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L'Instruction Théorique du Soldat par lui-même (1914)

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The Project Gutenberg eBook of L'Instruction Théorique du Soldat par lui-même (1914)

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Title: L'Instruction Théorique du Soldat par lui-même (1914)

Author: Félix Chapuis

Release date: June 2, 2012 [eBook #39884]

Language: French

Credits: Produced by Laurent Vogel, Christine P. Travers and the
Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK L'INSTRUCTION THÉORIQUE DU SOLDAT PAR LUI-MÊME (1914) ***

Éducation morale et instruction professionnelle

L'INSTRUCTION THÉORIQUE
DU SOLDAT
PAR LUI-MÊME

Corps.

PAR LE COMMANDANT
F. CHAPUIS Décorations.


22e édition


Soldat, ce livre
est écrit pour toi!

Librairie militaire Berger-Levrault
Éditeurs de l'Annuaire officiel de l'Armée

PARIS
RUE DES BEAUX-ARTS, 5-7
NANCY
RUE DES GLACIS, 18

1913-1914
Tous droits réservés

BATAILLES ET VICTOIRES
INSCRITES
SUR LE DRAPEAU

du ......e Régiment d'infanterie

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Nota.—Cette page et la page 3 sont remplies avec soin par un gradé de la compagnie.

Indiquer le lieu de la bataille, la date, contre qui elle a été livrée, etc.

Le gradé inscrira également au crayon la fixation actuelle de l'indemnité de viande page 81.

PRINCIPES

L'honneur, le patriotisme et la force assurent à une nation le respect du monde entier.


L'armée française et la nation entière doivent s'accorder réciproquement une confiance entière.


Dans une armée, l'esprit de sacrifice et la volonté de vaincre assurent le succès.


Il faut non seulement se défendre, «mais encore être victorieux.»


En campagne, le soldat instruit de ses devoirs, qui aura du sang-froid, du cœur, du courage, de la confiance en lui-même, en ses camarades et en ses chefs et qui, dans la lutte, apportera ardeur, énergie et intelligence, permettra au chef de tout oser et de rapidement imposer sa volonté à l'adversaire.


L'audace, la marche en avant et l'offensive permettent seules d'obtenir des résultats décisifs.


Soldat de France,
L'égalité t'appelle avec espérance.
Gaîment, avec courage, acquitte ton devoir;
Ton rôle est grand, soldat, en toi est notre espoir!
Comprends-le bien, et en noble esclave,
Pour ton pays sois vainqueur ou meurs en brave!
Vive la France!


NOTA.—La loi du 9 novembre 1911 a institué une médaille commémorative de la guerre de 1870-71 (Ruban vert à rayures noires).

On doit respecter les vieux braves qui ont fait cette terrible guerre et qui sont médaillés.

RENSEIGNEMENTS

......e Régiment d'................

....e Cie .... Bon

Nom du soldat: ....................................

No matricule: .... No du fusil: ...............

GÉNÉRAUX:

M. ............... commandant le ....e corps d'armée.

M. ............... commandant la ....e division.

M. ............... commandant la ....e brigade.

LE RÉGIMENT:

Colonel: M. .........................................

Lieutenant-colonel: M. ...................................

Chef du bataillon: M. ....................................

................................................

LA COMPAGNIE:

Capitaine: M. .......................

Lieutenant: M. .......................

Sous-lieutenant: M. .....................

Adjudant-chef: M. ......................

......... Adjudant. ......... Sergent.

......... Sergent-major. ......... Caporal.

......... Sergent-fourrier.

Composition du régiment: .... bataillons.

Les garnisons ci-après sont occupées:

.......... par ............

.......... par ............

Corps.

QUAND-MÊME
Monument de Mercié, érigé à Belfort en 1885.

Note importante du Service intérieur

Le chef de corps interdit à la caserne toute propagande et toute introduction d'écrits, journaux ou publications pouvant nuire à la discipline ou pousser les militaires à l'abandon de leurs devoirs (Art. 5 du décret du Service intérieur).

AVANT-PROPOS

Ce petit livre est écrit pour le soldat, qui ne doit jamais oublier les devoirs de dignité et de tenue que sa situation lui impose.

L'auteur a eu pour but de condenser en quelques pages, dans un style concis, tout ce que le soldat doit savoir. Celui-ci y trouvera ses devoirs et la conduite à tenir dans presque tous les cas où il peut se trouver.

Le soldat en étudiera successivement les divers chapitres, comme l'écolier étudie sa leçon de chaque jour; l'instructeur donnera des explications et fera les démonstrations nécessaires: alors le soldat pourra répondre et agir, il saura ce qu'il doit savoir et son âme sera pénétrée des sentiments du devoir militaire que tout citoyen doit à sa Patrie, puis il se rappellera toujours que son seul but est d'être victorieux si une guerre vient à se déclarer.

Le nombre des séances de théorie sera diminué.

Il est bien entendu que les instructeurs ne devront pas exiger le mot à mot de ce questionnaire. Le soldat doit comprendre et ne pas chercher à réciter un texte; lorsqu'on l'interrogera, il s'exprimera à sa façon habituelle, en s'inspirant du sens de ce qu'il aura étudié et bien compris.

La lecture des divers chapitres, plusieurs fois répétée par le soldat, ensuite quelques explications et des exemples donnés par un gradé désigné pour cela, voilà le seul moyen de donner d'une façon complète et parfaite l'instruction théorique qui ne s'oubliera plus.

Les quelques illustrations que le soldat trouvera dans cet ouvrage lui faciliteront son travail, tout en lui rendant plus agréable la lecture de son livre, qui est établi conformément au Programme d'ensemble de l'instruction à donner aux troupes d'infanterie.


Observation importante.

Les règlements militaires ont une tendance générale à se condenser et à diminuer le nombre de leurs pages. Ils laissent beaucoup à l'initiative et au bon sens des chefs, comptant sur l'expérience qu'ils ont des choses militaires.

Mais le soldat actuel, aujourd'hui, n'a point le temps d'attendre que l'expérience lui permette de se diriger de lui-même dans tous les petits détails de la vie militaire. Il faut que, du jour au lendemain, il fasse tout le service, et que, deux ou trois mois après son arrivée, il soit mobilisable, c'est-à-dire apte à entrer en campagne dans de bonnes conditions.

Ce livre vient à lui pour l'aider dans cette besogne, il y apprendra rapidement tout ce que l'expérience aurait mis plusieurs années à lui enseigner.

En outre, il ne faut point oublier que le service militaire se fait avec d'autant plus de facilité et de plaisir que le soldat sait mieux ce qu'il a à faire.

SOMMAIRE GÉNÉRAL DE CE VOLUME

  • 1o Éducation morale du soldat;
  • 2o Éducation générale du soldat pour le temps de paix;
  • 3o Devoirs et connaissances nécessaires en campagne;
  • 4o Devoirs du soldat libéré du service actif (Réserve et territoriale).

TABLE

de l'«Instruction théorique du Soldat» traitée dans ce volume et prescrite par les bases de l'Instruction de l'infanterie (Instr. min. 4 juin 1910, modifiée le 2 septembre 1912).

* Éducation morale, p. 10 Les forces morales (Règlement de manœuvres, art. 242 à 246), p. 10.
La Patrie, p. 11.
Le Drapeau, p. 12.
Batailles inscrites, p. 13.
Honneurs qui lui sont dus, p. 13.
Principes de discipline et de solidarité, p. 13.
Rôle de l'armée dans la nation, p. 16.
Historique du corps, p. 15.
 
* Service en campagne, p. 100. Notions très succinctes sur le service de sûreté en marche et en station, p. 100.
Police pendant les marches, p. 104.
Service aux avant-postes, p. 106.
Installation au cantonnement et au bivouac, p. 120.
Alimentation en campagne, p. 123.
Devoir des soldats au combat, p. 126.
Liaison par signaux Morse, p. 130.
 
Service intérieur et service de place, p. 26. Marques extérieures de respect, p. 26.
Honneurs, p. 63.
Récompenses, p. 30.
Certificat de bonne conduite, p. 30.
Permissions, p. 31.
Punitions, p. 35.
Réclamations, p. 37.
Maintien au corps par mesure de discipline, p. 35.
Service du soldat à la caserne, p. 38.
Dans les places, p. 58.
En route, p. 55.
En cas de troubles, p. 63.
Service de planton, p. 63.
Main-forte due à l'autorité, p. 63.
Devoirs en voyage.—Dans les gares, p. 34.
Alimentation en temps de paix, p. 48.
Ordinaires, p. 48.
Distributions, p. 50.
Hygiène de la viande, p. 51.
Solde et prestations en nature, p. 49.
Tabac, p. 52.
Franchise postale, p. 43.
Remise des lettres et de l'argent, p. 42.
 
* Hygiène militaire, p. 53. Soins de propreté corporelle, p. 53.
Tenue des chambres, p. 54.
Boissons: eau filtrée ou stérilisée, p. 55.
Recommandations spéciales pour les marches et manœuvres de jour et de nuit, p. 55.
Vie au bivouac, p. 55.
Maladies contagieuses, p. 56.
Alcoolisme, syphilis, tuberculose, p. 57.
Paquet individuel de pansement, p. 57.
 
Nomenclature et entretien, p. 77. des effets d'habillement, d'équipement et des armes, p. 81.
Arrimage des effets, p. 82.
Paquetage du sac, p. 89.
Tenue de campagne, p. 89.
Port de l'équipement (pratique), p. 87.
 
* Livret individuel.—Code de justice militaire (Voir Livret individuel) (Consulter le livret), p. 44.
* Correspondance militaire, p. 42. Forme de lettres, p. 45.
Demandes de renseignements, de prolongation d'absence, d'ajournement, de changement de série, de devancement d'appel, de dispense de périodes d'instruction, p. 158.
Cas de maladie, de réforme, p. 153.
Demandes d'allocations journalières pour soutien de famille, p. 156.
 
* Accidents survenus dans le service.—Droits qu'ils créent, p. 46.
 
* Loi de recrutement, p. 149. Obligations militaires, p. 152.
Obligations des hommes des réserves, p. 152.
Changements de domicile, de résidence; déplacements pour voyager, p. 152.
Fascicule de mobilisation annexé au livret individuel, p. 159.
Avantages assurés aux engagés, rengagés et commissionnés, p. 165.
Sociétés de préparation militaire S. A. G., p. 160.

Nota.—Les matières précédées d'un astérisque (*) sont les seules qui doivent faire l'objet d'une révision rapide par les réservistes et les territoriaux lors de leurs convocations.

L'INSTRUCTION THÉORIQUE DU SOLDAT PAR LUI-MÊME

1o ÉDUCATION MORALE DU SOLDAT

CHAPITRE I

I—Les forces morales.

1. La préparation à la guerre doit être le but unique de l'instruction des troupes qui, en tout temps, doivent être en état de remplir leur mission de guerre.

L'instruction professionnelle doit être soutenue par des sentiments moraux assez puissants pour que toute troupe soit apte à accomplir les tâches les plus rudes, à s'imposer toutes les énergies, à accepter tous les sacrifices et à triompher des plus grandes difficultés.

Les forces morales constituent les facteurs les plus puissants du succès; elles vivifient l'emploi des moyens matériels, dominent toutes les décisions du chef et président à tous les actes de la troupe.

L'Honneur, le Patriotisme, inspirent les plus nobles dévouements; l'esprit de sacrifice et, la volonté de vaincre assurent le succès; la discipline et la solidarité garantissent l'action du commandement et la convergence des efforts.

Au combat, le soldat fait appel aux plus nobles inspirations de son cœur, à son énergie et à son instruction militaire. Confiant en ses chefs, il doit, dans toutes les circonstances, obéir comme eux aux sentiments d'honneur, de discipline et d'abnégation.

C'est la valeur des troupes qui décide des affaires en dernier ressort: quel que soit leur nombre, quelle que soit l'habileté des combinaisons du chef, il faut, sur certains points, résister jusqu'au bout et se faire tuer sur place plutôt que d'abandonner le drapeau; sur d'autres, marcher coûte que coûte à l'ennemi et le chasser de sa position.

L'armée surveille la frontière.—Elle la défendra!

II—La Patrie.

2. Qu'est-ce que la Patrie?

La Patrie, c'est la France, c'est la nation française.

La Patrie, c'est la commune mère de tous les Français; c'est l'ensemble de nos lois, de nos institutions, de nos habitudes, de nos richesses; c'est notre sol, ses villes, ses monuments, ses cimetières; c'est notre belle histoire, nos ancêtres, nos héros, nos gloires, nos douleurs; c'est notre commerce, nos aspirations; c'est notre honneur.

Le patriotisme, c'est l'amour de la Patrie.

3. Que doit l'armée à la Patrie?

L'armée est faite pour la Patrie; elle a pour mission de la protéger et de la défendre.

À la Patrie donc tout ce que nous avons et tout ce que nous pouvons!

L'honneur est la ligne de conduite de l'armée.

4. Quelle est la devise de l'armée française?

Sa devise est: «Honneur et Patrie».

5. Qu'est-ce que l'honneur?

C'est un sentiment qui n'admet en toutes actions que le bien, la justice, la loyauté et le désintéressement.

6. Qu'est-ce, en particulier, que l'honneur militaire?

C'est l'accomplissement parfait de tous nos devoirs de soldat, c'est la bravoure devant l'ennemi, c'est le sentiment qui, dans le combat, nous fait porter secours aux camarades en danger; c'est enfin le culte de la loyauté et des sentiments généreux.

III—Le Drapeau.

7. Que représente le drapeau national?

Le drapeau est l'emblème de la Patrie: partout où il flotte, là est la Patrie.

8. Que représente spécialement le drapeau du régiment?

Le drapeau du régiment est non seulement l'emblème de la Patrie, mais encore il est le monument qui rappelle et honore la mémoire de tous ceux qui ont servi dans ce même régiment et, en particulier, de ceux qui ont bravement versé leur sang pour la France. Il rappelle nos combats et nos gloires.

9. Quels sentiments éprouve-t-on à la vue du drapeau?

Le drapeau ranime le patriotisme, car il est la Nation présente au milieu des soldats; il leur rappelle l'ordre absolu de fournir le devoir imposé. À sa vue, on fait intérieurement le serment de le suivre partout, de le défendre et de mourir, s'il le faut, pour la gloire du pays et pour la conservation de son intégrité.

Dans le combat, le soldat doit toujours se rallier au drapeau et il doit le défendre partout et toujours, même au péril de sa vie.

10. Quel honneur rend-on au drapeau?

On salue le drapeau; les sentinelles, les postes et les troupes lui rendent les honneurs avec les armes, les tambours et les clairons battent et sonnent aux champs, les trompettes sonnent la marche.

11. À quoi peut-on comparer le drapeau?

Rien de matériel ne peut en donner une idée. Le drapeau, c'est l'idéal du sentiment qui exalte la noblesse et la valeur de la France; quand il flotte haut et fier, la France est grande; quand il baisse son pavillon, la France chancelle; quand il est voilé, la France est en deuil.

12. Quelles sont les batailles inscrites au drapeau du régiment?

Les batailles inscrites au drapeau du régiment sont:

(Les lire sur le verso de la couverture où le sergent-major les a inscrites.)

IV—La Discipline—Les Ordres—L'Esprit de corps—La Camaraderie.

13. Qu'est-ce que la discipline?

La discipline est la soumission entière à tous les règlements militaires et l'obéissance complète à tous les chefs. Ce n'est pas un asservissement, mais un devoir d'homme libre vis-à-vis de l'institution nationale de l'armée qui nous est imposée par la force des choses du monde.

14. Comment les soldats d'un pays libre et civilisé doivent-ils comprendre la discipline?

Chaque homme doit se persuader lui-même et posséder intimement la conviction réelle que la discipline est une chose nécessaire et obligatoire. Il doit s'efforcer d'acquérir la vertu de s'y soumettre de lui-même spontanément, sans l'intervention d'aucune contrainte.

15. Une armée peut-elle exister sans discipline?

Non, sans discipline il n'y a pas d'armées possibles, elles ne seraient que des bandes dangereuses, incapables d'arriver à un résultat ou d'obtenir le moindre succès.

16. Est-ce dans l'armée seule que la discipline est nécessaire?

Dans la famille, dans les sociétés et dans toutes les entreprises civiles, l'exécution exacte des décisions du chef est nécessaire aussi, mais dans l'armée le sentiment de la discipline doit être plus absolu que partout ailleurs.

17. Y a-t-il une différence entre la discipline et les punitions?

Oui, discipline et punitions sont deux choses différentes. Un soldat est discipliné lorsqu'il possède le sentiment intime de l'obéissance et de la soumission, et que, par pur devoir, il le met partout en pratique.

Les punitions ne sont faites que pour la répression des incorrigibles, de ceux qui se dérobent au devoir et de ceux qui ne veulent pas se plier aux exigences de la discipline.

18. Comment doit-on obéir?

On doit obéir immédiatement, sans hésitation ni murmures.

19. À qui doit-on obéir?

Le militaire doit l'obéissance à tous les gradés qui lui sont supérieurs en grade.

C'est le supérieur qui est responsable de l'ordre qu'il donne.

20. En vertu de quels principes les ordres sont-ils donnés?

Le supérieur ne commande qu'en vertu de l'obéissance qu'il doit lui-même à ses supérieurs, aux lois et aux règlements militaires.

21. Qui doit obéir dans l'armée?

Dans l'armée, tout le monde obéit, les soldats, les officiers, les généraux.

Chacun agit selon la volonté du chef de l'armée et selon les prescriptions des règlements.

22. Comment le soldat doit-il exécuter les ordres?

Le soldat doit exécuter les ordres reçus avec bonne volonté, avec goût et intelligence, et pour le bien du service.

23. Si, dans certaines circonstances, le soldat se trouve sans ordres, que doit-il faire?

Le soldat, comme tout gradé, qui, dans certaines circonstances, se trouve sans ordres, doit cependant agir de lui-même. Il applique son intelligence et son bon sens à la situation actuelle et il s'inspire de la façon de faire et des intentions de ses chefs.

24. La solidarité est-elle bien utile au régiment?

La solidarité est une vertu qui trouve tout particulièrement à s'exercer entre les soldats.

Au régiment on vit de la même vie, on travaille pour le même but, on court les mêmes dangers, aussi a-t-on besoin de s'entr'aider, de vivre en coopération constante, et de faire bénéficier les camarades de son instruction, de ses talents et des diverses connaissances que l'on peut avoir.

25. Qu'est-ce que l'esprit de corps?[1]

L'esprit de corps provient de la camaraderie et de l'amour du régiment; c'est le sentiment bien naturel, qui fait rechercher l'honneur et tout le bien possible pour le corps dont on fait partie.

26. Comment le soldat peut-il coopérer à l'esprit de corps?

Pour cela, le soldat doit respecter son uniforme et le numéro de son régiment, faire tout ce qui est en son pouvoir pour le mettre en relief et pour en donner une haute idée par sa belle tenue, par son attitude, par son courage et par une conduite régulière et honnête.

Le bon soldat cherche partout à prouver que son régiment est meilleur qu'aucun autre.

27. Que produit l'esprit de corps?

L'esprit de corps excite à accomplir, pour l'honneur du régiment, des actions de valeur, de dévouement et d'audace; il anime les courages, et dans les moments difficiles, il fait donner de bon cœur un suprême effort.

Dans un régiment où existe l'esprit de corps, on ne reste pas en arrière, on va de l'avant, on a du cœur, on marche droit au but, on attaque franchement l'ennemi!

28. Qu'est-ce que la camaraderie du champ de bataille?

C'est le sentiment sublime qui fait secourir et protéger les camarades engagés dans le combat.

Si les camarades sont en mauvaise posture devant l'ennemi, il s'agit de les aider, de les dégager et de protéger leur retraite.

À moins d'ordres contraires, toujours il faut marcher au canon et à la fusillade.

V—Rôle de l'armée dans la nation Le service militaire—Les supérieurs.

29. Comment le service militaire se rattache-t-il aux devoirs du citoyen dans la nation?

Le service militaire n'est que l'une des formes du devoir du citoyen, c'est celui qu'il doit à la Patrie pendant qu'il est soldat dans les rangs de l'armée nationale.

Le devoir militaire du citoyen est un devoir obligatoire qui est nettement formulé par la loi et par la discipline, qui le garantissent dans son exécution par des sanctions nécessaires.

Soldat sonnant le bugle.

30. Quel est le rôle de l'armée?

L'armée est la sauvegarde de la Patrie. Par sa force, l'armée oblige l'étranger au respect de la France et de ses institutions et elle permet au commerce national, aux sciences, aux arts, de se développer sans avoir à craindre à tout propos l'envahissement d'un ennemi.

À l'intérieur, elle assure l'ordre, le respect du gouvernement et de l'autorité, puis l'obéissance aux lois.

Elle maintient la paix, tout en préparant toujours la guerre. Le jour où elle aura à combattre l'ennemi, elle honorera la France en remportant des succès, en faisant courageusement le sacrifice de son sang.

Le dévouement de tous les membres de l'armée est un devoir civique envers la Nation.

L'ennemi de la France a comme but, non seulement de prendre une partie de notre territoire pour s'agrandir, mais aussi de s'emparer de nos biens, de nos intérêts matériels et des possessions et richesses de nos familles.

L'armée de la France, avec ses soldats, est faite pour lutter contre cet ennemi, le jour de la guerre, et pour maintenir en place les intérêts matériels et les biens de chaque Français.

31. Comment doit-on considérer le service militaire?

Poussé par les nécessités du moment et par la situation des peuples de l'Europe, le Pays fait sa loi sur le service militaire. Il tient compte autant que possible des intérêts des hommes de la Nation.

Le temps fixé pour le temps de service doit donc être accepté volontiers par tous les Français. C'est un impôt variable suivant le temps et les circonstances, mais qui est absolument nécessaire puisque notre Gouvernement et le Parlement l'ont accepté et décidé dans l'intérêt des progrès de la Patrie dans le monde.

Or, tout propos qui serait contre le principe du service militaire fixé serait une grave insulte à la discipline et au devoir.

Le devoir du soldat est donc sacré!

32. Quelle est la durée du service militaire?

Chaque Français est soumis au service militaire pendant 28 années.

Le service militaire prescrit par la loi est l'impôt le plus sacré de tous, c'est l'impôt du sang.

33. Comment se décomposent ces 28 années?

3 ans dans l'armée active, 11 ans dans la réserve de l'armée active, 7 ans dans l'armée territoriale et 7 ans dans la réserve de l'armée territoriale.

34. À partir de quelle date compte le service militaire?

Le service militaire compte du 1er octobre de l'année du conseil de révision.

Pour les engagés volontaires, du jour de leur engagement.

La loi sur le recrutement est du 21 mars 1905 modifiée le 7 août 1913.

Les militaires des classes 1911 et 1912 ne feront que 2 années de service actif; mais leur service total aura une durée de 28 années, dont 7 ans dans la territoriale et 7 ans dans la réserve de la territoriale (Loi du 7 août 1913).

La loi de 3 ans de service ne s'applique qu'à partir de la classe 1913.

35. Quels sont les principes sur lesquels repose l'armée.

Les principes sur lesquels repose l'armée nationale sont:

  • 1o Le patriotisme et le dévouement;
  • 2o La discipline, la subordination et le devoir;
  • 3o L'obéissance et le respect;
  • 4o L'instruction militaire.

36. Qu'est-ce que l'on apprend au régiment?

1o Au régiment, on acquiert l'instruction militaire qui doit faire du jeune homme un soldat instruit, brave, robuste, sachant combattre avec intelligence et avec ardeur;

2o On y exalte les idées de fidélité, de dévouement et de sacrifice pour le pays, on y apprend l'honneur, l'amour du devoir et la haine de celui qui chercherait à porter atteinte à notre sol, à nos mœurs, à notre liberté nationale;

3o On se prépare par la discipline et par les nobles sentiments de l'armée à devenir de bons citoyens ayant le respect de l'autorité et la conscience de leurs devoirs.

37. Comment le soldat doit-il considérer ses supérieurs?

Le soldat doit considérer ses supérieurs comme des chefs et des amis; il doit leur obéir et se dévouer pour eux, car eux aussi se dévoueront pour lui. Les officiers et les soldats sont solidairement liés dans l'accomplissement d'une mission unique et de devoirs envers le pays, aussi collaborent-ils en commun, selon les degrés de la hiérarchie, à un même devoir national.

Soldat! tes supérieurs cherchent à bien te connaître pour te guider, te soutenir et pour obtenir de toi tout ce que tu peux donner pour le bien du service et pour la défense de la Patrie.

Tes officiers se sont voués à la Patrie, à l'éducation militaire de toute la jeunesse française pour la mettre à même de remplir son devoir civique de guerre; ils sont toujours prêts au sacrifice de leur vie pour la cause commune. Ce sont eux qui te conduiront à l'ennemi le jour où notre sol sera menacé.

Tels sont les titres qui leur donnent droit à l'obéissance, au respect et au dévouement des soldats.

L'autorité de l'officier est incontestable, elle est une des plus légitimes. C'est lui qui crée l'armée, qui l'organise et c'est sa valeur intellectuelle et morale qui fait la force de cette armée.

Mérite l'estime de ton chef, aie confiance en lui, regarde-le bien en face, avec ce regard qui exprime la force, l'énergie et la loyale amitié.

38. Quelles doivent être les relations du soldat avec ses officiers?

Le soldat doit agir franchement avec ses officiers, se laisser guider par eux, leur accorder toute sa confiance et les respecter, puisqu'ils sont les foyers de vie de l'armée, qui est faite pour la défense de l'honneur et de l'intégrité de la France.

39. Qui s'occupe des intérêts personnels et matériels du soldat, au régiment?

Le chef de corps et les officiers de compagnie, secondés par les sous-officiers, sont spécialement chargés de veiller aux intérêts particuliers du soldat; ce sont eux qui lui procurent, grâce aux allocations de l'État, tout ce qui est nécessaire à sa vie, à son bien-être et à son entretien pendant le temps qu'il passe sous les drapeaux.

40. À qui le soldat doit-il s'adresser en diverses circonstances?

Si le soldat a quelque chose qui le préoccupe, qui l'ennuie ou s'il a un désir soit dans le service, soit dans sa vie privée ou au sujet de sa famille, il fera toujours bien de le dire à son officier, à son capitaine, gui saura lui donner ce bon conseil qui enlève l'ennui et procure le calme.

41. Comment le soldat doit-il considérer le régiment?

Le soldat doit aimer son régiment et le considérer comme une nouvelle famille.

42. À qui encore, en dehors de ses chefs directs, le soldat français doit-il le respect?

Le soldat doit respecter le gouvernement de la République française, le Président chef de l'État et les ministres chargés de l'exécution des lois et détenteurs du pouvoir.

VI—Devoirs envers les camarades.

43. Quels sont les devoirs du soldat envers ses camarades?

Le soldat doit respecter son camarade, agir envers lui avec fraternité, ne jamais le brimer et se souvenir qu'il lui doit aide, secours et conseils, surtout s'il est jeune soldat ou réserviste.

Les effets et les menus objets du camarade sont sacrés. À la caserne, la principale serrure qui empêche d'y toucher, c'est la conscience.

Écoutons-la toujours et n'étouffons point sa voix.

44. Comment doit-on considérer la camaraderie du régiment?

La camaraderie du régiment est nécessaire; c'est un lien qui unit des hommes travaillant ensemble pour la même cause, courant les mêmes dangers, et appelés, en vertu de l'égalité, pour payer à la Patrie l'impôt du sang.

45. Paie-t-on certains services au régiment?

Non, tous les services sont gratuits au régiment; les hommes qui sont chargés d'emplois spéciaux ne les exercent vis-à-vis des autres qu'au point de vue de la camaraderie, et vis-à-vis de la compagnie qu'en vertu de l'exécution de la mission qui leur a été confiée, d'après leurs aptitudes, pour les nécessités du service.

VII—Devoirs du soldat envers sa famille et envers lui-même.

46. Quels sont les devoirs du soldat envers sa famille?

Le soldat doit écrire régulièrement à sa famille, mais il doit lui dire la vérité et ne pas se plaindre inutilement.

Sa dignité personnelle lui impose de ne pas réclamer de l'argent à tout propos; souvent, les besoins de la famille sont plus urgents que ceux du soldat.

Un bon soldat est aussi un bon fils.

47. Que fait l'État pour faciliter au soldat de correspondre avec sa famille?

Il lui accorde gratuitement deux timbres-poste par mois.

48. Quels sont les devoirs du soldat envers lui-même?

Le soldat doit se respecter dans ses paroles et dans ses actes.

Il doit se conduire partout avec dignité; éviter les mauvaises fréquentations, les cabarets borgnes et les habitudes d'ivrognerie qui dégradent l'homme et ruinent sa santé.

Son devoir d'homme et de soldat l'oblige à ne pas tenir des propos contraires à la discipline, au respect de l'armée et de l'autorité.

49. Quelle doit être la règle de la conduite générale du soldat en dehors du service?

L'armée n'est pas une caste à part dans la nation; le soldat doit vivre en bonne intelligence avec la population, conserver toutes les bonnes habitudes et le langage convenable de sa famille, faire son devoir d'honnête homme et être toujours prêt à se dévouer pour protéger le faible et pour sauver toute personne en danger[2].

50. Quels sont les principaux défauts que le soldat doit absolument éviter?

Les militaires qui sont paresseux, menteurs ou ivrognes accomplissent leur devoir civique de soldat dans des conditions inacceptables. Ils doivent être punis.

Le militaire paresseux dans l'accomplissement de ses devoirs néglige le travail régulier et l'entraînement qui doivent assouplir ses membres, habituer son corps à la fatigue et faire de lui un soldat fort, adroit, énergique et audacieux.

Le mensonge avilit le caractère du soldat, lui fait perdre sa dignité et lui fait suivre un chemin contraire à celui de l'honneur.

Quant à l'ivrognerie, elle est un vice honteux qui dégrade le soldat et qui l'entraîne dans toutes les fautes, même dans le crime. Elle ruine petit à petit la santé et le tempérament de l'homme, qui procréera par la suite une postérité d'êtres misérables, inférieurs au point de vue moral et au point de vue physique.

L'ivrogne sert mal son pays, c'est un homme sur lequel on ne peut pas compter pour les missions délicates en campagne. C'est un mauvais soldat qui peut même devenir nuisible à la défense.

VIII—Conduite en ville et en cas de troubles.

51. Quelle doit être la conduite du soldat en ville?

Il faut avoir en ville une bonne tenue, une bonne attitude et marcher d'un pas dégagé; il est interdit aux militaires de fumer la pipe dans les rues, de mettre les mains dans les poches ou de lire en circulant en ville.

Le soldat doit faire le bien, avoir de bonnes fréquentations, éviter de s'arrêter et de se compromettre avec des femmes de mauvaise vie; partout on doit le trouver poli, serviable et protecteur.

Il doit toujours respecter l'heure des services; d'ailleurs, heure militaire et exactitude sont synonymes.

52. Est-il bon d'observer certaines précautions à propos des cafés et restaurants?

Oui, le soldat ne doit pas entrer dans des cabarets de mauvaise réputation, ni dans les maisons consignées. Sa place est au grand jour.

Il doit toujours se souvenir que l'ivresse est le pire des défauts et qu'elle n'est pas une circonstance atténuante.

53. Est-ce que les militaires peuvent contracter des dettes?

Le règlement s'y oppose, et il prescrit des punitions sévères contre ceux qui en contracteraient.

54. Que doit faire le soldat en ville lorsqu'il entend sonner «au feu»?

Il ne doit pas se rendre isolément au feu, mais rentrer rapidement à la caserne où il attendra des ordres.

Si, exceptionnellement, il se trouvait en face du sinistre, il n'hésiterait pas à se rendre immédiatement utile.

55. Le soldat est-il chargé d'assurer la police?

Non, mais tout militaire en uniforme doit prêter spontanément main-forte, même au péril de sa vie, à la gendarmerie, ainsi qu'aux autres agents de l'autorité, lorsque ceux-ci sont en uniforme ou munis de leurs insignes.

Militaires accourant pour prêter main-forte à la police.

56. Quand le soldat isolé est-il autorisé à se servir de ses armes?

Le port de l'épée est un honneur qui oblige le soldat à la noblesse et à la grandeur des sentiments.

L'épée ou le sabre ne doivent sortir du fourreau que dans des cas de légitime défense. Ces cas doivent être bien établis, ils sont d'ailleurs très rares.

57. Quelles sont les précautions que doit observer le soldat au point de vue du public en général?

Le soldat doit:

1o Éviter de se mêler aux rassemblements bruyants; il ne doit jamais manifester ni prendre part aux démonstrations politiques ou religieuses.

L'armée respecte le gouvernement de la République, mais elle ne fait pas de politique;

2o Ne pas se laisser questionner sur la mobilisation ni sur ce qui touche à la défense du pays;

3o Ne pas faire de communication à la presse;

4o Porter toujours haut, dans ses conversations, le culte de l'armée, du drapeau et de la Patrie;

5o Rendre toujours compte, même directement à son capitaine, de tout fait grave et de toute observation concernant le régiment ou l'armée dont il aurait été témoin.

58. Quelle doit être la conduite du militaire chargé du maintien ou du rétablissement de l'ordre?

À l'occasion d'émeutes, de grèves, de troubles ou de violation de la loi dans l'intérieur du pays, l'armée peut être légalement requise pour le rétablissement de l'ordre et pour imposer le respect de la loi. Dans ce cas, la troupe requise doit obéir et marcher avec tous ses chefs et tous ses soldats, pour obtenir le respect de l'ordre et l'obéissance aux lois.

La responsabilité personnelle du militaire n'est pas engagée et ses scrupules doivent toujours s'effacer devant le devoir, sinon il est fautif et justiciable des tribunaux.

Dans ce service, le soldat doit être prudent, patient et n'agir que par ordre, mais il est de la plus grande nécessité qu'il fasse absolument respecter sa consigne avec énergie et qu'il ait le dernier mot: Force doit rester à la loi et à l'autorité que représente l'armée.

S'il fait un service de garde ou de protection en ville ou s'il cantonne, il doit ne se compromettre avec personne, observer, au milieu des partis et des agitations, une justice absolue et la plus grande impartialité, enfin il ne doit jamais rien accepter du public sans l'autorisation supérieure de ses chefs responsables.

IX—Instruction primaire.

L'instruction primaire est une nécessité aujourd'hui pour le progrès et la civilisation du pays.

Dans l'armée il faut compléter celle qui serait trop faible chez certains soldats ou qui, par hasard, manquerait absolument chez quelques hommes.

«La loi du 29 juillet 1912 a prescrit que chaque année les jeunes soldats non pourvus de diplômes ou certificats d'études (Instruction primaire ou secondaire) doivent, dès leur arrivée au corps, subir un examen pour constater leur instruction.

«Ceux dont l'instruction aura été jugée insuffisante suivront des cours.»

2o ÉDUCATION GÉNÉRALE DU SOLDAT POUR LE TEMPS DE PAIX

CHAPITRE II
SERVICE INTÉRIEUR

Marques extérieures de respect.

1. Quand se doivent les marques extérieures de respect et quelles sont-elles?

Tout militaire doit, en toutes circonstances, de jour et de nuit, en dehors du service comme dans le service, des marques de respect à ses supérieurs.

Ces marques consistent principalement dans le Salut.

Un militaire marque du respect envers son supérieur par ses prévenances à son égard, par sa tenue et son attitude correctes en sa présence.

L'inférieur s'adresse à son supérieur avec politesse et déférence, sans crainte et sans se montrer timide ni obséquieux.

On répond toujours à haute voix, avec calme, dans des termes convenables et en regardant dans les yeux, avec sincérité et confiance.

2. Comment se fait le salut et quelles précautions doit-on observer dans les diverses circonstances?

Le salut est exécuté de la manière suivante:

Porter la main droite ouverte au côté droit de la coiffure, la main dans le prolongement de l'avant-bras, les doigts étendus et joints, le pouce réuni aux autres doigts, la paume de la main en avant, le bras sensiblement horizontal et dans l'alignement des épaules.

L'attitude du salut doit être prise d'un geste vif et décidé; tout militaire exécutant le salut de pied ferme ou en marche rectifie son attitude, lève la tête et tend les jarrets; il regarde la personne qu'il salue; le salut terminé, il replace vivement la main droite sur le côté.

Tout militaire croisant un supérieur le salue quand il en est à six pas et continue à marcher en conservant l'attitude du salut jusqu'à ce qu'il l'ait dépassé.

Le salut.

S'il dépasse un supérieur, il le salue en arrivant à sa hauteur et conserve l'attitude du salut jusqu'à ce qu'il l'ait dépassé de deux pas.

S'il fume, il prend son cigare ou sa cigarette de la main gauche et salue de la main droite.

S'il porte un pli ou un paquet, il salue de même en prenant le pli ou le paquet dans la main gauche.

S'il conduit un cheval en main ou est empêché de la main droite pour toute autre cause, il rectifie sa démarche et regarde son supérieur jusqu'à ce qu'il l'ait dépassé.

S'il croise un supérieur dans un escalier, il lui cède la rampe et se range pour le saluer.

S'il le croise à l'embrasure d'une porte, il le laisse passer le premier; dans la rue, il lui cède le haut du trottoir.

S'il le croise étant à cheval, il passe au pas avant de le saluer.

S'il est en voiture, il salue de la main droite comme s'il était à pied; il se lève si la voiture est à l'arrêt.

S'il est à bicyclette, il ralentit l'allure et salue de la main droite sans cesser de surveiller sa machine.

S'il entre dans un café, un restaurant ou tout autre établissement public où se trouve un supérieur, il salue avant d'aller s'asseoir. Il se lève et salue lorsque, étant assis à la terrasse d'un café ou d'un établissement public, il voit passer un supérieur sur la chaussée.

Le salut ne se renouvelle pas dans une promenade ou autre lieu public.

3. À qui le salut est-il dû?

Le salut est dû à tous les supérieurs des armées de terre et de mer, depuis le caporal ou brigadier inclus.

Il est dû aux décorés de la Légion d'honneur ou de la médaille militaire s'ils sont en tenue militaire; aux officiers et sous-officiers de pompiers; aux officiers de douane et de chasseurs forestiers.

4. Qui salue-t-on encore?

Le militaire isolé salue un drapeau ou un étendard.

On salue le préfet, le sous-préfet, le secrétaire général en uniforme, ainsi que les officiers des armées étrangères.

Le sous-préfet et le secrétaire général saluent les généraux et assimilés.

5. Doit-on saluer les supérieurs en civil?

Oui, certainement, il faut saluer ceux des officiers et sous-officiers en tenue civile, qui sont autorisés à s'y mettre, que l'on connaît bien, puisque le respect est dû en toutes circonstances aux supérieurs.

Appellations.

6. Comment appelle-t-on un officier ou un adjudant?

On appelle un officier ou un adjudant: «Mon...» suivi du grade. Ex.: Mon lieutenant (pour le lieutenant et le sous-lieutenant), mon capitaine, mon commandant, mon colonel, mon adjudant.

Cette règle s'applique à tous les officiers combattants.

7. Comment appelle-t-on un sous-officier et un caporal?

On les appelle par leur grade. Ex.: caporal, sergent, fourrier, aspirant.

8. Comment s'adresse-t-on à un médecin, à un sous-intendant, à un intendant, à un officier d'administration, au ministre de la guerre, etc.?

On dit: «Monsieur le médecin-major,—Monsieur le sous-intendant,—Monsieur l'intendant,—Monsieur l'officier d'administration,—Monsieur le vétérinaire,—Monsieur le ministre.»

Présentation à un supérieur.

9. Comment un soldat s'adresse-t-il à un supérieur pour une communication verbale ou pour lui remettre un pli?

Il s'arrête carrément en face de lui, il salue, prend la position du «garde à vous», et fait sa communication verbale ou remet le pli de la main gauche.

Lorsque sa mission est terminée, il salue, fait demi-tour et se retire.

Remise d'un pli.

10. Comment procède-t-il s'il porte le fusil ou s'il a l'arme à la main?

Il se conforme à ce qui vient d'être dit, mais repose l'arme au lieu de saluer.

11. Que doit faire un militaire interpellé par un supérieur?

Il prend une allure vive pour se porter à sa rencontre; en toute circonstance, il doit fournir avec empressement à son supérieur le concours dont ce dernier peut avoir besoin.

12. Comment se présentent les hommes de troupe chez leurs supérieurs?

Ils n'entrent qu'après avoir frappé ou sonné à la porte, ils saluent et ne se découvrent que si le supérieur les y autorise.

RÉCOMPENSES
Nomination à la 1re classe—Certificat de bonne conduite.

13. Comment récompense-t-on les soldats de leur esprit de discipline, de leur bonne conduite et de l'ensemble de leurs services?

On les récompense par:

  • 1o Les félicitations verbales ou écrites;
  • 2o Les félicitations à l'ordre du régiment;
  • 3o La nomination à la 1re classe et aux différents grades auxquels nomme le colonel;
  • 4o Le certificat de bonne conduite à la libération;
  • 5o Les dispenses de certains travaux, des permissions et des faveurs autorisées et compatibles avec le bien du service;
  • 6o Des décorations (médailles d'honneur, commémorative, militaire, coloniale, universitaire, du mérite agricole, etc.).

14. Qui nomme-t-on soldats de 1re classe?

On peut nommer deux soldats de 1re classe par escouade.

Ils sont choisis parmi les soldats ayant plus de quatre mois de service, qui, par leur instruction, leurs aptitudes, leur conduite et leur tenue, paraissent susceptibles de servir de moniteurs et de prendre, en l'absence des gradés, le commandement de leurs camarades.

Pour un acte de courage ou de dévouement, on peut nommer avant quatre mois de service.

15. Quelle est la récompense morale du soldat qui fait bien son service, avec zèle et dévouement?

Le bon soldat est heureux de posséder la confiance et l'estime de ses chefs et de ses camarades; puis il a le bonheur d'avoir la satisfaction du devoir accompli.

16. Que faut-il pour être nommé caporal?

Il faut suivre le peloton d'instruction, avoir une bonne instruction, une bonne conduite et une aptitude spéciale au commandement.

Il faut avoir six mois de service, ou quatre mois avec le brevet d'aptitude militaire.

Permissions—Prolongations—Congés.

17. Qu'est-ce qu'une permission et comment la demande-t-on?

La permission est une récompense et non un droit. La demande en est faite au capitaine par l'intermédiaire du sergent-major.

On peut obtenir, le dimanche et les jours fériés, des permissions de vingt-quatre heures pour quitter la garnison.

Certains soirs, on peut obtenir des permissions pour la soirée.

18. Dans quelle limite accorde-t-on des permissions faisant mutations, aux classes 1911 et 1912?

Les militaires accomplissant la durée légale du service ne peuvent, en dehors des dimanches et jours fériés, obtenir de permissions que jusqu'à concurrence d'un total de trente jours au maximum pendant leur présence sous les drapeaux (deux années).

Des délais de route ne comptant pas dans la durée des permissions, sont concédés aux militaires en garnison loin de leur famille, soit:

1o Vingt-quatre heures pour un trajet de plus de 400 kilomètres (aller et retour);

2o Quarante-huit heures pour un trajet de plus de 800 kilomètres (aller et retour).

En cas de force majeure dûment justifiée, le chef de corps pourra accorder une permission supplémentaire, sous réserve d'en rendre compte au général de brigade (Décret du 19 février 1913).

Le colonel peut accorder aux engagés volontaires, quelle que soit la durée de leur engagement, pendant les trois premières années de service, des permissions jusqu'à 30 jours.

19. Quels sont les devoirs du soldat permissionnaire?

Le permissionnaire doit se comporter avec dignité, éviter de compromettre son uniforme et le numéro de son régiment, soigner toujours sa tenue et pratiquer ponctuellement les marques de respect.

Pour une permission dépassant huit jours, le permissionnaire fait viser sa permission, dès son arrivée, par le commandant de la gendarmerie ou par le commandant d'armes dans une ville de garnison; il donne son adresse[3].

La permission doit être un temps de repos et une période réconfortante. Pour beaucoup elle est, au contraire, une fatigue et une occasion permanente de boire, de veiller, de faire des noces et des festins. Au moment du retour, étant mal disposé, on se refroidit dans les gares, et à la rentrée à la caserne on fait une maladie dont les suites sont souvent fâcheuses et parfois déplorables.

L'homme sage et prévoyant doit réagir contre les entraînements qui le guettent à tous les pas; pendant sa permission, il doit se reposer et conserver sa santé pour lui, pour sa famille et pour la Patrie.

20. Le militaire indigent peut-il obtenir des facilités pour pouvoir profiter d'une permission dont il aurait besoin?

Oui, des frais de route peuvent être alloués par le ministre aux hommes de troupe indigents allant en permission ou en congé dans leur famille. (Seulement dans la limite des crédits budgétaires.)

Le soldat nécessiteux qui désire obtenir cette faveur en adresse la demande à son capitaine.

21. Le port d'effets dits de fantaisie est-il permis?

Jamais, ni en garnison ni en permission, le port d'aucun effet de fantaisie n'est autorisé. Le soldat qui en ferait usage serait toujours punissable.

Le chef de corps n'accorde qu'exceptionnellement le droit aux militaires de se mettre en civil pendant leur permission. Dans ce cas, l'autorisation est inscrite sur la permission.

22. Quelle doit être la principale attention du soldat à la fin de sa permission?

C'est de rentrer au régiment exactement à l'heure. On ne doit jamais dépasser une permission, même d'une minute, sinon on est puni et privé de permissions pour l'avenir.

Il ne faut pas faire mentir l'expression proverbiale: «Exactitude militaire».

23. Quand finit une permission d'un ou plusieurs jours?

Le soldat doit rentrer à sa caserne le dernier jour de sa permission avant minuit.

Les militaires qui rentrent à la caserne après l'appel du soir sont tenus de se présenter au chef du poste de police.

24. Comment demande-t-on une prolongation de permission pour affaires personnelles?

On ne doit demander une prolongation que dans un cas de nécessité urgente.

Dans ce cas, on s'adresse à son chef de corps pour obtenir la prolongation dont on a besoin.

Toute prolongation de permission portant au delà de 30 jours la durée de l'absence n'est demandée ou accordée que sous forme de congé.

25. Que se passe-t-il pour une prolongation à cause de maladie?

Si on demande une prolongation pour une maladie, le colonel fait prendre à ce sujet tous les renseignements nécessaires.

26. Et le convalescent, qu'a-t-il à faire pendant son congé?

Le convalescent en congé se conforme exactement à ce qui est prescrit pour le permissionnaire.

S'il a besoin d'une prolongation, la gendarmerie le fait visiter par un médecin.

Devoirs en voyage—Dans les gares.

27. Le militaire voyageant doit-il être porteur de papiers?

Il doit être porteur de son livret et être muni soit d'une permission, soit d'une feuille de déplacement; cette dernière est délivrée au militaire qui se déplace pour le service ou par ordre; dans ce cas, les frais de route sont à la charge de l'État.

Le militaire muni d'un titre régulier paie quart de tarif sur les chemins de fer.

Les employés des chemins de fer, les gradés de service dans les gares et l'autorité militaire peuvent toujours se faire présenter le titre régulier de l'absence.

Il est expressément recommandé aux militaires, et notamment quand ils voyagent à l'étranger, de ne communiquer leur livret qu'aux autorités de leur pays ayant qualité pour le consulter.

28. Dans quelles voitures les militaires voyagent-ils?

Les militaires ne peuvent pas voyager en 1re classe, à moins d'une autorisation spéciale du chef de corps. Les compagnies de chemins de fer, lors des gros départs, peuvent faire usage pour les militaires de voitures à marchandises aménagées.

29. Quelles attentions doit avoir le militaire en voyage?

Dans les gares et partout en voyage le militaire doit se surveiller dans sa tenue, dans ses propos et dans son attitude; pratiquer rigoureusement les marques de respect, être poli avec chacun et faire honneur à son uniforme et à son régiment.

Quoique isolé, il importe qu'il n'oublie pas l'esprit de discipline, qui fait de son régiment une force imposante et réelle.

En toutes circonstances il donne l'exemple de la parfaite correction.

Punitions—Maintien au corps par mesure de discipline.

30. Pourquoi les punitions disciplinaires existent-elles dans les armées?

L'exécution rigoureuse du devoir militaire et la nécessité de la discipline dans l'armée entraînent l'obligation de la punition.

Les soldats sont punis pour les fautes et les actes ci-après, suivant leur gravité:

Actes contraires au respect que tout militaire doit en toute circonstance aux règlements de police, aux lois, au gouvernement de la République et aux autorités qui le représentent; les infractions aux règlements militaires; la violation des règles relatives à l'exécution des punitions; les indiscrétions, la paresse, la mauvaise volonté et la négligence dans le service; l'oubli de la dignité professionnelle; la négligence dans sa tenue, dans sa propreté personnelle et dans l'entretien parfait des effets et des armes; les dettes résultant de l'inconduite; la tentative de dissimuler son identité en cas de faute ou de se soustraire à la responsabilité de ses actes; les querelles entre militaires ou avec des citoyens; les brimades; l'ivresse dans tous les cas, même lorsqu'elle ne trouble pas l'ordre; la manifestation publique, sous quelque forme que ce soit, d'opinions, ou la publication d'écrits nuisibles à la discipline ou aux intérêts généraux du pays.

Enfin, tout murmure, tout écart de langage, tout défaut d'obéissance, les manquements aux appels, à l'instruction et aux différents services.

31. Peut-on éviter les punitions?

Oui, très facilement; la punition n'existe, en somme, que pour les hommes sans énergie, sans bonne volonté et pour les incorrigibles. Il importe d'éviter les punitions même les plus légères; leurs conséquences sont désastreuses.

32. Quelles sont les punitions qui peuvent être infligées aux soldats?

Les punitions des soldats sont variables selon la nature des négligences ou des fautes. Elles sont:

  • La consigne au quartier;
  • La salle de police;
  • La prison;
  • La cellule;
  • Le renvoi de la 1re classe à la 2e;
  • Le renvoi ou la cassation d'un emploi spécial;
  • L'envoi aux sections spéciales.

33. Comment se font les punitions?

Le soldat puni de consigne au quartier ne peut, en dehors du service, sortir de la caserne sous aucun prétexte. Il doit répondre aux appels des hommes punis.

Le soldat puni de salle de police ne peut pas sortir de la caserne, en dehors des exercices; le soir, à l'heure fixée, il est enfermé dans un local spécial.

Le soldat puni de prison fait ses exercices avec la compagnie et, en tout temps, il est enfermé isolément. Le chef de corps décide s'il doit paraître ou non devant la troupe.

Le soldat puni de cellule reste enfermé isolément pendant toute la durée de sa punition, sauf une sortie journalière surveillée d'une heure environ.

34. Qui doit réprimer et faire cesser toute faute?

Tout supérieur, quel que soit son grade, depuis le caporal, et à quelque corps ou service qu'il appartienne, a le devoir strict de contribuer au maintien de la discipline générale en relevant toute faute de ses inférieurs et en s'efforçant d'y mettre fin lorsque cette faute se poursuit.

Les simples soldats remplissant les fonctions de caporal ont les droits du caporal; ils peuvent punir.

35. Quand commence une punition et quand finit-elle?

Le chef qui a prononcé une punition la notifie ou la fait notifier sans retard à l'intéressé; la punition commence dès qu'elle est notifiée.

Les punitions se décomptent par jour.

36. Qu'est-ce que le sursis des punitions?

On peut accorder le bénéfice du sursis pour un délai déterminé lorsque la faute est commise par négligence légère et inconscience ou par défaut d'instruction, et que le militaire fautif se recommande par sa bonne conduite habituelle.

Si le militaire ne commet pas de faute de même nature pendant le délai fixé, la punition est annulée.

37. Quelles sont, en outre de la peine elle-même de la punition, les conséquences des punitions?

Le soldat reste au corps, après le jour fixé pour la libération, un nombre de jours égal à celui qu'il aura passé en prison ou en cellule, déduction faite des punitions n'excédant pas huit jours.

Demandes—Recommandations—Réclamations.

38. Comment un soldat adresse-t-il une demande, est-il nécessaire de se faire recommander à ses chefs?

Toute demande, à moins d'urgence, est adressée au capitaine par l'intermédiaire du sergent-major.

On ne doit pas se faire recommander par des personnes étrangères à l'armée et on doit empêcher de laisser adresser à ses chefs des lettres de qui que ce soit pour des demandes ou des recommandations.

Tout le monde est soldat: on doit se recommander soi-même par sa bonne conduite, par son travail et par son application aux exercices.

Il importe que l'on sache bien que le capitaine place dans ses plus essentiels devoirs: de s'intéresser à ses soldats, de se renseigner sur leurs besoins et de les traiter avec un esprit de justice et de bienveillance.

Que le soldat transmette donc lui-même à son capitaine ses désirs et ses besoins.

39. Un soldat a-t-il le droit de réclamer?

Le droit de réclamation est admis pour permettre aux militaires d'exercer, le cas échéant, un recours contre les mesures ou punitions imméritées ou irrégulières.

Les réclamations individuelles sont seules autorisées, elles sont adressées au supérieur qui a pris la mesure ou prononcé la punition.

Le supérieur écoute avec calme et bienveillance, puis, s'il y a lieu, il fait droit à la réclamation. S'il n'y fait pas droit, le militaire peut adresser à nouveau sa réclamation à une autorité supérieure; si cette dernière n'y fait pas droit, il y a alors punition.

Travaux divers.

40. Quel travail peut-on demander à un militaire?

En dehors de son service normal, tout militaire est tenu d'accomplir, pour le service de l'armée ou pour celui de l'État, les travaux qui lui sont demandés, y compris ceux de la profession qu'il exerçait avant son incorporation.

Il ne lui est dû aucune rétribution, excepté celles prescrites par le ministère.

41. Que font les soldats ordonnances?

Les officiers sont autorisés à employer chacun un soldat pour leur service personnel et pour le pansage de leur cheval. Ils portent toujours la tenue militaire. Un salaire leur est payé mensuellement par l'officier: 4 francs par cheval et 5 francs pour le service personnel de l'officier.


Devoirs du soldat à la caserne.
Devoirs dans la chambrée.

42. Quel est le chef de chambrée?

C'est le plus ancien caporal de la chambre. Le soldat doit obéir au chef de chambrée, agir avec lui en bon camarade et lui faciliter sa tâche, car il est responsable des hommes et de l'exécution de toutes les consignes relatives à la tenue des chambres.

À défaut de caporal, les fonctions de ce grade sont remplies par un soldat de 1re classe ou pourvu d'un emploi lui conférant autorité.

43. Quels sont les devoirs du soldat au réveil?

Le soldat doit se lever dès le réveil, s'habiller bien et rapidement, en n'omettant aucun de ses vêtements (ceinture de flanelle, caleçon, bretelles, cravate, etc.), découvrir son lit, qui doit rester découvert au moins pendant une heure, ranger ses effets sur la planche à bagages et aux crochets, puis balayer aux abords de son lit[4].

44. Quelles sont les prescriptions relatives à l'entretien des effets?

Le soldat répare et entretient lui-même ses effets d'habillement et son linge; il est tenu de nettoyer, de brosser et de ranger chacun de ses effets lorsqu'il les quitte dans la journée; en tout cas, il doit toujours le faire le soir.

Son paquetage doit toujours être fait réglementairement.

Il est interdit de prêter aucun effet à un camarade.

45. Où le soldat peut-il mettre ses menus objets?

À défaut d'armoires fournies par le casernement, le capitaine autorise les caporaux et soldats à se pourvoir de boîtes fermant à clef.

46. Comment se font les divers travaux, le nettoyage et l'entretien des locaux communs et des chambrées?

Des consignes générales sont données pour assurer la propreté et l'entretien des locaux communs et des chambrées, pour l'observation des règles de l'hygiène et pour les distributions.

Les hommes reçoivent à ce sujet des ordres dont ils doivent assurer aussitôt la ponctuelle exécution.

La troupe doit pourvoir elle-même à tous ses besoins d'intérieur et à tous les petits travaux de nettoyage, d'installation et de mise en état du matériel, des divers locaux et des cours; elle doit également apporter à la caserne les denrées, les matières et objets qui lui sont nécessaires et s'occuper aussi de la préparation des aliments. De là la nécessité des corvées.

Les soldats sont commandés à tour de rôle pour ces corvées. Ils doivent apporter à leur exécution de la bonne volonté, de l'initiative, de la rapidité et de l'intelligence pratique, puis agir comme ils agiraient chez eux pour leurs affaires personnelles.

Ils trouveront un stimulant dans la pensée que leur travail et leurs efforts sont utiles à tous et qu'ils contribuent à leur tour au bien-être général.

47. Quels sont les services de la caserne?

Dans chaque caserne il y a un poste de police pour assurer l'ordre et la police générale selon la consigne permanente.

Dans chaque caserne on commande, en général, une compagnie de piquet (service de la place, incendies, services extraordinaires, etc...). Tous les militaires de la compagnie de piquet sont tenus de rester au quartier, prêts à prendre les armes.

L'appel du soir.

L'appel du soir a lieu en principe à 9 heures du soir (21 heures). Les rengagés et les décorés de la Légion d'honneur ou de la médaille militaire en sont dispensés. Ils doivent rentrer à 11 heures (23 heures).

Tous les rentrants après l'appel du soir sont tenus de se présenter au chef du poste de police.

Visites d'officiers.

48. Que doit-on faire quand un officier entre une chambre?

Le soldat ou le gradé qui le premier voit un officier entrer dans la chambre commande: «Fixe!» À ce commandement, les soldats se lèvent, se découvrent et gardent l'immobilité et le silence jusqu'à ce que l'officier soit sorti ou qu'il ait commandé: «Repos!»

Fixe!—Visite d'officier.—Le paquetage.

Si c'est un officier supérieur ou général, on commande d'abord: «À vos rangs!» Les soldats se placent au pied du lit, s'alignent, puis au commandement de «Fixe» qui suit immédiatement, on exécute ce qui est prescrit ci-dessus.

Si on est en armes, on ne se découvre pas et on reste immobile reposé sur l'arme.

Soldats malades.

49. Que doit faire le soldat qui se sent malade?

Le soldat malade, indisposé ou ayant une affection quelconque à un organe, doit le déclarer de suite à son chef de chambrée: c'est une obligation.

Un gradé porteur du cahier de visite le conduit à la visite journalière du médecin. Le malade qui ne peut pas se lever est transporté à l'infirmerie.

50. Que se passe-t-il si à la visite un soldat est formellement déclaré non malade?

On le punit, mais, en principe, la punition est ajournée pendant 15 jours.

51. Où sont soignés les malades?

Suivant le degré de gravité ou de contagion, ils sont soignés soit à la chambre, soit à l'infirmerie, soit à l'hôpital.

52. Est-il admissible qu'un soldat non malade aille à la visite pour chercher à obtenir du docteur une exemption de service?

Non, c'est un abus de confiance que d'aller tromper le médecin et de surprendre sa bonne foi; c'est une paresse indigne d'un homme. Cette déplorable pratique est cause de la méfiance des docteurs, méfiance qui peut leur faire commettre des erreurs.

Cette malhonnête habitude a pris naissance chez les soldats des armées mercenaires; les soldats paresseux la conservent. Aujourd'hui, cependant, elle ne saurait subsister dans l'armée nationale; la déraciner est le devoir de tout soldat de cœur! On ne doit pas la tolérer chez les camarades de la compagnie.

Le soldat trompeur mérite pour une simulation une punition sévère. Il faut avoir un peu de courage et d'énergie pour réagir contre la paresse.

53. Si un soldat, sans être malade, se sent fatigué, que doit-il faire?

Il en fait part à l'adjudant, ou à son officier, ou au capitaine; il peut être certain qu'on lui donnera, s'il y a lieu, une permission d'exercice ou un adoucissement dans le service.

En outre, aux jours et heures fixés, les soldats sont autorisés à demander des conseils aux médecins militaires, sans se faire inscrire sur le cahier de visite de la compagnie.

54. Quelles sont les visites médicales auxquelles tout militaire est soumis?

Chaque mois les soldats passent une visite médicale pour vérifier s'ils ne sont pas atteints d'une maladie contagieuse, et chaque mois ils sont soumis à une pesée constatant la variation de leur poids.

Chaque trimestre ils sont examinés au point de vue de l'état de leur dentition.

Avant un départ en permission, ils sont présentés au médecin-major; il en est de même à la rentrée d'une absence quelconque.

Service postal.

55. Quel est le sous-officier chargé du service postal?

C'est le vaguemestre; il remet aux soldats les lettres ordinaires, par l'intermédiaire du gradé de liaison.

Il remet directement les chargements et les lettres recommandées.

Une boîte aux lettres est placée à côté du poste de police. Le vaguemestre en a la clef. Les heures de levée sont inscrites sur la boîte.

56. Comment le soldat touche-t-il un mandat?

Le soldat remet son mandat au gradé de liaison qui le donne au vaguemestre; celui-ci le paie le jour même, en présence du gradé de liaison, au soldat porteur de son livret et de l'enveloppe de la lettre; le soldat signe sur le registre du vaguemestre.

57. Comment le soldat peut-il profiter des deux timbres de 10 centimes qui lui sont accordés gratuitement chaque mois?

Le soldat dépose sa lettre fermée au bureau de la Compagnie, en signant sur un registre: c'est le vaguemestre qui place lui-même le timbre-poste. Il peut utiliser ces 2 timbres simultanément ou l'un après l'autre.

CHAPITRE III
DIVERS

Livrets.

58. Quels sont les livrets du soldat?

Le soldat a deux livrets: le livret individuel et le livret matricule; ils contiennent tous deux l'état civil du soldat, les renseignements sur ses services, sur sa situation militaire, sur son instruction générale et militaire, puis les mesures de l'homme.

59. Quelles sont, en outre, les inscriptions spéciales du livret individuel?

On y inscrit le classement et les récompenses de tir, y compris les prix et les mentions honorifiques obtenus par tout militaire dans les concours non militaires.

Les effets distribués, puis les armes et les effets de campement s'inscrivent sur un fascicule spécial qui se place dans le livret individuel.

Il contient ensuite le Code de justice militaire, les obligations des soldats dans leurs foyers, des cases pour le visa de la gendarmerie lors des changements de domicile ou de résidence, un billet d'hôpital (à utiliser en campagne); à la libération, on le complète par un fascicule de mobilisation renseignant sur la position et la destination du soldat dans ses foyers.

60. Quels renseignements particuliers trouve-t-on sur le livret matricule?

Le livret matricule porte l'inscription des punitions et en plus un état de notes qui est rempli à la libération.

Le livret matricule reste entre les mains du capitaine.

61. Qu'est-ce que le livret individuel pour le militaire dans ses foyers?

Le livret individuel est pour le militaire une pièce authentique et officielle qu'il doit pouvoir présenter à toute réquisition de l'autorité civile, militaire ou judiciaire.

On est tenu de conserver son livret jusqu'à la libération définitive du service militaire, c'est-à-dire pendant vingt-huit années, et de le présenter à toute réquisition de l'autorité militaire.

Il faut éviter de lui faire subir aucune détérioration.

L'homme qui perd son livret, étant dans ses foyers, doit en faire immédiatement la déclaration à la gendarmerie qui la transmet.

Le commandant de recrutement lui fait établir un nouveau livret (duplicata) et un nouveau fascicule qui sont délivrés gratuitement.

Il importe que l'homme n'apporte aucun retard dans cette déclaration de perte, qui d'ailleurs serait toujours reconnue.

Code de justice militaire.

62. Il importe de lire avec attention, dans le livret individuel, le Code de justice militaire: il instruira l'homme sur tout ce qui est crime ou délit militaire. Cela le mettra en garde contre toute défaillance et contre toute tentation d'oublier son devoir.

Correspondance militaire.

63. On doit se conformer au modèle ci-après pour la correspondance militaire, supprimer tout préambule, employer des termes convenables et respectueux envers les supérieurs et terminer sa lettre par la signature, sans formules de politesse.

* CORPS D'ARMÉE À..... le..... 19.

* DIVISION D'INFANTERIE Le[5]..... de la
...e compagnie du .....e régiment
d'infanterie au..... [6].....

...e BRIGADE

...e RÉGIMENT D'INFANTERIE .........................
.......à...........

Objet: J'ai l'honneur de[8].............
......................

Au sujet de[7]........
........

(Signature et adresse.)

Les hommes de troupe en activité de service qui ont des demandes à faire par écrit les adressent à leur capitaine ou, s'il y a lieu, au chef de corps par la voie hiérarchique.

Accidents dans le service.

64. Les militaires victimes d'un accident sont soignés par les médecins militaires. Si l'accident a eu lieu dans le service et à l'occasion du service, il leur est délivré un Certificat d'origine de blessure ou de maladie, qui peut, selon le cas, leur ouvrir des droits à la réforme avec gratification.

Sociétés de secours mutuels.

65. Des sociétés de secours mutuels sont constituées par régiment ou par bataillon faisant corps, entre les militaires appelés ou engagés.

Ces sociétés sont purement facultatives, l'entrée a lieu à la suite d'une simple demande adressée au capitaine.

Dans ces sociétés, moyennant une cotisation extrêmement minime, les militaires de passage sous les drapeaux pourront constituer un fonds de prévoyance destiné à leur permettre de rentrer ou d'entrer, après leur libération, dans les sociétés de secours mutuels civiles. Les sociétés de secours mutuels régimentaires auront, en outre, pour objet de procurer aux soldats un livret individuel sur la Caisse nationale des retraites, ou de continuer les versements déjà opérés sur les livrets individuels dont ils étaient titulaires avant leur incorporation. Elles accorderont des secours immédiats aux membres participants, à leurs veuves, orphelins ou ascendants; enfin, elles créeront un office de placement gratuit, afin de permettre aux soldats, à leur sortie du régiment, de trouver plus facilement du travail.

CHAPITRE IV
ORDINAIRE—SOLDE—PRESTATIONS—DIVERS

Ordinaire et prestations.

66. Qu'est-ce que l'ordinaire?

L'ordinaire est le régime adopté pour la nourriture du soldat.

On peut dire que c'est l'organisation de la compagnie en une société coopérative pour nourrir économiquement les soldats et les caporaux.

L'ordinaire est dirigé par le capitaine; il a pour le seconder le lieutenant en premier, le sergent-major et le caporal d'ordinaire.

L'ordinaire cherche, par l'utilisation judicieuse de son outillage et de ses denrées, à obtenir une nourriture substantielle et hygiénique et à faire des préparations variées, saines, appétissantes et réconfortantes.

67. Quel est le service du cuisinier?

Le cuisinier est chargé de préparer les repas d'après les menus établis par le capitaine. Il est en outre responsable de l'entretien et de la propreté des ustensiles, du matériel et du linge mis à sa disposition.

Le cuisinier doit être d'une probité scrupuleuse, d'une propreté absolue et avoir beaucoup d'ordre et de méthode.

Le capitaine peut récompenser son zèle par une indemnité variable, mais qui ne dépasse pas 50 centimes par jour, payable sur les fonds de l'ordinaire.

68. À quoi servent les fonds de l'ordinaire, qui en est détenteur et comment sont-ils constitués?

Les fonds de l'ordinaire ont pour but unique d'assurer, concurremment avec les denrées fournies par l'État, la subsistance de la troupe.

Le capitaine dépose chez le trésorier du corps les fonds d'économie du boni, il ne garde par devers lui qu'une somme dont le chef de corps fixe le maximum, il paie les dépenses au jour le jour par l'intermédiaire du sergent-major et du caporal d'ordinaire; les acquits figurent sur le cahier d'ordinaire.

Les fonds de l'ordinaire sont alimentés par des prestations d'alimentation normales et éventuelles et par diverses recettes.

Les recettes de l'ordinaire sont:

1o Une prime fixe journalière d'alimentation de 0f 225 par homme en France, 0f 265 en Algérie et Tunisie[9];

2o Une prime journalière de viande (correspondant au prix de 320 grammes de viande, variable suivant le cours de la boucherie) [en ce moment centimes][10];

3o Un versement fait par les militaires qui ne vivent pas à l'ordinaire et qui y prennent le café;

4o Le produit de la vente des os, eaux grasses et débris de réfectoires; la valeur de la moitié des rations de pain économisées dans l'année;

5o La solde des caporaux et soldats punis de prison et de ceux irrégulièrement absents le dernier jour du prêt ou au moment de son paiement;

6o Les prestations éventuelles lorsqu'elles sont allouées.

69. Quelles sont les prestations éventuelles?

Elles sont allouées dans des circonstances spéciales, savoir:

Prime no 1 (boissons hygiéniques et liquides) 0 f 05
Prime no 2 0   10
Prime no 3 (marches et manœuvres) 0   15
Prime no 4 (marches et manœuvres alpines) 0   20
Indemnité du 14 juillet (fête nationale) 0   30

70. Quelles sont les dépenses de l'ordinaire?

L'ordinaire paie toutes les denrées qui servent à la nourriture des soldats (le pain de table excepté) et toutes les boissons qui leur sont fournies.

71. Quel est le taux, par homme et par jour, des principales denrées achetées par l'ordinaire?

Viande de boucherie 320 gr. par jour au moins.
Poisson 180 à 200 gr. par repas.
Lapin, oie, chevreau, etc. 140 à 150 gr. par repas en moyenne.
Pain de soupe 50 à 60 gr. par soupe.
Légumes Quantité variable suivant le menu
(en moyenne 1 kilo par jour).

72. Les soldats sont-ils libres de manger où ils veulent, à la cantine, par exemple?

Non. Les soldats sont tenus de manger à l'ordinaire, à la table commune, avec leur escouade.

Lorsqu'on sait que l'on s'absentera de l'ordinaire, voir et prévenir le sergent-major (pour ne pas acheter de denrées en excédent).

73. Qu'est-ce que le boni?

Le boni de l'ordinaire est la différence entre les recettes et les dépenses. Il est fait pour parer aux besoins spéciaux, aux variations de l'effectif ou de la valeur des denrées et pour améliorer les repas les jours de fête ou de fatigue. Le boni est déposé dans la caisse du corps.

Allocations gratuites.

74. Quelles sont les allocations gratuites distribuées en nature?

Les allocations distribuées gratuitement sont:

Pain (ration journalière)   675 grammes.
ou Pain biscuité de repas   700
ou Pain de guerre   600
Conserves de viande 200 gr.   à certains jours indiqués, la prime de viande n'est alors pas perçue ces jours-là.
Porc salé 240 gr.  

Distributions.

75. Quel est le rôle des gradés et des hommes de corvée aux distributions?

Ils ne sont pas seulement chargés d'assurer le transport des denrées distribuées, mais ils doivent surveiller les pesées et le mesurage de ces denrées, puis en examiner la qualité; s'ils ont des observations à faire à ce sujet, ils les adressent à l'officier chargé du service.

Hygiène de la viande et des légumes.

76. La viande fraîche doit toujours être vérifiée, avant la distribution, par un vétérinaire ou par un médecin et par l'officier de distribution. Il importe ensuite que les hommes de corvée et les cuisiniers donnent à la viande des soins particuliers: la placer dans des paniers propres, ne pas la déposer sur le sol ou sur des tables non nettoyées, la couvrir, puis, en attendant la cuisson, la suspendre à l'air, à l'ombre dans un local frais et sombre où les mouches ne puissent pas pénétrer.

De même, il faut éviter que les légumes, et, en particulier, les pommes de terre épluchées, soient souillés.

Salles de récréation ou cercles pour les caporaux et soldats.

77. Le service intérieur prescrit de créer dans les casernes des salles de récréation ou cercles pour les caporaux et soldats, qui ont pour but de leur procurer, à certaines heures, un local pour écrire, lire, travailler, s'amuser ou jouer, et dans lequel on peut leur servir des boissons hygiéniques.

Ces installations sont organisées en groupements coopératifs; on peut les considérer comme un prolongement de l'ordinaire.

Il y a tout intérêt, au point de vue de l'hygiène et de la bonne camaraderie, à fréquenter ces locaux partout où on a pu les organiser.

La gaieté, l'ordre et la plus parfaite mutualité doivent y régner.

Solde.

78. Qu'est-ce que le prêt?

Le prêt est la solde du soldat, qui lui est payée tous les dix jours, par le caporal; il permet au soldat d'acheter les menus objets dont il a besoin et de payer son tabac.

La solde journalière est {pour le soldat .... 0 f 05
{pour le caporal .... 0   22

Tabac.

79. Le soldat a-t-il droit au tabac?

Oui, s'il fume, il a droit à un paquet de 100 grammes de tabac, dit tabac de cantine, moyennant le paiement de 0 fr. 15, tous les dix jours, les 10, 20 et 30 du mois.

Chauffage et éclairage.

80. Tout ce qui se rapporte au chauffage et à l'éclairage des divers locaux, cuisines, corridors, cours, est payé par les fonds de la masse de chauffage du corps.

Les allocations de cette masse sont déterminées suivant les régions, les saisons, les locaux et le nombre d'hommes.

Couchage et casernement.

81. La masse de couchage et d'ameublement du corps pourvoit aux dépenses de l'entretien du couchage hommes et du mobilier (y compris les ustensiles des chambres, tels que balais, paillassons, fauberts, planches pour listes d'appel et états de casernement, planches à astiquer, crachoirs).

Celle du casernement pourvoit à l'entretien et aux réparations des locaux du casernement.

CHAPITRE V
HYGIÈNE MILITAIRE

Soins de propreté corporelle.

82. Qu'est-ce que l'hygiène en général?

L'hygiène est la science du savoir-vivre en tout ce qui concerne la conservation de la santé et le développement normal et esthétique du corps humain.

83. En quoi sont bons et utiles les soins corporels?

Une exquise propreté corporelle est la première condition pour bien se porter.

La peau de l'homme a diverses fonctions[11]: elle absorbe des gaz de l'air environnant et produit un certain dégagement d'acide carbonique; par la sueur elle élimine de l'eau, des sels minéraux, de l'urée, des produits excrémentiels, puis elle sécrète une matière grasse qui lui donne son onctuosité.

Pour bien remplir ces fonctions, la peau du corps entier doit être constamment propre.

Un des premiers bienfaits de cette propreté, c'est la préservation des maladies de la peau: démangeaisons, boutons ou éruptions, pelade, gale, insectes parasites, etc...

En outre, on a partout un sentiment de répulsion à l'égard des gens malpropres.

Les soins corporels comprennent:

1o Le lavage chaque jour, et même plusieurs fois par jour, du visage, du cou et des mains;

2o Le maintien constant en état de propreté des pieds et des parties génitales;

3o Un grand bain ou une douche tous les huit ou quinze jours, si possible;

4o L'entretien constant des ongles, du cuir chevelu et des cheveux;

5o Le rinçage journalier de la bouche et le brossage des dents matin et soir.

84. Quelles recommandations importe-t-il de faire au sujet des ustensiles de toilette et du linge?

Ces ustensiles, tels que peignes, brosses, éponges, serviettes, doivent être entretenus dans le plus grand état de propreté; ils sont absolument personnels, il ne faut jamais les prêter.

Le linge de corps doit être changé au moins une fois par semaine, c'est une nécessité absolue.

Tenue des chambres.

85. Quelles sont les mesures générales à observer dans l'intérêt de l'hygiène de la chambrée?

Il faut décrotter ses chaussures à l'extérieur, nettoyer et battre ses vêtements en dehors de la chambrée, ne pas mettre de linge entre la paillasse et le matelas, ne pas fumer la nuit (ni lorsque les fenêtres sont fermées); il est défendu de se coucher sur les lits avec de la chaussure, de manger sur les lits, de cracher et de jeter les bouts de cigarettes ou les fonds de pipe ailleurs que dans les crachoirs.

Les chambres sont nettoyées avec un faubert humide; l'interdiction du balayage à sec sur les surfaces imperméables est absolue.

Le système d'aération prescrit pour les chambres doit être constamment maintenu en hiver comme en été.

Tous les samedis, il faut nettoyer à fond les planchers et les vitres, puis battre à l'air les couvertures et les matelas[12].

Plus est considérable une agglomération humaine, plus rigoureuse doit être l'observation des principes d'hygiène et de propreté; sans cela, les maladies y éclosent facilement et s'y propagent dans de grandes et déplorables proportions.

Boissons.

86. Quelles sont les recommandations au sujet des boissons du soldat?

Les soldats sont absolument obligés de ne boire que de l'eau déclarée potable. Toute infraction à cette prescription peut être la cause d'épidémies ayant les conséquences les plus funestes.

Les eaux malsaines ou peu sûres ont de grandes chances de contenir le microbe de la fièvre typhoïde, l'eau est son véhicule ordinaire.

On ne boira donc que des eaux potables provenant de sources vérifiées, ou des eaux filtrées, stérilisées, ou bouillies.

Au point de vue du goût, il est bon de les couper avec du café, du thé, du vin ou de l'eau-de-vie.

Lorsque les soldats ont des occasions de boire du vin, de la bière, du cidre ou d'autres liquides, qu'ils sachent être sobres, c'est de l'hygiène et c'est une qualité précieuse.

87. De quoi doit-on se servir pour boire?

Le soldat ne doit jamais boire à la cruche (prescription formelle), chacun se sert de son quart.

Recommandations pour les marches, manœuvres et la vie au bivouac.

88. Quels soins particuliers doit avoir le marcheur, le fantassin?

Il faut qu'il veille à sa chaussure, qui doit être souple et en bon état à l'intérieur et à l'extérieur, puis il importe absolument qu'il soigne ses pieds avant le départ et dès l'arrivée.

Il faut se maintenir les pieds propres, sans cependant les laver à grande eau; les essuyer et les graisser; pour cela, on emploie la graisse que le capitaine fait donner ou simplement du suif. Traverser les ampoules avec un fil de soie propre et les passer avec une bande de toile suiffée. Il faut se faire couper les ongles et les cors avec soin.

89. Peut-on boire et manger en route?

Le soldat boit ce qu'il a dans son bidon, mais il ne s'arrête nulle part pour prendre de l'eau sans autorisation, ou si l'ordre n'en a pas été donné; en principe, il faut boire le moins possible, se gargariser si la soif est trop vive.

L'ingurgitation rapide de grandes quantités d'eau pendant les marches est souvent suivie d'accidents graves et même de mort.

À la grand'halte et à l'arrivée, il est prudent de manger un peu avant de boire. Quand on est en transpiration, on doit boire lentement et à petites gorgées.

On doit s'abstenir de boissons alcooliques.

Autant que possible on ne part pas à jeun. Le soldat peut en marchant manger un casse-croûte, mais il ne doit consommer les aliments destinés à la grand'halte ou aux repas que lorsque l'ordre en est donné.

90. Quelles sont encore les précautions générales à prendre?

Se conformer, en été et en hiver, aux ordres donnés pour le port des vêtements, et pour la façon de les ouvrir ou de les fermer selon la température,—se préserver du soleil par le couvre-nuque,—ne pas se coucher sur la terre humide pendant les haltes.

En rentrant d'une marche, il faut fermer les fenêtres pour éviter les courants d'air; il ne faut pas se dévêtir, à moins qu'on ne veuille changer de linge; dans ce cas, le faire rapidement.

Après une grande fatigue suivie de transpiration, un repos complet et immédiat est pernicieux; le mouvement fait éviter les refroidissements.

Au bivouac, il faut pratiquer toutes les mesures ordinaires d'hygiène et surveiller surtout la propreté, la qualité de l'eau et les refroidissements.

Maladies contagieuses et diverses.

91. Que doit-on faire à l'égard des maladies contagieuses?

Dans les casernes, les hommes atteints de maladies contagieuses doivent être isolés au plus tôt; les hommes de la chambre du malade évitent de pénétrer dans les chambres voisines, car ils peuvent être propagateurs de la maladie. S'il y a lieu, on désinfecte la chambre et les vêtements du malade.

Les maladies dont on peut éviter la propagation sont: la tuberculose (aération, soleil, éviter les poussières, ne pas cracher à terre); la fièvre typhoïde (ne boire que de l'eau potable); les maladies vénériennes, parmi lesquelles la syphilis qui a des conséquences déplorables; non seulement elle s'attaque à l'individu qu'elle frappe d'une empreinte terrible, mais elle rejaillit encore sur sa descendance et affaiblit la race (fuir les femmes suspectes, se méfier de tout contact avec un malade, voir de suite un médecin si on est atteint).

L'hygiène veut la tempérance qui évite l'alcoolisme, véritable maladie, dont les conséquences sont funestes pour la santé de l'homme et pour sa vie (ne pas boire d'alcool, pas d'apéritif à alcool, et modérément le vin, la bière, le cidre, etc.).

92. Comment soigne-t-on une plaie?

Toute plaie, si petite soit-elle, doit être nettoyée de toute souillure avec de l'eau phéniquée, ou avec une solution de sublimé, d'acide boriqué ou simplement avec de l'eau bouillie. Mettre ensuite la plaie à l'abri de l'air, au moyen d'un pansement propre et de préférence aseptique.

Paquet individuel de pansement en campagne.

93. En campagne, chaque homme possède un paquet individuel de pansement destiné à procurer au blessé un premier pansement en attendant les soins du médecin; il se compose de: un plumasseau d'étoupe enveloppée de gaze, une compresse en gaze, une bande de coton, deux épingles de sûreté (le tout dans une double enveloppe). Il se place dans la poche intérieure gauche de la capote cousue à gros points. Interdiction est faite de l'ouvrir avant le moment précis de l'utiliser.

CHAPITRE VI
SERVICE DES PLACES

Principes généraux.

94. Comment le soldat doit-il considérer le service des places?

Comme un service très important. On doit s'y préparer et se présenter à l'inspection de la garde étant propre et brillant, avec un sac chargé réglementairement[13].

Dans le service des places, on doit être attentif, ponctuel et leste. Le soldat de garde est souvent une autorité; on compte sur lui pour la garde de personnes et d'établissements importants; il a parfois le droit de vie et de mort sur quiconque n'obéit pas aux ordres de la consigne.

Aussi aucune négligence ne doit être tolérée.

95. Quels sont les principaux devoirs dans les postes?

On ne quitte jamais son poste, on ne se déshabille pas, on n'enlève ni son équipement, ni son épée-baïonnette et on ne joue pas.

Chaque homme du poste a un numéro; les sacs et les fusils sont placés par numéro.

Il faut bien écouter et retenir les consignes données, puis lire celles affichées dans le poste et dans la guérite.

L'homme de garde doit ponctuellement obéir au chef de poste, car c'est lui qui est responsable.

96. Qu'est-ce que le mot?

C'est un moyen de reconnaissance. Il comprend deux noms: 1o le mot d'ordre, qui est le nom d'un grand homme, d'un général célèbre ou d'un brave mort au champ d'honneur; 2o le mot de ralliement, qui est le nom d'une ville, d'une bataille, d'une vertu civile ou guerrière.

Exemple: Napoléon, Nancy. Le mot varie tous les jours.

97. Quels sont les droits des commandants d'arme d'une place?

Lorsque les circonstances l'exigent, le commandant peut consigner dans l'intérieur de la place tout ou partie des troupes de la garnison.

Dans les circonstances graves, le commandant d'armes peut consigner dans les casernes la totalité ou une partie des troupes de la garnison.

Les chefs de corps et de détachements ont ce même droit pour leurs troupes.

Hors le cas d'urgente nécessité, elles ne peuvent, sans l'autorisation du commandant territorial, être prolongées au delà de vingt-quatre heures.

98. Comment une troupe se rend-elle aussitôt à la caserne?

L'alarme est annoncée par la générale; tous les militaires sont tenus de se réunir sur-le-champ au corps dont ils font partie.

99. Comment opère un chef de détachement appelé à mettre de l'ordre en ville dans un local où des soldats seraient impliqués?

Si le local est public, le militaire envoyé opère directement avec énergie; si le lieu est clos, il ne peut y entrer sans la réquisition de l'occupant, ou sans l'assistance d'un commissaire de police ou sans les cris: Au feu! à l'assassin! au secours! au voleur!

Sentinelles—Troupes—Rondes—Patrouilles.

100. Quels sont les devoirs généraux des sentinelles?

Les sentinelles ont toujours la baïonnette au canon; elles ne portent pas le sac; elles peuvent avoir l'arme au pied ou sur l'épaule; elles ne la quittent jamais, même dans la guérite; lorsqu'elles sont dans le cas de se mettre en défense, elles croisent la baïonnette.

Elles doivent toujours garder une attitude militaire, ne parler à qui que ce soit sans nécessité et ne s'écarter de leur guérite à plus de 30 pas.

101. Quels sont encore les devoirs précis des sentinelles?

Les sentinelles ne se laissent relever que par un gradé du poste ou le militaire qui en fait fonction; elles ne répètent leur consigne ou n'en reçoivent de nouvelle qu'en présence du chef ou d'un gradé du poste.

Elles doivent protection, sans toutefois s'éloigner de leur poste, à tout individu dont la sûreté est menacée et qui se réfugie auprès d'elles.

La durée de la faction est de deux heures, sauf quand la rigueur de la saison ou des circonstances particulières conduisent le commandant d'armes à la réduire.

102. Quels cris une sentinelle peut-elle avoir à faire?

Si une sentinelle a besoin de se faire relever, elle crie: Chef de poste, venez relever!

Si elle aperçoit un incendie, elle crie: Au feu!

Si elle entend du bruit ou est témoin d'un désordre, elle crie: À la garde!

Si, devant les armes, elle entend la générale ou aperçoit la personne ou le corps constitué à qui on rend les honneurs, elle crie: Aux armes!

103. Que fait une sentinelle qui, la nuit, aperçoit une troupe, une ronde ou une patrouille?

La nuit, à partir de l'heure fixée par le commandant d'armes, la sentinelle qui aperçoit une troupe, une ronde ou une patrouille, crie: Halte-là! Si la troupe, la ronde ou la patrouille s'arrêtent, la sentinelle crie: Qui vive? Sur la réponse: France, ronde ou patrouille! la sentinelle crie: Avance au ralliement! Le chef s'avance et donne le mot de ralliement à la sentinelle.

Si la troupe, la ronde ou la patrouille ne s'arrêtent pas, la sentinelle répète: Halte-là! Si on continue à avancer sans répondre, la sentinelle croise la baïonnette et empêche de passer.

S'il s'agit d'une sentinelle devant les armes, dès qu'elle a reçu le mot de ralliement, elle appelle le chef de poste qui vient reconnaître.

104. Que font les sentinelles qui, la nuit, par suite de consignes particulières, ne doivent pas se laisser approcher?

Elles crient d'une voix forte à toute personne qui passe à proximité: Halte-là! et, après ce cri répété une deuxième fois: Au large!

Si on ne s'était pas arrêté, elles auraient croisé la baïonnette et empêché de passer.

La sentinelle reconnaît la ronde.

105. Que doit faire, la nuit, une sentinelle qui ne doit pas se laisser approcher et qui a son arme chargée?

En cas d'alarme, de troubles ou d'attaque, la sentinelle crie à celui qui vient à elle: Halte-là! on ne s'arrête pas, elle répète une seconde fois: Halte-là! et, s'il y a lieu, elle crie: Halte-là ou je fais feu!

Si alors on continue à s'avancer, elle fait feu et appelle la garde.

106. Quelle est la consigne spéciale pour les sentinelles des postes placés aux prisons?

Art. 35.—Dans les postes placés aux prisons, la consigne générale est complétée, en ce qui concerne les devoirs des factionnaires, par les dispositions ci-après:

1o Les factionnaires veillent à la sûreté de l'établissement et avisent le chef de poste de tout fait de nature à la compromettre;

2o Lorsqu'ils n'ont point, en vertu des instructions reçues, leurs armes chargées, ils disposent de deux cartouches libres qu'ils placent dans la cartouchière qui est le plus à portée de la main;

3o Si un factionnaire voit, pendant le jour, un détenu sur les toits ou escaladant les murs, il lui fait immédiatement la sommation de s'arrêter, et donne sur-le-champ l'alarme en criant: Aux armes! cri qui est répété par les autres factionnaires;

4o Si le factionnaire constate pendant la nuit une tentative d'évasion, il charge son fusil, en criant: Halte-là, ou je fais feu! Si, malgré cet avertissement, le détenu ne s'arrête pas, la sentinelle fait feu et appelle la garde;

5o Si un détenu paraît la nuit à une fenêtre non garnie de barreaux, le factionnaire le somme de se retirer et renouvelle deux fois sa sommation. Il ne fait feu qu'après la dernière sommation;

6o En dehors des cas visés tant à la consigne générale qu'aux numéros 4o et 5o ci-dessus, les sentinelles ne doivent faire usage de leurs armes qu'en cas de légitime défense.

Honneurs.

107. Comment se rendent les honneurs?

Pour rendre les honneurs, les militaires armés du fusil présentent l'arme en exécutant le premier mouvement de l'arme sur l'épaule droite, si les troupes sont l'arme au pied. Si elles étaient dans la position de l'arme sur l'épaule, pour «présenter les armes», exécuter le premier mouvement de Reposer arme.

Les troupes en marche et les isolés autres que les factionnaires rendent les honneurs sans mettre baïonnette au canon.

108. À qui les sentinelles doivent-elles rendre les honneurs?

Les sentinelles présentent les armes:

Aux drapeaux et étendards;

Aux officiers des armées de terre et de mer;

Aux troupes en armes;

Aux membres de la Légion d'honneur, porteurs des insignes de leur décoration;

Aux convois funèbres;

Aux officiers des armées étrangères.

Elles gardent l'immobilité, la main dans le rang et l'arme au pied pour:

Les adjudants-chefs;

Les adjudants et assimilés;

Les décorés de la médaille militaire porteurs de leur médaille.

Garde de police de la caserne.

109. Quelle garde commande-t-on à la caserne?

On commande à la porte de la caserne un poste réduit au strict nécessaire.

110. Quelle est la consigne de ce poste?

Elle varie par caserne, c'est le chef de corps qui la donne suivant les circonstances.

111. Quels sont les devoirs de la sentinelle à la porte du quartier?

La sentinelle remplit les devoirs généraux des sentinelles et crie: Aux armes! lorsque le chef de corps vient à la caserne. Elle prévient le chef de poste de tout ce qu'il y a d'irrégulier autour de la caserne ou dedans.

112. Qu'a-t-elle à faire relativement aux entrées et aux sorties de la caserne?

En principe, sans l'autorisation du chef de poste:

1o Elle ne laisse sortir du quartier aucun étranger avec un paquet ou une arme, ni un caporal ou soldat avec un paquet, un fusil ou un revolver;

2o Elle n'y laisse entrer aucun étranger ou homme de troupe d'un autre corps.

Après l'appel du soir, elle fait entrer au corps de garde les militaires de tous grades qui entrent ou sortent; elle signale au sergent les lumières non éteintes après la sonnerie de l'extinction des feux.

Elle ne laisse entrer aucun chien à la caserne.

Service de planton—Service en cas de troubles—Main-forte due à l'autorité.

113. En quoi consiste le service de planton?

Un militaire de planton est un agent qui a une certaine importance, dans l'exécution du travail journalier des divers services d'un régiment et des états-majors.

114. Quelle doit être la qualité du soldat planton?

Le planton doit être actif et consciencieux, car il est chargé soit de transmettre des ordres et des papiers importants, soit de garder des archives et des pièces confidentielles, soit encore d'exercer une surveillance déterminée ou de faire observer une consigne particulière. Ce service ne doit souffrir aucune négligence; il faut que tout soldat en soit bien pénétré.

115. Que font les troupes lorsque la force militaire est réquisitionnée?

Pour maintenir l'ordre public, ou pour assurer l'exécution des lois, l'autorité militaire n'agit qu'en vertu de la réquisition écrite de l'autorité civile.

Dans ce cas, les troupes ne font usage de leurs armes par le feu que si des violences ou voies de fait sont exercées contre elles, ou que si elles ne peuvent défendre autrement le terrain qu'elles occupent ou les postes dont elles sont chargées.

Elles agissent également par leurs armes quand elles se trouvent dans le cas prévu par l'article 3 de la loi du 7 juin 1848, qui dit:

«Lorsqu'un attroupement armé ou non armé se sera formé sur la voie publique, le maire ou l'un de ses adjoints, à leur défaut le commissaire de police ou tout autre agent ou dépositaire de la force publique et du pouvoir exécutif, portant l'écharpe tricolore, se rendra sur les lieux de l'attroupement.

«Un roulement de tambour annoncera l'arrivée du magistrat.

«Si l'attroupement est armé, le magistrat lui fera sommation de se dissoudre et de se retirer.

«Cette première sommation restant sans effet, une seconde sommation, précédée d'un roulement de tambour, sera faite par le magistrat.

«En cas de résistance, l'attroupement sera dispersé par la force.

«Si l'attroupement est sans armes, le magistrat, après le premier roulement de tambour, exhortera les citoyens à se disperser. S'ils ne se retirent pas, trois sommations seront successivement faites.

«En cas de résistance, l'attroupement sera dispersé par la force.»

Nota.—Pour le service en cas de troubles et pour la main-forte due à l'autorité, voir le paragraphe 55 «Conduite en ville et en cas de troubles», page 23, chapitre I.

CHAPITRE VII
ARMEMENT—TIR—MUNITIONS

I—Armement.
Fusil modèle 1886, M. 93.

116. Le fantassin est armé du fusil modèle 1886 M. 93, mais les soldats du service auxiliaire ont, comme arme, le sabre série Z.

Sont armés du revolver modèle 1892, les télémétreurs, les conducteurs de caissons de munitions, de chevaux haut le pied et à la main, les pourvoyeurs de munitions, les soldats ordonnances des médecins, des officiers supérieurs et généraux.

117. Le fusil modèle 1886, M. 93, tire la balle D, dont la portée maxima théorique est de 4.800 mètres, la vitesse initiale de la balle est de 710 mètres. La cartouche pèse environ 27gr 5.

Le fusil pèse 4kg 240 et avec la baïonnette sans le fourreau, 4kg 700.

Son magasin contient huit cartouches.

On peut l'approvisionner à dix cartouches, en mettant en plus une cartouche dans le canon et une dans la boîte de culasse.

Nomenclature sommaire.

118. En combien de parties principales se divise le fusil?

Le fusil se divise en six parties principales:

  • 1o Le canon et sa boîte de culasse;
  • 2o La culasse mobile;
  • 3o Le mécanisme à répétition;
  • 4o La monture en deux pièces;
  • 5o Les garnitures;
  • 6o L'épée-baïonnette.
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