Histoire de France - Moyen Âge; (Vol. 1 / 10)
112—page 228—L'Église anglo-saxonne, romaine d'esprit...
Acta SS. ord. S. Ben., sæc. III. Le Pape Zacharie écrit à saint Boniface: «Provincia in quâ natus et nutritus es, quam et in gentem Anglorum et Saxonum in Britanniâ insulâ primi prædicatores ab apostolicâ sede missi, Augustinus, Laurentius, Justus et Honorius, novissime vero tuis temporibus Theodorus, ex græco latinus, arte philosophus et Athenis eruditus, Romæ ordinatus, pallio sublimatus, ad Britanniam præfatam transmissus, judicabat et gubernabat...» Ce Théodore, moine grec de Tarse en Cilicie, avait été envoyé pour remplir le siège de Kenterbury, par le pape Vitalien; il était fort savant en astronomie, en musique, en métrique, en langues grecque et latine; il apporta un Homère et un saint Chrysostome. Il était conduit par Adrien, moine napolitain, né en Afrique, non moins savant, et qui avait été deux fois en France. (Usque hodie supersunt de eorum discipulis, qui latinam græcamque linguam æque ut propriam norunt.) Sous eux, le moine northumbrien Benedict Biscop fit venir des artistes de France, et bâtit dans le Northumberland le monastère de Weremouth, selon l'architecture romaine; les murs étaient ornés de peintures achetées à Rome et de vitres apportées de France. Un maître chanteur avait été appelé de Saint-Pierre de Rome. (Beda, Hist. Abbat. Viremuth.)—Théodore et Adrien eurent pour élèves Alcuin et Aldhelm, parent du roi Ina, le premier Saxon qui ait écrit en latin, selon Camden; il chantait lui-même ses Cantiones Saxonicæ dans les rues, à la populace. Guill. Malmesbury le qualifie: «Ex acumine Græcum, ex nitore Romanum, ex pompâ Anglum.» (Warton, Diss. on the introd. of learning into England, I, CXXII.)
113—page 230—Boniface se voue au pape...
Bonifac, Epist. 105: «Decrevimus in nostro synodali conventu et confessi sumus fidem catholicam, et unitatem, et subjectionem Romanæ Ecclesiæ, fine tenus vitæ nostræ, velle servare: sancto Petro et vicario ejus velle subjici... Metropolitanos pallia ab illâ sede quærere: et per omnia, præcepta Petri Canonice sequi desiderare, ut inter oves sibi commendatas numeremur.»
114—page 230—Il demande au pape, dans sa simplicité, etc...
Le pape écrit à Boniface: «Talia nobis a te referuntur, quasi nos corruptores simus canonum et Patrum rescindere traditiones studeamus: ac per hoc (quod absit) cum nostris clericis in simoniacam hæresim incidamus, expetentes et accipientes ab illis præmia, quibus tribuimus pallia. Sed hortamur, carissime frater, ut nobis deinceps tale aliquid minime scribas...» Acta SS. ord. S. Ben., sæc. III, 75.
Saint Boniface écrit au pape Zacharie: «Maximus mihi labor fuit adversus duos hæreticos pessimos..., unus qui dicitur Adelbert, natione Gallus, alter qui dicitur Clemens, genere Scotus.—Fecit quoque (Adelbert) cruciculas et auratoriola in campis et ad fontes...; ungulas quoque et capillos dedit ad honorificandum et portandum cum reliquiis S. Petri, principis apostolorum.» Epist. 135.
116—page 233, note—... un tribut de trois cents chevaux...
Annal. Met., ap. Script. Fr., V, 336. Le cheval était la principale victime qu'immolaient les Perses et les Germains. Le pape Zacharie (Epist. 142) recommande à Boniface d'empêcher qu'on ne mange de chair de cheval, sans doute comme viande de sacrifice.
117—page 234—Les Francs contre les Vasques, etc..
Fredegar. Scholast., c. XXI. Je doute fort que les Francs, qui furent battus par eux dans la jeunesse de leur empire, leur aient imposé un tribut, comme le prétend Frédégaire, sous les faibles enfants de Brunehaut.
118—page 238—Guaifer repoussa ces demandes...
Voy. aussi Eginhard, Annal., ibid., 199: «Cùm res quæ ad ecclesias... pertinebant, reddere noluisset.—Spondet se ecclesiis sua jura redditurum, etc.»
119—page 239—Pepin portant les reliques...
Secunda S. Austremonii translatio, ap. Scr. Rer. Fr. V, 433. «Rex, ad instar David regis... oblita regali purpurâ, præ gaudio omnem illam insignem vestem lacrymis perfundebat, et antè sancti martyris exequias exultabat, ipsiusque sacratissima membra propriis humeris evehebat. Erat autem hiems.»—Translat. S. Germani Pratens., ibid., 428 «...mittentes, tâm ipse quàm optimates ab ipso electi, manus ad feretrum.»
120—page 239, note 3—Charlemagne...
Les Chroniques de Saint-Denys disent elles-mêmes Challes et Challemaines, pour Charles et Carloman (maine, corruption française de mann; comme lana, laine, etc.). On trouve dans la Chronique de Théophane un texte plus positif encore. Il appelle Carloman Καρουλλόμαγνος; Scr. Fr., V, 187. Les deux frères portaient donc le même nom.—Au dixième siècle, Charles-le-Chauve gagna aussi à l'ignorance des moines latins le surnom de Grand, comme son aïeul. Épitaph., ap. Scr. Fr., VII, 322:
... Nomen qui nomine duxit
De magni magnus, de Caroli Carolus.
C'est ainsi que les Grecs se sont trompés sur le nom d'Élagabal, dont ils ont fait, bon gré, mal gré, Héliogabal, du grec Hélios, soleil.
121—page 241—... dans ces déserts ils élevaient quelque place forte...
Fronsac (Francicum ou Frontiacum) en Aquitaine (Eginh., Annal., ap. Scr. Fr., V, 201); et en Saxe, la ville que les chroniques désignent sous le nom de Urbs Karoli (Annal. Franc, ibid., p. 11), un fort sur la Lippe (p. 29), Ehresburg, etc.
122—page 242—Charlemagne confirma la dîme...
Capitulare ann. 789, c. VII. «De decimis, ut unusquisque suam decimam donet, atque per jussionem pontificis dispensetur.»—Capitulatio de Saxon., ann. 791, c. XVI: «Undecunque censûs aliquid ad fiscum pervenerit..., decima pars ecclesiis et sacerdotibus reddatur.» C. XVII: «Omnes decimam partem substantiæ et laboris sui dent, tàm nobiles quàm ingenui, similiter et liti.»—Voy. aussi Capitul. Francoford., ann. 794, c. XXIII.—Dès l'an 567, on trouve mention de la dîme dans une lettre pastorale des évêques de Touraine; une constitution de Clotaire et les Actes du concile de Mâcon, en 588, la prescrivent expressément. Ducange, II, 1334, vo Decimæ.
123—page 242—... affranchit l'Église de la juridiction séculière.
Capitul. add. ad leg. Langob., ann. 801, c. I. «Volumus primo, ut neque abbates, neque presbyteri, neque diaconi, neque subdiaconi, neque quislibet de clero, de personis suis ad publica, vel ad secularia judicia trahantur vel distringantur, sed a suis episcopis judicati justitiam faciant.»—Cf. Capitul. Aquisgr., ann. 789, c. XXXVII.—Capitul. Francoford., ann. 794, c. IV: «Statutum est a domino rege et S. Synodo, ut episcopi justifias faciant in suas parochias... Comites quoque nostri veniant ad judicium episcoporum.»
124—page 245—... la première victoire des Germains sur l'Empire.
Stapfer, art. Arminius, dans la Biogr. univers.: «Les lieux voisins de Dethmold sont encore pleins de souvenirs de ce mémorable événement. Le champ qui est au pied de Teutberg s'appelle encore Wintfeld, ou Champ de la Victoire; il est traversé par le Rodenbeck, ou Ruisseau de sang, et le Knochenbach, ou Ruisseau des os, qui rappelle ces ossements trouvés, six ans après la défaite de Varus, par les soldats de Germanicus venus pour leur rendre les derniers honneurs. Tout près de là est Feldrom, le champ des Romains; un peu plus loin, dans les environs de Pyrmont, le Herminsberg, ou mont d'Arminius, couvert des ruines d'un château qui porte le nom de Harminsbourg, et sur les bords du Weser, dans le même comté de la Lippe, on trouve Varenholz, le bois de Varus.
125—page 245—... la victoire des Francs sanctifiée par un miracle, etc...
Eginhard. Annal., ap. Script. Fr., V, 201. «Ne diutius siti confectus laboraret exercitus, divinitus factum creditur ut quâdam die, cùm juxta morem, tempore meridiano, cuncti quiescerent, prope montem qui castris erat contiguus tanta vis aquarum in concavitate cujusdam torrentis eruperit, ut exercitui cuncto sufficeret.»—Poetæ Saxonici Annal., l. I.
126—page 248—Le nom du fameux Roland...
Eginhard, vita Karoli, ap. Scr. Fr., V, 93.—Voy. aussi Eginhard. Annal., ibid., 203.—Poet. Sax., l. I, ibid., 143.—Chroniques de Saint-Denys, l. I, c. VI.—Les autres chroniques ne parlent point de cette déroute.—Sur les poèmes carlovingiens, voyez le cours de M. Fauriel, et l'excellente thèse de M. Monin: Sur le Roman de Roncevaux, 1832.
127—page 249—... un système de conversion...
Il prit pour otages quinze des plus illustres, et les remit à la garde de l'archevêque de Reims, Vulfar, auquel il accordait la plus grande confiance. Vulfar avait été précédemment revêtu des fonctions de Missus Dominicus en Champagne. Flodoard. Hist. Remens., l. II, c. XVIII. «Le très sage et très habile Charles, dit le biographe de Louis-le-Débonnaire, savait s'attacher les évêques. Il établit par toute l'Aquitaine des comtes et des abbés, et beaucoup d'autres encore, qu'on nomme des Vassi, de la race des Francs; il leur confia le soin du royaume, la défense des frontières et le gouvernement des fermes royales.» Astronom. Vita Ludov. Pii. c. 3, ap. Scr. Fr., VI, 88.—Les abbés remplissent ici des fonctions militaires. Charlemagne écrit à un abbé de Saxe de venir avec des hommes bien armés et des vivres pour trois mois. Caroli M. Epist., 21, ap. Scr. Fr., V, 633.
Vita S. Sturmii, abbat. Fuld., ap. Scr. Fr., V, 447. «Karolus... assumptis universis sacerdotibus, abbatibus, presbyteris... totam illam provinciam in parochias episcopales divisit... Tunc pars maxima beato Sturmio populi et terræ illius ad procurandum commititur.» Annal. Franc., ap. Scr. Fr., V, 26. «Divisitque ipsam patriam inter presbyteros et episcopos, seu et abbates, ut in eis baptizarent et prædicarent.»—Idem, Chron. Moissiac., ibid. 71.
128—page 253—... le camp des Avares...
Monach. S. Galli, l. II, c. II. «Terra Hunorum novem circulis cingebatur... Tàm latus fuit unus circulus... quantùm est spatium de castro Turonico ad Constantiam... Ita vici et villæ erant locatæ, ut de aliis ad alias vox humana posset audiri. Contra eadem quoque ædificia, inter inexpugnabiles illos muros, portæ non satis latæ erant constitutæ... Item de secundo circulo, qui similiter ut primus erat exstructus; viginti miliaria Teutonica quæ sunt quadraginta Italica, ad tertium usque tendebantur; similiter usque ad nonum; quamvis ipsi circuli alius alio multo contractiores fuerunt... Ad has ergo munitiones per ducentos et eo ampliùs annos, qualescumque omnium occidentalium divitias congregantes... orbem occiduum pene vacuum dimiserunt.»
129—page 255—... un canal du Rhin au Danube...
Eginh. Annal., ad ann. 793. «On avait persuadé au roi que si l'on creusait entre le Rednitz et l'Altmul un canal assez grand pour contenir des vaisseaux, on pourrait naviguer facilement du Rhin au Danube, parce que l'une de ces rivières se jette dans le Danube et l'autre dans le Mein. Aussitôt il vint dans ce lieu avec toute sa cour, y réunit une grande multitude, et employa à cette œuvre toute la saison de l'automne. Le canal fut donc creusé sur deux mille pas de longueur et trois cents pieds de largeur, mais en vain, car au milieu d'une terre marécageuse déjà imprégnée d'eau par sa nature, et inondée par des pluies continuelles, l'entreprise ne put s'achever: autant les ouvriers avaient tiré de terre pendant le jour, autant il en retombait pendant la nuit, à la même place. Pendant ce travail, on lui apporta deux nouvelles fort déplaisantes: les Saxons s'étaient révoltés de tous côtés; les Sarrasins avaient envahi la Septimanie, engagé un combat avec les comtes et les gardes de cette frontière, tué beaucoup de Francs, et ils étaient rentrés chez eux victorieux.»
130—page 257, note—Charlemagne et le pape Adrien...
Eginh. Kar. M. c. 19: «Nuntiato Adriani obitu, quem amicum præcipuum habebat, sic flevit, ac si fratrem aut carissimum filium amisisset.» C. XVII: «Nec ille toto regni sui tempore quicquam duxit antiquius, quàm ut urbs Roma suâ operâ suoque labore veteri polleret auctoritate...»—Voy. les lettres d'Adrien à Charlemagne. (Scr. Fr. V, 403, 544, 545, 546, etc.)
131—page 257—... le couronnement de Charlemagne...
Eginh. Annal., p. 215. «Coram altari, ubi ad orationem se inclinaverat, Leo papa coronam capiti ejus imposuit.»—Eginh. Vit. Kar. M., ibid. 100. «Quod primo in tantum adversatus est, ut affirmaret se eo die, quamvis præcipua festivitas esset, ecclesiam non intraturum fuisse, si pontificis consilium præscire potuisset.»
132—page 258—Les présents d'Haroun...
«Ce que le poète disait impossible:
Aut Ararim Parthus bibet, aut Germania Tigrim,
parut alors, dit le moine de Saint-Gall, une chose toute simple, à cause des relations de Charles avec Haroun. En témoignage de ce fait, j'appellerai toute la Germanie, qui, du temps de votre glorieux père Louis (il s'adresse à Charles-le-Chauve), fut contrainte de payer un denier par chaque tête de bœuf et par chaque manse dépendant du domaine royal, pour le rachat des chrétiens qui habitaient la terre sainte. Dans leur misère, ils imploraient leur délivrance de votre père, comme anciens sujets de votre bisaïeul Charles et de votre aïeul Louis.» Monach. Sangall., l. II, c. XIV.
133—page 258—Charlemagne actif dans son repos même, etc...
Eginh. in Karol. M., c. XXV. «Il apprit la grammaire sous le diacre Pierre de Pise, et eut pour maître, dans les autres études, Albinus, surnommé Alcuin, également diacre, né en Bretagne, et de race saxonne, homme d'une science universelle, et sous la direction duquel il donna beaucoup de temps et de travail à la rhétorique et à la dialectique, mais surtout à l'astronomie. Il apprenait aussi le calcul et étudiait le cours des astres avec une curieuse et ardente sagacité.»—«Dans les dernières années de sa vie, il ne fit plus que s'occuper de prières et d'aumônes et corriger des livres. La veille de sa mort, il avait soigneusement corrigé, avec des Grecs et des Syriens, les évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean.» Thegan. de Gestis Ludov. Pii, c. VII, ap. Scr. Fr. VI, 76.—Il envoya aussi «à son meilleur ami», le pape Adrien, un Psautier en latin, écrit en lettres d'or, et avec une dédicace en vers. (Eginh. ap. Script. Rer. Franc., t. V, p. 402.) Aussi l'ensevelit-on avec un Évangile d'or à la main. (Monach. Engolism. in Kar. M., ibid. 186.)
134—page 259—Il se piquait de bien chanter au lutrin...
Eginh. in Kar. M., c. XXVI. «Il perfectionna soigneusement la lecture et le chant sacrés, car il s'y entendait admirablement, quoiqu'il ne lût jamais lui-même en public, et qu'il ne chantât qu'à demi voix et en chœur.»—Mon. Sangall., l. I, c. VII. «Jamais, dans la basilique du docte Charles, il ne fut besoin de désigner à chacun le passage qu'il devait lire, ni d'en marquer la fin avec de la cire ou avec l'ongle; tous savaient si bien ce qu'ils avaient à lire, que si on leur disait à l'improviste de commencer, jamais il ne les trouvait en faute. Lui-même, il levait le doigt ou un bâton, ou envoyait quelqu'un aux clercs, assis loin de lui, pour désigner celui qu'il voulait faire lire. Il marquait la fin, par un son guttural, que tous attendaient en suspens, tellement que, soit qu'il fît signe après la fin d'un sens, ou à un repos au milieu de la phrase, ou même avant le repos, personne ne reprenait trop haut ou trop bas, quelque étrange commencement que cela pût faire. En sorte que, bien que tous ne comprissent pas, c'était dans son palais que se trouvaient les meilleurs lecteurs, et nul n'osa entrer parmi ses choristes (fût-il même connu d'ailleurs) qui ne sût bien lire et bien chanter.»
135—page 259—... pour observer ceux qui entraient...
Mon. S. Galli, l. I, c. XXXII. «Quæ (mensiones) ita circa palatium peritissimi Caroli ejus dispositione constructæ sunt, ut ipse per cancellos solarii sui cuncta posset videre, quæcumque ab intrantibus vel exeuntibus quasi latenter fierent. Sed et ita omnia procerum habitacula a terrâ erant in sublime suspensa, ut sub eis non solum militum milites et eorum servitores, sed omne genus hominum ab injuriis imbrium vel nivium, vel gelu, caminis possent defendi, et nequaquàm tamen ab oculis acutissimi Caroli valerent abscondi.»
136—page 259—La nuit, il se levait pour les matines...
Eginh. in Kar. M., c. XXVI. «Ecclesiam mane et vespere, item nocturnis horis et sacrificii tempore, quoad eum valetudo permiserat, impigrè frequentabat.»—Mon. Sangall., l. I, c. XXXIII: «Gloriosissimus Carolus ad nocturnas laudes pendulo et profundissimo pallio utebatur.»
137—page 259—Portrait de Charlemagne...
Eginh. in Kar. M., c. XXII. «Corpore fuit amplo atque robusto, staturâ eminenti, quæ tamen justam non excederet... apice corporis rotundo, oculis prægrandibus ac vegetis, naso paululum mediocritatem excedente... Cervix obesa et brevior, venterque projectior... Voce clarâ quidem, sed quæ minùs corporis formæ conveniret.—Medicos pene exosos habebat, quod ei in cibis assas, quibus assuetus erat, dimittere, et elixis adsuescere suadebant.»—Permis aux grandes Chroniques de Saint-Denys, écrites si longtemps après, de dire qu'il fendait un chevalier d'un coup d'épée, et qu'il portait un homme armé debout sur la main. On a proportionné l'empereur à l'empire, et conclu que celui qui régnait de l'Elbe à l'Èbre devait être un géant.
138—page 259—C'était plaisir de les voir cavalcader derrière lui...
Id. ibid., c. XIX: «Numquàm iter sine illis faceret. Adequitabant ei filii, filiæ vero pone sequebantur... Quæ cùm pulcherrimæ essent et ab eo plurimum diligerentur, mirum dictu quod nullam earum cuiquam aut suorum aut exterorum nuptum dare voluit. Sed omnes secum usque ad obitum suum in domo suâ retinuit, dicens se earum contubernio carere non posse. Ac propter hoc, alias felix, adversæ fortunæ malignitatem expertus est. Quod tamen ita dissimulavit, ac si de eis nunquam alicujus probri suspicio exorta, vel fama dispersa fuisset.»
139—page 260—... la dissonance reparaissait toujours...
V. un passage curieux d'une vie de saint Grégoire, ap. Scrip. Rer. Fr. t. V, p. 445.—V. aussi la vie de Charlemagne, par un moine d'Angoulême (ap. Scr. Fr. V, 185).—Mon. Sangall., l. 1, c. X. «Voyant avec douleur que le chant était divers selon les diverses provinces, il demanda au pape douze clercs instruits dans la psalmodie. Mais, par malice, lorsqu'on les eut dispersés de côté et d'autre, ils se mirent à enseigner tous des méthodes différentes. Charles indigné se plaignit au pape, et le pape les mit en prison.»
140—page 265—Charlemagne fit recueillir les vieux chants nationaux de l'Allemagne...
Eginh. in Kar. M., c. XXIX. «Barbara et antiquissima carmina, quibus veterum regum actus ac bella canebantur, scripsit, memoriæque mandavit. Inchoavit et grammaticam patrii sermonis.»—Suivant Éginhard (c. XIV) Charlemagne donna au mois des noms significatifs dans la langue allemande (mois d'hiver, mois de boue, etc.); mais, selon la remarque de M. Guizot, on les trouve en usage chez différents peuples germains avant le temps de Charlemagne.
141—page 266—... parlant souvent la langue latine...
Eginh. in Kar: M. c. XXV. «Latinam ita didicit, ut æque, illâ ac patriâ linguâ orare esset solitus; græcam vero melius intelligere quam pronunciare poterat.»—Poeta Saxon., l. V, ap. Scr. Fr. V, 176:
..... Solitus linguâ sæpe est orare latinâ;
Nec græcæ prorsus nescius extiterat.
«Telle était sa faconde, qu'il en ressemblait à un pédagogue (ut didasculus appareret; alibi dicaculus, petit plaisant).»
142—page 270—Dans les Capitulaires, le ton pédantesque...
On pourrait multiplier les exemples. Capitul. anni 802, ap. Scr. Fr. V, 659. «Placuit ut unusquisque ex propriâ personâ se in sancto Dei servitio secundum Dei præceptum et secundum sponsionem suam pleniter conservare studeat secundum intellectum et vires suas; quia ipse domnus imperator non omnibus singulariter necessariam potest exhibere curam.» Capitul. anni 806, ibid. 677. «Cupiditas in bonam partem potest accipi et in malam. In bonam juxta apostolum, etc.—Avaritia est alienas res appetere, et adeptas nulli largiri. Et juxta apostolum, hæc est radix omnium malorum. Turpe lucrum exercent qui per varias circumventiones lucrandi causâ inhoneste res quaslibet congregare decertant.»
143—page 270—Les livres Carolins contre l'adoration des images...
Carol. libr. I, c. XXI. «Solus igitur Deus colendus, solus adorandus, solus glorificandus est, de quo per prophetam dicitur: exaltatum est nomen ejus solius, etc.»
144—p. 271—... son fils Louis ayant restitué toutes les spoliations de Pepin...
Je crois qu'il faut entendre ainsi cette dilapidation du domaine que Charlemagne reprocha à son fils. Ce domaine avait dû se former de toutes les violences de la conquête. Le caractère scrupuleux de Louis, et les réparations qu'il fit plus tard à d'autres nations maltraitées par les Francs, autorisent à interpréter ainsi sa conduite en Aquitaine. Voici le texte de l'historien contemporain: «In tantum largus, ut antea nec in antiquis libris nec in modernis temporibus auditum est, ut villas regias quæ erant et avi et tritavi (Pepin et Charles-Martel), fidelibus suis tradidit eas in possessiones sempiternas... Fecit enim hoc diu tempore.» Theganus, de gestis Ludov. Pii, c. XIX, ap. Scr. Fr. VI, 78.
145—page 273—«L'Empereur assemble des hommes en Gaule, en Germanie...»
Annal. Franc., ad ann. 810, ap. Scr. Fr. V, 59. «Nuntium accepit classem CC navium de Nortmannia Frisiam appulisse... Missis in omnes circumquaque regiones ad congregandum exercitum nuntiis...»—Ibid., ad ann. 809. Cumque ad hoc per Galliam atque Germaniam homines congregasset...»
146—page 273—«Le roi des Northmans, Godfried, etc...»
Eginh. in Kar. M., c. XIV. «Godefridus adeo vanâ spe inflatus erat, ut totius sibi Germanise promitteret potestatem, etc.»—V. aussi Annal. Franc., ap. Scr. Fr. V, 57, Hermann. Contract., ibid. 366.
147—page 275—Le saint Louis du neuvième siècle...
Il y a une singulière ressemblance entre les portraits que l'histoire nous a laissés de Louis-le-Débonnaire et de saint Louis. «Imperator erat... manibus longis, digitis redis, tibiis longis et ad mensuram gracilibus, pedibus longis.» Theganus, de Gest. Ludov. Pii, c. XIX, ap. Scr. Fr. VI, 78.—«Ludovicus (saint Louis) erat subtilis et gracilis, macilentus, convenienter et longus, habens vultum anglicum (angelicum?), et faciem gratiosam.» Salimbeni, 302; ap. Raumer, Geschichte der Hohenstauffen, IV, 271.—L'un et l'autre se gardaient soigneusement de rire aux éclats. «Numquam in risu imperator exaltavit vocem suam, nec quando in festivitatibus ad lætitiam populi procedebant themilici, scurræ et mimi cum choraulis et citharistis ad mensam coram eo: tunc ad memsuram coram eo ridebat populus; ille numquam vel dentes candidos suos in risu ostendit.» Thegan. ibid.—Sur la gravité de saint Louis et son horreur pour les baladins et les musiciens, V. le IIe vol.—Enfin les deux saints ont montré le même désir de réparer par des restitutions les injustices de leurs pères.
148—page 276—Réforme des monastères, etc....
Acta SS. ord. S. Bened., sec. IV, p. 195. «Regulam B. Benedicti tironibus seu infirmis positam fore contestans, ad beati Basilii dicta necnon Pachomii regulam scandere nitens.»—Astronom., c. XXXVIII, ap. Scr. Fr. VI, 100: «Ludovicus... fecit componi ordinarique librum canonicæ vitæ normam gestantem; misit... qui transcribi facerent... itidemque constituit Benedictum abbatem, et cum eo monachos strenuæ vitæ per omnia, qui per omnia monachorum euntes redeuntesque monasteria, uniformem cunctis traderent monasteriis, tam viris quàm feminis, vivendi secundum regulam S. Benedicti incommutabilem morem.»
149—page 276—Louis renvoya, dans leur couvent Adalhard et Wala...
S. Adhalardi Vita, ibid., 277. «Invidiâ... pulsus præsentibus bonis, dignitate, exutus vulgi existimatione fœdatus... exilium tulit.»—Acta SS. ord. S. Bened., sec. IV, p. 464: «Wala... cujus Augustus, efficaciam auspicatus ingenii, licet consobrinus ipsius esset, patrui ejus filius, decrevit humiliari, cujuslibet instinctu, et redigi inter infimos.»—P. 492. Un jour il dit à Louis-le-Débonnaire: «Velim, reverendissime imperator Auguste, dicas nobis tuis quid est quod tantùm propriis interdum relictis officiis, ad divina te transmittis.»—Astronom., c. XXI: «Timebatur quàm maxime Wala, summi apud Carolum imperatorem habitus loci, ne forte aliquid sinistri contra imperatorem moliretur.»
150—page 276—Le palais impérial eut sa réforme...
Astronom., c. XXI: «Moverat ejus animum jamdudum, quanquam naturâ mitissimum, illud quod a sororibus illius in contubernio exercebatur paterno; quo solo domus paterna inurebatur nævo... Misit... qui... aliquos stupri immanitate et superbiæ fastu, reos majestatis caute ad adventum usque suum adservarent.»—C. XXIII: «Omnem cœtum femineum, qui permaximus erat, palatio excludi judicavit præter paucissimas. Sororum autem quæque in sua, quæ a patre acceperat, concessit.»
151—page 276—Roi d'Aquitaine, il s'était réduit à une telle pauvreté...
Astronom., c. VII.—Le roi Louis donna bientôt une preuve de sa sagesse, et fit voir la tendresse de miséricorde qui lui était naturelle. Il régla qu'il passerait les hivers dans quatre lieux différents; après trois ans écoulés, un nouveau séjour devait le recevoir pour le quatrième hiver; ces habitations étaient: Doué, Chasseneuil, Audiac et Ébreuil. Ainsi chacune, quand son tour revenait, pouvait suffire à la dépense du service royal. Après cette sage disposition, il défendit qu'à l'avenir on exigeât du peuple les approvisionnements militaires, qu'on appelle vulgairement foderum. Les gens de guerre furent mécontents; mais cet homme de miséricorde, considérant et la misère de ceux qui payaient cette taxe, et la cruauté de ceux qui la percevaient, et la perdition des uns et des autres, aima mieux entretenir ses hommes sur son bien que de laisser subsister un impôt si dur pour ses sujets. À la même époque, sa libéralité déchargea les Albigeois d'une contribution de vin et de blé... Tout cela plut tellement, dit-on, au roi son père, qu'à son exemple il supprima en France l'impôt des approvisionnements militaires, et ordonna encore beaucoup d'autres réformes, félicitant son fils de ses heureux progrès.»—Voy. aussi Thegan, De gestis, etc.
152—page 276—Empereur, il rendit aux Saxons le droit de succéder...
Astronom, c. XXIV. «Saxonibus atque Frisonibus jus paternæ hæreditatis, quod sub patre ob perfidiam legaliter perdiderant, imperatoriâ restituit clementiâ... Post hæc easdem gentes semper sibi devotissimas habuit.»
153—page 277—... confirma les droits des chrétiens d'Espagne...
Diplomata Ludov. Imperat., ann. 816, ap. Scr. Fr. VI, 486, 487: «Jubemus ut hi, qui vel nostrum vel domini et genitoris nostri præceptum accipere meruerunt, hoc quod ipsi cum suis hominibus de deserto excoluerunt, per nostram concessionem habeant. Hi vero qui postea venerunt, et se aut comitibus aut vassis nostris aut paribus suis se commendaverunt, et ab eis terras ad habitandum acceperunt, sub quali convenientiâ atque conditione acceperunt, tali eas in futurum et ipsi possideant, et suæ posteritati derelinquant, etc.»
154—page 277, note 3—... premier essai de l'Italie pour se délivrer des barbares...
«Omnes civitates regni et principes Italiæ in hæc verba conjuraverunt, sed et omnes aditus, quibus in Italiam intratur, positis obicibus et custodiis obserarunt.»—Astronom., c. XXIX.—V. aussi Eginh. Annal., ap. Scr. F. VI, 177.
155—page 278—Charlemagne avait désigné Louis, etc...
Thegan., c. VI. «Cùm intellexisset appropinquare sibi diem obitus sui, vocavit filium suum Ludovicum ad se cum omni exercitu, episcopis, abbatibus, ducibus, comitibus, loco positis... interrogans omnes a maximo usque ad minimum, si eis placuisset ut nomen suum, id est imperatoris, filio suo Ludovico tradidisset. Illi omnes responderunt Dei esse admonitionem illius rei.»—Il avait aussi consulté Alcuin au tombeau de saint Martin de Tours: «Quo in loco tenens manum Albini, ait secrete: Domine magister, quem de his filiis meis videtur tibi in isto honore quem indigno quanquam dedit mihi Deus, habere me successorem? At ille vultum in Ludovicum dirigens, novissimum illorum, sed humilitate clarissimum, ob quam a multis despicabilis notabatur, ait: Habebis Ludovicum humilem successorem eximium.» Acta SS. ord. S. Bened., sec. IV, p. 156.
156—page 278—Louis ne pouvait consentir à l'exécution de Bernard, etc...
Astron., c. XXX. «Cum lege judicioque Francorum deberent capitali invectione feriri, suppressâ tristiori sententiâ, luminibus orbarit consensit, licet multis obnitentibus, et adnimadverti in eos totâ severitate legali cupientibus.» Thegan., ibid., 79. «Judicium mortale imperator exercere noluit; sed consiliarii Bernhardum luminibus privârunt... Bernhardus obiit. Quod audiens imperator, magno cum dolore flevit mullo tempore.»
157—page 278—La Suède eut un évêque dépendant de l'archevêque de Reims...
S. Anscharii vita, ibid., 305. «In civitate Hammaburg sedem constituit archiepiscopalem.»—Ibid., 306. «Ebo (archiep. Remensis) quemdam... pontificali insignitum honore, ad partes direxit Sueonum, etc.»
158—page 279—Louis choisit la plus belle. Judith, etc...
Astron., c. LXXX. «Undecumque abductas procerum filias inspiciens, Judith.»—Thegan., c. XXVI. «Accepit filiam Velfi ducis, qui erat de nobilissimâ stirpe Bavarorum, et nomen virginis Judith, quæ erat ex parte matris nobilissimi generis Saxonici, eamque reginam constituit. Erat enim pulchra valde.»—L'évêque Friculfe lui écrit: «Si agitur de venustate corporis, pulchritudine superas omnes, quas visus vel auditus nostræ parvitatis comperit, reginas.» Scr. Fr. VI, 355.
V. les épîtres dédicatoires du célèbre Raban de Fulde et de l'évêque Friculfe. Celui-ci lui écrit: «In divinis et liberalibus studiis, ut tuæ eruditionis cognovi facundiam, obstupui.» Script. Fr. VI, 355, 356.—Walafrid versus, ibid., 268:
Organa dulcisono percurrit pectine Judith.
O si Sappho loquax, vel nos inviseret Holda.
Ludere jam pedibus...
Quidquid enim tibimet sexûs subtraxit egestas,
Reddidit ingeniis culta atque exercita vita.
—Annal. Met., ibid., 212. «Pulchra nimis et sapientiæ floribus optime instructa.»
160—page 282—Une diète fut assemblée à Nimègue...
Astron., c. XLV. «Hi qui imperatori contraria sentiebant, alicubi in Franciâ conventum fieri generalem volebant. Imperator autem clanculo obnitebatur, diffidens quidem Francis, magisque se credens Germanis. Obtinuit tamen sententia imperatoris, ut in Neomago populi convenirent... Omnisque Germania eo confluxit, imperatori auxilio futura.» Louis se réconcilie avec son fils; le peuple, furieux, menace de massacrer et l'empereur et Lothaire. On saisit les mutins.—«Quos postea ad judicium adductos, cum omnes juris censores filiique imperatoris judicio legali, tanquam reos majestatis, decernerent capitali sententià feriri, nullum ex eis permisit occidi.»—Voy. aussi Annal. Bertinian., ibid. 193.
161—page 282—... l'empereur se voyant abandonné, etc...
Thegan., c. XLII. «Dicens: Ite ad filios meos. Nolo ut ullus propter me vitam aut membra dimittat. Illi infusi lacrymis recedebant ab eo.»
162—page 284—Ebbon, l'un de ces fils de serfs, etc...
Thegan., c. XLIV. «Hebo Remensis episcopus, qui erat ex originalium servorum stirpe... O qualem remunerationem reddidisti ei. Vestivit te purpurâ et pallio, et tu eum induisti cilicio... Patres tui fuerunt pastores caprarum, non consiliarii principum!... Sed tentatio piissimi principis... sicut et patientia beati Job. Qui beato Job insultabant, reges fuisse leguntur; qui istum vero affligebant, legales servi ejus erant ac patrum suorum.—Omnes enim episcopi molesti fuerunt ei, et maxime hi quos ex servili conditione honoratos habebat, cum his qui ex barbaris nationibus ad hoc fastigium perducti sunt.»—Id., c. XX: «Jamdudum illa pessima consuetudo erat, ut ex vilissimis servis summi pontifices fierent, et hoc non prohibuit...» Puis vient une longue invective contre les parvenus.
163—page 285, note—Tous se trouvaient d'accord...
Nithardi historiæ, l. I, c. IV, ap. Scr. Fr. VII, 12. «Occurrebat universæ plebi verecundia et pœnitudo, quod bis imperatorem dimiserant.»—C. V: «Franci, eo quod imperatorem bis reliquerant, pœnitudine correpti; ad defectionem impelli dedignati sunt.»—Tous les peuples revenaient à Louis: «Gregatim populi tam Franciæ quam Burgundiæ, necnon Aquitaniæ sed et Germaniæ coeuntes, calamitatis querelis de imperatoris infortunio querebantur, etc.» Astronom., c. XLIX.
164—page 286—Wala... «un homme de discorde...»
Acta SS. ord. S. Bened., sec. IV, p. 453: «Virum rixæ virumque discordiæ se progenitum frequenter ingemuerit.»—Pascase Radbert, auteur de la vie de Wala, qui écrivait sous Louis-le-Débonnaire et sous son fils Charles-le-Chauve, crut prudent de déguiser ses personnages sous des noms supposés. Wala s'appelle Arsenius; Adhalard, Antonius; Louis-le-Débonnaire, Justinianus; Judith, Justina; Lothaire, Honorius; Louis-le-Germanique, Gratianus; Pepin, Melanius; Bernard de Septimanie, Naso et Amisarius.
165—page 286—Le vieil empereur aurait dit à Lothaire...
Nithard., l. I, c. XII: «Ecce, fili, ut promiseram, regnum omne coram te est; divide illud prout libuerit. Quod si tu diviseris, partium electio Caroli erit. Si autem nos illud diviserimus, similiter partium electio tua erit.—Quod idem cum per triduum dividere vellet, sed minime posset, Josippum atque Richardum ad patrem direxit, deprecans ut ille et sui regnum dividerent, partiumque electio sibi concederetur... Testati quod pro nullâ re aliâ, nisi solâ ignorantiâ regionum, id peragere differret. Quamobrem pater, ut ægrius valuit, regnum omne absque Bajoariâ cum suis divisit; et a Mosâ partem Australem Lodharius cum suis elegit Occiduam verò, ut Carolo conferretur, consensit.»
166—page 288—... bataille si sanglante qu'elle eût épuisé l'Empire...
Annal. Met., ap. Scr. Fr. VII, 184. «In quâ pugnâ ità Francorum vires attenuatæ sunt..., ut nec ad tuendos proprios fines in posterum sufficerent.»—«Dans cette bataille, dit une autre chronique écrite au temps de Philippe-Auguste, presque tous les guerriers de la France, de l'Aquitaine, de l'Italie, de l'Allemagne, de la Bourgogne, se tuèrent mutuellement.» Hist. reg. Franc., 259.
167—page 290—Serment de Louis-le-Germanique et de Charles-le-Chauve...
Nithard., l. III, c. V. ap. Scr. Fr. VII, 27, 35.—J'emprunte la traduction de M. Aug. Thierry (Lettres sur l'Histoire de France). Mais je n'ai pas cru devoir adopter ses restitutions. Il est trop hasardeux de changer les mots latins qui se rencontrent dans les monuments d'une époque semblable. Le latin devait se trouver mêlé selon des proportions différentes dans les langues naissantes de l'Europe. (Voy., aux Éclaircissements, le chant barbare composé sur la captivité de Louis II.)
168—page 293—Le secours que Lothaire avait demandé aux païens...
Voy. aussi les Annales de Saint-Bertin, an 841, les Annales de Fulde, an 842, la Chronique d'Hermann. Contract., ap. Scr. Fr. VII, 232, etc.
169—page 293—Charles-le-Chauve qui ressemblait à Bernard...
Thegan., c. XXXVI. «Impii... dixerunt Judith reginam violatam esse à duce Bernhardo.»—Vita venerab. Walæ, ap. Scr. Fr. VI, 289.—Agobardi Apolog., ibid., 248.—Ariberti Narratio, ap. Scr. Fr. VII, 286: «Et os ejus mire ferebat, naturâ adulterium maternum prodente.»
170—page 293—Pepin n'avait pas hésité à appeler les Sarrasins, les Normands...
Annal. Bertin, ap. Scr. Fr. VII, 66. Chronic. S. Benigni Divion., ibid. 229.—Translat. S. Vincent, 353. «Nortmanni... a Pippino conducti mercimoniis, pariter cum eo ad obsidendam Tolosam adventaverant.»
171—page 296—Les moines avaient demandé à Louis-le-Débonnaire, etc...
Nithard., l. I, c. III. «Percontari... si respublica ei restitueretur, an eam erigere ac fovere vellet, maximeque cultum divinum.»
Les évêques interrogent de même Charles-le-Chauve, etc... Nithard, l. IV, c. I. «Palam illos percontati sunt... an secundum Dei voluntatem regere voluissent. Respondentibus... se velle... aiunt: Et auctoritate divinâ ut illud suscipiatis, et secundum Dei voluntatem illud regatis monemus, hortamur atque præcipimus.»
Plus tard les évêques sont d'avis que la paix règne entre les trois frères. Nithard, ibid., c. III. «Solito more, ad episcopos sacerdotesque rem referunt. Quibus cum undique ut pax inter illos fieret melius videretur, consentiunt, legatos convocant, postulata concedunt.»
172—page 297—Le Capitulaire d'Épernay, etc...
C'est par erreur qu'un historien récent a dit que ce pouvoir avait été conféré aux évêques exclusivement. Baluz., t. II, p. 31, Capitul. Sparnac. ann. 846, art. 20. «Missos ex utroque ordine... mittatis...»
Le Capitulaire de Kiersy, etc. Capitul. Car. Calvi; ap Scr. Fr. VII, 630. «Ut unusquisque presbyter imbreviet in suâ parrochiâ omnes malefactores, etc., et eos extra ecclesiam faciat... Si se emendare noluerint, ad episcopi præsentiam perducantur.»
173—page 300—La plainte de Charles-le-Chauve contre Venilon, etc...
Baluz., Capitul., ann. 859, p. 127.—Hincmar dit plus tard expressément qu'il a élu Louis III. Hincmari ad Ludov. III epist. (ap. Hinc. op. II, 198): «Ego cum collegis meis et cæteris Dei ac progenitorum vestrorum fidelibus, vos elegi ad regimen regni, sub conditione debitas leges servandi.»
174—page 302—Gotteschalk avait professé la doctrine de la prédestination...
Voy. sur cette affaire les textes qu'a réunis Gieseler, Kirchengeschichte, II, 101, sqq.
175—page 305—Pour Jean Érigène l'Écriture est un texte livré à l'interprétation...
J. Erig. De nat. divis., l. I, c. LXVI... «Il ne faut pas croire que, pour faire pénétrer en nous la nature divine, la sainte Écriture se serve toujours des mots et des signes propres et précis; elle use de similitudes, de termes détournés et figurés, condescend à notre faiblesse, et élève, par un enseignement simple, nos esprits encore grossiers et enfantins.» Dans le Traité Περὶ φύσεως μερισμοῦ, l'autorité, est dérivée de la raison, nullement la raison de l'autorité. Toute autorité qui n'est pas avouée par la raison paraît sans valeur, etc.
176—p. 306, note.—Les pirates... que la famine avait chassés du gîte paternel...
La faim fut le génie de ces rois de la mer. Une famine qui désola le Jutland fit établir une loi qui condamnait tous les cinq ans à l'exil les fils puînés. Odio Cluniac, ap. Scr. Fr. VI, 318. Dodo, de Mor. Duc. Normann., l. I. Guill. Gemetic, l. I, c. IV, 5.—Un Saga irlandais dit que les parents faisaient brûler avec eux leur or, leur argent, etc., pour forcer leurs enfants d'aller chercher fortune sur mer. Watzdæla, ap. Barth., 438.
«Olivier Barnakall, intrépide pirate, défendit le premier à ses compagnons de se jeter les enfants les uns aux autres sur la pointe des lances: c'était leur habitude. Il en reçut le nom de Barnakall, sauveur des enfants.» Bartholin., p. 457.—Lorsque l'enthousiasme guerrier des compagnons du chef s'exaltait jusqu'à la frénésie, ils prenaient le nom de Bersekir (insensés, fous furieux). La place du Bersekir était la proue. Les anciens Sagas font de ce titre un honneur pour leurs héros (V. l'Edda Sæmundar, l'Hervarar-Saga, et plusieurs Sagas de Snorro). Mais dans le Vatzdæla-Saga, le nom de Bersekir devient un reproche. Barthol., 345.—«Furore bersekico si quis grassetur, relegatione puniatur.» Ann. Kristni-Saga. Turner, Hist. of the Anglo-Saxons, I, 463, sqq.
177—page 308—Depuis qu'Harold eut obtenu de Louis une province pour un baptême, etc...
Thegan., XXXIII, ap. Scr. Fr. VI, 80. «Quem imperator elevavit de fonte baptismatis... Tunc magnam partem Frisonum dedit ei.» Astronom., c. XL, ibid., 107.—Eginh. Annal., ibid., 187.—Annal. Bertin., ann. 870. «Cependant furent baptisés quelques Normands, amenés pour cela à l'empereur par Hugues, abbé et marquis: ayant reçu des présents, ils s'en retournèrent vers les leurs, et après le baptême ils se conduisirent de même qu'auparavant, en Normands et comme des païens.»
178—page 313—Ce roi peut disposer de quelques évêchés, etc...
Annal. Bertin, ann. 859. «Charles distribua aux laïques certains monastères, qui n'étaient jamais accordés qu'à des clercs.—Ann. 862: L'abbaye de Saint-Martin, qu'il avait donnée déraisonnablement à son fils Hludowic, il la donna sans plus de raison à Hubert, clerc marié.» Pendant longtemps il avait laissé vacante la place d'abbé, et l'avait gardée à son profit. En 861, il en avait fait autant des abbayes de Saint-Quentin et de Saint-Waast.—Ann. 876. Il récompensait, en leur donnant des abbayes, les transfuges qui passaient dans son parti.—Ann. 865. «Il nomma de sa pleine autorité, avant que la cause eût été jugée, Vulfade à l'archevêché de Bourges, etc., etc...»—Flodoard, l. II, c. XVII. Le synode de Troyes, qui avait désapprouvé la nomination de Vulfade, envoyait au pape le compte rendu de ses délibérations. Charles exigea que la lettre lui fût remise, et brisa, pour la lire, les sceaux des archevêques, etc.—Voyez aussi dans les Annales de Saint-Bertin, an 876, sa conduite dure et hautaine envers les évêques assemblés au concile de Ponthion.—En 867, il avait exigé des évêques et des abbés un état de leurs possessions, afin de savoir combien il pouvait en exiger de serfs pour les employer à des constructions. Dix ans après, il fit contribuer tout le clergé pour le payement d'un tribut aux Normands. Ann. Bertin.—Dans ses expéditions militaires, il se fit peu de scrupule de piller les églises. Ibid., ann. 851.—On alla jusqu'à douter de la pureté de sa foi (Lotharius adversus Karolum occasione suspectæ fidei queritur... Multa catholicæ fidei contrario in regno Karli, ipso quoque non nescio, concitantur. Ibid., ann. 855).—Nous le voyons même humilier l'archevêque de Reims, auquel il devait tout, en donnant la primatie à celui de Sens.—Hincmar avait plusieurs côtés faibles et vulnérables. D'une part, il avait succédé à l'archevêque Ebbon, dont plusieurs désapprouvaient la déposition. De l'autre, il s'était compromis dans l'affaire de Gotteschalk, et par des procédés illégaux envers l'hérétique, et par son alliance avec Jean Scot. On lui reprochait aussi ses violences à l'égard de son neveu Hincmar, évêque de Laon, jeune et savant prélat, qu'il ne trouvait pas assez soumis à la primatie de Reims.
179—page 313—Charles-le-Chauve sous la dalmatique grecque...
Annal. Fuld., ap. Scr. Fr. VII, 27. «De Italiâ in Galliam rediens, novos et insolentes habitus assumpsisse perhibetur: nam talari dalmaticâ indutus et balteo desuper accinctus pendente usque ad pedes, necnon capite involuto serico velamine, ac diademate desuper imposito, dominicis et festis diebus ad ecclesiam procedere solebat... Græcas glorias optimas arbitrabatur...»
180—page 313—Louis-le-Bègue avoue qu'il ne tient la couronne que de l'élection...
Annal. Bertin., ap. Scr. Fr. VIII, 27. «Ego Ludovicus misericordiâ Domini Dei nostri et electione populi rex constitutus... polliceor servaturum leges et statuta populo, etc.»
181—page 316—Le moine de Saint-Gall fait dire à un soldat de Charlemagne, etc...
Mon. Sangall., l. II, c. XX. Is cum Behemanos, Wilzoz et Avaros in modum prati secaret, et in avicularum modum de hastili suspenderet... aiebat: «Quid mihi ranunculi isti? Septem vel octo, vel certe novem de illis hastâ meâ perforatos et nescio quid murmurantes, huc illucque portare solebam.»
182—page 318—Le duché de Gascogne est rétabli, etc...
Voy. la charte de 845, par laquelle Charles-le-Chauve refuse de confisquer les dons prodigieux que le comte des Gascons Vandregisile et sa famille (comtes de Bigorre, etc.) avaient faits à l'église d'Alahon (diocèse d'Urgel). Histoire du Lang., I, note, p. 688 et p. 85 des preuves.—Il ne donnait pas moins que tout l'ancien patrimoine de ses aïeux en France, tout ce qu'ils avaient eu de propriétés et de droits dans le Toulousan, l'Agénois, le Quercy, le pays d'Arles, le Périgueux, la Saintonge et le Poitou. Les bénédictins ne trouvent dans l'état matériel et la forme de cette pièce aucun motif d'en suspecter l'authenticité. Ce serait le testament de l'ancienne dynastie aquitanique, réfugiée chez les Basques, léguant à l'Église espagnole tout ce qu'elle a jamais possédé en France. Du tiers de la France, le don est réduit par Charles-le-Chauve à quelques terres en Espagne, sur lesquelles il n'avait pas grand'chose à prétendre (1833). M. Rabanis a contesté l'authenticité de la charte d'Alahon (1841).
183—page 319—Le Breton Noménoé veut faire de la Bretagne un royaume...
Histor Britann., ap. Scr. Fr. VII, 49. «... In corde suo cogitavit ut se regem faceret... Reperit ut episcopos totius suæ regionis manu Francorum regiâ factos, aliquâ seductione a sedibus suis expelleret, et alios concessione suâ constitutos in locis illorum subrogaret, et si sic fierit posset, faciliter per hoc ad regiam dignitatem ascenderet.»
184—page 319—En 859, les seigneurs avaient empêché le peuple de s'armer contre les Northmans...
Annal. Bertin., ap. Scr. Fr. VII, 74: «Vulgus promiscuum inter Sequanam et Ligerim, inter se conjurans adversus Danos in Sequanâ consistentes, fortiter resistit. Sed quia incaute suscepta est eorum conjuratio, a potentioribus nostris facile interficiuntur.»
185—page 320—Eudes rentre à Paris à travers le camp des Northmans...
Annal. Vedast., ap. Scr. Fr. VIII, 85: «Nortmanni, ejus reditum præscientes, accurerunt ei ante portam Turris; sed ille, emisso equo, a dextris et sinistris adversarios cædens, civitatem ingressus.»
Gesta consulum Andegav., c. I, 2, ap. Scr. Fr. VII, 256. «Torquatus... seu Tortulfus... habitator rusticanus fuit, ex copiâ silvestri et venatico exercitio victitans, etc.» Voy. aussi (ibid.) Pactius Lochiensis, de Orig. comitum Andegavensium.
187—page 323—Les Capets... des chefs saxons au service de Charles-le-Chauve...
Aimoin de Saint-Fleury, qui écrivit en 1005, dit formellement Rotbert... homme de race saxonne... Il eut pour fils Eudes et Rotbert. Acta SS. ord. S. Bened., P. II, sec. IV, p. 357. Albéric des Trois-Fontaines, qui écrivit deux siècles plus tard, n'a donc pas été, comme l'a cru M. Sismondi, le premier à donner cette généalogie. Les rois Robert et Eudes furent fils de Robert-le-Fort, marquis de la race des Saxons... Mais les historiens ne nous apprennent rien de plus sur cette race.» Ibid., 285.—Guillaume de Jumièges: «Robert, comte d'Anjou, homme de race saxonne, avait deux fils, le prince Eudes et Robert, frère d'Eudes.» Item, Chron. de Strozzi, ap. Scr. Fr. X, 278.—Un anonyme, auteur d'une vie de Louis VIII: «Le royaume passa de la race de Charles à celle des comtes de Paris, qui provenaient d'origine saxonne.»—Helgald, Vie de Robert, c. I. «L'auguste famille de Robert, comme lui-même l'assurait en saintes et humbles paroles, avait sa souche en Ausonie.» (Ausoniâ, il faut peut-être lire Saxoniâ?)—Quelques historiens font naître Robert en Neustrie; les uns à Seez (Saxia, civitas Saxonum), les autres à Saisseau (Saxiacum). V. la préface du tome X des Historiens de France. Toutes ces opinions se concilient et se confirment par leur divergence même, en admettant que Robert-le-Fort descendait des Saxons établis en Neustrie, et particulièrement à Bayeux. Tout le rivage s'appelait littus Saxonicum. Les noms de Séez, de Saisseau, de la rivière de Sée, etc., ont évidemment la même origine.
188—page 324—Charles, surnommé le Simple ou le Sot...
Chronic. Ditmari, ap. Scr. Fr. X, 119: «Fuit in occiduis partibus quidam rex ab incolis Karl Sot, id est Stolidus, ironice dictus.» Rad. Glaber, l. I, c. I, ibid., IV: «Carolum Hebetem cognominatum.» Chronic. Strozzian., ibid., 273:...Carolum Simplicem.»—Chron. S. Maxent,, ap. Scr. Fr. IX, 8: «Karolus Follus.» Richard. Pictav., ibid., 22: «Karolus Simplex, sive Stultus.»
FIN DU TOME PREMIER.
TABLE DES MATIÈRES
LIVRE I.—Celtes.—Ibères.—Romains.
- Chapitre Ier. Celtes et Ibères. 5
- Race gauloise ou celtique; génie sympathique; tendance à l'action: ostentation et rhétorique. ibid.
- Race ibérienne; génie moins sociable; esprit de résistance. 8
- Les Galls refoulent les Ibères et les suivent au delà des Pyrénées et des Alpes. 9
- Colonies dans le midi de la Gaule. 10
- 1o Établissements des Phéniciens. 11
- 2o Établissements des Ioniens de Phocée. Marseille. ibid.
- Invasions celtiques dans le nord de la Gaule. 12
- 1o Invasion et établissement des Kymry. Supériorité morale des Kymry sur les Galls. Druidisme. 12
- Passage des Galls, puis des Kymry, en Italie. Guerre contre les Étrusques. Lutte de la tribu contre la cité. 13
- Intervention des Romains. Prise de Rome, 388. 15
- Revers des Gaulois; victoires de la cité sur la tribu. ibid.
- 2o Invasion des Belges ou Bolg. Leurs établissements dans le Languedoc. 16
- Expéditions des Gaulois en Grèce et en Asie. 18
- Gaulois mercenaires. 19
- Insurrection des Gaulois d'Italie, Boïes et Insubres. 19
- 222. Rome accable les Boïes, puis les Insubres. 22
- Hannibal relève les Gaulois. 23
- 201-170. Ruine des Boïes et Insubres. L'Italie fermée aux Gaulois. 23
- Rome accable les Gaulois d'Asie ou Galates. 24
- Première expédition des Romains dans la Gaule. ibid.
- 112. Invasion des Cimbres et des Teutons. Défaites des Romains. 28
- 102-101. Marius. Extermination des Teutons et des Cimbres. 32
- Chapitre II. État de la Gaule dans le siècle qui précède la conquête.—Druidisme.—Conquête de César. 37
- Première religion des Galls. Culte de la nature. 38
- Religion des Kymry ou druidisme. Dogme moral de l'immortalité de l'âme, des peines et des récompenses. 39
- Science druidique. Astrologie, médecine. Samolus, gui, œuf de serpent. 40
- Prêtresses et prophétesses. Vierge de Sein. Sacrifices humains. 41
- Hiérarchie sacerdotale. Druides, Ovates, Bardes. 43
- Assemblées des druides dans le pays des Carnutes. 44
- Impuissance du druidisme pour fonder une société. La Gaule lui échappe. Triomphe de l'esprit de clan. 45
- César.—État intérieur de la Gaule. Deux partis: 1o le parti gallique ou des chefs de clans (Arvernes et Séquanes); 2o le parti kymrique ou du druidisme (Édues, etc.); l'hérédité et l'élection. 46
- Les Séquanes appellent contre les Édues les Suèves, qui oppriment les uns et les autres. 47
- Un Édue, Dumnorix, appelle les Helvètes. 48
- Un Druide, frère de Dumnorix, appelle les Romains. ibid.
- 58. César repousse les Helvètes. 48
- et chasse les Suèves. 49
- Les Gaulois du nord se coalisent contre César, appelé par les Édues, les Sénons et les Rhèmes. ibid.
- 57. Guerre pénible de César contre les peuples de la Belgique. 50
- 56. Il réduit les tribus des rivages et l'Armorique. 51
- 55. Il fallait frapper les deux partis qui divisaient la Gaule, dans la Germanie et dans la Bretagne.
- 1o César passe le Rhin. 52
- 2o Il passe en Bretagne. 53
- 54-53. L'insurrection éclate en Gaule de toutes parts. 55
- Soulèvement et extermination des Éburons. ibid.
- 52. Soulèvement des deux partis, kymrique et gallique (Carnutes, Arvernes, etc.). 56
- César accourt de l'Italie, prend Genabum et Noviodunum. ibid.
- Soulèvement des Édues. 57
- César assiège dans Alésia le Vercingétorix. 58
- 51. Il la prend et réduit rapidement la Gaule. 59
- Chapitre III. La Gaule sous l'Empire.—Décadence de l'Empire.—Gaule chrétienne. 61
- César, génie cosmopolite, favorable aux vaincus, fait entrer les Gaulois dans la cité. ibid.
- Antoine, imitateur de César. Réaction d'Octave; il repousse les Gaulois de la cité, et impose à la Gaule la forme romaine. 62
- Association du paganisme romain à la religion gallique. 63
- Persécution du druidisme. La Gaule soulevée par les Trévires et les Édues. ibid.
- Caligula, Claude, Néron, descendants d'Antoine, favorables aux vaincus. 67
- Caligula, né à Trèves, institue les jeux du Rhône à Lyon. ibid.
- Claude, né à Lyon; il rouvre la cité aux Gaulois. 68
- Persécution des druides. Réduction de la Bretagne. 70
- Néron. La Gaule prend parti pour Galba et pour Vitellius. 71
- Révoltes de Civilis et de Sabinus contre Vespasien. 72
- Relations de Rome et de la Gaule. Action réciproque. 74
- Influence de la Gaule sur les destinées de l'Empire. Empereurs gaulois. 76
- Essai d'un empire gallo-romain. Posthumius, etc. 77
- Décadence de l'Empire. La faute n'en est point aux Empereurs ni à l'administration. 78
- Substitution des esclaves aux petits cultivateurs. Extinction graduelle et nécessaire de la population esclave. 81
- Point d'industrie. La société absorbe et ne produit point. Misère universelle, fiscalité intolérable. 83
- Révolte des Bagaudes. 85
- Constantin. Espoir de l'Empire. 86
- Dépopulation croissante. Misère des Curiales. 88
- Condamnation de la société antique. 91
- Toutefois Rome laisse en Gaule l'ordre civil, la Cité. ibid.
- Gaule chrétienne. 92
- Le christianisme y a mis l'ordre ecclésiastique. 92
- Les moines de Saint-Benoît commencent le travail libre. ibid.
- La nationalité gauloise se réveille dans le christianisme. 94
- Un Grec fonde la mystique Église de Lyon. 95
- Saint Irénée, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Martin. ibid.
- Idée de la personnalité libre, loi de la philosophie celtique, posée par le Breton Pélage. 98
- Les Pélagiens, disciples d'Origène. Sympathie du génie grec et du génie gaulois. 98
- Lutte de saint Augustin contre les Pélagiens. 99
- Semi-pélagianisme de la Provence. 100
- Le rationalisme des Pélagiens était prématuré. ibid.
- Chapitre IV. Récapitulation.—Systèmes divers.—Influence des races indigènes,—des races étrangères.—Sources celtiques et latines de la langue française.—Destinée de la race celtique. 102
- Systèmes divers. Les uns rapportent tout le développement de la nationalité française à l'élément indigène, les autres à l'influence étrangère. 103
- Défaut commun de ces deux systèmes exclusifs. 104
- Récapitulation. Gaëls, Ibères, Kymry, Bolg, Grecs, Romains. 105
- La France résulte du travail de la liberté sur ces éléments. 109
- N'a-t-on pas exagéré l'influence grecque? ibid.
- et l'influence romaine? 110
- Est-il vrai que la langue latine ait été universelle? 111
- De la langue vulgaire gauloise et de l'analogie qu'elle a pu présenter avec les modernes dialectes celtiques. 113
- Ténacité des races celtiques. 115
- Destinée malheureuse des races restées pures. 118
- Galles et Bretagne, Irlande et Highland d'Écosse. ibid.
LIVRE II.—Les Allemands.
- Chapitre Ier. Monde germanique.—Invasion.—Mérovingiens. 128
- Monde germanique, flottant et vague. ibid.
- Première Allemagne, ou Allemagne suévique. 131
- L'invasion des tribus ordiniques (Goths, Lombards, Burgundes;—Saxons) y apporte une civilisation plus haute. ibid.
- Goths, Lombards et Burgundes; chefs militaires. 132
- Saxons; Ases, descendants des dieux. 134
- Génie impersonnel de la race germanique. 135
- L'héroïsme commun aux barbares n'a-il pas été pris à tort pour le caractère propre des Germains? ibid.
- Esprit d'aventure des temps héroïques. Sigurd. 137
- But des courses héroïques: l'Or et la Femme. Brunhild. 138
- 375. Première migration des barbares dans l'Empire. Invasion des Goths. 139
- 383. Soulèvement des populations celtiques de Gaule et de Bretagne; Maxime, Constantin. 140
- 412. Établissement des Goths dans l'Aquitaine. Désorganisation de la tyrannie impériale. 142
- 413. Établissement des Burgundes à l'ouest du Jura. 144
- 451. Invasion des Huns dans la Gaule. Attila. 146
- Résistance des Goths. Bataille de Châlons. Combat fratricide des tribus germaniques. Retraite des Huns. 149
- Civilisation romaine des Goths. Résurrection de la tyrannie impériale. 150
- Le clergé appelle les Francs dans la Gaule. 151
- L'Église soutient les Francs catholiques contre les Goths et Burgundes ariens. 153
- 486. Commencement de l'invasion franque. Syagrius vaincu. 154
- 496. Clovis. Il repousse les tribus suéviques (Allemands) et embrasse le christianisme. 155
- 507. Victoire des Francs sur les Goths. 156
- L'invasion franque achève la dissolution de l'organisation romaine. 157
- 511. Les fils de Clovis (Theuderic, Clotaire, Childebert, Clodomir) se partagent les conquêtes, ou plutôt l'armée. 162
- 523-534. Guerres contre les Thuringiens et les Burgundes. 163
- Mort de Clodomir. Meurtre de ses enfants. 164
- Expédition de Theuderic en Auvergne. 166
- 539. Expédition de Theudebert en Italie.—Revers des Francs. 167
- Les tribus germaniques se soulèvent contre les Francs. 168
- 558-561. Réunion sous Clotaire Ier. 170
- 561. Partage entre les quatre fils de Clotaire (Sigebert, Chilpéric, Gontran, Charibert). ibid.
- Les Francs livrés a l'influence romaine et ecclésiastique. ibid.
- Frédégonde, femme de Chilpéric, roi de Neustrie. Brunehaut, femme de Sigebert, roi d'Ostrasie. 172
- Sigebert appelle les Germains contre Chilpéric; meurt assassiné. 173
- En Neustrie, essai de résurrection du gouvernement impérial. Fiscalité oppressive. 175
- 584. Meurtre de Chilpéric. 179
- Gontran, roi de Bourgogne, protège Frédégonde et son fils Clotaire II contre l'Ostrasie. 180
- La Gaule méridionale essaye de se donner un roi, Gondovald. 181
- Childebert, roi d'Ostrasie, soutient Gondovald contre Gontran. 184
- Gontran se réconcilie avec Childebert. Abandon et mort de Gondovald. 185
- Mort de Gontran, de Frédégonde et de Childebert. 191
- Theudebert II en Ostrasie, Theuderic II en Bourgogne, Clotaire II en Neustrie. 191
- Victoires de Theuderic II sur Theudebert II. L'Ostrasie réunie à la Bourgogne. Puissance de Brunehaut. 192
- 613. Abandon, défaite et mort de Brunehaut. 194
- Victoire de la Neustrie, c'est-à-dire des Gaulois-Romains. 196
- 613-638. Clotaire II. Dagobert.—Faiblesse réelle de la Neustrie. 197
- Règne de l'Église. L'Église asile des races vaincues. 198
- Centres ecclésiastiques de la Gaule, Reims et Tours. 200
- L'Église absorbe tout, se matérialise, et devient barbare. 205
- Le spiritualisme se réfugie dans les moines. 206
- La réforme vient de l'Église celtique, éclairée et florissante. ibid.
- Arrivée de saint Colomban. 207
- Règle de saint Colomban (mort en 615). 209
- Impuissance de cette réforme. 212
- Dissolution de la monarchie neustrienne. 213
- Clovis II réunit les trois royaumes. Minorité de ses trois fils. Puissance des maires du Palais, Erchinoald et Ébroin. 215
- 660-681. Lutte d'Ébroin contre l'Ostrasie et la Bourgogne. Mort de saint Léger (678). 216
- 687. Victoire des grands d'Ostrasie sur la Neustrie et le parti populaire. Bataille de Testry. 219
- Dégénération des Mérovingiens. 220
- Chapitre II.—Carlovingiens.—Huitième, neuvième et dixième siècles: 222
- Origine ecclésiastique des Carlovingiens. 223
- La bataille de Testry achève et légitime la dissolution. 224
- Impuissance de Pepin et de l'Ostrasie. 225
- 715-741. Carl Martel. Physionomie païenne de ce chef des Francs. ibid.
- Il bat les Neustriens, les Aquitains, les Sarrasins. 226
- 732. Bataille de Poitiers. 227
- Il refoule les Frisons, les Saxons, les Allemands. 228
- Il dépouille le clergé. ibid.
- Puis il se réconcilie avec l'Église. Mission de saint Boniface dans la Germanie. 229
- 752. Saint Boniface sacre roi Pepin au nom du pape. 231
- Guerres de Pépin contre les ennemis de l'Église, Saxons, Lombards, Aquitains. 232
- Situation de l'Aquitaine. Progrès des Basques. 233
- Amandus (628). Puissance de son arrière-petit-fils Eudes. 234
- Eudes s'allie aux Sarrasins, est battu par Charles-Martel. 235
- 741. Arrestation et défaite d'Hunald. 236
- 745. Guaifer, fils d'Hunald. 237
- 739. Pépin défait Guaifer et ravage le midi de la Gaule. 238
- Puissance de Pépin, fondée sur l'appui de l'Église. ibid.
- 768. Charlemagne et Carloman. Révolte d'Hunald. Charlemagne, roi des Lombards. 239
- La faiblesse des nations environnantes, la vieillesse du monde barbare, la longueur des règnes de Pépin et de son fils, n'ont-elles pas fait illusion sur la grandeur réelle de Charles? 241
- La grande guerre fut contre les Saxons. La cause fut-elle l'imminence d'une invasion? 243
- 772. Première expédition en Saxe. Charles fixe sa résidence à Aix-la-Chapelle. 245
- 775-777. Passage du Weser. Soumission des Saxons Angariens. Charlemagne baptise les vaincus à Paderborn. 246
- 778. Guerre d'Aquitaine et d'Espagne. Défaite de Roncevaux. 247
- 779. Reprise de la guerre de Saxe. Victoire de Buckholz. 249
- Organisation ecclésiastique de la Saxe. Fondation de huit évêchés. Tribunaux d'inquisiteurs. ibid.
- 782. Witikind descend du Nord, et défait les Francs à Sonnethal. 250
- Massacre de Verden. Victoires de Dethmold et d'Osnabruck. Soumission de Witikind. 251
- Conjuration contre Charlemagne. ibid.
- 787. Ligue des Bavarois et des Lombards. 252
- Guerre contre les Slaves; l'empire Franc s'étend et s'affaiblit. Guerre contre les Avares. 253
- 791. Révolte des Saxons. Invasion des Sarrasins. 254
- 796-797. Charlemagne entreprend la dépopulation de la Saxe. 255
- 800. Voyage de Charlemagne à Rome. Le pape le proclame empereur. 256
- Pâle représentation de l'Empire.—Ambassade d'Haroun-al-Raschid. 257
- Zèle de Charlemagne pour la culture des lettres latines et les cérémonies du culte. 258
- Ses femmes et ses filles. 259
- Réforme des moines par saint Benoît d'Aniane. 260
- Littérature pédantesque et vide. ibid.
- Préférence de Charlemagne pour les étrangers et les gens de basse condition. 260
- Apparences d'administration. 267
- Misère de l'Empire. 268
- Que penser de la gloire législative de Charlemagne? ibid.
- Caractère ecclésiastique des Capitulaires. 269
- Intervention de Charlemagne dans les affaires de dogme. 270
- La domination des Francs s'écroule. 271
- Premières apparitions des pirates du Nord. 272
- L'Empire se met vainement en défense. 273
- Chapitre III. Dissolution de l'Empire carlovingien. 274
- L'empire Franc aspire à se diviser. ibid.
- 814. Louis réforme les évêques, les monastères, le palais impérial. 275
- Il se montre favorable aux vaincus, veut réparer et restituer. 276
- Insurrection de l'Italie sous Bernard, neveu de Louis. Supplice de Bernard. 277
- Soulèvement des Slaves, des Basques, des Bretons. 278
- Mariage de Louis avec Judith. 279
- 822. Il veut faire une pénitence publique. 280
- 820-829. Incursions des Northmans. ibid.
- 830. Conjuration des grands et des fils de l'empereur, Lothaire, Louis, Pepin. 280
- Lothaire enferme Louis dans un monastère. 281
- Les Germains le délivrent. ibid.
- 833. Lothaire redevient maître de son père. 282
- et lui impose une pénitence publique. ibid.
- Indignation et soulèvement de l'Empire. 283
- 834-835. Lothaire, abandonné, s'enfuit en Italie. 285
- 839. L'empereur partage ses États entre ses fils. 286
- Il meurt, et avec lui l'unité de l'Empire. ibid.
- 841. Pepin et l'Aquitaine se joignent à Lothaire contre les rois de Germanie et de Neustrie. Défaite de Lothaire à Fontenaille. 287
- 842. Alliance et serment de Charles et Louis. 289
- Les évêques lui confèrent le droit de régner. 290
- 843. Partage de l'Empire. Traité de Verdun. 291
- L'appui de l'Église fait prévaloir Charles et Louis sur Lothaire et Pepin. 293
- Puissance de l'Église dans la Neustrie. Reims, la ville épiscopale sous la seconde race. Laon, la ville royale. 295
- Charles-le-Chauve remet la plus grande partie du pouvoir à l'Église. 296
- Le vrai roi est l'archevêque de Reims. Hincmar. 298
- Le royaume de Neustrie était une république théocratique. 300
- Deux événements brisent ce gouvernement spirituel et temporel: 1o les hérésies; 2o les incursions des Northmans. 301
- Question de l'Eucharistie. ibid.
- Question de la prédestination. L'Allemand Gotteschalk. 302
- Hincmar défend le libre arbitre, et appelle à son aide Jean-le-Scot. 303
- Les Northmans. Caractère de leurs incursions. 305
- Impuissance du roi et des évêques. 310
- Charles-le-Chauve s'éloigne des évêques et n'en est que plus faible. 313
- 875-877. Il se fait empereur et meurt en Italie. ibid.
- Louis-le-Bègue et ses fils. ibid.
- 884. Charles-le-Gros réunit tout l'empire de Charlemagne. 314
- Siège de Paris par les Normands. ibid.
- Faiblesse et lâcheté de Charles-le-Gros. 315
- 888. Déposition de Charles-le-Gros. Extinction de la dynastie carlovingienne. 316
- Fondation des diverses dominations locales; féodalité. ibid.
- Les fondateurs de la féodalité ferment la France aux incursions barbares. 317
- Les Northmans renoncent au brigandage et s'établissent en France (Normandie). 321
- Au milieu du morcellement de l'Empire, grands centres ecclésiastiques. 322
- Les deux familles des Capets et des Plantagenets. 323
- La famille populaire et nationale des Capets succède aux Carlovingiens. 325
- Charles-le-Simple se met sous la protection du roi de Germanie. ibid.
- Le parti carlovingien l'emporte. ibid.
- 898. Charles-le-Simple reconnu roi. 326
- 936. Louis-d'Outre-mer s'allie au roi de Germanie, Othon. 327
- Opposition d'Hugues-le-Grand, soutenu par les Normands. ibid.
- 954. Minorité de Lothaire et d'Hugues-Capet. Prépondérance de la Germanie. 330
- 987. Hugues-Capet. Avènement de la troisième race. 334
- ÉCLAIRCISSEMENTS 341
- Sur les Ibères et les Basques. 341
- Sur les traditions religieuses de l'Irlande et du pays de Galles. 350
- Sur les pierres celtiques. 359
- Triades de l'île de Bretagne. 362
- Sur les Bardes. 367
- Sur la légende de saint Martin. 372
- Extrait de l'ouvrage de M. Price, sur les races de l'Angleterre. 381
- Sur l'Auvergne au cinquième siècle. 384
- Sur la captivité de Louis II. 390
- Sur les Colliberts, Cagots, Caqueux, Gésitains, etc. 391
- APPENDICE.—Notes. 397
FIN DE LA TABLE DU TOME PREMIER.
Notes
1: C'est le point principal sur lequel je diffère de mon savant ami, M. Henri Martin. Du reste, ce dissentiment ne diminue en rien mon estime sympathique pour sa grande et très belle Histoire, si instructive, si riche de recherches et d'idées. Il a été infiniment utile pour raviver la tradition nationale, trop effacée, que deux histoires qui s'aident, se suppléent l'une l'autre, aient paru simultanément.
2: Ceci ne touche en rien la candeur des individus. Il y avait des hommes admirables, les Bazard, les Barrault, les Carnot, les Charton, les D'Eichthal, les Lemonnier, etc.
3: Comme ils odorent très bien la mort, les moments où l'âme blessée peut mollir, au moment où j'avais fait une perte sensible de famille, un d'eux, séduisant et fin, vint me voir et me tâta. Je fus surpris, confondu de l'idée qu'il eût pu croire avoir quelque prise sur moi, qu'il dît qu'on pouvait s'entendre, ayant entre soi des nuances, etc. Je lui dis ces propres paroles: «Monseigneur, avez-vous été parfois sur la mer de glace?—Oui.—Vous avez vu telle fente, sur laquelle d'un bord à l'autre on peut parler, converser?—Oui.—Mais vous n'avez pas vu que cette fente est un abîme... Et telle, Monseigneur, si profonde, qu'à travers la glace et la terre, elle descend sans que jamais on en ait trouvé le fond. Elle va jusqu'au centre du globe, s'en va traversant le globe, et se perd dans l'infini.»
4: Je ne veux pas anticiper ici. D'un mot ou deux seulement, je puis dire: c'est ce livre, «ce livre d'un poète et d'un homme d'imagination», qui, par des pièces décisives, a dit à tous ce qui leur importait:
Aux protestants, le fait très capital de la Saint-Barthélemi sue quinze jours d'avance à Bruxelles (papiers Granvelle, 10 août). Puis, tant de faits sur la Révocation, qu'ils avaient bien peu éclaircie.
Aux royalistes, tout un monde de curieux faits anecdotiques; exemple, la légende du Masque de fer et la sagesse de leur reine. Les lettres de Franklin (en 1863) ont donné là-dessus le secret d'après Richelieu, prouvé que seul j'avais raison.
Aux financiers, le système de Law (inexpliqué par M. Thiers en 1826) se trouve enfin à jour et par les manuscrits et par l'histoire des Bourses de Paris et de Londres.
Pour la Révolution, que dire? La mienne est sortie tout entière (des trois grands corps d'archives de ces temps qu'on a à Paris. Louis Blanc (malgré son mérite, son talent que j'honore) put-il la deviner? Put-il la faire à Londres avec quelques brochures? J'ai bien de la peine à le croire.—Lisez au reste et comparez.)
5: Longtemps même après la mort d'Alexandre, Cassandre, devenu roi de Macédoine, se promenait un jour à Delphes, et examinait les statues; ayant aperçu tout à coup celle d'Alexandre, il en fut tellement saisi qu'il frissonna de tout son corps, et fut frappé d'un étourdissement. (Plutarque.)
7: Il ne faut pas confondre les Ibères avec leurs voisins les Cantabres. M. W. de Humboldt a établi cette distinction dans son admirable petit livre sur la langue des Basques. Voyez les Éclaircissements.
9: Ibériens des montagnes. W. de Humboldt. Voy. les Éclaircissements.
10: Alb, montagne, dans la langue gaélique.—Gor, élevé, en basque.
12: Voy. les Éclaircissements.
13: Is-Ombria, Basse-Ombrie.
14: Quelques savants ont même douté que leurs oppida, au temps de César, fussent autre chose que des lieux de refuge.
17: Elle en livra quatre mille aux Romains.
19: Voy. mon Histoire romaine.
21: Ce sujet a été renouvelé par le progrès des études celtiques et l'interprétation remarquable de MM. J. Reynaud, Henri Martin, Gatien-Arnoult (1860).
23: Cæsar.
24: Voy. à la fin du volume, les éclaircissements sur les traditions religieuses des Gallois et des Irlandais. J'ai rapporté ces traditions; toutes récentes qu'elles peuvent paraître, elles portent un caractère profondément indigène. Le mythe du castor et du lac a bien l'air d'être né à l'époque où nos contrées occidentales étaient encore couvertes de forêts et de marécages.
26: Derw (kymrique), Deru (armoricain), Dair (gaélique): chêne.
28: Onze cent quatre-vingt-douze mille hommes avant les guerres civiles. (Pline.)
29: Veir-go-breith, gaël, homme pour le jugement. App. 11.
30: César rassure ses soldats en leur rappelant que dans la guerre de Spartacus ils ont déjà battu les Germains.
31: C'est déjà ce divitiac qui a exploré le chemin quand César marchait contre les Suèves.—Les Germains n'ont pas de druides, dit César. Ils étaient, à ce qu'il semble, les protecteurs du parti antidruidique dans les Gaules.
32: Jusqu'à l'expédition de Bretagne, nous voyons le divitiac des Édues accompagner partout César, qui sans doute leur faisait croire qu'il rétablirait dans la Belgique l'influence du parti éduen, c'est-à-dire druidique et populaire.
33: Cæsar.
34: Sæpius ob prædam quam ob delictum. (Suétone.)
35: Si l'on veut qu'Alexandre n'ait pas péri par le poison, on ne peut nier du moins qu'il fut peu regretté des Macédoniens. Sa famille fut exterminée en peu d'années.
36: Les Romains, dit saint Augustin, n'ont nui aux vaincus que par le sang qu'ils ont versé. Ils vivaient sous les lois qu'ils imposaient aux autres. Tous les sujets de l'Empire sont devenues citoyen...
37: C'est lui qui conseilla à César de rester assis quand le sénat, en corps, se présenta devant lui. Voy. mon Histoire romaine.
38: Il établit, au détroit de la Manche, des douanes sur l'ivoire, l'ambre et le verre. (Strabon.)
40: Tacite, traduction de Burnouf.
41: Un Gaulois le contemplait en silence. «Que vois-tu donc en moi? lui dit Caligula.—Un magnifique radotage.» L'empereur ne le fit pas punir; ce n'était qu'un cordonnier. (Dion Cassius.)
42: Il fit construire le phare qui éclairait le passage entre la Gaule et la Bretagne. On a cru, dans les temps modernes, en démêler quelques restes.
43: Tacit. Hist., l. IV., c. 51. Fatali nunc igne signum cœlestis iræ datum, et possessionem rerum humanarum transalpinis gentibus portendi, superstitione vanâ Druidæ canebant.
47: Pline en cite trois qui eurent une vogue prodigieuse au premier siècle; l'un d'eux donna un million pour réparer les fortifications de sa ville natale.
48: Né près de Marseille.
49: Ou Becco. Suétone: Id valet gallinacei rostrum.—Beck (Armor.), Big (Cymr.), Gob (Gaël.).
50: Leurs familles, du moins, étaient originaires d'Espagne.
51: Né à Lyon.
53: Voy. mon article Zénobie. (Biog. univ.)
56: On a trouvé à Antibes l'inscription suivante:
D. M.
PVERI SEPTENTRI
ONIS ANNO XII QUI
ANTIPOLI IN THEATRO
BIDVO SALTAVIT ET PLA
CVIT.
«Aux mânes de l'enfant Septentrion, âgé de douze ans, qui parut deux jours au théâtre d'Antibes, dansa et plut.» Ce pauvre enfant est évidemment un de ces esclaves qu'on élevait pour les louer à grand prix aux entrepreneurs de spectacles, et qui périssaient victimes d'une éducation barbare. Je ne connais rien de plus tragique que cette inscription dans sa brièveté, rien qui fasse mieux sentir la dureté du monde romain... «Parut deux jours au théâtre d'Antibes, dansa et plut.» Pas un regret. N'est-ce pas là en effet une destinée bien remplie! Nulle mention de parents; l'esclave était sans famille. C'est encore une singularité qu'on lui ait élevé un tombeau. Mais les Romains en élevaient souvent à leurs joujoux brisés. Néron bâtit un monument «aux mânes d'un vase de cristal».
57: Voy. M. Moreau de Jonnès, Tableau du prix moyen des denrées d'après l'édit de Dioclétien retrouvé à Stratonicé: Une paire de caligæ (la plus grossière chaussure) coûtait 22 fr. 50 c.; la livre de viande de bœuf ou de mouton, 2 fr. 50 c.; de porc, 3 fr. 60 c.; le vin de dernière qualité, 1 fr. 80 c. le litre; une oie grasse, 45 fr.; un lièvre, 33 fr.; un poulet, 13 fr.; un cent d'huîtres, 22 fr., etc.
58: Tacite.—L'empereur finit par être obligé d'habiller et nourrir le soldat. (Lampride.)
61: Millin.
62: Sous les rois Rechila et Théodoric.
64: Eumène. Une grande partie du territoire d'Autun était sans culture.
68: Hérodien.
70: Au moins vingt-sept jugera.
71: Aussi ne disposent-ils pas librement de leur bien. Ils ne peuvent vendre sans autorisation. (Code Théodosien.) Le curiale qui n'a pas d'enfants ne peut disposer par testament que du quart de ses biens. Les trois autres quarts appartiennent à la curie.
72: Toutefois la loi est bonne et généreuse; elle ne ferme la curie ni aux juifs ni aux bâtards. «Ce n'est point une tache pour l'ordre, parce qu'il lui importe d'être toujours au complet.» (Cod. Théod.)
79: Né, selon les uns dans notre Bretagne, selon d'autres dans les îles Britanniques, ce qui du reste ne change rien à la question. Il suffit qu'il ait appartenu à la race celtique.
82: Quels temples? Je serais porté à croire qu'il s'agit ici de temples nationaux, de religions locales. Les Romains qui pénétrèrent dans le Nord ne peuvent, en si peu de temps, avoir inspiré aux indigènes un tel attachement pour leurs dieux. (Sulp. Sev., Vita S. Martini.) Voyez les Éclaircissements.
84: Voyez les Éclaircissements.
87: On l'appelait aussi Morgan (môr, mer, dans les langues celtiques).—Il avait eu pour maître l'origéniste Rufin, qui traduisit Origène en latin et publia pour sa défense une véhémente invective contre saint Jérôme. Ainsi Pélage recueille l'héritage d'Origène.
88: Saint Augustin.
89: Il ne peut y avoir de péché héréditaire, disait Pélage, car c'est la volonté seule qui constitue le péché. App. 37.
90: Origène, qui avait aussi nié le péché originel, avait pensé que l'incarnation était une pure allégorie. Du moins on le lui reprochait. Saint Augustin sentit bien la nécessité de cette conséquence. Voy. le traité: De Naturâ et Gratiâ.
91: Le premier qui tenta cette conciliation difficile, ce fut le moine Jean Cassien, disciple de saint Jean Chrysostome, et qui plaida près du pape pour le tirer d'exil. Il avança que le premier mouvement vers le bien partait du libre arbitre, et que la grâce venait ensuite l'éclairer et le soutenir; il ne la crut pas, comme saint Augustin, gratuite et prévenante, mais seulement efficace. Il dédia un de ses livres à saint Honorat, qui avait, comme lui, visité la Grèce, et qui fonda Lérins, d'où devaient sortir les plus illustres défenseurs du semi-pélagianisme. La lutte s'engagea bientôt. Saint Prosper d'Aquitaine avait dénoncé à saint Augustin les écrits de Cassien, et tous deux s'étaient associés pour le combattre. Lérins leur opposa Vincent, et ce Faustus qui soutint contre Mamert Claudien la matérialité de l'âme, et qui écrivit, comme Cassien, contre Nestorius, etc. Arles et Marseille inclinaient au semi-pélagianisme. Le peuple d'Arles chassa son évêque, saint Héros, qui poursuivait Pélage, et choisit après lui saint Honorat; à saint Honorat succède saint Hilaire, son parent, qui soutint comme lui les opinions de Cassien, et fut comme lui enterré à Lérins, etc. Gennadius écrivit, au neuvième siècle, l'histoire du semi-pélagianisme.
92: En 447, saint Hilaire d'Arles l'oblige de s'asseoir, quoique simple prêtre, entre deux saints évêques, ceux de Fréjus et de Riez.
93: Lérins fut fondé par saint Honorat, dans le diocèse d'Antibes, à la fin du quatrième siècle. Saint Hilaire d'Arles, et saint Césaire, Sidonius de Clermont, Ennodius du Tésin, Honorat de Marseille, Faustus de Riez, appellent Lérins l'île bienheureuse, la terre des miracles, l'île des Saints (on donna aussi ce nom à l'Irlande), la demeure de ceux qui vivent en Christ, etc.—Lérins avait de grands rapports avec Saint-Victor de Marseille, fondé par Cassien, vers 410.—Les deux couvents furent une pépinière de libres penseurs.
94: Ils y ont été souvent maltraités, il est vrai, mais bien moins qu'ailleurs. Ils ont eu des écoles à Montpellier, et dans plusieurs autres villes de Languedoc et de Provence.
95: Indépendamment de ce lien commun, quelques-uns se voueront à cet homme qui les nourrit, qu'ils aiment. Ainsi prendront naissance les dévoués des Galls et des Aquitains. App. 38.
97: Strabon.
99: Dion Cassius.
106: Bien entendu (je m'en suis déjà expliqué) que les germes primitifs sont peu de chose en comparaison de tous les développements qu'en a tirés le travail spontané de la liberté humaine.
107: Telle terre, telle race. L'idée de la délivrance, dit Turner, ravissait les Kymry dans leur sauvage pays de Galles, dans leur paradis de pierre; stony Wales, selon l'expression de Taliesin.
108: J. Logan: «Les Gaëls remarquent soigneusement que ceux qui ont porté la main sur les pierres druidiques n'ont jamais prospéré.»
109: Logan: Clach cuid fir, c'est lever une grosse pierre du poids de deux cents livres environ, et la mettre sur une autre d'environ quatre pieds de haut. Un jeune homme qui est capable de le faire est désormais compté pour un homme, et il peut alors porter un bonnet.—Ne semble-t-il pas que les cromlechs soient les jeux des géants?
110: Humboldt, Recherches sur la langue des Basques.
111: Logan.
112: Ibid.
113: Id.
115: Voy. les Éclaircissements.
119: Dans l'Italie antique, Deivei parentes. Voy. la lettre de Cornélie à Caïus Gracchus.
121: Ou bien ils émigrent. De là, le wargus germanique, le ver sacrum des nations italiques. Le droit d'aînesse, qui équivaut souvent à la proscription, au bannissement des cadets, devient ainsi un principe fécond de colonies.
125: Aussi l'obéissance de ces cousins n'est-elle pas sans indépendance et sans fierté. Un proverbe celtique dit: «Plus forts que le laird sont ses vassaux.» (Logan.)—App. 55.
126: Proverbe breton: Cent pays, cent modes; cent paroisses, cent églises:
Kant brot, kant kis;
Kant parrez, kant illis.
Proverbe gallois: Deux Welches ne resteront pas en bon accord.
128: C'est l'histoire d'Adam et Ève, de Samson et Dalila, d'Hercule et Omphale; mais la légende celtique est la plus touchante. M. Quinet l'a reprise et agrandie dans son dernier poème: Merlin l'enchanteur (1860). Ce n'est pas dans une note qu'on peut parler d'un tel livre, l'une des œuvres capitales du siècle.
131: Les Tudors ont mis le dragon gallois dans les armes d'Angleterre, que les Stuarts ont ensuite ornées du triste chardon de l'Écosse; mais les farouches léopards ne les ont pas admis sur le pied de l'égalité, pas plus que la harpe irlandaise.
132: Mémoires de la Société des Antiquaires de Londres.
135: Logan. C'est une improvisation en vers sur les vertus du mort. À la fin de chaque stance, un chœur de femmes pousse un cri plaintif. Dans les cantons éloignés d'Irlande, on s'adresse au mort et on lui reproche d'être mort, quoiqu'il eût une bonne femme, une vache à lait, de beaux enfants, et sa suffisance de pommes de terre.
137: Logan: «Aujourd'hui les montagnards d'Écosse sont obligés, par la misère, d'émigrer; les terres se changent partout en pâturages; les régiments peuvent à peine s'y lever. Le piobrach peut sonner: les guerriers n'y répondront pas.»
138: Latifundia perdidere Italiam. (Pline.)—En Écosse, les lairds se sont approprié les terres de leurs clans; ils ont converti leur suzeraineté en propriété.—En Bretagne, au contraire, beaucoup de fermiers qui tenaient la terre à titre de domaine congéable, sont devenus propriétaires; les anciens propriétaires ont été dépouillés comme seigneurs féodaux.
139: Logan.
140: Tacite.
142: Ceux-ci avaient égard à la position astronomique des lieux; de là les noms de: Wisigoths, Ostrogoths, Wessex, Sussex, Essex, etc. Les Celtes, au contraire.
143: Dans la Saga de Regnar Lodbrog, les Normands vont à la recherche de Rome, dont on leur a vanté les richesses et la gloire; ils arrivent à Luna, la prennent pour Rome et la pillent. Détrompés, ils rencontrent un vieillard qui marche avec des souliers de fer; il leur dit qu'il va à Rome, mais que cette ville est si loin qu'il a déjà usé une pareille paire de souliers, ce qui les décourage.
145: Tacite.
147: Voy. mon Histoire romaine, I.
148: Jacob Grimm.
151: Voy. les formules d'initiation du compagnonnage allemand dans mon Introduction à l'Histoire universelle.
152: Priscus.
153: Niebelungen, 87.—Il semble que, dans ses admirables compositions, Cornélius ait eu sous les yeux les Niebelungen allemands plus que l'Edda et les Sagas scandinaves.
154: Voy. le Voyage d'Edgar Quinet, 5e volume des Œuvres complètes, 1857.
159: Ils eurent le poste d'honneur à la bataille.
160: Gérontius.
161: Paul Orose.
162: Les Hérules et les Lombards se contentèrent du tiers.
163: Aug. Thierry.
169: L'invasion d'Attila en Italie n'y avait pas laissé une impression moins profonde. Dans une bataille qu'il livra aux Romains, aux portes même de Rome, tout, disait-on, avait péri des deux côtés. «Mais les âmes des morts se relevèrent et combattirent avec une infatigable fureur trois jours et trois nuits.»
170: Attila, dans sa retraite, massacre, selon la légende, les onze mille vierges de Cologne.
171: Du côté des Romains étaient les Wisigoths et leur roi Théodoric; du côté des Huns, les Ostrogoths et les Gépides. Un Ostrogoth tua Théodoric.
172:
Je te donnerais volontiers mon bouclier,
Si j'osais te l'offrir devant Chriemhild...
N'importe! prends-le, Hagen, et porte-le à ton bras.
Ah! puisses-tu le porter jusque chez vous, jusqu'à la terre des Burgundes.
177: Dans le long séjour qu'ils firent en Belgique, ils durent nécessairement se mêler aux indigènes, et n'arrivèrent sans doute en Gaule que lorsqu'ils étaient devenus en partie Belges.
178: Ainsi les Francs s'associent contre les ariens tous les catholiques de la Gaule.
179: Grégoire de Tours.
184: Prosternebat enim quotidie Deus hostes ejus sub manu ipsius, et augebat regnum ejus, eo quod ambularet recto corde coram eo, et faceret quæ placita erant in oculis ejus.—Ces paroles sanguinaires étonnent dans la bouche d'un historien qui montre partout ailleurs beaucoup de douceur et d'humanité.
185: Lettre écrite par Clovis à un évêque, à l'occasion de sa guerre contre les Goths.
186: Grégoire de Tours.
187: Grégoire de Tours.—Dans la Hesse et la Franconie, ils avaient écartelé ou écrasé sous les roues de leurs chariots plus de deux cents jeunes filles, et en avaient ensuite distribué les membres à leurs chiens et à leurs oiseaux de chasse. Voy. le discours de Theuderic aux siens.
188: Grégoire de Tours. Un troisième fils de Clodomir échappa, et se réfugia dans un couvent. C'est saint Clodoald ou saint Cloud.
190: Blessé par un taureau sauvage.
191: La première fois qu'ils l'envahirent, Childebert et Clotaire prétendaient venger leur sœur, maltraitée par son mari Amalaric, roi des Wisigoths, qui voulait la convertir à l'arianisme. Elle avait envoyé à ses frères un mouchoir teint de son sang. (Grégoire de Tours.)
194: Grégoire de Tours.
195: Frédégaire parle de la tyrannie fiscale d'un Protadius, maire du palais en 605, sous Theuderic, et favori de Brunehaut.
197: Grégoire de Tours. Frédégonde donne un breuvage à deux clercs pour qu'ils aillent assassiner Childebert.
199: «De Frédégonde te souvienne!» dit saint Ouen à son ami Ébroin, défenseur de la Neustrie contre l'Ostrasie.—La prédominance appartint d'abord à la Neustrie. Depuis Clovis, et avant le complet anéantissement de l'autorité royale, sous les maires du palais, quatre rois ont réuni toute la monarchie franque: ce sont des rois de Neustrie:—Clotaire Ier, 558-561.—Clotaire II, 613-628.—Dagobert Ier, 631-638.—Clovis II, 655-656.—En effet, c'était en Neustrie que s'était établi Clovis, avec la tribu alors prépondérante.—La Neustrie était plus centrale, plus romaine, plus ecclésiastique.—L'Ostrasie était en proie aux fluctuations continuelles de l'émigration germanique.
200: «Les bourgs situés aux environs de Paris furent entièrement consumés par la flamme, dit Grégoire de Tours; l'ennemi détruisit les maisons comme tout le reste, et emmena même les habitants en captivité. Sigebert conjurait qu'on n'en fît rien; mais il ne pouvait contenir la fureur des peuples venus de l'autre bord du Rhin. Il supportait donc tout avec patience, jusqu'à ce qu'il pût revenir dans son pays. Quelques-uns de ces païens se soulevèrent contre lui, lui reprochant de s'être soustrait au combat; mais lui, plein d'intrépidité, monta à cheval, se présenta devant eux, les apaisa par des paroles de douceur, et ensuite en fit lapider un grand nombre.»
201: Chilpéric vint à Paris prendre les trésors de Brunehaut, et la relégua elle-même à Rouen, et ses filles à Meaux.
202: Grégoire de Tours.
205: On peut juger de la violence de ce gouvernement par la manière dont Chilpéric dota sa fille Rigunthe. Il fit enlever comme esclaves, pour la suivre en Espagne, une foule de colons royaux; un grand nombre se donnèrent la mort, et le cortège partit en chargeant le roi de malédictions.
206: Grégoire de Tours.
207: Idem.
208: Une femme guérit son fils de la fièvre quarte en lui donnant de l'eau où elle avait fait infuser une frange du manteau de Gontran. (Grégoire de Tours).
209: Grégoire de Tours: «Gontran protégeait Frédégonde et l'invitait souvent à des repas, lui promettant qu'il serait pour elle un solide appui. Un certain jour qu'ils étaient ensemble, la reine se leva et dit adieu au roi, qui la retint en lui disant: «Prenez encore quelque chose.» Elle lui dit: «Permettez-moi, je vous en prie, seigneur, car il m'arrive, selon la coutume des femmes, qu'il faut que je me lève pour enfanter.» Ces paroles le rendirent stupéfait, car il savait qu'il n'y avait que quatre mois qu'elle avait mis un fils au monde; il lui permit cependant de se retirer.»
210: Grégoire de Tours.
212: Ainsi dans Shakespeare, Macbeth, acte V... «Je regardais du côté de Birnham, quand tout à coup il m'a semblé que la forêt se mettait en mouvement...»—De même l'armée des hommes de Kent qui marcha contre Guillaume-le-Conquérant, après la bataille d'Hastings.
213: Frédégaire.
214: Moine de Saint-Gall.
221: Flodoard.
223: Solitaires de Dieu. Deus et Celare, Cella, ont des racines analogues dans les langues latine et celtique.
224: Les femmes et les enfants des culdées réclamaient une part dans les dons faits à l'autel. (Low.)
226: Britannia, fertilis provincia tyrannorum. (Saint Jérôme.)
227: Saint Loup naquit à Toul, épousa la sœur de saint Hilaire, évêque d'Arles, fut moine à Lérins, puis évêque de Troyes.—Saint Germain, né à Auxerre, fut d'abord duc des troupes de la marche Armorique et Nervicane. De retour à Auxerre, il se livrait tout entier à la chasse, et élevait des trophées en mémoire des succès qu'il y obtenait. Saint Amator, évêque de la ville, l'en chassa, puis le convertit et l'ordonna prêtre malgré lui. Il eut pour disciples sainte Geneviève et saint Patrice. Saint Germain et saint Martin, le chasseur et le soldat, étaient les deux saints les plus populaires de la France. Mais saint Hubert succéda à saint Germain dans le patronage des chasseurs.
228: Saint Colomban explique lui-même le rapport mystique de son nom avec les mots jona, barjona, qui signifie colombe dans les livres saints.
230: L'Église de Rome était fortement intéressée à supprimer les écrits d'un ennemi, qui avait pourtant laissé dans la mémoire des peuples une si grande réputation de sainteté. Aussi la plupart des livres de saint Colomban ont péri. Quelques-uns se trouvaient encore au seizième siècle à Besançon et à Bobbio, d'où ils furent, dit-on, portés aux bibliothèques de Rome et de Milan.
233: Les Bollandistes disent très bien qu'il y a entre la règle de saint Colomban et celle de saint Benoît la même différence qu'entre les règles des franciscains et des dominicains. C'est l'opposition de la loi et de la grâce. L'ordre de Saint-Benoît devait prévaloir: 1o sur le RATIONALISME des Pélagiens; 2o sur le MYSTICISME de saint Colomban.
235: La querelle de saint Léger et d'Ébroin enveloppait aussi une querelle nationale, une haine de villes. Saint Léger, évêque d'Autun, avait pour lui l'évêque de Lyon, et contre lui les évêques de Valence et de Châlons. Ces deux villes faisaient ainsi la guerre à leurs rivales, les deux capitales de la Bourgogne.—Lorsque saint Léger se fut livré volontairement à ses ennemis, Autun n'en fut pas moins obligé de se racheter. Ils voulaient chasser aussi l'évêque de Lyon, mais les Lyonnais s'armèrent pour le défendre. Les villes prennent évidemment part active à la querelle.
236: Grégoire de Tours.—Basine a le don de seconde vue, comme la Brunhild de l'Edda. Comme Brunhild, elle se livre au plus vaillant.
238: Vie de saint Colomban.
244: En 725, ils prirent Carcassonne, reçurent Nîmes à composition, et détruisirent Autun. En 731, ils brûlèrent l'église de Saint-Hilaire de Poitiers.
251: C'était comme le pontife-roi à Rome, le calife à Bagdad dans la décadence, ou le daïro au Japon.
252: De plus, un tribut de trois cents chevaux. App. 116.
253: Il répondit aux réclamations de l'empereur, qu'il avait entrepris cette guerre pour l'amour de saint Pierre et la rémission de ses péchés.
255: La taille des Basques est très haute, surtout en comparaison de celle des Béarnais.
256: Le continuateur de Frédégaire. App. 118.
257: Le continuateur de Frédégaire.
259: On dit communément que Charlemagne est la traduction de Carolus Magnus. «Challemaines si vaut autant comme grant Challes.»—Charlemagne n'est qu'une corruption de Carloman, Karl-mann, l'homme fort. App. 120.
260: Ceci est très frappant dans leur jurisprudence. Ils adoptent presque indifféremment la plupart des symboles dont chacun est propre à chaque tribu germanique. Voy. Grimm.
262: Grimm.
265: Grimm.
266: Grimm.
267: Ils essayèrent de brûler une église que saint Boniface avait construite à Fritzlar, dans la Hesse. Mais le saint avait prophétisé en la bâtissant qu'elle ne périrait jamais par le feu: deux anges vêtus de blanc vinrent la défendre, et un Saxon qui s'était agenouillé pour souffler le feu, fut trouvé mort dans la même attitude, les joues encore enflées de son souffle. (Annales de Fulde.)
268: Colonne, ou statue de la Germanie, ou d'Arminius.
271: Lippstadt.
272: Un jour que l'on baptisait des Northmans, on manqua d'habits de lin, et on donna à l'un d'eux une mauvaise chemise mal cousue. Il la regarda quelque temps avec indignation, et dit à l'empereur: «J'ai déjà été lavé ici vingt fois, et toujours habillé de beau lin blanc comme neige; un pareil sac est-il fait pour un guerrier, ou pour un gardeur de pourceaux? Si je ne rougissais d'aller tout nu, n'ayant plus mes habits et refusant les tiens, je te laisserais là ton manteau et ton Christ.» Moine de Saint-Gall.—Les Avares, alliés de Charlemagne, voyant qu'il faisait manger dans la salle leurs compatriotes chrétiens, et les autres à la porte, se firent baptiser en foule pour s'asseoir aussi à la table impériale.
275: Grimm.
278: Il avait aussi une vive affection pour le prédécesseur de Léon, le pape Adrien. «Il alla quatre fois à Rome pour accomplir des vœux et faire ses prières.» (Éginhard.) App. 130.
280: Un proverbe grec disait: «Ayez le Franc pour ami, mais non pas pour voisin.»
281: Éginhard. «Le roi des Northumbres, de l'île de Bretagne, nommé Eardulf, chassé de sa patrie et de son royaume, se rendit près de l'empereur, alors à Nimègue, lui exposa la cause de son voyage, et partit pour Rome. À son retour de Rome, par l'entremise des légats du pontife romain et de l'empereur, il fut rétabli dans son royaume.»
283: Il choisit Aix pour y bâtir son palais, dit Éginhard, à cause de ses eaux thermales. «Il aimait cette douce chaleur, et y venait fréquemment nager. Il y invitait les grands, ses amis, ses gardes, et quelquefois plus de cent personnes se baignaient avec lui.» Il passait l'automne à chasser.
284: «Il s'essayait à écrire, et portait d'habitude sous son chevet des tablettes, afin de pouvoir, dans ses moments de loisir, s'exercer la main à tracer des lettres; mais ce travail ne réussit guère; il l'avait commencé trop tard.» (Éginhard.) App. 133.
285: «À une certaine fête, comme un jeune homme, parent du roi, chantait fort bien Alleluia, le roi dit à un évêque qui se trouvait là: «Il a bien chanté, notre clerc!» L'autre sot, prenant cela pour une plaisanterie, et ignorant que le clerc fût parent de l'empereur, répondit: «Les rustres en chantent autant à leurs bœufs.» À cette impertinente réponse, l'empereur lui lança un regard terrible, dont il tomba foudroyé.» (Moine de Saint-Gall.) App. 134.
291: «Albinum cognomento Alcuinum...» (Éginhard.)
Alcuin écrivait à Charlemagne: «Envoyez-moi de France quelques savants traités aussi excellents que ceux dont j'ai soin ici (à la bibliothèque d'York), et qu'a recueillis mon maître Ecbert; et je vous enverrai de mes jeunes gens, qui porteront en France les fleurs de Bretagne, en sorte qu'il n'y ait plus seulement un jardin enclos à York, mais qu'à Tours aussi puissent germer quelques rejetons du paradis.» Appelé en France, il devint le maître du Scot Rabanus Maurus, fondateur de la grande école de Fulde.—Éginhard dit que Charlemagne donnait les honneurs et les magistratures à des Scots, estimant leur fidélité et leur valeur; et que les rois d'Écosse lui étaient fort dévoués.—Dans sa vie de saint Césaire, dédiée à Charlemagne, Héricus dit: «Presque toute la nation des Scots, méprisant les dangers de la mer, vient s'établir dans notre pays avec une suite nombreuse de philosophes.»
292: Moine de Saint-Gall.—Voy. l'amusante histoire d'un pauvre semblablement élevé par Charles à un riche évêché.
294: «Quand les Francs qui combattaient au milieu des Gaulois virent ceux-ci revêtus de saies brillantes et de diverses couleurs, épris de l'amour de la nouveauté, ils quittèrent leur vêtement habituel, et commencèrent à prendre celui de ces peuples. Le sévère empereur, qui trouvait ce dernier habit plus commode pour la guerre, ne s'opposa point à ce changement. Cependant, dès qu'il vit les Frisons, abusant de cette facilité, vendre ces petits manteaux écourtés aussi cher qu'autrefois on vendait les grands, il ordonna de ne leur acheter, au prix ordinaire, que de très longs et larges manteaux. «À quoi peuvent servir, disait-il, ces petits manteaux? au lit, je ne puis m'en couvrir; à cheval, ils ne me défendent ni de la pluie ni du vent, et quand je satisfais aux besoins de la nature, j'ai les jambes gelées.» (Moine de Saint-Gall.)
296: Le curiale devait avoir au moins vingt-cinq arpents de terre; l'hériman, de trente-six à quarante-huit.
297: Un bœuf, ou six boisseaux de froment valaient deux sous;—cinq bœufs, ou une robe simple, ou trente boisseaux, dix sous;—six bœufs, ou une cuirasse, ou trente-six boisseaux, douze sous. (M. Desmichels.)
301: Moine de Saint-Gall.
305: L'Astronome.
312: Il fut pris pour arbitre entre plusieurs chefs danois qui se disputaient l'héritage de Godfried, et décida en faveur d'Harold.
313: La tentative de Bernard contre son oncle est le premier essai de l'Italie pour se délivrer des barbares. App. 154.
314: Ils veulent pour roi un homme plutôt qu'un enfant, et ordinairement l'oncle est homme, est utile, comme on disait alors, longtemps avant le neveu.
319: En outre, ils avaient été alliés de l'Aquitain Hunald.
323: De tous ces griefs, le septième est grave. Il révèle la pensée du temps. C'est la réclamation de l'esprit local, qui veut désormais suivre le mouvement matériel et fatal des races, des contrées, des langues, et qui dans toute division politique ne voit que violence et tyrannie.
324: Plusieurs faits témoignent de la prédilection de Louis pour les serfs, pour les pauvres, pour les vaincus. Il donna un jour tous les habits qu'il portait à un serf, vitrier du couvent de Saint-Gall. (Moine de Saint-Gall.)—On a vu son affection pour les Saxons et les Aquitains; il avait dans sa jeunesse porté le costume de ces derniers. «Le jeune Louis, obéissant aux ordres de son père, de tout son cœur et de tout son pouvoir, vint le trouver à Paderborn, suivi d'une troupe de jeunes gens de son âge, et revêtu de l'habit gascon, c'est-à-dire portant le petit surtout rond, la chemise à manches longues et pendantes jusqu'au genou, les éperons lacés sur les bottines, et le javelot à la main. Tel avait été le plaisir et la volonté du roi.» (L'Astronome.)—«De plus, et se trouvant absent, le roi Louis voulut que les procès des pauvres fussent réglés de manière que l'un d'eux qui, quoique totalement infirme, paraissait doué de plus d'énergie et d'intelligence que les autres, connût de leurs délits, prescrivît les restitutions de vols, la peine du talion pour les injures et les voies de fait, et prononçât même, dans les cas plus graves, l'amputation des membres, la perte de la tête, et jusqu'au supplice de la potence. Cet homme établit des ducs, des tribuns et des centurions, leur donna des vicaires, et remplit avec fermeté la tache qui lui était confiée.» (Moine de Saint-Gall.)—App. 162.
325: Tous se trouvaient d'accord, sans doute par mécontentement contre Lothaire, c'est-à-dire contre l'unité de l'Empire. Bernard semble pour l'empereur contre ses fils, mais pour Pepin, c'est-à-dire pour l'Aquitaine, même contre l'empereur. App. 163.
328: Nithard.
330: On en peut juger par la modération extraordinaire des jeux militaires donnés à Worms par Charles et Louis. «La multitude se tenait tout autour; et d'abord, en nombre égal, les Saxons, les Gascons, les Ostrasiens et les Bretons de l'un et de l'autre parti, comme s'ils voulaient se faire mutuellement la guerre, se précipitaient les uns sur les autres d'une course rapide. Les hommes de l'un des deux partis prenaient la fuite en se couvrant de leurs boucliers, et feignant de vouloir échapper à la poursuite de l'ennemi; mais, faisant volte-face, ils se mettaient à poursuivre ceux qu'ils venaient de fuir, jusqu'à ce qu'enfin les deux rois, avec toute la jeunesse, jetant un grand cri, lançant leurs chevaux et brandissant leurs lances, vinssent charger et poursuivre dans leur fuite, tantôt les uns, tantôt les autres. C'était un beau spectacle à cause de toute cette grande noblesse, et à cause de la modération qui y régnait. Dans une telle multitude, et parmi tant de gens de diverse origine, on ne vit pas même ce qui se voit souvent entre gens peu nombreux et qui se connaissent, nul n'osait en blesser ou en injurier quelque autre.» (Nithard.)
331: «Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien, et notre commun salut, de ce jour en avant, et tant que Dieu me donnera de savoir et de pouvoir, je soutiendrai mon frère Karle ici présent, par aide et en toute chose, comme il est juste qu'on soutienne son frère, tant qu'il fera de même pour moi. Et jamais, avec Lother, je ne ferai aucun accord qui de ma volonté soit au détriment de mon frère.»—App. 167.
332: «Si Lodewig garde le serment qu'il a prêté à son frère Karle, et si Karle, mon seigneur, de son côté ne le tient pas, si je ne puis l'y ramener, ni moi ni aucun autre, je ne lui donnerai nulle aide contre Lodewig.»—Les Allemands répétèrent la même chose dans leur langue, en changeant seulement l'ordre des noms.
333: «Tous les peuples qui habitaient entre la Meuse et la Seine envoyèrent des messagers à Charles (840), lui demandant de venir vers eux avant que Lothaire occupât leur pays, et lui promettant d'attendre son arrivée. Charles, accompagné d'un petit nombre de gens, se hâta de se mettre en route, et arriva d'Aquitaine à Kiersy; il y reçut avec bienveillance les gens qui vinrent à lui de la forêt des Ardennes et des pays situés au-dessous. Quant à ceux qui habitaient au delà de cette forêt, Herenfried, Gislebert, Bovon et d'autres, séduits par Odulf, manquèrent à la fidélité qu'ils avaient jurée.» (Nithard.)
334: Nithard.
335: Idem.
336: Nithard. «Il envoya des messagers en Saxe, promettant aux hommes libres et aux serfs (frilingi et lazzi), dont le nombre est immense, que, s'ils se rangeaient de son parti, il leur rendrait les lois dont leurs ancêtres avaient joui au temps où ils adoraient les idoles. Les Saxons, avides de ce retour, se donnèrent le nouveau nom de Stellinga, se liguèrent, chassèrent presque du pays leurs seigneurs, et chacun, selon l'ancienne coutume, commença à vivre sous la loi qui lui plaisait. Lothaire avait de plus appelé les Northmans à son secours, leur avait soumis quelques tribus de chrétiens, et leur avait même permis de piller le reste du peuple de Christ. Louis craignit que les Northmans ainsi que les Esclavons ne se réunissent, à cause de la parenté, aux Saxons qui avaient pris le nom de Stellinga, qu'ils n'envahissent ses États et n'y abolissent la religion chrétienne.» App. 168.
339: Une abbaye, dit fort bien M. de Chateaubriand, n'était autre chose que la demeure d'un riche patricien romain, avec les diverses classes d'esclaves et d'ouvriers attachés au service de la propriété et du propriétaire, avec les villes et les villages de leur dépendance. Le Père abbé était le maître; les moines, comme les affranchis de ce maître, cultivaient les sciences, les lettres et les arts.—L'abbaye de Saint-Riquier possédait la ville de ce nom, treize autres villes, trente villages, un nombre infini de métairies. Les offrandes en argent faites au tombeau de saint Riquier s'élevaient seules par an à près de deux millions de notre monnaie.—Le monastère de Saint-Martin d'Autun, moins riche, possédait cependant, sous les Mérovingiens, cent mille menses.
340: Flodoard.
341: Nithard.
342: Nithard: «Sequana, mirabile dictu!... repente aere sereno tumescere cœpit.»
344: Nithard.—Avant de quitter Angers (873), Charles-le-Chauve voulut assister aux cérémonies que firent les Angevins à leur rentrée dans la ville, pour remettre dans les châsses d'argent qu'ils avaient emportées les corps de saint Aubin et de saint Lézin.
346: En 851, «Traité d'alliance et de secours mutuel entre les trois fils de Louis-le-Débonnaire, et pour faire poursuivre ceux qui fuiraient l'excommunication des évêques d'un royaume à l'autre, ou emmèneraient une parente incestueuse, une religieuse, une femme mariée.»
348: Flodoard.
349: Dans sa profession de foi, Gotteschalk demanda à prouver sa doctrine en passant par quatre tonneaux d'eau bouillante, d'huile, de poix, et en traversant un grand feu. App. 174.
350: Selon quelques-uns, Raban et son maître Alcuin auraient été Scots. (Low.)
Guillaume de Malmesbury rapporte l'anecdote suivante: «Jean était assis à table en face du roi, et de l'autre côté de la table. Les mets ayant disparu, et comme les coupes circulaient, Charles, le front gai, et après quelques autres plaisanteries, voyant Jean faire quelque chose qui choquait la politesse gauloise, le tança doucement en lui disant: Quelle distance y a-t-il entre un sot et un Scot? (Quid distat inter sottum et Scotum?)—Rien que la table, répondit Jean, renvoyant l'injure à son auteur.»
351: Jean Érigène: «La vraie philosophie est la vraie religion, et réciproquement la vraie religion est la vraie philosophie.»—App. 175.
352: Wargr, loup; wargus, banni. Voy. Grimm.
354: La forme poétique de la tradition qui leur donne pour compagnes les Vierges au bouclier indique assez que ce fut une exception, et qu'ils avaient rarement des femmes avec eux.
355: Raoul Glaber: «Dans la suite des temps naquit, près de Troyes, un homme de la plus basse classe des paysans, nommé Hastings. Il était d'un village appelé Tranquille, à trois milles de la ville; il était robuste de corps et d'un esprit pervers. L'orgueil lui inspira, dans sa jeunesse, du mépris pour la pauvreté de ses parents; et cédant à son ambition, il s'exila volontairement de son pays. Il parvint à s'enfuir chez les Normands. Là, il commença par se mettre au service de ceux qui se vouaient à un brigandage continuel pour procurer des vivres au reste de la nation, et que l'on appelait la flotte (flotta).»
357: Ils appelaient ainsi leurs barques, drakars, snekkars.
358: Le cor d'ivoire joue un grand rôle dans les légendes relatives aux Normands, par exemple dans la légende bretonne de Saint-Florent: «Le moine Guallon fut envoyé à Saint-Florent... Lorsqu'il fut entré dans le couvent, il chassa des cryptes les laies sauvages qui s'y étaient établies avec leurs petits... Ensuite il alla trouver Hastings, le chef normand, qui résidait encore à Nantes... Lorsque le chef le vit venir à lui avec des présents, il se leva aussitôt et quitta son siège, et appliqua ses lèvres sur ses lèvres; car il professait, dit-on, tellement quellement le christianisme... Il donna au moine un cor d'ivoire, appelé le Cor des tonnerres, ajoutant que, lorsque les siens débarqueraient pour le pillage, il sonnât de ce cor, et qu'il ne craignît rien pour son avoir aussi loin que le son pourrait être entendu des pirates.»
359: Le couvent se racheta lui-même plusieurs fois et finit par être réduit en cendres.
362: Suivant l'annaliste de Saint-Bertin, il fut empoisonné par un médecin juif.
364: Annales de Saint-Bertin.
365:
Einen Kuning weiz ich,
Heisset er Ludwig
Der gerne Gott dienet, etc.
Un chroniqueur, postérieur de deux siècles, ne craint pas d'affirmer qu'Eudes, qui faisait la guerre pour Louis, tua aux Normands cent mille hommes. (Marianus Scotus.)
366: C'est ainsi qu'Haroun-al-Raschid met en pièces les armes que lui apportent les ambassadeurs de Constantinople. On sait l'histoire de l'arc d'Ulysse dans l'Odyssée, de l'arc du roi d'Éthiopie dans Hérodote.
368: Il assure l'héritage au fils, lors même qu'il est encore enfant à la mort du père. S'il n'y a point de fils, le prince disposera du comté.
369: Il fut élu au concile de Mantaille par vingt-trois évêques du Midi et de l'Orient de la Gaule.
371: Les comtes de Flandre portèrent d'abord ce nom, ainsi que les comtes d'Anjou.
375: Lorsque Charles-le-Simple appela ses vassaux contre les Hongrois, en 919, aucun ne vint à son ordre, hors l'archevêque de Reims, Hérivée, qui lui amena quinze cents hommes d'armes. (Flodoard.)—Louis-d'Outre-mer confirma, en 953, tous les anciens privilèges de l'Église de Reims; ils furent confirmés de nouveau par Lothaire en 955, et plus tard par les Othons.
379: Il ne faut pas se représenter cet Eudes comme assis dans de paisibles possessions, ainsi que le furent après lui Hugues-le-Grand et Hugues-Capet. Il n'avait qu'un royaume flottant, ou plutôt qu'une armée. C'est un chef de partisans qu'on voit combattre tour à tour le Nord et le Midi, la Flandre et l'Aquitaine.
380: «Louis-d'Outre-mer épousa Gerberge, sœur de l'empereur Othon; le duc Hugues-le-Grand, voyant cela, afin de lui rendre coup pour coup, et de contre-balancer le crédit que Louis avait obtenu auprès d'Othon, prit pour femme l'autre sœur, Hedwige. De ces deux sœurs sortirent la race impériale de Germanie et les races royales de France et d'Angleterre.» (Albéric des Trois-Fontaines.)
381: Hedwige et Gerberge se mirent ensemble sous la protection de Bruno, et il rétablit la paix entre ses neveux. (Flodoard.) Les deux sœurs vinrent rendre visite à Othon, lorsqu'il vint à Aix, en 965, et jamais, dit la chronique, ils ne ressentirent pareille joie. (Vie de saint Bruno.)
382: Nous remarquerons, à l'occasion de cette observation de M. Thierry, que les Carlovingiens, dans leur dégénération, ne tombèrent pas si bas que les Mérovingiens. Si Louis-le-Bègue fut surnommé Nihil-fecit, il faut se souvenir qu'il ne régna que dix-huit mois; et les Annales de Metz vantent sa douceur et son équité.—Louis III et Carloman remportèrent une victoire sur les Northmans (879).—Charles-le-Sot fit avec eux un traité fort utile (911). Il battit son rival le roi Robert, et le tua, dit-on, de sa main.—Louis-d'Outre-mer montra un courage et une activité qui n'auraient pas dû lui attirer cette satire: «Dominus in convivio, rex in cubiculo.»—Enfin, suivant l'observation de D. Vaissette, la jeunesse de Louis-le-Fainéant lui-même, la brièveté de son règne, et la valeur dont il fit preuve au siège de Reims, ne méritaient pas ce surnom des derniers Mérovingiens.
383: Gerbert.
384: Chronique de Sithiu.
385: Acta SS. ord. S. Bened., sec. V.
386: Raoul Glaber, moine de Cluny, mort en 1048, se contente de dire: «Hugues-Capet était fils d'Hugues-le-Grand, et petit-fils de Robert-le-Fort; mais j'ai différé de rapporter son origine, parce qu'en remontant plus haut elle est fort obscure.»—Dante a reproduit l'opinion populaire qui faisait descendre les Capets d'un boucher de Paris.
Di me son nati i Filippi i Luigi,
Per cui novellamente è Francia retta.
Figliuol fui d'un beccaio di Parigi,
Quando li regi antichi vener meno,
Tutti fuor ch'un renduto in panni bigi.
387: Un moine de Maillezais (Poitou) dit dans sa Chronique:..... Regnare Francis rex Robertus ferebatur.—Le duc d'Aquitaine, c'était alors (1016) Guillaume de Poitiers, reconnaissait le roi d'Arles pour suzerain.
388: Déjà Charles-le-Chauve, dans la première époque de son règne, ne voyait que par les yeux d'Hincmar. Ce fut encore Hincmar qui dirigea Louis-le-Bègue et qui fit roi Louis III, comme il s'en vantait lui-même.—Son successeur Foulques fut le protecteur de Charles-le-Simple en bas âge. Il le couronna en 893, à l'âge de quatorze ans, traita pour lui avec le roi Arnulf et avec Eudes, et le fit enfin roi en 898.—Après lui, Herivée ramena à Charles-le-Simple, en 920, ses vassaux révoltés, et raffermit sa royauté chancelante. Seul il vint le défendre avec ses hommes contre l'invasion des Hongrois.—Louis-d'Outre-mer fit la guerre à Héribert avec l'archevêque Arnoul, et lui accorda le droit de battre monnaie.
389: Ainsi les terminaisons ac, oc, du midi de la France, rattacheraient les noms d'hommes et de lieux à un pluriel, conformément au génie des gentes pélasgiques, exprimé nettement dans l'italien moderne, où les noms d'homme sont des pluriels: Alighieri, Fieschi, etc.
390: Vasco, Wasco, en langue basque, signifie homme, dit le dictionnaire de Laramandi (édition de 1743, sous ce titre pompeux: El impossible vincido, arte della lingua Bascongada, imprimé à Salamanque). Voy. aussi Laboulinière, Voyage dans les Pyrénées françaises, I, 235.
391: Osca, d'eusi, aboyer; parler? d'otsa, bruit? Chaque peuple barbare se considérait comme parlant seul un vrai langage d'homme. En opposition à euscaldunac, ils disent er-d-al-dun-ac; de arra, erria, terre; ainsi erdaldunac, qui parlent la langue du pays; les Basques français appellent ainsi les Français, les Biscayens les Castillans.
392: Toutefois, dun (duna, avec l'article) est une terminaison commune de l'adjectif basque. De arra, ver; ar-duna, plein de vers. De erstura, angoisse; erstura-dun-a, plein d'angoisses. Eusc-al-dun-ac, les Basques. Caladunum peut signifier en basque, contrée riche en joncs.
393: On peut cependant citer encore Mauléon en Gascogne et en Poitou (Maulin en basque).—En Bretagne: Rennes, Batz, Alet, Morlaix. (On trouve dans les Pyrénées: Rasez, Rœdæ, pagus Redensis ou Radensis, comme Redon, Redonas, Morlaas, etc.—On trouve encore en Bretagne un Auvergnac, un Montauban du côté de Rennes.)—Les mots Auch, Occitanie, Gard, Gers, Garonne, Gironde, semblent aussi d'origine basque.—Montesquieu, Montesquiou, de Eusquen?
394: L'aruspicine et la flûte des Vascons étaient célèbres, comme celle des Étrusques et Lydiens, Lamprid. Alex. Sever.—Vasca tibia dans Solin, c. V;—Servius, XI Æn., et apud auctorem veteris glossarii latino-græci. Aujourd'hui ils n'ont pas d'autre instrument (comme les highlanders écossais la cornemuse), Strabon, l. III.
395: Suivant Bullet, Lar, en celtique, signifie feu. En vieil irlandais il signifie le sol d'une maison, la terre, ou bien une famille (?).—Lere, tout-puissant.—Joun, iauna, en basque Dieu (Janus, Diana). En Irlandais, Anu, Ana (d'où Jona?) mère des Dieux, etc., etc.
396: Bed. Hist. Eccl., II, c. XIII: «Cui primus pontificum ipsius Coifi continuo respondit» (premier prêtre d'Edwin, roi de Northumbrie, converti par Paulinus au commencement du septième siècle). Macpherson. Dissert. on the celt. antiq.—Coibhi-draoi, druide coibhi, est une expresion usitée en Écosse pour désigner une personne de grand mérite (Voy. Mac Intosh's Gaelic Proverbs, p. 34.—Haddleton, Notes on Tolland, page 279). Un proverbe gaélique dit: «La pierre ne presse pas la terre de plus près que l'assistance de Coibhi (bienfaisance, attribut du chef des druides?).»
397: Davies Mythol., p. 271, 277. Ammian. Marcell., liv. XV: «Druidæ ingeniis celsiores, ut authoritas Pythagoræ decrevit, sodalitiis astricti consortiis, quæstionibus occultarum rerum altarumque erecti sunt, etc.»
398: Sur le bord de la Seine, près de Duclair, est une roche très élevée, connue sous le nom de Chaise de Gargantua; près d'Orches, à deux lieues de Blois, la Chaise de César; près de Tancarille, la Pierre Géante, ou Pierre du géant.
399: Un roi d'Irlande, nommé Cormac, écrivit en 260 de Triadibus, et quelques triades sont restées dans la tradition irlandaise sous le nom de Fingal. Les Irlandais marchaient au combat trois par trois; les highlanders d'Écosse sur trois de profondeur. Nous avons déjà parlé de la trimarkisia.—Au souper, dit Giraldus Cambrensis, les Gallois servent un panier de végétaux devant chaque triade de convives; ils ne se mettent jamais deux à deux (Logan, the Scotish Gaël).
400: Dans Grégoire de Tours (ap. Scr. Fr, II, 467), saint Simplicius voit de loin promener par la campagne, sur un char traîné par des bœufs, une statue de Cybèle. La Cybèle germanique, Erlha, était traînée de même. Tacit. German.
401: On voit, dans le moine de Saint-Gall, un pauvre qui a honte d'être roux: «Pauperculo valde rufo, galliculâ suâ quia pileum non habet, et de colore suo nimium erubuit, caput induto...» Lib. I, ap. Scr. Fr., V.
402:
Moi, je vueil l'œil et brun le teint,
Bien que l'œil verd toute la France adore.
Ronsard.
Ode à Jacques Lepeletier,—Legrand d'Aussy, I, 369: «Les cheveux de ma femme, qui aujourd'hui me paraissent noirs et pendants, me semblaient alors blonds, luisants et bouclés. Ses yeux, qui me semblent petits, je les trouvais bleus, charmants et bien fendus.» (Le Mariage; Aliàs: Le Jeu d'Adam, le Bossu d'Arras.)
403: Le chef suprême des Truands s'appelait dans leur langage coërse, et ses principaux officiers cagoux, ou archisuppôts.
404: Bullet croit trouver dans ce fait un rapport avec l'histoire de Berthe, la reine pédauque (pes aucæ, pied d'oie. Voy. mon IIe volume). Un passage de Rabelais indique qu'on voyait une image de la reine Pédauque à Toulouse. Les contes d'Eutrapel nous apprennent qu'on jurait à Toulouse par la quenouille de la reine Pédauque. Cette locution rappelle le proverbe: Du temps que la reine Berthe filait (Bullet, Mythologie française).