← Retour

L'Égypte d'hier et d'aujourd'hui

16px
100%

CHAPITRE XVIII

ENCORE KARNAK

La promenade merveilleuse parmi les ruines de Karnak continue. || Le petit sanctuaire du roi éthiopien, Shabako. || Le jeune Pharaon couronné de lotus. || La déesse à tête de lionne. || Le lac sacré et l'avenue des Sphinx.

Au delà de ce temple se trouve la galerie à colonnades de Thothmès III, précédant son sanctuaire. En cherchant notre chemin à travers les ruines, nous voyons que cette galerie n'est qu'une partie d'un vaste temple. Le faîte est supporté par trente-quatre piliers carrés et une double rangée de colonnes. Ces dernières sont plutôt bizarres que belles, avec leurs chapiteaux à calice renversé et leurs fûts s'amincissant à la base. La plupart des inscriptions sont intéressantes, mais en bien mauvais état. Dans une pièce au nord du sanctuaire, les murs sont couverts de reliefs reproduisant des plantes et des animaux que Thothmès rapporta, dit-on, de Syrie. Ils sont dessinés avec ce sentiment de la forme qui caractérise l'œuvre de Dêr-el-Bahri. Les quatre colonnes qui supportaient le toit de cette pièce sont bien conservées; elles sont du type qui emprunte son modèle au papyrus, dont les boutons entourent le chapiteau.

Après que nous eûmes franchi la muraille de ce temple, M. Legrain nous conduisit vers un modeste petit autel qu'il venait de découvrir à l'extrême est de la grande enceinte. Il est heureux que M. Legrain soit un artiste en même temps qu'un égyptologue, car, quiconque n'aurait pas eu le sentiment de la beauté de ces reliefs endommagés, aurait pu nous perdre un très curieux spécimen du travail de la vingt-cinquième dynastie. Notre excellent guide nous dit comment ce petit sanctuaire fut érigé par Shabako, le premier des rois éthiopiens; les reliefs étaient dans un triste état et avaient presque disparu aux endroits où la pierre sablonneuse s'était désagrégée, mais, dans une chambre intérieure, M. Legrain nous montra un relief qui représentait un Pharaon portant une offrande à un dieu. La couleur originale est presque complètement disparue, mais ce qui en reste s'harmonise admirablement avec la surface de la pierre. A mesure que nous nous habituons à la lumière incertaine, nous discernons plus clairement la beauté du dessin, et nous nous arrêtons moins aux joints inexacts des pierres. Ce Pharaon est probablement un successeur de Shabako Taharqua; en tout cas je préfère croire que cette belle créature n'est pas le barbare qui brûla vif son ennemi vaincu, Bokchoris. Il est surprenant qu'un art aussi parfait ait pu renaître durant le règne de ces farouches Éthiopiens.

Le peu de temps dont je pouvais disposer m'empêcha de traiter mon sujet aussi à fond que je l'aurais désiré. La ligne onduleuse des bras amène notre regard à la droite de la gravure; au delà se trouve l'objet d'adoration. On distingue à peine les oiseaux qui sont offerts au dieu, mais combien ils remplissent joliment l'espace! Ici, la ligne de la composition s'arrête net et les têtes des oiseaux conduisent le regard vers le dieu que le roi cherche à fléchir. Quelle couronne pourrait être plus belle que celle, faite de fleurs de lotus, qui ceint le front du jeune Pharaon?

Le petit temple qui renferme ce trésor est heureusement fermé, et protégé ainsi contre les profanes.

Pour apprécier Karnak, il faut y vivre. Durant les trois semaines que j'y passai avec Nicol, la Mavis étant ancrée près du grand temple, je passai trop de temps à peindre pour pouvoir étudier l'endroit d'une façon complète.

Blotti contre la muraille d'enceinte nord, se trouve un petit temple élevé par Thothmès III et dédié au dieu Ptah. Il fut plus tard agrandi par les Ptolémées. Le soir, l'ombre du grand temple recouvre l'espace qui sépare les deux monuments, et les colonnes de ce petit sanctuaire se profilent au premier plan. Lorsque la lumière crue de midi tombe sur cette vaste masse de ruines grises, il est difficile d'en rendre la couleur, et l'on ne peut les traiter qu'en noir et en blanc.

M. Legrain nous conduisit au temple de Ptah; la chaleur intense du jour nous faisait vivement désirer d'y trouver de l'ombre fraîche. Après avoir traversé deux cours, nous pénétrons dans une petite pièce, et y heurtons presque la statue à tête de lionne de la déesse Sekhmet. C'est une splendide créature et nous sommes reconnaissants au sort qui, au lieu de l'adjuger à quelque musée, lui permit de demeurer dans le cadre où la plaça Thothmès. M. Legrain nous raconta qu'il l'avait trouvée quelques années auparavant dans le même endroit, mais brisée en soixante morceaux. Heureusement, aucun ne manquant, il put la reconstituer et on lui permit de la laisser dans le cadre qui lui convient si bien. Cette déesse de la Guerre, à tête de lionne, inspire la frayeur et le respect au prime abord, quand on la voit dans l'ombre de la pièce, toute voilée de mystère.

Laissant Sekhmet à la garde du sanctuaire, nous revenons sur nos pas pour nous diriger vers la cour centrale du temple d'Ammon, et, après l'avoir traversée, nous allons examiner les ruines du côté sud. Il est difficile ici de reconstituer un plan quelconque et de comprendre quel a été le but de l'architecte en faisant élever quatre pylônes qui se succèdent sur un espace de trois à quatre cents mètres jusqu'au mur d'enceinte. Thothmès III et Hatshepsu firent élever les deux premiers, tandis que les deux derniers, qui ne semblent pas à leur place dans le grand temple, furent élevés par Haremheb, le fondateur de la dix-neuvième dynastie. La base de la muraille gauche, qui relie le pylône en ruines de Thothmès au temple, est ornée d'inscriptions dues à Merneptah. L'éternel massacre des Syriens, auquel Ramsès II, père de Merneptah, dédiait l'art de son époque, a été fait ici par le fils, mais ce qui nous intéresse le plus, c'est la ressemblance que présente cette œuvre avec celle du grand-père de Merneptah, Seti I, et des premiers artistes de la dix-huitième dynastie.

Le peuple étant d'une nature pacifique, il semblait que l'art de la contrée dût s'inspirer de sujets en harmonie avec le caractère du peuple; en effet, les guerres de Thothmès ne sont point rappelées par des scènes de bataille; nous voyons simplement une offrande des trophées à Ammon, mais lorsque Seti repoussa les tribus sémites qui, en envahissant ses provinces asiatiques, devenaient un sérieux danger pour l'Égypte elle-même, l'art s'émut de l'importance de ces victoires et nous en laissa les inscriptions commémoratives que nous voyons sur le mur nord du hall hypostyle. Durant les longues guerres de Ramsès II, il semble que les temples n'aient été bâtis que pour y représenter sur leurs murailles les faits et gestes des Pharaons. On voit à l'infini le souverain tenant un adversaire par les cheveux et se préparant à lui trancher la tête. Ce même sujet traité si fréquemment semble avoir paralysé l'effort de l'artiste et l'on remarque un déclin sensible qui continue durant le règne de Merneptah. Il restait cependant de grands artistes à la fin du règne de Seti; lorsqu'ils ont pu travailler librement, ils ont produit de belles choses. On trouve beaucoup de chefs-d'œuvre dans le Ramesseum à Thèbes et le temple taillé dans le roc, d'Abu-Simbel, est peut-être le plus beau monument, dans son genre, que l'univers ait produit; le petit temple de Bet-el-Walli, en Nubie, me semble aussi difficile à égaler. Je pourrais encore citer bien des œuvres de valeur, mais, comparées à celles de Seti et des dynasties précédentes, elles ne laissent point d'accuser une sensible décadence. Merneptah serait, d'après certains historiens, le Pharaon de l'oppression, plutôt que Ramsès II, mais on ne sait comment concilier le fait de la découverte de son corps dans la Vallée des Tombes des Rois, à Thèbes, avec les documents historiques qui prétendent qu'il trouva la mort dans les flots de la mer Rouge.

Au delà du pylône en ruines de Thothmès III, nous voyons quelques belles statues de ce souverain qui précèdent un autre pylône. L'étang qui se trouve plus loin cacha longtemps des merveilles que M. Legrain découvrit il y a quelques années. C'est au Musée du Caire que nous devrons nous rendre pour apprécier la valeur de cette découverte. Quant aux statues que nous voyons ici, ce sont celles qui n'ont pas été jugées assez intéressantes pour être envoyées au Caire. On se demande comment ces statues se trouvaient au fond de cet étang; c'est là un de ces problèmes insolubles qui se présentent à chaque instant dans cette contrée merveilleuse.

La partie sud de Karnak est la plus pittoresque. Le Lac Sacré et la partie la plus ancienne du grand temple inspirent maint tableau. La vue, au-dessus du Lac, avec, au loin, le pylône de Nestanebo, baigné dans l'or du couchant, donna à Erskine Nicol le sujet d'une de ses meilleures œuvres.

Sous l'arcade du pylône de Hatshepsu, les statues mutilées des Pharaons forment un groupe pittoresque qui attire mes regards. Malheureusement, mon temps limité ne me permet point de les peindre. Le paysage avec ses beaux arbres, le modeste temple de Amenhotep II dans l'espace compris entre les deux pylônes de Haremheb, sont également très attrayants. Nous nous sommes souvent promenés aux lumières dans la partie sud de Karnak. Là, les groupes de palmiers, l'herbe drue et vigoureuse, les buissons, coupent la monotonie de la pierre grise et inspirent tout particulièrement le paysagiste.

Une avenue de sphinx de près de quatre cents mètres relie l'enceinte du temple d'Amenhotep III de Mut à celle du grand temple d'Ammon. Un lac en forme de fer à cheval entoure ce qui reste de l'autel élevé par ce Pharaon magnifique. Cette zone est en dehors de celle appartenant au Service des Antiquités, et les fellahîn sont libres d'y faire paître leurs troupeaux. Les enfants se baignent dans ce lac sacré et l'on y abreuve les bestiaux. Quelques sphinx à tête de bélier émergent du sol çà et là, et des déesses à tête de lionne projettent leur ombre sur les eaux du lac. On ressent ici un charme infini de paix mystérieuse.

Le temple de Khons, situé près de la rivière et au nord de celui de Mut, est le mieux préservé des trois sanctuaires que Ramsès III fit construire à Karnak. Bien qu'il n'ait pas été construit pendant la meilleure période de l'architecture égyptienne, le temple de Khons offre un intérêt tout particulier en ceci qu'il subsiste presque en entier. En le contemplant, nous pouvons imaginer ceux dont il ne reste que des ruines. Comme le toit est demeuré presque intact, nous remarquons à l'intérieur une lumière mystérieusement tamisée qui manque dans les autres temples. Le grand portail d'Euergetes I se trouve un peu en avant du sanctuaire de Khons, et l'on y arrive par une avenue de sphinx qui datent du dernier Ramsès. Au delà du portail s'étend le village et entre les dattiers s'élèvent quelques sphinx à tête de bouc.

Enfin, la chaleur de l'été nous obligea à nous diriger vers le nord, et nous descendîmes la rivière.

CHAPITRE XIX

LE TEMPLE DE DENDERA

En descendant le Nil. || La fertilité et le pittoresque de la campagne égyptienne. || Le «fellah» n'a pas la haine de l'étranger. || Le temple de Dendera et l'influence grecque dans l'architecture du Ier siècle.

Malgré la chaleur, notre voyage sur le Nil fut délicieux. Avançant à raison de trois ou quatre milles à l'heure, au plus, nous passions souvent nos soirées et nos nuits à l'ancre, pour repartir au lever du jour. Un sujet de tableau particulièrement intéressant nous retenait parfois plusieurs jours au même endroit, mais dès que le vent tournait au sud, nous nous empressions d'en profiter. Nous avions notre atelier à bord, avec une grande quantité d'esquisses et de sujets à mettre en ordre, ce que nous faisions pendant que nous descendions lentement le fleuve. Parfois, jetant l'ancre avant le soir, nous partions à la chasse, le fusil sur l'épaule, ce qui, n'enrichissant pas toujours notre garde-manger, nous procurait du moins quelques heures d'un exercice fort sain. Les écriteaux «chasse gardée» que nous rencontrons à chaque pas dans la mère patrie, n'existent pas ici. Chacun est libre d'errer dans les champs, à condition toutefois de respecter les récoltes. Comme nous étions discrets et que nous savions distinguer les pigeons domestiques des pigeons sauvages qui nichent dans les columbariums, les paysans nous aidaient complaisamment dans nos chasses. La foule indigène est ici bien différente de celle des centres de tourisme. L'impertinence de l'habitant de Luxor qui ne considère l'Européen que comme une source de revenus, ne se rencontre pas ici. Il est bien rare qu'on entende l'éternel cri de baksheesh, si obsédant au Caire et à Assouan, et, pour ma part, j'ai toujours trouvé le fellah poli et complaisant. Il est vrai que Nicol, qui a vécu de longues années parmi ce peuple et qui parle couramment l'arabe, contribua à rendre nos relations agréables. Il est difficile à un Occidental de comprendre l'âme orientale; pourtant, m'aidant de l'expérience de mon ami, je fus à même de me former une meilleure opinion de l'Égyptien moderne, et aussi de me faire une idée de l'impression que lui produit l'Européen. Des rumeurs, recueillies à Luxor, nous avaient appris que la contrée était dans un état d'effervescence. L'incident de Denshaur avait excité les esprits au Caire et dans les villes du Delta, mais les bateliers du Nil et les habitants de la campagne semblaient n'en rien savoir. Tant que ceux-ci jouissent tranquillement de leurs possessions agricoles et qu'ils trouvent un débouché pour leurs produits, ils ne se soucient guère de la politique de leur Gouvernement. Les bateliers ne semblent pas avoir participé à la prospérité que l'occupation britannique apporta à leur pays, mais ce sont des gens paisibles qui ne se rendent guère compte du rôle prépondérant que notre gouvernement joue en Égypte. Au fur et à mesure que les produits agricoles trouvaient de nouveaux débouchés, le prix des articles de première nécessité augmentait, mais, particulièrement en raison de la concurrence des chemins de fer, les salaires des bateliers du Nil sont demeurés stationnaires, ce qui fait que leur condition est pire qu'elle ne l'était il y a dix ou quinze ans.

Au bord du fleuve, se trouve Kûs, importante cité du moyen âge, réduite maintenant à l'état de simple village. Au delà de Kuft,—l'ancien Koptos—on rencontre de charmants paysages, et nous préférâmes errer à la recherche de quelque gibier qui varierait notre ordinaire, plutôt que de visiter les ruines du temple de Min. Sur la rive est du Nil, quelques gayassa chargées de poteries de Ballâs attendaient un vent favorable pour descendre le fleuve. Les dépôts de terre glaise se trouvent dans l'intérieur des terres, mais sur le bord du fleuve s'élevaient de hautes meules de Ballâssa d'où le village tire son nom. Notre station suivante fut près d'un modeste petit village sur la rive ouest, en face de Kaneh; là, nous nous arrêtâmes pour visiter le temple de Dendera. Nicol cherchait un endroit de la rive qu'il pût donner comme fond à son tableau: Les troupeaux à l'abreuvoir, et tout nous indiquait qu'en cet endroit les fellah avaient coutume de désaltérer leurs bestiaux. Le temple se trouvait à 5 ou 6 kilomètres dans l'intérieur des terres, mais nous avions le temps d'aller le visiter et de revenir avant la nuit.

Le paysage en Égypte a un charme qui lui est absolument particulier; parfois, en Palestine, vous découvrez quelque coin qui vous fait songer au pays natal; le Liban présente les particularités propres aux districts montagneux. Mais les grandes plaines fertilisées par le Nil n'éveillent point de comparaisons et appartiennent bien à la seule Égypte. Point de haies, seule la différence de couleurs indique qu'une certaine culture est plus avancée que l'autre, et les collines désertes de l'est et de l'ouest vous rappellent constamment que «l'Égypte est un don de la rivière». Bien que nous ne fûmes qu'au commencement de mai, les moissons étaient presque terminées. De temps à autre nous rencontrions un couple de bœufs foulant le blé, pendant que quelques paysans, profitant de la brise, séparaient le grain de la paille. Des troupeaux de chèvres et de brebis se dirigeaient lentement vers l'endroit d'où nous venions, pour se désaltérer dans le Nil.

Nous approchions du temple; la poussière grise qui tourbillonne toujours sur les amas de ruines, voilait la vue, et nous distinguions vaguement la façade. Le sol que recouvrent en partie les habitations en ruines près des temples, est vendu par le Service des Antiquités aux fellahîn, qui le jugent précieux. C'est en labourant et en piochant autour de ces ruines que les paysans trouvent parfois quelque scarabée ou autre antika de valeur, et la possibilité de ces trouvailles entre sans doute dans leurs calculs. Pendant l'été, les ânes qui, l'hiver, portent le touriste, servent à transporter la poussière, du temple aux champs, comme engrais. Cette poussière m'empêcha souvent de poursuivre mon travail. Heureusement que la façade du temple se trouvait déblayée et nettoyée, et nous pûmes admirer à l'aise sa symétrie et ses belles proportions.

L'influence grecque est très marquée dans l'architecture de ce temple. Il fut construit au début du premier siècle, au moment de la conquête de l'Égypte par les Romains, et bien qu'élevé par l'empereur Auguste, on le regarde plutôt comme un monument des Ptolémées que comme un monument romain. L'effet de la façade est fort beau; comme dans la plupart des monuments de cette période, les détails rappellent plutôt l'œuvre d'un habile ouvrier que celle d'un artiste. Il est difficile de comparer l'extérieur de ce temple avec celui de n'importe quel temple de la dix-huitième dynastie, car nous avons ici l'avantage de voir un monument dans son entier, tandis que les autres n'existent qu'en fragments. Six colonnes à tête de Hathor supportent l'architrave et la corniche concave, au dessin très hardi; un disque solaire ailé surmonte la porte d'entrée. Les trois colonnes, de chaque côté de l'entrée, sont réunies par une balustrade qui monte jusqu'à moitié des fûts. Le pronaos, ou vestibule, est plus beau que ceux des temples de construction plus ancienne; les dix-huit colonnes qui s'élancent du sol supportent le toit, et les chapiteaux sont perdus dans l'ombre.

Ce temple ne peut être classé parmi les monuments en ruines; les effets d'ombre et de lumière, cherchés par l'architecte, existent encore. Les monuments de la dix-huitième dynastie peuvent être plus beaux, mais leur état lamentable ne nous permet pas de juger exactement de leur valeur architecturale. En examinant les inscriptions des murailles, on remarque la décadence de l'art de la sculpture, mais perdues et fondues dans les effets d'ombre et de lumière, ces inscriptions paraissent remplir le but artistique cherché par le sculpteur. Du centre du pronaos, le regard embrasse le hall hypostyle, avec les hautes colonnes supportant le toit, les deux antichambres au delà, et l'ombre croissante qui se perd enfin dans l'obscurité du sanctuaire. Nous n'allumons pas de torches; nos yeux s'habituent au clair-obscur et les ouvertures carrées du toit admettent assez de lumière pour que nous puissions distinguer les têtes de Hathor des chapiteaux. Traversant les deux antichambres, nous arrivons à la porte du sanctuaire où l'obscurité est complète. Un vestibule sur lequel s'ouvrent onze chambres fait le tour du sanctuaire; l'une de ces chambres, qui se trouve derrière le sanctuaire, est connue sous le nom de «chambre de Hathor». Elle renfermait autrefois un autel et une image de la déesse; maintenant elle sert d'abri à une quantité innombrable de chauves-souris, et l'odeur y est insupportable. Du sanctuaire, nous voyons toute la perspective du temple, qui se prolonge sur quatre-vingts mètres environ.

Le paysage, au coucher du soleil, est fort imposant; il valait bien la peine de notre longue course, avec le retour à la Mavis, à tâtons, dans l'ombre du soir.

CHAPITRE XX

ROSETTA

El-Raschid, la cité pittoresque mais inconfortable. || L'Hotel Karalambo et le «bakkal». || Du moins, les sujets de tableaux ne manquent point dans cette vieille ville respectée des Européens. || Le dernier minaret.

En dépit de l'ordre chronologique de mes voyages, je prie le lecteur de m'accompagner à Rosetta, où je fis un court séjour il y a une dizaine d'années.

Afin d'éviter la chaleur de juillet au Caire, je transportai mon bagage de peintre dans le Liban, où je demeurai assez longtemps pour permettre à Damas de devenir habitable. Pendant que j'étais dans cette dernière ville, mon vieil ami, Henry Simpson, me fit savoir que Rosetta, où il séjournait alors, était une cité délicieusement pittoresque et offrant d'innombrables sujets à un artiste. Je décidai donc de me rendre à Rosetta dès que j'aurais terminé mon travail à Damas. Je pris à Berût un bateau qui fait la côte jusqu'à Alexandrie, d'où un train fort lent me conduisit en cinq heures à El-Raschid, nom par lequel on m'apprit à désigner Rosetta. Préoccupé uniquement de la valeur artistique de la ville, je n'avais pas songé à m'y faire préparer un gîte. Si j'avais consulté mon guide, j'aurais vu la mention Pas d'Hôtel. Cependant mon ami m'attendait à la gare, et lorsque je lui demandai si nous étions loin de l'hôtel, je crus voir qu'il souriait en me répondant que l'hôtel était à dix minutes de marche. J'eus bientôt l'explication de son amusement en voyant un bâtiment démantelé au milieu de la vieille ville pittoresque. Le rez-de-chaussée servait de magasin pour certaines marchandises capables de supporter la chute possible de l'étage supérieur. Je n'y vis guère qu'un peu de charbon et de paille où couraient des rats. Simpson m'avertit que l'escalier, oublié par l'architecte, et ajouté ensuite au flanc de ce bizarre bâtiment, ne supporterait qu'un de nous à la fois. En effet, une large fissure me donna à penser que l'hôtel et l'escalier ne resteraient pas longtemps unis, et je compris les appréhensions de mon ami. Ce fut pour moi une occasion de me réjouir de mon peu de poids! Ce peu de poids, je pus bientôt juger, d'après le menu du dîner, que je ne courrais aucun risque de l'augmenter tant que je séjournerais à l'hôtel Karalambo! M'étant rendu compte, à l'aide d'une bougie, des endroits dangereux de ma chambre, je plaçai mes malles de manière qu'elles ne fussent pas trop à la portée des rats et des souris, et je priai Simpson de me montrer le chemin de la salle à manger, car je n'avais mangé que des dattes vertes depuis mon déjeuner. Il me répondit, à mon grand désappointement, que nous prendrions nos repas au bakkal, du côté opposé au square, et, l'un après l'autre, nous descendîmes l'escalier dangereux. Un bakkal est une combinaison d'épicerie, de café et de restaurant, et comme il n'y avait pas là de chambres à coucher, Karalambo, le propriétaire, avait loué le bâtiment que nous venions de quitter, afin de recevoir les voyageurs assez braves pour ne pas reculer devant l'escalier.

Je fus présenté à Karalambo qui essuya poliment ses doigts graisseux avant de me tendre la main. Puis ce fut le tour de Mme Karalambo, et avant qu'une ratatouille fumante fût apportée sur notre table, j'avais fait la connaissance des notabilités de Rosetta. Ce bakkal était le lieu de réunion de l'élite de la ville et était rempli d'Arabes fumant leurs nargilehs et jouant au tric-trac. Je fus heureux de me mettre à table et n'essayai pas de deviner de quoi se composaient les mets qu'on nous servait.

Le docteur indigène vint se joindre à nous au moment du café; c'était un joyeux garçon, très affable, qui parlait très bien l'anglais. Bien qu'il n'eût jamais quitté l'Égypte, il était aussi instruit que si ses études avaient été faites à Paris ou à Londres. Il nous raconta ses luttes acharnées contre les préjugés de ses coreligionnaires et combien il lui était difficile, pour ne pas dire impossible, de donner des soins aux femmes. Il était pourtant arrivé à obtenir l'autorisation de quelques maris, de tâter le pouls ou de regarder la langue de leurs femmes, au moyen d'une ouverture pratiquée dans un rideau. Généralement, la maladie était bien avancée lorsqu'on se décidait à l'appeler. Il nous invita à dîner avec lui le jour suivant et nous abandonna au bas de notre dangereux escalier.

Rosetta, en tant que source d'inspirations artistiques, justifia tous mes espoirs. Les bazars étaient dans tout leur éclat; les étalages s'ouvraient, remplis de fruits de Syrie et des pays environnants. Rien ici ne rappelle l'Europe, et peu d'indigènes ont abandonné le costume national. On remarque çà et là des colonnes d'anciens temples ou des premières églises chrétiennes, employées pour soutenir un étage ou finir le coin d'un bâtiment. Les maisons sont construites en briques longues et étroites, laissant un vide entre elles; elles sont d'une riche couleur brun rouge. On trouve beaucoup d'ouvrages en bois sculpté, mais la meshrebiya est plus grossière qu'au Caire. La mosquée de Sidi Sakhlûn est fort imposante avec sa voûte supportée par d'antiques colonnes de marbre. D'autres mosquées, plus petites et bien délabrées, offrent néanmoins de jolis sujets de tableaux. Les fontaines, les bains, les écoles sont plus modestes qu'au Caire, mais nulle part ici l'on ne trouve les illogismes que l'on rencontre si souvent dans la grande cité.

Simpson fit quelques délicieux tableaux dans plusieurs des petits cafés, et j'espère que Londres connaîtra bientôt ces exquises aquarelles. La période de Rosetta est, à mon avis, la meilleure de son art.

Malgré le manque de confortable de mon installation, je décidai de séjourner à Rosetta aussi longtemps que possible, car cet endroit est vraiment un joyau. Je fus assez heureux pour pouvoir engager un gardien de nuit qui, pendant que je travaillais, me protégea de la foule curieuse et des chiens. Les étalages des fruitiers m'attirèrent tout d'abord. Les oranges et les citrons, en énormes monceaux, attendaient la vente à la criée. De longues grappes de dattes, des corbeilles débordant de grenades, des piles de cannes à sucre et des tas d'artichauts formaient un tableau pittoresque de tons vifs. Les tons de lumière de ces bazars sont très beaux. Les rayons de soleil tamisés par les nattes et les treillis qui protègent l'étalage, ne baignent de clarté que l'extérieur, tandis que les fruits sont éclairés d'une douce lumière d'un brun chaud. Naturellement, ces sujets doivent être peints rapidement, car le tas de citrons d'aujourd'hui peut être remplacé demain par une pile de grenades. En outre, la vue est continuellement interrompue par les allées et venues du vendeur et des clients. Mon labeur, au moment où la crue du Nil rendait l'air chaud et humide, était extrêmement fatigant.

Après deux jours de travail avec un étal de fruitier comme modèle, je commençai l'intérieur d'une mosquée. Un ordre du Mahmoor (le gouverneur de la ville) au Cheik, aplanit toutes difficultés, et il nous fut permis de placer nos chevalets devant l'autel de Sidi Sakhlûn. La vie de ce saint personnage m'a été racontée, mais elle se confond tellement dans mon esprit avec celle des autres célébrités musulmanes, que je ne me hasarderai pas à la redire.

Un autre saint de la localité repose sous le dôme d'une mosquée située au bord du désert qui sépare Rosetta de la baie d'Aboukir. Les vents de la mer ont amoncelé le sable à un tel point que cet édifice est à moitié enseveli, et l'on est constamment obligé de déblayer le portail pour permettre aux fidèles d'y pénétrer. Le cimetière actuel se trouve à plus de dix pieds au-dessus du niveau du sol de la mosquée. J'ai fait le dessin reproduit dans la gravure ci-contre durant le mois de Shanwâl qui succède au jeûne du Ramadân. Il est d'usage pour les femmes, à ce moment-là, d'aller visiter les tombes de leurs défunts et de les orner de feuilles de palmiers. Elles demeurent au cimetière toute la journée, les unes pleurant une mort récente, tandis que d'autres, accroupies en rond, passent leur temps à discuter les affaires de leurs voisines.

Une attaque de fièvre intermittente me retint pendant près d'une semaine dans mon taudis de l'hôtel Karalambo. Notre ami le médecin s'institua encore infirmier, et surveilla la cuisine de Mme Karalambo. Ses visites duraient le temps d'un gros cigare. Lorsque le cigare arrivait à sa fin, le joyeux petit hakim se souvenait brusquement d'un autre malade qui l'attendait et filait prestement, en me promettant de revenir dans le courant de la journée. Lorsque je pus enfin me lever, je ne me sentais guère la force de travailler, et la maigre chère de notre hôtel n'était pas faite pour me réconforter. La saison des pluies ayant commencé, je m'aperçus que le plafond de ma chambre était aussi crevassé que le parquet. Une douche glacée ou le bruit d'un morceau de plâtre qui se détachait du plafond, m'éveillait en pleine nuit. De fortes pluies sont très fréquentes à la fin de l'automne sur la côte égyptienne, et je craignis que notre escalier, emporté par l'eau, ne tombât tout à fait. Je me décidai enfin à quitter Rosetta et à retourner au Caire. Simpson, resté à Rosetta pour terminer une série d'aquarelles, me rejoignit bientôt. J'espère avoir l'occasion de peindre encore dans cette ville pittoresque, mais je me promets de camper ou de demeurer en dahabiyeh, car j'ai dix ans de plus maintenant, et je ne pourrais plus me résoudre à vivre dans un bakkal grec.

Quelques années après mon séjour à Rosetta, un concours d'heureuses circonstances me ramena à proximité de cette ville. Mon ami Simpson passait la fin de l'été sur la dahabiyeh de M. G. R. Alderson, un membre influent de la colonie anglaise d'Alexandrie. Noé, ainsi que le nomment ses familiers, m'invita à passer quelque temps dans son arche, avant mon départ pour la Haute Égypte. Cette arche, jadis un petit navire de guerre, avait été transformée en une confortable et spacieuse habitation flottante. Elle était ancrée dans la baie d'Aboukir, en face de la villa entourée de palmiers où habitait la fille de notre hôte, Mrs. Richmond. Nous venions prendre nos repas à la villa, mais nous passions nos nuits à bord. Je passai une délicieuse semaine dans ce paradis terrestre. Le temps était exquis, juste assez chaud pour nous permettre d'apprécier la brise de la mer et l'ombre des palmiers. Les arbres étaient couverts d'immenses grappes de dattes, variant de couleurs, de l'or le plus pâle à un brun riche, suivant leur exposition au soleil. J'étais heureux de pouvoir en faire quelques études, mais notre hôte m'assura que j'étais arrivé une semaine trop tard pour les voir dans toute leur splendeur, car beaucoup de fruits déjà avaient été cueillis.

Le minaret que l'on aperçoit entre les palmiers sur la gravure ci-jointe, est de construction récente et n'a point connu les jours historiques d'Aboukir. Il a pourtant son intérêt, car il est probablement le seul édifice construit par un chrétien en hommage à un peuple d'une foi différente. Cette mosquée ajoute au pittoresque de l'endroit et nous prouve que ce n'est pas seulement le temps qui donne leur beauté aux œuvres antiques. Si les proportions sont bonnes et l'architecture en harmonie avec l'entourage, l'édifice sera beau par lui-même, mais si ces qualités font défaut, le temps ne l'embellira jamais, tout au plus aidera-t-il à déguiser les imperfections.

Cependant, comme mes travaux m'appelaient ailleurs, je dus prendre congé de mes charmants hôtes et m'engager dans le pays. Comme je traversais le village pour la dernière fois, l'appel à la prière attira encore mon attention sur le minaret, et dans mon dernier souvenir de ce délicieux endroit sonne la voix vibrante du muezzin clamant: «Allah akbar, Allah akbar!»

INDEX ALPHABÉTIQUE

TABLE DES PLANCHES

PLANCHE 1.
AU TEMPLE DE LUXOR Frontispice.
PLANCHE 2.
EL-FOUYATIEH, AU CAIRE 12
PLANCHE 3.
LA MAISON-MOSQUÉE DE NAHASSIN, AU CAIRE 16
PLANCHE 4.
LE KHAN-EL-KALIL, AU CAIRE 24
PLANCHE 5.
APRÈS LA PRIÈRE DE MIDI 36
PLANCHE 6.
UNE RUELLE PRÈS DE LA PORTE DE ZUWÊLEH 40
PLANCHE 7.
LES DEUX MINARETS DE EL-MUAIYAD 44
PLANCHE 8.
LE GARDIEN DU HAREM 48
PLANCHE 9.
EL-GAMAMIZ, AU CAIRE 56
PLANCHE 10.
UNE ÉCOLE KHÉDIVIALE 60
PLANCHE 11.
COUR INTÉRIEURE DANS UNE MAISON DU CAIRE 64
PLANCHE 12.
UNE RUELLE DANS LE QUARTIER DE TULUN, AU CAIRE 72
PLANCHE 13.
UNE RUE PRÈS DE LA CITADELLE, AU CAIRE 80
PLANCHE 14.
LE SANCTUAIRE DE LA MOSQUÉE DU SULTAN HASAN 86
PLANCHE 15.
LA TOMBE-MOSQUÉE DE ARBOUGHAN, AU CAIRE 88
PLANCHE 16.
L'INTÉRIEUR DE LA MOSQUÉE BLEUE, AU CAIRE 92
PLANCHE 17.
LA TOMBE DE IBRAHIM-AGA 98
PLANCHE 18.
EL-GAMALYEH, AU CAIRE 102
PLANCHE 19.
UNE ÉGLISE COPTE PRÈS D'ABYDOS 112
PLANCHE 20.
UNE TOMBE DE CHEIK, AU CAIRE 116
PLANCHE 21.
LE SPHINX ET LES PYRAMIDES DE GIZEH 128
PLANCHE 22.
AAHMES, MÈRE DE HASTHEPSU, TEMPLE DE DER-EL-BAHRI 132
PLANCHE 23.
LE RAMESSEUM, A THÈBES 146
PLANCHE 24.
DER-EL-BAHRI 148
PLANCHE 25.
STATUE DE RHAMSÈS II, AU TEMPLE DE LUXOR 150
PLANCHE 26.
LES COLOSSES DE THÈBES 152
PLANCHE 27.
RUINES DU TEMPLE DE MENTUHOTEP, A THÈBES 158
PLANCHE 28.
SENSENEB, DANS LE TEMPLE DE HATSHEPSU, A DER-EL-BAHRI 162
PLANCHE 29.
COUR INTÉRIEURE DE TEMPLE, A MÉDINET-HABU 170
PLANCHE 30.
TEMPLE DE DÊR-EL-MEDINET, A THÈBES 172
PLANCHE 31.
VUE INTÉRIEURE DU TEMPLE DE RHAMSÈS III, MEDINET-HABU 176
PLANCHE 32.
LES PYLONES DES PTOLÉMÉES, MEDINET-HABU 180
PLANCHE 33.
KHNUM, KEPR, RA, DANS LA TOMBE DE SETI Ier, A THÈBES 186
PLANCHE 34.
LE TEMPLE DE MEKTENEBO, MEDINET-HABU 192
PLANCHE 35.
PEINTURES MURALES DANS LA TOMBE DE NACHT, A THÈBES 196
PLANCHE 36.
SÉTI Ier OFFRANT A OSIRIS UNE IMAGE DE LA VÉRITÉ, BAS-RELIEF DU TEMPLE D'ABYDOS 200
PLANCHE 37.
ISIS ALLAITANT SÉTI Ier, ABYDOS 204
PLANCHE 38.
GALERIE HYPOSTYLE, A KARNAK 210
PLANCHE 39.
LE SANCTUAIRE, A KARNAK 214
PLANCHE 40.
BAS-RELIEFS DANS LA CHAPELLE DE SHABAKA, A KARNAK 218
PLANCHE 41.
SEKHET 220
PLANCHE 42.
COUR INTÉRIEURE D'UN TEMPLE, A DENDERA 232
PLANCHE 43.
UNE ÉCOLE ARABE 236
PLANCHE 44.
LA MOSQUÉE D'ABOUKIR 242

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE I.—PORT-SAÏD 1
L'ARRIVÉE DANS LES EAUX ÉGYPTIENNES.—PREMIÈRES IMPRESSIONS.—UNE ÉGYPTE RÉALISTE.—EN CHEMIN DE FER VERS LE CAIRE.—LE MIRAGE.—LES PYRAMIDES DE GIZEH.
CHAPITRE II.—MASR EL KAHIRA 9
«MODERN-CAIRO» ET LE VIEUX CAIRE.—INFLUENCES EUROPÉENNES.—ART MAURESQUE ET ART NOUVEAU.—LES BOIS SCULPTÉS DES ANCIENNES FENÊTRES.—LES FONTAINES PUBLIQUES.—LA MAISON MOSQUÉE.
CHAPITRE III.—DANS LES BAZARS 21
LE MARCHÉ AUX CUIVRES.—LE BAZAR DES ORFÈVRES.—LE BAZAR TURC.—L'ART DE VENDRE BIEN, OU LES PETITES HABILETÉS DES MARCHANDS CAIROTES.—UN SUJET DE TABLEAU QUI NE VEUT PAS SE LAISSER PEINDRE.
CHAPITRE IV.—LES RUES DU CAIRE 35
GAMIA EL AZHAR.—L'ART DE RESTAURER LES MONUMENTS.—LES «MEDRESSEH».—LE BAZAR DES PARFUMS ET CELUI DES ÉPICES.—LA GRANDE MOSQUÉE«EL-MUAIYAD».—UNE PORTE HISTORIQUE.—L'HOMME-FONTAINE.—LE PORTRAIT DE L'EUNUQUE.
CHAPITRE V.—LE VIEUX CAIRE 53
LE PROGRÈS DESTRUCTEUR.—LE SPECTACLE DE LA RUE: LES FRUITIERS ET LEURS ÉTALAGES AUX VIVES COULEURS.—LE COMPLET ANGLAIS DES PETITS ÉCOLIERS.—LA MAISON DU CHEIK SADAAT.—L'ARCHITECTURE ARABE.
CHAPITRE VI.—LA MOSQUÉE IBN-TULUN 69
UN LIEU HISTORIQUE ET LÉGENDAIRE.—UNE MERVEILLE ARCHITECTURALE.—UN CORTÈGE PITTORESQUE.—MARIAGE A LA TURQUE.—LA MOSQUÉE ABANDONNÉE.—LE PUITS DE JOSEPH.
CHAPITRE VII.—LA MOSQUÉE DU SULTAN HASAN 83
LE PLUS BEAU MONUMENT DU CAIRE.—L'EXODE DES LAMPADAIRES.—LE SUPPLICE D'UN ARCHITECTE TROP GÉNIAL.—ENTERREMENTS ET PLEUREUSES DE PROFESSION.—LA MOSQUÉE BLEUE.
CHAPITRE VIII.—AU HASARD DES RUES 97
LE QUARTIER JUIF.—LE MURISTAN DE KALAUN.—LE DÉPEÇAGE D'UN CHAMEAU VIVANT.—DEUX PORTES MONUMENTALES DU XIe SIÈCLE.—GUIGNOL ÉGYPTIEN.—AUTOUR D'UN CIMETIÈRE.
CHAPITRE IX.—DANS LE QUARTIER COPTE 111
UN PEU D'HISTOIRE.—L'ÉGLISE CHRÉTIENNE SAINT-GEORGES.—UN COUVENT COPTE.—LA LÉGENDE DE LA TOURTERELLE.—LA PREMIÈRE MOSQUÉE D'ÉGYPTE.—LA COLONNE MERVEILLEUSE.
CHAPITRE X.—LES PYRAMIDES 123
LA «DÉCOUVERTE» DES GÉANTS DE PIERRE.—QUELQUES CURIEUSES ÉVALUATIONS MATÉRIELLES.—LE SPHINX.—LES «GATE-PLAISIR».—DES PYRAMIDES DE GISEH AU SAKKARA.—LA TOMBE DE TYI.—RETOUR DANS LE SOIR COLORÉ.
CHAPITRE XI.—D'ALEXANDRIE AU CAIRE 135
LA ROUTE DU CAIRE, VIA ALEXANDRIE.—LES ANTIQUES PAYSAGES DU DELTA.—LE SÉPULCRE DU SAINT SEYID-EL-BEDAWI.—UNE MISSION DÉLICATE.—VOYAGE EN «DAHABIYEH».
CHAPITRE XII.—THÈBES 145
EN ROUTE POUR LE CAMPEMENT, DANS LA CITÉ DES RUINES.—LE VILLAGE DE KURNAH.—LES TOMBES VIVANTES.—LA HUTTE DE PIERRE, PRÈS DU TEMPLE DE HATSHEPSU.—MON INSTALLATION.—UNE PREMIÈRE NUIT A LA BELLE ÉTOILE.
CHAPITRE XIII.—LE TEMPLE D'AMMON 155
COMMENT ON OBTIENT UNE EMPREINTE D'UN BAS-RELIEF.—UNE PYRAMIDE SUR UN TEMPLE.—LA MYSTÉRIEUSE VACHE DE HATHOR.—QUELQUES DÉTAILS HISTORIQUES AUTOUR DU TEMPLE DE LA REINE HATSHEPSU.—«L'EXPÉDITION EN PONT.»
CHAPITRE XIV.—PARMI LES TEMPLES 169
LES TEMPLES ONT SUCCESSIVEMENT SERVI A DES CULTES DIVERS.—L'INSCRIPTION D'UN PRÊTRE CHRÉTIEN.—LE PETIT TEMPLE DE DER-EL-MEDINEH.—DÉTAILS ARCHÉOLOGIQUES.—«CE MONDE N'EST PAS UNE VILLE DURABLE».
CHAPITRE XV.—LA TOMBE DE LA REINE TYI 179
COMMENT LES INDIGÈNES JUGENT LES ARCHÉOLOGUES.—DU ROLE DE LA REINE TYI DANS L'HISTOIRE DES PHARAONS.—LE DIEU NOUVEAU.—VISITE A LA TOMBE MYSTÉRIEUSE.—«SIC TRANSIT GLORIA MUNDI.»—UNE CRUELLE DÉSILLUSION.
CHAPITRE XVI.—LE TEMPLE DE MENTUHOTEP 191
ENCORE DES TOMBES, DES SARCOPHAGES, DES MOMIES.—ANTIQUITÉS MODERNES...—L'HONNÊTE VOLEUR.—DANS LE CLAIR-OBSCUR DES CAVEAUX.—LES PEINTURES DE LA TOMBE DE NAKHT: SCÈNES DE LA VIE D'UN GENTILHOMME CAMPAGNARD.—VERS LE TEMPLE DE SETI.
CHAPITRE XVII.—KARNAK 203
UNE VISITE AU TEMPLE DE SETI.—LES PLUS BEAUX DOCUMENTS DE L'ART DÉCORATIF ÉGYPTIEN.—LE «KHAMSIN» OU LE DÉSERT INCENDIÉ.—JE REGAGNE LUXOR POUR ALLER ENSUITE A KARNAK.—UNE CITÉ DE RUINES, TOUTES EN COLONNADES GRANDIOSES.—LE MONOLITHE DE GRANIT ROSE.
CHAPITRE XVIII.—ENCORE KARNAK 217
LA PROMENADE MERVEILLEUSE PARMI LES RUINES DE KARNAK CONTINUE.—LE PETIT SANCTUAIRE DU ROI ÉTHIOPIEN, SHABAKO.—LE JEUNE PHARAON COURONNÉ DE LOTUS.—LA DÉESSE A TÊTE DE LIONNE.—LE LAC SACRÉ ET L'AVENUE DES SPHINX.
CHAPITRE XIX.—LE TEMPLE DE DENDERA 227
EN DESCENDANT LE NIL.—LA FERTILITÉ ET LE PITTORESQUE DE LA CAMPAGNE ÉGYPTIENNE.—LE «FELLAH» N'A PAS LA HAINE DE L'ÉTRANGER.—LE TEMPLE DE DENDERA ET L'INFLUENCE GRECQUE DANS L'ARCHITECTURE DU Ie SIÈCLE.
CHAPITRE XX.—ROSETTA 235
EL-RASCHID, LA CITÉ PITTORESQUE MAIS INCONFORTABLE.—L'HOTEL KARALAMBO ET LE «BAKKAL».—DU MOINS, LES SUJETS DE TABLEAUX NE MANQUENT POINT DANS CETTE VIEILLE VILLE RESPECTÉE DES EUROPÉENS.—LE DERNIER MINARET.
INDEX ALPHABÉTIQUE 245
TABLE DES PLANCHES 249

CORBEIL.—IMPRIMERIE CRÉTÉ.


NOTES

[1] «L'Orient est l'Orient et l'Occident est l'Occident, et les deux ne se rencontreront jamais.»

[2] Fontaine.

[3] Machines très primitives pour monter l'eau du Nil au niveau des champs et des fermes.



Chargement de la publicité...