurs et des élèves sur la nécessité de bien prononcer les lettres et syllabes finales des mots. Les flamands aussi bien que les wallons ont à se mettre en garde contre plusieurs fautes; les premiers adoucissent généralement les fortes, tandis que les derniers renforcent les douces: les f, les p, les k, les ch, les t deviendront des v, des b, des g, des d dans la bouche d'un flamand; tandis que les wallons sont portés à faire des f, des k, des ch, des p, des t, là où il n'y a que des v, des g, des b, des d: donnons quelques exemples: un flamand prononcera parave pour parafe; attague pour attaque; vage pour vache; une pombe pour une pompe; il écoude pour il écoute. Le wallon à son tour dira: brafe pour brave; fromache pour fromage; une blaque pour une blague; une bompe pour une bombe; la bisse pour la bise, etc.—Ces défauts de prononciation, outre qu'ils prêtent au ridicule, donnent toujours une pauvre idée de l'éducation de celui qui n'a pas su s'en corriger; les professeurs donc ne sauraient y veiller de trop près, d'abord en prêchant d'exemple, et ensuite en se montrant d'une sévérité inexorable à l'encontre de ces défauts de prononciation de terroir.

2. Les wallons ont également beaucoup de peine à bien faire sentir les deux consonnes de certains mots, comme: est, ouest, tact, contact, lest, exact, infect, casque, secte, texte, prétexte, mixte, reste, il résulte, il inculque, liste, moraliste, burlesque, kiosque, etc.; généralement, ils négligent la dernière consonne et prononcent: esse, ouesse, take, contake, lesse, exake, infèke, casse, sèke, texe, mixe, resse, etc.

3. Il y a d'autres finales que les wallons et les flamands ne prononcent pas mieux: ce sont les ble, les ple, les gle, les dre, les tre, etc.—Supposons les mots: aimable, exemple, règle, vendre, ventre, etc.: un flamand prononcera aimabèle, exempèle, règuèle, vendère, ventère, tandis qu'un wallon dira, aimape, exempe, rèke, vente, vente.—Ces vices de prononciation, pourtant si communs même chez les personnes les plus instruites, proviennent en très-grande partie de ce que les instituteurs et les professeurs n'ont pas assez exercé, n'ont pas brisé leurs élèves à la bonne prononciation. Nous recommandons beaucoup, comme un moyen de se corriger de ces sortes de défauts, la lecture ou la déclamation faite en commun et à haute voix; deux jeunes gens, vraiment désireux de se défaire de cette rouille de naissance ou de terroir, se réunissent: l'un fait la lecture et l'autre exerce charitablement l'office de censeur, mais d'un censeur impitoyable; et nous leur garantissons qu'en peu de temps ils parviendront à se faire une prononciation correcte.—Il y a encore d'autres finales que les wallons ou les flamands massacrent sans pitié: nous avons eu soin de les signaler en leur lieu et place.

4. Final, ale, adj., qui finit, qui termine.—L'Académie ne donne point d'exemple du pluriel masculin; de bons grammairiens disent finals.—Ce mot s'emploie substantivement, au féminin, pour signifier la dernière syllabe d'un mot: la finale de ce mot est longue.

5. Finale, terme de musique, morceau d'ensemble qui termine un opéra, un chœur, etc.; il est masculin: il y a du brio dans ce finale.

Finalement, signifie la même chose qu'enfin; ne dites donc pas, enfin finalement; un seul de ces mots suffit.—Ne dites pas non plus, en fin finale.

Finard, adj., fin, rusé dans les petites choses; ce mot n'est pas français; dites, finaud, finaude;—ce dernier mot est familier et ne se dit qu'en mauvaise part; il se prend aussi substantivement.

Finaud, e, qui est fin, rusé dans de petites choses: c'est un finaud.—Finard n'est pas français: voyez ce mot.

Finir.—Ne dites pas: je suis fini, pour exprimer que vous avez gagné: dites, j'ai fini.

2. C'est fini avec moi, disent les flamands, lorsqu'ils se croient sur le point de mourir; dites, c'est fini de moi, c'est fait de moi.

3. Ne dites pas: Nous avions fini avec lui; dites, nous en avions fini avec lui; je suis pressé d'en finir avec cet homme.

4. Ne dites pas: la fête finit avec un feu d'artifice; dites, ... par un feu d'artifice.

5. Finir, devant un infinitif, demande la préposition de: avez-vous fini de parler et non à parler?

Fisc, s. m., trésor de l'État; prononcez fis'que.

Fiscal, ale, adj.; le pluriel est fiscaux: droits fiscaux. (Acad.)

Fixement, adv., d'une manière fixe: regarder fixement:—prononcez et écrivez fixement et non fixément.

Fixer, signifie arrêter, attacher; jamais il ne veut dire regarder quelqu'un ou regarder fixement; dites, dans ce sens, fixer les yeux, la vue, ses regards sur quelqu'un ou quelque chose; ne dites pas: il nous a longtemps fixés; dites, il nous a longtemps regardés ou regardés fixement; il a longtemps fixé les yeux sur nous, et mieux, il a eu longtemps les yeux fixés sur nous.

2. Fixer les regards de quelqu'un, c'est devenir l'objet de son attention.

Flairer, Fleurer.Flairer, c'est sentir par l'odorat: flairez cette rose.—Fleurer, c'est répandre une odeur: cela fleure bon.—Flairer ne signifie jamais puer. (Wall.)

Flamber, v. n., jeter de la flamme; ne dites pas flammer ni blamer.

Flanquer, dans le sens de jeter, lancer, est français, mais populaire: flanquer un soufflet, un coup de poing, une assiette à la tête de quelqu'un. (Acad.)

Flegme, s. m., sang-froid; prononcez fleghme en faisant sentir un g dur.—Ne dites pas: il est flegme, mais, ... flegmatique....

Fleuraison, s. f., le développement et l'épanouissement des fleurs; l'époque où les plantes fleurissent; l'état des plantes en fleur. L'Académie donne aussi le mot floraison, et renvoie à fleuraison.—Quoi qu'il en soit, le mot floraison nous paraît être aujourd'hui plus usité que fleuraison.

Fleur de lis: voyez lis.

Fleur d'orange.—Quoique, à la rigueur, on peut dire fleur d'oranger, la première expression est pourtant reçue et consacrée par l'Académie: un médecin, un pharmacien pourront néanmoins dire fleur d'oranger, mais dans le style ordinaire et dans le style de la conversation, on dit fleur d'orange.

2. Le mot fleur seul, ne signifie pas farine; dites donc, allez m'acheter une livre de fleur de farine; et non, ... une livre de fleur.

Fleurir.—Au propre, il signifie, être en fleur: les pêchers fleurissaient déjà, lorsque la gelée est survenue; les prés fleurissants, les plaines fleurissantes.—Employé au figuré, c'est-à-dire, lorsqu'il signifie, être dans un état de prospérité, de splendeur; être en crédit, en honneur, en réputation, il fait florissant, florissante; les lettres étaient alors très-florissantes. Lorsqu'on parle d'une personne ou d'une collection de personnes, comme d'une ville, d'un peuple, d'un état, il fait toujours florissait à l'imparfait de l'indicatif: Athènes florissait sous Périclès; ces empires florissaient alors.—Mais quand on parle de choses, il fait fleurissait et florissait: les sciences fleurissaient ou florissaient sous le règne de ce prince. (Acad.)

Flic-Flac, bruit de plusieurs coups de fouet, de plusieurs soufflets donnés coup sur coup.

Floche pour signifier houppe, gland, n'est pas français; il a un gland à son bonnet et non, ... une floche.

Floquet, mot wallon; dites nœud, boucle: nouer à boucles; un beau nœud.

Flouer, Floueur, Flouerie, sont des termes populaires: dites plutôt tromper, trompeur, tromperie; duper, dupeur, duperie, etc.

Fluide, adj., qui coule aisément; prononcez flui-de (ui diphth.) et non flu-ide ni flu-wide, ni fluite.

Flume ou Flimme, humeurs que l'on jette en crachant; ce mot n'est pas français; dites flegme, crachat.

Flux, s. m., mouvement de la mer, dévoiement; prononcez flu, l'x, dans flux et reflux, ne se prononce pas devant une consonne et il prend le son de z devant une voyelle: le flux (z) et le reflux de la mer.

Foible: voyez faible.

Foie, viscère, est masculin: pâté de foie gras; prononcez foî et non foye.

Fois.—Ne dites pas: une fois pour tout, mais, une fois pour toutes.

2. Ne dites pas: je lui avais dit ça l'autre fois; dites, l'autre jour.

3. Ne dites pas: toutes fois qu'il vient, je m'en vais; dites, toutes les fois ou chaque fois qu'il vient.

4. De fois à autres, de temps en temps, est une locution française.

5. Les flamands emploient très-mal l'expression une fois; dites une fois, venez une fois, laissez-moi voir une fois, etc.—Il faut absolument bannir ce flandricisme du langage correct et le supprimer entièrement, ou bien, lorsque le sens le permet, le rendre par ça! donc, un peu: ça! dites-moi, venez-donc, laissez-moi voir un peu.—Il en est de même du mot seulement que les flamands emploient si souvent d'une manière impropre et à peu près dans le même sens qu'une fois: courez seulement, aidez-moi seulement; etc. Remplacez ce ridicule seulement par le mot que le sens vous indiquera, comme çà, donc, un peu, etc.

Foison, s. f., ne prend pas l'article et n'a point de pluriel: il y aura foison de fruits cette année;—on l'emploie aussi comme adverbe, précédé de la préposition à: il y a de tout à foison. Prononcez foizon et non foisson.

Folio, s. m.; mot emprunté du latin et qui signifie feuillet: folio 4, au folio 20.—On appelle folio recto ou simplement recto, la première page du feuillet, et folio verso ou simplement verso, le revers ou la seconde page;—au pluriel folios.

2. In-folio, se dit du format d'un livre où la feuille est pliée en deux: saint Thomas a écrit vingt volumes in-folio; au pluriel des in-folio.

Foncer, v. a.—Ne dites pas, foncer une porte; dites, enfoncer une porte: foncer, c'est mettre un fond: foncer un tonneau.

Fond, Fonds, Fonts.Fond s'écrit sans s toutes les fois qu'il signifie l'endroit le plus bas, le plus intérieur, le plus éloigné de l'entrée, de l'abord, de l'ouverture d'une chose creuse; le fond d'un puits, d'un tonneau, d'un sac, d'un abîme, d'une boutique, d'un cachot, d'une haie, d'un port; le fond d'un chapeau, d'un coffre.—Fond (sans s) se dit aussi d'un terrain considéré surtout par rapport à son degré de fermeté, à sa qualité, à sa composition: bâtir sur un fond peu solide; vous avez choisi là un bien mauvais fond; un fond d'argile.—Fond, en parlant d'étoffes, signifie la première ou la plus basse tissure sur laquelle on a fait quelque dessin ou quelque ouvrage; il se dit aussi de l'étoffe même sur laquelle on brode, du champ sur lequel les figures d'un tableau sont peintes, des plans plus reculés d'un tableau: velours à fond d'or, broderie sur fond de satin; un paysage sert de fond au tableau.—Au figuré, fond signifie ce qu'il y a d'essentiel dans une chose, et il est opposé à l'accessoire, à l'apparence, à la forme: le fond d'une doctrine, le fond d'un ouvrage, le fond d'une histoire, le fond d'un procès, un fond de raison, la forme l'emporte sur le fond.

2. Fonds (avec une s) signifie le sol d'une terre, d'un champ, d'un héritage, somme d'argent plus ou moins considérable: cultiver un fonds, bâtir sur son fonds, sur le fonds d'autrui; le fonds de la banque; fonds social; bailleur de fonds; être en fonds; les fonds publics; le fonds (le capital) et le revenu; fonds de commerce; fonds de magasin.—Au figuré, on le dit de la capacité, du savoir, de l'esprit, de la probité: cet homme a un fonds de vertu, un grand fonds d'esprit.—Biens-fonds se dit des biens immeubles.—Le fonds et le très-fonds, c'est le fonds (le sol, la propriété, etc.) et tout ce qui en dépend: on écrit aussi tréfonds.

3. Fonts, s. m. pluriel (on ne prononce ni le t ni l's): c'est le bassin où l'on conserve l'eau dont le prêtre se sert pour baptiser: les fonts baptismaux; tenir un enfant sur les fonts.

Fondation, s. f., Fondement, s. m.—Fondation signifie l'ensemble des ouvrages nécessaires pour asseoir les fondements d'un édifice; on l'emploie ordinairement au pluriel. Les fondations d'un édifice comprennent l'excavation du terrain, et, lorsqu'il est nécessaire, le pilotis à établir pour affermir le sol: faire les fondations d'un bâtiment. L'Académie fait remarquer que ce mot s'emploie quelquefois abusivement pour les fondements mêmes.—Fondation signifie encore le fossé, la tranchée qu'on fait pour y placer des fondements: creuser la fondation, les fondations.—Fondement se dit quelquefois au pluriel du fossé que l'on creuse pour commencer à bâtir; cependant, le mot fondation est préférable dans ce sens.—Fondement signifie encore, et c'est là son acception ordinaire, la maçonnerie qui sert de base à un édifice, à une construction, et qui se fait dans la terre jusqu'au rez-de-chaussée; il s'emploie surtout au pluriel: poser, jeter les fondements d'un édifice. (Acad.)

Force, s. f.—Ne dites pas: il y avait force de monde; dites, beaucoup de monde.

2. Ne dites pas: il a force d'argent, force de bijoux, force d'amis; retranchez de et dites, force argent, force bijoux, force amis.

3. De force que.—Ne dites pas: elle est tombée de force qu'elle riait; dites, elle est tombée à force de rire. On peut aussi remplacer de force que par tant, comme dans ces phrases: il a fallu me porter, tant j'étais faible; il tremblait de tous ses membres, tant il avait peur (et non de force que j'étais faible ou qu'il avait peur.)

Forceps, s. m., instrument de chirurgie: prononcez forcep-ce, en faisant sentir le p et l's.

Forcer.—Ne dites pas: on lui a forcé de se taire; dites, on l'a forcé de se taire; forcer est un verbe actif.

2. Ne dites pas: il fut forcé malgré lui; dites simplement, il fut forcé, car c'est toujours malgré soi qu'on est forcé.

3. Forcer, suivi d'un infinitif, prend la préposition à ou de: il fut forcé de partir; on le força à signer. (Acad.)

Forcettes, n'est pas français; dites forceps.

Format, d'un livre: voyez in-douze.

Fort.Cela est fort, Flandr.:—voyez faible.

2. Fort en et fort sur. On dit: cet élève est fort sur la philosophie, sur l'histoire; elle est très-forte sur le piano, sur la harpe; mais on dit: il est fort aux échecs, au piquet. (Acad.)

3. Fort (se faire).—Dans l'expression verbale se faire fort, c'est-à-dire, s'engager à quelque chose, fort est toujours invariable: elle se fait fort de l'obtenir; ils se faisaient fort d'une chose qui ne dépendait pas d'eux. (Acad.)

4. Il est fort et hardi:—ne prononcez pas for-té hardi mais for-é hardi.—Dans fort, adj., le t ne se lie pas avec la voyelle qui suit; il en est de même des mots en ard, ord, ort, comme hasard, abord, port, sort, mort, etc.; et des verbes terminés en ert, ort.—Mais le t final de fort adverbe, se lie avec le mot suivant dont il détermine le sens: homme fort habile, fort incommode, fort à l'aise.

Fortement, adv.—Ne dites pas: il pleut fortement, il gèle fortement; dites, il pleut fort, il gèle fort.

2. Ne dites pas: sa perte sera fortement ressentie; dites, sera vivement ressentie, parce qu'il s'agit ici d'un sentiment; fortement (avec énergie, au figuré) ne se dit en effet que de l'esprit et non du cœur: c'est un ouvrage fortement pensé; il a parlé fortement. (Acad.)

Fortifier, v. ac.—Ne dites pas: cet enfant a beaucoup fortifié depuis un an; dites, s'est beaucoup fortifié.

Fortuné, adj., signifie heureux; c'est à tort donc que quelques-uns l'emploient dans le sens de riche, qui a de la fortune: un homme fortuné; dites, un homme riche ou qui a de la fortune.

Forum, s. m., place où le peuple discutait les affaires publiques à Rome: prononcez forome.

Fosse, s. f.—Ne dites pas: il a la fosse au menton; dites, ... la fossette...

Fou, signifie quelquefois, excessif, prodigieux: il y avait à la fête un monde fou; un luxe fou; il en demandait un prix fou (et non de fou).

Foudre, est masculin, lorsqu'il désigne, 1o une certaine représentation de la foudre: les armes de l'empire français sont un aigle tenant un foudre dans ses serres; 2o une grande tonne propre à contenir les liquides: le célèbre foudre d'Heidelberg: et dans les deux expressions suivantes: un foudre de guerre, un grand capitaine, comme Napoléon 1er; un foudre d'éloquence, un grand orateur, comme Bossuet.—Il est féminin, quand il désigne le tonnerre: être frappé de la foudre; la foudre sillonne les nues. Cependant, dans ce sens, il est quelquefois masculin en poésie et dans le style soutenu: être frappé du foudre; expirer sous les foudres vengeurs. (M. l'abbé Péters, Grammaire.)—Prononcez fou-dre et non fou-de, fou-te ni foudère.

Fouet, Fouetter: prononcez fouè, fouèter.

Fouine, s. f., grosse belette: prononcez fouine (oui diphth.) et non fou-ine ni fouwine.

Fouir, signifie creuser la terre avec un instrument: il faut fouir bien avant pour trouver de l'eau dans cet endroit.—Mais si l'on veut parler du travail du sanglier, du cochon, de la taupe, etc., on se sert du verbe fouiller: les sangliers, les cochons fouillent; la taupe a fouillé là.—Enfin on dira bècher, et non fouir, un jardin, une terre.—Prononcez fou-ir et non fou-wir.

Fourche (à la), négligemment, grossièrement; cette locution est française: cela est fait à la fourche.

Fourchu.—Ne dites pas: pied fourchu, mais pied fourché, pied fendu en deux; on dit aussi chemin fourché quand il se divise en deux.—Fourchu a le même sens, mais il ne s'emploie que dans certaines locutions comme menton fourchu, barbe fourchue, faire l'arbre fourchu (mettre la tête en bas, les pieds en haut, écartés l'un de l'autre.)

Fourmille.—Ne dites pas: une fourmille d'enfants, pour indiquer un grand nombre d'enfants; dites, une fourmilière d'enfants, une marmaille d'enfants.

Fournil, s. m., lieu où est le four; prononcez fourni.

Fouter (se), est un terme ignoble et sévèrement proscrit; les auteurs par pudeur dissimulent ce mot par la lettre initiale suivie de points suspensifs: f.....

Frac, redingotte, est masculin: un beau frac; prononcez fraque.

Fragment, s. m., morceau: prononcez le g dur.

Fraîchir, ne signifie pas mouiller: il craint de se mouiller (et non de se fraîchir) les pieds.

Frais, féminin fraîche (il faut se garder de dire fraîche au masculin).—Ce mot signifie, un peu froid, récent, non salé, brillant, vigoureux: il fait froid en hiver; il fait frais dans les belles nuits d'été; un vent frais (un peu froid); une nuit fraîche; avoir les mains fraîches (froides); du pain frais (nouveau); du porc frais (non salé); mettre des fleurs dans un vase avec de l'eau pour les tenir fraîches; ce vieillard est encore très-frais (vigoureux).

2. Frais, ne peut pas s'employer dans le sens de mouillé, trempé, humide: je suis mouillé (et non frais) comme un canard; il est tout trempé (et non frais) de sueur; il a pleuré, il a encore les yeux tout humides (et non tout frais); la terre est encore tout humide (et non toute fraîche). (Wall.)

3. Faire frais, signifie faire un peu froid et non faire humide, faire mouillé.—Ne dites jamais frisse pour frais: frisse est wallon.

Fraisil, s. m., cendre du charbon de terre dans une forge: prononcez fraisi et non fraisile.

Franc, adj., ne peut pas s'employer dans le sens de hardi, effronté, qui a de l'assurance; ne dites donc pas: ce déclamateur est franc devant le public; dites, ce déclamateur a de l'assurance, etc.

2. Un franc menteur est un menteur avéré; un homme franc est un homme sincère.

3. Franc de port.—Dans cette expression, l'adjectif franc, est invariable, quand il précède le substantif qu'il modifie: vous recevrez franc de port (franco) la lettre que je vous envoie. Il s'accorde, quand il vient après ce substantif: la lettre que j'ai reçue était franche de port.

4. Le c de franc ne se prononce que devant une voyelle: un franc animal (fran-k'animal).

5. Franc, s. m.—Ne dites pas: un franc et demi, un franc et quart; dites, un franc et cinquante centimes, un franc et vingt-cinq centimes.

Frangipane, s. f., sorte de pâtisserie; écrivez et prononcez frangipane et non franchipane.

Frappant neuf.—Ne dites pas, un habit tout frappant neuf, mais, tout battant neuf.

Frayeux, pour coûteux, dispendieux, dépensier, n'est pas français: les voyages sont coûteux (et non frayeux); une femme très-dépensière (et non très-frayeuse).

Fredaine, s. f.—Écrivez et prononcez fredaine et non frèdaine, ni ferdaine.

Freluquet, s. m., damoiseau;—écrivez et prononcez freluquet et non fréluquet ni ferluquet.

Frères, consanguins, utérins, germains: voyez germain.

Fret, s. m., louage d'un vaisseau; prononcez frète.

Friand, de, adj., qui aime la chère fine et délicate: prononcez fri-an et non fri-ian.

2. Friand, Gourmand, adj.—Friand se dit de celui qui aime, recherche, connaît et savoure les morceaux délicats.—Le gourmand aime à faire bonne chère; le glouton et le goinfre semblent, dans leur voracité, vouloir tout engloutir dans leur estomac.

Fricandeau.—C'est du veau lardé; ne dites pas, un frécandeau.

Fricassée, ne se dit que des viandes fricassées: manger d'une fricassée de poulets; une fricassée de pieds de mouton.—Fricassée, dans le sens que les wallons lui donnent, c'est-à-dire du lard ou du jambon cuit dans la poêle avec des œufs battus, se rend en français par le mot omelette.

Fricasser, Frire.Fricasser, c'est faire cuire dans la poêle, dans une casserole, etc., quelque chose après l'avoir coupé par morceaux: fricasser des poulets, des navets, des carottes, des pommes de terre, etc.

2. Frire, c'est faire cuire dans une poêle avec du beurre roux ou du sain-doux ou de l'huile: frire des oeufs, des côtelettes; le beurre frit dans la poêle; poisson frit, artichauts frits, pommes de terre frites.

Fricot, signifie ragoût, viande fricassée, toute sorte de mets, régal, bon repas, etc., mais il est populaire.

Frileux, euse, adj.: les vieillards sont frileux; ne dites pas frilieux ni fruleux.

Frimousse, s. f., mine, visage: quelle frimousse!—Ce terme est méprisant et populaire.

Fringale, s. f.—Ce mot n'est pas français; dites faim canine.

Friper, dans le sens de manger avec avidité, goulûment, est français, mais il est bas.

Frisquin (saint), tout ce qu'on possède: on doit dire frusquin, saint-frusquin, saint-crepin: il a perdu tout son frusquin, son saint-frusquin; perdre son saint-crepin; porter tout son saint-crepin;—saint-frusquin se dit principalement de l'argent et des nippes et saint-crepin, de la fortune en général.—Écrivez et prononcez crepin et non crépin ni crespin.

Froc, s. m., habit de moine: prononcez froke.

Froid.—On ne dit pas avoir froid (ou avoir chaud) des pieds, des mains, etc.; on ne dit pas non plus avoir froid (ou avoir chaud) les pieds, les mains, etc.;—on doit dire: avoir froid (ou avoir chaud) aux pieds, aux mains, etc. Par conséquent on doit dire en parlant des mains, des pieds, etc.: j'y ai eu froid (ou chaud) et non j'en ai eu froid.

2. Ne dites pas: j'ai gagné un froid qui me fait tousser; dites, j'ai gagné un rhume; je suis pris, j'ai été pris, saisi d'une fraîcheur, d'un rhume, d'un refroidissement.

3. Froid (battre), v. n., est français et signifie recevoir une proposition d'une manière à faire voir qu'on n'est pas disposé à l'accepter.

4. Faire froid, et plus souvent, battre froid à quelqu'un, c'est le recevoir avec moins d'empressement, avec un visage moins ouvert qu'à l'ordinaire. (Acad.)

Froidir, v. n. et pronom., devenir froid: il a laissé froidir son dîner: ce mot est vieux, on dit plutôt refroidir, se refroidir.

Froidure, froideur, froid. Froidure se dit uniquement du froid répandu dans l'air: j'ai supporté la froidure des climats.—Froideur s'emploie toujours au figuré et signifie indifférence, insensibilité: je n'ai pu endurer la froideur des grands.—Beaucoup de personnes emploient abusivement ces expressions pour le mot froid.

Fromage.—Dites un fromage d'Edam (espèce de fromage de Hollande fabriqué à Edam) et non fromage de dames.—Prononcez froma-ge et non froma-che.

Frugale, ale, adj., qui vit de peu; ce mot n'a pas de pluriel masculin (Acad.)—Quelques grammairiens disent frugals, d'autres, frugaux. Cette dernière forme serait préférable, si le plur. masc. devenait nécessaire.

Fruit, s. m.—On ne dit pas: manger un fruit, mais, manger du fruit.—Ne dites pas non plus: il lui a donné un fruit pour son goûter; dites, il lui a donné du fruit ou bien, il lui a donné une pomme, une poire, un raisin.

Fumé.—Ne dites pas, de la viande enfumée, un jambon enfumé, mais, de la viande fumée, un jambon fumé.

Funéraire, adj.—Ne dites pas: un service funéraire, un service mortuaire; dites, un service funèbre.

2. Funèbre, est un adjectif propre à dépeindre tout ce qui accompagne les funérailles, et par extension tout ce qui a un air de mort: pompe, appareil, honneurs, ornements, chant, convoi funèbres; images funèbres; oiseaux funèbres...

3. Funéraire est, comme mortuaire, un terme abstrait, de légiste, d'homme d'affaires, d'intendant, qui convient surtout, sinon uniquement, dans la locution, frais funéraires; on dit un drap mortuaire, registre mortuaire, extrait mortuaire, droits mortuaires.

Fur.Au fur et à mesure, à fur et mesure: ces deux expressions signifient à mesure, à proportion: je travaillerai au fur et à mesure que vous m'apporterez de l'ouvrage; voyez fait-à-fait.

Furieux, furieusement.—Ces mots s'emploient figurément et familièrement dans le sens de prodigieux, qui est excessif et extraordinaire dans son genre, et alors il précède toujours le substantif: c'est un furieux mangeur, un furieux menteur; voilà un furieux travail; il s'est donné un furieux coup, une furieuse entorse; il fait une furieuse dépense; voilà un furieux poisson; il est furieusement grand, il est furieusement riche; il ment furieusement; elle est furieusement laide. (Ac.)—Voyez terrible et terriblement.

Fusil, s. m.—L'l finale ne sonne pas (fuzi), non plus que dans les mots baril, chenil, coutil, fenil, outil, persil, sourcil.

G

G.—Devant a, o, u, il se prononce dur; devant e et i il s'amollit et se prononce comme j.

2. Dans le premier cas, les flamands doivent se garder de prononcer le g du gosier; ils ne doivent pas prononcer ghagner, ghobelet, ghide, mais gagner, gobelet, guide.—Devant e et i ils doivent éviter de le prononcer comme se, sé ou sié: sibier, siémir, silet, sielée, fromase, etc., pour gibier, gémir, gilet, gelée, fromage.

3. Les wallons, de leur côté, sont exposés à prononcer la syllabe ge comme che: ramache, plumache, rouche, horloche, prodiche, granche, sonche, lochement, juchement, prolonchement, etc., au lieu de ramage, plumage, rouge, horloge, prodige, grange, songe, logement, jugement, prolongement.—Nous recommandons beaucoup aux professeurs, d'abord de se surveiller eux-mêmes et ensuite de donner à leurs élèves force exercices, afin de les initier bon gré mal gré à la bonne prononciation.

4. Le g final, suivi d'une voyelle se prononce ordinairement comme k: un long hiver; à la fin de certains mots il ne se prononce pas, même devant une voyelle: étang, seing, etc.

Gage.—En parlant du salaire des domestiques et des gens de service, ce mot ne s'emploie qu'au pluriel: gagner de gros gages (et non un gros gage); les gages d'un laquais, d'une servante.—Appointements se dit des emplois plus relevés;—honoraires et émoluments se disent des professeurs, des médecins, des avocats, et de ceux dont on obtient quelque conseil ou quelque service honorable.—Prononcez gaje et non gache.

Gageure, s. f., pari; prononcez gajure (Acad.); il faut préférer les mots pari et parier aux mots gageure et gager.

2. Gager, Parier.—Ne dites pas gager, parier pour une somme, mais, gager, parier une somme: je gage, je parie cent francs, ma montre, ma tête que....

Gagne, dans le sens de gain, et gagnage, dans le sens de ouvrage, travail, gain, ne sont pas français.

Gagner.—Ne dites pas en parlant du jeu: je suis gagné, je suis perdu; dites, j'ai gagné, j'ai perdu.—On dit gagner une bataille et remporter une victoire.—Prononcez gagner (a bref) et non gâgner (â long).

Gaiement, adv. Gaieté, s. f.: on écrit aussi gaiment, gaîté.

Galant, te, adj.—Un galant homme est un homme poli et serviable; un homme galant est celui qui cherche à plaire.

Galette, Gauffre.—Une galette est une espèce de gâteau cuit au four, qui a la forme d'un pain aplati.—Les gauffres sont cuites entre deux fers et présentent à la surface de petits carreaux ou des dessins en relief.—Il faut donc nommer gauffre ce qu'on appelle généralement galette:—galet, dans ce sens, n'est pas français.

Galop, s. m., dans le sens de savon, réprimande, semonce, saccade, garde, est un terme populaire: prononcez galô (ô long).

Gangrène, s. f.—On prononce cangrène selon l'Académie qui écrit aussi cangrène; nous ferons toutefois remarquer que la prononciation gangrène commence à être en faveur; il en est de même de gangrener, gangreneux.

2. Ne dites pas gangrin-ne mais gangrè-ne; prononcez gangrener, gangreneux et non gangrèner, gangrèneux.

Garçons, s. m.—Ne dites pas: les garçons ne sont pas à la maison; dites, les enfants, mes enfants, mes frères...

Garde à (prendre), et Prendre garde de.—Prendre garde à, s'emploie surtout avec un substantif pour complément: prenez garde à ce cheval, à ce fossé.—Avec un verbe, on met plutôt de: prenez garde de tomber, prenez garde de vous brûler.

2. Quand on met à devant un infinitif, c'est pour indiquer ce qu'il faut faire et non ce qu'il ne faut pas faire: prenez garde à ne pas tomber; prenez garde à bien conserver votre équilibre; prenez garde à bien sauter.

3. Garde, s., est féminin, quand il désigne tout un corps: la garde royale, la garde d'honneur, la garde nationale, la garde civique. Mais il est masculin, quand il désigne une ou plusieurs personnes tirées d'un corps: un garde royal, un garde civique, c'est-à-dire, un homme qui fait partie de la garde royale, de la garde civique.

4. Garde-enfants ou garde-d'enfants: dites une bonne d'enfants ou simplement une bonne.

5. Garde-champêtre, s. m.: prononcez gar-de-cham-pê-tre et non garte-champette ni garde-champêtère.

6. Garde-Chasse, s. m.: prononcez gar-de chasse et non garte-chasse; il en est de même de garde-corps, garde-fou, garde-forestier, garde-malade, etc.

7. Garde-robe, s. f.: prononcez gar-de-ro-be et non gart'rope.

Gare, Garde.—On dit gare dessous, gare l'eau, gare la bombe, gare le fouet; frapper sans dire gare; si vous faites cela, gare les conséquences. Mais il faut dire garde (et non gare) à vous (sous-entendu prenez.)

Garni.—On dit, une robe garnie d'or, de dentelle; un chapeau garni de fleurs, et non, une robe garnie en or, en dentelle, ... en fleurs. (Acad.)

Garnisaire.—Prononcez garnizaire et non garnissaire, homme en garnison chez un débiteur ou chez le débiteur du gouvernement.

Gasse, est wallon, dans le sens de banquet, gala.

Gastrique, est un adj.; il signifie qui tient ou appartient à l'estomac: le suc gastrique.

Gastrite, s. f., est une inflammation de l'estomac: il souffre d'une gastrite et non d'une gastrique.

Gâter, Gâteau: prononcez â long: gâter, gâteau.

Gaudron, Gaudronner, pour goudron, goudronner, sont des barbarismes.—Gaudronner et godronner ont une toute autre signification.

Gaz, s. m., fluide aériforme: prononcez gâze et non gâce.

Gaze, s. f., espèce d'étoffe: prononcez gâze et non gâce.

Geai, s. m., oiseau.—Ne dites pas, noir comme du geai mais noir comme du jais ou comme jais: le jais est une pierre noire susceptible d'un beau poli.

Géant, fait géante et non géane au féminin.

Gelée, Gelure, s. f.—Ne dites pas: j'ai des gelées ou des gelures aux pieds, mais, j'ai des engelures aux pieds: prononcez geler, gelée et non gèler, gèlée.

Geler: voyez engeler.

Gémeaux: voyez jumeau.

Général, s. et adj.: prononcez général et non gènèral ni gènèrâl.

Génie.Officier de génie signifie, officier qui a du génie; officier du génie se dit d'un officier qui appartient au corps nommé le génie: on peut donc être officier du génie sans être officier de génie et vice-versâ.—Prononcez génî (î long) et non géniïe.

Genièvre, s. m., boisson: prononcez geniè-vre et non genièfe ni genèvre.

Genre des mots.—Nous donnons la liste des mots dont le genre peut paraître douteux et de ceux auxquels on donne souvent un genre contraire à l'usage.

2. Noms masculins auxquels on donne quelquefois, par erreur, le genre féminin:

  • automne
  • avé
  • balustre
  • bec-figue
  • bifteck
  • brou
  • calque
  • calville
  • capendu
  • caprice
  • caramel
  • catafalque
  • centime
  • cents
  • chambranle
  • chanvre
  • cigare
  • comble
  • concombre
  • crabe
  • crêpe
  • déciare
  • décime
  • décombres (plur.)
  • décrottoir, v. le Dict.
  • délice
  • dialecte
  • échange
  • éclair
  • élixir
  • éloge
  • emblème
  • embouchoir
  • émétique
  • emplâtre
  • emploi
  • encensoir
  • encombre
  • en-tête
  • entonnoir
  • entr'acte
  • entre-sol
  • épeautre
  • épiderme
  • épilogue
  • épisode
  • épithalame
  • équinoxe
  • érésipèle
  • esclandre
  • escompte
  • espace
  • étage
  • éteignoir
  • eucologe
  • évangile
  • éventail
  • éventaire
  • exemple, v. le Dict.
  • exorde
  • fastes
  • finale (d'opéra)
  • frac
  • garde, v. le mot garde.
  • gens, v. le mot gens.
  • gîte
  • globule
  • gramme
  • hameçon
  • hanneton
  • harmonica
  • hectare
  • héliotrope
  • hémisphère
  • hémistiche
  • héritage
  • hochequeue
  • horoscope
  • hortensia
  • hospice
  • hôtel
  • hydrogène
  • hymne (chant ou poésie profane)
  • hypocondre
  • if
  • incendie
  • indice
  • insecte
  • insigne
  • interstice
  • intervalle
  • inventaire
  • iris
  • isthme
  • ivoire
  • légume
  • leurre
  • libelle
  • litige
  • litre
  • losange, v. le Dict.
  • mânes
  • manganèse
  • mastic
  • monticule
  • myriagramme
  • naphte
  • obélisque
  • obstacle
  • obus
  • omnibus
  • ongle
  • opuscule
  • orage
  • oratoire
  • orchestre
  • ordre
  • organe
  • orgue (au sing.)
  • ours
  • outil
  • outrage
  • ouvrage
  • ovale
  • oxigène
  • panache
  • paradoxe
  • parafe
  • pécule
  • pénates
  • perce-oreille
  • pétale
  • pétiole
  • pique (couleur du jeu de cartes.)
  • planisphère
  • plantoir
  • platine (métal.)
  • plâtre
  • pleurs
  • pore
  • prêche
  • quadrille
  • quelque chose, v. le Dict.
  • remise (une voit.)
  • rouge-gorge
  • sabre
  • saule
  • simple (plante médicin.)
  • squelette
  • soque
  • stade
  • steppe
  • store
  • tire-ligne
  • trèfle
  • trombone
  • tulle
  • ulcère
  • uniforme
  • ustensile
  • ventricule
  • vignoble
  • viscére
  • vivres (pl.)
  • volatile

3. Noms féminins que, par erreur, on fait quelquefois masculins:

  • aire
  • alcove
  • allonge
  • amnistie
  • amorce
  • amour (au pl.)
  • ampoule
  • anagramme
  • anicroche
  • antichambre
  • antienne
  • après-dînée
  • après-midi
  • après-soupée
  • arbalète
  • archives
  • arête
  • armoire
  • arrhes
  • arrière-boutique
  • arrière-cour
  • atmosphère
  • auberge
  • avant-cour
  • avant-garde
  • avant-scène
  • averse
  • balançoire
  • barres pl. (jeu)
  • batiste
  • boutique
  • bure (puits)
  • casaque
  • cendrillon
  • cible
  • colophane
  • débâcle
  • décrottoire (voy. le Dict.)
  • délice (au pl.)
  • dent
  • disparate
  • ébauche
  • ébène
  • écaille
  • écale
  • écharde
  • échasse
  • écritoire
  • écumoire
  • emplette
  • énigme
  • épigramme
  • épitaphe
  • épithète
  • équerre
  • équivoque
  • esquisse
  • établi
  • fibre
  • filosèle
  • friche
  • garde, v. le Dict.
  • glaire
  • glissoire
  • glu
  • héliotrope
  • herse
  • hydre
  • hyène
  • hymne (chant d'église.)
  • idole
  • immondice
  • impériale
  • insomnie
  • insulte
  • jujube
  • laideron
  • lavasse
  • losange, v. le Dict.
  • manche, v. le Dict.
  • martre ou marte
  • mécanique
  • mésange
  • nacre
  • oasis
  • obole
  • obsèques (pl.)
  • office, v. le Dict.
  • offre
  • oie
  • ombrelle
  • orge, v. le Dict.
  • orgue (au pl.)
  • ouïe
  • paroi
  • passoire
  • patenôtre
  • pédale
  • perce-neige
  • poudre (médica.)
  • primevère
  • quelque chose, v. le Dict.
  • réglisse
  • relevailles (pl.)
  • sauvegarde
  • sentinelle
  • simarre
  • soie (crin.)
  • stalle
  • tirelire
  • tôle
  • vertèbre
  • vis
  • volatille

Pour les substantifs qui, d'après leurs différentes acceptions ou leurs divers genres, ont des genres doubles, voyez le Dictionnaire.

4. Genre, s. m.—Ne dites pas: cette plaisanterie, cette manière de parler est de bon, de mauvais genre; dites, de bon, de mauvais goût; de bon, de mauvais ton.

5. Ne dites pas: homme de bon genre, femme de mauvais genre; dites, homme du bon ton, femme du mauvais ton.—On dit aussi: homme qui sait bien le monde, qui sait bien son monde, homme du grand monde.

6. Ne dites pas: être vêtu dans le bon genre; dites, avec goût, à la mode, à la dernière mode.—Prononcez jan-re et non jâ-re.

Gens.Gens, veut au féminin les adjectifs qui le précèdent, et au masculin ceux qui le suivent: de dangereuses gens, des gens dangereux; quelles gens! de telles gens sont à plaindre; je m'accommode de certaines gens, mais non de toutes gens.—Exceptions: Les adjectifs tel, quel, certain, maints, tout, se mettent au masculin:—1o quand l'adjectif qui les suit n'a qu'une seule terminaison pour les deux genres: quels braves gens! certains honnêtes gens; maints jeunes gens; tous les jeunes gens.—2o Quand le substantif gens est suivi d'un ou de plusieurs mots qui restreignent sa signification: quels gens adroits! certains gens d'affaires; tous les gens sensés; tous gens bien connus; tous ces gens-là; tous les gens de loi, d'église, etc.—3o Quand ils ne sont pas suivis immédiatement de leur substantif: quels sont ces gens-là? tels sont les gens que vous fréquentez.—Lequel suit la même règle: lesquels de ces bonnes gens voulez-vous récompenser?—Quant aux participes passés, ils se mettent toujours au masculin: instruits par l'expérience, les vieilles gens sont ordinairement prudents; ce sont les meilleures gens que j'aie jamais vus. (M. l'abbé Péters, Grammaire.)

2. On prononce gean, devant une consonne ou une h aspirée ou lorsque gens est seul ou à la fin d'une phrase: gens peureux, gens hardis. Devant une voyelle ou une h muette, prononcez geanze: gens instruits, gens habiles.—Ce mot n'a pas de singulier; en vers, dans les genres légers, gent s'emploie pour race: la gent trotte-menu (les souris), la gent marécageuse (les grenouilles). (Lafontaine.)

Gentil, adj.—L'l ne se prononce que devant une voyelle et dans les mots composés, et il prend alors le son mouillé un gentil (genti) garçon; un gentil (gentille) enfant; la gentillesse (gentiliesse); un gentilhomme (gentiliome); gentilhommerie (gentiliomerie).

2. Un gentilhomme est un homme de naissance noble; un homme gentil est un homme d'un commerce agréable, de manières affables.

3. Au pluriel, l'l ne se prononce pas: de gentils (gentis) enfants, des gentilshommes (gentisomes); les gentils (genti), c'est-à-dire, les payens, les idolâtres.

4. Au féminin, gentille, les ll sont également mouillées: une gentille fille.

5. Gentil signifie joli, agréable, gracieux et non laborieux, actif: ce bijou est gentil; des manières gentilles; une chanson fort gentille; faire le gentil (l'agréable).

Gentleman, s. m., titre en Angleterre: prononcez dgenn'tlemène.

Geôlier, Geôle, Geôlage: l'o est long, et l'e ne se fait pas sentir: jôlier, jôle, jôlage.

Géranium, s. m., plante: prononcez géraniome.

Germains, Consanguins, Utérins.—Des frères germains sont enfants du même père et de la même mère;—des frères consanguins sont enfants du même père, mais de différentes mères;—des frères utérins sont enfants de la même mère, mais de pères différents.

Gérofle, s. f.; girofle est plus usité: des clous de girofle.—Prononcez le fle.

Gestion, s. f., action de gérer: prononcez ges'thion en faisant sentir l's et le t comme dans gesticuler; ne dites pas gécion.

Gibelotte.—On dit une gibelotte de lapin; le mot civet se dit proprement du ragoût fait de chair de lièvre.

Gifle et Gifler sont français, mais populaires; dites, tape, claque, soufflet, taloche. Il faut en dire autant de calotte.—Au lieu de gifler et de calotter, dites taper, claquer, souffleter: je vous taperai; elle soufflette son enfant pour les moindres choses.

Gigier, n'est pas français; dites gésier, pour signifier le second ventre de certains oiseaux qui se nourrissent de graines.

Gigot, s. m.: le t ne se prononce pas.—C'est mal s'exprimer que de dire un gigot de mouton, car le mot gigot signifie à lui seul une cuisse de mouton; dites simplement un gigot.

2. On ne dit pas une gigue de mouton, mais on dit une gigue de chevreuil.

3. Ce mot n'est pas français dans le sens de mauvaise monnaie.

Gingembre, s. m., racine des Indes qui a un goût de poivre; écrivez et prononcez gingembre et non gingenvre.

Gironnée, capacité du giron, n'est pas français.

Gisant, gisons, gisez, gisent, gisait, gisement, etc.—Quelques-uns doublent l's, et quoiqu'il en soit, on doit prononcer l's dure comme si elle était double: son cadavre gisait (gissait) dans son sang.

Gît.Ci-gît, formule ordinaire par laquelle on commence les épitaphes; l'Académie ne dit pas si, lorsqu'il est question de plusieurs personnes, on doit dire ci-gisent; nous pensons que la grammaire l'exige.

Gîte.—Ce mot est masculin: chercher un gîte.

Glaire, humeur visqueuse, est féminin: glaires teintes de sang.

Glissoire, Glissade, Glissement.—Beaucoup de personnes, et surtout les écoliers, confondent ces trois mots.—Une glissoire est un chemin frayé sur la glace pour glisser en jouant; une glissade se dit de l'action de glisser involontairement; un glissement se dit de l'action de glisser: ce dernier mot est peu usité.—Glisse, dans le sens de glissoire, n'est pas français.

Gloire.—Ne dites pas: je me fais gloire d'être votre ami; je m'en fais gloire; dites, je fais gloire d'être votre ami; j'en fais gloire.—Cependant on dit quelquefois se faire une gloire de quelque chose. (Acad.)

Gloriette, dans le sens de berceau, de cabinet de verdure, est français. (Bescherelle, Poitevin).

Glorieux, plein de vanité, de bonne opinion de lui-même, est français: il a du mérite, mais il est un peu glorieux; il est sot et glorieux; c'est un esprit glorieux. Il s'emploie quelquefois substantivement dans un sens analogue: les glorieux se font haïr; c'est un glorieux, c'est une petite glorieuse. (Acad.)

Gne, Gn.—Prononcez ensei-gner, enseigne-ment, dési-gner, dési-gnation, dai-gner, i-gnorant, i-gnorer, a-gneau, ma-gnifique, etc., et non enseign'ner, enseign'nement, désign'ner, désign'nation, daign'ner, ign'norant, ign'norer, agn'neau, magn'nifique.—Les flamands, de leur côté, doivent éviter dans la prononciation de ces mots de séparer le g de l'n et de donner au premier le son d'un h ou bien le son guttural de leur g: i-gnorant, ma-gnifique, etc., et non ih-norant, mah-nifique ni igh'-norant, magh-nifique.

Godaille, s. f., mauvaise boisson, mauvais vin; godailler, boire avec excès;—ces mots sont français mais populaires: c'est un ivrogne, il ne fait que godailler.

Goëlette, s. f., bâtiment léger; prononcez goèlette ( diphth.)

Golza, s. m., plante oléagineuse; écrivez et prononcez colza et non golza. Voyez chausson.

Gomme, s. f.; prononcez l'o bref comme dans homme: gomme et non gô-me.

Goulée, correspond à gueule et ne se dit guère qu'en parlant des animaux: brebis qui bêle perd sa goulée.—En parlant des personnes, on doit se servir du mot bouchée: une bouchée de pain.

Goulus (pois), pois que l'on mange avec la cosse; ne dites pas pois gourmands.

Gourmet, s. m., celui qui sait bien connaître et goûter les vins, les mets; gourmeur n'est pas français.

Goût. s. m.—Ne dites pas: j'ai du goût de sortir, j'ai du goût de pleurer; dites, j'ai envie de pleurer, de sortir.

2. Ne dites pas: cela est-il à votre goût? dites, cela est-il de votre goût?

Goûter.—On dit goûter un mets, goûter d'un mets et goûter à un mets.—On goûte un mets pour savoir s'il est bon ou mauvais; on goûte d'un mets quand on en mange comme aliment; on goûte à un mets pour savoir s'il y manque quelque chose et dans le dessein d'ajouter ce qui y manque. Dites, j'ai goûté ce vin-là et je l'ai trouvé bon; j'ai mangé du rôti, mais je n'ai pas goûté du lièvre; le cuisinier a goûté dix fois à cette sauce avant de la servir.

2. Ne dites pas comme on entend dire tous les jours: ce beurre ne me goûte pas; ce rôti m'a bien goûté; cela me goûte, cela ne me goûte pas, pour exprimer que quelque chose est ou n'est pas de votre goût. Il est clair en effet que les personnes seules, et non les choses inanimées, peuvent goûter, c'est-à-dire exercer le sens du goût. Dites donc: cela est de mon goût et non cela me goûte;—j'ai trouvé ce rôti bon, excellent et non ce rôti m'a bien goûté;—ce beurre est bon, a un bon goût, est de mon goût et non ce beurre me goûte;—cela me semble bon, cela me plaît, cela a un bon goût, cela est de mon goût, et non cela me goûte.

3. Ne dites pas, comme on dit en flamand: cela goûte bon; dites, cela est d'un bon goût.

4. Ne dites pas: j'avais goût de sortir; dites ... envie de sortir.

Goutte.—Ne dites pas: mon frère ressemble à mon père comme deux gouttes d'eau; dites, mon père et mon frère se ressemblent comme deux gouttes d'eau (se ressemblent).

2. Goutte, employé adverbialement pour donner plus de force à la négation, ne se dit que dans, ne voir goutte, n'entendre goutte: il fait bien obscur ici, je ne vois goutte, je n'y vois goutte; c'est un homme qui ne voit goutte dans ses affaires; je n'entends goutte (je ne comprends rien) à ce qu'il dit; cette affaire est fort embrouillée, je n'y entends goutte. (Acad.)—Ne dites, je n'y vois goutte, que lorsque le pronom y se rapporte à un objet dont on vient de parler, comme dans notre premier exemple où y se rapporte à chambre; c'est donc une faute de dire je n'y vois goutte, pour exprimer simplement que vous avez la vue mauvaise, sans vouloir faire entendre que vous ne voyez rien dans une chambre, dans un livre, ou tout autre objet déjà exprimé.

3. Ne dites pas: la marmite goutte, pour exprimer que l'eau s'en échappe par une fente; dites la marmite fuit.

4. Ne dites pas: avoir les gouttes, mais avoir la goutte; voyez fièvre.

5. Prononcez long dans goûter, goûte, dégoûter, dégoûtant, et ou bref dans goutter, goutte, dégoutter, dégouttant.

Goutter, dans le sens de tomber goutte à goutte, n'est pas français; dites dégoutter: il pleuvait il n'y a qu'un moment, les toits dégouttent encore (et non gouttent); quand il pleut sur le curé, il dégoutte sur le vicaire (et non il goutte).

2. Ne dites pas: il goutte, il commence à goutter, en parlant de la pluie: dites, il tombe des gouttes d'eau, il commence à pleuvoir.

Gouttière, ne signifie pas, eau de pluie, mais un canal par où l'eau s'écoule des toits; ne dites donc pas un seau de gouttière, mais un seau d'eau de pluie.

Gouverne, dans le sens de direction, est français: je vous dis cela pour votre gouverne.

Gozette.—Ne dites pas: ce boulanger fait de bonnes gozettes; dites, ce boulanger fait de bons chaussons. (Wall.) Voyez chausson.

Grâce.Avoir bonne grâce, avoir mauvaise grâce, devant un infinitif, demandent la préposition à: il a bonne grâce, mauvaise grâce à faire (et non de faire) telle chose.

Gracier, v. act., remettre la peine à un criminel, est français; on l'emploie souvent au passif: il a été gracié. (Acad.)

Gracieux, euse, adj.—N'écrivez pas grâcieux mais gracieux et prononcez a bref;—il en est de même des mots disgracieux, gracier, graciable, gracieuseté, etc. Mais a est long dans: grâce, disgrâce, les trois Grâces, le Havre-de-Grâce, Grâce-Montegnée.

Gradué, s. m., celui qui a pris des degrés dans une des facultés de théologie, de droit, de médecine, des lettres. On dit: c'est un gradué; les gradués de l'université.—Prononcez gradu-é, gradu-el, gradu-er et non gradu-wé, gradu-wel, gradu-wer.

Grain, se dit du fruit et de la semence du froment, de l'épeautre, du seigle, de l'avoine, de l'orge, etc. Mais se serait une faute de l'employer pour désigner les froments, les seigles, l'épeautre en herbe et de dire: les grains sont beaux; scier les grains; du grain en gerbe; dites, les blés, les froments, etc., sont beaux; scier les blés, les froments, etc.; du blé en gerbe.—Blé est un terme générique qui se dit de toutes les plantes qui produisent le grain dont on fait le pain.

Grammaire.—L'Académie ne dit pas que les deux m se prononcent, et les personnes qui parlent bien n'en font entendre qu'une seule dans ce mot et dans grammairien (gra-mairien), grammatical (gra-matical) grammaticalement (gra-maticalement), grammatiste (gra-matiste).—Prononcez donc gra-maire et non gram'maire, ni gran-maire comme dans grand'mère, ce qui serait excessivement ridicule: une grand'mère qui fait des fautes de grammaire. Voyez mm.

Grand.—L'adjectif féminin grand' est toujours invariable.—On dit grand'chère (il n'a pas de pluriel).—Grand'chose, grand'croix; le pluriel est grands-croix (Acad. au mot croix).—Grand'garde; le pluriel est grand'gardes.—Grand'faim: il n'a pas de pluriel.—Grand'mère; le pluriel est grand'mères.—Grand'messe: on peut dire aussi grande messe; le pluriel est grand'messes.—Grand'oncle: prononcez grantoncle; le pluriel est grands-oncles.—Grand'peine (à), difficilement.—Grand'père: le pluriel est grands-pères.—Grand'peur.—Grand'pitié.—Grand'soif.—Grand'tante; le pluriel est grand'tantes.—Grand'route ne se trouve pas dans les dictionnaires.

2. Un grand homme est un homme d'un grand génie; un homme grand est un homme de grande taille.—Une grande dame est une dame de haute condition; une dame grande, une dame de haute stature. Mais on dit: un grand homme noir, une grande dame blonde. Un homme à l'air grand, dont la physionomie annonce de la noblesse d'âme; un homme du grand air, qui vit à la manière des grands seigneurs. (Soulice et Sardou.)

3. Grande armée: ne prononcez pas gran-tarmée, mais gran-d'armée, comme darme dans gendarme.—Mais au masculin devant une voyelle ou une h muette, ce d final a le son de t: grand (t) homme, grand (t) arbre.

4. Grand'chose, s. fém.—On dit: il n'a pas fait grand'chose de beau, de bon, c'est-à-dire, grand'chose de ce qui est beau, de ce qui est bon.—Ne dites pas grande chose.—Voyez chose.

Grandeur, s. f.—Il ne faut pas employer ce mot comme synonyme de gloire: la gloire (et non la grandeur) le perdra; faire une chose par nécessité et non par gloire.

Grandir, v. n., se conjugue avec avoir ou avec être, selon que le sens permet de poser l'une ou l'autre des deux questions: qu'a-t-il fait ou que lui est-il arrivé?cet enfant a bien grandi en peu de temps; vous êtes bien grandi.—Voyez vieillir.

Granit, s. m., pierre dure: prononcez granite.

Gras, asse, adj.—Ne dites pas: il fait gras, mais il fait chaud, l'air est étouffant.

Grasseyer, v. n., parler gras: écrivez et prononcez grasseyer, grasseyement et non gracier, graciement.

Gratis, adv., sans frais: prononcez grâtice.

Gratte, n'est pas français; il faut dire égratignure, marque: se faire une égratignure.

Gratter, signifie frotter, râcler et ne doit pas s'employer pour égratigner: le chat l'a égratigné; s'il ne mord, il égratigne. Mais on dira: le chat gratte à la porte; gratter une muraille; se gratter l'oreille en signe d'embarras.

Gratuit, Gratuitement: prononcez gratuit, gratuitement (a bref) et non gratu-wit, gratu-witement.

Grave, adj., pesant, sérieux: prononcez grâ-ve (â long) et non grâ-fe.

2. Grave (il), du verbe graver: prononcez gra-ve (a bref).

Greffe, s., petite branche pour greffer, est féminin: une belle greffe de pommier.—Greffe, lieu d'un tribunal où sont déposées les minutes des jugements, des arrêts, etc., est masculin: les pièces sont au greffe.

2. Greffe, petit brin de bois, de baleine, etc., dont les enfants qui apprennent à lire, touchent les lettres qu'ils veulent épeler; ce mot est wallon;—en français on dit touche.

Grelot, Grelotter: prononcez, grelot, grelotter (e muet) et non grèlot, grèlotter.

Grenade.—Ne nommez pas ainsi les petites écrevisses de mer qu'on colporte aux estaminets; dites, chevrette et mieux crevette.

Grenier: écrivez et prononcez grenier (e muet) et non grènier ni gregnier.—Dites au grenier et non sur le grenier.

Grenouille, s. f.: prononcez grenouille (e muet et ll mouillées) et non grènouille.

Grésil, s. m., menue gelée: prononcez grésile.

Grève ou Gravelle, gros sable mêlé de fort petits cailloux, de fort petites pierres, sont des barbarismes qu'il faut rendre par gravier: il n'y a pas de terre franche en cet endroit-là, ce n'est que du gravier.—Grève, s. f., signifie proprement un lieu plat et uni, couvert de gravier, de sable, le long de la mer ou d'une grande rivière: les vagues se déploient sur la grève; la grève était couverte de débris.—La Grève se dit, à Paris, d'une place publique qui est située sur le bord de la Seine et où l'on faisait autrefois les exécutions.

Gribouillette, s. f., jeu d'enfants; on dit jeter une chose à la gribouillette, c'est-à-dire la jeter au milieu d'une troupe d'enfants qui cherchent à s'en saisir.

Grière.—Ne dites pas: du fromage de grière, mais du fromage de Gruyère (ville de Suisse).

Grièveté, s. f., énormité: prononcez grièv'té et non grièf'té.

Griffer, v. n.—Ne dites pas: le chat m'a griffé; dites, le chat m'a égratigné.—Griffer signifie, prendre avec la griffe: les oiseaux qui griffent sont le perroquet, etc.

Griffon.—Ne dites pas un griffon, pour indiquer une écriture mal formée qu'on lit difficilement; dites un griffonnage.

Grignon, est le côté jaune et doré de la croûte du pain; ne dites pas grignot ni grignotte.

Gril, Grille.—Les ll de ces mots sont mouillées, cependant gril, dans le langage familier, se prononce gri. (Acad.)—Le gril (masculin) est un ustensile de cuisine sur lequel on fait rôtir de la viande, du poisson, etc.: mettre du boudin sur le gril.—La grille est formée de plusieurs barreaux de bois ou de fer se traversant les uns les autres pour empêcher qu'on ne passe par une fenêtre, par une ouverture;—grille signifie aussi des barres de fer sur lesquelles on place le charbon dans un fourneau, dans un poêle au-dessus du cendrier.

Grillon, espèce de cigale à chant monotone; ne dites pas criquillon ni criquion, crition.

Gringalet, s. m., homme faible, débile, sans force; ce mot est français: ce n'est qu'un gringalet.

Grippe, s. f.—Prendre quelqu'un en grippe, ou se prendre de grippe contre quelqu'un, se prévenir défavorablement contre lui, sans pouvoir rendre raison de sa prévention.—Ces deux locutions sont françaises; la première était seule admise autrefois.

Gripper, attraper, saisir subitement; ce mot est français: ce chat a grippé un morceau de viande; il a grippé la souris à la sortie du trou; on lui a grippé sa bourse; on dit aussi griffer.

Grogner, v. n., gronder, gourmander, murmurer, réprimander; ce mot est français: il ne cesse de grogner après moi.

Grognon, adj., qui grogne actuellement ou qui a l'habitude de grogner; les vrais mots sont grogneur et grognard; mais le mot grognon est aujourd'hui fort usité et admis par l'Académie comme un adjectif des deux genres. Voyez groin.

Groin, museau du cochon, ne dites pas grognon.

Gros.Donner gros, valoir gros, sont des expressions triviales et qu'il faut éviter d'employer; dites donc: cette charge doit lui valoir, lui rapporter beaucoup et non, cette charge doit lui valoir gros. Dites encore: je donnerais beaucoup pour avoir de l'instruction, et non, je donnerais gros...

Grossier, impoli, rustique: voyez rustique.

Groom, s. m., petit laquais; prononcez groûme.

Grouiller, Grouillement: le ventre lui grouille; grouillement des intestins: ne dites pas, grouler, groulement.

Gruger, dans le sens de tromper, n'est pas français.

Gruyère (fromage de).—Gruyère est une petite ville de Suisse d'où ce fromage a tiré son nom. Ne dites pas fromage de Gruère ni de Grière.

Gu et Guë sont sonores à la fin des mots, mais ces deux terminaisons ne comprennent que les cinq masculins aigu, ambigu, contigu, exigu, zagu, les six féminins aiguë, ambiguë, ciguë, contiguë, exiguë, besaiguë ou besaguë, et le verbe j'arguë.—L'Académie met le tréma sur l'e et non sur l'u.

2. Gu est également sonore, et fait diphthongue avec la voyelle suivante dans aiguille et ses dérivés, aiguillon et ses dérivés, aiguillade (mais non aiguillat, terme d'histoire naturelle), aiguiser, aiguisement, ambiguïté, contiguïté, exiguïté, arguez, nous arguons, vous arguez, etc.—Ajoutez consanguinité, sanguinification (mais non sanguin, sanguinaire, sanguinolent, sanguine qui ont l'u muet et où l'on ne fait entendre qu'un g dur), inextinguible, linguiste, linguistique, onguiculé, Guise (nom propre).—Il faut prendre garde cependant de prononcer dans ces mots gui comme goui; on évitera ce défaut en s'exerçant d'abord à appuyer fortement sur l'u et à le séparer en quelque sorte de la voyelle suivante; plus tard on rétablira la diphthongue.

3. Dans tous les autres mots, gu a la valeur d'un g dur et l'u ne se fait pas sentir: anguille, guérir, gui, guignon, guichet, guise, etc.

Guenille, Guenipe.—Une guenille est un haillon, un chiffon;—une guenipe ou guinche est une femme malpropre: cet homme ne porte que des guenilles; cette femme est une franche guenipe.—Prononcez guenille, (ll mouillées), guenipe (e muet) et non guènille, guè-nipe.

Guère, ou Guères, adv.—On n'écrit guères (s) que dans les vers, lorsqu'il est nécessaire à la rime ou à la mesure.

2. Guère est toujours accompagné de la négation; dites donc: il ne s'en est guère fallu, et non, il s'en est guère fallu.—Quoique l'on dise: il s'en faut de beaucoup, on ne peut pas dire pourtant: il ne s'en faut de guère: dites, il ne s'en faut guère.

Guêtre, s. f., sorte de chaussure qui couvre la jambe: prononcez guê-tre et non guette; dites se guêtrer, mettre des guêtres, et non se guetter.

Guette.—Ne dites pas: ce chien est de bonne guette, mais de bon guet.

Gueule, s. f., la bouche de certains quadrupèdes carnassiers et de plusieurs poissons. On dit la gueule d'un chien, d'un loup, d'un lion, d'un crocodile, d'un requin, etc.—La gueule est une grande bouche d'animal carnassier, armée de fortes dents: voyez bouche.—Prononcez gueule et non gueuille.

Gueuler, Gueulard, termes bas; dites criailler, criailleur.

Gueusard, coquin, est populaire. (Acad.)

Gueux, adj., nécessiteux, indigent, mendiant; il signifie quelquefois aussi coquin, fripon: ne vous fiez pas à cet homme-là, c'est un gueux.

Gui, s. m., plante parasite qui naît sur les branches de certains arbres, du poirier, du pommier, de l'aubépine, du chêne, du peuplier, etc.: le gui donne de la glu.—Prononcez ghi (g dur) et non gu-i: voyez gu.

Guide, celui qui guide, qui conduit, est masculin;—guide, rêne, est féminin: la guide du côté droit.—Prononcez ghi-de et non gu-ide ni ghi-te; mais dans le Guide, nom de peintre, gui fait dipthongue.

Guignonnant, adj.: perdre cinq parties de suite, c'est guignonnant (c'est du guignon, du malheur, c'est contrariant). Ce mot figure dans les dictionnaires et est d'un fréquent usage au jeu.—Ne dites pas: guignon guignolant, mais guignon guignonnant.

Guinée, s. f., monnaie d'Angleterre, pièce de 25 francs: prononcez ghinée et non gu-inée.

Gutta-percha, gomme résineuse: prononcez gutta-perka; ce mot est féminin: de la gutta-percha. (Poitevin).

Guttural, adj., qui appartient au gosier: on prononce les deux t.

H

H.—L'h est muette ou aspirée. Elle est muette, quand elle ne se prononce pas, comme dans l'homme, l'histoire, adhérer, inhumer, qu'on prononce comme s'il y avait l'omme, l'istoire, adérer, inumer. Elle est aspirée, quand elle se prononce un peu du gosier, comme dans le héros, la haine, les hiboux.—Cependant on peut aussi ne pas faire sentir l'h aspirée et dire: le éros, la aine, les iboux. Cette prononciation est préférable, mais il faut éviter dans ce cas de faire l'élision de la voyelle ou la liaison de la consonne qui la précède avec la voyelle qui la suit: ainsi vous ne direz pas l'éros, l'aine, lè-ziboux, mais le éros, la aine, lè iboux.—L'usage seul peut servir de guide pour distinguer ces deux sortes d'h; dans le doute, il faut avoir soin de recourir au dictionnaire; cette recommandation est d'autant plus importante, surtout pour les étrangers, que l'erreur ici prêterait souverainement au ridicule.—Dans notre Dictionnaire, l'astérisque * indique que l'h est aspirée.

Habile, adj.—Il régit la préposition à devant un infinitif et les prépositions en ou dans devant un nom: habile à manier le pinceau; habile dans les affaires, habile en affaires.

2. Habile, signifie capable, intelligent, adroit, savant: un ouvrier habile, un avocat habile, un habile général; on le dit quelquefois en mauvaise part: il est habile à tromper; c'est un habile fripon.—Habile signifie aussi, en terme de jurisprudence, qui est capable ou qui a droit de faire une chose: être habile à succéder.

3. Habile se dit aussi populairement pour diligent, expéditif: ce copiste est habile, il aura bientôt écrit ce mémoire. (Acad.)

4. Mais habile (ou habïe, abïe) ne peut jamais s'employer adverbialement dans le sens de vite: accourez habile; allez habile; habile! habile! dites, accourez vite; allez vite; vite! vite! (Wall.) Prononcez abile et non abille (ll mouillées).

Habileté et Habilité.—Il ne faut pas confondre ces deux mots; l'habileté est la qualité de ce qui est habile, le talent, le savoir, la capacité, l'intelligence.—Habilité n'est guère en usage que comme terme de jurisprudence et dans cette locution, habilité à succéder (aptitude à). (Acad.)

Habiller de neuf: voyez neuf.

Habit.—Ce mot indique plus spécialement un vêtement d'homme; en parlant d'une femme, employez le mot vêtement, robe, jupe, etc.: maman a mis sa plus belle robe, et non, son plus bel habit.

2. Un nouvel habit, est un habit différent de celui que l'on vient de quitter; un habit nouveau est un habit de nouvelle mode.

*Hache.—L'h est aspirée ainsi que dans tous les mots dérivés, hacher, hachette, hachis, etc.—Prononcez ha-che et non hage.

*Haie, s. f., clôture d'épines, de ronces, etc.; prononcez haî ( long) et non hai-ïe.

*Haïe, interj., cri pour animer les chevaux: prononcez ha-î (deux syll.)

*Haine, haïr, haïssable, haineux.—Dites, je hais, tu hais, il hait, hais (impératif) et non, je haïs, tu haïs, il haït, haïs.—Partout ailleurs écrivez et prononcez ha-ïr, ha-ï, ha-ïssais, etc.

*Haire et Hère.—Haire, s. féminin, est une espèce de petite chemise rude que l'on met sur la peau par esprit de mortification: revêtir la haire et le cilice.

2. Hère, s. masculin, se dit par dérision d'un homme sans considération, sans fortune, sans mérite; on ne l'emploie guère que dans la locution: pauvre hère; c'est un pauvre hère. (Acad.)

Hakcelle, n'est pas français; dites paille hachée (à l'aide du hache-paille).

Haleine, Alène.—L'haleine est le souffle de la respiration; l'alène est un instrument de cordonnier.

*Haleter, être hors d'haleine.

*Halo, s. m., cercle lumineux autour des astres.

*Halte, s. f. et interj.—Prononcez halte et non hale.

*Hamac, s. m., lit suspendu dans les navires: prononcez hamaque.

Hameçon, s. masculin, crochet pour prendre les poissons; l'h est muette: prendre du poisson à l'hameçon.

*Han, s. m., terme populaire pour exprimer le bruit sourd que fait un homme qui frappe un coup avec effort.

*Hanche, s. f., partie du corps où tient la cuisse; prononcez han-che et non han-ge.

*Hanneton, s. m.:—l'h est aspirée: les enfants font la guerre aux hannetons.

*Happelopin, est un mot français qui signifie valet fripon et gourmand.

*Happer, se dit proprement d'un chien, lorsqu'il prend avidement avec la gueule ce qu'on lui jette: on lui jeta un morceau et il le happa.—Il signifie figurément et familièrement, attraper, saisir, surprendre à l'improviste: il s'est laissé happer par les huissiers; les gendarmes l'ont happé.—Mais il ne signifie jamais voler comme en wallon.

*Haquet, s. m., espèce de charrette longue et étroite, sans ridelles, qui sert surtout à voiturer des tonneaux: un haquet de brasseur;—haquetier est le conducteur du haquet.

*Hardes, s. f. pl., tout ce qui est nécessaire pour l'habillement; il n'a pas de singulier.

*Hardi, hardiesse, hardiment, etc.: l'h est aspirée.

*Hareng, (le g ne se prononce pas), harengaison, harengère, harangade, haranguière; l'h est aspirée dans tous ces mots.

*Haricot (le t ne se prononce pas): ne dites pas des zaricots, mais des haricots (h aspirée).

*Haridelle, s. f., un mauvais cheval maigre: une vieille haridelle.

Harlequin, n'est pas français; écrivez arlequin: un habit d'arlequin.

Harmonier, Harmoniser, v. a. ou pr., mettre en harmonie: le dernier verbe, quoique mal fait, est le plus en usage.

*Harnais.—L'h est aspirée ainsi que dans tous les dérivés: harnacher, harnachement, etc.—On dit aussi harnois pour harnais, mais seulement en poésie et dans le style soutenu.

*Harpe, harpiste, harpeur, harpie, harpon.

*Hart, s. f., espèce de lien d'osier ou de bois très-souple pour lier les fagots; corde qui servait à étrangler les criminels condamnés à la peine de mort: mériter la hart, la hart au cou.—Prononcez hare.

*Hasard, hasarder, hasardeux, hasardeusement: l'h est aspirée dans ces mots; ne dites donc pas: je joue à l'hasard; j'hasarde cette somme, etc.; mais, je joue au hasard, je hasarde,...

2. Hasard, ne s'emploie au pluriel que dans le sens de péril, risques: les hasards de la guerre.

3. Hasarder, devant un infinitif, demande la préposition de;—se hasarder veut à: hasarder de faire une chose; je me hasarderai à faire cette démarche.

*Hâte, hâter, hâtif, etc.: prononcez l'â long.

2. Ne dites pas: à toute hâte (toute âte) mais à toute hâte (h aspirée).

*Hâter (se) régit la prépos. de: se hâter de répondre.

*Haut.—Ne dites pas, monter en haut, descendre en bas, mais simplement, monter et descendre, à moins qu'on ne veuille dire tout en haut, tout en bas, par opposition à ce qui est moins haut, moins bas: montez en haut (de l'échelle) c'est-à-dire, allez jusqu'au dernier échelon et ne vous arrêtez pas à mi-chemin.

2. Ne dites pas non plus monter en haut pour, monter à l'étage; dites, monter au premier, au second.

3. Ne dites pas: les élèves appliqués pourront passer dans une classe plus haute; dites, dans une classe supérieure et mieux, pourront monter d'une classe: cette dernière locution est généralement employée en France dans ce cas.—Voyez descendre.

4. Haut ton et ton haut, ne sont pas synonymes: prendre le haut ton, signifie prendre le ton, les manières de la haute société; prendre un ton haut, veut dire prendre un ton fier, arrogant, menaçant.

*Hautain, adj., fier, orgueilleux, fait au féminin hautaine et non hautine; prononcez hautène (au fém.) et non hautin-ne.

*Hautement, adv.—Ce mot, dit l'Académie, n'est guère d'usage au propre; au figuré, il signifie hardiment, librement.—Il ne faut pas le confondre avec l'adverbe haut: on dit hautement sa pensée, c'est-à-dire, hardiment, résolument; on dit, il parle haut, c'est-à-dire, d'une voix haute.

*Havet, s. m., croc, crochet en fer, est français.

*Havir, v. a., se dit de la viande qui se dessèche au feu sans cuire en dedans; ce mot est peu usité, dit l'Académie.

*Havre-sac, s. m., sac de soldat, d'ouvrier; ne dites pas havère-sac ni havur-sac ni hafe-sac.

Hébreu.—L'h est muette: ce que vous me dites est de l'hébreu pour moi (je n'y vois goutte), et non, du hébreu.

Hectare, Hectolitre, sont masculins; l'h est muette ainsi que dans tous les mots qui appartiennent au système légal des poids et mesures.

*Hein.—Interjection familière dont on accompagne quelquefois une interrogation ou une phrase qui exprime l'étonnement: voulez-vous, hein?—Hein, que dites-vous là?—Prononcez hin.

Hélas, interj. (et non hélàs): prononcez élâce (â long) et non éla ni élâ.

Héliotrope, genre de plantes; ce substantif est masculin: de beaux héliotropes.

*Hem, interjection dont on se sert pour appeler: hem, hem, venez çà.

Hémi, mot qui commence plusieurs termes de sciences, d'arts et qui signifie demi; il est invariable et l'h est muette.

Hémisphère, s., la moitié d'une sphère, est masculin: l'un et l'autre hémisphère.

Hémorragie, s. f.—Puisque ce mot signifie par lui-même perte de sang, vous ne pouvez pas plus dire une hémorragie de sang que du feu chaud, de l'eau humide; dites simplement une hémorragie.

*Hennir, hennissement (cri du cheval): prononcez hanir, hanissement.

*Henri, n. pr.—Dans la conversation seulement l'h devient muette.—L'h est également aspirée dans Henriette.

Héritance, n'est pas français; dites héritage, succession; ce mot s'est dit autrefois pour hérédité.

*Hernie, herniaire, hernieux.

*Héron, héros, herse, herser, héraut, hérisson.—L'h d'héroïsme, héroïque, héroïne est muette.

Hésiter, devant un infinitif, demande la préposition à: il n'hésita pas à (et non de) répondre: l'h est muette.

*Hêtre, s. m., arbre; prononcez hè-tre, et non hè-te, ni hè-tère.

Heure, Lieue.Heure est une mesure de temps et lieue une mesure de chemin; dites donc: il y a six lieues de Liége à Huy, et non il y a six heures; mais vous pourrez dire: nous avons fait six lieues (de chemin) en cinq heures (de temps).—Nous n'oserions cependant pas condamner absolument, surtout dans la conversation et dans le style épistolaire qui n'est qu'une conversation écrite, l'emploi du mot heure pour lieue, quoiqu'il soit préférable, au demeurant, de conserver à chaque mot sa véritable signification.

2. Si vous ignorez quelle heure il est, dites, quelle heure est-il?—Si vous entendez l'heure sonner et que vous vouliez savoir l'heure qui sonne, dites: quelle heure est-ce?

3. Ne dites pas: il est arrivé à ces heures-ci, vers ces heures-ci; dites, à cette heure-ci, vers cette heure-ci.

4. Ne dites pas non plus: j'irai vous voir vers les une heure, mais, vers une heure.

5. Ne dites pas: dix heures est sonné, mais, dix heures sont sonnées.

6. Ne dites pas: une heure de temps; dites, simplement une heure.

7. Ne dites pas: le quart avant quatre ou pour quatre, mais, quatre heures moins un quart.

8. Ne dites pas: ce malade doit prendre des pilules tout les demi-heures, tout les deux heures; il part un courrier tout les vingt-quatre heures; dites, toutes les demi-heures, toutes les deux heures, toutes les vingt-quatre heures.—On dira de même: je vais voir mes parents toutes les trois semaines, et non tout les trois semaines, etc. Tout ici est adjectif et non adverbe et doit par conséquent prendre le genre et le nombre du nom auquel il se rapporte.

9. Ne dites pas: je suis à bonne heure, mais de bonne heure;—trop de bonne heure, mais de trop bonne heure;—de plus bonne heure, mais de meilleure heure.

10. Quatre heures, ne peut pas se dire pour désigner le léger repas entre le dîner et le souper; dites goûter: je m'en vais goûter; j'ai fait un bon goûter.

*Heurler, n'est pas français; dites hurler.

*Heurter, v. a., toucher, choquer rudement; ne dites pas avec maintes personnes hurter.

*Heurtoir, s. m., marteau pour frapper à une porte.

Hiatus.—L'Académie écrit l'hiatus (h muette); prononcez hiatuce.

*Hibou, s. m., oiseau nocturne.

*Hie, s. f., instrument dont on se sert pour enfoncer les pavés; on l'appelle communément demoiselle.—C'est aussi un instrument qui sert à enfoncer des pieux en terre et que l'on nomme vulgairement mouton. (Acad.)

Hier, adv.—Prononcez avan-t-hier, dès (z) hier, et non avan-hier ni avan-z-hier, ni dè-hier; cependant, dans la conversation, on peut dire avan'hier.

Historien, Historiographe, s. m.—Historien, celui qui écrit l'histoire;—historiographe, celui qui est nommé par un brevet du prince pour écrire l'histoire du temps: Racine était historiographe de Louis XIV sans être historien.

*Hoche, s. f.: voyez taille.

*Hochequeue, s., sorte de petit oiseau, ainsi appelé parce qu'il remue continuellement la queue; ce mot est masculin: un jeune hochequeue.—Hochecul n'est pas français.

*Hocher, secouer, branler: hocher la tête; hocher un arbre pour en faire tomber les fruits.

*Hochet (de houille) n'est pas français; dites briquette (et non boulette).

*Hollande, Hollandais, Hongrie, Hongrois.—L'h est aspirée dans tous ces mots. Ne dites donc pas: en n'Hollande, les z'hollandais, mais en Hollande, les hollandais.

2. On disait autrefois de l'eau de la reine d'Hongrie; quelques personnes disent encore de la toile d'Hollande, du fromage d'Hollande: cet usage, dit Ch. Nodier, est celui des blanchisseuses et de l'office; il ne doit pas faire loi au salon.—Aujourd'hui on dit de l'eau de la reine de Hongrie, de la toile, du fromage de Hollande.—Prononcez Holan-de et non Hol-lande ni Holan-te.

*Hom, interj., exclamation qui exprime le doute, la défiance: hom! il est encore bien jeune; prononcez home.

*Homard, s. m., grosse écrevisse de mer: un homard, des homards et non un n'homard, des z'homards.—Prononcez homare.

*Honnête, adj.—Un homme honnête est un homme poli; un honnête homme est un homme de probité.

Honneur, s., est masculin.

2. Ne dites pas: on a érigé à Liége une statue à l'honneur de Grétry, mais, en l'honneur ou en honneur de Grétry.

3. Ne dites pas: cet élève fera de l'honneur à son professeur; mais, ... fera honneur à son professeur.

4. Ne dites pas: vous en avez de l'honneur; mais, cela vous fait honneur.

Honoraires, s. m. pl.: voyez gage.

Honoré, ée, adj.—Ne dites pas: en réponse à votre honorée du 24 juillet; dites, en réponse à votre lettre...

*Honte, Honteux.—L'h est aspirée: ainsi ne dites pas, cela est t'honteux, mais cela est honteux (en aspirant l'h).

2. Ne dites pas: j'étais honteux pour me présenter ainsi; dites, ... de me présenter ainsi.

Hôpital, s. m.: prononcez hopital (o bref). Voyez o.

*Hoquet, mouvement convulsif de l'estomac; prononcez hoquè, et non hoquette ni hiquette, qui ne sont pas français.

Horloge, est féminin: une horloge bien réglée et non un horloge bien réglé.

2. Ne dites pas: je l'ai attendu deux heures d'horloge; dites, deux heures durant, ou deux heures tout entières.

Horr, initial, fait toujours entendre les deux rr: horreur, horrible, horriblement, horripilation.

*Hors, prép.—Ne dites pas: j'ai lu hors d'un livre une anecdote fort amusante; dites, j'ai lu dans un livre... (Fland.)

2. Ne dites pas: on a cherché les plus beaux dehors; dites, on en a pris, on en a choisi les plus beaux.

3. Ne dites pas: il passe son temps à regarder hors de la fenêtre; dites, à regarder par la fenêtre.

4. Ne dites pas: je suis sorti hors de chez moi vers quatre heures; mais, je suis sorti de chez moi...

5. Ne dites pas: Monsieur est-il ici? non, il est hors ville; dites, il est absent, en voyage, à la campagne, il est sorti de la ville.

6. Ne dites pas: on lui a pris son argent hors de sa poche; dites, ... de sa poche.

7. Ne dites pas: je vais tirer mon mouchoir hors de ma poche; dites, de ma poche, comme on dit, tirer de l'argent de son coffre, de sa bourse, de sa poche; tirer l'épée du fourreau.

8. N'employez pas hors qui est préposition pour dehors qui est adverbe;—hors doit toujours être suivi d'un complément: hors d'ici, hors de la maison, hors du pays. Lors donc que hors n'a pas de complément et qu'il devrait être placé isolément, il faut le remplacer par l'adverbe dehors qui correspond à dedans; dites donc: votre père est-il à la maison? non, il est dehors, et non, il est hors.—Dehors, de son côté, étant adverbe, ne peut pas avoir de complément; ne dites donc pas: mon jardin est dehors de la ville ou dehors ville, mais hors de la ville.—Il en est de même de dans et dedans; avant et auparavant; sur et dessus; sous et dessous, etc.

Hortensia, s., arbrisseau du Japon, est masculin: un bel hortensia.

Hostie, s. f., ne doit pas s'employer dans le sens de pain à cacheter; il ne se dit que du pain que le prêtre consacre à la messe.

Hôte, hôtesse, s., qui tient un cabaret, une auberge; celui qui vient manger; celui qui héberge, qui donne l'hospitalité ou qui est hébergé: prononcez ôte (ô long).

Hôtel, hôtellerie, hôtelier: prononcez otel, otell'rie, otelier (o bref): on dit un hôtel et non une hôtel.—Voyez o et maison.

*Houe, s. f., instrument de fer, large et recourbé, qui a un manche de bois, et avec lequel on remue la terre en la tirant vers soi: vigne labourée à la houe.—Prononcez hoû ( long) et non hou-we.

*Houer, v. a., labourer une terre avec la houe: il faut houer cette terre.—Il est aussi neutre: ce vigneron ne fait que houer toute la journée.—Prononcez hou-er et non hou-wer.

*Houille, s. f.—Ne dites pas: le marchand d'houille, mais, le marchand de houille (h aspirée).

*Houp, interjection pour appeler: prononcez houpe.

*Houppe, Huppe.—Une houppe est un assemblage de laine, de fil qui se nomme autrement gland; (voyez floche); une huppe est une touffe de plumes que certains oiseaux portent sur la tête: mettre des houppes à des chevaux de carosse; la houppe d'une ceinture, d'un bonnet;—la huppe (et non la houppe) d'une alouette.—On dit aussi huppé dans ce sens: poule huppée.

*Houssard, Husard, Hussard.—L'h est aspirée dans les trois mots: voyez hussard.

*Hoyau, s. m., sorte de houe à deux fourchons, qui sert à fouir la terre.

Hubert, n. pr.—D'après nous, l'h devrait être aspirée, puisqu'elle l'est en wallon; cependant beaucoup de personnes la font muette.

*Huche, s. f., grand coffre de bois dont on se sert principalement pour pétrir le pain et pour l'y serrer.

*Hue, huhau, hurhau, (h aspirée), cri des charretiers pour faire avancer les chevaux et pour les faire tourner à droite. Voyez dia.

*Huée, s. f., cri pour effrayer, se moquer.

*Huer, faire des huées: prononcez hu-é, hu-er et non hu-éïe, huwé, huwer.

Huile à brûler: on dit plus généralement huile de lampe, huile à quinquet.

Huiles (saintes).—Les huiles dont on se sert pour l'extrême-onction et l'extrême-onction elle-même; dans ces acceptions, huile ne se dit qu'au pluriel: ce malade a reçu les saintes huiles, (et non la sainte huile).

Huissier, s. m., officier de justice: l'h est muette; dites donc l'huissier, les (z') huissiers et non le huissier, les huissiers.—Beaucoup de personnes, même parmi celles qui ont reçu un certain degré d'instruction, aspirent imperturbablement l'h de ce mot et s'exposent ainsi au ridicule.

Huit.—On dit le huit, le huitième; nous étions huit (sans lier l's avec huit):—huit, quoique écrit avec une h muette, n'admet pas plus d'élision ni de liaison que si l'h était aspirée.

2. Ne dites pas: aujourd'hui, hier, demain en huit, en quinze; mais, d'aujourd'hui, de demain en huit, en quinze. (Acad.)

3. Ne dites pas: cela est arrivé aujourd'hui, hier en huit, en quinze, en trois semaines; dites, il y a aujourd'hui, il y a eu hier huit jours, quinze jours, trois semaines que cela est arrivé. (Fland.)

4. Prononcez huite et non houite; le t ne se prononce pas devant une consonne: huit personnes (hui personnes.)

*Hulan, s. m.: voyez uhlan.

*Hulotte ou Huette, s. f., espèce de hibou.

Humeur.Être d'humeur à..., marque l'inclination naturelle ou habituelle: il n'est pas d'humeur à souffrir une insulte;—être en humeur de... dénote une disposition actuelle qui n'est pas une habitude: je suis en humeur de faire ce qu'on voudra.

Humidité.—Ne dites pas: les humidités sont plus nuisibles que les gelées; dites, l'humidité est plus nuisible...

*Huppe, s. f., oiseau: voyez houppe.

Hurluberlu, s. m., terme familier qui signifie inconsidéré, brusque, étourdi: c'est un hurluberlu; agir en hurluberlu.—Ne dites pas hurluburlu ni hurtuberlu.

*Hurter, v. a. rencontrer durement, choquer, blesser: écrivez et prononcez heurter.

*Huy, ville: prononcez Huy et non Houy.

Hydromel, boisson faite d'eau et de miel; ce mot est masculin: l'hydromel est adoucissant.

Hyène, s. f., loup d'Asie; l'h est muette: l'hyène et non la hyène.

Hyménée, mariage, est masculin ainsi qu'hymen: ne dites pas hymenée.

Hymne, est du masculin: un hymne guerrier; Seigneur, quels hymnes sont dignes de vous?—Il s'emploie ordinairement au féminin, en parlant des hymnes qu'on chante à l'église: entonner une hymne; chanter une belle hymne.

Hypocondre, s. m., homme bizarre, mélancolique: prononcez hypocon-dre et non hypocon-de ni hypo-conte ni hypocondère.

I

I euphonique.—Dans certains dialectes wallons on intercale souvent un i entre deux voyelles qui se suivent dans le même mot ou entre deux mots placés l'un à la suite de l'autre; cet i que l'on pourrait appeler euphonique, semble avoir pour but de faire disparaître l'hiatus; mais, quoi qu'il en soit, il est fautif et il faut soigneusement l'éviter.—Prononcez donc Caïn, Noé, Noël, Saül, Canaan, Napoléon, un-à-un, prier, prière, crier, oublier, oublieux, il cria, ils crièrent, ouvrier, linéaire; et non, Caïe-ïn, Noïé, Noïel, Saïul, Canaïan, Napoléïon, un-à-ïun, pri-ïer, pri-ïère, cri-ïer, oubli-ïer, oubli-ïeux, il cri-ïa, ils cri-ïèrent, ouvri-ïer, liné-ïaire.—Dites encore: cet homme est né à Ans, à Anvers; et non, à ïAns, à ïAnvers;—j'ai été à Ostende, à Arlon, et non, j'ai ïété à ïOstende, à ïArlon;—il est allé avec son papa et sa maman, et non, il est allé ïavec son papa ïet sa maman.

2. Cette sorte d'i est également fautive dans la prononciation du latin; vous direz donc De-us, me-us, grati-a, glori-a, benedicti-o, di-es, terti-us, confite-or, etc., et non, De-ïus, me-ïus, grati-ïa, glori-ïa, benedicti-ïo, di-ïes, terti-ïus, confite-ïor.—Voyez u.

Ibidem, signifie dans le même lieu; idem, la même chose; item, de plus.—Prononcez ibidème, idème, itème.

Ichneumon, s. m. (rat, insecte), ichonographie, s. f., (plan d'édifice), ichnographique, adj.; ichoreux, euse, adj. (séreux et âcre); ichthyolithe, s. m., (poisson pétrifié), ichthyologie, s. f., (histoire naturelle des poissons), ichthyologique, adj., ichthyologiste, s. m. (celui qui étudie l'ichthyologie), ichthyophage, s. m. (qui vit de poissons):—dans tous ces mots ch se prononce k.

Ici.—Ne dites pas: ces livres ici, ces jours ici, ces enfants ici, mais, ces livres-ci, ces jours-ci, ces enfants-ci.

2. Ne dites pas: d'ici à là nous comptons deux lieues; dites, d'ici-là...; mais il faut dire, d'ici à demain, d'ici à Tongres.

3. Ne dites pas non plus: ici à Liége on dîne vers une heure; mais, à Liége on dîne vers une heure.

Idéal, ale, adj.—L'Académie ne dit pas si cet adjectif a un pluriel masculin; Buffon a dit, des êtres idéaux et la plupart des grammairiens approuvent ce pluriel.—Prononcez idéal et non idé-ial.

Idée.—On a dans l'idée ce qu'on pense, ce qu'on croit; on a dans la tête ce qu'on veut, on y travaille: nos imaginations, nos espérances, nos pensées sont dans l'idée; nos desseins, nos projets, nos résolutions sont dans la tête.

2. Ne dites pas: cela m'est sorti de l'idée; dites, de la mémoire; ou bien, était sorti de ma mémoire; ou bien, je n'y pense plus.

3. Ne dites pas: l'idée lui a pris d'aller à Verviers, mais, il lui a pris l'idée, l'idée lui est venue, il a pris la résolution, il a formé le projet de...

4. Ne dites pas: vous ferez mon habit une idée plus grand, une idée plus petit; dites, ... un peu plus grand, un peu plus petit.

Idem, le même: prononcez idème et voyez ibidem, item.

Idiotisme.—C'est une façon de parler propre au génie particulier de chaque langue, et qui, traduite mot à mot dans une autre langue, passerait justement pour une locution barbare.

2. Anglicisme, idiotisme de la langue anglaise;

Flandricisme, idiotisme de la langue flamande;

Gallicisme, idiotisme de la langue française;

Germanisme, idiotisme de la langue allemande;

Hébraïsme, idiotisme de la langue hébraïque;

Hellénisme, idiotisme de la langue grecque;

Hispanisme, idiotisme de la langue espagnole;

Latinisme, idiotisme de la langue latine;

Lusitanisme, idiotisme de la langue portugaise;

Wallonnisme, idiotisme de la langue wallonne.

Prononcez, idiotis-me, wallonnis-me, flandricis-me, gallicis-me, etc.; et non, idiotisse, wallonnisse, flandricisse, gallicisse, ni idiotim-se, wallonnim-se, flandricim-se, gallicim-se.

Idole, s., est féminin: une idole de bois; on le faisait autrefois du masculin.

Ie.I, suivi d'un e muet, se prononce long et l'e ne se fait pas entendre du tout; il faut se garder aussi de faire sentir un second i après l'i: Marie, prononcez Marî (î long); vie, vî (î long); envie, envî (î long); Julie, Julî (î long); Italie, Italî (î long); il crie, il crî (î long); je me fie, je me fî, (î long); je publie, je publî (î long); punie, punî (î long); crucifiement, crucifîment (î long); maniement, manîment (î long); je prierai, je prîrai (î long), etc.—Mais ne prononcez pas: Mariïe, viïe, enviïe, Juliïe, Italiïe, il criïe, je me fiïe, je publiïe, crucifiïement, maniïement, je priïerai, etc.—Voyez ée, oue, ue.

Ié, Ier, Iez.—Prononcez ami-ti-é, cabare-ti-er, charcu-ti-er, vous ache-ti-ez, vous je-ti-ez, etc., et non, cabaretchier, amitchié, charcu-tchier, vous ache-tchiez, vous je-tchiez, etc.—Voyez ti et di.

2. Prononcez de même: pa-nier, de-nier, cordon-nier, der-nier, doua-nier; vous don-niez, vous son-niez, nous son-nions, etc.; et non, pa-gnier, de-gnier, cordon-gnier, der-gnier, doua-gnier; nous don-gnions, nous son-gnions, vous don-gniez, vous son-gniez, etc.—Voyez ni.

Igname, s. m., (plante), igné, ée, adj., (de feu), ignicole, adj. (qui adore le feu), ignition, s. f. (combustion):—dans tous ces mots on prononce le g dur: igh'name, igh'né, igh'nicole, igh'nition (à peu près comme ikname, ikné, iknicole, iknition).

Ignorer, ignorant, ignominie: prononcez i-gnorer, i-gnorant, i-gnominie, et non, igh'norer, igh'norant, igh'nominie, ni ign'norer, ign'norant, ign'nominie, ni ih'norer, ih'norant, ih'nominie.—Voyez gn.

Il pour On.—Les flamands disent il sonne, pour, on sonne; il frappe, pour, on frappe, etc.

2. Il (impers.) se dit des choses inanimées et on, des personnes.

3. Il y a.—Ne dites pas: c'est aujourd'hui un an que mon père est mort; mais, il y a aujourd'hui un an... (Fland.)

Ill, au commencement des mots, ne se mouille pas; il en est de même des terminaisons illaire, illation;—au contraire, illard, illet, illot, illac, se mouillent toujours.

Illégal, illégitime, illettré, illicite, illinois, illisible, illumination, illuminer, illustre, illustrer, Illyrie:—dans tous ces mots les deux ll se prononcent;—le plur. masc. de illégal est illégaux.

Illisible.—Voyez inlisible.

Illustré, ée, adj.—Un ouvrage illustré est un ouvrage orné de gravures, lithographies, portraits, etc.

Imaginer, s'imaginer.—Imaginer, c'est se représenter quelque chose dans l'esprit, créer, inventer. Ce verbe ne doit jamais être suivi de que ni d'un infinitif; on ne doit pas dire: j'imagine qu'il le fera; il imagine qu'il est recherché; on doit dire: je m'imagine que... il s'imagine être recherché.—Mais, on imagine des tours, des expédients, de nouveaux procédés, etc., c'est-à-dire, on les invente.

2. S'imaginer, v. a. pr., c'est se figurer une chose, croire, penser, présumer, se persuader; les pronoms me, te, se, etc., sont régimes indirects, et par conséquent le participe ne s'accorde jamais avec eux: ce n'est pas aussi difficile que vous vous l'imaginiez.

3. S'imaginer ne demande point de préposition devant l'infinitif qui suit: on dit, il s'imagine être un grand docteur et non, d'être un grand docteur.

Iman, s. m., prêtre turc; prononcez iman et non imane.

Imbroglio, s. m., confusion; prononcez imbroillo, ou imbroille, sans faire sentir l'i de io et en mouillant le gl.

Imiter.—On dit imiter l'exemple ou suivre l'exemple de quelqu'un. (Acad.)

Immaculé, ée, adj., sans tache de péché.—Dans ce mot et dans tous ceux qui commencent par imm, on prononce les deux mm et l'i conserve le son qui lui est propre (ime'maculé, ime'mense, etc., et non ain-maculé, ain-mense).

Immanquable, adj., infaillible; prononcez ime-manquable, comme immense et non ain-manquable. Toutefois, Lévy et Bescherelle donnent cette dernière prononciation.

Immédiat, adj.—On ne prononce pas le t.

Imminent, te, adj.: voyez éminent.

Immoral, ale, adj.—L'Académie ne donne point d'exemple du pluriel masculin; cependant rien n'empêche de dire immoraux comme on dit moraux.

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