Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses usitées au Canada
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Title: Glossaire franco-canadien et vocabulaire de locutions vicieuses usitées au Canada
Author: Oscar Dunn
Release date: August 20, 2004 [eBook #13230]
Most recently updated: October 28, 2024
Language: French
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GLOSSAIRE FRANCO-CANADIEN ET VOCABULAIRE DE LOCUTIONS VICIEUSES USITÉES AU CANADA
PAR OSCAR DUNN AVEC UNE INTRODUCTION DE M. FRÉCHETTE
Enregistré suivant la loi, à Ottawa, au bureau du ministre de l'agriculture, en 1880, par OSCAR DUNN.
INTRODUCTION
Le 10 février 1763, le traité de Versailles cédait le Canada à l'Angleterre, et le drapeau français retraversait les mers sous la garde des braves qui l'avaient si noblement défendu, et qui, abandonnés, décimés, écrasés par le nombre, n'avaient pas voulu quitter le sol qu'ils avaient illustré par tant de luttes glorieuses, sans y laisser au moins le souvenir d'une dernière victoire.
Un pavillon jusqu'alors abhorré flotta sur le Cap aux Diamants. Deux siècles de découvertes, de travaux et de combats héroïques, devenaient inutiles. Tout semblait perdu, fors l'honneur!
Qui aurait pu prévoir alors que le petit groupe de malheureux qui ne purent regagner la France à la suite du chevalier de Lévis, formeraient, un siècle plus tard, deux millions d'âmes disséminées sur tout le continent américain, unies ensemble par deux liens sacrés, la même foi et la même langue?
Ce miracle s'est opéré pourtant. En dépit de tout, le Canada est resté français, et les Canadiens sont aujourd'hui un peuple distinct, homogène, ayant sa religion, ses lois, ses universités, sa littérature—et, grâce aux libertés constitutionnelles que lui garantit la Grande-Bretagne—pouvant, autant que qui que ce soit au monde, se vanter d'être son propre maître.
La race française a donc une vitalité exceptionnelle, puisque la conquête, l'isolement et même la persécution n'ont pu ni paralyser la croissance numérique ni entraver le développement prodigieux de cette poignée de colons ainsi violemment séparés de leur mère-patrie!
Que les Canadiens soient restés catholiques, cela peut surprendre l'historien; mais ils auraient pu renoncer à leur idiome sans perdre la foi de leurs pères: l'exemple de l'Irlande est là pour le prouver. Pourquoi donc ont-ils si énergiquement et si fidèlement conservé la langue française?
Cette question demanderait des développements qui ne tiendraient pas dans le cadre d'une Introduction. Mais il me semble qu'à part le fait que, par la prédication évangélique, la langue française est toujours demeurée identifiée, pour ainsi dire, avec la religion, une des causes principales de sa conservation se trouve dans son originalité même et dans le cachet particulier que lui donne la civilisation qu'elle représente. Voilà où je vois le secret de sa préservation, en même temps que celui de son influence sur le monde américain.
Du Nouveau-Brunswick à la Louisiane, il y a des descendants de Français qui citent Racine à côté de Pope, Victor Hugo à côté de Shakespeare. De ce mélange de deux civilisations souvent rivales et toujours distinctes, il ne peut manquer de sortir un élément puissant, un peuple qui aura son caractère propre, lequel sera la résultante nécessaire de toutes les forces que les divers groupes nationaux de l'âge présent auront su mettre en jeu.
Cette thèse de l'influence de la langue française en Amérique a reçu une sanction officielle de la part de lord Dufferin, dans sa réponse à l'adresse que lui présenta l'Assemblée Législative au moment où il quittait le pays, et tout récemment, au banquet de la Saint-Jean-Baptiste, de la part de son successeur à Rideau-Hall, le marquis de Lorne. Tous les deux ont exprimé cette pensée que, loin d'essayer à faire disparaître le français, l'autorité anglaise devrait au contraire en favoriser la diffusion, comme un moyen sûr de faire profiter les populations du Dominion des grandes idées que la France représente dans le monde, et de donner à la nationalité qui est en voie de formation sur cette partie du continent une originalité véritable et féconde.
A nous, Canadiens-français, de profiter des larges libertés que nous donne la constitution anglaise, pour imprimer le plus fortement possible le sceau de la France sur ce peuple nouveau.
Or le moyen le plus efficace d'y arriver, c'est de conserver notre belle langue avec un soin jaloux. Mais conservons-la intacte, et pour cela, il faut l'étudier. La langue française est la plus belle des langues modernes, mais peut-être aussi la plus difficile. Il ne suffit pas de connaître les règles des participes sur le bout du doigt pour savoir le français; et quand on est parvenu à l'apprendre, ce n'est pas encore tout: il faudrait le bien parler. Et sur ce point une réforme ne serait peut-être pas déplacée dans nos collèges et nos pensionnats de jeunes filles. Les icitte, les bin, les itout, les pantoute—pour citer quelques-uns des barbarismes populaires qui s'introduisent dans la conversation de nos classes réputées instruites—devraient être sévèrement proscrits de nos maisons d'éducation, au même titre que les anglicismes. Malheureusement on n'y fait que très peu d'attention; et il en résulte que même ceux qui écrivent passablement leur langue, la parle quelquefois d'une façon atroce.
«La langue française, c'est un diamant d'un prix inestimable; c'est une oeuvre d'art travaillée par les siècles, d'une beauté à nulle autre pareille. Tout le monde l'admire, elle charme tout le monde, bien qu'elle ne livre ses secrets qu'à un petit nombre; il faut être amoureux d'elle, l'aimer beaucoup, lui faire longtemps la cour, et elle ne se donne qu'à celui qui sait la vaincre par un labeur persévérant et une longue constance. Mais quels trésors elle révèle à ses favoris! Sa délicatesse exquise ravit l'intelligence; elle est tout amour et tout gaieté, pleine de noblesse et d'enthousiasme, accessible aux sciences comme à la fantaisie, à toutes les hautes pensées comme à tous les sentiments dignes; elle comprend votre coeur, et seconde votre esprit. Si vous la possédez, rien ne vous décidera jamais à y renoncer. Vous la garderez comme votre meilleur bien.[1]»
C'est en 1870 que M. Dunn écrivait ces belles lignes. Il veut sans doute en prouver la sincérité en publiant aujourd'hui ce Glossaire, oeuvre unique chez nous. On ne peut que l'en féliciter, car il a voulu contribuer à polir un «diamant» dont le prix est, dans toute l'acception du mot, «inestimable.»
Pourquoi nous sommes Français, par OSCAR DUNN. Montréal, 1870.
PRÉFACE
Il est bien étonnant que dans un pays, non pas seulement séparé, mais oublié de la France depuis plus d'un siècle, la langue française soit restée la langue du peuple; il serait plus étonnant encore que, dans notre isolement, et subissant le contact journalier de la population anglaise, nous eussions échappé au barbarisme. Au Canada, l'industrie, le commerce, les métiers sont, en grande partie du moins, dirigés par des hommes qui ne connaissent pas le français; et pourtant, il faut se comprendre de négociants à commis, de patrons à ouvriers. Etant données ces conditions sociales, on peut admettre à priori que le français canadien est entaché d'anglicisme. Mais entendons-nous sur ce point. Plusieurs écrivains ont parlé du patois canadien. Or, il n'y a pas de patois chez nous; nous parlons le français, et nous le parlons mieux, aux intonations près, que Paris, qui a son argot, mieux que la province, qui a ses patois. Ce qui nous manque, c'est l'articulation, l'accentuation nette, la conduite de la voix, la manière de dire, qui donnent à la langue française ce charme qui nous éblouit quand elle est parlée par un «français de France.» On dirait que nous avons peur d'être expressifs, et voilà la plus déplorable anglicisation que nous ayons subie. Quant à nos anglicismes véritables, on en exagère le nombre; on met au compte de l'anglais bien des mots, bien des locutions qui nous sont venus directement de Bretagne et de Normandie, ou qui appartiennent au vieux langage. Citons comme exemple le mot Acertainer. Il appelle le sourire sur nos lèvres, nous le prenons pour une francisation de l'anglais To ascertain; mais, de fait, c'est le contraire qui est la vérité. François Ier, dans une lettre au parlement de Paris, datée du 9 avril 1526, disait: «Et parce que nous sommes duement acertenés que, etc.» Le mot, du reste, est encore usité en Normandie.
Entendons-nous aussi sur un autre {point}. Lorsque je dis que nous parlons mieux que Paris, je veux parler du peuple au Canada comparé avec celui de la capitale française. S'il s'agissait de la classe instruite, des lettrés, je soutiendrais une opinion toute contraire; car, chose singulière, dans ce pays, ceux qui ont fait un cours d'études classique et ceux qui n'ont pas dépassé l'école primaire parlent, à quelques nuances près, le même langage. Or, ce langage chez ces derniers est fort distingué, de beaucoup supérieur à celui de la classe sociale correspondante en France; mais chez les premiers, le même langage est, bien entendu, vulgaire. C'est ce qui frappe l'étranger et ce qui nous vaut des critiques dont nous nous offensons.
Le but que je me propose en publiant ce glossaire est donc de montrer la vraie nature des fautes que nous commettons, et d'en alléger d'autant notre langage, s'il est possible.
J'ai certainement fait des omissions, j'ai dû commettre plus d'une erreur; mais, avec le temps, et la critique aidant, je comblerai les unes et je réparerai les autres. Je serai l'obligé de quiconque m'adressera ses observations à ce sujet, soit par lettré, soit par la voie des journaux.
Tel qu'il, est, ce glossaire, contenant un relevé de plus de 1750 mots, peut servir de base à une oeuvre très complète. Il comprend, sauf erreurs et omissions: 1° Les mots du crû canadien, les locutions bonnes et mauvaises qui nous sont propres; 2° les mots que nous employons habituellement et qui se retrouvent dans le patois de quelque province de France; 3° les anglicismes et les expressions vicieuses; 4° l'indication de plusieurs fautes de prononciation qui constituent l'accent canadien; 5° bon nombre de mots très français dont l'usage a été condamné par quelques-uns de nos publicistes.
Il n'est guère question de technologie dans ce travail; je n'ai étudié que notre langue ordinaire et commune. Les mots techniques des professions et des métiers demanderaient un dictionnaire spécial, et je crois qu'un des traducteurs officiels de l'Assemblée poursuit, depuis plusieurs années déjà, une oeuvre de ce genre.
I. On se demande tout d'abord s'il se peut qu'une locution canadienne, non sanctionnée par l'Académie, soit bonne. Je tiens pour l'affirmative.
Supposons que j'amène un des quarante immortels dans la cabane d'une sucrerie, que je fasse de la tire en son honneur, et que je lui demande comment il appelle cette opération. Le dictionnaire auquel il a collaboré ne lui donnera pas la réponse. Et cependant, il faut un mot pour dire la chose; mais la France, ignorant la chose, n'a pu nous fournir le mot: nous l'avons donc créé, c'était notre droit.
Il en est de même de plusieurs autres mots que notre climat et nos conditions spéciales de vie publique ou privée ont fait naître spontanément. Ainsi, nos hivers créent un genre d'existence que la langue française académique est impuissante à décrire; c'est à la langue franco-canadienne que cela est naturellement dévolu. De fait, cette thèse semble reconnue par l'Académie elle-même, qui admet l'expression toute canadienne «Faire portage.»
II. Nous employons un bon nombre de mots qui, rejetés par l'Académie, nous sont venus toutefois de France; ils appartiennent à quelque patois. On trouvera dans ce glossaire le premier relevé qui en ait été fait.
Au Canada, l'on ne constatera point sans surprise cette ingérence des patois; mais, réflexion faite, on se dira que ce glossaire est bien petit pour une province française, et que, dans son ensemble, la langue académique est vraiment la langue populaire chez nous.
En France, on aimera sans doute à retrouver au sein de nos populations ces vieilles locutions qui datent de Montaigne et de Rabelais, tous ces mots du pays normand, breton, picard, berrichon, qui ne sont pas sanctionnés par l'Académie; mais qui n'en sont pas moins de provenance française. Toutes ces expressions prouvent notre origine; elles sont autant de certificats de nationalité. Aussi je me flatte qu'au point de vue ethnologique, ce travail aura un certain intérêt.
D'ailleurs, je me rappelle un mot de Charles Nodier qui autorise mes recherches: «Si les patois n'existaient plus, il faudrait créer une académie pour les retrouver.»
III. Il en est des anglicismes comme de tous les néologismes; ils peuvent enrichir la langue ou l'appauvrir, selon qu'ils sont faits à propos ou sans nécessité. Puis il y a ceux sortes d'anglicismes, soit qu'on emprunte à l'anglais des tournures de phrase, ou qu'on en adopte certains mots. Quant aux tournures, elles sont, ce semble, toujours condamnables et ne peuvent qu'enlever à la langue une partie de sa distinction, de son originalité; c'est dans les mots seulement que nous pouvons trouver une augmentation de richesse; le secret consiste à les bien choisir.
Ce choix, nous l'avons fait en plus d'un cas d'une manière fort heureuse, et souvent avec plus de discrétion que les Français eux-mêmes. Ceux qui ont assisté aux courses de chevaux en France et qui connaissent le jargon du sport en général admettent sans peine l'exactitude de cette assertion. Pour ce qui est des tournures, la chose est différente. C'est là que nous péchons mortellement tous les jours, en paroles et en écrits.
Et, disons-le, ce glossaire n'est pas destiné à nous corriger tout à fait sous ce rapport. J'ai plus de confiance dans la grammaire bien étudiée, dans les auteurs classiques bien lus.
IV. J'ai parlé plus haut de l'accentuation nette qui nous manque. Il y a aussi certaine manière de prononcer quelques lettres qui donne à notre langage un accent. En matière de prononciation, accent et défaut sont synonymes, et l'accent parisien, pour être plus répandu et mieux, toléré que celui de Marseilles, n'en est pas moins un défaut. Nous avons tous de l'accent. Nous disons: «C'est une abominâtion; Voilà un beau mirouer.» Et nous prononçons le d et le t avec un son sifflant. Mais l'influence active de nos maisons d'éducation a déjà commencé à effacer cet accent et finira par nous en débarrasser complètement.
V. Accoutumance, Quasiment sont des mots que l'Académie reconnaît. Ils ont été néanmoins plusieurs fois dénoncés par des écrivains canadiens. Il m'a paru utile de revendiquer, en même temps que pour plusieurs autres, leur droit de cité chez nous; Nous ne sommes pas tellement riches que nous puissions refuser la vieille monnaie marquée au bon coin.
Il reste à nommer les principaux auteurs que j'ai, consultés. Ce sont, pour les patois:
—LE GONIDEC, avec les additions de Villemarqué. Dictionnaire Breton-Français.
—JAUBERT. Glossaire du Centre de la France, 2 vols.
—DU BOIS, augmenté par Travers. Glossaire du Patois Normand.
—ROQUEFORT. Glossaire de la langue Romane, 3 vols.
—GRANDGAGNAGE. Dictionnaire étymologique de la langue Wallonne.
—GÉNIN. Lexique comparé de la langue de Molière et des écrivains du XVIIe siècle.
—RAYNOUARD. Lexique Roman, 6 vols.
—L'ABBÉ CORBLET. Glossaire étymologique et comparatif du Patois Picard.
—L'ABBÉ ROUSSEAU. Glossaire Poitevin.
—TARBÉ. Recherches sur l'histoire du langage et des patois de Champagne, 2 vols.
Pour les mots purement canadiens:
—HUBERT LARUE. Mélanges.
—CHAUVEAU. Charles Guérin.
—GÉRIN-LAJOIE. Jean Rivard, 2 vols.
—Le Répertoire National, 4 vols.
—Les Soirées Canadiennes, 5 vols.
—Le Foyer Canadien, 6 vols.
Pour les anglicismes:
—L'ABBÉ T. MAGUIRE, V. G. Manuel des difficultés les plus communes de la langue française, suivi d'un Recueil de locutions vicieuses—Québec, 1847.
—BUIES. Barbarismes canadiens. Articles dans le Pays, en 1865.
—TARDIVEL. L'Anglicisme, voilà l'ennemi.
—GINGRAS. Manuel de locutions vicieuses.
—L'ABBÉ CARON. Petit vocabulaire à l'usage des Canadiens-français.
Je dois aussi mentionner un manuscrit que m'a transmis M. Odier, notaire à Sherbrooke, et qui m'a été presque aussi utile que les ouvrages du même genre déjà publiés.
Tous ces travaux ont grandement abrégé mes recherches, et l'on ne doit pas oublier que si le plus difficile est de définir les mots, le plus long est de les trouver ou de s'en souvenir. J'ai donc pris mon bien où je l'ai trouvé: c'est par ce procédé qu'on arrive à compléter un dictionnaire. Je rappellerai—si parva licet componere magnis—que la base des quatre volumes de Littré est une copie presque textuelle de l'Académie.
Espérons que mon oeuvre sera continuée, et que le jour viendra où, ne pouvant plus ignorer nos fautes de langage, nous cesserons d'en commettre.
O.D.
ABRÉVIATIONS
| Acad. | Dictionnaire de l'Académie. |
| Angl. | Anglais ou Anglicisme. |
| Arg. | Argot. |
| Bar. | Barbare ou Barbarisme. |
| Bret. | Bretagne. |
| Can. | Canada ou Canadien. |
| Ch. | Champagne. |
| Ctre. de la Fr. | Centre de la France. |
| Dict. | Dictionnaire. |
| Edit. | Edition. |
| Fam. | Familier. |
| Fig. | Figuré. |
| Fr. | France ou Français. |
| Loc. | Locution. |
| Lor. | Lorraine ou Lorrain. |
| Néol. | Néologisme. |
| Nor. | Normandie ou Normand. |
| Pic. | Picardie ou Picard. |
| Poit. | Poitou ou Poitevin. |
| Pop. | Populaire. |
| Pron. | Prononcer. |
| Rom. | Roman. |
| Sig. | Signifie ou Signification. |
| Syn. | Synonyme. |
| T. | Terme. |
| Trad. | Traduit ou Traduction. |
| V. | Voir. |
| Wal. | Wallon. |
| —— | Répétition du même mot. |
GLOSSAIRE FRANCO-CANADIEN
A
A. Elle. Nor. et Ctre. de la Fr. A va venir, pour Elle va venir.
Abattre. —— de l'ouvrage. Faire beaucoup d'ouvrage On dit mieux Abattre de la besogne.
Abîmer. Fr. dans le sens de Gâter, endommager beaucoup.
Abord. V. D'abord.
Abouler. Arg. Venir, aboutir, en finir.
Abre. Pour Arbre est du patois nor. Montaigne l'emploie souvent.
Abrier. Vieux mot qui signifiait Mettre à l'abri. Est encore usité en Normandie et en Bretagne pour Couvrir, et S'abrier pour Se mettre à couvent. Nous l'avons aussi conservé dans l'acception de Se couvrir, lorsqu'on est au lit.
Abuser. —— quelqu'un, sig. le Tromper. Employé dans le sens de Maltraiter de paroles, c'est un affreux anglicisme, dont peu de personnes, il est vrai, se rendent coupables.
Accession. Bossuet ayant écrit Accession au trône, on pardonnera aux Canadiens d'avoir dit si souvent Accession au pouvoir. Par esprit de conciliation, ils diront désormais Avènement.
Accoster. Aborder quelqu'un. Il m'accosta lorsque je n'y pensais pas (Acad.). Très usité chez nous.
Accoter. Appuyer de côté. On s'appuie de toutes sortes de manières; on s'accote quand on s'appuie sur le côté; on s'accoude quand on s'appuie sur le coude; on s'adosse quand on s'appuie sur le dos (Bescherelle).
Accoutumance. Est dans la septième et dernière édition du Dict. de l'Acad. Prendre, donner une mauvaise accoutumance.
Acculoire. Pas fr. Avaloire, pièce du harnais des chevaux qui leur descend derrière les cuisses et sur laquelle ils s'appuient pour retenir la charge et pour reculer.
Acertainer. Vieux mot fr., d'où vient l'angl. To ascertain. Est encore usité en Normandie. Constater. En wal., Acertiner.
Achaler. Pop. Non fr. Syn. de Bâdrer, Tanner. V. ces mots.
Aconnaître. Nor. Connaître. Se faire aconnaître.
Acte. Dans le sens de loi n'est pas fr., mais ne peut être élagué de la langue officielle. "L'Acte de l'Amérique Britannique du Nord" est notre constitution même.
Acter. Faire des actes. Non fr. et ridicule dans le sens de Jouer un rôle.
Aculer. Ctre. de la Fr. Pour Eculer, en parlant des chaussures.
Adon. Non fr. Bonne chance, hasard, accord fortuit de deux personnes pour penser, dire ou faire simultanément la même chose. C'est notre substantif du verbe Adonner.
Adonner, S'adonner. "Le vent adonne, ces deux caractères s'adonnent," se conviennent, sont des locutions excellentes; mais on ne dit pas: Cette pièce de bois adonne bien sur l'autre, Je m'adonnais à passer par là. Il faudrait S'ajuste bien, Je me trouvais à.
Adresser. Adresser une assemblée est le plus affreux barbarisme qu'on puisse imaginer. De l'angl. To address a meeting. Nous écrivons généralement Adresser la parole à une assemblée, même cette locution laisse à désirer, car Adresser la parole implique l'idée d'une conversation qui commence, et il ne peut être question de converser avec une assemblée. Parler, prononcer un discours, haranguer, porter la parole sont bien préférables.
Affecter. Remède qui affecte la poitrine (Acad.). On dit à la bourse: Cette guerre affecte l'emprunt Turc. Influencer est moins fort, mais plus académique.
Affidavit. Mot passé dans l'angl., non dans le fr. Déposition, déclaration sous serment.
Affiler. Sig. Passer dans la filière, alligner, donner le fil à un tranchant. V. Effiler.
Affiquiaux. Pour Affiquets, parure, ajustements. V. Attifiaux.
Affronter. Attaquer de front. Non fr. dans le sens de Rencontrer face à face.
Affûts. Pop. Pas fr. dans le sens de Ruses. Tous vos affûts n'y feront rien. Dans l'Orléanais, on dit un Homme d'affût pour un Homme rusé, madré.
Agoniser. —— quelqu'un d'injures. Nor.
Aider. Aider quelqu'un sig. lui Donner secours ou assistance au moyen d'une aumône, d'une recommandation, etc. Aider à quelqu'un sig. Partager avec lui le travail, en payant de sa personne.
Air. Cette femme a l'air bon ou bonne. Il y a là une difficulté qui embarrasse les grammairiens. Pour s'en tirer, il faut distinguer la personne de son air. Ainsi on dira "Cette femme a l'air dévouée," parce que c'est la femme, et non pas son air, qui paraît dévouée et "Cette femme a l'air méprisant," parce que c'est son air qui semble exprimer le mépris.
Airs. Pour Etres d'une maison, c.à.d. les diverses parties de la distribution d'une maison.
Ajontement. Non fr. Ajoutage, ou Addition.
Alentir. Rendre lent. Nous avons conservé ce vieux mot. "Lorsqu'on est si vieux, on est bien alenti." Montaigne a dit: J'en trouve qui se mettent inconsidérément et furieusement en lice, et s'alentissent en la course.
Aller. —— pour. "Je suis allé pour vous voir" est une manière de parler incorrecte. Où êtes-vous allé? Il faut l'indiquer. Dites Je suis allé pour voir, ou bien Je suis allé chez vous pour vous voir. Mais ne traduisez jamais mot à mot l'angl. I have been to see you.
Allonge. "Mettre une allonge à une table," est fr. Nous disons par analogie "Construire une allonge à une maison." Grand nombre de nos maisons de campagne ont une allonge qui sert de cuisine et de salle à manger aux gens de la ferme.
Allumelle. Nous avons conservé, comme en Normandie, ce vieux mot que le dictionnaire a remplacé par Lame.
Amain. Pop. Nor. "Cela est bien amain," c.à.d. bien commode, d'un usage facile. Nous disons aussi "Un cheval amain," pour Vif et doux à la fois.
Amalgamation. Procédé par lequel on extrait, au moyen du mercure, l'or et l'argent de leur minerai. On ne dit pas Amalgamation, mais Fusion, réunion de deux institutions.
Amalgamer. Combiner le mercure avec un autre métal. Au fig. Unir des choses différentes. Evitez d'amalgamer la Cie. du Richelieu avec la Cie du Saguenay.
Amancher. Pas fr. Avoir le dessus dans une discussion ou dans une violente querelle.
Amarrer. T. de marine exclusivement. Dans la région de Québec où tout le monde est un peu marin, on fait de ce mot un usage immodéré et parfois bien bizarre. On va jusqu'à "Amarrer son cheval après la clôture," et jusqu'à dire "Je finirai par amarrer," pour Je finirai par réussir, par mettre les deux bouts ensemble.
Ambition. Ne pas confondre avec Emulation, qui se dit toujours en bonne part.
Ambre. Pour Amble, certaine allure du cheval.
Amendement. Proposer un amendement vaut mieux que Proposer comme Proposer en amendement n'est pas fr.
Amicablement. Nor. Amiablement.
Amunition. Nor. Munition. Nous disons: Je ne puis aller à la chasse, je n'ai pas d'amunitions. Pop.
Anglifier. Rendre anglais. En France on dit Angliciser, mot dont s'est servi Chateaubriand et que Littré donne comme néol.
Anticiper. —— les maux de l'avenir, sig. les Devancer, les souffrir par avance, et non pas les Prévoir. "On anticipe la famine" n'est donc pas fr. "Anticiper les désirs" sig. Aller au devant des désirs.
Anvaler. Pour Avaler.
Apologie. "Faire apologie," dans le sens de Faire excuse, est un angl.
Applicant. Angl. Demandeur, pétitionnaire, solliciteur, postulant.
Application. "Faire application pour une place" est angl. Adresser une demande, une supplique, une requête, une pétition, une soumission, Soumissionner. Voyez ce que Molière entend par "faire application:"
Appointement. De l'angl. Appointment. "J'ai un appointement à midi," pour J'ai rendez-vous. Ce mot ne s'emploie qu'au pluriel et veut dire Salaire, traitement.
Appointer. "Un tel est appointé secrétaire," pour Nommé. De l'angl. To appoint. Appointer sig. Donner des appointements, un salaire. Il est peu usité.
Appointir. Nor. Dites Aiguiser un crayon, Faire la pointe d'un piquet, Tailler en pointe.
Appropriation. Action de s'approprier. Non fr. dans le sens de Crédit voté par un parlement ou une municipalité.
Approprier. Rendre propre, convenable. Non fr. dans le sens d'Affecter une somme d'argent à un objet spécial.
Après. "Etre après faire" se trouve dans Molière, mais n'est plus admis. On dit Etre à, ou En train de. "Se mettre après quelqu'un," le tourmenter, est fr. "Attacher un objet après un autre" n'est pas fr. "Par après" pour Ensuite, est nor. et du Ctre. de la Fr. Que j'aye peine aussi d'en sortir par après (Molière).
Arcompter. Ctre. de la Fr. Recompter, compter de nouveau.
Arêche. Pop. pour Arête de poisson. En Nor. on dit Harêques.
Argenté. Pop. Pas fr. dans le sens de Pourvu d'argent, riche.
Argents. Est masculin et ne s'emploie qu'au singulier. Deniers, somme d'argent.
Aria. Ctre. de la Fr. Embarras, tracasserie. Faire beaucoup d'aria pour peu de choses. Est donné par Bescherelle.
Arranger. Est fr. dans le sens d'Arranger quelqu'un, le maltraiter de paroles ou de coups, non dans celui d'Arranger un habit. Raccommoder. V. ce mot.
Arregardable. Ctre. de la Fr. Remarquable, qui mérite d'être regardé.
Arregarder. On n'arregarde pas à ces règles et scrupules (Brantôme). Le mot subsiste encore en Normandie et au Canada, parmi le peuple.
Arridelles. Pop., pour Ridelles.
Arse. Non fr. Place, espace. "Passez, il y a de l'arse."
Assaut. Dans le sens de "coups et blessures," n'est pas fr.; mais on ne peut le remplacer dans la langue du droit criminel anglais. Trad. de l'angl. Assault. Le mot a le mérite d'être dans le dictionnaire, et nous ne faisons que lui donner une acception nouvelle. Voies de fait, au pluriel, est l'expression qui s'en rapproche le plus.
Assavoir. Vieux, remplacé par Savoir. Pop. Faire assavoir de ses nouvelles. Encore en usage en Picardie. "Le doubte qui troubloyt son entendement estoyt assavoir s'il debvoit plourer pour le dueil de sa femme ou rire pour la joye de son filz (Rabelais)." De ce mot on a créé par corruption la locution Faire à savoir, qui s'est perpétuée en France: On a fait à savoir que la vente aura lieu aujourd'hui.
Assécher. On dit Assécher un marais, les travaux d'une mine, ou encore Cette terre assèche lorsque la mer en se retirant la laisse à découvert. Dans les autres cas, il faut employer Sécher. Sécher le linge, une plaie.
Assesseur. Magistrat suppléant. Non fr. pour désigner celui qui fixe l'assiette d'un impôt, l'Estimateur. De l'angl. Assessor.
Assire. "Passez vous assire, Assisez-vous donc." Transformation vraiment comique du verbe Asseoir. Dans le Ctre. de la Fr., on dit Assiter et Siter: Assitez-vous, sitez-vous donc là.
Assistance. Non fr. dans le sens de Présence. "Le livre de présence, La moyenne, la régularité de la présence des enfants à l'école."
Associé. Pop. Compagnon, ami.
Assumer. N'est usité que dans ces phrases: Assumer sur soi. Assumer sur sa tête une grande responsabilité. Assumer la responsabilité d'une chose. Assumer une dette est un anglicisme. On dira Se charger d'une dette.
Asteure. Pour A cette heure. On trouve cette curieuse épellation dans Amyot et dans Montaigne.
A tout bout de champ. Locution fr., mais qui ne remplace pas toujours A chaque instant.
A tout reste. Non fr. Absolument, quand même. "Je ferai ce voyage à tout reste."
Attelée. Nor. Temps que les chevaux de tirage restent attelés. Can. Pop. "Nous avons eu une bonne attelée," sig. Nous avons fait un travail fatigant.
Atteler. —— à une voiture, non pas sur.
Attention. Une chose peut attirer, éveiller l'attention; mais il faut dire J'appelle votre attention sur une telle chose.
Attifiaux. Ctre. de la Fr. Attifets, attifements.
Attisée. Le dictionnaire donne seulement Attise, s. f., bois que le brasseur met dans le fourneau. "Une bonne attisée" est un mot bien formé qui existe dans quelques provinces en France; conservons-le.
Attraction. "Ce drame est la grande attraction du jour." Angl. Dites La grande affaire, le grand succès du jour, La pièce en vogue.
Aubelle. Pas fr. Aubier, partie tendre et blanchâtre qui est entre l'écorce et le corps des arbres.
Aucun. V. Tel. —— En aucun temps, dans le sens de "En quelque temps que ce soit," ou "si jamais," n'est pas fr. Aucun autre qui, pour Tout autre qui, n'est pas fr.
Audience. Assemblée de ceux à qui l'on donne audience (Acad.). Non fr. dans le sens d'Auditoire.
Auditer. Pas fr. Vérifier, apurer un compte.
Auditeur. —— des comptes, est fr. Ce fonctionnaire existait en France avant 1789.
Audition. "Audition de compte" est fr. Vérification, apurement.
Autant comme autant. En même quantité. Pas fr. dans le sens de Tant et plus.
Authentiquer. Fr. Authentiquer un contrat.
Avancé On dit "Avancer une hypothèse," mais non "Je conteste vos avancés." Dites les faits avancés, les allégations, assertions, propositions. —— Avancé, s. m., veut dire Ordonnance du juge faisant passer un procès avant son tour de rôle.
Avancer. On fait avancer une voiture, on ne l'avance pas.
Aveindre. Fr., mais vieux. Tirer une chose hors du lieu où elle se trouve. Le participe passé est Aveint, non Aveindu.
Avenant. S'emploie pour Advenant.
Aveuc. Avec. Ctre. de la Fr. Il emmena aveuke lui six vint chevaliers de bonne gent (Ville-Hardouin).
Aviron. Est proprement une rame. Nous l'employons toujours pour Pagaie, que nous écrivons, mais que nous ne disons pas. Chansons d'aviron, chants populaires dont le rhythme est cadencé sur les coups de l'aviron dans l'eau.
Aviser. Dans le sens de Conseiller, n'est pas fr.
Aviseur. De l'angl. Adviser. "Les aviseurs de Son Excellence," pur barbarisme. Conseiller.
Avisse. Vieux mot, remplacé par Vis, s. f.
Avocasser. Bescherelle en donne cette définition: "Exercer la profession d'avocat sans titre, sans talent, sans profit et sans gloire." Il ne faut donc pas l'employer dans le sens de défendre une cause, appuyer une thèse.
Avoine. "Faire manger de l'avoine à quelqu'un." Pop. Courtiser sa blonde, lui présent, et paraître avoir l'avantage sur lui. V. Blonde.
B
Babiche. En fr., Espèce de petite chienne à longs poils. En canadien pop., Lanières de peau de mouton, de chevreuil, de caribou ou d'orignal, avec lesquelles on coud les souliers sans semelle faits à domicile.
Bachelier. Ne vient pas de l'angl. Bachelor, mais bachelor vient de Bachelier, vieux, mot fr. dérivé de l'espagnol et qui sig. Jeune homme à marier.
Bacon. Mot nor. que les Anglais ont adopté. Porc salé. Du bas latin Baco, cochon.
Bacul. Nor. Traverse de bois pour attacher par derrière les chevaux attelés. Palonnier.
Bâdrer. "Vous me bâdrez, C'est bâdrant." Non fr. De l'angl. Bother, prononcé avec l'accent fr. bâdeur. Employez, selon le cas, Déranger, embarrasser, ennuyer, tourmenter, gêner, incommoder, fatiguer, importuner. V. Achaler.
Bagoulard. Nor. Bavard.
Baissière. Fr. Enfoncement qui, dans une terre labourée, retient l'eau de la pluie.
Balai. Ce que nous appelons "Petit-balai" pour les habits se nomme proprement Vergette.
Balan. Ctre. de la Fr, Balancement: Le balan de la branche l'a fait tomber. Etre en balan, hésiter. Je suis en balan si j'irai à la ville.
Balancine. T. de marine. Non fr. dans le sens de Balançoire, bascule, escarpolette.
Balier. Pour Balayer; faute de prononciation commune en Normandie et en Lorraine.
Balise. T. de marine. Espèce de bouée pour indiquer l'entrée d'un port ou les endroits dangereux. Nous appelons Balises de Petits arbres plantés dans la neige de chaque côté d'un chemin à travers champs ou sur la glace, et qui empêchent les voyageurs de s'égarer la nuit ou durant la tempête. Baliser un chemin. Nous ne pouvions adopter un meilleur mot.
Baliures. Nor. et Ctre. de la Fr. Balayures.
Bamboche. Est dans l'Acad., de même que Bambochade et Bambocheur. Bambocher est omis.
Bande. "La bande du régiment." De l'angl. Band. Musique, corps de musique, harmonie, fanfare.
Banque. Nor. Crête d'un fossé, chaussée d'un canal.
Baquer. Nor. Céder, plier. Can., de l'angl. To back; Reculer, faire reculer, seconder. Il a bon crédit, car il est baqué par une maison puissante.
Bar. Angl. Comptoir d'une buvette, ou la Buvette même.
Barauder. Action du traîneau à patins glissant de côté dans les ornières ou sur la surface durcie de nos chemins d'hiver. Non fr. et nous seuls pouvions l'inventer. Barauder, dans le Ctre. de la Fr., sig. Mouvoir sur son centre ou obliquement.
Barbot. Ctre. de la Fr. Tache d'encre, pâté sur l'écriture..
Barbouiller. Ctre. de la Fr. Le peu que j'ai mangé me barbouille le coeur.
Bargain. Angl. "Faire un bon bargain" est d'un emploi assez fréquent. Il serait plus simple de dire: Faire un bon marché, une bonne affaire, un bon échange.
Barguigner. Fr. Hésiter, avoir de la peine à se décider. Sig. autrefois Marchander. C'est de ce vieux mot que vient l'angl. Bargain.
Barley. Angl. Orge mondé, ou perlé.
Barre. Nos avocats criminalistes disent toujours "Le prisonnier à la barre." Trad. de l'angl. The prisoner at the bar, expression qui n'a plus de sens, puisque la bar a été remplacé par une box (tribune). Dites simplement le Prisonnier ou l'Accusé.
Barré. Fr. dans le sens de Biffé. Ctre. de la Fr. Vache barrée.
Barrène. V. Marraine.
Barrer. "Barrer la porte," exp. jadis fr., qui peut l'être encore lorsque la porte se ferme au moyen d'une barre transversale. Dans les autres cas, dites Fermer la porte à clef, au verrou, Tourner, tirer le verrou, Verrouiller la porte.
Bar-room. Angl. Buvette.
Basculer. Pas fr. Renverser un véhicule qui est mobile sur son axe.
Bâtisse. La maçonnerie d'une construction. C'est à tort qu'on l'emploie pour bâtiment, édifice, maison. "Les bâtisses parlementaires," locution détestable.
Batte-feu. Non fr. Briquet.
Batterie. Nor. Lieu où l'on bat les céréales. Aire.
Bauche. Pop. Pas fr. "Faire une bonne bauche," pour course.
Baudette. Non fr. Lit de sangle.
Baute. Pop. De l'angl. Boat, pour Bateau, canot, barque, esquif, petite chaloupe.
Bavaloise. Ctre. de la Fr. Pont de culotte.
Bavasser. Fr. Bavarder, babiller. "Il semble que la coutume concède à la vieillesse plus de liberté de bavasser (Montaigne)."
Beam. Angl. Poutre.
Beauté (une). "Il laboure une beauté mieux que moi," pour Bien mieux. Pop.
Béché. "Les petits poulets sont bêchés." Se dit dans l'Ouest de la France.
Bêcher. "Je l'ai fait bêcher," dans le sens de Donner, piquer une tête, n'est pas fr.
Bed. Pop. Angl. Souvent employé pour Banc-lit. Les Normands disent Bédière pour Lit, couche.
Béguer. Nor. Bégayer.
Beignes. Le dictionnaire ne donne que Beignet; mais nous aurions tort de renoncer aux Beignes, ou croquignoles, de notre invention.
Beignet. Dans le sens de pauvre d'esprit, Benet, mériterait les honneurs du dictionnaire.
Belle. On dit Prendre sa belle, pour Saisir l'occasion, mais non pas "son embelle." L'embelle est la partie d'un bâtiment comprise entre les deux gaillards. Faire la belle se dit d'un enfant qui, ne marchant pas encore, commence à se tenir seul debout.
Berlander. Nor. Flâner. Can. pop. Hésiter, se faire prier, ne savoir que faire.
Berloque. Pop. Pas fr. Montre sans valeur.
Berlot. En nor., Coq-d'inde. Au Can., sorte de carriole. V. ce mot.
Bernicles. Nor. Besicles.
Bers. Berceau. Ce mot remonte au 13e siècle; il n'est plus dans le dict., mais il est généralement usité en Normandie et au Canada.
Bêtasse. Pas fr. Féminin de Bêta.
Bette. Se dit, dans la région de Québec, pour Betterave, qui, de fait, est une variété de la bette. Bette à sucre.
Beurdas. Can. Vient peut-être de bredi-breda, Avec précipitation et confusion. "Faire du beurdas" sig. Faire du tapage. "Faire le grand beurdas" sig. Nettoyer les meubles et lessiver la maison. Le mot est usité en Bretagne. Dans l'ouest de la France, on dit Berdadas pour exprimer un grand bruit, et Berdadou en parlant du tonnerre: Il fait trop chaud, j'aurons du berdadou ce soir. Berdasser sig. Faire un bruit incommode en remuant quelque chose: Les planches berdassent dans la charrette. Dans le Ctre. de la Fr., on dit Bernasser pour S'occuper de bagatelles. En Nor., Caliberdas sig. Grand bruit.
Beurdasser. Pour Travailler un peu, s'occuper à de menus travaux. "Le bonhomme beurdasse toujours." Se faire beurdasser, pour secouer, cahoter.
Beurrée. Fr. Pour Tartine; mais beurrée de beurre ne se dit pas.
Bicler. Nor. Loucher un tant soit peu en regardant du coin de l'oeil. Bigler.
Bientôt [on prononce betôt]. Dans le langage pop. du district de Québec, ce mot signifie également Il y a un instant et Dans un instant; on dit "Je l'ai vu betôt," aussi bien que "Je le verrai betôt." Le sens propre de Bientôt est Dans peu de temps.
Bill. Non fr., mais dans le sens de projet de loi, fait partie de notre langue officielle. Ne l'employons jamais pour Billet, mémoire, facture, compte, note, affiche, écriteau, etc.
Billet promissoire. Promissoire, de l'angl. Promissory, est de trop et fait pléonasme. V. Souscripteur.
Billot. Sig. gros tronçon de bois cylindrique, une espèce d'appui ou d'établi pour différents ouvriers. Dans l'acception canadienne, Arbre divisé en tronçons de douze pieds, pour être transporté dans les scieries et là débité en planches. V. Plançon.
Bin. Pour Bien. Faute de prononciation très commune même en France.
Bin bin. Pop. Pour Beaucoup, Très bien. "Je n'ai pas bin bin d'argent; Je ne me sens pas bin bin."
Bisque et de coin (de). Nor. de travers. Nous disons De bisc-en-coin, pop., et cela se dit aussi dans la Haute-Normandie.
Biter. Nor. Mordre. De l'angl. To bite. Can. Gagner, l'emporter sur. Il a bité tout le monde aux dernières courses. Pop. De l'angl. To beat.
Blackaille. Pop. Angl. Black-eye. Oeil poché, oeil au beurre noir. On va jusqu'à dire: Il a reçu une blackaille sur le nez.
Black-ball. Angl. Cirage pour les chaussures.
Blasphémer. "Il m'a blasphémé." Ctre. de la Fr. Outrager en jurant.
Blonde. Jeune fille à qui l'on fait la cour: "C'est sa blonde." Pas fr. dans ce sens honnête.
Boète. Nor. Mangeaille, plus ou moins liquide, pour les cochons.
Boîte. De l'angl. Box, pour Banc ou Tribune des accusés, des témoins, des jurés.
Boitte (ou Bouette). Fr. dans le sens d'Appât pour la pêche. Non fr. dans le sens de Mélange de son, de légumes, etc, délayés avec de l'eau ou du lait pour les bestiaux.
Bol. Est masculin. Pas fr. Dans le sens de Cuvette de toilette.
Bôlt. Angl. Boulon, boulonner.
Bôlter. De l'angl. To bolt. En parlant d'un cheval, Se dérober, faire un écart; en parlant d'un homme, Se sauver, fuir lâchement.-.
Bombarde. Fr. Syn. de Guimbarde et de Trompe (Bescherelle).
Bombe. A Québec on dit Bombe, à Montréal Canard, pour désigner la Bouilloire de nos poêles de cuisine ordinaires.
Bôme. De l'angl. Boom, Estacade, barrage pour retenir le bois flottant.
Bon. "Cet homme-là, c'est tout ce qu'on peut voir de bon. Elle est bonne comme la vie." Loc. pop. Je suis bon pour, est un angl. qui sig. Je puis faire telle chose, ou Je me tiens responsable de tant.
Bonhomme. Comme dans le Ctre. de la Fr., le pop. dit Le Bonhomme, la Bonne femme, ou le Père, la Mère une telle, de toute personne âgée, qu'elle ait des enfants ou non.
Bonjour. "C'est simple comme bonjour" Pop.
Bonne. De l'angl. Bun. Brioche.
Bord. "Venez de mon bord" pour de mon Côté. V. Virer.
Bordages. "La débâcle est faite, mais les bordages tiennent encore; Le pont de glace ne s'est pas formé, il y a seulement des bordages." Ce mot fait bien comprendre ce qu'on veut dire, il est donc excellent. Mais, le dictionnaire ne le donne, pas avec cette acception canadienne.
Bordée. Bordée de neige est une locution toute canadienne; conservons-la, elle est aussi logique que Bordée d'injures.
Boss. Pop. Angl. Maître, bourgeois.
Bosser. On dit Bossuer un plat, et non bosser, qui est un t. de marine.
Botte (tomber en). Nom fr. Locution qui n'a pas de sens, puisque Botte sig. Assemblage, faisceau.
Botter. Nor. En parlant de la neige qui s'attache aux pieds des hommes, aux sabots des chevaux.
Boucan. Est fr. dans le sens d'Endroit où l'on fume les viandes.
Boucane. N'est pas fr. Fumée.
Boucaner. Est fr. dans le sens de Fumer les viandes ou le poisson, et Répandre beaucoup de fumée.
Boueter. Fr. (Nous prononçons Bou-é-ter). Appâter des poissons.
Bougie. Chandelle de cire. V. Chandelle.
Bougon. Can. Pop. "Bougon de pipe." Brûle-gueule.
Bougrine. Pas fr. Vareuse.
Boulant. Non fr. "Chemin boulant," lorsque la neige fait boule sous le sabot des chevaux.
Bouler. Nor. Rouler comme une boule. D'un coup de poing je l'ai envoyé bouler à quinze pas. Pop.
Boulin. Can. Tronçon d'arbre brut, ou fendu par la moitié dans sa longueur, qui sert à faire les clôtures de nos champs.
Bouquet. Le pop. prend souvent bouquet pour syn. de Fleur. "Un jardin plein de bouquets."
Bouragan. Pour Bouracan, espèce de gros camelot.
Bourasser. Non fr. Pop. Malmener. Se dit surtout des enfants lorsque, sans les frapper, on les éloigne de la main à tout propos.
Bourguignon. Ou Bourdignon. Can. Mottes de terre gelée ou de neige durcie après une pluie, qui rendent les chemins très difficiles.
Bourrée. Fagot, ou sorte de danse. Bourrée de vent n'est pas fr. Bourrasque.
Bousiller. Pas fr. dans le sens de Remplir de boue et, par extension, d'étoupe, &c. les interstices des pièces d'une construction quelconque, maison, navire, &c.
Bout (un —— de temps). Non fr. De bout en bout. Pop. Fr. D'un bout à l'autre. Vous saurez tout cela tantôt de bout en bout (Molière).
Brackett. Angl. Console, petite console qui sert à orner les appartements et sur laquelle on pose des statuettes ou autres objets.
Brailler. Crier d'une manière désagréable, ou Chanter mal et trop fort, et non Pleurer. Braillard ou Brailleur ne veulent pas dire Pleureur.
Brakesman. Angl. Garde-frein.
Bran. Nor. Son du blé. Par analogie, nous disons "Bran de scie" pour Sciure de bois.
Brancard. V. Travail. Pas fr. dans le sens de Reste des cartes après qu'on a donné à chaque joueur le nombre qui lui en revient.
Branché. Pilote branché. Pop. De l'angl. Branch pilot, pilote reçu et commissionné pour entrer et sortir toute espèce de bâtiments des rades, rivières, etc., c. à. d. Lamaneur. Pour qui veut faire rire de soi, l'expression "pilote branché" est sans prix.
Brancher. Verbe neutre. Les oiseaux branchent, et non pas se branchent. On dit par exception Faisan branché, pour Perché (Littré).
Brandiller Ctre. de la Fr. Balancer. Nous disons: Il brandillait son bâton au-dessus de sa tête pour me frapper.
Brandy. Angl. Eau-de-vie, cognac.
Brassecorps (à). Nor. A bras-le-corps.
Brassée. —— de sucre d'érable. Can.
Brasser. —— les cartes. Non fr. Battre, mêler, donner, faire les cartes.
Brassin. Cuve pour faire la bière, ou La quantité de bière tirée de la masse de grains sur laquelle on opère (Acad.). Nous employons le mot dans l'industrie du sucre d'érable. Lorsque le sirop est assez épaissi par l'ébullition pour devenir du sucre en se refroidissant, on éteint les feux ou l'on enlève le chaudron, et l'on brasse ce sirop avec une mouvette (v. ce mot) pour le faire se cristalliser; c'est ce sirop qu'on appelle Brassin, "Ce brassin est d'un beau grain." La chaudronnée elle-même s'appelle Brassée, V. Sucrerie.
Braverie. Pop. Bravade.
Brayet ou Braguette. Can. Culotte qui ne descend qu'aux cuisses, culotte de bain. Braguette en Nor., sig. Culotte.
Brèche. Pop. Brèche-dent. Cette fille est brèche.
Bref. Pour Ordonnance. "Bref de saisie" au lieu d'Ordonnance d'exécution. Un bref est une lettre émanant du Saint-Siège, ou un permis de naviguer.
Brêter. Ctre. de la Fr. Quêter, emprunter. Il est insupportable, il est toujours à brêter une chose ou une autre. Nous disons: Qu'est-ce que tu brettes ici? pour Qu'est-ce que tu fais ici, que cherches-tu ici? Pop. et vulgaire.
Bricole. Non fr. dans le sens de Bretelles pour soutenir les pantalons.
Brimbale. Non fr. pour désigner une longue perche placée presque en équilibre sur un pieu, près d'un puits, et qui, au moyen d'un crochet au bout d'une corde attachée à l'extrémité de cette perche, sert à tirer l'eau.
Brin (un petit). Est donné par l'Acad.
Broker. Angl. Courtier, agent de change.
Brouasser. Nor. et Ctre. de la Fr. Se dit du Brouillard qui tombe en pluie fine. Bruiner.
Broue. Pas fr. Mousse de bière, de savon, etc.
Brouée. Can. Pas fr. dans le sens de Bruine.
Brouillard Papier ——, pour. Buvard, cahier de papier brouillard dont on se sert pour faire sécher l'encre d'une écriture fraîche.
Brulé. Can. Partie d'une forêt qui a passé au feu. Le Grand Brulé. Le Petit Brulé.
Brûlot. Arg. Syn. de Bougon.
Brumasser. Can. Plus fort que Bruiner; se dit lorsqu'il y a un peu de brume.
Brunante. Can. C'est l'heure où finit le jour et commence la nuit, ou plutôt l'intervalle qui sépare le jour de la nuit; il ne fait plus clair, mais pas encore noir, il fait brun. La brunante est au crépuscule ce qu'est à l'aurore "l'heure de l'affût," poétisée par La Fontaine:
"A la brunante" est une jolie expression qu'il faut conserver.
Buberon. Pop. Pour Biberon.
Bucher. Arg. dans le sens de Frapper, battre.
Bûcher. Dégrossir une pièce de bois. Dans le Ctre. de la Fr., Abattre du bois. Cet ouvrier bûche pour un tel.
Bucheur. Ctre. de la Fr. Bûcheron. S'emploie aussi pour désigner un fort ouvrier: C'est un bûcheur.
But. Voir Remplir.
Butin. Non fr. dans le sens d'Habillements, habits, effets.
Butte (une). Can. pop. Beaucoup, en grande quantité. Avez-vous du blé, cette année? Oui, ... une butte!
C
Cabassé. Pop. Du nor. Acabasser, Accabler. "Il a l'air pas mal cabassé," Fatigué, abatte abruti.
Cabinet. Nor. Petite armoire pratiquée dans le mur où l'on met les objets les plus précieux. Fr. dans le sens de Buffet à plusieurs tiroirs.
Caboche. Pop. Bourgeon. Les arbres commencent à avoir des caboches. Tête: Tu n'as que faire de te mettre cela dans la caboche.
Cabousse. Corruption de Cambuse ou de l'angl. Backhouse. Allonge en arrière d'une maison, qui sert de cuisine et de salle à manger aux domestiques.
Cabrouet. Mot fr. auquel nous donnons une acception nouvelle. Haquet.
Cacasser. Pop. Non fr. Jacasser.
Cachotterie. Fr. Affectation de mystère pour des choses peu importantes.
Cadre. Dire d'un Tableau, d'une Estampe, d'une Gravure, etc, que c'est "un beau cadre," voilà qui est peu flatteur pour l'auteur, et ce n'est pas fr.
Cage. Train de bois flottant, radeau. "Travailler sur les cages." Mot du crû canadien que personne ne pouvait inventer à notre place; gardons-le.
Cageux. Veut dire cage et aussi les hommes qui la conduisent. "Voilà les cageux qui sautent (v. ce mot) les rapides, Tous ces hommes sont des cageux."
Cahot. Saut que fait une voiture en roulant sur un terrain inégal (Bescherelle). Le cahot canadien est bien autre chose; c'est un trou dans nos chemins d'hiver, large comme le chemin lui-même, et plus ou moins long et profond, dans lequel la voiture plonge brusquement pour en ressortir plus ou moins vite, selon l'allure du cheval. L'occupant de la voiture est chaque fois sérieusement cahoté; de là le mot.
Câille. Nor. Blanc et couleur foncée. "Une vache câille."
Câiller. Can. pop. Avoir sommeil.
Câillette. En fr. syn. de Commère. La plupart des fermiers canadiens ont une vache appelée Caillette, parce qu'elle est marquée blanc et couleur foncée.
Caler. Un vaisseau cale dans l'eau, un homme Enfonce dans la neige, la boue, etc.
Câline. Ctre. de la Fr. Bonnet, coiffe de femme, qui se noue sous le menton. "Câline de veuve." Pop.
Camp. Ficher le camp. Ctre. de la Fr. Loc. grossière. Prendre le camp (Acad.), Déguerpir.
Campe. Petite cabane au milieu des bois, ou au centre d'un chantier dans la forêt. La France ne pouvant nous donner ce mot, nous l'avons créé à propos. "Coucher dans la campe."
Canaillerie. Ctre. de la Fr. Infamie, acte de canaille, vilenie.
Canard. V. Bombe.
Canistre. Angl. Bidon.
Canne. Nor. Cruche. Cannée, contenu de la canne.
Cannelle. Can. Pour Bobine, petit cylindre de bois qui sert à dévider du fil, à filer au rouet, &c.
Cap. Angl. Capsule de fusil, ou Casquette.
Capable. "Venez donc ce soir, Faites donc ce travail. —— Non, je ne suis pas capable." Pas fr. Dites Je ne le puis, Cela m'est impossible.
Capiche. Ctre. de la Fr. Capuchon en laine pour les femmes, qui descend sur les épaules.
Capine. Pour Capeline. Capine de fourrure. Can.
Capot. "Etre capot, faire capot," est correct; mais ce mot ne désigne pas en fr. un habit. Il semble difficile, cependant, de remplacer le bon capot canadien par un pardessus, un manteau, une capote, une houppelande, un paletot, un surtout, une redingote.
Capuche. Capine d'été.
Caracoler. Un cheval, un homme sur son cheval caracole, mais un ivrogne Titube, chancelle.
Carré. L'Académie admet Carré d'eau, mais ne donne que Square pour Jardin établi au milieu d'une place publique. Le mot ne méritait pas droit de cité, puisqu'il n'est que l'équivalent anglais de "Carré," et que ces sortes de jardins ne sont pas toujours carrés. Quant à adopter un mot impropre, comme l'est, par exemple, Cadre, qui désigne aussi bien une bordure ovale qu'une bordure carrée, il aurait été mieux d'en chercher un dans le dictionnaire national, Continuons donc à dire le Carré Viger, le Carré de la Place-d'Armes. Il sera toujours temps de dire Square lorsque nous irons à Paris.
Carrer (se). Fr. Se carrer en marchant ou dans son fauteuil (Acad.).
Carriole. En fr. Voiture à roues. Ici, Voiture d'hiver à un seul ou deux sièges, composée d'une boîte placée sur deux patins très bas et en bois solide. Le Français aurait dit Traîneau (v. ce mot), mais ayant inventé la chose, nous aurions bien pu l'appeler "Carrosse," si nous l'avions voulu.
Cash. Angl. Il y a des gens qui payent cash, lorsqu'il est si facile de payer comptant ou argent comptant.
Casque. Arme défensive qui garantit la tête et sert de coiffure, dit l'Académie. Hais l'Académie aurait ajouté "Bonnet de fourrure, bonnet fourré," si elle avait su que le casque canadien est une arme défensive contre le froid, avec toutes les apparences d'un vrai casque à poil français.
Câsse. Ctre. de la Fr. Action par laquelle une chose est cassée. Payer la câsse, Calculer tant pour la câsse.
Cassot. Vaisseau d'écorce ou de bois léger dont on fait de petits moules pour le sucre d'érable et pour le transport des fruits sauvages. Le mot est excellent, mais pas fr. dans cette acception.
Castonnade. Pop. Se dit presque partout en France pour Cassonade.
Castor. Chapeau. Fr., mais peu usité en France.
Castor. Huile de Castor. On donne improprement ce nom à l'Huile de ricin.
Casuel. Pop. Sujet à accident.
Catalogne. Non fr., mais bien canadien. Bande de tapis fait à domicile avec de la penille de toutes couleurs. V. Penille. "Catalogne" vient sans doute de Castelogne, sorte de couverture de lit, dit Bescherelle, fait sur le métier des tisserands avec de la laine très fine.
Cataplâme. Ctre. de la Fr. Cataplasme.
Catéchime. Pop. en France, pour Catéchisme.
Catiche. Efféminé. Pas fr.
Catin. Pour Poupée, n'est pas fr. Veut dire Fille de mauvaises moeurs.
Catiner. Nor. Câliner, flatter comme fait un chat. De cat, catte, chat, chatte, en nor. dérivé du bas latin catus. Can. Se dit des enfants qui s'amusent avec leurs poupées ou catins. V. ce mot.
Caucus. Ni fr. ni angl. C'est un américanisme. Réunion, assemblée.
Cause. A cause que. Pop., usité d'un bout à l'autre du pays. "Il n'est pas venu à cause qu'il a peur d'être grondé." Cette locution qu'on retrouve chez tous les écrivains du 17e siècle, n'est plus admise par l'Acad. D'à cause. Ctre. de la Fr. Pourquoi?
Causette. Causerie, courte conversation. N'est pas dans l'Acad., mais est d'un usage général en France. Elle a plus fait pour moi, dans une causette d'un quart d'heure, que je n'aurais su faire dans une année (G. Sand).
Cavalier. Celui qui fait la cour à une jeune fille. "C'est son cavalier." Pas fr. en ce sens.
Cavreau. Can. Pour Caveau. Nor. Cavéreau.
Cenellier. Arbre qui produit la cenelle. Pas fr. Aubépine.
Centin. Monnaie de cuivre, centième partie de la piastre ou dollar. Vaut mieux que Cent (prononcez ceinnte) qui est angl. Mais les Français des Etats-Unis ont résolu la question mieux que nous; ils appellent Sou le Cent américain ou canadien. Nous devrions faire comme eux, d'autant plus que notre sou, ancien cours, n'a pas d'existence légale et qu'il est à la veille de disparaître complètement de la circulation.
Chadron. Can. pop. Echarde.
Chambranler. Non fr. Se dit d'un homme ivre, ou bien faible, qui Chancelle.
Chambre. Dites Juge en chambre et les Députés à la chambre.
Champelure. Usité en Normandie pour Robinet d'un tonneau mis en perce.
Champlure. Trou pour vider un tonneau.
Chance. "Avoir de la chance, Pas de chance, Courir la chance, Bonne chance." Fr.
Chanceux. Veut dire Avoir bonne chance; mais une Affaire chanceuse est une Affaire qui offre des probabilités défavorables.
Chandelle. Mèche recouverte de suif ou d'un mélange de suif et de cire. V. Bougie.
Change. "Avez-vous du change, Donnez-moi mon change." Angl. pour Avez-vous de la monnaie, Donnez-moi la monnaie.
Changer. "Je me suis changé." Cette locution si répandue chez nous, n'est pas admise; il faut dire J'ai changé d'habillements.
Chantier. N'est que canadien dans le sens d'Exploitation forestière: "Faire chantier, Aller dans les chantiers, Les hommes de chantier." Ce mot est un exemple de la nécessité où nous sommes parfois de forcer la langue française à se plier à nos exigences locales; cette nécessité constitue un droit.
Chaque. V. Tel.
Char. Voiture, wagon de chemin de fer. "Char de première, de seconde classe, Char-dortoir, Char aux bagages, Char de fret." Les Chars, train de chemin de fer. "Prendre, manquer les Chars." Chars urbains, Chars de ville, Petits chars, Tramway. Char est bien préférable à wagon et tramway, qui n'ont pas même le mérite de trouver toutes leurs lettres constituantes dans l'alphabet fr. En wal., char sig. Chariot.
Charge. Angl. "Le juge fit sa charge aux jurés" pour Fit le résumé de la cause, ou Prononça son allocution.
Chargeage. Nor. et lorrain. Action de charger. C'est le chargeage qui est fatigant.
Charger. "Je ne vous chargerai rien pour ce travail" n'est pas fr. Demander, réclamer, exiger. "Charger le jury" est angl. et barbare.
Charlot. Arg. Bourreau. Can. Le diable. C'est un homme dangereux, il parle à Charlot.
Charme. "Il se porte comme un charme." Pop.
Charretier. Celui qui conduit un chariot, une charrette. Cocher, celui qui conduit un coche, un carrosse, un cabriolet, un fiacre.
Charrieux. Ctre. de la Fr. Charretier, celui qui charrie. Nous disons Charrieux d'eau. Pop.
Châssis. Ne pas confondre avec la Fenêtre, qui est fermée par le châssis.
Chatine ou Cheurtine. Pop. De l'angl. Shirting. Coton pour chemise, calicot.
Chaud. Pop. Il est chaud, pour Il est gris. Cela lui coûtera Chaud, pour Très cher.
Chausson. N'est pas un Bas, mais une chaussure qui ne recouvre que le pied. Quand il s'agit d'un vêtement qui recouvre le pied et la jambe, dites Bas. Quand c'est un demi-bas, dites Chaussette.
Check. Amér. Contremarque en cuivre ou en plomb, donnée aux voyageurs en chemin de fer pour qu'ils puissent réclamer au débarcadère leurs bagages enregistrés à l'embarcadère. Fiche de bagage.
Cheniquer. Arg. S'adonner aux liqueurs fortes. En Can., Fuir, renoncer à la lutte.
Chenu. Ctre. de la Fr. Fort, solide, riche, cossu: C'est du chenu, ce n'est pas de la petite bière! En can. pop. sig. Pauvre caractère: Pour agir ainsi, il faut être bien chenu.
Chéquer. De l'angl. To check. Etiqueter, billeter des marchandises, Pointer un compte.
Chérant. Ctre. de la Fr. Dites simplement: Ce marchand-là est cher.
Chétîment. Pour Chétivement. "Comment ça va-t-il? —— Ça va bien chétîment." Pop.
Cheux. Pour Chez. Faute pop. presque générale en France.
Cheyière Pop., pour Chaudière.
Chez. "Chez M. un tel sont malades." Ctre. de la Fr. Nous disons souvent: Les gens de parler nous. Pop.
Chigner. Pop., pour Rechigner.
Chimère. Pop. "Cette femme a des chimères," pour Caprices, lubies, travers d'esprit.
Chiper. Nor. Dérober adroitement.
Choisi. Objet de choix, personne d'élite. Voiture choisie, fille choisie. Ctre. de la Fr.
Choûler. Pop. Can. Exciter les chiens à courir sus à une personne ou un animal. En Wal., Choukeler sig. Appeler en criant; Choûler, pleurer à chaudes larmes; Choukezer, chanter avec de grands éclats de voix.
Chrétien. Homme: Il n'y a pas de chrétien capable de soulever cette pierre. Humain: Parler à une figure chrétienne (G. Sand). Français: Par la vertu-bien, elle ne parle pas chistian (Rabelais). Il faut parler chrétien, si vous voulez que je vous entende (Molière). Parle chrétien, j'écoute (G. Sand).
Chuter. Pop. Tomber, faire une chute.
Circonstance. On ne dit pas Sous les circonstances (de l'angl. under), mais Dans ...
Cisailler. Couper avec des cisailles (Acad.). Couper maladroitement. Pop.
Civilieu. Non fr. Etre en habit de civilien, pour Etre en habit bourgeois.
Clair. Tout à clair, distinctement: On aperçoit le village tout à clair. Ctre, de la Fr.
Clairer. Angl. To clear. Mot détestable. Dites donc Remercier, renvoyer, chasser, congédier un domestique, Acquitter un prévenu, Se tirer d'affaire, Nettoyer, déblayer un terrain, Gagner dix pour cent, Etre quitte, Disperser un attroupement.
Claque. Dans le sens de Galoche, est fr.
Claquer. Arg. Mourir.
Clenche ou Clinche. Fr. Loquet d'une porte.
Clencher. Non fr.
Cliché. Nor. Diarrhée.
Clocher. Employé constamment pour Locher. On doit dire: Ce raisonnement cloche, Il ne faut pas clocher devant les boiteux, et Ce cheval a un fer qui loche.
Coalition. —— des partis. Fr., mais ne s'emploie pas pour Fusion, qui dit plus.
Coche. "Faire une coche mal taillée," commettre une bévue, une bourde. Pas fr.
Cocombre. Ctre. de la Fr. Pour Concombre.
Coercion. Est angl. Coercition est fr.
Coeur. —— de roi, coeur excellent, comme on dit Port de reine, démarche noble, belle prestance.
Cogner. —— à la porte. Se trouve dans la dernière édition du Dict. de l'Acad., de même que Tu te feras cogner, Rosser.
Collatéral. V. Sécurité.
Colle. Pop. Fr. Menterie.
Collecter. Pas fr. Percevoir les taxes, Faire les rentrées d'argent.
Collecteur. —— des impôts; est fr.
Collection. N'a jamais signifié Perception, collecte, rentrées de fonds, rentrées.
Coller (se). Pop. Obséder quelqu'un, ne point le quitter d'un pas.
Collet. Partie de l'habit ou du gilet qui est autour du cou. Pour la partie correspondante de la chemise, il faut dire Col, et pour un col de chemise rapporté, Faux col est seul admis.
Combin. "—— que le blé se vend?" Nor.
Comfort. Epelé avec un m, ce mot est angl., et vient du fr. Confort, qui est consacré par l'Acad., de même que Confortable et Confortablement.
Comme. A la place de que: Je marche aussi bien comme lui. Si je montois aussi bien comme j'avale (Rabelais). Comme tout: Il est joli, riche commun tout. Nor. et Ctre. de la Fr.
Comme il faut. Un homme comme il faut est non seulement un homme riche et bien élevé (Acad)., mais aussi honnête et loyal, comme il les faudrait tous. Ctre. de la Fr.
Commun. Ctre. de la Fr. Travailler de commun, pour En commun.
Compagnée. Anc. fr. Compagnie. Lorsqu'on fait une invitation, on dit: "Venez avec votre compagnie." pop., pour avec votre Femme ou votre Blonde. V. ce mot. En Bretagne, on dit Accompagnée.
Comparager. Pop., pour Comparer.
Compétiter. Faire concurrence. Se trouve dans Molière:
Mais n'est dans aucun dictionnaire, pas même dans celui de Trévoux.
Compétition. Fr. dans le sens de Rivalité, prétentions rivales, mais ne se dit pas pour Concurrence.
Complétions. Angl. Pour Achèvement.
Complimentaire. Celui à qui l'on donne procuration générale pour faire la même fonction que les maîtres, tant au fait des changes que des marchandises (Bescherelle). Billet complimentaire est donc absurde. Billet de faveur, billet d'auteur.
Composition. Pour Arrangement d'un débiteur avec ses créanciers, est fr.
Comprenure. Pop. Intelligence, entendement. Dans le Ctre. de la Fr. Comprenouére.
Comptant. Son comptant. Ctre. de la Fr. Soi soûl. Elle s'en alla dans la grange pleurer tout son comptant (G. Sand).
Concession. V. Rang.
Conclure. "J'ai conclu pour la construction d'une nouvelle maison." Barbarisme. J'ai conclu un marché, un arrangement, &c.
Concourir. "Je concours dans votre opinion," non fr., pour Je partage ...
Condition. Service de domestique. Etre, entrer en condition. Fr.
Conférencier. Celui qui préside à une conférence d'étudiants. V. Lectureur.
Conformité. On doit dire En conformités de, et Conformément à.
Connexion. Non fr. dans le sens de Correspondance de deux trains de chemin de fer.
Conscience. C'est conscience de faire cela. Fr.
Conséquent. Pour Considérable, important, est un barbarisme. Nor.
Considération. "Le gouvernement a pris cette affaire sous sa considération" est un anglicisme. Cette affaire est à l'étude, Le gouvernement étudie cette affaire. Prendre sous considération sig. Tenir compte de.
Consistance. Sans consistance ne sig. pas Inconséquent, mais Sans considération dans le monde.
Consistant. Non fr. dans le sens de Conséquent. Etre conséquent ou inconséquent avec soi-même.
Constituant. Non fr. dans le sens de Commettant, électeur.
Contemplation (en). Angl. "Il y a longtemps que j'ai ce voyage, cette entreprise en contemplation," pour En vue.
Contracter. Ne s'emploie pas sans régime: contracter quoi? un mariage ou une maladie? Et c'est un barbarisme que de dire: Contracter pour un ouvrage, au lieu de Signer contrat pour l'exécution, etc., ou Entreprendre.
Contracteur. De l'angl. Contractor. Pour Entrepreneur.
Contravention. On dit En contravention à, ou avec (Bescherelle).
Contre. Fr. dans le sens d'Auprès, proche. Sa maison est contre la mienne.
Contrôlable. Angl. Susceptible de contrôle.
Conviction. Angl. Pour Condamnation, ou mieux Rapport de culpabilité par les Petits jurés.
Copie. Non fr. dans le sens d'Exemplaire d'un livre, d'une brochure, etc.
Coppe. De l'angl. Copper. Sou (ancien cours).
Copper. Can. Dénouer les cordons de sa bourse, payer.
Coquerelle. Non fr. Blatte.
Cordeau. Non fr. dans le sens de Guides, rênes.
Corner. Donner des coups de cornes. Cette vache a manqué me corner. Se corner. Se dit des boeufs qui se battent. Ctre. de la Fr. Littré donne le mot comme néologisme.
Cornichon. Arg. Niais.
Corporé. Ctre. de la Fr. et Nor. Qui a de la corpulence, bien bâti.
Corporence. Nor. et Ctre. de la Fr. Corpulence.
Corps. Ctre. de la Fr. Cadavre.
Corps. Can. Gilet de laine ou de coton.
Corps mort. Pop. Arbre abattu par l'ouragan ou tombé de vétusté, et gisant dans la forêt.
Correct. "C'est correct" n'a jamais voulu dire C'est juste, exact, régulier, en règle, bien. Mais on dit Une copie, une phrase, une locution correcte, un dessin, un auteur correct.
Corriger. —— quelqu'un. Non fr., mais angl. dans le sens de Corriger l'erreur de quelqu'un.
Côte. Can. V. Rang. "Avoir les côtes sur le long," être très fatigué d'une nuit passée sur la dure.
Cotir. Ctre. de la Fr. et Nor. Se dit du Bois qui se gâte à l'humidité ou en s'échauffant.
Cotiseur. Non fr. Estimateur.
Coton. Non fr. pour désigner Un épi de blé-d'Inde dépouillé de ses grains, une tige sans feuilles. Rafle. Dans le Ctre. de la Fr., on dit Côton.
Couette. Sig. Lit de plume, et non pas Mèche de cheveux, ni Noeud des cheveux sur la nuque.
Cou-croche. Non fr. Courge.
Couler. Can. Faire couler, est syn. d'Entailler, Mettre une sucrerie (v. ce mot) en exploitation.
Couleuré. Pop., pour Haut en couleur.
Couleurer. Ctre. de la Fr. Colorer. Il lui a trop couleuré la chose.
Coup. Ctre. de la Fr. Un coup que, pour Une fois que, du moment que. Un coup que sa décision est prise, rien ne l'arrête. A ce coup-ci je le tiens, pour Cette fois. Il est arrivé Sur le coup de midi, pour Au moment où midi sonnait.
Couque. Pop. De l'angl. Cook. Cuisinier. Usité dans la marine fr.
Couquerie. Pop. De l'angl. Cookery. "Faire la couquerie," pour Cuisine. Usité dans la marine fr.
Courrailler. Non fr. Pop. Se dit des enfants qu'on ne peut garder à la maison et qui courent de tous côtés. Se mal conduire. Courrailler quelqu'un, le poursuivre.
Course. "Tirer une course." Pas fr. Prendre part à une course, Courir.
Couvert. —— d'un livre, pour Couverture. —— d'un pot, pour Couvercle.
Crackers. Est si bien passé dans notre langue que nous arrivons à la vieillesse sans songer que le mot est anglais. Dans un procès à propos d'un perroquet, à Montréal, un ouvrier jura que l'oiseau avait été élevé par son voisin et qu'il parlait français; qu'il disait, entre autres choses, crackers. —— Biscotin, biscuit sec.
Crainte. —— d'accident. Fr.
Crampe. Pour Crampon.
Crapoussin. Diminutif de crapaud. Ctre. de la fr. Enfant maussade, toujours prêt à jouer de mauvais tours.
Crasse. Pop. Non fr. Canaille.
Crasserie. Ctre. de la Fr. Vilenie.
Créature. Pop. Les femmes. "Voilà une belle créature" est dans le Dict. de l'Acad.
Crever. Ctre. de la Fr. Mourir. Se crever, Se donner beaucoup de fatigue, contracter une hernie.
Crible. Partie d'un cageux (v. ce mot) détachée pour passer dans une glissoire (v. ce mot) ou pour mieux sauter (v. ce mot) les rapides. Le mot fr. est Brelle.
Crier. —— quelqu'un. Le gronder, le gourmander. Ce mot a vieilli.
Crique. Dent d'enfant. Non fr.
Criquet. Fr. Grillon.
Crochu. Ctre. de la Fr. Bancroche. Nous disons: Il est tout crochu, tortu, bossu. Pop.
Crocs. Moustaches tournées en pointe. Pas fr. dans le sens de Favoris, barbe.
Croît. Le pop. dit Les écroîts, pour les Petits d'un troupeau.
Crosse. Non fr. dans les acceptions que nous lui donnons: 1° Le jeu de crosse, qui nous est venu des Indiens, et dont les Anglo-canadiens ont fait un mot ridicule, Lacrosse game, 2° Bâton courbé par le bout et garni de cordes à boyaux, et qui sert, dans la partie de crosse, à lancer la balle au but. En France, on dirait probablement Raquette. V. ce mot.
Croûte. Can. En hiver, le lendemain d'un jour de pluie ou de dégel, la surface de la neige est durcie par le froid; c'est cette surface que nous appelons croûte. Marcher sur la croûte. Dans le Ctre. de la Fr., on dit que la terre croûte lorsqu'elle se durcit par suite de la gelée, et on appelle croûte la surface de la terre ainsi gelée. La croûte porte.
Croûter. Ctre. de la Fr. Se durcir: La terre a croûté par suite de la sécheresse.
Cuir à patente. Ou Cuir patent. Expressions qui n'ont pas de sens. Cuir verni.
Cuisiner. —— des comptes. Pas fr. Manipuler.
D
D. On serait tenté de dire que le d n'existe pas dans la langue franco-canadienne, car, dans la prononciation, nous remplaçons cette lettre par une autre qui renferme un son sifflant et que l'on pourrait indiquer par dz. Bien peu de personnes au Canada prononcent correctement le verbe dire. Nous prononçons dzire. Cet accent passe inaperçu chez nous, mais écorche l'oreille de l'étranger. C'est dans les écoles primaires qu'il nous faut commencer à le combattre.
D'abord. Dès que (Acad.). Pas fr. dans le sens de Puisque. "Tu peux croire cela, d'abord que je te le dis." Ctre. de la Fr.
Dalleau. Non fr. Petit conduit en fer-blanc ou en bois par lequel s'écoulent les eaux de la dalle. On écrit Dallot en nor. En fr. Dalot, t. de mar., est une sorte de petite dalle qui sert à l'écoulement de l'eau sur le pont du navire.
Dame. Angl. Digue, chaussée. Dans le Ctre. de la Fr., Arrêt en terre dans un fossé.
Dandeliner (se). Nor. Se dandiner.
Dans. Employé à contre-sens dans les phrases suivantes: Mettre ses souliers dans ses pieds, ses bas dans ses jambes, ses gants dans ses mains, etc. Nor. Evidemment il faut dire: Mettre ses pieds dans ses souliers, etc.
Darder (se). Ctre. de la Fr. S'élancer comme un dard. Ce chien se darde contre les passants.
De. Vous me voyez bien changé, de ce que j'étais ce matin (Molière). On rapproche cette tournure du Quantum mutatus ab illo de Virgile.
La préposition de est encore ainsi employée dans le Ctre. de la Fr. et au Canada.
Débagager. Nor. Débarrasser. Dans le patois Lorrain, sig. Déménager. En can., Déménager et Déguerpir. Aller-vous-en, débagagez au plus vite!
Débarquer. Non fr. dans le sens de Descendre de voiture.
Débarrer. —— la porte. V. Barrer.
Débaucher. —— un domestique. Lui faire quitter son maître. Fr.
Débenture. Non fr. On appelait autrefois Debentur, s. m., une Quittance donnée au roi par certains officiers de la cour. Le mot angl. Debenture, qui est passé dans le langage canadien, sig. Obligation, bon ou billet au porteur avec intérêt de tant pour cent, souscrit par un gouvernement, une corporation, une Cie. de chemin de fer, etc.
Débine. Ctre. de la Fr. Ruine, misère. Tomber dans la débine.
Débiner. Arg. Médire.
Débiter. —— une volaille, pour Dépecer.
Débouler. Nor. Décamper, Can. Tomber en roulant. L'enfant a déboulé du haut en bas de l'escalier. Le terrain a déboulé, pour S'est éboulé.
Débrailler. Fr. Se découvrir indécemment la gorge. Débraillé. Nor. Qui a ses vêtements en désordre.
Décanter. Canter sig. Mettre sur le can, et Décanter Transvaser une liqueur pour en séparer le dépôt.
Décarcaner. Nor. Oter un carcan.
Décarêmer (se). Nor. et Ctre. de la Fr. Manger de la viande pour se refaire des privations du carême.
Décesser. Pop. Il ne décesse de parler. Ce mot n'est plus admis par l'Acad., mais est encore usité en Nor. et dans le Ctre. de la Fr.
Décharge. "Obtenir décharge," dans le sens de Quittance, est fr. Concordat est le mot propre en matière de faillite.
Déchargeage. Nor. et lor. Action de décharger une voiture ou une bête de somme.
Décharger. Non fr. dans le sens de Congédier un domestique, ni dans celui de Libérer un accusé, ni dans celui de Révoquer un fonctionnaire. De l'angl. To discharge.
Décoller. Non fr. dans le sens d'Enlever quelqu'un à un importun qui s'était collé à lui. Se décoller, pour S'échapper. Il m'obsédait depuis une heure, lorsqu'enfin j'ai pu me décoller.
Découcher. Coucher hors de chez soi (Littré). N'est pas dans le dict. de l'Acad.
Dedans. Mettre quelqu'un dedans, l'Abuser, le tromper. Fr.
Dédire (se). Nor. Ne pas conserver sa belle apparence. Ce poulin était beau l'an passé, mais il s'est bien dédit.
Défalcataire. Non fr. Concussionnaire.
Défalcation. Déduction. Non fr. dans le sens de Concussion.
Déficeler. Nor. et lor. Délier, ôter la ficelle.
Défiger. Rendre liquide ce qui était figé. Littré le donne comme néol.
Défoncer. On défonce un tonneau, mais on Enfonce une porte.
Défranchiser. Non fr. De l'angl. To disfranchise. Le v. Désaffranchir est fr., mais ne sig. pas Priver des droits civiques ou politiques. V. Franchise.
Défriper. Nor. Rendre uni un linge ou un vêtement fripé.
Dégosiller. Nor. Vomir. Can. Etouffer en prenant à la gorge. Vieux fr. dans le sens d'Egorger, couper la gorge.
Dégoutation. Nor. Objet de dégoût.
Dégrader. Can. Je me suis trouvé dégradé par la tempête, c. à. d. Arrêté en chemin. Je l'ai dégradé, c. à. d. Je l'ai laissé en arrière en allant plus vite que lui. Dégrader, t. de mar., est fr. Navire dégradé, c. à. d. Dégréé et abandonné, ou encore Jeté hors de sa route par la violence des vents.
Dégrouler. Nor. Dégringoler.
Déjuquer. Nor. Descendre du juchoir.
Délabre (en). Ctre. de la Fr. Délabré, en ruine.
Délictueux. Qui a le caractère d'un délit. Pas fr.
Déluré. Nor. et lor. Luron, madré. Donné par Littré comme néol., pour Dégourdi, déniaisé.
Délurer. Nor. Déniaiser.
Démancher. Sig. Oter le manche. Au fig., Ce parti se démanche, se désunit. Mais il faut dire Démonter une voiture, Défaire un pont. Se Démancher un membre est donné par Bescherelle et Littré dans le sens de Se disloquer ——.
Démarche. On Fait des démarches, on n'en prend pas, si ce n'est en angl. To take steps.
Démembrer (se). Nor. Se donner un grand mouvement des bras en marchant.
Démence. Ce pont tombe en démence, pour En ruine. Nor..
Demeurance. Ctre. de la Fr. Demeure. Il est en demeurante à tel endroit.
Demeurant. Le reste. Le demeurant des, rats tint chapitre en un coin (LaFontaine). Il me reste à vous dire, messieurs, combien j'ai besoin de votre indulgence pour aborder cette place si dignement occupée naguère par le frère de Napoléon Ier, par le vénérable demeurant de nos temps héroïques (Troplong, président du Sénat, parlant du prince Jérôme).
Demeure (à). Absolument, tout a fait. Cette femme est bonne à demeure. Pop.
Demi-ard. Pour Demi-chopine. En nor. et en roman, Demion. "Margot Pinton, qui aime mieux sa pinte que son demion."
Dépareillé. Cheval dépareillé. Pop. can. Qui n'a pas son pareil.
Dépêche. Lettre concernant les affaires publiques, ou Lettre importante d'un banquier, d'un négociant; "Le parlement est convoqué pour la dépêche des affaires." Mauvaise trad. de l'angl. For the despatch of business. Pour l'Expédition des affaires. Dépêcher un ouvrage sig. le Faire promptement.
Dépendre Vous pouvez dépendre sur moi dépendre que. De l'angl. To dépend upon; —— that. Remplacez ce barbarisme par Comptez sur moi, Soyez certain que. "Comptez que vous me trouverez toujours prêt à vous servir (Saint-Simon)." Cette dernière acception s'est conservée chez nous.
Dépense. Consommation. Ctre. de la Fr. J'ai récolté cette année du blé pour ma dépense.
Déplanter. Tirer sur un oiseau perché et le tuer raide, c'est le Déplanter. Can.
Dépoitrailler (se). Nor. Découvrir sa poitrine.
Dépôt. Pas fr. dans le sens de Gare ou Station de chemin de fer.
Député-ministre. Non fr. Sous-chef de ministère (ou département). Député-greffier, pour Greffier-adjoint. —— Député sig. proprement Délégué, représentant.
Déqualification, Déqualifier. Littré donne les deux mots comme néol., et seulement dans le sens de Perte d'une qualification, Enlever une qualité. Non fr. dans le sens d'Inhabilité politique, Prononcer la perte des droits politiques.
Dérêner. Non fr. Relâcher les rênes de la bride. Dérênez votre cheval pour le faire boire. En nor., sig. Ne cesser de parler.
Dérive (ou Drive, angl. ou Drave). Dans le langage des travailleurs des Chantiers (v. ce mot), Faire la dérive sig. Surveiller la descente des pièces de bois (billots et plançons) qu'on a livrées au courant, c.à.d. mises en dérive, à l'époque des grandes crues du printemps, pour les réunir toutes au même endroit, sur l'un de nos grands fleuves, où elles sont formées en radeaux, puis dirigées vers un port de mer, vers Québec principalement. Flottage est le mot fr.
Dérocher. Littré le donne comme néol. dans le sens de Nettoyer le métal, enlever de sa surface ce qui reste de roche. En can. sig. Enlever d'un champ les pierres qui s'y trouvent: Ce sera une belle et bonne terre quand elle sera dérochée.
Désabrier. Potv. Oter ce qui abrie quelqu'un, une chose. Se désabrier. Ecarter ce qui nous couvrait.
Désamain. Can. Le contraire d'Amain, et syn. de Malamain.
Désenfarger. Ctre. de la Fr. Désentraver, ôter les enfarges à un cheval.
Désenterrer. Déterrer (Littré, néol.).
Déshabiller (se). On se déshabille pour se mettre au bain, jamais pour entrer dans un salon. A l'église ou au palais, on se déshabille, lorsqu'on ôte les ornements sacerdotaux ou la robe d'avocat. Oter son paletot, son pardessus.
Détailleur. Marchand ——. Vieilli; on dit mieux Détaillant. Les petits, les grands détaillants.
Détarder. Ctre. de la Fr. Retarder.
Détasser. Ctre. de la Fr. Défaire un tas, éparpiller.
Détective. Angl. Agent de la police secrète.
Dételer. Ctre. de la Fr. S'applique aux attelages d'animaux, mais on dit par extension d'un ouvrier: Il a commencé sa besogne rondement, mais il a été obligé de dételer avant midi.
Détour. Ctre. de la Fr. Effort de reins. J'ai attrapé un détour.
Deux (en). Se mettre en deux, Se courber, se faire aussi petit que possible. Marcher tout en deux, Excessivement courbé. Can.
Dévaler. Fr. Dévaler la pente, Dévaler de la montagne, de son lit. "On ne montera point au rang dont je dévale" (Corneille).
Devinade. Nor. Enigme.
Dévirer. Ctre. de la Fr. Dévirer les yeux, regarder de travers. V. Virer.
Dévisager. Ctre. de la Fr. Regarder quelqu'un effrontément.
Devise. Non fr., pop., dans le sens d'Enigme. V. Motto. En wal., Divise sig. Devise, conversation.
Devoir (en). "Je suis en devoir." Angl. I am on duty. Pour Je suis de service.
Divorce. Ctre. de la Fr. Faire le divorce, pour Faire la chicane.
Dévorer (se). Ctre. de la Fr. S'écorcher en se grattant.
D'heure. Nor. Temps opportun. Partons, il est d'heure.
Dinde. Est toujours féminin.
Diplôme. Confère une dignité, un degré, un titre. Non fr. dans le sens de Brevet, certificat de capacité. "Diplôme d'instituteur" est donné cependant par Dupiney de Vorepierre.
Diplômé. Non fr. Porteur d'un brevet ou certificat de capacité.
Directory. Angl. Almanach des adresses. Il est tout à fait ridicule de dire Directoire.
Discompte, Discompter. Nor. Dites: Quel est le taux de l'Escompte? Escomptez mon billet.
Discrétionnaire. Ne s'emploie guère que dans cette locution: Pouvoir ----. "Il sera discrétionnaire au juge," n'est pas fr.
Disgrâce. Manque de grâce, Perte des bonnes grâces, Infortune. "C'est une disgrâce" est de l'angl. tout pur dans le sens de C'est une Honte.
Disgracieux. Qui manque de grâce, Contrariant. Femme disgracieuse, Disgracieuse rencontre. Non fr. dans le sens de Honteux.
Disqualification, Disqualifier. Angl.
Dissatisfaction. Angl. Mécontentement.
Djammer. De l'angl. To jam. Entasser, arrêter par l'effet de l'entassement. "Les billots se sont trouvés djammés."
Dodeliner. —— un enfant, la tête. Vieux fr. Pop.
Dodiner (se). Se bercer, se balancer, et fig., Avoir un soin exagéré de sa personne. Nor. Dorloter.
Dommage. C'est dommage, beau dommage. Fr.
Donaison. Nor. et Ctre. de la Fr. Donation, don.
Doucine. Pas fr. dans le sens de Cuir à rasoir.
Donelle. Pop. Douve de tonneau (Littré).
Douilleter. Avoir des soins excessifs pour une personne. Se douilleter, Se traiter d'une manière douillette (Littré).
Doutable. Ctre. de la Fr. Douteux.
Doutance. Vieux fr. Doute. Je ne le savais pas, mais j'en avais une doutance.
Douter. "Je m'en ai douté" est un barbarisme. Je m'en suis douté.
D'où vient? Dans le sens de Pourquoi, pour quelle cause, expression qu'on a tort de critiquer. "D'où vient que vous êtes triste?"
Doux. Voilà le doux temps. Ctre. de la Fr.
Draft. Angl. Traite. Projet de contrat. Dessin, devis.
Drague. Grain cuit qui demeure dans le brassin, après avoir servi à faire la bière. Nous lui donnons l'acception suivante: Mélange de tous les déchets de cuisine avec du lait aigri et l'eau dans laquelle on a lavé les plats; on le donne aux porcs.
Drave. V. Dérive.
Draver. Can. Faire la drave.
Drès. Pour Dès, est roman. Drès le matin (G. Sand).
Drigail. Potv. Mot plaisant pour exprimer nos meubles, nos effets.
Drill. Angl. Pour Exercice militaire. En fr. ce mot désigne un grand singe d'Afrique.
Dull. Angl. Les commerçants disent: C'est dull de ce temps-ci pour C'est la morte saison, ou Les affaires languissent.
Dum-bell. Angl. Haltère.
E
Ébaroui. Can., pop. Etourdi, abasourdi, courbaturé par un coup ou une chute.
Ébourifflé. Pour Ebouriffé.
Écaler. Nor. et pic. Ecosser.
Écales. Nor. Cosses.
Écarir. Non fr. Tailler du bois à angle droit fur quatre faces.
Écarter. Egarer, perdre. J'ai écarté mon couteau. Ctre. de la Fr.
Écarter (s'). Non fr. dans le sens de S'égarer. "Je l'ai écarté," pour Je l'ai égaré. On dit très bien Ne vous écartez pas, pour Restez ici près.
Échapper. Echapper un cheval, ce n'est pas le Laisser échapper, c'est le Pousser à toute bride. On ne dit pas J'ai échappé ma canne, mais Ma canne m'a échappé de la main.
Échareugner. Ctre. de la Fr. Egratigner, déchirer.
Échareugnure. Ctre. de la Fr. Egratignure, écorchure.
Écharpe. Ch. Echarde. V. Chadron.
Écharpiller. Nor., Ctre. de la Fr. et Ch. (Littré, néol.). Augmentatif d'Echarper; mettre en pièces, réduire pour ainsi dire en charpie. Fr. dans le sens de Voler, piller.
Échiffer. Pas fr. Peigner de la laine.
Éclipe. Nor. Eclipser Nous disons aussi Esclipe. Pop.
Écoeurant. Ctre. de la Fr., Nor. et Ch. Qui soulève le coeur, dégoûtant.
Écoeurer. Ctre. de la F. et Ch. Soulever le coeur, dégoûter. Ce ragoût m'écoeure (Littré, néol.).
Écopeau. Pop. Copeau.
Écosse. Pour Cosse. Pic. et rom.
Écrapoutir. Poitv. Ecraser, aplatir complètement. La charrette lui a écrapouti la tête.
Écumoire. Ctre. de la Fr. Sobriquet d'une personne fortement marquée de la petite vérole. Nous disons aussi Moule à plomb.
Écurer (s'). Ctre. de la Fr. Se nettoyer, s'éclaircir. Le temps commence à s'écurer.
Écuyer. Titre que portaient autrefois en France les simples gentilshommes et les anoblis. Chez nous, traduction de l'angl. Esquire, Titre affecté, en Angleterre, aux simples gentilshommes, aux hommes en place, aux avocats, aux juges de paix, aux shérifs, etc. Mais comme nous le prodiguons inconsidérément, comme nous donnons de l'Ecuyer à peu près à tout le monde, ce titre n'a pas la moindre valeur, il est d'une insignifiance absolue, il commence même à devenir ridicule; le temps est venu de le retrancher de notre dictionnaire. A dire le vrai, nous n'aurions jamais dû l'adopter, puisqu'il n'y a pas au Canada de hiérarchie nobiliaire et que Esquire est défini A title next below that of knight.
Éditorial. Angl. Ne sig. rien du tout en fr. "Article, fauteuil éditorial," est tout à fait ridicule. Dites: Article de fond ou de la rédaction, fauteuil du rédacteur en chef.
Éfardocher. Pas fr. Enlever les fardoches, les broussailles.
Effrayamment. Can. pop. Effroyablement.
Égaré. Ch. Etourdi, aliéné.
Égousser. Ctre. de la Fr. Egousser des pois, les retirer de leurs gousses.
Égouttage, Égouttement. Pour Dessèchement, égoût, drainage des terres (Littré, néol.).
Égrafigner. Vieux fr., Ctre. de la Fr., Pic et Ch. Egratigner. Les chats lui avaient tout égrafigné le visage (Trévoux).
Égrafignure. Ctre. de la Fr. Egratignure.
Égrandir. Pour Agrandir.
Égrémiller. Ctre. de la Fr. Mettre en miettes. Egrémiller du pain.
Éguenillé. Nor. En guenille, très négligé dans sa mise.
Éjambée. Pop., can., pour Enjambée.
Éjarrer (s'). Ctre. de la Fr. Se fendre.
Élevage. Non fr.
Élingué. Non fr. Grand et fluet. Un grand élingué.
Émanation. —— d'un mandat. Angl. Emission.
Émaner. V. neutre. La cour n'émane pas un mandat, mais un mandat émane de la cour. Nos avocats feraient peut-être mieux d'oublier ce mot et d'employer toujours l'expression Lancer un mandat.
Embabouiner. Ctre. de la Fr. Envelopper la figure. Il est tout embabouiné; on ne lui voit que le bout du nez.
Embarquer. Non fr. dans le sens de Monter en voiture.
Embarras (clôture d'). Can., pop. Haie faite dans la forêt avec des branches ou du bois de rebut ramassé sur place.
Emberlificoter. Ctre. de la Fr., Nor., Pic. et Ch. Entortiller, embarrasser, enlacer, circonvenir. On l'a emberlificoté dans une mauvaise affaire; Il s'est emberlificoté les jambes dans les branches.
Embêter. Barbarisme, dit Bescherelle, et ne pourrait être bon que dans le sens d'Entourer quelqu'un de bêtes. Quoi qu'il en soit, ce mot et ses dérivés, Embêtement, Embêtant, sont du dernier vulgaire. Dites Ennuyer, ennuyeux, fâcheux, contrariant. Dans le Ctre. de la Fr., on dit comme ici Embêter quelqu'un dans une affaire.
Embobiner. Vieux, fr. Enjôler.
Embouffeter. Non. fr. Embouveter (Bescherelle), de Bouvet, rabot. En Nor., on dit Embofeter.
Embourber. —— dans la neige. Loc. toute can., mais aussi bonne que Ferrer d'argent.
Embrouille. Pop., pour Embrouillement. En Nor. et en Ch. on dit Enbrouillamini.
Émiocher. Pic. Emietter.
Emmaigrir. Pop. Faire maigrir.
Emmalicer. Ctre. de la Fr. Mettre en colère, en malice. Nous le disons surtout des animaux dans le sens de Rendre méchant, vicieux. Ayez soin de ne pas emmalicer ce chien-là.
Emmancher. Mettre un manche. Au fig., une affaire bien Emmanchée, pour bien Commencée, est fr.
Emmêler. Nor. Embrouiller.
Emmiauler. Ctre. de la Fr. Prendre par de douces paroles.
Émotionner. Nor. Emouvoir. Littré, néol.
Émouver, s'émouver. Ctre. de la Fr. Emouvoir, s'émouvoir. En Ch., Remuer.
Empafer. Pic. Gorger de nourriture.
Empaquetage. Pour Emballage, est dans Littré comme néol.
Emparer (s'). Ctre. de la Fr. Se permettre. Je me suis emparé de lui dire. Chez nous ce mot sig. plutôt S'empresser.
Emphatiquement. Avec emphase. Nos députés s'exposent au ridicule en disant: "Je nie cela emphatiquement," au lieu de Energiquement, qui est la sig. propre de l'angl. Emphatically.
Empierrer. Nor. Garnir de pierres. Empierrer un chemin.
Empifé. Pic Qui a mangé à l'excès. En rom. Empiffré. Se piffrer.
Empocher. Ctre. de la Fr. Mettre en sac.
Emporter. —— une proposition, ne pourrait se dire que dans le sens de Faire réussir promptement en dépit de tous les obstacles. Employé pour Adopter, ce n'est qu'une mauvaise trad. de l'angl. To carry.
Ému. Mal-ému, Can., pop. Mauvais caractère, esprit méchant. Inutile de discuter avec lui, c'est un mal-ému.
Encager. Nor. Mettre en cage.
Encan. Fr. Vente à l'enchère.
Encanter. Non fr. Canter, mettre sur le can, ou Poser de champ.
Encanteur. Non fr. Commissaire des ventes.
Encapoter (s'). Can. Mettre son capot (v. ce mot) avec les accessoires de notre toilette d'hiver: ceinture, crémone, casque (v. ce mot);
Encaver. Pas fr. dans le sens d'Enfoncer un objet dans un autre ou dans le sol.
En ci et. Nor. D'ici à. En ci et Pâques, pour D'ici à Pâques. Nous disons En deci: En deci Pâques; En deci chez vous il y a une lieue. Pop. Nous disons plus souvent Entre-ci-et.
Enclos. "Mettre un boeuf à l'enclos public," pour le Mettre en fourrière.
En dessous. Pic. On dit qu'une personne est en dessous quand elle est sournoise, hypocrite.
Endetté. "Les personnes endettées envers, etc.," n'est plus usité. Les Débiteurs de.
Endormir (s'). "Je m'endors" sig. Je commence à dormir, et non pas J'ai sommeil.
Endurer. On endure la chaleur ou le froid, mais non pas les gens; on les Tolère, on les Supporte avec patience: Dans le Ctre. de la Fr. on dit: Il fait froid, on endure bien le feu.
Enfaîter. Ctre. de la Fr. Remplir par-dessus les bords; en quelque sorte, faire un faîte à une mesure de blé, de pommes, etc.
Enfarger. Ctre. de la Fr. Entraver, Mettre les enfarges à un cheval. Nous disons: Le meilleur moyen de se débarrasser des maringouins, c'est de les enfarger. Pop.
Enfarges. Ctre. de la Fr. Entraves. La vieille grise approche de la haie en faisant sonner ses enfarges (G. Sand).
Enfioler. Pas fr. dans le sens d'Avaler prestement.
Enfoncer. Ctre. de la Fr. Réfuter victorieusement. Nous disons, de plus, qu'un homme s'est enfoncé dans telle affaire, lorsqu'il y a perdu de l'argent.
Engagé. Can. Domestique, serviteur, homme de peine. Au féminin, Engagère.
Engagement, Engagé. "Je ne puis vous accompagner, j'ai un engagement, je suis engagé." De l'angl. I am engaged. On est engagé dans l'armée, dans les ordres, dans les liens du mariage, dans une mauvaise affaire, etc., on a des engagements, c. à d. des Obligations; et l'on est Retenu, on a affaire, rendez-vous, on est occupé.
Engin. De l'angl. Engine. Pompe à incendie Locomotive, Machine.
Engueuler. Nor., Pic. et Ch. Dire des injures.
Enmitoufler. Nor. et Pic. S'envelopper la tête comme avec un amict.
Ennuyant. Ne pas confondre avec Ennuyeux. Ennuyant, qui produit l'ennui, qui chagrine, contrarie, importune actuellement: Avec toutes ses plaintes, il est ennuyant. Ennuyeux, qui est de nature à ennuyer, qui porte habituellement l'ennui avec soi. Conversation ennuyeuse, homme ennuyeux. Ennuyeux n'est pas fr. dans le sens de Porté à l'ennui.
Ennuyer (s'). "Je m'ennuie de vous" sig. Je suis lassé de vous. Ce mot est donc à redouter pour nos compatriotes qui sont en relation avec des Français ou des Françaises.
Entailler. Can. Opération qui consiste à faire une entaille à une érable et à lui poser une goudrelle (v. ce mot), au moyen de laquelle l'eau qui suinte de l'arbre tombera dans une auge ou un vase placé au pied. Nous disons absolument: "Entaillez-vous cette année?" pour Vous proposez-vous de faire du sucre? V. Sucrerie.
Entour. A l'entour. Pop. "Ils se sont mis à l'entour de lui et l'ont insulté de toutes manières." LaFontaine a dit dans le même sens;