L'Instruction Théorique du Soldat par lui-même (1914)
| a. Tenons. b. Cuvette. c. Boulons. Les rainures. d. Arrêtoir du tampon-masque. | |||
| Culasse mobile. | Tête mobile. | ||
| a. Renfort antérieur. b. Logement du bouton. c. Renfort du levier. d. Levier. e. Rainure de départ. | |||
| Le Chien. | Cylindre. | ||
| a. Corps Cylindrique. b. Logement du manchon. c. Renfort. d. Cran de départ. e. Cran de l'abattu. | |||
| Extracteur. a. Talon. b. Branche. c. Griffe. |
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| Tampon-masque. | Manchon | ||
| a. Tampon. b. Masque. c. Collet. | Percuteur. | a. Cordons. b. Logement du T. |
|
| a. Pointe. b. Méplat. c. Tige. d. T. | |||
| a. Pied de hausse à griffes. b. Gradins. c. Ressort de hausse. d. Planche. f. Curseur. g. Talon de la planche. | a. Sommet du guidon. b. Guidon. c. Grand tenon. d. Petit tenon. | ||
| Hausse. | Extrémité du canon. | ||
| Fourreau | Épée-baïonnette. | ||
| a. Corps de fourreau. b. Bracelet-pontet. | a. Poignée. b. Croisière. c. Quillon. d. Douille. e. Virole. f. Poussoir. | ||
| Pièces du fusil 1886, M. 93. | |||
119. On remarque sur le canon: le guidon, le petit tenon, le grand tenon, la hausse qui comprend huit pièces (le pied de hausse à griffes avec ses gradins, ressort de hausse, planche avec ses crans de mire, le curseur, le ressort du curseur, la vis-arrêtoir du curseur et la goupille).
| Corps de Mécanisme. | |||
| Mécanisme de répétition. | a. Plaque. b. Nervures. c. Vis du ressort de gâchette. d. Oreilles. e. Trou pour l'axe du levier de manœuvre. | ||
| a. Pivot. b. Griffe. c. Queue. | |||
| Auget. | Butoir d'auget. | ||
| a. Bec. b. Talon. c. Butoir de relèvement. d. Trou de l'axe du levier de manœuvre. e. Trou du pivot du butoir d'auget. f. Évidement pour la griffe du butoir. | a. Axe. b. Came. c. Bouton quadrillé. | ||
| Levier de Manœuvre. | |||
| Mécanisme de détente. | Ressort de gâchette. | ||
| a. Tête de gâchette. b. Ailettes. c. Détente. d.d. Les 2 bossettes. | a. Balle. b. Disque. c. Pastille de cire. d. Charge de poudre. e. Couvre-amorce. f. Évents. g. Enclume. | ||
| Ressort du levier de manœuvre. | |||
| Arrêt de cartouches. | |||
| a. Levier. b. Plan incliné. c. Bec. d. Griffe. e. Ressort. | |||
| Pièces du fusil 1886, M. 93. | |||
La boîte de culasse est vissée sur le canon.
L'âme cylindrique du Canon est du calibre de 8 millimètres et a quatre rayures en hélice, tournant de droite à gauche au pas de 24 centimètres; la profondeur de la rayure est de 15 centièmes de millimètre.
Démontage et remontage.
120. Dans quel ordre s'opère le démontage du fusil?
Le démontage se fait dans l'ordre suivant:
- 1o L'épée-baïonnette (lame, poignée, croisière, quillon, douille, poussoir et fourreau);
- 2o La bretelle;
- 3o La culasse mobile (vis d'assemblage du cylindre, tête mobile, extracteur, manchon, chien, percuteur, ressort à boudin, cylindre, tampon-masque);
- 4o La vis postérieure de pontet;
- 5o La vis de mécanisme;
- 6o Le mécanisme de répétition (le corps de mécanisme, vis de mécanisme, auget, butoir d'auget, levier de manœuvre et son ressort, arrêt de cartouches et mécanisme de détente);
- 7o L'embouchoir;
- 8o La grenadière;
- 9o Le fût—il contient le magasin qui renferme le ressort et le piston (incliner le fût pour dégager le tenon d'attache);
- 10o Le canon.
Le remontage se fait dans l'ordre inverse.
121. Quelles sont les pièces du fusil que le soldat ne doit jamais démonter?
Le soldat ne démonte jamais l'extracteur, le tampon-masque, la vis de culasse ni la crosse; le mécanisme de répétition n'est démonté que par ordre et en présence d'un sous-officier.
Entretien de l'arme.
122. Quelles sont les observations générales relatives à l'entretien de l'arme?
L'entretien de l'arme est le principal devoir du soldat. En effet, le fantassin qui n'aurait pas un fusil fonctionnant parfaitement ne serait plus un soldat utile dans le combat, et il serait lui-même sans défense.
Le fusil ne doit jamais être lavé à l'eau; on n'emploie ni émeri, ni brique sèche, ni grès.
On huile toutes les pièces qui éprouvent un frottement.
123. Quels sont les objets employés pour l'entretien du fusil?
En garnison, on se sert: du nécessaire d'escouade comprenant: 1o une baguette à écouvillon, 2o une baguette à chiffon, 3o deux tournevis-chassoirs; d'une fiole d'huile au râtelier, d'une boîte de graisse, d'une pièce grasse, d'une brosse d'armes, de curettes en bois tendre, de brique pilée et délayée dans la graisse, et de quelques chiffons de linge et de drap.
Trois petites baguettes vissées bout à bout forment une grande baguette qui sert à détacher les étuis de la chambre en cas de difficultés d'extraction.
En campagne, la voiture à vivres et à bagages emporte 16 baguettes de laiton par compagnie.
124. Comment se fait le nettoyage des pièces en acier non bronzées?
On les frotte légèrement avec un morceau de drap sec et propre.
S'il y a de la rouille, on l'imbibe d'huile, ensuite on l'enlève avec un linge huilé. En cas de nécessité, employer de la brique pilée délayée dans la graisse, mais jamais pour l'intérieur du canon.
Graisser ensuite légèrement les pièces et mettre une goutte d'huile sur les filets des vis.
125. Comment se fait le nettoyage des pièces en acier et des pièces bronzées?
On les nettoie avec la brosse et des chiffons gras, mais on n'emploie que du linge ou du drap exempt de poussière; on peut au besoin mouiller légèrement le chiffon, bien essuyer et graisser.
La rouille se combat avec un morceau de drap légèrement gras.
126. Comment entretient-on le bois?
L'essuyer avec un linge sec, puis après la pluie avec un chiffon huilé.
127. Comment nettoie-t-on son fusil après les exercices et le tir?
Ouvrir le tonnerre, retirer la culasse mobile en arrière jusqu'à l'arrêt, passer la baguette de nettoyage dans le canon pour bien essuyer l'intérieur, puis graisser avec l'écouvillon ou un chiffon gras.
Essuyer et graisser sur place les parties extérieures de l'arme, y compris la culasse mobile.
128. Comment se fait le nettoyage si l'arme a été mouillée (ou exposée à une forte poussière)?
Dans ce cas, on enlève la culasse et le mécanisme de répétition et on procède au démontage et au nettoyage des pièces pour lesquelles cela est nécessaire.
129. Quelles sont les pièces qui doivent être huilées?
Mettre une goutte d'huile à toutes les pièces qui éprouvent un frottement ou un mouvement de rotation et aux vis:
Boîte de culasse.—La tranche postérieure de l'échancrure et la rampe de dégagement.
Hausse.—La charnière.
Culasse mobile.—Son canal, la pointe du percuteur, la griffe de l'extracteur, les rampes du cylindre et du chien, les crans du chien et les logements du tampon-masque.
Mécanisme.—Les axes, le bec et le talon d'auget, son butoir, la griffe d'arrêt de cartouches, la tête de gâchette, les bossettes de la détente et le piston de magasin.
II—Tir.
Instruction du tireur.
130. Qu'est-ce que la trajectoire?
C'est la courbe que décrit la balle pendant son trajet dans l'air.
131. Qu'est-ce que la ligne de tir?
C'est l'axe du canon indéfiniment prolongé dans la position du pointage.
132. Qu'est-ce que la ligne de mire?
La ligne de mire est celle qui est déterminée par le milieu de la ligne qui joint les bords supérieurs du cran de mire et par le sommet du guidon.
133. Qu'est-ce que la portée?
La portée est la distance du point de départ de la balle à son point de chute.
La portée maxima du fusil est actuellement de 3.200 mètres.
134. Qu'est-ce que tirer un coup de fusil sur un point déterminé?
C'est réunir en une seule opération les trois opérations ci-après: Pointer l'arme.—La maintenir en direction.—Agir sur la détente.
135. Qu'est-ce que pointer?
C'est diriger la ligne de mire sur le but à atteindre.
136. Comment maintient-on bien l'arme en direction?
Mise en joue.
En prenant régulièrement et avec calme la position du tireur et de joue, en conservant l'œil toujours lié à la ligne de mire et en diminuant l'amplitude des oscillations de l'arme, de manière à maintenir la ligne de mire sur le point à viser.
137. Comment doit-on agir sur la détente?
Étant en joue, serrer l'arme à la poignée, agir sur la détente avec l'extrémité antérieure de la deuxième phalange du doigt pour amener la seconde bossette de la détente contre le dessous de la boîte de culasse, marquer un temps d'arrêt, retenir sa respiration, et à l'instant où la ligne de mire passe par le point visé, laisser partir le coup, en fermant lentement le doigt d'un mouvement continu et sans saccade.
138. À quoi sert la hausse?
Elle sert à donner au fusil l'inclinaison voulue pour atteindre le but visé.
L'inclinaison est d'autant plus grande que la distance est plus éloignée.
139. Comment manie-t-on le curseur?
On couche la planche en avant ou en arrière pour manier le curseur entre le pouce et l'index.
140. Qu'est-ce que la vitesse du tir?
C'est le nombre de balles qu'un homme tire dans une minute.
141. Qu'est-ce que l'effet utile?
C'est le nombre de balles qu'un tireur met dans le but en une minute.
142. Quelles sont les règles d'emploi de la hausse?
Il y a trois règles d'emploi de la hausse qui sont:
1o De 0 à 250 mètres, viser par le cran de mire du pied de la planche (planche rabattue en avant);
2o De 250 à 800 mètres, viser par le cran de mire de l'arrière de la planche (rabattre la planche sur son pied, placer le curseur sur le gradin correspondant à la distance indiquée);
3o De 800 à 2.400 mètres, viser par le cran de mire du curseur, le bord supérieur du curseur à hauteur du trait marquant la distance.
Des traits et des chiffres gravés sur les côtés de la planche indiquent les distances de 100 en 100 mètres (sur le côté droit les centaines impaires, sur le côté gauche les centaines paires); des petits traits intermédiaires donnent les distances de 50 en 50 mètres.
Prendre la hausse correspondant à la distance indiquée.
Dans le cas d'une distance comprise entre deux graduations consécutives, prendre la hausse supérieure.
Aux distances de combat rapproché, prendre la hausse de 400 mètres, qui répond, dans presque tous les cas, aux nécessités du moment.
Tireur utilisant l'angle d'un mur comme abri et appui.
143. Le soldat isolé doit-il tirer?
Il doit tirer le moins possible. En principe, quand il en a reçu l'ordre, quand il doit pourvoir à sa propre défense, ou quand d'urgence il doit signaler la présence de l'ennemi.
Il a son fusil toujours approvisionné et chargé au moment de tirer.
144. Comment doit se placer et que doit faire le soldat isolé appelé à tirer?
Il cherche avant tout à voir, puis à se couvrir ou à s'abriter, enfin à trouver un appui pour son arme. Avec calme il apprécie la distance et juge s'il doit tirer; il estime simplement si le but est plus presque 250 mètres, entre 250 et 400, entre 400 et 500 mètres ou à 600 mètres.
145. Quelles sont les plus grandes distances auxquelles l'isolé peut tirer?
Le soldat isolé ne doit pas tirer à plus de:
400 mètres sur un isolé (fantassin ou cavalier);
600 mètres sur un groupe d'au moins 4 hommes.
Ne pas tirer à des distances supérieures; il est avantageux d'attendre que le but soit plus rapproché.
Tireur abrité des vues de l'ennemi.
146. Quelles règles de tir doit observer le soldat isolé?
1o Prendre la hausse de la distance évaluée;
2o Le point à viser est le bord inférieur de la partie visible du but.
Si le but se déplace transversalement, on vise le bord du côté de la marche.
Par un vent soufflant de côté, on vise le bord d'où vient le vent;
3o Tirer lentement coup par coup;
4o Observer l'effet de son tir;
5o Faire usage de la répétition dans les circonstances pressantes.
Tirs exécutés à l'instruction.
147. Quels sont les tirs exécutés à l'instruction?
1o Des tirs réels à distance réduite (ou des tirs réduits si les tirs réels ne peuvent avoir lieu);
2o Des tirs d'instruction jusqu'à 400 mètres;
3o Des tirs d'application se rapprochant du tir de guerre;
4o Des tirs individuels de combat, à distance inconnue.
Le soldat choisit lui-même la hausse et la position à prendre;
5o Des tirs de groupe de 400 à 1.200 mètres (avec cartouches à blanc et d'autres avec cartouches à balle);
6o Des manœuvres avec tir réel.
Les tireurs utilisent les fossés de la route comme abris.
148. Tir.—Comment se pose le tireur faisant partie d'une troupe dirigée par un chef, dans le tir du groupe?
Il doit trouver sa place dans l'espace dont il peut disposer sans gêner ses voisins et sans être gêné par eux; il prend la position prescrite, ou, si elle n'est pas fixée, celle qui lui permet le mieux d'utiliser le tir.
149. Quels sont les principes du tir du groupe?
Dans le tir du groupe, le feu est ouvert, arrêté et repris au commandement du chef.
Les tirailleurs prennent la hausse indiquée et la vérifient souvent; ils ont les yeux fixés sur l'objectif, écoutent les commandements et les transmettent au besoin. Chaque tireur tire comme s'il était isolé.
La vitesse du tir ne doit pas dépasser 8 à 9 coups par minute (ou 11 à 12 à répétition). (Simple indication.)
150. Quels sont les deux principes de la discipline du feu par groupe?
1o S'appliquer à distinguer l'objectif et le viser consciencieusement avec la hausse prescrite;
2o Ne pas tirer une seule cartouche, ni faire usage de la répétition sans l'ordre du chef.
151. Quelle attention le soldat doit-il apporter dans les tirs?
Le soldat doit donner toute son attention aux tirs, car il importe absolument que le fantassin soit un bon tireur.
Le fusil et la balle sont des objets sans vie, ils ne produiront aucun effet si le tireur est un incapable.
Mur écrêté pour protéger les tireurs.
Classement des tireurs dans la compagnie—Récompenses et concours.
152. Comment se fait le classement des tireurs dans la compagnie?
Lorsque la saison des tirs est terminée, le capitaine établit dans sa compagnie le classement des tireurs, en se basant sur les résultats obtenus dans toutes les parties de l'instruction technique et tactique du tireur.
Le capitaine nomme tireurs de 1re classe tous les bons tireurs.
Il donne le cor de chasse en drap aux très bons tireurs (le nombre de cors de chasse ne peut dépasser le cinquième du nombre des caporaux et soldats).
Les soldats qui n'ont pas été admis aux tirs d'application ne sont pas classés.
Les soldats sont classés dans les catégories suivantes: tireurs de 1re classe ayant le cor de chasse;—tireurs de 1re classe;—assez bons tireurs;—tireurs médiocres;—mauvais tireurs.
153. Comment se fait le concours du corps entre les caporaux et soldats?
Le concours se fait entre les caporaux et soldats du régiment qui ont obtenu les meilleurs résultats dans les tirs de l'année.
Prix.—Un nombre d'insignes de tir en argent et de cors de chasse brodés, calculé à raison d'un insigne de tir et de trois cors de chasse par compagnie. La présence de la section hors rang dans le concours augmente d'un le nombre des cors de chasse.
Un des insignes de tir est doré (1er prix).
Ces prix sont décernés aux tireurs concurrents qui ont obtenu les meilleurs résultats, quelles que soient leurs compagnies.
Les tireurs qui reçoivent un insigne ont en outre droit à l'un des cors de chasse brodés.
154. Comment se portent l'insigne de tir et le cor de chasse brodé?
L'insigne de tir et le cor de chasse brodé sont la propriété du tireur; il les porte pendant toute la durée du service actif, ainsi que pendant les périodes de rappel à l'activité.
Les sous-officiers, caporaux et soldats qui ont obtenu deux années de suite le cor de chasse brodé reçoivent, en échange, un cor de chasse brodé surmonté d'une grenade de même métal.
Le port de l'insigne de tir est obligatoire en grande tenue, en tenue de sortie et en tenue de campagne.
Il est fixé à droite, du côté opposé aux décorations, à hauteur du deuxième bouton, l'épingle passée dans deux atoles cousues sur le vêtement.
III—Munitions.
Cartouches de tir.
155. Quelles sont les cartouches allouées pour les tirs de l'armée?
On alloue à chaque militaire 190 cartouches par an. L'ensemble des cartouches d'une compagnie est à la disposition du capitaine, pour les employer au mieux de l'instruction.
On alloue en outre 50 cartouches par homme participant aux manœuvres avec tir réel.
On accorde 200 cartouches à blanc modèle 1897 pour les exercices et les manœuvres.
156. Munitions en campagne.—Quelles sont, en temps de guerre, les cartouches à la disposition de chaque soldat?
| Chaque homme porte dans ses cartouchières | 88 | cartouches | 120 | cartouches. |
| La voiture de munitions lui en transporte | 32 | — | ||
| La voiture de munitions en porte en outre 16.384, soit par homme | 72 | — | ||
| Le parc du corps d'armée en porte: | ||||
| Au 1er échelon et au 2e échelon, une quantité approximative de 110 par homme | 110 | — | ||
| —— | ||||
| Total | 302 | cartouches. | ||
Portent 120 cartouches avec eux:
1o Les caporaux et les chasseurs de tous les bataillons de chasseurs à pieds;
2o Les caporaux et les soldats de tous les corps d'infanterie des 6e, 7e et 20e corps d'armée.
157. Lorsque, sur la ligne de feu, le tirailleur n'a plus ou presque plus de cartouches, comment se fait le ravitaillement?
Des hommes pris dans les compagnies de réserve, qui sont en arrière, sont commandés pour ce service. Ils reçoivent des cartouches des voitures de munitions et des sections de munitions, puis, munis de bissacs, ils les portent aux tirailleurs sur la ligne. (Ils conservent leur équipement et leur fusil et demeurent sur la ligne de feu.)
CHAPITRE VIII
HABILLEMENT—PAQUETAGE—TENUE
Habillement et entretien.
158. Quels sont les effets d'habillement qui sont confiés aux soldat?
Le soldat est pourvu:
1o D'effets de toile: 2 bourgerons et 2 pantalons de treillis (pour l'intérieur, les corvées et certains exercices);
2o D'une collection no 3 (d'instruction ou d'exercice), comprenant: 1 képi, 1 veste, 1 capote, 1 pantalon, 1 bonnet de police et une paire d'épaulettes (les corps qui n'ont pas la collection de guerre ont deux collections no 3);
3o D'une collection no 2 (d'extérieur, revues et dimanches), comprenant: 1 képi, 1 veste, 1 capote, 1 pantalon, 1 tunique et 1 paire d'épaulettes;
4o D'une collection de guerre ou collection no 1, comprenant: 1 képi, 1 capote et 1 pantalon. Cette dernière collection, qui comprend en outre une paire de brodequins, reste déposée au magasin de la compagnie[14].
Placement des effets pour une revue de détail.
- 1. Boîte individuelle de conserve.
- 2. Chemise.
- 3. Caleçon.
- 4. Serviette.
- 5. Cravate.
- 6. Livret individuel.
- 7. Jambières en cuir.
- 9. Cuillère et fourchette.
- 10. Sachets de petits vivres, pour 2 jours.
- 11. Pains de guerre (600 gr. pour 2 jours, 12 tablettes).
- 12. Cartouches ou plomb destiné à faire un poids équivalent.
- 13. Trousse en cuir, contenant la bobine.
- 14. Boutons de rechange.
- 15. Ciseaux.
- 16. Dé.
- 17. Peigne.
- 18. Mouchoir.
- 19. Calotte de coton.
- 20. Courroie de capote.
- 21. Boîte à graisse.
- 23. Baguette de fusil.
- 24. Sac de petite monture.
- 25. Brosse à habits.
- 26. Brosse à lustrer.
- 27. Brosse double.
- 28. Brosse d'armes.
- 29. Brodequins.
- 30. Brosse à laver.
- 31. Patience.
- 32. Martinet.
- 33. Brosse à boutons.
Ces effets forment les effets d'habillement proprement dits.
159. Quels sont les effets dits de grand équipement?
Le soldat a les effets de grand équipement suivants: 1 havresac, des bretelles de suspension, 1 ceinturon, 3 cartouchières, 1 bretelle de fusil et 1 courroie de bidon.
160. Quels sont les effets dits de petit équipement?
On appelle effets de petit équipement les effets suivants:
1o Tous les effets de linge, les calottes de coton, les cravates, les bretelles, les chaussettes, etc.;
2o Les chaussures et les lacets;
3o Les étuis-musettes, les brosses, les boîtes à ingrédients, les petits bidons, les quarts, les gamelles, les trousses, les menus objets, etc.
161. Comment sont fournis et remplacés les effets des différentes catégories ci-dessus?
Tous les effets des catégories ci-dessus sont fournis par le magasin de la compagnie, qui s'approvisionne au magasin du corps. Tout effet est remplacé après usure constatée dans les inspections que le capitaine passe ou qu'il fait passer.
162. Comment place-t-on les effets pour une revue de détail?
Les effets sont étalés sur le lit suivant le tableau ci-contre.
163. Comment sont marqués les effets?
Les effets sont tous matriculés, même les effets personnels dont le soldat se sert pendant son service militaire.
164. Qui répare les effets du soldat?
Toutes les petites réparations sont faites au jour le jour par l'homme, qui doit entretenir ses effets en bon état de conservation et de propreté.
Il répare son linge dès qu'il rentre du blanchissage.
165. Quels sont les menus objets dont le soldat doit toujours être pourvu pour l'entretien de ses effets et de ses armes?
Il doit toujours avoir du fil de différentes nuances, des boutons, des aiguilles, de la cire, de l'encaustique, de la graisse d'armes, des curettes en bois, du tripoli, du dégras, des clous à souliers, du suif, etc.
166. Le soldat est-il responsable de tous ses effets?
Oui, le soldat est responsable de tous les effets qui lui sont confiés. Ils sont inscrits sur le fascicule pour l'inscription des effets, qui se place pendant le service actif dans le livret individuel, au moyen de la lettre indiquant leur classement et le numéro du mois de distribution. Les effets distribués sont neufs (N), bons (B) ou d'instruction (I).
Un effet distribué bon en avril 1911 s'inscrira: B 4 dans la colonne de l'année. L'homme doit s'assurer souvent de la régularité des inscriptions, puisqu'il est responsable.
167. Que deviennent les effets d'un soldat qui s'absente?
Les effets que l'homme laisse en allant en permission, en congé ou à l'hôpital, sont placés dans son havresac que l'on dépose au magasin. L'état en est établi, signé par le sergent-major et par l'homme; si l'homme ne peut assister à l'inventaire, le caporal et un soldat le remplacent.
168. Comment s'alimente la masse d'habillement de la compagnie?
Elle s'alimente, pour l'infanterie, par une prime de 0f 254 par journée d'homme présent[15].
169. Quelles dépenses incombent à cette masse d'habillement?
Les fonds particuliers de la masse d'habillement de la compagnie fournissent d'abord tous les effets d'habillement[16], de grand et de petit équipement; ils pourvoient, en outre, aux dépenses suivantes:
1o Frais et matériaux pour les réparations à l'habillement, à la chaussure et à la coiffure;
2o Diverses dégradations résultant de la faute et de la négligence des hommes (l'homme est alors souvent punissable);
3o Achat et entretien du petit matériel des chambres, cuisines et réfectoires (cruches, ustensiles et linge de cuisine, vaisselle, etc.);
4o Blanchissage. Objets nécessaires à l'hygiène et à la propreté corporelle;
5o Instruments et ingrédients du perruquier.
Sortie en ville—Tenues—Cheveux—Barbe.
170. Quelles sont les attentions qu'on doit avoir dans ses sorties?
Il est interdit aux militaires de fumer la pipe dans les rues, de mettre les mains dans les poches ou de lire en circulant en ville, de se donner en spectacle dans les luttes et fêtes foraines. On peut leur accorder une autorisation pour figurer honorablement dans diverses réunions.
La tenue doit être uniforme et réglementaire pour tous.
La tenue de sortie doit être irréprochable. Les effets, excluant toute fantaisie, doivent être très propres et toujours boutonnés, la coiffure placée droite, les épaulettes et la cravate bien ajustées, la chaussure en bon état. Le ceinturon doit serrer suffisamment la taille, mais sans que les effets fassent des plis. Le sabre-baïonnette doit tomber à deux doigts en arrière de la couture du pantalon.
Le deuil de famille se porte par un crêpe en brassard au bras gauche.
171. Quelles sont les différentes tenues?
Les tenues sont au nombre de quatre:
La tenue de travail, réglée par le commandant de l'unité ou l'officier qui commande le travail ou l'exercice;
La tenue de sortie, fixée par le commandant d'armes, qui fixe également l'heure à partir de laquelle elle doit être prise;
La grande tenue et la tenue de campagne, définies par les instructions ministérielles.
Tenue du matin. Tenue d'exercice. Tenue de garde.
172. Comment se portent les cheveux et la barbe?
Les militaires portent les cheveux courts, surtout par derrière, la moustache avec ou sans la mouche, ou la barbe entière. Pendant les périodes d'exercice, les militaires réservistes ou territoriaux sont autorisés à conserver leur port de barbe habituel.
Tenues de travail.
Les tenues de travail peuvent être en veste, en capote ou en effets de toile suivant le cas.
À la caserne, et surtout pour les repas, on est en effets no 3 ou en toile.
Port du sac.
173. Quand porte-t-on le sac?
Le sac est pris dans le courant du deuxième mois de l'instruction, il est ensuite pris pour tous les exercices, les tirs et les marches (à l'exception des exercices de l'instruction individuelle et des exercices préparatoires de tir).
Tenue de sortie. Grande tenue. Grande tenue de service.
Le chargement du sac et des cartouchières est progressivement augmenté de façon à ce que les recrues soient susceptibles de porter le chargement complet lorsqu'ils sont mobilisables.
À partir de cette date, les marches, les tirs d'application et les principaux exercices sont exécutés avec le chargement complet.
174. Quel est le chargement du sac pour les exercices journaliers?
Le chargement en tenue d'exercice comporte ordinairement:
1o Intérieur du sac: 1 chemise, 1 calotte de coton, 1 mouchoir de poche, 1 caleçon, 1 ceinture de flanelle.
La part individuelle de brosses et d'accessoires, à raison de 2 jeux complets par escouade. (Le caporal fixe la part de chacun.)
2o Extérieur du sac: Courroies roulées.
3o Chargement des hanches: Dans les cartouchières, 11 paquets de 8 cartouches, soit 4 paquets par cartouchière de devant et 3 dans celle de derrière. Dans les exercices, ces cartouches sont remplacées par un poids équivalent (sable, plomb, fonte ou briques).
4o Un outil.
Toutefois, le chargement du sac et des cartouchières est réglé par le directeur de l'exercice.
Tenue de campagne.
Tenue de campagne.
175. Dans quel ordre revêt-on ses effets d'équipement?
On met: 1o le ceinturon comprenant ses cartouchières et ses bretelles de suspension sans boucler la plaque; 2o l'étui-musette appuyé sur l'épaule droite (la banderolle de l'étui-musette est ajustée de telle façon que le bord supérieur de l'étui se trouve à environ deux doigts au-dessous de la croisière de l'épée-baïonnette); 3o le petit bidon, la courroie sur l'épaule gauche; 4o boucler le ceinturon en maintenant au-dessous la banderolle de l'étui-musette et la partie antérieure de la courroie du petit bidon; 5o le havresac.
176. Quelle est la tenue de campagne et son chargement?
Pour les corps qui ont les voitures à vivres et à bagages, les hommes sont déchargés de:
1 jour de vivres de réserve porté sur la voiture,
la veste ou tunique portée sur la voiture,
et des tiers de baguettes à fusil, des boîtes à graisse individuelles, des ficelles de nettoyage et des nécessaires d'armes remplacées par 16 baguettes de laiton par compagnie (4 par section).
La tenue de campagne comprend:
1o Sur l'homme:
1 képi ou béret, 1 capote ou manteau à capuchon pour les alpins et cyclistes, 1 pantalon, 1 paire de bretelles, 1 paire de brodequins, 1 cravate, 1 chemise, 1 caleçon, 1 ceinture de flanelle ou ceinture de laine (pour les régiments étrangers, les bataillons d'infanterie légère d'Afrique, les alpins et les cyclistes), 1 havresac, 1 ceinturon avec porte-épée, 3 cartouchières, 1 bretelle de suspension, 1 fusil avec sa bretelle, 1 épée-baïonnette, 1 petit bidon de 1 litre (de 2 litres en Afrique), 1 étui musette, 1 mouchoir, 1 quart, 1 cuillère et 1 paquet de pansement, 1 jersey et des bandes molletières (pour les alpins et cyclistes), 1 bâton ferré pour les alpins, 1 outil porté soit sur le sac, soit au ceinturon.
2o Dans l'intérieur du havresac:
1 chemise, 1 calotte de coton (réservistes et territoriaux), 1 mouchoir de poche, une trousse garnie (ciseaux, bobine avec 6 aiguilles, fil noir, gris, garance et jaune, dé et peigne) avec 1 paire de lacets de rechange, 1 courroie de sautoir (quand elle n'est pas employée), 1 morceau de savon, 1 paire de sous-pieds de rechange (pour guêtres et jambières), 1 bonnet de police, 1 sachet à vivres de réserve, 1 jour de vivres de réserve[17], 1 livret individuel dans la poche de la patelette.
Ces objets sont placés dans l'ordre suivant:
La chemise est pliée de façon à couvrir toute la surface intérieure du sac; elle forme matelas sur le dos.
Au bas du sac, 6 pains de guerre, 1 boîte individuelle de conserve de viande assaisonnée, 1 boîte de potage salé, 1 sachet contenant 1 ration de sucre et café.
Au-dessus des vivres de réserve, le mouchoir, la trousse garnie, le savon, la courroie de sautoir, la paire de sous-pieds de rechange, le bonnet de police ou la calotte de coton pour ceux qui n'ont ni le béret ni le bonnet de police.
Si le corps n'a pas de voitures à vivres et à bagages, la veste serait pliée la doublure en dedans à plat sous la patelette.
Nota.—Le couteau à conserve (1 par 3 hommes) est porté dans le sac.
Les pitons à œil pour l'attache des fusils dans les wagons (1 par 4 fusils) et les vrilles (1 par 20 fusils) par les sous-officiers ou caporaux désignés à cet effet.
Les clefs à crampons à glace (clefs à pointe et à taraud) par les détenteurs gradés attachés aux équipages, (les conducteurs et ordonnances).
3o À l'extérieur du sac:
La chaussure de repos (dans un 2e étui-musette sur le haut du sac).
1 gamelle individuelle (au-dessus de l'étui à chaussures) légèrement inclinée en arrière le couvercle en-dessus[18].
Les ustensiles de campement qui sont:
| Gamelles de campement | 2 par escouade. |
| Marmites de campement | 4 — |
| Seaux en toile | 2 — |
| Moulin à café | 1 pour 2 escouades. |
| Sacs à distribution | 2 par escouade. |
Ils sont placés:
La gamelle de campement la concavité tournée vers le sac;
La marmite de campement le couvercle en dessus de l'anse maintenue abaissée par la grande courroie du sac;
Le seau en toile à plat, le fond maintenu par la grande courroie qui passe sous les cordes en croix du fond du seau;
Le moulin à café dans la gamelle individuelle dont le couvercle est placé en dessous[19];
Le sac à distribution[20] plié et placé sur le dessus du sac;
Lanterne de cantonnement, 1 par escouade, portée par les caporaux sur la face postérieure du havresac;
2 jeux de brosses par escouade (brosse à habit, double à chaussures, 1 brosse boutons, brosse d'armes);
Placer la brosse qu'un homme a dans les chaussures de repos;
Hachette, 1 par 8 hommes.
4o Dans les cartouchières:
11 paquets de 8 cartouches; soit 4 paquets par cartouchière de devant et 3 à celle de derrière.
Exceptionnellement les hommes des 6e, 7e et 20e corps d'armée, tous les bataillons de chasseurs à pied et les troupes d'Afrique portent 120 cartouches sur chaque homme.
Le personnel des sections de mitrailleuses a 56 cartouches, ceux qui ont la carabine de gendarmerie modèle 1890 en ont 54.
5o Chaque homme a en outre:
1 paquet individuel de pansement placé dans la poche intérieure de la capote fermée par une couture à points espacés;
1 plaque d'identité avec cordon au cou;
Dans l'étui-musette: 1 quart, 1 cuillère, le pain et la partie des vivres du jour non consommée, puis une boisson préparée dans le petit bidon.
Remarques générales et observations.
Dans certains cas on est pourvu de couvertures de campement et de tentes-abris. Ces effets sont tous portés sur le havresac, roulés en fer à cheval.
Les registres de campagne sont portés par les sous-officiers comptables sous la patelette du sac.
Sont armés du revolver avec 18 cartouches, le conducteur du caisson de munition, le pourvoyeur de munitions, les ordonnances appelés à faire un service à cheval et ceux des médecins.
Ont le sabre série Z, le conducteur de voiture médicale et de mulets de cantines médicales, les infirmiers régimentaires et les musiciens.
Les vélocipédistes ont la carabine de cavalerie modèle 1890 avec 18 cartouches. Ceux des chasseurs alpins ont le mousqueton modèle 1892 avec sabre-baïonnette (18 cartouches).
Les conducteurs d'animaux et les ordonnances des officiers qui n'ont qu'un cheval dans les bataillons de chasseurs alpins ont le mousqueton modèle 1892 avec sabre-baïonnette (36 cartouches).
Port des outils portatifs.
Les outils portatifs[21], avec leur étui, au nombre de 185 par compagnie, sont arrimés de la façon suivante:
Pelle-bêche.—Est placée sur le côté gauche du sac, la concavité placée contre le sac, le manche en haut et maintenue par la courroie de sautoir qui est reliée à la courroie gauche du sac; la courroie du bas du sac engagée dans le ou les passants de l'étui.
Pour se servir de la pelle-bêche, la retirer de son étui qui reste fixé au sac.
Pelle-pioche.—La pelle-pioche (fer et manche séparés) est arrimée au côté gauche du havresac, la concavité placée contre le sac, le fer de pioche dirigé vers la partie supérieure. La courroie de côté du havresac est engagée entre le corps et la petite courroie de l'étui, au-dessous du passant fixe de cet étui.
Le fer de pioche et la partie supérieure du manche sont maintenus par la courroie de sautoir qui est reliée à la courroie gauche du sac.
Pour se servir de la pelle-pioche, retirer le fer de son étui, puis le manche (suivant que l'on veut se servir de l'outil avec ou sans le manche) et laisser l'étui relié au havresac par la petite courroie de côté.
Hache à main.—Elle est portée emmanchée, le manche placé horizontalement contre l'arrêt supérieur du sac, le fer enveloppé dans son étui, et prenant appui contre la face gauche du sac, le tranchant de la hache à main en bas. Elle est maintenue par les trois courroies, celles de droite et de gauche enroulées autour du manche, de manière à faire un tour complet pour l'empêcher de glisser.
Quand on veut se servir de l'outil, fixer l'étui au havresac en engageant la courroie de gauche dans son passant.
Scie articulée.—La scie articulée est portée extérieurement sur la patelette du havresac, la grande courroie engagée dans le passant de son étui, le bord inférieur de l'étui affleurant l'arête inférieure du sac.
Pour retirer la scie, ouvrir l'étui qui reste fixé au havresac.
Cisaille à main.—La cisaille à main est placée à la partie supérieure du havresac, contre le paquetage, l'ouverture en dehors et tournée vers le bas; elle est fixée par la petite courroie supérieure gauche et la grande courroie qui s'engage dans les deux passants de son étui.
Quand on se sert de la cisaille, laisser l'étui fixé au havresac.
Serpe.—La serpe est portée appliquée à plat contre le côté gauche du sac, le dos de la lame contre le dos de l'homme, la poignée en haut, le passant de l'étui pris par la petite courroie latérale du sac, le manche maintenu par la courroie de sautoir.
Lorsqu'on veut se servir de la serpe, la retirer de son étui qui reste fixé au havresac.
Hachette de campement.—Le mode de placement sur le havresac de la hachette de campement, qui ne comporte pas d'étui, est analogue à celui de la hache portative.
Les outils portatifs sont portés au ceinturon ainsi qu'il suit:
La pelle-bêche du côté droit, le fer dans son étui; on engage le ceinturon dans le ou les passants de l'étui, la concavité du fer tournée en dedans.
La pelle-pioche, placée dans son étui (fer et manche séparés), est portée au ceinturon, du côté droit, la concavité tournée vers le corps, le fer de pioche dirigé vers le sol.
Le ceinturon est engagé dans l'intervalle formé par le corps et la petite courroie de l'étui, au-dessus du passant fixe de cet étui.
La hache à main du côté droit, dans son étui, en engageant le ceinturon dans le passant de l'étui, le manche de l'outil en bas.
Cet outil peut aussi être porté au ceinturon sans étui; le manche est alors engagé du côté droit, entre le corps et le ceinturon, le fer reposant sur le bord supérieur du ceinturon. La hachette de campement est portée au ceinturon de la même manière.
Placée dans son étui, la scie articulée se suspend au ceinturon comme une cartouchière.
La cisaille est portée du côté droit, l'ouverture en dehors, le ceinturon engagée dans le grand passant de manière que la partie la plus longue de l'étui soit dirigée vers le bas.
La serpe n'est jamais portée au ceinturon.
Vivres divers.
Vivres du jour.—La partie de la ration des «vivres du jour» non consommée est portée:
La viande froide dans la gamelle, le pain et les petits vivres dans l'étui-musette (les vivres de réserve sont renfermés dans le deuxième sachet à vivres; les légumes secs et le sel dans un compartiment, le sucre et le café dans l'autre).
Vivres de chemin de fer.—Au départ de la garnison, les «vivres de chemin de fer» sont placés de la manière suivante:
Les repas froids dans la gamelle individuelle; le pain, les conserves de viande assaisonnées dans l'étui-musette.
Si le voyage doit durer plusieurs jours, une partie de ces vivres peut être logée dans une des voitures de l'unité.
Vivres de débarquement.—Pour les troupes transportées en chemins de fer ou en bateaux, ils sont transportés jusqu'à la gare d'embarquement ou jusqu'au bateau dans les voitures de l'unité où il y a de la place disponible. Si la place fait défaut, le transport est effectué par des voitures de corvée ou des voitures requises. Il en est de même depuis la gare de débarquement jusqu'aux cantonnements.
Pour le trajet en chemin de fer, on les place dans le fourgon de queue du train, s'ils n'ont pu être placés dans les voitures de l'unité.
Pour les troupes faisant mouvement par voie de terre, ils sont transportés, à défaut de place disponible dans les voitures de l'unité, par des voitures requises dans les garnisons.
Paquetage avec la capote ou le manteau à capuchon roulé.—La capote (ou le manteau à capuchon pour les troupes alpines), pour être placée sur le sac, est roulée en boudin sur une longueur telle qu'elle encadre exactement le dessus et les côtés du sac, en prenant soin toutefois que les extrémités du rouleau soient maintenues à une certaine distance du bas des côtés du sac, environ deux doigts; elle est fixée en fer à cheval sur la partie supérieure du sac par les deux petites courroies et par la grande courroie de charge et au bas des côtés par les courroies de côté à ce destinées.
L'étui à chaussures est placé sous la capote (ou le manteau à capuchon). Le placement de la gamelle individuelle, des outils portatifs et des ustensiles de campement reste le même que celui précédemment indiqué.
Vélocipédistes.
Les militaires de l'armée active qui désirent être affectés comme vélocipédistes dans les formations de de guerre en font la demande à leur chef de corps, au cours de leur dernière année de service actif.
Chargement de campagne allégé.
173. On prépare en ce moment un havresac nouveau modèle et, en l'attendant, on enlève au havresac modèle 1893 le cadre en bois.
On utilise la voiture à vivres et à bagages de l'unité, qui transporte également les objets ci-après: tente individuelle, demi-couverture de campement, manteau, veste, etc...
Suivre pour cela les ordres donnés.
Conseils relatifs à l'Instruction militaire.
La préparation à la guerre est le seul but de l'instruction militaire.
L'instruction militaire ne se donne pas dans les théories, ni dans les chambres, ni dans les conférences, elle ne s'acquiert que par des exercices et des manœuvres sur le terrain, souvent répétés et minutieusement exécutés. Cependant, il a semblé bon à l'auteur de ce livre d'en dire quelques mots aux soldats.
Le soldat, pendant son temps de service actif, doit apprendre d'une façon complète et parfaite tout ce qui fait partie de l'instruction militaire de façon à devenir le défenseur vrai et réel que le pays compte qu'il sera. Pour cela il doit travailler à son instruction et arriver à être parfait et à savoir tout ce qu'il doit savoir. La France aura alors une armée forte et solide qui sera victorieuse si jamais la guerre vient à éclater.
L'instruction militaire comprend:
L'école du soldat qui est ce que le soldat doit savoir pour manœuvrer et pour combattre. L'instruction individuelle en est la base, le soldat doit la posséder à fond et parfaitement;
L'école de section, qui comprend des évolutions et des exercices de tirailleurs et de combat, s'exécute sur la place d'exercices et en terrain varié. Le soldat doit y être attentif et avoir du coup d'œil;
L'école de compagnie et de bataillon comprenant les évolutions et les exercices de combat des unités, dans le bataillon et le régiment;
Dans les exercices de combat, il n'y a pas de règles fixes, car, selon le cas du moment, c'est la réflexion, l'initiative et l'application des méthodes employées dans les guerres récentes, puis la volonté absolue de bien faire, qui déterminent la tâche à remplir pour arriver à être les supérieurs et à être victorieux;
Extension verticale des bras.
Les exercices de tir qui doivent être bien appris et bien faits par tous les fantassins; dans le combat il faut bien tirer. C'est le chemin du succès;
Les exercices des mitrailleuses doivent aussi être bien faits; ceux qui sont chargés de ces armes de vitesse et de précision, ont le devoir de devenir de bons chargeurs et des tireurs parfaits. L'armée entière en profitera souvent;
Les travaux de campagne faits pour la bonne conduite des attaques et du combat et pour la réussite de la guerre de siège doivent être bien exécutés, c'est une sécurité nécessaire.
L'instruction militaire comprend encore l'exécution minutieuse du service en campagne qui doit être parfaite dans les services de sûreté, de protection des colonnes, des avants-postes avec leurs sentinelles, des marches avec avant-gardes et arrière gardes, des reconnaissances, des cantonnements ou bivouacs. Dans les dernières guerres, les services de nuit avec attaques ont parfaitement réussis;
Le maniement du fusil comme arme de combat à l'arme blanche, doit se faire avec attention, avec énergie et avec minutie; l'escrime à la baïonnette occupe une première place dans le combat. C'est toujours l'arme blanche bien dirigée qui a eu raison de l'ennemi dans les dernières guerres et qui a toujours su enlever les positions et faire reculer l'ennemi;
Les exercices de nuit et les attaques nocturnes sont précieux. L'offensive avec des marches de nuit et des attaques brusquées sera toujours un succès, lorsqu'elle sera poursuivie par des troupes de cœur ayant le moral solide et étant bien décidées à être victorieuses.
Voilà à peu près tout ce que renferme l'instruction militaire, joignons-y toute l'instruction théorique contenue dans ce livre et nous aurons tout ce qui fait un soldat français.
Dans tous les exercices les soldats doivent apporter leur amour-propre et leur cœur. Ils auront droit à la reconnaissance du pays entier.
Ce n'est pas tout d'être soldat pendant un temps déterminé et voulu par la loi du pays, il faut y faire son métier, y apprendre tout ce que l'homme doit savoir pour être un réel défenseur de sa Patrie et de son foyer. Tout soldat doit devenir un militaire consciencieux, un manœuvrier adroit, un tireur émérite et sûr, un tacticien habile au service en campagne, un bon marcheur, un combattant solide et bien dressé à l'escrime à la baïonnette dans les attaques de jour et de nuit.
Un tel soldat discipliné, ayant confiance en ses chefs et en ses camarades, bien dressé sera toujours vainqueur dans l'offensive foudroyante, qu'il soit dans l'armée active, ou dans la réserve où il gardera toujours son savoir militaire.
Renseignements sur l'armée bulgare.—Nous pouvons affirmer que l'armée bulgare qui a partout imité nos manœuvres françaises, qui a suivi une instruction semblable à la nôtre, qui s'est servi de mêmes canons que les nôtres a eu une grande originalité de combat, qu'elle a employé constamment l'arme blanche de jour et plus encore de nuit et qu'elle a été victorieuse des armées turques dressées par des Allemands. Elle s'est servi d'une instruction théorique faite d'après ce livre l'Instruction théorique du soldat par lui-même[22].
Les positions turques les plus fortes ont presque toujours été emportées par des attaques nocturnes, poussées avec une véritable furie, par des sections, des compagnies, des régiments et des brigades entières.
Que tous les soldats français travaillent avec ardeur, qu'ils imitent les exemples des Bulgares contre ceux qui ne respecteraient pas la France et qui viendraient l'attaquer et nous serons vainqueurs! Souvenons-nous de; cette parole du ministre de la guerre de France dite en 1913 «Nous ne voulons pas seulement nous défendre, mais nous voulons être victorieux dans la prochaine guerre.»
3o DEVOIRS ET CONNAISSANCES NÉCESSAIRES EN CAMPAGNE
CHAPITRE IX
SERVICE EN CAMPAGNE
I—Notions sur le service de sûreté en marche.
1. Comment se protège une troupe en marche?
Les colonnes en marche sont protégées par une avant-garde, par des flancs-gardes et par une arrière-garde.
2. Comment se fractionne une avant-garde?
Une avant-garde est d'autant plus forte que la troupe est plus importante; elle se fractionne ainsi: les éclaireurs, la pointe, la tête et le gros de l'avant-garde.
3. À quelle distance une avant-garde doit-elle marcher en avant de la colonne?
À une distance d'autant plus grande qu'elle est plus forte, mais, en principe, assez en avant pour éviter à la colonne soit de tomber dans une embuscade, soit de pouvoir être atteinte par les feux de l'adversaire.
4. Quels sont les devoirs généraux des éclaireurs?
Ils marchent l'arme chargée, en un groupe dirigé par un officier. Ils sont les premiers veux de la colonne, aussi doivent-ils tout observer avec attention et réflexion. L'observation en marche n'est qu'une succession d'observations en station. Par suite, les éclaireurs sont détachés à tour de rôle sur les points d'observation, situés sur la route ou ses abords. Ils s'y arrêtent, en se dissimulant, pour observer, et ne rejoignent leur chef qu'après que d'autres éclaireurs ont été détachés en avant.
Ils ne se laissent jamais dépasser par des personnes se dirigeant du côté de l'ennemi, ou venant en sens inverse; elles sont conduites au chef de la pointe.
Ils rendent compte en arrière de tout événement important et de toute observation.
5. Que font les éclaireurs en présence d'obstacles, de hauteurs, de défilés, de ponts, de murs, de maisons, de bois, etc.?
1o Obstacles: Ils franchissent les obstacles, les examinent, les dépassent et s'arrêtent au delà pour observer (la pointe et la tête rétablissent le passage);
2o Hauteurs: L'un d'eux gravit rapidement la pente pour observer le versant opposé; lorsque les éclaireurs sont arrivés en haut de la montée, ils explorent rapidement des yeux, surtout, les lisières de bois, de villages et les crêtes à l'horizon;
3o Défilé: Ils le franchissent rapidement et prennent position au delà pendant que la pointe le traverse;
4o Pont: Ils en examinent les abords, puis le dessous et les voûtes, pour s'assurer qu'aucun travail de destruction n'a été préparé;
5o Routes encaissées: Des éclaireurs renforcés par quelques hommes de la pointe gagnent le sommet des talus et des pentes;
6o Murs, haies: Ils vérifient par-dessus le mur si l'enclos n'est pas occupé;
7o Maisons: Ils observent à distance, puis l'un d'eux s'avance, écoute, visite la maison, ses abords et interroge les habitants; au besoin, l'on s'empare de l'un d'eux, qui est conduit au chef de la pointe;
Colonne avec avant-garde en marche
Légende
- E. Éclaireurs.
- e. Éclaireurs vérifiant le pont.
- P. La pointe.
- T. Tête de l'avant-garde.
- p. t. Patrouille de la tête.
- G. Gros de l'avant-garde.
- p. g. Patrouille envoyée assez loin par le gros.
- C. P. Corps principal.
- F. G. Flanc-garde.
8o Bois, bosquets: Ils examinent minutieusement la lisière, la reconnaissent, puis traversent le petit bois, pendant qu'un éclaireur le contourne à droite et un à gauche.
6. Que font les éclaireurs et les divers échelons de l'avant-garde pendant les haltes de la colonne?
Les éclaireurs s'établissent en halte gardée, en ne s'arrêtant, assez au loin, que sur un point favorable à l'observation du terrain. Les divers échelons se reposent, mais en se couvrant par un rideau de sentinelles en avant et, au besoin, sur les flancs, ayant des vues assez étendues pour éviter toute surprise.
Les éclaireurs vérifient les abords de la route.
7. Que font les éclaireurs en face de l'ennemi?
Ils préviennent le chef de la pointe. S'il n'y a que quelques patrouilles ennemies, ils les refoulent vigoureusement; si l'ennemi est en force, ils occupent un emplacement favorable et s'y maintiennent en position d'attente.
8. Quel est le rôle des autres fractions chargées de la sécurité de la colonne?
La pointe reconnaît les abords de la route et refoule les patrouilles.
La tête d'avant-garde (avec les sapeurs et les explosifs) fait les travaux nécessaires au passage, puis elle renforce la pointe. Elle envoie des éclaireurs pour observer le versant opposé des hauteurs voisines.
Le gros de l'avant-garde refoule l'ennemi; si celui-ci est en force, il résiste pendant que la colonne prend ses dispositions pour le combat.
L'avant-garde renseigne toujours.
Les flancs-gardes sont destinées à protéger les flancs ou le flanc découvert d'une colonne. Elles sont soit des troupes fixes installées en un point favorable pendant l'écoulement de la colonne, soit des patrouilles mobiles. Elles sont accompagnées, si possible, de cavaliers ou de cyclistes.
L'arrière-garde surveille en arrière et résiste aux attaques et aux surprises.
Éclaireurs montés.—En campagne, des éclaireurs montés d'infanterie concourent au service de protection immédiate de l'infanterie en station, en marche et au combat.
Ils partagent le service des soldats éclaireurs des compagnies qu'ils soulagent, car, grâce à leur monture, ils peuvent aller plus vite, plus loin et avec moins de fatigue.
II—Police pendant les marches.
9. Que faut-il pour arriver à bien faire les marches longues et difficiles?
Il faut du courage et de l'amour-propre, avec cela le soldat français a toujours franchi facilement les étapes les plus longues et les passages les plus pénibles.
Pour remporter la victoire, il ne faut pas seulement des fusils, il faut surtout marcher en avant avec du courage et de l'audace.
10. Quelles précautions faut-il prendre avant le départ?
Autant que possible, les soldats doivent manger avant le départ; les bidons sont remplis d'eau mélangée de café ou d'eau-de-vie.
Les paquetages doivent être bien ajustés.
11. Quelles sont les principales règles à observer en marche?
La marche s'exécute au pas de route, l'arme à volonté; on prend le pas cadencé avant et après chaque halte et pour traverser les localités.
L'allure doit être régulière. La vitesse est variable selon les circonstances, ordinairement elle est de 4 kilomètres à l'heure, haltes horaires comprises (soit le kilomètre en douze minutes environ). Les petites colonnes peuvent marcher plus vite.
En principe, après chaque période de cinquante minutes de marche, il est fait une halte horaire de dix minutes. (Cette prescription peut être modifiée dans certains cas.)
Les marches doivent se faire avec le plus grand ordre, chacun restant exactement à sa place.
On ne s'arrête momentanément qu'après l'autorisation de son chef de section, et dans ce cas on laisse son fusil à son camarade, puis on rejoint le plus promptement possible.
Il est défendu de siffler et de faire aucun cri de «halte ou de marche» pendant la marche.
12. Faut-il conserver le silence au pas de route?
Oui, en manœuvre et près de l'ennemi; mais dans les marches ordinaires, loin de l'ennemi, si cette latitude est accordée, il est bon d'avoir de la gaieté et de chanter quelques bons refrains qui font oublier les kilomètres.
13. Que faut-il faire pendant les haltes?
Bien se reposer, mais à sa place au bord de la route, sans dépasser la ligne des faisceaux, le côté gauche de la route et la chaussée doivent rester libres.
Il faut éviter de dormir pendant les haltes de courte durée la nuit.
14. Quel est le devoir des camarades vis-à-vis d'un soldat qui paraît fatigué?
Lorsqu'un camarade paraît fatigué, on l'aide: l'un de ses voisins prend son fusil, d'autres son sac, on lui donne à boire, on lui offre une douceur si possible et on l'encourage avec amabilité.
Si la fatigue ou le malaise s'aggrave ou se prolonge, on prévient le chef de section.
Petit poste au carrefour.
III—Notions sur le service de sûreté en station.
Service aux avant-postes.
Patrouilles. Reconnaissances.
15. Qu'entend-on par avant-postes?
Les avant-postes sont chargés d'assurer la protection immédiate des troupes en station. Ils sont placés en avant des cantonnements ou des bivouacs (au moins à 2.400 ou 3.000 mètres). Ils couvrent tout le terrain, renseignent les troupes en arrière, veillent à leur sécurité, puis les protègent pendant qu'elles se préparent au combat.
Le service aux avants-postes est de vingt-quatre heures; pendant ce temps, il faut faire appel à son énergie, à son intelligence et à toute son âme. Une seule minute de négligence ou de faiblesse peut compromettre la sécurité ou le succès de l'armée.
16. Quelles sont les principales fractions des avant-postes?
La réserve, les grand'gardes, les petits postes et les sentinelles.
Chasseurs à pied gardant le pont—Départ d'une patrouille.
La réserve, placée en arrière des grand'gardes, est une force destinée à les soutenir. Elle a une garde de police; le reste bivouaque ou cantonne.
La grand'garde (ordinairement une compagnie) est établie sur une position défensive; elle a pour mission de résister aux attaques de l'ennemi; elle fournit en avant les petits postes et fait des rondes et des patrouilles. Elle a une sentinelle devant les armes pour observer les signaux des petits postes. La grand'garde bivouaque.
Un petit poste—La patrouille rend compte à sa rentrée.
17. Quel est le service général au petit poste?
Les petits postes (au plus une section, souvent moins) s'établissent à proximité des chemins et se dérobent aux vues de l'ennemi. Ils se mettent à l'abri des surprises de la cavalerie ennemie en se couvrant d'un léger obstacle: clôture, fossé, abatis, etc. Le jour, les hommes non de service peuvent se reposer, mais sans quitter l'équipement; la nuit, tout le monde veille.
On n'y fait pas de feux, les malades et les cuisiniers restent à la grand'garde où sont préparés les repas.
Une partie des hommes fournit les sentinelles, d'autres, les mieux doués, les plus aptes et les meilleurs tireurs, font les patrouilles.
18. Sentinelles.—Quelles sont les sentinelles fournies par les petits postes?
Ils fournissent une sentinelle devant les armes et plusieurs sentinelles doubles.
On numérote les hommes affectés au service des sentinelles, en autant de groupes de trois ou quatre files qu'il y a de sentinelles à fournir, de manière que les mêmes hommes soient toujours affectés aux mêmes sentinelles.
En campagne, les sentinelles ne rendent pas d'honneurs.
19. Quel est le service particulier de la sentinelle devant les armes?
Elle observe les signaux faits par les sentinelles doubles; elle les répète et prévient le petit poste.
Pendant la nuit, elle arrête et reconnaît tout ce qui se présente, et elle fait suivre le cri de: «Avance au ralliement!» du cri de: «Chef de poste, venez reconnaître!»
La relève de cette sentinelle est faite par un gradé.
20. Comment sont relevées les sentinelles doubles?
Les sentinelles doubles sont relevées toutes les deux heures, mais toujours par moitié (un homme chaque heure); les hommes de relève se rendent directement à leur emplacement ou y sont conduits par un gradé; ils reçoivent du camarade les consignes.
21. Qu'est-ce que la sentinelle relevée doit dire avec sa consigne?
Elle doit dire exactement ce qu'elle a vu et entendu, et donner tous les renseignements qu'elle a recueillis sur les emplacements de l'ennemi, sur ses mouvements et sur le terrain.
22. Comment les deux hommes de la sentinelle double se répartissent-ils le travail d'observation?
L'un est fixe et observe, l'autre peut se déplacer pour parcourir les abords immédiats du terrain qui échappent à la surveillance de la sentinelle fixe, et pour communiquer par la vue, le geste ou la parole avec les sentinelles voisines.
Sans trop s'éloigner, il marche silencieusement, l'arme basse, de position en position, en rampant lorsqu'il est en vue.
23. Quels sont les signaux que les sentinelles ont à faire?
Elles ont un signal pour appeler le chef du petit poste et un autre pour annoncer la présence de l'ennemi dans le secteur.
On peut aussi leur donner un signal convenu à employer pour reconnaître les rondes et les patrouilles.
24. Quelle est la consigne générale des sentinelles doubles?
Les sentinelles doivent être attentives de l'œil et de l'oreille, ne pas s'envelopper la tête, ne pas se couvrir les oreilles, ni s'asseoir, ni se coucher. Elles ont le sac, leur arme est toujours approvisionnée: elles connaissent le mot de ralliement et le signal convenu pour reconnaître les rondes. La nuit, elles mettent baïonnette au canon.
25. Quelle est la consigne de la sentinelle au sujet de l'observation de l'ennemi?
La sentinelle doit connaître exactement le secteur qu'elle a à observer, elle le fouille du regard; elle écoute bien, perçoit et analyse tous les bruits; elle observe spécialement les maisons, leurs abords, les haies, les chemins creux, les rivières, les taillis, les chemins.
Elle ne se dérobe à la vue de l'ennemi que lorsqu'elle voit parfaitement en avant; elle dissimule alors sa présence par des couverts quelconques.
Elle doit connaître l'emplacement des sentinelles voisines et le chemin qui conduit au petit poste.
La nuit, elle surveille et garde surtout les chemins et les sentiers, car l'ennemi les suivra.
26. Quelle précaution doivent prendre les sentinelles au sujet de la direction à observer?
Les sentinelles doivent toujours s'orienter et choisir un point de repère fixe et parfaitement apparent dans la direction de l'ennemi pour éviter toute erreur, surtout pendant la nuit.
27. Qui les sentinelles doubles arrêtent-elles?
Elles arrêtent les parlementaires, les déserteurs ennemis et toutes les personnes étrangères à l'armée qui demandent à traverser les lignes; elles les maintiennent à distance, les obligent à déposer leurs armes s'il y a lieu, puis elles appellent le chef du petit poste.
Celui-ci conduira les personnes arrêtées au poste d'examen[23].
Si, malgré l'avertissement de la sentinelle, on cherche à passer, elle doit faire feu.
28. Par qui les sentinelles laissent-elles franchir leurs lignes?
Les sentinelles ne laissent passer, et pendant le jour seulement, que les officiers, les patrouilles et les troupes pour lesquelles elles ont reçu des consignes particulières ou qui appartiennent à la fraction de service aux avant-postes.
Toute autre troupe ou personne est arrêtée comme dans le service de nuit.
Si un camarade de France était assez lâche pour déserter, la sentinelle qui l'aperçoit l'arrête sur la ligne; s'il n'obéit pas, elle fait feu et vise bien. Justice lui sera ainsi rendue.
29. Que fait une sentinelle qui, la nuit, aperçoit ou entend quelqu'un qui s'avance?
Celui des deux hommes composant la sentinelle qui entend quelqu'un s'approcher, se met en garde et commande: «Halte-là!» L'autre homme se rapproche:
Premier cas.—Si on ne s'arrête pas de suite, l'homme crie une seconde fois: «Halte-là!»; si on continue à s'avancer, les deux hommes font feu[24].
Second cas.—Si on s'arrête, l'homme crie: «Qui vive?» À la réponse: «France, ronde ou patrouille», il crie: «Avance au ralliement!»
Lorsqu'on a fixé un signal pour remplacer les interpellations à la voix, si on ne répond pas immédiatement par l'autre signal convenu, la sentinelle fait les commandements ordinaires à la voix.
Si le chef d'une troupe ne s'avance pas seul, s'il ne donne pas le signal ou le mot de ralliement, les deux hommes font feu et, s'il y a nécessité, ils se replient sur le petit poste.
Dans le cas contraire, l'un d'eux va prévenir le chef de poste, qui vient reconnaître.
30. Rondes.—Fait-on des rondes de jour?
Oui, pour s'assurer de la régularité du service; les sentinelles les reconnaissent sans avoir à les interpeller.
Attaque de l'ennemi.
31. Que fait la sentinelle qui aperçoit au loin une troupe ennemie?
La sentinelle double qui voit l'ennemi prévient le chef du petit poste, puis elle se dissimule et continue à observer.
En patrouille.
32. Que se passe-t-il si l'ennemi continue à s'avancer?
Dans ce cas, le chef du petit poste, qui était venu voir avec une patrouille sur la ligne des sentinelles, renforce la ligne avec tout son monde et résiste en défendant le terrain pied à pied.
S'il faut reculer, on se retire en démasquant le front de la grand'garde et on menace les flancs de l'ennemi.
33. Dans quel cas les sentinelles doivent-elles tirer?
1o Si l'ennemi marche résolument sur les sentinelles, elles ouvrent le feu;
2o Si une sentinelle est surprise, elle tire plusieurs coups précipités: c'est peut-être le salut du petit poste.
Patrouilles.
34. Qu'est-ce qu'une patrouille?
C'est une petite troupe de trois, quatre hommes ou plus, qui a mission de compléter le service de vigilance des sentinelles, ou bien qui est envoyée à la découverte pour explorer un point désigné.
Les hommes en patrouille marchent habituellement sans sac; ils ne causent pas, ne fument pas; ils ont l'arme approvisionnée. Ils ne marchent pas groupés, mais assez rapprochés pour se voir et se prêter un mutuel appui.
Les patrouilles qui se rencontrent se reconnaissent.
Zouaves fouillant une ferme.
35. Qui commande une patrouille?
Un caporal, un sous-officier ou au besoin un officier.
36. Comment doit marcher une patrouille?
Les hommes ne marchent pas groupés, pour n'être pas coupés ou enlevés tous à la fois si on tombe dans une embuscade, mais on doit toujours pouvoir prêter appui aux camarades.
Il est nécessaire que chaque homme de la patrouille connaisse le but de la mission à remplir, l'itinéraire, le lieu de rassemblement, le mot de ralliement et les signaux, puis successivement tous les renseignements recueillis.
37. Quelles sont les précautions que chaque homme doit observer étant en patrouille?
En patrouille, il faut s'orienter, marcher sans bruit, lentement, de position en position, bien écouter, obéir au chef de patrouille et le voir toujours.
L'homme en patrouille explore les ravins, les couverts; il se faufile le long des murs, des haies; il voit derrière le mur élevé, il suit les chemins creux, mais de distance en distance il monte sur toutes les petites hauteurs voisines; il s'y poste pour examiner les environs et le versant opposé.
38. Quelle est une excellente précaution pour le retour?
Au retour, les patrouilles s'arrêtent souvent pour s'assurer qu'elles ne sont pas suivies.
39. Où passent les patrouilles la nuit?
Par les nuits noires et le brouillard, elles ne doivent pas quitter les chemins ou le bord de ces chemins et sentiers pour ne pas s'égarer; mais elles doivent beaucoup écouter.
40. Quelle est la conduite d'une patrouille en présence de l'ennemi?
À la vue de l'ennemi, la patrouille se poste, se dissimule et examine: si l'ennemi est inférieur en force, elle l'attire dans une embuscade; s'il est supérieur, elle prévient les petits postes et continue à observer; si la patrouille est attaquée, elle se replie en combattant, fait un circuit et rend compte.
En principe, elle doit éviter le combat et ne pas se laisser couper. Cependant, si la sécurité du poste l'exige, elle a le devoir de combattre vigoureusement.
41. Que doit être le compte rendu d'un soldat éclaireur ou en patrouille?
Le soldat doit faire son compte rendu simplement dans son langage habituel.
Il doit dire ce qu'il a vu par lui-même, puis ce qu'il a appris par renseignements.
Il doit donner des détails sur les chemins, le terrain, les cultures, les hauteurs, les cours d'eau, sur les habitations, leurs ressources, sur le caractère et l'humeur des habitants.
S'il a vu l'ennemi, il renseigne sur ses emplacements, son uniforme, sa force, son nombre, etc.
42. Que fait la patrouille en présence d'un bois?
S'il est petit, elle le tourne avant d'y pénétrer; s'il est étendu, elle en reconnaît la lisière, puis les abords des chemins intérieurs; elle fouille le fourré et explore les clairières.
Mais elle a eu soin de garder son point de sortie.
43. Quelle est la conduite d'une patrouille en présence de lieux habités?
Avant d'entrer dans un village, elle pénètre dans la première maison, mais après avoir auparavant observé cette maison et avoir écouté attentivement; la patrouille s'empare d'un des habitants, l'interroge, le garde et pénètre ensuite dans le village.
Reconnaissances.
44. Que sont les reconnaissances et quel est leur rôle?
Ce sont des troupes qui s'assurent que l'ennemi ne prépare ni attaque ni embuscade. La reconnaissance s'avance assez loin, cherche à passer inaperçue, se couvre, prend position d'attente, ne perd pas le contact de l'ennemi, épie tous ses mouvements et envoie des patrouilles pour se renseigner.
Les reconnaissances sont aussi chargées d'étudier les positions, les villages, les bois, etc., pour le meilleur parti à en tirer. Elles sont toujours commandées par on officier et comprennent généralement les trois armes.
En reconnaissance, le soldat se conduit comme en patrouille, il doit user de ruse pour voir.
Souvent une reconnaissance devra attaquer pour arriver à avoir les renseignements qu'elle doit fournir; dès qu'elle est renseignée, elle rompt le combat et rentre.
45. Qui transmet les ordres ou les renseignements?
Des soldats, plantons ou vélocipédistes sont chargés du transport de ces papiers.
Au départ, ils reçoivent des ordres précis sur leur mission, sur leur itinéraire et sur le destinataire. Si, par hasard, ils sont pris par l'ennemi, ils font disparaître l'ordre, au besoin on l'avale, on reste muet avec l'ennemi, sans aucune crainte.
Au retour, si l'ordre a été bien remis, on rend compte: «Ordre transmis au commandant X...».
Reconnaissance attaquant le hameau pour obtenir des renseignements sur la force de l'ennemi.
IV—Orientation et indices.
Orientation.
46. À quoi sert l'orientation?
L'orientation sert à se diriger au moyen des quatre points cardinaux qui sont: le nord, le sud, l'est et l'ouest.
47. Où se trouve le soleil aux différentes heures de la journée?
Le soleil se trouve à l'est à 6 heures du matin, au sud-est à 9 heures du matin, au sud à midi, au sud-ouest à 15 heures ou 3 heures du soir et à l'ouest à 18 heures ou 6 heures du soir.
48. Comment peut-on s'orienter avec l'étoile polaire?
La nuit, en regardant l'étoile polaire et en lui faisant face, on a, en toutes saisons, le nord devant soi.
49. Quelles indications sur l'orientation peut donner la lune lorsqu'elle est visible?
Il suffit de se renseigner sur un calendrier où en est la période de la lunaison en cours et de savoir que la lune se trouve:
En pleine lune : à l'est à 6 heures du soir, au
sud à minuit, à l'ouest a 6 heures du matin;
En premier quartier : au sud à 6 heures du
soir, à l'ouest à minuit;
En dernier quartier : à l'est à
minuit, au sud à 6 heures du matin.
50. Comment s'oriente-t-on avec une boussole?
La boussole a une extrémité de son aiguille qui est bleue; or, la boussole étant horizontale, la pointe bleue se dirige toujours vers le nord, malgré le mouvement de rotation de l'instrument.
51. Quelles sont les remarques à utiliser pour l'orientation?
De jour, par les temps couverts, et la nuit, il est bon d'interroger les habitants pour savoir de quel coté le soleil se lève et de quel côté il se couche.—Consulter les girouettes.
Dans nos régions, les murs, les rochers, les arbres, les bornes sont plus humides ou plus garnis de mousse du côté nord-ouest (côté habituel de la pluie et du vent). Les vieux poteaux, les croix funéraires s'inclinent vers le sud-est.
Les anciennes églises ont généralement l'autel à l'est.
Indices.
52. Population.—Dans le voisinage de l'ennemi, les habitants sont inquiets; ils sont insolents en pays ennemi.
Poussière.—La poussière soulevée par une colonne d'infanterie est basse, par la cavalerie elle est haute et légère, par l'artillerie plus épaisse.
On peut en déduire en outre la direction de marche et la longueur des colonnes.
Reflets.—Les reflets du soleil sur les armes et les objets brillants indiquent une troupe en mouvement. Nombreux reflets: la troupe s'avance ordinairement.
Reflets incertains, inégaux, passagers: la colonne se retire.
Feux de bivouac.—De jour, l'intensité de la fumée; de nuit, l'éclat, le nombre des feux, leur lueur au ciel, indiquent l'emplacement et l'importance des bivouacs.
Bruits divers.—Le roulement des voitures, le claquement des fouets, le hennissement des chevaux, les aboiements prolongés des chiens indiquent en général un passage de troupes.
Traces.—Dans un chemin ou à travers champs, les traces des pas des hommes et des chevaux, les empreintes des roues de voitures peuvent renseigner sur la direction prise par les colonnes et les troupes, et même sur leur importance et leur formation.
Emplacements quittés.—Les emplacements où une troupe a bivouaqué ou bien où elle a fait une grand'halte permettent de reconnaître la force et la composition des troupes.
Évaluation des troupes en vue.
53. À distance, les troupes d'infanterie se détachent sur le terrain sous l'apparence d'une ligne sombre, mince, coupée d'intervalles réguliers. Pour la cavalerie, cette ligne paraît plus épaisse et dentelée; pour l'artillerie, elle est plus irrégulière.
54. Infanterie.—En marche sur une route, une compagnie d'infanterie de guerre occupe une longueur de 100 à 110 mètres, un bataillon 450 mètres.
Le front de combat d'une compagnie (France et étranger) varie de 76 à 150 mètres.
En Allemagne, la compagnie n'a que trois pelotons et chaque bataillon a un drapeau.
Cavalerie.—Un régiment de cavalerie a 4 escadrons à 4 pelotons; un escadron au complet, 175 cavaliers. La longueur d'un escadron sur route est de 150 mètres environ.
Artillerie.—Une batterie de campagne en France a 4 pièces; en Allemagne et en Italie, 6 pièces; en Autriche, 8.
Sa longueur est de 350 à 400 mètres, son front de combat de 100 mètres.
Un groupe est la réunion de 2 ou 3 batteries.
La longueur d'une section de munitions est de 500 mètres.
Poste terminus au cantonnement.—Route barricadée.
V—Installation au cantonnement et au bivouac.
55. Qu'est-ce qu'un cantonnement?
C'est l'installation des troupes dans les lieux habités. Elles sont plus ou moins serrées selon l'effectif à cantonner.
56. Qu'entend-on par cantonnement d'alerte?
Très près de l'ennemi, on n'occupe que les rez-de-chaussée, les portes sont ouvertes, les rues sont éclairées, on ne se déshabille pas: c'est le cantonnement d'alerte.
57. Qui prépare le cantonnement?
Il est reconnu et préparé par le campement (1 officier pour le régiment avec des cyclistes—1 adjudant par bataillon—et par compagnie 1 fourrier, 1 caporal et 2 soldats).
58. Quels sont les premiers devoirs du soldat à son arrivée au cantonnement?
S'installer rapidement dans son cantonnement, fournir les corvées régulières, organiser les latrines[25], les cuisines et les barricades nécessaires pour éviter les accidents dans l'intérieur des maisons.
Aucun homme non commandé pour le service ne peut s'éloigner de son logement avant d'avoir procédé aux soins de propreté corporelle, nettoyé ses armes, ses effets, ses objets de toute nature et revêtu la tenue prescrite.
Le poste de police au cantonnement.
Les plantons des compagnies et les hommes de garde.
59. Quels sont les points sur lesquels les soldats doivent spécialement porter leur attention?
Ils doivent veiller à la conservation des cartouches et des vivres du sac, prendre leurs repas à l'heure indiquée et conserver pour le repas suivant ce qui est prescrit, laver leur linge sale, éviter de fumer dans les locaux où se trouvent des fourrages et des matières inflammables, et ne se servir que de lanternes bien closes.
Prendre partout les précautions nécessaires pour éviter toute chance d'incendie.
Il faut vivre en bonne intelligence avec ses hôtes, être poli avec eux, respecter leurs biens et n'exiger que ce qui est dû. Le soldat s'en trouvera bien.
Il faut être aussi consciencieux et exact qu'en garnison lorsqu'on est commandé pour les corvées, les services et les gardes.
60. Le soir, a-t-on des attentions spéciales à avoir?
Oui, il faut reconnaître le lieu de rassemblement de la compagnie, faire son paquetage complet, placer son sac et son fusil à sa portée, rentrer au cantonnement à l'heure prescrite, se coucher sans bruit avec son escouade, exactement à l'emplacement donné, bien se reposer et dormir tranquille jusqu'au réveil, des camarades veillant aux avant-postes.
61. Qu'est-ce que la fraction de jour et le piquet?
Chaque jour, une compagnie est désignée pour fournir la garde de police et les autres gardes intérieures; la partie qui reste disponible forme le piquet; ces militaires ne sortent pas de leur cantonnement et restent toujours habillés et équipés.
62. Comment, en dehors des avant-postes, un cantonnement se garde-t-il lui-même?
Les fractions cantonnées aux issues des villages les gardent par des sentinelles; on barricade les passages. La consigne de ces sentinelles est d'arrêter toute tentative de surprise de l'ennemi, surtout de la cavalerie, d'intercepter toute communication des habitants avec l'extérieur et d'empêcher l'espionnage; elles envoient au poste de police les estafettes ou vélocipédistes. Le poste de police remplit la mission de poste d'examen.
63. Qu'est-ce qu'un bivouac et un camp?
Les troupes installées en plein air ou sous des abris provisoires sont au bivouac.
Les troupes installées sous la tente ou dans des baraques forment un camp.
Le service général dans les camps et dans les bivouacs est le même qu'au cantonnement; il en est de même du service de sécurité.
VI—Alimentation en campagne.
64. Comment se fait le service de l'alimentation en campagne?
En campagne, on vit sur place en utilisant les ressources du pays ou on vit chez l'habitant (surtout pour les reconnaissances de cavalerie, estafettes, cyclistes, isolés), ou bien on touche la ration normale, la ration forte ou les vivres de réserve.
Pour la nourriture chez l'habitant, on se conforme aux habitudes des localités. L'habitant reçoit par repas un bon de demi-journée de nourriture ou bien on remet son ordre de réquisition à la municipalité.
65. Qu'entend-t-on par ration forte et par ration normale?
En campagne, le soldat reçoit la ration forte pendant la période des opérations actives ou des grands froids, et la ration normale pendant les stationnements et les opérations qui n'imposent pas de grandes fatigues.
66. Qu'est-ce que les vivres de réserve[26]?
Ce sont des vivres que l'on porte dans le sac et sur la voiture à vivres et à bagages et qu'on conserve pour assurer la nourriture dans des cas exceptionnels, un autre mode d'alimentation n'étant alors pas possible.
Ils sont constitués pour deux jours (ration forte). On ne doit toucher à ces vivres de réserve que sur un ordre spécial du commandement. Dès qu'ils sont consommés, ils sont remplacés par les soins de l'officier d'approvisionnement. Ils comprennent:
| Pain de guerre[27] | 2 | jours | à | 300 | grammes | = | 600 | gr. |
| Viande de conserve assaisonnée (2 boîtes individuelles) |
2 | — | 300 | — | = | 600 | gr. | |
| Potage salé (2 boîtes) | 2 | — | 50 | — | = | 100 | gr. | |
| Sucre | 2 | — | 80 | — | = | 160 | gr. | |
| Café en tablettes | 2 | — | 36 | — | = | 72 | gr. |
Ceux portés par le havresac sont placés dans des sachets de toile.
67. Comment fonctionne l'ordinaire en campagne?
En campagne, l'ordinaire ne fonctionne plus de la même façon, car en général la plupart des denrées sont fournies gratuitement aux troupes. On continue à préparer les repas en commun, autant que possible par escouade; le plus souvent même il y a avantage à faire la cuisine par section. La prime fixe d'alimentation est de 20 centimes à l'intérieur et de 24 et 26 centimes en Algérie et Tunisie.
Dans les unités qui sont pourvues de voitures-cuisines ou cuisines roulantes, la cuisine se fait pour toute la compagnie.
68. Qui fait les distributions aux compagnies en campagne?
En campagne, l'officier d'approvisionnement du régiment fait les distributions journalières au moyen du train régimentaire, qui a deux jours de vivres, et des voitures qui portent la viande fraîche; ce train régimentaire se réapprovisionne aux convois administratifs, qui portent quatre jours de vivres et qui ont en outre avec eux un troupeau.
Les cuisines en plein air au cantonnement.
Composition des rations de vivres.
| DENRÉES | RATION de vivres de réserve |
RATION forte |
RATION normale |
|||
| Pain. Vivres-viande. |
Pain ordinaire | » | 0k 750 | 0k 750 | ||
| ou Pain biscuité | » | 0 700 | 0 700 | |||
| ou Pain de guerre | 0k 300[28] | 0 600[29] | 0 600 | |||
| Viande fraîche | » | 0 500 | 0 400 | |||
| ou Viande de conserve assaisonnée | 0 300 | 0 300 | 0 200 | |||
| Vivres de campagne. | Petits vivres. | Légumes secs ou riz | » | 0 100 | 0 060 | |
| Sel | » | 0 020 | 0 020 | |||
| Sucre | 0 080 | 0 032 | 0 021 | |||
| Café torréfié | en tablettes | 0 036 | » | » | ||
| en grain ou en tablettes | » | 0 024 | 0 016 | |||
| ou Café vert | » | 0 0285 | 0 019 | |||
| (Lard chaque fois que l'on distribue de la viande fraîche) | » | 0 030 | 0 030 | |||
| Potage salé (distribué, en principe, en même temps que la viande de conserve), | 0 050 | 0 050 | 0 050 | |||
| Eau-de-vie | 0l 0625 | » | » | |||
| À tout homme bivouaqué ou à titre exceptionnel | Vin | » | 0l 25 | 0l 25 | ||
| ou Bière ou Cidre | » | 0 50 | 0 50 | |||
| ou Eau-de-vie | » | 0 0625 | 0 0625 | |||
VII—Devoirs des soldats au combat.
69. Quel est le but suprême du combat?
Le combat a pour but de briser par la force la volonté de l'adversaire.
À cet effet, une troupe d'infanterie doit toujours utiliser dans les meilleures conditions ses deux moyens d'action: le feu et le mouvement en avant, pour obliger l'ennemi à céder le terrain et à battre en retraite, but suprême de tous les efforts et de tous les dévouements.
«Le mouvement en avant, seul, est décisif et irrésistible»; l'offensive, où il trouve son plein développement, s'impose donc dans la généralité des cas, elle déconcerte l'ennemi et lui enlève sa liberté d'action.
70. Quel est le devoir du soldat au combat?
Dans le combat, il faut que le tirailleur, plein d'entrain, endurant et instruit de ses devoirs, apporte à la lutte l'ardeur, l'énergie et l'intelligence qui permettent au chef de tout oser.
Les deux tirailleurs d'une même file sont camarades de combat; ils restent l'un à côté de l'autre s'aidant mutuellement. Lorsqu'un tirailleur est mis hors de combat, son camarade prend ses cartouches et continue la lutte en se joignant, s'il y a lieu, au groupe le plus voisin.
Dans le combat, plus que partout ailleurs, le soldat, faisant appel à son courage, doit une obéissance passive et complète.
Tout en faisant acte d'initiative intelligente, le soldat doit toujours être à sa place dans la formation prise.
Lorsqu'on est en réserve, il ne faut pas s'impatienter, mais attendre le moment prochain de se porter en avant.
Discipline du feu.—Le fusil doit toujours être approvisionné; il ne faut pas gaspiller ses munitions, ne tirer que lorsqu'on en a reçu l'ordre, cesser de tirer dès le signal donné, se masquer sur place pour réapprovisionner, prendre bien la hausse indiquée, viser le but désigné, atteindre l'ennemi, car il n'est pas une cible inerte, lui aussi a un fusil.
Le tireur au combat fait toujours du tir individuel, qu'il soit homme isolé ou qu'il fasse partie d'un groupe sous les ordres d'un chef. Les résultats obtenus ne dépendent donc que de la valeur réelle du tir de chaque homme.
Défense d'une station de chemin de fer.
Le tirailleur isolé choisit lui-même le but et la hausse.
Dans le combat rapproché, la hausse de 400 mètres répond à tous les besoins.
Si un soldat est mis hors de combat, son camarade prend toutes ses cartouches et se joint à un autre groupe voisin.
Mouvement en avant.—On se porte en avant par bonds soit individuellement avec le camarade de combat, soit par fractions constituées, selon l'ordre du chef.
On utilise le terrain pour se porter en avant et pour tirer, mais jamais on ne se cache, les espaces découverts sont franchis rapidement; ne pas se montrer inutilement; être attentif à tout, renseigner ses chefs sur ce que l'on voit.
Dans toute marche, s'avancer rapidement, puis au moment de l'attaque marcher avec ardeur, résolument, la baïonnette en avant, se battre à l'arme blanche avec la baïonnette qui est au canon du fusil; elle fera fuir l'ennemi déjà épouvanté par notre audace.
Des réserves viennent encore en arrière pour nous soutenir.
L'infanterie résiste à la cavalerie par son feu et son sang-froid.
Toujours marcher au canon et à la fusillade, c'est de la bonne tactique.
Il ne faut jamais songer à marcher en arrière, la retraite est la pire des déroutes.
Une solidarité complète et la camaraderie du champ de bataille doivent exister entre toutes les troupes et les différentes armes.
Laissons les blessés sur le terrain, le personnel des ambulances vient derrière pour les ramasser et les soigner.
Soyons loyaux dans le combat et cléments pour le prisonnier et pour un ennemi blessé; ils doivent être respectés.
La défense utilise un mur.—Tireurs abrités.
71. Quelle conduite doit tenir le fantassin aux prises avec de la cavalerie?
L'infanterie ne doit pas se laisser surprendre par la cavalerie; alors le fantassin avec sa baïonnette n'a rien à craindre d'elle, mais il faut se poster immobile, lui faire face et agir d'abord par ses feux.
72. Quelle est la conduite de l'infanterie exposée aux feux de l'artillerie?
L'infanterie sous le feu de l'artillerie cherche à progresser en avant en utilisant tous les couverts du terrain; elle se déplace rapidement et prend des formations minces et espacées à fronts étroits.
Lorsqu'elle se trouve sous le feu d'une rafale, les hommes se couchent en se resserrant l'un contre l'autre la tête baissée, le dos du sac en haut (en carapace), puis ils repartent aussitôt après la rafale. L'infanterie, pour progresser, doit profiter du moment où elle est appuyée par l'artillerie amie.
Pour attaquer une batterie, une partie des tireurs combat l'infanterie soutien de l'artillerie, l'autre partie tire sur les servants, sur les chevaux, puis se lance à l'assaut.
VIII—La liaison dans les opérations militaires.
La liaison assure la convergence de tous les efforts vers le but à atteindre, en établissant un échange constant de communications entre le commandement et ses subordonnés, et entre les chefs d'unités voisines.
Nature des signaux.
Les signaux constituent un moyen de correspondance à vue, dont on se sert quand les circonstances ne permettent pas d'employer d'autres procédés de communication.
Pendant le jour, les signaux sont exécutés à bras; la nuit, avec le feu d'une lanterne.
Ils servent à transmettre les signes de l'alphabet Morse (traits ou points).
A) Signaux alphabétiques Morse
(Doivent être connus des gradés et des soldats agents de liaison et de transmission)
Le système de correspondance employé est l'alphabet Morse.
De jour: le point, par l'apparition[30] d'un seul bras ou d'un seul objet; le trait, par l'apparition[30] de deux bras ou de deux objets.
De nuit: le point par une émission lumineuse (demi-seconde); le trait, par une émission lumineuse longue (deux secondes).
Intervalles entre chacun des signaux d'une même lettre: environ une demi-seconde.
Intervalle entre deux lettres d'un mot, entre deux chiffres, avant ou après un signe de ponctuation: environ quatre secondes.
| ALPHABET | ||
| A – —— | I – – | S – – – |
| B —— – – – | J – —— —— —— | T —— |
| C —— – —— – | K —— – —— | U – – —— |
| CH —— —— —— —— | L – —— – – | V – – – —— |
| D —— – – | M —— —— | W – —— —— |
| E – | N —— – | X —— – – —— |
| F – – —— – | P – —— —— – | Y —— – —— —— |
| G —— —— – | Q —— —— – —— | Z —— —— – – |
| H – – – – | R – —— – | |
| CHIFFRES | ||
| 1 – —— —— —— —— | 5 – – – – – | 8 —— —— —— – – |
| 2 – – —— —— —— | 6 —— – – – – | 9 —— —— —— —— – |
| 3 – – – —— —— | 7 —— —— – – – | 0 —— —— —— —— —— |
| 4 – – – – —— | ||
| PONCTUATION | ||
| POINT – – – – – – | VIRGULE – —— – —— – —— – —— | |
B) Signaux de service
Station ouverte: de jour (faire apparaître le bras ou un objet maintenu immobile); de nuit (feu fixe).
Appels: série de traits et de points alternés. Continuer jusqu'à ce que le correspondant réponde: «Invitation à transmettre».
Invitation à transmettre: B R (—— – – – – —— –)
Erreur: Faire une série de points (7 au moins).
Attente: A S (– —— – – –)
Fin d'un mot[31]: Donner le point.
Fin de transmission: A R (– —— – —— –) Changer la face du fanion: Employer le fanion: Élever un fanion et tourner plusieurs fois la main en changeant la face du fanion.
Couper la transmission: Trait prolongé.
Mauvais feu en vue: Couper la transmission, puis faire une série de points qui indiquent au correspondant de régler la direction de son feu, de vérifier si la lanterne est en bon état, si sa lampe brûle régulièrement. À mesure que la communication se rétablit, envoyer des séries de points de plus en plus précipités si le feu devient mauvais, de plus en plus lents dans le cas contraire jusqu'au moment où la communication peut reprendre. Envoyer alors le signal «Invitation à transmettre».
C) Signaux conventionnels
(Connus du plus grand nombre d'hommes possible)
| Munitions | lettre | M – – | répétée plusieurs fois. |
| Ennemi | — | E – | — |
| Infanterie | — | I – – | — |
| Cavalerie | — | C – – – – | — |
| Allonger tir artillerie | — | T – | — |
IX—Travaux de campagne et outils.
73. Qu'est-ce que la fortification du champ de bataille?
La fortification n'est qu'un moyen, ordonné par le chef, pour garantir momentanément sa troupe des coups de l'ennemi. Le but est toujours de rejoindre au plus tôt l'adversaire pour le chasser de la position qu'il occupe.
Les travaux, les abatis et les organisations défensives sont faits avec les outils ci-après[32]:
1o Outils portatifs d'une compagnie (pelle-pioche Seurre), au nombre de 185:
| Pelles-bêches (5 par escouade) | 80 | 185 | |
| Pelles-pioches Seurre (5 par escouade) | 80 | ||
| Haches à main (2 par section) | 8 | ||
| Serpes | (1 outil par escouade) | 12 | |
| Cisailles | 4 | ||
| Scie articulée | 1 | ||
Outils portatifs pour compagnie de chasseurs alpins:
- 4 haches portatives;
- 4 pics à tête portatifs;
- 8 serpes;
- 4 scies articulées;
- 4 bêches portatives;
- 4 pioches portatives.
et en supplément:
- 76 bêches portatives;
- 80 pelles-pioches;
- 8 haches portatives;
- 4 serpes;
- 4 cisailles.
Poids des outils emmanchés, avec étui:
| Pelle-bêche | 0 | kg | 830 |
| Pelle-pioche | 1 | 015 | |
| Hache à main | 1 | 570 | |
| Serpe | 1 | » | |
| Cisailles | 0 | 850 | |
| Scie articulée | 0 | 600 |
2o Chaque régiment d'infanterie est doté de deux voitures légères d'outils (1 par bataillon de chasseurs à pied) contenant chacune:
| 195 | outils de terrassiers | 130 | pelles rondes emmanchées; |
| 65 | pioches emmanchées (modèle du génie). | ||
| 19 | outils de destruction | 15 | haches ordinaires emmanchées; |
| 2 | scies passe-partout montées; | ||
| 2 | pinces. | ||
| 1 | caisse d'outils d'ouvriers d'art chargée; | ||
| 30 | manches de pelle (de rechange); | ||
| 20 | manches de pioche-pic ou hache (de rechange). | ||
Les bataillons alpins reçoivent une dotation spéciale en outils portatifs et en outils de grand modèle; ces derniers sont chargés sur des mulets de bât.
Dans un régiment d'infanterie, l'une des voitures d'outils porte 108 pétards modèle 1886, l'autre 46 détonateurs.
74. Le soldat peut-il agir de sa propre initiative pour se couvrir?
Oui, le soldat doit faire preuve d'initiative individuelle, lorsque l'ordre est donné de se couvrir sur place. Les quelques figures suivantes (qu'il faut étudier) serviront de guides et suffiront à montrer au soldat ce qu'il peut faire avec son outil soit seul, soit à deux avec son camarade de combat.
Il ne faut jamais hésiter, soit à renoncer à la protection que procure la fortification, soit à l'abandon des installations déjà créées pour en recommencer de nouvelles ailleurs lorsque les conditions du combat l'exigent.