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Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome I

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[107] Charlotte de Valençay d'Étampes, née en 1597. C'est la mère de Sillery. Elle avoit épousé le fils du chancelier de Sillery-Brulart, mort en 1640. Elle fut belle long-temps, mais toujours extravagante. À la mort de son mari, elle fait l'Artémise. Plus tard, à cinquante-huit ans, elle se donna un mari de conscience qui semble avoir été Goulas, l'intendant de Gaston. «Jamais, dit Tallemant (t. 1, p. 468), il n'y eut une si grande friande.»

Madame de Pisieux ou Puysieux étoit sœur d'Éléonore d'Étampes de Valençay (1589-1651), archevêque de Reims, hardi voleur, hardi viveur, un archevêque à citer pour les protestants. À son lit de mort, il dit au confesseur (Tallemant des Réaux, t. 2, p. 459): «Le diable emporte celui de nous deux qui croit rien de ce que vous venez de dire!» Il n'en avoit pas moins béni les bonnes femmes dans son église. Madame de Pisieux étoit sœur aussi du cardinal Achille de Valençay, mort en 1646, «fier et brave» homme qui avoit été bon militaire pendant long-temps. Devenue vieille, elle fut la confidente de Mademoiselle (Montp., t. 4, p. 159). On la chargea de préparer les voies, en 1671, pour marier la princesse avec le comte de Saint-Paul.

Elle avoit grand air et une manière d'autorité qu'elle ne suspendoit même pas pour se satisfaire en boutades. Son esprit étoit vif, mais bizarre et fatigant. Lorsqu'elle meurt (8 septembre 1677), madame de Sévigné écrit: «Nous en voilà délivrés! Ne trouvez-vous pas, Madame, qu'elle contraignoit un peu trop ses amis? Il falloit marcher si droit avec elle!»

Saint-Simon a mis son mot dans cette histoire (t. 4, p. 375): «Madame de Puysieux, veuve dès 1640, ne mourut qu'en 1677, à quatre-vingts ans, avec toute sa tête et sa santé. C'étoit une femme souverainement glorieuse, que la disgrâce n'avoit pu abattre, et qui n'appeloit jamais son frère le conseiller d'État que: Mon frère le bâtard. On ne peut avoir plus d'esprit qu'elle en avoit, et, quoique impérieux, plus tourné à l'intrigue.»

[108] Brienne, fils d'Antoine de Loménie, seigneur de la Ville aux Clercs, secrétaire d'État nommé par Anne d'Autriche à la place de Chavigny.

Il meurt le 5 novembre 1666, à soixante et onze ans, et laisse des Mémoires.

Son fils (Brienne le jeune) est l'un des personnages les plus curieux du XVIIe siècle; mais il nous entraîneroit beaucoup trop loin si nous nous occupions de lui.

[109] Quel d'Aubigny? Le Dioclès de Somaize (t. 1, p. 140), ami de Beroé, qui «chante bien et a tousjours après luy deux ou trois musiciens?» Le père de d'Aubigny, l'ami de Saint-Evremont, l'amant de madame des Ursins? C'étoit (Saint-Simon, t. 4, p. 177) un procureur au Châtelet. Un d'Aubigny rattaché à la famille d'Agrippa d'Aubigné, comme celui qui fut évêque de Noyon, puis archevêque de Rouen, quand madame de Maintenon fut reine? L'abbé d'Aubigny, de la maison de Stuart, chanoine de Paris, oncle du duc de Richmond, ami de Retz? Un des trente-six gentilhommes du roi (1669)? Charles Bidault d'Aubigny, gentilhomme de Monsieur en 1661? Le d'Aubigné qu'on dépêcha sous la Fronde à la princesse douairière (Lenet, Coll. Michaud, p. 234, 243)? Ce doit être ce dernier; mais La Chesnaye des Bois (t. 1, p. 493) dit avec raison: «Il n'y a presque point de province en France où l'on ne trouve des gentilshommes du nom d'Aubigné et d'Aubigny; ils ont tous des armes différentes.»

Louis XIV ne simplifia pas la question lorsqu'il créa duchesse et pairesse d'Aubigny mademoiselle de Kéroualles, la maîtresse de Charles II (en décembre 1673).

[110] Anne de Gonzague-Clèves, comtesse palatine du Rhin. Fille de Charles de Gonzague-Clèves, duc de Nevers, née en 1616, elle épouse (1639) Henri II, duc de Guise, se sépare, se remarie en 1645 à Édouard de Bavière, comte palatin du Rhin. Restée veuve en 1663, elle meurt le 6 juillet 1684.

Les amateurs du style magnifique et des grands éloges n'ont qu'à relire l'oraison funèbre que Bossuet lui a faite. Les politiques chercheront dans les mémoires du temps la trace des manœuvres par lesquelles elle s'est signalée pendant la régence d'Anne d'Autriche. En 1661, madame de Navailles, dame d'honneur, lui fit une rude guerre (Mottev., t. 5, p. 117) pour l'empêcher de jouir de tous les priviléges attachés à sa charge de surintendante de la maison de la reine. À la mort de Mazarin, la Palatine quitte sa charge, que l'on donne à la comtesse de Soissons. L'inébranlable madame de Navailles continue sa guerre. Affaire sérieuse s'il en fut:

«Le roi, dont les intentions étoient droites, ayant écouté les raisons de part et d'autre, régla les fonctions de la surintendante et de la dame d'honneur. Il donna à la première les honneurs de présenter la serviette, de tenir la pelote et de donner la chemise, avec le commandement dans la chambre et les sermens, et tout le reste à la dame d'honneur, c'est-à-dire servir à table, la préférence dans le carrosse et dans le logement.» Le lendemain, mille autres querelles. Le comte de Soissons appelle en duel le duc de Navailles (pour la serviette)—Refus: la cour applaudit; les mazarins baissent; le roi exile le comte. Ah! la belle chose que l'intérieur d'un palais!

On a dit (Montp., t. 4, p. 62) qu'en 1658, à quarante-trois ans, elle rendit au duc d'Anjou le service que madame de Beauvais rendit à Louis XIV. Ses mémoires sont apocryphes et sont l'œuvre de Sénac de Meilhan. M. Cousin (Histoire de madame de Sablé) ne pouvoit se dispenser de faire revivre cette femme célèbre. Somaize (t. 1, p. 290) l'appelle Pamphilie:

«Pamphilie, estant l'honneur de son sexe, mérite bien d'estre mise au rang de tout ce qui se trouve d'illustres prétieuses. C'est une princesse formée du sang des demy-dieux, et que la nature mit si advantageusement en œuvre qu'elle fut plus belle que la mère des amours, et qu'elle égalle encore ce qui se peut voir de plus charmant. Elle a pour sœur une celèbre reyne qui a eu l'honneur de recevoir deux fois le sceptre des Sarmates (les Polonais), qu'elle rend tous les jours doublement sujets par sa beauté et par le rang de souveraine. Si elle ne fait pas briller la blancheur de son beau front sous le riche et majestueux tour d'un diadème, ce n'est pas qu'elle en ait esté moins digne, mais que la fortune, qui craignoit de rendre son empire plus grand que le sien, ne put se résoudre à la placer dessus le trône. Pamphilius (le prince palatin), l'un des plus considérables héros qui habitent vers le Rhin et le Danube, a profité du caprice de cette déesse des événemens, ayant, par son mérite, trouvé le moyen de s'insinuer dans le cœur de nostre héroïne, de qui tant d'aultres cœurs avoient en vain voulu estre les victimes, et d'estre en un mot l'heureux espoux de la plus belle moitié du monde. Elle a esté long-temps l'un des mobiles de toutes les actions de la cour du grand Alexandre, joignant les lumières de son bel esprit à celles de ses premiers ministres pour la conduite des plus importantes affaires. Alors les Muses latines et françoises prenoient plaisir d'y establir leur Parnasse en sa faveur, n'y ayant personne qui en connust mieux les talens et qui les accueillist plus obligeamment que la divine Pamphilie. Il y avoit aussi une forte émulation entr'elles à qui auroit l'honneur de se rendre plus agréable à son esprit; mais ce bonheur fut le précieux partage de celle qui avoit le docte et l'ingénieux Rodolphe (M. Robinet) pour son père, l'un de nos premiers historiographes. Le sort de cette Muse causa tant de jalousie à plusieurs autres, qu'elles se retirèrent de despit et de honte, et la laissèrent dans une paisible jouissance de l'honneur qu'elle s'estoit acquis, et qui ne donna pas aussi peu d'ombrage à celle qui s'estoit consacrée au service de la princesse Nitocris (la duchesse de Nemours).»

Elle fut aimée du duc de Guise (Montp., t. 2, p. 116) lorsqu'il étoit archevêque de Reims. Retz la juge à notre point de vue particulier (p. 97): «Madame la Palatine estimoit autant la galanterie qu'elle en aimoit le solide. Je ne crois pas que la reine Élisabeth d'Angleterre ait eu plus de capacité pour conduire un estat. Je l'ai veue dans la faction, je l'ai veue dans le cabinet, et je lui ai trouvé partout également de la sincérité».

[111] Cet évêque est l'ancien P. Faure, agent de la cour, ami du P. Berthod pendant la Fronde, puis évêque de Glandèves, et, en 1653 (Berthod, p. 389), évêque d'Amiens.

En 1656 Mademoiselle (t. 3, p. 80), le traite fort bien: «C'est un prélat qui a beaucoup d'esprit, et, quoiqu'il ait été cordelier, il n'a rien qui tienne du moine; il a été long-temps à la cour.»

[112] Ouvrez nos bons recueils, la Biographie universelle d'abord: où est l'article de l'abbé Fouquet? Voilà Fouquet son frère; mais lui-même, où est-il? Et demandez à bien des gens s'ils le connoissent, on répond: «Fouquet? eh! oui, le surintendant, les nymphes de Vaux, le procès fameux; nous ne connaissons que cela:

Jamais surintendant, etc.,

Ou encore:

..... Oronte est malheureux.

—Très bien; mais ce n'est pas cela l'abbé Fouquet.—Ma foi, qui étoit-ce?» C'étoit un homme avec qui nul ne plaisantoit; c'étoit le chef de la famille, le conseil d'abord, le patron, le soutien de son frère Nicolas; c'étoit le bras droit de Mazarin, c'étoit le ministre lui-même, l'homme puissant, le roi de France; et cela n'a pas duré qu'un jour. J'adjure les biographies de ne plus passer son nom sous silence. Bussy les instruira si elles ne savent que dire.

Déjà nous en avons parlé incidemment dans quelques notes (page 65, par exemple); Mademoiselle elle-même atteste son pouvoir et la terreur de son nom.

Basile Fouquet, abbé de Barbeaux et de Rigny, disparut de la scène avec son frère; il mourut silencieusement en 1683. Il avoit commencé avec éclat.

Il s'attaque à Retz. Guy Joly et Retz lui-même racontent comment il se chargea, si on le vouloit, d'enlever, d'assassiner, de saler le coadjuteur. Pour un homme d'Église, cela est bien oriental. On nourrissoit publiquement (Retz, p. 481) chez la portière de l'archevêché ses deux bâtards, ou plutôt deux de ses bâtards.

Il avoit aidé Vardes à se marier (Montp., t. 3, p. 76). Le président de Champlâtreux travailloit à empêcher le mariage; l'abbé Fouquet et Candale envoient des troupes chez lui et le mettent aux arrêts. On poussa des cris dans la famille, mais le mariage eut lieu. Et de trois. «Il entretenoit à ses dépens cinquante ou soixante personnes, la plupart gens de sac et de corde, qui lui servoient d'espions et le faisoient craindre.» (Gourville, p. 524).

Nous allons le voir casser tout chez madame de Châtillon. Mademoiselle de Montpensier atteste la vérité de cette scène extraordinaire (t. 3, p. 296) et s'indigne contre tant d'audace. Elle nomme le chef de ses braves (t. 3, p. 416) Biscara, officier des gardes de Mazarin. Que faire contre un tel homme? Un jour le gardien de la Bastille témoignoit son étonnement à la vue d'un lévrier qui se trouvoit dans la cour, et demandoit pourquoi il étoit là. «C'est, lui répondit un prisonnier, parcequ'il aura mordu le chien de l'abbé Fouquet.»

Fouquet lui-même, le surintendant, craignoit bien son frère; il écrivit dans ses instructions secrètes: «Si j'estois mis en prison et que mon frère l'abbé, qui s'est divisé dans les derniers temps d'avec moi mal à propos, n'y fust pas et qu'on le laissast en liberté, il faudroit doubler qu'il eust esté gagné contre moi, et il seroit plus à craindre en cela qu'un autre.»

C'est ici le lieu de transcrire un long passage des Mémoires de Mademoiselle (t. 3, p. 411); il est d'une grande valeur pour nous. Elle le date de 1659, mais la date ne sauroit être toujours admise sans réserve dans ces mémoires. «Madame d'Olonne alloit en masque tous les jours avec Marsillac, le marquis de Sillery, madame de Salins et Margot Cornuel. Le marquis de Sillery avoit été amoureux de madame d'Olonne; en ce temps-là il n'étoit que confident. Cette troupe alloit s'habiller chez Gourville; elle n'osoit le faire chez madame d'Olonne à cause de son mari. Le comte de Guiche continuoit sa belle passion pour elle, et l'abbé Fouquet, qui étoit enragé contre tous les deux, s'avisa de les brouiller et de s'en venger par là. Il obligea le comte de Guiche à demander à madame d'Olonne les lettres de Marsillac lorsqu'il se verroit un moment mieux avec elle; ce qu'il fit. Elle les lui donna: le comte de Guiche les mit entre les mains de l'abbé Fouquet, qui d'abord les montra à madame de Guéménée, afin qu'elle en parlât au Port-Royal, et que cela allât à M. de Liancourt, pour le dégoûter de lui donner sa petite-fille; il les montra aussi au maréchal d'Albret, qui alla trouver M. de Liancourt, comme son parent et son ami, pour l'avertir de l'amitié qui étoit entre madame d'Olonne et M. de Marsillac; et je crois même qu'il avoit pris quelques unes de ces lettres. M. de Liancourt lui dit: «Je m'étonne que vous, qui êtes galant, soyez persuadé que l'on rompe un mariage sur cela. Pour moi, qui l'ai été, j'en estime davantage Marsillac de l'être, et je suis bien aise de voir qu'il écrit si bien. Je doutois qu'il eût tant d'esprit. Je vous assure que cette affaire avancera la sienne.» Je crois que le maréchal d'Albret fut étonné de cette réponse. Les médisants disoient qu'il avoit fait cela autant pour plaire à l'abbé Fouquet que pour donner un bon avis à M. de Liancourt. Véritablement, si l'abbé Fouquet eût pu réussir à rendre ce mauvais office à Marsillac de rompre son mariage, il ne lui en pouvoit pas faire un plus considérable, puisque par là il lui pouvoit faire perdre cinquante mille écus de rente, avec une maison à la campagne, admirable et renommée par tout le monde à cause de ses eaux (cette maison s'appelle Liancourt), et une autre maison fort belle à Paris, surtout une fille fort bien faite. Rien n'égaloit ce parti, et, ce qui rendoit cette affaire agréable, c'est que M. de Marsillac n'en avoit obligation à personne qu'à M. de Liancourt, qui l'a choisi par amitié, parcequ'il étoit son petit-neveu et qu'il voyoit que la maison de La Rochefoucauld n'étoit pas aisée. Il la voulut rétablir par ce mariage, dont la conclusion fut hâtée à cause des avis que donna le maréchal d'Albret. Il se fit cinq ou six mois après. On tira la fille du Port-Royal, où elle avoit été élevée. Comme l'abbé Fouquet vit que cela n'avoit pas réussi, il porta à M. le cardinal toutes les lettres que Marsillac avoit écrites à madame d'Olonne. Il prétendoit qu'il avoit écrit contre le respect dû à Leurs Majestés, et qu'il y en avoit aussi qui ne plaisoient pas à M. le cardinal. Marsillac en eut connoissance, et prit avis de ses amis de ce qu'il avoit à faire. On lui conseilla de tirer de madame d'Olonne les lettres du comte de Guiche, ce qu'il fit. Aidé du marquis de Sillery, lequel reprocha à madame d'Olonne ce qu'elle avoit fait pour se raccommoder avec le comte de Guiche, il l'obligea de lui donner ses lettres. Le marquis de Sillery les porta à M. le cardinal. Il y en avoit une où il parloit de Monsieur et de la reine, et il disoit: «J'ai fait tout ce que j'ai pu pour résoudre l'enfant à être votre galant; il en avoit assez d'envie, mais il craint la bonne femme.» Ces termes parurent assez familiers, et, comme tout se sait, cela fut bientôt public.»

[113] L'Estat de la France pour 1649 le dit gouverneur de Péronne, de Montdidier et de Roye, «naguère grand-prévost de l'hostel et mareschal de camp».

Il avoit fait son chemin pendant la guerre civile. On voit ici, et, à l'article de Foucault, on a vu ce qu'étoient alors les gouverneurs de places. On se croiroit à la fin de la Ligue. Louis XIV est attendu.

D'Hocquincourt aima d'abord madame de Montbazon.

Dans l'affaire dont Bussy donne les détails, Montglat (p. 309) indique bien le rôle que Mazarin fit jouer à la maréchale pour venir à bout de son mari.

D'Hocquincourt, après avoir vendu chèrement sa soumission, se dépita, se jeta dans Hesdin et passa aux Espagnols. Il mourut bientôt à Dunkerque. Pas de pitié pour ces gens-là.

[114] On cite Simon de Wignacourt, croisé en 1190; Aloph de Wignacourt, grand-maître de l'ordre de Malte en 1601, et Adrien, grand-maître en 1690 (V. Henry-J.-G. de. Milleville, 1845). Le portrait d'Aloph ou Olaf (1569-1609) est le meilleur portrait du Caravage. Dangeau (23 août 1690) a parlé d'Adrien.

Notre Wignacourt est Vignacourt d'Orvillé, Picard (d'argent à trois fleurs de lis de gueules au pied nourri); en 1652 (Montp., t. 2, p. 327) d'Hocquincourt l'avoit déjà envoyé pour s'entendre avec les chefs de la Fronde. Est-ce lui que la cour envoie en Allemagne dans le courant de 1656 (Aubery, Vie de Mazarin, deuxième édit., t. 3, p. 150; et Quincy, Hist. milit. de Louis XIV, t. 1, p. 216) pour empêcher les électeurs de fournir des troupes à l'Espagne?

[115] Lorsque Charles II courtise madame de Châtillon, il est question de lui faire épouser Mademoiselle (Montp., t. 2, p. 148). Rétabli sur le trône (Mottev., t. 5, p. 83), il refuse Hortense Mancini et cinq millions. Il «ne cédoit à personne (Mém. de Grammont, ch. 6) ni pour la taille ni pour la mine. Il avoit l'esprit agréable, l'humeur douce et familière.» Charles II promettoit beaucoup, ce fut un triste sire.

Il «étoit d'une complexion tendre et fort galant; aussi toutes les belles de sa cour firent-elles des entreprises sur son cœur. Celles qui eurent le plus de part à sa tendresse furent Barbe de Saint-Villiers, femme de Roger Pulner, comte de Castle-Maine, en Irlande (depuis comtesse de Southampton, et enfin duchesse de Cleveland); Françoise-Thérèse Stuart, veuve de Charles Stuart, duc de Richmond et de Lenox (Mém. de M. de ***, p. 562); Mademoiselle de Quervalle, baronne de Petersfield, comtesse de Farsam, duchesse de Portsmouth, et madame Nelguin, qui avoit vendu des oranges» (Ibid., p. 568).

Macaulay a dit la vérité sur le compte de ce vilain monarque.

[116] Claire-Clémence de Maillé, fille du maréchal de Brézé, mariée le 11 février 1641 au grand Condé, qui n'en vouloit pas et qui ne l'aima jamais. Elle montra du courage pour le défendre en 1650.

Délaissée, elle eut des amants. Mademoiselle (t. 2, p. 51) cite, en 1649, Saint-Mesgrin. En 1671, un de ses valets de pied, Duval, et un page, Rabutin, qui apparemment jouissoient de ses bonnes grâces, mettent l'épée à la main l'un contre l'autre; elle accourt, elle est blessée. Toute la cour retentit de l'esclandre. Rabutin s'enfuit; il s'éleva aux premiers honneurs de l'armée impériale en Hongrie (Saint-Simon, note à Dangeau, t. 4, p. 479). À partir de ce moment, madame la princesse fut enfermée à Châteauroux; son fils lui cacha la mort de Condé. Elle mourut le 16 avril 1694 (Dangeau, 18 avril).

Madame de Motteville (t. 4, p. 80) lui a rendu quelque justice: «La douleur l'avoit embellie... Elle avoit des qualités assez louables; elle parloit spirituellement quand il lui plaisoit de parler, et, dans cette guerre (de Bordeaux), elle avoit paru fort zélée à s'acquitter de ses devoirs. Elle n'étoit pas laide: elle avoit les yeux beaux, le teint beau et la taille jolie. Sans se faire toujours admirer de ceux qui la conduisoient et de ceux qui étoient auprès d'elle, elle a du moins cet avantage d'avoir eu l'honneur de partager les malheurs de M. le Prince.»

[117] Boligneux est une «paroisse avec titre de comté, dans la Bresse». (Expilly, t. 1, p. 717.)

Madame de Sévigné parle (31 juillet 1680) de Louis de La Palu, comte de Boligneux, cousin de M. de la Trousse; ailleurs (15 septembre 1677), elle dit: «La vieille Boligneux, qui étoit ma tante.»

Il y avoit en 1690 un régiment de Boligneux dans l'armée de Boufflers (Dangeau, 16 septembre 1690).

Saint-Simon dit de Bouligneux, lieutenant-général, tué devant Verne en 1704 (t. 4, p. 384), que c'étoit un homme «d'une grande valeur, mais tout à fait singulier».

[118] «On dit que messieurs de La Feuillade ne sçauroient prouver qu'ils soient venus des anciens vicomtes d'Aubusson, ni même que le grand-maître cardinal d'Aubusson fût de leur maison. Je laisse à examiner ce fait aux généalogistes.» (Am. de La Houssaye, t. 1, p. 131.)

Et moi aussi. La Feuillade (François d'Aubusson) étoit neveu de l'archevêque d'Embrun, dont on se moqua si souvent à la cour. Il étoit un peu couard. Bussy raconte dans ses Mémoires manuscrits (cabinet de M. Montmerqué) qu'il ne fut pas très satisfait de ce que l'Histoire amoureuse contenoit sur son compte. Il avoit été compagnon d'armes et ami de Bussy. Il fut lié avec Fouquet; il l'avertit de sa prochaine disgrâce (Mottev., t. 5, p. 140).

Ce fut le favori de Louis XIV quand Lauzun fut frappé de déchéance. À chaque page, dans les Etats du comptant (Archives nat., sect. hist., carton K; p. 120, nº 12), il est question des gratifications que le roi lui accorde; il les payoit en adulations byzantines. La place des Victoires est une place de son fait.

Sur la fin de sa vie, Louis XIV s'en dégoûta. Il mourut en septembre 1691, à soixante ans passés. Son père, qu'il n'avoit pas connu, étoit mort au combat de Castelnaudary, en 1631.

Saint-Simon lui attribue la plate réponse que le maréchal de Grammont fit un jour à Louis XIV, lorsque le roi le surprit battant un valet. La Feuillade avoit servi de confident dans l'histoire des amours de mademoiselle de Fontanges.

[119] Son père, François Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvres, maréchal de France, né en 1573, mourut à quatre-vingt-dix-sept ans, le 5 mai 1670.

Tallemant (t. 1, p. 383) dit qu'il étoit dissolu au dernier point, ayant, selon le bruit public, couché successivement avec ses six sœurs. Il eut en premières noces 1º le marquis de Cœuvres, 2º le comte d'Estrées, 3º l'évêque de Laon, et en secondes noces le marquis d'Estrées.

Il étoit fils d'Antoine d'Estrées, premier baron du Boulonnois, et neveu de la «charmante» Gabrielle. Il avoit épousé la fille de Montmor, trésorier de l'épargne, veuve du maréchal de Thémines. La satire 3 de Régnier lui est dédiée.

Son fils aîné, en 1648, sert en Catalogne avec le titre de maréchal de camp.

En 1615, le père est maître de la garde-robe de Monsieur, qui est bien jeune alors; il fut employé dans les ambassades, à Bruxelles, pour enlever le prince de Condé (Fontenay-Mareuil, t. 1, p. 21), et surtout à Rome, où il montra de l'habileté. Ses Mémoires sont intéressants pour l'histoire diplomatique.

C'est lui qui, avec le marquis de Rambouillet, est le premier des jeunes gens de la cour roulant carrosse sous Henri IV (Tallem., t. 1, p. 112).

Le marquis de Cœuvres fut fiancé en 1647 (Mottev., t. 2, p. 216) avec mademoiselle de Thémines, fille de la seconde femme de son père. Il fit partie de l'assemblée de la noblesse en 1649 (Mottev., t. 3, p. 272), réunie pour combattre les prétentions de La Rochefoucauld et de quelques autres. Il se battit en duel avec Plessis-Chivray, frère de la maréchale de Grammont. Ce fut «un des plus beaux combats de la Régence» (Tallem., t. 4, p. 435); il n'y eut pas de raillerie. En 1650 il est à Laon, place de son père (Catal. de la Bibl. nat., t. 2, [histoire] nº 1632). En 1670 (Daniel, t. 2, p. 394) il est colonel du régiment d'Auvergne.

Le comte d'Estrées, son frère, fut maréchal de France; l'évêque de Laon devint cardinal.

[120] La date est précise. Si ce n'est que de l'appareil et si elle ne rend pas la lettre authentique, au moins est-il impossible de nier que dans tout ce qui précède et dans tout ce qui suit, Bussy raconte avec une grande clarté et avec des détails fort intéressants des faits qui ont une valeur véritable. L'histoire de la Fronde et du ministère de Mazarin est éclairée, grâce à ce livre badin, d'une lumière qui, sans l'Histoire amoureuse, lui manqueroit. Les historiens qui ont souci de la tâche qu'ils se donnent ne peuvent négliger, sans encourir de reproche, une source qui est, en certains cas, unique, et qui est toujours bonne. Il ne faut pas que les grâces trop raffinées du récit écartent la science sévère des enseignements qui l'attendent dans ce livre. Nous croyons pouvoir déclarer, sans crainte de rien donner à l'engoûment que l'annotateur a quelquefois pour son texte, que l'ouvrage de Bussy-Rabutin peut prendre place parmi les plus utiles mémoires écrits sur l'histoire du règne de Louis XIV.

[121] Nous ne paraphraserons pas cette indication rapide.

[122] Je pense que ce M. de Vaux est un agent subalterne de la police de l'abbé Fouquet ou un logeur du Marais.

[123] C'est celle à qui, dans la lettre célèbre de madame de Sévigné (1672), madame de Longueville demande des nouvelles de son fils. Elle étoit sœur de madame de Montbazon. Catherine-Françoise de Bretagne est morte le 21 novembre 1692.

Tallemant (t. 4, p. 454) lui accorde du mérite. Elle savoit le latin: «Les Vertus descendoient directement de François, comte de Vertus et de Goello, baron d'Avaugour et seigneur de Clisson, de Champtocé, etc., fils naturel de François II, duc de Bretagne, et d'Antoinette de Maignelois, dame de Cholet.»

Amie intime, et en tout temps, de madame de Longueville, elle cherche à la réconcilier un jour avec La Rochefoucauld, un autre jour avec son mari (1654, Montp., t. 2, p. 442).

Elle resta demoiselle, ne put vivre chez sa mère, qui étoit trop peu mère de famille, et alla d'abord chez madame de Rohan, puis à Port-Royal.

M. Victor Cousin lui a donné une place à côté de son amie.

[124] On a attribué à tort à M. de Brégy les Mémoires de M. de ***, qui ne semblent être qu'une compilation. C'étoit un pauvre homme qui se croyoit important (Montp., t. 2, p. 318) et dont on rioit, malgré ses ambassades en Pologne et en Suède. C'est son fils sans doute qui, gouverneur du Fort-Louis, fut tué près de cette place en 1689 (Quincy, t. 2, p. 174, et Dangeau, 14 juin 1689).

Charlotte de Chazan, sa femme, née en 1619, morte le 13 avril 1695, étoit fille du premier lit de madame Hébert, femme de chambre de la reine-mère. Elle étoit «jolie, quoique brune et petite» (Tallem., 2e édit., t. 7, p. 169). Sa gentillesse la fit nommer fille de la reine, du dehors, c'est-à-dire non titrée, domestique. La reine l'aima tout de suite et la combla de faveurs. Son esprit acheva sa fortune: il étoit vif, élégant, coquet. Tallemant dit: «C'est la plus grande façonnière et la plus vaine créature qui soit au monde.» Mais elle plut à tout le monde et elle écrivit des lettres qu'on admira. La mère «n'étoit ni muette (Mottev., t. 2, p. 74), ni philosophe, et n'étoit guère écoutée.» La fille, bel esprit reconnu, épousa à seize ans Léonor de Flesselles, comte de Brégy, qui aima ses servantes plus que sa femme. Madame de Brégy devint dame d'honneur et amie de la personne influente, madame de Motteville (Mottev., t. 3, p. 136).

L'Estat de la France pour 1649 donne la liste du service de la reine-mère.

Les dames sont: Madame la maréchale de Vitry, madame de Chaumont (sœur du président de Bailleul), madame de Sainct-Simon (belle-sœur du duc de Sainct-Simon), la marquise de Rosny, la comtesse de Boesleau, madame de Chavannes, madame de Vaucelles, madame de Bonœil, madame de Vieux-Pont, madame de Brégy, madame la présidente de Mortecelle et autres.

Puis viennent les filles d'honneur, puis les femmes de chambre.

Anne d'Autriche, dans son testament, lègue à madame de Brégy 30,000 livres. Louis XIV fit plus encore pour elle. On voit dans les registres secrets (Corresp. admin., t. 3) qu'il lui donne une fois 300,000 livres. Christine de Suède lui avoit donné 400,000 livres, dit-on. Madame (lettre du 10 novembre 1719) croit savoir pourquoi: «Elle a forcé madame de Brégy à des turpitudes, et celle-ci n'a pu se défendre.»

Madame de Brégy étoit très féconde et craignoit les grossesses. Loret (15 novembre 1650) le fait entendre:

Clorinde, ce dit-on, postule
Pour obtenir arrest ou bulle
Qui la dispense absolument
Obéir à ce sacrement
Qui fait qu'avec regret on couche
Quelquefois deux en une couche.

En effet elle devint laide.

Dans la mazarinade de: La Vérité des proverbes de tous les grands de la cour, on lui fait dire: «Il n'y a si belle rose qui ne devienne gratte-cul.»

Mais son esprit lui resta; c'est cet esprit que Louis XIV aimoit. Il paroît que lui-même (Choisy, p. 673) fit pour elle une chanson:

Vous avez, belle Brégis...

On a une lettre qu'il lui écrivit lorsqu'elle désira se séparer de son mari (Œuvres de Louis XIV, t. 5, p. 19):

«À la comtesse de Brégi.

«À Fontainebleau, le 4 juin 1661.

«Quand on sçait demander les choses d'aussi bonne grâce que vous faites, et même des choses raisonnables, on n'importune jamais. Il ne tiendra pas à moi que votre procès (contre M. de Brégy) ne finisse. Je m'en expliquerai dans les termes que vous pouvez souhaiter; mais souvenez-vous, une fois pour toutes, que votre respect m'offenseroit si, dans les occasions, vous ne recouriez à moi avec la confiance que mérite l'estime que j'ai pour vous.»

Cette séparation fut une grande affaire, qui occupa long-temps Colbert et Louis XIV (V. leurs lettres).

Mazarin, dit-on, l'avoit aimée: «Le cardinal étoit amoureux d'une dame qui étoit chez la reine. Je l'ai connue, elle logeoit au Palais-Royal, et on la nommoit madame de Brégy. Elle étoit très belle, et beaucoup de gens ont été amoureux d'elle; mais c'étoit une honnête femme; elle a servi fidèlement la reine et a fait que le cardinal a mieux vécu avec la reine qu'auparavant. Elle avoit beaucoup d'esprit.» (Madame, 1 décembre 1717.)

Madame de «Brégy, étant belle femme, faisoit profession, de l'être, et même avoit l'audace de prétendre que ce grand ministre avoit pour elle quelque sentiment de tendresse.» (1647; Mottev., t. 2, p. 221.)

La comtesse de Brégy s'est peinte elle-même (en tête de ses Œuvres galantes; Leyde et Paris, J. Ribou, 1666): «Ma personne est de celles que l'on peut dire plustost grandes que petites. Mes cheveux sont bruns et lustrez; mon teint est parfaitement uny: la couleur en est claire, brune et fort agréable; la forme de mon visage est ovale, tous les traits en sont réguliers: les yeux beaux et d'un meslange de couleurs qui les rend tout à fait brillants; le nez est d'une agréable forme; la bouche n'est pas des plus petites, mais elle est agréable et par sa forme et par sa couleur; pour les dents, elles sont blanches et rangées justement comme le pourroient estre les plus belles dents du monde. La gorge est assez belle, et les bras et les mains se peuvent montrer sans trop de honte. Tout cela est accompagné d'un air vif et délicat. Je suis propre et m'habille bien.»

C'étoit véritablement un bel esprit. Benserade l'a choyée; elle croyoit que c'étoit elle qui étoit l'héroïne du sonnet de Job: aussi le défendit-elle (V. sa Lettre à madame de Longueville; Cousin, 2e édit., p. 331). «Belarmis (Somaize, t. 1, p. 38) est une prétieuse qui vit en célibat, quoyque son mary soit encore vivant. Son esprit a fait parler d'elle et l'a fait connoistre pour prétieuse, non seulement parcequ'elle parle comme elles, mais encore parcequ'elle écrit fort bien en vers et en prose. Sa demeure est dans le palais que Sénèque (Richelieu) a fait bastir dans le quartier de la Normandie (Saint-Honoré), au Palais-Royal.

M. de Brégy mourut le 2 novembre 1712. Il est remarquable qu'un si grand nombre de nos personnages aient mené la vie si longue.

Madame de Brégy mourut, comme nous l'avons dit, en avril 1695. Dangeau (12 avril) dit de la défunte: «Elle a laissé, en mourant, 250,000 francs à Monsieur pour restituer; elle avoit eu cela d'un don que lui avoit fait la reine-mère autrefois, qu'elle a prétendu un moment injuste.»

Et Saint-Simon (Note à Dangeau, t. 2, p. 135): «C'étoit une antique beauté et un esprit, grande intrigante, et à qui, de la régence et de la jeunesse de Monsieur, il étoit resté grande familiarité avec eux et avec la reine-mère.»

Il a raconté une plaisante aventure qui lui arriva autrefois à Saint-Germain: Elle étoit sur son lit, le dos tourné vers la porte, attendant un lavement. Sa femme de chambre ne venoit pas. Estoublon passe par là, voit ce dos découvert, donne en silence le lavement et disparoît. La femme de chambre arrive enfin; ni elle ni la dame médicamentée n'y purent rien comprendre.

[125] Edme lord Montaigu avoit été envoyé en France en 1628 par la cour d'Angleterre pour s'entendre avec les princes et arranger une conspiration (La Porte, p. 10). Il avoit fait connoissance, par le canal de Buckingam, avec Anne d'Autriche, et lui avoit plu. En 1643 il est son confident (Mottev., t. 2, p. 12, et Monglat, p. 141): Mazarin, pour arriver au ministère «se servit de milord Montaigu, autrefois créature de Châteauneuf, mais qui, depuis sa retraite à Pontoise, avoit été gagné par la mère Jeanne, religieuse carmélite, sœur du chancelier Séguier.» (Mém. de M. de ***, p. 455.)

Pendant toute la Fronde, Montaigu fut très occupé: il s'étoit fait catholique et étoit devenu abbé de Saint-Martin à Pontoise. Retz (p. 296, 357) et d'autres attestent son activité et son dévoûment à la cause royale.

C'est son fils que nous trouvons en 1649 gouverneur de Rocroy (Estat de la France), qu'en 1653 il essaie en vain (Lenet, p. 615) de défendre contre les Espagnols, et que nous voyons, en 1657, cornette des chevau-légers du roi (Montp., t. 3, p. 217). Bussy parle de ce Montaigu-là.

Le père, milord de Montaigu, comme on disoit, resta jusqu'au dernier moment l'ami de la reine-mère; elle alloit le visiter dans son abbaye (Mott., t. 5, p. 18.—1659). Il conserva aussi un grand crédit sur le ministre et sur la cour d'Angleterre. C'est lui qui, en 1660 (Mottev., t. 5, p. 83), veut marier Charles II à Hortense Mancini; c'est lui qui amène la reine Henriette à reconnoître pour sa belle-fille la femme du duc d'Yorck, Anne Hyde de Clarendon. Il «n'avoit pas de désirs pour la fortune, ses attachements étoient en France; la véritable piété faisoit qu'il étoit désintéressé.» Il assista Anne d'Autriche à son lit de mort (Montp., t. 4, p. 91, et Mottev., t. 5, p. 235.)

Le fils, «le petit milord Montaigu» (Mottev., t. 5, p. 134), jouissoit du crédit de son père en France, et y joignoit le sien auprès du roi restauré d'Angleterre. Il devint ambassadeur d'Angleterre en France et courtisa les dames de l'un et de l'autre pays. On le compte parmi les galants de la très galante madame de Brissac.

Pour contenter cette beauté,
L'ambassadeur a l'air trop fade.

C'étoit donc, apparemment, un Anglois aux cheveux blonds. Il quitta madame de Brissac en 1672 pour Elisabeth Wriothesley, comtesse de Northumberland, sœur de l'héroïque lady Russell; il l'épousa, non sans peine, en 1673; elle mourut à quarante-quatre ans, en 1690.

Madame de La Fayette écrivit sur cela à madame de Sévigné:

«On dit ici que, si M. de Montaigu n'a pas un heureux succès de son voyage, il passera en Italie pour faire voir que ce n'est pas pour les beaux yeux de madame de Northumberland qu'il court le pays.» (30 décembre 1672.)

Et le 13 avril 1673: «Montaigu s'en va; on dit que ses espérances sont renversées; je crois qu'il y a quelque chose de travers dans l'esprit de la nymphe.»

Veuf, Montaigu épousa la folle duchesse d'Albemarle, qui ne consentit à lui donner sa main et ses richesses que lorsqu'il se présenta en grande pompe sous le nom et avec un appareil digne de l'empereur de Chine.

Lord Montaigu avoit été remplacé, comme ambassadeur, par le comte de Sunderland, gendre de Digby. Tous nos amis sont casés.

Le British Musæum a été établi dans l'hôtel même de lord Montaigu.

La sœur de lord Montaigu épousa le chevalier Hervey, qui a écrit un poème latin sur le style épistolaire:

Natura mulier, vir magis arte valet.

C'est à elle que La Fontaine a dédié la 23e fable de son livre 12.

[126] Recourons uns fois de plus à Mademoiselle (t. 3, p. 297): «Cette affaire (de la cassette des lettres prise chez l'abbé Fouquet) se passa un peu devant que je revinsse à la cour (1658). Deux ou trois mois après, madame de Brienne alla avec madame de Châtillon à la Miséricorde, qui est un couvent du faubourg Saint-Germain. Elles étoient au parloir, et madame Fouquet, la mère, y vint avec l'abbé. Madame de Châtillon dit à madame de Brienne: «Ah! ma bonne, que vois-je? quoi! cet homme devant moi!» Madame de Brienne et la Mère de la Miséricorde lui dirent: «Songez que vous êtes chrétienne et qu'il faut tout mettre aux pieds de Jésus-Christ.» La Mère de la Miséricorde s'écria: «Au nom de Jésus, mon enfant, au nom de Jésus, regardez-le en pitié!»

Au nom de Jésus, je crois pouvoir affirmer que la Mère de la Miséricorde faisoit là un métier auquel on donne un vilain nom.

M. Henri Bordier (Les Eglises et les Monastères de Paris) ne cite qu'un ancien couvent qui porte le nom de la Miséricorde: les Hospitalières de la rue Mouffetard (p. 81), établies en 1656 pour secourir les femmes pauvres.

[127] Mesdames de Saint-Chaumont et de Feuquières sont les sœurs du maréchal de Grammont. Le comte de Grammont (Mém., ch. 12) se fait dire par son frère: «La Saint-Chaumont, qui n'a pas, à beaucoup près, le jugement aussi merveilleux qu'elle se l'imagine...»

Elle servit son neveu Guiche dans son intrigue avec Madame (Lettres de Madame, 30 septembre 1718). Elle étoit gouvernante des enfants de Monsieur (La Fare), et avoit été, pour cette place, en concurrence avec madame de Motteville (t. 5, p. 158; 1661). «La cabale favorite du roi, composée de la comtesse de Soissons et de Fouilloux, fille de la reine-mère, confidente et amie de cette princesse», la soutint. Elle fut aussi demandée par Monsieur, grâce aux manœuvres de mademoiselle Chemerault, qu'il aimoit alors.

«Sinaïde (Somaize, t. 1, p. 223) est une prétieuse fort spirituelle et fort sage, et qui écrit fort poliment en prose.»

[128] Continuons l'histoire: «Cependant le prince de Condé ne fit plus en France la même figure qu'il y avoit fait autrefois. Bien loin de le voir mêlé dans les affaires, agissant par luy-même et se rendant considérable par son crédit, nous ne le verrons plus que dans une continuelle dépendance. Sur quoy l'on rapporte que, la duchesse de Châtillon ayant fait des reproches à ce prince du peu de soins qu'il prenoit de faire valoir son autorité, et luy ayant remontré qu'étant prince du sang, il devoit tenir le rang qui étoit dû à sa dignité, ce prince luy répondit: «Madame, je n'ignore pas ce que vous venez de me représenter, et, assurément, je n'ay pas besoin qu'on m'invite à faire valoir l'autorité qui est due à ma naissance. J'y serois assez porté moi-même, si le roy étoit moins jaloux de son pouvoir et moins heureux qu'il n'est; mais aussi, Madame, si vous connoissiez son humeur comme je la connois, vous me parleriez d'une autre manière que vous ne faites.» (Pierre Coste, p. 251.)

Cela fut dit en 1660; mais le temps étoit passé des aventures politiques, et madame de Châtillon dut bientôt se résigner à devenir madame de Meckelbourg.

En 1680 (Sévigné, 12 janvier), «madame de Meckelbourg est logée à la rue Taranne, où étoit la Marans. Cela ne ressemble guère à l'hôtel de Longueville.»

En 1692, Abraham du Pradel (le Livre commode) la loge près de Saint-Roch et lui donne le titre de dame curieuse, c'est-à-dire de collectionneuse, de dame à beaux meubles, à tableaux, à colifichets. Ce fut là son dernier logement. Lorsqu'elle meurt, Saint-Simon (t. 1, p. 50). dit qu'elle logeoit dans une des dernières maisons près de la porte Saint-Honoré.

Elle avoit beaucoup aimé son frère Luxembourg; elle ne lui survécut pas (Saint-Simon, t. 1, p. 84 et 144).

M. de Meckelbourg étoit mort à La Haye en 1692. Madame de Meckelbourg étoit restée l'amie de Monsieur (Saint-Simon, note à Dangeau, 24 janvier 1695). En mourant elle laissa 4,000,000 encore, près de douze millions d'aujourd'hui.

«Ah! ne me parlez point de madame de Meckelbourg: je la renonce. Comment peut-on, par rapport à Dieu et même à l'humanité, garder tant d'or, tant d'argent, tant de meubles, tant de pierreries, au milieu de l'extrême misère des pauvres dont on étoit accablé dans ces derniers momens?» (Sév., 3 février 1695.)

[129] Quand Vardes meurt (en août 1688), madame de Sévigné écrit (3 septembre 1688): «Il n'y a plus d'homme à la cour bâti sur ce modèle-là.» Vardes avoit été le type du gentilhomme de palais royal.

Son père, en 1617, avoit épousé madame de Moret, ancienne maîtresse de Henri IV (Jacqueline de Bueil, née vers 1580, mère, en 1607, d'Antoine de Bourbon, comte de Moret, mariée en 1610 à Philippe de Harlay, comte de Césy).

Vardes s'appeloit René François du Bec Crespin (en Normandie). Je ne l'aime pas beaucoup, pour ma part: il fut égoïste. Ses amours avec madame de Roquelaure (Conrart, p. 250), et, plus tard, dans son exil, avec mademoiselle de Thoiras, qu'il laissa dans l'embarras, ne parlent pas en sa faveur. Madame de Sévigné (28 juin 1671 et 30 mars 1672) a parlé de cette dernière liaison: «J'ai horreur de l'inconstance de M. de Vardes; il a trouvé cette conduite dans le feu de sa passion, sans aucun sujet que de n'avoir plus d'amour. Cela désespère, mais j'aimerois encore mieux cette douleur que d'être quittée pour une autre. Voilà notre vieille querelle. Il y a bien d'autres sujets sur quoi je n'approuve pas M. de Vardes.»

Vardes avoit épousé Catherine Nicolaï. «Le bruit courut partout qu'il étoit impuissant, ce qui passoit pour une vérité parmi ceux qui ne le connoissoient pas particulièrement; mais ceux qui le connoissoient assuroient qu'il ne l'étoit pas, mais qu'il n'étoit pas fort vigoureux, et que c'est ce qui avoit donné lieu à ce bruit. Sa femme soutenoit à sa mère et à tous ses parents que tant s'en falloit que cela fût, que même il étoit fort vert galant.» (Conrart, p. 252.)

Le mariage eut lieu (V. Loret) le 19 septembre 1656. Mademoiselle de Nicolaï, fille du premier président de la chambre des comptes et de Marie Amelot, mourut en 1661.

La fille de Vardes, Marie-Elisabeth du Bec, fut mariée en 1678 à Louis de Rohan-Chabot.

C'est pour son mariage avec mademoiselle de Nicolaï que Vardes fut si vigoureusement aidé contre la famille par l'abbé Fouquet et Candale (Montp., t. 3, p. 76).

Jarzay l'avoit soutenu dans l'intrigue qu'il eut avec madame de La Roche-Guyon. Veuf, il eut deux fois à refuser mademoiselle de La Vallière: on la lui offrit avant l'exaltation; on la lui offrit encore après la chute. Il avoit eu Ninon. Madame de Vardes, morte jeune, avoit brillé à l'hôtel de Rambouillet (Walck., t. 1, p. 39).

En 1650, Vardes est épris de madame de Lesdiguières (Retz, p. 206); en 1652, il combat dans le parti de la cour et a le poignet cassé à Etampes (Conrart, p. 74). Tallemant (ch. 355) dit qu'il touchoit une pension de 6,000 livres pour son beau dévoûment.

De 1655 à 1678 (Daniel, t. 2, p. 312) il fut capitaine de la compagnie des Cent-Suisses. Ce gentilhomme, si poli au Palais-Royal et au Louvre, avoit quelque cruauté. Il fait couper le nez à Montandré, auteur d'un libelle écrit contre madame de Guébriant, sa sœur (Retz, p. 258); il se bat avec le duc de Saint-Simon pour un procès, et il est vaincu (Saint-Simon, 1, p. 50).

La Gazette de France le montre, au mariage du roi, «lestement vestu, à la teste des Cent-Suisses, aussi en habits neufs passementez d'or, avec la toque de velours ondoyée de belles plumes, marchant, tambours battant, sous leur enseigne, semée de fleurs de lys d'or.»

Sa faveur étoit grande alors. Il étoit beau (de la tête au moins); il se crut autorisé à courtiser madame de Conti. Conti l'y prend (Choisy, p. 627) et l'en dégoûte. Il étoit joueur et ami de Gourville (Mém. de Gourville, p. 529), à qui il raconta l'histoire de la lettre espagnole. Madame ne l'aimoit pas (Conrart, p. 279); il poussa le chevalier de Lorraine à l'aimer. Puis vint en effet cette malheureuse lettre espagnole, imaginée avec Guiche et madame la comtesse de Soissons, qui les perdit (Montp., t. 4, p. 43).

«Le roi a fait mettre dans la Bastille M. de Vardes; on ne sçait point le sujet: on dit que c'est à cause de M. Fouquet; mais apparemment c'est le prétexte de quelque autre chose.» (Guy Patin, 16 décembre 1664.)

«M. de Vardes a été amené d'Aigues-Mortes dans la citadelle de Montpellier, par ordre du roi, d'où l'on dit qu'il sera conduit à Paris (31 mars 1665).

(Même lettre.) «Le comte de Guiche a reçu commandement du roi de se retirer à La Haye (en Hollande), et la comtesse de Soissons n'est pas bien dans l'esprit du roi à cause de la lettre qui est venue d'Espagne.»

Vardes alla d'abord à la Bastille, où on courut le voir en procession. Il n'en étoit pas moins perdu, et l'amitié du roi lui étoit ravie. Il «avoit une ambition déréglée (Mottev., t. 5, p. 227) et naturellement étoit artificieux et vain.» On l'envoya dans la citadelle de Montpellier (La Fare), puis on lui permit de se promener un peu; mais il resta en exil. Madame de Grignan l'y retrouve, toujours capitaine en titre des Cents-Suisses (Sévigné, édit. Didot, t. 3, p. 39), s'occupant de chimie et poursuivant surtout la découverte de l'or potable (1er juillet 1676). En 1683 il reparut à la cour (Sévigné, 26 mai) vieilli, cassé, mais élégant, roide, poli, reste glacé des grâces de la Régence, et, plutôt qu'un modèle, un souvenir. Louis XIV fut clément et doux.

«M. de Vardes est ici plus délicieux que jamais, et joignant les perfections humaines et la sagesse de l'honnête homme à celle d'un bon chrétien.» (Lettre de Corbinelli, 1er juin 1684.)

Dangeau (21 janvier 1688) montre que de Vardes reconquit presque sa place perdue dans la faveur. Il meurt le 3 septembre 1688, laissant 40,000 livres de rente à son gendre. Saint-Simon, parlant de son exil et de son retour, dit: «Il en revint si rouillé qu'il en surprit tout le monde et conserva toujours du provincial. Le roi ne revint jamais qu'à l'extérieur, et encore fort médiocre, quoiqu'il lui rendît enfin un logement et ses entrées.»

[130] Dans les Amours de madame de Brancas, M. d'Olonne, Jeannin, Paget, reparoîtront. On y verra que, si madame d'Olonne jouoit des tours à son mari, celui-ci ne se gênoit nullement pour courir la pretentaine. Il paya sa belle-sœur, madame la maréchale de La Ferté; il enleva madame de Brancas à Jeannin; il eut une autre de ses belles-sœurs, la femme de son frère Royan. Ce gros homme, ce «tonneau», n'étoit donc pas adonné uniquement aux voluptés culinaires.

[131] «Dans ce temps-là je fus d'une partie de plaisir à la campagne qui fit bien du bruit. Je l'écrivis et la montray un an après à Mme ****, pour lors de mes amies. Elle en fit une histoire à sa mode, qu'elle fit courir dans le monde quand nous nous brouillâmes; mais voicy naturellement comme elle se passa:

«Vivonne, premier gentilhomme de la chambre du roy, voulant aller passer les festes de Pasques à Roissy, qui est une terre à quatre lieues de Paris, qui luy venoit du coté de sa femme, proposa à Mancini, neveu du cardinal Mazarin, et à l'abbé le Camus, aumônier du roy, d'être de la partie, lesquels ne s'en firent pas presser. Deux jours après qu'ils y furent, le comte de Guiche et Manicamp, l'ayant appris, les allèrent trouver, et menèrent avec eux le jeune Cavoye, lieutenant au régiment des gardes. Aussi-tôt qu'ils y furent arrivez, Mancini et l'abbé s'enfermèrent dans leurs chambres, se défiant des emportemens du comte de Guiche et de Manicamp; et le lendemain, jour du vendredy saint, ils en partirent de grand matin et revinrent à Paris. Quand Vivonne et les autres l'eurent appris, ils proposèrent de m'envoyer prier de les aller voir. Vivonne m'en écrivit un billet, et moy, n'ayant alors rien à faire à Paris, je montay à cheval et je les allay trouver. Je les rencontray qu'ils venoient d'entendre le service. Un moment après nous envoyâmes à Paris quérir quatre des petits violons du roy et nous nous mîmes à table. Après dîner nous allâmes courre un lièvre avec les chiens du Tilloy. Pour moy, qui n'aime point la chasse, je m'en revins bientôt au logis, où, ayant trouvé les violons, je me divertis à les entendre. Je n'eus pas pris ce plaisir une heure durant que je vois entrer dans la cour le comte de Guiche au galop, qui menoit un homme par la bride de son cheval comme un prisonnier de guerre, et Manicamp derrière avec un fouet de postillon pour le presser. Je courus pour sçavoir ce que c'étoit. Je trouvay un homme vêtu de noir, assez agé, qui avoit la mine d'un honnête homme. Il me fit pitié, et, ayant témoigné au comte de Guiche que je condamnois son procédé, le bon homme prit la parole et me dit qu'il entendoit raillerie. Je le menay dans la salle, où il me conta que, s'en retournant à Paris de sa maison de campagne, il avoit rencontré ces messieurs; que le comte de Guiche, qui l'avoit abordé le premier, luy ayant demandé qui il étoit, il luy avoit répondu qu'il étoit le procureur de M. le cardinal, nommé Chantereau; que le comte de Guiche luy avoit dit: «Ah! monsieur Chantereau, je suis fort aise de vous avoir rencontré, il y a long-temps que je vous cherchois. J'ay ouy faire bon récit de votre capacité, et, pour moy, j'ay toûjours fort aimé la chicanne»; que sur cela il avoit bien veû que c'étoit de la jeunesse qui vouloit rire, et qu'il avoit pris son parti de ne se point fâcher. Il me fit cette relation avec la même exactitude qu'il auroit fait une information. Je luy dis qu'il avoit fait en galant homme, et je luy fis apporter du vin pendant qu'on faisoit manger de l'avoine à son cheval. Après cela, il nous quitta fort content de la compagnie, et particulièrement de moy. Les violons recommencèrent à jouer jusqu'au souper, que nous passâmes gayement, mais sans débauche. Au sortir de table, nous les menâmes au parc, où nous fûmes jusqu'à minuit. Le samedy nous nous levâmes fort tard, et nous passâmes le reste de la journée à nous promener dans des calèches. Comme nous avions impatience de manger de la viande, nous voulûmes faire médianoche. Ce repas-là ne fut pas si sobre que les autres: nous bûmes fort, et sur les trois heures après minuit nous nous allâmes coucher. Nous étant levez à onze heures du matin le jour de Pâques, nous oüîmes la messe dans la chapelle du château; nous dînâmes et nous nous en retournâmes à Paris, où, à l'entrée de la ville, chacun s'en alla de son côté.

«Nos ennemis et ceux qui, sans haïr, ne laissent pas de couper la gorge, se souvinrent de nous à la cour. Ils sçavoient qu'un des plus grands plaisirs qu'ils pouvoient faire au cardinal étoit de luy fournir des prétextes de ne pas faire du bien à ceux à qui il en devoit et de se venger de ses ennemis. Ils luy dirent donc la partie de Roissy, et qu'on y avoit fait mille choses contre le respect qu'on doit à Dieu et au roy.

«Il avoit des raisons particulières de haïr, de craindre ou de se défier de tous ces messieurs; pour moy, il eût été bien aise de me faire une querelle pour me faire perdre, ou du moins pour différer les récompenses qu'il me devoit. Tout cela fit résoudre le cardinal de se servir de cet avis aux occasions; et, pour cacher le mal qu'il nous préparoit sous des apparences d'une justice fort exacte, il commença par exiler à Brisac Manciny, son neveu, et l'abbé le Camus à Meaux, et fit courir le bruit qu'il s'étoit fait à Roissy mille impietez, dont les dévots, disoit-il, avoient fait des plaintes à la reine.

«Le peuple, qui grossit tout et qui fait bien plus de cas du merveilleux que du véritable, décida bientôt de ce qui s'étoit fait à Roissy. Il dit d'abord qu'on y avoit baptisé des grenouilles, et puis il revint à un cochon de lait; d'autres, qui vouloient rafiner sur l'invention, disoient qu'on y avoit tué un homme et mangé de sa cuisse. Enfin, il n'y eut guère d'extravagance à imaginer qui ne fût dite.» (Mémoires de Bussy.)

Pour contrôler Bussy, lisez madame de Motteville (t. 5, p. 6): «La semaine sainte ensuivant, une troupe de jeunes gens de la cour allèrent à Roissy pour les jours saints, dont étoient le comte de Vivonne, gendre de madame de Mesmes, à qui appartenoit la maison; Mancini, neveu du ministre; Manicamp et quelques autres. Ils furent accusés d'avoir choisi ce temps-là par dérèglement d'esprit, pour faire quelques débauches, dont les moindres étoient d'avoir mangé de la viande le vendredi saint: car on les accusa d'avoir commis de certaines impiétés indignes non seulement de chrétiens, mais même d'hommes raisonnables. La reine, qui en fut avertie, en témoigna un grand ressentiment. Elle exila l'abbé le Camus pour avoir eu commerce seulement avec des gens si déréglés, quoiqu'il ne fût pas avec eux les jours que ces choses se passèrent. Le cardinal Mazarin, pour montrer qu'il ne vouloit pas protéger le crime, voulut punir tous les complices en la personne de son neveu, qu'il chassa de la cour et de sa présence; et, après avoir châtié celui-là, il pardonna à tous les autres, qui en furent quittes pour de sévères réprimandes que le roi leur fit.»

[132] Saint-Simon (t. 6, p. 121) lui a consacré trois pages que nous voudrions lui emprunter. Il ne faut pas le confondre avec Pierre Camus de Pont-Carré, que madame de Sévigné comptoit au nombre de ses bons amis. Il étoit frère du premier président de la cour des Aides et du lieutenant civil du Châtelet, et tous les trois descendoient d'une famille marchande (V. La Bruyère, t. 2, p. 201), dont ils firent tout simplement passer l'enseigne (Au Pélican) dans leurs armes.

L'abbé Le Camus fut d'abord très léger. Il s'en repentit, vécut dans la pratique des devoirs les plus difficiles, et imagina de ne vivre que de légumes. Innocent XI le prit pour cela en amitié et lui envoya le chapeau proprio motu, sans sollicitation aucune, sans avis, sans enquête. Le Camus étoit évêque de Grenoble, sur le passage de la barrette. Contre l'usage, il la prit sans l'aller recevoir à Versailles: aussi fut-il disgracié à la cour (1689).

«Pendant que le cardinal Le Camus n'étoit qu'aumônier du roi, il n'étoit pas si grave qu'il l'a été depuis, et se mettoit sur le pied de faire rire S. M. quand il en trouvoit l'occasion.» (Senecé, édit. elzev., t. 1, p. 317.)

«Etant simple abbé, il argumenta un jour à la Sorbonne avec beaucoup de chaleur contre cette définition de l'Eglise: Congregatio fidelium sub uno capite; car, disoit-il, à chaque vacance du Saint-Siége, il n'y auroit plus d'Eglise.

«Le cardinal Le Camus et le dernier archevêque de Vienne, du nom de Villars, dînant un jour ensemble dans un lieu du diocèse de Grenoble où ils s'étoient rencontrés, l'archevêque dit au cardinal: Eh! Monseigneur, mangerez-vous toujours de ces méchantes racines? Et le cardinal répondit: Monsieur, vous les trouveriez bonnes si elles vous avoient aidé à devenir cardinal.» (Amelot de la Houssaye, t. 2, p. 30.)

Madame de Sévigné disoit de lui: «C'est l'homme du monde dont j'ai les plus grandes idées (15 mai 1691.) La Fontaine (épître 26) fait également son éloge:

Je ne me donne point ici pour un oracle;
Et, sans chercher si loin, Grenoble en possède un.
Il sait notre langue à miracle;
Son esprit est en tout au dessus du commun.
C'est votre cardinal que j'entends.........

On trouve dans le recueil de chansons du comte de Maurepas (manuscrits de la Bibliothèque nationale) la chanson suivante au sujet de la nomination de Le Camus au cardinalat; elle est accompagnée d'un commentaire: «Etienne Le Camus, évesque de Grenoble, très débauché du tems qu'il étoit aumônier du roy Louis XIV, comme on verra par la suite, prit tout d'un coup l'esprit de pénitence dès qu'il fut évesque. Il vescut d'une manière très austère et très singulière, car il ne se contenta pas d'une résidence exacte et d'une application infinie dans le gouvernement de son diocèse; il preschoit outre cela continuellement. Il ne vivoit que de légumes, il mangeoit avec ses domestiques dans un réfectoire; ses gens ne le voyoient coucher ny se lever, de manière que plusieurs personnes croyoient qu'il couchoit sur la dure; enfin l'extérieur de ce prélat ne montroit que la pénitence et l'austérité. Cependant les spéculatifs jugeoient autrement de l'intérieur, et l'on étoit persuadé que l'amour de Dieu et la crainte de son jugement avoient moins de part à cette manière de vivre que la vanité et l'ambition. Ce qui arriva par la suite augmenta ces soupçons, car, le pape Innocent XI l'ayant fait cardinal, au mois de septembre 1686, sans qu'il eût paru être appuyé d'aucune protection à Rome, et étant même brouillé avec la cour de France parcequ'il étoit janséniste, il n'y eut plus lieu de douter qu'il n'eût des intelligences particulières avec Sa Sainteté et ses ministres; l'on ne doutoit même pas que ce fût aux dépens du roy, qui avoit pour lors de grandes affaires avec la cour de Rome.»

L'éminentissime Camus
A si bien dit ses oremus
Qu'il est au comble de la gloire.
Les Vivonnes et les Bussy
Sont chargés d'en faire l'histoire
Et s'informer partout ici,
Pour lui donner un nom plus noble,
S'il est cardinal de Grenoble,
Ou bien cardinal de Roissy.

L'histoire à laquelle il est fait allusion dans cette chanson se trouve ainsi rapportée dans le même recueil:

«Le cardinal Le Camus, lors aumônier du roy, fut passer la semaine sainte à Roissy, maison de M. de Vivonne; avec lui le comte de Bussy, Philippe de Mancini, duc de Nevers, de Longueval, comte de Manicamp, et plusieurs autres débauchés. Ils y mangèrent de la viande, et, avec une impiété horrible, ils y baptisèrent un cochon de lait avec les cérémonies de l'Eglise et le nommèrent Carpe. On prétend même que l'abbé Le Camus, qui étoit alors ecclésiastique, fit cette belle cérémonie.»

Baptisez un cochon de lait et soyez honnête homme!

[133] Philippe-Julien Mancini-Mazarini, duc de Nevers et de Donzy, né à Rome le 26 mai 1641, colonel de la vieille marine en 1652, chevalier de l'ordre en 1661, mort le 8 mai 1707.

Daniel (t. 2, p. 225) l'inscrit dès 1657, date du rétablissement de la première compagnie des mousquetaires, comme capitaine lieutenant de cette compagnie. Il en garda le commandement jusqu'en 1667.

Exilé à la suite de cette affaire, il fut rappelé bientôt. À la dernière cérémonie du mariage du roi, il porta la queue de Mademoiselle (Montp., t. 5, p. 70). Néanmoins, Mazarin ne lui fit pas tout le bien qu'il lui auroit fait s'il l'eût trouvé de meilleur conseil. «Quoiqu'il le déshéritât, ne le croyant pas digne de porter son nom, ce neveu déshérité ne laisse pas d'avoir la principauté ou duché de Ferreti en Italie, le duché de Nevers en France, avec une partie de la maison et beaucoup d'autres biens.» (Motteville, t. 5, p. 52.)

Ce qu'en dit Saint-Simon (t. 5, p. 390) paroît juste: «C'étoit un Italien, très italien, de beaucoup d'esprit, facile, extrêmement orné, qui faisoit les plus jolis vers du monde qui ne lui coûtoient rien, et sur-le-champ, qui en a donné aussi des pièces entières; un homme de la meilleure compagnie du monde, qui ne se soucioit de quoi que ce fût, paresseux, voluptueux, avare à l'excès, qui alloit très souvent acheter lui-même à la halle et ailleurs ce qu'il vouloit manger, et qui faisoit d'ordinaire son garde-manger de sa chambre. Il voyoit bonne compagnie, dont il étoit recherché; il en voyoit aussi de mauvaise et d'obscure, avec laquelle il se plaisoit, et il étoit en tout extrêmement singulier. C'étoit un grand homme sec, mais bien fait, et dont la physionomie disoit tout ce qu'il étoit.

«Son oncle le laissa fort riche et grandement apparenté.» Il négligea la faveur attachée à son nom, et peu à peu se retira dans la vie libre. Sa femme, fille aînée de madame de Thianges, étoit, lors de son mariage (1670), la plus belle personne de la cour. Il en fut jaloux. Fort souvent il l'emmena à Rome de grand matin, sans préparatifs; ils y firent de longs séjours. M. de Nevers mourut à soixante-six ans. «Il s'étoit fort adonné à Sceaux, et sa femme encore davantage.» Son fils n'eut pas grand crédit.

Assurément, ce n'est pas pour refaire le curieux ouvrage de M. Amédée Renée (les Nièces de Mazarin) que j'ajoute à tant de notes une note supplémentaire. Plusieurs fois nous avons rencontré la duchesse de Mercœur, la comtesse de Soissons, la connétable Colonna, le duc de Nevers, etc. Le lecteur, qui n'est pas forcé de connoître à fond la généalogie des parents de Mazarin, a pu y trouver quelque embarras.

«Le cardinal Mazarin avoit deux sœurs:—madame Martinozzi, qui n'eut que deux filles, l'une mariée au duc de Modène, et mère de la reine d'Angleterre, épouse du roi Jacques II; l'autre à M. le prince de Conti, bisaïeul de M. le prince de Conti d'aujourd'hui;—madame Mancini, qui eut cinq filles et trois fils. Les filles furent: la duchesse de Vendôme, mère du dernier duc de Vendôme et du grand prieur, dont le père fut cardinal après la mort de sa femme; la comtesse de Soissons, mère du dernier comte de Soissons et du fameux prince Eugène; la connétable Colonne, grand'mère du connétable Colonne d'aujourd'hui, qui, tous deux, ont fait tant de bruit dans le monde; la duchesse Mazarin, qui, avec le nom et les armes de Mazzarini-Mancini, porta vingt-six millions en mariage au fils du maréchal de La Meilleraye, et qui est morte en Angleterre après y avoir demeuré longues années; et la duchesse de Bouillon, grand'-mère du duc de Bouillon d'aujourd'hui. Des trois fils, l'aîné fut tué tout jeune au combat du faubourg Saint-Antoine, en 1652; il promettoit tout; le cardinal Mazarin l'aimoit tellement qu'il lui confioit, à cet âge, beaucoup de choses importantes et secrètes pour le former aux affaires, où il avoit dessein de le pousser. Le troisième, étant au collége des Jésuites, fort envié des écoliers pour toutes les distinctions qu'il y recevoit, se laissa aller à se mettre à son tour dans une couverture et à se laisser berner; ils le bernèrent si bien qu'il se cassa la tête, à quatorze ans qu'il avoit; le roi, qui étoit à Paris, le vint voir au collége; cela fit grand bruit, mais n'empêcha pas le petit Mancini de mourir. Resta seul, le second, qui est M. de Nevers, dont il s'agit ici.» (Saint-Simon, t. 5, 389.)

Faisons un tableau:

  ( 1. La princesse de Conti (Anne-Marie),
  ( née à Rome en 1637, mariée le 22 février
Mme Martinozzi. < 1654, morte le 4 février 1672.
 (
  ( 2. Madame de Modène, belle-mère de
 ( Jacques II.
 
  ( 1. Mancini, tué en 1652, à 16 ans.
 (
 ( 2. Mancini (Alphonse), mort aux Jésuites
 ( en 1658, à 12 ans.
 (
 ( 3. Mancini (duc de Nevers).
 (
 ( 4. Laure Mancini (madame de Mercœur),
 (née en 1636, mariée le 4 février 1651,
 ( morte le 8 février 1657 (mère du duc et
 ( du grand-prieur de Vendôme).
 (
Mme Mancini. < 5. Olympe (comtesse de Soissons).
 (
 ( 6. Marie, aimée de Louis XIV, femme du
 ( connétable Colonna (Laurent-Onuphre
 ( Colonne de Gioëni), prince de Palliano
 ( et de Castiglione, grand d'Espagne, chevalier
 ( de la Toison-d'Or, mort en 1689.
 ( [La connétable mourut en 1715.]
 (
 ( 7. Hortense, femme du fils du maréchal
 ( de la Meilleraye.
 (
 ( 8. Marie-Anne (duchesse de Bouillon).

[134] Ce «gros crevé», dit madame de Sévigné (28 juin 1671); et Saint-Simon: «C'étoit l'homme le plus naturellement plaisant et avec le plus d'esprit et de sel, et le plus continuellement.»

Il étoit prodigue. Louis XIV le regarde comme «un occasionnaire», un aventurier (lettre du 22 juin 1663 à Beaufort); mais il l'aime long-temps (Mottev., t. 5, p. 20) et lui permet toute sorte de langages. On connoît assez sa sœur, madame de Montespan. Il avoit épousé mademoiselle de Mesmes. C'est sa belle-mère qui avertit la reine-mère de tout ce que faisoit Vivonne pour fortifier le roi dans l'amour qu'il avoit juré à mademoiselle Mancini. On n'arriva que bien juste à temps pour le combattre. Vivonne fut exilé.

Il rendit sur mer quelques grands services et eut du bonheur à la guerre; mais ce ne fut jamais un très honnête homme.

Madame de Sévigné écrit à Bussy le 22 septembre 1688: «Vous savez la mort de votre ancien ami Vivonne. Il est mort en un moment, dans un profond sommeil, la tête embarrassée, et, entre nous, aussi pourri de l'âme que du corps.»

Bussy, qui attribue cette mort aux ravages d'un mal gagné dans des débauches anciennes, répond (28 septembre): «Après une étroite amitié entre lui et moi, mes disgraces me l'avoient fait perdre, et je l'avois assez méprisé pour ne lui en avoir fait aucun reproche; mais je le regardois comme un homme d'esprit et de courage qui avoit un fort vilain cœur.»

[135] Ce cantique n'est pas de Bussy; c'est une intercalation. Voir ce qui en est dit dans la Préface.

[136] En 1659 ce n'étoit pas La Vallière que le roi aimoit. La Vallière, née le 6 août 1644, n'avoit encore que quinze ans. C'est en juin et en juillet 1661, trois ans après, que commencèrent à se former (ancien style) les nœuds de leur amour (Mottev., t. 5, p. 134). Roquelaure, le bouffon, le sceptique Roquelaure, y fut bien pour quelque chose.

Dans ce premier couplet il s'agit de Marie Mancini et de sa grande bouche à dents blanches (Mottev., t. 4, p. 395).

[137] Faguenas. S. M. Odeur fade et mauvaise sortant d'un corps malpropre ou malsain. Cela sent le faguenas. Il est familier et il vieillit. (Dictionnaire de l'Académie françoise, dernière édition.)

[138] C'est Mademoiselle, et non la seconde femme de Gaston, Marguerite de Lorraine (fille de François II), née en 1613, mariée à Nancy le 31 janvier 1632, morte le 3 avril 1672; «dévote, négligente, froide», qui, à en croire madame de Motteville (t. 2, p. 231), «avoit de l'esprit et raisonnoit fortement sur toutes les matières dont il lui plaisoit de parler. Elle paroissoit, par ses discours, avoir du cœur et de l'ambition. Elle aimoit Monsieur ardemment, et haïssoit de même tout ce qui pouvoit lui nuire auprès de lui. Elle étoit belle par les traits de son visage, mais elle n'étoit point agréable.» Mademoiselle (t. 2, p. 297) cite d'elle un mot désagréable. Elle venoit de perdre un fils, le petit Valois (en 1652). Mademoiselle la trouve mangeant un potage, qui lui dit: «Je suis obligée de me conserver, je suis grosse!»

[139] Mademoiselle de Vandy. «Elle a de l'esprit» (Montp., t. 4, p. 79, 1664). La Mesnardière (p. 49) l'appelle «gente Vandy» et «beauté cruelle». C'étoit l'amie intime de Mademoiselle (t. 3, p. 39), qui parle de sa «mine prude» (t. 3, p. 106), qui dit qu'elle «est bonne et prudente». C'est la princesse de Paphlagonie de mademoiselle de Scudéry (Montp., t. 3, p. 429). Bussy l'a toujours eue pour amie. De même il paroît avoir aimé Mademoiselle toute sa vie. Ces couplets ne peuvent lui appartenir.

[140] On a confondu presque partout mademoiselle de La Mothe-Argencourt et mademoiselle de La Mothe-Houdancourt. L'une et l'autre furent aimées du roi, mademoiselle de La Mothe-Argencourt la première.

Les Mémoires de Mademoiselle (t. 3, p. 272) font commencer les choses en 1658. Peut-être faut-il remonter jusqu'en 1657. Madame de La Mothe-Argencourt, la mère, habitoit Montpellier, elle y reçut toute la cour en 1660 (Montp., t. 3, p. 441).

La fille «n'avoit ni une éclatante beauté, ni un esprit fort extraordinaire; mais toute sa personne étoit fort aimable. Sa peau n'étoit ni fort délicate, ni fort blanche; mais ses yeux bleus et ses cheveux blonds, avec la noirceur de ses sourcils et le brun de son teint, faisoient un mélange de douceur et de vivacité si agréable qu'il étoit difficile de se défendre de ses charmes. Comme, à considérer les traits de son visage, on pouvoit dire qu'ils étoient parfaits, qu'elle avoit un très bon air et une fort belle taille; qu'elle avoit une manière de parler qui plaisoit et qu'elle dansoit admirablement bien, sitôt qu'elle fut admise à un petit jeu où le roi se divertissoit quelquefois les soirs, il sentit une si violente passion pour elle que le ministre en fut inquiet.» (Motteville, t. 4, p. 401.) Elle étoit aimée alors de Chamarante et du marquis de Richelieu. Mazarin et Anne d'Autriche, effrayés de cette subite passion, et poussés vivement par la marquise de Richelieu, qui étoit jalouse, s'arrangent pour écarter la favorite. Mais la mère de la belle la veut jeter au cou du roi, même comme simple maîtresse, et cherche à négocier cela comme une affaire avec le ministre, qui apprend d'elle l'amour de Chamarante et celui du marquis de Richelieu, part de là, découvre au roi ses rivaux, et le retire, par ces artifices, d'une passion où il s'engageoit avec ardeur. Louis XIV trompé se montra dédaigneux. Peu après quelqu'un trouve un billet perdu: «Fouilloux dit que c'étoit de La Motte au marquis de Richelieu, qui en faisoit le galant depuis que le roi ne l'étoit plus. Cette pauvre fille pleura et cria les hauts cris, et désavoua le billet.» (1658, Montp., t. 3, p. 337.)

La pauvre fille, qui n'avoit point failli, et qui avoit résisté même au roi, sentit sa vie troublée; elle prit goût à la vie religieuse dans la maison des Filles-Sainte-Marie de Chaillot, et s'y consacra. (Voyez, entre autres écrivains de ce genre, Dreux du Radier, 1782, t. 6, p. 363.) Mademoiselle de La Vallière devoit un jour la retrouver dans ces retraites.

L'Alleluia en veut à mademoiselle de La Mothe-Argencourt, et non à la maréchale de La Motte-Houdancourt. Celle-ci (Louise de Prie, demoiselle de Toussy), née en 1624, aimée en 1646 de Condé (Voy. Lenet et un couplet méchant de Blot), étoit très belle, mais d'une beauté sévère, et elle étoit grande. Elle avoit épousé, le 21 novembre 1650, La Mothe-Houdancourt, né en 1605, mort en 1657; elle mourut le 6 janvier 1709, à quatre-vingt-cinq ans.

«La maréchale de La Motte, honnête femme et de bonne maison, fut mise gouvernante de monseigneur le Dauphin. Ce ne fut nullement pour ses éminentes qualités: car, à dire le vrai, elles étoient médiocres en toutes choses. Elle étoit petite-fille de madame de Lansac, qui l'avoit été du roi. C'étoit un grand titre; mais il n'auroit pas été suffisant pour l'appeler à cette dignité si elle n'avoit été dans l'alliance de M. Le Tellier, comme proche parente de l'héritière de Souvré, qu'il avoit, depuis peu, fait épouser à son fils, le marquis de Louvois.» (Mottev., t. 5, p. 201.)

C'est la nièce du maréchal, mademoiselle Anne-Lucie de La Mothe, ou de La Motte-Houdancourt, qui, en 1662, faillit, soutenue par la cabale de la comtesse de Soissons, l'emporter sur La Vallière, encore hésitante (Montp., t. 4 p. 33).

«Dans ce même temps (commencement de 1662) le roi parut s'attacher d'inclination à mademoiselle de La Motte-Houdancourt, fille de la reine. Je ne sais si elle étoit dans son cœur subalterne à mademoiselle de La Vallière, mais je sais qu'elle causa beaucoup de changement dans la cour, plutôt par la force de l'intrigue que par la grandeur de sa beauté, quoiqu'en effet elle en eût assez pour pouvoir faire naître de grandes passions.» (Mott., t. 5, p. 168.)

Le roi, à Saint-Germain, ne pouvoit entrer chez les filles d'honneur: il alloit causer avec mademoiselle de La Motte en passant par les cheminées; madame de Navailles, leur gouvernante, fit griller ces singuliers passages, et encourut pour toujours l'inimitié violente ou muette de Louis XIV.

«On a dit que ce qui contribua beaucoup à fixer la destinée de mademoiselle de La Vallière fut que mademoiselle de La Motte balança quelque temps en faveur de la vertu, et qu'elle, au contraire, ayant alors cessé de se défendre, ce fut par sa foiblesse qu'elle vainquit.» (Mottev., t. 5, p. 174.)

Le comte de Grammont aima La Motte quand il la vit si distinguée.

«Il ne se rebuta point pour ses mauvais traitemens ni pour ses menaces; mais, s'étant témérairement obstiné dans ses manières, elle s'en plaignit. Il fut banni de la cour.» (Mém. de Grammont, ch. 5.)

Plus tard, par l'entremise de La Feuillade, mademoiselle de La Motte épousa le marquis de la Vieuville, chevalier d'honneur de la reine. (Voy. le Journal du marquis de Sourches, t. 1, p. 233.)

Mademoiselle de La Motte-Houdancourt, fille du maréchal, devint en février ou en mars 1671 (Voy. Sévigné) la femme du vilain duc de Ventadour. Elle étoit extrêmement belle (voilà bien des La Motte favorisées!), et ne fit pas un heureux ménage.

Madame en parle dans ses lettres: «Madame de Ventadour (Charlotte-Eléonore-Madeleine de La M. H.) est devenue ma dame d'honneur il y a au moins seize ans, et elle m'a quittée deux ans après la mort de Monsieur. C'étoit un tour que me jouoit la vieille guenipe pour me faire enrager, parce qu'elle savoit que j'aimois cette dame; elle est bonne et agréable, mais ce n'est pas la femme la plus adroite du monde.»

Madame de Ventadour fut la gouvernante de Louis XV, héréditairement.

[141] Cette demoiselle Chemeraut, Chemerault ou Chimeraut, étoit la nièce de madame de la Bazinière, qui avoit porté le même nom et avoit été aussi fille d'honneur. On confond presque partout la nièce et la tante.

La tante, Françoise de Barbezière, «la belle gueuse», fut espionne de Richelieu, puis maîtresse de Cinq-Mars. Benserade ménagea son mariage avec Macé Bertrand, sieur de la Bazinière, financier de basse naissance (Voy. les Variétés hist., t. 5, p. 90), qui lui permit de faire ce qu'elle voudroit. Elle voulut vendre quelque chose au surintendant d'Esmery. En 1651, je crois, une de ses demoiselles lui vole ses lettres: il y en avoit de d'Esmery, de Beaufort, de l'évêque de Metz (Henri, légitimé de France, fils de Gabrielle d'Estrées), de tout le monde enfin.

Quand Cinq-Mars l'eut à sa discrétion, elle étoit au couvent (Tallem. des R., t. 2, p. 253). C'est le 23 novembre 1659 qu'elle dut se retirer, par ordre, au couvent du Chasse-Midy (Cherche-Midi). Une lettre de Henri Arnauld, écrite au président Barillon, fixe cette date, qui n'a rien d'intéressant, mais qui n'est pas celle que donne Tallemant (t. 2, p. 201).

J'écris ces notes sur l'emplacement même de ce couvent du Chasse-Midy; il me semble voir ces ombres disparues, et malgré moi, malgré leurs erreurs, je me prends à demander pardon pour mademoiselle de Chemerault et ses émules. Somaize (t. 1, p. 43) a du courage: «illustre en beauté, dit-il de Basinaris, elle a beaucoup de vertu!» De vertu! Elle étoit riche et maigre. Le 27 février 1658 elle eut l'honneur de recevoir chez elle la reine de Suède.

Elle avoit un frère, Geoffroy de Barbezière, sieur de la Roche-Chemerault (en Poitou). C'est le père de la seconde Chemerault, que Mademoiselle cite dès 1657 (t. 3, p. 200) parmi les filles de la reine-mère, et qui est la nôtre.

Gourville (p. 521) dit qu'en 1656 le comte de Chemerault est mis à la Bastille. Il y a là de l'obscurité.

N'importe, mademoiselle de Chemerault fut belle et courtisée. En 1661 elle danse les ballets connus de l'Impatience et des Saisons (Voy. Walck. t. 2, p. 490, et la Lettre de Mathieu Montreuil [t. 8 des Archives curieuses, 2e série, p. 314]). Quincy (t. 1, p., 385) met un comte de Chemerault parmi les morts de Sénef.

[142] Les Bonnœil (Bonœil, Bonneuil) ont été de père en fils introducteurs des ambassadeurs (Tall., t. 3, p. 414; Gazette de France, à la date du mariage de Louis XIV; Sévigné, 26 avril 1680; Saint-Simon, t. 1, p. 410). Mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 264) parle de mademoiselle de Bonneuil comme fille d'honneur en 1658; ailleurs (t. 3, p. 200, 1657) elle cite Gourdon, Fouilloux, «Boismenil», Chemeraut et Meneville. Il y a probablement une erreur ici: Boismenil a été mal lu il faut restituer Bonneuil.

Aux ballets de l'Impatience et des Saisons voici les noms des danseuses principales; mademoiselle de Bonneuil y figure: mademoiselle de Pons, mademoiselle de La Mothe, mademoiselle de Villeroi, mademoiselle de Montbazon, mesdames et mesdemoiselles Châtillon, Noailles, Brancas, Arpajon, de La Fayette, de Guiche, Fouilloux, Meneville, Chemerault, Bonneuil, et, «petite violette cachée sous l'herbe», La Vallière.

[143] Est-ce du maréchal Clérambault qu'il s'agit? Bussy en a longuement parlé dans ses mémoires lorsqu'il s'appeloit Palluau.

C'étoit un cavalier pourvu de toutes les qualités nécessaires au courtisan et à l'homme à la mode. Il étoit joueur (Gourville, p. 529); il avoit eu Ninon; il avoit aimé ardemment la comtesse de Chalais (Lenet, p. 238); il avoit de l'esprit salé. Mademoiselle l'aimoit. (Montp., t. 2, p. 111).

Il resta fidèle au cardinal Mazarin et le servit heureusement, quoiqu'en dise ce couplet de Blot sous forme de santé:

À ce grand mareschal de France,
Favory de Son Eminence,
Qui a si bien battu Persan,
Palluau, ce grand capitaine,
Qui prend un chasteau dans un an
Et perd trois places par semaine.

Le cardinal n'oublia pas ses services, et le voulut compter parmi ses conseillers intimes (La Fare).

Il épousa Louise Françoise Bouthilier de Chavigny, qui, en 1669, «fut mise auprès de Mademoiselle (nièce de Louis XIV) pour être sa gouvernante, à la place de madame de Saint-Chaumont; elle étoit fille et femme de deux hommes qui avoient bien de l'esprit et savoient bien la cour. Pour elle, on disoit qu'elle étoit savante comme M. de Chavigny, son père.» (Montp., t. 4, p. 134)

Elle étoit peut-être galante.

Maréchale de Clérambault,
Vous tranchez bien de la divine...
Vous coquettez à tous venants,
Malgré la laideur et les ans.

Saint-Simon (dans ses Notes à Dangeau et dans ses Mémoires) revient plusieurs fois sur le portrait de la maréchale. Rien de plus singulier que cette femme. Les Lettres de Madame, qui l'aimoit, s'en occupent aussi. Elle ne mourut qu'à la fin de 1722.

Saint-Simon, nomme un autre Clérambault (et c'est peut-être ici le vrai), René Gillier de Puygarrou, marquis de Clérambault (t. 1, p. 302), premier écuyer de madame la duchesse d'Orléans, qui avoit été épousé par amour de Marie-Louise de Bellenave, comtesse du Plessis.

Catinat vit un Clérambault servir long-temps sous ses ordres (Mémoires de Catinat. t. 1, p. 68; t. 2, p. 25; t. 3, p. 146), et le poussa en avant.

Dangeau (t. 5, p. 366) parle d'une demoiselle de Clérambault, fille du Clérambault «dont la naissance étoit légère» et que la comtesse du Plessis avoit épousé par amour. Elle se maria, en février 1696, avec le duc de Luxembourg, fils du maréchal. Les Palluau étoient d'une famille de robe.

[144] Voiture, le 4 décembre 1633, écrit à M. de Gourdon, en Angleterre. C'est sans doute Georges Gourdon, marquis de Huntley, qui, en 1625 étoit commandant de la compagnie des Ecossois (Daniel, t. 2, p. 256). Depuis long-temps les Gordon jouoient un grand rôle en Ecosse; ce que prouve ce passage de la Marie Stuart de M. Mignet (édit. in-18, t. 1, p. 120): «Les Gordon exerçoient dans les districts du nord autant d'autorité que les Hamilton dans ceux de l'ouest. Huntly avoit comploté la mort du comte de Mar et du secrétaire Lethington, et il avoit songé à marier son deuxième fils, John Gordon, avec la reine.»

Forbin, en 1675, cite un chevalier de Gourdon, son camarade, joueur et pauvre. Les Gourdon partagèrent la fortune des Stuarts. En 1685, un Gourdon est à la poursuite d'Argyle. Le 5 mai 1689, Dangeau met dans son journal: «Le duc de Gourdon continue à se défendre dans le château d'Edimbourg, où il est assiégé.»

Mademoiselle de Gourdon (Guordon, Gordon) fut d'abord fille d'honneur de la reine-mère, puis dame d'atours de Henriette d'Angleterre, de la seconde Madame (Sourches, t. 1, p. 206).

Elle est fille d'honneur dès la Fronde. En 1652, le peuple pille ses bagages (Loret, mois de mai). En 1658, Mademoiselle, qui dit (t. 3, p. 285) qu'elle est assez considérée, en parle de cette manière: «Je l'avois vue auprès de madame la princesse, où la reine l'avoit mise parcequ'elle ne vouloit pas être religieuse. C'est une fille d'une maison de qualité d'Ecosse, et, lorsque M. le Prince fut arrêté, elle ne voulut pas suivre madame la princesse; la reine la prit.»

Peu après elle ajoute (t. 3, p. 300) que Monsieur «ne s'amuse qu'à faire des habits à mademoiselle de Gourdon».

Ce que confirment les Portraits de la Cour (V. la Collection Cimber et Danjou): «Il a eu avant son mariage beaucoup d'amitié pour madame de Gourdon, et la reine, pour découvrir ses sentimens, luy dit un jour qu'il sembloit qu'il fust amoureux de cette dame, à cause qu'il luy avoit envoyé des pendans d'oreilles de quatre mille écus en estreine au premier jour de l'an. Il respondit que, pour beaucoup d'amitié et de compassion, il en avoit véritablement pour une pauvre estrangère hors de son pays et sans biens.»

Mademoiselle de Gourdon ne plaisoit pas à tout le monde:

Je me connois en ange:
Gourdon ne l'est pas,

dit un refrain (Nouveau Siècle de Louis XIV, p. 80) de 1662.

Madame de Lafayette, introduisant dans une lettre (décembre 1672) la seconde Madame: «Elle se mit, dit-elle, sur le ridicule de M. de Meckelbourg d'être à Paris présentement, et je vous assure que l'on ne peut mieux dire. C'est une personne très opiniâtre et très résolue, et assurément de bon goût, car elle hait madame de Gourdon à ne la pouvoir souffrir.»

Madame, en effet, l'accuse dans ses lettres d'être rêveuse, bizarre (18 février 1716), l'appelle méchante et dit qu'elle calomnia la première Madame auprès de Monsieur (13 juillet 1716).

Beuvron passe pour avoir joui de cette belle anglaise.

[145] D'abord on chante (Rec. de Maurepas, t. 4, p. 271):

Fouilloux, sans songer à plaire,
Plaît pourtant infiniment
Par un air libre et charmant.

En 1692 on parle, toujours dans les chansons, de «sa rouge trogne»; on dit:

Aussi rouge qu'une écrevisse,

ou bien: «C'est Baron qui l'enivre». «Elle étoit grande et fort éclatante (Sourches, t. 1; p. 39) mais plus belle de loin que de près. Elle eut ensuite la petite vérole, qui la rendit extrêmement laide, et elle n'eut pas d'enfants.» Ainsi passe la beauté des dames.

Bénigne de Meaux du Fouilloux (V. la notice de M. de la Morinerie) avoit un frère que les Mémoires de M. de *** (p. 531) nomment «le Fouilloux», que la table du premier volume de Quincy nomme «Fouilleuse», que le texte (t. 1, p. 158) nomme «M. de Fouilleux», qui étoit enseigne des gardes de la reine, rustique, mais spirituel et gaillard (Tallem., t. 1, p. 355). Après avoir fait rougir les filles de la reine par ses mots vigoureux, il fut tué de la propre main de Condé, paroît-il, au combat du faubourg Saint-Antoine (V. Mottev., t. 4, p. 338). «C'estoit une espèce de favori que le cardinal poussoit auprès du roi» (Montp., t. 2, p. 274).

Le roi eut toujours de l'amitié pour mademoiselle du Fouilloux. Son nom étoit fameux en province. En 1662, à Uzès, Racine le vante (Lettre à La Fontaine). Louis XIV l'accabla de prévenances (V. Lettre à Talbot en mai 1664, t. 5 des Œuvres, p. 184); le 16 mars 1661, il lui donne 50,000 écus sur un pot de vin des gabelles (V. le Journal des bienfaits du Roi, et Choisy, p. 592). Devenue marquise d'Alluye (1697), elle fut l'intime amie de la comtesse de Soissons (Choisy, p. 610), avec qui elle fut compromise un moment et s'exila lors de l'affaire des poisons (Sévigné, lettre du 26 janvier 1680).

[146] D'Alluye (Somaize, t. 1, p. 94) a inventé l'expression: «Je suis pénétré de vos sentiments; je suis pénétré de votre douleur». il étoit de la Société de l'hôtel de Rambouillet.

Estre d'une grande naissance,

lui écrivoit Beauchâteau en 1657,

Avoir du bel esprit le pur raffinement,
Faire dans les combats esclater sa vaillance,
Vivre à la cour et sans empressement,
Marquis, croyez asseurement
Que c'est de vous ce que l'on pense.

La maison d'Escoubleau (ce nom vient d'un château de Châtillon-sur-Sèvre) s'étoit divisée en deux branches: celle de Sourdis, et, au XVe siècle, celle d'Alluye, qui se réunirent.

Paul d'Escoubleau, marquis d'Alluye, étoit le deuxième fils de Charles d'Escoubleau de Sourdis, marquis d'Alluye, gouverneur d'Orléans, dont nous avons parlé. Son frère aîné, le marquis d'Alluye, étoit mort en campagne au mois d'août 1638 (Montglat, p. 68). Il devint, par cette mort, marquis d'Alluye. «Ne pouvant avoir la survivance du gouvernement d'Orléans», il se fait frondeur en 1649 (Montglat, p. 206). C'est chez lui que se rassemblent les nobles qui protestent alors contre les tabourets de certaines personnes titrées. «Mardi matin, 5 octobre, encore assemblée de la noblesse opposante, que l'on appelle anti-tabouretiers, chez le marquis de Sourdis, lui absent, et son fils, le marquis d'Alluye, présent.

«Jeudi 7, la noblesse opposante aux tabourets s'assemble encore chez le marquis d'Alluye, en l'hôtel de Sourdis.» (Mém. manusc. de Daubuisson-Aubenay, ms. Bibl. Maz. H. 1719, in-fol.)

Il avoit lui-même, avant d'entrer dans la Fronde, nettement indiqué ses prétentions (Mottev., t. 3, p. 259). «M. le marquis d'Alluye demande qu'on retire, par récompense, de M. de Tréville, le gouvernement du comté de Foix, qu'il a perdu par la mort du comte de Cramail, son grand-père, qui l'avoit acheté, et qu'on lui donne la survivance de celui du marquis de Sourdis, son père.»

Le refus de la cour le fait entrer dans la cabale du duc d'Orléans (Aubery, liv. 5, p. 423).

Quand les troubles s'apaisent, d'Alluye est de toutes les fêtes (V. Loret et les Ballets de Benserade). Il se jeta très courageusement dans la galanterie. Il n'aimoit pas la guerre, quoi qu'en dise Beauchâteau, et ne l'avoit apprise qu'à contre-cœur en 1644. Il aima d'abord madame de Boussu, que Guise épousa et délaissa. «Ce M. le marquis, dit Tallemant, se vante de sçavoir un secret pour entrer partout.» Il s'en servit pour entrer le premier chez madame de Saint-Germain Beaupré. (Agnès de Bailleul), belle-sœur du maréchal Foucault. Les logements de la cour (1659) placent M. de Saint-Germain Beaupré et M. d'Alluye au château de Saint-Germain, «l'un sur le devant, l'autre sur le derrière.»

D'Alluye étoit lié avec madame Cornuel (Tallem. t. 9, p. 51); c'est bien le moins, puisqu'elle étoit si liée avec son bon homme de père. On est autorisé à le croire un peu philosophe lorsqu'on lit dans Tallemant (t. 8, p. 89): «La veille de Pâques fleurie, madame de Saint-Loup, M. de Candale, la comtesse de Fiesque, le marquis de la Vieuville, mademoiselle d'Outrelaise, parente de Fiesque, et le marquis d'Alluye, furent manger du jambon, un matin, aux Tuileries.»

On est autorisé à ne pas le croire très belliqueux (et nous ne l'en blâmerons pas), lorsqu'on rencontre ce couplet:

D'Alluy s'en va dans Orléans
Au moindre petit bruit de guerre:
C'est un fort bon gouvernement,
Qui n'est point dessus la frontière;
Si par hasard il y étoit,
Au diable si l'on l'y voyoit!

Il est fâcheux que viennent après cela ces trois vers:

Gloire au brave marquis d'Alluy
Et au triste Montluc, son frère:
Ce sont deux grands donneurs d'ennui.

L'amitié que d'Alluye avoit pour mademoiselle de Fouilloux étoit comme le secret de Polichinelle; tout le monde en connoissoit les détails. Le marquis de Sourdis n'approuva pas leur mariage.

Après la mort de son père, d'Alluye garda son nom, sous lequel il étoit depuis si long-temps connu. Il fut, comme sa femme, l'ami de la comtesse de Soissons et l'ennemi de La Vallière (Mottev., t. 5, p. 174).

En 1680, il est exilé à Amboise, dit madame de Sévigné (16 février 1680). Elle se rétracte (le 21 février) et dit qu'il est à Hambourg. «Il parloit trop.»

[147] Un Méneville, lieutenant de la mestre de camp (aux gardes) est tué à Castelnaudary en 1632 (Daniel, t. 2, p. 282); mademoiselle de Meneville est peut-être sa fille.

En 1654 commence l'amour de Brion.

En 1656 mademoiselle de Meneville a la rougeole. Loret dit:

Agréable sujet d'amour,
Des plus beaux qui soient à la cour.

Et un vaudeville ajoute:

Cachez-vous, filles de la Reine,
Petites,
Car Méneville est de retour,
M'amour,

vaudeville que commente, en 1657, mademoiselle de Montpensier (t. 3, p. 200).

«Les filles de la Reine sont toutes bien faites et assez jolies. Méneville est fort belle. La reine me fit l'honneur de me parler de ses amours avec le duc de Damville, dont j'avois entendu parler (il y avoit déjà trois ou quatre ans que cela duroit), et que de trois en trois mois Damville disoit qu'il la vouloit épouser. Madame la duchesse de Ventadour, sa mère, ne le vouloit pas. Jamais homme ne s'est trouvé à cinquante ans n'être pas maître de ses volontés et ne se pouvoir marier à sa fantaisie. La reine me conta que Meneville n'osoit sortir la plupart du temps; que, quand il alloit à quelque voyage, il lui laissoit son aumônier pour lui dire la messe et pour la garder. Jamais galanterie n'a été menée comme celle-là.»

Madame de Motteville (t. 5, p. 76), à la date de 1661, entre dans des détails qui suffisent:

«Le duc de Damville, le Brion de jadis, mourut aussi dans ce même temps. Par sa mort il échappa des chaînes qu'il s'étoit imposées lui-même, en s'attachant d'une liaison trop grande à mademoiselle de Méneville, fort belle personne, fille d'honneur de la reine-mère. Il lui avoit fait une promesse de mariage, et ne la vouloit point épouser. Le roi et la reine-mère le pressant de le faire, il reculoit toujours, et, quand il mourut, sa passion étoit tellement amortie qu'il avoit fait supplier la reine-mère de leur défendre à tous deux de se voir. Il offroit de satisfaire à ses obligations par de l'argent; mais elle, qui espéroit d'en avoir par une autre voie, vouloit qu'il l'épousât pour devenir duchesse. La fortune et la mort s'opposèrent à ses désirs, et la détrompèrent de ses chimères. Son prétendu mari s'étoit aperçu qu'elle avoit eu quelque commerce avec le surintendant Fouquet, et qu'elle avoit cinquante mille écus de lui en promesses. Elle ne les reçut pas, et perdit honteusement en huit jours tous ses biens, tant ceux qu'elle estimoit solides que ceux où elle aspiroit par sa beauté, par ses soins et par ses engagemens. Ils paroissoient honnêtes à l'égard du duc de Damville, et n'étoient pas non plus tout à fait criminels à l'égard du surintendant. On le connut clairement, car il arriva pour son bonheur que l'on trouva de ses lettres dans les cassettes du prisonnier qui justifièrent sa vertu. Pour l'ordinaire, les dames trompent les hommes par de beaux semblants, et, ne les considérant point en effet, leur font le moins de libéralités qu'elles peuvent; mais toutes ces choses sont toujours mauvaises devant Dieu et honteuses devant les hommes.»

[148]

Seigneur franc et bien sincère,

dit Loret; «fort bon garçon», dit Mademoiselle (t. 2, p. 432). De son nom François-Christophe de Lévis, comte de Brion, parent de la Vierge comme tous les Lévis, ce que tous les Lévis affirment et ce que Scarron garantit.

Il fut créé duc de Damville (Dampville, écrivoit Gaston) après la mort de son oncle maternel, Henri II de Montmorency. La duché-pairie de Damville fut achetée le 27 novembre 1694, et réérigée pour le comte de Toulouse (Saint-Simon, t 1, p. 142).

Brion avoit été toute sa vie à Monsieur, dont il étoit premier écuyer (Montp., t. 3, p. 457). Il joua un certain rôle dans la Fronde (Retz, p. 331), «avec fort peu d'esprit (Retz, p. 32) et beaucoup de routine». Il a voulu «de jour en jour» (il faisoit tout de jour en jour) épouser madame de Chalais, sœur de Jeannin. Il avoit été capucin. Il voulut aussi épouser mademoiselle d'Elbeuf, et ne put se résoudre ni à la quitter ni à l'épouser. Quand on le pressoit, il se déclaroit malade. Lorsqu'il aima Meneville, ce furent les mêmes pratiques. Tout cela n'indique pas un héros. Il dansoit agréablement et se déguisoit au besoin (Mottev., t. 2, p. 327; Loret, février 1657).

Il avoit fait bâtir dans l'enclos du Palais-Royal un petit palais fort commode, dont Louis XIV se servit quelquefois pour ses aventures particulières.

[149] Voir les lettres de madame de Sévigné et de Bussy.

[150] Née à Paris, place Royale, le 5 février 1626. Par exemple, nous ne parlerons pas long-temps de celle-là. Quel écrivain! quel esprit! et pour nous quelle source abondante! Napoléon, qu'on a voulu faire et qui n'est pas un oracle en littérature, lui préfère madame de Maintenon. C'est loin d'être la même chose, cela soit dit sauf le respect que nous devons à un aussi solide écrivain que madame de Maintenon.

Bussy s'est repenti d'avoir fait la guerre à sa cousine. Il n'étoit pas seul à croire que le comte de Lude l'aimoit avec profit. Voici un couplet qui est de la même opinion. Il faut avouer que le couplet peut n'être qu'un écho de l'Histoire amoureuse:

Froulay, Brégis, l'Archevesque et Bonnelle,
Montmorillon, Thoré,
Chastillon et Condé,
Pommereuil et Gondy,
De Lude et Sevigny,
Saint-Faron et Montglas,
Font l'amour sans soupirs, sans larmes, sans hélas!

Madame de Sévigné est la Sophronie de Somaize (t. 1, p. 221):

«Sophronie est une jeune veuve de qualité. Le mérite de cette précieuse est égal à sa grande naissance. Son esprit est vif et enjoué, et elle est plus propre à la joye qu'au chagrin; cependant il est aisé de juger par sa conduite que la joye, chez elle, ne produit pas l'amour: car elle n'en a que pour celles de son sexe, et se contente de donner son estime aux hommes; encore ne la donne-t-elle pas aisément. Elle a une promptitude d'esprit la plus grande du monde à connoistre les choses et à en juger. Elle est blonde, et a une blancheur qui répond admirablement à la beauté de ses cheveux. Les traits de son visage sont déliez, son teint est uny, et tout cela ensemble compose une des plus agreables femmes d'Athènes (Paris). Mais, si son visage attire les regards, son esprit charme les oreilles, et engage tous ceux qui l'entendent ou qui lisent ce qu'elle écrit. Les plus habiles font vanité d'avoir son approbation. Ménandre (Ménage) a chanté dans ses vers les louanges de cette illustre personne; Crisante (Chapelain) est aussi un de ceux qui la visitent souvent. Elle aime la musique et hait mortellement la satyre. Elle loge au quartier de Léolie» (au Marais, rue Saint-Anastase, d'abord).

[151] Tout encore a été dit sur cette femme. Amie de Molière, elle devina Voltaire; elle eut de l'esprit autant que Madame Cornuel; elle étoit réellement l'institutrice de tous les jeunes seigneurs de la cour. La Fare, juge d'un goût délicat, a dit: «Je n'ai point vu cette Ninon dans sa beauté; mais à l'âge de cinquante ans, et même jusques audelà de soixante-dix, elle a eu des amans qui l'ont fort aimée, et les plus honnêtes gens pour amis. Jusqu'à quatre-vingt-sept elle fut recherchée encore par la meilleure compagnie de son temps. Elle est morte avec l'agrément de son esprit, qui étoit le meilleur et le plus aimable que j'aye connu en aucune femme.»

Et les chansons, si souvent méchantes:

On ne verra de cent lustres
Ce que de notre temps nous a fait voir Ninon,
Qui s'est mise, en dépit du ...
Au nombre des hommes illustres.

Mettons deux portraits à côté l'un de l'autre: le premier de Somaize (t. 1, p. 176): «Pour de la beauté, quoy que l'on soit assez instruit qu'elle en a ce qu'il en faut pour donner de l'amour, il faut pourtant avouer que son esprit est plus charmant que son visage, et que beaucoup échapperoient de ses mains s'ils ne faisoient que la voir; et c'est cette aimable qualité qui a si long-temps attaché Gabinius (Guiche) auprès d'elle. Cette illustre personne est connue pour un des plus accomplis courtisans, et il est vray qu'il ne la cherchoit que pour son esprit, non pas dans la pensée, que beaucoup ont eue, qu'il y avoit quelque intrigue entre eux, ce que l'on n'a jamais que soupçonné sur les conjectures de ses visites.»

Le second, de Saint-Simon (t. 5, p. 63), à la date de 1705, année où mourut Ninon: «Ninon eut des amis illustres de toutes les sortes, et eut tant d'esprit qu'elle se les conserva tous, et qu'elle les tint unis entre eux, ou pour le moins sans le moindre bruit. Tout se passoit chez elle avec un respect et une décence extérieures que les plus hautes princesses soutiennent rarement avec des faiblesses. Elle eut de la sorte pour amis tout ce qu'il y avoit de plus frayé et de plus élevé à la cour, tellement qu'il devint à la mode d'être reçu chez elle, et qu'on avoit raison de le désirer par les liaisons qui s'y formoient. Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement, beaucoup d'esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et, toutefois, sans ouvrir la porte à la médisance; tout y étoit délicat, léger, mesuré, et formoit les conversations qu'elle sut soutenir par son esprit et par tout ce qu'elle sçavoit de faits de tout âge. La considération, chose étrange! qu'elle s'étoit acquise, le nombre et la distinction de ses amis et de ses connoissances, continuèrent quand les charmes cessèrent de lui offrir du monde, quand la bienséance et la mode lui défendirent de plus mêler le corps avec l'esprit. Elle sçavoit toutes les intrigues de l'ancienne et de la nouvelle cour, sérieuses et autres; sa conversation étoit charmante; désintéressée, fidèle, secrète, sûre au dernier point, et, à la foiblesse près, on pouvoit dire qu'elle étoit vertueuse et pleine de probité. Elle a souvent secouru ses amis d'argent et de crédit, est entrée pour eux dans des choses importantes, a gardé très fidèlement des dépôts d'argent et des secrets considérables qui lui étoient confiés. Tout cela lui acquit de la réputation et une considération tout à fait singulières.

Elle avoit été amie intime de madame de Maintenon tout le temps que celle-ci demeura à Paris. Madame de Maintenon n'aimoit pas qu'on lui parlât d'elle, mais elle n'osoit la désavouer. Elle lui a écrit de temps en temps jusqu'à sa mort avec amitié.»

[152] Devant Gênes (en 1638) tombe un «Esquilli, cadet de Vassé» (Montglat, p. 72). Lisez Ecqvilly (Retz), et surtout Esquevilly.

Les Vassé, très ancienne maison du Maine, nommoient leur aîné Vidame du Mans, et leur cadet d'Ecquevilly. Le d'Ecquevilly mort à Gênes est un cadet du père de Vassé. Retz parle des Vassé comme de ses parents, et madame de Sévigné s'honore de leur alliance (Lettres de 1688).

Vassé (Henri-François, mort en 1684) eut d'abord la présidente l'Escalopier, dont il faut lire l'historiette (Tallem. des Réaux, deuxième édit., t. 6, p. 175). Cela fit un bruit terrible. Vassé étoit étourdi. Il fit l'amoureux de madame de Sévigné (t. 7, p. 217).

Rouville l'appeloit «Son Impertinence».

Ninon, lui trouvant l'haleine forte, le blâmoit d'en être si libéral. Vassé étoit d'une belle humeur; il enleva un jour, pour rire, une jeune mariée.

On ne peut les punir assez,
Ces godelureaux, ces Vassez.

Mais à tout péché miséricorde! Le 20 janvier 1651, Loret prend la parole pour annoncer que

L'on dit encor que Vassé mesmes
N'a plus de dessein pour la Tresmes,
Mais pour la jeune de Lansac.

Il épousa en effet Marie-Magdeleine de Saint-Gelais, fille du marquis de Lansac.

Le temps des guerres civiles étoit venu. En 1649, Vassé commanda un régiment de cavalerie (Retz, p. 134). Cette même année il fait partie des nobles assemblés pour l'affaire des tabourets, et dont voici la liste. Il y a là bien des noms de connoissance:

Orval, Saint-Simon, La Vieuville, Vassé, Vardes, Leuville, Montrésor, Orval, Cœuvres, Brancas, Fontenay, Clermont-Tonnerre, Argenteuil, Louis de Mornay, Villarseaux, La Vieuville, Montmorency, Roussillon, Savignac, de Béthune, Humières, le chevalier de Caderoux, Ligny, Termes, Spinchal, Hautefort, Châteauvieux, de Vienne, La Vieuville, Saint-Simon, commandeur de Canion, de Rouxel, de Medavy, de l'Hôpital, de Crevant, Seguier, le chevalier de La Vieuville, d'Alluye, Marginor, Froulay, Monteval, d'Hautefort, d'Aspremont, Vandy, de La Chapelle, Argenteuil, Thiboust, de Boissy, Congis-Moret, Sévigné, Rouville, Saint-Simon, Mallet, Moreil, Caumesnil, Sévigné, Somon, Congis, de Clermont, Monglat, Canaple, Largille, Maulevrier, d'Albret (Omer Talon, p. 367).

En 1652 (Montp., t. 2, p. 232) le marquis de Vassé est mestre de camp du régiment de Bourgogne.

On auroit de la peine à écrire les annales de sa vie.

En 1680 (2 février) madame de Sévigné écrit: «J'avois préparé un petit discours raisonné et je l'avois divisé en dix-sept points comme la harangue de Vassé.» L'allusion n'est pas pour nous. Le fils de Vassé (vidame du Mans) épousa la deuxième fille du maréchal d'Humières, qui se remaria à Surville, cadet d'Hautefort (Saint-Simon, t. 3, p. 188). Vassé survécut à son fils, dont la veuve prit le nom lorsque le père fut mort à son tour. Elle avoit un fils (Sourches, t. 2, p. 71).

Les bibliophiles connoissent le Catalogue de la Bibliothèque de la marquise de Vassé en 1750.

[153] Voyez Walckenaer (t. 1, p. 21, 186, 269, 275, 276, 278, 285, 286, etc.): «Ce Sevigny n'étoit point un honnête homme.» (Tallem. des Réaux, chap. 244.)

[154] François Amanieu, seigneur d'Ambleville, tué lui-même en duel en 1672, cadet de Miossens, qui fut maréchal d'Albret.

Il courtisoit madame de Gondran, maîtresse de Sévigné, et ne pouvoit souffrir de ne réussir pas. Un jour il apprend que Sévigné a dit à madame de Gondran que c'étoit un amoureux sans vigueur, un Candale, un Guiche; il envoie Saucourt, un bon patron, demander des excuses. Sévigné nie avoir dit le mal, mais refuse de s'excuser. Le duel fut arrêté ainsi et eut lieu derrière le couvent de Picpus (Voy. Conrart, p. 86), le vendredi 3 février 1651 à midi; Sévigné y trouva la mort, à vingt-sept ans.

Si madame de Gondran ne prit pas des voiles de veuve, M. de Gondran, ami de Sévigné, le regretta innocemment.

[155] Je ne sais rien de particulier sur cette dame.

[156] Madame de Sévigné badine à plusieurs reprises (par exemple, le 1er mars 1680) sur la liaison qu'on supposoit avoir existé entre elle et M. du Lude. Il resta son ami.

Du Lude a mérité les éloges que Bussy lui donne. Il étoit galant et honnête; la marquise de Gouville (1655) et madame de La Suze (Somaize, t. 1, p. 67) ont accepté ses hommages. Favori du roi de bonne heure, et long-temps, du Lude, à l'Arsenal, où il logea en qualité de grand-maître de l'artillerie, réunissoit une société qui gardoit le culte des divinités adorées à l'hôtel de Rambouillet (Walck., t. 4, p. 131).

On voit sous Louis XI un Jean de Daillon, «maître Jean des Habiletez», disoit le roi, qui faisoit argent de tout. C'est un aïeul. Le père de du Lude, gouverneur de Gaston, épousa une Feydeau, qui lui donna cent mille pistoles (trois millions). (V. Amelot de la Houssaye, t. 2, p. 170.) Il étoit camarade de Théophile et de Desbarreaux (Tallem., t. 4, p. 46).

En 1648 et 1649 Retz et Mazarin se servent du canal de madame du Lude la mère pour leurs conférences: «À l'égard de ces fréquentes et réglées visites chez la comtesse du Lude, elles ne passoient que pour des rendez-vous de galanterie: On les attribuoit aisément au mérite de mademoiselle du Lude, sa fille, qui étoit une très belle personne. (Aubery, liv. 5.)

Du Lude le fils, Henri de Daillon, grand diseur de mots fins (Menagiana), beau danseur, un Achille au jeu de la bague, épousa d'abord Éléonore de Bouillé.

«Toujours dans ses terres, elle ne se plaisoit qu'aux chevaux, qu'elle piquoit mieux qu'un homme, et chasseuse à outrance. Elle faisoit sa toilette dans son écurie et faisoit trembler le pays. Vertueuse pour elle, et trop pour les autres, elle fit châtrer un clerc en sa présence, pour avoir abusé, dans son château, d'une de ses demoiselles, le fit guérir, lui donna dans une boîte ce qu'on lui avoit ôté et le renvoya.» (Saint-Simon, Notes à Dangeau.)

En secondes noces (1681) il épousa la veuve du comte de Guiche, qui avoit alors trente-huit ans, et qui mourut le 25 janvier 1726. On la fit dame d'honneur de la Dauphine. Le roi l'avoit aimée (Saint-Simon, t. 1, p. 217, et La Fare), et il ne cessa de la considérer, de bien traiter son mari.

Le comte du Lude, sans exploits militaires, avoit conquis des grades. Pour le dédommager de ce qu'il n'avoit pas été compris dans la promotion des maréchaux nommés le 30 juillet 1675, il avoit été déclaré duc le lendemain. Il étoit chevalier des ordres du roi et premier gentilhomme de la chambre. De 1669 à 1685 (Daniel, t. 2, p. 553) il occupa le poste de grand-maître de l'artillerie.

En 1685 il dut se faire traiter pour la fistule hémorrhoïdale (Sourches, t. 1, p. 82), non sans soupçon de quelque vieux vice italien. Sa femme, à ce moment, le flattoit d'une grossesse qui se trouva fausse. Il mourut en août 1685 et laissa «une grosse dépouille».

Abraham du Pradel nomme madame du Lude parmi les grandes dames qui aimoient et recherchoient les curiosités.

[157] Jeanne de Montluc, comtesse de Carmain (Cramail ou Cramailles), mariée à Charles d'Escoubleau-Sourdis, marquis d'Alluye, morte le 2 mai 1657.

[158] Je ne peux pas donner ici une large place à un pédant, quelque amoureux qu'il ait été. On lit dans le Menagiana inédit (de La Monnoye) ce passage qui nous concerne:

«C'est un bel esprit que M. de Bussy-Rabutin, mais il ne sçavoit rien. Son histoire des Amours des Gaules est toute remplie de fables et de mensonges.»

Etc., etc.

«Comme les poètes sont susceptibles de colère, j'ai fait cette épigramme contre M. de Bussy:

Francorum proceres media, quis credet! in aula,
Bussiades scripto læserat horribili;
Pœna levis! Lodoix, nebulonem carcere claudens,
Retrahit indigno munus equestre duci.
Sic nebulo gladiis quos formidaret iberis
Quos meruit francis fustibus eripitur.»

Oui, Vadius, vous écrasâtes votre ennemi sous des vers d'un tel poids.

[159] La Place (t. 4, p. 359) nomme un d'Arcy, page de musique sous Henri IV, qui vécut jusqu'à l'âge de 103 ans, et jouit de son franc parler sous Louis XIV.

D'Arcy qui est ici en scène étoit frère du comte de Clère, fils du marquis de Fontaine Martel. Tous les deux figurent dans la cavalcade faite à l'occasion de la majorité du roi en 1651. Le 26 septembre 1689, Dangeau apprend qu'il est nommé gouverneur du duc de Chartres avec 2,400 fr. d'appointements. À Nerwinde, il pousse son élève au feu (La Place, t. 2, p. 235); lui-même tombe sous les chevaux (Racine à Boileau, 6 août 1693).

Son frère, M. de Fontaine-Martel, en 1692, est nommé premier écuyer de la duchesse de Chartres (Dangeau, t. 4, p. 9). D'Arcy étoit chevalier de l'ordre (1688) et conseiller d'État d'épée; il avoit été ambassadeur en Savoie. Il mourut en 1694, à 60 ans, devant Maubeuge, non marié et pauvre. Son neveu Cayeu le remplaça. Saint-Simon (t. 1, p. 136) lui rend bon témoignage:

«D'une vertu et d'une capacité peu communes, sans nulle pédanterie et fort rompu au grand monde, et un très vaillant homme sans ostentation.»

«Il est fort regretté de tout le monde», dit Dangeau (7 juin 1694).

[160] Walckenaer (t. 2, p. 458) la présume belle-fille du comte de l'Isle qui, en 1654, sert en Catalogne sous Conti. Dans un acte (signé Guénégaud) du 25 février 1649, on voit «le sieur de l'Isle lieutenant des gardes du corps de Sa Majesté». Quant à la vicomtesse, Basse-Bretonne, «elle n'est pas belle, mais elle est fort coquette, et danse admirablement.» (Tall., CCCXXIX, t. 9, p. 207.) Certaines pièces du cabinet de M. de Montmerqué donnent à croire qu'elle avoit une fort mauvaise réputation. (V. la Carte de la Braquerie.)

[161] Morte à Paris le 18 ou le 27 février 1695 (Dangeau), à soixante-dix-sept ans, Cécile-Elizabeth Hurault de Chiverny épouse, le 8 février 1645 (ou 1643), François de Paule de Clermont, marquis de Montglat.

«Cette jeune personne (Montp., t. 1, p. 418), qui étoit d'agréable compagnie, fut depuis toujours auprès de moi.»

Elle commença par aimer La Tour Roquelaure (Tallem., t. 7, p. 139); le duc d'Elbeuf l'eut ensuite (Tallem., t. 4, p. 309). Voici, puisée à la même source, une historiette (t. 5, p. 371) qui nous fait entrer dans sa vie privée et lui donne un nouvel amant:

«Au carnaval de 1652, madame de Montglas fit une plaisante extravagance chez la présidente de Pommerueil. On y devoit jouer Pertarite, roy des Lombards, pièce de Corneille qui n'a pas réussy. Mademoiselle de Rambouillet dit à Segrais, garçon d'esprit, qui est à cette heure à Mademoiselle, qu'elle n'avoit point veû l'Amour à la mode et qu'elle l'aymeroit bien mieux. «Dites-le à la comtesse de Fiesque.» La comtesse le dit à Hippolite: c'est le fils du président de Pommerueil du premier lict, un benais qu'on appelloit ainsy parce qu'on luy faisoit la guerre qu'il estoit amoureux de sa belle-mère. Hippolite, qui estoit espris de la comtesse, alla dire aux comédiens que, quoy qu'il en coustast, il falloit absolument jouer l'Amour à la mode, et les envoya changer d'habits. On joue: madame de Montglat réclame et fait bien du bruit. La comtesse et elle se harpignèrent; les autres ne dirent rien. Au troisiesme acte, patience luy eschappe; elle crie, tout haut: «Mon carrosse est-il venu?—Non, Madame.—Celuy de l'abbé de Richou y est-il? (Notez que c'étoit son galant.)—Ouy, Madame.» Elle sort, et, par une plaisante rencontre, le comédien qui estoit sur le théâtre dit:

Retraite ridicule et fort extravagante.

«C'estoit justement où il en estoit, et, dans la comédie, une femme se retiroit comme cela brusquement. Cela fit rire jusqu'aux larmes.»

Un couplet s'exprime ainsi:

Le rendez-vous du beau monde,
Montglas, n'est plus que chez vous;
Et là chacun se fait les yeux doux
Sans qu'on s'y morfonde;
Près de vous l'on parle haut et bas;
L'on s'y chauffe, et l'on ne s'y brusle pas.

À la fin des Mémoires de Mademoiselle se trouve le portrait de madame de Monglat:

«Vous estiez fort jolie, vous aviez le teint beau et vif, la bouche agréable, les plus belles dents qu'on puisse voir, le nez un peu retroussé, mais d'une manière qui ne vous sied pas mal, les yeux noirs, les cheveux bruns, mais en la plus grande quantité du monde; vous aviez la gorge belle, comme vous l'avez encore; l'air impérieux et le ton, etc.; les bras, les mains, le coude!

«Vous n'estes point médisante, vous excusez facilement les autres, vous estes bonne amie.»

Delphiniane (Somaize, t. 1, p. 282) «a beaucoup d'esprit; elle lit tous les beaux livres, elle aime les vers, elle connoist tous les auteurs, elle corrige leurs pièces.»

Sa belle-mère avoit été gouvernante des enfants de Henri IV. Son mari fut d'abord premier écuyer de Gaston.

«François de Paule de Clermont, marquis de Montglat, étoit de l'illustre et ancienne maison de Clermont, originaire d'Anjou, d'où sont sorties les branches de Clermont, de Galerande, d'Amboise, de Saint-Georges et de Resnel. Il étoit chef de la branche de Saint-Georges. Il fut chevalier des ordres du roi, grand-maître de la garde-robe et maréchal de camp. Il mourut le 7 avril l'an 1675.» (Le Père Bougeant, Avertiss. en tête des Mémoires.)

Bussy, qui fut l'un des amants de madame de Montglat, et, par conséquent, l'un des oppresseurs de M. de Monglat, ne se fait pas faute de rire de ses infortunes.

«J'attends ici un de ces maris dont la tête n'est pas incommodée des corniches; ce qu'il y porte va dans le superlatif. Je voudrois bien vous faire connoître le personnage sans vous le nommer. Il n'est pas si beau qu'Astolfe ni que Joconde; mais, en récompense, il est quatre fois plus malheureux. Ne le connoissez-vous pas à cela? C'est un mari tout à fait insensible. Il ne ressemble pas au pauvre Sganarelle, qui étoit un mari très marri. On ne comprend pas celui-ci: car, quoiqu'il porte des cornes sur la tête, il les tient fort au dessous de lui. Si vous n'y êtes pas encore, vous n'en êtes pas loin. Attendez: c'est un mari gros et gras et bien nourri. Y êtes-vous? C'est un mari dont le malheur m'est particulièrement connu. Oh! pour celui-là, vous y êtes.» (Bussy à Sév., 9 juin 1668.)

Bussy pendant long-temps poursuivit sa maîtresse infidèle de sa colère et de ses injures, ne voulant pas comprendre qu'elle fût bien vue, considérée encore; «qu'elle eût, par sa bonté, son amabilité et une conduite plus régulière, conservé l'amitié de toutes les femmes avec lesquelles elle s'étoit liée.» (Walck., t. 3, p. 171.)

Il écrit à madame de Sévigné (26 juin 1688): «J'ai fait toute la peur à madame de Monglas; et, lorsqu'elle attendoit la honte de paroître en public manquer de bonne foi, je lui viens de faire dire par la comtesse de Fiesque qu'après les sentimens que j'avois eus pour elle, je ne lui voulois jamais faire de mal. Je ne sais comment elle recevra cela, mais je sais bien pourquoi je l'ai fait.»

Le 1er juillet il dit: «Elle a reçu mes honnêtetés avec la joie et la reconnoissance qu'elles méritoient.» Bussy l'a aimée sincèrement, et c'est là le plus beau trait de sa vie légère.

[162] Chez son oncle, qui habitoit le Temple.

[163] Mon indépendance.

[164] Dans quelques Almanachs d'amour du temps, à la fin des poésies de madame de La Suze, et dans quelques unes des éditions hollandaises de l'Histoire amoureuse, on trouve, plus ou moins nombreuses, des Maximes d'amour. J'ai imprimé celles-ci d'après le texte que les Mémoires de Bussy nous donnent. Tout cela est coulant, gracieux et de bonne mine.

[165] Le marquis de Langeais, déclaré impuissant en justice.

[166] Celui qui contentoit tout le monde et sa femme.

[167] Vi capitur corpus, non cor insilitur. Décidément tout ce style n'est pas du premier venu.

[168] À la fin de l'année 1654, Bussy servoit sous Conti en Catalogne; c'étoit le temps où il étoit l'ami du prince et lui donnoit la primeur de toutes ses jovialités. Conti lui demanda de faire pour lui la revue de la Braquerie, c'est-à-dire du corps des galants et des galantes de la cour. Conti lui-même, à ce que disent les Mémoires de Bussy, avoit fait la carte du pays de Braquerie. Toutes ces gentillesses couroient le monde en manuscrit, comme tant d'autres pièces de ce genre. En 1668 seulement fut imprimée, en Hollande, la Carte géographique de la Cour, que nous réimprimons sous le titre que les Mémoires de Bussy lui donnent. Selon toute apparence, c'est à la fois l'œuvre de Bussy-Rabutin et du prince de Conti. M. Bazin ne devoit pas l'attribuer exclusivement à ce dernier, et M. P. Pâris a eu raison de rectifier là-dessus, en publiant à son tour la Carte du pays de Braquerie, les détails du titre que M. Bazin lui imposoit.

M. Bazin a fait son édition au moyen de la Carte imprimée en 1668 et de deux copies manuscrites qui, comme toutes les copies manuscrites de pamphlets à la mode, présentent quelques variantes. Nous suivons, à peu de chose près, le texte qu'il a donné, et que M. Paulin Paris a mis à la fin du tome 4 de son Tallemant des Réaux. Je n'ai pas cru devoir transcrire ses notes telles qu'elles.

[169] Dames galantes.

[170] Les Maris.

[171] Galants.

[172] Ou Garsentins.

[173] Le pays de la Pruderie.

[174] La Galanterie éhontée.

[175] Ici M. Bazin avoit adopté une leçon que je n'ai pas cru devoir préférer à l'imprimé.

[176] Mademoiselle de Guerchy, fille de la première comtesse de Fiesque, fut aimée de Châtillon, comme nous l'avons vu. C'est elle qui fut mortellement blessée d'une piqûre dans l'opération d'un avortement, et que Vitry, son amant, tua d'un coup de pistolet (1672). Elle étoit fille d'honneur de la reine-mère.

Cette Petite Fronde est datée de 1656.

Guerchy, tu ravis le monde;
Pons est celle qui te seconde;
Saint Maingrin passe les trente ans;
Ségur s'en va vieille et mourante;
Pour Neuillant, les moins médisants
Disent qu'elle est rousse et méchante.

Mademoiselle de Pons est celle que Guise aima et délaissa; mademoiselle de Ségur étoit laide et sage; mademoiselle de Neuillant devint la sévère madame de Navailles; quant à mademoiselle de Saint-Mesgrin, Loret (1er octobre 1650) en parle, et ce qu'il en dit montre que notre beau financier, Jeannin de Castille, tranchoit du monarque et du coq.

Saint Maigrin, fille de la reine,
Avec sa belle gorge pleine
Et son accueil doux et benin,
S'est fort acquis monsieur Janin,
Dont l'on dit qu'elle est adorée,
Tant le matin que la soirée.
Je ne croye pas que cet amant,
Dans son nouvel embrazement,
Lui fasse faire aussi grand'chère
Comme Gaston luy faisoit faire.

Une autre chanson, qui est de Benserade et datée de 1652, ne viendra pas mal maintenant:

Guerchy, deux cœurs brûlent pour vous.

Les deux cœurs, disent les clefs, sont le cœur de M. de Jars, commandeur de Malte, et le cœur de M. de Joyeuse (de la maison de Lorraine).

Guerchy, deux cœurs brûlent pour vous;
L'amour qui les assemble
Les feroit plaindre ensemble
Sans être jaloux;
Malte et la Lorraine
Sont dessous vos lois;
Mais tirez-nous de peine:
À laquelle des trois
Donnez-vous votre choix?

C'est donc à tort que M. A. Bazin corrige Malte et Lorraine et met Metz en Lorraine, à cause que le chevalier de Lorraine n'est venu au monde qu'en 1643, et parcequ'il suppose que Metz en Lorraine signifieroit le maréchal de Schomberg, gouverneur de la ville et beau galant.

[177] Jeannin de Castille.

[178] Ailleurs Précy.

[179] L'abbé Fouquet, dit la Clef.

[180] Mademoiselle de La Roche Posay, mariée au financier Le Page, qui prit le nom de Saint-Loup. Ce fut, nous l'avons dit, la première maîtresse de Candale.

[181] Candale, colonel général de l'infanterie, en survivance.

[182] Fille du maréchal de Châtillon, sœur de madame de Wurtemberg, bel esprit et poète. Elle avoit abjuré.

[183] Mademoiselle de Pons, dont nous avons parlé.

[184] Le duc de Guise.

[185] Malicorne, écuyer du duc de Guise.

[186] Où mademoiselle de Pons avoit dû se réfugier.

[187] Marie de Bailleul, veuve du marquis de Nangis, et remariée en 1645 à Louis Châlon du Blé, marquis d'Uxelles.

[188] M. de Clérambault, écuyer de Madame (René Gillier, baron de Puygarreau, en Poitou).

[189] Fille de Bordeaux, intendant des finances, femme de Pommereuil, président au grand Conseil.

[190] Retz.

[191] Anne de la Magdelaine de Ragny, mariée en 1632 à François de Bonne, duc de Lesdiguières.

[192] Retz, son cousin-germain.

[193] Roquelaure.

[194] Madame de Puisieux.

[195] Le garde des sceaux Châteauneuf.

[196] Biron. Ce n'est pas madame de Brion, morte en 1651.

[197] Charles de Sévigné seigneur de Montmoron, cousin issu de germain de Henri, marquis de Sévigné.

[198] Du Lude.

[199] Bussy. Mais ceci feroit croire que la carte n'est pas de Bussy, ou que Bussy se vante, ou encore qu'il ne faut pas prendre pour des paroles d'Évangile tout ce que nous rencontrons.

[200] La princesse d'Harcourt.

[201] Hé! hé! Cela n'est pas dans l'Oraison funèbre.

[202] Marie de Rohan.

[203] Laigues.

[204] Fille d'un conseiller au Parlement nommé Henry, sœur de Gerniou, veuve du fils du ministre Ferrier, et femme du conseiller Menardeau, seigneur de Champré.

[205] Ailleurs dix.

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